Jean-Baptiste Placca, chroniqueur au quotidien La Croix et fondateur de L’Autre Afrique livre sa vision sur l’actualité africaine de la semaine écoulée. Entre analyse, réflexion et mise en contexte, cette chronique est l’occasion de donner du sens et de prendre du recul sur les événements de la semaine, mais également de revenir sur des sujets parfois traités trop rapidement dans le flot d’une actualité intense.
Peuple trahi par ses élites politiques
Que faire, pour rétablir la confiance entre le peuple de RDC et les instances en charge des élections dans ce pays ? Pour que les résultats proclamés à l’issue des prochaines élections ne soient à nouveau contestés, et sources d’inutiles tensions ? De sérieuses complications font craindre l’impossibilité d’un déploiement, à temps, de la mission d’observation de l’Union européenne, pour les élections du 20 décembre, en RDC. En cause, notamment, les autorisations pour le matériel de communication indispensable aux observateurs. Faut-il, déjà, s’inquiéter pour la sincérité des scrutins présidentiel et législatifs ?On aimerait tant pouvoir dire que l’on est surpris. Mais, non ! Comme si ces contrariétés ne pouvaient s’éviter. Comme s’il fallait, à tout prix, quelques nuages dans le ciel de cette échéance cruciale, alors que cette mission d’observation indépendante, présentée comme la première depuis une décennie, constitue un gage de crédibilité, pour les scrutins, pour la
02/12/2023 • 4 minutes 19 seconds
La ruineuse mélodie de l’irresponsabilité
De son indépendance, chaque peuple se doit de faire un usage qui ne l'assigne pas aux seules récriminations sur le fait colonial et le mal qui a lui été fait. Une conscience nationale se nourrit aussi des difficultés vécues et des échecs surmontés. Madagascar, Liberia, bientôt la RDC, en attendant, début 2024, le Sénégal… Tandis qu’un sortant, battu, félicite, ici, le vainqueur, ailleurs, les principaux candidats dénoncent, en amont, des fraudes massives, et chaque présidentielle donne lieu à de perpétuels psychodrames. Comment expliquer une telle disparité du jeu électoral, en Afrique ?En matière d’État de droit et de démocratie, la si belle terminologie « Afrique », pour être unique, n’en revêt pas moins des réalités multiples, tout en nuances. Même lorsque l’on croit avoir décelé les subtilités déterminantes des particularités propres à certaines nations, il faut toujours prendre garde aux jugements définitifs. Même si, à l’œil nu, on peut observer que la plupart de
25/11/2023 • 4 minutes 19 seconds
Les dieux de la courte échelle
L'ancien Premier ministre et président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire, de retour au-devant de la scène, semble en vouloir tout particulièrement à l'actuel chef de l'État, dont il se dit « le bienfaiteur », sans pour autant préciser en quoi ont effectivement consisté lesdits bienfaits. Nombre de ses concitoyens auraient plutôt tendance à considérer qu'il a, surtout, eu beaucoup de chance, en politique. Guillaume Soro, à Niamey, c’était l’image de la semaine. Pourquoi le général Tiani, chef de la junte nigérienne, qui a déjà tant de mal à se faire accepter par les autres États, reçoit-il de la sorte un opposant en délicatesse avec le pouvoir ivoirien ?En Afrique, nombre de chefs d’État affectionnent régler les inimitiés avec leurs pairs par un soutien perfide à leurs opposants respectifs. Accueil, facilités financières et, à l’occasion, de quoi déstabiliser franchement un régime. Certains opposants en jouent, qui savent identifier les dirigean
18/11/2023 • 4 minutes 19 seconds
Guinée: en attendant des dirigeants d’envergure
Autant certains s’amusent du caractère rocambolesque de l’évasion de prison, le 4 novembre, du capitaine Moussa Dadis Camara et de ses codétenus, autant une partie de l’opinion, en Guinée, s’émeut sérieusement des incidences de cette expédition sur le procès en cours de certains membres de la junte au pouvoir lors des massacres du 28 septembre 2009. Les inquiétudes des victimes peuvent-elles se comprendre ? Pour les victimes du massacre du stade du 28-Septembre ou leurs survivants, il est légitime de s’inquiéter. Que le colonel Claude Pivi, toujours en cavale, soit rattrapé ou pas, cette tentative demeure préoccupante. Car, le commando à l’origine de cette évasion a fait la preuve de sa capacité de nuisance, en extrayant aussi facilement ces détenus de haute importance d’une prison nichée au cœur d’un environnement parmi les mieux sécurisés
11/11/2023 • 4 minutes 11 seconds
Assassins de journalistes: de mauvais calculs…
Pour des préoccupations alimentaires, le tueur va souvent au-devant des souhaits de celui qui l’aide ou le nourrit, et qu’il estime visé par les enquêtes trop critiques du journaliste. Hôtel Ivoire, Palais du Luxembourg, Bibliothèque nationale François Mitterrand… De Paris à Abidjan, le dixième anniversaire de l’assassinat, le 2 novembre 2013, de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, à Kidal, au Mali, a été pleinement commémoré par RFI et l’Association des Amis de nos deux confrères. En attendant de voir la justice passer, peut-on, au moins, se consoler de ces beaux hommages rendus dans des cadres plutôt prestigieux ?L’on peut se réjouir, en effet, des hommages et de la perpétuation de cette bourse Ghislaine Dupont - Claude Verlon, décernée à deux lauréats, chaque année, au terme d’une formation dispensée à une vingtaine de journalistes et techniciens de reportage africains. C’est, désormais, une institution, d’autant plus utile que l’on ne cesse de s’i
04/11/2023 • 4 minutes 22 seconds
Du bon usage du Panafricanisme
La portée de la semaine de réflexion que vient d'organiser, à Conakry, l'historienne Safiatou Diallo sur le panafricanisme, est une œuvre de salubrité publique, dont la portée dépasse largement les frontières de son pays, la Guinée. Ce 28 octobre s’achève, à Conakry, « La semaine de l’intégration africaine », ponctuée par une série de colloques, dans trois des principales universités de la capitale. Faut-il, sans attendre de savoir si cela a aidé les Guinéens à mieux s’imprégner du panafricanisme ou pas, se féliciter d’une telle initiative ? Il était temps, en tout cas, qu’une certaine Afrique prenne le temps de se pencher sur le panafricanisme, belle idée, conçue, il y a plus d’un siècle, par des intelligences supérieures, mais qui n’en finit pas d’être pervertie, à des fins parfois mercantiles, hélas ! Toutes sortes de prophètes autoproclamés se saisissent de petits bouts de connaissances pour, y compris en abusant d
28/10/2023 • 4 minutes 26 seconds
Des putschistes talentueux
Dans une Afrique où les putschistes, d'un pays à l'autre, ne se valent vraiment pas, quitte à se retrouver sous le joug d’un militaire, les peuples ont le droit, et même le devoir d'exiger les meilleurs. À Niamey, la junte au pouvoir accuse de tentative d’évasion Mohamed Bazoum, qu’ils détenaient avec son épouse et un de ses fils, depuis le coup d’État du 26 juillet dernier. Les avocats du président dénoncent un montage de toutes pièces. Pourquoi ne signe-t-il pas simplement la lettre de démission que semblent lui réclamer les nouveaux maîtres du Niger, plutôt que de risquer sa vie et celles des siens ? L’on imagine, en effet, que c’est à l’éventualité d’une issue fatale que pensait la junte, en qualifiant cette tentative présumée d’attitude irresponsable. Quant à la vraisemblance d’une telle évasion, d’aucuns
21/10/2023 • 4 minutes 24 seconds
Les relations entre l’Afrique et l’État hébreu, complexes et illisibles
Que reste-t-il donc, aujourd’hui, des relations saines qu'entretenaient Israël et l’Afrique, entre 1958 et 1973, sous Golda Meir ? Avec les tragiques événements en cours entre Israël et la bande de Gaza, ressurgit, plus illisible que jamais, toute la complexité des relations entre l’Afrique et l’État hébreu. Peut-on dire que les gouvernements africains, majoritairement, soutiennent Israël, et que les peuples, eux, s’identifient plutôt au peuple palestinien ?Il faudrait introduire une multitude de nuances, pour ne pas risquer de simplifier à l’excès. D’autant que, parmi ceux qui se rangent du côté du peuple palestinien, les motivations sont diverses, sinon contradictoires. Aussi peu politiquement correct que cela puisse sembler, il faut, par exemple, confesser qu’en Afrique, le soutien à la cause palestinienne repose parfois sur des considérations d’ordre confessionnel. Tel musulman estimerait devoir être solidaire des Palestiniens, qu’
14/10/2023 • 4 minutes 14 seconds
RDC: tous chefs d'État!
Que reste-t-il donc de conscience morale à un peuple, si ceux qui en ont l'étoffe et la qualité choisissent tous de briguer des fonctions exécutives ? Voilà une question que, plus que jamais, l'on devrait se poser à Kinshasa, à Bukavu, et ailleurs en RD Congo… De nombreux Congolais s’y attendaient sans doute, mais la plupart semblent surpris par la candidature du docteur Denis Mukwege. Il y aura donc un Nobel sur la ligne de départ de la présidentielle du 20 décembre prochain, en RDC. Pour autant, la déclaration du célèbre gynécologue ne semble pas avoir déclenché un enthousiasme à la mesure de sa notoriété. Comment expliquer ce décalage ?Peut-être n’attendaient-ils tout simplement pas leur illustre concitoyen dans une course à la magistrature suprême. Les Congolais l
07/10/2023 • 4 minutes 10 seconds
L'appétit grandissant pour les coups d'État
Avec des peuples tellement désespérés qu'ils en sont, à présent, à acclamer des putschistes qu'ils n'ont pas choisis et dont ils ignoraient parfois jusqu'à l'existence, il sera de plus en plus malaisé de dénoncer l'appétit grandissant pour le pouvoir dans certaines armées africaines. Pour le meilleur, parfois, et pour le pire, souvent, l'Afrique n'aurait donc plus qu'à subir. Pour marquer le premier anniversaire de sa prise du pouvoir à Ouagadougou, le capitaine Ibrahim Traoré a accordé, vendredi 29 septembre à nos confrères burkinabè, une interview, diffusée par la Télévision nationale. Si l’on en croit le Parquet militaire, l’événement a failli être gâché par un coup d’État, révélé ce 27 septembre. Que faut-il donc penser de cette tentative déjouée ?Peut-être faut-il, avant tout, insister sur la préciosité des termes choisis pour décrire ce « complot contre la sûreté de l’État ». On parle de « tentative avérée », de
30/09/2023 • 4 minutes 3 seconds
Un certain souci de l'image de l'Afrique…
Le cénacle des Nations unies est fait pour l’Histoire, pour les esprits brillants, et l’Afrique en compte suffisamment, pour ne pas s’offrir en spectacle à son désavantage. Avec l’affluence africaine, cette année, à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies, on peut dire que le continent pouvait difficilement ne pas être audible. Quels points de vue de l’Afrique peut-on, selon vous, retenir comme ayant, concrètement, marqué cette 78e session, à New York ?En prenant, ici et là, un extrait de quelques-uns des discours prononcés par certains dirigeants du continent, peut-être pourrait-on reconstituer quelque peu ce qui constitue l’essentiel des préoccupations de l’Afrique, aujourd'hui. Mais, l’exercice serait fastidieux. Car, s’ils ont beaucoup parlé, c’était, souvent, pour se glorifier, ressasser les mêmes frustrations à la face du monde, ou citer sans cesse la charte du 26 juin 1945, croyant instruire le monde. Quant au siège permanent pour l
23/09/2023 • 4 minutes 17 seconds
Des dirigeants dignes de confiance
Ceux des responsables politiques qui, une fois au pouvoir, reprennent à leur compte les travers qu’ils reprochaient naguère à leurs prédécesseurs, sont-ils moins condamnables que les putschistes qui les déposent ? « C’est la crédibilité même de la Cédéao qui se joue ». Les mots, hier, dans un entretien sur France 24, du président Umaro Sissoco Emballo de Guinée-Bissau, parlant de l’intervention en standby de la Cédéao, au Niger. En quoi ces propos, et quelques autres, sont-ils, comme vous le suggérez, une des plus courageuses prises de parole d’un chef d’État africain, au sujet de la multiplication des coups d’État sur le continent ?C’est bien la première fois qu’un dirigeant africain, abordant la question de la rupture de l’ordre constitutionnel, souligne aussi clairement la responsabilité, les erreurs, sinon les fautes, commises par les chefs d’État africains dans la gestion de ces coups d’État. Il e
16/09/2023 • 3 minutes 47 seconds
Responsables, les uns pour les autres…
Chaque putsch altère la signature et la crédibilité de l’Etat concerné. Et, souvent aussi, celles de ses voisins. Un coup d’Etat n’a rien de glorieux pour un peuple ! Une semaine à peine après son putsch, le général Oligui Nguema déroule son agenda, avec une surprenante sérénité. Ali Bongo est libre de ses mouvements, et les opposants, adhèrent ou acceptent la nouvelle donne. Par quel miracle ce coup d’État est-il aussi facilement « compris » par l’Afrique, « accepté » par le reste du monde, et applaudi, au Gabon, par une population qui porte les putschistes en triomphe ?Comme tous les peuples de la terre, les Gabonais avaient une soif de héros à admirer, sinon de modèles à copier… C’est souvent ainsi, lorsque sombre toute joie, et que s’amoncèlent les frustrations. Une arrogance que rien ne justifie avait aveuglé ce pouvoir, qui a minimisé le rejet du peuple qui le subissait. Débarrasser les Gabonais d’un chef d’État autant vomi a suffi pour faire endosser aux militai
09/09/2023 • 3 minutes 54 seconds
L'Afrique découvre, ici, Wagner
S'il fallait une preuve définitive de la nocivité des mercenaires aux dirigeants africains, elle leur est parvenue, en fin de semaine dernière, depuis la Russie. À présent, plus personne ne pourra prétexter l'ignorance. N’y aurait-il pas un peu d’exagération dans les commentaires qui suggèrent que la mutinerie du week-end dernier, en Russie, devraient suffire à ramener à la réalité les dirigeants africains en affaires avec Wagner, en leur faisant prendre conscience des risques, pour leurs pays, à traiter avec l’armée de mercenaires d'Evgueni Prigojine ?Il serait encore plus affligeant d’imaginer que les dirigeants africains en question aient eu besoin d’une telle mutinerie, pour réaliser la dangerosité, pour leur pays, des relations avec Wagner. À écouter certains porte-parole relativiser la gravité de cette mutinerie, l’on se demande, d’ailleurs, si ces dirigeants africains me
01/07/2023 • 4 minutes 13 seconds
Mali: l'option isolationniste
Avec la rupture annoncée avec la Minusma, les dirigeants maliens marquent un pas de plus dans une fuite en avant aux conséquences imprévisibles sur leurs concitoyens, où qu’ils vivent. Selon les résultats officiels du référendum du 18 juin, proclamés, vendredi 21 juin, à Bamako, 97% des électeurs ont approuvé la nouvelle Constitution. D’où vient donc cette impression que, face à un événement aussi déterminant dans le destin de leur patrie, les Maliens affichent si peu d’enthousiasme, sinon une relative indifférence ? À l’évidence, ceux qui auraient dû crier victoire jubilent moyennement, et la détermination des opposants à combattre, ici, ce qu’ils réprouvent, semble plutôt timorée. Comme si, pour les uns et les autres, cet événement majeur n’était finalement pas aussi important que cela. Désabusement ? Résignation ? Ou alors simple désintérêt ? À moins que les populations atte
24/06/2023 • 4 minutes 5 seconds
De l’image de la démocratie sénégalaise…
Dans l'esprit de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, qui a connu la prison sous Abdou Diouf puis sous son mentor Abdoulaye Wade, les charges de l'opposant Ousmane Sonko contre le système politique sénégalais discréditeraient inutilement une démocratie qui a, malgré tout, le mérite de générer des occasions d'alternance. Alors que la tension semble retomber, à Dakar et ailleurs dans le pays, l’opinion africaine s’interroge, plus que jamais, sur ce que les manifestations meurtrières de ce mois de juin disent de la démocratie, au Sénégal. Ce pays est-il encore une des démocraties les plus crédibles du continent ?Ce qui arrive actuellement aux Sénégalais rappelle les désillusions de peuples qui se nourrissent de slogans tirés de la bravoure de lointains prédécesseurs, sans être toujours eux-mêmes à la hauteur des sacrifices de leurs glorieux devanciers : « berceau de la démo
10/06/2023 • 4 minutes 18 seconds
Tinubu, président de toutes les incertitudes
Avec un chef d'État précédé d’une si mauvaise réputation, les Nigérians craignent que leur pays ne s’engouffre dans une impasse inextricable. Bola Ahmed Tinubu, figure politique connue du paysage nigérian, est donc, depuis ce 29 mai, pour le meilleur et le pire, le nouveau président du Nigeria. Il promet de redresser l’économie de son pays, et nombre de ses concitoyens le croient. Ont-ils raison ?Certainement, puisque cet engagement part d’un constat partagé par tous : l’économie du Nigeria est mal en point et nécessiterait une thérapie vigoureuse. Ceux qui croient aux assurances du président Tinubu s’appuient sans doute sur son bilan de gouverneur de l’État de Lagos, qui n’est pas totalement négatif, même si beaucoup s’interrogent sur sa fiabilité, sur son passif multiforme. Il n’a, certes, pas été condamné en justice, mais n’a, pour l’essentiel, été « sauvé » que par des commissions plus ou moins arrangeantes, au grand dam de la société civil
03/06/2023 • 4 minutes 8 seconds
L'OUA a soixante ans, et maintenant ?
Soixante ans après la création de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), les Africains cherchent désespérément des dirigeants avec l’autorité nécessaire pour remettre à leur place les dirigeants qui avilissent leurs peuples et affaiblissent l’Afrique. Et l’on peine à identifier des leaders capables d'incarner la conscience morale de notre Afrique !
En pleine commémoration du soixantième anniversaire de la création de l’OUA, une petite enquête, diffusée dans Afrique Économie, cette semaine, sur RFI, vous semble révélatrice des carences de l’union continentale. L’enquête porte sur la guerre entre armée et paramilitaires au Soudan. Avec des conséquences économiques dévastatrices, jusque dans le nord de la Centrafrique. En quoi cette enquête, menée par Clémentine Pawlotsky, illustre-t-elle les lacunes de l’Union africaine ?
Dans notre exercice, la semaine dernière, la solidarité apparaissait comme une des valeurs essentielles qui ont présidé à la création de l’OUA. Elle n’a cessé
27/05/2023 • 4 minutes 29 seconds
OUA-UA: 25 mai 1963-25 mai 2023
Soixante ans après, le panafricanisme attend toujours d'être sauvé. Mais, comment compter sur ceux qui ont choisi d'en faire un gagne-pain facile ?
D’une manière ou d’une autre, l’Afrique commémorera, ce 25 mai, le soixantième de la création, en 1963, de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), devenue, depuis, l’Union africaine. Que peut, que devrait célébrer le continent, en souvenir de cet événement qu’accueillait alors l’Éthiopie impériale ?
Il convient, avant tout, de rappeler la puissance du symbole qui a voulu que ce sommet, première manifestation concrète du panafricanisme en terre africaine, ait été accueilli par l’empereur Haïlé Sélassié, alors considéré comme un dieu vivant, et pas seulement par les rastafaris. Marcus Garvey, pionnier du panafricanisme, invitait les peuples noirs d’Afrique à croire en ce Négus comme en leur Dieu, tout comme d’autres croient au Dieu d'Isaac et de Jacob. « Nous, les Noirs, croyons au Dieu d'Éthiopie, le Dieu éternel, Dieu le Fils, Dieu
20/05/2023 • 4 minutes 7 seconds
Penser le passé et l'avenir
Pour espérer être aux commandes de son propre destin, il est primordial, pour l’Afrique, de mener une réflexion stratégique sur l'histoire violente de l'esclavage et sur les leçons qu’elle inspire.
À l’occasion de la « Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de son abolition », Caroline Lachowsky, dans son émission, Autour de la question, a reçu, ce 10 mai, le philosophe Olivier Abel, qui vient d’organiser à Kinshasa un colloque sur le thème : « Mémoires blessées, promesses inachevées », autour de la pensée du philosophe Paul Ricœur. Cette émission semble vous avoir particulièrement plu. Pourquoi donc ?
Avant tout, c'est en raison de la densité du propos. Et, aussi, parce que ce colloque nous ramène à quelques douloureuses réalités, que l’Afrique ne devrait pas perdre de vue, si elle veut penser son avenir en toute lucidité, avec quelques chances de sortir de la résignation et des frustrations perpétuelles. La France a instauré cette journée, depuis 2006, pou
13/05/2023 • 4 minutes 15 seconds
Couronnement de Charles III: de vrais rois africains à Londres…
Parmi les convives au couronnement de Charles III, quelques souverains africains, dont l'importance et le prestige suscitent un réel respect et une grande estime, de la part de la Couronne britannique.
À Buckingham Palace, ce jeudi 4 mai, les photographes ont pu capter les images d’un fou rire contenu de Charles III, tandis que le roi des Ashantis y allait de bon cœur. Belle complicité, dans un respect mutuel entre ces deux souverains, qui se connaissent bien. Peut-on considérer que la Couronne britannique traite le royaume ashanti sur un pied d’égalité ?
Leurs relations semblent sincères. En effet, ni la défunte reine Elizabeth ni son fils Charles ne regardent de haut cette dynastie ashanti, dont l’influence s’étend sur l’ensemble du grand peuple Akan, que l’on retrouve au Ghana, en Côte d’Ivoire et même un peu au Togo. Il faut entrer dans son palais royal de Manhyia, à Kumasi, pour comprendre que ce souverain n’est nullement un roi de pacotille. En plus, depuis des décennies, c
06/05/2023 • 4 minutes 20 seconds
Il s’appelait Harry Belafonte
Fils de la Jamaïque, fils de l’Amérique, et fils de l’Afrique, il a beaucoup fait pour les peuples noirs, sous toutes les latitudes. Il aimait les gens. Dieu qu’il savait aimer !
C’est un déluge d’hommages qui est déversé sur la mémoire de Harry Belafonte, éloges, l’annonce de son décès, ce mardi 25 avril. Précurseur dans la musique comme dans le cinéma, la superstar afro-américaine a aussi été un très efficace militant des droits civiques, aux États-Unis, doublé d’un humaniste et d’un panafricaniste qui a représenté beaucoup pour l’Afrique et les Africains.
Harry Belafonte a émerveillé des générations d’Africains, depuis les années cinquante. À l’époque où il éclaboussait tout de sa classe et de son talent, la ségrégation raciale était encore une industrie florissante, aux États-Unis, et en Afrique, la domination coloniale prospérait toujours. Pour les peuples africains, Belafonte était, plus qu’une fierté, la preuve vivante qu’un jour, comme dit un célèbre negro spiritual, persua
29/04/2023 • 3 minutes 59 seconds
Aucun droit d’abandonner le Soudan
Une nation à l’histoire belle et prestigieuse, trahie par des généraux assoiffés de pouvoir. Ce pays a beaucoup donné à l’Afrique et mériterait plus de solidarité.
En une semaine d’affrontements, les troupes des deux généraux qui se disputent le pouvoir à Khartoum ont tué plus de 400 Soudanais et blessé quelque 3 500 autres. Comment est-ce possible que al-Burhan et « Hemedti », naguère unis pour compromettre la transition démocratique initiée à la chute du dictateur Omar el-Béchir, en soient à liquider les civils, comme dégâts collatéraux de leur lutte pour le pouvoir ?
Sans doute parce que ces deux généraux semblaient, jusqu’à il y a peu, concentrer leur cruauté sur les manifestants hostiles à leur putsch anti-démocratique. Or, aucune voix audible n’avait osé, dans le concert des nations, les remettre à leur place, ou condamner clairement l’illégalité de leur mainmise sur la nation. Ce peuple aux mains nues a donc été laissé en tête-à-tête avec ses bourreaux, dix-huit mois durant
22/04/2023 • 4 minutes
RDC: L’épiscopat au secours de l’intérêt général
Dans bien des nations africaines, le clergé joue, depuis les indépendances, un rôle essentiel, pour rappeler, notamment à la classe politique, ce qui est juste. Pour le bien de tous.
Dans son message pascal, le cardinal Fridolin Ambongo s’est insurgé, dimanche dernier, contre le projet de loi visant à écarter de la course à la magistrature suprême tout candidat dont les deux parents ne seraient pas congolais d’origine. Quelle importance faut-il donner à l’implication de l’archevêque de Kinshasa dans ce débat ?
Cette implication était indispensable, d’autant qu’il manquait, sur cette question ultra-sensible, une voix à la fois neutre et crédible, pour alerter l’opinion et mettre les hommes politiques en garde contre les risques que ferait courir une loi d’exclusion sur mesure à la RDC et au peu de cohésion qu’il lui reste.
Des prétendants connus à la magistrature suprême, Moïse Katumbi semble le seul concerné par ce projet, inspiré par des politiciens à qui le poids électoral supp
15/04/2023 • 4 minutes 19 seconds
Pour une société qui respecte la femme
Guinée, encore loin du compte ! Mais c'est à travers une bonne éducation des jeunes garçons que se prépare le respect de la femme par les hommes. Respecter, séduire, plutôt que rudoyer. Quant aux dirigeants, ils gagneraient à traiter les femmes autrement que comme des accessoires de leur pouvoir, qui s’achètent et se jettent, sans aucun respect. Des objets !
En Guinée, la justice a frappé juste et fort, en condamnant les quatre violeurs qui ont détruit, en novembre 2021, la vie de M'mah Sylla, jeune femme de 25 ans. Ils ont écopé de peines sévères, saluées par une opinion allergique à ces pratiques que l’on dit très répandues dans le pays. Cela pourrait-il expliquer le soulagement déclenché par ces condamnations ?
C’est, là, un cas typique de soif de justice, pour une société embourbée dans la culture de l’impunité, avec peu d’égard pour la vie humaine, si peu d’estime pour la dignité de la femme, et aucun respect pour son corps. Et ils se prétendaient médecins, les auteurs de ces
08/04/2023 • 4 minutes 12 seconds
Sénégal: une confusion bien entretenue
En politique, lorsque l’on estime avoir un destin national, il faut prendre garde aux attaques faciles contre la justice. Car, si l'on devient soi-même chef de l'État, l’on pourrait peiner à rendre à son peuple la confiance en cette justice que l’on aura contribué à discréditer.
Deux mois de prison avec sursis, 200 millions de francs CFA de dommages et intérêts. Contrairement à ce qu’il semblait craindre, Ousmane Sonko n’est pas écarté de la prochaine présidentielle par ce verdict. Au regard de l’émoi de ces dernières semaines, comment comprendre ce jugement, qui ne semble, d’ailleurs, satisfaire aucune des deux parties ?
Au-delà du jugement lui-même, ces tensions sans fin rendent totalement illisible l’échiquier politique sénégalais. Ces deux dernières années, ce pays vit en permanence des psychodrames artificiellement générés, sur la base de suspicions récurrentes : la première prête à l’actuel chef de l’État un désir de troisième mandat, et la seconde suggère que le meilleur moy
01/04/2023 • 4 minutes 40 seconds
Un rêve sans fin…
Pourquoi donc le privilège de représenter le continent au sein du Conseil de sécurité devrait-il être réservé aux seuls grands pays, alors que de petites nations sérieuses serviraient davantage l'intérêt de tous !
Lors d’un dialogue en ligne, initié par le Parti communiste chinois, le président Cyril Ramaphosa d’Afrique du Sud a réaffirmé, ce 15 mars 2023, la nécessité d’une réforme des Nations unies, avec un siège permanent pour l’Afrique au Conseil de sécurité. Le continent peut-il raisonnablement nourrir quelque espoir de voir aboutir cette revendication, plutôt ancienne ?
Depuis un quart de siècle, au moins en effet, les Africains réclament cette réforme et ce siège permanent, mais dans une relative cacophonie, et en vain, jusqu’à présent. Ils ne se sont pas réellement donné les moyens d’impulser les changements qui auraient pu leur offrir une telle perspective au sein de l’Organisation internationale. Car, pour être audible, il faut exister, de manière cohérente et convaincant
18/03/2023 • 4 minutes 20 seconds
Le prix de la reconquête de l'Afrique!
Il a eu beau multiplier les concessions et les bonnes intentions, le chef de l'État français peine à enrayer la dégradation de l'image de son pays en Afrique. Comme si la politique africaine de la France était tellement dépréciée qu'elle ne peut plus être réformée. Pour espérer reconquérir une opinion ouvertement hostile, il va falloir changer, radicalement, pour une politique lisible, à Paris. Avec des principes immuables, quels que soient les latitudes et les interlocuteurs.
« Ce n’est pas le discours d’Emmanuel Macron qui va changer notre destin. » Ainsi réagissait un leader du Balai Citoyen (la société civile burkinabè), à la suite des nouvelles orientations de la politique africaine, annoncées par l’Élysée, en prélude à la tournée qui s’achève ce samedi 4 mars. Les réactions contrastées à ce discours signifieraient-elles que l’exercice n’est pas réussi ?
L’on pourrait aussi bien se demander s’il était seulement indispensable. Certes, l’image la France est quelque peu malmenée
04/03/2023 • 4 minutes 14 seconds
Ignace Clomegah, patron et bâtisseur
Professionnel de haut niveau et de très grande envergure, il aura beaucoup transmis. Ses héritiers brillent et prospèrent, d'ailleurs, aussi bien dans les gouvernements, les institutions internationales, les multinationales que le secteur privé, en général. Par probité intellectuelle, nous nous devons, juste, aussi de confesser, ici, qu'il était aussi un ami.
Diplômé de Sciences Po, (Ecofi), brillant expert-comptable, il était un sujet d’élite, le premier Noir à intégrer, en France, le grand cabinet Arthur Andersen, et à y gravir les échelons, pour, à son tour, recruter et former quelques éléments qui comptent, encore aujourd'hui, parmi les meilleurs du marché. Ignace Clomegah a tiré sa révérence, ce 23 février 2023. Son parcours restera à jamais une source d’inspiration pour l’Afrique de l’excellence.
À une époque où l’horizon paraissait hermétiquement bouché pour les Noirs dans ces multinationales, il a su crever un plafond de verre en béton armé, ouvrir la voie, et transmettre
25/02/2023 • 4 minutes 39 seconds
Union africaine: soixante ans d’une réalité disparate
Dans une communauté de nations, des critères rigoureux d’appartenance s’imposent, pour éviter que l’image de tous soit ternie par celles des brebis galeuses…
Terrorisme, changements anticonstitutionnels, conséquences de la pandémie de Covid-19 et de la crise russo-ukrainienne, autant de défis, que les populations africaines affrontent avec résilience, si l'on en croit les ministres de l’Union africaine, réunis pour préparer le sommet des chefs d’État, qui se tient, ce week-end, dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba.
Cette résilience n’est-elle pas, au fond, une source d’espérance ?
Il faut juste prendre garde à ne pas trop ancrer le destin de l’Afrique dans la seule capacité des peuples à encaisser les chocs, à s’y résigner, à s’adapter, en espérant éventuellement s’en relever. Une telle banalisation de la résilience des populations africaines serait malheureuse, si elle devait assigner ce continent aux caprices d’un sort maudit, alors que les autres peuples s’évertuent à ten
18/02/2023 • 4 minutes 1 second
À en avoir la chair de poule!
L'aisance de la connexion entre le pape François et la jeunesse de RDC avait de quoi faire pâlir d'envie les dirigeants politiques africains, qui ont tant de mal à dialoguer avec cette frange de la population qui constitue pourtant l'avenir de leurs nations.
« Ôtez vos mains de la République démocratique du Congo, ôtez vos mains de l'Afrique ! Cessez d'étouffer l'Afrique : elle n'est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. » Dès sa première prise de parole en terre congolaise, le pape a donné le ton. La visite de François en RDC a été jalonnée de messages puissants. Faut-il donc en déduire qu’elle est réussie ?
Comme il serait malaisé de conclure le contraire ! Au-delà de la ferveur de l’accueil, et de la tonicité des messages délivrés, chaque jour du souverain pontife sur le sol congolais aura été l’occasion, pour lui, de marquer puissamment les esprits. Aucun des maux qui minent le Congo n’a été oublié. Aucun des protagonistes des tragédies imposées à ce peuple n’a été
04/02/2023 • 4 minutes 19 seconds
D’abord aimer son peuple
Pour espérer s’en sortir, les peuples africains devraient peut-être commencer à s’assurer que les dirigeants qu’ils se donnent les aiment et défendent leurs intérêts, de la même manière que les dirigeants des autres nations du monde aiment leurs propres peuples et défendent les intérêts de leur patrie.
Entre le rappel demandé de l’ambassadeur de France et la dénonciation de l’accord de 2018 relatif aux forces françaises présentes au Faso, les ingrédients d’une brouille entre le Burkina et la France semblent réunis. Pourquoi, alors, donne-t-on, à Paris, l’impression de vouloir dédramatiser ces tensions ?
Paris dédramatise, peut-être, pour ne pas rééditer les vaines querelles d’un passé récent – qui ont tant servi à distraire, à peu de frais, une partie du peuple malien, qui en oublié de demander à la junte des comptes sur sa gestion du pays.
Ces tensions avec le Burkina n’en demeurent pas moins déplaisantes, et l’on se demande à quoi il sert de vouloir les relativiser. La dénonciat
28/01/2023 • 4 minutes 3 seconds
L'Afrique rattrapée par ses problèmes irrésolus
Pourquoi ne pas attribuer la prochaine Coupe d'Afrique des Nations conjointement à l'Algérie et au Maroc ? Ainsi, au moins, ces deux pays se rappelleront qu'ils sont frères et, peut-être, apprendront-ils à vivre ensemble…
Privés d’une autorisation pour franchir l’espace aérien de l’Algérie, pays-hôte, les footballeurs du Maroc se trouvent, de fait, exclus de la septième édition du Championnat d’Afrique des nations (le Chan). Comment comprendre que le contentieux entre les deux pays, à propos du Sahara occidental, puisse faire, encore aujourd’hui, de tels dommages collatéraux ?
Bien que le Chan ne soit pas une compétition majeure, cet incident revêt une dimension continentale, comme tant d’autres problèmes mal résolus, dont les conséquences finissent, tôt ou tard, par rattraper l’Afrique. Ce qui est en cause ici, c’est, en l’occurrence, une fâcheuse propension des dirigeants africains à croire qu’il suffit d’ignorer les problèmes, pour qu’ils cessent d’exister.
C’est début novembre
21/01/2023 • 4 minutes 23 seconds
Sylvanus Olympio, leader d'envergure
Puis, soudain, l’Afrique bascula dans le pire. À jamais, avec ce premier assassinat d’un chef d’État élu. En une nuit, le Togo avait changé de destin.
Son assassinat, le 13 janvier 1963, a marqué le début des coups d’État sanglants, en Afrique. Le 60e anniversaire de l’élimination de Sylvanus Olympio, père de l’indépendance togolaise, a été largement évoqué sur RFI le 13 janvier. Mais c’est sur le profil de l’homme que vous souhaitez revenir tout particulièrement, aujourd’hui. Pourquoi donc ?
Il était de ces leaders qui donnent à leur peuple l’envie de se surpasser. Son parcours, aujourd’hui encore, inspirerait la jeunesse africaine en quête d’excellence. Sylvanus Olympio a fait ses études dans l'une des plus prestigieuses institutions universitaires de la planète, la London School of Economics and Political Science. Avant d’entrer en politique, il avait eu une carrière professionnelle exemplaire chez Unilever, où il était l'un des rares Africains à devenir associé.
Un des interv
14/01/2023 • 4 minutes 30 seconds
Il était brillant, humble et courageux
Figure planétaire, il a, d’ores et déjà, fait l’histoire. Des centaines de millions, peut-être plus d’un milliard de fidèles et d’admirateurs ont suivi, ce 5 janvier 2023, ses obsèques, place Saint-Pierre, ou à la télévision. Le pape Benoît XVI était particulièrement adulé. Comment expliquer l’attachement que lui vouaient tant d’Africains ?
Au regard de l’importance de la chrétienté sur le continent, le pape est une figure marquante en Afrique. Au-delà des appartenances religieuses, Benoît XVI suscitait l’admiration de centaines de millions d’Africains, en raison du panache avec lequel il a renoncé, en 2013, à la charge pontificale. On le respectait d’autant plus que sa démission était exemplaire, pour de nombreux peuples subissant des dirigeants qu’ils n’ont, parfois, même pas choisis, et qui s’imposent à eux au mépris des limites constitutionnelles.
Beaucoup auraient tout donné pour voir leurs propres dirigeants prendre exemple sur ce pape, qui était, après tout, un chef d’État c
07/01/2023 • 4 minutes 23 seconds
Pelé, tout simplement…
« Nous en étions très fiers, parce qu’il était noir, comme nous… » D'une certaine manière, Pelé appartenait aussi à l'Afrique. Mais les Africains, plutôt que de juste clamer leur fierté de se reconnaître dans de telles icônes, devraient commencer à s'inspirer, enfin, de leur sérieux et de leur rigueur.
Le roi Pelé n’est plus, et la terre entière le pleure. Parce que les amoureux du ballon rond, par milliards, se comptent sur tous les continents, dans tous les pays, tous les milieux, par-delà les barrières et autres catégorisations. Comment pouvez-vous, alors, soutenir qu’une partie de l’humanité le considérait, malgré tout, comme étant « un des siens » ?
Dans une chronique publiée, hier, dans le quotidien USA Today, Mike Freeman écrivait ceci : « Pelé n’était pas Américain, mais, pour une multitude d’Américains noirs, footballeurs, comme moi, il était un des nôtres. Il sera toujours un des nôtres ». Ce biographe d’entraîneur a alors dressé le portrait d’une icône galactique, une d
31/12/2022 • 4 minutes 11 seconds
Ghana: Sisyphe sur son rocher
Jamais, l’avenir de la démocratie dans ce pays n’a été autant tributaire de l’économie. Mais une économie posée sur un socle inébranlable.
Avec la suspension du paiement d’une partie de sa dette extérieure, le Ghana semble amorcer une préoccupante descente aux enfers : 40% d'inflation, une dette extérieure frôlant 80% du produit intérieur brut, une monnaie en chute libre… Qu’est-il donc advenu à ce Ghana que vous nous avez tant de fois vanté, ici, comme un modèle irréversible de réussite économique et démocratique ?
Certains trouveraient bien commode, à Accra, de s’abriter derrière les contrecoups de la guerre en Ukraine. Mais, le Ghana n’est pas plus affecté que d’autres États africains. Et depuis son accession à la magistrature suprême, il y a six ans, le président Akufo-Addo s’est construit, en Afrique et dans la diaspora, une image de leader d’envergure, capable d’audace, de franchise, et ses propos ont souvent impressionné. C’est donc, pour lui, le moment de mériter cette gloi
24/12/2022 • 4 minutes 42 seconds
Les sélections, carte génétique des nations?
Leur composition en dit souvent long sur l'histoire, l'esprit d’ouverture, le degré de tolérance et de générosité des peuples qu'elles représentent lors des événements sportifs.
« Probablement qu’il y a certains qui sont Français parce qu’il y a un certain nombre d’intérêts à l’être, mais qui ont le cœur qui bat pour un autre pays ». Ainsi s’exprimait un homme politique, parmi quelques autres, qui prédisaient des débordements, sinon une guerre civile, le jour du match Maroc-France. Pourquoi donc dites-vous que cela vous rend triste, Jean-Baptiste Placca ?
Parce que cette perfidie est devenue un classique, qui surgit chaque fois que les Bleus brillent en compétition. Elle vise indirectement les joueurs dont au moins un des parents vient du Maghreb ou, plus généralement, d’Afrique. Arnaud Pontus, dans un billet caustique, le jour du match, a remis à leur place ces politiciens qui ne peuvent s’abstenir de renvoyer à leurs origines ces footballeurs de l’équipe de France et ceux qui l
17/12/2022 • 4 minutes 6 seconds
Cédéao: une cible dans le dos…
Avec sa trouvaille de force anti-putsch, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest aborde la question des coups d’État de la pire des manières qui soit. Elle va au-devant de problèmes d’une autre nature…
Au sommet d'Abuja, la Cédéao vient de sommer les autorités de Bamako de libérer, avant le 1er janvier 2023, les 46 militaires ivoiriens qu’elles détiennent, sous peine de sanctions. Comment comprendre ce retour à une certaine fermeté ?
Il reste à savoir s’il était vraiment indispensable de lancer un tel ultimatum à l’endroit du pouvoir de Bamako. Si, le 1er janvier 2023, la junte venait à ne pas libérer les militaires ivoiriens, et que la réaction de la Cédéao n’était pas assez ferme, cela altérerait un peu plus ce qu’il reste de crédibilité à cette institution. Des menaces aussi définitives pourraient même se révéler contre-productives, avec une junte malienne à l’affût de la moindre occasion, pour toiser et défier ceux qu’elle suspecte d’avoir travaillé à faire d
10/12/2022 • 3 minutes 18 seconds
Du football au panafricanisme
Avec des valeurs communes, des règles claires, respectées par tous, dans le sérieux et la rigueur, l'Afrique aura toujours de bonnes chances de s'en sortir. Au football comme dans le développement industriel.
« Chaque Africain vibre pour chacune des équipes africaines présentes au Qatar », disiez-vous ici la semaine passée. Qu’est-ce que cela suppose de l’importance du football dans la vie des nations africaines ?
Dans chaque pays, la sélection nationale est le lieu où s’estompent les rivalités, comme les dissensions politiques, confessionnelles, régionalistes ou autres. Le football joue un rôle tout aussi inestimable au niveau continental. Il n’y a, pour s’en convaincre, qu’à écouter les messages des auditeurs de toutes nationalités, régulièrement relayés par le service des sports de RFI, durant les retransmissions. C’est la magie du sport-roi que d’irradier de telles sensations à l’Afrique. S’il fallait une preuve ultime de ce que le rêve panafricaniste n’est pas totalement mort,
03/12/2022 • 3 minutes 14 seconds
Coupe du monde 2022: pourquoi les équipes africaines peinent à briller?
Pourquoi donc les sélections africaines peinent tant à briller à l'édition 2022 de la Coupe du monde de football ? Et comment expliquer que, plutôt que de jouer pour la sélection de leur pays d'origine, tant de footballeurs talentueux d'origine africaine préfèrent leur « autre pays » ou patrie d'adoption ? Que faire, pour que ceux qui choisissent de jouer sous le maillot d’une nation africaine trouvent un cadre propice, pour rehausser le niveau des sélections africaines ?
Avec sa victoire sur le Qatar, le Sénégal semble s’être quelque peu rassuré. Peut-on, du coup, estimer qu’elles sont exagérées, les inquiétudes quant aux chances des équipes africaines de se qualifier à l’issue de la phase de groupe ?
Ce n’est, certes, pas que parmi les seules nations d’Afrique engagées dans cette compétition que l’on a vécu de retentissantes contreperformances. Mais, si l’on est inquiet, c’est parce que certaines équipes africaines nous ont donné l’impression de jouer en division inférieure. Par
26/11/2022 • 3 minutes 15 seconds
Le discours puissant d'un pur…
Alors que la situation du pays semblait totalement désespérée, voilà que la sincérité du chef de la junte redonne espoir à ses concitoyens. D'aucuns suggèrent même qu'il est la dernière chance du Burkina : « S'il lui arrive quoi que ce soit, c'en sera fini de notre pays », disent-ils.
Au Burkina, le capitaine Ibrahim Traoré vient d’annoncer une réorganisation profonde du dispositif antiterroriste de l’armée. Mais, l’actualité, ce sont les propos qu’il a tenus, quelques jours plus tôt, devant les leaders politiques et de la société civile, à Ouagadougou. Sont-ils donc trop enthousiastes, ceux qui louent déjà le sérieux du jeune dirigeant du Burkina Faso ?
Pour couvrir le capitaine de fleurs, l’on attendra que ses bonnes intentions deviennent réalités palpables. Il n’empêche ! Son discours traduit une claire conscience de la gravité de la situation réelle du Burkina. Et des erreurs et abus des élites politiques et autres, qui ont fragilisé la nation, et transformé certains enfants du
19/11/2022 • 4 minutes 11 seconds
COP27: une parole africaine, pour peser
Combien d'humiliations encore faut-il donc à l’Afrique, aux dirigeants africains, pour comprendre enfin que leurs revendications pèseraient d’un poids plus consistant, s’ils apparaissaient dans ce type de conférences unis, sous la bannière imposante d’une Grande Afrique ?
« Soit nous sauvons la planète, soit elle disparaît avec nous ! », a prévenu Macky Sall, chef de l’État sénégalais et président en exercice de l’Union Africaine, à la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques. À Charm-el-Cheikh, la plupart des chefs d’État africains se sont exprimés. Le Centrafricain a même parlé de crimes « commis par d’autres », pour lesquels l’Afrique ne devrait pas continuer à payer. Ne doit-on pas convenir que l’Afrique a su se faire entendre à cette COP 27 ?
Au-delà de ces fulgurances, ce qui se joue dans cette cité balnéaire égyptienne révèle la cruauté des rapports que les nations riches entretiennent avec les plus démunis sur cette planète. Et puisqu’au regard de certai
12/11/2022 • 4 minutes 1 second
Sur la ruse et le faux…
Le drame que vient de vivre cette semaine le peuple tchadien est de ces moments de grande tristesse pour toute l'Afrique. Car, le spectacle offert le 20 octobre 2022 par le Tchad n'est pas de ceux qui remplissent les Africains de fierté. Et ce n'est nullement une affaire de passeport...
Une cinquantaine de personnes ont été tuées, jeudi 20 octobre, dans la répression d’une manifestation de protestation contre la prolongation de la durée de la transition, au Tchad. Le Premier ministre a dénoncé une insurrection et annoncé la suspension de partis politiques et de mouvements citoyens, promettant de vigoureuses poursuites judiciaires à quelques leaders. Dans un pays aussi fragile, que peut présager une si fulgurante dégradation ?
Cela n’augure rien de très rassurant, hélas ! Avec le père, Idriss Deby Itno, les Tchadiens pensaient avoir bu le calice jusqu’à la lie tant il était capable de fermeté, sinon de brutalité contre tous ceux qui défiaient son pouvoir. Ce peuple doit à présent ré
22/10/2022 • 4 minutes 1 second
Le délai de décence…
Dans l'ambiance actuelle de ralliements faciles, le Tchad va avoir grand besoin d'une réelle vigilance citoyenne, afin que l'avenir de ce peuple soit fait d'un peu plus d'évolutions concrètes.
Au Tchad, l’opposant historique Saleh Kebzabo est désormais Premier ministre, et Gali Ngothé Gatta, qui a présidé le Dialogue national inclusif et souverain, est Secrétaire général de la présidence de la République. Comment comprendre que les critiques les plus acerbes viennent de l’opposition, alors que ces deux personnalités promues sont extérieures au régime de Déby-père ?
Davantage que de critiques, il s’agit, en fait de perplexité et d’embarras. Que Saleh Kebzabo et Gali Ngothé Gatta soient les bénéficiaires des premières nominations d’importance décidées par Mahamat Idriss Déby laisse une impression de promotions à volonté, comme dans un échange de bons procédés. D’abord, la consécration de Mahamat Idriss Déby dans ses fonctions de chef d’État, symboliquement validée par Gali Ngothé Gat
15/10/2022 • 4 minutes 26 seconds
À l'heure des grands questionnements
À présent, le deuxième coup d’État de l’année est totalement consommé au Burkina. Il a suffi d’une petite semaine aux putschistes pour faire l’unanimité autour d’eux. Même la Cédéao, pourtant chahutée et vilipendée à Ouagadougou, a entériné, de fait, ce putsch. Ne doit-on pas en déduire qu’en Afrique, certains coups d’État sont acceptés, parfois même souhaités par les populations ?
L’on est gêné de voir les Bukinabè, huit mois après s’être réjouis d’un premier putsch, revenir, dans la même candeur, applaudir le suivant. Certes, il mérite son sort, le vaincu. Mais, peu de peuples raisonnables s’accommodent tant des coups d’État. Le Burkina est à un de ces carrefours où l’intelligence collective commande de s’interroger sur les racines profondes du mal qui vous rabaisse : cette vulnérabilité chronique, qui fait qu’un État peut être cueilli aussi facilement, en quelques heures, par un officier plus ou moins jeune, plus ou moins instruit, et presque toujours peu qualifié. Ils doivent au
08/10/2022 • 4 minutes 12 seconds
Burkina Faso: une plaie béante au cœur de l'Afrique de l'Ouest
Au contact des délices du pouvoir, les plus belles intentions des putschistes s'évaporent parfois si vite que l'on ne peut que consentir à leurs concitoyens la faveur de les laisser juger les nouveaux putschistes à leurs seuls actes. Pas à l'aune des charges qu'ils alignent contre leur camarade Sandaogo Damiba, qu'ils viennent de débarquer.
RFI : Neuf mois après son coup d’État contre Roch Marc Christian Kaboré, le lieutenant-colonel Damiba a donc été, à son tour, renversé par ses propres camarades. Ce que l’on présentait, hier en début de journée, comme une simple revendication de primes non versées s’est avéré être un nouveau coup d’État. Que dire de ces putschs à répétition, dans un pays dont la situation sécuritaire ne cesse, par ailleurs, de se dégrader ?
Ce qu’il y a de prodigieux dans les proclamations de coup d’État, c’est qu’elles sont attrayantes à souhait, suffisamment pour que chacun y trouve de quoi apaiser ses éventuelles frustrations. Les nouveaux putschistes étaien