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Si loin si proche

French, Social, 1 season, 91 episodes, 3 days, 1 hour, 33 minutes
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Le rendez-vous des voyages de RFI produit par Céline Develay-Mazurelle et réalisé par Laure Allary. Récits radiophoniques et reportages au long cours, pour se faire la malle et voir le monde avec les oreilles. 
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L'incroyable odyssée des frères Omidvar

Ces deux aventuriers iraniens ont entrepris dans les années 50-60, un improbable tour du monde, à moto d'abord à travers l'Asie, l'Océanie ou l'Amérique, puis en 2 CV sur le continent africain. Le récit de leurs dix ans de voyage, encore largement méconnu dans l'espace francophone, est enfin adapté et traduit en français. Téhéran, été 1954Issa et Abdullah Omidvar enfourchent leur moto Matchless et tracent un chemin de liberté et de fraternité à nul autre pareil, qui les conduira sur les pistes africaines, les routes sablonneuses de l'Australie ou les voies sinueuses du Tibet. Depuis trois ans, les deux frères préparent ce grand voyage, avec en tête l'idée de rencontrer, filmer et « étudier » les peuples les plus isolés de la planète. Dix ans plus tard, ils auront traversé près de 100 pays, vécu des mois auprès des Aborigènes, des Inuits du Grand Nord, des Pygmées ou d'ethnies reculées d'Amazonie, récoltant au passage de précieux témoignages (écrits, objets, photos et films) d'un monde particulièrement riche, parfois sans frontières, mais déjà secoué par un ordre mondialisé qui a la ferme intention de s'imposer partout. À leur retour en Iran, ils seront accueillis en héros. Leur voyage inédit est un exploit. Téhéran, années 2000 Jean-Louis Ozsvath, un français passionné de voyages, découvre comme beaucoup, l'existence de ces deux Iraniens pionniers de l'exploration, à travers le musée qui leur est consacré à Téhéran, dans le palais de Saadabad, présenté comme le « premier musée d'ethnologie d'Iran ». Il découvre aussi le récit publié en anglais de ce tour du monde, écrit par Abdullah et Issa. Mieux, Jean-Louis Ozsvath apprend que les deux frères sont encore en vie et continuent de partager leurs souvenirs depuis l'Iran où vit Issa, et le Chili où s'est installé pour sa part Abdullah (jusqu'à sa mort récente à l'été 2022). Il entreprend alors de les rencontrer de Santiago à Téhéran, et d'adapter en français leur récit de voyage, encore totalement méconnu dans le monde francophone. Pendant leurs dix années passées sur les routes, les frères Omidvar n'ont pas fait que partager le quotidien des peuples qu'ils ont rencontrés. Ils les ont filmés, suivis longuement, cherchant à les comprendre, les connaître sans les préjugés coloniaux qui guidaient alors encore beaucoup d'Européens. Ils étaient Iraniens, leur rapport était différent, le regard neuf souvent, naïf parfois. Mais ce qui frappe en lisant leur récit publié aux éditions Névicata/Elytis, c'est à quel point les deux ethnographes et documentaristes iraniens nous alertent, à leur manière, sur la direction que prend le cours de l'histoire et du monde, dénonçant la surpopulation, la surexploitation des ressources naturelles et la disparition en marche de la richesse et de la diversité culturelle qu'incarnent les peuples premiers. Deux aventuriers pas banals qu'il faut donc suivre et à qui il faut aussi, enfin, rendre hommage. Une rencontre initialement diffusée en septembre 2022.À lire, à voir et écouter  Le voyage des frères Omidvar : deux aventuriers iraniens à travers le monde d'Issa Omidvar, par Jean Louis Ozsvath. Éditions Nevicata Elytis Un article sur le musée des frères Omidvar et ce que cela dit de notre rapport au voyage, par l'autrice Lucie Azéma dans le Courrier International Quelques extraits en ligne des films des frères Omidvar, sous-titrés en anglais La musique enregistrée par frères Omidvar pendant leur tour du monde : Rahavard (2002). Disponible en ligne sur les plateformes audio. 
7/21/202448 minutes, 30 seconds
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Basa Ahaide au Pays basque : là où les montagnes chantent

Transhumance sonore en Soule, la plus sauvage des sept provinces du Pays basque. En quête d’un chant qui célèbre le sauvage et que seuls quelques bergers continuent de faire résonner dans les montagnes. Dans les hauteurs des Pyrénées Atlantiques, sur le côté français du Pays Basque, la province de la Soule ou Xiberoa est connue pour abriter un chant aussi fascinant que confidentiel : le basa ahaide. Ce chant ancestral, sans paroles, s’est transmis oralement et il traduit l’émotion du berger-chanteur face à la splendeur, la grandeur des éléments en altitude, quand il se retrouve seul, là-haut dans sa cabane ou cayolar après avoir transhumé à pied avec ses bêtes. Ce chant célèbre alors ces retrouvailles mais aussi une relation intime entre l’homme et son environnement, vivant, avec lequel il fait corps. Traditionnellement, il se dit que le basa ahaide se chante seul, en extérieur ; car la montagne, avec son écho puissant, chante le reste. Intriguée par ces chants du sauvage, Jeanne Lacaille est partie à la rencontre de bergers et de bergères qui continuent de partir avec des troupeaux en estive à la belle saison ; mais aussi des artistes souletins qui entretiennent, partagent ce répertoire du basa ahaide. Dans une terre de forêts, de gorges vertigineuses et de montagnes, où la vivacité de la culture pastorale fait la fierté de ses 13 000 habitant.e.s qui ne manquent jamais de célébrer en chansons leur langue, leur identité et leurs montagnes.Un voyage sonore de Jeanne Lacaille.En savoir plus : - Sur La Soule, l’une des provinces les plus sauvages du Pays basque- Sur Julen Achiary, artiste de basa ahaide et membre du quartet Haratago- Sur le festival Errobiko Festibala qui se tient à Itxassou du 18 au 21 juillet 2024.
7/14/202448 minutes, 30 seconds
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De l'île d'Árainn Mhór à Dublin, sur les traces de la femme aux chansons

Róise Mhic Ghrianna est une figure irlandaise qui a bercé les gens de son île, passionné les collecteurs de chansons traditionnelles pour inspirer aujourd’hui la jeune génération de musiciens irlandais. Flânerie sonore entre la capitale et son île située au large de la côte ouest de l’Irlande.  On la surnommait la femme aux chansons : «Róise na Amhran» ou Rose la Rousse «Róise Rua». D’elle, il subsiste une voix gravée sur des enregistrements faits dans les années 50, des chansons traditionnelles irlandaises et une image restée célèbre en Irlande. Sur cette photo de 1953, Róise Mhic Ghrianna se plie à l’exercice de la pose, devant sa maison ; un cliché pris à l’occasion d’une collecte de la National Folklore Commission, une organisation commissionnée par l'État irlandais pour recueillir le patrimoine oral, soit des dizaines de chants en gaélique et en anglais ici interprétés par Róise. Née en 1879 et décédée en 1964, cette figure féminine a su résister au temps, à la disparition de la société rurale et d’une certaine tradition orale chantée là-bas. Aujourd’hui sur l’île d’Árainn Mhór, petit bout de terre aux falaises aussi abruptes que sauvages, on célèbre la mémoire de la femme aux chansons. Et dans les «Sessions» du pub de Dublin «The Cobblestone», on perpétue et revisite l’héritage de ces récits intimes et collectifs chantés. Un voyage sonore d’Anne Girard Esposito, avec à la prise de son Guillaume Beauron.  En savoir plus : - Le Festival Róise Rua sur l’île d’Árainn Mhór dans le Donegal - La National Folklore Commission- Le groupe de Brian Mac Gloinn «Ye Vagabonds», fer de lance du renouveau folk en Irlande - Les sessions du pub de Dublin The Cobbelstone.
7/7/202448 minutes, 30 seconds
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Ahutoru, premier Tahitien en Europe

Voyage à contre-courant et en eaux troubles entre le Pacifique et l’Europe, à la découverte de l’aventurier Ahutoru, premier Polynésien à avoir embarqué avec Bougainville et fait le voyage inverse en 1769 jusqu’en France. Pendant longtemps, l’histoire des « découvreurs » autoproclamés de l’Amérique, de l’Afrique, des Indes ou de l’Océanie s’est écrite à sens unique, du seul point de vue européen ou occidental. Ainsi, selon ce narratif éculé mais persistant, seuls les Occidentaux auraient découvert et braver l’inconnu, seuls les Occidentaux auraient regardé l’autre-sans jamais vraiment le comprendre- et seuls les Occidentaux en auraient fait le récit… C’est alors forcément avec du retard, beaucoup de retard, que nous Occidentaux, nous avons découvert autre chose: que les autres nous regardaient aussi...Et cette semaine, c’est justement à un renversement du ciel, dans une histoire inversée que nous allons nous plonger, à l’envers du fameux voyage de Louis-Antoine de Bougainville à Tahiti. En suivant le sillage d’Ahutoru, un arioi, un initié qui honorait et diffusait par les arts le culte du Dieu Oro qui, après le passage de la Boudeuse et l'Étoile, va embarquer avec l’équipage français et débarquer en 1769 à Paris, où il va passer environ un an. De ce découvreur pionnier, on ne sait presque rien mais tout ce que l’on sait de lui est à retrouver dans « Ahutoru ou l’envers du voyage de Bougainville à Tahiti », un livre écrit par l’historienne et enseignante française Véronique Dorbe-Larcade, qui a enquêté, cherché dans les recoins d’une histoire « en lambeaux » pour nous livrer ce récit, tel un miroir de vérité dans lequel les Occidentaux ont longtemps refusé de se voir. Au travers d’une enquête minutieuse et fouillée, l’autrice rend plus humain et authentique cet homme au destin tragique mais méconnu, un homme qui a bravé les mers, l’incompréhension et la curiosité savante un brin narcissique qu’avaient les hommes au temps des Lumières pour les autres, « non européens ». Pour en finir avec Bougainville et sa cohorte d’affabulations mal placées qui a durablement marqué la Polynésie, à commencer par ses femmes ou vahine en reo tahiti (langue tahitienne). Pour se souvenir surtout d’Ahutoru et de tous ceux qui comme lui, sont allés de l’autre côté du ciel et des mers. Une émission initialement diffusée en juillet 2023.À lire :- « Ahutoru ou l’envers du voyage de Bougainville à Tahiti », de Véronique Dorbe-Larcade. Éditions Au vent des îles- « Mutismes », de Titaua Peu, Éditions Au vent des îles.
6/30/202448 minutes, 21 seconds
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Décoloniser le voyage

Fait social total, le tourisme n’échappe pas, dans son passé comme son présent, aux stigmates coloniaux. Parce qu’un autre voyage est possible, il faut le décoloniser… Depuis de nombreuses années, les études post-coloniales ont démontré à quel point analyser, étudier le fait colonial permettait de comprendre le temps présent et son propre désordre; avec au centre, la survivance de ce legs hérité de la colonisation dans les imaginaires, les savoirs ou les pratiques… Aujourd’hui, on parle ainsi de décoloniser les arts, les musées, l’architecture, l’école, les esprits ou l’histoire... Et le voyage, forcément, en tant que fabrique de l’Autre et de l’ailleurs, n'échappe pas à cette analyse décoloniale, complexe mais fertile. Des « découvreurs » aux explorateurs en casque colonial assoiffés de conquêtes, des aventuriers en terre inconnue aux touristes avides d’exotisme et d’entre-soi, la galerie de portraits fleure bon, parfois…souvent, ce temps des colonies où l’Europe se vivait en maître naturel de la planète. Tourisme et colonisation ont d’ailleurs fait bon ménage par le passé. Ainsi, dès la constitution des empires coloniaux, français ou autres, une mise en tourisme des colonies se met en place, comme une manière d’occuper -on disait « pacifier »- le territoire ; mais aussi de s’approprier les paysages et les cultures, de préférence sans les populations locales. Dans les expositions coloniales, on exhibait ces populations à grand renfort de clichés racistes, tout en les reléguant au rang de subalternes ou d’obligés, forcément exotiques. À noter que certains disent encore «j’ai fait la Thaïlande» pour parler de leurs voyages, comme jadis on disait dans le jargon militaire colonial «j’ai fait l’Indochine». Décoloniser le voyage, c’est savoir se décentrer pour un Occidental et se départir des stéréotypes sur la culture de l’Autre qui essentialisent et se perpétuent. C’est aussi dire et partager l’histoire coloniale dans l’espace public, interroger ses continuités et faire émerger d’autres récits. C’est enfin décoloniser les musées, notamment à travers la restitution des objets et biens culturels pillés pendant la colonisation. Avec :- Saskia Cousin Kouton, anthropologue française spécialiste du tourisme et de la restitution des biens culturels à l’Université Paris Nanterre - Souroure Najai à l’origine du compte Instagram @decolonial.voyage, bientôt disponible en podcast.À lire :- « Ogun et les matrimoines. Histoires des Porto-Novo, Xọ̀gbónù, Àjàṣẹ », de Saskia Cousin Kouton. 2024. Éditions Presses Universitaires de Paris Nanterre- « Sociologie du tourisme », de Saskia Cousin et Bertrand Réau. 2009. Éditions La Découverte- « Les femmes aussi sont du voyage », de Lucie Azéma. 2021. Éditions Flammarion. Un chapitre est consacré à la décolonisation du voyage- « Programme de désordre absolu : décoloniser les musées » de Françoise Verges. 2023. Éditions La Fabrique- « L’Orientalisme : L'Orient créé par l'Occident » d’Edward Saïd. 1980. Éditions Seuil. L’ouvrage de référence par un des pionniers du postcolonialisme- « Les damnés de la terre » de Frantz Fanon. 1961. Éditions Maspero. L’essai de référence par le célèbre militant anticolonialiste.
6/23/202448 minutes, 30 seconds
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Białowieża : il était une forêt

Aux confins de l’Europe, tout à l’est de la Pologne jusqu’en Biélorussie, s’étend une forêt mythique, consacrée dernière forêt « primaire » du continent. Mais dans cet espace peuplé de mousses, de lichens, de vieux arbres centenaires, de lynx ou de bisons, l’écho du monde se fait aussi entendre. Il était une forêt, la « Puszcza » comme on dit en polonais, jadis terrain de chasse des souverains locaux et aujourd’hui réserve de biosphère, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Là-bas, sur près de 150 000 hectares, le Parc National de Białowieża protège depuis une centaine d’années cette forêt unique en son genre, qui se distingue par ses marécages et l’amoncellement de bois morts laissés sur place. Formée il y a plus de dix mille ans à l’issue de la dernière glaciation, elle est l’un des derniers vestiges de l’immense forêt qui recouvrait jadis les plaines du nord et du centre de l'Europe. Aujourd’hui, on y trouve la plus grande population de bisons d’Europe, animal emblématique du Parc.Aller à Białowieża, c’est donc faire un voyage dans le temps, aux origines de l’écosystème forestier européen ; en particulier dans la réserve intégrale où l’influence humaine est quasi nulle et où l’on entre seulement accompagné d’un guide. De par son grand âge, sa biodiversité ou sa faune qui s’est épanouie à l’écart des hommes, cette forêt, ouverte au public, fascine et attire le monde. Depuis 2021, elle est aussi au centre de la crise diplomatique et migratoire entre la Biélorussie et la Pologne, qui a décidé de construire un immense mur anti-migrants qui vient balafrer la forêt, un écosystème résilient mais fragile.Un reportage en Pologne de Sibylle d’Orgeval. En savoir plus :- Sur le Mamal Research Institute de Białowieża- Sur l'association de Francis Hallé pour la Forêt primaire- Sur le mouvement Grupu Granica qui vient en aide aux migrants à la frontière- Sur le livre de Baptiste Morizot et Andrea Olga Mantovani « S’enforester ». Éditions D'une rive à l'autre.  
6/16/202448 minutes, 30 seconds
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Dans la Réserve de biosphère du Mono au Bénin #02 : La Bouche du Roy

Voyage à la découverte de la Réserve de Biosphère du Mono, un espace protégé de 346 000 hectares de forêts, de zones marécageuses, de milieux marins ou lacustres situé entre le Togo et le Bénin. Deuxième étape : dans l’aire communautaire de la Bouche du Roy et son fascinant delta. Havre de paix des oiseaux et des tortues marines, l’aire de conservation communautaire de la Bouche du Roy est un paradis naturel de 10 000 hectares, fait d’îlots et de mangroves. Bien connue des Béninois comme des voyageurs étrangers, la Bouche du Roy est l’embouchure du fleuve Mono, là où il se jette dans l’océan Atlantique. Classée en réserve et reconnue par l’Unesco en 2017, cette aire est donc un site protégé mais aussi habité. 25 000 personnes y vivent au quotidien, dans une vingtaine de villages de pêcheurs, tantôt posés sur la lagune, tantôt insulaires que l’on rejoint en pirogue par des chenaux d’eau. Sur place, l’ONG béninoise Eco Bénin accompagnée par le Comité français de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) développe en concertation avec les populations locales des projets de gestion et de protection des ressources naturelles menacées. Ils misent sur l’écodéveloppement, l’écotourisme, mais aussi le culte vodoun pour sacraliser certains espaces de nature. Voyage à la découverte d’un sanctuaire de biodiversité et des initiatives visant à le protéger.Un reportage au Bénin en deux épisodes de Raphaëlle Constant.- Le site d’Eco Bénin- L’histoire de l’ACCB de la Bouche du Roy et ses particularités- La page LinkedIn du Comité Français de l’UICN- Le site du Programme de Petites Initiatives.
6/9/202448 minutes, 30 seconds
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Dans la Réserve de biosphère du Mono au Bénin #01 : Sur le lac Ahémé

Voyage à la découverte de la Réserve de Biosphère du Mono, un espace protégé de 346 000 hectares de forêts, de zones marécageuses, de milieux marins ou lacustres situé entre le Togo et le Bénin. Première étape : autour du Lac Ahémé, deuxième plus grand lac du Bénin. À seulement deux heures du tumulte de la capitale économique Cotonou, ce lac et ses alentours offrent une vraie parenthèse de nature, hors du temps, parmi des villages de pêcheurs bordés de mangroves et de forêts sacrées. Mais le territoire est fragile et pour le protéger, les populations locales misent déjà sur le culte vodoun ou l’agroécologie, puis à terme sur l’écodéveloppement et l’écotourisme, en collaboration avec l’ONG Éco Bénin et le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).  Voyage dans un espace en transition, entre eau douce et eau salée, entre sacré et profane, à la rencontre de communautés qui cherchent à repenser l’équilibre homme-nature.Un reportage au Bénin en deux épisodes de Raphaëlle Constant.- Le site d’Éco Bénin- La page d’Éco Bénin consacrée au Lac Ahémé- La page LinkedIn du Comité Français de l’UICN.
6/2/202448 minutes, 30 seconds
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Empreintes coloniales à Neuchâtel

Longtemps occultée et peu connue des Suisses eux-mêmes, la mémoire coloniale se partage désormais à même la rue et dans les musées de la cité helvétique. En arrivant dans la capitale cantonale de Neuchâtel, le voyageur peut partir à la découverte de son paisible lac, de son illustre industrie horlogère ou de ses vignobles qui ont façonné son paysage, mais aussi désormais, du passé colonial de la ville. Colonial… le mot peut laisser perplexe au sujet d’un pays, la Suisse, dénué d’accès à la mer et de colonies. Et pourtant, la Confédération a bel et bien un passé colonial, esclavagiste ; et ses villes, de Berne à Zurich en passant par Genève ou Neuchâtel en portent aujourd’hui les traces, après en avoir pour ainsi dire tiré les fruits.À Neuchâtel, noble cité lacustre de 45 000 habitants, le parcours interactif « Empreintes coloniales » se propose depuis 2023, de faire la lumière sur ce passé, dans l’espace public, au moyen d’une application sur sept sites emblématiques de l’implication coloniale de la ville. Imaginé par des historiens, après une vaste consultation d’habitants et de membres de la société civile, ce projet a vu le jour dans le sillage du mouvement Black Lives Matter, qui a aussi bousculé la vieille Europe, sa statuaire et ses figures controversées.Ainsi, à l’été 2020, à Neuchâtel, le débat s’est d’abord concentré sur la figure de David De Pury, un négociant neuchâtelois du XVIIIè siècle, qui a trempé dans le commerce esclavagiste et légué sa fortune à la ville, qui l’honorait tel un bienfaiteur. Depuis, la ville a adossé des explications et une œuvre d’art contemporain au pied de la statue de De Pury qui trône encore au milieu de la ville. Les musées de la ville s’engagent aussi dans une décolonisation de leurs collections, que ce soit au Musée d’Art et d’Histoire ou au Musée d’Ethnographie, une institution pionnière en la matière. Avec, en filigrane, la question de la restitution, qui sait, de certaines œuvres pillées en contexte colonial.Un reportage de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary. En savoir plus :- Sur Neuchâtel et sa région, y aller, y séjourner- Sur le parcours connecté « Empreintes coloniales ». Il se découvre uniquement sur place, en visite à Neuchâtel, à travers l’application Totemi.- Sur l’exposition permanente « Mouvements » au Musée d’Art et d’Histoire de Neuchâtel et l’héritage colonial dans les musées- Sur le Musée d’Ethnographie de Neuchâtel, pionnier en Suisse d’une certaine décolonisation de ses pratiques muséales- Sur le consortium « Initiative Benin Suisse » qui rassemble huit musées helvétiques, en collaboration avec le Nigéria autour des fameux « Bronzes du Bénin »- Sur « le Musée « colonial » d’une Suisse sans empire », un article du conservateur Julien Glauser écrit à l’occasion des 100 ans du Musée d’Ethnographie de Neuchâtel- Sur le passé colonial suisse, un dossier intéressant de swiss.info- Sur le chocolat suisse, produit colonial par excellence, un article sur le site très documenté de Colonial-Local, sur les traces coloniales de Fribourg- Sur l’exposition « Mémoires. Genève dans le monde colonial » qui se tient au MEG jusqu’au 5 janvier 2025- Sur la prochaine exposition du Musée National Suisse de Zurich, sur le passé colonial de la Suisse. Ouverture en septembre 2024.
5/26/202448 minutes, 30 seconds
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Tokyo-Sahara ​​​​​​​: Alissa Descotes Toyosaki, la caravanière

Voyage sans frontières entre l’Afrique et son grand désert le Sahara, le Japon et la France, en compagnie d’une voyageuse des sables tenace, qui a su trouver parmi les Touaregs sa place dans le monde.   Française par son père, Japonaise par sa mère et Saharienne par élan et par choix, Alissa Descotes-Toyosaki a tutoyé le désert en 1997 pour la première fois. Ce fut une révélation, son épiphanie. Après quoi pendant des années, elle va parcourir à pied, à dos de chameau ou en 4x4 le Ténéré, le désert malien, mauritanien ou le désert algérien parmi les hauts plateaux du Tassili ou du Hoggar.Seule femme au milieu d’une quarantaine de Touaregs, elle va embarquer en 1998 sur une caravane de sel, pendant quarante jours, dans le désert du Ténéré jusqu’à l’oasis de Bilma. Puis quelques années après, Alissa décide de pousser le voyage jusqu'au Nigeria, sur 3 000 km à dos de chameau, livrée au vent, au sable et au soleil ; une caravane qu’elle va vivre et documenter patiemment, pendant quatre mois, caméra à l’épaule.  Depuis l'Algérie, elle va fonder ensuite une association pour dynamiser l'élevage nomade et diffuser cette culture touarègue qui désormais la traverse, la constitue.Sahara, 8,5 millions de kilomètres carrés : vaste terrain pour écrire les plus belles pages de sa vie, avec l’humilité qu’exige le désert, à une époque aussi où il était encore possible pour une Occidentale de circuler librement dans ces contrées. Là-bas, les Touaregs ont parfois appelé Alissa « Tamasroyt » en clin d'œil à l’étoile des demoiselles célibataires et chastes; parfois aussi « tishoumart », féminin d’ « ishoumar » en Tamasheq soit l’errante, la vagabonde. Mais dans son livre qui retrace son parcours de Tokyo à Agadez en passant par Arlit, Paris ou Djanet, dont le premier tome va paraître prochainement aux Éditions Payot, elle est « la Caravanière ».  Rencontre avec une femme des sables devenue grand reporter après la catastrophe nucléaire de Fukushima, un évènement qui va la ramener dans les mines d’uranium du Niger, dans un désert devenu zone rouge mais aussi radioactif.  À paraître prochainement:- « La caravanière. Tome 1 ». Alissa Descotes-Toyosaki. Éditions Payot- Le site de Sahara Eliki, l'association fondée par Alissa Descotes-Toyosaki pour dynamiser l'élevage nomade et diffuser la culture touarègue. En japonais, anglais et français.
5/19/202448 minutes, 30 seconds
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Il était une fois la Maison des mots

À l’occasion du Festival «Aux Quatre Coins du mot» de la Charité-sur-Loire, visite avant disparition d’un étonnant musée de poche surnommé la Maison des mots.  Sur les quais de la gare, le voyageur qui débarque à la Charité peut lire sur un vieux silo ce message déjà réconfortant, en lettres peintes : «Je ne suis pas seul, il y a les mots». Plus loin, dans les ruelles de cette vénérable cité historique de la Nièvre, posée sur les bords de Loire, c’est une devanture de pharmacie qui affiche une étonnante prescription : « Des mots contre les maux. Votre pharmacien ». Connue pour ses bouquinistes et consacrée jadis Ville du livre, aujourd’hui Cité du mot, la Charité a toujours le mot à cœur et le célèbre sous toutes ses formes pendant son festival chaque année au mois de mai. Pendant plus de dix ans, à la Charité, les mots ont même eu leur maison ; un lieu atypique et coloré situé dans le centre, aux allures de cabinet de curiosités linguistiques et littéraires. À l’origine de cette Maison des mots : deux drôles d’oiseaux bibliophiles en la personne de John Crombie, un « compositeur de livres » anglais d’origine écossaise et Sheila Bourne, une illustratrice afro-américaine. Ce couple de Parisiens installé à la Charité a ouvert ce lieu en 2010, à la fois atelier de typographe, librairie, maison d’édition et musée de poche débordant de petits livres originaux, imprimés sur place à l’aide d’antiques presses à pédales. Ici, parmi les livres-mobiles et des traductions inédites d'humoristes parfois oubliés, Gutenberg côtoie Alphonse Allais, Samuel Beckett, Pierre-Henri Cami ou Raymond Queneau pour le plus grand plaisir des mots et de jouer avec. Après le décès de ces deux créateurs, le Musée Kickshaws est en passe de définitivement fermer ses portes et le festival a décidé de leur rendre hommage en entrouvrant leur maison-musée une dernière fois. Un voyage dans le temps, au gré des mots: loufoque et passion.   Avec :- Gilles Bouley-Franchitti, journaliste, auteur et guide de ces visites éphémères de la Maison des mots- Philippe Le Moine, directeur de la Cité du Mot - Imogen Sharp, nièce de John Crombie- Et des archives de la voix de John Crombie.  En savoir plus :- Sur le Festival «Aux Quatre Coins du Mot» de la Charité-sur-Loire - Sur les éditions Kickshaws de John Crombie et Sheila Bourne, un article sur l'exposition qui leur était consacré à Paris en 2017.
5/12/202448 minutes, 30 seconds
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Salento, le Finistère des possibles

Un voyage comme une ode à cette terre située dans le talon de botte de l’Italie, à l'extrême sud du pays... Depuis une dizaine d’années, le Salento, cette langue de terres majestueuses de la région des Pouilles vit une tragédie sans précédent. Cette tragédie porte ici le nom barbare de Xillela Fastidiosa, une bactérie qui a ravagé des millions d’oliviers centenaires qui façonnaient, comme dans toute la Méditerranée, les paysages mais aussi la culture de ce « finis terrae » italien. On parlait alors de civilisation de l’olivier. Aujourd’hui, cette civilisation-là, cette monoculture, est pour ainsi dire arrivée à son terme dans le Salento. Mais une partie de son peuple a décidé de tirer les leçons de cette tragédie et d’écrire la suite de son histoire, en réinventant de manière plus durable le lien profond qui l’attache à ce territoire de plus en plus désertique. Situé entre Adriatique et Mer Ionienne, entre maquis et falaises, entre Orient et Occident, entre terre ocre et bleu lagon, le Salento est d’une beauté naturelle et culturelle renversante ; mais derrière la carte postale, cette terre souffre comme ailleurs dans le sud de l’Italie, d’un exode rural considérable et d'une désertification critique. Alors pour rester et défendre cette terre, des activistes, artistes, paysans nouveaux comme anciens, des habitants vieux ou jeunes ont décidé de prendre la nature pour guide, afin de ne plus s’égarer. Un voyage sonore de Viola Berlanda initialement diffusé en septembre 2023. En savoir plus :- Sur la Casa delle agriculture, une coopérative agricole qui à travers de nombreuses initiatives locales défend la biodiversité et la démocratie alimentaire- Sur la Notte Verde ou Nuit Verte, un rendez-vous festif et engagé, initié par les habitants et activistes du Salento, qui a lieu à la fin de l'été chaque année- Sur le travail artistique et militant de Luigi Copolla, artiste, activiste agro-écologiste né à Lecce. 
5/5/202448 minutes, 30 seconds
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À Lubumbashi, le musée des gens ordinaires de Mr Yabili

Marcel Yabili est juriste de formation mais il est passionné par l'histoire de son pays, la RDC, dont les traces disparaissent peu à peu du paysage et sombrent dans l'oubli. Surtout, l'Histoire est toujours racontée par le prisme des « grands », oubliant les millions de vies contrastées, anonymes qui la composent. Alors, il a décidé de raconter une histoire de son pays et de sa ville Lubumbashi à travers celle de sa famille. Il en a même fait un musée, ouvert au public sur rendez-vous, dans la maison de ses parents située dans le quartier de Kamalondo : le musée familial de Marcel Yabili. Voyage dans le temps et la mémoire d’un homme, de sa famille et peut-être de tout un pays.Un reportage de Vladimir Cagnolari initialement diffusé en juillet 2023. À lire :- « Congo. Une histoire », de David Van Reybrouck. Éditions Actes Sud. 2012. Un livre de référence sur l’histoire du Congo où justement la grande et les petites histoires s’entremêlent- Un article en anglais d’une universitaire américaine, en visite dans le musée de Mr Yabili. À écouter :- « Lubumbashi en chœurs », un voyage sonore sur la tradition chorale de la ville de Vladimir Cagnolari pour Si loin si proche- « Lubumbashi, la cité des mangeurs de cuivre », reportage entre gloire et déchéance de cette cité minière par Vladimir Cagnolari pour Si loin si proche- « Katanga Concert », de Louis Armstrong. Un double CD a été édité en 2000 du concert de Satchmo à Lubumbashi en 1960, mais il est épuisé. Des extraits musicaux sont sur Youtube par ici.
4/28/202448 minutes, 30 seconds
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Prendre le large avec Sandrine Pierrefeu

Cap au Nord, sur les mers froides mais le cœur chaud, avec une matelote et écrivaine française tournée vers les autres et l’horizon. Devenue marin professionnelle sur le tard, Sandrine Pierrefeu arpente depuis une décennie, plusieurs mois durant, les latitudes arctiques ou antarctiques, pour en livrer après, ses impressions de vie et de voyage en mer, à plusieurs, avec des équipages souvent hétéroclites, qui n’ont pas nécessairement le pied marin. La vie à part, exigeante, des gens de mer, dans la promiscuité du bateau et la rudesse des éléments, la servitude et le soin permanent qu’impose un voilier, surtout quand on navigue parmi la glace, l’émerveillement face au grondement des icebergs ou la luminescence d’un plancton : ces détails n’en sont pas pour l’autrice et navigatrice française. Ils sont même le fondement du rapport intime, poétique qu’elle entretient avec la mer et qu’elle partage dans ses écrits aux allures de carnets de bord bourrés d’humour, de rêverie et de sensibilité. Et avec elle, la vague est plus jamais une onde. Bibliographie- « La matelote et les funambules », de Sandrine Pierrefeu. Éditions Glénat. 2024- « Partir 66°Nord », de Sandrine Pierrefeu. Éditions Glénat. 2021.
4/21/202448 minutes, 30 seconds
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Revenir, l’épreuve du retour

« Partir » attire et fascine. On célèbre le départ, on le raconte. Mais qu’en est-il du retour, plus anonyme et indéterminé ? Que nous apprend ce temps suspendu et transitoire, quand on est sur le retour ? Comment revient-on chez soi, après avoir tourné le dos à l’inconnu et à l'extraordinaire ? « Revenir », c’est le titre du savant essai que vient de consacrer Céline Flécheux à ce qu’elle appelle « l’épreuve du retour », puisant dans un vaste corpus littéraire, philosophique et artistique, en digne enseignante d’esthétique et historienne de l’art qu’elle est. Après avoir longuement travaillé sur l’horizon, qui appelle au départ et à la mise en mouvement des corps et des imaginaires, l’autrice française, philosophe de formation, interroge donc le retour, ses figures comme le fils prodigue ou Ulysse qui mettra dix ans à rentrer à Ithaque et multiplie les pistes et chemins de réflexion. Car revenir ne va pas de soi. La dissymétrie, le décalage est partout, dans le temps et les lieux retrouvés, en nous et avec les autres. « Car celui qui revient a vu des choses qui ont radicalement modifié et élargi sa vision du monde ; il a compris qu’une autre dimension existait qui jetait le discrédit sur tout ce qu’il avait connu jusqu’alors », écrit Céline Flécheux. Certes, celui qui revient de voyage en fait parfois après, le récit ; mais très peu finalement raconte le retour, lui préférant le romanesque des départs et des échappées au long cours. Aujourd’hui avec Céline Flécheux, on va donc mettre une pensée, la sienne, sur un impensé : celui du retour ; et questionner par là notre rapport au temps et à l’espace, car si l’on revient quelque part, on ne revient jamais en arrière.  À lire :- « Revenir. L’épreuve du retour », de Céline Flécheux. Éditions Le Pommier- « L’Odyssée », d’Homère. Éditions Gallimard. Folio Classique- « Cahier d’un retour au pays natal », d’Aimé Césaire. Éditions Présence Africaine Poésie.- « L’irréversible et la nostalgie », de Vladimir Jankélévitch. Éditions Flammarion. Une émission initialement diffusée le 18 juin 2023.
4/14/202448 minutes, 30 seconds
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Érable: le goût sucré du Québec

Alors que le temps des sucres, ce moment de récolte de l’eau d’érable typiquement québécois, bat son plein, partons tout autour de Montréal et de cet arbre de vie et d’eau sucrée qui a façonné les paysages, la culture et le goût de la belle province. Au Québec, l’érable et son sirop sont un puissant symbole identitaire, que l’on retrouve à la fois dans l’assiette sur les pancakes, dans les magasins de souvenirs ou les forêts, mais surtout, dans les mémoires de chaque Québécois et Québécoise, qui vont toujours se rappeler ému.e.s de la fin de l'hiver et du printemps naissant, en famille, à la cabane à sucre. Le Canada a fait de la feuille d’érable son emblème national. Et au Québec, premier producteur de sirop d’érable au monde, c’est une réalité économique, culturelle et naturelle partout présente. Là-bas, on peut d’ailleurs parler de civilisation de l’érable, au même titre que l’olivier dans le bassin méditerranéen. Il faut dire que l’érable -et son sucre- raconte l’histoire du pays, le métissage entre la science des autochtones qui ont découvert la sève d’érable et les chaudrons des colons qui l’ont fait bouillir, sur l'exemple des autochtones. Il dit l’enracinement des hommes sur ces territoires aux hivers rigoureux que le sucre aidait à tenir. Il parle de la richesse et de la beauté des érablières, quelles que soient la saison et les couleurs. Il raconte le peuple et les repas roboratifs, le fragile équilibre aussi que l’on doit maintenir avec cette nature nourricière. Il s'exprime dans les villes, grâce à des chefs montréalais inventifs qui revendiquent la modernité de l'érable et le revisitent dans des mets délicats. Il se vit à travers le plaisir simple et partagé, de ce sucre au coin de la bouche. Un voyage de la bouche à l’oreille de Laure Allary et Céline Develay-Mazurelle.  À voir. À visiter depuis Montréal- La Sucrerie de la Montagne : Situé à 30 minutes de Montréal, dans une vieille érablière d’environ 50 hectares, ce «Site du Patrimoine Québécois» est ouvert à l’année. Créée par Pierre Faucher, un personnage haut en couleurs de l’érable, cette sucrerie offre un voyage dans le passé des ancêtres canadiens et québécois, un certain goût de la tradition... forcément sucrée. - La Maison des Peuples Autochtones : Ce lieu multi-nations et situé hors réserve, à Mont Saint-Hilaire, a été fondé par André Michel, une figure de la cause autochtone, un artiste d’origine française. La Commission des lieux et monuments historiques du Canada a désigné La Maison des peuples autochtones et son érablière comme le lieu de référence national des produits de l’érable pour l’origine de l’acériculture. L'espace dédié à cette histoire est unique et précieux pour rappeler l'origine autochtone de l'érable et son sirop. - Le Domaine de 5 lots à Montréal : une boutique et un atelier de cuisine particulièrement chaleureux, comme sa créatrice Nathalie Simonneau, fille d’acériculteur et pâtissière pendant plus de 10 ans pour de grands hôtels et restaurants. Après quoi, elle a décidé de reprendre, en famille, l'érablière de ses parents et propose depuis ses produits artisanaux, tout en partageant dans des conférences gourmandes toutes les saveurs et toutes les histoires de l'érable... en ville. - Le Marché des Saveurs du Québec, situé au célèbre Marché Jean Talon à Montréal. Une super adresse pour tous ceux qui n’ont pas eu le temps de visiter des érablières ou petites exploitations artisanales loin de la ville, mais souhaitent repartir avec des produits du terroir et de qualité. - Le Marché Jean Talon de Montréal et la Librairie Gourmande :Pour faire le plein de recettes et de livres de recettes sur l'érable et ramener de belles cannes de sirop. Des producteurs vendent et partagent leur sirop dans le marché. - Le Restaurant Renoir où le chef français Olivier Perret, ambassadeur de l’érable revisite avec finesse l'érable dans ses menus. Une adresse haut de gamme, sise dans l'hôtel Sofitel de Montréal, en plein cœur de la ville.  En savoir plus :- Sur la filière acéricole : la Fédération des Producteurs et Productrices Acéricoles du Québec- Sur les travaux menés par Christian Messier, scientifique québécois réputé, passionné d'érable et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la résilience des forêts face aux changements globaux, à l'Université du Québec en Outaouais- Sur les variations de l’érable dans l’assiette : «Incroyable Érable», un livre instructif et gourmand de Philippe Mollé - Sur l'histoire du temps des sucres : un article pour le Musée Mc Cord Stewart de l'historienne, spécialiste du patrimoine gastronomique du Québec Catherine Ferland. Diaporama
4/7/202448 minutes, 30 seconds
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Aux confins de la Russie, la Kalmoukie

Cette petite République, isolée au milieu de la steppe, est largement méconnue voire oubliée des Russes eux-mêmes. Et pourtant elle renferme tous les ingrédients d’une folle histoire et d’improbables voyages. Kalmoukie, le nom surprend déjà. Beaucoup n’en ont jamais entendu parler. Située entre la mer Caspienne et le Caucase, entre l’Ukraine et le Kazakhstan, la Kalmoukie appartient à ces régions perdues et lointaines de Moscou, à plus d’un millier de kilomètres. Là-bas, la steppe et le désœuvrement dominent. Les troupeaux d’antilopes saïgas se tiennent à l’écart des hommes, les « Perekatipol », ces herbes sèches virevoltantes, roulent au sol tandis que le désert, lui, avance.  Intriguée par cette région singulière, excentrique disent certains, la journaliste et autrice française Marine Dumeurger y est allée à plusieurs reprises. Et dans son récit « Le prince de Kalmoukie », on croise des Russes blancs exilés, des moines bouddhistes un peu chamanes, un président mégalo champion d’échecs qui roule en Rolls dans une déglingue russe où plane l’ombre de Gengis Khan, Pouchkine ou Staline.Son prince, au centre du récit, s’appelle Serge, un Français installé là-bas après une rocambolesque histoire. Issu d’une famille de cavaliers exilés en Europe, vénérés en Kalmoukie : les Toudountoff, Serge débarque ici après avoir été retrouvé par une costumière kalmouke qui lui a envoyé une délégation jusque chez lui. Accueilli comme un dignitaire de haut rang en Kalmoukie, il décide alors d’y vivre pour mieux s’y réinventer… Au-delà de cette histoire, à peine croyable mais vraie, c’est le peuple kalmouk qui fascine ici. La moitié d’entre eux sont des descendants de cavaliers mongols installés au XVIIè siècle, d’où leur nom kalmouk, soit en turc « ceux qui restent ». Victimes d’une déportation de masse en 1943, sur ordre de Staline, les Kalmouks sont revenus sur leurs terres et ont retrouvé leur culte, faisant de la région la seule d’Europe où le bouddhisme est majoritaire. Aujourd’hui, c’est la guerre en Ukraine voisine qui les rattrape et les conduit parfois, de nouveau, à l’exil. À lire :« Le prince de Kalmoukie. Un étonnant voyage dans la steppe russe », Marine Dumeurger. Éditions Marchialy.
3/31/202448 minutes, 30 seconds
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L’Orient pas si Express

Itinérance ferroviaire de Paris à Istanbul, sur le tracé historique de l’Orient Express. Une éloge de la lenteur et du voyage en train, avec beaucoup d’escales. Paris-Munich-Vienne-Budapest-Bucarest-Istanbul : c’est le trajet historique de l’Orient-Express inauguré en 1883. Parti pour la première fois depuis la Gare de l’Est à Paris, ce train de légende va ouvrir les portes de l’Orient, rapprocher les cultures et les hommes. À l’époque, certains commentateurs allaient même jusqu’à dire que le Bosphore était devenu la banlieue de Paris. L’avion n’en était alors qu’à ses balbutiements et quatre pour rejoindre directement Constantinople et cet Orient rêvé, fantasmé, c’était une vraie révolution ! Jusqu’en 1977, ce train mythique, luxueux, va embarquer toute une aristocratie européenne en mal de grands voyages et d’écrivains en quête de sensations. Aujourd’hui, au XXIè siècle, alors que le train revient en force et que les voyageurs s’interrogent sur l’impact carbone de leurs mobilités, il aura fallu aussi quatre jours à Sibylle D’Orgeval, notre reporter, pour rejoindre les rives du Bosphore, après de multiples escales, de rencontres inattendues, d’images furtives et de changements de train : 6 au total. Prenez votre billet, embarquement immédiat sur l’Orient pas si Express… Un voyage sonore de Sibylle d’Orgeval.
3/24/202448 minutes, 30 seconds
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Vers l’Alaska, en terre amérindienne

Pour son dernier récit « Alaska, l’ultime frontière », la journaliste et autrice française Marie-Hélène Fraïssé continue d’arpenter ces sentiers amérindiens qu’elle aime tant partager. Direction, cette fois, la côte du grand Nord-Ouest américain, à la rencontre de communautés autochtones fascinantes et résistantes. (Rediffusion) Marie-Hélène Fraïssé ne découvre pas. Elle rencontre. Pendant des décennies, la reporter et productrice radio à France Culture, a sillonné l’Amérique du Nord et les recoins de son histoire coloniale, prenant à revers les mythes hollywoodiens de la conquête et donnant à entendre surtout, des voix autochtones longtemps silenciées. En creusant ce sillon amérindien profond, sensible, elle n’aura de cesse d’interroger cette fameuse rencontre entre Premières Nations et colons européens, d’inverser le miroir aussi. Pour son dernier voyage, Marie-Hélène Fraïssé, partie de Vancouver à Anchorage, a fait le choix du temps long et de la rencontre, sans filet ni ordre de mission. Au gré des rotations de ferry, elle se fait alors passagère dans cet « inside passage » ou passage de l’intérieur, de la côte canadienne à l’Alaska, parmi une myriade d’îles, de fjords, de glaciers et de chenaux, où la pureté et la grandeur des paysages lui offrent une certaine consolation, « alors qu’une perte récente [lui] déchirait le coeur ». Dans son récit qu’elle nous livre bien des années après ce voyage conçu comme « une entreprise de détachement, d’effacement, de déprise », l’échappée n’est pas tout à fait solitaire. On y croise en effet l’ombre des explorateurs européens James Cook ou Lapérouse, l’écrivain naturaliste américain John Muir ou le photographe Edward S. Curtis passés par là, des Russes chasseurs de loutre, des chercheurs d’or, prospecteurs d’hier et d'aujourd'hui ou encore l'anthropologue français Claude Lévi-Strauss… Avec au centre, des communautés autochtones résilientes et combatives, habitant ces terres du bout du monde depuis des millénaires, à l’ombre d’immenses totems sculptés en forme d’Aigle, de Corbeau ou d’Oiseau-Tonnerre, dans un jeu de masques où l’on comprend vite que l’Ancien et le Nouveau Monde ne sont pas ceux que l’on croit…Émission initialement diffusée le 21 mai 2023.Bibliographie :- Alaska, l’ultime frontière. Éditions Albin Michel, 2023- Western, une autre histoire. Éditions Bayard, 2022- L’Eldorado polaire de Martin Frobisher. Éditions Albin Michel, 2017- L’impensable rencontre. Éditions Albin Michel, 2014.
3/17/202448 minutes, 30 seconds
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Élise Rousseau, plume voyageuse

Partie sur les traces de l’ours de Gobi, la naturaliste et autrice française Élise Rousseau n’est pas revenue tout à fait la même de son voyage dans les immensités mongoles. En chemin, elle aura croisé un étonnant cortège d’oiseaux, rencontré le silence, pour mieux se trouver au cœur du désert. Si elle était un oiseau, Élise Rousseau serait peut-être une sterne arctique. Car ces oiseaux aussi appelés « hirondelles des mers », avec leur calotte noire, leur long bec rouge et leur plumage blanc gris, sont de grandes voyageuses, très endurantes, qui peuvent parcourir jusqu’à 80 000 km par an ! Voyageuse, Élise Rousseau l’est assurément, tant elle sillonne depuis des décennies la planète, à la découverte de la beauté du monde, de la nature et de ceux qui la peuplent, à commencer par les oiseaux qui la passionnent et guident ses pas dans l’existence. Après « Sur le chemin des oiseaux » et « Petite philosophie des oiseaux », un ouvrage traduit en 21 langues et écrit avec l’ornithologue français Philippe Dubois, cette « birdwatcheuse » publie aujourd’hui en France « Mazaalai », récit de son voyage dans le désert de Gobi, avec un équipage naturaliste mongol et français exclusivement masculin, sur les traces d’un ours chimérique, en voie d’extinction. Entre réflexions sur le vide, la mort, l’amitié et le pouvoir de la nature si discrète en ces contrées désertiques mais bel et bien présente, elle nous embarque dans sa quête. Celle d’une femme attentive à son environnement, discrète à sa manière mais aussi terriblement présente.  À lire :- « ​​​​​​​Mazaalai. Aux confins du silence. Sur la piste de l’ours de Gobi ». Élise Rousseau. Éditions Albin Michel. 2024- « ​​​​​​​Sur le chemin des oiseaux ». Élise Rousseau. Éditions Grasset. 2023- « Petite philosophie des oiseaux ». Élise Rousseau et Philippe J. Dubois. Éditions La Martinière. 2018. À écouter : - La sonothèque du Muséum National d'Histoire Naturelle qui documente les sons du vivant, parmi lesquels les oiseaux- Comment se mettre dans la tête d’un oiseau ? dans l’émission de RFI « Autour de la question ». ​​​​​​​
3/10/202448 minutes, 30 seconds
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En quête d’histoire noire à Montréal #2

Dans la métropole cosmopolite et vibrante du Québec, des hommes et des femmes se sont mis en marche pour révéler et partager l’histoire noire de la ville et de la province. L'auteur et artiste afro-québécois Webster est de ceux-là. Rencontre avec un homme en quête d'histoire(s) et de vérité... Quand on parle d’histoire noire et d’esclavage, le récit national canadien a longtemps fait la part belle au réseau abolitionniste du chemin de fer clandestin et à tous ces esclaves américains en fuite qui, au XIXè siècle, ont trouvé refuge au Canada. On les appelait les « freedom seekers », ceux qui cherchent la liberté. Dans le premier épisode de cette série, on est parti dans les rues de Montréal, à la rencontre de leurs dignes héritiers, « history seekers » cette fois : des hommes et des femmes, afro-canadiens pour la plupart, chercheurs d’histoire qui ont décidé de remettre à sa juste place l’histoire des Noir.e.s au Québec, longtemps reléguée, comme oubliée des mémoires. Le passé esclavagiste a longtemps occupé une place particulière dans l’historiographie québécoise, entre omissions et arrangements avec un passé complexe et une vérité inconfortable. Mais les faits, comme nos chercheurs d’histoire, sont têtus. Pour ce second épisode, on vous propose de creuser le sillon que l’on a suivi en voyage à Montréal dans le premier épisode, avec l'un de ces chercheurs d'histoire, en la personne de Webster, activiste et artiste afroquébécois, qui a initié, dès 2016, des visites guidées dans sa ville Québec, sur les traces de l’histoire noire là-bas. Depuis, il a multiplié les projets, le dernier en date étant la traduction en français qu’il a lui-même mené du livre phare du philosophe américain Charles W. Mills « Le contrat racial ».Webster, de son vrai nom Aly NDiaye, est né d’un père sénégalais et d’une mère québécoise ; et aujourd’hui, il est devenu une voix qui compte, qu’il faut savoir écouter…Et c’est ce que l’on va faire aujourd’hui.Un reportage en deux épisodes de Céline Develay-Mazurelle et Laure AllaryÀ vivre, à voir :- Découvrir la programmation éclectique du Mois de l’histoire des Noir.e.s sur le site de Tourisme Montréal- Suivre une visite guidée sur les traces de la présence et l’histoire noire à Montréal : Black Montreal Experience- Aller au Musée Mc Cord Stewart, musée d’histoire sociale de Montréal- Faire un tour à Québec et suivre les visites Qc History X mises en place par l’artiste et conférencier Webster- Découvrir l’ABC’s of Canadian Black History imaginé par l’historienne Dorothy Williams. En anglais.- En savoir plus sur la table ronde du Mois de l’histoire des Noir.e.s. Édition 2024- Découvrir le projet en ligne « Je suis Montréal », qui met en avant les communautés invisibilisées dans la société montréalaise.- Quelques statistiques publiques sur les communautés noires au Canada.  À lire : - «L’esclavage et les Noirs à Montréal : 1760-1840» de Franck Mackey. 2013. Éditions Hurtubise - «Black in Montreal 1628-1986: An Urban Demography» de Dorothy W. Williams. En anglais- «Le contrat racial» de Charles W Mills. Traduction française par Webster. 2022. Éditions Mémoire d’encrier- «La pendaison d’Angelique. L’histoire de l’esclavage au Canada et de l’incendie de Montréal» de Afua Cooper. 2007. Éditions De l’Homme  - «North of the Color Line. Migration and Black resistance in Canada. 1870-1955» de Sarah-Jane Mathieu. 2010. Éditions University of North Carolina Press. En anglais- «Le grain de Sable. Olivier le Jeune premier esclave au Canada » de Webster et illustré par ValMo!. 2019. Éditions Septentrion- «Fear of a Black Nation Race, Sex, and Security in Sixties Montreal», de David Austin. 2e Édition. 2023. Éditions AK Press. En anglais- «L’esclavage au Canada». Une synthèse en PDF accessible et pédagogique écrite par Webster - Un entretien avec Marcel Trudel, pionnier de l’histoire de l’esclavage au Québec». Un article de Cap aux Diamants, la revue d’histoire du Québec. 2004- Toutes les ressources sur l’histoire noire dans l’Encyclopédie Canadienne. À écouter :- Résistance : le balado sur les traces de Shadrach Minkins, par Webster. Produit par Radio Canada et disponible sur rfi.fr- Les 3 épisodes de notre voyage sur le chemin de fer clandestin au Canada, en Ontario. Une série Si loin si proche- La série audio « Portraits de Noirs au Canada» par Radio Canada Internationale.
3/3/202448 minutes, 30 seconds
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En quête d’histoire noire à Montréal #1

Dans la métropole cosmopolite et vibrante du Québec, des hommes et des femmes se sont mis en marche pour révéler et partager l’histoire noire de la ville et de la province. Suivons-les ! Quand on parle d’histoire noire et d’esclavage, le récit national canadien a longtemps fait la part belle au réseau abolitionniste du chemin de fer clandestin et à tous ces esclaves américains en fuite qui, au XIXè siècle, ont trouvé refuge au Canada. On les appelait les « freedom seekers »,  ceux qui cherchent la liberté. Dans ce premier épisode, on vous propose d’aller à Montréal, à la rencontre de leurs dignes héritiers, « history seekers » cette fois : des hommes et des femmes, Afro-Canadiens pour la plupart, chercheurs d’histoire qui ont décidé de remettre à sa juste place l’histoire des Noirs au Québec.Le passé esclavagiste a longtemps occupé une place particulière dans l’historiographie québécoise, entre omissions et arrangements avec un passé complexe et une vérité inconfortable. Mais les faits, comme nos chercheurs d’histoire, sont têtus. Et désormais, dans les rues du vieux Montréal ou de la Petite Bourgogne, fief historique de la communauté noire surnommé la « Harlem du Nord », on croise des visiteurs emmenés par un guide, tous en quête d’histoire noire. Dans la ville, des institutions culturelles s’interrogent aussi sur leurs pratiques ; cherchant à décoloniser leurs approches et à faire plus de place aux communautés historiquement marginalisées, en tête les Autochtones et les Noirs. Révéler la présence noire dans une ville où plus de la moitié des Afro-Québécois a décidé de vivre, c’est une façon de faire le lien entre passé et présent de la ville, d’interroger le sort réservé, hier comme aujourd’hui, aux communautés noires, de faire la lumière sur les angles morts d’un récit national qui a longtemps occulté son passé d’esclavage et de ségrégation comme ses continuités. C’est enfin l’occasion de croiser des figures de la résistance noire particulièrement inspirantes. Un reportage en deux épisodes de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary.Avec:- Rito Joseph, guide conférencier à l’initiative des visites « Black Montreal Experience »- Aly Ndiaye alias Webster, auteur, rappeur, conférencier et activiste afro-québécois - Dorothy Williams, historienne de référence sur la présence noire à Montréal, en particulier dans le quartier dit de la Petite Bourgogne - Les équipes en visite du Musée McCord Stewart, musée d’histoire sociale de Montréal- Franck Mackey, historien spécialiste de l’esclavage des Noirs à Montréal.    À vivre, à voir : - Découvrir la programmation éclectique du Mois de l’histoire des Noir.e.s sur le site de Tourisme Montréal- Suivre une visite guidée sur les traces de la présence et l’histoire noire à Montréal : Black Montreal Experience- Aller au Musée Mc Cord Stewart, musée d’histoire sociale de Montréal- Faire un tour à Québec et suivre les visites Qc History X mises en place par l’artiste et conférencier Webster- Découvrir l’ABC’s of Canadian Black History imaginé par l’historienne Dorothy Williams. En anglais et en français. - En savoir plus sur la table ronde du Mois de l’histoire des Noir.e.s. Édition 2024- Découvrir le projet en ligne « Je suis Montréal », qui met en avant les communautés invisibilisées dans la société montréalaise. - Quelques statistiques publiques sur les communautés noires au Canada.  À lire : - « L’esclavage et les noirs à Montréal : 1760-1840 » de Franck Mackey. 2013. Éditions Hurtubise. - « Black in Montreal 1628-1986: An Urban Demography » de Dorothy W. Williams. En anglais.- « Le contrat racial » de Charles W Mills. Traduction française par Webster. 2022. Éditions Mémoire d’encrier.- « La pendaison d’Angelique. L’histoire de l’esclavage au Canada et de l’incendie de Montréal » de Afua Cooper. 2007. Éditions De l’Homme.  - « North of the Color Line. Migration and Black resistance in Canada. 1870-1955 » de Sarah-Jane Mathieu. 2010. Editions University of North Carolina Press. En anglais- « Le grain de Sable. Olivier le Jeune premier esclave au Canada » de Webster et illustré par ValMo!. 2019. Éditions Septentrion.- « Fear of a Black Nation Race, Sex, and Security in Sixties Montreal, de David Austin. 2e Édition. 2023. Éditions AK Press. En anglais- « L’esclavage au Canada ». Une synthèse en PDF accessible et pédagogique écrite par Webster - Un entretien avec Marcel Trudel, pionnier de l’histoire de l’esclavage au Québec. Un article de Cap aux Diamants, la revue d’histoire du Québec. 2004- Toutes les ressources sur l’histoire noire dans l’Encyclopédie Canadienne. À écouter :- Résistance : le balado sur les traces de Shadrach Minkins, par Webster. Produit par Radio Canada et disponible sur rfi.fr- Les 3 épisodes de notre voyage sur le chemin de fer clandestin au Canada, en Ontario. Une série Si loin si proche- La série audio « Portraits de Noirs au Canada » par Radio Canada Internationale.
2/25/202448 minutes, 30 seconds
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Le musée de l’histoire de l’immigration à Paris : le musée d’une histoire commune

Depuis des siècles, la France s’est battue, construite et réinventée grâce et avec ses étrangers, ses immigrés. C’est une vérité historique que rappelle le Musée national de l’histoire de l’immigration. Voyage à la découverte de son nouveau parcours permanent. Situé dans le 12è arrondissement de Paris, dans l’emblématique bâtiment colonial du Palais de la Porte Dorée, le Musée national de l’histoire de l’immigration a rouvert ses portes en juin 2023, après trois ans de travaux. Et dans sa nouvelle exposition permanente, le musée a décidé de placer l’histoire au centre, à travers onze dates repères de l’immigration et de l’histoire de France. Car ce qui s’y raconte, sur près de 1 800 m2 et avec plus de 600 objets, c’est bien l’histoire de la France et de ses immigrés, la France étant le plus ancien pays d’immigration en Europe. De tout temps et partout, les migrations ont nourri, façonné le visage des peuples, des nations et des cultures du monde. De tout temps et partout, l’étranger, l’allogène, le nouvel arrivant a suscité, la crainte et le rejet, surtout en temps de crises et de repli. Dans ce parcours, le musée se propose de porter et de partager un autre regard sur l’immigration, en interrogeant comment les immigrés ont fait la France, comment ils ont été accueillis, perçus à travers le temps, comment le code de nationalité et les droits des étrangers ont évolué au gré de législations tantôt populistes, tantôt pragmatiques, souvent opportunistes.Nul doute en tout cas que de 1685, date du Code Noir et de l’exil huguenot, à l’engagement des troupes coloniales dans les deux guerres mondiales en passant par la résistance étrangère, le destin du pays et de toutes celles et ceux qui sont venu(e)s y trouver refuge, vivre, travailler et lutter, est commun. Et à l’heure de la loi dite « asile et immigration » et de l’annonce d’une révision historique du droit du sol à Mayotte, cette salutaire traversée de l’histoire permet de prendre de la hauteur et du recul.En savoir plus :- Sur le parcours permanent du Musée national de l’histoire de l’immigration- Sur les expositions temporaires et activités du musée- Sur l’Affiche rouge et le combat de Missak Manouchian, résistant arménien communiste entré au Panthéon le 21 février 2024, avec ses compagnons de résistance.
2/18/202448 minutes, 30 seconds
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Jean Malaurie, dernier roi de Thulé

L’ethno-géologue français, écrivain, éditeur, explorateur et personnalité polaire majeure s’est éteint cette semaine à l’âge de 101 ans. Derrière lui, il laisse une œuvre, une empreinte immenses.  Son nom restera à jamais associé au grand désert blanc de l’Arctique, à ses peuples : les Inuits ainsi qu’à Thulé. Né dans l’entre-deux guerres, Jean Malaurie savait dans sa chair ce que « résister » et « oser » voulait dire ; lui, le jeune réfractaire au STO qui va fuir et lutter dans le Vercors durant la Seconde Guerre ; lui, le premier Européen à atteindre le Pôle géomagnétique Nord en 1951, qui va mener ensuite plus de 30 expéditions polaires, souvent en solitaire ; lui, le fondateur de la collection « Terre Humaine » qui deviendra une voix indispensable, puissante de l’Arctique… « Oser, Résister », c’était le nom du livre qu’il venait de publier quand en 2018, nous sommes allés le rencontrer chez lui, à Dieppe. Il avait alors 96 ans. Et cette semaine, on vous propose d’écouter, de réécouter cet échange où Jean Malaurie, colosse à la tête solide et le verbe haut, revient sur les grandes étapes de sa vie. Une vie de géant, pavée d’honneurs mais surtout de combats. Avec au centre : la défense des peuples autochtones et animistes du grand Nord.À lire :- « De la pierre à l’âme. Mémoires » Jean Malaurie. Éditions Plon. Collection Terre Humaine. 2022- « Oser, résister » Jean Malaurie. Éditions CNRS. 2018- « Ultima Thulé. De la découverte à l’invasion d’un lieu mythique ». Jean Malaurie. Éditions Chêne, 2016- « Les derniers Rois de Thulé. Avec les esquimaux polaires, face à leur destin », Jean Malaurie. Pocket. Terre Humaine Poche. 5ème édition. 2001.À voir :- La saga des Inuits, une série documentaire de Jean Malaurie. INA productions.
2/11/202448 minutes, 30 seconds
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En route avec Thelma et Louise

Road-trip à travers les grands espaces du Sud-Ouest américain, à bord d’une antique Ford Thunderbird, en suivant la route empruntée par les deux héroïnes de ce film culte américain. Quand on part en virée entre amies aux États-Unis, on dit qu’on est « ready to Thelma and Louise », ce qui en dit long sur la postérité des deux héroïnes du film de Ridley Scott sorti en 1991. Ce road-movie, qui débute en virée joyeuse pour finir en cavale tragique et puissante, en aura pourtant envoyé plus d’une sur la route. C’est le cas de Marine Sanclemente et Catherine Faye, deux autrices françaises nomades qui ont décidé un jour de partir sur les traces de Thelma et Louise sur un coup de tête et de sang, puis d’accélérateur…De cette échappée américaine, à l’ombre tutélaire de Thelma et de Louise, en épousant le trajet fictionnel de ces deux personnages, de l’Arkansas à l’Arizona, elles en ont tiré un récit écrit à 4 mains : « À la vie, à la mort » publié en France, aux Éditions Paulsen. En chemin, Catherine et Marine croisent et convoquent d’autres femmes bien réelles cette fois : Kadena la pompiste, Jan la bimbo armée jusqu’aux dents, Sheida l’Iranienne de Tulsa, Gloria, Mabel, Daisy ou encore Sunny, rescapée de l’emprise d’un gourou charismatique et violeur. Échapper, réchapper au patriarcat et à l’emprise machiste pour mieux exister pleinement, librement sur la route, c’est la trame, le motif du film « Thelma et Louise » que viennent aussi interroger Marine et Catherine dans leur livre, dans une ère certes post #MeToo mais dans une réalité américaine à la sauce red-neck qui n’a décidément pas renoncé à Trump. Leur récit, émaillé de réflexions sur le consentement et les contraintes faites aux femmes et à leur corps, fait aussi office de serment d’amitié entre les deux voyageuses, d’ode au voyage et à ses vertus: la curiosité et l’émancipation en tête, quoiqu’il arrive…sur la route.À lire :- « À la vie, à la mort », de Catherine Faye et Marine Sanclemente. Éditions Paulsen- « L’année des deux dames », de Catherine Faye et Marine Sanclemente. Éditions Paulsen.À écouter :- Notre échange avec les deux autrices autour d’Odette du Puigeaudeau et Marion Sénones, aventurières des sables.
2/4/202448 minutes, 30 seconds
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La pétanque, une passion béninoise

En septembre 2023, le Bénin a accueilli la 50è édition des championnats du monde de pétanque. Mais déjà, bien avant cet évènement qui a réuni 37 nations à Cotonou, le pays avait déclaré sa flamme au jeu de boules provençal. Dans les rues de Porto Novo, Cotonou ou Abomey, il n’est pas rare de croiser sur des boulodromes improvisés des joueurs et des joueuses passionnés, en plein palabre pour savoir qui a emporté le point. Car au Bénin, la pétanque est devenue une affaire sérieuse, un sport national qui a vu émerger des titres et des champions qui ont su se rapprocher tout près du bouchon et fait de leur pays un vice-champion. En 2016 d’abord, après avoir battu la France en triplette masculine, la discipline reine ; puis en septembre 2023, en doublette pendant la compétition qui s’est tenue justement à Cotonou, à ciel ouvert, à l’ombre de sa grande Amazone.Surtout- et c’est ce que la rue nous apprend-, ce jeu accessible, ouvert à tous, est devenu un loisir populaire et fédérateur dans le pays, comme ailleurs sur le continent, que ce soit à Madagascar, au Burkina Faso ou en Côte d’Ivoire. Arrivée sur le continent dans les valises des Marseillais pendant la colonisation, la pétanque n’est pas qu’une passion béninoise, mais depuis les derniers championnats de Cotonou, on voit bien qu’elle est là-bas un motif de ferveur et d’élan national. Voyage entre le club mythique PCZAM de Cotonou et les terrains de boule de rue, à la rencontre de passionné.e.s d’hier et d’aujourd’hui, qui tirent et qui pointent.Un reportage de Raphaëlle Constant. 
1/28/202448 minutes, 30 seconds
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Au pays des Przewalski

En Lozère, sur de hauts plateaux arides aux allures de steppes mongoles vivent en liberté, depuis 30 ans, des chevaux de Przewalski. Voyage dans des terres françaises reculées à la découverte de chevaux presque sauvages… Le Causse Méjean est un pays montagnard, de pierres et de landes rases qu’on dit grandiose, austère, balayé par les vents et les solitudes. C’est là, depuis 30 ans, que l’association française Takh, soit « esprit » ou « cheval sauvage » en mongol, a implanté un troupeau de petits chevaux trapus, de couleur brun clair striés d’une raie de mulet noire le long de la colonne vertébrale. Ces équidés, uniques en leur genre, ressemblent étonnement aux chevaux préhistoriques que l’on retrouve sur les peintures rupestres et portent le nom d’un explorateur russe « Przewalski », qui un jour, au 19e siècle, a croisé leur route en Asie Centrale et les a fait connaître en Europe.Depuis les années 1960, la race, originaire d’Asie centrale, s’est éteinte à l’état sauvage mais elle a survécu dans des zoos avant d’être introduite en Lozère puis réintroduite en Mongolie, avec le concours des autorités mongoles. Et depuis 2020, l’association Takh développe un projet de centre scientifique et écotouristique, à destination du grand public. Sur le Causse Méjean, l’observation à bonne distance de ces chevaux qui s’épanouissent ici sans aucune intervention humaine, offre un voyage dans l’espace, jusqu’en Asie Centrale mais aussi dans le temps, à une époque où des millions de chevaux vivaient encore à l’état sauvage. Elle permet aussi de comprendre leurs enjeux de survie, leurs relations sociales, leur rôle dans l’écosystème et comment ces chevaux façonnent le territoire, tout en interrogeant le bien être-animal. Ce qui à l’heure de l’Anthropocène, cette nouvelle ère où l’humain a bouleversé le monde en se pensant au-dessus de tout, permet de décentrer le regard et qui sait, de remettre l’homme à sa place…  Au pays des Przewalski, nous regardons les chevaux et eux, nous apprennent à regarder le monde autrement.Un voyage sonore de Sibylle D’Orgeval.En savoir plus : - Sur l’association Takh et son centre scientifique et écotouristique des chevaux de Przewalski situé au Villaret.
1/21/202448 minutes, 30 seconds
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Pétaouchnok(s) : du bout du monde au milieu de nulle part

Exprimer le lointain, le bout du monde, c’est souvent une affaire d’imagination que l’on retrouve dans beaucoup de langues. En français, on parle de Pétaouchnok ou de Perpète-Les-Olivettes. Au Québec, ce sera Saint-Glinglin-Meuh-Meuh, aux USA Kalamazoo ou Foufnie-Les-Berdouilles côté belge. Parfois on invente ces lieux, on les rêve ou on les méprise. Parfois, ils existent vraiment sur la planète et valent plus que le détour. Pétaouchnok, c’est un nom qui sonne comme une lointaine ville russe. Une expression, un nom pour dire en français le coin paumé, perdu, presque arriéré. Plutôt péjoratif, ce nom, comme d’autres, a le mérite, à sa seule évocation, de vous envoyer loin, ailleurs. Pétaouchnok, c’est un peu le « schmilblick » appliqué à la géographie : un machin, un truc un peu indéterminé qui ne sert absolument à rien et qui donc peut servir à tout ! Les pétaouchnoks c’est pareil : c’est nulle part et partout à la fois…Entre curiosité linguistique, réflexions politiques et poétiques sur les représentations des ailleurs et le pouvoir des marges, l’anthropologue, chercheur au CNRS Riccardo Ciavolella s’est donc penché sur cette affaire de pétaouchnoks à travers le monde. Et dans son atlas « imparfait » et très personnel des bouts du monde, il en recense 81, cherchant à étayer, documenter la réalité de ces lieux, en puisant dans l’étymologie, l’histoire, la littérature, le cinéma et tout un tas d’expressions idiomatiques populaires collectées sur tous les continents.Au gré de ces escales au bout du monde, l’auteur déconstruit la chose et nous invite au décentrement. Il interroge ainsi le centralisme dans un rapport ville-campagne manifestement archaïque, nous rappelle comment les stéréotypes et préjugés coloniaux ont façonné des perceptions entrées dans le langage courant qui, aujourd’hui encore, ont la peau dure. Par exemple, Tombouctou, Tataouine, Bab-El-Oued sont usités en français pour exprimer ce qui est loin, de manière souvent stigmatisante.De la pampa argentine à la brousse africaine ou le bush australien, voyage entre imaginaire et réalité dans des bouts du monde qui en sont aussi le centre, notamment pour ceux qui les habitent. En savoir plus :- Sur le livre « Pétaouchnok(s). Du bout du monde au milieu de nulle part », de Riccardo Ciavolella. Éditions La Découverte.- Sur le mini-site créé par Riccardo Ciavolella truffé de liens et de ressources vidéo, audio et documentaire.- Sur « Une histoire des lointains », notre rencontre avec Georges Vigarello disponible en podcast.
1/14/202448 minutes, 30 seconds
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Port-Cros, l’île aux trésors

Au large de Hyères, dans le sud de la France, ce confetti de 7 km2 est un bijou de nature sauvage et d’histoire(s). C’est là, dans cet ancien repaire de pirates, qu’est né le Parc National de Port-Cros, il y a 60 ans. Un nouvel épisode de notre série à la découverte des parcs nationaux français. Port-Cros est un écrin de verdure et de criques baignant dans les eaux turquoises de la Méditerranée, un repaire de dauphins, de baleines ou de gros mérou et le paradis de la posidonie, cette plante à fleurs indispensable à la vie marine en Méditerranée. Car depuis 1963, Port-Cros est devenu Parc National, le premier parc marin d’Europe : un statut qui l’a rendu pour ainsi dire intouchable, et qui s’est ensuite étendu, dans d’autres mesures, aux îles voisines de Porquerolles et du Levant, ainsi qu’à des zones côtières du continent, juste en face. Préservée de la spéculation immobilière et de la très forte empreinte humaine qui existe ailleurs sur les côtes méditerranéennes, cette île est un sanctuaire sans voitures ni grandes routes, mais un sanctuaire habité. Durant l’hiver, les Port-Crosiens se comptent sur les doigts d’une main, voire deux, mais ce sont bien ces quelques familles qui s’y maintiennent, qui ont fait l’histoire de l’île et le trésor qu’elle est encore aujourd’hui. Sur Port-Cros, les gardiens du trésor sont les agents du parc national. Ils assurent l’entretien des sentiers, la veille scientifique, la protection des lieux, en mer comme sur terre, mais aussi l’information et le guidage des visiteurs qui viennent randonner ici, pour la plupart à la journée.Entre mer et sentiers, voyage dans cette île unique avec les agents du parc et de rares habitants qui résistent, par amour de l’île, aux appels du continent. Un reportage de Vladimir Cagnolari initialement diffusé en juin 2023À lire- «L'esprit de l'île», de Pierre Buffet, éditions Claire Paulhan 2014- «Port-Cros en 1886, île de quarantaine», de Claire Paulhan, éditions Claire Paulhan 2021.Pour organiser votre voyage - Le site du Parc national de Port-Cros concentre de nombreuses informations utiles sur la biodiversité de l’île, son histoire et la réglementation en cours - Le site de Visit Var, office de tourisme du Var, renseigne notamment sur les rares hébergements sur place. Pensez à réserver en avance…- Depuis la ville d'Hyères, la compagnie de ferry TLV dessert Port-Cros tous les jours- Pour ceux qui viendraient en voilier, le Parc a mis en place, au large de Bagaud et Port-Cros, une zone de mouillages et d’équipements légers, afin de limiter l’impact des ancres marines sur les fonds marins. Réservation de votre bouée en ligne obligatoire. 
1/7/202448 minutes, 30 seconds
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Une cabane à soi

Avec l’autrice québécoise Gabrielle Filteau-Chiba, on va prendre le bois. Direction le Kamouraska, les épinettes et une cabane solitaire au bord de la rivière tel un refuge pour écrire, renouer et lutter.Rediffusion. Un jour, à l’aune de ses 26 ans, Gabrielle Filteau-Chiba a décidé de quitter le confort étroit de sa ville Montréal et son poste de traductrice, pour aller vivre seule en ermite au cœur de la forêt boréale, dans une cabane sans électricité, eau courante ni réseau téléphonique.La cabane, c’est d’abord un rêve d’enfance, de repli nourricier et de refuge un peu secret, pour l’imaginaire et les grands rêves qu’on ne s’avoue qu’à soi. Et pour la Québécoise Gabrielle Filteau-Chiba, la cabane, sa cabane dans le Kamouraska où elle va finalement passer trois ans, sera le lieu d’une reconquête personnelle, la réappropriation d’un vaste territoire sauvage souvent préempté par les hommes et le point de départ de sa vie d’écrivaine, la plume trempée dans l’eau d’érable et des rivières. Depuis, nourrie de ses trois années passées dans le grand silence boréal, au plus près du vivant, parmi les lynx et les coyotes, la trentenaire a publié trois romans écoféministes qui ont rencontré le succès au Québec, en France et au-delà dans le monde. Son premier livre « Encabanée », un roman aux allures de journal intime fiévreux, est venu renouveler à sa manière le genre des récits de cabane, un genre qui, de Henry David Thoreau à Sylvain Tesson, était surtout l’apanage des hommes. « Sauvagines », son deuxième ouvrage, questionne et dénonce le braconnage et le rapport à la faune sauvage qu’entretient le Québec de sa fondation, au temps des coureurs des bois de la Nouvelle France, à nos jours. « Bivouac » son dernier livre, raconte quant à lui, la lutte collective de citoyens et d’éco-warriors pour la défense de pins centenaires contre un projet d’oléoduc, une lutte que l’autrice a elle-même connue et menée dans le Kamouraska.Bien qu’elle ait recours à la fiction, la trajectoire de Gabrielle Filteau-Chiba comme son rapport intime, poétique à la forêt boréale irriguent ses romans plus vrais que nature, à fleur de peau et de lichen. Et au fil des pages de ce triptyque ardent, l’écrivaine invite le lecteur à se plonger en forêt, à mieux la connaître, à la défendre aussi. Ce qu’elle fait elle-même, achetant pour la protéger, des hectares de forêt avec ses droits d’auteurs tirés de son œuvre déjà traduite en six langues. Une œuvre qui dit, crie parfois, le besoin d’enracinement, de poésie et de grande nature, de justice sociale et climatique d’une femme et peut-être de toute une génération.Une rencontre initialement diffusée en mai 2023Bibliographie - « Encabanée », Gabrielle Filteau-Chiba. 2021. Éditions Le mot et le Reste. Édition Folio Poche en 2022.- « Sauvagines », Gabrielle Filteau-Chiba 2021. Éditions Stock.- « Bivouac », Gabrielle Filteau-Chiba. 2022. Éditions Stock. Plus d’infos- Sur le premier épisode de notre série En retrait du monde, récits de cabanes et de refuges.
12/31/202348 minutes, 30 seconds
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Sur le chemin des vierges enceintes

On part à la découverte d’un chemin original, tracé par la photographe Viviane Lièvre et l’écrivain nomade français Jean-Yves Loude. Ensemble, les deux ethnologues sont partis du Puy-en-Velay jusqu’en Galice en passant par le Portugal, en quête de vierges enceintes, faisant du voyage une quête de vérité, de justice et d’égalité. Après nous avoir emmené sur les traces des mémoires silenciées des Afriques, dans le monde lusophone, des Açores à Lisbonne, ou sur le continent africain, l’écrivain nomade français Jean-Yves Loude publie aux Éditions Chandeigne son dernier récit « Le chemin des vierges enceintes ». Pour ce livre, Jean-Yves Loude s’est longuement plongé avec la photographe et ethnologue Viviane Lièvre dans les textes saints, dans le Nouveau Testament, ses évangiles canoniques mais aussi apocryphes, avant de se lancer physiquement en voyage, en quête de représentations bien particulières de la Vierge Marie, le ventre rond, enceinte, allaitante ou parturiente. Des statuettes parfois disparues ou cachées car jugées « irregardables » par le Concile de Trente en 1563.Pour lui comme pour sa compagne Viviane, ce voyage va alors prendre des allures de jeu de pistes entre la France, le Portugal et l’Espagne, en quête de ces statuettes qu’il faut aller chercher dans les recoins de l’histoire, dans des églises, des musées ou des chapelles isolées. Chemin faisant, sur cette voie de Compostelle bien à eux, nos deux inspecteurs-voyageurs remontent aux sources du discours misogyne de l’Église et interrogent la faiblesse du rôle dévolu aux femmes, à commencer par Marie, une figure pourtant populaire qui a su traverser les âges et les interdits.Une rencontre initialement diffusée en octobre 2022En savoir plus :- Sur le récit de Jean-Yves Loude, paru aux Éditions Chandeigne.- Sur le chemin des vierges enceintes, un site internet avec près de 450 photos de Viviane Lièvre vient compléter le livre. 
12/24/202348 minutes, 30 seconds
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Le Parc national de la Vanoise : repaire sauvage

Premier parc national né en France, le Parc de la Vanoise, situé entre les hautes vallées de la Maurienne et de la Tarentaise, célèbre cette année ses 60 ans. L’occasion d’aller fouler la roche et tutoyer les sommets mais aussi de reprendre le fil de l’histoire parfois mouvementée de ce parc savoyard. Parmi les montagnes couronnées de neige ou de glace et de larges vallées pastorales truffées de lacs et d’animaux sauvages, c’est un monde en soi qui se révèle au fil de la marche. Ce monde animal, minéral et végétal est intégralement protégé sur 535 km2 depuis 1963 et représente un repaire pour toute une faune de montagne :  bouquetins, chamois, marmottes, tétras-lyres, renards, chouettes, gypaète barbu ou aigle royal. C’est d’ailleurs au départ pour protéger le bouquetin qu’est né le Parc de la Vanoise, un parc national fondateur à sa manière des dix autres qui vont suivre en France. Il est également fondateur d’une certaine politique publique de conservation de la nature comme des luttes et des tensions qu’un tel espace naturel réglementé suscite à travers le temps. En Vanoise, on trouve 107 sommets, 52 refuges, 400 km de sentiers balisés et 28 communes situées dans la zone périphérique du Parc. Et chaque année, plus de 500 000 amateurs de pleine nature et de marche le visitent. Après les Cévennes, les Calanques, la Guyane ou Port Cros, nouvel épisode de notre série de voyages à travers les parcs nationaux français.Un reportage de Raphaëlle Constant. En savoir plus : - Sur le Parc national de la Vanoise- Sur la destination Savoie-Mont Blanc- Sur la faune, flore et fonge du Parc qui abrite plus de 7 000 espèces (faune, flore, fonge)- Sur l’affaire dite de la Vanoise (1969-1971)- Sur la biodiversité en Savoie.
12/17/202348 minutes, 30 seconds
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Marrons de Guyane #2 : les enfants du fleuve

Pendant l’esclavage, les résistances et les visages du marronnage en Guyane française ont été multiples. Celui des Bushinengué, descendants de marrons réfugiés en forêt et venus du Suriname voisin, interpelle par la force de leur destin et la vitalité de leur culture, si singulière. Voyage entre l’Ouest guyanais et le littoral, entre passé et présent à la rencontre d’une histoire vivante.  En route sur les traces du marronnage dans ce qui est aujourd’hui un département français grand de 83 000 km2, situé entre le Suriname et le Brésil et recouvert à plus de 95% par la forêt amazonienne, on comprend très vite à quel point cette géographie de montagnes et de marécages, de fleuves tumultueux et de forêts denses, a pu constituer un refuge -hostile mais possible- pour ces fugitifs, ces marrons au temps de l’esclavage qui a duré en Guyane près de 200 ans. Marronner, c’est résister à l’oppression esclavagiste. C’est à la fois user de ruse à l’intérieur du système mais aussi fuir l’habitation pour constituer, parfois, des sociétés parallèles, marronnes, en marge. Une marge entre le littoral et l’intérieur des terres, immense en Guyane, où s’enfuyaient les marrons mais aussi les Amérindiens qui trouvaient ici refuge loin du joug colonial esclavagiste. Une marge aussi entre la Guyane et le Suriname voisin, où se sont établis le long du fleuve Maroni des communautés marronnes venues du Suriname. Et c’est justement dans cette marge, passée mais aussi présente, que nous allons naviguer. Guidés par des associations culturelles marronnes, des militants et artistes de la tradition Tembé mais aussi des historiens guyanais qui s’attachent à mettre en lumière toutes les résistances à l’esclavage, et pas seulement le grand marronnage des Bushinengué. Il faut dire qu’en Guyane française, si les marrons des habitations situées sur la bande côtière ont jadis lutté, fui, pillé, constitués en bandes emmenées par les chefs Simon, Linval, Gabriel ou encore Pompée..., tôt ou tard, ils ont été rattrapés par les milices esclavagistes lancées à leurs trousses. Par contre, dans le cas du Suriname voisin, les Bushinengué littéralement « noirs de la forêt » ont eux, réussi à maintenir des sociétés originales, autonomes ; certains signant des traités de paix avec les autorités néerlandaises, d’autres comme les Bonis fuyant de l’autre côté du fleuve Maroni pour s’installer durablement sur les rives françaises. Aujourd’hui, les Bushinengué, ces descendants de marrons venus du Suriname, vivent encore majoritairement le long du Maroni, dans les fiefs historiques de Papaïchton, Maripasoula, Grand Santi ou encore Apatou situé bien plus bas sur le fleuve. De plus en plus, ce peuple fier, qui a su maintenir ses traditions dans l’isolement et la relégation, rejoint les villes et la côte. Aussi, il continue d’enjamber le fleuve Maroni du Suriname vers la Guyane, comme il l'a toujours fait à travers le temps. Ce qui vient poser des questions de reconnaissance et de papiers de ce peuple décidément transfrontalier. Au XXIème siècle, dans une société guyanaise métissée, mais souvent divisée entre les Créoles, les Bushinengué et les Amérindiens, les « Bushi » sortent du bois et revendiquent fièrement leur histoire, leurs cultures ou leur art Tembé, cet art de la fuite qui, jadis, servait de langage codé pour s’échapper et communiquer dans les grands bois. Aujourd’hui, cette tradition, sculptée au départ et désormais peinte, fascine le monde avec ses entrelacs colorés et magnétiques. Et comme les Autochtones, longtemps marginalisés avec les Bushinengué dans la zone dite tribale, ils revendiquent désormais leurs droits. Les Bushinengué représentent de nos jours près d’un ⅓ de la population guyanaise.Une série en 2 épisodes de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary.   En savoir plus :- Sur le marronnage en Guyane. Un document pédagogique illustré et synthétique. En PDF- Sur les différentes résistances à l’esclavage en Guyane. L’ouvrage édité par le Jeune Historien Guyanais aux Éditions Ibis Rouge- « Maroons in Guyane, Past, Present, Future », l’ouvrage de référence des historiens Richard et Sally Price. Il a été réédité dans une version actualisée en 2022 aux Éditions « University of Georgia Press »- Le centre culturel « Mama Bobi » œuvre depuis des décennies pour la connaissance et le partage des cultures des gens du fleuve, des Bushinengué- Sur l’Ouest guyanais, ses peuples et ses enjeux, actuels comme passés :  le blog « Un témoin en Guyane » animé par Joël Roy, militant associatif et ancien enseignant installé en Guyane.- Sur l’art Tembe et les marrons de Guyane : deux expositions s’étaient tenues en 2022 et 2023 à Paris. À la Maison de l’Amérique Latine et à la Galerie Dominique Fiat- Sur le travail de l’artiste Tembe Franky Amete. Un article récent sur son travail et sa trajectoire- Sur l’odyssée des Boni, un groupe Bushinengué venu du Surinam jusqu’en Guyane française : le livre de référence : « Le Monde des Marrons du Maroni en Guyane (1772-1860). La naissance d’un peuple : les Boni », paru aux Éditions Ibis Rouge, 2004. Par l’historien Jean Moomou- Les Bushinengue, en images. À travers le travail du photographe italien Nicola Lo Calzo.
12/10/202348 minutes, 30 seconds
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Marrons de Guyane #1 : le temps des résistances

Pendant l’esclavage, les résistances et les visages du marronnage en Guyane française ont été multiples. Celui des Bushinengué, descendants de marrons réfugiés en forêt et venus du Suriname voisin, interpelle par la force de leur destin et la vitalité de leur culture, si singulière. Voyage entre l’Ouest guyanais et le littoral, entre passé et présent à la rencontre d’une histoire vivante.  En route sur les traces du marronnage dans ce qui est aujourd’hui un département français grand de 83 000 km2, situé entre le Suriname et le Brésil et recouvert à plus de 95% par la forêt amazonienne, on comprend très vite à quel point cette géographie de montagnes et de marécages, de fleuves tumultueux et de forêts denses, a pu constituer un refuge -hostile mais possible- pour ces fugitifs, ces marrons au temps de l’esclavage qui a duré en Guyane près de 200 ans. Marronner, c’est résister à l’oppression esclavagiste. C’est à la fois user de ruse à l’intérieur du système mais aussi fuir l’habitation pour constituer, parfois, des sociétés parallèles, marronnes, en marge. Une marge entre le littoral et l’intérieur des terres, immense en Guyane, où s’enfuyaient les marrons mais aussi les Amérindiens qui trouvaient ici refuge loin du joug colonial esclavagiste. Une marge aussi entre la Guyane et le Suriname voisin, où se sont établis le long du fleuve Maroni des communautés marronnes venues du Suriname. Et c’est justement dans cette marge, passée mais aussi présente, que nous allons naviguer. Guidés par des associations culturelles marronnes, des militants et artistes de la tradition Tembé mais aussi des historiens guyanais qui s’attachent à mettre en lumière toutes les résistances à l’esclavage, et pas seulement le grand marronnage des Bushinengué. Il faut dire qu’en Guyane française, si les marrons des habitations situées sur la bande côtière ont jadis lutté, fui, pillé, constitués en bandes emmenées par les chefs Simon, Linval, Gabriel ou encore Pompée..., tôt ou tard, ils ont été rattrapés par les milices esclavagistes lancées à leurs trousses. Par contre, dans le cas du Suriname voisin, les Bushinengué littéralement « noirs de la forêt » ont eux, réussi à maintenir des sociétés originales, autonomes ; certains signant des traités de paix avec les autorités néerlandaises, d’autres comme les Bonis fuyant de l’autre côté du fleuve Maroni pour s’installer durablement sur les rives françaises. Aujourd’hui, les Bushinengué, ces descendants de marrons venus du Suriname, vivent encore majoritairement le long du Maroni, dans les fiefs historiques de Papaïchton, Maripasoula, Grand Santi ou encore Apatou situé bien plus bas sur le fleuve. De plus en plus, ce peuple fier, qui a su maintenir ses traditions dans l’isolement et la relégation, rejoint les villes et la côte. Aussi, il continue d’enjamber le fleuve Maroni du Suriname vers la Guyane, comme il l'a toujours fait à travers le temps. Ce qui vient poser des questions de reconnaissance et de papiers de ce peuple décidément transfrontalier. Au XXIème siècle, dans une société guyanaise métissée, mais souvent divisée entre les Créoles, les Bushinengué et les Amérindiens, les « Bushi » sortent du bois et revendiquent fièrement leur histoire, leurs cultures ou leur art Tembé, cet art de la fuite qui, jadis, servait de langage codé pour s’échapper et communiquer dans les grands bois. Aujourd’hui, cette tradition, sculptée au départ et désormais peinte, fascine le monde avec ses entrelacs colorés et magnétiques. Et comme les Autochtones, longtemps marginalisés avec les Bushinengué dans la zone dite tribale, ils revendiquent désormais leurs droits. Les Bushinengué représentent de nos jours près d’un ⅓ de la population guyanaise.Une série en 2 épisodes de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary. 
12/3/202348 minutes, 30 seconds
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Fridtjof Nansen, l'explorateur diplomate

Comment passe-t-on de champion de ski à Prix Nobel de la Paix ? De héros polaire à créateur d’un statut pour les réfugiés ? C’est la question à laquelle s’efforce de répondre l’écrivain français Alexis Jenni, auteur d’une réjouissante biographie consacrée à l'explorateur norvégien passé diplomate. Héros dans son pays la Norvège, Fridtjof Nansen (1861-1930) occupe une place de choix dans le panthéon des grands explorateurs pionniers des Pôles. À son palmarès, on peut notamment citer sa traversée à ski de 1888, la première d’est en ouest du Groënland alors que son cœur, l’inlandsis est encore largement inexploré. Aussi et surtout, Nansen a été le chef d’expédition tenace et visionnaire à l’initiative de la folle odyssée de 3 ans du Fram, un navire enserré dans la glace et conçu spécialement à cet effet. Cette expédition va alors mettre à jour la dérive transpolaire et l’existence d’un fort courant marin sur l’océan Arctique. Après de tels exploits, le Norvégien épris d’aventures, de sciences et d’idéaux va ensuite mettre en place, au sortir de la Première Guerre Mondiale, le passeport Nansen : un document unique qui va représenter la première véritable mesure de protection des réfugiés dans l'histoire du droit international et sauver pour ainsi dire des milliers de vies.Dans les nombreux portraits sépia qui existent de Fridtjof Nansen, il apparaît toujours impeccable, le regard perçant, direct, jamais fuyant, laissant deviner une personnalité sûre d’elle, sérieuse, un brin austère peut-être. Dans ses écrits et journaux de bord, il exprime par contre une vraie sensibilité pour l’environnement arctique, ses lumières, la force de ses paysages comme pour les Inuits qui les peuplent. Toute sa vie, il va d’ailleurs louer le génie autochtone et s’inspirer pour ses expéditions de leurs techniques de vie en milieu polaire tout en condamnant les méfaits de la colonisation. Figure romanesque, romantique et engagée, l’explorateur est donc loin du monolithe héroïque qu’on a voulu forger à son sujet. Une dualité riche, complexe et une trajectoire de vie hors du commun qui mérite le voyage.  Une rencontre avec Alexis Jenni, auteur de « Le Passeport de Monsieur Nansen » initialement diffusée le 26 mars 2023. À lire :- « Le passeport de Monsieur Nansen », d’Alexis Jenni. Éditions Paulsen. 2022- « Vers le pôle », de Fridtjof Nansen. Une version richement illustrée du récit de l’odyssée du Fram, paru aux Éditions Paulsen. 2014- « J’aurais pu devenir millionnaire. J’ai choisi d’être vagabond », d’Alexis Jenni. Le récit de la vie du grand naturaliste américain John Muir est paru en poche aux Éditions Paulsen. 2022- « J’aurais pu devenir millionnaire. J’ai choisi d’être vagabond », de Clément Baloup. La vie et le parcours de John Muir adapté en BD et paru aux Éditions Paulsen. 2022. 
11/26/202348 minutes, 30 seconds
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Rêves d’Icare

Voyage dans les terres du ciel, en compagnie de pionniers qui, un jour, ont fait le rêve de chevaucher les nuages et voler comme des oiseaux… ou presque. Funambules de l’extrême et du vide, ingénieurs ingénieux, inventeurs cocasses et intrépides, ils et elles ont fait fi de la gravité et du danger pour se lancer dans les airs. Et pour cela, ils et elles ont inventé des tas de machines et de procédés, du ballon au vol tracté, du vol à voile ou planeur au deltaplane en passant par le parapente. Ces pionniers et aventuriers du vol non motorisé forment ainsi une curieuse famille que nous présente l’auteur français Gérard Guerrier dans son dernier livre « Rêves d’Icare » paru aux Éditions Paulsen. Et dans leurs trajectoires souvent méconnus, on retrouve tous les ingrédients d’une bonne histoire: du rêve d’abord, une bonne dose de folie et d’imagination au service d’inventions parfois farfelues, de la joie pure aussi, presque enfantine de signer une première dans les airs, et puis du tragique, car bon nombre de ces pionniers vont y laisser des plumes. Regarder les oiseaux voler et s’imaginer en faire de même, c’est une obsession toute terrestre, un des rêves, disons les plus vieux de l’humanité. Et voyager au gré de ceux qui ont cherché à le réaliser, c’est aussi un peu, voler à leurs côtés…Avec Gérard Guerrier, auteur de  « Rêves d’Icare », paru aux Éditions Paulsen.
11/19/202348 minutes, 30 seconds
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Par monts et par mots avec Louis Meunier

Depuis plus de 20 ans, l’écrivain et documentariste français arpente les montagnes d’Orient. Il vient de publier un recueil de nouvelles tel une ode chorale et sensible à ces montagnes et tous ceux qui les peuplent. « Si haute soit la montagne, on y trouve toujours un sentier », dit le proverbe afghan. Au gré de ses multiples voyages sur les sentes escarpées des montagnes d'Asie Centrale, des replis de l’Hindou Kouch jusqu’au Pamir en passant par le Ladakh ou les monts Zagros, entre Iran et Irak, Louis Meunier a emprunté d'innombrables sentiers, en quête d'histoires et d'une certaine vérité du monde. Ces chemins vont l’amener à suivre des nomades d’Iran en transhumance, des cavaliers afghans dans une partie fiévreuse de Bouzkachi, ce polo des hauts plateaux, ou des alpinistes, afghans toujours, partis à l’assaut du Mont Noshaq. « Si haute soit la montagne », c’est d'ailleurs le titre de son dernier livre, un recueil de nouvelles inspirées de ses multiples voyages, où Louis Meunier nous entraîne à la découverte d’hommes et de femmes libres et fiers, ivres d’espoirs et d’immensités, des montagnards au cœur pur, enfants des hauteurs et du grand air. Tandis qu'en contrebas, depuis des siècles, se joue le grand désordre des Empires et de l'Histoire. Sur les cartes, les montagnes font souvent office de frontières ou de lisières. Mais sous les mots de Louis Meunier, elles deviennent aussi traits d’union, tout en demeurant sanctuaires ou refuges à ciel ouvert. Parce que ces montagnes d’Orient sont finalement le centre de sa vie et de sa propre quête de liberté, de ses récits, mieux, du monde !Une rencontre initialement diffusée le 20/03/2022.À lire :- « Si haute soit la montagne », de Louis Meunier. Éditions Calmann-Lévy, 2022- « Voyage en France buissonnière », de Louis Meunier. Éditions Kero, 2018- « Les Cavaliers afghans », de Louis Meunier. Éditions Kero, 2014. À voir :- « Nomades d'Iran, l'instituteur des Monts Zagros», ZED & Taimani Films Productions, 2020- « Kabullywood »,Taimani Films Production, 2017- « Les Cavaliers afghans, sur les traces de Joseph Kessel en Afghanistan », Zycopolis Productions, 2016- « Prisonniers de l'Himalaya », Taimani Films Production, 2012- « 7 000 mètres au-dessus de la guerre », Taimani Films et Memento Productions, 2011. En savoir plus :- Sur l'épopée équestre de Louis Meunier et son livre « Les cavaliers Afghans ». Si loin, si proche, 29/08/2014. - Sur l'espace d'expression pour les Afghans sur le site en persan de RFI : « Écho d'Afghanistan ». En images
11/12/202348 minutes, 30 seconds
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L'Amérique, selon Eddy L. Harris

Depuis plus de 30 ans, à travers ses récits et ses voyages, l’écrivain interroge l'Amérique, son histoire, ses blessures et son racisme. Dans les années 80, l’Américain Eddy L. Harris décide à 30 ans de se lancer seul, en canoë, sur le Mississippi pour voir « de quel bois il était fait », cherchant dans ses eaux troubles le reflet de sa propre histoire et celle de son pays: les États-Unis. À l’issue de ce voyage initiatique sur près de 4 000 kilomètres, il va publier « Mississippi Solo », son premier livre devenu par la suite un classique des récits de voyage. Il a aussi relevé le défi qu’il s’était lancé, résumé à sa manière par son vieil oncle Robert : « aller de là où il n’y a pas de Noirs à là où on ne nous aime toujours pas beaucoup. ». Trente ans plus tard, l’écrivain noir américain repart seul sur ce fleuve mythique, immense, qui coule du Nord au Sud et traverse pas moins de 10 États, charriant la mémoire de la colonisation et de l’esclavage dans un pays hanté par ses blessures raciales. De ce nouveau voyage, il en tire un récit, « Mississippi dans la peau », publié en 2022 en France. On y croise pêle-mêle l’ombre de Mark Twain et d’Obama, des barges obèses signes d’une industrialisation effrénée autour du fleuve, des descendants d’autochtones amérindiens et d’autres oiseaux -les tourtes voyageuses- eux aussi décimés par le colon européen avide de prises et de conquête. Chemin faisant, à coups de pagaie et de réflexions puissantes sur ce qu’être Noir signifie encore aujourd’hui aux États-Unis, l’écrivain trace sa route et creuse son sillon profond. Car entre ces deux livres, Eddy L. Harris a parcouru et écrit le monde, de Harlem où il a vécu un temps, en passant par le Vieux Sud américain, l’Afrique et la France où il a désormais élu domicile.Une rencontre à l’occasion du Festival America en septembre 2022, initialement diffusée le 02/10/2022. Quelques ouvrages d’Eddy L. Harris :- « Mississippi dans la peau ». 2022. Éditions Liana Levi- « Mississippi Solo ». 2020. Éditions Liana Levi. (Publication originale : 1988)- « Paris en noir et black ». 2009. Éditions Liana Levi- « Harlem ». 2007. Éditions Liana Levi.
11/5/202348 minutes, 30 seconds
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Sur la piste des ethnies minoritaires au Sénégal Oriental

Ils et elles sont Bédick, Bassari, Coniagui et Dialonké : quatre communautés du Sénégal Oriental mises à l’honneur par le Festival des Ethnies Minoritaires, dont la 6è édition s’est tenue en février dans la région de Kédougou. Au sud-est du Sénégal, non loin de la Guinée et du Mali voisins, se trouve un trésor national de musiques, de danses et de traditions qui font la grande diversité culturelle du pays. Ce trésor porte ici le nom d’ethnies minoritaires qui s’enracinent et résistent loin des grands centres urbains, dans des cultures animistes ancestrales et fascinantes. À l’occasion du Festival des Ethnies Minoritaires organisé en février 2023 par l’Association des Minorités Ethniques, elle-même soutenue par l’ONG française de coopération internationale Tetraktys, on découvre la force, la persistance mais aussi la fragilité de ces cultures.Et en voyage en Pays Bassari, dans des terres de savanes boisées, de grottes, de cascades et de collines, on comprend bien comment diversité naturelle et diversité culturelle s’entremêlent et se nourrissent depuis toujours. C’est la raison pour laquelle en 2012, l’Unesco a classé cette région rurale et isolée « Patrimoine mondial de l’Humanité », pour ses richesses à la fois naturelles et culturelles. Aujourd’hui, qu’elles soient Coniagui, Bassari, Dialonké ou Bédick, les ethnies minoritaires sont menacées par le réchauffement climatique, l’exode rural et la disparition de certains rituels par manque de transmission d’une mémoire orale.Rencontre avec des villageois, des chefs de coutumes et des guides qui partagent et défendent leurs savoirs, leurs traditions : leur identité.Un reportage à Bandafassi de Raphaëlle Constant initialement diffusé le 5 mars 2023. En savoir plus :- Sur les 4 ethnies minoritaires du Sénégal Oriental, un document utile édité par l’Association des Minorités Ethniques- Sur l’action de l’ONG Tetraktys qui intervient depuis 20 ans au Sénégal Oriental et accompagne le développement d’un tourisme durable dans la région- Sur le projet de circuit culturel et touristique en Pays Bassari La piste du Caméléon- Sur le photographe français Julien Masson, auteur des images qui accompagnent ce voyage sonore.
10/29/202348 minutes, 30 seconds
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Prendre le monde à témoin

À l'occasion de la 22ème édition du Festival du Documentaire et du Livre d'Albertville « Le Grand Bivouac », rencontre au chevet du monde avec le photographe Reza, le dessinateur Plantu et la réalisatrice Manon Loizeau. « Y croire encore », c’est le thème que s’est donné cette année le Festival du Documentaire et du Livre d’Albertville « Le Grand Bivouac » qui, depuis 22 ans, prend le monde à témoin à travers sa programmation documentaire internationale, des soirées thématiques et des rencontres. Un thème comme une invitation à ne pas renoncer aux autres, à la compréhension, à la beauté du monde et à la paix.  Et en écho à ce thème, qui vient se heurter à l'actualité récente au Proche-Orient, on a réuni cette semaine trois grands témoins du monde qui, justement, n’oublient jamais l’homme dans les tourments de l’actualité dont ils sont les témoins privilégiés, les sentinelles ou les vigies. À commencer par le dessinateur de presse français Plantu qui, pendant 50 ans, a fait la Une du Monde, le quotidien français, le photographe d'origine iranienne Reza, mondialement connu pour ses images fortes et poignantes des conflits du monde qu’il couvre depuis plus de 40 ans. Ensemble, sur le Grand Bivouac, Reza et Plantu présentent leurs regards croisés mêlant avec poésie et engagement dessins et photos, en écho à l'exposition qui se tient actuellement à Paris au Musée de l'Homme : « Plantu-Reza: Regards croisés ». Avec la réalisatrice française Manon Loizeau, notre troisième invitée, nous parlerons de son dernier film : « La vie devant elle », un documentaire d’une infinie beauté et d'une profonde humanité, qui nous emmène au plus près du quotidien d'Elaha Iqbali une jeune Afghane et sa famille, en errance sur les routes d’Europe. En savoir plus:- Sur Le Grand Bivouac, festival du documentaire et du livre d'Albertville - Sur l'exposition « Plantu-Reza : regards croisés » qui se tient au Musée de l'homme à Paris jusqu'au 31/12/2023- Sur « La vie devant elle », le documentaire de Manon Loizeau avec Elaha Iqbali, visible sur le site de France 2/Infrarouge.
10/22/202348 minutes, 30 seconds
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Montréal: à l’écoute des voix autochtones d'aujourd'hui

Engagé dans un processus revendiqué de décolonisation de ses collections, le musée McCord Stewart, musée d’histoire sociale de Montréal, propose désormais l’exposition permanente « Voix autochtones d’aujourd’hui », une exposition passionnante et émouvante qui vise à redonner toute sa place aux cultures autochtones du Canada et du Québec en particulier. C’est une exposition qui invite à l’écoute… Écouter des voix autochtones longtemps silenciées, ignorées, dépréciées, « balayées avec arrogance de l’histoire officielle » nous dit l’exposition. Écouter ce qu’elles ont à nous dire : d’elles-mêmes, de leurs savoirs, de leurs traumas, de leur présent comme de leur passé. Surtout que le plus souvent, les allochtones -non autochtones- connaissent mal ces cultures ou les appréhendent, sans forcément en avoir conscience, à travers des biais, des représentations figées, stéréotypées, héritières des temps coloniaux.Conçu comme une rencontre entre autochtones et allochtones, ce parcours muséal a été longuement pensé par la commissaire Huronne Wendate Elisabeth Kane, qui pendant 8 ans, a mené un travail inédit de concertation auprès de plus de 800 individus issus des 11 Nations autochtones que compte le Québec. L’exposition présente alors une centaine d’objets tirés de la collection du musée et près de 80 témoignages textuels, audio ou vidéo de membres de ces Nations. Guidé par ces voix autochtones, le visiteur part alors à la découverte des savoirs traditionnels des Premières Nations, des traumas de la colonisation jusqu’à la résilience autochtone. Une exposition tel un chemin de vérité mais aussi de réconciliation.Un reportage à Montréal de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary   Aller plus loin, aller à Montréal : - Sur l’exposition « Voix autochtones d’aujourd’hui. Savoir, Trauma, Résilience » du Musée McCord Stewart- Pour découvrir le Montréal Autochtone, un article plein d’infos de Tourisme Montréal- Le Festival Présence Autochtone se tient chaque année la première quinzaine d’août à Montréal- Sur le Centre d’art autochtone autogéré de Montréal Daphné- Pour partir à la rencontre des 11 nations autochtones du Québec, l’indispensable site « Tourisme Autochtone Québec »- En ligne, le projet « Rencontres avec les nations autochtones » du Musée McCord Stewart offre une multitude de contenus numériques- Écoutez notre rencontre avec Joséphine Bacon, poétesse innue et grande voix autochtone du Québec
10/15/202348 minutes, 30 seconds
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Rome l’Africaine #02: Rome, ville ouverte?

Deuxième épisode de notre série à la découverte du passé et du présent africain de la ville éternelle.  « Si tu es à Rome, vis comme les Romains » nous dit l’adage ; mais est-ce possible ici quand on est Noir, venu d’Afrique, débarqué dans une capitale et un pays : l’Italie, où l’immigration est finalement une réalité récente ? Cette question a pris de l’ampleur ces dix dernières années, avec l'afflux continu de bateaux en provenance d'Afrique sur les côtes sud de l'Italie.Rien qu’entre janvier et septembre 2023, on a dénombré 130.000 personnes entrées par l'Italie, soit le double de l'année précédente sur la même période. De quoi faire prospérer l'extrême droite qui, avec son discours anti-immigration, est arrivée au pouvoir. Mais ces chiffres cachent une réalité bien plus complexe, car la plupart de ceux qui arrivent en Italie, n’y restent pas et s'en vont pour d'autres pays d'Europe. Ceux que nous allons entendre ici, ont décidé, eux, d'y rester. Et c’est dans leur quotidien que nous allons voyager : celui d’Africaines et d’Africains que la vie, le travail, l’amour ou les chemins de l’exil ont amené à vivre à Rome… presque comme des Romains.Un reportage de Vladimir Cagnolari. En savoir plus :- Sur Pape Kanouté, griot, musicien et écrivain sénégalais, installé à Rome depuis 1995- Sur Balkissa Maïga, actrice d’origine malienne vivant à Rome et très investie dans l'aide aux immigrés africains- Sur l’action de l’association Baobab Experience qui vient en aide aux migrants qui transitent par Rome- Sur l’Orchestra di Piazza Vittorio, un orchestre emblématique du cosmopolitisme de Rome- Sur notre premier épisode de cette série Rome l’Africaine #01 : parmi les fantômes de l’empire colonial italien.
10/8/202348 minutes, 30 seconds
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Rome l’Africaine #01: parmi les fantômes de l’empire colonial italien

Voyage dans la ville éternelle sur les traces d’une histoire coloniale partout visible mais longtemps restée muette.  Juste après son unification, à la fin du XIXème siècle, l’Italie fait tout pour se doter, comme les autres puissances européennes, d’un empire colonial ; mais elle arrive tard dans la « course »... Et c’est sous l’impulsion du régime fasciste de Mussolini qu’est achevée la conquête de « l’Afrique orientale italienne » : Libye, Somalie, Érythrée et Éthiopie occupées pendant quelques années. Rome se dote alors d’un nouveau quartier et d’une architecture typique qui exaltent le « nouvel empire romain » : Musée colonial, ministère des Colonies, rues aux noms des possessions italiennes…Aujourd’hui, au-delà de ces stigmates de pierre, c’est l’histoire coloniale toute entière du pays qui ressurgit ces dernières années, portée par des jeunes générations et des afro-descendants, malgré de vigoureuses résistances. Car le mythe de la colonisation faite par des « braves gens » a la peau dure, en dépit des évidences historiques. Voyage en cheminant dans la ville à travers un passé colonial italien peuplé de fantômes, de mythes et d’obélisques…Une série en deux épisodes de Vladimir Cagnolari sur les traces du passé et du présent africain de Rome. En savoir plus : - Tezeta : un collectif qui s'est donné pour mission de faire connaître l'histoire italienne et révéler la présence notamment érythréenne, en proposant notamment des visites guidées du « quartier africain » de Rome.- Le Musée des Civilisations ou Muséo delle civilita qui a notamment hérité des collections de l'ex-musée colonial, créé en 1923 pendant l'époque fasciste. Aujourd'hui, ces collections sont exposées, réinterprétées et mises à distance à travers une confrontation avec des oeuvres d'art contemporainÀ lire :- L'aventure coloniale italienne et son échec. Un article de Philippe Conrad - La ville coloniale italienne. Un article de Romeo Carabelli- L'agression italienne contre l'Éthiopie. Une fiche pédagogique utile sur le site Lumni- Tous sauf moi (Sangue giusto), Francesca Melandri. Éditions Gallimard 2019- Roma negata, Igiaba Scego. Ediesse réédition 2020, non traduit.
10/1/202348 minutes, 30 seconds
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Salento, le Finistère des possibles

Un voyage comme une ode à cette terre située dans le talon de botte de l’Italie, à l'extrême sud du pays... Depuis une dizaine d’années, le Salento, cette langue de terres majestueuses de la région des Pouilles vit une tragédie sans précédent. Cette tragédie porte ici le nom barbare de Xillela Fastidiosa, une bactérie qui a ravagé des millions d’oliviers centenaires qui façonnaient, comme dans toute la Méditerranée, les paysages mais aussi la culture de ce « finis terrae » italien. On parlait alors de civilisation de l’olivier. Aujourd’hui, cette civilisation-là, cette monoculture, est pour ainsi dire arrivée à son terme dans le Salento. Mais une partie de son peuple a décidé de tirer les leçons de cette tragédie et d’écrire la suite de son histoire, en réinventant de manière plus durable le lien profond qui l’attache à ce territoire de plus en plus désertique. Situé entre Adriatique et Mer Ionienne, entre maquis et falaises, entre Orient et Occident, entre terre ocre et bleu lagon, le Salento est d’une beauté naturelle et culturelle renversante ; mais derrière la carte postale, cette terre souffre comme ailleurs dans le sud de l’Italie, d’un exode rural considérable et d'une désertification critique. Alors pour rester et défendre cette terre, des activistes, artistes, paysans nouveaux comme anciens, des habitants vieux ou jeunes ont décidé de prendre la nature pour guide, afin de ne plus s’égarer. Un voyage sonore de Viola Berlanda. En savoir plus :- Sur la Casa delle agriculture, une coopérative agricole qui à travers de nombreuses initiatives locales défend la biodiversité et la démocratie alimentaire- Sur la Notte Verde ou Nuit Verte, un rendez-vous festif et engagé, initié par les habitants et activistes du Salento, qui a lieu à la fin de l'été chaque année- Sur le travail artistique et militant de Luigi Copolla, artiste, activiste agro-écologiste né à Lecce. 
9/24/202348 minutes, 30 seconds
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Mémoire de l’esclavage au Havre: «le temps du silence est terminé»

Nouvelle escale dans notre série de voyages sur les chemins de la mémoire de l’esclavage, direction la cité portuaire du Havre ; car on le sait peu mais la région normande, et la ville du Havre en tête, ont joué un rôle primordial dans le commerce triangulaire et la traite négrière. Du 10 mai 2023 au 10 novembre 2023, entre Le Havre, Honfleur et Rouen, se déploie la grande exposition « Esclavage : mémoires normandes ». Et pour la première fois, cette exposition reconnue d’intérêt national, vient mettre en lumière à quel point la région normande s’est bâtie et enrichie sur ce « commerce du crime », comment le bassin normand a formé le 2è espace français de commerce esclavagiste après Nantes ; et comment cette histoire commune, demeurée longtemps méconnue, doit se raconter, s’étudier et se partager. Il faut dire que dans l’Hexagone, on a souvent eu tendance à associer les ports négriers aux seuls ports de la façade atlantique, comme ceux de Nantes, Bordeaux ou La Rochelle, oubliant que les Normands, ses officiers, ses armateurs et ses négociants de la côte comme ses artisans ou ses fileuses de coton de l’arrière-pays ont participé directement ou indirectement à ce commerce et à la traite d’êtres humains de l’Afrique aux Amériques. Au XVIIIè siècle au Havre, des figures de la ville ont longtemps résisté et lutté contre l’abolition à travers de puissants lobbys esclavagistes ou en pratiquant même des campagnes de traite illégale. Ainsi, bien après l’abolition de l’esclavage en 1848, le navire « Le Don Juan » sera armé en 1860 par le Havrais Jules Masurier, ce qui ferait de ce navire le dernier bateau de traite français. Malgré de crapuleuses manœuvres (il va brûler le navire intercepté par les Anglais après un calamiteux voyage qui fera des centaines de victimes parmi les captifs), Jules Masurier deviendra maire de la ville du Havre.Jusqu’à cette grande exposition, les plus polis parlaient au Havre de mémoire discrète quand d’autres reconnaissaient une mémoire occultée, passée sous silence, comme enfouie dans les décombres des bombardements qui ont frappé la ville en 1944. Mais aujourd’hui, des rues de la vieille ville à la Maison de l’armateur en passant par les salles de l’exposition havraise « Fortunes et servitudes », à la rencontre d’historiens, de conservateurs et de militants de la mémoire, on découvre bel et bien que « le temps du silence est terminé ».Un reportage de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary. En savoir plus :- Sur l’exposition « Esclavage : Mémoires Normandes » qui se tient entre Le Havre, Rouen et Honfleur jusqu’au 10 mai 2023- Sur l’association Le Havre Mémoires et partages  qui propose notamment des visites du Havre négrier- Sur le volet havrais de cette exposition, qui s’intitule « Fortunes et servitudes. Ici le catalogue et programme- Sur la lente émergence de cette mémoire au Havre : un article de 2009 d’Eric Saunier, historien et commissaire scientifique de l’exposition- Sur les deux ouvrages de référence publiés aux Éditions Silvana Éditoriale, à l’occasion de l’exposition : le catalogue et la première grande monographie sur l’esclavage et la région normande- Sur le travail de l’historien Tom Hugo Couvet, auteur de « L’Alligator : l’odyssée d’un navire négrier havrais », publié aux Éditions Hémisphères- Sur nos autres voyages sonores sur les chemins de la mémoire de l’esclavage à La Rochelle, à Nantes, en Guadeloupe, entre Liverpool et la Louisiane.
9/17/202348 minutes, 30 seconds
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«L'usure d'un monde»: une traversée de l'Iran

Un an après le décès de Mahsa Amini, qui a déclenché en Iran un soulèvement populaire sans précédent, rencontre avec François-Henri Désérable, un auteur français parti sur les traces de l’écrivain voyageur suisse Nicolas Bouvier, mais qui va se retrouver emporté par la vitalité, la noblesse et le courage d'un peuple en lutte pour sa liberté. C’est un voyage qu’il avait cœur de faire depuis longtemps. Et puis la vie, les calendriers, les pandémies ont fait que l’écrivain français François-Henri Désérable s’est retrouvé fin 2022 dans un Iran bouleversé, au plus fort de la répression contre la révolte pour le droit des femmes et la liberté menée par la jeunesse et le peuple iranien. À ce moment-là, peu d’étrangers et encore moins de journalistes ou auteurs pouvaient encore circuler dans le grand État chiite. 40 jours durant à travers l’Iran, ce passionné de Nicolas Bouvier, l’auteur de « L’usage du monde » passé par là 70 ans plus tôt, va alors circuler prudemment mais en alerte entre le Balouchistan à la frontière du Pakistan jusqu’à Saqqez dans le Kurdistan iranien, en passant par Téhéran, Chiraz ou Ispahan. Finalement, après un interrogatoire par les Gardiens de la Révolution dans un garage anonyme de Saqqez, la ville de naissance de Mahsa Amini, il sera « expulsé » du pays. De cet intense voyage, il va en tirer un récit « L’usure d’un monde », paru aux Éditions Gallimard et récemment couronné du Prix Nicolas Bouvier au Festival français Étonnants Voyageurs. Dans ce récit de voyage habité, léger et grave à la fois, résonne l’écho des mots merveilleux de Nicolas Bouvier mais surtout celui de voix iraniennes fortes, engagées contre le régime des Mollahs, des hommes et des femmes négociant au quotidien entre la peur et le courage, la vie et la mort. Et ce voyage, ce témoignage leur rend d'abord hommage.Aujourd'hui, à l'approche de cette première année du début de ce soulèvement, le régime de la République Islamique multiplie les arrestations de familles de victimes du soulèvement, de journalistes et accentue la répression contre toutes celles qui osent encore retirer leur voile dans la rue ou en ligne. Une loi particulièrement répressive sur le port du voile est en préparation. 
9/10/202348 minutes, 30 seconds
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«Faire la coutume»: un chemin kanak

En Nouvelle-Calédonie, celui qui viendra à la rencontre du peuple kanak se doit d’abord, en guise de bonjour et de respect, de « faire la coutume »: un geste simple mais solennel, où la parole accompagne une offrande symbolique qui signe le début d’une relation, d’une reconnaissance et marque l’entrée dans un monde autochtone, vieux de plus de 3 500 ans. (Rediffusion) « Faire la coutume » est le signe le plus quotidien et le plus visible de la culture kanak. Un geste que la plupart des personnes séjournant dans l’archipel découvrent à un moment ou à un autre, en n’y voyant parfois qu’un folklore sympathique et nébuleux, sans en saisir toute la portée. Or, ce genre d’échanges dépasse les simples préalables à l’entrée dans une maison et ces « coutumes », ces discours, ces offrandes (généralement une pièce de tissu accompagnée d’un billet de banque) et contre-offrandes sont présents à chacune des étapes importantes de la vie du peuple autochtone kanak : naissance, passage à l’âge adulte, mariage, mort. Plus l’événement est important, plus ces « coutumes » vont l’être également, impliquant d’autres présents plus importants : monnaies traditionnelles, ignames (la tubercule emblématique du monde océanien)...Dans l’histoire, ce monde mélanésien sera profondément bouleversé par la colonisation française qui va mettre à mal ce socle identitaire puissant que représente la coutume kanak. Après quoi, à force de luttes menées dès les années 1970 par le mouvement indépendantiste porté par les Kanak, la coutume va être de plus en plus reconnue. Et en Nouvelle-Calédonie, un droit coutumier autochtone existe désormais -un cas rare au sein de l’État français- et des institutions comme les aires coutumières et le Sénat coutumier ont vu le jour.Mais au-delà de ce maillage institutionnel complexe, à l’image de l’histoire néo-calédonienne, la coutume structure toujours la vie des Kanak au quotidien, dans une société organisée autour de clans, sous l’autorité dechefferies. Et « faire la coutume » vient rappeler à celui qui arrive le sens du rituel, de l’hospitalité et de la parole donnée. Car prendre le temps de la coutume, c’est prendre le temps de la rencontre et du dialogue… Voyage à la découverte d’une tradition vivante et en mouvement, dans une Nouvelle-Calédonie multiculturelle, abritant des communautés d’origine océanienne, européenne ou asiatique. Sur des chemins traditionnels qui nous amènent jusqu’à l’autre avec un grand A. Un voyage sonore de Benoît Godin. Pour aller plus loin : Le beau et riche livre Coutume kanak, de Sébastien Lebègue (Éditions Au vent des îles / ADCK – Centre culturel Tjibaou, 2018). Une plongée dans la culture du peuple premier de Nouvelle-Calédonie, magnifiée par les photos et dessins de l’auteur. Le site web qui a accompagné sa publication vaut également le détour : Coutume kanak.
9/3/202348 minutes, 30 seconds
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Une histoire des lointains

Sans cesse repoussées, les limites du monde connu ont toujours fasciné et inquiété l’Occident. Propices à l’imaginaire et au voyage, ces lieux ont d’abord relevé de l’étrange pour être ensuite largement explorés et dominés. Politiques, exotiques ou magnétiques, les lointains ordonnent l’espace et renseignent sur ceux qui s’y projettent. (Rediffusion) Avant tout élan de voyage et mise en mouvement du corps et des hommes, existe un point de mire, un horizon qui intrigue et dépasse, emmène et embarque. Ainsi, de longue date, les lointains ont nourri l’imaginaire des marins et des marcheurs, des naturalistes ou des découvreurs, des négociants ou des explorateurs. Dans cet équilibre fragile et incertain, entre réel et imaginaire, curiosité savante et esprit de conquête, attirance et répulsion, envie de savoir, mais aussi peur d’apprendre ce qu’il y a là-bas, au loin… «Une histoire des lointains», c’est le nom du dernier ouvrage que vient de publier l’historien et philosophe français Georges Vigarello, qui n’en finit pas de creuser l’histoire du corps et de ses représentations en Occident. Et avec cet ouvrage passionnant, richement illustré, le corps n’est jamais très loin ; puisque Georges Vigarello vient interroger les ressorts de sa mise en mouvement ainsi que la peine des chairs subis en chemin, dans cette quête inassouvie qu’ont toujours eue les Occidentaux pour les lointains. Aussi, il ouvre de sagaces réflexions sur la servitude obligée que ces mêmes Occidentaux ont orchestrée à travers le temps, sur les terres et les êtres des lointains, entre esclavage, colonisation et exploitation. Une traversée des corps, des peurs et des rêves d’ailleurs, mais aussi des dominations, c’est ce qu’offre ce très beau livre, truffé de cartes et de gravures anciennes représentant monstres marins, édens fantastiques ou «sauvages» nus forcément cannibales et repoussoirs. En rapprochant les lointains, l’Occident a bouleversé le monde et changé le cours de l’histoire. 
8/27/202348 minutes, 30 seconds
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Les Calanques au cœur

Aux portes de Marseille, dans les criques rocheuses et les vallons étroits des Calanques, on part à la rencontre de tous ceux qui arpentent, défendent et aiment ce territoire à la fois terrestre et maritime, fragile et extrêmement prisé. Un nouvel épisode de notre série de voyages à la découverte des parcs nationaux français. (Rediffusion) Au sud de la France, entre Marseille, la Ciotat et Cassis, les Calanques dessinent au bord de la Méditerranée un littoral ciselé et rocailleux, fait de falaises calcaires, de garrigue, de pinèdes et de criques magiques. Mais bien plus qu’un paysage ou un décor de carte postale, cet écrin de nature, unique et majestueux, représente un patrimoine naturel sauvage qu’il faut partager mais surtout protéger. Ainsi en 2012, après un long processus de concertation, le Parc National des Calanques, premier parc péri-urbain de France et d’Europe, a vu le jour. Réparti sur 8500 hectares terrestres et 43 500 hectares marins, ce Parc a suscité dès sa création beaucoup d’attentes et de déceptions parfois.  Surtout, il a attiré, en particulier après la pandémie, de plus en en plus de visiteurs : 3 millions par an au bas mot. Parmi eux, des touristes et des baigneurs d’un jour mais aussi des locaux : pêcheurs, plongeurs ou marcheurs invétérés, tous amoureux de longue date du massif des Calanques. Car bien avant la création du Parc, ce sont eux qui ont dessiné et défendu ces lieux riches d’une biodiversité insoupçonnée mais aussi d’un long passé industriel qui a souvent menacé la survie et la beauté des Calanques. A Marseille, tout le monde a un souvenir dans les Calanques, que ce soit l’odeur des pins, la vie simple et douce dans les cabanons ou les dimanches en famille les pieds dans l’eau turquoise.  Voyage dans une géographie à la fois intime et bien réelle, avec tous ceux qui ont à cœur de vivre et protéger les Calanques. Un reportage d’Inès Edel-Garcia, dans le cadre de notre série sur les Parcs nationaux français. En savoir plus :- Sur le Parc National des Calanques- Sur le système de réservation obligatoire mis en place récemment par le Parc sur la Calanque de Sugiton- Sur Les Excursionnistes Marseillais, association pionnière de la randonnée en France qui fête en 2022 son 125e anniversaire- Sur le mouvement citoyen Clean my Calanques et ses sessions de ramassage de déchets- Sur Les Calancoeurs, club de randonnée spécialiste des Calanques de Marseille- Sur la réplique de la Grotte Cosquer ouverte récemment à Marseille. La grotte ornée, elle, a été découverte en 1985 dans les Calanques. À lire : - «Calanques, les entrevues de l’Aigle» de Karine Huet. Éditions Glénat/Parc National des Calanques. Une série d’entretiens avec les différents acteurs du territoire- «Balades curieuses dans les Calanques». Éditions Glénat. Un éco-guide pour inviter le public à découvrir des sentiers méconnus du Parc.- «Il était une fois dans les Calanques : les dossiers secrets des Calancœurs», de Jean-Marc Nardini et Thierry Garcia. Éditions Calancœurs.
8/20/202348 minutes, 30 seconds
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Nuit noire dans les Cévennes

La nuit, c’est un territoire, un monde en soi où les 2 000 km2 du Parc National des Cévennes gagnent en immensité, en mystères et en sons. Exploration à pas lents, de nuit et tout ouïe. (Rediffusion) Couverts à 70% de forêts, entre hauts-plateaux de granit et vallées truffé​es de châtaigniers, ces lieux de moyenne montagne, situés dans le sud de la France, offrent la nuit de grands voyages : regarder la Voie lactée pour la première fois peut-être ; guetter patiemment le chant des chouettes ; se rapprocher d’un monde sauvage souvent méconnu, redouté parfois ; gagner en hauteur, en clarté et en silence.Crée en 1970, le Parc National des Cévennes s’étend entre le Gard, la Lozère et l’Ardèche et son cœur conserve un patrimoine naturel et culturel rare, particulièrement protégé. En 2018, le Parc a obtenu le prestigieux label «Réserve internationale de ciel étoilé» (RICE). Aujourd'hui, il est la plus grande RICE d'Europe pour la qualité de son ciel étoilé, la beauté de ses paysages et la richesse de sa faune. Une faune, qui la nuit, de l’Aigoual au Mont Lozère, s’entend et s’écoute. Ici, les gardes moniteurs du Parc veillent à établir des périmètres de quiétude pour la faune sauvage, quand d’autres, depuis l’Observatoire Astronomique des Pises, scrutent les astéroïdes et accueillent l’été des marcheurs fondus d’astronomie et de grands espaces. Dans les Cévennes, les habitants ont de tout temps trouvé refuge dans la nuit et les montagnes, à commencer par les Huguenots, protestants, fuyant la répression après la révocation de l’Édit de Nantes. La nuit, c’est alors un horizon qui s’élargit, une liberté possible.Un voyage sonore de Sarah Lefèvre.Ce reportage s’inscrit dans une série de voyages à la découverte des Parcs Nationaux Français, au nombre de 11, en France métropolitaine et dans les Outre-Mer. En savoir plus : - Sur le Parc National des Cévennes et les expériences nocturnes qu’il propose- Sur l’Observatoire Astronomique des Pises, situé en plein cœur du Parc National des Cévennes- Sur les séjours « La tête dans les étoiles » d’Azimut Voyage, mêlant astronomie et randonnée itinérante avec un âne dans le Parc- Sur Jean Poinsignon, musicien installé en Lozère qui compose avec les sons de la nature et du vivant- Sur l’histoire de la création du Parc National des Cévennes- Sur les forêts, terreau de luttes et de résistances dans les Cévennes et ailleurs : le livre « Être Forêts » de Jean Baptiste Vidalou. Éditions La Découverte. 
8/13/202348 minutes, 30 seconds
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Guillaume Néry, une nature profonde

Rencontre avec l’ancien champion du monde d’apnée qui a su faire de ses plongées un art de vivre, un rapport au monde et un plaidoyer pour la préservation des océans. « Je ne suis pas un homme-poisson », annonce d’emblée Guillaume Néry. Pourtant, depuis 25 ans qu’il plonge dans les mers du monde, l’apnéiste français a fait de ses nages une danse ; mieux, une évidence. Peut-être parce que dans l’eau, après avoir cumulé les records du monde, puis abandonné toute compétition suite à un accident, Guillaume Néry a trouvé sa place. La juste place que nous cherchons tous, peut-être, face aux éléments naturels. Sa place à lui, c’est celle d’un homme qui arrête, un temps, de respirer pour mieux s’immerger dans un autre monde. Un monde sous-marin, de lenteur et de profondeur. Pour Guillaume Néry, la mer est plus qu’un horizon, c’est une boussole. Le corps ? Un allié, fragile mais indispensable, pour poursuivre cette relation intime qu’il a entamée très tôt avec la mer, lui le Niçois, né il y a 40 ans sur les rives de la Méditerranée où il vit et plonge toujours.Depuis une décennie au moins, l’ancien champion du monde multiplie les initiatives (livres, films, conférences, académie de plongée en apnée...) pour partager sa passion des abysses et alerter sur le drame écologique qui se joue aussi au fond des mers. Et avec lui, la planète bleue n’a jamais si bien porté son nom…Voyage en eaux et en ondes profondes avec l’explorateur des mers, à l’occasion du Festival « Objectif Aventure ».Émission initialement diffusée le 12 février 2023. En savoir plus :- Le site de Guillaume Néry. Pour visionner notamment ses vidéos et suivre son actualité.- L’école de plongée Bluenery Academy, fondée à Villefranche-sur-Mer par G. Néry et Bastien Soleil- Le livre « Nature aquatique », de Guillaume Néry. Éditions Arthaud- Le Festival Objectif Aventure qui s’est tenu fin janvier 2023 à Paris.
8/6/202348 minutes, 30 seconds
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San Basilio de Palenque, morceau d’Afrique en Colombie

Fondé au XVIIème siècle par des esclavisés en fuite, ce village, situé à 70 kilomètres de Carthagène, est porteur d’une histoire et d’une culture noire à nulle autre pareille. Sur la place de San Basilio de Palenque, le buste de bronze d’un homme noir qui semble surgir de son socle de pierre, mains tendus et chaînes brisées, rappelle le long passé de lutte et de résistance à l’esclavage qu’a mené cet ancien village fortifié (Palenque signifie palissade), fondé dès le XVIIè siècle par des Noirs marrons ou «Cimarrons». En Amérique et dans les Caraïbes, ces communautés marronnes d’Africains déportés puis réduits en esclavage, qui ont pris la fuite et arraché leur liberté, sont nombreuses, et l’on cite souvent l’exemple des Quilombos au Brésil. Or San Basilio, la Colombienne, serait la première communauté noire libre du Nouveau Monde. Avec à sa tête : le chef légendaire Benkos Bioho qui, dès 1603, a fait plier la couronne espagnole et que l’on retrouve aujourd’hui en statue sur la place du village.Pendant longtemps, San Basilio de Palenque a vécu dans l’isolement et la relégation ; mais depuis quelques décennies, le village, classé en 2005 chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel par l’Unesco, attire de nombreux voyageurs étrangers. Des Afro-Américains ou Européens qui viennent voir de plus près ce morceau d’Afrique en Colombie. Sur les murs colorés de San Basilio de Palenque, la fierté noire se lit partout et la musique afro-colombienne palenquera comme la langue palenquera (un mélange de langues bantoues, espagnole et portugaise) se transmettent encore de génération en génération. Récemment, le pays a connu une petite révolution avec l’élection à la vice-présidence de Francia Marqués, première femme afro-colombienne nommée à un tel poste. Mais la Colombie, qui abrite la deuxième plus grande communauté noire d’Amérique du Sud après le Brésil, a encore du mal à se reconnaître dans sa diversité, pourtant si riche et inspirante.Un reportage de Frédéric Tonin.Émission initialement diffusée le 15 janvier 2023. À écouter- Son Palenque, Afro-Colombian Sound Modernizers, Vampi Soul, 2014- El Sexteto Tabalá– Colombie : El Sexteto Tabala, Ocora, 1998- El Sexteto Tabalá – Colombie : Les Rois Du Son Palenquero, Buda Musique, 1999- Les joyeuses Ambulances - L’Art De Pleurer Les Ancêtres A San Basilio De Palenque, Buda Records, 2000- Palenque De San Basilio, Ocora 2004- Les productions du label pionnier Palenque Records. À lireEn français:- «L’or et l’obscurité» de Alberto Salcedo Ramos. Éditions Marchialy. Une biographie de Kid Pambélé, premier champion du monde colombien de boxe et grande figure afro-colombienne palenquero.- L’interview de Lucas Silva, fondateur du label Palenque Records sur le site Pan African Music. En espagnol:- Palenque, comunicación territorio y resistencia, de Luis Ricardo Navarro Díaz- Palenque. Primer pueblo libre de América, de Roberto Arrazola Caicedo- Gramática y diccionario biligüe palenquero-español, de Solmery Casseres Estrada À voir :- Les rois créoles de la champeta, de Lucas Silva et Sergio Arria, 1998- Les fils de Benkos, Lucas Silva, 2003- Del Palenque de San Basilio, de Erwin Goggel et Esperanza Bioho, 2003- Herencias, Thomas Belet, 2020.
7/30/202348 minutes, 30 seconds
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L’usage du thé et du monde

Boisson la plus consommée au monde, le thé porte dans son histoire et ses usages les ferments de l’aventure et du voyage, de l’Orient à l’Occident. Le thé, c’est aussi l’indispensable compagnon de route de l’autrice française Lucie Azéma qui lui consacre un ouvrage érudit et personnel, dessinant au passage une philosophie de poche du voyage, entre errances et escales. Depuis longtemps, au fond d’une tasse à thé, il y en a qui cherchent à lire un certain état du monde à travers les feuilles flottant au fond du bol. On connaît surtout cette pratique divinatoire pour le café, mais elle existe aussi pour le thé. Depuis qu’elle est en âge d’en boire, Lucie Azéma, qui vit désormais entre la Turquie et la France après avoir vécu en Inde, en Iran ou au Liban, voit au fond de sa tasse de thé des routes et des cartes déployées, des caravelles et des porteurs, des caravanes et des empereurs, des voyageurs, des voyageuses et des ailleurs…Ce monde d’aventure(s), bonne ou mauvaise, elle nous le livre dans son dernier livre « L’usage du thé, une histoire sensible du bout du monde », savant mélange de thés et de voyage, de récits intimes et de grande histoire autour de ce breuvage millénaire, d’instants suspendus, nomades ou immobiles, d’altérité et de retour à soi, une dialectique subtile qui va bien à son autrice, grande voyageuse et amatrice de thé elle-même.Après avoir écrit un essai remarqué, traduit en plusieurs langues « Les femmes aussi sont du voyage, l’émancipation par le départ », on attendait avec impatience la suite que Lucie Azéma saurait donner à son premier livre qui offrait une vision féministe et enfin renouvelée du voyage, de ses récits et ses figures imposées. La suite, la voici donc : autour du thé et ses multiples routes et déroutes, de la province chinoise du Yunnan, berceau du thé aux rives du Bosphore, des salons anglais aux « chây-khâneh » iraniens en passant par les plantations de l’Inde ou de Ceylan où la colonisation anglaise l’a établi. Parce qu’il en va finalement de l’usage du thé comme du monde…Émission initialement diffusée le 16 octobre 2022.À lire :- « L’usage du thé, une histoire sensible du bout du monde ». Lucie Azéma. Éditions Flammarion. 2022- « Les femmes aussi sont du voyage, l’émancipation par le départ ». Lucie Azéma. Éditions Flammarion. 2021- « L’usage du monde ». Nicolas Bouvier. Dessins de Thierry Vernet. Éditions La Découverte Poche. Réédition 2014- « Voyage d’une parisienne à Lhassa ». Alexandra David Néel. Éditions Pocket. Réédition 2018- « La route du thé et des fleurs ». Robert Fortune. Éditions Payot et Rivages. Collection Petite Bibliothèque. Réédition 2017. À écouter :- Adieu Pénélope, pour une relecture féministe du voyage : échange avec Lucie Azéma en 2021, autour de son premier livre « Les femmes aussi sont du voyage, l’émancipation par le départ ». 
7/23/202348 minutes, 30 seconds
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À Lubumbashi, le musée des gens ordinaires de Mr Yabili

Marcel Yabili est juriste de formation mais il est passionné par l'histoire de son pays, la RDC, dont les traces disparaissent peu à peu du paysage et sombrent dans l'oubli. Surtout, l'Histoire est toujours racontée par le prisme des « grands », oubliant les millions de vies contrastées, anonymes qui la composent. Alors, il a décidé de raconter une histoire de son pays et de sa ville Lubumbashi à travers celle de sa famille. Il en a même fait un musée, ouvert au public sur rendez-vous, dans la maison de ses parents située dans le quartier de Kamalondo : le musée familial de Marcel Yabili. Voyage dans le temps et la mémoire d’un homme, de sa famille et peut-être de tout un pays.Un reportage de Vladimir Cagnolari. À lire :- « Congo. Une histoire », de David Van Reybrouck. Éditions Actes Sud. 2012. Un livre de référence sur l’histoire du Congo où justement la grande et les petites histoires s’entremêlent- Un article en anglais d’une universitaire américaine, en visite dans le musée de Mr Yabili. À écouter :- « Lubumbashi en chœurs », un voyage sonore sur la tradition chorale de la ville de Vladimir Cagnolari pour Si loin si proche- « Lubumbashi, la cité des mangeurs de cuivre », reportage entre gloire et déchéance de cette cité minière par Vladimir Cagnolari pour Si loin si proche- « Katanga Concert », de Louis Armstrong. Un double CD a été édité en 2000 du concert de Satchmo à Lubumbashi en 1960, mais il est épuisé. Des extraits musicaux sont sur Youtube par ici.
7/16/202348 minutes, 30 seconds
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Les objets africains pillés pendant la colonisation: voyage aller et retour

Alors que le retour du patrimoine africain sur le continent s'impose progressivement à l'Europe, l'autrice franco-finlandaise Taina Tervonen est partie entre la France et le Sénégal, sur les traces d'un fascinant trésor.  Pendant longtemps, sur les cartels placés en dessous des objets du patrimoine africain exposés dans les musées de France et d'Europe, on pouvait lire les mots « collecte », voire « don ». Parfois, en plus de la date et la mention du lieu de provenance de ces objets, on pouvait lire le nom d’un homme, officier souvent, qui les aurait « collectés ». Un silence et des éléments de langage qui laissent peu de doute sur le contexte colonial dans lequel ces objets ont été capturés, pillés, pour arriver ensuite dans les collections des musées français et européens. Pour Taina Tervonen, qui a grandi au Sénégal, appris le français à l’école sénégalaise mais surtout les héros africains de la Résistance à la colonisation, ce silence des salles Afrique des musées français est assourdissant. L'autrice franco-finlandaise décide alors de partir en quête du trésor de Ségou, dont s'est emparé, en 1890, le colonel français Louis Archinard, au moment de la chute de la capitale de l’Empire Toucouleur. Consultant les archives et la tradition orale africaine, Taina Tervonen suit à la trace ce butin colonial, qui va se disperser et rejoindre les réserves des musées français, loin des regards, comme oublié de nos mémoires. Ce trésor de Ségou est composé de manuscrits, d'armes, de bijoux, d'objets rituels et du quotidien, mais aussi d'un enfant Abdoulaye, enlevé par le colonel Archinard et envoyé en France à la fin du XIXè siècle. Il était le petit-fils du grand chef mystique El Hadj Oumar Tall, héros de la Résistance à la colonisation.Depuis des décennies, la communauté oumarienne réclame en vains le retour de ces objets. En novembre 2017, lors de son discours de Ouagadougou, le président Emmanuel Macron a officiellement plaidé « pour le retour d’ici 5 ans » des œuvres du patrimoine africain, une annonce qui a suscité de vifs débats en France. En 2018, la France a officiellement rendu au Sénégal le sabre attribué à El Hadj Oumar Tall, qui aurait été pris à Ségou, mais dont on a du mal à déterminer la trajectoire et la provenance. Ce sabre est désormais exposé au Musée des Civilisations noires de Dakar.C'est donc l'histoire d'un voyage aller ET retour que nous raconte Taina Tervonen, une histoire commune entre la France et l'Afrique, peuplée de fantômes de la colonisation, d'enfants arrachés à leur terre et à leur culture, d'officiers dévorés par leur gloire personnelle, de stratégie de conquêtes et de manipulation, mais aussi d'objets trophées coloniaux, témoins de cette époque violente et longtemps passée sous silence. Dans son récit choral passionnant «Les otages» paru aux Éditions Marchialy, elle donne alors la parole à ses objets; et à sa manière, elle leur donne vie. Une émission initialement diffusée en septembre 2022. En savoir plus :- Sur le rapport rendu en 2018 sur la restitution du patrimoine africain par Felwine Sarr et Bénédicte Savoy- Sur «Les vies du Trésor de Ségou». Un article de Daniel Foliard. Revue historique 2018. Cairn.info - Sur Abdoulaye Tall, petit-fils d'El Hadj Oumar Tall, capturé en 1890 et envoyé en France par le Colonel Archinard. Abdoulaye Tall sera la premier Africain à intégrer l'École militaire de Saint-Cyr en France- Sur le retour des trésors royaux d'Abomey exposés au Bénin et le processus de réappropriation. Un Grand Reportage de Delphine Bousquet.
7/9/202348 minutes, 30 seconds
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Ahutoru, premier Tahitien en Europe

Voyage à contre-courant et en eaux troubles entre le Pacifique et l’Europe, à la découverte de l’aventurier Ahutoru, premier Polynésien à avoir embarqué avec Bougainville et fait le voyage inverse en 1769 jusqu’en France. Pendant longtemps, l’histoire des « découvreurs » autoproclamés de l’Amérique, de l’Afrique, des Indes ou de l’Océanie s’est écrite à sens unique, du seul point de vue européen ou occidental. Ainsi, selon ce narratif éculé mais persistant, seuls les Occidentaux auraient découvert et braver l’inconnu, seuls les Occidentaux auraient regardé l’autre-sans jamais vraiment le comprendre- et seuls les Occidentaux en auraient fait le récit… C’est alors forcément avec du retard, beaucoup de retard, que nous Occidentaux, nous avons découvert autre chose: que les autres nous regardaient aussi... Et cette semaine, c’est justement à un renversement du ciel, dans une histoire inversée que nous allons nous plonger, à l’envers du fameux voyage de Louis-Antoine de Bougainville à Tahiti. En suivant le sillage d’Ahutoru, un arioi, un initié qui honorait et diffusait par les arts le culte du Dieu Oro qui, après le passage de la Boudeuse et l'Étoile, va embarquer avec l’équipage français et débarquer en 1769 à Paris, où il va passer environ un an. De ce découvreur pionnier, on ne sait presque rien mais tout ce que l’on sait de lui est à retrouver dans « Ahutoru ou l’envers du voyage de Bougainville à Tahiti », un livre écrit par l’historienne et enseignante française Véronique Dorbe-Larcade, qui a enquêté, cherché dans les recoins d’une histoire « en lambeaux » pour nous livrer ce récit, tel un miroir de vérité dans lequel les Occidentaux ont longtemps refusé de se voir. Au travers d’une enquête minutieuse et fouillée, l’autrice rend plus humain et authentique cet homme au destin tragique mais méconnu, un homme qui a bravé les mers, l’incompréhension et la curiosité savante un brin narcissique qu’avaient les hommes au temps des Lumières pour les autres, « non européens ». Pour en finir avec Bougainville et sa cohorte d’affabulations mal placées qui a durablement marqué la Polynésie, à commencer par ses femmes ou vahine en reo tahiti (langue tahitienne). Pour se souvenir surtout d’Ahutoru et de tous ceux qui comme lui, sont allés de l’autre côté du ciel et des mers.  À lire :- « Ahutoru ou l’envers du voyage de Bougainville à Tahiti », de Véronique Dorbe-Larcade. Éditions Au vent des îles- « Mutismes », de Titaua Peu, Éditions Au vent des îles.
7/2/202348 minutes, 30 seconds
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Port-Cros, l’île aux trésors

Au large de Hyères, dans le sud de la France, ce confetti de 7 km2 est un bijou de nature sauvage et d’histoire(s). C’est là, dans cet ancien repaire de pirates, qu’est né le Parc National de Port-Cros, il y a 60 ans. Un nouvel épisode de notre série à la découverte des parcs nationaux français. Port-Cros est un écrin de verdure et de criques baignant dans les eaux turquoises de la Méditerranée, un repaire de dauphins, de baleines ou de gros mérou et le paradis de la posidonie, cette plante à fleurs indispensable à la vie marine en Méditerranée. Car depuis 1963, Port-Cros est devenu Parc National, le premier parc marin d’Europe : un statut qui l’a rendu pour ainsi dire intouchable, et qui s’est ensuite étendu, dans d’autres mesures, aux îles voisines de Porquerolles et du Levant, ainsi qu’à des zones côtières du continent, juste en face. Préservée de la spéculation immobilière et de la très forte empreinte humaine qui existe ailleurs sur les côtes méditerranéennes, cette île est un sanctuaire sans voitures ni grandes routes, mais un sanctuaire habité. Durant l’hiver, les Port-Crosiens se comptent sur les doigts d’une main, voire deux, mais ce sont bien ces quelques familles qui s’y maintiennent, qui ont fait l’histoire de l’île et le trésor qu’elle est encore aujourd’hui. Sur Port-Cros, les gardiens du trésor sont les agents du parc national. Ils assurent l’entretien des sentiers, la veille scientifique, la protection des lieux, en mer comme sur terre, mais aussi l’information et le guidage des visiteurs qui viennent randonner ici, pour la plupart à la journée.Entre mer et sentiers, voyage dans cette île unique avec les agents du parc et de rares habitants qui résistent, par amour de l’île, aux appels du continent. Un reportage de Vladimir Cagnolari. À lire- «L'esprit de l'île», de Pierre Buffet, éditions Claire Paulhan 2014- «Port-Cros en 1886, île de quarantaine», de Claire Paulhan, éditions Claire Paulhan 2021.Pour organiser votre voyage - Le site du Parc national de Port-Cros concentre de nombreuses informations utiles sur la biodiversité de l’île, son histoire et la réglementation en cours - Le site de Visit Var, office de tourisme du Var, renseigne notamment sur les rares hébergements sur place. Pensez à réserver en avance…- Depuis la ville d'Hyères, la compagnie de ferry TLV dessert Port-Cros tous les jours- Pour ceux qui viendraient en voilier, le Parc a mis en place, au large de Bagaud et Port-Cros, une zone de mouillages et d’équipements légers, afin de limiter l’impact des ancres marines sur les fonds marins. Réservation de votre bouée en ligne obligatoire. Écouter nos autres voyages sonores dans les Parcs nationaux français- «Dans le Parc Amazonien de Guyane», une série en 3 épisodes - «Les calanques au coeur» par Inès Edel-Garcia- «Nuit noire dans les Cévennes» par Sarah Lefèvre.
6/25/202348 minutes, 30 seconds
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Revenir, l’épreuve du retour

« Partir » attire et fascine. On célèbre le départ, on le raconte. Mais qu’en est-il du retour, plus anonyme et indéterminé ? Que nous apprend ce temps suspendu et transitoire, quand on est sur le retour ? Comment revient-on chez soi, après avoir tourné le dos à l’inconnu et à l'extraordinaire ? « Revenir », c’est le titre du savant essai que vient de consacrer Céline Flécheux à ce qu’elle appelle « l’épreuve du retour », puisant dans un vaste corpus littéraire, philosophique et artistique, en digne enseignante d’esthétique et historienne de l’art qu’elle est. Après avoir longuement travaillé sur l’horizon, qui appelle au départ et à la mise en mouvement des corps et des imaginaires, l’autrice française, philosophe de formation, interroge donc le retour, ses figures comme le fils prodigue ou Ulysse qui mettra dix ans à rentrer à Ithaque et multiplie les pistes et chemins de réflexion. Car revenir ne va pas de soi. La dissymétrie, le décalage est partout, dans le temps et les lieux retrouvés, en nous et avec les autres. « Car celui qui revient a vu des choses qui ont radicalement modifié et élargi sa vision du monde ; il a compris qu’une autre dimension existait qui jetait le discrédit sur tout ce qu’il avait connu jusqu’alors », écrit Céline Flécheux. Certes, celui qui revient de voyage en fait parfois après, le récit ; mais très peu finalement raconte le retour, lui préférant le romanesque des départs et des échappées au long cours. Aujourd’hui avec Céline Flécheux, on va donc mettre une pensée, la sienne, sur un impensé : celui du retour ; et questionner par là notre rapport au temps et à l’espace, car si l’on revient quelque part, on ne revient jamais en arrière.  À lire :- « Revenir. L’épreuve du retour », de Céline Flécheux. Éditions Le Pommier- « L’Odyssée », d’Homère. Éditions Gallimard. Folio Classique- « Cahier d’un retour au pays natal », d’Aimé Césaire. Éditions Présence Africaine Poésie.- « L’irréversible et la nostalgie », de Vladimir Jankélévitch. Éditions Flammarion.
6/18/202348 minutes, 30 seconds
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Kerkennah, le paradis perdu

Au large de Sfax, dans le golfe de Gabès, cet archipel tunisien sauvage et peuplé de pêcheurs résilients, a des allures de refuge, loin du fracas des villes et du monde. Mais ces îles, comme le mode de vie traditionnel qui s’y est inventé, sont fragiles. Depuis Sfax, il faut un peu plus d’une heure de ferry pour rejoindre les îles Kerkennah, un archipel long de 40 kilomètres et habité par environ 15 000 habitants. Et en arrivant sur ces îles arides, très plates, émaillées de quelques villages de pêcheurs, de rangs de palmiers et bordées de longues plages tels des bancs de sable, on est déjà loin du continent, avec la mer, la grande bleue, pour horizon. En même temps, comme partout dans la Méditerranée, Kerkennah est traversé d’influences, berbères d’abord, phéniciennes aussi, avec ces felouques à voile et au mât incliné, romaines, arabes, ottomanes ou siciliennes. Et pendant les temps troublés des luttes décoloniales, Habib Bourguiba, le père de l’indépendance tunisienne, y a même trouvé refuge un temps. Mais Kerkennah est bien plus qu’un refuge tel un recoin du monde, c’est surtout un miroir du monde qui, par sa position stratégique, reflète notre époque traversée de crises climatiques ou migratoires. L’archipel, qui culmine à seulement 13 mètres, est particulièrement menacé par la montée des eaux liée au réchauffement climatique. Les ressources halieutiques se font de plus en plus rares même si les Kerkénniens continuent de défendre leur méthode de pêche ancestrale, à la charfia, un système de pêcherie fixe en branches de palmiers. Alors, certains cèdent aux sirènes de l’immigration clandestine, pendant que d’autres misent sur le tourisme tout en luttant contre la pollution plastique qu'il entraîne ; afin que Kerkennah ne soit pas tout à fait perdu… Dans Le miroir de la mer, l’écrivain navigateur Joseph Conrad disait « Si vous souhaitez connaître l’âge du monde, regardez la surface de la mer dans la tempête ». Ici, on ajoutera: regardez aussi à la surface, Kerkennah... Un reportage de Brice Andlauer. En savoir plus:-  Sur les techniques de pêche traditionnelles de Kerkennah uniques au monde et inscrites au patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO depuis 2020 - Sur les enjeux de la montée des eaux qui menace Kerkennah- Sur l’arrivée de l’espèce invasive de crabe asiatique en Méditerranée  - Sur Kerkennah, devenu l’un des principaux points de passage de Méditerranée pour la migration illégale vers l’Europe.
6/11/202348 minutes, 30 seconds
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L’Everest rouge

Il y a 70 ans, le 29 mai 1953, Edmund Hillary et Tensing Norgay entrent dans l’histoire après avoir atteint pour la première fois le Toit du monde, côté népalais. Mais qui sait que côté tibétain, dans les années qui suivent, des cohortes d’alpinistes chinois envoyés par Mao vont se mesurer à l’Everest, un petit livre rouge en poche et un buste de Mao sous le bras ?  C’est bien connu, une histoire en amène une autre… Et c’est justement pendant ses recherches pour son précédent récit « Alpinistes de Staline », couronné en 2020 du prix Albert Londres, que l’écrivain arpenteur français Cédric Gras va découvrir l’épopée chinoise à l’Everest, une épopée assez similaire de la soviétique entre piolet et faucille, idéologie et montagnes, honneurs et tragédie. Après nous avoir raconté le destin méconnu des frères Abalakov, deux Sibériens héros des cimes en URSS qui vont connaître ensuite les purges staliniennes, l’auteur russophone et russophile s’est donc à nouveau plongé dans un océan de propagande et de rapports tronqués, côté chinois cette fois. Le but : donner corps et vie à ces expéditions himalayennes chinoises peu connues mais éminemment politiques, en particulier après l’invasion du Tibet par la Chine en 1950. Avant cela, l’alpinisme chinois n’existait pour ainsi dire pas ; et ce sont les camarades russes qui vont former ces prolétaires en col mao qui n’avaient souvent jamais vu de montagne. En ligne de mire : l’Everest par sa face nord, jamais atteint à l’époque, le mystère de l’ascension des alpinistes britanniques Mallory et Irvine, disparus là-bas en 1924 n’ayant jamais été résolu à ce jour.  Avec son nouveau livre « Alpinistes de Mao », Cédric Gras livre un récit haletant qui s’attache à replacer ces expéditions chinoises dans la grande histoire, entre géographie complexe, géopolitique troublée et controverse sur la réalité de la première ascension à l'Everest, de 1960. Ce faisant, il nous parle aussi de la grande famine qui a décimé le peuple chinois, de la répression aveugle de la Révolution culturelle et du climat insoutenable qui régnait alors, des camps de travail et de rééducation, les laogaïs, où seront envoyés certains alpinistes pourtant héros de l’Everest et d’un Tibet plus que jamais aujourd’hui sous occupation chinoise. À lire :- Alpinistes de Mao. Cédric Gras. Éditions Stock. 2023- Alpinistes de Staline. Cédric Gras. Éditions Stock. 2020- La mer des cosmonautes. Cédric Gras. Éditions Paulsen. 2017- Anthracite. Cédric Gras. Éditions Stock. 2016- L'hiver aux trousses. Cédric Gras. Éditions Stock. 2015. À écouter : - Notre podcast « Cimes blanches et étoiles rouges. L'incroyable destin des frères Abalakov » autour du précédent livre de Cédric Gras « Alpinistes de Staline », prix Albert Londres 2020.
6/4/202348 minutes, 30 seconds
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Une cabane à soi

À l’occasion du Festival Étonnants Voyageurs qui se tient, du 27 au 29 mai 2023, à Saint-Malo en France, on prend le bois avec la Québécoise Gabrielle Filteau-Chiba, une écrivaine invitée du festival. Direction le Kamouraska, les épinettes et une cabane solitaire au bord de la rivière tel un refuge pour écrire, renouer et lutter. Un jour, à l’aune de ses 26 ans, Gabrielle Filteau-Chiba a décidé de quitter le confort étroit de sa ville Montréal et son poste de traductrice, pour aller vivre seule en ermite au cœur de la forêt boréale, dans une cabane sans électricité, eau courante ni réseau téléphonique. La cabane, c’est d’abord un rêve d’enfance, de repli nourricier et de refuge un peu secret, pour l’imaginaire et les grands rêves qu’on ne s’avoue qu’à soi. Et pour la Québécoise Gabrielle Filteau-Chiba, la cabane, sa cabane dans le Kamouraska où elle va finalement passer trois ans, sera le lieu d’une reconquête personnelle, la réappropriation d’un vaste territoire sauvage souvent préempté par les hommes et le point de départ de sa vie d’écrivaine, la plume trempée dans l’eau d’érable et des rivières.  Depuis, nourrie de ses trois années passées dans le grand silence boréal, au plus près du vivant, parmi les lynx et les coyotes, la trentenaire a publié trois romans écoféministes qui ont rencontré le succès au Québec, en France et au-delà dans le monde. Son premier livre « Encabanée », un roman aux allures de journal intime fiévreux, est venu renouveler à sa manière le genre des récits de cabane, un genre qui, de Henry David Thoreau à Sylvain Tesson, était surtout l’apanage des hommes. « Sauvagines », son deuxième ouvrage, questionne et dénonce le braconnage et le rapport à la faune sauvage qu’entretient le Québec de sa fondation, au temps des coureurs des bois de la Nouvelle France, à nos jours. « Bivouac », son dernier livre raconte, quant à lui, la lutte collective de citoyens et d’éco-warriors pour la défense de pins centenaires contre un projet d’oléoduc, une lutte que l’autrice a elle-même connue et menée dans le Kamouraska. Bien qu’elle ait recours à la fiction, la trajectoire de Gabrielle Filteau-Chiba comme son rapport intime, poétique à la forêt boréale irriguent ses romans plus vrais que nature, à fleur de peau et de lichen. Et au fil des pages de ce triptyque ardent, l’écrivaine invite le lecteur à se plonger en forêt, à mieux la connaître, à la défendre aussi. Ce qu’elle fait elle-même, achetant pour la protéger, des hectares de forêt avec ses droits d’auteurs tirés de son œuvre déjà traduite en six langues. Une œuvre qui dit, crie parfois, le besoin d’enracinement, de poésie et de grande nature, de justice sociale et climatique d’une femme et peut-être de toute une génération.   Bibliographie - « Encabanée », Gabrielle Filteau-Chiba. 2021. Éditions Le mot et le Reste. Édition Folio Poche en 2022. - « Sauvagines », Gabrielle Filteau-Chiba 2021. Éditions Stock. - « Bivouac », Gabrielle Filteau-Chiba. 2022. Éditions Stock.   Plus d’infos - Sur le Festival Étonnants Voyageurs qui se tient de Saint-Malo du 27 au 29 mai 2023 - Sur le premier épisode de notre série En retrait du monde, récits de cabanes et de refuges.
5/28/202348 minutes, 30 seconds
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Vers l’Alaska, en terre amérindienne

Pour son dernier récit « Alaska, l’ultime frontière », la journaliste et autrice française Marie-Hélène Fraïssé continue d’arpenter ces sentiers amérindiens qu’elle aime tant partager. Direction cette fois la côte du grand Nord-Ouest américain, à la rencontre de communautés autochtones fascinantes et résistantes.  Marie-Hélène Fraïssé ne découvre pas. Elle rencontre. Pendant des décennies, la reporter et productrice radio à France Culture, a sillonné l’Amérique du Nord et les recoins de son histoire coloniale, prenant à revers les mythes hollywoodiens de la conquête et donnant à entendre surtout, des voix autochtones longtemps silenciées. En creusant ce sillon amérindien profond, sensible, elle n’aura de cesse d’interroger cette fameuse rencontre entre Premières Nations et colons européens, d’inverser le miroir aussi.  Pour son dernier voyage, Marie-Hélène Fraïssé, partie de Vancouver à Anchorage, a fait le choix du temps long et de la rencontre, sans filet ni ordre de mission. Au gré des rotations de ferry, elle se fait alors passagère dans cet « inside passage » ou passage de l’intérieur, de la côte canadienne à l’Alaska, parmi une myriade d’îles, de fjords, de glaciers et de chenaux, où la pureté et la grandeur des paysages lui offrent une certaine consolation, « alors qu’une perte récente [lui] déchirait le coeur ».  Dans son récit qu’elle nous livre bien des années après ce voyage conçu comme « une entreprise de détachement, d’effacement, de déprise », l’échappée n’est pas tout à fait solitaire. On y croise en effet l’ombre des explorateurs européens James Cook ou Lapérouse, l’écrivain naturaliste américain John Muir ou le photographe Edward S. Curtis passés par là, des Russes chasseurs de loutre, des chercheurs d’or, prospecteurs d’hier et d'aujourd'hui ou encore l'anthropologue français Claude Lévi-Strauss… Avec au centre, des communautés autochtones résilientes et combatives, habitant ces terres du bout du monde depuis des millénaires, à l’ombre d’immenses totems sculptés en forme d’Aigle, de Corbeau ou d’Oiseau-Tonnerre, dans un jeu de masques où l’on comprend vite que l’Ancien et le Nouveau Monde ne sont pas ceux que l’on croit… Bibliographie : - Alaska, l’ultime frontière. Editions Albin Michel, 2023 - Western, une autre histoire. Editions Bayard, 2022 - L’Eldorado polaire de Martin Frobisher. Editions Albin Michel, 2017 - L’impensable rencontre. Editions Albin Michel, 2014
5/21/202348 minutes, 30 seconds
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Lubumbashi, la cité des mangeurs de cuivre

Au sud-est de la République Démocratique du Congo, les mines de cuivre ont donné naissance à la seconde ville du pays. À Lubumbashi, s’est alors forgée une culture originale qui perdure, même si son fleuron, la société Gécamines, n'est plus que le fantôme d'elle-même. Située dans la province du Haut-Katanga, une région particulièrement riche en minerais (cobalt, cuivre…), la capitale minière de la RDC a connu comme en Afrique du Sud, une ruée, un boom minier qui, dès le début du XXè siècle, va faire naître une des premières cultures ouvrières d'Afrique, dans le giron des sociétés coloniales puis de compagnies paternalistes qui leur succédèrent. Déjà, plusieurs siècles avant l’arrivée des Belges, les « mangeurs de cuivre » exploitaient artisanalement les ressources de leur terre pour en faire une monnaie d’échange, les fameuses croisettes de cuivre devenues emblématiques du Katanga. Puis, avec la colonisation, la ville, fondée en 1910 sous le nom d’Elisabethville, va bâtir sa prospérité, son architecture mais aussi sa culture autour des mines de cuivre. C'est l’Union Minière du Haut Katanga, nationalisée en 1967 (elle prendra plus tard le nom de Gécamines), qui donnait alors le tempo de la ville, réglant la vie de ses habitants jusque dans leurs loisirs. Aujourd'hui, la Gécamines n'a plus le monopole du cuivre et du cobalt, et la ville est devenue une métaphore de la mondialisation avec ses concessions géantes gérées par des groupes étrangers. Que reste-t-il de cette histoire et de cette culture, dans la capitale du Katanga qui, en 1960, fit sécession et manqua de devenir indépendant ? C’est ce qu’on est parti chercher, à l’ombre du terril et de la cheminée de l'usine de Lubumbashi désormais à l’arrêt. Un reportage de Vladimir Cagnolari initialement diffusé en juillet 2022.   En savoir plus / À lire : - Le site de la Gécamines ou Générale des Carrières et des Mines - Sur l’effondrement de la Gécamines, un article historique publié dans les Cahiers d'études africaines - « Lubumbashi 1910-2010 - Mémoire d’une ville industrielle », un livre de Donatien Dibwe dia Mwembu, sous la direction de Bogumil Jewsiewiki. Éditions L’Harmattan. - « La société de la Kopperbelt Katangaise », un livre de Donatien Dibwe dia Mwembu. Éditions L’Harmattan.
5/14/202348 minutes, 30 seconds
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Camopi, territoire sensible. Dans le Parc Amazonien de Guyane 3/3

À l’occasion de notre série à la découverte des Parcs nationaux français, voyage au sein du plus grand Parc national d’Europe et de France: le Parc Amazonien de Guyane (PAG). Sur près de 3,4 millions d’hectares, ce trésor de biodiversité se déploie entre forêt tropicale humide et communes isolées du sud de la Guyane. Depuis sa création en 2007, le PAG cherche à allier protection de l’environnement, préservation des modes de vie et des cultures locales autochtones et développement durable : un équilibre fragile, complexe à maintenir sur un territoire immense, habité et particulièrement convoité par les orpailleurs. Deuxième étape: Camopi, en terre amérindienne. À l’extrême sud-est de la Guyane, à la frontière brésilienne, la commune de Camopi s’étire sur les rives du fleuve Oyapock, là où vivent les communautés amérindiennes Téko et Wayãpi. Pendant longtemps, la commune enclavée était uniquement accessible en pirogue depuis Saint-Georges. Récemment, le bourg de Camopi est sorti de la ZAR, ou zone d’accès réglementé, soumise à autorisation. Et à présent, tout le monde peut s’y rendre, qui plus est, par avion, depuis 2021. Cette ouverture récente voulue par la municipalité, l’arrivée de l’avion, mais aussi la création du Parc en 2007 qui a installé une délégation à Camopi sont venues bousculer le quotidien d’autochtones qui, par le passé, ont déjà connu les bouleversements violents de la colonisation qui cherchait à étendre son emprise jusque dans ces marges amazoniennes qui lui échappaient encore. Aller à Camopi aujourd’hui, c’est aller à la rencontre d’Amérindiens français pris entre deux mondes, fiers de leur culture et du génie autochtone que leur ont transmis les anciens, mais souvent oubliés, relégués aux confins de leur propre territoire. Sur place, la délégation du Parc et ses agents, en partie amérindiens, représentent l’une des rares instances nationales présentes à l’année sur le territoire et le Parc Amazonien de Guyane sert souvent de relais administratif et social auprès des populations locales. Les questions qu’une telle gestion soulève, entre lutte contre l’orpaillage illégale, reconnaissance des droits autochtones, émancipation et protection de l’environnement, demeurent particulièrement sensibles.  Une série radiophonique en 3 épisodes dans le PAG de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary.   En savoir plus: - Sur la Guyane, terre française d’Amazonie sur le site Guyane Amazonie - Sur le Parc Amazonien de Guyane, parc national français né en 2007 et les 11 Parcs nationaux de France - Sur le fléau environnemental et humain de l’orpaillage illégal en Guyane : un article du Fonds Mondial pour la Nature ou WWF - Sur le travail de l’artiste Teko et Wayana Ti’iwan Couchili, ici présenté sur la plateforme « La voix des femmes autochtones » développé par la journaliste française Anne Pastor - Sur le mouvement de la Jeunesse Autochtone de Guyane ou JAG - Sur la Fédération des organisations autochtones de Guyane - Sur la problématique des suicides au sein des communautés amérindiennes, le rapport dit Archambault remis en 2015 au Premier Ministre est ici disponible - Sur le scandale des pensionnats autochtones ou « homes »amérindiens, un article ici de Médiapart, en écho au livre et à l’enquête édifiante d’Hélène Ferrarini « Allons enfants de la Guyane. Éduquer, évangéliser, coloniser les Amérindiens dans la République », paru aux Éditions Anacharsis, 2022. 
5/7/202348 minutes, 30 seconds
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Saül, un village au cœur de la forêt amazonienne - Dans le Parc national Amazonien de Guyane 2/3

À l’occasion de notre série à la découverte des Parcs nationaux français, voyage au sein du plus grand Parc national d’Europe et de France : le Parc Amazonien de Guyane (PAG). Sur près de 3,4 millions d’hectares, ce trésor de biodiversité se déploie entre forêt tropicale humide et communes isolées du sud de la Guyane. Depuis sa création en 2007, le PAG cherche à allier protection de l’environnement, préservation des modes de vie et des cultures locales autochtones et développement durable : un équilibre fragile, complexe à maintenir sur un territoire immense, habité et particulièrement convoité par les orpailleurs. Deuxième épisode de la première étape : Saül. Située entre le Suriname et le Brésil, la Guyane est un département français grand de 83 000 km2, recouvert à 95% par la forêt amazonienne. Le plus souvent, les voyageurs étrangers comme les locaux d’ailleurs, ne l’appréhendent que par son littoral, sur la bande côtière. Or à l'intérieur des terres, au-delà de cette zone littorale, se déploie depuis 2007 le Parc Amazonien de Guyane, plus grande réserve de biodiversité française qui permet d’accéder justement à cette grande forêt et aux communes enclavées du centre et du sud de la Guyane.  Parmi elles : Saül, un minuscule village situé au centre du département et une des portes d’entrée du Parc. Uniquement accessible par avion, Saül est une toute petite enclave humaine, isolée au milieu de la très grande forêt. Ici, 80 habitants à peine vivent parmi les arbres géants, les lianes vertigineuses et les sous-bois marécageux, au son des oiseaux, des singes hurleurs ou des grenouilles en pagaille. Car là, bat le cœur de la forêt et les Saüliens, qu’ils soient agents du parc, agriculteurs, écoliers ou propriétaires de gîte, savent l’écouter, le partager et le défendre.  Aller à Saül, c’est aussi comprendre ce que c’était de vivre jadis, dans un arrière-pays immense et isolé, loin du joug colonial et de ses appétits. Car pendant longtemps, dans cette immense marge amazonienne, les populations autochtones, les esclaves marrons qui y avaient trouvé refuge, ou des migrants travailleurs artisanaux de l’or venus des Petites Antilles, ont résisté et inventé une vie bien à eux dans la forêt.  Aujourd’hui prisée des voyageurs et des scientifiques, cette destination unique au monde permet d’accéder par des sentiers de randonnée à la grande nature, loin des mythes de l’eldorado ou de l’enfer vert qui ont souvent collé à la peau de ce corps furieusement vivant qu’est l’Amazonie. Autour, le fléau de l’orpaillage illégal sévit, mais les Saüliens veillent et les agents du parc luttent. Une série radiophonique en 3 épisodes dans le PAG de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary. Les deux premiers épisodes de ce voyage à Saül sont produits avec « RFI Labo » en Dolby ATMOS pour une écoute immersive au casque au cœur du Parc Amazonien de Guyane, afin de découvrir son écosystème par le son.   Pour organiser votre voyage en Guyane, dans le PAG :  - Plus d’infos sur la Guyane, terre française d’Amazonie sur le site Guyane Amazonie - Plus d’infos sur le Parc Amazonien de Guyane, Parc national français né en 2007 - Si vous souhaitez vous rendre dans les communes du sud de la Guyane à l’intérieur du parc, il faut bien penser à réserver à l’avance auprès d’Air Guyane qui assure les rotations aériennes.  - Pour les hébergements dans le parc, plus d’infos ici.   En savoir plus : - Sur l’ABC de la biodiversité de Saül initié par le Parc Amazonien de Guyane. Il consistait à réaliser avec les habitants un inventaire de la faune et de la flore autour du bourg.  - Sur la faune, la flore, les amphibiens ou les sentiers de randonnée de Saül, le PAG a édité des brochures disponibles en ligne, en bas de cette page - Sur le site collaboratif Faune Guyane rassemblant les données naturalistes de Guyane. Il est animé par le Gepog ou Groupe d’étude et de protection des oiseaux de Guyane. Le Gepog met gracieusement à la disposition des ornithologues et naturalistes des chants d'oiseaux qui peuvent être téléchargés. - Sur le fléau environnemental et humain de l’orpaillage illégal en Guyane : un article du Fonds Mondial pour la Nature ou WWF - Sur les 11 Parcs nationaux de France, espaces naturels dit d’exception qui recouvrent des espaces terrestres et maritimes en métropole et dans les Outre-mer - Sur les autres voyages de Si loin si proche dans le cadre de notre série sur les Parcs nationaux français : le Parc National des Cévennes par Sarah Lefèvre et le Parc National des Calanques par Inès Edel-Garcia.
4/30/202348 minutes, 31 seconds
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Saül, un village au cœur de la forêt amazonienne - Dans le Parc national Amazonien de Guyane 1/3

À l’occasion de notre série à la découverte des Parcs nationaux français, voyage au sein du plus grand Parc national d’Europe et de France : le Parc Amazonien de Guyane (PAG). Sur près de 3,4 millions d’hectares, ce trésor de biodiversité se déploie entre forêt tropicale humide et communes isolées du sud de la Guyane. Depuis sa création en 2007, le PAG cherche à allier protection de l’environnement, préservation des modes de vie et des cultures locales autochtones et développement durable : un équilibre fragile, complexe à maintenir sur un territoire immense, habité et particulièrement convoité par les orpailleurs. Première étape en deux épisodes : Saül.  Située entre le Suriname et le Brésil, la Guyane est un département français grand de 83 000 km2, recouvert à 95% par la forêt amazonienne. Le plus souvent, les voyageurs étrangers comme les locaux d’ailleurs, ne l’appréhendent que par son littoral, sur la bande côtière. Or à l'intérieur des terres, au-delà de cette zone littorale, se déploie depuis 2007 le Parc Amazonien de Guyane, plus grande réserve de biodiversité française qui permet d’accéder justement à cette grande forêt et aux communes enclavées du centre et du sud de la Guyane.  Parmi elles : Saül, un minuscule village situé au centre du département et une des portes d’entrée du Parc. Uniquement accessible par avion, Saül est une toute petite enclave humaine, isolée au milieu de la très grande forêt. Ici, 80 habitants à peine vivent parmi les arbres géants, les lianes vertigineuses et les sous-bois marécageux, au son des oiseaux, des singes hurleurs ou des grenouilles en pagaille. Car là, bat le cœur de la forêt et les Saüliens, qu’ils soient agents du parc, agriculteurs, écoliers ou propriétaires de gîte, savent l’écouter, le partager et le défendre.  Aller à Saül, c’est aussi comprendre ce que c’était de vivre jadis, dans un arrière-pays immense et isolé, loin du joug colonial et de ses appétits. Car pendant longtemps, dans cette immense marge amazonienne, les populations autochtones, les esclaves marrons qui y avaient trouvé refuge, ou des migrants travailleurs artisanaux de l’or venus des Petites Antilles, ont résisté et inventé une vie bien à eux dans la forêt.  Aujourd’hui prisée des voyageurs et des scientifiques, cette destination unique au monde permet d’accéder par des sentiers de randonnée à la grande nature, loin des mythes de l’eldorado ou de l’enfer vert qui ont souvent collé à la peau de ce corps furieusement vivant qu’est l’Amazonie. Autour, le fléau de l’orpaillage illégal sévit, mais les Saüliens veillent et les agents du parc luttent. Une série radiophonique en 3 épisodes dans le PAG de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary. Les deux premiers épisodes de ce voyage à Saül sont produits avec « RFI Labo » en Dolby ATMOS pour une écoute immersive au casque au cœur du Parc Amazonien de Guyane, afin de découvrir son écosystème par le son.   Pour organiser votre voyage en Guyane, dans le PAG :  - Plus d’infos sur la Guyane, terre française d’Amazonie sur le site Guyane Amazonie - Plus d’infos sur le Parc Amazonien de Guyane, Parc national français né en 2007 - Si vous souhaitez vous rendre dans les communes du sud de la Guyane à l’intérieur du parc, il faut bien penser à réserver à l’avance auprès d’Air Guyane qui assure les rotations aériennes.  - Pour les hébergements dans le parc, plus d’infos ici.   En savoir plus : - Sur l’ABC de la biodiversité de Saül initié par le Parc Amazonien de Guyane. Il consistait à réaliser avec les habitants un inventaire de la faune et de la flore autour du bourg.  - Sur la faune, la flore, les amphibiens ou les sentiers de randonnée de Saül, le PAG a édité des brochures disponibles en ligne, en bas de cette page - Sur le site collaboratif Faune Guyane rassemblant les données naturalistes de Guyane. Il est animé par le Gepog ou Groupe d’étude et de protection des oiseaux de Guyane. Le Gepog met gracieusement à la disposition des ornithologues et naturalistes des chants d'oiseaux qui peuvent être téléchargés. - Sur le fléau environnemental et humain de l’orpaillage illégal en Guyane : un article du Fonds Mondial pour la Nature ou WWF - Sur les 11 Parcs nationaux de France, espaces naturels dit d’exception qui recouvrent des espaces terrestres et maritimes en métropole et dans les Outre-mer - Sur les autres voyages de Si loin si proche dans le cadre de notre série sur les Parcs nationaux français : le Parc National des Cévennes par Sarah Lefèvre et le Parc National des Calanques par Inès Edel-Garcia.
4/23/202348 minutes, 32 seconds
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L’Amérique grandeur nature de Pete Fromm

Dans l’Ouest américain, parmi les immensités des plaines ou des Rocheuses, la nature sauvage fait office, depuis longtemps, de refuge pour les pionniers et les rêveurs en quête d’horizon et de liberté. De longue date, les écrivains arpenteurs s’en sont saisi pour célébrer la grandeur de ses paysages mais aussi tendre un miroir à l’Amérique et ses vieux mythes fondateurs. L’écrivain du Montana Pete Fromm est de ceux-là. Devenu célèbre à travers le monde avec « Indian Creek » , un récit d’hivernage dans les montagnes entre l’Idaho et le Montana, à l’hiver 1978, Pete Fromm est un écrivain du genre sédentaire, tant il est attaché à sa terre d’adoption : le Montana. Pourtant, ses livres, des récits à la première personne et surtout des romans, offrent aux lecteurs de grands voyages, sensibles et à hauteur d’hommes, à travers l’Ouest américain. Aux États-Unis, l’Ouest est un mythe fondateur, une promesse de vie nouvelle, entre esprit de conquête et de frontière. C’est aussi là que s’est forgé un rapport complexe mais fertile à la grande nature, qu’on appelle en Amérique la « wilderness ». Ceux qui mettent en mots ce monde peuplé de lynx, de grizzlis et de vie au grand air, appartiennent au « nature writing » ou « écriture de nature », un genre littéraire profondément lié aux grands espaces américains, où le sauvage rôde dehors comme il sommeille en chacun de nous. Né en 1958 dans le Wisconsin et débarqué étudiant dans le Montana, Pete Fromm a longuement aiguisé son regard et ses sens, au contact d’une nature préservée. En effet, après son expérience dans les Rocheuses à Indian Creek, il va partir en voyage en Nouvelle Zélande puis passer huit ans comme « Park Ranger » dans les parcs et les rivières du Wyoming, du Nevada ou du Texas, avant de se lancer comme écrivain et connaitre le succès avec son premier ouvrage « Indian Creek ». Dans ses livres, ne cherchez pas l’exploit personnel ou la description béatement lyrique d’une aventure en pleine nature ! Car Pete Fromm écrit surtout sur la nature humaine. Il convoque alors la Black Foot River ou les Rocheuses pour décrire avec d’autant plus de finesse et d’acuité la complexité et la force des liens intimes et familiaux qui unissent les personnages de ses romans. Son dernier livre, « Le lac de nulle part », paru en France aux Éditions Gallmeister, nous embarque ainsi en canoë, à travers une myriade de lacs au Canada, en compagnie d’une curieuse équipée familiale : un père et ses deux enfants, les jumeaux Al et Trigg qui vont inexorablement s’enfoncer dans l’inconnu. Ce roman haletant, est un voyage en eaux troubles, où le lac devient le miroir du passé de cette famille désunie et meurtrie. Bien plus qu’un décor, la nature devient un personnage à part entière de ce récit, comme elle l’est d’ailleurs dans tous les autres livres de Pete Fromm. À l’occasion de son passage en France en avril, Pete Fromm revient à nos micros sur la relation simple et généreuse qu’il entretient avec la littérature, la nature et le Montana, un Etat immense et sauvage qui a inspiré bon nombre d’écrivains. Une rencontre initialement diffusée en avril 2022 À lire : - « Le lac de nulle part ». Pete Fromm. Éditions Gallmeister. 2022 - « La vie en chantier ». Pete Fromm. Editions Gallmeister. 2019 - « Mon désir le plus ardent ». Pete Fromm. Editions Gallmeister. 2018 - « Le nom des étoiles ». Pete Fromm. Editions Gallmeister. 2016 - « Indian Creek». Pete Fromm. Editions Gallmeister. 2006.   En savoir plus: - Sur les éditions Gallmeister, une maison d’édition française spécialisée au départ en littérature nord-américaine, et connue pour ses ouvrages de nature writing - Sur le concept de wilderness, un des fondements des sociétés nord-américaines - Sur l’école dite du Montana, une communauté d’écrivains dont la base arrière a toujours été la ville universitaire de Missoula.
4/15/202348 minutes, 30 seconds
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Les Îles Féroé, le pays du peut-être (2/2)

Situé au-delà du 60è parallèle Nord, au beau milieu de l’Atlantique Nord, quelque part entre l’Islande et l’Écosse, ce chapelet de 18 îles volcaniques est longtemps resté méconnu et isolé. Aujourd’hui, ces confins sauvages et majestueux attirent de plus en plus de voyageurs, férus de nature et de culture à l’état brut. Surtout que sur place, les attend un peuple fier et attachant, à l’identité féroïenne passionnante. Aux Féroé, sur ces terres de landes verdoyantes, truffées de moutons, d’oiseaux, de cascades, de montagnes et de falaises déchiquetées par la mer, les panoramas sont sublimes, époustouflants. Encore faut-il que le brouillard épais du Nord n’ait pas décidé de gâcher la vue ? Car là-bas, le climat est rude et particulièrement changeant. Le vent souffle fort et la pluie tombe, paraît-il, près de 300 jours par an.  En ces lieux qui comptent plus de moutons (80 000) que d’habitants (53 000), chaque apparition du soleil fait alors l’effet d’une bénédiction, offrant des lumières typiquement nordiques, entre bleu profond de la mer et ciel mordoré. Sans parler de l’hiver, où il n’y a que 5 heures de lumière par jour. Ainsi, sur ces cailloux de basalte, il faut apprendre à déposer les armes de la certitude et faire avec le temps et les éléments, comme ont finalement appris à le faire, depuis des siècles, les Féroïens, descendants de Vikings et de femmes celtes, longtemps pêcheurs de père en fils. D’ailleurs, parce qu’ici la nature règne en maître, les Féroé ont été surnommées par les Anglais, passés par là pendant la Seconde Guerre Mondiale « The land of maybe », le pays du peut-être… Aujourd’hui au XXIè siècle, l’archipel subarctique dépend toujours du Royaume du Danemark, mais il dispose depuis 1948 d’une autonomie importante et s’exprime dans sa langue : le féroïen. Longtemps proscrite par les Danois, cette langue a toujours été le socle d’une culture décidément particulière, faite de traditions orales, de sagas nordiques et de ballades héroïques datant du Moyen-Age. Et rares sont les endroits dans le monde, où l’on peut rencontrer, comme c’est le cas aux Îles Féroé, des traditions aussi vivantes et vibrantes parmi la population. Bien sûr, la chasse traditionnelle de cétacés, le fameux Grindadráp est la plus décriée et contestable d’entre toutes, pour son archaïsme et sa violence. En voyage sur place, il est intéressant d’échanger à ce sujet avec les Féroïens, afin de comprendre comment ce peuple s’appuie sur ces traditions mais les interroge aussi. Car la société féroïenne bouge et s’est considérablement développée grâce à l’argent de la pêche, en particulier l’élevage de saumon. En à peine vingt ans, la capitaleTórshavn a vu fleurir cafés, restaurants, galeries d’art et lieux de musique prisés des touristes et des Féroiens. Car la nation est particulièrement musicale, artiste dans l’âme, inspirée par cet environnement naturel si puissant qui l’entoure. Dans ces confins volcaniques battus par les vagues et les vents, on circule désormais facilement entre les îles, via des tunnels sous-marins dernier cri ; et les lieux se prêtent à la randonnée, l’imperméable jamais très loin, sur des sentiers historiques ouverts par les anciens, à une époque où l’on ne pouvait que marcher dans les montagnes. Car au-delà des paysages à couper le souffle, c’est cela que l’on retient d’un voyage aux Féroé : à quel point ce peuple a résisté et lutté pour se maintenir sur ces îles, contre vents, marées et vagues de colonisation, entre survie et harmonie avec la nature. Un reportage en 2 épisodes de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary, initialement diffusé en juillet 2022. Avec le concours du Labo RFI.      Y ALLER : - Deux fois par semaine à partir du mois d’avril, un vol direct d’Atlantic Airways relie les Féroé à la France. Durée de vol : 2h40 seulement - Pour préparer votre voyage, le site de Visit Faroe Islands est une mine d’informations, en anglais. Le territoire étant petit et bien exploré, tout y est, ou presque !   EN VOYAGE :  - Sur place, le mieux est de se baser dans la capitale Tórshavn depuis laquelle on circule facilement entre les îles par les tunnels et les ferrys. L’hôtel Føroyar, idéalement situé sur les hauteurs de la ville, offre une vue imprenable sur le port et la baie. - Dans les endroits plus isolés, il est possible de recourir à l’Heimablídni soit « hospitalité à la maison », un concept qui s’est développé avec le tourisme, faute de restaurants dans tout l’archipel. Des Féroïens proposent alors chez eux des plats locaux typiquement féroïens. Une bonne occasion de rencontrer des habitants, souvent anglophones, comme Lena et Jakup qui font l’Heimablidni, dans leur maison-jardin Garðarhúsið, ou chez Harriett et John, un jeune couple touche à tout, éleveur de moutons, commerçant et photographe qui reçoit en table d’hôtes à la maison Hanusarstova, sur l’île d’Esturoy. Harriett, instagrameuse et bergère, fait par ailleurs des clichés romantiques et inspirées de ses bêtes. Elle prépare prochainement un hébergement à la ferme, avec vue sur la mer et les vastes prés. - Les îles regorgent de sentiers de randonnée qui mènent à des cascades comme celle de Gásadalur, des lacs comme celui de Sørvágsvatn, parfois en partant de petits villages typiques de pêcheurs avec ses maisons aux toits de tourbe. - À découvrir pour les passionnés d’oiseaux l’île de Mykines. C’est le paradis des oiseaux marins (macareux, puffins) qui se gagne par la mer depuis Sorvagur. Attention, la météo peut annuler tout départ à Mykines. - Le village de Kirkjubøur, avec ses églises et son histoire très ancienne est un bon point de départ, couplé avec une visite du Musée national des Îles Féroé pour comprendre l’histoire du peuplement et s’imprégner de l’atmosphère féroïenne, faite de légendes et de croyances. - Si vous souhaitez être guidé, le site Guide to Faroe Islands propose des tas de visites guidées, en anglais. L’offre est riche et va du tour photo à la rando d’hiver en passant par l’observation des oiseaux ou l’excursion en bateau. Elin Hentze est une guide francophone culturelle reconnue sur place. - À Tórshavn, le Paname Café est le refuge idéal et cosy par temps de pluie. Il est adossé à une librairie où les ouvrages sur les Îles Féroé en anglais sont légion. - Situé dans la capitale, la Nordic House est un lieu à l’architecture étonnante où il fait bon s’arrêter dans son café vegan. Cette institution culturelle affiche une programmation artistique ambitieuse qui témoigne de la vitalité culturelle des îles.     À LIRE, ÉCOUTER ET VOIR : - La littérature féroïenne est aujourd’hui en plein essor, portée à l’étranger par l’organisme Farlit. À noter que peu d’auteurs féroïens sont traduits en français. Parmi eux, Jóanes Nielsen qui a publié aux Éditions La Peuplade « Les collectionneurs d’images », un ouvrage fort et habité sur le quotidien rude des Féroïens dans les années 60-70, entre poids de l’église et vies de labeur en mer. - À Tórshavn, une seule adresse, incontournable et géniale pour les amateurs de musique 100% Féroé : Tutl Records. À la fois magasin de disques, musée de l’histoire de la musique dans l’archipel et producteur d’artistes féroïens depuis près de 50 ans, les lieux ont été initiés par le musicien Kristian Blak, un passeur d’histoires et de musiques unique en son genre. Si vous avez la chance de le croiser à Tutl, il est francophone. - Parmi les artistes féroïens, on vous recommande la grande Eivør, artiste féroïenne la plus connue à l’international, ou encore Elin Brimheim Heinesen. Dans la jeune génération, allez écouter la touchante Greta Svabo Bech ou encore les jeunes trublions rock garage Joey and the Shitboys. La Cultural Night qui se tient chaque année en juin, est un bon moyen de découvrir l’effervescence musicale des îles, depuis la capitale. - De plus en plus d’étrangers viennent s’installer aux Îles Féroé et beaucoup passent un jour derrière les micros de Stella Zachariassen, une Féroïenne d’origine sri-lankaise et artiste touche-à-tout qui a lancé son podcast Home and Away. The Faroe Islands Podcast. Il fait la part belle aux récits des nouveaux venus dans l’archipel. - Parmi ces nouveaux venus, deux photographes français qui vivent depuis 2021 sur place et mène un travail d’images tout en finesse sur les Féroé. D’un côté, Lucas Frayssinet poursuit un travail documentaire au long cours sur les traditions du peuple féroïen, en particulier autour de la pêche. De l’autre, Ophélie Giralt mène actuellement une exploration visuelle et sensible autour de l’enfance et des contes et légendes de l’archipel. À découvrir aussi les images lunaires de Kevin Faingnaert aux îles Féroé.
4/8/202348 minutes, 30 seconds
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Les îles Féroé, le pays du peut-être (1/2)

Situé au-delà du 60è parallèle Nord, au beau milieu de l’Atlantique Nord, quelque part entre l’Islande et l’Écosse, ce chapelet de 18 îles volcaniques est longtemps resté méconnu et isolé. Aujourd’hui, ces confins sauvages et majestueux attirent de plus en plus de voyageurs, férus de nature et de culture à l’état brut. Surtout que sur place, les attend un peuple fier et attachant, à l’identité féroïenne passionnante. Aux Féroé, sur ces terres de landes verdoyantes, truffées de moutons, d’oiseaux, de cascades, de montagnes et de falaises déchiquetées par la mer, les panoramas sont sublimes, époustouflants. Encore faut-il que le brouillard épais du Nord n’ait pas décidé de gâcher la vue ? Car là-bas, le climat est rude et particulièrement changeant. Le vent souffle fort et la pluie tombe, paraît-il, près de 300 jours par an. En ces lieux qui comptent plus de moutons (80 000) que d’habitants (53 000), chaque apparition du soleil fait alors l’effet d’une bénédiction, offrant des lumières typiquement nordiques, entre bleu profond de la mer et ciel mordoré. Sans parler de l’hiver, où il n’y a que 5 heures de lumière par jour. Ainsi, sur ces cailloux de basalte, il faut apprendre à déposer les armes de la certitude et faire avec le temps et les éléments, comme ont finalement appris à le faire, depuis des siècles, les Féroïens, descendants de Vikings et de femmes celtes, longtemps pêcheurs de père en fils. D’ailleurs, parce qu’ici la nature règne en maître, les Féroé ont été surnommées par les Anglais, passés par là pendant la Seconde Guerre Mondiale « The land of maybe », le pays du peut-être… Aujourd’hui au XXIè siècle, l’archipel subarctique dépend toujours du Royaume du Danemark, mais il dispose depuis 1948 d’une autonomie importante et s’exprime dans sa langue : le féroïen. Longtemps proscrite par les Danois, cette langue a toujours été le socle d’une culture décidément particulière, faite de traditions orales, de sagas nordiques et de ballades héroïques datant du Moyen-Age. Et rares sont les endroits dans le monde, où l’on peut rencontrer, comme c’est le cas aux îles Féroé, des traditions aussi vivantes et vibrantes parmi la population. Bien sûr, la chasse traditionnelle de cétacés, le fameux Grindadráp est la plus décriée et contestable d’entre toutes, pour son archaïsme et sa violence. En voyage sur place, il est intéressant d’échanger à ce sujet avec les Féroïens, afin de comprendre comment ce peuple s’appuie sur ces traditions mais les interroge aussi. Car la société féroïenne bouge et s’est considérablement développée grâce à l’argent de la pêche, en particulier l’élevage de saumon. En à peine vingt ans, la capitaleTórshavn a vu fleurir cafés, restaurants, galeries d’art et lieux de musique prisés des touristes et des Féroiens. Car la nation est particulièrement musicale, artiste dans l’âme, inspirée par cet environnement naturel si puissant qui l’entoure. Dans ces confins volcaniques battus par les vagues et les vents, on circule désormais facilement entre les îles, via des tunnels sous-marins dernier cri ; et les lieux se prêtent à la randonnée, l’imperméable jamais très loin, sur des sentiers historiques ouverts par les anciens, à une époque où l’on ne pouvait que marcher dans les montagnes. Car au-delà des paysages à couper le souffle, c’est cela que l’on retient d’un voyage aux Féroé : à quel point ce peuple a résisté et lutté pour se maintenir sur ces îles, contre vents, marées et vagues de colonisation, entre survie et harmonie avec la nature. Un reportage en 2 épisodes de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary, initialement diffusé en juillet 2022. Avec le concours du Labo RFI.      Y ALLER : - Deux fois par semaine à partir du mois d'avril, un vol direct d’Atlantic Airways relie les Féroé à la France. Durée de vol : 2h40 seulement - Pour préparer votre voyage, le site de Visit Faroe Islands est une mine d’informations, en anglais. Le territoire étant petit et bien exploré, tout y est, ou presque !   EN VOYAGE :  - Sur place, le mieux est de se baser dans la capitale Tórshavn depuis laquelle on circule facilement entre les îles par les tunnels et les ferrys. L’hôtel Føroyar, idéalement situé sur les hauteurs de la ville, offre une vue imprenable sur le port et la baie. - Dans les endroits plus isolés, il est possible de recourir à l’Heimablídni soit « hospitalité à la maison », un concept qui s’est développé avec le tourisme, faute de restaurants dans tout l’archipel. Des Féroïens proposent alors chez eux des plats locaux typiquement féroïens. Une bonne occasion de rencontrer des habitants, souvent anglophones, comme Lena et Jakup qui font l’Heimablidni, dans leur maison-jardin Garðarhúsið, ou chez Harriett et John, un jeune couple touche à tout, éleveur de moutons, commerçant et photographe qui reçoit en table d’hôtes à la maison Hanusarstova, sur l’île d’Esturoy. Harriett, instagrameuse et bergère, fait par ailleurs des clichés romantiques et inspirées de ses bêtes. Elle prépare prochainement un hébergement à la ferme, avec vue sur la mer et les vastes prés. - Les îles regorgent de sentiers de randonnée qui mènent à des cascades comme celle de Gásadalur, des lacs comme celui de Sørvágsvatn, parfois en partant de petits villages typiques de pêcheurs avec ses maisons aux toits de tourbe. - À découvrir pour les passionnés d’oiseaux l’île de Mykines. C’est le paradis des oiseaux marins (macareux, puffins) qui se gagne par la mer depuis Sorvagur. Attention, la météo peut annuler tout départ à Mykines. - Le village de Kirkjubøur, avec ses églises et son histoire très ancienne est un bon point de départ, couplé avec une visite du Musée national des îles Féroé pour comprendre l’histoire du peuplement et s’imprégner de l’atmosphère féroïenne, faite de légendes et de croyances. - Si vous souhaitez être guidé, le site Guide to Faroe Islands propose des tas de visites guidées, en anglais. L’offre est riche et va du tour photo à la rando d’hiver en passant par l’observation des oiseaux ou l’excursion en bateau. Elin Hentze est une guide francophone culturelle reconnue sur place. - À Tórshavn, le Paname Café est le refuge idéal et cosy par temps de pluie. Il est adossé à une librairie où les ouvrages sur les îles Féroé en anglais sont légion. - Situé dans la capitale, la Nordic House est un lieu à l’architecture étonnante où il fait bon s’arrêter dans son café vegan. Cette institution culturelle affiche une programmation artistique ambitieuse qui témoigne de la vitalité culturelle des îles.     À LIRE, ÉCOUTER ET VOIR : - La littérature féroïenne est aujourd’hui en plein essor, portée à l’étranger par l’organisme Farlit. À noter que peu d’auteurs féroïens sont traduits en français. Parmi eux, Jóanes Nielsen qui a publié aux Éditions La Peuplade « Les collectionneurs d’images », un ouvrage fort et habité sur le quotidien rude des Féroïens dans les années 60-70, entre poids de l’église et vies de labeur en mer. - À Tórshavn, une seule adresse, incontournable et géniale pour les amateurs de musique 100% Féroé : Tutl Records. À la fois magasin de disques, musée de l’histoire de la musique dans l’archipel et producteur d’artistes féroïens depuis près de 50 ans, les lieux ont été initiés par le musicien Kristian Blak, un passeur d’histoires et de musiques unique en son genre. Si vous avez la chance de le croiser à Tutl, il est francophone. - Parmi les artistes féroïens, on vous recommande la grande Eivør, artiste féroïenne la plus connue à l’international, ou encore Elin Brimheim Heinesen. Dans la jeune génération, allez écouter la touchante Greta Svabo Bech ou encore les jeunes trublions rock garage Joey and the Shitboys. La Cultural Night qui se tient chaque année en juin, est un bon moyen de découvrir l’effervescence musicale des îles, depuis la capitale. - De plus en plus d’étrangers viennent s’installer aux Îles Féroé et beaucoup passent un jour derrière les micros de Stella Zachariassen, une Féroïenne d’origine sri-lankaise et artiste touche-à-tout qui a lancé son podcast Home and Away. The Faroe Islands Podcast. Il fait la part belle aux récits des nouveaux venus dans l’archipel. - Parmi ces nouveaux venus, deux photographes français qui vivent depuis 2021 sur place et mène un travail d’images tout en finesse sur les Féroé. D’un côté, Lucas Frayssinet poursuit un travail documentaire au long cours sur les traditions du peuple féroïen, en particulier autour de la pêche. De l’autre, Ophélie Giralt mène actuellement une exploration visuelle et sensible autour de l’enfance et des contes et légendes de l’archipel. À découvrir aussi les images lunaires de Kevin Faingnaert aux îles Féroé.
4/2/202348 minutes, 30 seconds
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Fridtjof Nansen, l'explorateur diplomate

Comment passe-t-on de champion de ski à Prix Nobel de la Paix ? De héros polaire à créateur d’un statut pour les réfugiés ? C’est la question à laquelle s’efforce de répondre l’écrivain français Alexis Jenni, auteur d’une réjouissante biographie consacrée à l'explorateur norvégien passé diplomate. Héros dans son pays la Norvège, Fridtjof Nansen (1861-1930) occupe une place de choix dans le panthéon des grands explorateurs pionniers des Pôles. À son palmarès, on peut notamment citer sa traversée à ski de 1888, la première d’est en ouest du Groënland alors que son cœur, l’inlandsis est encore largement inexploré. Aussi et surtout, Nansen a été le chef d’expédition tenace et visionnaire à l’initiative de la folle odyssée de 3 ans du Fram, un navire enserré dans la glace et conçu spécialement à cet effet. Cette expédition va alors mettre à jour la dérive transpolaire et l’existence d’un fort courant marin sur l’océan Arctique. Après de tels exploits, le Norvégien épris d’aventures, de sciences et d’idéaux va ensuite mettre en place, au sortir de la Première Guerre Mondiale, le passeport Nansen : un document unique qui va représenter la première véritable mesure de protection des réfugiés dans l'histoire du droit international et sauver pour ainsi dire des milliers de vies. Dans les nombreux portraits sépia qui existent de Fridtjof Nansen, il apparaît toujours impeccable, le regard perçant, direct, jamais fuyant, laissant deviner une personnalité sûre d’elle, sérieuse, un brin austère peut-être. Dans ses écrits et journaux de bord, il exprime par contre une vraie sensibilité pour l’environnement arctique, ses lumières, la force de ses paysages comme pour les Inuits qui les peuplent. Toute sa vie, il va d’ailleurs louer le génie autochtone et s’inspirer pour ses expéditions de leurs techniques de vie en milieu polaire tout en condamnant les méfaits de la colonisation. Figure romanesque, romantique et engagée, l’explorateur est donc loin du monolithe héroïque qu’on a voulu forger à son sujet. Une dualité riche, complexe et une trajectoire de vie hors du commun qui mérite le voyage.   Avec Alexis Jenni, auteur de « Le Passeport de Monsieur Nansen ».   À lire : - « Le passeport de Monsieur Nansen », d’Alexis Jenni. Éditions Paulsen. 2022 - « Vers le pôle », de Fridtjof Nansen. Une version richement illustrée du récit de l’odyssée du Fram, paru aux Éditions Paulsen. 2014 - « J’aurais pu devenir millionnaire. J’ai choisi d’être vagabond », d’Alexis Jenni. Le récit de la vie du grand naturaliste américain John Muir est paru en poche aux Éditions Paulsen. 2022. - « J’aurais pu devenir millionnaire. J’ai choisi d’être vagabond », de Clément Baloup. La vie et le parcours de John Muir adapté en BD et paru aux Éditions Paulsen. 2022.      
3/26/202348 minutes, 30 seconds
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«Faire la coutume»: un chemin kanak

En Nouvelle-Calédonie, celui qui viendra à la rencontre du peuple kanak se doit d’abord, en guise de bonjour et de respect, de « faire la coutume »: un geste simple mais solennel, où la parole accompagne une offrande symbolique qui signe le début d’une relation, d’une reconnaissance et marque l’entrée dans un monde autochtone, vieux de plus de 3 500 ans.  « Faire la coutume » est le signe le plus quotidien et le plus visible de la culture kanak. Un geste que la plupart des personnes séjournant dans l’archipel découvrent à un moment ou à un autre, en n’y voyant parfois qu’un folklore sympathique et nébuleux, sans en saisir toute la portée. Or, ce genre d’échanges dépasse les simples préalables à l’entrée dans une maison et ces « coutumes », ces discours, ces offrandes (généralement une pièce de tissu accompagnée d’un billet de banque) et contre-offrandes sont présents à chacune des étapes importantes de la vie du peuple autochtone kanak : naissance, passage à l’âge adulte, mariage, mort. Plus l’événement est important, plus ces « coutumes » vont l’être également, impliquant d’autres présents plus importants : monnaies traditionnelles, ignames (la tubercule emblématique du monde océanien)... Dans l’histoire, ce monde mélanésien sera profondément bouleversé par la colonisation française qui va mettre à mal ce socle identitaire puissant que représente la coutume kanak. Après quoi, à force de luttes menées dès les années 1970 par le mouvement indépendantiste porté par les Kanak, la coutume va être de plus en plus reconnue. Et en Nouvelle-Calédonie, un droit coutumier autochtone existe désormais -un cas rare au sein de l’État français- et des institutions comme les aires coutumières et le Sénat coutumier ont vu le jour. Mais au-delà de ce maillage institutionnel complexe, à l’image de l’histoire néo-calédonienne, la coutume structure toujours la vie des Kanak au quotidien, dans une société organisée autour de clans, sous l’autorité dechefferies. Et « faire la coutume » vient rappeler à celui qui arrive le sens du rituel, de l’hospitalité et de la parole donnée. Car prendre le temps de la coutume, c’est prendre le temps de la rencontre et du dialogue…  Voyage à la découverte d’une tradition vivante et en mouvement, dans une Nouvelle-Calédonie multiculturelle, abritant des communautés d’origine océanienne, européenne ou asiatique. Sur des chemins traditionnels qui nous amènent jusqu’à l’autre avec un grand A.  Un voyage sonore de Benoît Godin.   Pour aller plus loin :  Le beau et riche livre Coutume kanak, de Sébastien Lebègue (Éditions Au vent des îles / ADCK – Centre culturel Tjibaou, 2018). Une plongée dans la culture du peuple premier de Nouvelle-Calédonie, magnifiée par les photos et dessins de l’auteur. Le site web qui a accompagné sa publication vaut également le détour : Coutume kanak.
3/19/202348 minutes, 30 seconds
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Tendi Sherpa, fils de l’Everest

Après 20 années passées sur les plus hautes montagnes du monde et 21 ascensions à plus de 8 000 mètres d’altitude, la trajectoire de ce guide sherpa force le respect. Parce qu'il défend une approche humble, humaniste de son métier et des montagnes, Tendi est une voix qu’il faut écouter dans un contexte ahurissant de marchandisation de l’Everest. Au Népal, dans la chaîne mythique de l’Himalaya, les plus hautes montagnes du monde renferment la mémoire de tous ceux qui les ont arpentées : des Européens, mais aussi des Népalais, des Sherpas surtout, qui depuis les années 1950, n’ont eu de cesse de guider et rendre possible les grandes expéditions occidentales, en quête de records et de premières sur ces vertigineux sommets, à commencer par l’Everest, le Toit du monde culminant à 8 849 mètres. Pendant longtemps, l’histoire de l’Himalayisme —comme beaucoup d’autres histoires- s’est écrite uniquement du côté des Occidentaux. Laissant dans l’ombre, les locaux, les Sherpas, une ethnie tibétaine installée au Népal qui plus que tout autre, connaît et vit au quotidien ces lieux d’altitude, les grimpe, les craint, les vénère aussi. Mais l’histoire n’est jamais écrite d’avance et aujourd’hui, on assiste à une profonde transformation du secteur économique des ascensions et des treks là-bas, à une professionnalisation aussi des guides sherpa. Et de nouvelles figures, locales cette fois, émergent dans le panthéon des « héros » de l’Everest. Tendi Sherpa est de ceux-là, et à sa manière, il représente bien cette nouvelle élite de guide polyglotte et formée. Né en 1983 dans un village reculé de la vallée de Khembalung, celui qui sera enfant moine dans un monastère bouddhiste puis porteur à 13 ans, puis guide et chef d’expédition certifié à l’international, est devenu l’un des guides les plus respectés de son milieu. Comme d’autres Sherpas, Tendi défend une approche plus raisonnée de la montagne, en respect avec le milieu qui les nourrit et les a vus grandir. Chez lui, pas d’obsession de performances ou d’ascension à tout prix. Depuis le terrible accident de 2014 sur l’Everest qui a coûté la vie à 16 Sherpas, il est de ceux qui cherchent à valoriser et défendre le métier, accompagnant avec sa fondation les orphelins de Sherpas décédés en haute montagne ainsi que les écoliers de son village natal, encore très reculé. Le tourisme d’altitude occidental génère des richesses considérables et le déséquilibre est saillant dans un pays encore très pauvre, qui affiche un revenu mensuel moyen de 100 dollars seulement. Suivre le pas pressé de cet enfant des montagnes et de l’Everest, c’est alors comprendre les bouleversements fulgurants qu’a connus le Népal, petit pays coincé entre les géants chinois et indiens ouvert aux étrangers depuis 1951 seulement, et devenu depuis le terrain de jeu des alpinistes du monde entier. Pour les Occidentaux, le plus haut sommet du monde s’appelle Everest mais pour les Sherpas, il sera toujours Chomolungma soit la mère des montagnes.   Avec Tendi Sherpa, guide népalais certifié de l’Union Internationale des Associations de guide de montagne (UIAGM) et Flore Dussey, journaliste suisse et autrice d’une biographie consacrée à Tendi.   En savoir plus :  - Sur le livre « Tendi Sherpa, plus haut que l’Everest ». Une biographie écrite par Flore Dussey. Éditions Glénat - Sur l’association Népalko Sathi qui mène des projets éducatifs et agro-écologiques dans la vallée de Khembalung - Sur la Fondation Tendi Sherpa et son agence suisso-népalaise Audan Trekking - Sur l’histoire de l’alpinisme depuis 1945 dans l’Himalaya et le monde.
3/12/202348 minutes, 30 seconds
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Sur la piste des ethnies minoritaires au Sénégal Oriental

Ils et elles sont Bédick, Bassari, Coniagui et Dialonké : quatre communautés du Sénégal Oriental mises à l’honneur par le Festival des Ethnies Minoritaires, dont la 6e édition s’est tenue en février dans la région de Kédougou. Au sud-est du Sénégal, non loin de la Guinée et du Mali voisins, se trouve un trésor national de musiques, de danses et de traditions qui font la grande diversité culturelle du pays. Ce trésor porte ici le nom d’ethnies minoritaires qui s’enracinent et résistent loin des grands centres urbains, dans des cultures animistes ancestrales et fascinantes. À l’occasion du Festival des Ethnies Minoritaires organisé en février 2023 par l’Association des Minorités Ethniques, elle-même soutenue par l’ONG française de coopération internationale Tetraktys, on découvre la force, la persistance mais aussi la fragilité de ces cultures. Et en voyage en Pays Bassari, dans des terres de savanes boisées, de grottes, de cascades et de collines, on comprend bien comment diversité naturelle et diversité culturelle s’entremêlent et se nourrissent depuis toujours. C’est la raison pour laquelle en 2012, l’Unesco a classé cette région rurale et isolée « Patrimoine mondial de l’Humanité », pour ses richesses à la fois naturelles et culturelles. Aujourd’hui, qu’elles soient Coniagui, Bassari, Dialonké ou Bédick, les ethnies minoritaires sont menacées par le réchauffement climatique, l’exode rural et la disparition de certains rituels par manque de transmission d’une mémoire orale. Rencontre avec des villageois, des chefs de coutumes et des guides qui partagent et défendent leurs savoirs, leurs traditions : leur identité. Un reportage à Bandafassi de Raphaëlle Constant.    En savoir plus : - Sur les 4 ethnies minoritaires du Sénégal Oriental, un document utile édité par l’Association des Minorités Ethniques - Sur l’action de l’ONG Tetraktys qui intervient depuis 20 ans au Sénégal Oriental et accompagne le développement d’un tourisme durable dans la région - Sur le projet de circuit culturel et touristique en Pays Bassari La piste du Caméléon - Sur le photographe français Julien Masson, auteur des images qui accompagnent ce voyage sonore.
3/5/202348 minutes, 30 seconds
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La montagne en partage

Depuis que l’alpinisme ou les sports d’hiver comme le ski se sont développés dans les Alpes et ailleurs, force est de constater la montagne est devenue le terrain d’inégalités profondes. Un domaine d’altitude réservé à ceux qui ont les moyens de l’arpenter, de s’y projeter. Un espace de privilèges, masculin souvent, de blanchité aussi. Comme un plafond, non pas de verre, mais de glace ou de neige… Mais certains s’attachent à le briser. Dans les Alpes, les Grandes Jorasses, les Droites, le Cervin, le Schreckhorn, l’Aiguille Blanche de Peuterey, l’arête du Brouillard, le Weisshorn ou le Mont Blanc font partie des 82 sommets qui s’élèvent à 4 000 mètres et plus. Atteindre ces sommets est un vieux et grand rêve d’alpiniste. Le rêve que fait depuis dix ans l’association française 82-4000 Solidaires (un nom donné en écho à ces sommets alpins) va, lui, plus loin. Et consiste à emmener en haute montagne tous ceux qui en sont exclus ; parce qu’une ascension avec un guide coûte cher, parce qu’ils considèrent que là-haut n’est pas leur place, parce que jamais personne, finalement, ne les y a emmenés, invités ou accueillis.  Aujourd’hui, le ski, sport d’hiver roi dans les montagnes ne concerne que 7% des Français et il en coûte près de 4 000 euros pour une semaine au ski, pour une famille de quatre. Aussi, les classes de neige qui, jusque-là, offraient au plus grand nombre un premier goût de la montagne, fondent comme neige au soleil : une baisse de 30% par exemple en région parisienne, faute souvent de moyens, en raison de coupes budgétaires. Pourtant, les classes de neige et cette idée plus largement de la montagne pour tous, éducatrice, bienfaitrice, c’était en France un idéal fondateur de l’après-guerre, issu des grands mouvements d’éducation populaire, laïcs ou chrétiens, nés à l’entre-deux-guerres dans le sillage des acquis sociaux du Front Populaire.  Défendre une montagne accessible, inclusive et solidaire, c’est donc la mission que s’est donnée l’association 82-4000 Solidaires, en collaboration notamment avec le mouvement ATD Quart Monde. Constituée de guides, d’alpinistes français ou de passionnés de montagne, l’association propose des stages d’alpinisme à des personnes en grande précarité et revendique par là un droit aux loisirs et à la montagne pour tous. Depuis 2013, ce réseau de bénévoles a déjà réalisé 75 stages, faisant de la montagne et des ascensions en cordée un outil de construction personnelle, d’insertion sociale et de partage tout simplement. Rencontre avec Hugues Chardonnet, médecin, diacre, guide de haute montagne et fondateur de l’association 82-4000 Solidaires.  Plus d’infos : - Sur l’association 82-4000 Solidaires née à Briançon dans les Hautes-Alpes. Une antenne en Haute-Savoie a déjà vu le jour et une nouvelle dans les Pyrénées va prochainement ouvrir. - Sur « Les Rencontres de la montagne partagée » co-organisées chaque année par « 82-4000 Solidaires », « CAF Jeunes en Montagne » et « En passant par le Montagne », 3 associations qui œuvrent pour rendre la montagne plus accessible, solidaire et inclusive. - Sur le mouvement ATD Quart Monde avec lequel collabore l’association 82-4000 Solidaires. À lire : - « Les sommets sont à tous ! Partager la montagne avec les plus pauvres » de Laureline Dubuy et Hugues Chardonnet. Éditions Glénat. 2022 - « La montagne pour tous. La genèse d’une ambition dans l’Europe du XXe siècle » d’Olivier Hoibian. Éditions Le Pas d’oiseau. 2020. - « De la MJC aux sommets alpins. Enjeux autour d’une culture populaire de la montagne ». Un article de la doctorante en géographie Léa Sallenave, datant de 2019, à retrouver ici en ligne - « Les Enfants de la Clarée », de Raphaël Krafft. Éditions Marchialy. 2021. Un récit autour de l’arrivée en 2017 de migrants, souvent guinéens, à la frontière franco-italienne, près de Briançon et le réseau d’habitants qui s’est constitué pour les aider.
2/26/202348 minutes, 30 seconds
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«Sorginak»: à la redécouverte des sorcières du Pays Basque

Entre le sud-ouest de la France et le nord de l’Espagne, s’est jouée au XVIIè siècle une chasse aux sorcières éclair, qui va marquer les esprits. Et aujourd’hui, le Pays Basque revendique la mémoire de ses « Sorginak », loin des clichés folkloriques. Tremblez, les sorcières sont de retour ! Pendant près de 300 ans, en Europe et ailleurs dans le monde, des hommes, la raison dans une main et la croix dans l’autre, ont mené dès le XVè siècle une inlassable chasse aux sorcières, imaginant des simulacres de procès, des tortures indicibles et des meurtres de masse s'abattant surtout sur les femmes. Au XVIIè siècle, au Pays Basque, alors que les hommes étaient partis pêcher au large des côtes canadiennes, on a raconté que des messes noires se tenaient en forêt, dans des grottes, au sommet de la Rhune, dans la montagne Jaizkibel ou sur les plages d’Hendaye. Et sous le règne d’Henri IV, d’importants procès en sorcellerie ont eu lieu dans la région, en particulier en 1609. Cette date reste gravée dans la mémoire des Basques, comme elle l’est dans les monuments qui rendent hommage aux victimes de ces procès. Et de part et d’autre de la frontière, en Espagne et en France, des guides culturels, des historiens locaux et des musées s’attachent à rappeler le contexte qui a présidé à ces expéditions meurtrières, visant des femmes trop affranchies mais aussi une région et une culture basque trop rebelle à l’ordre établi et au pouvoir royal.   Plus largement, ce pan de l’histoire, jadis méconnu voire méprisé, est désormais largement appréhendé et déconstruit dans une lecture de genre salutaire. Et en Europe, souffle enfin un vent de justice et de réhabilitation de ces femmes accusées à tort d’être maléfiques dans une fabrique du mal et de la domination à peine croyable. La figure de la sorcière, édentée et au nez crochu, est alors devenue en Occident une icône féministe. Parce qu’elle dit beaucoup du sort réservé aux femmes à travers les siècles et de notre rapport au monde invisible et païen. Et c’est ce que l’on découvre au Pays Basque, en suivant le sillage de la « Sorgin »… Un reportage d’Inès Edel Garcia, initialement diffusé le 12 juin 2022.   À découvrir :  - Le musée des sorcières à Zugarramurdi a ouvert en 2007 dans un ancien hôpital. Au premier étage, on découvre comment le mythe de la sorcière est né. On y présente les 33 personnes originaires de la vallée, accusées de sorcellerie et condamnées au procès de Logroño organisé par l'Inquisition espagnole en 1610. Le deuxième étage est consacré à la mythologie basque, aux rites et à la figure de l'herboriste. - À Saint-Pée-sur-Nivelle, sur la place rebaptisée «Place 1609» par l’association Lapurdi 1609, la sculpture Oroit Mina (En souvenir de la douleur) de Nestor Basterretxa a été érigée en 2009 à l’occasion des commémorations des 400 ans des procès du Labourd. Derrière, on devine le château de Saint-Pée-sur-Nivelle aujourd’hui en ruines. C’est là que s’était établi le tribunal laïc du juge Pierre de Lancre. - Depuis 2020, le guide Julien Gaüzère propose la Marche des sorcières, une randonnée transfrontalière de 8 km (3h30) au départ des grottes de Sare. La balade s’achève dans le village de Zugarramurdi avec la visite de la grotte. Aujourd’hui, c'est un site touristique payant, mais jusqu’au début des années 2000, la grotte accueillait chaque été une importante Fête des sorcières qui réunissait 15 000 personnes environ. - La Sorgin Gaua (Nuit de la sorcière) est organisée chaque année à Ciboure par l’association Donibane Ziburuko Ihauteriak. Au programme : défilé en habits traditionnels au rythme des cloches et danse autour du feu en mémoire des akelarre. - Le projet «Sourcière» du duo d’artistes -Y-est né en 2019. Pendant deux ans de résidence artistique au sein de la structure COOP, les artistes plasticiennes Julie Laymond et Ilazki de Portuondo ont mené une enquête sur l’empreinte de la magie sur le territoire basque en partant sur les traces d’Inessa de Gaxen, une femme condamnée à l'exil après le procès de Logroño. Ce travail a donné lieu à une première exposition à Orthez en septembre 2021.   À lire : Sur les chasses aux sorcières et la figure de la sorcière dans le monde : - Silvia Federici, Caliban et la sorcière, Éditions Entremonde et Senonevero, 2014  - Mona Chollet, Sorcières, la puissance invaincue des femmes, Éditions La Découverte, Zones, 2018  - Céline Du Chéné, Les Sorcières - Une histoire de femmes, Éditions Michel Lafon, 2019  - Catherine Clément, Le musée des sorcières, Éditions Albin Michel, 2020.   Sur les chasses aux sorcières et la mythologie au Pays Basque : - Jacques Ospital, La chasse aux sorcières au Pays Basque en 1609, Éditions Piperrak-Pimientos, 2009  - Claude Labat, Sorcellerie ? : ce que cache la fumée des bûchers de 1609, Elkar Éditions, 2009 - José Miguel Barandiaran Ayerbe, Brujería y brujas. Testimonios recogidos en el País Vasco, Txertoa, 2008 - Toti Martínez de Lezea, Leyendas de Euskal Herria, Erein, 2004.   
2/19/202348 minutes, 30 seconds
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Guillaume Néry, une nature profonde

Rencontre avec l’ancien champion du monde d’apnée qui a su faire de ses plongées un art de vivre, un rapport au monde et un plaidoyer pour la préservation des océans. « Je ne suis pas un homme-poisson », annonce d’emblée Guillaume Néry. Pourtant, depuis 25 ans qu’il plonge dans les mers du monde, l’apnéiste français a fait de ses nages une danse ; mieux, une évidence. Peut-être parce que dans l’eau, après avoir cumulé les records du monde, puis abandonné toute compétition suite à un accident, Guillaume Néry a trouvé sa place. La juste place que nous cherchons tous, peut-être, face aux éléments naturels.  Sa place à lui, c’est celle d’un homme qui arrête, un temps, de respirer pour mieux s’immerger dans un autre monde. Un monde sous-marin, de lenteur et de profondeur. Pour Guillaume Néry, la mer est plus qu’un horizon, c’est une boussole. Le corps ? Un allié, fragile mais indispensable, pour poursuivre cette relation intime qu’il a entamée très tôt avec la mer, lui le Niçois, né il y a 40 ans sur les rives de la Méditerranée où il vit et plonge toujours. Depuis une décennie au moins, l’ancien champion du monde multiplie les initiatives (livres, films, conférences, académie de plongée en apnée...) pour partager sa passion des abysses et alerter sur le drame écologique qui se joue aussi au fond des mers. Et avec lui, la planète bleue n’a jamais si bien porté son nom… Voyage en eaux et en ondes profondes avec l’explorateur des mers, à l’occasion du Festival « Objectif Aventure ».   En savoir plus : - Le site de Guillaume Néry. Pour visionner notamment ses vidéos et suivre son actualité. - L’école de plongée Bluenery Academy, fondée à Villefranche-sur-Mer par G. Néry et Bastien Soleil - Le livre « Nature aquatique », de Guillaume Néry. Éditions Arthaud - Le Festival Objectif Aventure qui s’est tenu fin janvier 2023 à Paris.
2/12/202348 minutes, 30 seconds
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Une histoire des lointains

Sans cesse repoussées, les limites du monde connu ont toujours fasciné et inquiété l’Occident. Propices à l’imaginaire et au voyage, ces lieux ont d’abord relevé de l’étrange pour être ensuite largement explorés et dominés. Politiques, exotiques ou magnétiques, les lointains ordonnent l’espace et renseignent sur ceux qui s’y projettent. Avant tout élan de voyage et mise en mouvement du corps et des hommes, existe un point de mire, un horizon qui intrigue et dépasse, emmène et embarque. Ainsi, de longue date, les lointains ont nourri l’imaginaire des marins et des marcheurs, des naturalistes ou des découvreurs, des négociants ou des explorateurs. Dans cet équilibre fragile et incertain, entre réel et imaginaire, curiosité savante et esprit de conquête, attirance et répulsion, envie de savoir, mais aussi peur d’apprendre ce qu’il y a là-bas, au loin…  «Une histoire des lointains», c’est le nom du dernier ouvrage que vient de publier l’historien et philosophe français Georges Vigarello, qui n’en finit pas de creuser l’histoire du corps et de ses représentations en Occident. Et avec cet ouvrage passionnant, richement illustré, le corps n’est jamais très loin ; puisque Georges Vigarello vient interroger les ressorts de sa mise en mouvement ainsi que la peine des chairs subis en chemin, dans cette quête inassouvie qu’ont toujours eue les Occidentaux pour les lointains. Aussi, il ouvre de sagaces réflexions sur la servitude obligée que ces mêmes Occidentaux ont orchestrée à travers le temps, sur les terres et les êtres des lointains, entre esclavage, colonisation et exploitation.  Une traversée des corps, des peurs et des rêves d’ailleurs, mais aussi des dominations, c’est ce qu’offre ce très beau livre, truffé de cartes et de gravures anciennes représentant monstres marins, édens fantastiques ou «sauvages» nus forcément cannibales et repoussoirs. En rapprochant les lointains, l’Occident a bouleversé le monde et changé le cours de l’histoire.       
2/5/202348 minutes, 30 seconds
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Le sens de l’aventure

À l’occasion du Festival Objectif Aventure, Festival international du film d’aventure de Paris, on interroge aujourd’hui le sens de l’aventure. Parce qu’il est temps de déconstruire la figure mythique, solitaire et souvent masculine de l’aventurier, bravant les dangers et l’inconnu à l’autre bout du monde ; et de plaider pour de nouveaux récits et un autre rapport au monde. L’aventure a mille visages ; mais bien souvent, dans les films et les récits d’aventures contemporains, on suit surtout le périple d’âmes solitaires lancées à la découverte du monde, des autres et d’eux-mêmes, que ce soit à vélo, en kayak, à ski ou à pied ; dans des circonstances parfois périlleuses, d’épreuves et de quête surtout. Mais quelle est cette quête au juste ? Que signifie encore aujourd’hui le fait de partir à l’aventure dans un monde déjà largement exploré, cartographié, arpenté ? Pourquoi chercher le risque, l’inconnu sur les chemins, quand d’autres, exilés, le subissent ? Pourquoi partir à l’assaut des sommets quand les glaciers fondent, ou chercher à tester ses limites quand la planète a pour ainsi dire atteint les siennes ? Les récits d’aventures, héroïques et homériques, ont souvent bercé nos enfances et nos imaginaires, comme ils ont guidé nos pas, parfois. Mais où nous mènent-ils finalement aujourd’hui ? L’aventure, cette noble école du courage et de la connaissance du monde, n’aurait-elle pas besoin, elle aussi, de boussole et de nouveaux récits ? C’est ce que nous allons essayer de savoir aujourd’hui, en compagnie de nos trois invités, également invités du Festival : l’anthropologue français et grand amoureux de la marche David Le Breton, la navigatrice et autrice française Isabelle Autissier et l’écrivain voyageur français Cédric Gras. Trois esprits de plein air et d’ouverture avec lesquels on va tâcher, en puisant dans de savoureuses archives radiophoniques, d’avancer dans cette réflexion presque philosophique, sur le sens de l’aventure. Car interroger le sens de l’aventure, c’est aussi interroger le sens de l’existence, de la marche du monde et de la vie… Chiche !   En savoir plus : - Sur le Festival Objectif Aventure de Paris. Une 5è édition présidée par Sylvain Tesson. Du 27 au 29 janvier 2023 - Sur l’aventurier, figure de la migration africaine - Sur les femmes aventurières, notre récit radiophonique «Le monde est à elles».   Bibliographie : - «Le naufrage de Venise», Isabelle Autissier, Éditions Stock, 2022 - «Les alpinistes de Staline», Cédric Gras. Éditions Stock, 2020 - «Marcher, éloge des chemins et de la lenteur», David Le Breton, Éditions Métailié, 2012 - «Passions du risque», David Le Breton, Éditions Métailié, 2000.
1/29/202348 minutes, 30 seconds
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Les géographies de Nicolas Bouvier

Portrait du grand écrivain voyageur suisse au gré des géographies sensibles, réelles ou imaginaires qu'il a traversées et si brillamment décrites dans ses récits.  Donner la parole aux images et aux instants fugaces du voyage, c’est ce qu’aura fait toute sa vie Nicolas Bouvier (1929-1998), auteur de «L'usage du monde», récit de son périple en Fiat Topolino jusqu'en Afghanistan dans les années 50 avec son ami peintre Thierry Vernet. Cet ouvrage, devenu culte, a marqué les lettres et les esprits nomades du XXème siècle.  Depuis longtemps à Si loin si proche, il est une référence, abondamment cité par nos invités, souvent lu dans ses écrits ou écouté dans de lumineuses archives ; mais jamais, jusqu’à aujourd’hui, nous n’avions eu l’occasion de retracer les contours de sa vagabonde existence, ni d’interroger le sillon profond que Nicolas Bouvier a laissé derrière lui : lui, le baroudeur et laboureur des mots, l’artisan brodeur d’histoires, attelé à son ouvrage et pas n’importe lequel : le récit -après usage- du monde. À l’origine, en grec ou en latin, le mot «géographie» signifie dessiner ou décrire la terre… Et pour Bouvier, parti très tôt sur les routes, la géographie se révèle surtout humaine, faisant du voyage une expérience unique de l'altérité et le matériau de ses écrits exigeants, sans cesse en mouvement. «Je suis un œil et un esprit qui se promènent», disait celui qui va également affûter son regard et son sens de l'image en tant qu'iconographe, métier qu'il exerçait par ailleurs.  Voyage au gré des géographies de l'écrivain nomade, de sa Suisse natale jusqu'en Asie centrale en passant par le Japon qui le fascinait tant. En compagnie du géographe genevois Alexandre Chollier, auteur de l'ouvrage richement illustré «Nicolas Bouvier, au gré des géographies», paru aux Éditions Paulsen. Un nouvel épisode de «Compagnons de route», notre collection de portraits radiophoniques d’écrivain.e.s voyageurs et voyageuses.   À lire : - «Nicolas Bouvier, Au gré des géographies». Alexandre Chollier. Éditions Paulsen - «Du coin de l’œil, écrits sur la photographie». Nicolas Bouvier. Édition établie et annotée par Alexandre Chollier. Éditions Héros Limite - «L’usage du monde». Nicolas Bouvier. Illustrations Thierry Vernet. Éditions la Découverte. - «Chronique Japonaise». Nicolas Bouvier. Éditions Payot - «Le poisson-scorpion». Nicolas Bouvier. Éditions Gallimard, Folio. - «Routes et déroutes. Entretiens avec Irène Liechtenstein-Fall». Éditions Métropolis.   À écouter : - «Poussières et musiques du monde». Un CD d’enregistrements de Nicolas Bouvier de Zagreb à Tokyo. Éditions Zoé - «Le vent des Routes. Entretiens avec et autour de Nicolas Bouvier». Éditions Zoé. Avec la Radio Suisse Romande.
1/22/202348 minutes, 30 seconds
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San Basilio de Palenque, morceau d’Afrique en Colombie

Fondé au XVIIème siècle par des esclavisés en fuite, ce village, situé à 70 kilomètres de Carthagène, est porteur d’une histoire et d’une culture noire à nulle autre pareille. Sur la place de San Basilio de Palenque, le buste de bronze d’un homme noir qui semble surgir de son socle de pierre, mains tendus et chaînes brisées, rappelle le long passé de lutte et de résistance à l’esclavage qu’a mené cet ancien village fortifié (Palenque signifie palissade), fondé dès le XVIIè siècle par des Noirs marrons ou «Cimarrons». En Amérique et dans les Caraïbes, ces communautés marronnes d’Africains déportés puis réduits en esclavage, qui ont pris la fuite et arraché leur liberté, sont nombreuses, et l’on cite souvent l’exemple des Quilombos au Brésil. Or San Basilio, la Colombienne, serait la première communauté noire libre du Nouveau Monde. Avec à sa tête : le chef légendaire Benkos Bioho qui, dès 1603, a fait plier la couronne espagnole et que l’on retrouve aujourd’hui en statue sur la place du village. Pendant longtemps, San Basilio de Palenque a vécu dans l’isolement et la relégation ; mais depuis quelques décennies, le village, classé en 2005 chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel par l’Unesco, attire de nombreux voyageurs étrangers. Des Afro-Américains ou Européens qui viennent voir de plus près ce morceau d’Afrique en Colombie. Sur les murs colorés de San Basilio de Palenque, la fierté noire se lit partout et la musique afro-colombienne palenquera comme la langue palenquera (un mélange de langues bantoues, espagnole et portugaise) se transmettent encore de génération en génération. Récemment, le pays a connu une petite révolution avec l’élection à la vice-présidence de Francia Marqués, première femme afro-colombienne nommée à un tel poste. Mais la Colombie, qui abrite la deuxième plus grande communauté noire d’Amérique du Sud après le Brésil, a encore du mal à se reconnaître dans sa diversité, pourtant si riche et inspirante. Un reportage de Frédéric Tonin.     À écouter - Son Palenque, Afro-Colombian Sound Modernizers, Vampi Soul, 2014 - El Sexteto Tabalá– Colombie : El Sexteto Tabala, Ocora, 1998 - El Sexteto Tabalá – Colombie : Les Rois Du Son Palenquero, Buda Musique, 1999 - Les joyeuses Ambulances - L’Art De Pleurer Les Ancêtres A San Basilio De Palenque, Buda Records, 2000 - Palenque De San Basilio, Ocora 2004 - Les productions du label pionnier Palenque Records.   À lire En français: - «L’or et l’obscurité» de Alberto Salcedo Ramos. Éditions Marchialy. Une biographie de Kid Pambélé, premier champion du monde colombien de boxe et grande figure afro-colombienne palenquero. - L’interview de Lucas Silva, fondateur du label Palenque Records sur le site Pan African Music.   En espagnol: - Palenque, comunicación territorio y resistencia, de Luis Ricardo Navarro Díaz - Palenque. Primer pueblo libre de América, de Roberto Arrazola Caicedo - Gramática y diccionario biligüe palenquero-español, de Solmery Casseres Estrada   À voir : - Les rois créoles de la champeta, de Lucas Silva et Sergio Arria, 1998 - Les fils de Benkos, Lucas Silva, 2003 - Del Palenque de San Basilio, de Erwin Goggel et Esperanza Bioho, 2003 - Herencias, Thomas Belet, 2020.
1/15/202348 minutes, 30 seconds
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«Les yeux grands ouverts»: voyage autour du monde d’Albert Kahn

À l’occasion de la réouverture du Musée départemental Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, en région parisienne, on part sur la planète, haute en couleurs et en images, de ce banquier philanthrope iconoclaste et visionnaire du XIXè siècle. (Rediffusion du 10 avril 2022) Le voyage, c’est « garder les yeux grands ouverts », disait celui qui, en 1898, une fois sa banque fondée, va créer sa première entreprise philanthropique : les bourses « Autour du monde ». Ces bourses de voyage de 15 mois, financées par Kahn, étaient alors destinées à des agrégés français, hommes d’abord, femmes et étrangers ensuite, dans l’idée de modifier le regard des élites, de les décentrer et les ouvrir au monde par l’expérience et l’immersion. Né en 1860 dans une famille juive alsacienne, Albert Kahn va orchestrer ensuite, au début du XXè siècle, une entreprise de collecte et d’inventaire de la beauté et de la réalité du monde, unique son genre : les Archives de la Planète. 72 000 autochromes,180 000 mètres de pellicules cinéma et 4 000 plaques stéréoscopiques noir et blanc vont être ramenés par une douzaine d’opérateurs, véritables aventuriers de l’image envoyés dans plus d’une cinquantaine de pays.  Un siècle plus tard, ces images sont saisissantes par leur couleur et l’intimité qu’elles dégagent encore, l’autochrome étant le premier procédé photographique en couleur naturelle inventé en 1903 par les Frères Lumière. Les films, en noir et blanc, obtenus eux à l’aide du Cinématographe créé aussi par les Frères Lumière en 1895, offrent de fascinantes fenêtres sur l’état du monde au début du XXè siècle, entre progrès techniques, Première guerre mondiale et temps coloniaux. Aujourd’hui, dans le Musée départemental Albert Kahn qui a rouvert ses portes en avril 2022, ces images se dévoilent dans une nouvelle muséographie et des espaces entièrement repensés par l’architecte japonais Kengo Kuma, situés sur l’ancien domaine de 4 hectares du banquier. À l’époque de Kahn, les lieux, aux allures de campus, servaient de base arrière à son projet philanthropique tourné vers un idéal de paix et de progrès, de fondations en bourses de voyage, d’imprimerie en laboratoire de biologie ou de développement de films. Aujourd’hui, ces lieux servent d’écrin à de nouveaux espaces permanents et temporaires d’exposition, qui offrent une plongée inédite dans l’œuvre et la trajectoire hors-norme de cet homme. Un homme insaisissable en quête de lumières et d’harmonie qui finira ruiné par la crise de 1930, et qui aura finalement passé toute sa fortune et son temps à défendre une meilleure connaissance du monde et des peuples, afin de garantir la paix et l’entente, sa grande œuvre, son idéal envers et contre tout. Un reportage de Céline Develay-Mazurelle. En savoir plus : - Sur le Musée Départemental Albert Kahn situé dans les Hauts-de-Seine - Sur Les Archives de la Planète, disponibles ici en open data. Diaporama
1/8/202348 minutes, 30 seconds
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Il était une fois Andersen…

Voyage en terre de contes, au Danemark, sur les traces du plus célèbre des Danois: Hans Christian Andersen. Un écrivain mondialement célèbre pour ses contes mais dont le destin, hors norme, demeure peu connu.  Rarement, un auteur aura autant puisé dans sa singulière existence matière à imaginer et écrire des histoires fantastiques, à la beauté tragique et étrange, mettant en scène de fragiles princesses au petit pois, un roi tout nu, une sirène opiniâtre ou des fleurs qui vont au bal pendant que les enfants sont au lit.  Né en 1805 à Odense sur l’île de Fionie, dans une famille aimante mais très pauvre, l’auteur de la Reine des Neiges, la Petite Fille aux Allumettes ou le Vilain Petit Canard a très tôt trouvé refuge dans l’imaginaire et la fantaisie, nourrissant le rêve de jouer, plus grand, sur une scène de théâtre. Parti seul à Copenhague dès l’âge de 14 ans, Andersen a dû lutter contre le froid, la faim et bon nombre de préjugés pour devenir l’immense écrivain reconnu dans le monde entier, qu’il a été de son vivant et qu’il est encore aujourd’hui.  Près de 150 ans après sa mort, dans les rues de Copenhague, la figure d’Andersen est partout présente: dans le nom des rues, les vitrines de souvenirs mais aussi dans le statuaire de la ville, où il apparaît souvent tel un magicien du XIXe siècle, avec sa longue cape de voyage et son chapeau haut de forme. À Odense, sa ville natale, un tout nouveau musée Andersen immersif et ambitieux, a ouvert ses portes en juin 2021. Imaginé par le studio d’architecture du japonais Kengo Kuma, les lieux invitent le visiteur à plonger dans un univers enchanté et inquiétant, truffé de fleurs métalliques, de silhouettes découpées au ciseau qui s’animent et d’objets qui parlent. Ici, on est très loin de l’univers Disney qui a adapté certains des récits les plus célèbres d’Andersen. La visite est poétique, teintée de la douce ironie dont Andersen avait le génie dans ses écrits, et ramène à des territoires de l’enfance insoupçonnés sinon oubliés.  Maître incontestable du papier découpé, Andersen a laissé derrière lui plus de cent soixante contes ainsi que six romans, une trentaine de pièces de théâtre, une impressionnante correspondance, trois recueils de poésie, quatre mille cinq cents pages de journaux intimes et sept récits de voyages. « Voyager, c’est vivre » disait-il. Et Andersen passera en effet sa vie, en nomade solitaire et farfelu, sans enfants ni famille, sur les routes du vaste monde, à la table des rois, des reines et des plus grands artistes de son temps.  Auteur de trois autobiographies, il a tenu à faire de sa vie un conte. Et c’est ce conte là que l’on vous raconte ici, entre Odense et Copenhague, entre hier et aujourd'hui, entre fiction et réalité, entre magie du conte et mélancolie de la vie. Un voyage sonore de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary, réalisé en collaboration avec le Labo RFI et Xavier Gibert. Émission initialement diffusée le 25 décembre 2021.     Pour préparer votre voyage sur les pas d'Andersen :  Le site de Visitdenmark regorge d’informations en français sur Andersen et les différents sites reliés au grand homme. À travers tout le Danemark, et particulièrement dans la jolie ville de Odense mais aussi l’élégante capitale Copenhague  Le musée ou HC Andersens Hus situé dans la ville d’Odense est un lieu incontournable qui mérite le voyage (1h30 en train seulement depuis Copenhague). Ouvert en juin 2021, sa scénographie est hypermoderne et son architecture impressionnante. Ce musée est adossé à la maison de naissance d’Andersen. Non loin, on peut également visiter la petite maison où Andersen a grandi.  Pour voyager en contes et en lettres : Oeuvres. Tome I & II. Hans Christian Andersen. Collection La Pléiade. Éditions Gallimard. 1992,1995. L’ensemble de ses contes ici réunis et quelques récits de voyage ainsi qu'une autobiographie dans une belle traduction de Régis Boyer. Contes d’Andersen illustrés par Edmund Dulac. Éditions BNF. 2016. Il ne faut pas passer à côté des sublimes aquarelles de Dulac qui a su saisir avec son pinceau l’étrange beauté des contes d’Andersen.  Le conte de ma vie. Hans Christian Andersen. Éditions Les Belles Lettres. 2019. Parce que le plus extraordinaire récit d’Andersen est sans doute celui qu’il a fait de sa vie Les papiers découpés d’Andersen. Éditions Ion. 2018. Pour découvrir les étranges silhouettes et compositions découpées dont Andersen avait le génie.  Andersen, les ombres d’un conteur. Nathalie Ferlut. Éditions Casterman. 2016. Une BD qui raconte avec brio qui se cache derrière les contes mondialement connus du grand écrivain danois.    
1/1/202348 minutes, 30 seconds
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Montana, un refuge en Amérique

Situé tout au nord des États-Unis, non loin du Canada, le Montana est un État rural, immense et sauvage. Là, entre les Rocheuses et les Grandes Plaines, les grands espaces de l’Ouest américain et la promesse de solitude qu’ils renferment, aimante depuis longtemps les rêves des pionniers en quête de liberté. C’est aussi là que se concentre la mémoire des luttes amérindiennes d’hier et d’aujourd’hui.  L’avenir des États-Unis se jouerait-il dans ses marges ? C’est par un récit de voyage aux allures de roadtrip dans le Montana, que l’autrice française Sylvie Brieu tente de répondre à cette question, complexe et passionnante. Car depuis 6 ans, le Montana est son refuge, là où elle vit la moitié du temps, là où elle dit aussi avoir retrouvé le goût de l’Amérique, «celle des origines» écrit-elle. Dans le Montana comme ailleurs dans l’Ouest américain, l’histoire verse souvent dans la mythologie poussiéreuse des pionniers et des cow-boys. Alors, pour s’ouvrir à d’autres récits, plus justes et plus sensibles, Sylvie Brieu a décidé d’arpenter la terre du Montana, à la rencontre de rangers militants, d’écrivains écolos amoureux des grizzlis ou d’amérindiens combatifs et créatifs.  À l’occasion du Festival du Grand Bivouac d’Albertville qui s’est tenu en octobre 2022, la journaliste diplômée de Berkeley, membre de la National Geographic Society, très attachée à la cause des peuples autochtones était venue défendre son dernier livre «L’âme de l’Amérique». Surtout, elle avait à cœur de défendre la force et la beauté des cultures amérindiennes du Montana, qu’elles soient Blackfeet, Crows, Nez percés ou Cheyenne, avec à ses côtés Alaïna Buffalo Spirit, une artiste Cheyenne du Nord venue en France pour l’occasion.  Rencontre avec deux femmes lumineuses pour un dialogue éclairant sur l’histoire et le présent du Montana. Une histoire empreinte de conquête, de ruée vers l’or, de dépossession des terres amérindiennes par les colons et de guerres mythiques, à commencer par celle des Black Hills qui opposa, à la fin du XIXè siècle, l’armée du Général Custer aux Indiens Sioux et leurs alliés. Une histoire de résilience et de résistance aussi. En savoir plus : - Sur le ledger art d’Alaina Buffalo Spirit, artiste Cheyenne du Nord - Sur l’autrice Sylvie Brieu et son dernier livre «L’âme de l’Amérique» paru aux Éditions Albin Michel - Sur l’action du Northern Plains Resource Council, organisation environnementale du Montana - Sur les écrivains du Montana répartis entre les villes de Livingston et Missoula.
12/25/202248 minutes, 30 seconds
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Les Calanques au cœur

Aux portes de Marseille, dans les criques rocheuses et les vallons étroits des Calanques, on part à la rencontre de tous ceux qui arpentent, défendent et aiment ce territoire à la fois terrestre et maritime, fragile et extrêmement prisé. Un nouvel épisode de notre série de voyages à la découverte des parcs nationaux français. Au sud de la France, entre Marseille, la Ciotat et Cassis, les Calanques dessinent au bord de la Méditerranée un littoral ciselé et rocailleux, fait de falaises calcaires, de garrigue, de pinèdes et de criques magiques. Mais bien plus qu’un paysage ou un décor de carte postale, cet écrin de nature, unique et majestueux, représente un patrimoine naturel sauvage qu’il faut partager mais surtout protéger. Ainsi en 2012, après un long processus de concertation, le Parc National des Calanques, premier parc péri-urbain de France et d’Europe, a vu le jour. Réparti sur 8500 hectares terrestres et 43 500 hectares marins, ce Parc a suscité dès sa création beaucoup d’attentes et de déceptions parfois.  Surtout, il a attiré, en particulier après la pandémie, de plus en en plus de visiteurs : 3 millions par an au bas mot. Parmi eux, des touristes et des baigneurs d’un jour mais aussi des locaux : pêcheurs, plongeurs ou marcheurs invétérés, tous amoureux de longue date du massif des Calanques. Car bien avant la création du Parc, ce sont eux qui ont dessiné et défendu ces lieux riches d’une biodiversité insoupçonnée mais aussi d’un long passé industriel qui a souvent menacé la survie et la beauté des Calanques. A Marseille, tout le monde a un souvenir dans les Calanques, que ce soit l’odeur des pins, la vie simple et douce dans les cabanons ou les dimanches en famille les pieds dans l’eau turquoise.  Voyage dans une géographie à la fois intime et bien réelle, avec tous ceux qui ont à cœur de vivre et protéger les Calanques.  Un reportage d’Inès Edel-Garcia, dans le cadre de notre série sur les Parcs nationaux français.   En savoir plus : - Sur le Parc National des Calanques - Sur le système de réservation obligatoire mis en place récemment par le Parc sur la Calanque de Sugiton - Sur Les Excursionnistes Marseillais, association pionnière de la randonnée en France qui fête en 2022 son 125e anniversaire - Sur le mouvement citoyen Clean my Calanques et ses sessions de ramassage de déchets - Sur Les Calancoeurs, club de randonnée spécialiste des Calanques de Marseille - Sur la réplique de la Grotte Cosquer ouverte récemment à Marseille. La grotte ornée, elle, a été découverte en 1985 dans les Calanques.   À lire : - «Calanques, les entrevues de l’Aigle» de Karine Huet. Éditions Glénat/Parc National des Calanques. Une série d’entretiens avec les différents acteurs du territoire - «Balades curieuses dans les Calanques». Éditions Glénat. Un éco-guide pour inviter le public à découvrir des sentiers méconnus du Parc. - «Il était une fois dans les Calanques : les dossiers secrets des Calancœurs», de Jean-Marc Nardini et Thierry Garcia. Éditions Calancœurs.
12/18/202248 minutes, 30 seconds
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Marcher dans la lumière avec Joséphine Bacon

Rencontre avec une nomade de la toundra, une poétesse rare qui voyage à travers les mots, et nous montre ainsi le chemin. Joséphine Bacon est une grande voix de la poésie francophone, une grande voix autochtone aussi. Née au Québec en 1947, à Pessamit, sur la Côte Nord du fleuve Saint-Laurent, Joséphine illumine le monde et ceux qui veulent bien l’écouter de ses mots et de sa profonde humanité, mettant à l’honneur et en lumière sa culture innue. Pendant des années, Joséphine Bacon a marché dans les pas et les récits des anciens, se faisant l’interprète de sa culture et de sa communauté auprès de linguistes ou d’anthropologues québécois. En 2009, elle publie son premier recueil « Bâtons à message. Tshissinuatshitakana » aux Éditions Mémoire d’Encrier; et depuis, celle qui se dit poète par accident n’a eu de cesse de nous tendre le bâton de parole, écrivant toujours dans sa langue l’innu-aimun et le français qu’elle a appris « tranquillement », dit-elle avec pudeur, dans un pensionnat. Elle a reçu de nombreuses distinctions parmi lesquelles le Prix Samuel de Champlain pour le Canada en 2019. En octobre 2021, Joséphine Bacon était l’invitée du Festival du film documentaire et du livre d’Albertville « Le Grand Bivouac ». Sur place, la grande dame de 74 ans a animé des ateliers de poésie et présenté le film « Je m’appelle humain » qui lui est consacré. Ce documentaire juste et sensible, réalisé par Kim O’Bomsawin, a reçu le Prix Médias du Grand Bivouac. Une émission initialement diffusée en novembre 2021.    À lire : - Bâtons à message. Tshissinuashitakana, Montréal, Mémoire d'encrier, 2009 - Nous sommes tous des sauvages, en collaboration avec José Acquelin, Montréal, Mémoire d'encrier, 2011 - Un thé dans la toundra. Nipishapui nete mushuat, Montréal, Mémoire d'encrier, 2013 - Uiesh / Quelque part, Montréal, Mémoire d'encrier, 2018.   En savoir plus : - Sur la culture Innue, le site Nametau innu est une mine d’informations et de connaissances - Sur Mémoire d’encrier, maison d’édition fondée en 2003 à Montréal qui publie les ouvrages de Joséphine Bacon - Sur Terre innue, société de production autochtone qui a produit « Je m’appelle humain », documentaire de Kim O’Bomsawin consacré à Joséphine Bacon. Ce film a reçu le Prix Médias au Festival du Grand Bivouac - Sur le palmarès de l’édition 2021 du Festival du film documentaire et du livre d’Albertville « Le Grand Bivouac ». Céline Develay-Mazurelle, productrice de Si loin si proche, est membre du jury du Prix Médias.  
12/11/202248 minutes, 30 seconds
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Salvador de Bahia, l’âme noire du Brésil

La cité, située sur la côte nord-est du pays, est la ville la plus africaine du continent américain. La baie de tous les Saints, c’est là que l’histoire du pays a commencé au XVIème siècle. Première capitale du Brésil, Salvador est aussi le premier marché d’esclaves du Nouveau Monde où, pendant 4 siècles, plus de 4 millions d’Africains ont été déportés. Ce qui vaut aujourd’hui à Salvador le surnom de «Rome noire», en référence à ses 360 églises et à son héritage africain, partout présent. Aujourd’hui, 86% de la population à Salvador se déclare noire. Chaque année, le 2 février, dans la cité bahianaise, comme ailleurs au Brésil, on célèbre Iemanjá, la déesse des eaux, issue du panthéon yoruba et arrivée sur les côtes américaines par les galères d’esclaves. Et à cette occasion, on part à la découverte de la culture afro-brésilienne qui a façonné l’âme de Salvador dans sa musique, sa gastronomie ou ses croyances. Le Candomblé, religion syncrétique afro-brésilienne, réunit ainsi de nombreux adeptes dans la région de Bahia. À Salvador, cette âme noire est perceptible à chaque coin de rue, mais son histoire, de l’esclavage à nos jours, est encore trop peu racontée et lisible dans la ville. Dans le centre historique du Pelourinho, les figures de la résistance noire sont rares et souvent méconnues. Aujourd’hui, des Afro-Brésiliens ravivent cette mémoire, afin de déconstruire l’empreinte laissée par la société plantationnaire et esclavagiste sur les consciences. Au Brésil, pays encore très conservateur et inégalitaire, le racisme structurel reste omniprésent. Un reportage de Sarah Cozzolino initialement diffusé en mars 2022.     En savoir plus : - Sur les visites guidées et tours Afro de « Like a Sotero » par la guide Sayuri Koshima - Sur Ilê Aiyê, premier bloco, ou groupe de musique noire du Carnaval - Sur les poupées noires « Amor.a » et leur kit éducatif antiraciste - Sur le terreiro ou lieu de culte de Candomblé La Casa de Òsùmàrè - Sur le racisme structurel au Brésil, un entretien avec Djamila Ribeiro, autrice de l'ouvrage Pequeño manual antirracista. Ce « Petit manuel antiraciste » est un des ouvrages les plus vendus en 2020 au Brésil.
12/4/202248 minutes, 30 seconds
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Titaÿna, la femme aux semelles de vent

Nouvel épisode de « Compagnons de route », notre série de portraits d’écrivain.e.s voyageurs et voyageuses. À la découverte d’une femme pressée, mais oubliée : Titaÿna, icône des années folles et seule femme grand reporter de son époque.  Née en 1897 dans les Pyrénées-Orientales, Élisabeth Sauvy a choisi pour nom de plume Titaÿna, « par indépendance et individualisme », espérant que ce nom d’origine catalane qui évoque « l’héroïne d’un mystère inconnu (...) soit un gage de réussite ». Et à sa manière il l’a été, puisque la journaliste et écrivaine française, férue d’aventures et de sensations fortes, s’est hissée un temps, au rang de grand reporter, aux côtés de Joseph Kessel ou Albert Londres. Jusqu’à ce qu’elle perde pied, se confonde dans la collaboration et tombe en disgrâce puis dans l’oubli.  Retour aux années 1920, le public est avide de récits au long cours et d’horizons lointains. Le monde s’est élargi au sortir de la Grande Guerre et dans la presse, toute puissante, un genre nouveau : le reportage littéraire, triomphe. C’est durant cette parenthèse effervescente et particulièrement créative des années folles que Titaÿna va enchaîner les voyages, les publications dans la presse et les livres comme Loin, La caravane des morts, Une femme chez les chasseurs de têtes ou Les ratés de l’aventure. Pionnière de l’aviation, voyageuse risque-tout et féministe d’avant-garde, Titÿana multiplie les heures de vol, les accidents et les tours du monde. Sans cesse en quête de scoop et de reconnaissance, elle est avide à la fois de rencontres sincères avec des peuples méconnus d’Indonésie ou d’Océanie, mais aussi d’interviews exclusives des puissants de son époque (Mussolini, Atatürk, Liautey ou encore Hitler), des interviews qu’elle obtient sans souci de l’étiquette et parfois de la contradiction strictement journalistique. Un temps, elle va aussi s’essayer au cinéma documentaire, consciente déjà qu’elle tient là un nouveau langage pour raconter le monde et les autres.  Un jour au Maroc, le lendemain sur un cargo pour l’Amérique, Titaÿna est un personnage fascinant, trouble et insaisissable. Mais au-delà de son destin brisé - elle finira en exil aux États-Unis, oubliée de tous, et décèdera seule en 1966 -, ses écrits restent et frappent encore aujourd'hui par leur modernité. Pionnière du journalisme d’immersion et d’impressions, à hauteur d’homme ou plutôt de femme, elle va critiquer de sa plume acérée et poétique, les ravages de la colonisation et les mirages de l’exotisme, encore si puissants en son temps. Une lucidité, un humanisme qu’elle ne mettra, hélas, pas à profit, pendant la Seconde Guerre mondiale.  Aujourd’hui, en France, ses écrits sont redécouverts. Ses livres sont notamment réédités aux Éditions Marchialy. Et la biographie qu’a consacrée le journaliste et écrivain Benoît Heimermann à Titaÿna est ressortie en 2020. Ce livre hyperdocumenté, sensible et passionnant, se lit comme un roman d’aventures et demeure à ce jour une référence pour qui voudrait suivre cette femme de lettres dans un milieu d’hommes, que l’on a surnommé en son temps « la femme aux semelles de vent ».  Avec Benoît Heimermann, auteur de Titaÿna. L’aventurière des années folles disponible aux Éditions Points Aventure / Seuil. Un portrait radiophonique initialement diffusé en février 2022.   Quelques ouvrages de Titaÿna : Une femme chez les chasseurs de tête, Titaÿna. 1934. Réédition 2016 aux Éditions Marchialy.  Les ratés de l’aventure, Titaÿna. 1938. Réédition 2020 aux Éditions Marchialy. La bête cabrée, Titaÿna. Aux Éditeurs associés - Les Éditions du Monde moderne, 1925. Loin, Titaÿna. Éditions Flammarion. 1929.    Quelques ouvrages de Benoît Heimermann :   Titaÿna. L’aventurière des années folles, une biographie de Benoît Heimermann. 1994. Réédition 2020 aux Éditions Point Aventures / Seuil. La Ligne Latécoère-Aéropostale, Benoît Heimermann. 2011. Villalobos-Latécoère Éditions. Femmes des pôles, Benoît Heimermann. Éditions Paulsen. 2016. Albert Londres. La plume et la plaie, Benoît Heimermann. Éditions Paulsen. 2020. 
11/27/202248 minutes, 30 seconds
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Au fil de l’eau en Casamance, au cœur de la réserve de Kalissaye [2/2]

À l’extrême sud du Sénégal, en Casamance, entre la Guinée-Bissau et la Gambie, se trouve une réserve protégée à nulle autre pareille : un dédale de bancs de sable, de lagunes, de mangroves et d'îlots forestiers, véritable refuge pour les oiseaux, les dauphins ou les tortues marines mais aussi les voyageurs de passage. Découverte au fil de l'eau d'un monde insulaire fascinant, en compagnie d'agents de conservation et d'habitants, véritables gardiens d'une nature riche mais fragile. Créée en 1978, la Réserve Ornithologique de Kalissaye se déploie sur plus de 30 000 hectares entre les îles du Bliss et de Karones, au cœur du delta du fleuve Casamance. Traversés de marigots, de vasières et de bolongs, les lieux se découvrent en pirogue et à petits pas, pour ne pas déranger les milliers d'oiseaux marins ou d’espèces marines menacées qui viennent y trouver des lieux de ponte et de reproduction.  Depuis des décennies, la Casamance est une région surtout connue pour abriter l’un des plus vieux conflits sécessionistes du continent; et pourtant, loin des radars des voyageurs et des zones rouges sécuritaires, cette réserve ouverte au public, fait office d'espace de quiétude et de nature unique en son genre. En effet, malgré son classement en réserve protégée par l’État, la ROK demeure habitée et les populations insulaires locales sont étroitement associées à la conservation des lieux, dans une gestion partagée et concertée entre agents des parcs nationaux et villageois, parmi lesquels certains sont désignés comme éco-gardes. Et c’est justement cette gouvernance partagée qui en fait sa force.  Sur place, malgré de maigres ressources, un manque manifeste d'eau potable et d’électricité, les habitants de la réserve mettent en place des solutions basées sur la nature pour se maintenir sur ces terres isolées. Accompagnés par le Comité français de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), ils réinventent alors chaque jour un mode de vie soucieux de cet environnement qui les entoure, cherchant à préserver la mangrove ou les ressources halieutiques, dans un équilibre déjà fragile et menacé chaque jour un peu plus par les dérèglements climatiques ou la surpêche en cours.  Parfois, il faut s'éloigner des grands centres pour aller au cœur des choses, et c'est ce qu'enseigne un voyage à Kalissaye, ce bout du monde qui, à sa manière, en est le centre.  Un reportage en 2 épisodes de Raphaëlle Constant, initialement diffusé en mai 2022.   Pour prolonger le voyage. Liens utiles : - La page Facebook de la Réserve Ornithologique de Kalissaye - Les objectifs du PPI ou programme de petites initiatives africaines dans la ROK - La page Facebook du Comité français de l’UICN.  
11/20/202248 minutes, 30 seconds
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Au fil de l’eau en Casamance, au cœur de la réserve de Kalissaye [1/2]

À l’extrême sud du Sénégal, en Casamance, entre la Guinée-Bissau et la Gambie, se trouve une réserve protégée à nulle autre pareille : un dédale de bancs de sable, de lagunes, de mangroves et d'îlots forestiers, véritable refuge pour les oiseaux, les dauphins ou les tortues marines mais aussi les voyageurs de passage. Découverte au fil de l'eau d'un monde insulaire fascinant, en compagnie d'agents de conservation et d'habitants, véritables gardiens d'une nature riche mais fragile. Créée en 1978, la Réserve Ornithologique de Kalissaye se déploie sur plus de 30 000 hectares entre les îles du Bliss et de Karones, au cœur du delta du fleuve Casamance. Traversés de marigots, de vasières et de bolongs, les lieux se découvrent en pirogue et à petits pas, pour ne pas déranger les milliers d'oiseaux marins ou d’espèces marines menacées qui viennent y trouver des lieux de ponte et de reproduction.  Depuis des décennies, la Casamance est une région surtout connue pour abriter l’un des plus vieux conflits sécessionistes du continent; et pourtant, loin des radars des voyageurs et des zones rouges sécuritaires, cette réserve ouverte au public, fait office d'espace de quiétude et de nature unique en son genre. En effet, malgré son classement en réserve protégée par l’État, la ROK demeure habitée et les populations insulaires locales sont étroitement associées à la conservation des lieux, dans une gestion partagée et concertée entre agents des parcs nationaux et villageois, parmi lesquels certains sont désignés comme éco-gardes. Et c’est justement cette gouvernance partagée qui en fait sa force.  Sur place, malgré de maigres ressources, un manque manifeste d'eau potable et d’électricité, les habitants de la réserve mettent en place des solutions basées sur la nature pour se maintenir sur ces terres isolées. Accompagnés par le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ils réinventent alors chaque jour un mode de vie soucieux de cet environnement qui les entoure, cherchant à préserver la mangrove ou les ressources halieutiques, dans un équilibre déjà fragile et menacé chaque jour un peu plus par les dérèglements climatiques ou la surpêche en cours.  Parfois, il faut s'éloigner des grands centres pour aller au cœur des choses, et c'est ce qu'enseigne un voyage à Kalissaye, ce bout du monde qui, à sa manière, en est le centre.  Un reportage en deux épisodes de Raphaëlle Constant, initialement diffusé en mai 2022.    Pour prolonger le voyage, liens utiles - La page Facebook de la Réserve ornithologique de Kalissaye - Les objectifs du PPI ou Programme de petites initiatives africaines dans la ROK - La page Facebook du Comité français de l’UICN.
11/13/202248 minutes, 30 seconds
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Lubumbashi en choeurs

Au sud de la RDC, Lubumbashi est surtout connue pour être la capitale du cuivre et le coffre-fort du Congo. Pourtant, à l’ombre des terrils et des églises, une solide tradition chorale s’est ancrée dans la ville, portée par des musiciens classiques et des chanteurs passionnés. (Rediffusion du 21 janvier 2022). Chaque dimanche, dans le quartier de Makomeno, avec ses flamboyants et sa vue imprenable sur le terril et l’emblématique cheminée d’usine de la ville, on croise un fascinant ballet de choristes qui, une fois la messe terminée, se dispersent dans le grand parc situé juste derrière l’église Saint Eloi, afin de répéter d’autres chants, religieux ou profanes.  Pour eux comme pour les chanteurs des dizaines de chorales que compte la ville, la musique est une passion de tous les instants, le sel de leur existence, même si elle ne remplit pas la marmite. Qu’ils soient banquiers, ouvriers, tailleurs ou avocats, ces choristes ont pris souvent très tôt le goût de la musique classique occidentale, cultivant un art bien particulier d’harmoniser les chants, qu’ils soient religieux ou populaires.  Cette tradition chorale s’est développée à l’ombre des terrils mais surtout des églises, au temps de la colonisation belge, quand la ville, fondée en 1910, s’appelait alors Elisabethville. Elle a fait émerger des figures, comme Joseph Kiwele, grand compositeur katangais né en 1912 et décédé en 1961, qui a également adapté des chants traditionnels pour des chœurs classiques. Aujourd’hui, ses dignes successeurs continuent à défendre et porter haut ce patrimoine méconnu, mais précieux dans une ville dénuée de tout conservatoire ou école de musique.  En ces temps de crise économique, alors que la prospérité lushoise d’antan n’est plus qu’un fantôme, les chorales sont des sanctuaires où se mélangent les classes sociales, les genres et les âges, qui cultivent le bonheur d’être ensemble et transcendent un quotidien fait de difficultés.  Un reportage de Vladimir Cagnolari.   En savoir plus: - Sur les chorales au Congo - Sur la chorale des petits chanteurs à la croix de cuivre - Sur la chorale Les Troubadours de Lubumbashi - Sur le compositeur katangais (et plus tard politicien) Joseph Kiwele - Sur la Missa Luba et la Missa Katanga - Sur Serge Kakudji, chanteur lyrique qui a débuté dans les Troubadours de Lubumbashi et fait aujourd’hui carrière en Europe - Sur le paysage musical de Lubumbashi, un panorama dressé en 2005 par Vladimir Cagnolari.
11/6/202248 minutes, 30 seconds
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Sur le chemin des vierges enceintes

À l’occasion du Festival du documentaire et du livre « Le Grand Bivouac » qui vient de se tenir à Albertville, on part à la découverte d’un chemin original, tracé par la photographe Viviane Lièvre et l’écrivain nomade français Jean-Yves Loude, invité du festival. Ensemble, les deux ethnologues sont partis du Puy-en-Velay jusqu’en Galice en passant par le Portugal, en quête de vierges enceintes, faisant du voyage une quête de vérité, de justice et d’égalité. Pour sa 21ème édition qui vient de s’achever, le festival français d’Albertville a décidé de célébrer les « identités remarquables », mais aussi de « prendre le monde à témoin ». Témoin du monde et de ses coulisses, Jean-Yves Loude, en est un assurément, tant cet écrivain sillonne le monde -lusophone surtout- depuis plus de 30 ans pour le comprendre et surtout en témoigner à son retour.  Depuis de nombreuses années, on le suit à Si loin si proche, avec sa compagne Viviane Lièvre, à travers des récits qui nous emmènent sur les traces des mémoires silenciées des Afriques, des Açores à Lisbonne en passant par le continent africain, ou encore dans l’Hindou Kouch où ils ont tous les deux longuement séjourné en tant qu’ethnologues.  Pour son dernier récit « Le chemin des vierges enceintes », paru aux Éditions Chandeigne, Jean-Yves Loude s’est longuement plongé avec Viviane Lièvre dans les textes saints, dans le Nouveau Testament, ses évangiles canoniques mais aussi apocryphes, avant de se lancer physiquement en quête de représentations bien particulières de la Vierge Marie, le ventre rond, enceinte, allaitante ou parturiente. Des statuettes parfois disparues ou cachées car jugées « irregardables » par le Concile de Trente en 1563. Leur voyage long de 14 stations, entre la France, le Portugal et l’Espagne, prend alors des allures de jeu de pistes, en quête de ces statuettes qu’il faut aller chercher dans les recoins de l’histoire, dans des églises, des musées ou des chapelles isolées. Chemin faisant, sur cette voie de Compostelle bien à eux, nos deux inspecteurs-voyageurs remontent aux sources du discours misogyne de l’Église et interrogent la faiblesse du rôle dévolu aux femmes, à commencer par Marie, une figure pourtant populaire qui a su traverser les âges et les interdits.   En savoir plus : - Sur le récit de Jean-Yves Loude, paru aux Éditions Chandeigne. - Sur le chemin des vierges enceintes, un site internet avec près de 450 photos de Viviane Lièvre vient compléter le livre.  
10/30/202248 minutes, 30 seconds