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Les défis du coton africain face à l'explosion de la production brésilienne
Le Brésil est devenu le premier exportateur de coton au monde, devant les États-Unis. Les volumes exportés par le géant d'Amérique latine ne cessent de croître et pourraient demain menacer les parts de marché du coton africain, que certains qualifient de plus beau coton du monde. Où en est la prise de conscience sur le continent et quelles sont les pistes d'adaptation ? De notre envoyée spéciale au Forum de l'Association français cotonnière, qui s'est tenu au début du mois d'octobre dans la ville du Havre,« On a la pression du Brésil, on ne peut pas le nier », reconnaît le président de l'Association professionnelle des sociétés cotonnières en Côte d'Ivoire. « Les signaux sont là, ajoute Jean-François Touré, il faut en prendre conscience et mener les réflexions nécessaires pour contrecarrer la situation ». L'expansion de la culture du coton au Brésil a déjoué toutes les prévisions : elle est même vue par certains experts comme le fait marquant de ce 21ᵉ siècle pour le secteur. Depuis l'année dernière, le Brésil est devenu le premier exportateur mondial, de quoi pousser un peu plus les producteurs d'Afrique de l'Ouest à réfléchir à leur avenir. Sur le marché international, l'Afrique reste toujours le premier fournisseur du Bangladesh, grâce à la beauté de son coton ramassé à la main, mais cela pourrait vite changer. D'où les efforts actuellement menés au sein de l'Association cotonnière africaine pour maintenir et améliorer la qualité de l'or blanc, assure Papa Fata Ndiaye, directeur général de la Sodefitex au Sénégal. « Cela passe par une récolte plus soignée, explique-t-il, une lutte acharnée contre la contamination du coton par les polypropylènes et une meilleure homogénéité des lots pour répondre avec plus d'efficacité aux exigences de la filature. »À lire aussiLe marché du coton entre forte volatilité et manque de visibilitéDix producteurs pour 50 % de la productionAu Brésil, une petite ferme s'étend sur 50 000 hectares, contre 2 hectares en Afrique. Dix producteurs concentrent pas moins de 50 % de la production brésilienne. On parle donc d'exploitations hors normes, aux rendements impressionnants, entre trois et cinq fois plus élevés que ceux du continent africain, qui permettent de réduire les coûts de production par hectare. Même s'il n'y a pas de comparaison possible entre un coton cueilli à la main et celui récolté à la machine, une marge de progression en termes de pratiques agricoles et de rendement existe en Afrique de l'Ouest.« On continue toujours avec la même formulation d'engrais, il y a donc un certain nombre de réformes et de réflexions à mener », selon Jean-François Touré, qui estime que les pays producteurs du continent peuvent atteindre un rendement de 1,5 t tonne par hectare, voire même de 2t/ha. À lire aussiRemobiliser la filière africaine du coton face aux chutes de productionUn Brésil encore plus présent demain Personne n'a de doute, le géant d'Amérique latine produira encore plus dans les prochaines années dans la région du Mato Grosso - qui occupe une surface une fois et demie plus grande que celle de la France.La menace est réelle, mais pas que pour l'Afrique, explique Laurent Peyre, président de l'Association française cotonnière et directeur exécutif de la société StoneX CDI. « Si les volumes deviennent très importants, le Brésil fera de l'ombre à tout le monde, à l'Afrique de l'Ouest, mais surtout au coton américain et australien qui sont deux cotons mécanisés également ». Parmi les débouchés alternatifs pour l'Afrique, hors Asie, la transformation locale a de plus en plus le vent en poupe. Elle passe par la construction de filatures et d'usines de tissage, à l'image de ce que le Bénin est en train d'expérimenter, le principal frein restant, dans la plupart des pays, la disponibilité d'une énergie durable et accessible.
10/24/2024 • 2 minutes, 31 seconds
Au Maroc, Nexans promeut ses solutions électriques pour l'Afrique
La multinationale française Nexans a choisi cette année le Maroc pour organiser la quatrième édition de son « Climate day ». L'entreprise est spécialisée dans la conception et la fabrication de câbles. Son forum est dédié aux solutions qui doivent permettre de relever les défis climatiques. Le thème de cette année : l'électrification durable, une opportunité pour l'Afrique. De notre correspondant au Maroc, L'entreprise a mis les petits plats dans les grands, privatisant les magnifiques jardins du Chellah, y installant des stands pour faire connaître ses dernières innovations. « Ce que je vous propose, c'est de regarder autour de vous. À chaque fois que vous avez un engin, un transformateur ou une cellule qui apparaît en bleu, essayez de cliquer sur le bouton juste là », propose-t-on aux visiteurs.La réalité virtuelle au service de la formation des techniciens, pour assurer une maintenance de qualité. C'est ce stand qui a tapé dans l'œil de Lenzéni Coulibaly, consultant pour la Compagnie ivoirienne d'électricité. « J'ai été invité par Nexans pour découvrir toutes leurs innovations en matière de prévention des incidents, des dysfonctionnements », détaille-t-il. Pour cela, ils ont des systèmes de monitoring, des solutions qui permettent de rendre le réseau électrique plus durable. Une aubaine pour des sociétés comme la compagnie ivoirienne qui a « des problèmes de durée de vie des équipements ». En cause notamment, la surconsommation. « Un transformateur a une puissance, a une charge qu'il ne doit pas dépasser, mais quand on est en surcharge avec le monitoring, vous pouvez couper avant l'incident et ainsi augmenter la durée de vie », explique Lenzéni Coulibaly.Moins d'incidents et de perte de matériels qui doivent permettre logiquement de réduire l'empreinte carbone du secteur, selon ce consultant. « S'il faut refabriquer des câbles, refabriquer des transformateurs, reconsommer des huiles, c'est contre l'environnement, et même, cela pollue et produit des déchets », fait-il remarquer.Un secteur concurrentielDéjà présent au Maroc et en Côte d'Ivoire, ce forum est l'occasion pour l'entreprise française Nexans de tenter de séduire de potentiels nouveaux clients sur le continent, grâce à ses équipements basés sur l'énergie solaire. « Je trouve que Nexans développe aussi l'énergie solaire et effectivement, on peut les faire participer dans la compétition des entreprises qui peuvent effectivement apporter des solutions aux Comores », estime Mohamed Djounaid, directeur général de la Société nationale d'électricité des Comores (SONADEC).Sur ce marché, il y a effectivement de la concurrence, selon Mohamed Djounaid. « Il n'y a pas que Nexans, mais quand même, Nexans a sa place en termes de qualité. Et peut-être au niveau du coût, c'est là où il y aura une différence. On verra. Les Chinois aussi sont là et s'adaptent », met-il en avant.Pas de quoi inquiéter le PDG de Nexans, Christopher Guérin, qui insiste sur l'ancrage africain de son entreprise : « Au Maroc depuis 77 ans. Nous avons démarré, il y a plus de 10 ans, une nouvelle usine en Côte d'Ivoire. Nous sommes depuis les années 1960 au Ghana. Également au Sénégal. Donc, nous sommes présents en Afrique depuis déjà très longtemps. Mais le Maroc est notre plateforme de développement. » Le groupe compte renforcer sa présence dans le Royaume avec une troisième usine. Sa mise en service est prévue pour 2028.
10/23/2024 • 2 minutes, 30 seconds
Intelligence artificielle: comment l’Afrique peut-elle gagner en souveraineté sur les technologies et ses données?
Le 24 juillet dernier, l’Union africaine (UA) a publié la stratégie du continent sur l'intelligence artificielle. Formation, accès aux données pour les supercalculateurs, protection des données stratégiques et personnelles... Comment l’Afrique peut-elle gagner en souveraineté ? La souveraineté commence avec les compétences en intelligence artificielle et la Tunisie accélère le rythme, souligne Hichem Turki. Sur le technopark qu'il dirige à Sousse, 500 étudiants sont formés cette année aux technologies du leader du calcul Nvidia, 2 000 le seront l'an prochain. « On est en train de préparer les talents pour l’intelligence artificielle, pour qu’on soit créateur d’intelligence artificielle et pas consommateur uniquement, met en avant Hichem Turki. Et bien entendu, on a investi dans nos supercalculateurs pour pouvoir donner la capacité à nos talents de faire du développement de l’IA. Il faudra évidemment qu’on développe de plus en plus les data centers pour la souveraineté des informations sur le pays ».L'Afrique compte pour l'heure 80 data centers, sur les quelque 5 000 répartis dans le monde. Certains pays, comme la Côte d'Ivoire, ambitionnent de les multiplier. Attention, prévient cependant Luc Missidimbazi, président de la plateforme de la tech et de l’innovation de l’Afrique centrale, Osiane : « Tant qu’on n’aura pas résolu les problèmes de base, d’énergie pour les data centers, ça nous coûtera tellement cher, que le produit au final coûtera cher à l’utilisateur », alerte-t-il. En effet, « si vous avez un data center qui a des coûts jusqu’à quarante fois plus cher que l’Europe, vous aurez toujours l’obligation d’avoir vos données à l’étranger ».Législations pas encore appliquées en AfriqueL'urgence, selon cet ingénieur, conseiller du Premier ministre du Congo-Brazzaville, est avant tout de sécuriser les données africaines, où qu’elles soient logées. Pour lui, la problématique est bien l’accès à ces données. « C’est là où l’authentification, l’identification sont fondamentales. Cette authentification passe par des instruments, par des équipements, par des technologies, par des programmes, par un cryptage. Et ce sont ces renforcements-là qu’il faut comprendre, pour pouvoir disposer d’une totale gestion de son écosystème digital. Ce qui n’est pas le cas pour beaucoup de pays africains », analyse-t-il.La protection des données personnelles est un autre défi, reconnaît Meshia Cédric Oveneke, co-fondateur de l’entreprise Fit for Purpose, qui a développé une application de reconnaissance faciale au Kenya. « Dans notre entreprise, dans tout ce qu’on développe, on pense toujours à la protection des données. On ne sauvegarde aucune photo et on ne travaille pas avec des technologies de sauvegarde du type cloud et nuage, parce que l’infrastructure ne le permet pas. Et donc le problème ne se pose pas dans notre cas. Maintenant, est-ce que tout le monde le fait ? Ça, c’est une autre histoire… », explique Meshia Cedric Oveneke.Si la plupart des États africains ont adopté des législations pour protéger les données personnelles, c’est leur application, jugent les experts, qui est à la traîne, faute de formation adéquate dans toutes les administrations.À lire aussiLes initiatives africaines de l'IA se déploient entre l'Afrique et l'Europe
10/22/2024 • 2 minutes, 24 seconds
Glappy, l'initiative camerounaise qui forme les jeunes à l'intelligence artificielle
Les initiatives en matière d'intelligence artificielle et de robotisation se multiplient en Afrique. La fondation Glappy a été créé aux États-Unis par deux Camerounais. Leur objectif : faire du Cameroun un des pays en pointe en termes de robotisation. Pour se faire, ils forment les enfants. Lors de leur présentation, un robot humanoïde qui ressemble à un enfant se met à bouger et à communiquer. « Ça a des mains, un torse, la tête, il y a des caméras dans les yeux pour pouvoir naviguer », explique Christian Ntienou, qui fait partie de Glappy. Cette fondation est à l'origine de ce prototype dont les parties plastiques ont été imprimées en 3D aux États-Unis. « On entend régulièrement qu'un enfant dans un village, qui n'a rien, a créé tout un écosystème électrique. Donc s'il y a des gens comme ça dans une zone rurale, pourquoi ne pas donner la chance au reste du village de soutenir ce jeune ? »Former les leaders technologiques de demainL'objectif est que, dans le futur, tout soit fabriqué au Cameroun avec du plastique recyclé. Pour y parvenir, Glappy forme la nouvelle génération aux langages informatiques dans des villages ruraux.« On a plus de 10 000 élèves, on leur fournit le matériel, on leur apprend le scratch, un langage de code, et on veut qu'ils apprennent joss, qui est le code pour les robots », précise Christian Ntienou. Depuis début octobre, la fondation Glappy a ouvert une université à Yaoundé, où elle enseigne la robotique, les technologies de l'intelligence artificielle et du drone. Elle souhaite ouvrir un campus partenaire aux États-Unis avec l'aide d'investisseurs de la diaspora et du Cameroun.Langage robotique en swahili et haoussaRussell Avre, l'entrepreneur à l'origine de Glappy, explique : « On se concentre sur les jeunes entre 8 et 13-14 ans. On stimule leur intérêt pour l'IA et la robotique grâce à la gamification ; ils jouent et ils apprennent. Ce sont des livres scolaires pour leur apprendre les éléments de la robotique. On est en train de traduire le langage robotique en swahili, en haoussa, pour que les gens puissent lire et comprendre les concepts de la robotique dans leur dialecte. »Pour Jacques Eone, le président de la Cameroon Robotics Association, basé à Douala, il y a bien une effervescence de la robotique dans le pays : « Sur le domaine de l'infrastructure, la robotique du Cameroun est dans le top 10. En termes d'ambition, on peut atteindre le top 5. » Aujourd'hui, le leader de la robotique sur le continent reste l'Afrique du Sud, suivie du Nigeria, devant des pays d'Afrique du Nord comme l'Égypte et le Maroc.À lire aussiLes initiatives africaines de l'IA se déploient entre l'Afrique et l'Europe
10/21/2024 • 2 minutes, 19 seconds
Les initiatives africaines de l'IA se déploient entre l'Afrique et l'Europe
Comment adapter l'intelligence artificielle (IA) aux besoins des populations ou des États africains ? De la lutte contre la vie chère à l'identification du bétail, les ingénieurs du continent et de la diaspora rivalisent d'imagination pour développer des solutions qui s'exportent. Pionnière de l'intelligence artificielle en Côte d'Ivoire, Sah Analytics a contribué à circonscrire la pandémie de Covid-19 à Abidjan. Depuis, elle a développé une application qui aide les autorités ivoiriennes à lutter contre l'inflation. « Nous accompagnons le ministère du Commerce ivoirien pour tout ce qui concerne les alertes par rapport à la vie chère, explique son PDG et fondateur, Yaya Sylla. Les citoyens, via une application, prennent des photos. Automatiquement, le lieu est géolocalisé. Ça aide le personnel du ministère de Commerce pour réagir derrière. »Autre service développé grâce à l'IA par cette société : le contrôle des frontières et des mouvements migratoires, via l'exploitation d'images satellites. « Avec la constellation de satellites, on voit tout de suite, toutes les 15 minutes, quels sont les différents mouvements à une frontière donnée, à une position donnée. Ça peut permettre de créer des alertes. Et les forces de défense et de sécurité peuvent intervenir », poursuit Yaya Sylla. Reconnaissance faciale des vaches pour la microfinanceSah Analytics a désormais une filiale en France. Six ingénieurs travaillent à Reims dans la cybersécurité pour les banques et les collectivités locales. Dans l'autre sens, la PME Fit For Purpose, installée en Belgique, a créé une filiale en Afrique, Neotex.ai, pour répondre à un besoin très particulier au Kenya, dont les autorités imposaient aux éleveurs d'identifier leurs vaches. « Il y a des solutions classiques qui coûtent très cher, comme les puces électroniques à installer au niveau des vaches et qui sont inaccessibles aux éleveurs avec lesquels on travaille. Et donc, on a pensé, pourquoi pas, centraliser l'identification via une photo comme on le fait avec l'être humain », raconte Meshia Cédric Oveneke, co-fondateur belgo-congolais de l'entreprise.Les algorithmes de reconnaissance faciale ne fonctionnant pas du jour au lendemain sur les vaches, il a fallu faire de la recherche et du développement pendant presque un an pour créer des modèles sur mesure : « Maintenant, avec une photo, on peut enregistrer une vache et on peut la reconnaître à n'importe quel moment, comme avec l'humain. Et les banquiers sont maintenant beaucoup plus sûrs, à qui et pourquoi ils octroient les crédits, et c'est ainsi une lutte anti-fraude, une assurance pour pouvoir récolter les bonnes données et pouvoir donner le bon produit financier. » L'ingénieur espère répandre son outil de reconnaissance faciale du bétail dans la zone swahiliphone et francophone. Pour l'heure, moins d'1% du cheptel africain est assuré ou fait l'objet d'un crédit.À lire aussiPaulin Melatagia, chercheur camerounais: «L'IA est très utilisée pour les prédictions agricoles en Afrique»
10/20/2024 • 2 minutes, 25 seconds
En Afrique de l'Ouest, un déficit de logements difficile à combler
En Afrique de l’Ouest, dans les grandes villes en développement, le déficit de logements est une problématique partagée. Un déficit chronique combiné à une croissance démographique importante. Les États et les entreprises cherchent à améliorer la situation. « Parfois, certains te donnent des documents, mais tu te rends compte que la terre ne leur appartient pas », souligne Issouf Sako. Il est promoteur immobilier agréé à Abidjan tout comme Aziz Ouattara. L’envie de construire est bien là, mais ils témoignent des difficultés qui entourent la sécurisation du foncier. « Il peut y avoir vraiment, je ne dirais pas des magouilles, mais il peut y avoir plusieurs attributions sur la même parcelle, souligne Aziz Ouattara. Donc quand c’est comme ça, la banque ou les investisseurs ont peur d’investir beaucoup, car s’il y a un conflit, il sera très difficile de trancher. Ça freine beaucoup d’investissements. »Un problème sur la sécurisation du foncier reconnu par exemple par la Banque de l’habitat du Sénégal (BHS). Un accord de cette banque avec l’État sénégalais permet d’obtenir gratuitement un titre foncier en règle. Mais pour accéder à la propriété lorsque l’on est un particulier, il faut également avoir un compte bancaire, et obtenir un prêt. Des démarches qui ne vont pas toujours de soi et que tente de favoriser la BHS.À lire aussiL'Afrique est le continent avec la «tendance d'urbanisation la plus rapide au monde»Incitation à l’épargne et aménagements préalables« L’incitation à l’épargne, c’est d’abord par les taux attractifs que nous proposons, la simplification des procédures d’ouverture de comptes. Parce que nous le voyons aujourd’hui avec le développement du Transfer money, les banques ont aussi ce rôle à jouer en poussant les populations à venir se bancariser », assure Abdoul Kasse, le directeur de la filiale française de la BHS. Qui dit épargne dit également de meilleurs taux pour les prêts bancaires. Ce qui donne un petit coup de pouce aux futurs acquéreurs.Favoriser la construction de logements passe également par des impulsions politiques. « L’État doit faire les investissements préalables à l’investissement privé. Parce que tout ce qui est voirie, réseau urbain, ne rentre pas directement dans la maison, mais ça coûte au moins 30 à 35 % de l’investissement global », pointe Brahima Traoré, le directeur général de l’Agence nationale de l’Habitat de Côte d’Ivoire (ANAH). « Si l’État ne prend pas en charge ces frais, à la fin de l’investissement, le logement ne peut pas être accessible aux couches que l’on veut atteindre », souligne-t-il encore.À lire aussiLe Sénégal cherche des mesures contre l'explosion des loyers vécue de plein fouet à DakarL’Agence nationale de l’habitat a pour mission de construire des logements, mais surtout de « faire construire ». « On crée les conditions permettant au secteur privé de pouvoir construire. En ayant des financements avec les banques, en ayant du foncier viabilisé et en ayant en face, une offre d’acquéreurs. Quand on a fini ça, le secteur se régule tout seul », résume-t-il.Objectif des autorités ivoiriennes : la construction de 150 000 logements d’ici à 2030. Les évaluations estiment que les besoins sont cinq fois supérieurs.À lire aussiQu'est-ce qu’un chez soi?
10/17/2024 • 2 minutes, 13 seconds
Afrique du Sud: l’industrie minière appelée au chevet de Transnet
En Afrique du Sud, le renflouement des entreprises publiques sud-africaines à court d'argent ont coûté aux contribuables 456,5 milliards de rands (environ 25,9 milliards de dollars) au cours des dix dernières années. C’est ce qu’a annoncé le Trésor public sud-africain ce mardi 15 octobre. L’entreprise nationale en charge du réseau ferré et portuaire, Transnet, ne fait pas exception. Renflouées à hauteur de 49 milliards de rands par l’État, les industries minières dépendantes du réseau ferré sont également appelées à aider au redressement de l’entreprise publique. De notre correspondante à Johannesburg,Au cœur de scandales de corruption depuis plusieurs années, l’entreprise publique, plombée par une dette colossale et des dysfonctionnements, fait face à une déliquescence de ses infrastructures et n’est plus en mesure de pourvoir aux besoins logistiques des industries minières. Pour le secteur minier, les contraintes logistiques sont devenues un cauchemar ces dernières années. Les défaillances du réseau ferré contrôlé par l’entreprise publique Transnet – manque de maintenance, de locomotives et donc de trains – affectent tous les producteurs.« Tous nos produits d’exportation – le minerai de fer, le chrome, le charbon – dépendent du réseau ferroviaire. Ses limites se répercutent donc directement sur les revenus de ces entreprises et sur l’économie. Certains calculs évaluent la perte de revenus à 50 milliards de rands par an (plus de 2,5 milliards d’euros) », met en avant Bernard Swanepoel, organisateur de l’Indaba, la conférence minière de Johannesburg.« Nous devons aller sur le marché et amener le secteur privé à travailler avec nous »La situation est allée en s’aggravant depuis six ans. Endettée à près de 7 milliards d’euros, la moitié ayant été avalée par la corruption et la mauvaise gouvernance, Transnet peine à sortir la tête de l’eau. Un grand plan de redressement a été lancé à la fin l’année dernière, avec, pour la première fois, une ouverture vers des partenariats public-privé. « Transnet n’a pas d’argent. Et le gouvernement n’a pas d’argent. Donc, il faut bien qu’il vienne de quelque part », résume Michelle Phillips, PDG de Transnet. « C’est pourquoi nous devons aller sur le marché et amener le secteur privé à travailler avec nous, de manière plus formelle et plus structurée. Il y a beaucoup de choses à réparer, nous faisons face à des années de sous-investissement, donc ça va prendre du temps », analyse Michelle Phillips.Plusieurs dirigeants font désormais partie de comités mis en place par le gouvernement pour trouver des solutions. L’entreprise Kumba Iron Ore, premier producteur de minerai de fer du continent, a dû revoir à la baisse ses objectifs de production jusqu’à 2027, à cause du manque de capacité de Transnet. « Comment restons-nous compétitifs ? C’est par les volumes de production. C’est ce qui fait ou défait votre entreprise. Et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de travailler en partenariat, dans une perspective de collaboration », souligne la directrice générale de Kumba Iron Ore, Mpumi Zikalala. Pour elle, l’essentiel aujourd’hui est d'accélérer le processus de transformation. « Parce que ce qui fait bouger les choses, ce ne sont pas les discussions, mais la vitesse. C’est l’exécution », insiste-t-elle.Le 1ᵉʳ octobre, Transnet a annoncé sa division en deux entités, l’une dédiée aux infrastructures et l’autre à l’aspect opérationnel. Des réformes dont l’efficacité restera à évaluer au cours des prochaines années.À lire aussiMining Indaba: restreindre l’exportation de matières premières brutes pour transformer localement
10/16/2024 • 2 minutes, 20 seconds
En Centrafrique, le retour de la culture du sésame, une production à forte valeur ajoutée
En Centrafrique, la culture de sésame a repris à Kaga-Bandoro, une ville au centre du pays. Grâce à l'amélioration des conditions sécuritaires, les acteurs humanitaires se retirent progressivement de la région et orientent les habitants vers les activités de développement à l'exemple de l'agriculture. Les autorités locales notent une augmentation de la production de sésame de 50% chez les producteurs. La ville voit affluer non seulement des demandeurs nationaux, mais également étrangers. De notre envoyé spécial à Kaga-Bandoro,Le groupement «Ko Ba sè» – qui signifie « Travaillons pour gagner » en langue locale mandja – possède un champ de 10 hectares à proximité de Kaga-Bandoro. Ici, les paysans labourent avec une charrue dans l’optique de planter du sésame. David, le coordonnateur du groupement, prépare les graines de sésame dans un récipient pour le semis.« Comme vous pouvez le constater, le sol de la localité est favorable à la culture du sésame. C'est une plante qui se développe rapidement et qui est facile à cultiver », décrit-il. Cette céréale permet un bénéfice rapide. « Au bout de 3 à 4 mois, nous avons déjà la récolte, contrairement au manioc ou d'autres cultures que l'on récolte après un an », ajoute-t-il. Jusqu'à récemment, la ville était aux mains des groupes armés. Le Bureau des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) en partenariat avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) soutiennent les groupements agricoles avec des semences de qualité et l’usage de bonnes pratiques.Le sésame suscite l'intérêt chez les producteurs et les acheteursÀ Kaga-Bandoro, le sésame rapporte plus que les autres produits alimentaires de base. Alors que la cuvette de sésame se vend à 6 000 francs CFA, le prix des cuvettes de manioc, de maïs et d'arachides varie entre 3 000 et 4 000 FCFA. « Chaque année, depuis deux ans, nous exportons entre deux et trois tonnes de sésame dans la sous-région. Le bénéfice annuel de toutes nos ventes nous rapporte environ 10 millions de FCFA, détaille David. Une partie de cet argent nous permet d'acheter d'autres parcelles et des bœufs pour augmenter la productivité. Le reste nous aide à payer le salaire mensuel de nos membres. Maintenant, nous souhaiterions avoir des machines. »Consommé localement, le sésame part également dans la sous-région. « Chez moi, les gens disent que l'huile de sésame est bien meilleure que l’huile d’arachide. Certains l'utilisent pour l’alimentation et d'autres pour la fabrication de savons », explique Hamza Youssouf. La jeune commerçante soudanaise a parcouru un millier de kilomètres pour se ravitailler à Kaga-Bandoro. « C'est ici que j'en trouve en quantité suffisante », assure-t-elle.À écouter dans 8 milliards de voisinsCoco, arachide, palme... Mets de l’huile !Après la ville de Kaga-Bandoro dans la Nana-Gribizi, les préfectures du Mbomou et de Lim Pendé se remettent progressivement à la culture du sésame. À défaut d'un organe qui puisse organiser la production et la commercialisation de cette céréale, chaque groupement ou agriculteur s'active pour écouler ses marchandises dans d'autres préfectures du pays ou dans la sous-région.
10/15/2024 • 2 minutes, 9 seconds
À Abidjan, des mouches soldats noires pour valoriser les invendus des marchés
La Côte d’Ivoire veut être la championne africaine de l’économie circulaire – le pays d’Afrique de l’Ouest accueille le Forum international EcoCir à Abidjan du 15 au 18 octobre 2024. Objectif entre autres : sensibiliser les acteurs économiques à réinjecter les déchets dans le cycle de production. Exemple avec le district autonome de la capitale économique ivoirienne qui mène un projet avec la société BioAni. Depuis le début de l’année, la start-up agricole commercialise un engrais naturel produit avec des restes de fruits et légumes collectés sur les marchés et l’aide de mouches soldats noires. De notre correspondant à Abidjan, Deux centimètres de long, des ailes toutes noires et un appétit pour les légumes pourris, la mouche soldat noire, c'est « l'architecte de la révolution agricole », selon BioAni. Derrière le slogan, un bâtiment : un ancien élevage de poulets en batterie de la commune d'Abobo (au nord d'Abidjan), transformé en ferme pour ces insectes. Dans le hangar, 300 000 mouches soldats noires bourdonnent et se reproduisent sous quatre moustiquaires. « Nous les appelons des volières », rectifie Fatoumatou Fofana, l'entomologiste de BioAni. « À l'intérieur, il y a des pondoirs au-dessus duquel nous avons placé un "appât" [de déchets verts]. L'objectif, c'est de les faire pondre », explique-t-elle.Chaque insecte pond de 500 à 600 œufs pendant leurs dix jours de vie. Ces œufs sont ensuite placés dans des bacs, sortes de « couveuses » où ils vont éclore. « C'est un peu notre nursery de larves », s'amuse Fatoumatou.Jusqu'à deux tonnes de déchets alimentaires collectées chaque jourLa « révolution agricole », ce n'est pas un dîner de gala ; les larves sont chargées de dévorer les fruits et légumes invendus collectés sur les marchés alentours avec l'aide de transporteurs. Des choux, des tomates, ou encore des bananes moisies. C'est jusqu'à deux tonnes de déchets alimentaires qui seront broyées avec des restes de céréales, dans des machines low-tech entièrement conçues et assemblées en Côte d'Ivoire.Le mélange visqueux, verdâtre et malodorant, est déversé ensuite dans des fosses d'environ trois mètres carrés et trente centimètres de profondeur. Il y en a une quarantaine sous le toit du hangar. Là, les larves arrivées à maturité sont ensuite rajoutées. « Elles vont mettre une semaine pour tout digérer, explique Fatoumatou Fofana. Et ensuite, on va tamiser : les déjections qui servent de fertilisant, et les larves engraissées. »Du « frass » mais pas de paillettesCe sont donc les deux produits phare de BioAni : le « frass », les déjections des asticots qui sert d'engrais naturel. Un sable noir qui ressemble de loin à du café moulu. La ferme le vend à 200 francs CFA le kilo (0,3 euro), conditionné sous forme de sac de 35 kilos. BioAni en commercialise également une version mélangée avec du compost, le « fertifrass » plus facilement manipulable par les agriculteurs.L'autre produit, ce sont les larves elles-mêmes – des aliments dédiés aux éleveurs de volaille et de porc – mais pas seulement : séchées, et vidées de leur huile, elles peuvent servir aux éleveurs de poissons, et ainsi répondre aux besoins de la filière piscicole ivoirienne, selon BioAni. La société estime que le pays importe près de 730 000 tonnes de poisson, pour 770 millions d'euros au total. Concrètement, une tonne de déchets alimentaires va permettre de produire environ 250 kilos de« frass », et 200 kilos de larves. Problème : la société ne parvient pas encore à convaincre les fermiers ivoiriens d'adopter ses produits. « Ils préfèrent les produits chimiques », selon Togba Koné, le responsable commercial de la société. « Les fournisseurs les vendent moins cher par rapport au frass, de plus ces produits sont disponibles un peu partout, souligne-t-il. Il faut convaincre les fermiers d'utiliser le frass, en faisant des essais sur des parcelles tests et en expliquant les bienfaits de l'engrais naturel sur l'agriculture. »Arthur de Dinechin, le fondateur de la startup, abonde : « Ce que nous vendons est produit localement, avec des déchets alimentaires que l'on peut trouver partout, et en plus, le frass va permettre à terme de régénérer les sols contrairement aux produits chimiques qui sont importés, utilisés de manière intensive et qui aboutissent à un appauvrissement des terres. » Toujours est-il que neuf mois après son lancement commercial, BioAni n'est pas encore rentable.« Améliorer notre souveraineté alimentaire »Autre problème : la capacité limitée de BioAni. Pour le moment, la start-up ne peut transformer que deux tonnes de déchets alimentaires par jour, si les machines ne tombent pas en panne. Or, Abidjan à elle seule génère 4 000 tonnes de déchets alimentaires par jour selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).Pas de quoi refroidir le district autonome d'Abidjan à l'origine du projet avec son Institut pour l'économie circulaire (Léca). Dans son bureau proche du pont Henri Konan-Bédié, le chargé de suivi du projet, Jean-François Kakou Aka, en rappelle la logique : « Au moment de la pandémie de Covid, nous avons constaté les problèmes d'Abidjan pour s'approvisionner en nourriture – ce projet participe à améliorer notre souveraineté alimentaire. » À cela s'ajoute les objectifs de la région, égrenés par Jean-François Kakou Aka : « Améliorer la propreté et la salubrité, en évacuant les déchets des marchés et en utilisant des produits moins dangereux pour la santé ; promouvoir l'agriculture urbaine ; et aussi créer des emplois pour les jeunes. »La volonté affichée du district autonome d'Abidjan et de Iéca est de répliquer le projet pilote de BioAni, notamment les unités de transformation des déchets avec les larves, et ce, dans les 13 communes de la capitale économique ivoirienne.
10/14/2024 • 2 minutes, 22 seconds
Afrique du Sud: un secteur militaire ambitieux mais à la peine
L’Afrique du Sud souhaite rester une force de la paix qui compte sur le continent, et le pays déploie régulièrement ses militaires. Ils sont présents actuellement au sein des missions de la SADC en RDC et au Mozambique. Mais ces déploiements sont critiqués, et les pertes en vies humaines (une dizaine en RDC cette année) sont souvent mises en parallèles avec le manque de moyens de l’armée sud-africaine sur son propre territoire. De notre correspondante à Johannesburg,L’Afrique du Sud reste la 3e force militaire du continent, derrière l’Égypte et l’Algérie, selon le classement Global Firepower. Mais des problèmes avec ses équipements ont été mis en lumière lors de son déploiement en RDC, notamment dans le domaine aérien, avec nombre de ses hélicoptères en maintenance. « Pour le moment, nos forces armées sont surtout équipées pour du combat traditionnel », analyse James Kerr, fondateur de la société Orion Consulting.Il regrette que le pays n’investisse pas dans du matériel à la hauteur de ses ambitions : « Il n’y a pas encore de financement pour les rééquiper entièrement, afin de pouvoir évoluer dans des environnements nécessitant des brigades d’intervention. Le besoin a bien été identifié, mais les financements et les formations ne suivent pas. Il y a donc une forme de déconnexion entre les deux. »« Notre armée nationale n’a pas les fonds suffisants pour se fournir chez nous »Pourtant, l'Afrique du Sud a une industrie de l'armement ancienne, qui a débuté il y a 70 ans, et très développée, avec plus de 600 entreprises impliquées dans la fabrication. Mais les grands groupes peinent ensuite à vendre leur matériel à l’armée, alors que le budget national de la défense représente moins de 1% du PIB. « Nous exportons vers tous les continents. Mais notre armée nationale n’a pas les fonds suffisants pour se fournir chez nous, comme il le faudrait. En conséquence, elle n’est pas bien équipée, et notre industrie voit aussi ses capacités décliner », alerte Sandile Nlovu qui est à la tête de la South African Aerospace, Maritime and Defence Industries Association (AMD) qui représente le secteur.De plus, l’entreprise publique Denel, principal fournisseur de l’armée, a aussi connu des déboires, comme le détaille William Hlakoane, son actuel directeur d’exploitation : « Vous savez que Denel a été frappée par la corruption et la saisie de l’État, et nous avons fait ce qui était possible pour nous remettre sur pied. Nous étions, il y a peu, une entreprise qui était incapable de payer ses employés. En 2022, il y a eu un refinancement du gouvernement de plus de 3 milliards de rands, et en conséquence, en ce qui concerne notre portefeuille de dettes, nous avons réussi à en régler 90 à 95%. »Enfin, les analystes soulignent aussi que le pays n’a pas les ressources suffisantes pour déployer son armée à la fois à l’extérieur, comme force de maintien de la paix, et à l’intérieur, avec de plus en plus de missions pour combattre la criminalité.
10/13/2024 • 2 minutes, 23 seconds
Pour le port de Pointe-Noire, le défi est de desservir la sous-région [2/2]
La capitale économique du Congo veut relever un immense défi pour atteindre les villes et zones enclavées d'Afrique centrale qui représente un marché potentiel de 180 millions d'habitants. Il manque encore des infrastructures permettant l'acheminement des produits et matières premières. Pour attirer des investisseurs, il faut les séduire avec de gros marchés potentiels. C'est la principale difficulté du port de Pointe-Noire. Il manque encore de routes fiables pour rallier la sous-région. Pour les investisseurs, l'immense marché à atteindre, c'est la République démocratique du Congo. « Le plus grand marché d’attirance pour le port de Pointe-Noire, c’est Kinshasa qui est une ville gigantesque mais enclavée, explique Étienne Giros, président du Cian (Conseil français des investisseurs en Afrique) qui regroupe les principales entreprises françaises présentes en Afrique. Pour arriver jusqu’à Kinshasa, les marchandises arrivent à Pointe-Noire, elles sont transbordées sur des bateaux plus petits jusqu’à Matadi et ensuite elles prennent le chemin de fer. C’est une trop grande accumulation de transport et de ralentissement. »Le retour du pont-route-rail Brazza-KinshasaLes solutions que tous les investisseurs appellent de leur vœu : la construction du pont-route-rail entre Brazzaville et Kinshasa – serpent de mer depuis 40 ans – et l'amélioration du CFCO, le chemin de fer entre Pointe-Noire et Brazzaville. Jugé trop lent, et trop souvent interrompu. « Le pont route-rail est plus que jamais d’actualité, assure le directeur du port congolais, Séraphin Balhat. Une réunion des bailleurs de fonds était récemment prévue pour faire démarrer le projet qui est attendu par les deux pays et pour toute la sous-région d’Afrique centrale. La route entre Pointe-Noire et Brazzaville est en bon état. Quant au chemin de fer, moyennant quelques travaux de maintenance et de réhabilitation de points singuliers, il peut recevoir du trafic. »Un corridor jusqu'à NdjamenaL'objectif est de rétablir le corridor 13. Près de 3 300 kilomètres pour une liaison directe entre Brazzaville-Bangui et Ndjamena. « Ce corridor, c’est l’histoire ! Quand nous étions enfants à Pointe-Noire, se remémore Séraphin Bahlat. On voyait du coton qui faisait la route de Ndjamena jusqu’à Bangui. Il prenait le fleuve jusqu’à Brazzaville, puis le chemin de fer et arrivait à Pointe-Noire pour embarquer sur les navires qui amenaient ce coton en Europe et vers d’autres continents ». Des travaux sont également en cours près de Ouesso au nord du Congo. Un pont de 616 mètres reliera les deux rives de la Sangha. Désenclaver pour développer les échanges avec la Centrafrique et pour, encore une fois, élargir les marchés. À lire aussiCongo-Brazzaville: le port de Pointe-Noire se voit en porte océane d'Afrique centrale [1/2]
10/10/2024 • 2 minutes, 8 seconds
Congo-Brazzaville: le port de Pointe-Noire se voit en porte océane d'Afrique centrale [1/2]
Des investissements massifs sont réalisés pour de nouveaux quais et de nouvelles zones de stockages dans le port de Pointe-Noire. En 10 ans, ce port, dont les représentants étaient à Paris fin septembre à l’invitation des Rendez-vous d’Afrique(s), a fait un bond. Il traite près d’un 1 million de conteneurs par an, avec une ambition à 2 millions de tonnes d’ici à 2035. Les Congolais veulent faire du port de Pointe-Noire la porte océane de l’Afrique centrale. Avec des chambres froides, des zones de stockage de minerais, de bois et un oléoduc en projet avec les Russes, Pointe-Noire est en pleine ascension. Il a cependant des concurrents, comme le port en eau profonde de Kribi, au Cameroun, ou celui de Lobito, en Angola. « On veut rester leader », affirme Olivier de Noray, directeur général des ports et terminaux d’Africa Global Logistics (AGL), anciennement Bolloré Africa et désormais filiale de l’armateur MSC, qui exploite le terminal à conteneurs de Pointe-Noire. « On va dépasser le million de conteneurs sur Pointe-Noire pour la troisième année consécutive. On a multiplié par quatre en quinze ans. Pointe-Noire a été le précurseur, aujourd’hui, il est rejoint par plusieurs autres ports qui tentent aussi de se positionner sur ce créneau. Notre rôle, ainsi que celui des autorités congolaises, c’est d’anticiper et d’avoir une capacité qui nous permette de répondre au marché pour les 20 ans à venir », juge-t-il.Accueil des gros porte-conteneurs asiatiquesAGL a investi 400 millions d’euros dans l’extension de son terminal, le projet Môle Est prévoit 750 mètres de quai et jusqu’à 17 mètres de profondeur permettant ainsi de recevoir des bateaux de plus grande capacité. « Cette extension va surtout permettre de recevoir les plus gros bateaux qui arrivent d’Asie. Les infrastructures sur le continent africain se sont bien développées ces dernières années, poursuit Olivier de Noray, en revanche, les volumes sont encore un peu en retrait. Nous pensons que l’économie africaine va continuer à croître. Les infrastructures doivent suivre. »Le milliardaire sud-africain Patrice Motsepe prévoit en 2025 d’investir 600 millions de dollars dans l’exploitation de phosphate. Le groupe nigérian Dangote investit également dans le port pour exporter du calcaire dans ses cimenteries.Intensifier le trafic de mineraisPour le directeur général du port, Séraphin Bahlat, il était urgent de décongestionner et de développer le trafic de vrac. « Pendant que se développait le trafic conteneur, nous avons constaté que, au niveau du reste du trafic, il y avait encore des faiblesses, explique-t-il, les navires qui venaient avec du vrac pouvaient rester en rade pendant une ou deux semaines en attendant qu’ils aient un poste à quai disponible. Le gouvernement nous demande également de créer les conditions pour l’exportation de minerais qui s’annonce, comme le fer. »Une fois au port, comment acheminer tous ces produits vers la sous-région ? L’ambition de relancer le corridor 13 reliant Pointe-Noire à Bangui et même au Tchad n’est pas encore une réalité.À lire aussi Congo-Brazzaville : le gouvernement annonce pour 2025 la construction du plus grand barrage du pays
10/9/2024 • 2 minutes, 27 seconds
Centrafrique: avec la relance des activités minières, Zawa fait peau neuve
Au village Zawa, au nord-ouest de la République centrafricaine, 70 % des jeunes vivraient de l’exploitation minière artisanale. Dans cette localité d’environ 3 000 habitants, le travail minier a un impact social et économique non négligeable. Beaucoup d’artisans miniers qui exercent dans ces chantiers développent des activités économiques parallèles qui favorisent l’essor de la région. De notre envoyé spécial à Zawa,Au cœur d'un chantier minier de Zawa, il est difficile de voir le fond des puits. Les ouvriers descendent dans des galeries souterraines d’environ 20 mètres avant de passer sous des blocs de roches de plusieurs tonnes.Ici, le grincement des machines, pelles, houes et pioches ne s’arrête jamais. Une centaine d’artisans miniers y travaillent du matin au soir pour subvenir aux besoins de leurs familles. Zéphyrin est l'un d'eux, il témoigne : « On vend notre or aux collecteurs et aux coopératives locales, détaille-t-il. Certains acheteurs viennent de la capitale et d’autres des régions du pays. Ici, le prix du gramme d’or varie entre 30 000 et 35 000 FCFA. »Une fois l’or extrait en quantité suffisante, les exploitants miniers vendent ce qu’ils ont extrait aux bureaux d’achats installés dans la ville de Zawa. Le trajet fait 15 km, mais il faut une heure pour le parcourir à cause du piteux état des routes. « Ces dernières années, cette route n’a pas été réhabilitée à cause de l’insécurité. À Zawa, la plupart des édifices publics ont été pillés au temps fort de la crise. Maintenant, la paix est revenue, on veut reconstruire notre ville grâce aux activités aurifères », assure l’artisan minier.70 % des habitants vivent des activités minièresAujourd’hui, à Zawa, presque tous les édifices publics ont fait peau neuve et les lieux de commerce poussent comme des champignons. Assis sur une chaise à l’entrée de son motel, Patrice Evrard Yandobé, président des coopératives locales, est déterminé à changer les choses. « J’ai construit ce motel il y a un an grâce aux activités minières. J’ai une vingtaine d’employés qui gagnent de quoi s’occuper dignement de leurs familles », se réjouit-il. Patrice Evrard Yandobé est en train de construire un centre de santé, une école et une agence de voyage qui seront opérationnels très bientôt, affirme-t-il. Car selon lui, « on ne doit pas tout attendre du gouvernement. »À Zawa, ce sont les exploitants miniers qui font vivre la ville. « Le travail de l’or m’a donné plusieurs opportunités. J’ai trois boutiques spécialisées dans la vente de pièces détachées, des produits de première nécessité et la vente de panneaux solaires. Je possède également une compagnie de transport », témoigne Fernand. Le travail dans les mines est difficile, mais il est fier de pouvoir investir dans « le développement de [sa] communauté ».Selon les autorités locales, 70 % des habitants vivent des activités minières. Avec l’amélioration des conditions sécuritaires, le ministère des Mines facilite aujourd’hui la délivrance de permis d’exploitation aux coopératives locales.À lire sur l'enquête de Swissaid sur l'or artisanal en Afrique : Or artisanal en Afrique: 1 tonne quitte chaque jour en contrebande le continent [1/2] Rapport Swissaid: les voies du commerce de l'or de contrebande [2/2]
10/8/2024 • 2 minutes, 29 seconds
Au Robot Cafe de Nairobi, des serveurs androïdes pour apporter les plats
Des robots serveurs qui déambulent de table en table, c’est l’expérience que propose un restaurant d’un quartier résidentiel de Nairobi. Au Robot Cafe, les androïdes travaillent aux côtés des humains pour le divertissement des clients. De notre correspondante à Nairobi,Se faire souhaiter son anniversaire par un robot, c’est possible au Robot Cafe, à Nairobi, grâce à quatre androïdes. Chacun a son prénom : Nadia, Claire, R24 et John. Ils ne prennent pas les commandes et n’encaissent pas les clients, mais ils peuvent servir les plats sur des plateaux et souhaiter la bienvenue, le tout sous l’œil de Myriam, chargée de superviser la salle. « Avant, je n’avais vu des robots que dans des films, je trouve ça cool de travailler avec eux. Ils rendent notre travail plus facile et ils rendent les clients heureux, surtout les enfants, mais même les adultes, se réjouit-elle. Même si pas mal de clients me disent aussi qu’ils aimeraient voir les robots interagir un peu plus, prendre les commandes, parler ou nettoyer les tables par exemple. Mais si c’était le cas, que feraient les humains ? »Des robots en appui aux serveurs humainsDepuis son ouverture en juin, le Robot Cafe a été très médiatisé et a déjà plusieurs milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux. Plusieurs utilisateurs s’interrogent sur les conséquences de cette robotisation sur la main-d’œuvre kényane. Une critique que rejette le restaurant. « Nous avons quinze serveurs et au total cinquante-deux employés, explique John Kariuki, le manager, aucun poste n’a été remplacé par un robot, ce n’est pas une décision qui a été prise pour faire des économies sur la main-d’œuvre d’ailleurs. Nous sommes au Kenya, il faut garder en tête qu’il y a un fort taux de chômage, donc nous ne voulons pas fonctionner qu’avec des robots. Ça ne fait même pas sens, les robots coutent très cher. En acheter un correspond environ à une année de salaire d’un serveur. »Se différencier de la concurrenceLes robots sont importés d’Asie et se déplacent grâce à l’intelligence artificielle. Ils sont programmés par John Kariuki et ses équipes. « On programme les robots et on leur montre où ils doivent aller. On leur montre où est la table numéro 1, la numéro 2, la numéro 3... donc quand ils doivent y aller, ils connaissent leur emplacement. Si les tables ont été bougées et que le robot rencontre un obstacle, il va le détecter et s’arrêter. Si c’est une personne qui lui bloque le passage, il va se signaler », indique-t-il.Pour John Kariuki, la motivation première est le divertissement des clients et une façon de se différencier de la concurrence. Le Robot Cafe prévoit déjà d’ouvrir de nouveaux lieux dans la capitale kényane et d’importer d’autres androïdes, avec de nouvelles fonctionnalités.À écouter dans Autour de la questionLes robots sont-ils capables de ressentir des émotions ?
10/7/2024 • 2 minutes, 15 seconds
RDC: l'inscription aux États-Unis du cobalt sur la liste des biens produits par le travail des enfants inquiète
En septembre, le département américain du Travail des États-Unis a inscrit le cobalt congolais sur la liste des biens potentiellement produits par le travail forcé ou le travail des enfants. Dans ce pays, premier producteur mondial de cobalt, cette mesure a fait réagir les autorités ainsi que la société civile, elles craignent que cette décision ne fasse fuir les investisseurs. De notre correspondante à Lubumbashi,En 2023, la RDC a produit 170 000 tonnes de cobalt, une production qui lui a permis de conserver sa position de leader mondial, mais pour combien de temps ? Joseph Dounia, acteur de la société civile basé à Goma, craint que la décision du département américain du Travail n’ait de lourdes conséquences économiques sur la RDC. « Toutes ces mesures, ces directives, ces sanctions contre le minerai congolais empêchent la création d’emplois et cela empêche les investisseurs de venir, alerte-t-il. Parce que tout entrepreneur qui voudrait investir sur les minéraux congolais craindra d’être listé par les États-Unis et l'Union européenne. Et les États-Unis doivent laisser la RDC faire ses propres lois sur son minerai et sur ses richesses. »Un avis que partage Shadrack Mukad, membre de la coalition Comprendre et Agir dans les mines industrielles et artisanales (Casmia). Toutefois, il est conscient que les multiples projets portant sur le travail des enfants dans les mines n’ont pas donné les résultats escomptés. « Les projets n'ont pas résolu la question de fond, qui est celle de la pauvreté ou la précarité des conditions de vie dans lesquelles se trouvent les ménages qui laissent les enfants aller sur les sites miniers », concède-t-il.À lire aussiRDC: alerte sur le travail des enfants dans les mines de Lualaba et du Haut-KatangaUne décision qui « va peser sur les opinions publiques »Depuis 2017, la plate-forme Ne touche pas à mon cobalt affirme avoir mené différentes actions et même organisé une visite de terrain pour une délégation de l’OCDE afin d’éviter les sanctions sur le cobalt congolais. « C'est une alerte dont il faut tenir compte parce qu'elle va peser sur les opinions publiques américaines et européennes qui sont les consommateurs finaux de produits dans lesquels il y a du cobalt et du cuivre de la RDC. Il est temps que nous puissions protéger davantage le cobalt qui est notre minerai stratégique », met en avant Franck Fwamba, le directeur de la plate-forme.De son côté, les autorités congolaises soutiennent que des efforts sont fournis pour améliorer la chaîne d’approvisionnement du cobalt. Le 30 septembre, lors du forum RDC-États-Unis, le ministre congolais du Commerce extérieur, Julien Paluku, faisait une mise au point. « 95 % du cobalt est exploité par des entreprises industrielles cotées en Bourse et reconnues au niveau international. L'exploitation artisanale ne représente que 5 % [des exploitations], et même cette exploitation artisanale n'est pas faite par les enfants », affirme le ministre.Dans un communiqué publié en fin de semaine dernière, le porte-parole du gouvernement congolais dit regretter que cette décision ne tienne pas compte des avancées enregistrées et appelle les partenaires à intensifier leur soutien technique et financier.
10/6/2024 • 2 minutes, 18 seconds
En Tunisie, la colère des pêcheurs et des transporteurs
En Tunisie, le taux de chômage stagne à 16%, l’inflation est à 9,3%. À cela s’ajoute la persistance de la précarité dans de nombreux secteurs non régulés. Malgré une volonté affichée par le président de lutter contre la petite corruption, les intermédiaires ou la spéculation, beaucoup de corps de métiers y sont encore exposés. À l'approche des élections, les Tunisiens n'hésitent pas à faire part de leurs difficultés, mais préfèrent rester anonyme. De notre correspondante à Tunis,À Radès, en banlieue sud de Tunis, les pêcheurs vendent leur poisson directement sur place, mais Hassan Saïd, l’un d’entre eux, explique que normalement, il devrait avoir une petite boutique pour écouler sa pêche. « Moi, je passe parfois quatorze heures en mer et quand je rentre au port, je dois vendre mon poisson sur un emplacement miteux que l’on nous a attribué. Les gens viennent s’y saouler, donc évidemment qu’aucun client ne vient », se désole ce pêcheur. « Du coup, à qui je dois vendre ? Des intermédiaires, car il n’y a personne d’autre pour acheter », assure-t-il.Pour Boubaker, son collègue, c’est une angoisse permanente que d’être dépendant de ces intermédiaires. « Eux, ils s’en foutent de la loi, dénonce-t-il. Ils revendent notre poisson le double et nous arnaquent. Je suis pêcheur, je ne devrais pas avoir à angoisser et à me demander à qui et à combien je vais brader ma marchandise en rentrant de la mer. »Problèmes administratifsÀ quelques mètres, Kais Chebli vend son poisson dans un cabanon. Lui a d’autres problèmes. La longueur de son bateau a été mal enregistrée auprès de l’administration. Techniquement, il n’a plus le droit d’aller en mer, car son autorisation de pêche n’a pas été renouvelée à cause de cette erreur. Depuis deux ans, il n’arrive pas à régler le problème.« Moi, par exemple, je ne peux pas aller en eaux profondes, parce que si je me fais contrôler, et vu que je n’ai plus d’autorisation, c’est normal que les garde-côtes me questionnent et me demandent de rentrer au port », détaille-t-il. Ce genre de blocage administratif arrive souvent dans le pays, Kaïs espère que le président va changer les choses s’il est réélu. « Je sais que lui s’intéresse aux problèmes des citoyens des plus défavorisés. Il faut le laisser travailler », plaide-t-il.La corruption au quotidienLes transporteurs comptent de nombreux désabusés de la politique. Stationnés sur un terrain à Bhar Lazreg en banlieue nord de Tunis, ils disent n’avoir que des problèmes dans leur métier, comme Mohamed, transporteur depuis une vingtaine d’années. « Les problèmes commencent dès que l’on prend la route avec la petite corruption de la police. Le billet que l’on doit glisser par-ci et par là comme droit de passage. C’est sans arrêt », se plaint-il.Tous refusent de parler de l’élection présidentielle. Pour eux, leur métier manque tellement de régulation et d’encadrement qu’aucune solution n’est possible si ce n’est la débrouillardise au quotidien.
10/3/2024 • 2 minutes, 20 seconds
L’Ethiopie interdit les véhicules thermiques sans être prête pour l'électrique
En début d’année, le gouvernement a pris une résolution drastique et a interdit toutes les importations de voitures thermiques. Désormais, seule l’importation de voitures électriques est autorisée pour les particuliers comme pour les entreprises. La mesure est pour le moins radicale et peut surprendre dans un pays où 50% de la population n’a pas accès à l’électricité. Avec notre correspondante à Addis-Abeba,Le gouvernement invoque des raisons environnementales, mais surtout économiques pour la mise en place de cette mesure. Il veut pousser à la consommation d’électricité dont la production explose en Éthiopie depuis la mise en route du grand barrage sur le Nil et ainsi importer moins de carburant.Car à Addis-Abeba, aux stations essence, il ne faut pas moins de deux heures d’attente pour faire le plein. Mais maintenant, Nati, chauffeur de VTC, s’en moque, car depuis deux mois, il roule en voiture électrique. « J’économise beaucoup d’argent en carburant et c’est une voiture toute neuve, se réjouit-il. Je l’aime bien, c’est pour ça que je l’ai achetée ». Nati dépense 14 euros en électricité par mois, contre 160 avant en carburant.Mais aucune station de charge n’est encore ouverte dans le pays, il faut brancher la voiture à la maison sur une prise spéciale. Ce qui n’est pas sans problème, car les coupures de courant sont très fréquentes. « Parfois, il n’y a pas d’électricité, donc on ne part pas et on ne peut pas travailler. Donc, on attend juste que ça revienne », explique-t-il légèrement fataliste. Mais pour une voiture flambant neuve au design moderne, Nati est prêt à faire avec. Il a choisi une marque chinoise, beaucoup moins chère que les européennes.De nouvelles compétencesLes voitures électriques se sont multipliées dans les rues d'Addis-Abeba. Chez les concessionnaires, il n'y a plus que ça. Comme chez Samuel Addisalem, il s'est spécialisé dans la vente et la réparation de voitures électriques, bien plus abordables que les voitures à essence, grâce à une baisse des taxes mise en place il y a deux ans par le gouvernement. « Nous avons construit ce nouvel espace, on l’utilise pour réparer les véhicules, c’est le garage », nous montre-t-il.À lire aussiLes difficultés du kényan Mobius illustrent les défis de l’automobile «made in Africa»Samuel a passé un accord avec un fabricant chinois. « Nous envoyons nos employés se former en Chine et nous avons ramené un technicien de Chine pour continuer à les former ici, détaille le garagiste. Kim nous aide à réparer les voitures et à communiquer avec le fabricant. Il assure le service après-vente. »Un coût encore très élevéLes potentiels clients restent méfiants. Il est encore difficile de connaître la longévité et la fiabilité des batteries. Mais surtout, l’achat d’une voiture reste un luxe. Il faut compter 25 000 euros en moyenne. « Si vous achetez une voiture, ça veut dire que vous êtes dans la courbe des revenus moyens, car les voitures sont très chères en Éthiopie en raison des taxes plus élevées que dans d'autres pays, souligne Samson Behrane, analyste financier. En ce qui concerne les voitures électriques, le gouvernement a procédé à de nombreux ajustements. Mais le problème, c'est que les coûts logistiques restent très élevés. Les importateurs et les vendeurs se font aussi de grosses marges. »En effet, les voitures importées transitent par le port de Djibouti avant de faire près de 900 km de route pour Addis-Abeba. Ces cinq dernières années, 100 000 voitures électriques ont été importées, le gouvernement vise 400 000 d’ici 2030.À lire aussiComment renouveler le parc automobile africain?
10/2/2024 • 2 minutes, 21 seconds
Côte d'Ivoire: l'agonie de la presse écrite entre chute des ventes et hausse des coûts
En Côte d’Ivoire, les ventes de journaux ont baissé de plus de 36 % entre juin 2022 et juin 2023, selon l’Autorité nationale de la presse (ANP). Seuls deux quotidiens, Fraternité Matin et Le Nouveau Réveil, ont pu vendre en moyenne plus de mille exemplaires par jour durant le premier trimestre de l’année 2024. « Si rien n’est fait, la presse papier risque de mourir de sa belle mort », prévenait récemment la Conférence nationale des directeurs de publication. De notre correspondant à Abidjan,Dans le quartier chic de la Riviera Golf, Samba Sy tient un kiosque à journaux. Ce matin, comme à l’accoutumée, les clients ne se bousculent pas. Sur 200 journaux que Samba reçoit au quotidien, au moins 140 retournent chez le distributeur. L’activité tourne au ralenti. « La première difficulté, c’est le désintérêt des lecteurs parce que les ventes ont vraiment baissé, observe-t-il. Maintenant, on vend à peine 30 % des journaux qu’on reçoit. Il y a aussi souvent le retard dans la livraison des journaux, donc les gens n’achètent plus ».À lire aussiCrise de la presse au Sénégal: disparition des quotidiens de sport «Stades» et «Sunu Lamb»70 % de journaux invendusLes entreprises de presse ressentent de plein fouet cette chute drastique des ventes. La plupart d’entre elles peinent à faire face à leurs charges. L’Essor Ivoirien, par exemple, fait partie de la quinzaine de quotidiens qui ont vendu moins de 500 exemplaires par jour durant le premier trimestre de l’année 2024. « Je n’ai aucune subvention, ni de l’État, ni de qui que ce soit, déplore son directeur général, Sidi Terra. J’injecte 7 millions [de francs CFA] par mois pour pouvoir imprimer ne serait-ce que 3 000 exemplaires dans le mois. Et on parle de payer les journalistes à la convention. Aucune entreprise de presse ne peut payer les journalistes à la convention puisque aujourd'hui, nous sommes dans un coma très profond ! »La hausse de plus de 30 % des coûts d’impression des journaux, l’exigence des imprimeurs d’un paiement au comptant ainsi que les dettes fiscales accentuent les difficultés que rencontrent les organes de presse. Pour sortir de ce coma, il faut plus de soutien de la part de l’État de Côte d’Ivoire, estime Guillaume Gbato, patron du quotidien Notre Voie. « D’abord, l’annulation de toutes les dettes fiscales, toutes les dettes sociales. En plus, les subventions qui étaient données pour l’impression doivent être réinstaurées et les journalistes doivent bénéficier d’un appui direct de la part de l’État ».Audience demandée au président OuattaraCes dernières années, huit journaux ont cessé de paraître, selon le régulateur, l’ANP. La Conférence nationale des directeurs de publication de Côte d’Ivoire (CNDPCI) sollicite une audience auprès du président de la République Alassane Ouattara afin de lui exposer la situation pour que des solutions soient trouvées.Tous les jours, retrouvez notre revue de presse Afrique et revue de presse internationale, sur RFI.
9/29/2024 • 2 minutes, 15 seconds
Tanzanie: la nouvelle assurance voyageur pour Zanzibar divise les professionnels du tourisme
À partir de ce 1ᵉʳ octobre, les voyageurs qui voudront se rendre sur l’île de Zanzibar, en Tanzanie, devront s’acquitter en amont d’une assurance voyageur de 44 dollars. Une mesure qui ne plaît pas beaucoup au secteur touristique. Le long des travées du Salon du tourisme, mi-septembre, à Paris, il est facile de repérer les offres pour la Tanzanie : plages de sable blanc, parasols et eau turquoise décorent les stands des voyagistes pour Zanzibar. « La Tanzanie, avec Zanzibar, c'est la destination phare de l'Afrique, souligne René-Marc Chikli, le président du Syndicat des entreprises du tour-operating. On la vend comme du petit pain ». Mais une ombre vient, selon lui, noircir la carte postale. « Nos amis de Zanzibar ont inventé une taxe supplémentaire qui vient renchérir le prix du forfait et sur laquelle on n'est pas d'accord. C'est une assurance soi-disant rapatriement qu'il faut contracter. Or les gens qui partent en Tanzanie et qui vont à Zanzibar sont déjà assurés par leur propre assurance, ou via un contrat. Donc, on est en train de se battre pour faire éliminer cette assurance qui ne sert à rien, si ce n'est qu'à enrichir une compagnie d'assurance ».À lire aussiRépression en Tanzanie: «Un tour de vis qui annonce que le pouvoir ne veut pas perdre les élections à venir»Assurance utile ou inutile ?Propriétaire d’un complexe hôtelier à Zanzibar et témoin sur place des problèmes d’assurances de ses clients, Bert Schoonvelde estime au contraire que cette nouvelle taxe pourrait répondre à un besoin. « Nous savons que 30 à 40 % des touristes viennent sans assurance. S’ils ont un accident ou un problème de santé, bien sûr ça devient problématique. Certaines personnes ne comprennent pas qu’elles doivent voyager avec une assurance médicale. » Cette nouvelle mesure ne l’inquiète pas outre mesure. « Je ne pense pas que cela soit vraiment un problème. Les billets d’avion coûtent plusieurs centaines de dollars. Alors 44 $ de plus… Certains disent que c’est une manière pour l’État de s’assurer une nouvelle rentrée d’argent. Peut-être. Mais je ne pense pas que 44 $ ce soit un gros problème, à part peut-être pour les voyageurs à petit budget. Mais ceux qui ont un petit budget ne viennent pas à Zanzibar. »ConfusionVice-présidente du tour-opérateur Flash Tour, Gehane Salah juge que cela va créer une confusion chez les touristes. « Tous les clients savent qu'ils ont une assurance avant de partir, c'est obligatoire avec les tour-opérateurs. Donc, pour eux, je crois que ce sera un point d'interrogation : pourquoi je paie deux assurances ? Surtout que ça doit être fait via une application par le client avant d'arriver. Donc, est-ce que ça va affecter ou non la destination ? Ce n’est pas tant le montant, c'est la procédure et c'est un peu compliqué. Surtout pour beaucoup de clients qui ne savent pas se débrouiller online. »2023 a été une année record pour le tourisme à Zanzibar. Près de 650 000 personnes sont venues profiter de la beauté de l’île. Une manne financière pour la Tanzanie. Le secteur touristique dans le pays emploie 850 000 personnes et représente environ 17 % de son PIB.
9/26/2024 • 2 minutes, 31 seconds
RDC: moto-taxi, un métier lucratif dans la région de Kisangani
Dans la province congolaise de la Tshopo, au nord-est de la RDC, le transport des personnes et des biens est de plus en plus l’apanage des motos-taxis, à cause du mauvais état des routes. Et dans le chef-lieu Kisangani, le transport urbain est aussi assuré en très grande majorité par les motos-taxi. Un secteur qui recrute les jeunes. Sur le plus grand parking de motos-taxis de la ville de Kisangani, les mains posées sur le guidon, Romain Kabatenge se félicite d’avoir fait le choix de devenir chauffeur de deux roues, il y a sept ans. « Je suis parvenu à acheter une parcelle et j’ai construit toute une maison avec la moto. Par jour, un taximan peut gagner 35 000 à 40 000 francs congolais. On peut même atteindre 50 000 francs. »Actuellement, une moto coûte plus de 2 millions de francs congolais. La majorité des conducteurs de motos-taxis sont liés au propriétaire par une sorte de contrat de crédit-bail. « Je me suis engagé à faire des recettes de 6 millions de francs par semaine et, chaque semaine, je verse au propriétaire 100 000 francs, explique un autre conducteur, Roger Lina. Dès que j’aurai atteint la somme convenue dans le contrat, la moto m’appartiendra et le propriétaire me remettra toutes les clés. »Dans certaines villes congolaises, comme la capitale Kinshasa ou encore Lubumbashi, dans le sud-est, les motos sont interdites dans le centre-ville. À Kisangani, au contraire, la moto est le moyen de transport le plus sollicité, faute de transports collectifs. « À Kisangani, il n’y a que les motos qui fonctionnent, souligne un client, Maurice Alubu. L’État avait envoyé six gros bus, mais il n’en reste qu’un seul en bon état et qui circule. »À écouter aussiVendeurs ambulants, taxi-moto : l’économie informelle au cœur des villes africaines90% du transport rémunéré de la TshopoAvec plus 100 000 conducteurs, les motos-taxis sont répartis en quatre syndicats, appelés coordinations. Et ils jouent un véritable rôle dans les transports de la province. « C’est cette catégorie qui assure 90% du transport rémunéré dans la province de la Tshopo et dans la ville de Kisangani, reconnaît Jean-Marie Lituambela, chef de la division transport et voies de communication de la Tshopo. C’est cette catégorie qui nous aide à assurer le transport rémunéré des personnes et de leurs biens compte tenu des infrastructures routières. Puisqu’avec les motos, vous pouvez atteindre les coins les plus reculés où les véhicules n'arrivent jamais. »Faute d’alternative, le transport par motos-taxis a encore des beaux jours devant lui en RDC.
9/25/2024 • 2 minutes, 9 seconds
Afrique du Sud: Eskom met fin aux coupures d’électricité géantes
En Afrique du Sud, la production d’électricité s’est grandement améliorée depuis mars dernier. Finis les délestages à grande échelle et les coupures de courant tournantes, qui ciblaient alternativement les régions du pays, selon un calendrier. L’entreprise publique Eskom parvient même à exporter de l’électricité. Mais les prix augmentent et certains quartiers surpeuplés continuent de subir des coupures localisées. Cela fait presque six mois que les Sud-Africains n’ont plus consulté leur application mobile pour connaître les heures de délestages. Et selon les dirigeants d’Eskom, l’embellie pourrait se prolonger tout au long de l’été austral. Pour Sampson Mamphweli, de l’Institut national sud-africain pour le développement de l’énergie (Sanedi), une agence gouvernementale, ces progrès sont les fruits de la mise en place du plan d’action de 2022 : « L’un des points majeurs était la nécessité de réparer les centrales à charbon pour qu’elles puissent fonctionner au minimum à 70% de leurs capacités. Lorsque le gouvernement a lancé son plan, on était à 50%. Aujourd’hui, on est entre 61 et 71%. »Centrales à charbon réparéesPour arriver à ce résultat, Eskom a obtenu que l’État sud-africain reprenne une partie de sa dette l’année dernière. « Eskom consacrait beaucoup d’argent au service de sa très lourde dette et ne pouvait pas dégager des fonds pour appliquer le plan d’action, rappelle Sampson Mamphweli. En particulier réparer ses centrales à charbon afin de les rendre plus fiables. »Viennent aussi s’ajouter les mesures de lutte contre la corruption au sein d’Eskom et le remaniement de ses cadres, ainsi que l’augmentation du nombre de Sud-Africains qui se sont tournés vers des sources alternatives d’énergie, et notamment le solaire.Encore des coupures dans les zones les plus pauvresMais s’il n’y a plus, pour l’instant, de délestages, il existe toujours des coupures très localisées, afin de réduire la charge dans des zones qui connaissent une surconsommation que le réseau ne peut gérer. Selon Trevor Ngwane de l’Université de Johannesbourg, cela représente un manque d’égalité d’accès à l’énergie. « Les délestages touchaient tout le monde, mais ces coupures localisées ne concernent que les zones pauvres. Nous, on décrit cela comme du racisme énergétique. Car cela touche toutes les zones surpeuplées, où les infrastructures sont délabrées : les townships, les villages, les bidonvilles, là où vivent historiquement les populations noires et pauvres. »Eskom a, de plus, obtenu une hausse de près de 13% de ses tarifs cette année et a déposé une demande auprès du régulateur sud-africain pour les augmenter encore de 36% l’année prochaine.
9/24/2024 • 2 minutes, 16 seconds
Côte d’Ivoire: le stade d'Ebimpé se cherche une seconde vie après la CAN
Centre névralgique de la CAN 2024, le stade olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé, le plus grand de Côte d’Ivoire, a accueilli dix matches de compétition, incluant le match et la cérémonie d’ouverture, et la finale qui a vu le triomphe de l’équipe nationale, les Éléphants. Cette infrastructure monumentale, dont la construction a coûté 163 milliards de francs CFA (environ 250 millions d’euros), se cherche une seconde vie depuis la fin de la compétition. De notre correspondante à Abidjan,Depuis le sacre des Éléphants, le stade d’Ebimpé est devenu une attraction touristique et presque un lieu de pèlerinage, avec des visites guidées organisées tous les jours. Un petit groupe d’une vingtaine de visiteurs suit Siaka Diarrassouba, un agent de l’Office national des sports. « Ils aiment voir la pelouse, les vestiaires… », rapporte-t-il. Une manière de revivre les émotions de la CAN 2024 pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’y assister directement. « On vient visiter, on veut voir ce qui s’est passé, en fait. Je vois ce que j’ai vu à la télé, témoigne Eunice Lida, qui était en stage hors de Côte d’Ivoire en début d’année. C’est émouvant, ça fait plaisir. Il est immense et il est bien entretenu. »Créer des activités au-delà du sportCet entretien a un coût : un demi-milliard de francs CFA par an environ. Mais malgré sa superficie de 60 hectares et sa capacité de 60 000 places, le stade n’a pas encore reçu d’événement sportif d’envergure depuis février. « Dans l’immédiat, on essaye de le faire vivre avec des activités locales, reconnaît son directeur Séraphin Douéhi. Avec notre pôle marketing, on s’affaire à donner le maximum d’informations pour que le citoyen puisse savoir qu'on peut organiser, au-delà du football et du sport, d’autres activités culturelles ici. Si on veut se limiter au sport, ce n’est pas évident que le stade puisse vraiment vivre. Et donc, il faut créer des activités connexes, que ce soit un centre commercial, un hôtel, une piscine… Tout cela permettra de donner plus d’attractivité à l’infrastructure, et c’est ce à quoi nous nous attelons. »Projet de cité olympiqueCar le stade est au cœur d’un projet de grande ampleur : une cité olympique de 280 hectares, dont les autorités espèrent commencer la construction au début de l’année 2025. Les premiers travaux seront financés par l’Office national des sports, mais le développement du stade devrait reposer à terme sur un partenariat public-privé. « C’est une cité qui va prendre en compte les infrastructures de toutes les disciplines sportives, de telle sorte que si demain, la Côte d’Ivoire est candidate à l’organisation des Jeux olympiques, ça puisse être un centre de regroupement des athlètes, comme on l’a vu aux Jeux de Paris. Hébergement, restauration, centre d’entraînement. »Séraphin Douéhi ambitionne de mettre en place « un partenariat Sud-Sud », pour permettre aux équipes de pays africains sans infrastructures homologuées de jouer au stade d’Ebimpé. En octobre, il recevra ainsi les équipes du Burundi et du Burkina Faso pour les éliminatoires de la CAN 2025.
9/23/2024 • 2 minutes, 14 seconds
Les difficultés du kényan Mobius illustrent les défis de l’automobile «made in Africa»
Proposer une voiture fabriquée en Afrique et pensée pour l’Afrique, c’est l’ambition de Mobius, constructeur automobile kényan. Mais la start-up peine à surmonter les difficultés. Après plus de dix ans d’activité, la firme vient d’accepter une offre de rachat, après avoir d’abord annoncé sa fermeture début août. Son exemple illustre les défis de la construction automobile en Afrique, au sein d’un marché largement dominé par les importations de seconde main. De notre correspondante à Nairobi,Une voiture à un prix compétitif, tout terrain, adaptée aux routes – parfois mauvaises – du continent et construite en Afrique, tel est le pari de Mobius. Un pari audacieux, reconnaît Nicolas Guibert, son PDG. « C’est difficile de concevoir un véhicule complètement nouveau, d’investir dans des outillages et être compétitif quand on est sur un tout petit volume, explique-t-il. C’est la problématique de Mobius. La première Mobius mise sur le marché en 2015, c’est une voiture qui était vendue à 10 000 dollars, mais qui coûtait 30 000 dollars à fabriquer pièce. »Cinquante véhicules ont été vendus avant que Mobius ne décide d’arrêter la production, pour concevoir un autre modèle, moins cher à fabriquer, qui n’a pas encore été mis sur le marché. En attendant et pour tenter de générer des profits, la firme a lancé un véhicule chinois, assemblé au Kenya, la Mobius III. Cent de ces modèles ont été vendus. Les plus gros constructeurs automobiles dans le pays, eux, se concentrent justement sur l’assemblage, de poids lourds et de pick-up majoritairement, avec une partie des pièces importées.« Le problème majeur de Mobius depuis le départ, c'est la levée de fonds »L’industrie et les fournisseurs locaux peinent à se développer face aux voitures de seconde main. Moins chères, elles représentent 80% des achats selon les estimations du secteur. « Il y a trois grands assembleurs de véhicules au Kenya qui fonctionnent à environ 40% de leur capacité à cause d’un manque d’opportunités de marché, détaille Rita Kavashe, la directrice générale d’Isuzu East Africa, un assembleur de véhicules dans la région. Donc, ça ne fait pas sens sur le plan économique pour un fournisseur local de se mettre à fabriquer des parebrises par exemple pour un faible volume. Ça ne leur permet pas d’atteindre une qualité satisfaisante, ni d’offrir un prix compétitif par rapport à d’autres pays comme la Thaïlande, l’Afrique du Sud ou l’Égypte. »Par ailleurs, le PDG de Mobius a fait face à un autre défi : le financement. « Le problème majeur de Mobius depuis le départ, c'est la levée de fonds », constate Nicolas Guibert. Beaucoup d’investisseurs s’arrêtent quand on parle d’Afrique. Ensuite, on est dans le manufacturing, ça les investisseurs aussi n’aiment pas tellement. On est aussi dans l’automobile, c’est quelque chose qui fait peur aux investisseurs parce que c’est considéré comme étant capitalistique. »Une fébrilité renforcée par le fait que Mobius était une société qui ne faisait pas encore de bénéfices. Si ses difficultés ont poussé la start-up à se mettre en liquidation, son acheteur espère, d’après Nicolas Guibert, continuer la marque.À écouter aussiAfrique: naissance d'une industrie automobile avec Mobius [3/3]
9/22/2024 • 2 minutes, 16 seconds
Niger: le fonds de sauvegarde pour la patrie, une stratégie efficace?
Le 26 juillet dernier, le général de brigade Abdourahamane Tiani renverse le président Mohamed Bazoum. Dans la foulée, une série de sanctions s’abattent sur le Niger. Le pays n’a plus accès à ses comptes sis à la BCÉAO, une partie des aides des bailleurs sont gelées. Mi-octobre, la junte annonce alors la création d’un fonds de sauvegarde pour la patrie pour « la dignité et la résilience d'une nation unie ». Près d’un an après, Afrique économie cherche à faire le point sur ce fonds. Des prélèvements obligatoires ont été mis en place sur le crédit téléphone, les taxis, l’essence, etc. Mais ce fonds est également alimenté par des dons financiers et en nature qui vont du pot de yaourts, aux corans, en passant par le don de moutons ou d’engrais.Tout cela est listé précisément sur le site dédié au Fonds. « On voit qu’aujourd'hui, ils ont réussi à mobiliser 16 milliards de francs CFA. Si on le rapporte aux recettes totales publiques de la loi de finances 2023, les recettes budgétaires du Niger s'élevant à 3 245 milliards de francs CFA, ce fonds représente 0,03 % des recettes totales budgétaires de l'État du Niger », détaille Emilie Laffiteau. La chercheuse associée à l’Iris, économiste, spécialiste des enjeux macroéconomiques internationaux a également fait la comparaison avec les appuis budgétaires des partenaires. Même si ces derniers ont drastiquement diminué suite aux sanctions, le fond représente moins de 5 % comparativement aux appuis budgétaires des partenaires. « On voit qu'au niveau des volumes, celareste un instrument très marginal de mobilisation de recettes publiques au niveau national », analyse Emilie Laffiteau.Un financement plus flexibleSi les volumes restent comparativement modestes, ce genre de fonds comporte cependant plusieurs avantages, analyse l’économiste international sénégalais Magaye Gaye. « Ce sont des organes de financement d'abord qui sont endogènes et qui priorisent les ressources de financement interne. Ce qui est quand même recherché, c'est la solidarité, au-delà des seules règles d'abondement des fonds classiques par les budgets nationaux. Donc cela, c'est un élément très important », met-il en avant. Autre avantage : « Cela contourne également les rigidités administratives et budgétaires. Les procédures d'exécution des dépenses publiques obéissent à des règles qui sont très complexes, qui sont rigides et contraignantes. Et, c’est pourquoi effectivement, ce genre de fonds, par leur souplesse, permettent justement de contourner ces rigidités pour être beaucoup plus efficaces. »Pour Magay Gaye, il ne s’agit donc pas de se substituer aux lois de Finance votées, mais de proposer quelque chose en plus et de différent, « mobiliser les Nigériens autour d'un projet commun ». Au-delà de l’aspect purement économique, il s’agit pour l’économiste sénégalais d’une décision très politique. « Il s’agit d’un acte patriotique fort », assure-t-il.Taxer les dividendes des multinationalesLe constat cependant est sans appel. Les sanctions internationales, de la Cédéao notamment, ont conduit à une perte de revenus importants pour le Niger. Et si l’État cherche à lever plus de fonds pour financer sa politique, il dispose de leviers plus efficaces que ce fonds de solidarité, estime l’économiste Emilie Laffiteau. « Au Niger, le taux de pression fiscale est à 10 %. Au niveau de l'UEMOA, dispositif dans lequel ils sont toujours intégrés, la norme est à 20 %. Donc, on voit qu’il y a vraiment un effort à faire au niveau de cette pression fiscale, pour que les autorités du pays arrivent à prélever au niveau de leurs recettes », remarque-t-elle. Et pour elle, cette pression peut mieux viser les dividendes des multinationales. « Il me semble que l'enjeu est là. Parce qu’ici, il y a une capacité de mobilisation qui est beaucoup plus forte », souligne-t-elle encore. Sur un temps plus long, assurer la transparence et la bonne gouvernance du Fonds restent primordial selon les économistes. La question de sa pérennité est également posée.À lire aussiNiger: face à une situation financière difficile, le CNSP lance un fonds de solidarité
9/19/2024 • 2 minutes, 28 seconds
Restructuration d’Air Sénégal pour maintenir la compagnie à flot
Air Sénégal, la compagnie nationale, multiplie les trous d’air et les turbulences. Créée en 2016, elle s’est très rapidement retrouvée confrontée à de nombreux problèmes financiers qui ne cesse de s’aggraver. Sa dette est d’ailleurs estimée à 150 millions de dollars, selon l’État sénégalais. À cela s’ajoutent d’importants retards et des annulations. Dernière illustration de cette crise : la fermeture de plusieurs lignes, à partir de jeudi 19 septembre et les jours qui suivent. Malgré la matinée pluvieuse, le flot de clients est continu dans l’agence Air Sénégal du centre-ville de Dakar. Et lorsqu’on leur demande comment s’est passée leur dernière expérience, cela ressemble souvent à ce que décrit cet habitué de la compagnie, qui volait il y a quelques jours. « On n’a pas quitté à l’heure qui était prévue. On a eu quelque chose comme quatre heures de retard, regrette-t-il. Il faut qu’ils améliorent le système parce que beaucoup de gens ne sont pas contents. Il peut y avoir des aléas, mais il ne faut pas laisser les problèmes perdurer comme ça. »Autre client, cet homme d’affaires qui est venu s’assurer que son vol était maintenu. Pour lui, malgré les problèmes, pas question de délaisser Air Sénégal. « C’est ma compagnie nationale. Donc si la destination est desservie, vraiment, je préfère ma compagnie nationale », assure-t-il. « Si mon pays parvient à faire des efforts pour mettre en place une compagnie, c’est notre devoir de soutenir notre pays en empruntant cet avion malgré les péripéties », poursuit-il, convaincu.Réduire la dette couranteAir Sénégal met fin d'ici à la fin du mois à plusieurs liaisons vers New York, Douala ou encore Marseille et Lyon. La compagnie n’aura plus aucune route en dehors du continent africain à part celle vers Paris. Un sujet de préoccupation pour Abou Ba, le directeur général de Contact Voyages Sénégal, rencontré à un salon des professionnels du tourisme à Paris. « Cela nous inquiète beaucoup qu’Air Sénégal arrête certaines destinations parce que c’était une facilitation, témoigne le voyagiste. Cela nous permettait d’avoir beaucoup plus de monde, parce que cela permettait aux voyageurs, pas simplement depuis Paris, mais aussi depuis chaque région, de pouvoir voyager directement vers le Sénégal. C’était beaucoup plus facile. »La suppression de certaines dessertes présentées par la compagnie comme « une optimisation de son réseau » était pourtant inévitable vu sa situation économique. Grégory Venance est le directeur du cabinet d’expertise Aeroinflight et ancien employé d’Air Sénégal. « C’est un mal qui était nécessaire, estime-t-il. On est sûr des routes comme celles de New York qui perdent plus d’un million de dollars par mois. Et elles permettront certainement de réduire la dette courante qui dépasse les 5 millions par mois. Et c’est déjà un moindre mal. »« Il y a eu très peu de continuité »Au-delà, des destinations assurées à perte, l’achat de plusieurs avions neufs s’est également révélé être une très mauvaise opération financière, selon Grégory Venance. Pour lui, c’est le résultat de la valse des dirigeants à la tête de la compagnie. « Chaque directeur a complètement désavoué ce que le précédent a fait. Il y a eu très peu de continuité, parfois, il y a même eu des inepties de management entre deux directions et tout ceci a coûté énormément d’argent et beaucoup de temps. Et cela n’a pas permis à la compagnie de se positionner pour rebondir », décrypte-t-il.Début août, un nouveau directeur général, Tidiane Ndiaye, a été nommé. Selon le ministre des Transports El Malick Ndiaye sa vision correspond à celle des nouvelles autorités et sa mission est ni plus ni moins que de redresser durablement Air Sénégal.À lire aussiSénégal: le lancement du satellite Gaindesat-1A est «un gain de temps, d'énergie et d'argent»
9/18/2024 • 2 minutes, 32 seconds
Libye: la crise à la tête de la banque centrale plonge le pays dans l'incertitude
La lutte de pouvoir entre les gouvernements de l'Est et de l'Ouest pour mettre la main sur la Banque centrale libyenne plonge davantage l'économie du pays dans l'incertitude. Face au risque imminent de pénuries de produits de première nécessité, une mission de l'ONU est à Tripoli pour trouver des solutions. C'était le 26 août dernier. Des miliciens se rendent au siège de la banque centrale à Tripoli et chasse le gouverneur Sadiq Al Kabir, qui préfèrera fuir en Turquie. Ce dernier est jugé trop proche du maréchal Haftar qui contrôle l'est libyen. Abdelhamid Ddeibah, le Premier ministre de l'Ouest, a donc décidé unilatéralement de le remplacer par Abdel Fatta Ghaffar. Problème : ce gouverneur par intérim n'est pas reconnu par la communauté internationale.Importations bloquéesLes banques américaines, britanniques et européennes ont, dans la foulée, décidé de stopper les transactions commerciales. « Ces banques-là ne sont pas idiotes. Elles savent très bien que le gouverneur intérimaire a été instauré de manière unilatérale via un coup et par la violence, décrypte Jallil Harchaoui, chercheur au Royal United Services Institute de Londres, spécialiste de la Libye. Celui qui est présenté par le Premier ministre Ddeibah comme étant le nouveau gouverneur intérimaire de la Banque centrale, en réalité, ne l'est pas. Il a pris le contrôle des systèmes de dinar en Libye, mais non pas la chose qui vraiment importe beaucoup : le nerf de la guerre, si vous voulez, ce sont les dollars. Il n'a pas la possibilité d'avoir accès à cet argent-là qui appartient à la nation libyenne ».Les lettres de crédit comme les réserves libyennes à l'étranger sont des outils financiers qui ne peuvent pas être utilisés par ce nouveau gouverneur. Des pénuries sont à craindre à très court terme. « Personne ne peut dire comment la Libye importera les produits de première nécessitée en octobre », estime Jallil Harchaoui.Développement de la contrebandeUn constat partagé par Majid Bouden, avocat en droit international à Paris : « L'importation vers la Libye est bloquée et donc il va y avoir pénurie sur le marché si la communauté internationale n'agit pas rapidement pour régler ce problème. Elle doit réorganiser le schéma tel qu'il fonctionnait avec les ressources qui viennent des champs pétrolifères qui passent par la NOC (la National Oil Company), puis qui sont injectées à la Banque centrale, laquelle les utilise pour financer l'économie, mais aussi payer fonctionnaires à l'ouest et à l'est. »Cette déstabilisation profite à certains pays, selon Majid Bouden. La Russie, principal bénéficiaire du pétrole de contrebande libyen, mais aussi la Chine ou l’Iran se présentent comme des recours sur un marché parallèle en cas de pénurie. « Les produits de consommation vont être substitués, via cette manne de contrebande pétrolière, par d'autres produits, poursuit l’avocat, par exemple, on peut substituer des fournisseurs de tel ou tel produit venant d'Europe par des fournisseurs russes, chinois ou même turc. Donc c'est un problème géostratégique qu'il faut régler. C'est un problème d'urgence absolue. »D'autant que la production de pétrole, première source de revenus de la Libye, est à l'arrêt. Une suspension décidée par le clan de Khalifa Haftar qui détient les principaux puits et qui dénonce la prise de pouvoir de l'Ouest à la tête de la banque centrale.À écouter aussiLibye: la reconstruction de Derna s'opère «dans l'opacité totale sur l'origine des fonds», note Virginie Collombier
9/17/2024 • 2 minutes, 27 seconds
En Centrafrique, le défi du développement du secteur privé
Le secteur privé centrafricain peine toujours à se développer. Le pays peine à attirer les investisseurs. Beaucoup d'activités et initiatives se font dans le domaine informel et ne contribuent donc pas directement aux ressources de l'État. Pourtant, pour le Groupement interprofessionnel de Centrafrique (GICA), le développement du pays passera nécessairement par l'essor du secteur privé. Encourager les petites et moyennes entreprises (PME), voici l'un des objectifs que s'est donné le GICA, l'une des deux associations patronales du pays qui compte une cinquantaine de membres. Pour lui, le développement économique de la Centrafrique passera par les PME. « Le seul vecteur de croissance, pour nous, ce sont les PME », met en avant Jonathan Nouganga, trésorier général de l'organisation.« Je prends un exemple des entreprises de téléphonie mobile, leur vecteur de croissance se situe sur des services de valeur ajoutée. Mais en termes d'abonnements ou d'abonnés, ils ne pourront pas croître beaucoup plus d'une année sur l'autre, argumente-t-il. Par contre, une PME peut facilement doubler, tripler son chiffre d'affaires selon qu'elle obtient des marchés, selon qu'elle se formalise, selon qu'elle est pérenne dans le temps. »Pour Jonathan Nouganga, l'enjeu n'est pas la simple bonne santé du patronat. « Bien entendu, il y a un patriotisme, insiste-t-il. Plus il y a d'entreprises, plus le tissu économique est formel et important, plus on donne les moyens au gouvernement de pouvoir réaliser ses objectifs et de réaliser les investissements structurels nécessaires. Pour cela, il faut un secteur privé fort et surtout formalisé. »Défis structurels et manque de confiancePour encourager le développement des entreprises, le GICA travaille surtout à faire entendre la voix des entrepreneurs. « On se dit que plus on est à partager les mêmes problématiques, plus facilement on pourra trouver de solutions », déclare le trésorier de l'organisation. « Et le GICA a aussi un représentant au niveau du guichet unique de formalités des entreprises. Donc forcément, les problématiques de ces administrations aussi nous sont remontées. On essaie d'être une plateforme de discussion. On croit au dialogue public-privé, on croit que le GICA peut contribuer au plaidoyer de toutes ces petites PME », poursuit-il.Des problématiques dont les autorités se disent être bien conscientes. Jean-Baptiste Koba est le ministre conseiller aux Investissements de la présidence. « Motiver les investissements, c'est rassurer et créer un climat des affaires pro-business et qui puisse redonner confiance, donc, à une communauté d'investisseurs qui, très souvent, préfère investir dans d'autres pays où le cadre est effectivement plus favorable », déclare-t-il. Un des plus gros écueils en Centrafrique : le climat des affaires. « Il nous faut impérativement l'améliorer, concède-t-il. Nous devons rassurer la communauté des investisseurs sur le plan judiciaire. Nous voulons plus de quiétude, plus de sécurité. Dans le respect des contrats, dans les procédures par exemple de licenciement. »Une loi sur le climat des affaires attend depuis plusieurs années d'être votée au Parlement. Dans un récent mémorandum, le GICA souligne également les défis structurels rencontrés par les entrepreneurs tels que la disponibilité et le coût du carburant, les questions énergétiques de manière générale ou encore la qualité des infrastructures.
9/16/2024 • 2 minutes, 27 seconds
Comment aider les petites et moyennes entreprises africaines à se financer?
Un des grands défis des petites et moyennes entreprises (PME) africaines est leur accès au financement, si elles veulent perdurer et croître. L'Afrique francophone est particulièrement lésée : 98% des financements privés vont vers l'Afrique du Sud, le Nigeria, l'Égypte et le Kenya. Le recours direct au système bancaire classique étant quasi-impossible, des sociétés et des fonds d'investissement proposent des solutions pour accompagner ces PME. Idrissa Diabira le sait bien, lui qui a dirigé l'Agence de développement et d'encadrement des PME du Sénégal : un des premiers obstacles au financement des petites entreprises, même les plus prometteuses, est l'absence d'information à fournir aux banques. « On a 3% simplement des entreprises au Sénégal qui ont des états financiers. C'est-à-dire que l'entreprise ne sait pas quel est son état de santé. À plus forte raison, ceux qui ont vocation à faire du deal avec l'entreprise, comme les institutions financières, les grands comptes, les grandes entreprises, ne peuvent pas non plus avoir d'informations sur cette entreprise », explique-t-il.Accompagner pour miser sur la duréeDes systèmes d'information juridique se développent pour les PME d'Afrique francophone. Mais en attendant qu'elles aient la confiance des banques, le capital investissement vient à la rescousse. Fonds d'investissement à impact social et environnemental, Ring Africa est, depuis mars 2024, actionnaire minoritaire d'une vingtaine de petites sociétés innovantes, de la Côte d'Ivoire au Sénégal, et les aide à se structurer.« Nous n'apportons pas que des fonds, mais nous apportons aussi un accompagnement, explique sa présidente Elisabeth Moreno. Nous avons créé un partenariat avec Mstudio, basé en Côte d’Ivoire. Ils vont coacher, mentorer ces jeunes structures. Parce que vous pouvez avoir la plus belle idée du monde, si vous ne savez pas diriger une entreprise, faire un bilan, recruter, faire plan marketing, vous ne tenez pas dans la durée. Et nous, on veut miser sur la durée ».Comprendre le cycle de fonctionnementAutre solution : passer par une société d'investissement qui connaît parfaitement l’activité. Birimian Ventures finance les marques africaines de mode et de création qui effraient les banques classiques. « Que ce soit les banquiers, les capital-investisseurs, ils vous diront tous qu'investir dans la création et la culture, investir dans l'art, c'est risqué, observe sa dirigeante Laureen Kouassi Olsson. Nous arrivons à démontrer que non. Pour le peu que nous comprenions tous le cycle de fonctionnement de ce type de société particulière, nous apportons des crédits renouvelables qui permettent aux entrepreneurs créatifs et aux sociétés créatives de financer leurs collections, l'achat de matières, de différents entrants pour leur production. »Avec 27 sociétés dans son portefeuille, Birimian Ventures est en train de faire école. Un guichet unique pour financer les entrepreneurs culturels et créatifs a vu le jour en Côte d'Ivoire et devrait se déployer ailleurs en Afrique francophone.À écouter aussiPME en Afrique, comment percer le plafond de verre de la croissance?
9/15/2024 • 2 minutes, 14 seconds
RDC: Kisangani attend le redémarrage de sa société textile Sotexki
Depuis 2020, la République démocratique du Congo (RDC) ne dispose plus d’usine de production industrielle de tissu en activité. La dernière, la société textile de Kisangani, créée en 1974, a peu à peu décliné à cause des guerres, puis pour des raisons logistiques. En 2022, un plan de relance de la Sotexki a été adopté par le gouvernement congolais. Mais il tarde à être mis en application, au grand regret de la population. Au marché central de Kisangani, les vendeuses en détail de pagnes regrettent la fermeture du point de vente de la Société textile de Kisangani. « Nous avons été surpris par la fermeture du magasin de la Sotexki, à cause des machines qui sont tombées en panne, nous a-t-on dit, commente l’une d’elle. Les pagnes en coton de la Sotexki sont très appréciés par rapport ceux qui sont importés. » Une autre déplore les contrefaçons : « Les motifs de pagnes Sotexki sont très piratés par les étrangers. Nous voulons que Sotexki revienne et produise comme avant. »Problème d'électricité et d'acheminement du cotonMais pour produire du tissu, il faut des intrants que la Sotexki a, depuis des années, du mal à se procurer. « Son plus grand problème, c’était l’électricité, explique le sénateur Jean Bamanisa, ancien gouverneur de la province Orientale, dont l’actuelle province de la Tshopo où est installée l’entreprise. Le deuxième problème était l’accès aux matières premières, notamment le coton. Le coton venait de Mahagi. La route était bonne. Un camion pouvait faire deux jours et il arrivait à Kisangani. Aujourd’hui, il faut peut-être faire deux mois… »Les travaux de construction de la route nationale 4 devraient être terminés d’ici trois ans pour faciliter l’acheminement du coton, en provenance notamment de Mahagi, dans la province voisine de l'Ituri. Et il y a deux ans, l’État congolais, actionnaire à 40%, a décidé d'injecter 17,5 millions de dollars pour la relance de la société textile. Si tout l’argent tarde à être décaissé, plusieurs machines seraient déjà arrivées en RDC, et d’autres sont en cours de fabrication à l’étranger.Commandes d'uniformes et de moustiquairesMais encore faut-il que la Sotexki ait des commandes suffisantes pour les faire tourner. « Il y a également lieu d’associer à la Sotexki des industries de confection, plaide Senold Tandia député membre de la commission Ecofin de l’assemblée provinciale, dans la province de la Tshopo. Produire des tissus, oui, mais qui achète ces tissus ? Ces sont les sociétés de confection qui vont alors utiliser les tissus produits par la Sotexki pour nous fabriquer des vestes, pour nous fabriquer des chemises. »Des commandes des administrations sont envisagées dans un premier temps : moustiquaires, tenues officielles ou uniformes des forces de sécurité.
9/12/2024 • 2 minutes, 8 seconds
Maroc: le tourisme retrouve des couleurs, un an après le séisme
Au Maroc, un an après le séisme, la région de l'épicentre se relève doucement de la catastrophe qui a causé la mort de près de 3 000 morts et des destructions considérables. Dans les montagnes du Haut-Atlas, une part importante de l’économie repose sur le tourisme. Gérants d'hôtels, de gîtes, guides, tous ont dû se retrousser les manches pour pouvoir accueillir de nouveau, le plus rapidement possible, des touristes. Avec notre envoyé spécial à Amizmiz,Saïd El Khatach marche au milieu de ruines. C’est ici qu’il accueillait ses visiteurs avant le séisme qui a frappé le Maroc le 9 septembre 2023. « La maison était là. C’était la maison de mes ancêtres, de mes arrières grands-parents que j’avais transformés en gîte chez l’habitant », nous explique le guide de montagne. Du jour au lendemain, il a vu ses revenus s’effondrer, mais il reste optimiste. L'État lui a accordé une aide d’un peu plus de 7 000 euros pour reconstruire son logement.« Cela prend un peu de temps, comme tout le monde. Parce que les gens sont nombreux. Il faut faire les plans, il y a les topographes qui doivent venir. Mais il y a des bons signes », assure-t-il. Depuis peu, Saïd a même relancé son activité de guide. « On commence d’abord par rendre la confiance aux voyageurs parce qu’il y en a qui ont de fausses idées sur les montagnes du Haut Atlas, qu'elles seraient démolies, décrit Saïd El Khatach. Maintenant, on commence à avoir des demandes de la part des gens pour faire des randonnées dans les montagnes. »Les visiteurs de retourLa preuve en direct, le téléphone de Saïd sonne. « C’est un client ! », se réjouit-il. « C’est un camp à Agafay qui m’appelle pour une randonnée demain. Ce sont des Français qui vont venir faire un tour dans le désert d’Agafay », précise le guide.Les visiteurs sont de retour dans les zones qui ont été secouées par le séisme il y a un an. C'est ce que confirme Mouhsine Chafai El Alaoui, délégué régional du tourisme à Marrakech. « La grande partie des établissements d’hébergement touristique ont procédé aux travaux de réparation nécessaire, assure-t-il. Aujourd’hui, la région d'Al Haouz enregistre une reprise notable de l’activité touristique avec même de bonnes perspectives pour les semaines à venir. Les activités de loisir, de sport, de randonnée, les excursions retrouvent leur rythme normal. »Au premier semestre 2024, la province d'Al Haouz, la plus touchée par le séisme, a même connu une augmentation du nombre de nuitées. Plus 19% par rapport à l'année précédente.À lire aussiMaroc: un an après le séisme dans le Haut Atlas, la longue reconstruction
9/11/2024 • 2 minutes, 15 seconds
Congo-B: une plateforme en ligne pour vendre les œuvres de l'école de peinture de Poto-Poto
C’est une institution artistique au Congo-Brazzaville, et elle cherche à mieux commercialiser les œuvres de ses peintres grâce aux nouvelles technologies. L’école de peinture créée en 1951 par le Français Pierre Lods, à Poto-Poto, quartier de la capitale, Brazzaville, vient de se doter d’une plateforme d'e-commerce. Une innovation et une opportunité d’affaires pour les artistes. Diane Scholastique Miangounina est peintre. Grande et toute de blanc vêtu, elle est venue assister au lancement de la plateforme de vente en ligne de l’école de peinture de Poto-Poto dans les locaux de l’institution, au Congo-Brazzaville.Désormais, estime-t-elle, ses collègues et elle pourront plus facilement commercialiser leurs œuvres, grâce à la vente en ligne des tableaux. « C’est une innovation profonde, mais aussi une opportunité qui s’offre à nous pour la vente de nos œuvres, se réjouit-elle. Il n’est pas toujours facile de vivre de la vente de ses créations. Maintenant qu’une porte s’ouvre à nous, je pense que c’est une bonne chose. Nous allons saisir cette opportunité pour un futur meilleur. »Initiée par les autorités congolaises, cette plateforme est pour le peintre Jacques Iloki, présent dans cette école depuis 40 ans, un véritable bienfait. « C’est une visibilité de plus pour nous. C’est le plus grand cadeau, le plus beau et le plus précieux, depuis l’existence de cette école, que nous avons reçu de nos autorités », souligne-t-il.Trouver des débouchés aux œuvresÀ l’école de peinture de Poto-Poto, le prix des œuvres d’art varie de 3 000 à plusieurs millions de francs CFA, selon leur taille. Sur la plateforme, des mécanismes de transaction et de paiement en ligne ont été intégrés. Ils permettent aux amateurs d’art d’acheter par carte de crédit ou paiements mobiles. La plateforme prévoit aussi le transport des œuvres. « Sur la plateforme, on choisit aussi le mode d’acheminement du produit [acheté]. Donc, on a une série de partenaires à travers le monde qui sont prêts à accompagner l’œuvre : de l’enlèvement à Brazzaville jusqu’à la destination finale », explique Serge Parfait Goma, expert en numérique.Une plateforme indispensable pour mettre en valeur les artistes, estime Léon Juste Ibombo, le ministre en charge de l’Économie numérique. « J’aime bien les tableaux, j’aime bien la peinture. J’avais mal au cœur que les œuvres de cette école ne soient pas valorisées. Voilà pourquoi nous avons voulu valoriser d’abord l’école, mais aussi les artisans et peintres qui ont un génie extraordinaire », affirme le ministre. L’école de peinture de Poto-Poto compte, à ce jour, plus de 90 tableaux numérisés.À lire aussiCongo-Brazzaville: l'école de peinture de Poto-Poto fête ses 70 ans
9/10/2024 • 2 minutes, 17 seconds
Production de la raffinerie de Dangote, une bonne nouvelle pour l’économie nigériane?
La semaine dernière, Aliko Dangote a présenté les premiers litres d’essence raffinés dans sa méga-raffinerie de Likki. Après plusieurs reports de mise en service, et un investissement de plus de 20 milliards de dollars, le fonctionnement de cette raffinerie – qui devrait être la plus grande du continent – était très attendu tant pour la sécurisation de l’approvisionnement national que pour des questions économiques d’ordre plus général. Le pari de cette raffinerie est d’abord d’alimenter un marché marqué par les ruptures de stocks et des prix élevés. Devant les caméras, Aliko Dangote brandit fièrement un bocal remplit du précieux liquide. « Je voudrais saluer le peuple du Nigeria et le gouvernement du président Ahmed Bola Tinubu d’avoir créé les conditions nous permettant de prospérer et de réaliser cette tâche monumentale consistant à offrir l'énergie à notre peuple, nécessaire pour la croissance, le développement et la prospérité, a déclaré l’homme d’affaires. Cela va permettre de stabiliser le Naira. Grâce à cela, vous réduisez de 40 % la demande de dollars sur le marché. »Il sera donc désormais possible d’acheter en grosse quantité du carburant en Naira. Une aubaine pour le Nigeria qui fait face à une importante crise économique, notamment marquée par la dévaluation de sa monnaie et une inflation galopante. « Avec une solution locale qui opère dans le pays qui est le plus grand producteur de pétrole en Afrique, on a une alternative qui peut permettre au pays d'arrêter d'abord de faire sortir les devises et donc de permettre de stabiliser la monnaie », explique l’analyste de Sika Finances, Cédrick Jiongo.Des implications sur l'inflation ?La raffinerie pourra produire à terme 650 000 barils par jours et ainsi couvrir l’ensemble de la demande nationale. « À partir de ce moment, la monnaie nigériane qui aujourd'hui a fortement dégringolé sur le marché, pourrait se stabiliser. Parce qu’on aurait plus de dollars dans les caisses. Et je crois que c'est sur cela que le président nigérian misait », détaille-t-il encore.Par ailleurs, avec une meilleure disponibilité du carburant et des prix s’ils sont plus faibles, comme c’est le cas du gazole produit par la raffinerie de Dangote, c’est l’ensemble de l’économie qui pourrait être impactée favorablement. « Cela va également permettre d'atténuer les coûts et de ce fait, les industriels peuvent répercuter cela et donc cela pourraient impacter les prix du produit final », met en avant Cédrick Jiongo. Cela concerne l’ensemble de l’économie. Importer les productions de zones rurales vers les grandes villes devraient par ailleurs coûter moins cher. « Et donc tout ça peut permettre à ce que les prix des produits au Nigeria puissent un peu se stabiliser », conclut l’analyste, alertant cependant sur les incertitudes qui planent encore. La raffinerie devrait tourner pleinement au premier trimestre 2025. Ce n’est qu’à partir de là qu’il sera possible d’évaluer l’impact réel de la raffinerie et de savoir si le pari est gagnant.
9/9/2024 • 2 minutes, 27 seconds
Au Ghana, virus et changement climatique inquiètent les producteurs de cacao
Au Ghana, la nouvelle campagne de cacao devrait débuter cette semaine alors que la dernière a accusé une baisse de la production à hauteur de 55%. Une mauvaise récolte causée par le changement climatique, les mines d’or illégales ou les épidémies qui ravagent les cultures. Et les premiers à en souffrir, ce sont les producteurs. Comme chaque matin, Akwasi Ampafo fait le tour de son exploitation de six hectares, dans la commune de Juaben. « Cette terre s’appelle Aman Paman et j’y suis très heureux ». À 66 ans passé, dont 20 en tant que producteur de Cacao, Akwasi Ampafo a aujourd’hui du mal à subvenir à ses besoins. « C’est plus compliqué de cultiver du cacao aujourd’hui, explique-t-il, le climat a changé : les pluies ne sont plus les mêmes, les jours de soleil non plus. Ça demande beaucoup plus d’attention. »Cabosses frappées par les maladiesAutre problème : le prix des produits de traitements et désherbages augmente dans un Ghana en crise économique où l’inflation dépasse encore les 20%. Il est devenu compliqué de lutter contre les maladies qui, à l’image du virus de l’œdème du cacaoyer, attaquent les cultures partout dans le pays.Un constat partagé par son voisin, Emmanuel Akweni, également producteur de cacao, une cabosse infectée dans la main. « Il y a des points noirs dessus, ça veut dire qu’elle a été attaquée par des insectes ».Emmanuel Akweni voit donc sa production baisser tous les ans et ce n’est pas la hausse du prix du sac fixé par le régulateur du cacao ghanéen – 2 000 cedis les 64 kg pour cette saison – qui va réellement changer sa situation : « On veut plus, un sac à 3 000, 3 500 cedis. Avec le prix actuel, pour survivre, je suis obligé d’emprunter à la banque ou à mes proches. » Pourtant, ni lui ni Akwasi Ampafo ne comptent vendre leurs exploitations ; seules terres qu’ils possèdent. Pas question, par contre, que leurs enfants se lancent à leur tour dans le cacao.Caoutchouc et or supplantent le cacaoUn problème de transmission généralisé, ici, au Ghana, et qui risque de mettre à mal les productions futures. C’est en tout cas ce que pense Richmond Frimpong, journaliste spécialisé en agriculture basé dans la ville de Kumasi : « Personne, aucun jeune surtout, ne souhaite se lancer dans la production de cacao. Déjà parce que la majorité des jeunes ne disposent pas de fonds pour obtenir une terre à cultiver. Ensuite parce que le secteur du cacao ne promet pas de meilleures conditions de vie. »La solution selon lui : des avantages fiscaux pour les produits de traitements et les engrais, investir dans la ruralité en construisant des routes et empêcher par la loi de couper des cacaoyers. « Quand vous allez dans la région orientale et dans certaines parties de la région occidentale, estime Richmond Frimpong, certains producteurs de cacaos ont cédé leurs terres à des investisseurs dans le caoutchouc et à des galamsayeurs parce qu’ils ont immédiatement besoin d’argent. » 19 000 hectares : c’est la superficie de cacaoyers détruits par les mines d’or illégales en 2022. Un fléau difficile à endiguer alors que le régulateur du cacao a annoncé espérer un rebond de la production pour la prochaine saison.À écouter aussiGhana: la production de cacao en forte baisse, la perte de terres agricoles en partie responsable
9/8/2024 • 2 minutes, 32 seconds
Pourquoi l'économie algérienne reste prisonnière de sa rente pétro-gazière?
Croissance, inflation, hausse des dépenses publiques : les défis économiques sont nombreux en Algérie avant le scrutin de ce samedi 7 septembre. Si la rente pétrolière se porte bien, d'autres secteurs stratégiques peinent à redécoller comme l'industrie, désormais part infime de l'économie du pays. Du pétrole et du gaz comme principaux moteurs de la croissance. C’est la recette ancestrale qui donne des ailes au président sortant Abdelmadjid Tebboune. Son objectif : doubler le Produit intérieur brut d'ici à trois ans. Le président-candidat s'emballait même un peu trop lors d'un meeting de campagne en déclarant : « Partie du bas du classement, l'économie algérienne est devenue aujourd'hui la troisième économie mondiale. »Malédiction des hydrocarburesL'économie algérienne est en fait la troisième du continent africain selon le Fonds monétaire international, notamment grâce à une rente pétrolière qui a grossi au gré des bouleversements internationaux et des augmentations de prix. Mais la thèse de Mohamed Loucif, enseignant en économie et finances publiques, c'est que l'Algérie connait une « malédiction » des hydrocarbures : trop de dépendance anéantirait toute tentative de diversification de l'économie.« Nous observons la prégnance du secteur pétrolier et gazier dans l’économie, la prépondérance d’une logique de consommation par rapport à une logique de production avec une dépendance, notamment sur les matières premières – les importations de céréales dépassent les 60% par exemple –, et un manque de diversification de l'économie qui se traduit par un secteur industriel déclinant. Et ça, c'est un peu le paradoxe algérien. Ce qui pourrait être considéré comme un avantage comparatif est contre-intuitivement quelque chose qui peut obstruer le développement d'une économie », explique-t-il.Côté entreprise, l'homme d'affaire Slim Othmani décrit un secteur privé en demi-teinte, malgré l'avènement d'un écosystème de start-up. Les investissements directs étrangers sont en net recul depuis plusieurs années. « En matière d’investissements, il y a un intérêt pour la destination Algérie. Les intérêts sont de plus en plus exprimés, assure Slim Othmani. Cependant, je pense que les investisseurs internationaux attendent plus de stabilité du cadre juridique qui continue malgré tout à être un peu fluctuant. En résumé : la confiance, ça se gagne, ça ne se décrète pas. »Une élection cruciale pour l'économiePour renforcer cette confiance, l'Algérie vient d'intégrer la banque de développement des Brics, ce qui va permettre de mobiliser d'avantage de ressources sur les projets d'investissements. « L'élection présidentielle intervient à un moment crucial pour l'économie du pays, poursuit Mohamed Loucif. Il y a quand même eu la fin d’un cycle en 2020, un cycle qui a duré quasiment 20 ans. Là, il y a une un nouveau souffle. Donc il y a une vraie fenêtre d'opportunité pour enclencher ce virage dans le temps, et pour faire en sorte que le développement économique puisse véritablement prendre dans ce pays au bénéfice des entreprises, de la population, et même du continent africain. »Taux de chômage de la jeunesse, inflation, manque d'infrastructures et déficit public qui se creuse... Autant de sujets majeurs qui attendent et prendront de la place sur la feuille de route du prochain président algérien. À lire aussiAlgérie: l'UE dénonce des restrictions au commerce et aux investissements dans ce pays
9/5/2024 • 2 minutes, 29 seconds
Comores: des services bancaires gratuits pour encourager l'inclusion financière
Aux Comores, la diaspora envoie chaque année plus de 150 milliards de francs comoriens (l’équivalent de 305 millions d’euros), soit trois fois le budget du pays, et cinq fois l'aide publique au développement. Mais la majorité de cette somme échappe aux circuits officiels. Pour attirer ces fonds vers le système bancaire national, la Banque centrale des Comores veut améliorer l'inclusion financière dans l’archipel de l’océan Indien, où le taux de bancarisation n’est que de 29%. Le paysage bancaire comorien compte neuf établissements de crédit et 189 agences. Pourtant, le recours au cash reste dominant. Ces flux financiers pourraient dynamiser l'économie s'ils étaient captés par le système bancaire. « Ce que l'on souhaite, la Banque centrale comme les banques commerciales, c'est de faire en sorte qu'une partie de cet argent soit orientée vers le secteur bancaire, pour l'intérêt de la diaspora, mais aussi pour l'intérêt de l'économie comorienne, souligne Younoussa Imani, gouverneur de la Banque centrale des Comores. Nous voulons que les banques aillent vers la population. »En 2023, une Stratégie nationale d'inclusion financière a été lancée. Pour l'heure, les services bancaires sur téléphone mobile, plus accessible que les banques traditionnelles, restent la solution la plus utilisée après le cash. « Aujourd'hui, nous avons plus de 75 000 comptes ouverts sur Holo à la Banque de Développement des Comores, se félicite Mohamed Salim Djalalidine, responsable de la plateforme Holo. Nous avons les étudiants, les commerçants informels, les commerçants formels, les professionnels, et les non-professionnels... »Ouverture de comptes et transferts d'argent gratuitsMalgré cela, des réticences subsistent vis-à-vis du système bancaire actuel. Une partie de la population opte pour un système informel d'épargne comme les tontines. Une minorité évoque des raisons religieuses, comme le refus des intérêts jugés illicites. Mais la plupart jugent le système bancaire trop compliqué. « L'absence de banques dans certaines zones, les frais élevés, la méfiance des consommateurs envers les institutions financières font que beaucoup de gens préfèrent garder leur argent plutôt que d'ouvrir un compte, observe Nasra Mohamed Issa, présidente de la Fédération comorienne des consommateurs. Les banques doivent, en plus de se moderniser, proposer des services financiers abordables et adaptés, informer les consommateurs sur les obligations et les risques. »Pour répondre à ces préoccupations, la Banque centrale des Comores pousse les banques à proposer aux particuliers l'ouverture gratuite de comptes bancaires et à la diaspora des transferts gratuits d'argent. Et cela semble fonctionner : une centaine de comptes auraient été ouverts depuis début août. Objectif : atteindre un taux de bancarisation de 50% aux Comores d'ici la fin 2025.
9/4/2024 • 2 minutes, 9 seconds
Exportation des minerais congolais: la bataille des corridors
Parmi les questions économiques majeures qui entourent la relation Chine-Afrique, il y a celle de la construction des grandes infrastructures qui doivent alimenter les nouvelles « routes de la soie », ainsi que celle de l’approvisionnement en minerais stratégiques. La République démocratique due Congo (RDC) est l’un des plus grands pourvoyeurs mondiaux de coltan, de manganèse, de cuivre… S’il y a concurrence pour les permis miniers, les puissances bataillent également pour le contrôle des voies d’exportations. La voie ferroviaire partant de la région de Lubumbashi et reliant le port de Lobito en Angola est stratégique pour l’exportation des minerais congolais. Jusqu’à présent, c'est la voie routière vers le port de Durban en Afrique du Sud qui est principalement empruntée. « Avec une seule rame de train, vous pouvez facilement dégager 1 000 tonnes ou 1 200 tonnes. Or, s'il faut le faire par camion, il faut 30 camions, souligne Lems Kamwanya, analyste économique, ex-directeur de l’office de gestion du fret multimodal. C’est 30 chauffeurs, c'est 30 documents différents à prêter, c'est lourd comme difficultés. C'est pourquoi la voie ferroviaire est devenue la meilleure voie. »Un gain de temps, mais également de coût de transport, met également en exergue Lems Kamwanya, qui est aussi ancien directeur adjoint au ministère du Transport de RDC : « On a toujours considéré que c'est la meilleure voie pour effectuer les transports des produits miniers. »La Chine a rénové les plus de 1 300 kilomètres de voies ferroviaires côté angolais, pour un montant de plus de 2 milliards d’euros. Mais le contrat d’exploitation a été confié à un consortium mené par le trader suisse Trafigura. La première exportation par le rail de cuivre a été effectuée fin août 2024. Pour faire pencher la balance, côté occidental, les États-Unis et l’Union européenne se sont engagés à rénover le tronçon côté congolais. Pour cela, 630 millions d’euros ont déjà été mobilisés, selon la Commission européenne.Course au contrôle des voies d'exportation« Pékin a réagi à cette perte de contrôle du corridor de Lobito en proposant de réactiver un ancien corridor historique qui ne fonctionne plus, qui est la ligne Tazara – pour Tanzanie et Zambie », analyse Thierry Vircoulon chercheur associé à l’IFRI. « Donc Pékin propose depuis cette année de reconstruire cette ligne, pour un coût estimé à un peu plus d'un milliard de dollars, ce qui ouvrirait un corridor pour concurrencer le corridor de Lobito », poursuit-il. L’ouverture sur un port de la côte orientale de l'Afrique faciliterait de fait le marché chinois.Si la diversification des voies d’exportation et des partenaires ne peut être que bénéfique selon Lems Kamwanya, pour Thierry Vircoulon, « cette bataille des corridors illustre la lutte géopolitique autour des réserves de minerais critiques et montre que, en effet, entre Washington et Pékin, c'est la course au contrôle non seulement de ses ressources, mais surtout des voies d'exportation de ses ressources ». Il y a deux semaines, Washington s’est de nouveau positionné sur le sujet, affirmant être toujours prêt à s’impliquer pour l’extension du corridor de Lobito vers la Tanzanie.
9/3/2024 • 2 minutes, 23 seconds
L’Afrique du Sud toujours plongée dans le chômage de masse
L’Afrique du Sud ne parvient pas à trouver de réponse à la crise du chômage de masse qui la frappe. Le pays connaît l’un des taux de chômage parmi les plus élevés au monde, et selon les derniers chiffres disponibles, il a encore augmenté, entre avril et juin de cette année. De notre correspondante à Johannesburg,Désormais, 33,5 % de la population active est sans emploi. Ce taux grimpe même jusqu’à 42,6 % si l’on prend la définition plus étendue qui inclut ceux qui ont abandonné toute recherche. Nikelwa, 27 ans, a terminé sa formation de commise de cuisine il y a six mois. Depuis, sa recherche intensive de travail n’a rien donné. « Quand je postule à des offres, on me dit avoir besoin de personnes avec de l’expérience, donc il n’y a pas d’opportunités », témoigne-t-elle. Elle s’inquiète de ne pas réussir à trouver un emploi rapidement : « J’ai un fils, et tout cela est très frustrant, car il grandit, je ne sais pas comment il va pouvoir aller à l’école. » Par dépit, elle veut désormais tenter autre chose, en suivant une formation en production audiovisuelle à Soweto.Les chiffres du chômage, en Afrique du Sud, viennent de connaître une troisième hausse consécutive et leur plus haut niveau depuis deux ans. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer. « On sait que l’éducation continue d’être un facteur : moins il y a de niveau d’études, plus il y a de risques de chômage. Les jeunes sont aussi davantage touchés, car ils ont moins d’expérience sur le marché du travail, explique Ariane De Lannoy de l’Unité de recherche sur le travail et le développement en Afrique australe (Saldru) de l’université du Cap. Mais, bien sûr, à un niveau macroéconomique, on a surtout une situation où l’économie ne progresse pas assez pour encourager la création d’emplois, et même quand il y a de la croissance, elle n’est pas inclusive. »Et une fois par mois, retrouvez les conseils aux jeunes diplômés dans 8 milliards de voisins.Des couches sociales différemment concernéesLe FMI prévoit une croissance inférieure à 1 % pour 2024. De plus, les très fortes inégalités au sein du pays ont des conséquences lorsqu’il s’agit de trouver un emploi. Sharmi Surianarain peut en témoigner, elle qui travaille pour Harambee, une organisation qui tente d’aider les jeunes dans leur recherche. « Cela implique du temps et de l’argent, pour payer par exemple les données mobiles sur le téléphone. Il y a aussi une exclusion géographique, car beaucoup de jeunes vivent loin des zones où se trouvent les emplois », a-t-elle pu constater. Les barrières se posent également en termes de genre lorsqu’il s’agit de trouver du temps et de l’argent pour chercher du travail. « Et même quand ils décrochent quelque chose, c’est très souvent un contrat temporaire, sans oublier l’existence d’un écart de rémunération entre les sexes », poursuit-elle.Résultat : des segments de la société sont davantage à risque d’être touchés par le chômage. « Dans les recherches que l’on mène auprès de jeunes sans éducation, emploi, ou formation, on observe qu’ils ont plus de chances de se retrouver dans cette situation s’ils sont noirs, de sexe féminin, s’ils résident dans un foyer où il y a des enfants de moins de 7 ans, et vivent en dessous du seuil de pauvreté », souligne la chercheuse Ariane De Lannoy.Le parti de l’ANC a réagi après la publication de ces chiffres en déclarant ne pas se concentrer sur des fluctuations par trimestre, pour travailler sur une « plus longue période ».À lire aussi Employabilité en Afrique : le défi des diplômés chômeurs
9/2/2024 • 2 minutes, 31 seconds
Employabilité en Afrique: le défi des diplômés chômeurs
Ce lundi 2 septembre marque la rentrée dans un certain nombre de pays. Pour beaucoup d'étudiants, le choix de la filière a été cornélien. Comment trouver un diplôme qui ne mènera pas au chômage ? Une problématique bien connue sur le continent africain et que certaines structures étudient et cherchent à contrecarrer. « J’ai aujourd’hui 31 ans, sans boulot », constate amèrement Christian. Il a fini ses études il y a plusieurs années déjà et avec un bac+5 en poche, il espérait trouver rapidement un bon emploi dans l’est de la RDC. Mais jusqu’à présent, il vivote grâce à des petits boulots précaires.« J'ai postulé à beaucoup d’offres, mais on ne me retient pas. Ça fait tellement mal parce qu’ici, chez nous, quand on t’envoie à l’école, c’est pour être l’espoir de la famille, explique-t-il. Mais quand tu termines les études et que tu entres en chômage, tu ne sais plus que faire. Cela démotive les parents, payer les études des autres enfants, parce qu’ils disent "toi qui as fini, tu nous aides à quoi ?" »À lire aussiAfrique du Sud: le taux de chômage du pays, le plus élevé au monde, a encore grimpéBien connaître les besoins du marchéChristian n’est pas le seul dans cette situation. Par exemple, fin 2019, en Tunisie, les diplômés supérieurs auraient représenté plus d’un tiers de l’ensemble des chômeurs. Un sujet prioritaire pour le réseau universitaire privé Honoris United Universities qui a récemment publié une étude sur le sujet.« La plupart des employeurs expriment une non-adéquation entre les compétences des diplômés et leurs besoins en entreprises, constate Laura Kakon, la directrice de la stratégie et de la croissance du groupe. Donc c’est pour cela que nous menons des études aussi bien au niveau de la compréhension des besoins du marché du travail et nous interrogeons nos employeurs partenaires pour comprendre quels sont les besoins en fonction des différentes industries. » L’objectif : s’assurer que les diplômes proposés soient en accord avec les besoins des employeurs.À lire aussiSénégal: trouver un emploi, une galère pour les chômeurs de Kédougou [5/5]Être au plus près des entreprisesHonoris concentre ses formations dans des domaines particuliers tels que de la santé publique, les sciences techniques, ou encore l’ingénierie. Ce qui correspond à la demande et aux « écosystèmes et aux économies dans lesquelles nous sommes », insiste-t-elle, soulignant notamment le développement important des infrastructures dans un grand nombre de pays du continent.Avec 16 institutions dans 10 pays d’Afrique, Honoris – pour s’assurer de l’insertion de ses étudiants – s’appuie sur un large réseau d’entreprises. « On travaille avec des groupes qui ont par exemple des besoins en ressources humaines sur plusieurs pays en Afrique, détaille Laura Kakon. Par exemple, avec Bank of America qui est une multinationale, mais qui a plusieurs centres de recrutement en Afrique, on va pouvoir travailler avec eux sur une politique de recrutement avec une approche centralisée au niveau d’Honoris. Mais qui va travailler avec l’ensemble de nos institutions. »Favoritisme et cooptation sont souvent dénoncés par les chômeurs diplômés. Les études pointent également le peu d’emplois qualifiés disponibles dans certains pays.Et une fois par mois, retrouvez les conseils aux jeunes diplômés dans 8 milliards de voisins.
9/1/2024 • 2 minutes, 25 seconds
Un an de transition au Gabon: une économie en quête de confiance et de croissance
Au Gabon, des mesures socio-économiques pour lutter contre la vie chère ont été annoncées au cours de l'année par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) – paiement d’arriérés de pension, encadrement des prix, etc. Cependant, le pays peine à lever des fonds, en raison de marchés régionaux congestionnés et de marchés internationaux réticents. Une politique socio-économique qui se veut donc ambitieuse, mais dans un cadre budgétaire contraint. Près de 40 % de la population confrontée au chômage et un taux de pauvreté en augmentation, deux gros points noirs hérités du gouvernement Bongo. « Aujourd'hui, le gouvernement essaie de relancer l'économie. Le CTRI a donc créé des postes budgétaires dans l'armée, au niveau des secteurs de la santé et l'éducation », explique le professeur Gabriel Zomo Yebe, qui a pris la tête de la Commission économique du dialogue national inclusif. « Le gouvernement est évidemment conscient que ce n’est pas la fonction publique qui va résorber tout le chômage. Il va falloir pousser les jeunes gabonais à entreprendre. D'autres mesures vont suivre. Il est évident que ce n'est qu'à moyen terme que l'on peut éradiquer le chômage », poursuit-il.Mauvaise gestion, captation privée des richesses nationales : la transition a réalisé des prises de participation dans de grandes entreprises pour couper court, assure Gabriel Zomo Yebe, aux mauvaises pratiques. « Parmi les mesures que nous avons eu à arrêter au cours du dialogue national inclusif, il y avait la réappropriation d'une partie de notre économie. Réappropriation ne veut pas dire nationaliser, insiste-t-il. C’est qu'il nous faut quand même maîtriser une petite partie de notre économie. Privilégier les entreprises qui sont sur place, les entreprises nationales. »À lire aussiAu Gabon, Port-Gentil retrouve sa sérénité après les pillages de ce week-end« Tout le Gabon est en chantier »Une politique de grands travaux a par ailleurs été affirmée avec la construction ou la rénovation de différentes infrastructures. « Tout le Gabon est en chantier, se réjouit le professeur d'économie. Et au moins, on a redonné confiance d'abord aux Gabonais et on redonnera confiance à tout le monde. » Redonner confiance aux investisseurs, voilà, sans doute, le plus gros défi pour le Gabon.Sa dette pourrait atteindre près de 79 % en 2025, selon les projections du FMI. Le pays a échoué à rembourser plusieurs échéances et a vu sa note dégradée. Difficile dans ce contexte d’emprunter sur les marchés financiers internationaux. « Il y a un rapport du FMI qui suggère au Gabon de procéder à un assainissement budgétaire. L'exécutif a fait un ensemble de promesses de court terme, de changement de la vie des populations, un ensemble d'annonces d'investissements dans le secteur pétrolier », détaille Cédrick Jiongo, spécialiste de l’Afrique centrale chez Sika Finance.Faire preuve « d'ingéniosité » « Je crois qu'il va falloir qu’il mise plus sur le long terme que le court terme. Qu'il amorce le processus de diversification de son économie. À côté de cela, je crois que le Gabon a un potentiel naturel qui est immense sur lequel il a souvent misé pour mobiliser de la dette. Je parle des obligations vertes », précise Cédrick Jiongo. Selon l'analyste :« C'est également un levier qu’il peut actionner pour pouvoir refinancer ses emprunts qui arrivent à échéance à partir de l'année prochaine », décrypte l'analyste. Et de conclure que le Gabon va devoir faire preuve de « beaucoup d'ingéniosité ». Soucieux de prouver sa bonne volonté en termes de transparence – notamment aux institutions de Bretton Woods – le CTRI a rendu public, début août, ses contrats forestiers, miniers et pétroliers.
8/29/2024 • 2 minutes, 28 seconds
Visas, transparence juridique… des outils pour doper les échanges entre entreprises francophones
Faciliter les affaires entre les entreprises francophones, qu’elles soient africaines, françaises ou canadiennes, c’est le but de l’Alliance des patronats francophones, qui était représentée à la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), à Paris, les 26 et 27 août. Cette alliance, qui regroupe les patronats de 35 pays, propose plusieurs pistes pour intensifier les échanges économiques au sein de la zone francophone. Les échanges de biens entre pays francophones ont atteint 390 milliards de dollars l’an dernier, un chiffre comparable à celui du Commonwealth, mais qui pourrait être bien supérieur, selon le directeur général de l’Alliance des patronats francophones, si les rencontres d’affaires n’étaient pas contrariées par les difficultés à obtenir des visas. « On s’est aperçu que ce qui posait problème, notamment dans les échanges du Sud vers le Nord, c’était que beaucoup de femmes et d’hommes d’affaires reconnus dans leurs pays respectifs avaient du mal à obtenir des visas dans les délais et donc rataient des forums économiques, des opportunités d’affaires, souligne Alexandre Planelles. Et donc nous sommes très actifs, avec l’espoir que ça se réalise, sur un visa d’affaires francophone. On pense notamment, et on est assez avancé, à un système de fast track, de facilités dans l’obtention des visas. »Visa d’affaires francophoneAutre plaidoyer des patronats francophones : une harmonisation des formations pour une plus grande mobilité de la main-d'œuvre. « Demain, un Camerounais qui a suivi un cursus professionnel dans la logistique pourrait aller travailler au Bénin dans la logistique ou à Madagascar dans la logistique ou en France à terme, poursuit le représentant des patrons francophones. C’est ce qu’on vise : que les formations soient cohérentes et répondent aux besoins du secteur privé. »Créée il y a deux ans et demi, l'Alliance des patronats francophones met en relation les entreprises des cinq continents, avec bientôt une base de données par secteur. Mais connaître la santé financière d'un futur partenaire est crucial. Dieudonné Mpouki, président d'Infogreffe, le registre français du commerce et des sociétés, se réjouit de voir d'autres pays francophones adopter le même indicateur de performance, développé grâce à l'intelligence artificielle. « Cet outil, c’est un indicateur qui permet de dire à une entreprise quel est le niveau de risque de solvabilité, de se mettre en défaillance, explique-t-il. Nos homologues tunisiens sont en train de développer la même chose. On a au moins 17 États, dont le Sénégal, le Congo, le Bénin, où on a les mêmes réglementations en matière de droit des entreprises, le même registre du commerce, on parle la même langue. L’idée, c’est de partager les expériences, de partager les informations, de donner de la visibilité aussi aux entreprises de l’espace francophone. »Un partage d'informations juridiques entre les tribunaux de commerce des pays francophones qui sera très utile également pour lutter contre la fraude.
8/28/2024 • 2 minutes, 10 seconds
L'artisanat africain encore confronté à de nombreux défis
Le Congo-Brazzaville accueillait, la semaine dernière, la deuxième édition de la Foire internationale de l’artisanat du Congo (FIAC). L’occasion est donnée aux artisans venus du Congo et de toute l’Afrique d’échanger et de faire des affaires, bien que le secteur soit encore trop peu valorisé dans les économies nationales. De notre correspondant à Brazzaville, Wilfried Itoua, Congolais de 44 ans, est venu exposer ses produits artisanaux à même le sol, près du monument érigé en souvenir de l’ancien explorateur français Pierre Savorgnan de Brazza. Le site, en plein centre-ville, abrite la foire internationale de l'artisanat du Congo. Wilfried propose essentiellement des produits fabriqués avec de la paille tirée de la savane congolaise.« Les objets qui se trouvent ici, ce sont des bancs, des accessoires pour les femmes, des paniers et une lampe luciole, une lampe africaine faite de paille », détaille l’artisan.À quelques mètres de là, la Tchadienne Chantal Matteul expose divers produits dont ceux fabriqués à partir du chebet, un végétal qui fait pousser les cheveux des femmes. « On est venus représenter le Tchad avec tout ce que les artisans tchadiens font, en commençant par les tissus teintés, les tissus artisanaux, les produits capillaires faits à base de chebet et de beurre de karité, témoigne-t-elle. En dehors de faire des affaires, nous sommes venues montrer notre talent. »Défis des statistiques et de la protection des artisansSur le continent, l’artisanat englobe à lui seul plus de 200 métiers. Cependant, pour mieux l’encadrer, de nombreux défis sont à relever, selon Jacqueline Lydia Mikolo, la ministre congolaise en charge du secteur. « Nous avons un défi à relever pour la propriété intellectuelle de nos œuvres artisanales, nous avons un défi à relever en matière de financement de nos artisans », met-elle en avant.Autre défi : celui de la protection des travailleurs du secteur, notamment en ce qui concerne la sécurité sociale, l’assurance maladie. Une nécessité « pour protéger nos artisans afin qu’ils puissent produire sereinement pour nos populations », insiste la ministre.Reconnu comme un secteur porteur de croissance et pourvoyeur d’emplois, l’artisanat africain manque pourtant d’études statistiques fiables. « Peu d’études existent sur la véritable contribution de l’artisanat dans le PIB de nos pays », regrette Moussa Moïse Sylla, ministre de la Guinée Conakry en charge de l’artisanat. « Si des études sérieuses sont faites, vous vous rendrez compte qu’après le secteur de l’agriculture, le secteur de l’artisanat est celui qui emploie le plus de main d’œuvre », estime-t-il. Rendez-vous biennal, la Foire internationale de l’artisanat a regroupé au moins 2 000 participants cette année.À lire aussiAkaa, foire d'art contemporain africain à Paris
8/27/2024 • 2 minutes, 18 seconds
Côte d'Ivoire: les start-up Camansa et Go'Babi tentent de concurrencer Airbnb et Uber
En Côte d'Ivoire, plusieurs start-up sont apparues en janvier dernier pour accueillir les touristes à l'occasion de la CAN, la Coupe d'Afrique des nations. Six mois plus tard, quelques-unes ont su se maintenir à flot, et elles tentent de se faire une place sur ces marchés ultra-compétitifs face aux multinationales Uber et Airbnb. C'est le cas de Camansa et de Go'Babi. L'offre hôtelière ne manque pas à Abidjan : le marché est partagé entre Airbnb, pour les logements entiers, et Booking, réservé aux hôtels. Mais ces deux sites ont pour inconvénient de proposer très peu d'offres hors de la capitale économique, où la recherche de logements se fait généralement par le bouche-à-oreille. « Nous avons mis des équipes un peu partout dans le pays pour enregistrer ces différentes offres-là, explique Yann Akoun, l'un des fondateurs de la plateforme ivoirienne Camansa, qui entend pallier ce manque. Et on est parti dans des coins reculés. On parle de Korhogo, on parle de Man, on parle de Gagnoa, on parle de Tiassalé, ce genre d'endroits, où ce n'est pas vraiment simple de trouver des offres sur Airbnb. »Solution pour les villes régionalesAutre inconvénient d'Airbnb auquel se heurtent ses utilisateurs ivoiriens : l'absence de choix dans les moyens de paiement. « Peu de personnes utilisent la carte bancaire en Côte d'Ivoire, observe Yann Akoun. Donc les gens utilisent beaucoup le "mobile money", ils utilisent aussi le cash. Ça, c'est le premier obstacle. Le second obstacle, c'est que les gens ne connaissent pas forcément et n'utilisent pas beaucoup l'outil informatique. Et généralement, ce qu'on fait, c'est aller parler aux hôteliers qui n'ont pas vraiment la connaissance de ces outils informatiques. On arrive à leur montrer que cette plateforme-là peut rapporter du business. »La petite taille de Camansa, qui ne compte encore que 350 clients, permet d'offrir un accompagnement personnalisé et fait à la fois sa faiblesse et sa force.À lire aussiÉconomie: Lagos accueille le premier pôle d'une initiative pour soutenir les start-up africainesC'est aussi le cas de Go Babi qui s'inscrit dans un tout autre domaine d'activité, celui du transport urbain. L'application ivoirienne doit faire face à deux géants des VTC : l'Américain Uber et le Russe Yango. Sa stratégie pour se démarquer ? Des tarifs plus bas et sans majoration, grâce à une marge plus faible. « Quand on vient sur un marché compétitif comme ça, il faut forcément faire des concessions, remarque Yves Pacôme Djoman, responsable d'exploitation à Dayasam, la société propriétaire de Go Babi. La plupart des reproches que les gens font à Uber et Yango, c'est au niveau des tarifs. Les prix augmentent en période de haute demande, tôt le matin ou à la descente le soir, ou quand il pleut. Donc justement, Go Babi vient se positionner sur ce secteur-là pour apporter les tarifs compétitifs qui arrangent les chauffeurs et les clients. »Difficulté de passer à l'échelleMais la flotte de Go Babi ne compte qu'une trentaine de véhicules et pour les clients, le temps d'attente s'en ressent. « Les plaintes qui nous reviennent, c'est : "Vos prix sont bons, mais il n'y a pas assez de véhicules", reconnaît Yves Pacôme Djoman. Les temps d'attente sont très longs, donc les usagers ont tendance à rapidement retourner chez les concurrents, parce que là-bas, le véhicule va venir beaucoup plus vite… »Depuis quelques années, l'écosystème des start-up ivoiriennes est en pleine croissance. Le montant capté par celles-ci est passé de 1,8 million d'euros en 2019 à 30,2 millions d'euros en 2022.À lire aussiAu Rwanda, Kigali se veut la nouvelle place forte de la fintech en Afrique (1/2)
8/26/2024 • 2 minutes, 21 seconds
Ghana: le Cocobod renonce au pool de banques pour financer la campagne cacao
Le Cocobod, l'organisme d'État ghanéen qui gère la filière cacao, vient d'annoncer qu'il renonçait au prêt unique avec un consortium de banques, souscrit chaque année depuis plus de trente ans. Comment le Ghana va-t-il financer sa prochaine campagne cacaoyère, avancée au 1er septembre prochain ? Emprunter tous les ans près d'un milliard et demi de dollars à un seul pool de banques pour acheter les semences, les engrais, puis le cacao aux planteurs ghanéens, cela facilitait grandement les choses au Cocobod. « Le Cocobod n'avait pas à négocier avec 15 ou 20 banques, rappelle Jean-François Lambert, ancien banquier et consultant en financement de matières premières. Il avait une négociation avec un chef de pool, avec lequel il pouvait se mettre d'accord sur un prix et sur un gros volume financier. Et le chef de pool répartissait, avait des agréments avec les autres banques. C'était beaucoup plus facile de négocier. »Mais après la récolte catastrophique de 2023-2024 au Ghana, l'accord avec le pool bancaire, déjà laborieux l'an dernier, n'a pas été possible. « Sur quoi pourrait-il y avoir un accord ? Le point-clé, c'est le niveau de production, souligne le consultant. Parce que si j'emprunte 100 et qu’en fait, ma production me permet seulement de rembourser 80, qu'est-ce qui se passe ? Ce type de questions, on ne se les posait pas, il y a deux ans. On se les pose maintenant. Donc plus de prudence, moins d'argent. »À lire aussiCacao, les statistiques des pays et des industriels en questionLe Cocobod devra solliciter les négociantsLes partenaires commerciaux et financiers du Cocobod ne croient plus au rebond de production de 40% promis par le Cocobod en 2024-2025. La crise du cacao est trop profonde au Ghana. « Toute la filière est désorganisée, observe l'agronome François Ruf. Les intrants, par exemple l'engrais dont les planteurs ont absolument besoin maintenant, sont chers et de mauvaise qualité. On commence à avoir des doutes sur l'aptitude du matériel végétal cacaoyer hybride produit par la recherche ghanéenne, dans les conditions actuelles, où l'on a un changement climatique, où l'on n'a pas d'engrais, où l'on a des terres dégradées. »Le contexte monétaire, avec un cédi qui se déprécie en permanence, n'est pas non plus favorable au cacao. « Pour le producteur de cacao au Ghana, puisque son prix est fixé par le Cocobod deux fois par an, ça veut dire que son prix du cacao se déprécie en permanence, souligne François Ruf. Donc ces producteurs s'éloignent du cacao. Les difficultés du Ghana, et du cacao en particulier, sont structurelles. Et les banquiers doivent le savoir », conclut-il.Le Cocobod dit pouvoir financer la campagne cacaoyère localement, au Ghana. Fuite en avant ou coup de bluff destiné aux dernières banques étrangères avec lesquelles il est en négociation bilatérale ? Quoi qu'il en soit, estime un trader, le Cocobod devra forcément solliciter les négociants, à qui il doit plus de 300 000 tonnes de fèves, pour obtenir un financement.À lire aussiLe marché du cacao de nouveau très inquiet sur l'offre ouest-africaine
8/25/2024 • 2 minutes, 13 seconds
Tourisme en Afrique: vacances de la diaspora, le coûteux retour au pays [5/5]
Tous les étés, c’est la cohue dans les aéroports pour rentrer au pays rendre visite à la famille. Des caddies qui débordent, des enfants qui chahutent et un casse-tête financier pour les familles en France qui doivent assurer charges du quotidien et préparations du retour au pays. Aminata vit dans un logement social parisien. Femme de ménage pour une grande entreprise, elle peine à réunir les fonds pour acheter ses billets d’avion pour Bamako. « Vraiment, c'est un peu chaud, comme on dit. Pour aller en Afrique, on est obligés de cotiser à une tontine et, en plus, il faut économiser à côté, car l'Afrique, c’est devenu très, très, très cher », explique-t-elle.La tontine, ce système d’épargne collectif, permet ainsi aux ménages de financer les vacances au pays. « Notre tontine regroupe de 20 à 40 personnes. Si elle démarre, par exemple en janvier, il faut demander à la personne responsable de l’argent, de pouvoir disposer de la somme en juin, au moment où l’on prend son billet », précise Aminata. Avant d’ajouter : « C’est difficile, il y a les frais pour la maison, la nourriture pour les enfants. En plus de la tontine, il faut aussi économiser de 100 à 150 euros par mois, pour les vacances ».Des vacances qu’Aminata prépare depuis près de deux ans : « Pour les billets d’avion seulement, il faut compter 3 000 euros », rappelle-t-elle. « Ensuite, il faut rajouter de l’argent au cas où les enfants tombent malades, les cadeaux pour les parents, la famille et même parfois pour les voisins qui rendent souvent visite ».À lire aussiTourisme en Afrique: au Cameroun, les vacances des ruraux pèsent sur le budget des urbains [1/5]Un budget cadeaux trop lourdAminata a fait partie de ces voyageurs aux trolleys qui débordent et aux surplus de bagages. Mais maintenant, terminé les cadeaux, elle préfère donner un peu d’argent quand elle le peut : « Certains ne sont pas contents. Ils disent : elle vient de France, mais elle nous a donné seulement 5 000 francs CFA. Là-bas, ils pensent que l’on ramasse l’argent par terre ». Originaire du Cameroun, Germaine est maman de quatre enfants. Elle non plus ne rentre pas tous les ans voir sa famille. Pour elle, le plus lourd, c’est le budget cadeaux : « Ils attendent des cadeaux, des parfums, des bijoux, des sacs à main. Pour eux, tout ce qui vient de France, c’est toujours mieux. »Alors pour combler les attentes de tout le monde, Germaine se débrouille, il y a les bazars ou bien encore les associations : « J’ai peu de moyens, et je ne peux pas payer pour tout le monde. J’essaie de ne pas voir tous les membres de ma famille, car à chaque fois que je rends visite à une personne, elle me demande un présent ».De son côté, Aminata préfère financer des sorties au restaurant ou des activités de groupes, comme aller à la piscine. Mais cela revient cher, à tel point que, parfois, elle demande à ses amies de lui prêter de l’argent pour boucler le budget des vacances.À lire aussiTourisme en Afrique: la Côte d’Ivoire mise sur le tourisme vert [4/5]
8/22/2024 • 2 minutes, 24 seconds
Tourisme en Afrique: la Côte d’Ivoire mise sur le tourisme vert [4/5]
La Côte d'Ivoire souhaite faire du tourisme le troisième pilier de son économie d’ici fin 2025, avec déjà l'an dernier plus de trois millions et demi de visiteurs, dont 5 % s’intéressent désormais au tourisme vert. Parmi les attractions figure le parc national du Banco, une forêt de plus de 30 km2 en plein cœur de la capitale économique ivoirienne. De notre correspondant à Abidjan,« Ici, nous avons un fromager. C’est le tam-tam parleur des chimpanzés », explique Somé Romaric. Guide forestier au parc national du Banco depuis une quinzaine d’années, Romaric partage son amour pour la végétation et les animaux avec les visiteurs qui sont de plus en plus nombreux. « De nos jours, le parc est davantage visité que les années précédentes, observe-t-il. Le week-end, on peut recevoir 500 à 800 personnes. Les jours ouvrables, on peut atteindre 20 ou 30 personnes ».Touristes étrangers et ivoiriensOriginaire du nord-ouest de la France, Michel visite pour la première fois la Côte d’Ivoire en compagnie de son fils, de sa belle-fille et de son petit-fils. « Nous venons de Bretagne. On n’a pas de forêt sauvage et vierge comme ici, souligne-t-il, séduit par la beauté de la forêt du Banco. On a vu énormément de papillons. Des souches d’arbres qu’on n’a pas chez nous, les fromagers entre autres. On a entendu des cris de singes. Malheureusement, on ne les a pas encore vus ! »Outre les expatriés, de nombreux Abidjanais viennent découvrir le poumon vert de la capitale économique. « Je trouve que c’est relaxant, juge Monique, venue avec ses collègues pour un moment de détente. J’aime bien la végétation. C’est vert, c’est naturel. Il y a de l’air frais et en venant, on a même vu des animaux ».À lire aussiTourisme en Afrique: au Cameroun, les vacances des ruraux pèsent sur le budget des urbains [1/5]Le programme « Sublime Côte d’Ivoire »Des entreprises se lancent dans le tourisme vert et offrent à leurs clients la possibilité de connaître ces endroits atypiques du pays. C’est le cas d’Ivoire Parcours, une structure créée il y a moins d’un an. Pour ces excursions, il faut débourser entre 30 000 et 50 000 francs CFA, explique Ange-Trésor Kouman, le directeur marketing. « Toujours à Abidjan, il y a la réserve naturelle partielle de Dahliafleur, énumère-t-il. Et à l’intérieur du pays, il y a des parcs nationaux. Il y en a beaucoup. Il y a des réserves naturelles, telles que le parc national de Taï, la réserve du Haut Bandama… ».Des destinations vertes qui font partie du programme « Sublime Côte d’Ivoire » lancé par les autorités ivoiriennes. Financé à hauteur de 3 200 milliards de francs CFA, il vise à faire du pays la cinquième destination touristique africaine d'ici à l'an prochain.À lire aussiTourisme en Afrique: en Tunisie, le tourisme résiste à Djerba et se réinvente [3/5]
8/21/2024 • 2 minutes, 25 seconds
Tourisme en Afrique: en Tunisie, le tourisme résiste à Djerba et se réinvente [3/5]
Neuf millions de touristes ont visité la Tunisie l’an dernier. Malgré les périodes mouvementées de ces dernières années – révolution, instabilité politique, attentats, Covid – l’île de Djerba est une destination résiliente et parvient à redynamiser son image. Plus question de se reposer sur ses palmiers et sur le tourisme de masse. Les hôtels clubs bruyants de Djerba, très peu pour eux. Valentin et Jérémy – casquettes sur la tête et lunettes de soleil sur le nez – sirotent un cocktail au bord de la piscine tout en racontant leur virée dans l'île à la famille restée sous la grisaille du nord de la France. « On est venus ici parce qu’on est au calme. On est très bien. C’est reposant. Et puis on profite de la piscine », explique un des amis. « Le personnel est très gentil. On est habitués donc », complète cet autre.De quoi ravir Lazhar Ben Yakhlef, à la tête de l’établissement Les Jardins de Toumana, 46 maisons dans le style djerbien pour une capacité de 196 lits. Pour une nuit ici, il faut compter au moins 70 euros. Avant le Covid, le taux d’occupation atteignait 75 %. Un chiffre que l’établissement espère retrouver très vite, pour conjurer les années d’instabilité politique et économique post-révolutionnaire. « La Tunisie, aujourd’hui, passe par une période transitoire normale et obligatoire, estime l'hôtelier. Il faut garder la patience. Les retombées, elles, sont automatiques et systématiques et donc il ne faut pas désespérer. On a une qualité de vie à vendre, réellement. Et on garde toujours l’espoir qu’un jour, on va se démarquer. »À lire aussiTourisme en Afrique: à Maurice, les hôtels ont un label tourisme local et responsable [2/5]Nouveaux types de tourismeSe démarquer, c’est l’objectif affiché de Djerba depuis peu. À quelques encablures de la médina d'Houmt Souk, un organisme mêlant acteurs publics et privés a été chargé de dépoussiérer l’image de l’île. « Djerba Management Organisation est un concept de gestion et de promotion de la destination de Djerba, explique son directeur Hamda Abdellaoui. La destination était demandée. On a 240 000 lits sur toute la Tunisie dont 45 000 lits sur Djerba, c'est vite vendu, il n’y a pas tellement de concurrence autour de la Méditerranée. Cela se vendait comme des petits pains, on n’a pas eu besoin de faire trop d’efforts. »Un quasi-monopole dans la région qui est cependant de plus en plus concurrencé par de nouvelles destinations. « On voit de nouveaux pays qui émergent maintenant avec de nouveaux produits, reconnaît Hamda Abdellaoui. Il faut refaire et trouver le langage, le lexique qui parle aussi à la nouvelle génération ». Route de l’huile d’olive, des mosquées ou des forteresses, mise en avant du savoir-faire des potiers ou des tisseurs, Djerba multiplie les offres. « Comme disait Flaubert, l’air est si doux à Djerba qu’il empêche de mourir », loue-t-il. Des efforts de plus en plus nombreux pour attirer et rassurer les touristes. Et une certitude : la meilleure carte de visite de Djerba serait un retour de la stabilité politique en Tunisie.À lire aussiTourisme en Afrique: au Cameroun, les vacances des ruraux pèsent sur le budget des urbains [1/5]
8/20/2024 • 2 minutes, 18 seconds
Tourisme en Afrique: à Maurice, les hôtels ont un label tourisme local et responsable
À Maurice, le label pour promouvoir la qualité des produits de l’île, créé il y a une dizaine d'années, s'étend désormais au secteur du tourisme. Dans l'hôtellerie, le groupe Attitude est encore le seul à avoir obtenu ce label Made in Moris, ce qui lui permet de valoriser son implication dans la promotion de l'industrie locale. Sur le littoral de Balaclava au nord de Maurice, l'hôtel Ravenala Attitude a voulu créer une atmosphère authentiquement mauricienne. Dans le décor de sable blanc et de cocotiers, deux échoppes rappellent les boutiques de coin de rue de l'île. Appelées Taba-J en référence aux petits commerces typiques ici, ces kiosques offrent une gamme de produits locaux, des galettes appelées farata aux plats rapides épicés.Jean-Michel Pitot, fondateur de la chaîne, a, en effet, souhaité revisiter le modèle mauricien : « Les hôtels de Maurice mettaient beaucoup plus en avant une belle hôtellerie, ce qui n’était pas tout à fait mauricien. Certes, on faisait plaisir aux clients en donnant du caviar, du champagne et autres, j’exagère un petit peu, mais on oubliait que l’on était à Maurice. »En revenant à ses racines, le groupe a inauguré en 2013 l'hôtel Zilwa Attitude, qui résonne profondément avec la culture mauricienne. Zilwa est le mot créole pour insulaire. Et Jean-Michel Pitot de rappeler : « On savait ce que l’on voulait offrir aux clients. On voulait leur faire ressentir ce côté mauricien. Les hôtels ont donc été décorés, construits et tout a été fait pour que le client découvre cette île Maurice. » Dans le même temps, le groupe Attitude a opté pour des pratiques écologiques, et privilégié les entrepreneurs locaux, deux décisions fortes.Des fournisseurs greenOlivier Bardin dirige Topo Sorbe, une entreprise familiale de la capitale qui fabrique des sucettes glacées aux fruits locaux et aux saveurs piquantes. Contre toute attente, c'est le groupe Attitude qui a contacté sa petite entreprise pour devenir son fournisseur, et non l'inverse. « C’était un projet assez complexe pour nous, on devait voir plus grand », explique Oliver Bardin. Et d’ajouter : « Attitude travaille également avec des fournisseurs green, ce qui veut dire pas de plastique, alors il a fallu travailler sur l’emballage en carton, cela a pris pas mal de temps, presque deux ans. »Le groupe hôtelier Attitude est le premier du secteur à obtenir le label Made in Moris, un réseau valorisant les produits locaux selon des critères stricts. La chaîne s'apprête à clôturer l'année financière 2023/2024 avec un taux d'occupation de 85%. Les doutes exprimés au début dans le secteur quant à la viabilité du modèle, se sont dissipés.Selon Vincent Desvaux de Marigny, PDG du groupe, la viabilité commerciale est désormais acquise : « Nous ne sommes pas cotés en bourse, mais on a la capacité de mesurer nos performances financières, et on a réalisé qu’Attitude se situait aujourd’hui dans le haut du panier en termes de rentabilité, c’est-à-dire en termes de profit après impôt, par rapport au chiffre d’affaires. » La chaîne hôtelière veut aller plus loin et vise la certification « B Corp ». Cette reconnaissance internationale valide les entreprises qui combinent rentabilité et impact positif sur la société et l'environnement.
8/19/2024 • 2 minutes, 19 seconds
Tourisme en Afrique: au Cameroun, les vacances des ruraux pèsent sur le budget des urbains
Accueillir des vacanciers dans son foyer est une tradition, au Cameroun. Mais en ville, avec la conjoncture, les familles peinent à joindre les deux bouts. Entre l'augmentation des dépenses alimentaires et la hausse de la consommation énergétique, la réception des invités peut vite peser sur le budget ces familles. Depuis près d'un mois, l'ambiance est différente dans la maison des Nguitcheu, au quartier Cité verte de Yaoundé. Cette année encore, ils ont ouvert leur porte à des membres de la famille venus du village pour passer leurs vacances. Depuis leur arrivée, les appareils électroniques de la maison tournent à plein régime.« Habituellement, une facture d'électricité élevée, c'est 4 000 francs. Aujourd'hui, nous sommes à plus de 7 000-8 000 francs. La facture d'eau qu'on payait 3 000 ou 4 000, est passé à 12 000 francs », assure Romeo Nguitcheu, chef de famille. Et ce n'est pas tout. « On est obligé de sortir tous ensemble et il faut encore mettre la main au porte-monnaie. »La rentrée scolaire, un coût supplémentaireDans sa cuisine, Yvonne le reconnaît, elle aussi a dû considérablement augmenter ses dépenses. Pourtant, cette mère de famille qui accueille trois vacanciers peine déjà à joindre les deux bouts. « Les choses sont tellement chères, si on dépensait déjà 5 000 francs, là c'est encore plus. » Elle doit aussi assumer le coût de la rentrée scolaire et payer cahiers, habits et chaussures aux enfants en vacances qu'elle reçoit.Avant, les familles faisaient le chemin inverse et se dirigeaient vers la campagne tous les mois de juin. La tendance s'est inversée il y a quelques années. Les ruraux viennent en ville pour préparer la rentrée scolaire, suscitant un défi économique pour les familles de citadins.Changer les habitudes« Les vacances coûtent cher. Jusque-là, on ne se posait pas la question. On s'offrait mutuellement des cadeaux. Mais aujourd'hui ce n'est plus possible. Il faut que l'Africain se mette à l'heure de la financiarisation de la vie », assure Idriss Linge, rédacteur en chef à l'agence Ecofin.D'un autre côté, il faut aussi rappeler que plusieurs jeunes des villages viennent en ville et entreprennent des activités commerçantes dans des conditions difficiles pour préparer leur rentrée scolaire.À lire aussiCameroun: 40 ans de maniement du calendrier électoral
8/18/2024 • 2 minutes, 13 seconds
Trains africains: Dar-Dodoma, la percée du rail de la Tanzanie vers les Grands Lacs
En Tanzanie, un nouveau train électrique relie désormais la capitale économique, Dar es Salam, à la capitale administrative Dodoma, dans le centre du pays. Le programme, en collaboration avec des entreprises turque et chinoise, a été en partie financé par la Banque africaine de développement. Et la Tanzanie compte prolonger la ligne jusqu’aux pays des Grands Lacs. Flambant neuf et entièrement électrique, le nouveau train SGR (Standard Gauge Railway, voie ferrée à écartement standard, NDLR) est sur le départ en gare de Dar es Salaam, la capitale économique de la Tanzanie. Une première pour de nombreux passagers ce jour-là. « Avant le train, je prenais le bus, ça prenait trois ou quatre heures. Mais maintenant, c’est beaucoup plus facile : on vient, on s’assoit, on se détend et ça dure 1h30. »Relier par le rail la Tanzanie au Burundi et à la RDCRoulant à 160 km/h contre une vitesse moyenne de 30 ou 40 km/h pour son ancêtre, ce train relie Dar es Salaam à Morogoro, plus à l’ouest. Il y a quelques semaines à peine, la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan inaugurait le second tronçon jusqu’à la capitale du pays, Dodoma. L’objectif selon elle : développer le commerce entre la Tanzanie et les pays voisins. « Le continent africain est mal connecté par les transports. C’est pourquoi nous avons du mal à commercer les uns avec les autres. C’est ce qui m’a encouragée à tout faire pour que la Tanzanie soit reliée par le rail au Burundi et à la RDC. Un pays immense qui sera un grand débouché pour le commerce et les produits tanzaniens. » D'ici à 2026, le train devrait relier le port de Dar es Salaam, l’un des plus importants du continent, à Mwanza, dans la région des Grands Lacs, au nord du pays. Actuellement réservé au transport de passagers, le fret devrait commencer d'ici à l'an prochain. « Ce train moderne, le SGR, va drastiquement réduire les temps de trajet, améliorer la sécurité et diminuer les coûts de transport, souligne Abdulkarim Atiki, analyste politique et économique à Dar es Salaam. Pour les entreprises, ça veut dire une livraison plus rapide et plus sûre des biens en réduisant les coûts jusqu’à 40% et en augmentant les revenus liés à l’export de 20-30%. »Un bémol : les coupures de courantOuganda, Rwanda, Kenya, RDC ou Burundi, la Tanzanie veut développer le transport de produits et matériaux avec ses voisins, notamment dans les domaines agricoles, miniers et industriels, qui représentent plus de 50% du PIB du pays. Le SGR devrait donc créer des emplois, garantir un moyen de transport plus sûr et réduire les émissions de CO2 de la Tanzanie. Des perspectives positives, donc, mais qui nécessitent entre autres une stabilité du réseau électrique, souvent défaillant. Depuis son lancement, le train a déjà été bloqué sur les voies pendant plusieurs heures à cause de coupures de courant.À lire aussiTanzanie: plusieurs dirigeants de l’opposition arrêtés avant une manifestation interdite
8/15/2024 • 2 minutes, 20 seconds
Trains africains: Kano-Maradi, le pari «gagnant-gagnant» des voisins Niger et Nigeria
Une nouvelle ligne ferroviaire de 283 kilomètres est en construction dans le nord du Nigeria. Elle partira de Kano, traversera trois États fédéraux, avec un terminus dans la ville nigérienne de Maradi. Un projet d'ampleur pour développer les échanges commerciaux entre les deux pays, malgré leurs récents différends diplomatiques. « L'économie règle tout en vérité », lâche Yacouba Dan Maradi. Oubliées les prises de position anti-putschistes du président Bola Tinubu. Niger et Nigeria se veulent dans une relation gagnant-gagnant avec cette nouvelle ligne de train, alors le président du syndicat des importateurs et exportateurs du Niger est impatient. Le transport ferroviaire étant moins cher que la route, ces rails permettront aux produits nigériens de mieux s'exporter, il en est convaincu. « Ce segment va nous soulager, explique Yacouba Dan Maradi, comme vous savez, nous sommes un pays enclavé. Le transport représente une grande part de notre prix de revient. Il fait partie des éléments qui rendent un peu inaccessible nos produits. Elle va nous permettre donc de transporter par exemple nos minerais. De les acheminer au port le plus rapidement possible, à moindre coût ».Un train pour la « stabilité politique »Quinze stations, 1,3 milliard de dollars d'investissement pour l'achèvement du projet, cette ligne Kano-Maradi initiée par l'ex-président nigérien Buhari, lui-même originaire de ces régions du nord du pays, est financée et construite par un opérateur chinois. La mise en service complète est prévue en 2026. Il s’agit d’une infrastructure primordiale pour le Nigeria. Pour les échanges commerciaux... et pour pacifier la région, explique Adamu Garba II, entrepreneur dans le digital et membre de l'APC, le parti du président Tinubu : « Parfois, ce n’est pas qu'une question d’argent. C’est plutôt la recherche de la stabilité politique dans la région. Plus vous avez des voisins stables et prospères, mieux c’est pour vous. Nous essayons donc de tirer parti de la géopolitique des infrastructures pour nous assurer que le Niger soit fortement dépendant du Nigeria pour ses importations et exportations. Ainsi, les chances pour nous d’avoir un effet de levier sur le Niger sont beaucoup plus élevées. Cela nous rendra beaucoup plus stables, beaucoup plus prospères. Cette ligne apportera un bénéfice mutuel. »Le défi de la sécurisation du trainYacouba Dan Maradi s'interroge sur la sécurité de cette ligne. Les trains sont souvent ciblés par des attaques armées dans la région. Il appelle les deux pays à sécuriser le tronçon. « Avec l'avènement des drones domestiques et des drones militaires, il faut mettre à disposition tout ce qui est possible pour sécuriser la ligne, insiste-t-il. Le projet va coûter un peu plus de 2 milliards de dollars au final. Je pense qu'on ne peut pas investir autant d'argent et puis ne pas être regardant sur le côté sécuritaire. »Avec l'extension de la ligne entre Lagos et Kano, c'est un corridor ferroviaire de près de 1 500 kilomètres, entre le sud du Niger et les ports nigérians, qui est en train de naître.À lire aussiLe Nigeria annonce la réouverture de ses frontières et la fin des sanctions contre le Niger
8/14/2024 • 2 minutes, 33 seconds
Trains africains: le corridor minéralier de RDC veut monter en puissance
Le corridor ferroviaire Kolwezi-Lobito, débouchant sur l’océan Atlantique, est vital pour les entreprises minières basées en RDC : c’est le moyen le plus rapide et le plus rentable d'exporter le cuivre et le cobalt congolais. Mais la voie ferrée de 427 km entre Kolwezi et la frontière angolaise attend les investissements qui permettront de la rénover. À Kamalondo, une locomotive passe en provenance d’Afrique australe. Mais ce trafic ferroviaire a beaucoup diminué, observe Marcel Yabili, rencontré non loin de la voie ferrée. « Avant, tu avais une circulation de train pour aller à l’usine de la Gécamines et une grande circulation pour aller du sud au nord pour les importations. Maintenant, il y a juste une ou deux locomotives par jour ».Ces locomotives sont utilisées par le négociant Trafigura pour l’exportation du cuivre et du cobalt de la société minière Kamoa, par le corridor de Lobito. D’autres entreprises minières nourrissent aussi l’espoir d’utiliser cette voie, car elle est plus courte que la voie routière. « Par la route, nous avons beaucoup de problèmes douaniers puisque nous traversons beaucoup de pays, raconte Fortunat Kande chargé des relations publiques de la Somika, société minière du Katanga. Je pense que si nos produits quittaient le pays en passant seulement par l’Angola et rejoignaient ensuite directement l’océan, ce serait une très bonne chose ».Voie ferrée en mauvais étatEn plus de Trafigura, la société Impala assure aussi le trafic ferroviaire sur l’axe Kolwezi-Dilolo vers Lobito et versent le droit de passage à la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC). En 2023, quelque 117 000 tonnes de produits miniers, à l’exportation comme à l’importation, sont passés par ce corridor, selon la SNCC. Mais c’est encore faible à cause du mauvais état de la voie ferrée, déclare Mac Manyanga, directeur d’exploitation à la SNCC : « Aujourd’hui, nous sommes encore à une charge acceptable. Mais au regard des opportunités, par exemple les prévisions de la société Kamoa, c’est plus ou moins un million de tonnes pas an qu’il faudrait transporter. Il faut qu’on puisse totalement renouveler la voie. Or la réhabilitation du tronçon Kolwezi-Dilolo-frontière ne serait pas en deçà de 535 millions de dollars ».Un tronçon convoitéMais ces fonds ne sont pas encore disponibles, même si plusieurs investisseurs se bousculent pour avoir le contrôle de ce corridor. « Plusieurs tentatives de signer des contrats de partenariat se sont avérées infructueuses parce qu’il y avait toujours des problèmes, explique Lems Kamwanya, ancien directeur adjoint au ministère du Transport de la RDC. Tout le monde veut contrôler ce tronçon ferroviaire. Et la RDC n’ayant pas les moyens de réhabiliter à ses frais, elle compte sur ses partenaires. Mais avec qui partir ? »Le caractère stratégique du corridor de Lobito aiguise les appétits, les États-Unis apportent leur appui dans la recherche de financement afin de concurrencer la Chine dans l’accès au cuivre et au cobalt de la RDC.À lire aussiRDC: Félix Tshisekedi inaugure les trains du Service national
8/13/2024 • 2 minutes, 21 seconds
Trains africains: la Tana-Côte-Est, cordon ombilical de l’économie malgache
Longue de 380 km, la ligne ferroviaire Tana-Côte-Est relie le grand port de Tamatave à la capitale Antananarivo sur les hauts plateaux. Dénivelé positif : 1 250m. Un vrai périple pour tracter chaque jour des centaines de tonnes de bananes, de céréales ou de carburant, sur un chemin de fer bâti au tout début du 20ᵉ siècle. De notre correspondante à Antananarivo, « Allo, ici la gare de Tamatave. Demandons autorisation d’expédier le train 184 vers Ambila ». Un train s’apprête à quitter la ville portuaire de Tamatave, à Madagascar, pour remonter avec vingt-quatre wagons-citernes chargés de carburant. Dans la salle de régulation du trafic ferroviaire à Antananarivo, le régulateur de Madarail, la société concessionnaire des chemins de fer malgaches, autorise le convoi.En moyenne, six trains empruntent chaque jour cette fois ferrée mythique, au tracé sillonnant des reliefs escarpés et des villages très isolés. Cette ligne ferroviaire est l’unique solution pour désenclaver des zones fortement productrices en fruits et légumes. C’est aussi par elle que transite l’essentiel des produits pour l’industrie brassicole du pays. Enfin, 40 % du carburant importé emprunte ce rail avant d’être redistribué partout dans l’île.Plus rentable et plus sécurisantVingt heures après avoir quitté le port de Tamatave, le train fait son entrée dans la capitale. De part et d’autre sur la voie, les enfants détalent, les marmites et le linge qui sèche à même les rails sont déplacés à la hâte. Direction les cuves de stockage pour décharger la marchandise.« Le transport ferroviaire à l'heure actuelle, ça permet, d’un point de vue logistique, de cocher trois critères majeurs : à savoir la sécurité, le volume et la disponibilité, explique Tolotra Ranaijaona, le responsable transports à la Logistique pétrolière, société spécialisée dans le transport et le stockage de produits pétroliers, l’un des plus gros clients de Madarail, le rail nous offre cette certitude qu’on aura toujours de l’approvisionnement en toute sécurité ».En effet, étant donné l’état de délabrement de la route nationale 2 qui relie Tamatave à Tana, le transport par réseau routier de la totalité du carburant est inenvisageable, confie le logisticien. Autre atout majeur, son coût très compétitif : jusqu’à 30% moins cher que le transport routier.Manque de locomotives et de wagonsPourtant, avec seulement 200 000 tonnes transportées l’an dernier, le service ferroviaire continue de fonctionner bien en deçà de son potentiel, explique Patrick Claes, président du conseil d'administration de Madarail, société concessionnaire des chemins de fer malgaches :« Nous avons une offre de transport qui malheureusement est insuffisante pour satisfaire l'ensemble de la demande. Aujourd'hui, la grosse problématique du rail, c'est que nous n'avons pas une capacité de traction suffisante, nous n’avons pas assez de locomotives, ni de wagons. Nous avons un plan d'investissement de 130 millions de dollars qui a été convenu avec l'État en 2020 et pour lequel l'État cherche à mobiliser des financements pour le volet infrastructures et ouvrages d’art, et nous sommes aussi en attente en fait d'une recomposition de l'actionnariat privé de l'entreprise. Certes, le tracé du réseau date du début du siècle dernier, mais moyennant un certain nombre de travaux, il a en fait la capacité de pouvoir absorber 1 million de tonnes à la montée et à la descente par an. »Ce réseau ferré, véritable cordon ombilical entre Tana et le premier port du pays, a été pris en otage pendant dix ans du fait de guerres intestines entre figures du monde politique et des affaires. Une alternative économique et écologique qui mériterait pourtant de bien meilleurs égards dans un pays au réseau routier à l’abandon.À écouter aussiMadagascar: avec la hausse annoncée des tarifs des taxis-brousse, voyager devient «un luxe»
8/12/2024 • 2 minutes, 25 seconds
Trains africains: les «orphelins» de la ligne Abidjan-Ouaga
Le train voyageur reliant Abidjan et Ouagadougou est à l’arrêt depuis maintenant quatre ans suite à la pandémie de Covid-19. En novembre dernier, la locomotive a repris du service, mais seulement côté burkinabè. Le voyage s’arrête à Bobo-Dioulasso. Seul le train de marchandises occupe les rails ivoiriens, une situation qui cause de nombreux désagréments. « On s’en sort bien dans le train. C’est comme notre champ. On a trouvé nos papas, nos grands-parents dans ce secteur ». À son arrivée en Côte d’Ivoire il y a près d’une vingtaine d’années, Agaly Adama a exercé en tant que contractuel à la gare de train de Treichville. Assister les voyageurs, emballer et peser leurs bagages était son quotidien. Une activité à laquelle il a consacré une bonne partie de sa vie et qui l’aidait à subvenir à ses besoins. « Par semaine, on peut avoir 20 000, 30 000 voir 35 000 FCFA. Ça dépend de l’intensité de nos activités. Si on a emballé beaucoup de colis, on gagne plus. Si on a emballé moins de colis, on gagne moins. Souvent, lorsqu’on aide un voyageur, il nous récompense. Cela n’a rien avoir avec ce que la société nous donne ».Perte d’emploiSuite à la suspension, il y a quatre ans, du « train voyageurs » entre Abidjan et Ouagadougou, Adama et plusieurs de ses camarades ont perdu leur emploi. C’est le cas pour Amidou Kassi qui, depuis lors, enchaîne les petits boulots. Aujourd’hui, il travaille dans une gare routière à Treichville. Mais il est loin d’atteindre ses revenus habituels. Amidou appelle de tous ses vœux à la reprise du train voyageur : « Il y a d’autres personnes qui sont là jusqu’à présent qui ne font rien. Mais nous, on a décidé de venir faire autre chose ici. Grâce à cela, on gagne notre vie. Ce n’est pas la même chose, mais ça va un peu quand même. Toute la famille travail lorsque le train est là. Nous souhaitons que le train soit en marche ».Aucune reprise annoncéeLes usagers sont aussi impactés par l’arrêt de la locomotive. Même si le coût du transport est légèrement supérieur à celui des autocars, Ibrahim Boubaz, préfère voyager en train. Mais depuis l’arrêt, ce commerçant a du mal à suivre l’acheminement de sa marchandise. « Le colis va d'un côté et toi de l’autre. Souvent, tu arrives à Ouaga et tu attends ton colis pendant un, voire deux mois avant que ça arrive, explique-t-il, il y a même des colis qui se perdent parfois. Ce qui n’était pas le cas avant. Quand tu voyages avec tes colis, dès que tu descends, tu passes à l’arrière pour les récupérer ».Aucune date n’est pour l’heure annoncée pour la reprise du train voyageur. Interrogé sur le sujet, le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a annoncé que les discussions se poursuivent entre les parties ivoiriennes et burkinabé afin de trouver une solution.
8/11/2024 • 2 minutes, 25 seconds
Au Kenya, l’État coincé entre sa dette et le rejet des nouvelles taxes
Contraint de retirer le projet de budget 2024-2025 suite aux protestations dans le pays, le Kenya vient aussi de voir la loi de finances publiques 2023 déclarée « inconstitutionnelle » par la cour d’appel. L’État kényan, déjà lourdement endetté, est à court d’argent. Dans son jugement, la cour d’appel a cité des irrégularités dans les procédures parlementaires. Et elle a donc déclaré « inconstitutionnelle » la loi de finances publiques 2023. Une décision qui a pris de court les autorités, même si elles peuvent encore se tourner vers la Cour suprême. « C’est un véritable coup dur pour le président, juge XN Iraki, économiste et professeur à l’Université de Nairobi. Déjà, avec la loi de finances 2024 qui a été retirée, le gouvernement souhaitait réduire ses emprunts en augmentant les taxes. Désormais, sans nouvelles taxes et sans pouvoir compter sur celles de 2023, le gouvernement va avoir encore moins de revenus que ce qui était prévu. Les autorités vont devoir soit emprunter plus, soit réduire les dépenses. Ça a déjà commencé d’ailleurs, plusieurs projets de développement ont vu leurs budgets réduits. »Rendez-vous avec le FMI à la fin du moisLe président a annoncé lundi des coupes budgétaires pour de nombreuses enveloppes : exécutif, judiciaire ou encore médical et transports. L’État est à court d’argent et doit faire face au poids de sa dette. Elle représente 70% du PIB kényan. « Les autorités doivent rassembler tous les créanciers autour de la table et avoir avec eux une conversation honnête sur la gravité de la situation, estime Jason Braganza, directeur exécutif d’AFRODAD, une organisation de la société civile spécialiste des questions de dette en Afrique. Il faut négocier un rééchelonnement des échéances prévues pour cette année, l’année prochaine et même 2026. Il faut aussi parvenir à des solutions pour protéger les recettes de l’État. À l’heure actuelle au Kenya, entre 68 et 70% des recettes de l’État vont dans le remboursement de la dette. C’est très problématique, car cela laisse peu d’argent disponible pour les dépenses du gouvernement et l’oblige donc à emprunter pour mettre en œuvre des projets de développement. »Incertitude pour les entreprisesLe Fonds monétaire international (FMI) doit justement étudier le plan économique du Kenya à la fin du mois. Une consultation très attendue, car elle doit permettre de valider sa prochaine tranche d’aide pour le pays. En attendant, les difficultés budgétaires du gouvernement risquent d’avoir des conséquences sur le milieu des affaires. « Cette situation, souligne Jason Braganza, va déstabiliser et créer beaucoup d’incertitudes pour les entreprises locales qui ne savent pas si elles vont pouvoir accéder à des financements, ni quelles vont être les répercussions sur leurs coûts opérationnels. »Un soulagement toutefois pour les emprunteurs, cette semaine : la Banque centrale du Kenya a annoncé qu'elle baissait son taux directeur de 13 à 12,75%, une décision motivée par le ralentissement de l’inflation et par la stabilisation du shilling kényan.
8/8/2024 • 2 minutes, 16 seconds
Transhumance au Ghana: la crainte du financement du terrorisme [4/4]
Plusieurs pays comme le Togo ou le Bénin ont suspendu ou interdit la transhumance transfrontalière, le vol de bétail étant vu par ces États comme une source de financement du terrorisme. Mais le Ghana, comme la Côte d'Ivoire, n'a pas souhaité bloquer les commerçants de bétail venus du Sahel, qui voyagent souvent au péril de leur vie. Sur le marché de Gunayili, près de Tamale dans le nord du Ghana, de nombreux commerçants de bétail viennent du Sahel, soit par camion, soit à pied, en transhumance.Gérer un tel marché n’est pas de tout repos. Ici, le chef du marché, Alhaji Iddrisu, règle les petites disputes comme les vols de bétail. Un propriétaire peut réclamer ses bœufs volés, car chaque troupeau est reconnaissable par une marque commune, comme une oreille entaillée.Si le vol dépasse les frontières, c’est plus compliqué. « Si le signalement vient de Ouagadougou et qu'ils viennent arrêter ici les voleurs au Ghana, cette question dépasse le cadre de notre marché, explique-t-il. Nous ne traitons que les cas qui se produisent entre nous. Les cas internationaux sont toujours transmis à la police parce que nous ne traitons pas de telles questions ici. »Origine inconnueAux frontières du Ghana, les éleveurs transhumants passent plusieurs contrôles avant de pouvoir entrer dans le pays. Ils se dirigent ensuite vers les marchés, comme celui de Tulaku, près de la capitale, pour vendre leurs bêtes.Malgré tout, sur les marchés, impossible de savoir l’origine exacte des bœufs. « Ce marché est un marché international, souligne Issah Amartey, secrétaire général de l’Association des éleveurs et commerçants de bétail au Ghana. Vous ne pouvez pas vraiment savoir qui est qui. »Un périple dangereuxPour arriver jusqu’ici, les transhumants réalisent un long périple à travers le Sahel, parfois au péril de leur vie. « Un jour, un homme s’est fait agresser. On lui a demandé de payer une énorme somme d'argent. Nous avons voulu déposer plainte », mais l’homme a refusé, se souvient Issah Amartey.Souvent, ces vols sont réalisés par des terroristes qui se financent grâce à la revente de bétail. Comment sécuriser le commerce de bétail ? « Le Ghana ne peut pas agir seul, juge Issah Amartey. On devrait prendre des mesures au niveau de la Cédéao. »Contacté par RFI, le gouvernement ghanéen explique respecter le protocole de la Cédéao sur la transhumance, mais admet qu’il est difficile de surveiller tous les transhumants et leurs mouvements.
8/7/2024 • 2 minutes, 13 seconds
Le bœuf au Ghana, denrée rare dans le sud mais bradée dans le nord [3/4]
Au Ghana, le nombre croissant de transhumants de bétail venus du Sahel fait chuter le prix du bœuf dans le nord du pays. Dans le sud, à l’inverse, le bétail venu par camion se fait de plus en plus rare à cause des violences dans le Sahel. Tout cela fait varier les prix déjà volatils sur les marchés bovins. Les négociations vont bon train sur le marché de Gunayili, près de la ville de Tamale, dans le nord du Ghana. Le bétail y est en abondance. Il y en a même trop, remarque Alhaji Iddrisu, chef du marché de Gunayili, construit il y a douze ans : « Avant, quand il n’y avait pas autant de bétail, les bouchers pouvaient abattre 100 bœufs par jour. Maintenant, à cause de l’affluence, ils peuvent en abattre 120 ou plus. »Les vendeurs et les acheteurs regrettent l’époque où il y avait moins de bœufs sur le marché. En 2017, c’était encore simple de vendre ses bêtes, se souvient Alhaji Iddrisu. C’est après que les choses ont changé, quand le nombre de transhumants venus du Sahel a augmenté.Les conséquences sont lourdes. Les prix ont chuté et il est de plus en plus difficile de vendre sa marchandise. Il n’y a qu’à regarder le marché du jour selon lui. « Certaines personnes ne pourront pas vendre leurs bœufs et reviendront donc chez elles sans avoir rien vendu. »Interdiction de la transhumanceTout comme la Côte d’Ivoire, le Ghana autorise encore la transhumance transfrontalière du bétail, c’est-à-dire le déplacement à pied des troupeaux de bœufs. Certains de ces transhumants, souvent des Peuls, fuient les violences liées au terrorisme et viennent s’installer au Ghana.Plusieurs pays, comme le Togo ou le Bénin, ont suspendu ou interdit la transhumance pour lutter contre le vol de bétail qui servirait à financer le terrorisme. Le déplacement des troupeaux provoque aussi des conflits avec les agriculteurs quand les bœufs viennent se nourrir ou empiéter sur leurs plantations.Dans le sud, les prix explosentAu Ghana, tout le bétail n’est pas issu de la transhumance à pied. Certains bœufs arrivent en camion, surtout pour aller jusqu’au sud du pays. Habituellement, le grand marché de Tulaku, près d’Accra, reçoit quotidiennement six véhicules d’une quarantaine d’animaux.Mais de moins en moins de bœufs arrivent par camion sur ce marché, note le secrétaire général de l’Association nationale des éleveurs et des commerçants du Ghana, Issah Amartey. « Les gens venant du nord, du Niger ou du Burkina par exemple, ont arrêté de venir pour des raisons de sécurité. Comme ils ne viennent plus, le prix du bétail a augmenté », observe-t-il. Résultat, les bouchers achètent la viande plus chère et en bout de chaîne, les consommateurs aussi.
8/6/2024 • 2 minutes, 7 seconds
Entre le Burkina Faso et le Ghana, les périls du commerce de bétail [2/4]
Insécurité, vols de bétail, attaques par des groupes armés ou arrestations par les forces de l'ordre, les transhumants et les commerçants de bovins au Sahel sont confrontés à de nombreux dangers. De notre envoyée spéciale au Ghana,Le marché de Tulaku, à Accra, est le plus grand marché de vente de bovins du Ghana. Y sont exposés plusieurs milliers de bœufs et de vaches. « La route pour aller au Burkina Faso est devenue très dangereuse à cause des problèmes sécuritaires », explique cet homme, venu du pays sahélien. Il est arrivé par camion avec ses bêtes. Il en a déjà vendu cinq en cette fin de journée. Mais venir du Burkina Faso, c’est s’exposer à beaucoup de dangers. « Nous devons faire face et à la méfiance des forces de sécurité, et aux terroristes. Donc c’est un vrai problème pour se déplacer », ajoute-t-il.Issaka, lui, doit désormais passer par le Togo pour aller au Burkina Faso. Pire encore : il y a deux ans, il s’est fait attaquer au Burkina Faso. « Des hommes armés m’ont volé 9 millions de francs CFA. Et après ce forfait, je n’avais plus rien sur moi. Donc j’ai dû vivre à crédit depuis lors. Je vais et je reviens, et j’ai des dettes », se plaint-il.Ce Burkinabè fait partie des quelques commerçants qui se rendent encore dans leur pays. Il fait tout cela pour aider sa famille restée dans le pays, qui n’a elle-même plus de bétail et qui a été déplacée en grande partie dans un camp de réfugiés.À écouter aussiDans le camp de Zebilla au Ghana, les réfugiés du Burkina s'adaptent à leur nouvelle vieChangement de voies d'approvisionnementD’autres commerçants refusent ce périple trop dangereux. Mahmoud Diallo, lui aussi Burkinabè et installé à Accra depuis plusieurs années, ne va plus au Sahel. Il a trouvé d’autres alternatives. « Il y a des terroristes qui barrent souvent la route, ils prennent tous les animaux pour partir avec. Avant, on achetait les bœufs au Burkina, et on les amenait ici. Mais maintenant, à cause de l’insécurité, on ne peut plus acheter. C’est pour ça qu’on va au Togo ou au Bénin, et que l’on ramène les bêtes ici », détaille Mahmoud Diallo.Dans un marché du nord du Ghana, à Gunayili, nous rencontrons un autre commerçant de bétail, venu lui aussi du Burkina Faso, mais installé depuis longtemps au Ghana. « De plus en plus de personnes vont jusqu'à immigrer au Ghana, avec du bétail ou même sans bétail, car ils fuient les violences et veulent sauver leur vie. Les gens fuient là où ils se sentent en sécurité », témoigne-t-il.Au Ghana, tous les commerçants de bétail que nous avons rencontrés, transhumants ou non, espèrent ardemment la paix au Sahel.À lire aussiAu Ghana, la transhumance transfrontalière bovine en question [1/4]
8/5/2024 • 2 minutes, 18 seconds
Au Ghana, la transhumance transfrontalière bovine en question [1/4]
Depuis plusieurs années, des pays comme le Togo ou le Bénin ont suspendu ou interdit la transhumance bovine transfrontalière pour des raisons de sécurité, le vol de bétails étant vu comme une des sources de financement du terrorisme au Sahel. Mais la Côte d’Ivoire ou le Ghana laissent encore les pastoralistes venus du Sahel traverser leur pays à pied, ce qui fait débat au sein de la société. De notre envoyée spéciale au Ghana, C’est le jour du marché bovin à Gunayili, à environ 600 km de la capitale ghanéenne, Accra. Comme chaque jeudi, plus de mille bœufs et vaches arrivent de tout le Ghana, mais aussi des pays du Sahel, après un voyage en camion pour certains troupeaux, ou à pied, c'est-à-dire par transhumance, pour d’autres.Une vache est sur le point d’être vendue. Un Burkinabè négocie son prix. Dans ce marché, il est l’intermédiaire entre les vendeurs de bétails venus du Burkina Faso et les acheteurs ghanéens. Selon lui, interdire la transhumance condamnerait les éleveurs burkinabè.« Quand la pluie arrive, les animaux viennent ici, ils ont de quoi paître. Après, les pastoralistes transhumants retournent au Burkina Faso. S’ils ne viennent plus au Ghana, ils ne pourront pas survivre au Burkina, parce qu’il n’y a pas de quoi manger là-bas », assure-t-il.À lire aussiEntre le Burkina Faso et le Ghana, les périls du commerce de bétail [2/4]Une charge pour les habitantsMais, sur le marché, beaucoup de Ghanéens se plaignent de l’arrivée, toujours plus nombreuse, de transhumants dans le nord du pays. Certains s’y installent pour fuir les violences au Sahel. Les terres de pâturage deviennent plus rares.Résultat, pour Alhaji Iddrisu, chef du marché Gunayili, l’arrivée de ces nouveaux transhumants est devenue une charge. « Si les pastoralistes n’entrent plus au Ghana, cela ne nous posera aucun problème. Il n’y aura aucun impact négatif sur nous. Ils sont déjà nombreux ici », lâche-t-il sous un apatam, au cœur du parc de bétails.À lire aussiCentrafrique: la transhumance au cœur des tensions entre éleveurs et agriculteursRéglementer plutôt qu’interdireCe n’est pas l’avis de Sheikh Issa Amartey, secrétaire général de l’Association des éleveurs et des commerçants du pays. Sur le marché de Tulaku, au sud du Ghana, près d’Accra, il assure que stopper la transhumance n’est pas la bonne solution : « Si vous les arrêtez, vous ne pouvez pas les empêcher de se déplacer la nuit et s'ils se déplacent la nuit, ils endommageront les cultures. Nous n'avons pas besoin de les arrêter. Trouvons plutôt un moyen de les réglementer. »Il ajoute : « Le Togo et le Bénin prétendent avoir arrêté la transhumance, mais je peux vous dire que nous recevons des animaux du Togo au Ghana. D'où viennent-ils ? » Les pastoralistes, quant à eux, se plaignent des taxes trop élevées sur les corridors de transhumances. Certains évitent donc volontairement ces voies qui ne suffisent plus face au nombre croissant de transhumants au Ghana.À écouter dans Si loin si proche, la transhumance en FranceTranshumance: dans les pas d'une bergère
8/4/2024 • 2 minutes, 32 seconds
Le Rwanda ambitionne de devenir une place financière de poids en Afrique
Depuis quelques années, le Rwanda se prépare à devenir un centre financier, pour attirer les entreprises. Il s’agit de réunir les opérateurs économiques et les pourvoyeurs de capitaux, comme les banques ou les fonds d’investissement, mais aussi de créer un environnement favorable au secteur privé. Un pari réaliste, selon les autorités de Kigali. C’est en 2020 que Kigali pose les bases de ses ambitions dans le secteur financier. Pendant quatre ans, le Rwanda va d’abord s’astreindre à mettre en place un environnement favorable aux entreprises. Un objectif quasiment abouti désormais, selon Jean-Marie Kananura, responsable des investissements de Rwanda Finance, la structure chargée de faire du pays une place financière continentale. « Nous sommes un pays où il est facile de créer une entreprise, d’opérer et qui peut être utilisé comme une base pour mener un projet d’expansion. En anglais, on dit Proof of concept country. Vous venez, vous testez votre solution. Si ça marche bien, vous pouvez vous étendre sur le continent. »Les atouts d’un petit pays dans la région des Grands lacsSur un continent où les centres financiers sont encore trop rares, le Rwanda use des atouts d’un petit pays, au milieu d’une zone économique en croissance. « Si vous regardez Singapour, Dubaï, le Luxembourg, remarque Patrick Dupoux, associé au sein du Boston Consulting Group, souvent c'est un petit pays, entouré par des pays plus importants, qui peut devenir un centre financier en misant sur certains atouts, comme la stabilité et une certaine continuité dans les politiques économiques, et qui peut prétendre à devenir un centre financier. »Encore des défis avant de concurrencer MauriceSi une centaine de sociétés a déjà implanté un bureau au sein du centre financier, le pays, pour réussir son pari, doit aussi attirer des banques. Une douzaine sont déjà présentes, dont AFG holding, qui souhaite se développer dans la région des Grands lacs. « Nous sommes intéressés par les avantages qu’offre Kigali, explique Romeo Bouba, directeur général adjoint du groupe bancaire panafricain. Déjà par son positionnement géographique, car c’est un pont entre l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique australe et même l’océan Indien. Et également beaucoup de facilités qu’offre la place sur le plan du climat des affaires, des infrastructures télécoms. »Qualité des infrastructures numériques, nombre de liaisons aériennes, niveau de qualification des talents locaux et surtout gestion des sorties de devises par la Banque centrale sont les points sur lesquels la place rwandaise doit encore progresser si elle veut, comme Maurice, devenir une référence internationale.À écouter aussiRéussite économique du Rwanda: un succès trop inégal
8/1/2024 • 2 minutes, 19 seconds
Objectif «zéro faim dans le monde»: les Nations unies innovent pour trouver de nouveaux financements
L’année dernière, une personne sur cinq a souffert de la faim en Afrique. Le rapport annuel sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde montre que les niveaux de sous-alimentation sont comparables à ceux d’il y a quinze ans. En cause notamment, un manque de financement. C’est pourquoi le Fida en charge du financement des projets des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture cherche des solutions innovantes. Pour atteindre l’objectif « faim 0 » dans le monde d’ici 2030, l’organisation estime qu’il faut investir 480 millions de dollars par an. « Traditionnellement, le Fida est financé uniquement par les contributions des États membres, explique Natalia Toschi, responsable de l’unité financements du Fida (Fonds international de développement agricole), l'argent en provenance des États membres stagne autour de 5% du total de l'aide publique au développement. Et cela est bien sûr dû au fait qu’il y a de nombreuses priorités qui se percutent et pour lesquelles les États membres doivent investir. Il y a des guerres, il y a des crises migratoires. L’agriculture a aussi été considérablement sous-financée. »« Imaginer des nouveaux instruments »Il faut donc innover. En 2020, le Fida devient la première institution des Nations à recevoir une notation de crédit sur les marchés. Et en 2022, il émet ses premières obligations durables. « Notre innovation participe à imaginer des nouveaux instruments pour pouvoir investir dans le secteur rural, détaille Bernard Hien, le directeur régional Afrique de l'Ouest et du Centre du Fida, et ces instruments nouveaux, ça peut être par exemple les obligations durables. Le Fida est la première institution spécialisée des Nations unies à recevoir une notation de crédit et à émettre des obligations durables. Nous l'avons commencé en 2022 et jusque-là, nous avons levé 480 millions de dollars auprès des fonds de pension et des assurances. Aujourd'hui même, en réalité, nous avons émis notre première obligation nutrition de 50 millions avec un partenariat avec une mutuelle d'assurance japonaise. Donc ça va nous permettre de mieux prendre en compte les questions de malnutrition dans le projet et de mieux accompagner les pays. Il y a d'autres innovations en matière de financement. Ce n’est pas des instruments d'atténuation des risques ça ? Par exemple les garanties, les financements mais que les cofinancements, les co-investissements donc voilà autant de possibilités qui peuvent accompagner les États. »Recours au secteur privéL’objectif est d’attirer le secteur privé à investir dans l’agriculture et les activités rurales. Il existe, pour cela, plusieurs leviers possibles. « Les gestionnaires d'actifs ont de manière croissante un objectif explicite d’investissement dans des titres sécurisés et qui respectent les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, poursuit Natalia Toschi, nos investisseurs typiques sont des fonds de pension, des compagnies d'assurance, qui ont très souvent un mandat social. » Les investisseurs veulent connaître l’impact de l’argent qu’ils nous prêtent. Les projets de la Fida soutiennent 16 des 17 objectifs de développement durables. Et nous disposons d'un cadre de finance durable qui est aligné sur les principes de l'Association internationale des marchés des capitaux.Pour plus d’efficacité, le Fida expérimente des instruments d’atténuation des risques pour l’investissement, des garanties, des financements de type mixte. Si la tendance n’est pas renversée, le Fida estime que le coût de la malnutrition dans le monde coûtera 12 000 milliards de dollars à la communauté internationale.
7/31/2024 • 2 minutes, 24 seconds
Le Maroc reboise ses forêts malmenées par la canicule et la sécheresse
Au Maroc, la canicule et la sécheresse affectent les forêts. Les incendies et les bouleversements de la biodiversité ont durablement modifié le poumon chérifien, étendu sur plus de 9 millions d’hectares. Alors l’État et les associations se mobilisent pour la reboiser. Entre 2022 et 2023, plusieurs dizaines de milliers d’hectares de forêts marocaines ont été ravagés par de terribles incendies. Cette année, la vigilance de l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) ne faiblit pas, tant les températures extrêmes et la sécheresse favorisent le départ et le développement des feux.Et ce n’est qu’une des nombreuses menaces qui planent sur les forêts marocaines. « Dans ce contexte de changement climatique, explique Mohammed Hakam, directeur régional de l’ANEF dans la province de Taza, la forêt est affectée par des périodes de sécheresse plus ou moins longues, avec une récurrence des phénomènes extrêmes, notamment les feux de forêts, mais aussi par les inondations, et parfois les attaques parasitaires. »100 000 ha de reboisement par an en 2030Régulièrement, l’ANEF publie les zones à risque, souvent une dizaine de provinces du royaume. Elle met en place le plan « Forêt du Maroc 2020-2030 » afin notamment de créer des zones fermées pour que la végétation puisse se régénérer sans être touchée par l’activité humaine, et pour favoriser le reboisement des parties détruites. « Cette stratégie a pour objectif d’atteindre une superficie de reboisement ou de régénération de 50 000 ha par an dans les premières années, précise Mohammed Hakam, pour arriver à la fin à une moyenne annuelle de 100 000 ha autour de 2030. »Arganier, caroubier, figuier, des espèces locales et résistantesLa société civile se mobilise, elle aussi, pour reboiser les forêts marocaines avec des essences locales et résistantes à la sécheresse. « Ce sont des plantes endémiques en général, explique Larbi Didouquen consultant agro-forestier de Fondation Haut Atlas. Des plantes qui ne sont pas consommatrices d’eau, qui produisent de la valeur et qui s’adaptent au changement climatique. C’est le cas de l’arganier, du caroubier, des oliviers, des figuiers aussi. Des plantes qui s’adaptent et qui n’utilisent pas beaucoup de produits phytosanitaires, grâce auxquelles on peut produire des fruits, sans avoir recours aux intrants. »Alors que les canicules se répètent d’année en année, le roi Mohammed VI a promis lundi 29 juillet dans son discours annuel, de poursuivre les efforts pour protéger l’environnement du royaume.
7/30/2024 • 2 minutes, 19 seconds
«J’ai investi pour rien!»: au Maroc, les agriculteurs tentent de faire face à la sécheresse
Le Maroc connaît sa sixième année de sécheresse consécutive. La chaleur affecte aussi directement l’agriculture et l’élevage. Les récoltes de céréales subissent des pertes de près de 44%. Alors les professionnels et l’État tentent de s’adapter. Omar Oualaidi, producteur d’oliviers, de céréales et de maraîchages a été obligé de modifier sa production pour s’adapter à la sécheresse. Il y a trois ans, l’agriculteur est passé des pastèques et des melons à la culture de pomme de terre, bien moins consommatrice en eau. « Ces dernières années, nous faisons face à des problèmes d’eau. L’année dernière, nous n’avons pas eu une goutte de pluie de février jusqu’à mai alors que c’est une période cruciale pour le maraichage, raconte l’agriculteur de 47 ans, mon seul puit était quasiment vide, j’en ai donc fait creuser un deuxième, mais il était vide aussi. J’ai investi pour rien ! Heureusement, fin mai, nous avons eu quelques pluies qui nous ont sauvés sinon on aurait tout perdu. »Quinoa et pistachiers pour limiter les impactsDans l’est, la région de Draa-Tafilalet est l’une des plus touchées par la sécheresse. Abdellah Mostapha est ingénieur agronome et chef de division du développement des filières agricoles au niveau de la région. Son rôle : accompagner l’adaptation à ce manque d’eau. « Dans le cadre des projets d’agriculture solidaire, on a essayé d’introduire certaines cultures qui s’adaptent à ces changements climatiques. Le quinoa, le moringa, le cactus, le pistachier. On essaye de les introduire pour limiter les impacts de ce déficit hydrique que connait la zone », explique-t-il. Le manque a aussi des conséquences pour les éleveurs du royaume.Manque de fourrages pour les éleveurs« On souffre beaucoup de ces difficultés climatiques. Ç'a surtout une répercussion sur les fourrages, on en a plus assez. Alors on a dû s’adapter et les changer, témoigne Mohamed Ayyad, éleveur à Errachidia, une ville de cette même région de Drâa-Tafilalet, aujourd’hui, je leur donne des déchets de dates broyés produits localement. Ça coûte moins cher, mais ç'a aussi une répercussion sur mon rendement. Avant, j'avais 300 têtes de brebis, je n’en ai plus que 150 ou 200. »Les précipitations du début d’année ont évité l’assèchement des sols, mais à seulement 23% de leur capacité, les nappes phréatiques et les barrages sont encore à un niveau très bas, et la canicule des derniers jours ajoute encore un peu plus d’inquiétude dans l’esprit des agriculteurs et éleveurs du Royaume.
7/29/2024 • 2 minutes, 15 seconds
En Tunisie, l'Intelligence artificielle au service de la médecine et de la culture
En Tunisie, l’écosystème travaillant dans le domaine de l’Intelligence artificielle s’est beaucoup développé ces dernières années avec l’éclosion de plus d’une quarantaine de startups. Malgré un manque de données pour créer des systèmes performants, les entrepreneurs tunisiens tentent d’innover aussi bien dans le domaine de la biotech que dans la culture.
7/28/2024 • 2 minutes, 33 seconds
Exportation du pétrole nigérien: l'option tchadienne relancée
Une visite de la ministre du Pétrole tchadien à Niamey du 10 au 13 juillet est venue formaliser la reprise des discussions pour la relance du projet de pipeline entre le Tchad et le Niger. Il avait été laissé de côté en 2019 par les Nigériens au profit de la voie du Bénin. Cependant, la brouille actuelle entre les deux pays rebat les cartes et relance l'option tchadienne. Voici donc l’option tchadienne de nouveau sur la table. Relier les champs de pétrole d’Agadem au pipeline tchadien localisé à Doba, avec une vision précise : « La relance de ce projet coïncide avec la cérémonie de lancement des activités amont de la Sonidep [Société nigérienne du pétrole, NDLR] qui a eu lieu le 22 juin dernier. Elle tombe donc à point nommé, car les blocs Bilma, R5, R6, R7 ainsi que les blocs R1, R2, R3, R4 lorsqu'ils seront en production, alimenteront ce pipeline, détaille Mahaman Moustapha Barké, ministre du Pétrole du Niger. Nous aurons ainsi un débouché sur le Tchad pour l'exportation du brut issu de ces différents blocs, tandis que les blocs déjà en exploitation, déjà en production, alimenteront la raffinerie et le complexe pétrochimique de Dosso. »La ministre tchadienne des Hydrocarbures, Alixe Naïmbaye, a fait le déplacement à Niamey. Trois jours pour relancer au plus vite ce projet, notamment par la création d’un comité technique. « Le projet de construction du pipeline Niger-Tchad-Cameroun, permettant une nouvelle voie de transport du brut nigérien, mérite toute notre attention », assure-t-elle. Des dispositions institutionnelles ont été prises pour une « réalisation optimale de ce projet intégrateur ». Et d'ajouter : « Monsieur le Ministre, nous offrons aujourd'hui les discussions préliminaires autour de ce projet et je voudrais vous assurer que la partie tchadienne s'emploiera pleinement pour faire de la réalisation de cette infrastructure un franc succès. » « L’économie n’a pas tellement de place là-dedans »Un projet qui représente 700 nouveaux kilomètres de pipeline à construire pour un coût estimé à l’époque à 1,18 milliard de dollars, alors que le projet béninois en a sans doute déjà coûté plus de 2 milliards. Mais « l’économie n’a pas tellement de place là-dedans, c’est très géopolitique », souligne Jean-Pierre Favennec, spécialiste des questions pétrolières. La brouille diplomatique entre le Bénin et le Niger bloque actuellement l'exportation du pétrole. « Si les autorités tchadiennes sont beaucoup plus flexibles et les autorités camerounaises aussi, il n’y a pas d’autres options que de tenter de passer par le Tchad et de se raccorder à l’oléoduc Tchad-Cameroun. Ce qui nécessite effectivement, je le rappelle, un accord avec à la fois les Nigériens, les Chinois, les Tchadiens et les Camerounais », analyse-t-il.Beaucoup reste encore à faire avant que ce nouveau pipeline voie le jour : la remise à jour des études vont être nécessaires, une réévaluation des coûts ainsi que trouver un accord sur les droits de passages du pétrole.À lire aussiPremière cargaison de pétrole nigérien vers la France
7/25/2024 • 2 minutes, 21 seconds
Dakar 2026 fait le pari de l'investissement privé pour ses JO de la Jeunesse
Présent à Paris, Bassirou Diomaye Faye, le président sénégalais, participe au sommet Sport pour le développement durable. Le Sénégal organisera les Jeux olympiques de la Jeunesse (JOJ) en 2026. Une première olympique pour le continent africain. Le défi est immense et Dakar mise, comme Paris, sur l'investissement privé. Les organisateurs de Dakar 2026 jouent les VRP à Paris, histoire de prendre les bonnes idées, de s'inspirer, et surtout de trouver des investisseurs. Ils sont recherchés principalement dans le transport vert, l'industrie culturelle créative et les nouvelles technologies. Bakary Sega Bathily fraîchement nommé directeur général de l'APIX, l'Agence de promotion des investissements et des grands projets, suit la ligne du nouveau gouvernement : « Moins de dons, plus de partenariat, moins d'endettement, "mieux d'État", c'est exactement cela ».Des partenaires privés en prioritéIl mise sur les investissements privés pour un maximum de retombées économiques. « L'organisation d'événements sportifs reste encore une fois la part la plus importante, à peu près 50%, des revenus dans le secteur du sport. Aujourd'hui, l'État du Sénégal compte lancer plusieurs projets d'infrastructures sportives, des complexes de proximité. Nous attendons beaucoup d'investissements parce qu'il y a des modèles qui ont été développés ici. Des investisseurs sénégalais sont déjà sur place. Il y a un projet Dakar Complexe City à Diamniadio avec un investissement de 50 millions d'euros qui est en cours. Nous attendons ce type d'investissement et je pense qu'ici, à Paris, on pourra trouver de bons partenaires », assure-t-il.Des retombées pas si évidentesCependant, atteindre les 80% d'investissements privés de Paris 2024 est « illusoire » pour Gérard Akindes, professeur de management du sport, il a notamment travaillé pour l'organisation de la dernière Coupe du monde de football au Qatar. Selon lui, les JOJ peuvent permettre d'accélérer sur certaines infrastructures, comme les routes et le transport notamment, mais les retombées positives concrètes pour les populations sont difficiles à établir. « Un événement qui donne de la visibilité positive au continent... oui, on apprécie, mais est-ce que ça va permettre aux Sénégalais de mieux vivre ? s’interroge l’ancien basketteur béninois. Ce sont les plus gros défis. Or, on est à deux ans de l'événement et tout ce travail-là n'a pas encore été établi. C'est difficile parce que là, le Sénégal est en train d'entrer dans la course. Toutes les énergies, toutes les ressources vont être mobilisées sur les Jeux, tout ce qu'il y a autour et qui aurait pu avoir un impact positif sur la société sénégalaise ne sera plus très présent parce qu'il faut livrer les Jeux ».Du retard a été pris dans la recherche d'investisseurs, selon le nouveau directeur général de l'APIX, critique sur le travail de l'ancienne équipe. Il assure toutefois que les travaux comme la réhabilitation du stade Iba Mar Diop seront livrés en temps et en heure.À lire aussiFinancer sa carrière de haut niveau en Afrique, la débrouille au quotidien
7/24/2024 • 2 minutes, 17 seconds
Au Cameroun, vers une structuration de l'économie du miel
Au Cameroun, la filière miel se professionnalise dans la région de l’Adamaoua. Les produits dérivés du miel seront désormais centralisés dans l’usine de traitement des produits apicoles de Ngaoundal. Une initiative qui devrait permettre d'améliorer la qualité du produit et donc les profits. De notre correspondant au Cameroun,C’est la fête des apiculteurs au village Beka Gotto, dans la région de l’Adamaoua au Cameroun. Les apiculteurs et le lamidat présentent aux populations le montage d’une ruche traditionnelle. Ces ruches d’abeilles sont perchées sur des arbres dans la forêt à environ 2 km du village. « Une ruche peut produire en moyenne 10 litres de miel. Mais il s’avère que certains apiculteurs fabriquent des ruches un peu plus larges qui peuvent produire jusqu’à 20 litres de miel », expliquent-ils.Une fois récolté, le miel est séparé de la cire via un procédé de filtration artisanal, comme à Beka Ngoto où Moussa, grossiste, s’occupe de ce pressoir archaïque. « On l'a adapté pour pouvoir filtrer, pour que le liquide puisse passer », montre-t-il.Le miel récolté est vendu 1 500 francs CFA le litre aux passants ou à des commerçants, mais sans véritable régulation. Pour réguler le marché du miel et tirer profit de ses produits dérivés, l’association Guide espoir a construit une première usine de traitement des produits apicoles de Ngaoundal. Michael Tchana est à la tête de l’association : « On va centraliser toutes les productions du Cameroun pour pouvoir faire un traitement aux standards internationaux pour le marché international et le marché local. »Une meilleure qualité pour plus de débouchésUn centre qui devrait améliorer les revenus des apiculteurs, assure-t-il : « Lorsqu’ils devaient faire eux-mêmes l’extraction avec le bois de chauffe, cela altérait la qualité, leurs produits étant de mauvaise qualité, ils ne pouvaient pas avoir un bon prix. Mais avec le centre, leurs produits vont avoir nécessairement un meilleur prix, qui peut être pratiquement le double. »L'idée est donc d'attirer des partenaires internationaux et plus de capitaux pour construire une réelle industrie du miel au Cameroun. Hana, une employée dans le secteur de la cosmétique en Europe, est venue visiter l'usine. « Nous sommes très favorables à cette initiative, car nous espérons recevoir une cire d'abeille très propre et pure, de belle couleur jaune, sans odeur de fumée, qui pourra être apportée directement à l'industrie cosmétique », explique-t-elle.La région de l’Adamaoua produit environ 28 tonnes de miel par an, selon des chiffres du ministère des Pêches et de l’Élevage. Il faut multiplier par dix ce chiffre pour obtenir la capacité de cire d’abeille. Cette nouvelle usine compte exporter 150 tonnes de ce produit pour sa première année.À écouter aussi dans 8 milliards de voisinsAuthentique, contrefait, rare…: le miel dans tous ses états
7/23/2024 • 2 minutes, 26 seconds
L'arrivée du wolof sur Google Traduction bouscule la tech sénégalaise
Depuis le 27 juin, le moteur de traduction de Google a intégré 110 nouvelles langues dont une trentaine de langues africaines. Parmi elles, le wolof. Au Sénégal, la communauté qui travaille sur les IA de traduction observe ce développement avec enthousiasme, et les start-ups qui développaient déjà des outils similaires cherchent à se positionner pour faire face à la concurrence. L’arrivée du wolof sur Google traduction pourrait faciliter la vie de nombreux Sénégalais. À la fois dans leur quotidien, mais aussi dans leurs activités économiques. « Il y a des gens qui ne comprennent que le wolof, qui ne savent lire et écrire qu'en wolof. Ici, la justice se fait en français et donc les gens qui ne le parlent pas couramment peuvent bénéficier de ce traducteur pour les démarches administratives. Les commerçants et les touristes pourront aussi communiquer plus facilement »,explique Mouhamadane Mboup, ingénieur data analyste.Peu de données en wolofMouhamadane fait partie d’une communauté de chercheurs spécialisés en intelligence artificielle au Sénégal, galsenAI. Pour ses confrères et lui, c’est aussi une bonne nouvelle, car ils auront accès à une base de données supplémentaires pour leurs travaux. « Le wolof, comme la plupart des langues africaines, est une langue à faible ressource. Il existe très peu de données d'entraînement et de système de traduction, poursuit Derguene Mbaye cofondateur de GalsenAI. Si demain, on souhaite expérimenter sur une tâche sur laquelle il n'y a pas de données en wolof, on peut prendre ces données dans une autre langue, traduire et ainsi faire nos expérimentations. »Concurrence pour les start-ups techMais l’arrivée du géant Google vient également concurrencer un écosystème de start-ups de la tech sénégalaises qui travaillaient déjà sur la traduction du wolof. La société Baamtu développe depuis six ans Tekkilma, son outil de traduction. Ils veulent se distinguer de Google en offrant des services plus spécialisés. Derguene Mbaye est également ingénieur de recherche chez Baamtu : « On compte vraiment débusquer les niches que Google ne va pas adresser sur la traduction dans des domaines spécifiques comme les domaines professionnels ou légaux. Il y a également les problématiques liées à la voix. On sait que les langues africaines sont principalement "parlées" donc on travaille depuis plusieurs années sur le développement d'outils vocaux comme la synthèse vocale ou la reconnaissance vocale. Ce seront des plus-values supplémentaires. »Baamtu travaille avec des ministères sénégalais, des banques et le fait d’être une entreprise locale peut leur permettre de tirer leur épingle du jeu. « On connaît bien le marché et le contexte. C'est quelque chose qui va rassurer des clients d'avoir une société à proximité plutôt qu'un géant très éloigné de leurs préoccupations », explique Tanor Dieng, directeur de produit.Mouhamadane Mboup soulève un dernier risque : la standardisation de la langue wolof sur Google, pour mieux s’adapter à son modèle de traduction.À lire aussiComment Google Traduction tente d'intégrer de nouvelles langues africaines grâce à l'IA
7/22/2024 • 2 minutes, 17 seconds
Comores: le port de Dodin se rend incontournable
Le port de Dodin, surnommé « le petit port », est un lieu de forte activité aux Comores. Dodin s'est imposé comme un pivot incontournable du transport inter-îles à Mutsamudu aux Comores. Chaque jour, des dizaines de vedettes y accostent et embarquent une centaine de passagers vers Mohéli et la Grande Comore, offrant une alternative économique accessible à tous. Alors que le port international attire les gros navires, Dodin, lui, est spécialisé dans les liaisons quotidiennes, par vedettes, entre Anjouan, Mohéli et la Grande Comores. Cette desserte régulière, couplée à des tarifs abordables, attire une clientèle croissante.Le dynamisme du port de Dodin se traduit également par une manne économique non négligeable pour les propriétaires des embarcations et leurs employés. Moufayad Youssouf, 27 ans, possède une vedette desservant exclusivement Mohéli. Pour lui, le petit port est plus qu’un gagne-pain. « Ici, ça me plait car à mon sens, c'est plus rentable que travailler dans la fonction publique, explique-t-il. Les vedettes qui vont seulement à Mohéli peuvent gagner de 25 à 50 000 francs par jour. Ça dépend du nombre de passagers et de colis ».Une embarcation peut, en moyenne, rapporter mensuellement jusqu’à un 1,5 million de francs comoriens, partagée ensuite entre le propriétaire et le personnel. « D’habitude, je prends l’avion, mais j’ai appris que mon fils aîné a été blessé au couteau à Ngazidja. Je prends donc la vedette pour y aller rapidement », détaille Tisseanti, avec son bébé de quelques mois dans les bras. Elle part en urgence et n’a pas pu réunir les fonds pour prendre l’avion.Un trajet moins cher, mais plus risquéDjalaldine, lui, n’a pas d’urgence. Il se rend également à Ngazidja par Dodin « parce que je n’ai pas les moyens de prendre le bateau ou l’avion, donc pas trop le choix. Je suis contraint de prendre la vedette. »Le tarif pour la traversée de Dodin à la Grande Comores est de 20 000 francs par personne, et de 15 000 pour Mohéli. Au port, un militaire et un garde-côte sont présents. Ils sont censés veiller à la sécurité des biens et des passagers. Pourtant, les usagers estiment que cette présence est loin d’être suffisante. « Si jamais quelqu’un est en panne en pleine mer, à cause d’un souci de carburant, il prend le téléphone, nous dit la zone où il se trouve et nous décrit son problème, affirme Ahmed (nom d’emprunt), conducteur de vedette. Il doit nous appeler ou appeler le garde-côte. Mais si jamais ce dernier ne vient pas, on est obligé de se débrouiller tout seul. »Le petit port de Dodin, incontournable malgré ses dangers, prospère en offrant un service crucial aux habitants, équilibrant rentabilité et nécessité.À lire aussiPorts africains : comment absorber le boom du trafic ?
7/21/2024 • 2 minutes, 27 seconds
En Tunisie, l'archivage des données des entreprises désormais plébiscité
L’entreprise tunisienne Archidoc fait partie des histoires à succès locales malgré la crise économique qui ralentit les investissements. Créée en 1997, elle se spécialise dans l’archivage physique et numérique. Partie de très peu dans un pays où la culture de l’archive était peu répandue, l’entreprise a vu son chiffre d’affaires multiplier par 30 et elle ne cesse de croître. Dans les locaux d’Archidoc au sein d’une zone industrielle de Tunis, Nabil Ezzine, le fondateur, supervise la livraison des archives d’une entreprise. Avant l’archivage, tout commence par un travail minutieux de traçabilité pour le stockage. « Toutes les données qui sont relatives aux caisses et à leur localisation géographique sont immédiatement enregistrées donc en cas de demandes d’un client, ça devient un jeu d’enfants », explique-t-il.Sécurité et traçabilitéIci sont stockées les archives de 400 clients ce qui représente des milliers de mètres carrés. « La technologie s’est bien implantée dans ces processus pour garantir la sécurité et la traçabilité de toutes les opérations que nous traitons et nos clients sont aujourd’hui très exigeants et très regardants par rapport à ces aspects, poursuit Nabil Ezzine, effectivement ça reste de l’archivage physique, mais derrière, le processus a énormément évolué si on revoit le mode opératoire sur ces vingt dernières années »Si les choses ont changé en deux décennies, c’est aussi grâce à l’évolution des mentalités. Lorsqu’il s’est lancé en Tunisie, Nabil Ezzine avait du mal à convaincre les entreprises d’externaliser leurs archives. « Les gens nous regardaient avec énormément de méfiance donc on était les pionniers dans cette activité. Aujourd’hui, le fait de leur offrir la garantie de pouvoir accéder à l’image ou au document physique dans des délais très courts, c’est devenu quelque chose de très appréciable pour valoriser le business de nos clients. On n'est plus du tout dans l’image d’un archivage mort, de dossiers qui sont stockés dans de vieux entrepôts auxquels on accède de manière très épisodique. »Digitalisation par scannerArchidoc mise sur une industrialisation du processus de l’archivage moins coûteuse pour l’entreprise que si elle devait le développer en interne. Des scanners de pointe lui permettent de tout digitaliser et l’intelligence artificielle a mis à jour les techniques d’indexation et d’automatisation. « Il faut qu’on puisse retracer d’un simple clic la vie de chaque composant pour s’assurer de sa conformité etc. et là on est sous le feu des projecteurs, que ce soit du client en lui-même et même, des États. Ça peut être l’administration de l’avion civile, des autorités de contrôle au niveau international » Idem pour aider un médecin à accéder à l’historique médical complet d’un patient, car comme Nabil Ezzine aime le répéter, « archiver peut sauver des vies ».
7/18/2024 • 2 minutes, 27 seconds
En Afrique du Sud, les agro-influenceurs rendent «sexy» l'agriculture
Ils sont jeunes, noirs, agriculteurs et influenceurs. En Afrique du Sud, le visage des fermiers change grâce à une génération hyper connectée qui documente la vie à la ferme. Ces agri-influenceurs donnent confiance à leurs abonnés qui pourront ensuite se lancer dans l'agriculture et transformer un secteur dominé par les Blancs. Vêtue de jaune, Lerato Botha ne passe pas inaperçue dans les allées du Salon des jeunes agriculteurs de Pretoria. Cette jeune maraîchère de 29 ans est interpellée par Kgomotso, une agricultrice de 24 ans qui lui demande ses coordonnées. « Ce qui me plaît, c'est que tu travailles avec ton père, comme moi, j'apprends à ses côtés ». Lerato sourit : « C'est sûrement la première fois qu'une histoire comme la mienne est médiatisée, celle d'une fille et d'un père travaillant ensemble, et depuis j'ai vu beaucoup de nouvelles coopérations père-fille ».Leur quotidien sur TikTokLerato Botha intervient à la radio, ou dans les médias spécialisés pour évoquer sa relation de travail avec son père. Mais sur les réseaux sociaux, difficile de battre Thabo Dithakgwe et ses 69 000 abonnés sur X (ex-Twitter). Ce garçon de 24 ans possède déjà 2 500 hectares pour élever son bétail. Un tel succès se doit d'être raconté. « Je viens juste d'ouvrir un compte sur TikTok parce que je voulais montrer aux gens quel est mon travail au quotidien : acheter un taureau, le transporter à la ferme, l'introduire dans un troupeau, détaille Thabo Dithakgwe, c'est ce qui intéresse les jeunes qui veulent devenir fermiers, je pense, c'est pour ça qu'ils me suivent. »Loin des stéréotypesCette nouvelle génération d'agriculteurs est soutenue par le média spécialisé Food For Mzansi qui veut moderniser l'image de l'agriculture. « Si vous demandez à des Sud-Africains de fermer leurs yeux et d'imaginer un fermier, ils vous diront : un homme blanc, afrikaner, avec un gros ventre, un short et une certaine paire de chaussures, ironise son rédacteur en chef Ivor Price, mais peu de gens savent qu'il y a aussi des gens qui leur ressemblent et qui sont plus jeunes. Ces influenceurs font un super travail en abattant les barrières, en disant : regardez-nous, nous sommes Noirs, jeunes, femmes, on est agriculteur et ça marche bien. »Rendre l'agriculture sexy, c'est un enjeu de sécurité alimentaire, estime Ivor Price, et un enjeu de société dans un pays plombé par le chômage des jeunes.À lire aussiLe défi de la transformation des agricultures en Afrique [1/2]
7/17/2024 • 2 minutes, 11 seconds
La nouvelle stratégie de Jumia, leader du e-commerce en Afrique, pour être rentable
Jumia relève la tête. Après avoir perdu des centaines de millions de dollars ces dernières années, le leader de l'e-commerce en Afrique, présent dans onze pays du continent, enregistre désormais un chiffre d'affaires en hausse. Nouveau patron. Nouvelle stratégie. La réorientation sur certaines activités semble porter ses fruits. « Revenir aux fondamentaux », dit-on parfois dans le sport de haut niveau, surtout quand on est mal en point. C'est la stratégie adoptée par Francis Dufay, aux manettes du groupe Jumia depuis bientôt deux ans. Moins de livraisons de restaurants, plan de départs et réduction des coûts de logistique pour se recentrer sur ce qui a fait le succès de Jumia, parfois surnommé l'Amazon africain... c'est-à-dire le commerce en ligne.« Pendant très longtemps, on a copié-collé en Afrique l'e-commerce qu’on connaissait partout dans le monde avec les livraisons à domicile, explique Francis Dufay, PDG de Jumia, la réalité, c'est que nos clients sur le continent sont des clients qui n'ont pas beaucoup d'argent et qui sont très conscients du prix. » C'est cette analyse qui a permis à Francis Dufay d'adapter la stratégie de Jumia : « Il est très important d'avoir une offre extrêmement accessible. Ça passe par les points relais où les clients viennent chercher leurs colis. Ça permet de réduire fortement les coûts. Ça coûte quelques dollars moins cher qu'une livraison à domicile, donc c'est un modèle de livraison qui nous convient très bien et qui est très adapté à nos marchés », explique le PDG de Jumia. Stratégie payanteAvec ses points relais, exit le dernier kilomètre pour les livreurs Jumia. Une stratégie payante, selon Jean-Michel Huet, associé au sein du cabinet de conseil Bearing Point et spécialisé dans l'e-commerce : « Ce qui ne fonctionnait pas, c'est que ça a un véritable coût d'aller chercher ce dernier kilomètre, avec le risque de ne pas trouver la bonne adresse, donc en plus, il y a un risque d'insatisfaction du client. Passer aux points relais, ça a un effet d'économie de coût logistique. Et puis je pense que ça peut renforcer la confiance des clients dans l'utilisation de Jumia ».Giga-entrepôt à LagosAutre changement chez Jumia, la centralisation des produits. Exemple à Lagos où, ces dernières semaines, la plate-forme logistique a été déménagée dans un grand entrepôt de 30 000 mètres carrés. « Ça nous permet d'être plus productifs et d'économiser de l'argent, poursuit Francis Dufay, ça nous donne une plate-forme sur laquelle on peut faire beaucoup de croissance. Avec ce nouvel entrepôt, on peut augmenter fortement les volumes, doubler, voire tripler l'activité au Nigeria. On peut aborder l'avenir sereinement parce qu'on sait qu'on aura la capacité de livrer un excellent service dans le pays ».Les résultats financiers sont là. La perte de 8 millions de dollars sur le premier trimestre 2024 est loin des 28 millions sur la même période l'année dernière. Jumia n'est toujours pas rentable, mais renoue avec la croissance.À lire aussiLes géants du commerce en ligne Shein et Temu dans le collimateur de l’UE
7/16/2024 • 2 minutes, 18 seconds
Sénégal: à Djiffer, le secteur de la pêche pointe du doigt la production pétrolière
Depuis le 11 juin et l'extraction de son premier baril, le Sénégal est désormais un pays producteur de pétrole. Le site offshore de Sangomar, où est installée la plate-forme, se trouve au large du delta du fleuve Saloum, une zone riche en biodiversité et prisée par les pêcheurs et les transformatrices de poissons. Les acteurs de ce secteur affirment déjà ressentir un effet sur leur activité et la société civile demande à l’exploitant australien Woodside plus de transparence. Avec notre envoyée spéciale à Djiffer, Depuis quelques mois, les pêcheurs de Djiffer, au Sénégal, reviennent de plus en plus bredouilles. Dans la pirogue de Boubacar Diallo, quelques seiches, des crustacés, mais rien à voir avec ce qu’il a connu. « Quand nous comparons nos prises actuelles avec celles de la période avant l’installation de la plate-forme pétrolière, nous voyons que la quantité de poissons d’aujourd’hui est très faible, assure-t-il. Maintenant, on peut rester cinq jours, voire une semaine sans aller à la pêche. Et quand on part en mer, on revient avec des prises dont la valeur marchande ne dépasse pas 50 000 francs. C’est trop peu. »À lire aussiLa sardinelle, le poisson le plus consommé au Sénégal, quitte les eaux du paysLes premiers barils de pétrole sont sortis du site de Sangomar, à 90 km au large de Djiffer, en juin, mais le développement de la plate-forme pétrolière a commencé en 2020. Des travaux qui ont bouleversé les écosystèmes, selon le président du comité local de pêche artisanale, Souleymane Thiaw. « Tout le monde sait que les poissons sont attirés par la lumière. Donc, aujourd’hui, les poissons ont migré dans la zone des installations pétrolières. Et nos pêcheurs ne peuvent plus y accéder à cause du périmètre de sécurité. La conséquence, c’est que certaines espèces de poissons sont devenues rares dans le secteur, ce qui pose un véritable problème », se plaint-il.« Il faut impliquer les populations »Selon lui, 70% de la population de la région vit de la pêche. Sur le quai, les femmes transforment le poisson, mais là aussi l’activité tourne au ralenti. Le poisson, plus rare, leur coûte deux fois plus cher qu’avant, et les dizaines de séchoirs sont à moitié vides. Penda Niang range son étal faute de clients. « Notre travail n’est plus aussi difficile. Avant, on pouvait être sur les sites de transformation du matin jusqu’à minuit. Donc, vous voyez que là, on peut se permettre de venir avec nos belles tenues tout en sachant qu’on n’aura pas grande chose à faire comme travail », illustre la commerçante.En 2018, dans son étude d’impact environnemental, la société australienne Woodside, qui exploite le champ pétrolier, reconnaissait un risque de perturbation de la vie marine, mais seulement temporaire. Les pêcheurs disent ne plus avoir de discussions avec la compagnie depuis plusieurs années, ce que déplore la société civile. « Les études d’impact sont toujours accompagnées d’un plan de gestion environnemental et social (PGES). Comment peut-on mettre en place un PGES pour gérer les impacts qu’on a identifiés dans les études sans pour autant impliquer les communautés ? Il faut impliquer les populations dans ce processus », réclame Lamine Diagne, membre de la coalition Publiez ce que vous payez.Le gouvernement estime les recettes tirées de l’exploitation de ses hydrocarbures (pétrole et gaz) à 576 milliards de francs CFA, soit près de 900 millions d’euros, pour la période 2025-2027.À écouter dans Appels sur l'actu :[Vos réactions] Sénégal : à quoi doit servir la manne pétrolière ?
7/15/2024 • 2 minutes, 24 seconds
Mali: la diaspora face à la vie chère au pays
En 2023, la diaspora malienne a envoyé 1 154 millions de dollars, soit 5,6% du PIB du pays. Un montant historique qui s’explique par la situation économique contrainte. Si l’inflation globale a chuté à 2,1 % en 2023 contre 9,7 % en 2022, note le FMI, le coût des aliments est resté élevé et a contribué à l’augmentation de l’insécurité alimentaire. Aminata est femme de ménage dans une grande entreprise. Elle vit avec ses trois enfants à Paris. L’envoi d’une contribution à la famille à Bamako est incontournable. « On est obligé d'envoyer », confie-t-elle. Elle assure ressentir les prix élevés au pays. « Maintenant, tout est devenu cher. Avant, on envoyait 100 ou 200€ par mois, maintenant, il faut rajouter, tu mets 300€ par mois », compte Aminata. Parmi les produits les plus concernés selon sa famille : le sucre, l’huile, la viande, les oignons. « Surtout pour nous les Africains, il faut mettre la viande dans la sauce ! C'est devenu très cher », explique-t-elle avec humour.Aminata n’est pas la seule à ressentir la hausse du coût de la vie au Mali. Dabatako Bah a fondé une association à Saint-Denis qui aide les diasporas dans leurs démarches administratives. Il recueille les confidences et difficultés de ses compatriotes. « Souvent on nous fait remonter ces informations. Surtout les parents résidents au pays qui traversent vraiment une situation très très difficile actuellement, assure-t-il. Par exemple, des gens qui envoyaient par mois 150€, maintenant le montant a été doublé. Quelqu'un qui envoyait avant 150, maintenant, il peut aller jusqu'à 300-400 euros. »Un soutien multiforme qui ne faiblit pasMais la diaspora ne se contente pas de transférer des fonds. « Il y a pas mal de compatriotes qui font également des GP, ils envoient des colis vers le Mali, rappelle-t-il. Il y en a qui viennent également acheter des trucs, surtout des matériaux non-nécessaires ici, ils envoient ça au Mali. Donc, ils seront tous impactés, même ceux qui envoient des marchandises également par les bateaux, ils sont impactés. » La réduction de possibilités de vols vers Bamako a également rendu plus difficiles les envois de la diaspora.Alimentation, mais également hausse des besoins en carburant nécessaire pour alimenter les générateurs et compenser les coupures d’électricité qui se sont multipliées. Une somme pour les foyers installés en France, assure l’associatif. « Surtout avec l'inflation, même ici, en France, tout devient cher. Le logement, ce n'est pas facile. Les denrées alimentaires, les courses, ça les impacte directement, constate-t-il démuni. Ce sont des sacrifices pour tout le monde. Mais ils continuent toujours à se sacrifier, à endosser. » Malgré ces difficultés, la diaspora malienne poursuit ses efforts.Dans sa dernière « note d’information sur les migrations et le développement » parue fin juin, la Banque mondiale note la chute des transferts d’argent des diasporas africaines vers le continent. Une baisse qui ne concerne pas la diaspora malienne qui continue à contribuer largement à la richesse du pays. L’année passée, elle a envoyé 47 millions de dollars de plus qu’en 2022.À lire aussiAfrique: les transferts d'argent stagnent, alors que les économies en dépendent de plus en plus
7/14/2024 • 2 minutes, 22 seconds
À Bangui, le maraîchage contre le chômage
En Centrafrique, les activités agricoles contribuent à lutter contre le chômage dans les zones périurbaines. Dans le quartier Voudambala du quatrième arrondissement de Bangui, les habitants sont d’excellents maraîchers. Les méthodes sont encore très artisanales mais ils ravitaillent en légumes frais les marchés de la capitale et des villages environnants. Niché au pied de la Colline du Bas Oubangui, le quartier Voudambala est traversé de cours d'eaux et son sol est favorable aux activités maraîchères.De l'aube au coucher du soleil, Armand Omingui, 42 ans, arrose, nettoie et suit l'évolution de ses cultures. « Ce grand site m'appartient et c'est ici que je travaille, montre-t-il. Je cultive l'ensemble des légumes et plusieurs variétés de fruits. Je développe les produits de mon jardin sur des planches de 15 mètres de long et un mètre de large. »Il s'est engagé dans cette activité depuis 25 ans. Mais Armand et son équipe travaillent toujours de manière très artisanale. « À défaut de matériels sophistiqués, on utilise la pelle, la houe, le râteau, l'arrosoir, les seaux et la machette. Comme engrais, on utilise les débris végétaux, les déjections animales, les ordures ménagères qui sont des engrais organiques très riches », détaille le producteur.Encore de nombreux défisMalgré la fertilité du sol, chaque année, les maraîchers de Voudambala se confrontent à d'énormes difficultés. Marcel Tari est propriétaire d'un site maraîcher situé à proximité d’un cours d’eau. « Pendant les six mois de la saison sèche, les cours d'eaux et les puits se tarissent, on a du mal à travailler, se plaint-il. Il y a aussi les feux de brousse qui détruisent le sol et l'environnement. De plus, nous n'avons pas de moyens roulants pour évacuer nos produits sur les marchés. »Tous les jours, les commerçants viennent à la source et transportent les produits dans des taxi-brousse ou sur des moto-taxis jusqu'aux marchés. Mais ce processus n’est pas idéal pour la qualité des fruits et légumes constate Rodrigue un consommateur. « Ça fait des décennies que je consomme les produits maraîchers. Ils sont toujours frais et nutritifs, se réjouit-il. Mais ces derniers temps, la population souffre des prix trop élevés. Je constate aussi que certains légumes sont cueillis avant maturité, d'autres sont parfois pourris ou trop murs. »Une source de revenusMalgré ces difficultés, beaucoup de personnes comme Yvette, arrivent à joindre les deux bouts grâce au maraîchage. « Ici, nous vendons les légumes par planche. Il y a des planches de 6000, 7000, 15 000 et 20 000 francs CFA. Après chaque récolte, je m'en sors avec 300 ou 350 000 francs CFA. C'est grâce à cette activité que je couvre les besoins de ma famille », détaille Yvette.Selon le chef du quartier Voudambala, plus 500 personnes pratiquent le maraîchage dans cette localité de 2 000 habitants. Mais avec l'extension de la ville, les zones maraîchères deviennent de plus en plus réduite.
7/12/2024 • 2 minutes, 15 seconds
Avec la série sud-africaine «Spinners», Canal+ assoit un peu plus sa stratégie de production locale
Canal+ a dévoilé fin juin sa dernière série : Spinners. Cette grosse production est une histoire sud-africaine tournée en Afrique du Sud par des Sud-Africains. Une politique de production locale, notamment pour les séries, dans un choix payant pour les audiences et pour les finances. Le groupe Canal+ a ces dernières années adapté ses contenus à la demande africaine : drama, télénovelas, films d’action… Des programmes diffusés sur une trentaine de chaînes sur mesure, dans une dizaine de langues locales. « Je ne parle que de production africaine, de choses qui sont tournées en Afrique par des Africains avec des acteurs africains, des réalisateurs africains, des sociétés de production africaine. En fait, on ne fait plus rien en France aujourd'hui », met en avant Fabrice Faux, le directeur des chaînes et contenus de Canal+ International.Il y a notamment la production de séries. Canal+ répertorie 2 500 épisodes. Spinners est la dernière grosse production du groupe consacré à ce sport automobile des townships du Cap. Des séries africaines adaptées à la demande du continent : Un choix stratégique, mais également économique, car produire sur le continent coûte moins cher.« On essaie d'être malin »« On n'a pas encore les mêmes standards de qualité, on tourne plus vite. Les salaires des techniciens sont encore inférieurs en Afrique à ce qu'ils sont en Europe, même si on est en train, en particulier en Côte d'Ivoire et en lien avec les ministères concernés, de fixer des grilles de rémunération. Pour s'assurer qu'il y a un minimum respecté par tous les producteurs avec qui on travaille. Et puis on essaie d'être malin dans la façon dont on écrit des scénarios pour qu'il y ait besoin de moins de décors, moins d'effets spéciaux, ainsi de suite. »Grâce à ses bonnes audiences, Canal+ renégocie aussi tous ses contrats internationaux à la baisse pour dégager plus de ressources à investir dans les programmes. Quant aux craintes liées aux tensions géopolitiques qui pourraient conduire à un rejet de la chaîne française, comme pourraient l’attester certains commentaires sur les réseaux sociaux. Les chiffres montrent une autre réalité, plaide David Mignot le directeur Afrique de Canal+.Une production adaptée ?« Si je prends l’exemple de la zone où c'est le plus compliqué géopolitiquement parlant en ce moment qui est le Sahel, c'est là où Canal enregistre ses taux de satisfaction clientèle les plus élevés, ces intentions de se réabonner les plus importantes », assure-t-il. Et ceci est dû au fait qu’au Mali, le groupe français propose une chaîne en bambara et en peule, des contenus qui sont adaptés, avec la participation de talents maliens ou binationaux. « En fait, nos abonnés, c'est ça qu’ils voient. Donc, je dirais que dans Canal+ Mali, les abonnés voient d'abord Mali, ils ne voient pas de drapeau bleu-blanc-rouge », conclut-il.Présent dans 25 pays d’Afrique francophone, Canal+ prend également pied dans les pays anglophones, avec notamment le rachat en cours du groupe audiovisuel sud-africain Multichoice, qui a d’ailleurs coproduit la série Spinners. L’entreprise de Vincent Bolloré se positionne en quasi-monopole sur le continent.
7/10/2024 • 2 minutes, 40 seconds
Le Ghana se rêve en exportateur de mobilier, en attendant la normalisation de la qualité
Que manque-t-il au Ghana pour devenir un exportateur de mobilier ? L’industrie, notamment au niveau de la chaise plastique, y est croissante, mais elle ne répond pas aux normes internationales. C’est ce qu’a conclu une étude publiée en avril. Un rapport que certains experts espèrent être le premier pas vers une augmentation de la qualité de production, pour faire entrer le Ghana dans une nouvelle ère économique. De notre correspondant à Accra, Aucune des 20 chaises plastique testées ne répond à l’ensemble des exigences de sureté. Voici, en résumé, le résultat d’une étude publiée en avril 2024 et dirigée par l’autorité de normalisation du Ghana. « Toute personne qui utilise du mobilier est en danger », conclut le professeur Alex Dodoo, directeur général de cette entité. L’étude traite principalement des chaises en plastique, mais il s’agit surtout d’un indicateur, ajoute-t-il. « Trop d’alertes nous parviennent. La prochaine étape, c’est donc de tester d’autres mobiliers, des tables, d’autres chaises, surtout celles utilisées par les enfants », précise encore Alex Dodoo.En 20 ans, l’industrie de la chaise plastique au Ghana a bien grandi : d’un seul fabricant dans les années 2000, ils sont plus de 50 aujourd’hui. Mais une expansion hors de tout cadre normatif. « Les fabricants ont été surpris d’apprendre que le mobilier doit répondre à certaines exigences. Il y a un manque de connaissances quant aux risques concernant les repose-bras, les dossiers de chaise, regrette le professeur Alex Dodoo. Et, plus important encore, que les tests de mobiliers doivent être exhaustifs, pour des raisons de santé, de sécurité et environnementales. Les fabricants nous ont dit : "On le sait bien, mais on n’a pas de tests à faire pour cela". Ce à quoi nous leur répondons : "Si, vous devez faire des tests". »Exporter le mobilier ghanéenAméliorer la qualité des meubles fabriqués au Ghana, c’est la mission du Centre de test pour le bois et l’ameublement. Créée en 2018, l’institution a reçu une première accréditation internationale quatre ans plus tard. « C’est le premier test de ce genre à exister au Ghana. Certains fabricants de mobiliers peuvent ne pas être au courant de notre existence, donc notre mission est de leur faire savoir ce qu’il se passe vraiment : s’ils produisent du mobilier, qu’ils nous contactent, et nous les assisterons », presse Francis Wilson Owusu, un des chercheurs en chefs du centre.Tester pour améliorer la qualité, et enfin, exporter : voici l’objectif affiché de l’autorité de normalisation du Ghana.Ce processus, selon le professeur Alex Dodoo, a déjà été observé dans d’autres secteurs au Ghana comme l’eau, les sodas ou d’autres boissons locales. « Le niveau de produits de basse qualité a baissé, et le nombre de produits de très bonne qualité a augmenté, ces 10-15 dernières années, assure-t-il. Donc, pour nous, nous commençons notre révolution industrielle aujourd’hui. Et nous commençons, comme tout le monde, par la fabrication de nos produits. Cela va donc prendre du temps pour que nous rattrapions notre retard. »Prochaine étape pour les testeurs : faire passer une loi au Parlement afin de contraindre les fabricants de mobilier à respecter les normes et, ainsi, espérer accéder au marché européen.
7/9/2024 • 2 minutes, 21 seconds
En Afrique, la course aux «métaux critiques» est lancée
Cuivre, cobalt, manganèse... la demande en minéraux essentiels pour la transition énergétique et la fabrication de batteries électriques devrait être multipliée par six d'ici à 2040. De nombreux pays d'Afrique, dont les sous-sols recèlent de ces métaux, ont accéléré leurs travaux d'exploration tout en envisageant une transformation de ces produits bruts sur le continent. En Algérie, des indices de cobalt, nickel, ou encore lithium ont été repérés, le pays pourrait être un important pourvoyeur de ces métaux, notamment pour l'Europe qui cherche à diversifier ses approvisionnements. « L'Algérie doit inscrire sa stratégie par rapport à un contexte national et international vorace de ces minéraux critique, assure Nadjiba Bourenane, directrice générale des Mines au ministère algérien de l'Énergie et des Mines, à l'état actuel, nous avons des indices pour ces minéraux-là et nous devons réaliser beaucoup de travaux de prospection et d'exploration pour confirmer leur existence et surtout leur économicité. »À lire aussiFrance: un projet de mine de lithium dans l’Allier reconnu «d’intérêt national majeur»Manque d’eau et d’infrastructuresPlus de la moitié des projets dans les métaux critiques en Afrique sont concentrés dans trois pays : l'Afrique du Sud, la RDC et la Zambie. L'Algérie cherche à se faire une place. Un obstacle tout de même : sans usine de transformation sur son sol, la perte de revenus est considérable. « Si l'Afrique a un potentiel, il doit être valorisé et transformé au niveau des pays respectifs africains. Il faut créer des partenariats avec l'Europe qui demande justement ces substances, argumente Nadjiba Bourenane, si nous ne préparons pas toutes les ressources nécessaires, comme l'énergie, l'eau, les infrastructures, le transport... Sans ça, nous ne pouvons pas avancer. »Emplois et retombées fiscales à la cléL’interdiction d'exporter des minerais non transformés a été généralisée dans les codes miniers. C’est le cas du lithium ghanéen et zimbabwéen... mais faute d'énergie, faute d'infrastructures, l'application de ces interdictions est à géométrie variable. « La RDC, au début de ce siècle, a imposé, en imitant les autres pays africains, l'interdiction d'exporter des minerais non transformés. Or, elle n'avait pas assez d'électricité pour qu'on crée des usines pour les transformer, explique Thierry Vircoulon, chercheur associé à l'Institut français des relations internationales (Ifri), donc là, il y avait une contradiction évidente. Et c'est pour ça que pendant longtemps, au moins une décennie, cette disposition du Code minier en RDC n'était pas appliquée. » La transformation sur place permet de créer de l'emploi direct et indirect. Mais ce sont aussi des retombées fiscales pour un pays et la possibilité de conserver une part importante de la chaîne de valeur du minerai. Les différents ministres des Mines africains réunis la semaine dernière au sommet Mining on Top Africa à Paris étaient d'accord entre eux : les pays d’Afrique doivent jouer collectif et mieux mutualiser les infrastructures de transformation.À lire aussiQuels sont les risques environnementaux liés à l’exploitation des minerais de la transition?
7/8/2024 • 2 minutes, 26 seconds
Côte d'Ivoire: les champs de café délaissés, vers une pénurie du robusta?
En Côte d’Ivoire, la production de café a chuté de 61,6% entre les neuf premiers mois de 2022 et les neuf premiers mois de 2023, selon la Direction des prévisions, des politiques et des statistiques économiques (DPPSE). En raison des prix bas ces dernières années, mais aussi de la hausse du coût de la main d’œuvre, la culture du café est délaissée par de nombreux agriculteurs. De notre envoyé spécial dans la région de Tiassalé, Conditions climatiques défavorables, travaux de désherbage éreintants, prix bord-champ trop faibles… Adro Kouassi Nestor, cultivateur ivoirien, dresse la longue liste des raisons pour lesquelles il délaisse peu à peu ses caféiers : « C’est le prix que le Conseil café-cacao fixe pour le cacao et le café, c’est aussi la main-d’œuvre qui se fait rare. Et c’est ça qui fait chuter la production du café. Parce que travailler dans les champs de café est très intense, surtout pendant la récolte. » Il poursuit : « Et si tu n’as pas la main d’œuvre, tu ne peux pas y arriver. Et puis le prix n’est pas encourageant. Donc, ça fait que le café est délaissé au profit des autres cultures, comme le cacao et l’hévéa. »Le cultivateur parcourt son champ de 50 mètres carrés, les cerises de café sont mûres. Mais il peine à trouver des travailleurs agricoles pour le ramasser. Les fourmis rouges dérangent les cueilleurs, une cueillette longue et minutieuse qui doit se faire en plusieurs étapes. « Vous passez pied par pied pour cueillir. Il faut prendre celles qui sont bien mûres et puis revenir, explique-t-il. Donc, c’est tout un tas de problèmes. »Des champs de café délaissés qui pourraient provoquer une pénurie de robustaDes contraintes et beaucoup de temps à passer qui le démotivent et l’amènent parfois à ne même pas ramasser sa récolte. « À mon niveau, j’accorde moins d’importance au café. J’ai fait un champ. Quand ça mûrit et que je ne trouve pas quelqu’un pour cueillir, vu le temps que ça va me prendre [pour ramasser] et le prix que les gens vont payer, je préfère le laisser », conclut Adro Kouassi Nestor. Ceci malgré un léger rebond du prix bord-champ fixé par l’État à 900 francs CFA le kilo pour la campagne 2023-2024, contre 700 francs CFA l’année précédente.Etienne Papou est cultivateur de café et expert en certification du cacao. Lui note les effets du changement climatique sur les récoltes. « C’est vrai que ces dernières années, le prix du café a considérablement augmenté, mais certains producteurs avaient déjà abattu les pieds de café pour les remplacer soit par de l’hévéa, soit par du palmier, soit aussi par du cacao. Les quelques-uns qui ont gardé des plants de café les ont abandonnés et sont devenus des friches », met-il en avant.La Côte d’Ivoire produit quasi exclusivement du robusta, entre 50 et 100 000 tonnes par an, trois fois moins que dans les années 1970. Au niveau mondial, la production de robusta est également en baisse. Le dérèglement climatique menace directement l’industrie du café, les experts s’attendent même à une pénurie de robusta dans les années 2040.À écouter aussiBurundi: «La production de café, de thé et de coton a subi une chute vertigineuse»
7/7/2024 • 2 minutes, 24 seconds
Au Gabon, une situation économique «alarmante», selon un rapport du FMI
Depuis 2022, c’est le premier rapport du Fonds monétaire international (FMI) pour le Gabon, qui avait volontairement suspendu l’application de son accord avec l'institution pour la période 2021-2024. Le rapport a étudié l’évolution des performances économiques du Gabon des années 1970, 1980 jusqu’à aujourd’hui. Et la situation est mauvaise. Selon le rapport du FMI, le Gabon reste un pays à revenus intermédiaires, mais ses populations s’enfoncent dans la pauvreté. « On s'est rendu compte qu’il y a eu un recul du niveau de revenu. Pour vous donner un exemple, au Gabon, si un habitant en moyenne gagnait 100 000 francs CFA en 1990, aujourd'hui, ce même habitant gagne à peine 80 000 francs CFA, détaille Gomez Agou, représentant du FMI, ce recul du revenu s'est accompagné de deux éléments importants au Gabon : l'accroissement du chômage et l'accroissement de la pauvreté. Le chômage, aujourd'hui, est autour de 35 à 40% au sein de la population en âge de travailler. Et la pauvreté, c'est un Gabonais sur trois qui est pauvre ». La dette va grossirAutre indicateur négatif, le taux d’endettement qui dépasse le seuil de 70% du PIB fixé par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac). « Nous avons donc regardé la situation de la dette du Gabon qui, aujourd'hui, se situe en 2023 à 70,5% du PIB. Donc c'est un taux d'endettement très important. » Selon Gomez Agou, la situation pourrait empirer : « Si le rythme d'endettement avant le 30 août 2023 se poursuit dans les années à venir, la dette du Gabon pourrait atteindre, dans 4 ans ou 5 ans, 100% du PIB ».À lire aussiLe Gabon emprunte 1,3 milliard d'euros sur les marchés financiersPour corriger cette situation, le FMI formule plusieurs recommandations, il demande notamment plus de transparence dans la gestion des ressources pétrolières et minières. « C'est l'heure de rétablir toute la transparence, poursuit Gomez Agou, il faut publier, par exemple, les contrats de pétrole et les contrats miniers. Il faut s'assurer qu'il y a un audit du secteur, collecter l'impôt et les droits de douane et réduire le rythme de dépenses de l'État ».Volonté de maitrise des déficitsLors d’une cérémonie conjointe avec le FMI, le ministre de l’Économie, Mays Mouissi, a fourni quelques explications : « Nous continuons notre stratégie avec la volonté de faire en sorte que notre pays maîtrise ses déficits, maîtrise l'inflation et maîtrise son endettement. » Le ministre de l’Économie poursuit : « Ce que le FMI demande, c'est d'être déjà plus transparent sur les recettes pétrolières et minières. C'est la raison pour laquelle il y a toute une réflexion sur le volet contractuel, pour voir comment nous pouvons rendre publics les contrats liés à ce domaine ».Le FMI félicite le gouvernement de transition pour avoir volontairement mis à sa disposition, en toute transparence, la documentation nécessaire à l'élaboration de ce rapport. Il souhaite que Libreville s'active à appliquer ses recommandations.À lire aussiGabon: la Banque mondiale suspend ses décaissements en raison d'impayés
7/4/2024 • 2 minutes, 29 seconds
En Côte d'Ivoire, transformer les mangues pour valoriser la filière
La saison de la commercialisation de la mangue touche à sa fin en Côte d’Ivoire, pays qui produit près de 150 000 tonnes de mangues fraîches. Pour valoriser la filière et réduire les pertes des producteurs, la transformation du fruit est une opportunité. Mais malgré les potentiels, cette option est encore limitée et peu exploitée. De notre envoyée spéciale à Ferkessédougou,Dans une petite usine située dans un quartier périphérique de Ouangolodougou, 20 tonnes de mangues fraîches sont acheminées chaque jour en pleine saison sur des tricycles par des producteurs de la région. Les mangues sont triées, lavées, puis traitées afin de répondre aux exigences sanitaires des clients.« On enlève les déchets, tout ce qui n’est pas bien. Il y a la longueur et l’exigence du client qui demande "Je veux telle ou telle taille", explique Sita Coulibaly qui supervise la salle de calibrage. Donc, on trie par rapport à ça. Et après le tri, on met dans les sachets, on pèse et on les place dans des cartons. Et on envoie ça chez le client. »Cette petite usine mise sur l’exportation vers le Ghana, puis l’Europe dans un second temps. Car selon Bazoumana Ouattara, le directeur de l’Usine de séchage de mangues de Ouangolodougou, le marché intérieur n’est pas encore réceptif à ce produit. « En Côte d’Ivoire, il n’y a pas de marché, explique-t-il. Les Ivoiriens ne connaissent pas la mangue séchée. Les supermarchés non plus. Mes clients sont au Ghana, HPW. On a un client qui est fidèle et, quelle que soit la situation, c’est seulement la commande qui va varier. L’année où la production est bonne, ils ont une grande quantité. Et lorsque c’est faible, la quantité devient mince à leur niveau. »Industrialiser et diversifierPour cet entrepreneur, l’une des difficultés est la maintenance des machines qui, pour l’essentiel, sont importées. « Lorsqu’une pièce s’abîme, il n’y a pas le remplacement ici, regrette Bazouma Ouattara. On ne peut pas l’acheter ici : on n’a pas de magasin de vente de pièces en Côte d’Ivoire. Il nous faut appeler en Afrique du Sud, et la pièce arrive par DHL. Donc, c’est compliqué. »La période de commercialisation est courte : elle dure trois mois. Pas évident donc d’investir dans le conditionnement des mangues. Pour contourner cet obstacle, René Yéo, le directeur de l’usine Ivoire Bio fruits, a décidé de diversifier ses activités au sein de son usine.« Il faut à la fois plusieurs machines qui puissent avoir une grande capacité, en moins de trois mois, pour pouvoir rentrer dans ses fonds, calcule-t-il. Au niveau d’Ivoire bio fruits, on a envisagé de diversifier notre système de transformation en l’élargissant à d’autres fruits tropicaux comme la noix de coco et l’ananas. » Ce responsable de la profession inter-mangues préconise par ailleurs un soutien de l’État aux privés afin de développer davantage l’industrialisation de cette filière.À lire aussiSénégal: en Casamance, le défi de la transformation des mangues
7/3/2024 • 2 minutes, 13 seconds
Centrafrique: prometteur, le commerce des mangues reste encore très artisanal
En Centrafrique, la saison des pluies rime avec saison des mangues. Cette période qui va généralement de mars à juin, est une aubaine pour les Centrafricains qui possèdent cet arbre fruitier. Le commerce de ces fruits permet d’alimenter ménages et petits commerces. Dans ce champ de 20 hectares à proximité de Bangui, se trouvent sept manguiers. Des mangues mûres pendent à toutes les branches. En Centrafrique, pas de grandes plantations, mais quelques arbres ici et là. « Chaque ménage possède au moins un ou deux manguiers dans sa concession, explique Armand Koulayom, propriétaire et entrepreneur. Il profite du bénéfice de ses mangues en les revendant à un grossiste. Pendant la saison, les mangues sont abondantes et les prix sont abordables », détaille-t-il.À quelques pas de ce champ, au bord de la route, les mangues sont vendues dans des cuvettes, des bassines, des sacs ou étalées sur des tables pour attirer les clients. Les prix varient selon les variétés et leur grosseur. « Je vends un tas de cinq mangues à 50 francs CFA, affirme Juvenal qui vend sa production. Tous les jours, les revendeuses viennent acheter mes mangues dans des sacs et des cuvettes. Il y a plusieurs modèles de sacs et chez moi, les prix par sac varient de 5 000 à 7 000 FCFA. »À lire aussiSénégal: en Casamance, le défi de la transformation des manguesDe forts potentielsEn Centrafrique, la cueillette se fait de manière artisanale. Certains utilisent des bâtons en bambous, d'autres préfèrent grimper directement dans l’arbre. Julienne, une commerçante, profite de cette période pour développer d'autres affaires. « Chaque jour, je gagne entre 4 000 et 4 500 FCFA. En 12 jours, je m'en sors avec 50 000 ou 55 000 FCFA. Cet argent me permet de couvrir les besoins de ma famille sur tous les plans. Je fais aussi de l'épargne qui me permettra de me lancer dans un autre commerce durable après la saison des mangues », précise la vendeuse.Mais à Bangui, il se pose un problème de conditionnement. Il y a peu de chambres froides pour conserver les fruits et il n’existe pas d’entreprises de transformation. Armand Koulayom estime que ce secteur est plein de potentiels. « Pour booster ce secteur, il faut vraiment avoir une vision. C'est un secteur qui peut générer beaucoup d'argent. Si les entrepreneurs arrivent à créer des entreprises de transformation de mangues, ce serait très bénéfique et on pourrait même transformer les mangues en jus ou en confitures sur place, projette-t-il. Si les mangues sont transformées en grande quantité, on pourrait les exporter dans la sous-région pour développer notre économie et développer notre pays. »Ce secteur encore très informel et limité représente cependant aujourd’hui une source de revenus importante pour de nombreux ménages.À lire aussiLe marché mondial de la mangue dans la tourmente
7/2/2024 • 2 minutes, 23 seconds
Est de la RDC: l'Ituri, isolée et enclavée, est obligée d'importer des produits agricoles d'Ouganda
L’Ituri est une province enclavée et isolée dans l’est de la République démocratique du Congo. Sa frontière avec l’Ouganda voisin lui permet depuis toujours de s’approvisionner, notamment en produits manufacturés. Mais depuis quelques années, la région congolaise, pourtant réputée pour son agriculture, importe aussi des produits maraîchers. La faute aux violences intercommunautaires qui empêchent les cultivateurs d’aller aux champs. De notre correspondante en RDC,Aux ports de Tchomia et Kasenyi, les pirogues sont déchargées directement dans des camions sur les berges du lac Albert. Direction Bunia, la capitale de l’Ituri, à une cinquantaine de kilomètres de là. Les marchandises rejoindront ensuite différentes localités aux quatre coins de la province.« Nous transportons du ciment, de l’huile végétale, des sacs de riz et différents biens de consommation », explique un capitaine de pirogue.Au total, une vingtaine de bateaux se relaient, trois ou quatre font la traversée entre les deux pays chaque jour. « Ça arrive de l’Ouganda, direct ici, au port de Tchomia, explique Olivier, qui se définit comme agent collaborateur de la douane. L’inverse, les marchandises de RDC vers l’Ouganda, ça n’existe pas. »« La RDC est une terre agricole, mais avec l’insécurité, il n’y a pas moyen de faire de l’agriculture »Voilà trois ans qu’Olivier, autrefois enseignant, travaille ici. Beaucoup d’hommes gravitent dans ces deux ports, à la recherche d’un emploi journalier. Nombreux sont des déplacés du conflit qui sévit en Ituri depuis 2017. Un conflit violent où des communautés se disputent sites miniers et terres agricoles, sur fond de rivalités ethniques et de racisme. Un conflit qui profite aux exportations agricoles de l’Ouganda.« Il y a déjà deux pirogues, une troisième arrive, elle va nous amener les moyens de vivre, des pommes de terre », détaille Jacob Bimbona, président des transporteurs du Lac Albert. La RDC est une terre agricole, mais avec l’insécurité, il n’y a pas moyen de faire de l’agriculture. Avant, ce n’était pas comme ça. Tous ces produits ne provenaient pas de l’Ouganda. »De l’or de RDC en OugandaUn seul produit congolais est exporté de la RDC vers l’Ouganda : l’or. Mais ce trafic invisible est illégal. Selon l’étude d’une ONG anti-corruption, environ 95 % de l’or exporté depuis l’Ouganda est illicite.À lire aussiRDC: la pêche en difficulté sur la rive congolaise du lac Albert
7/1/2024 • 2 minutes, 7 seconds
RDC: la pêche en difficulté sur la rive congolaise du lac Albert
Le lac Albert, qui sépare la République démocratique du Congo (RDC) et l’Ouganda, est l’un des plus riches en poissons. Mais la surexploitation menace le renouvellement des stocks. Les autorités congolaises ont pris des mesures pour sauvegarder la ressource, mais cela accroit la concurrence avec les pêcheurs de l’Ouganda voisin. Au village congolais de Kasenyi, la pêche n'est plus ce qu'elle était. De notre envoyée spéciale à Kasenyi,Une dizaine de pêcheurs hisse la pirogue jusqu’à la berge. La pêche est maigre ce matin de mai à Kasenyi. Nombreux sont les résidents qui se sont tournés vers l’import-export : « La pêche, c’est le principal travail ici. Mais notre pêche aujourd’hui ne donne pas », se plaint un manutentionnaire, qui évoque le manque de matériel adapté.Règles différentes en OugandaLa RDC a en effet interdit l’utilisation de certains filets à petites mailles pour lutter contre la surpêche et favoriser la reproduction des poissons. Des zones de frayère ont aussi été délimitées : régulièrement, les services congolais détruisent les matériaux hors normes et arrêtent les pêcheurs illégaux.À lire aussiRDC: le gouvernement veut développer l'industrie locale de la pêcheMais en face, côté ougandais, les règles sont différentes. « Les poissons viennent de l'Ouganda, explique Tina, vendeuse de poisson, car ici, au Congo, il y a beaucoup de patrouilles. Il y a des gens qui pêchent en Ouganda, d’autres qui achètent et qui nous ramènent le poisson ici. Nous, les vendeuses, nous achetons en gros. Puis, nous vendons au détail aux clients de Bunia, Mongwalu, Komanda, Mambassa, Béni, Oicha. Nous amenons les poissons de l'Ouganda jusqu'ici au Congo. »Pêcheurs congolais sans emploiRésultat, la concurrence est rude et les pêcheurs congolais se retrouvent souvent sans emploi. « Il y a une baisse de production, ça va créer du chômage, déplore Christophe Lonama, président provincial de la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Ce n’est pas bon. Les années précédentes, on exploitait les poissons du lac Albert partout, il y avait des quantités suffisantes. Maintenant, il y a une diminution sensible des quantités de poissons et même une disparition de certaines espèces dans les lacs, suite au non-respect de zones de frayères et suite à l’usage de filets prohibés. »Le lac Albert est déjà considéré comme vulnérable par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en raison de la pollution liée à la présence humaine autour du lac. Le projet pétrolier de Total sur les rives du lac côté ougandais inquiète aussi les écologistes.À lire aussiRDC: la pêche temporairement interdite sur le lac Tanganyika
6/30/2024 • 2 minutes, 12 seconds
Remobiliser la filière africaine du coton face aux chutes de production
La filière africaine du coton génère entre 5 et 50% du PIB des pays producteurs. Mais depuis deux ans, elle est confrontée à d’énormes problèmes de production. Remotiver la filière, c’était le but de l’Association cotonnière africaine à Abidjan, lors de sa 20ᵉ assemblée générale. De notre correspondant à Abidjan,Baisse de rendement due notamment au changement climatique, coût élevé des intrants ou encore émergence de cultures concurrentes telles que le maïs, l’anacarde ou l’arachide, voilà entre autres les difficultés que rencontre la filière cotonnière africaine ces dernières années.Jassides et pauvreté des solsAutre défi, l’apparition des jassides. Ces insectes ravageurs des champs de coton ont entraîné de lourdes pertes, estimées rien qu’en Côte d’Ivoire à plus de 330 000 tonnes, soit la moitié de la production. « Cela fait deux ans que nous avons des problèmes de jassides, qui ont perturbé la production », déplore Moussa Soro, président du conseil d’administration d’Intercoton, l’organisation interprofessionnelle agricole ivoirienne de la filière coton. « La crise perturbe tous les producteurs. Mais on veut relever ce défi. On a fait une sensibilisation et une remobilisation des producteurs sur le terrain pour les encourager à faire du coton et à relever le défi de la production ».Les producteurs du Burkina Faso voisin ont également été confrontés à ces insectes « mangeurs » de coton. Conséquence : plus de 25 % de la production perdue. Mais ils doivent également surmonter le fait que les sols sont de moins en moins fertiles. « Les terres sont lessivées, elles sont pauvres », observe Nikébo N'Kambi, président de l’interprofession burkinabé.« Donc, actuellement, il faut pratiquer l’assolement, il faut nourrir les terres pour relever le défi du rendement au Burkina Faso. Nous sommes en train de travailler avec les agronomes pour restaurer nos sols. Et après cette restauration-là, sensibiliser les producteurs aux meilleures techniques agricoles pour rentabiliser la production cotonnière. »Vulgariser les dronesSelon les spécialistes invités par l’Association cotonnière africaine (ACA), réunie à Abidjan pour sa 20ᵉ assemblée à la mi-mai, ces difficultés, communes à l’ensemble des pays membres, peuvent être en partie surmontées par l’amélioration des mécanismes de production. « Il faut trouver des petits motoculteurs de labours », juge l’agronome Kodjané N’Diamoi,« de telle sorte que, même quand le gros tracteur commun n’est pas disponible, le producteur puisse commencer ses travaux et n’attende pas de laisser passer la période humide. Il a aussi été initié aux traitements par drone. Il faut encourager les essais et la vulgarisation de ces drones. »Le Bénin, le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire sont les plus gros producteurs d’Afrique, avec près de 50 % des récoltes du continent. Ces productions sont exportées principalement vers l’Asie.À écouter aussiTogo: les producteurs de coton en colère contre le géant singapourien OLAM
6/27/2024 • 2 minutes, 22 seconds
Congo-B: des pénuries d'électricité pénalisantes malgré les investissements
Ces deux derniers mois, le courant se fait rare à Brazzaville et à Pointe-Noire, les deux principales agglomérations du Congo. Et ce, malgré les investissements dans les infrastructures électriques ces vingt dernières années. Cela pénalise les entreprises, du secteur public au secteur informel. De notre correspondant à Brazzaville,Assis à l’ombre d’un arbre dans un jardin public du centre de Brazzaville, cet infographiste, qui préfère garder l’anonymat, a le regard un peu perdu. Il tient entre ses mains son ordinateur qu’il n’a pas pu allumer depuis deux jours, faute de courant. « Aujourd’hui, en tant qu’infographiste, si mon ordinateur n’est pas chargé, je ne peux pas travailler », se désole-t-il. « Si mon téléphone n’est pas chargé, je ne peux pas faire ma communication. Je ne peux pas envoyer mes dossiers à un client qui me demande de lui faire une conception en Afrique ou ailleurs. Je rappelle à nos autorités de prendre conscience de ce qu’elles ont pris comme engagements et de les respecter ».Manque à gagner énormeLes très petites entreprises du secteur informel tenues par de jeunes Congolais dans treize branches d’activités sont très pénalisées. « Le manque à gagner dû aux coupures d’électricité est énorme », a calculé Mermans Babounga, secrétaire exécutif de l’Observatoire congolais des droits des consommateurs. « Les pertes vont de 50 000 francs CFA (76 euros) à 700 000 francs CFA (plus de 1 000 euros) par mois que ces acteurs dépensent pour pallier aux coupures d’électricité, en achetant du carburant et en entretenant les groupes électrogènes ».La situation est paradoxale puisque le Congo a injecté des milliards de francs CFA pour construire des unités de production de courant ces vingt dernières années. C’est le cas d’une centrale de plus de 470 mégawatts alimentée par le gaz. « Quelle est la qualité de l’électricité que nous avons en lien avec tous les investissements qui ont été réalisés dans le domaine ? », s’interroge Brice Mackosso de la Coalition Publiez ce que vous payez Congo. « Il y a des questions à se poser. Qu’est-ce qu’on a fait avec tous ces investissements et quel est le résultat que nous avons aujourd’hui ? ».Centrale au gaz mal approvisionnéeLes coupures actuelles seraient dues au faible niveau d’approvisionnement en gaz de cette centrale électrique alors qu’elle produit 72 % du courant consommé dans le pays, confie une source à la société nationale Énergie électrique du Congo. Le Congo, poursuit-elle, ne doit pas miser sur les centrales électriques, mais plutôt sur les barrages hydro-électriques pour avoir une électricité pérenne et propre.À lire aussiCongo-Brazzaville: d’importantes coupures d’électricité dans la capitale
6/26/2024 • 2 minutes, 16 seconds
Bénin: le marché de Malanville asphyxié par la fermeture de la frontière avec le Niger
Deux anciens présidents du Bénin étaient en mission de bons offices au Niger mardi 25 juin. Au coeur des tensions entre les deux pays : la frontière, rouverte en février par Cotonou, mais que Niamey maintient fermée. Une situation qui dure depuis près de 11 mois et qui pèse très fortement sur la ville frontalière béninoise de Malanville. Et plus particulièrement sur son marché international. Par notre envoyée spéciale à Malanville,Casque sur la tête, Jean-Marie s'apprête à remonter sur sa moto après avoir fait péniblement quelques achats au marché. « D'habitude avec 1 000 francs CFA, je pouvais préparer la sauce. Mais aujourd'hui, avec 1 000 francs, je ne peux rien faire », déplore cet enseignant, qui deux jours plus tôt n’a pas pu trouver de tomate. « Le piment que j'achetais à 50 francs, aujourd'hui, je l'ai acheté à 100 francs. Les tomates que j'ai achetées, ça ne pourrait même pas faire une marmite de sauce. Tout est vraiment cher au marché. Ce que les gens disent, c'est que la cherté est due à la fermeture de la frontière. »Chercher des oignons jusqu'à SegbanaLes produits du Niger, qu'il faut désormais acheminer par le Nigeria, arrivent plus difficilement. Et c'est aussi le cas des oignons. « Avant, l'oignon était partout et les clients étaient nombreux », se souvient un revendeur. « Mais aujourd'hui, on a perdu 50 % de nos clients. L'oignon qu'on appelle Galmi vient du Niger, mais il faut aller jusqu'à Segbana [à la frontière du Nigeria, NDLR] pour aller le chercher. Avant, avec notre frontière ouverte, ça pouvait arriver en une journée, mais maintenant par Segbana, il faut trois jours de trajet. »Le marché international de Malanville, qui regroupe 4 000 usagers, est le deuxième marché du Bénin. Ces dernières années, les Nigériens en étaient les principaux clients. Mais avec la frontière fermée, ils ne viennent plus. « Il n'y a que quelques clients locaux qui viennent au marché et qui paient un peu », témoigne Mohamed Ali, dans sa boutique de bazin. Membre de l'association de développement du marché de Malanville, il n’avait jamais vécu une telle situation en 30 ans d'activité. « Actuellement, beaucoup de boutiques sont fermées. Nous sommes en arriérés pour les impôts, pour les taxes du marché. Actuellement, aucun produit n'est épargné par cette crise. Si du côté des vivres ça ne marche pas, ça veut dire que le marché est carrément à terre. Ça ne va pas du tout. »Choc pour Malanville et ses environsPlus grande fierté de la commune, selon son maire Gado Guidami, le marché international de Malanville subit un choc qui se répercute, observe-t-il, sur toute sa ville. Et, par ricochet, sur l'ensemble des communes environnantes.
6/25/2024 • 2 minutes, 20 seconds
La Côte d’Ivoire fait la promotion de sa future bourse agricole en Afrique du Sud
La Bourse des matières premières agricoles d’Abidjan bientôt opérationnelle ? Six ans après le lancement du projet ivoirien, en 2018, la phase pilote devrait démarrer dans les prochains mois et pour deux ans. C’est en tout cas la promesse des autorités ivoiriennes qui en ont fait la promotion en Afrique du Sud. De notre correspondante à Johannesbourg,Avec cette future bourse (BMPA-CI), les échanges directs entre acheteurs et vendeurs de gré à gré seront remplacés par un marché des matières premières agricoles, où le prix sera fixé de manière transparente : selon l’offre et la demande.« On compte démarrer cette année, pour une phase pilote de deux ans, avec les trois spéculations qu’on a retenues : la noix de cajou, la noix de cola et le maïs, précise Edoh Kossi Aménounvé, directeur général de la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan (BRVM), qui chapeaute le projet. Et dans deux ans, on ira plus en profondeur, avec des nouveaux acteurs qui seront installés pour pouvoir piloter cette bourse ».Cajou, cola et maïs dans un premier tempsÀ terme, l’idée est d’élargir l’offre, avec, par exemple, le cacao. Et pourquoi pas d’étendre la bourse à toute l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Mais pour l’instant, il s’agit de permettre à Abidjan de mieux commercialiser ses produits phares. « L’agriculteur, il produit en Côte d’Ivoire, et on lui dit que son prix dépend des négociations, soit de la bourse de Londres en ce qui concerne le cacao, soit de la bourse de Kuala Lumpur, en ce qui concerne l’huile de palme. Donc il a du mal à comprendre ces mécanismes-là, reconnaît Koffi Rodrigue N’Guessan, directeur du développement rural au sein du ministère ivoirien de l’Agriculture. Mais aujourd’hui, grâce à la bourse, où tous ces mécanismes sont déportés au niveau d’Abidjan, et où lui-même est acteur, je pense qu’il y aura moins d’incompréhensions quant à l’acceptation des prix qui sortiront des différents mécanismes. »Le défi des volumesLe continent possède 15 bourses des matières premières, dont la plupart des plus développées sur le marché sud-africain, tourné vers les produits dérivés financiers. La BRVM est donc venue chercher de l’expertise et des investisseurs à Johannesburg. « L’un des gros défis, c’est de capter des volumes suffisants, juge Robert Matsila, spécialiste du secteur agricole pour le fonds Public Investment Corporation (PIC). Si l’on considère le coût d’installation des infrastructures, il faut des volumes importants. Donc, il faut réfléchir comment les fermiers peuvent accéder aux financements et aux connaissances techniques pour ces trois produits, afin que la productivité soit à un niveau international. »Les autorités ivoiriennes indiquent disposer pour l’instant d’une capacité de stockage de 430 000 tonnes, et continuent d’identifier d’autres entrepôts.
6/24/2024 • 2 minutes, 15 seconds
Tunisie: opération séduction auprès des investisseurs africains
Conférence consacrée aux investissements africains en Tunisie, le FITA, a rassemblé 2 000 personnes venues de 65 pays à Tunis. Automobile, BTP, électronique, nouvelles technologies, textile, les secteurs représentés étaient nombreux. L’occasion pour la Tunisie de tenter de se positionner comme hub en Afrique mais aussi de tenter de faire oublier les violences contre les ressortissants d’Afrique de l’ouest et centrale qui continuent d’émailler l’actualité en Tunisie. Par Amira Souilem, correspondante à Tunis,« Akwaba de la Côte d’Ivoire !... Zélé du Cameroun ! ». L’édition 2024 du FITA s'est ouverte dans pas moins de cinq langues africaines. La Tunisie redouble d’efforts pour mettre à l’aise ses hôtes africains cette année. Redorer aussi son image après les violences qui ont pris pour cible les Subsahariens dans le pays.« Les Tunisiens sont de plus en plus intéressés par le continent », juge l’organisatrice de l’événement, Nadia Yaich. Expert-comptable, elle reconnaît tout de même que l’économie a pâti du contexte politique. Les partenaires africains évoquent avec elle les déportations d’immigrés subsahariens dans le désert. Mais elle reste optimiste. « Il faut que nous trouvions des solutions. Nous sommes un pays accueillant et nous travaillons avec plusieurs présidences. Nous avons des relations historiques, diplomatiques, que l’on veut aujourd’hui mixer avec l’économie. »Au stand de la Société nationale immobilière de Tunisie, Dora Aloui Bellagha, directrice commerciale, compte sur cette rencontre pour faire fructifier son expérience sur le reste du continent, face au concurrent égyptien. « On a construit plus de 180 000 logements sur tout le territoire tunisien. C’est pour cela qu’on envisage de commencer par l’Afrique noire parce que c’est là qu’ils envisagent de créer des logements sociaux avec des prix minimisés. »Engouement pour la Côte d’IvoirePays où les Tunisiens s’en sortent bien et pour lequel l’engouement ne se dément pas, la Côte d’Ivoire accueille 10 000 Tunisiens et 250 entreprises de ce pays d’Afrique du Nord. « Les Tunisiens en Côte d’Ivoire investissent dans le bâtiment, dans les grands travaux, détaille Patrick M’Bengue, le responsable de la Chambre de Commerce et d’industrie Tunisie-Côte d’Ivoire. Beaucoup de cohortes d’entreprises tunisiennes investissent dans le domaine du numérique - les nouveaux métiers - dans l’énergie… ». Cacao, noix de cajou, fruits… Les Ivoiriens comptent de leur côté sur des débouchés commerciaux en Tunisie.Un grand potentiel d’investissements entre pays africains malheureusement freiné, soulignent les participants du FITA, par les lourdeurs administratives et les difficultés d’accès aux prêts.
6/24/2024 • 2 minutes, 14 seconds
En Éthiopie, les débuts de l'industrie du bitcoin
En Éthiopie, la production d’électricité a explosé avec la construction du méga-barrage sur le Nil. La capacité électrique du pays va passer de 2 à 10 gigawatts en cinq ans. Une aubaine pour les mineurs de bitcoins. Une vingtaine d’entreprises ont signé des contrats avec le gouvernement pour pouvoir installer leurs ordinateurs de minage. De notre correspondante à Addis-Abeba,La production électrique explose en Éthiopie, mais la moitié de la population en est encore privée, car les investissements dans le domaine manquent. Il faudrait 10 milliards de dollars pour construire les infrastructures nécessaires. En attendant, des centaines de milliers de mégawatts sont gaspillés. Des mineurs de bitcoins ont flairé l’opportunité d’une énergie à bas prix.Le mining est le processus informatique par lequel la cryptomonnaie est créée. Un processus qui consomme beaucoup d’énergie « Avec sa situation énergétique, l’Éthiopie est probablement le meilleur endroit pour faire du bitcoin mining aujourd’hui », se réjouit Nemo Semret, cofondateur de QRB Labs. En 2021, il est le premier à pressentir la bonne affaire.Il s’apprête à installer son premier conteneur, rempli de machines de minage, dans une des sous-stations électriques qui répartissent le courant dans le pays. L’idée est de rester mobile pour s’adapter à la demande en électricité. « Ce qui a du sens pour le bitcoin, c'est d'utiliser l'énergie que personne d'autre ne peut utiliser », explique Nemo Semret. « Une usine peut payer 5 cents et un bitcoin minor ne peut pas payer plus de 2 ou 3 cents », détaille-t-il encore. Quand l’énergie peut aller aux plus offrants, le marché est rationnel et prend le dessus, analyse le spécialiste, rassurant sur le fait que le mineur de bitcoin est donc le dernier fourni, ne privant pas le pays de courant. « Quand l’énergie peut aller à un autre utilisateur, ça n’a plus de sens de le donner au bitcoin », argumente-t-il.Un secteur très compétitifLes mineurs du bitcoin se livrent une compétition mondiale sans merci sur ce marché limité. Pour espérer être rentable, il leur faut trouver un équilibre entre le coût de l’énergie et celui du matériel. « Les gens ont l’impression, quand le prix de bitcoins monte surtout, que c’est un business super facile et profitable, témoigne l’entrepreneur. Mais ce n’est pas un business facile, les marges sont très minces et c’est très compétitif. »Résultat : sur les 21 entreprises légales qui ont signé des contrats, seules quatre sont actives aujourd’hui en Éthiopie. Nemo Semret loue les infrastructures à des entreprises étrangères qui payent en dollars. Aucune transaction en bitcoin donc, car la monnaie reste interdite en Éthiopie.Kal Kassa, consultant dans le domaine du Bitcoin, est très optimiste : « Si les prévisions sont bonnes, dans l'année à venir, les mineurs devraient générer un à deux milliards de dollars de revenus. Ethiopian Electric Power recevra 10% de cette somme grâce aux revenus de l'énergie. Ce qui n'est pas négligeable. »Besoin de cadres légauxDeux cents millions de dollars reviendraient donc à la société nationale d’électricité pour financer les lignes de transmission. Une décision qui reviendra au gouvernement, aucune promesse n’a été faite en ce sens pour l’instant. C’est surtout un moyen de rapporter rapidement des devises étrangères au pays qui en manque cruellement.Et ce nouveau business n’a toujours pas de cadre législatif, il reste flou et risqué. « Il devrait y avoir une loi spécifique, cela rendrait les choses transparentes : le coût de l'énergie, les taxes, les droits de douane, le régime d'importation. Pour pouvoir investir sur des faits et non sur des suppositions », met en avant Kal Kassa.Le potentiel est énorme, si le marché est protégé de la corruption et bénéficie d’une fiscalité favorable. Sinon peu de chance que ce business délicat puisse rester rentable.
6/20/2024 • 2 minutes, 24 seconds
Pour la jeunesse rurale de Côte d'Ivoire, s'insérer pour éviter les groupes armés
Comment prévenir contre l’extrémisme violent et attirer les jeunes vers des projets viables ? Les autorités ivoiriennes ont mis en place, depuis deux ans, le programme de lutte contre la fragilité. Il s’adresse aux personnes âgées de 18 à 40 ans, vivant dans six régions des zones frontalières avec le Mali et le Burkina. Des régions touchées par le chômage dans lesquelles les populations deviennent de potentielles cibles du recrutement des groupes armés. Bakary Ouattara a 31 ans. Il a grandi et vit toujours à Kofiron, un village proche de la frontière malienne. Ce jeune a quitté les bancs en classe de troisième. Sans diplôme, mais avec les connaissances transmises par ses parents, Bakary a décidé de reprendre l’entreprise familiale : il vend du maïs et du riz. Dans son local, il peut stocker jusqu’à 100 sacs de céréales. Mais sans apport financier, difficile de tirer profit du potentiel de son local. « Je m’en sors très bien, dit-il, je parviens à être en activité 12 mois sur 12. À l’époque, je n’avais pas assez de fonds pour acheter des sacs de céréales auprès des femmes du village. J’ai bénéficié d’un prêt de million de FCFA. Cet argent m’a permis d’acheter de grandes quantités de céréales et de constituer un stock. Et je me suis mis à revendre. J’ai fait des bénéfices. »Commerce et agricultureBakary a remboursé son prêt en moins d’un an. Depuis, il a ouvert une autre boutique, pour mener des activités de téléphonie et de transfert d’argent. « Je parle de mes activités aux autres jeunes du village pour que, eux aussi, se motivent et montent des projets, poursuit-il, je leur explique comment je m’y suis pris. Je leur dis qu’on peut gagner de l’argent en s’impliquant dans de petits projets. »Madou a 33 ans. Il a abandonné l’école pour se consacrer à l’agriculture. Ce jeune de Toumokro cultive le maïs, le riz, le coton et le soja. Cet agriculteur a emprunté 800 000 FCFA à l’agence Emploi Jeunes pour acheter des bœufs, des engrais et des pesticides. Malgré ce coup de pouce, Madou doit encore s’accrocher pour sentir les bénéfices de son métier : « J’ai bénéficié d’un prêt l’an dernier. Mais, la pluviométrie a été mauvaise. Mes récoltes de maïs et de coton n’ont pas bien donné. C’est difficile. J’espère qu’on aura une meilleure pluviométrie cette année afin que je puisse rembourser mon prêt. »Cibles du recrutement des jihadistesCe programme vise à ancrer les jeunes dans des activités professionnelles. « Si ces jeunes qui sont à la frontière ne sont pas occupés, s’ils ne sont pas sensibilisés, ils deviennent une cible facile, un appât, pour ces jihadistes, explique Anselme Gauze, est le chef de l’Agence Emploi Jeunes de Korhogo, donc il faut les occuper. Lorsque nous sommes allés à Kafolo –Kafolo a été une zone prioritaire du projet, parce qu’il y a eu des attaques jihadistes dans ces zones-là – il y a des jeunes qui ont pu bénéficier de ces subventions, et il y en a qui ont pu bénéficier de formation en apprentissage : électricité, mécanique-auto et à la soudure. »Pour l’heure, dans cette zone frontalière, près de 52 000 jeunes ont bénéficié de ce programme d’aide.À lire aussiCôte d'Ivoire: le discours d’Alassane Ouattara à la Nation scruté par la classe politique sur fond de présidentielle
6/19/2024 • 2 minutes, 29 seconds
Le pétrole libyen attire de nouveau les investisseurs
La Libye parie plus que jamais sur le pétrole. Après une décennie de chaos, toujours divisé entre l'est et l'ouest où deux gouvernements se disputent le pouvoir, le pays a pour objectif d'augmenter sa production pour atteindre à terme les 2 millions de barils par jour. Les compagnies étrangères se précipitent de nouveau pour investir en Libye, « poule aux œufs d'or noir », puisque le pays dispose des plus importantes réserves d'Afrique. TotalEnergies, Shell, ConocoPhillips, toutes ces multinationales des hydrocarbures ont récemment investi en Libye. Il y a eu des évolutions ces trois dernières années. Une Banque centrale réunifiée, du changement à la direction de la NOC, la compagnie nationale pétrolière, et la reprise de différents gisements, comme celui d'al-Charara, disputé par les milices encore récemment. Un environnement plus propice aux investissements, selon Zakaria Al Barouni, directeur général de la société d'assurance libyenne Al Baraka : « Il y a maintenant beaucoup d’opérations de la part des entreprises chinoises, turques et européennes. Le gouvernement a garanti à ces entreprises qu’elle a des institutions financières stables, explique-t-il, Les transferts des fonds vers l’extérieur de la Libye sont maintenant possibles et simples, c'est plus flexible pour les entreprises étrangères de venir opérer en Libye ».Confiance retrouvéeLes troubles politiques, suite au « printemps arabe » de 2011 suivi du renversement du régime de Mouammar Kadhafi ont fait fondre les investissements directs étrangers dans le pays. Trop de violences, des attaques à répétition sur des terminaux pétroliers ; les compagnies étrangères avaient rapatrié leurs salariés. La confiance des investisseurs semble être retrouvée. « Nous couvrons l’assurance de guerre, une première en Libye. Nous couvrons les émeutes, les troubles civils, la construction, les risques et l’énergie, détaille l’assureur Zakaria Al Barouni, ces types d’assurances donnent de la sécurité, une tranquillité d’esprit pour les entreprises au cas où de mauvais événements arriveraient à leurs opérations et les infrastructures. Leur argent ne sera pas dépensé en vain ».Explosion de la contrebandeLes pratiques internes de la NOC sont toutefois jugées encore moins solides aujourd'hui. La contrebande de carburant explose. Un indicateur inquiétant pour les investissements, estiment de nombreux observateurs.« Ce problème de la contrebande de carburant existe depuis plus de 10 ans, mais sa taille en dollars ne fait que grossir. Cela veut dire qu'il y a des revenus qui sont sales, qui circulent dans l'est libyen comme à l'ouest libyen, résume Jalil Harchaoui spécialiste de la Libye au Royal United Institute à Londres. D'où vient l'argent ? On ne sait pas. Et comme il y a des tentations de blanchiment d'argent, il faut se méfier. Ces sociétés américaines, françaises ou italiennes sont en train de supplier pour des contrats dont on ne connaît pas la nature, on ne sait pas dans quoi ils se lancent ».Une part de l'argent du pétrole brut est consacré à des achats de carburant à l'étranger, principalement en Russie. Du carburant qui est ensuite revendu via le marché de la contrebande dans des pays voisins comme le Tchad ou le Soudan. Cela représenterait plus de 5 milliards de dollars par an, selon le bureau d'audit libyen.À lire aussiLibye: Moscou s'intéresse au secteur pétrolier du pays
6/18/2024 • 2 minutes, 27 seconds
À Benghazi, une méga-ferme pour répondre à l'ambition laitière de l'Est libyen
Une méga-ferme laitière de 30 000 vaches pour produire localement du lait frais et des yaourts : c'est l'ambition des autorités de Benghazi, en Libye. Le marché a été confié à un groupe privé azéri-turc qui a déjà fait venir un premier lot de mille génisses françaises, pour une phase test. Pour le premier voyage effectué en mars dernier, mille génisses de race prim’holstein, la « Rolls-Royce » des vaches laitières, ont été rassemblées dans le port de Sète, au sud de la France. « Elles viennent de toute la France, depuis le Finistère jusqu'aux Hauts-de-France en passant par l'Alsace et le centre de la France. Pour faire un volume comme celui-ci, il faut voyager beaucoup », détaille Christian Durris, un négociant en bétail et PDG de la société EuropeAgri, qui a choisi ces vaches avec son fils.Un voyage à 3 millions d’eurosUne à une, les bêtes ont pris la passerelle pour embarquer sur un navire bétailler, destination la Libye. Trois jours de voyage, avec à bord, tout pour supporter l'exil en Libye comme l'explique Frédéric Casasola, directeur du développement de B3 Group, un groupe azéri-turc, qui a remporté le marché : « Avec les vaches, on apporte 52 tonnes de nourriture française, pour limiter leur stress à l'arrivée ainsi que tous les médicaments pour une année. »Le coût de ce premier voyage est d'un peu moins de 3 millions d'euros. Un montant qui s'ajoute au coût de la réhabilitation de la ferme de Ghot Sultan, située au sud-Est de Benghazi et presque abandonnée depuis la guerre. Un projet financé par le gouvernement de l'est libyen dont l'ambition est l'autosuffisance en produit laitier.« L'État de Benghazi a tourné la page de la révolution et souhaite redresser l'économie, explique Frédéric Casasola, l'ambition, à terme, c'est d'avoir 30 000 vaches laitières pour produire du lait frais, des yaourts et du fromage fabriqué en Libye. L'objectif, c'est aussi de former des libyens au travail de la ferme. »Des centaines de veaux déjà nés sur placeDes prototypes de pots de yaourts ont déjà été dessinés. Mais les Libyens devront encore faire leurs preuves pour rivaliser avec les mega-fermes d'Arabie saoudite et du Qatar. L'activité laitière est très technique, rappelle Laurent Tremoulet, le directeur de la SEPAB, la société d'exploitation du parc à bestiaux de Sète : « Chaque génisse va faire un veau qu'il va falloir engraisser aussi. Et après, il y a toutes les préoccupations sanitaires relatives aux animaux, une régularité, une alimentation équilibrée. Pour qu'elle produise du lait, il faut lui donner les bonnes choses au bon moment. Sur un engraissement, on peut se louper pendant quelques semaines, sur une génisse, on ne peut pas, car sa carrière laitière va dépendre de ses premières semaines de lactation. »Depuis l'arrivée du premier lot de vaches en Libye, plusieurs centaines de veaux sont déjà nés. À terme, la ferme de Ghot Sultan, qui s'étend sur 17 kilomètres, a aussi l'ambition d'accueillir 6 millions de poulets. Pour le port de Sète, ce nouveau marché qui s'ouvre en Libye pourrait être une petite bouffée d'air : le premier port bétailler d'Europe a vu ses résultats financiers s'effondrer depuis le gel du marché algérien, suite à l'apparition de la MHE en septembre dernier en France, un marché qui représentait ces cinq dernières années 80 à 90% de l'activité. En février dernier, après le Maroc et la Tunisie, la Libye a rouvert ses frontières au bétail vivant français. Mais le blocage persiste avec Alger.À lire aussiLibye: une délégation d'entreprises françaises en visite à Benghazi
6/17/2024 • 2 minutes, 30 seconds
En Égypte, faire du port de Sokhna un hub africain majeur
C’est l’un des grands projets de développement de commerce maritime international en Égypte. L’extension du port de Sokhna, situé à une cinquantaine de kilomètres au sud de Suez, permettrait à l’Égypte de compter sur son sol un des ports majeurs de la côte est de l’Afrique – dans la lignée de Mombasa et Dar Es Salaam. Avec notre correspondante au Caire,Les pelleteuses s’activent sur un chantier qui s’étend à perte de vue sous un soleil harassant. Au loin, les cheminées de quelques usines exhalent leur fumée au-dessus de la mer Rouge. « Pourquoi le port de Sokhna est spécial ? Il est stratégiquement situé à l’entrée du canal de Suez, explique le général Mohamed Khalil, chef du projet de développement du port affilié au ministère égyptien des Transports, et qui fait la présentation du site. Nous sommes ici sur l’un des quais du port d’Ain Sokhna. Ici, au port de Sokhna, nous avons 18 kilomètres de quai… 18 kilomètres d’affilée, et ça n’existe dans aucun autre port dans le monde. »Ce quai géant a été financé par le constructeur hongkongais Hutchison. Le Chinois Cosco et le Français CMA CGM font aussi partie des investisseurs majeurs pour le développement de Sokhna. Mais le général égyptien insiste sur l’intérêt national. « Ici, sur le port, nous avons 228 entreprises nationales égyptiennes, qui créent directement 100 000 opportunités d’emplois : ingénieurs, ouvriers, chauffeurs… », met-il en avant.L’Égypte se rêve en pays pivot du transport maritime international, sur les routes qui relient l’Asie à l’Europe. « L’Égypte a beaucoup d’ambition pour son canal et en plus, on a les flux d'Asie. Il semblait plus logique de décharger à Sokhna pour cette partie de l'Égypte plutôt que d'amener les lignes à Alexandrie ou Damiette », analyse Paul Tourret, le directeur de l’Institut supérieur d’économie maritime.Un intérêt des investisseurs ? À terme, l’extension du port s’accompagnerait du développement d’une grande zone logistique jusqu’au canal de Suez. Mais l’instabilité économique de l’Égypte, et à plus grande échelle, l’instabilité géopolitique de la région, pourrait compromettre ses ambitions. Difficile de savoir si les grands logisticiens voudront installer des structures sur le canal en Égypte. « Ça dépend du cocktail égyptien, politique et économique », estime Paul Tourret. Car la crise économique qui frappe le pays et les attaques des rebelles houthis en mer Rouge renforcent les doutes sur l’attractivité de Sokhna.Mais pas de quoi décourager les pays du Golfe, notamment DP World, l’administrateur émirati du port de Sokhna qui est en pleine dynamique sur le continent. « Les pays du Golfe, en même temps qu’ils développent leurs ports, développent leurs sociétés portuaires, détaille le directeur de l’Institut supérieur d’économie maritime. Ce sont des possibilités demain pour faire des choses. La création non pas d’une finance arabe, mais d’une capacité d’infrastructures. » Les nouveaux quais géants de Sokhna devraient accueillir les premiers porte-conteneurs à partir de 2025.À lire aussiÉgypte: au Caire, l'inflation des prix du bétail gâche l'Aïd al-Adha
6/16/2024 • 2 minutes, 16 seconds
RDC: la Sicomines fonctionne avec sa propre centrale hydroélectrique
En RDC, le secteur minier connait un déficit en électricité qui varie entre 500 et 1000 mégawatts, selon la Chambre des mines. Ce qui rend difficile la transformation locale de certains minerais. Pour y remédier, la Sicomines, co-entreprise issue de l’accord sino-congolais, a opté pour l'autonomie. Elle s’est dotée de la centrale hydroélectrique de Busanga, le plus haut barrage du Congo. De notre correspondante en RDC,Deux montagnes taillées. Entre elles, une petite rivière a pris du volume. La centrale hydroélectrique de Busanga tire ses eaux du fleuve Congo. A la sortie des eaux du lac de retenue, un barrage long de 14,5 mètres, plus haut que celui d'Inga. « On a débuté la construction en 2017 et on a l’achevée en septembre 2021, soit quatre ans de travaux, explique Adam, administrateur de la société chinoise Sicohydro qui a construit cette infrastructure. C’est un barrage-voûte à double courbure en béton compacté au rouleau. Le plus haut barrage au Congo. »Barrage plus haut qu’IngaAu bas des collines trône une centrale imposante avec quatre turbines produisant chacune 60 mégawatts. « Aujourd’hui, la puissance installée est de 240 mégawatts, détaille Jean Zeng, consultant de la Sicohydro. On tourne avec quatre turbines, en fonction du niveau d’eau. Lorsque l’eau diminue, on peut arrêter une machine. »Dans la région du Katanga, la Société nationale d’électricité n’a pas la capacité de répondre à la forte demande du secteur minier, gros consommateur d’électricité. Ce qui a motivé la société minière Sicomines à construire sa propre centrale hydroélectrique. « La Sicomines a voulu avoir l’autonomie électrique, explique Germain Pungwe, président du patronat à Kolwezi. Nous sommes dans une région où se concentre la majorité des sociétés minières, qui produisent plus de 60 % du cuivre et du cobalt de notre pays et elles ont besoin de beaucoup d’énergie électrique pour faire tourner leurs machines. Malheureusement, elles font face à un déficit en énergie électrique. »L’autonomie pour l’activité minièreLe projet inspire d’autres acteurs privés, notamment pour les aspects techniques. « Il vaut mieux s’inspirer des autres et, peut-être, améliorer, commente Eric Monga, directeur de l’entreprise Kipay Ennery et porteur d’un autre projet de centrale hydroélectrique à Sombwe. Par exemple le béton compacté, c’est le même style qu’on va appliquer chez moi. Donc il faut savoir comment ils ont fait le mélange, est-ce qu’il faut éviter les échauffements, etc… »Située à plus de 100 km de Kolwezi, cette centrale hydroélectrique est le seul nouveau projet réalisé en RDC ces quarante dernières années, pour un coût de 655 millions de dollars.À lire aussiLa RDC face au défi de son approvisionnement en électricité
6/14/2024 • 2 minutes, 16 seconds
La RDC face au défi de son approvisionnement en électricité
La RDC détient à elle seule 8% du potentiel hydroélectrique mondial mais son taux d’électrification est le plus bas du continent, moins de 15% selon la Banque mondiale. Comment réduire l’écart entre la croissance démographique et la capacité de production d’électricité en RDC ? Quelles solutions pour les particuliers et les entreprises ? De notre correspondante à Lubumbashi,La Société nationale de l’électricité (SNEL) en RDC en est consciente, sa production ne couvre pas les besoins de la population, encore moins ceux de l’industrie. « La SNEL a une puissance installée de 2 500 mégawatts et nous ne produisons aujourd’hui qu’environ 1 900 mégawatts. Ce n'est pas suffisant car la demande avoisine déjà 4 000 mégawatts, reconnaît l’ingénieur Henry Makap Amteb, chef du département production à la SNEL. Donc nous devons nous mettre ensemble pour voir comment répondre à cette attente. »Manque de financementCe déficit de production électrique s’explique par le manque d’investissements, estime Vika Di Panzu, président du Comité de gestion technique de la société Trade Power RDC, qui importe et revend du courant dans l’ouest de la RDC. « Si vous voulez avoir une offre qui puisse être à même de satisfaire les besoins de la population, tenant compte de la croissance démographique, vous devez développer des centrales de 400 mégawatts, par tranche de cinq ans. Or depuis 1986, on n’a rien développé. »Pourtant, depuis la libéralisation du secteur de l’électricité, il y a plus de dix ans, des initiatives privées de construction de mini-centrales hydro-électriques se multiplient. Mais la plupart sont encore en phase d’études. Et le système financier en RDC ne facilite pas leur réalisation. « Quand vous allez vers les banques, les taux d’intérêts sont explosifs dans notre pays », déplore l’ingénieur et entrepreneur congolais Jean-Marie Katond, qui a initié deux projets dans la région du Katanga. « Le projet que nous avons dans le Haut Lomami, de 94 mégawatts, vaut plus de 400 millions de dollars. Aucune banque dans notre pays ne peut le financer. Donc, il faut aller vers des financeurs extérieurs. »Compteurs intelligentsEn attendant, la réalisation des différents projets du secteur privé, la SNEL compte rationaliser la consommation de l’électricité produite actuellement en vue d’une meilleure répartition entre les entreprises et les particuliers. « On doit tout faire pour réhabiliter les infrastructures existantes, explique Donatien Ngendu, conseiller technique à la SNEL. On peut récupérer 500 mégawatts et répartir cela à tous les clients miniers. Et nous avons aussi un plan d’installation des compteurs intelligents chez tous les clients. Grâce au compteur à pré-paiement, le client sera en mesure de pouvoir gérer sa charge et sera encouragé à ne plus gaspiller comme c’est le cas présentement. »La SNEL entend aussi créer des lignes d’interconnexion régionale afin d’importer de l’électricité des pays voisins comme l’Angola et le Mozambique, qui ont un excédent de près de 3 000 mégawatts.
6/12/2024 • 2 minutes, 19 seconds
Rapport Swissaid: les voies du commerce de l'or de contrebande [2/2]
L’organisation Swissaid a produit une étude inédite sur la production d’or artisanal sur le continent. Dans ce rapport, les auteurs ont compilé et recoupé un grand nombre de données, ce qui n’avait jamais été fait jusqu’à présent. La production de contrebande atteindrait jusqu’à 474 tonnes chaque année en Afrique et représenterait jusqu’à 35 milliards de dollars. Une manne financière qui quitte le continent et qui est commercialisée de manière très organisée. L’or artisanal produit quitte les zones de production de manière illégale par deux voies. « Soit l'or passe en contrebande vers un pays voisin, auquel cas, il emprunte la plupart du temps la voie terrestre. Il faut savoir que les frontières entre de nombreux pays africains sont très poreuses, donc il y a peu de chances de contrôle. Et dans l'autre cas, l'or est exporté en contrebande directement vers les Émirats arabes unis. Et dans ce cas, c'est plutôt par la voie aérienne », détaille Yvan Schulz, co-auteur de l’étude.En partant par la route, l’or rejoint des pays dits « intermédiaires » comme le Mali ou l’Ouganda. Des destinations qui s’expliquent par différents facteurs. « Si on prend le cas du Mali, il y a notamment les questions fiscales, comme l'Ouganda. Quand vous avez une fiscalité avantageuse dans un pays limitrophe, vous allez forcément passer par le pays limitrophe pour exporter votre or », explique le second co-auteur Marc Ummel. Autre critère central, le prix d’achat de l’or. « Aujourd'hui, à Bamako, votre or sera acheté à un meilleur prix que si vous le vendez à un comptoir à Ouagadougou ou dans d'autres pays, que ce soit au Sénégal ou en Mauritanie, constate l’expert. Et c’est ça qui alimente tous ces réseaux. »Pour Marc Ummel, un troisième facteur peut encore expliquer le phénomène de contrebande transfrontalier : « Vous avez aussi tous les réseaux des bureaux d'achats très influents qui vont préfinancer toute la chaîne jusqu'à la mine. Ils vont développer tous ces réseaux, ce qui fait qu'on va arriver à avoir ces phénomènes de contrebande. »Des frontières faciles à passerDes pays intermédiaires qui jouent un rôle clé dans le « blanchiment » de l’or de contrebande, selon Yvan Schulz. « Si on prend l'exemple d'or importé de RDC en Ouganda, si cet or-là est raffiné en Ouganda et par la suite réexporté par exemple vers Dubaï – c'est ce qu'on a souvent observé – cet or va acquérir l'Ouganda comme origine et donc ne sera pas traçable jusqu'à la RDC », souligne-t-il.Par avion, l’or part généralement dans des mallettes essentiellement vers Dubaï très attractif. « Premièrement, il n’y a pas de taxe à l'importation sur l'or, donc vous n'avez rien à payer si vous rentrez dans le pays avec une valise d'or, met en avant Marc Ummel. Deuxièmement, c'est extrêmement facile de passer la frontière justement avec une valise pleine de lingots d'or. Il n’y a pas de questions qui vous sont posées. »Les Émirats arabes unis ont adopté une nouvelle réglementation en 2023. Cependant, les chercheurs ne sont pas convaincus. « Pour l'instant, nous, en tout cas dans nos échanges avec des raffineurs de ce pays et d'autres sources, on n'a pas encore de preuve de l'efficacité et ni même de la mise en œuvre de cette réglementation. Donc il faudrait observer ça plus précisément dans les années à venir », s’interroge le chercheur. Si Dubaï est l’une des principales plaques tournantes de l’or de contrebande, cette étude souligne l'émergence de nouveaux acteurs comme la Turquie.À lire aussiOr artisanal en Afrique: 1 tonne quitte chaque jour en contrebande le continent [1/2]
6/11/2024 • 2 minutes, 21 seconds
Or artisanal en Afrique: 1 tonne quitte chaque jour en contrebande le continent [1/2]
L’organisation suisse Swissaid vient de publier une étude inédite sur la quantification de la production de l’or artisanal et à petite échelle sur le continent africain. C’est la première fois qu’une étude d’une telle ampleur est menée. Et les résultats sont édifiants : une tonne d’or de contrebande quitterait chaque jour le continent africain. Il a fallu aux chercheurs quatre années de travail pour collecter, recouper et corriger des milliers de données. Un travail « fastidieux », soulignent les chercheurs. « On a calculé qu'en 2022, il y avait 435 tonnes [d'or] au total qui ont été exportées en contrebande du continent africain. Et évidemment, si on divise 435 par 365, on obtient plus d'une tonne par jour », détaille Yvan Schulz, chef de projet chez Swissaid et co-auteur de l’étude.La production d’or artisanale a explosé avec l’envolée des cours. Ce qui a également favorisé son extraction et son commerce illégal, souligne Marc Ummel, responsable du dossier matières premières chez Swissaid. « Quand on regarde au niveau de la contrebande, la majorité des pays africains sont actifs dans la contrebande de l'or, explique le co-auteur de l’étude. Il y a même plus de 12 pays africains qui sont impliqués dans une contrebande de plus de 20 tonnes par année. » Les plus importants, selon les analyses de Swissaid : le Mali, le Ghana, le Zimbabwe, le Niger, la Côte d'Ivoire ou encore le Soudan.Un manque de transparence volontaireDes phénomènes difficiles à documenter par nature. La contrebande se fait dans des mines, dans des régions isolées, par des artisans non déclarés qui commercent de manière informelle. Le manque de volonté politique de certains États est, de plus, un facteur important. « Il y a une volonté politique dans certains États de cacher les données ou de ne pas être transparent. On a eu beaucoup de difficultés à obtenir, notamment, des données du Rwanda, des données de l’Éthiopie. Il y a certains États où c’était pratiquement impossible, notamment avec l’Érythrée, avec la Libye », souligne Marc Ummel.« Évidemment, quand parfois le gouvernement ou certains représentants du gouvernement sont impliqués directement dans ce commerce, qu'ils y ont des intérêts, vous n’avez aucune volonté d’amener plus de transparence », décrypte encore l’expert.Une production informelle qui favorise violation des droits de l'Homme, financement de groupes armés ou encore problèmes environnementaux, soulignent les auteurs. Ils notent également les pertes de revenus importants pour les États africains. L’équivalent de 35 milliards de dollars d’or illicite pourrait ainsi quitter le continent chaque année.À lire aussiMadagascar: un guichet unique de l'or pour contrecarrer les exportations illégales
6/10/2024 • 2 minutes, 11 seconds
Le prix des bêtes affole les Tunisiens à quelques jours de l’Aïd el-Kébir
Alors que la fête de l’Aïd-el-Kébir – qui commémore l’épreuve d’Abraham auquel, dans la tradition musulmane, Dieu avait demandé de sacrifier son fils Ismaël avant de le remplacer par un bélier – est prévue pour la mi-juin prochaine, les Tunisiens se demandent s’ils vont pouvoir s'offrir une bête cette année. Les prix des moutons – animal qui a la préférence des Tunisiens pour le sacrifice – s’envolent cette année encore. Ils peuvent atteindre les 1 500 dinars – soit environ 440 euros – soit trois fois plus que le SMIC (salaire minimum) actuel en Tunisie. Un brin nostalgique, Amine Ouali, associé à son grand-frère, présente les rescapés de son élevage. « On a décidé de tout arrêter. On avait deux élevages de 250 brebis chacun, mais on a décidé d’arrêter parce que ce n’était plus intéressant, regrette-t-il. Une ferme sans animaux ça n’a pas de goût franchement, c’est un peu vide. »En cause, le prix des fourrages – en partie importés comme le tourteau de soja – qui a explosé, explique-t-il. « Maintenant, je pense que la plupart des éleveurs sortent pâturer dehors. Ils n’arrivent plus à acheter. C’est trop cher. La botte de foin à 20 dinars, l’année dernière, elle est arrivée à 30 dinars, c’est énorme », décrit l’éleveur.Trente dinars, soit près de neuf euros. De quoi grever la marge des éleveurs et les obliger, dit-il, à augmenter leurs prix. C’est ce que soutient Malek Rhaiem. Alors que le gouvernement réfléchit à importer des bêtes pour avoir plus d’animaux et donc faire baisser les prix, il accuse le coup. « C’est grave, on n’a pas su améliorer, sauvegarder notre race. Nous, on choisit toujours la facilité, déplore-t-il. Vraiment, ce n’est pas une politique d’avenir. Si on fait un business plan, on le fait à sept ans, dix ans. »À écouter aussiAppel sur actualité: [Vos réactions] Vos témoignages sur la TabaskiNe pas alourdir ses dettesLe prix élevé des bêtes a poussé Lotfi Riahi, président d’une association de défense du consommateur tunisien, à devoir trancher. Faut-il oui ou non sacrifier une bête au vu des prix galopants ? L’association a été rencontrée des religieux dont le Mufti de la République et ils ont pris position. « La position de l’islam là-dessus est la suivante, rapporte-t-il. Le sacrifice ne doit être fait que par les personnes qui en ont les moyens. Il y a beaucoup de Tunisiens qui ne savent pas ça et qui s’endettent par exemple pour acheter leur mouton. »Or, selon lui, ce n’est pas une solution. « En prenant un crédit pour acheter un mouton, le Tunisien va alourdir encore plus ses charges économiques. S’il n’a pas les moyens, il n’a pas à sacrifier de bête », assure-t-il. Un appel à la sagesse difficilement audible en Tunisie où l’achat d’un mouton – au-delà de la prescription religieuse – est aussi perçu comme un moment festif.À lire aussiAïd el-Ahda, Tabaski: une fête religieuse et familiale en Afrique
6/6/2024 • 2 minutes, 29 seconds
Production de cacao en Côte d'Ivoire: les défis posés par les certifications [5/5]
La Côte d’Ivoire n’a pas attendu les nouvelles normes européennes qui entreront en vigueur en janvier 2025, pour certifier son cacao. Et pour remplir les critères de ces différentes certifications, Utz, Rainforest Alliance ou Fairtrade, la filière fait déjà face à des défis. Ce qui questionne l’applicabilité de l’ensemble des nouvelles normes européennes. De notre envoyée spéciale à San Pedro,Alors que les prix ont atteint des sommets ces dernières semaines en Côte d'Ivoire, les producteurs n’en tirent cependant que très peu de bénéfices, car les prix sont fixés par l’État. Pourtant, Olivier, petit producteur, l’assure, il ne serait pas à son avantage de vendre son cacao via les réseaux de contrebande. Selon lui, son intérêt est de « pouvoir bien vendre » son produit « pour avoir des bénéfices ». Surtout, c'est de pouvoir obtenir les avantages qui lui apportent sa coopérative : des intrants pour ses champs et des formations. « C'est ça l’intérêt », assure-t-il.La fraude existe malgré tout. Les autorités le savent, tout comme le Conseil Café Cacao (CCC). « Il y a une police spéciale qui veille sur nos frontières pour vraiment lutter contre la fuite du cacao vers les pays limitrophes, explique Marcel Koné l’un des représentants locaux du CCC. Aujourd'hui, quand nous prenons un contrebandier, de café ou de cacao, il est traduit devant les tribunaux. Et ce cas sera traité de façon rigoureuse. Le contrevenant encourt plus de dix ans de prison ferme et la saisie et la vente de son produit aux enchères. »Des limites à la certification La chaîne de traçabilité numérique en cours de mise en place dans le cadre des nouvelles normes européennes questionne certains observateurs. Quid des zones non couvertes par le réseau internet ? Quid de la fiabilité des scellés des sacs ? François Ruf, ancien chercheur du Cirad, spécialiste de la question, se montre sceptique quant à l’efficacité de cette réglementation. Les certifications existantes montrent déjà leurs limites, assure-t-il.« Toutes ces certifications sont des certifications d'itinéraire et pas du tout de caractéristiques de fève, explique-t-il. Quand une forêt existe et qu'on croit la protéger par une loi, on fait une erreur considérable. Je prends l'exemple de la forêt de la Bossématié, que je connais très bien. La déforestation continue de l'intérieur. Et les images satellites, même des institutions solides, montre objectivement que la forêt continue de partir. »Les autorités ivoiriennes sont bien conscientes de ces défis. Suspension de coopératives, interdiction d’exportation de cargaisons Fairtrade soupçonnées de fraude. Le Conseil Café Cacao a multiplié les sanctions ces dernières semaines dans un contexte de flambée des prix et de récoltes décevantes.À lire aussiCacao ivoirien: les coopératives, maillon central des nouvelles normes européennes
6/6/2024 • 2 minutes, 29 seconds
Cacao ivoirien: les coopératives, maillon central des nouvelles normes européennes
Premier fournisseur de cacao de l’Union européenne, la Côte d’Ivoire doit se mettre en conformité avec les nouvelles normes européennes contre la déforestation et pour des conditions de travail acceptables pour les producteurs, qui vont entrer en vigueur en janvier prochain. Les coopératives se retrouvent en première ligne. De notre envoyée spéciale à San Pedro,« Nous sommes ici et nos plantations sont autour de Blaou, en bleu ». Brahima Niampa pointe sur son ordinateur une carte géographique où les planteurs sont répertoriés. « Voici la forêt classée où la réserve de Rapide Grah commence. Donc, on peut connaître la distance qui sépare le dernier champ et Rapide Grah. C’est le premier élément que nous utilisons ici pour être sûr que nos producteurs ne se retrouvent pas dans une aire protégée. »Compter les cabosses et géolocaliser les producteursLes coopératives sont de fait au centre du dispositif de traçabilité du cacao. Elles ont dans leur cahier des charges la géolocalisation du producteur et le suivi de sa production pour éviter l’agrégation de cacao non certifié. « Nous connaissons la superficie de sa plantation et nous savons aussi qu’il y a un rendement au niveau national. Et puis nos techniciens vont sur le terrain. Ils calculent le nombre de cabosses sur les pieds. Ils essaient d'évaluer chaque année le potentiel de livraison de chaque champ. Donc chaque fois que le producteur fait des livraisons, on essaie de suivre et on s'assure qu’il ne prend pas d’autre cacao pour mettre dans sa production. »La coopérative collecte et stocke le cacao des petits producteurs. Elle doit également s’assurer du respect des critères de durabilité dans la production, puis assure la livraison du cacao dit durable auprès des industriels, étapes stratégiques dans la traçabilité des fèves. « Si on n’a pas de traçabilité sur les produits, on ne pourra pas les vendre, assure Florence Kouakou, responsable d’une autre coopérative, qui affirme respecter les normes. Aujourd'hui, le plus gros marché de cacao au monde, c'est l'Europe, donc on est obligé de s'y conformer. Moi, je pense qu’être dans la tricherie, ce n’est pas ça qui va favoriser les choses. Parce qu'à un moment, celui qui achète le cacao viendra sur le terrain vérifier. »Des questions sur la traçabilitéDes audits sont effectués, ils mettent en avant les coopératives. Mais l’intégrité de certaines est questionnable, estime un spécialiste du secteur. La grande boucle du cacao, vieillissante, produirait toujours 400 000 tonnes. « C’est difficile à démontrer, reconnaît François Ruf, ancien chercheur du Cirad. Mais de nos observations, il est clair qu'il y a une partie de ces 400 000 tonnes qui vient des nouvelles boucles du cacao, là où les nouvelles plantations se sont créées, en particulier dans la région de Man. Vous vous mettez près de certaines coopératives la nuit, et vous voyez les camions arriver et les déchargements opérer. »À l’initiative du Conseil Café Cacao, la géolocalisation des planteurs, la distribution des cartes d’identification et la formation à l’usage des logiciels sont encore en cours pour rentrer dans les clous des nouvelles normes européennes.
6/5/2024 • 2 minutes, 35 seconds
À Yopougon, le groupe Neemba veut créer une plateforme logistique régionale [3/5]
À Yopougon, le groupe Neemba (anciennement JA Delmas) spécialiste de la manutention, a inauguré mi-février un stock régional, espérant en faire un hub logistique dans la sous-région, pour les secteurs des mines, du BTP et de l’énergie. Une démarche qui répond à une nouvelle stratégie depuis que le siège de ce groupe a été transféré de Bordeaux en Afrique, il y a quelques mois. Avec notre correspondante à Abidjan,Hervé Zongo est administrateur du projet Jalo Logistique. Il nous conduit, dans un grand espace, où sont stockés des groupes électrogènes, des bulldozers et des pelles. Ce site permet de répondre plus rapidement aux besoins des entreprises engagées dans des exploitations ou de grands chantiers dans la sous-région. Cela donne à l’entreprise « la possibilité de livrer une machine en moins de sept jours à un opérateur économique ivoirien ; et en moins d'une vingtaine de jours un opérateur économique burkinabé, malien, béninois ou togolais pourrait venir ici et obtenir sa machine », détaille-t-il.Pour plusieurs entreprises, le déclic pour installer des bases régionales dans la sous-région, a été la crise Covid. Adama Soro, président de la fédération des chambres de commerce des mines en Afrique de l’Ouest, y voit un avantage de taille : le gain de temps. « Tous nos experts sur nos sites travaillent sur un indicateur : le lead time. C'est-à-dire qu'à flux tendu, on travaille pour qu'il y ait le moins de perte de temps dans l'approvisionnement de nos sites, explique Adama Soro. Sur certaines mines d'or, une journée d'arrêt peut coûter jusqu'à un million de dollars. Si on a ces pièces clés à proximité, ça nous permet de sauver beaucoup d'argent. »À lire aussiCôte d'Ivoire: les activités économiques dopées par la CAN à Abidjan [1/5]Des freins culturelsLe groupe Neemba travaille avec des entreprises minières, de la construction et de l’énergie. Sur le terrain, paradoxalement, ce ne sont pas forcément les tracasseries administratives d’un pays à l’autre qui posent problème, mais parfois les habitudes de type culturelles. « Les lois sont relativement bien faites, les tarifs communs sont bien faits donc on arrive, avec du bon sens et de la structure, à les passer, confirme Jean-Luc Konan, le directeur général de ce groupe. Par contre, il y a ce qu'on appelle "les non-dits". »Le directeur général de Jalo a lui-même fait tous les trajets en camion et a constaté les problématiques. Quand certains annoncent trois jours de délais pour une livraison, cette dernière pourrait être en réalité réalisée en une demi-journée. « Juste parce que le transporteur a ses petites habitudes à la frontière. Ce sont les difficultés internes qui ont parfois la peau plus dure que les difficultés externes », souligne Jean-Luc Konan.Le groupe mise aussi sur la formation en continu des techniciens. Parmi ses projets, figure d’ailleurs, l’ouverture d’une académie d'ici à l'année prochaine.À lire aussiEn Côte d'Ivoire, la production d'or atteint des records [2/5]
6/4/2024 • 2 minutes, 16 seconds
En Côte d'Ivoire, la production d'or atteint des records [2/5]
L'annonce du projet Koné, gisement à très fort potentiel exploité par la société canadienne Montage Gold, est un des symboles de la dynamique de la filière aurifère ivoirienne. Les prévisions de production pour 2024 atteignent 55 tonnes d'or contre 42 tonnes il y a trois ans. La production prend de l'ampleur, boostée par un code minier attractif. Sur les dix mines en exploitation, trois ont été inaugurées ces deux dernières années. Le pays a longtemps priorisé la production agricole avant le développement de sa « filière Mines ». Avec notamment le projet Koné, gisement évalué à plus de 155 tonnes d’or, le pays récolte aujourd'hui les graines semées ces dernières années selon Jean-Claude Diplo, président du Groupement des Professionnels Miniers de Côte d'Ivoire : « Un des gros avantages de notre pays, c'est qu'on a réussi à bâtir un dialogue qualitatif avec le gouvernement qui a permis d’aboutir à un code minier en 2014. Beaucoup de "joueurs" internationaux le qualifie comme l'un des plus attractifs qu'on ait dans l'industrie. Le plus l’entonnoir est ouvert à l'entrée pour l'exploration, le plus à la sortie, vous pouvez avoir des mines qui ouvrent. »Le potentiel géologique du pays est bien connu. Environ 35% de la roche birrimienne encaissant la minéralisation aurifère est situé sur le territoire ivoirien. Retombées locales insuffisantes ?Au-delà de l'enthousiasme, ces grands projets suscitent des inquiétudes. L'actuel code prévoirait trop peu de retombées locales pour les communautés, explique le Docteur Michel Yoboué du Groupe de recherche et de plaidoyer sur les industries extractives en Côte d'Ivoire : « Il y a l'aspect de l'emploi local. Il faut bien que l'emploi soit bien sûr majoritairement au bénéfice des locaux. Il faut aussi qu'il y ait ce transfert de compétences au niveau local. Il faut aussi que les locaux aient accès aussi au capital des entreprises. C'est beaucoup de questions qu'il va falloir régler. Mais pour l'instant, le code qu'on trouve être un code très attractif n'est pas assez précis, n'est pas assez dense. C'est un code qui est plus avantageux pour les entreprises comparativement aux communautés qui d'ailleurs se plaignent. »40 tonnes d'or par an non déclaréesC'était le cas du côté de Bouaflé où des habitants se sont récemment levées contre l'exploitation de la mine de Yaouré, trop de conséquences néfastes pour trop peu de compensation, selon eux. Améliorer le dialogue reste un des défis de la filière aurifère. « Vous entendez rarement des conflits de nature à fermer des mines avec les communautés, relativise Jean-Claude Diplo, il y a des frictions régulièrement, mais l'option de dialogue constructif que les mines prennent en Côte d'Ivoire aident à faire grandir le secteur avec les parties prenantes. »L'autre problématique de la filière : c'est la régulation de l'orpaillage non déclaré issu principalement des mines artisanales et semi-industrielle. Une production qui échappe au pays et qui avoisinerait les 40 tonnes d'or par an, selon l'étude que vient de publier la fondation Swissaid. Il s'agit de la troisième plus haute en Afrique, derrière le Zimbabwe et le Mali.À lire aussiCôte d'Ivoire: les activités économiques dopées par la CAN à Abidjan [1/5]
6/3/2024 • 2 minutes, 26 seconds
Côte d'Ivoire: les activités économiques dopées par la CAN à Abidjan
Il y a trois mois, la Côte d’Ivoire accueillait le plus gros événement sportif d'Afrique : la CAN. Avec un million et demi de visiteurs attendus, le pays des Éléphants espère des retombées économiques importantes. Un rapport devrait être rendu public prochainement. Avant même les chiffres officiels, certains opérateurs économiques affichent leur satisfaction. Taxi officiel à l’aéroport d’Abidjan, Djibrila Aliou fait tournicoter ses clés au bout de son index, avec un peu de nostalgie pour la période de la CAN, qui a été très bénéfique pour lui. « Il y avait beaucoup de clients et beaucoup d’étrangers. Actuellement ça a diminué un peu. Pendant la CAN, les passagers qu’on prenait, c'était même plus qu’en ce moment. On sent que les gens sont rentrés, la Côte d’Ivoire maintenant est vide », regrette-t-il.Des visiteurs devenus investisseursDjibrila Aliou est aujourd'hui témoin de l’attrait suscité par la CAN pour de nouveaux investisseurs. « D’autres reviennent maintenant pour les affaires en Côte d’Ivoire parce qu’ils ont vu que le pays est bon. Moi, j'ai déjà pris un client qui est venu pendant la CAN, qui est reparti et qui est revenu. Il m’a dit que c’est par rapport à la CAN : il a découvert le pays et il est revenu maintenant pour les affaires dans le pays. »PSG, Barça, Real mais surtout l’incontournable maillot orange et blanc sont suspendus sur ce stand du marché de Treichville. Niango vend le maillot de l’équipe nationale entre 5 000 et 8 000 francs CFA. La victoire à la CAN a dopé ses ventes. « Bien sûr, il y a eu plus de clients. Les gens qui n’ont pas pu payer leur maillot, ils sont venus l’acheter après ! C’est très important d’avoir son maillot. Parce qu’avec ça, on va savoir que tu es vraiment un grand supporter. Et puis il y a l’émotion, tout ça... »Ventes de maillots orange et blancL’un des premiers secteurs qui attendait des retombées économiques de la CAN est celui de l’hôtellerie. L’hôtel Azalaï a notamment accueilli les délégations cap-verdiennes et sud-africaines. Mais le bénéfice n’est pas venu que de cela. « On a aussi vu des retombées grâce à la dynamique "découverte", avec de nouveaux types de clients, raconte la directrice Manuela Tagro Kouame. On s’est retrouvé avec pratiquement 10 points de plus que ce qu’on avait réalisé l’année dernière. Ç’aurait été meilleur si notre établissement avait été situé juste à côté d’un stade. Nous, on s’est retrouvé autour de 80% [d’occupation] quand l’année dernière, on tournait autour de 70%. »Des investissements gagnants dans l'hôtellerieL’hôtel a capitalisé sur l’événement sans exagérer. « On a dû faire beaucoup d’investissement pour améliorer le séjour de nos clients. Et donc il y a eu quand même une incidence sur le prix des logements. Mais on a équilibré, le volet restauration a été un peu minimisé. On a senti une incidence sur le prix moyen d’environ 30% sur les périodes clés. Et oui, franchement, on est rentré dans nos frais. »En plus de son établissement à Abidjan, Azalaï a remporté l’appel d’offre de la conciergerie des cités CAN. Ce qui a permis une augmentation du personnel de 200% pendant l’évènement. Avec à la clé, insiste la directrice, des formations et de l’expérience pour des jeunes dans la restauration.À lire aussiCAN 2024: ce qu’il faut retenir de 30 jours complètement fous
6/2/2024 • 2 minutes, 22 seconds
Professionnaliser l'industrie musicale en Afrique exige l’implication des États
L'industrie musicale africaine a bondi de 10 % en 2023, selon la Fédération internationale de l'industrie phonographique. L'Afrique est le continent le plus dynamique, mais derrière cette apparente bonne santé, il existe toujours de graves lacunes du côté des salles, des droits d’auteur ou de la distribution. Au cours du salon professionnel Babel XP Music, qui s'est tenu à Marseille fin mars, tous les acteurs l'ont souligné : l'industrie musicale africaine a besoin d'engagement de la part des États. Premier problème pour les artistes : le manque de salles de taille moyenne, pourtant indispensables à la rentabilisation des concerts.« C'est notre prochain chantier : répondre à cette question des salles de capacité comprises entre 500 et 3 000 personnes », souligne Muthoni Drummer Queen, musicienne, directrice de festival et patronne d'incubateur. « Au Kenya, on peut déjà voir quelques progrès dans ce domaine. Il y a eu un projet financé notamment par la France qui a permis de réhabiliter cinq salles, comme, par exemple, un ancien théâtre. Je pense que c'est la direction à prendre dans les années à venir. »Peu de salles moyennes et collecte des droits inefficace au KenyaStructurer l'industrie musicale, c'est aussi collecter les droits. Quand une musique est diffusée, l'artiste doit être payé. Mais les sociétés de gestion des droits d'auteur sont encore trop faibles, notamment au Kenya. « De par sa conception, le système est inefficace, déplore Muthoni Drummer Queen. Il y a trop de gens qui, soit volent l'argent des artistes, soit refusent de contribuer, comme les radios ou les chaînes de télévision. Elles utilisent la musique, mais ne paient pas pour ça. »Le Cameroun ignoré par les plates-formes de distributionAu Cameroun, depuis février dernier, les acteurs de l'industrie musicale, regroupés au sein du Conseil camerounais de la musique, tiennent des ateliers avec pour objectif de fournir à l'État une feuille de route dès juin prochain. « On va vers la naissance d'une industrie et ce sont ses bases que nous sommes en train de fixer », se félicite Paul Edouard Etoundi. Musicien et producteur, il espère que l'État prendra en compte les chantiers déclinés par les artistes, dont l'accès aux plates-formes de distribution.Paul Edouard Etoundi poursuit : « La plupart des plates-formes de distribution numériques ne reconnaissent pas notre pays. YouTube, par exemple, s'arrête aux frontières du Nigeria. Spotify ne connaît pas le Cameroun. Je sais qu'il y a des choses qui sont en train d'être mises sur pied. Mais en réalité, tout est à construire. »L'État devrait commencer par donner un statut à l'artiste, estime Didier Toko, président du Conseil camerounais de la musique. « Tant qu'on n'est pas considéré comme un secteur marchand, un secteur qui crée de la valeur, tant qu'on n'est pas identifié comme des professionnels, c'est déjà un problème. »Reste enfin la formation aux métiers artistiques. Ingénieur du son, ou de la lumière, producteurs et managers. Là encore, les initiatives émanent souvent du secteur privé, plus rarement des pouvoirs publics.
5/30/2024 • 2 minutes, 19 seconds
En Zambie, El Niño questionne le business des semences
Confrontée à l’une des pires sécheresses de son histoire, provoquée par le phénomène climatique El Niño, la Zambie vit une situation dramatique. Dans ce pays agricole, environ 80% des récoltes de maïs ont été décimées. Un maïs provenant pourtant de semences censées être adaptées au contexte africain. De notre envoyé spécial, Depuis une dizaine d’années, la Zambie est devenue un paradis pour les semenciers qui développent de nouvelles variétés de semences censées être adaptées au contexte africain. Mais dans son champ perdu au milieu d’une vaste plaine brûlée par le soleil, Pride Mappé, un agriculteur de la région de Kabwe, à 200 km au nord de Lusaka, qui cultive du maïs hybride, fait un tout autre constat. « Vous voyez celui-ci, à quoi il ressemble ? Il est tout abîmé, se désole l’agriculteur. À cause du manque de pluie, le maïs a été attaqué par des insectes. À cause de la sécheresse, on ne sait pas comment on va survivre cette année. »Ces semences hybrides sont payantes et Pride Mappé doit en racheter chaque année. En contrepartie, elles sont censées mieux résister à la sécheresse. Mais El Niño a prouvé le contraire. Une catastrophe pour ce père de trois enfants. Le maïs lui fournissait ses repas quotidiens et ses maigres revenus.« Il faut revenir à la base »Dans sa ferme écologique de Monze, au sud du pays, où il cultive des variétés locales, Gilbert Lahakis, ne comprend pas l’engouement pour les semences hybrides.« Avec le réchauffement climatique, il faut revenir à la base et se demander comment on peut survivre. Et la seule question à se poser, c’est : quelle est la quantité d’eau dont je dispose ? », explique-t-il pragmatique. « Vous pouvez fabriquer de nouvelles semences grâce à la technologie, mais si vous n’avez pas d’électricité pour pomper l’eau, alors vous n’avez qu’une promesse. Mais vous n’avez pas une vraie solution pratique, durable et accessible. »Retour dans la région de Kabwe, dans un champ de 70 hectares, où sont produites les semences hybrides de maïs de l’entreprise zambienne Synergy Seeds. Milopi Milopi, directeur du développement, cherche un épi comestible. « On peut estimer les pertes à 75 ou 80% de la production. C’est ça le résultat de la sécheresse », assure-t-il.Des pertes qui se répercuteront sur les producteursDes pertes considérables pour les fabricants de semences, qui vont se répercuter sur les petits agriculteurs. Nelson Chimboya travaille pour le fabricant zambien Afriseed. « Ce que les agriculteurs doivent comprendre, c’est que notre production de semences a été affectée de la même façon que leur récolte, constate-t-il. On va donc devoir augmenter le prix des semences de façon conséquente. Parce que si on ne fait pas ça, on va juste produire et vendre sans faire de bénéfices. »Après une année sans récoltes et sans revenus, les agriculteurs zambiens vont donc devoir acheter semences et engrais à des prix beaucoup plus élevés. Un business fructueux pour les entreprises, un gouffre pour des agriculteurs exsangues.
5/29/2024 • 2 minutes, 17 seconds
En Afrique du Sud, quelles orientations économiques après les élections?
Plus de 27 millions de votants sont appelés aux urnes ce mercredi 29 mai en Afrique du Sud. Ils doivent élire leurs parlementaires, qui choisiront ensuite le président du pays, ainsi que leurs représentants régionaux. Et parmi les sujets centraux de la campagne, se trouvait la question de l’économie, alors que le pays le plus développé du continent est aux prises avec des inégalités très importantes et un chômage endémique. De notre correspondante à Johannesburg,Avec une faible croissance de 0,6 % en 2023 et un taux de chômage de près de 33 %, la question de l’économie était au cœur de tous les meetings durant cette campagne. Cependant, peu de propositions concrètes ont été émises, selon Marisa Lourenço, une analyste indépendante. « La plupart des partis se focalisent sur le besoin de redynamiser l’économie, d’attirer des investissements dans le pays. Mais je n’ai pas vu de plan concret afin d'obtenir une relance. Beaucoup de partis promettent simplement de créer des emplois, souligne-t-elle. Il y a aussi ce sentiment général que l'Afrique du Sud connaît une période prolongée de faible croissance, et cela ne devrait pas changer tout de suite, pas avant au moins un ou deux ans. »Si l’ANC conserve le pouvoir, le parti devrait réserver très peu de surprises. « L’ANC est une organisation très prévisible. En temps de crise, le parti a maintenu ses politiques, tout comme en temps normal. Cette trajectoire devrait donc continuer. C’est une bonne chose dans le sens où les investisseurs peuvent être assurés d’une certaine continuité des politiques », estime l’économiste Jason Musyoka. « Mais d’un autre côté, il faut se poser sérieusement la question de savoir si ces politiques ont porté leurs fruits, particulièrement auprès des populations et en ce qui concerne la croissance », contrebalance-t-il.Des projections très différentesCependant, si l’ANC perd sa majorité absolue, il pourrait être contraint de former une coalition, amenant à la fois un meilleur contrôle des politiques, mais aussi plus de lenteur. Juste en dessous des 50%, il pourra négocier avec des petits partis. Mais si la chute est brutale, il faudra se tourner vers de plus grosses formations, selon Lara Wolfe de la branche recherche de Fitch Solutions (BMI). « Une coalition entre l’ANC et un ou plusieurs petits partis permettraient de voir une continuation des politiques, avec toujours des efforts pour attirer des investisseurs privés dans les secteurs en difficulté, comme l’énergie et les transports », décrit-elle comme étant le scénario principal.Dans le cas d’une coalition avec l'Alliance Démocratique, le parti économique libéral, dans ce cas, l’analyste estime que « l’on verrait sans doute une diminution des dépenses sociales, ainsi que des efforts de la part de la DA pour déréguler le marché du travail ». Enfin, toujours selon Lara Wolfe, une coalition avec les Combattants pour la Liberté Économique « pousserait à plus de dépenses sociales ainsi que de nouvelles dépenses pour soutenir les entreprises publiques sud-africaines défaillantes ». La commission électorale compte annoncer les résultats d’ici dimanche.
5/28/2024 • 2 minutes, 16 seconds
Étudiants étrangers en France: attention aux comptes séquestres frauduleux
Justifier de ses ressources est une des conditions pour les quelque 412 000 jeunes étrangers qui étudient en France, dont 100 000 nouveaux entrants tous les ans. Solution très prisée par les étudiants africains : l'attestation de virement irrévocable sur un compte séquestre en France, où les fonds versés seront débloqués mensualité par mensualité. Mais ils doivent être très vigilants sur l'identité des intermédiaires. Duplex Kamgan dirige la société Studely, qui a délivré l'an dernier une attestation de virement irrévocable à environ 6 000 étrangers étudiant en France. « Ça consiste tout simplement à pouvoir ouvrir un compte séquestre auprès de nos banques partenaires en France et pouvoir y accueillir les fonds préalablement déposés par les étudiants ou leurs familles, explique-t-il. Une fois ces étudiants en France, ces fonds-là sont débloqués à raison d’un douzième par mois pendant douze mois. »L’Allemagne a déjà fait le ménageStudely, 60 salariés dont 15 en France, est agréé en tant qu’agent de prestataire de services de paiement auprès de l'ACPR, l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution de la Banque de France. Ce qui n'est pas le cas d'une demi-douzaine de structures qui proposent ce service... en toute illégalité ! Attention, prévient Duplex Kamgan, ces concurrents déloyaux pourraient subir le même sort qu'en Allemagne. « En Allemagne, en mars 2021, le régulateur, la BAFIN, a décidé de sévir en interdisant ces structures, informe-t-il. Les étudiants se sont retrouvés sans fonds. Et nous, étant nouveau sur le marché allemand, on a payé le prix de cette mauvaise publicité, parce que les étudiants avaient peur. »Un courtier n’a pas le droit d’héberger les fondsPréjudice en Allemagne : deux millions d'euros. Les étudiants étrangers prennent de gros risques en s'adressant à un simple intermédiaire en opérations de banque (IOBSP), par exemple un courtier. « Le risque principal pour l'étudiant, c'est de voir son argent disparaître, souligne Marianne Maurin, avocate au Barreau de Paris spécialisée en réglementation financière. Dans la mesure où l'IOBSP n'a pas d'obligation de protéger les fonds, s’il décide de partir dans la nature avec l'argent de ses clients, il peut. »Il y a aussi le risque que cette entité, qui n'a pas le droit de proposer ses services, disparaisse. Si elle se voit fermée comme en Allemagne, l'argent ne sera pas rendu au client. « Donner son argent à une IOBSP, c'est comme donner son argent à son boulanger, résume Maître Maurin. Ce n'est pas leur métier et ils n'ont pas le droit de le faire. Donc il y a vraiment un risque de perdre toutes ces économies. Et c'est pour ça que c'est très important de passer par un acteur régulé. »Le régulateur français, l'ACPR, a été saisi du problème. Pour l'étudiant étranger, la meilleure façon de vérifier si la structure peut lui délivrer une attestation de virement irrévocable, c'est de taper son nom dans la barre de recherche du Regafi, le registre des agents financiers, à l'adresse www.regafi.fr.À écouter aussiÉtudiants étrangers : ce qui change ou pas avec la loi immigration
5/27/2024 • 2 minutes, 22 seconds
Écharpes en soie Skila: le pari du luxe à la tunisienne
À Mahdia, ville côtière située à environ 200 kilomètres de la capitale Tunis, a commencé l’aventure Skila, une marque tunisienne qui commercialise des écharpes de soie faites main. L’entreprise, pilotée par Hassine Labaied, le créateur de la marque, plaide pour une révolution du « made in Tunisia » et pour faire évoluer l'image de l'artisanat tunisien. De notre envoyée spéciale à Mahdia,Vendredi, jour de grande prière et de marché. C’est dans les ruelles de Mahdia qu’il aime tant que Hassine Labaied donne rendez-vous. « On est au cœur de Mahdia, pointe-t-il. Mahdia a toujours été connue comme la capitale de la soie, il y a tout un savoir-faire qui est venu de l’Orient, du Yémen, de l’Irak, de la Syrie. »Contrairement aux apparences, Hassine Labaied n’est pas guide touristique, mais entrepreneur, ancien banquier d’affaires et fondateur de la marque Skila. À Skila Lab et Skila Gallery, le visiteur se retrouve devant un métier à tisser. « Parfois, pour un petit peu taquiner les visiteurs, on leur dit : "Ça, ce n’est pas du fait main, non, c'est du fait main et fait pied" », plaisante-t-il.Trente mille écharpes sortent de ces ateliers chaque année. Une dizaine d’heures de travail et jusqu’à neuf kilomètres de soie sont nécessaires pour fabriquer une écharpe. « Les nuances, le nombre de couleurs est illimité », détaille encore Hassine Labaied. La quinzaine d’artisans qu’il emploie ne chôment pas.« Le modèle Macron »En 2018, en voyage officiel en Tunisie, le président français Emmanuel Macron s’affiche avec une écharpe de chez Skila. Une aubaine inattendue pour la marque tunisienne. « Il a fait pas mal de réunions en portant cette écharpe-là et tout le monde faisait des selfies. Cela nous a fait évidemment beaucoup de pub, se réjouit-il. L’anecdote, c'est que juste après, on était envahis par les touristes chinois qui venaient à la boutique et à l’entrée, ils disaient : "Il est où le modèle Macron ?" Et ils achetaient le même modèle en série. »Avec des clients à Dubaï, aux États-Unis ou encore au Japon, Skila veut montrer que le « made in Tunisia » peut se faire une place dans le monde du luxe. Cependant, s’imposer sur ce secteur n’est pas simple. « Cela prend du temps parce qu’on est perçu comme un pays de sous-traitance : textile, mécanique, industrielle… Où la valeur ajoutée malheureusement n’est que dans la main d'œuvre compétitive », témoigne le fondateur de Skila. Mais il ne désespère pas : « On est en train de percer petit à petit, ça prend du temps, on n’est pas pressés. »Aujourd’hui, 85% des écharpes fabriquées dans les ateliers de Skila sont vendues en Tunisie. Sept ans après son lancement et pour accélérer sa croissance à l’international, l’entreprise née à Mahdia travaille sur l’ouverture d’une toute première boutique à Paris.À lire aussiTunisie: une exposition qui célèbre l'histoire du textile traditionnel
5/26/2024 • 2 minutes, 15 seconds
Sommet États-Unis-Afrique: le futur très flou de l'Agoa [3/3]
Bientôt 25 années d’existence pour l’Agoa, le programme d’aide américain sur la croissance et les possibilités en Afrique. Et son futur reste encore flou. Il peut être reconduit ou prendre fin dans un peu plus d’un an après la présidentielle américaine. Le texte facilite le commerce entre le continent et les États-Unis, mais il est aussi décrié. Les interrogations autour du renouvellement de l'Agoa étaient très présentes lors du sommet économique annuel États-Unis-Afrique début mai à Dallas. C’était l’abcès qu’il fallait crever dès le début de la rencontre des dirigeants africains, des conseillers de la Maison Blanche, des officiels du gouvernement et des investisseurs : quel avenir pour l’Agoa ?C’était, même, le sujet de la première réunion plénière du sommet économique États-Unis-Afrique. « J’encourage nos partenaires du secteur privé et de la société civile à continuer de demander un vote, parce qu’ils sont la pierre angulaire du commerce entre les États-Unis et l’Afrique, explique Joy Basu, la numéro deux du bureau des affaires africaines au secrétariat d’État américain, même s'il y a un soutien du bipartisan du Congrès, vous voyez bien ce qui se passe là-bas, on ne peut être sûr de rien tant que ce n’est pas voté. »Reconduction probable...Mais l’administration Biden a bon espoir que le texte soit reconduit, pour au moins 10 ans, car le soutien vient des deux chambres et des deux partis américains. « Même si le programme n’est pas re-voté cette année, ce que nous espérons néanmoins, il est important que le Congrès continue de signaler qu’il ne compte pas abandonner le partenariat, poursuit Joy Basu, la plupart des industries ici sont à forte teneur en capital et elles ont besoin d’un environnement d’investissement prévisible. On le dit à nos partenaires africains, et les entreprises nous le disent aussi, on espère qu’on peut faciliter le renouvellement de l’Agoa. Cela dit, on voit ce moment de reconduction du programme comme une opportunité pour moderniser la législation. Que ce soit avec de la digitalisation, ou avec plus de facilités de commercer. Je pense que c’est une formidable opportunité. »À lire aussiExportations africaines aux États-Unis: «Aucun pays n'a été exclu à la légère» du programme américain AgoaLors d’une conférence de presse en présence de seize agences gouvernementale américaines, le message a été répété : c’est le secteur privé qui est le pilier des investissements et des relations commerciales, quel que soit l’avenir du programme de partenariat actuel.... même si Donald Trump est élu« Toutes les transactions que nous opérons, peu importe l’endroit ou le moment où elles sont faites, sont sécurisées par le fond de crédit des États-Unis. Et c’est de là que vient la stabilité. Et toutes les entreprises du secteur privé qui sont engagées avec nous, d’où qu’elles viennent, le comprennent bien, témoigne Reta Jo Lewis, présidente de Exim, la banque américaine d’import-export. On entend des deux côtés du Congrès que la sécurité économique repose sur la sécurité nationale et, inversement, que la sécurité nationale repose sur la sécurité économique. Nous avons été réautorisés en 2019, comme d’autres agences ici, avec un soutien des élus des deux partis. »Cette même année 2019, la DFC, l’agence de financement du développement, était formée. Le président des États-Unis était alors… Donald Trump. Preuve, selon les agences américaines, que même un changement de direction à la Maison Blanche ne changera pas le cap des relations avec l’Afrique.Depuis quelques années, il est aussi question de restreindre l’accès à l’Agoa à certains pays, dont l’Afrique du Sud, qui en est l'un des principaux bénéficiaires. Du point de vue des investisseurs publics ou privés, qu’elle que soit la décision, ce n’est pas le gouvernement qui est financé, mais les entreprises et les populations, donc la relation commerciale perdurera.À lire aussiAu sommet États-Unis-Afrique de Dallas, le défi de l'accès à l'énergie [1/3]À lire aussiSommet États-Unis-Afrique: investir dans le numérique comme levier de développement [2/3]
5/21/2024 • 2 minutes, 20 seconds
Sommet États-Unis-Afrique: investir dans le numérique comme levier de développement
En février dernier, des dirigeants africains signaient le protocole numérique de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), pour faciliter l’économie digitale sur le continent, et soutenir la majorité de la population, c'est-à-dire les moins de 25 ans. L’accélération de l’installation d’infrastructures numériques et l’appropriation des technologies était au cœur du sommet économique États-Unis-Afrique qui s’est tenu du 6 au 9 mai à Dallas. De notre correspondant au Texas,L’Afrique est le premier continent du monde en termes de monnaie numérique sur téléphone. Mais peut-on faire mieux ? Lors du sommet économique États-Unis-Afrique, les chefs d'État et de gouvernements présents voulaient en tout cas prouver aux investisseurs américains que c’était possible.Un exemple, celui du Botswana qui a décidé de se lancer à fond dans cette révolution numérique. Le pays a alloué, rien que cette année, 818 millions de dollars pour la numérisation et l’accès au haut débit. « On s’est engagé à ce que nos 500 villages soient tous connectés avec un internet de haut débit gratuit, pour permettre l’inclusion et des opportunités, en particulier pour les jeunes et les femmes. Mais plus que tout, on a fait le choix d’innover en permanence », a expliqué le président Botswanais, Mokgweetsi Masisi.Développer le partenariat public-privéOn parle de tablettes dans les écoles, de promotion des sciences, de technologies, d’ingénieries, de mathématiques, d’IA, de centre d’incubations, de start-up, de financement participatif local… Mais pour développer l’accès aux technologies, une volonté politique ne suffit pas, il faut aussi un partenariat public et privé.Mais à ce stade, une autre question apparaît pour chaque pays : faut-il démocratiser l’accès aux technologies ou créer de nouvelles technologies qui profiteraient au plus grand nombre ?Kazeem Oladepo dirige les opérations de IHS Nigeria qui déploie la fibre optique. « Quand on parle d’IA, quand on parle codage, la technologie est une source d’efficacité. Mais la technologie évolue très rapidement, met-il en avant. Malheureusement, les populations que vous essayez d’aider sont les populations qui restent sur le carreau parce que la vitesse des technologies dépasse la vitesse à laquelle elles peuvent y avoir accès. Donc, vous vous demandez que prioriser : l’accès à la technologie ou la technologie elle-même en tant qu’outil de développement ? »À lire aussiAu sommet États-Unis-Afrique de Dallas, le défi de l'accès à l'énergie« Il faut prendre des risques »Quel que soit le choix, selon l’agence américaine pour le commerce et de développement, l’USTDA, qui privilégie les projets qui permettent d’exporter des produits ou services américains, il faut prendre des risques, tenter des choses, pour améliorer l’infrastructure, généraliser le haut débit et faciliter le commerce. « Il faut prendre des risques, plaide Enoh Ebong, directrice de l’USTDA. Par exemple, nous soutenons une entreprise panafricaine située à l’île Maurice. Elle projette de joindre les câbles océaniques qui rejoignent les continents, l’épine dorsale d’internet, avec une liaison robuste en fibre optique entre l’océan Indien à l’océan Atlantique. Dans le même temps, on cherche à voir comment on pourrait décupler la connectivité en s’appuyant sur cette nouvelle infrastructure. » Ce projet de fibre optique permettrait à d’autres pays d’en profiter, car le câblage traverserait la RDC, la Tanzanie, l’Ouganda, et la Zambie.
5/20/2024 • 2 minutes, 26 seconds
Au sommet États-Unis-Afrique de Dallas, le défi de l'accès à l'énergie
En Afrique, 600 millions de personnes sont encore sans électricité, la plupart dans des communautés isolées. Faute de connexion possible au réseau central, le secteur peut être une mine d’or pour les investisseurs, grâce au boom de l’installation de générateurs électrique. Une thématique qui a reçu un fort écho lors du sommet économique États-Unis-Afrique qui s’est tenu du 6 au 9 mai à Dallas. De notre correspondant au Texas,D’ici à 2030, le gouvernement américain, mais aussi la Banque mondiale, veulent avoir doublé l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne. Les agences de commerce et de développement américaines en ont aussi fait une priorité, car selon Nisha Biswal, numéro deux de l’agence américaine de financement du développement (DFC), l’énergie est le socle de la prospérité de l’Afrique.« Vous avez besoin d’énergie fiable pour alimenter l’industrie pétrolière, si vous voulez agrandir vos extractions minières, vous avez besoin de courant, si vous voulez créer une économie numérique, des data center, vous avez besoin de courant. Donc l’électricité est l’élément de base, expose Nisha Biswal. On fournit des infrastructures énergétiques sur tout le continent, renouvelable, éolien, solaire, connecté ou non au réseau électrique. »La DFC a ainsi débloqué 412 millions de dollars de prêt et assurance de risque pour la distribution d’énergie verte et pour la construction d’une centrale électrique à Freetown qui va générer 75% de l’énergie de Sierra Leone.Décentralisé l’électrificationMais pour accéder aux communautés isolées, il ne faut pas forcément envisager une connexion au réseau électrique du pays,mais imaginer d’autres modèles. « Un de nos défis, c'est de trouver le moyen de répondre au challenge du dernier kilomètre, en utilisant les clients de ces communautés qui peuvent payer pour l’électricité pour nous permettre d’accéder à ceux qui ne peuvent pas payer pour y avoir accès », explique Richard Nelson, de l’agence Power Africa. Ce dernier coordonne les agences américaines et les secteurs publics et privés pour fournir de l’électricité à 300 millions de personnes d’ici à 2030.Ainsi les projets récents de l’agence américaine pour le commerce et de développement, l’USTDA, sont focalisés sur ces derniers kilomètres avec la création, par exemple, de mini-réseau électrique solaire indépendant du réseau électrique au nord du Nigeria ou l’aide à la création de batteries solaires en Zambie. « On se concentre sur les projets non connectés au réseau électrique, parce que c’est le moyen le plus efficace d’accéder aux communautés isolées, précise Enoh Ebong, la directrice de l’USTDA. Ces projets hors réseaux ne seront pas des gros projets d’un coup. Je pense que cela fait du sens de soutenir à la fois les mégaprojets financés à grande échelle, mais ils n’accéderont jamais à ces communautés en même temps. Donc, il faut faire les deux. »Désormais, la production d’énergie décentralisée, c'est-à-dire non connectée au réseau, est essentielle pour combler le fossé en matière d’accès à l’énergie.
5/19/2024 • 2 minutes, 20 seconds
À Lubumbashi, la monnaie électronique toujours plus plébiscitée
En République démocratique du Congo, la monnaie électronique gagne du terrain et les transactions sont de plus en plus dématérialisées. Dans son rapport du dernier trimestre 2023 publié au mois de mars, l’Observatoire du marché de la téléphonie mobile indique que 21 millions de personnes utilisent ce moyen de paiement dans le pays. La valeur des transactions a atteint les 20 milliards de dollars l’année dernière. Sur le boulevard Laurent Kabila, une dizaine des personnes habillées aux couleurs d’une entreprise de télécommunication sont assises chacune derrière une petite table. Quelques billets en main, elles proposent des services de monnaie numérique. « On m’envoie de l’argent, je viens effectuer le retrait auprès d’un agent, ensuite je peux faire mes achats. C’est plus facile », explique Céline, une commerçante.Les jeunes sont surtout ceux qui utilisent le système dématérialisé. Mike Kawel, employé dans une entreprise, n’utilise quasiment plus d’argent liquide. « La venue de la monnaie électronique, c’est une révolution, assure-t-il. Je l’utilise pour recevoir mon salaire, deuxièmement pour faire des achats en ligne, aussi envoyer de l’argent à mes proches. Je ne dépense plus de l’argent comme avant. »Flexibilité des retraitsEn RDC, les infrastructures bancaires sont insuffisantes et là où les banques sont opérationnelles, certains clients redoutent la lourdeur des procédures. « Avec la monnaie électronique, que ce soit le week-end, que ce soit le dimanche, on te fait un transfert d’argent, tu peux aller le retirer à un coin de la rue, raconte Rita Mukobo. Avec la banque, c’est moins flexible, elle est ouverte de telle heure à telle heure. On a aussi des problèmes de connexion. »À Lubumbashi, des dizaines de petits établissements et des centaines de particuliers offrent ces services. Les principaux établissements créés par les maisons de télécommunication leur reversent une commission qui va jusqu’à 2,8% sur les transactions, explique Sylvestre Ilunga, agent distributeur : « Le gain dépend du capital que l’on peut disposer. Plus vous êtes fréquenté, plus vous gagnez. Mais nous constatons que la commission est plus importante sur un transfert de petits montants que lorsqu’il s’agit d’une grosse somme. »Prisé par les jeunesCette révolution numérique touche toutes les couches de la population de Lubumbashi car elle offre beaucoup plus de facilités dans les transactions. « La plupart des jeunes, très vite, ils sont à l’université et ils ont des frais à payer et des besoins à combler, c’est plus facile pour eux de le faire par monnaie mobile, estime Michel Mbengya, licencié en économie. Nous sommes dans une région où dans plusieurs foyers, les hommes sont obligés d’aller travailler un peu plus loin et pour envoyer de l'argent, on utilise ce moyen de payement. Et cette monnaie a fait ses preuves dans le commerce en termes de mobilité et de souplesse. »Aujourd’hui, certaines banques adaptent également leurs services en proposant par exemple le porte-monnaie électronique.
5/17/2024 • 2 minutes, 15 seconds
Les ambitions de l’Agence publique de développement revues à la baisse
Dans un cadre budgétaire restreint, la France a annoncé en février dernier devoir faire 10 milliards d’économie. 800 millions se feront sur les budgets de l’Aide publique au développement. Ce qui ramène l’APD à 0,5% du revenu national brut de l’État. « Bras armé » de la politique d’aide de la France : l’Agence française de développement a rendu publics ses résultats annuels mi-mai. Et la question des restrictions budgétaires ont pris une place importante dans les discussions. Agence française de développement
5/15/2024 • 2 minutes, 21 seconds
Maroc: des financements français au Sahara occidental pour renouer les liens
Le Maroc et la France ont relancé leur partenariat bilatéral au cours des dernières semaines. Après deux ans de crise, les deux pays ont choisi l’économie pour renouer les liens. Au cœur du contentieux entre les Paris et Rabat, la question du Sahara occidental, un territoire revendiqué par le Maroc, mais aussi par des indépendantistes soutenus par l’Algérie. Le Royaume chérifien reprochait notamment à Paris son manque de solidarité avec ce qu’il appelle « son intégrité territoriale ». Alors la France, en signe de bonne volonté, a autorisé ses investisseurs publics à financer des projets sur ce territoire. De notre correspondant à Rabat, L’annonce est intervenue quelques semaines avant la grande réconciliation. La Banque publique d’investissement, la BPI, et Proparco, une filiale de l’Agence française de développement, ont été autorisées par le gouvernement français à financer des projets dans les trois régions qui composent le Sahara occidental, contrôlé par le Maroc.Depuis, plusieurs ministres sont venus confirmer cette volonté française de faire un pas vers Rabat. « Le choix qui a été fait est très clair, a souligné le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, en visite à la fin du mois de mars. C’est de participer au financement d'une ligne de transport d’énergie décarbonée entre Dakhla et Casablanca. Donc j’ai fait part, comme l’avait fait notre ministre du Commerce extérieur Franck Riester, de notre disponibilité à participer au financement de cette ligne. »Usine de dessalement à Dakhla, ligne à haute tensionPlusieurs entreprises françaises sont déjà impliquées dans des projets au Sahara occidental. Le géant de l’énergie Engie construit actuellement en partenariat avec le marocain Nareva une usine de dessalement à Dakhla. Une présence française qui pourrait s’amplifier suite à ces annonces. « C’est une avancée essentielle que je salue ici devant le ministre Bruno Le Maire, a commenté le président du Mouvement des entreprises de France (Medef), Patrick Martin, présent aux côtés de Bruno Le Maire à Rabat. Je suis ici pour affirmer et vous confirmer que le secteur privé français sera au rendez-vous et prendra, pour autant qu’on la lui laisse, toute sa part dans ces projets. »Pas seulement des investissements tricoloresLes entreprises françaises ne sont pas les seules potentielles bénéficiaires de ces financements BPI et Proparco. Cet argent pourra aussi être utilisé dans des projets non français. « C’est une bonne nouvelle pour les entreprises françaises. C’est un levier complémentaire pour les entreprises françaises qui voudraient s’implanter dans les provinces du sud marocain, précise Jean-Charles Damblin, président de la Chambre française de Commerce et d’Industrie au Maroc. Mais c’est une bonne nouvelle de façon générale pour l’investissement tout court. On parle de financement et non d’investissement. Le financement va supporter l’investissement, mais l’investissement pourra être européen, non européen, mais aussi marocain. »Quant aux projets marocains sur lesquels la France s’est positionnée, comme la ligne haute tension Dahkla Casablanca, le Maroc n’a pas encore officiellement choisi ses futurs partenaires.
5/14/2024 • 2 minutes, 13 seconds
Zambie: la sécheresse et les délestages menacent la production de cuivre
La Zambie peine à doper sa production de cuivre, un des métaux dits critiques pour la transition énergétique et source de 75% des devises du pays. Après des problèmes de gouvernance à la tête des mines, la sécheresse est la nouvelle menace, car elle crée de grave pénuries d'électricité, indispensable à l'exploitation des gisements. Deuxième producteur de cuivre en Afrique, la Zambie a vu sa production chuter sous les 700 000 tonnes l'an dernier. Un déclin avant tout lié aux restructurations des dernières années. « Il y a eu la liquidation en 2019 de la mine de Konkola qui a eu un impact négatif sur la production de cuivre en Zambie, explique Alex Caramento, spécialiste des mines zambiennes au Social Science and Humanity Research Council. Puis la renationalisation de la mine de Mopani, qui était entre les mains de Glencore, et qui avait un besoin urgent de nouveaux capitaux. »Un groupe émirien est depuis venu au secours du gisement Mopani. Mais désormais, c'est la sécheresse prolongée qui menace la production de cuivre zambienne. Le principal barrage, Kariba, n'a pas été rempli pendant la saison des pluies. Or, 80% du courant dans le pays est d'origine hydroélectrique.Impact immédiat sur les finances et à venir sur les volumesPour l'instant, l'impact de ces délestages sur les mines de cuivre zambiennes est avant tout financier. « Le manque d'énergie suffisante pour les mines crée beaucoup de pression sur les finances des mines, sur la capacité financière des compagnies minières à produire leur propre source de courant, observe Claude Kabemba, directeur général de l'Observatoire des ressources naturelles de l'Afrique australe. Je pense qu'ils ont encore la capacité financière de faire travailler les générateurs pour leurs mines. »L'impact sur la production de cuivre n'est donc pas immédiat, mais il pourrait selon cet expert se faire sentir à partir de juin, puisqu’on entrera dans la saison sèche. « Les compagnies minières pourront avoir beaucoup de difficultés à produire assez de minerais », juge-t-il.À moyen et long terme, les mines auront intérêt à développer la production d'énergie solaire sur les gisements. Mais la Zambie devra également créer de nouvelles sources d'énergie pour compenser la baisse de rendement des barrages – elle doit déjà acheter plus de courant au Mozambique.Qui paiera les nouvelles sources de courant ?Mais qui paiera pour ces dépenses, alors que les Zambiens subissent déjà des délestages huit heures par jour ? C’est tout l’enjeu. « Si vous augmentez le tarif de l'électricité pour les citadins, souligne Alex Caramento, vous mécontentez beaucoup de gens. Et si vous vous tournez vers les mines, les mines vont vous dire : "bon, nous, on a déjà moins de courant disponible, et on va devoir le payer plus cher ?" C'est ça, le plus grand problème pour la Zambie : comment financer les nouveaux projets de production d'énergie et d'électricité. »Le débat risque de ne pas être tranché par les autorités de Lusaka d'ici au scrutin présidentiel, dans deux ans. L'objectif de produire 3 millions de tonnes de cuivre en 2030 semble dans ce contexte difficile à atteindre.
5/13/2024 • 2 minutes, 21 seconds
La Banque européenne d'investissement veut soutenir le cacao durable
Sur le terrain, l’Union européenne, à travers sa Banque d’investissement (BEI), veut contribuer au développement d’une agriculture durable. En Côte d’Ivoire, elle a accordé un prêt de 25 millions d’euros en septembre dernier au groupe financier Cofina – un organisme panafricain qui accorde des crédits dans le secteur agricole notamment et aux PME – pour aider notamment la filière cacao à se mettre dans les clous de la nouvelle loi communautaire. De notre envoyée spéciale à San Pedro,La nouvelle loi européenne va imposer des importations « zéro déforestation » et englober également des exigences sociales (le respect des travailleurs, la mise en avant des femmes, le non-travail des enfants, etc.). Brahima Niampa est à la tête de la coopérative Ecopas. Nous marchons au milieu des cacaoyers de l’un des producteurs avec qui il travaille. Il a obtenu un prêt de 200 millions de francs CFA de Cofina. « C’est pour acheter plus de cacao parce que par moments, si vous n’avez pas de liquidités, le cacao peut partir en dehors de la coopérative, explique Brahima Niampa. Donc, avec l’aide du financement de Cofina, nous avons pu récolter plus de 90% de la production de nos producteurs et cela nous a permis de dégager une plus-value que nous avons réinvestie au niveau de la population. »Une partie de cette plus-value, assure ce responsable de coopérative, va aux communautés « en leur créant des facilités de prêts, en constituant des écoles, en octroyant des kits scolaires, en mettant les femmes en associations pour leur permettre d’être financièrement stables ». Autre objectif, encourager également l’agroforesterie. Une prime est reversée en fonction des arbres plantés dans la cacaoyère, assure-t-il par ailleurs.Développement durable et impacts sociaux30% des prêts accordés doivent soutenir l’entrepreneuriat féminin et au moins 30 autres être consacrés à des financements verts, détaille le vice-président de la Banque européenne d’investissement, qui est venu visiter la plantation. « Nous ne sommes pas une institution de réseau, mais en revanche, on est très intéressé à ce que nos projets financent bien des bénéficiaires finaux des coopératives agricoles dans ce cas-là, qui répondent aux caractéristiques de nos prêts en matière de développement durable, détaille Ambroise Fayolle. Ce que je trouve remarquable, c’est qu’en général, cela prend beaucoup de temps et là, on a à peine signé il y a six mois que déjà, les cacaoculteurs bénéficient des revenus. »La BEI a accordé un crédit à faible taux au groupe financier Cofina, qui dispense lui-même des facilités aux coopératives qui affichent leur volonté à travailler de façon durable. La Banque européenne d'investissement apporte également de l’assistance technique à ce groupe. « Pour nous, c’est surtout mesurer l’impact environnemental et social », précise Serge Massamba Ndombele, directeur stratégie de Cofina.Il s’agit pour lui de s’assurer de « l’impact sur les populations des prêts qui arrivent au nom de la BEI comme partenaire. Donc c’est ça, on veut vraiment avoir une assistance technique pour mesurer l’impact en termes de baisse de la pauvreté de la population et en termes d’éducation. C’est important d’accompagner les planteurs en termes de prêts scolaires, etc. » Vingt-deux coopératives de cacao ont déjà bénéficié des prêts de la Cofina, pour un montant de plus de 2 millions d’euros.
5/12/2024 • 3 minutes
En Tunisie, un lycéen se lance dans la fabrication de baskets
Dans une Tunisie en proie à la crise économique, un lycéen de 18 ans est parvenu à créer sa propre fabrique de baskets, dans la médina de Tunis. Le fonctionnement de son entreprise est encore artisanal, mais Mouheb Weslati a des rêves plein la tête. De notre correspondante à Tunis,Un rouleau de tissu sous la main, Mouheb Weslati a des airs de grand adolescent. « C’est ici que je m’approvisionne, explique-t-il en s’enfonçant dans le dédale de la médina. Je viens ici tous les matins dès 7 heures. Je regarde les commandes que j’ai reçues sur Messenger et en fonction de cela, je fais mes achats. Puis je vais en cours. »Entrepreneur et lycéen à la fois, Mouheb était prédestiné à se lancer dans les affaires. « Je suis dans ce quartier depuis que je suis tout petit, raconte-t-il. Mon père avait un atelier de chaussures qu’il a dû fermer. Comme j’ai appris le métier, j’ai eu envie de me lancer. J’ai travaillé l’été, j’ai mis de l’argent de côté, et voilà… »Créer la plus grande marque de baskets de TunisieL’atelier est situé dans une ancienne auberge qui tombe en ruines. Mais la fabrique n’en a pas moins sorti, selon Mouheb, 2 400 paires de chaussures pendant le ramadan. Un mois à l’issue duquel les Tunisiens ont l’habitude de s’acheter une tenue neuve pour l’Aïd.Vendues aux alentours de 40 dinars, soit environ 12 euros, les baskets de Mouheb lui permettent de faire vivre six personnes. Et il a de grandes ambitions. « Plusieurs de mes amis du quartier ont quitté la Tunisie pour l’Europe, observe-t-il. Moi, ça ne m’intéresse pas. Quitter mon chez moi pour me trouver sous un pont, ça n’a pas de sens. J’ai un rêve et je vais tout faire pour le réaliser. Je veux lancer la plus grande marque de baskets en Tunisie. »À écouter aussiTunisie: comment rendre l'artisanat plus profitable pour les femmes« L'histoire m'a poussé à le soutenir »Ce talent allié à un culot tout en douceur n’est pas passé inaperçu dans les ruelles de la médina. Lotfi Hamadi est à la tête d’une maison d’hôtes de luxe et il vient de passer une première commande d’une dizaine de paires, pour les employés de son établissement.« L’idée de soutenir un jeune artisan-entrepreneur de la médina me plaît, explique-t-il. Moi qui viens tous les jours à la médina et qui passe devant toutes ces boutiques de baskets, je ne savais pas qu’il y en avait un qui en produisait sur place. Je pensais que tout venait de Chine. Quand j’ai découvert, par hasard, qu’il y avait un atelier et que derrière, il y avait un gamin… Au-delà du produit, l’histoire m’a poussé à le soutenir absolument. »Avec les bénéfices des premières commandes, Mouheb a prévu de mettre aux normes son petit atelier de la médina. Il cherche toujours un nom à sa marque.À écouter aussiTunisie: les artisans bijoutiers qui travaillent le corail menacés de disparition
5/9/2024 • 2 minutes, 20 seconds
Agriculture: la Mauritanie s’engage sur la voie du blé
Selon le ministère de l'Agriculture mauritanien, la première expérience à grande échelle a porté ses fruits en mars dernier dans la commune de Rosso, dans la région du Trarza. Cet essai est le fruit d’un partenariat entre le secteur public et deux sociétés privées agricoles. Une excellente nouvelle pour ce pays qui importe la quasi-totalité de son blé. L’essai à grande échelle consistait à cultiver deux variétés de blé sur 200 hectares de sols sablonneux dans la commune de Rosso. Selon le ministère de l'Agriculture, entre 4 et 5 tonnes de blé par hectares ont été obtenues.Un résultat prometteur et encourageant pour ce pays importateur, selon Isselmou Ould Sid El Moktar, délégué régional du ministère de l’Agriculture dans le Trarza. Il souligne que cette nouvelle expérience prouve une fois de plus que la culture de blé est rentable, et précise qu’avec l’accompagnement soutenu des pouvoirs publics et l’investissement du secteur privé, la Mauritanie pourrait couvrir ses besoins en blé comme c’est presque le cas aujourd’hui avec le riz.« Les exigences en terre et en eau sont favorables, estime-t-il. Le blé, c’est moins contraignant que la culture de riz, moins coûteux en termes d'eau, c'est nouveau, il n'y a pas beaucoup de maladies... L’État a fourni un appui aux investisseurs. La stratégie de l’État à l’époque privilégiait le riz, je pense que maintenant, il s’engage pour cette culture et je pense qu'il va continuer ou augmenter l’appui. Car on a besoin de ces céréales. »Un investissement nécessaireLe délégué régional précise que pour mener à bien cette expérience, l’État mauritanien a multiplié les aides : à travers la fourniture d’engrais, le désenclavement de la zone, la protection des cultures ou encore l’électrification des zones de production. « Un investissement nécessaire et stratégique pour l’approvisionnement du pays », selon Isselmou Ould Mohamed Taleb, économiste et statisticien qui rappelle le contexte international, notamment depuis l’expiration en juillet dernier de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes. Selon la dernière note trimestrielle de 2023, la Mauritanie y importait 1/5e de son blé.Le défi de la rentabilitéL’économiste Isselmou Ould Mohamed Taleb précise aussi que cette nouvelle culture est un pari : « Le blé est certes une denrée stratégique pour la Mauritanie, explique-t-il, on prend moins de risques avec les évènements internationaux. Mais le riz était pendant de nombreuses années en Mauritanie subventionné, les intrants aussi. Est-ce que cultiver du blé va être aussi rentable que cultiver du riz ? Le prix du blé est nettement plus bas que le prix du riz sur les marchés et il y a aussi la concurrence du blé extérieur. »Il espère par ailleurs que cette volonté de cultiver du blé perdura malgré les défis : « Il faudra beaucoup de temps pour d’abord avoir une main-d’œuvre qualifiée. Il y a aussi ceux qui sont propriétaires fonciers, qui n’ont pas les moyens de mettre en valeur et en plus, il faudra s’assurer que le marché sera un marché avec un pouvoir d’achat suffisant. Mais ça pourrait marcher. »Selon les données de la FAO, la Mauritanie a importé plus de 75 000 tonnes de blé d’une valeur de 322 millions de dollars sur le marché international en 2022.
5/8/2024 • 2 minutes, 12 seconds
Maroc: déployer le numérique dans l’agriculture via un réseau de fermes digitales
Au Maroc, se tenait récemment le Salon international de l’agriculture de Meknès. Le secteur agricole est central pour l'économie du Royaume. Il représente un peu plus de 13% du PIB et fait l’objet d’une attention accrue de l’État. Pour entretenir le domaine agricole et l’améliorer, les solutions numériques sont encouragées et encadrées par un pôle digital, créé par le ministère de l’Agriculture. De notre envoyée spéciale à Meknès, Nadia Ben MahfoudhLe nouveau pôle digital rassemble des acteurs du privé et du public, autour d’un même objectif : intégrer le digital à l’agriculture. « Autour de la table, nous avons les établissements de recherche et de formation, les établissements "métiers" du ministère, le Conseil agricole, la sécurité alimentaire, les zones oasiennes, l'arganier, l'assurance et le foncier », détaille la directrice de ce pôle, Loubna El Mansouri.Tous ces acteurs travaillent sur un premier projet commun, celui des réseaux de fermes digitales du Maroc, lancé il y a quelques jours (en avril 2024) lors du Salon International de l’Agriculture du Maroc de Meknès. L’objectif est de changer la pratique agricole grâce au digital. « Nous croyons beaucoup à ce mécanisme qui va servir à vulgariser la digitalisation et la faire sortir des laboratoires, des start-ups, et la mettre à disposition dans l'actif de l'agriculteur, souligne Loubna El Mansouri. Nous voulons être ensemble, depuis l'idée qui normalement doit venir de l'agriculteur jusqu'à la consommation de la technologie. »Khalid Hanafi fait partie des agriculteurs qui ont déjà contribué à cette démarche avec une idée innovante. Il est ingénieur en télécommunication et producteur de pommes et de poires depuis 2013.Un logiciel pour mieux conserver les fruitsTout est parti du constat de l'impossibilité de conserver l’ensemble de sa récolte en bon état. « 80% des frigos sont des frigos qui ne contrôlent que la température et l'humidité, explique-t-il. Alors qu’il y a un troisième paramètre très important : l'éthylène. Lorsqu'on fait la cueillette de la pomme et de la poire, elles produisent de l'éthylène. Si ce gaz est toujours confiné, il accélère le processus de maturation et il détériore le produit stocké. » Khalid Hanafi a donc cherché une solution pour préserver sa récolte stockée. Il a développé un logiciel relié à de simples détecteurs d’humidité, de température et surtout d’éthylène à installer dans les réfrigérateurs. « On a développé une solution qui va mesurer la concentration de l'éthylène à l'intérieur de la chambre froide. Une fois qu'on détecte qu'il dépasse un seuil, le système va nettoyer cet éthylène sans ouvrir les portes, sans que la chambre froide soit en contact avec l’extérieur », explique-t-il.Le tout coûte 20 000 dirhams, soit environ 2 000 euros et permet d’éviter les 15% de pertes que génère un réfrigérateur non équipé. L’agriculteur est prêt à commercialiser cette solution digitale. Il est en discussion avec le ministère de l’Agriculture pour mettre en place des subventions qui permettront d’encourager les agriculteurs et les frigoristes à intégrer ce système dans leur activité.
5/7/2024 • 2 minutes, 21 seconds
Au Kenya, des initiatives pour lutter contre la pollution textile [2/2]
Au Kenya, le commerce de la fripe tient un rôle économique de taille. Mais le secteur est très critiqué pour son impact environnemental et sanitaire. D’après l’organisation des Nations unies pour l’environnement, l’industrie du textile est responsable d’entre 2 à 8% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde chaque année. Face à ce constat, Africa Collect Textile tente de donner une seconde vie aux vêtements usagées. C’est dans une petite maison en bordure de Nairobi qu’Africa Collect Textile a élu domicile. Au rez-de-chaussée, des vêtements attendent d’être triés. À l’étage, des couturières s’activent. « Dans cette salle, il y a le tressage et de la couture. Dans ce coin, c’est la fabrication des sacs à dos. Nous récupérons des pantalons cargo, nous les découpons, ajoutons une doublure et vous voyez, ça donne un sac. On ne dirait pas que c’était un pantalon à l’origine, n’est-ce pas ?! », décrit Whitney Speke, responsable de la communication d’Africa Collect Textile.Africa Collect Textile récupère des fripes de deux façons : grâce à des dons faits dans la trentaine de bennes à vêtements placées à Nairobi. Ou en achetant les invendus du marché de la seconde main. Les habits en bon état sont donnés, le reste transformé en vestes, sacs à dos ou tapis. Puis vendus au Kenya ou en Europe. « La plupart des personnes ne savaient pas où donner ou jeter leurs vêtements usagés, ils ne trouvaient pas de structures adaptées pour les récupérer, constate Whitney Speke, donc ces habits sont mis à la poubelle et finissent dans des décharges à ciel ouvert ou même dans la rivière de Nairobi. Africa Collect textile a constaté ces lacunes et a voulu mettre en place une structure pour encourager le recyclage de ces vêtements. »Un meilleur tri avant l’exportationDans un rapport publié l’année dernière, la fondation Changing Markets a dénoncé qu’un tiers des vêtements importés au Kenya contenait du plastique et était de si mauvaise qualité que ces habits étaient directement jetés ou brulés. Polluant ainsi l’environnement et entrainant des conséquences sanitaires pour les populations. « Il est temps de se poser une question : où finissent ces vêtements ? est-ce que les pays qui importent ont les capacités de gérer les habits en fin de vie ? Et puis, il y a aussi un problème avec la fast fashion, il y a une surproduction des vêtements, déclare Betterman Musasia à la tête de Clean Up Kenya, une association qui milite pour une meilleure gestion des déchets, il faut améliorer notre façon de consommer. Prenons les européens par exemple. Plus ils achètent et donnent leurs vêtements usagés, plus ces fripes finissent par avoir des conséquences sur une autre partie du monde. » Betterman Musasia salue les initiatives comme Africa Collect Textile. Mais il aimerait surtout voir, entre autres, un meilleur tri fait avant l’exportation et la mise en place de systèmes efficaces de gestion des vêtements en fin de vie.
5/6/2024 • 2 minutes, 15 seconds
Au Kenya, l'importante manne économique des vêtements d'occasion [1/2]
Les vêtements de seconde main représentent un important poids économique au Kenya. Mais des voix s’élèvent pour critiquer la pollution que ces fripes importées entrainent. La France, la Suède et le Danemark ont lancé un appel à l’Union européenne pour interdire les exportations de déchets textiles vers les pays qui ne sont pas en capacité de les gérer durablement. Au Kenya, la proposition inquiète les acteurs de ce secteur. Les vendeurs interpellent chaque passant. Pour vendre jeans, chaussures ou sacs... le marché de Toi à Nairobi est un haut lieu de la seconde main. Sidney a 23 ans, il y vend des robes depuis sa sortie du lycée : « Les mauvais jours, je fais entre 7 et 15 euros. Les bonnes journées, ça peut me rapporter jusqu’à plus de 35 euros. Ça paie mes factures. Ce secteur permet de créer de l’emploi, un jeune qui sort de l’université, qui ne trouve pas de travail, peut acheter des vêtements et venir les vendre ici. »180 000 tonnes par anUne partie des vêtements importés provient de dons, faits aux États-Unis ou en Europe. Les vendeurs de Toi Market, comme Sidney, les achètent à de plus gros importateurs. « Nous avons là des pantalons en coton pour hommes, des combinaisons, des jeans slims. Le Kenya importe environ 180 000 tonnes de vêtements usagés chaque année, explique Teresia Wairimu Njenga, la présidente du principal consortium de vendeurs, partout dans le pays, on trouve de la seconde main, que ce soit dans les grandes villes, les villes moyennes ou les villages. »Plusieurs chercheurs estiment que la seconde main fournit les trois quarts des besoins en habillement des classes populaires kényanes. Lors de la dernière campagne présidentielle en 2022, le candidat vaincu, Raila Odinga avait annoncé vouloir prioriser les vêtements fabriqués localement. Pour redynamiser le secteur du textile, en difficulté au Kenya.Vers une restriction des importations ?La proposition avait fait débat. Le marché de l’occasion mettant en avant son poids économique. Un argument de nouveau avancé aujourd’hui face à ceux qui plaident pour plus de restrictions des exportations de vêtements usagés vers des pays comme le Kenya. Teresia Wairimu Njenga revient justement de Bruxelles où elle a défendu la cause du secteur : « Le milieu de la seconde main fait vivre deux millions de personnes entre ceux qui importent, les intermédiaires, les vendeurs... Sans compter que toute une tranche de la population kényane n’a pas les moyens d’acheter du neuf et dépend de la seconde main pour s’habiller. Restreindre les exportations de fripes vers l’Afrique, ce serait ouvrir la voie à des vêtements pas cher produit en Asie. »Les défenseurs de l’environnement estiment qu’une partie des fripes importées sont de mauvaise qualité ou abimés. Faute de gestion des déchets adaptée, ces vêtements finissent dans la nature, dans des décharges à ciel ouvert ou sur les berges de la rivière de Nairobi, polluant ainsi l’environnement.
5/5/2024 • 2 minutes, 17 seconds
Au Tchad, l'inquiétante flambée des prix de la gomme arabique
La crise soudanaise se répercute sur le marché mondial de la gomme arabique. Le Soudan, producteur historique de gomme, a réduit ses exportations. Résultat : des pays comme le Tchad sont des alternatives intéressantes pour les importateurs. Mais le pays rencontre actuellement des difficultés pour répondre à la forte demande. Des pistes en mauvais état, un manque criant de points d'eau proches des pépinières d'acacias… Faute d'infrastructure sur les zones de production, la filière tchadienne ne peut pas suivre le rythme de la demande mondiale. « Si ça continue comme ça, les clients vont être obligés de chercher des produits de substitution. C'est pour ça qu'on veut vraiment augmenter la production, explique Albachir Ahmat, président des exportateurs tchadiens de gomme arabique, on ne peut pas y arriver sur certaines zones parce qu'il n'y a pas de route, il n'y a pas d'accès, il n'y a pas d'eau non plus. Et tout ça, ça demande l'intervention de l'État ou bien des bailleurs de fonds. »Risque de produits sans gomme arabiqueLe kilo de gomme dure, appelée kitir, est passé en un an de 700 francs CFA à aujourd'hui 1 750 francs. Problème : une trop forte flambée des prix poussera les clients à trouver d'autres produits. « Il ne faut pas se mentir : si les prix grimpent trop, nous, importateurs et transformateurs de gomme arabique, on ne va plus pouvoir vendre, prévient Charles Alland, PDG de la société française Alland et Robert, numéro 2 mondial de la transformation de gomme arabique. Les prix ne peuvent pas monter aux arbres, il y a des limites. Si ça continue, certains clients iront reformuler leurs produits pour enlever la gomme arabique et la remplacer avec d'autres produits concurrents tels que les amidons, par exemple. »Le circuit logistique soudanais pour l'exportation de la gomme arabique n'est plus aussi efficace. Difficile d'estimer la production réelle de gomme dans le pays en guerre. En tout cas, le Tchad voisin peut récupérer cette manne importante.Manque de volonté politique ?À condition de pérenniser la production et de la faire grossir. « Il y a entre 600 et 700 000 personnes qui vivent de la gomme arabique, précise Albachir Ahmat. Si on ne la vend plus, ça va être catastrophique pour le pays, et même pour la nature. Parce que les arbres seront coupés pour en faire du bois de chauffe. C'est ça qui nous inquiète. »L'importateur français de gomme arabique Charles Alland, lui, mise sur le Tchad : « On essaye de convaincre et puis d'accompagner nos fournisseurs. Mais derrière, s'il n’y a pas de volonté politique au Tchad, les choses ne changeront pas de manière drastique dans les mois ou années à venir. Le Tchad a un énorme potentiel ; c'est l'opportunité, aujourd'hui, de se moderniser et d'améliorer la filière gomme. » Le Fond spécial de préparation des projets d’infrastructures au Tchad aurait donné des garanties pour un soutien financier. « Il ne faudra pas trainer », expliquent les professionnels de la filière.
5/2/2024 • 2 minutes, 23 seconds
Tunisie: les créateurs de contenu sur les réseaux sociaux en quête de statut
En Tunisie, sur 12 millions d’habitants, plus de 8 millions sont abonnés à Facebook, près de 3 millions ont un compte Instagram et Tiktok est une plateforme en pleine croissance, avec déjà près d’un million de comptes. Le succès des réseaux sociaux est tel que le gouvernement tunisien envisage de taxer les créateurs de contenu pour éviter l’évasion fiscale. Mais les professionnels, eux, jugent qu’il faut commencer par une reconnaissance juridique et culturelle du métier. De notre correspondante à Tunis,Avec ses 1,3 million d’abonnés sur Instagram, 400 000 sur YouTube, Samy Cheffai gère non seulement ses comptes sur les réseaux sociaux, mais aussi une boîte de production avec un comptable et un site web. Ce créateur de contenu et réalisateur très connu chez les jeunes tunisiens figure parmi ceux qui ont su rendre l’activité légale et professionnelle aux yeux de la loi.Mais il lui a fallu un peu de temps, dans un pays où le statut de créateur de contenu n’existe pas. « Quand on te sollicite pour un travail bien particulier, le client qui t’appelle te dit : "Ok, comment on va facturer ça ?" », se souvient Samy Cheffai. « Je me suis posé la question de savoir comment ça allait se passer. On me parlait de "revenus à la source", "19%", de "taxes", des mots que je ne comprenais pas du tout. Et en fait, j’ai réalisé qu’il fallait que j’ouvre ma propre patente. »Producteur, mais pas encore créateur de contenuAujourd’hui, son métier de producteur lui permet de réaliser des courts-métrages, mais aussi des activités commerciales et du contenu pour des publicitaires. Cependant, juridiquement, il reste producteur et non pas créateur de contenu. « En fait, ce sera toujours flou pour une certaine catégorie de personnes, parce que c’est nouveau pour eux, ce qui est totalement normal », observe Samy Cheffai. « Même le community manager, dix années en arrière, c’était bizarre. Qui aurait cru que quelqu’un allait s’occuper d’une page Facebook et être payé ? »Si les mentalités ont changé en dix ans, la loi tunisienne peine à encadrer ce métier qui séduit de nombreux jeunes. Une commission au sein du ministère des Finances a dénombré 20 000 créateurs de contenu et prestataires de services sur les réseaux sociaux en 2023, dont beaucoup échappent au fisc faute de statut.Des écoles niveau bacDans les écoles de publicité et de création digitale, des formations professionnelles tentent de lever la barrière culturelle à reconnaître ces métiers comme tels. « Le frein, c’est vraiment un frein culturel, surtout les parents », reconnaît Selma Elloumi, directrice de la Créativ Adschool, qu’elle a lancée il y a un an et demi. « Le digital, le publicitaire, ce sont des métiers qui ne sont pas connus. Ils ont l’impression que leurs enfants sont dans un domaine pas sérieux, que c’est du jeu. Mais on a vite montré que la formation était solide. »La plupart des jeunes diplômés sortent avec une formation en publicité et création digitale pour 2 700 euros l’année. Beaucoup trouvent rapidement un emploi, en attendant de se lancer à leur compte. « Notre cible, c’est le niveau bac et plus », précise Selma Elloumi. « S’ils n’ont pas eu le bac et qu’ils ont un côté créatif, on peut les accepter et il y en a beaucoup qui cherchent aussi une reconversion. »Même si la loi reste encore peu claire, ces nouveaux métiers séduisent de plus en plus, dans un pays où le taux de chômage des 15-25 ans avoisine les 40%.
5/1/2024 • 2 minutes, 24 seconds
En sortant du franc CFA, l’AES risque la spirale inflationniste |2/2]
Quelles conséquences aurait une sortie du franc CFA pour le Mali, le Burkina Faso et le Niger ? Deux chercheurs de l’Université catholique de Madagascar et de l’Université Paris Dauphine se sont appuyés sur une littérature très fournie et différentes expériences sur le continent pour réaliser des projections. Aujourd’hui, l’impact potentiel de cette réforme sur les échanges et l’inflation. La création de la zone monétaire de l’AES et d’une nouvelle monnaie a priori moins forte que le franc CFA devrait favoriser les exportations comme le coton. Mais l’AES restera très dépendante des importations de ses voisins.« Les principaux offreurs, dans la zone Afrique de l'Ouest, sont les pays les plus développés, à savoir la Côte d'Ivoire et le Sénégal, qui ont des productions que les pays de l’AES n'ont pas, souligne François Giovalucchi, de l’Université catholique de Madagascar. Donc on voit mal comment des pays très pauvres pourraient échanger entre eux et se fournir en biens qu'ils trouvent d'habitude à l'extérieur. On voit mal la création de filières industrielles, machines-outils ou véhicules, qui seraient vendus d'un pays à l'autre. Donc les perspectives nous semblent tout à fait limitées. »Les importations encore dépendantes de la zone francAvec la nécessité d’importer en grande quantité et une monnaie faible, la nouvelle banque centrale de l’AES devra pourvoir aux besoins de liquidités des États. Le risque est de faire un usage trop important de la planche à billets.« On risque de se retrouver avec un phénomène déjà bien connu puisqu’il a touché les pays qui sont sortis de la zone franc, comme la Mauritanie ou Madagascar, souligne Marc Raffinot, de l’Université Paris Dauphine. Le Mali lui-même est sorti et puis il y est rentré à nouveau. Dans tous ces pays, même dans ceux qui ont une monnaie indépendante, comme le Ghana par exemple, on constate souvent que cette spirale se manifeste. On a de l'inflation qui se traduit par une dévalorisation extérieure de la monnaie, qui à nouveau, engendre de l'inflation, et ça fait une sorte de cercle vicieux, qui fait que la valeur de la monnaie se déprécie et que l'inflation galope. »L'inflation, effet collatéral d'une monnaie autonome sans appuiLes dirigeants ont par ailleurs donné peu de détails sur le régime de change qui serait choisi. La monnaie sera-t-elle adossée à l’or, à une autre monnaie étrangère, etc. ? Quoi qu’il en soit, le phénomène d’inflation pourrait ressembler à ce qu’a connu le franc CFA en 1994.« Il y a déjà eu une dévaluation. Le franc français à l'époque avait augmenté de 100% et l'inflation avait été de l’ordre de 25-35%, rappelle Marc Raffinot. Ces phénomènes risquent de se reproduire. On le retrouve dans la plupart des pays qui ont une monnaie indépendante ou qui ont quitté la zone franc. Créer une monnaie n'est pas impossible, conclut-il, mais il y a un effet collatéral à la création d'une monnaie autonome qui n'aurait pas d'appui, qui n'aurait pas une crédibilité bien assise. » La crainte des auteurs : la spirale inflationniste qui toucherait les foyers les plus modestes.
4/30/2024 • 2 minutes, 20 seconds
Sortie du franc CFA: quelles conséquences pour l’Alliance des États du Sahel? (1/2)
L’un des objectifs politiques affichés par l’AES est de retrouver une souveraineté monétaire. Ces trois États – Mali, Niger, Burkina Faso – veulent créer leur propre monnaie et abandonner le franc CFA, adossé au cours de l’euro, imprimé en France et perçu comme un vestige de la colonisation française. Mais qu’impliquerait la sortie du franc CFA ? Dans un article conjoint, deux experts, François Giovalucchi de l’université catholique de Madagascar, et Marc Raffinot, de l’université Paris-Dauphine, rappellent que ces États devraient sortir de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Préalable juridique à la création d’une nouvelle monnaie : la sortie de l’UEMOA. Or cette union économique et monétaire prévoit des facilités pour la mobilité de travailleurs et des marchandises. Elle est également pourvoyeuse de liquidités pour les États. « Ce que l'on constate, c'est qu’à la fin de 2023, les pays de l'AES manquent beaucoup de devises, note François Giovalucchi, ancien chef du service Afrique centrale du Trésor français, actuel membre du conseil scientifique de l’université catholique de Madagascar. Ces pays puisent donc dans le pot commun de la BCEAO, ils bénéficient de la solidarité des autres pays. »Fin des liquidités de la BCEAOCoupés des liquidités de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, l’AES se priverait aussi de la possibilité d’emprunter sur le marché régional. « Un des avantages, un des succès de l'UEMOA, c'est que les pays se prêtent de l'argent entre eux, souligne François Giovalucchi. Par exemple, le Mali, le Niger ou le Burkina Faso émettent des titres d'État qui sont achetés par des banques essentiellement d'autres pays, par exemple de la Côte d'Ivoire. Ce qui leur permet d'avoir de l'argent qui n'est pas trop cher, avec des taux pas trop élevés, en tout cas beaucoup moins élevés que les taux des euros-marchés. Donc les pays perdraient l'avantage d'avoir accès à ces financements régionaux et devraient trouver d'autres financements, notamment internationaux, et la conjoncture ne me semble pas favorable. »La création par ailleurs d’une monnaie propre à l’AES, une monnaie peu attractive, risque de créer l’inverse de l’effet voulu, c’est-à-dire conduire à ce que les chercheurs appellent la « CFAïsation ».Le franc CFA pourrait sortir renforcé« C’est le paradoxe qu'on a souligné dans notre papier, c'est que finalement la création d'une nouvelle monnaie risque de renforcer le franc CFA !, souligne Marc Raffinot, maître de conférence à l’Université Paris-Dauphine. Parce que tous ceux qui font du commerce entre le Mali, la Côte d'Ivoire seront intéressés à garder une monnaie forte stable pour conserver leur épargne ou conserver des actifs de sécurité. Et donc ils se retournent à ce moment-là vers le franc CFA. C’est ce qui se passe actuellement avec le Nigeria, le Ghana, qui sont attirés par le franc CFA parce que leur monnaie est une monnaie fondante. » Ces besoins de devises pourraient être partiellement comblés par l’augmentation à venir de la production du pétrole du Niger et par la taxation du secteur aurifère. À condition, préviennent les auteurs, de ne pas le mettre trop rudement à contribution.À lire aussiLe Sénégal devient la tête de pont de la sortie du franc CFA
4/29/2024 • 2 minutes, 25 seconds
La gestion des données en Afrique, une question de sécurité
En Afrique, seule 2% des données collectées sont stockées sur le continent. Ces dernières années, des initiatives et start-up africaines se développent dans le but d’inverser la tendance. Lors de la 4ᵉ édition de l’Africa Cyber Forum tenu mi-avril à Abidjan, les échanges ont tourné notamment autour de la gestion des données dans le domaine de la santé et les défis liés à la sécurisation des informations à caractère personnel. De notre correspondant à Abidjan, Au quotidien, les nouvelles technologies de l'information et de la communication sont indispensables. Nos appareils connectés, tels que les ordinateurs et les smartphones, produisent des données en grande quantité. Une fois collectées et traitées, celles-ci aident les États et les entreprises dans la prise de décisions efficientes.Mais pour l'heure, l'Afrique dispose localement de très peu d’infrastructures de stockage de ses données. Pourtant, cela y va de sa souveraineté, estime Alain Yao Kouadio, directeur général de Kaydan Group, une entreprise qui investit dans le domaine de la gestion des données.« Vous ne pouvez pas avoir vos données sur la santé de votre population, sur le comportement de consommation de votre population et j'en passe, stockées à l'extérieur, alerte-t-il. Vous n'avez pas de souveraineté là-dessus, à tout moment ces données peuvent vous être coupées. Donc l'extérieur prendra mieux les décisions avec une plus grande acuité que vous-même parce que vous n'avez pas vos données sur place, vous ne savez pas les traiter sur place. »Anticiper les possibles attaquesDans le secteur de la santé, ces défis sont d’autant plus énormes, au regard de la sensibilité de certaines informations, notamment dans le domaine médical. « Dans les pays développés, il y a encore du hacking. Aujourd'hui, étant donné qu'on n'est pas encore autant exposé, il faut se préparer. Il faut apprendre des autres, apprendre des hôpitaux français qui ont été attaqués, dont leurs systèmes ont été bloqués », estime Éric Djibo, PDG de la polyclinique PISAM à Abidjan. « Il faut vraiment protéger ces données », insiste-t-il.Parmi les sujets évoqués lors de la 4ᵉ édition du Cyber Africa Forum, la question de la gestion des données était au cœur des échanges. Le but est d’attirer l’attention des autorités sur la nécessité d’investir dans ce domaine. « C'est le lieu justement pour nous à travers cette initiative de mettre un coup d'accélérateur », explique Franck Kié. Il compte sur les décideurs publics et privés « pour avoir une attention vraiment particulière sur la gestion des données, sur la sécurisation des données et sur leur exploitation également. » Pour le professionnel, il faut anticiper « avant qu'on soit face à une catastrophe, y apporter une attention encore plus particulière ».Le nombre de cyberattaques a plus que doublé au cours des cinq dernières années, tandis que les coûts liés à la cybercriminalité sont également en hausse, avec des estimations qui s'élèvent à 10 500 milliards de dollars d'ici à 2025. À lire aussiCybercriminalité et mésinformation en Afrique, le fossé numérique accroit la menace
4/28/2024 • 2 minutes, 23 seconds
Madagascar: la logistique joue les trouble-fête dans la filière cacao
À Madagascar, la demande de cacao est telle que les planteurs, dans le nord-ouest du pays, ont vu leur rémunération quadrupler. Le cacao rapporte cette année plus que la vanille. Pourtant, les exportateurs malgaches sont inquiets : les fèves ne peuvent pas quitter le pays, car la dernière tempête a coupé les accès au port. Le kilo de fèves de cacao payé 7 à 8 dollars, plus cher qu’un kilo de gousses de vanille. Eric Flavien Gérard Ranaivosoa, producteur à Ambantja, dans la région Diana, n'avait jamais connu un tel prix ni un tel engouement des acheteurs. « Entre 70 et 80% des acheteurs de cacao à Madagascar sont des nouveaux venus, souligne-t-il. Ils n'étaient pas là il y a deux ans. Comme ils manquent de fèves partout, ils sont venus à Madagascar pour tenter leur chance et c'est ça qui fait flamber les prix. Tant mieux pour les petits producteurs. Les gens entretiennent mieux leurs plantations en ce moment. »Trois ponts coupésMais les exportateurs malgaches comme Nayatta Keyticia Theodule sont loin de se réjouir. Pas moyen depuis un mois d'acheminer les fèves jusqu'au port d'Antisiranana, encore appelé Diego, à cause des destructions du dernier cyclone. « On a trois ponts coupés, une route inondée, c'est inaccessible. Actuellement, nos produits sont stockés dans l'entrepôt, les contrats sont signés, mais il n'y a pas d'export. »Tant que les fèves ne quittent pas la Grande Île, l'exportatrice ne sera pas payée et elle craint de manquer de capital pour payer la récolte. « Car il faut continuer d'acheter, souligne-t-elle. Les producteurs vivent au jour le jour. Alors que de notre côté, on ne peut pas envoyer les produits disponibles en ce moment. »Vers un manque de capital pour payer les producteursL'alternative du port de Nosy Be est exclue : les produits industriels et chimiques qu'il importe pourraient dénaturer le cacao malgache qui devrait au préalable prendre le bac, avec un risque de contact avec l'eau de mer.Dernier recours, craint Nayatta Keyticia Theodule : une longue route vers les ports d'autres régions malgaches. « Ce sera Majunga ou Tamatave et ça, ça va coûter très cher. Nous ne pouvons pas demander à nos importateurs de faire un prix spécial pour les contrats déjà signés et ça va être à la charge de la société. »L’exportatrice craint aussi l’insécurité sur la route, d'autant qu'à Madagascar, les vols de fèves de cacao se multiplient.
4/25/2024 • 2 minutes, 13 seconds
Flambée des cours du cacao: les gagnants parmi les pays producteurs de fèves
Alors qu’en Côte d’Ivoire et au Ghana, la récolte est mauvaise et l’augmentation du prix au planteur limitée, les producteurs du Cameroun, du Nigeria ou de République démocratique du Congo se frottent les mains. Non seulement ils profitent à plein de la hausse des cours, mais ils sont devenus des alternatives très recherchées pour les acheteurs en manque de fèves, comme en témoignent les opérateurs présents à Bruxelles pour la conférence mondiale du cacao. De notre envoyée spéciale de retour de Bruxelles,Plafonné à 1 000, puis 1 500 francs CFA en Côte d’Ivoire, ou leur équivalent au Ghana, le kilo de cacao s’est vendu plus de 5 100 francs CFA – soit plus de 8 dollars au Cameroun –, le troisième producteur africain. Les planteurs camerounais tirent actuellement pleinement profit de leur système libéralisé, après des années difficiles.« Au Cameroun, la commercialisation est libre, elle est directe, il y a peu d’intermédiaires », souligne Omer Maledy, secrétaire exécutif des professionnels du café et du cacao du Cameroun. « Le producteur camerounais, informé des cours du cacao quotidiennement, fait son marché, il fait au mieux pour gagner plus. On souhaite que ça dure, qu’ils gagnent bien et qu’ils gagnent longtemps, parce qu’il y a à peine plus d’un an, on était encore au plus bas des cours, donc s'ils peuvent être élevés, qu’ils le soient le plus longtemps possible ! »Quatrième producteur africain, le Nigeria est très sollicité ces derniers mois. Un intermédiaire présent à Bruxelles pour la Conférence mondiale du cacao compte vendre 30% de fèves supplémentaires cette année, aux négociants Olam et Sunbeth.À lire aussiLe prix du cacao durable fait débat à la Conférence mondiale de BruxellesPas de stock, pas dans les dépôtsImmense pays, mais encore petit dans le cacao, la République démocratique du Congo n'en voit pas moins affluer plein de nouveaux acheteurs en mal de fèves. « De plus en plus, il y a des acheteurs qui n’étaient pas présents en RDC mais qui commencent à venir », constate Séraphine Ntoumba, qui appuie les producteurs de cacao de la région du mai Ndombé et du Kongo central (ex-Bas-Congo), dans l’ouest de la RDC, pour l’ONG Trias. « Donc, on a l’opportunité de présenter la bonne qualité de la RDC et de bénéficier des prix qui augmentent. »Le kilo de fèves, qui rapportait au maximum 2,5 dollars aux producteurs de ces coopératives congolaises l’an dernier, a plus que doublé, et l’intégralité de leurs 200 tonnes a été vendue. « Les coopératives qu’on accompagne ont la facilité maintenant d’écouler leur produit à temps, se félicite Séraphine Ntoumba, et donc ça ne traine pas dans les dépôts, c’est acheté avant même d’être produit. » Le dernier lot partant ce mois-ci, les acheteurs de cacao auprès de ces coopératives congolaises devront désormais attendre les fèves de la récolte principale, à partir d’août et septembre prochains.
4/24/2024 • 2 minutes, 21 seconds
Cameroun: une nouvelle usine d’aliments pour les élevages avicoles
Au Cameroun, les importations de volaille sont interdites pour protéger la production locale. Mais la survie des élevages est régulièrement mise en péril, par la grippe aviaire mais aussi par le manque d'aliments du bétail de qualité à un prix abordable. Alors que s'ouvre le Salon international de l'aviculture à Yaoundé, une nouvelle usine d'aliments est inaugurée à Olembe, au nord de la capitale. Quel impact sur la filière ? Devant la demande croissante des élevages de volaille au Cameroun, l'usine d'alimentation animale du groupe NJS, du nom de son fondateur Noutchogoin Jean Samuel et située à Bafoussam, était saturée. Désormais, le champion camerounais de l'agroalimentaire dispose d'une autre usine à Olembe, au nord de Yaoundé : les Provenderies du Centre. Un choix d'emplacement stratégique, selon son directeur général.« Cette société est née du fait que notre plus grand marché d'aliments pour la volaille, surtout, et le porc, est Yaoundé, dans le Centre, explique Bart Buytaert. Tout devait toujours être transporté de l'Ouest, avec tous les problèmes logistiques. On s'est donc dit qu'il nous fallait quelque chose dans le Centre. D'où cette usine qui reprend une grande partie de la clientèle déjà existante de la toute première société. »Vers une meilleure qualité de l’alimentation du bétail ?Cette nouvelle usine pourra monter jusqu'à 100 000 tonnes d'aliments complets par an, soit plus du tiers des besoins actuels en nourriture des élevages de poulet du Cameroun, mais aussi à l'avenir alimenter des élevages dans les pays limitrophes, Congo ou Gabon. Expert en nutrition et en santé animale, le docteur Albert Ichako espère avant tout une montée en gamme de l'aliment du bétail au Cameroun.« Nous avons beaucoup de provendiers [de provende, le mélange alimentaire destiné aux animaux d'élevage, NDLR] qui malheureusement ne respectent pas les caractéristiques de matières premières et les besoins des animaux, déplore-t-il. Le fait d'installer cette usine ultra-moderne, où on va faire des analyses afin de répondre aux besoins des animaux, permettra non seulement de lutter contre l'aliment de mauvaise qualité, mais aussi de rendre l'aliment disponible sur l'ensemble du territoire. »Faute de maïs local, produire des poulets de chair n’est pas rentableReste un problème de taille : la disponibilité en maïs, qui entre pour deux tiers dans l'alimentation des volailles. La production de cette céréale au Cameroun a été découragée par le coût élevé des engrais, depuis le Covid-19 et la guerre en Ukraine. Le prix du maïs est le principal frein pour les élevages, selon l'interprofession avicole, l'Ipavic. « Avant, on achetait le maïs autour de 180 francs CFA le kilo [l'équivalent de 2,70 euros] et en début d'année 2023, on est passé à 300 francs, rappelle son président François Djonou. Vous imaginez, le prix a doublé ! Il faut surtout que le ministre en charge de l'agriculture développe la production de maïs », insiste-t-il.La nouvelle usine sera-t-elle à même de doper la production locale de maïs ? Entre 20 et 40% des besoins en cette céréale sont toujours importés. Les éleveurs vendent quasiment à perte leurs poulets de chair, du fait de la cherté de l'aliment du bétail. C'est ce qui explique que la production avicole camerounaise, 44 millions de tonnes l'an dernier, n'a toujours pas remonté la pente depuis la grippe aviaire de 2016.
4/23/2024 • 2 minutes, 22 seconds
Trente ans de démocratie en Afrique du Sud: un bilan mitigé pour l’économie
L’Afrique du Sud célèbre, en cette fin du mois d’avril, les 30 ans des premières élections multiraciales, et l’avènement de la démocratie. Le 27 avril 1994, après un scrutin historique, Nelson Mandela était élu président, et le pays tournait la page des années apartheid. Depuis, l’ANC s’est toujours maintenu au pouvoir. L’économie a continué à se développer, et le pays est désormais l’un des plus industrialisés du continent, mais le bilan est plutôt contrasté. De notre correspondante à Johannesburg,Pour l’économiste Azar Jammine, le pays a en fait connu, depuis 1994, deux périodes : avant et après la présidence de Jacob Zuma, marquée par la corruption. « Les quinze premières années ont été plutôt un succès. Le pays a connu une croissance moyenne de 3% par an, entre 1994 et 2001. Et ensuite, presque 5% par an entre 2001 et 2007. Il faut dire que cela coïncidait avec un boom des prix des matières premières, donc tout allait bien. Mais à partir de 2012, l’économie sud-africaine a fait très peu de progrès, avec une baisse significative de la croissance », détaille-t-il.Le FMI prévoit désormais une croissance de 0,9% en 2024 pour le pays. Et même si le nombre d’emplois a augmenté depuis 1994, le rythme n’a pas été assez soutenu, puisque près de 32% des Sud-Africains sont au chômage – et en particulier les populations noires. De plus, les politiques de discrimination positive n’ont pas suffisamment permis de transformer le monde du travail, selon Xhanti Payi, économiste pour PwC.« Faciliter l’inclusion au sein de l’économie a été un défi, si l’on regarde qui est à la tête des entreprises, ou qui possède la richesse en Afrique du Sud. L’ancien président Mbeki parlait même de deux économies », rappelle l’expert. « Or, l’inclusion est importante, car lorsqu’on distribue la richesse, on en crée aussi un peu plus, puisque davantage de gens vont avoir de quoi consommer, et de quoi contribuer. »Le salaire minimum, « une des réussites de l'ANC »L’Afrique du Sud reste ainsi l’un des pays les plus inégalitaires au monde, selon l’indice de Gini. « Un des gros problèmes en termes de réduction sur le long terme de la pauvreté et des inégalités, c'est le manque d’actifs détenus par la majorité de la population sud-africaine », met en avant Isobel Frye, la directrice du think tank Social Policy Initiative (SPI).« Sous l’apartheid, les communautés noires ne pouvaient presque pas posséder de terres. Pareil pour les petites entreprises, les gens étaient prolétarisés et dépendants de leurs salaires. Et les salaires, pour ceux qui sont employés, et surtout pour les emplois semi ou peu qualifiés, sont très bas. Donc, l’introduction d’un salaire minimum est l’une des réussites de l’ANC », ajoute-t-elle.Le système d’allocations sociales, parmi les plus développés du continent, est une bouée pour les plus pauvres : près de 30% de la population en bénéficie, sans compter l’aide post-Covid toujours distribuée.
4/22/2024 • 2 minutes, 24 seconds
Assemblées de printemps: réduire la pauvreté pour soutenir la croissance
Ce week-end se sont clôturées les assemblées de printemps, à Washington, rendez-vous annuel des grandes institutions financières internationales. L’occasion pour elles de dressées leurs bilans et de partager leurs perspectives. Cinq, six, parfois plus de 7% de croissance selon les États africains et pourtant, la pauvreté et les inégalités ne reculent pas de manière significative. Pour lutter contre cela, la Banque mondiale préconise un environnement économique et politique stables : une dette sous contrôle et des budgets transparents.Pour la Banque mondiale, le premier levier se trouve dans celui de l’humain. « Il est très difficile pour des personnes talentueuses de démarrer des entreprises qui se développent, grandissent et créent des emplois, et au final, on aboutit à une société avec de très faibles niveaux de mobilité intergénérationnelle », note Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour l'Afrique.« Promouvoir la mobilité générationnelle »L’Afrique détient le niveau le plus bas de mobilité intergénérationnelle. Selon les données de la Banque mondiale, sur une cohorte d’enfants nés dans les années 1980, seul un tiers d’entre eux ont pu effectivement dépasser le niveau d’éducation de leurs parents. « C’est donc une façon de penser les inégalités. Ce sont des inégalités structurelles dont nous parlons », souligne l’économiste.Et cela n’est pas sans conséquence. C’est pourquoi l’institution appelle les États à investir dans le capital humain. Andrew Dabalen précise : « Il est important de promouvoir la mobilité générationnelle en éliminant un bon nombre de ces inégalités qui commencent très tôt dans la vie. L'égalisation des chances pour les enfants est donc très importante à travers l'éducation dès la petite enfance, un socle d’apprentissage pour les enfants, une meilleure nutrition, une meilleure santé, etc. »Des constats qui sont largement partagés par le FMI. La persistance d’un haut niveau de pauvreté est en partie due à des dysfonctionnements sur les marchés financiers, explique Luc Eyraud, le chef des études pour l’Afrique subsaharienne.« Il y a ce qu'on appelle une très faible inclusion financière, détaille Luc Eyraud. C’est-à-dire que si vous êtes une toute petite entreprise, vous avez beaucoup de mal, par exemple à avoir accès au marché bancaire, à aller voir une banque et avoir un prêt. Et donc ça aussi ça fait en sorte qu'un petit entrepreneur a du mal à développer son activité. Et ça, ça entretient les spirales de pauvreté. »Augmenter les recettes fiscalesL'un des principaux leviers : augmenter les recettes publiques. « En priorité, il faut ce qu'on appelle augmenter la base fiscale. On ne pense pas forcément à augmenter les taux d'imposition, mais il y a très souvent ce qu'on appelle des dépenses fiscales, c'est-à-dire des exemptions qui s'appliquent à des grandes parties de la population, poursuit-il. Et il faut faire en sorte que tout le monde paye l'impôt. C'est ça la priorité. Et quand il y a des exemptions fiscales qui bénéficient aux parties de la population les plus aisées, il faut évidemment les éliminer en priorité. » La Banque mondiale souligne notamment que la mobilisation de recettes nationales peut être conçue pour protéger les plus pauvres « en imposant [par exemple] les personnes fortunées par le biais de l’impôt sur le revenu et de l’impôt foncier ».
4/21/2024 • 2 minutes, 23 seconds
Gabon: face aux critiques, la Comilog cherche à limiter les pollutions [2/2]
Longtemps critiquée pour le déversement des boues et résidus du manganèse dans une rivière, la Comilog, leader mondial du manganèse, a construit des laveries modernes moins polluantes et investi dans le social dans la ville de Moanda au sud-est du Gabon. De notre correspondant à Libreville,Depuis son poste d’observation, Jean-Baptiste Nzeng Eyi veille sur les moindres détails. Il est le responsable d’exploitation des nouvelles laveries de la Comilog. Une avancée importante en matière de lutte contre la pollution, car, selon lui, « ces vastes cuves d’eau ne sont rien d’autre que les décanteurs qui nous permettent de faire la séparation solide, liquide. Rien ne se perd et tout se transforme et tout se valorise. »Après le nettoyage du manganèse, toute la boue et l’eau usée sont évacuées vers d’autres bassins pour traitement. « Les boues sont aujourd’hui jetées dans les bassins industriels, poursuit Jean-Baptiste Nzeng Eyi, donc quand on extrait le manganèse, de façon vulgaire, on dit qu’on aura des trous. La vision de Comilog aujourd’hui c’est qu’après l’exploitation des bassins industriels, qu’on soit capable de mettre la terre végétale et que l’écosystème va reprendre son environnement normal ou naturel. »Le président de l’ONG gabonaise Croissance Saine Environnement, Nicaise Moulombi reste toutefois prudent : « C’est bien de savoir que la Comilog a enfin décidé de sécuriser ses résidus miniers dans le cadre des bassins. Maintenant quel est le niveau de la nappe phréatique ? Est-ce qu’il n’y a pas des infiltrations ? C’est à Comilog de nous donner les éléments scientifiques qui nous permettent d’apprécier leur esprit vertueux. »À écouter aussiGabon: la Comilog, premier producteur mondial de manganèse, monte en puissance [1/2]Des compensations jugées insuffisantesLa Comilog fait cependant face à des critiques sur le plan social. Elle va bientôt délocaliser des populations vivant sur une zone qui sera prochainement exploitée. En guise de compensation, l’entreprise a construit une nouvelle cité de 417 maisons. Mais elles ne sont pas au goût de nombreux bénéficiaires. « Les maisons sont toutes en béton, il y a des éboulements autour du site, des érosions, explique Gaétan Ayami, président du collectif des futurs déguerpis, la Comilog avait recensé plus de 600 maisons, ils n’ont réalisé aujourd’hui que 417 maisons. »Le projet a coûté 19 milliards de Francs CFA, se défend l’Administrateur directeur général de Comilog, Leod Paul Batolo : « La Comilog est fière de pouvoir proposer une nouvelle cité moderne qui va permettre d’améliorer les conditions de vie, les conditions d’accès à l’eau, les conditions d’accès à l’électricité à nos compatriotes. »Du point de vue de l’État, actionnaire à hauteur de près de 30% de la Comilog, les investissements de l’entreprise illustrent un partenariat public-privé gagnant-gagnant. L’entreprise emploie 10 500 personnes dans le pays, presque toutes gabonaises.À lire aussiGabon: l'entreprise Eramet développe la production de la plus grande mine de manganèse au monde
4/18/2024 • 2 minutes, 21 seconds
Gabon: la Comilog, premier producteur mondial de manganèse, monte en puissance [1/2]
Dans le sud-est du Gabon, la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), filiale du groupe métallurgique français Eramet, et premier producteur mondial de manganèse, a réalisé d'importants investissements. La production de cette matière première, très demandée notamment pour la fabrication de l’acier, explose. De notre correspondant à Libreville,Plateau Okouma est la nouvelle carrière à ciel ouvert récemment mise en service par la Comilog pour extraire le manganèse. « Par jour, nous sortons en moyenne 12 000 tonnes de minerai de manganèse », explique Jean-Baptiste Nzeng Eyi, 36 ans, ingénieur gabonais formé à Nancy, en France. « On a du manganèse de type MMA, le plus riche, dont la teneur est de 48 à 50%. On a trois types de manganèse qui sortent de cette usine. »Premier producteur mondialLa multinationale gabonaise exploite le manganèse à Moanda depuis 1960. L’ouverture de ce nouveau site a permis à l’entreprise de consolider ses parts sur le marché mondial de manganèse. « La Comilog est une société qui se porte très bien, se targue Leod Paul Batolo, l’administrateur directeur général. Depuis 2020, nous sommes devenus le premier producteur mondial de manganèse. Nous avons une croissance qui est établie. Nous avons fini à 6,6 millions de tonnes en 2023. Notre projection pour 2024 est de 7,5 millions de tonnes produites, transportées, embarquées. » Et de se réjouir encore : « C’est une société qui se porte très bien pour laquelle les Gabonais peuvent être fiers. »Pour tenir ce rang, la Comilog a investi beaucoup d’argent entre 2020 et 2023. « Les actionnaires de la Comilog, donc l’État gabonais et le groupe Eramet, ont mis plus de 300 milliards de FCFA pour ouvrir le plateau Okouma et ça montre qu’ils sont confiants », détaille encore le directeur général.À lire aussiGabon: l'entreprise Eramet développe la production de la plus grande mine de manganèse au mondeDes investissements locauxLa prospérité de l’entreprise a longtemps contrasté avec le niveau de pauvreté dans la ville de Moanda situé sur le flanc de la montagne du manganèse. En 2020, Comilog et l’État gabonais ont décidé d’investir directement une partie des revenus du manganèse dans le développement local.Député de Moanda, Jean Valentin Leyama était depuis des décennies le leader de la contestation contre le géant minier. « Sur la base du cahier des charges établit entre Comilog et l’État, il y a plusieurs réalisations qui sont faites. Dans les quartiers, il y a des routes qui ont été pavées, sur le plan social, plusieurs infrastructures construites ou réhabilitées. L’eau potable disponible partout dans les quartiers », assure-t-il. « Il serait malhonnête de ne pas le reconnaître », concède le député. La contribution au budget de l’État a également augmenté. En 2022, elle s’est élevée à 437 milliards de Francs CFA, soit beaucoup plus qu’auparavant.À lire aussiGabon: la ville de Moanda prépare l'après-manganèse
4/17/2024 • 2 minutes, 18 seconds
Inflation en Afrique: comment enrayer la chute des monnaies?
Comment sortir de la crise monétaire en Afrique ? Une vingtaine de monnaies africaines ont atteint leur plus bas historique ces derniers mois. En Égypte, la livre a perdu la moitié de sa valeur. Au Nigeria, le naira, dévalué deux fois en un an, redresse légèrement la barre, mais sur le temps long, le shilling kényan ou encore le cedi ghanéen dévissent face au dollar. Le cedi dégringole de nouveau, résultat de deux effets conjugués : une forte inflation depuis deux ans et un dollar fort. « Le Ghana dépend des importations pour les biens et les services », explique Appiah Kusi Adomako, directeur régional Afrique de l'Ouest de l'ONG de défense des consommateurs CUTS (Consumer Unity & Trust Society) basée à Accra. « Quand le cedi se déprécie, on a besoin de dépenser plus pour importer la même quantité. Et quand le prix de l'essence augmente, ça affecte les transports, donc les prix de la nourriture, du ciment, de l'électricité, etc. La dépréciation du cedi face au dollar provoque un effet en cascade sur toute l'économie. »Des prix changeant d'heure en heureAu Ghana, le spectre de 2022 est dans les esprits. Pandémie de Covid-19 et guerre en Ukraine avaient déjà durement affecté la monnaie ghanéenne, pourtant jugée solide. L'inflation dépasse alors les 50%, une situation incontrôlable, se souvient Appiah Kusi Adomako : « Les consommateurs ghanéens espèrent que la situation ne dégénèrera pas comme en 2022. À l'époque, on est passé de 6 à 15 cédis pour un dollar. Les prix à la consommation changeaient d'heure en heure ».Chaque monnaie a sa spécificité, mais toutes font face au même problème : le dollar, principale monnaie de transaction internationale, reste fort et les réserves de change des banques centrales s'amenuisent.Vers une dédollarisation des économiesLe Soudan du Sud a décidé il y a un an de suspendre l'utilisation du dollar pour rebooster sa monnaie locale. La dédollarisation est une des solutions. « L'Afrique doit se libérer progressivement des systèmes classiques de règlements internationaux. Actuellement, le recours au dollar est très coûteux avec des délais de transactions très longs », estime l'économiste international sénégalais Magaye Gaye. « Ces pays devraient aller vers des stratégies efficientes de dédollarisation de leurs économies extérieures en diversifiant au mieux leurs partenaires commerciaux. Cela passe par le renforcement du commerce intra-africain qui est aujourd'hui faible. Figurez-vous qu'il ne représente que 15% du total des flux commerciaux du continent ».Pour se passer du dollar, le Ghana avait lancé en début d'année dernière son programme « Or contre pétrole ». Face à la nouvelle dégringolade du cedi, la banque centrale ghanéenne demande désormais au gouvernement d'étendre ce programme aux banques commerciales.
4/16/2024 • 2 minutes, 22 seconds
À Madagascar, le port de Tamatave se projette en hub de l'océan Indien
À Madagascar, le grand port de Tamatave change de visage. Les travaux d’extension lancés en 2018 sont entrés dans leur deuxième et dernière phase. Le projet, l’un des plus grands chantiers jamais entrepris sur l’île pour un coût total de 639 millions de dollars, est co-financé par la JICA, l'agence japonaise de coopération internationale, et par l'État malgache. Il vise à faire du premier port de l’île un hub de l’océan Indien. De notre correspondante à Antananarivo,Un soleil de plomb se réfléchit sur les casques de chantier blanc des ouvriers. Ils sont près d’un millier, mobilisés pour changer le visage du port de Tamatave, sur la côte est de Madagascar. Un port stratégique aux infrastructures vétustes, rénové pour la première fois depuis 1927.L’ancien brise-lame a été renforcé. Prolongé sur 345 mètres de long et rehaussé à 12 mètres de hauteur, il est entouré de part et d’autre par près de 3 000 blocs de béton armé – des dolos dans le jargon –, censés protéger les futures infrastructures. « Ce sont ces structures-là qui vont absorber la puissance des vagues, explique Felana Rakotozafy, ingénieur maritime sur le chantier. L’eau, elle, passe à travers ce brise-lame, comme nous le voyons pendant les périodes cycloniques. Et cela peut nuire au quai, mais surtout aux navires qui vont entrer dans le quai. Tout mon travail à moi, c’est de m’assurer qu’après finition des travaux, ce quai ne bouge plus d’un centimètre. »Répondre à l’augmentation du trafic maritimeJuste en face se trouve le futur quai C4, encore en construction. Sa protection est d’autant plus cruciale qu’il constitue la pièce maîtresse du chantier. Avec une profondeur portée à 16 mètres, contre 11 actuellement, il doit permettre au port de Tamatave d’accueillir de plus gros navires et de se muer en hub de l’océan Indien, capable d’assumer un rôle de redistribution des marchandises dans la région. « Jusqu’ici on ne pouvait pas accueillir les bateaux de type Panamax [de près de 300 mètres de long, NDLR]. À la fin de ces travaux, on pourra les recevoir directement sans qu’ils s’arrêtent à La Réunion ou à Maurice et qu’ils doivent décharger sur des petits bateaux pour entrer dans le port de Madagascar. »Achèvement prévu en 2026, mais des retards accumulésUn peu plus loin, sur le récif, le nouveau terre-plein de 10 hectares dédiés à accueillir plus de conteneurs. Objectif : quintupler la capacité du port, de 250 000 EVP à ce jour [équivalent vingt pieds, soit le nombre de conteneurs de 20 pieds ou 6 mètres, NDLR] à 1 million d’EVP en 2035. En l’état actuel, le port étouffe, faute d’espace de stockage suffisant. « C’est vraiment une urgence, il faut une remise en état, car le trafic augmente de jour en jour, observe Liliane Melquiond-Zafinirina, cheffe du département communication de la SPAT, la société de gestion du port. Le transport maritime évolue. Et nous sommes une île, donc les besoins intérieurs du pays exigent aussi cette extension. »Reste une seule inconnue, reconnaît-on à demi-mot sur le chantier : la date d’achèvement des travaux. En plus du retard accumulé pendant le Covid-19, le chantier est régulièrement mis à l’arrêt par les intempéries qui touchent la ville de Tamatave. Selon le calendrier établi, le nouveau port doit voir le jour en février 2026.
4/15/2024 • 2 minutes, 25 seconds
Au Soudan, l'économie terrassée par une année de conflit
Il y a un an, le 15 avril 2023, débutait la crise au Soudan. Aujourd’hui, le système bancaire traditionnel ne fonctionne plus et l’inflation a dépassé les 80% en 2023, selon la Banque africaine de développement. La livre soudanaise a perdu la moitié de sa valeur et le taux de chômage a explosé. Après un an de pillages, de combats et de destructions, tous les pans de l’économie sont minés. La région de Gezira est traditionnellement une zone de production de coton, très rémunératrice. Mais elle est surtout le grenier du pays. « La guerre entrave massivement la production céréalière, qui constitue normalement les deux tiers de celles consommées au Soudan, explique Anette Hoffmann, chargée de recherche pour le think tank néerlandais Clingendael. Les combats en cours empêchent les agriculteurs des principales zones de production du Darfour, du Kordofan et de Gezira de cultiver ou de récolter. En conséquence, comme le montrent des données récentes de la FAO, la dernière récolte céréalière a été inférieure de 40% à la moyenne nationale. »Une baisse de la production qui a été compensée par une hausse intense des importations et donc des prix, a également pu constater Anette Hoffmann : « La crise actuelle est en grande partie financière, il y a encore de la nourriture, les stocks ne sont pas encore épuisés. »À lire aussiUn an de guerre au Soudan: des «retourné » s’installent à Renk, au Soudan du SudUne crise financière et non de disponibilitéHuile, oignons, lentilles et autres sont encore disponibles sur les étals, mais à des prix exorbitants, que même les fonctionnaires qui ne perçoivent plus leurs salaires ne peuvent s’offrir. « La production alimentaire a été dévastée, de sorte que les approvisionnements de produits de base essentiels, comme le sorgho et le mil, ont chuté jusqu'à 50% par rapport à l'année précédente, confirme Dominic MacSorley, ambassadeur humanitaire de l’ONG Concern. Et sur les marchés de Kadugli, dans le Kordofan du Sud, le prix du blé a augmenté de 118%. Les gens n’ont tout simplement plus les moyens de manger. »Autre facteur aggravant : les régions sont isolées du fait de l’insécurité sur les routes et des barrages, les voies d’approvisionnement ont dû être modifiées, entraînant délais et surcoûts. Les prix sur les marchés sont jusqu’à trois fois plus chers, a estimé l’ONG International Rescue Comittee (IRC). Il faut également importer les produits transformés, car l’industrie locale a subi de nombreux dommages. C’est le cas pour les produits laitiers, comme le lait et les yaourts par exemple.À lire aussiSoudan: des cuisines communautaires pour survivre dans un pays dévastéUne production locale ralentie, des usines détruites« Nous avions une production locale. Maintenant, la plupart de ces produits sont importés d’Arabie saoudite ou d’Égypte. Imaginez combien cela peut coûter ! », s’exclame Eatizaz Yousif, directrice d’IRC au Soudan. La problématique est similaire pour les boissons sans alcool. « Nous les produisions à grande échelle dans notre grande usine. Mais cette usine a été détruite. Donc, nous dépendons totalement des importations », précise-t-elle. Une quantité de produits de base qui sont devenus très chers. « Des prix auxquels il faut rajouter le coût des taxes. C’est vraiment massif, et un grand nombre de Soudanais ne peuvent plus acheter ces denrées qui étaient des produits de base », regrette-t-elle.Avec en plus un système bancaire à terre et une crise de liquidité, la directrice d’IRC espère voir les institutions internationales injecter des liquidités dans l’économie soudanaise.
4/14/2024 • 2 minutes, 27 seconds
Crise économique au Nigeria: l’hôtellerie-restauration frappée à son tour [2/2]
La crise économique affecte tous les secteurs de l'économie au Nigeria, y compris les plus dynamiques, comme celui de l'hôtellerie et de la restauration. Avec l’inflation et le ralentissement des affaires, les gens sortent moins à Lagos, la capitale économique, et les entreprises du secteur souffrent, tout comme leurs salariés. De notre envoyée spéciale à Lagos,En pleine journée, le restaurant Praïa est totalement désert. Extension d’un hôtel de Lagos, la capitale économique, il a été inauguré au mois de février. « Notre clientèle est assez mélangée, car nous proposons différents types de plats, explique Neeraj Vasnani, le jeune patron indien de l’établissement. Nous avons beaucoup d’entreprises, donc une clientèle assez aisée. Mais avec notre service de cuisine chinoise à emporter, nous proposons aussi une option plus abordable. »Mais le ralentissement de l’économie a porté un coup à ses affaires. Tout a commencé avec l’augmentation du prix du diesel, se rappelle-t-il. « Dans un business comme le nôtre, nous devons avoir de l’électricité 24 heures sur 24, et donc utiliser tout le temps nos générateurs, rappelle Neeraj Vasnani. Mais ces derniers mois, le prix du diesel a été multiplié par trois. Nous n’avons pas non plus anticipé l’augmentation de nos coûts opérationnels. Tous nos produits alimentaires sont importés. »Les restaurants, tout comme l’ensemble du secteur privé, sont à la peine au Nigeria et n’ont que très peu de marge de manœuvre pour faire face à la crise. « Globalement, cela coûte de plus en plus cher de faire du business au Nigeria, résume l’analyste Mickaël Famoroti, du cabinet Stears. À cause du taux de change face au dollar, de l’inflation, des taux d’intérêt élevés, etc... Et d’un autre côté, la demande est en train de disparaître complètement, le pouvoir d’achat est en train de sombrer. Donc il y a très peu de marge pour augmenter les prix. Parce que si on fait ça, la demande s’effondre. Donc les marges, le bénéfice, diminuent rapidement. »Salariés en difficultéDans son restaurant haut de gamme, Chez Ona, Chef Obehi peut encore compter sur la diaspora et ses dollars pour absorber le choc. « Au Nigeria, tous les moyens sont bons pour fuir la réalité, car il y a trop de problèmes, plaisante-t-elle. Pour être honnête, ma clientèle continue de venir en dépit de la crise. L’année dernière, c’était plus compliqué. Beaucoup de gens avaient quitté le pays par crainte des violences liées aux élections. »Beaucoup de patrons commencent aussi à s’inquiéter pour leurs salariés. Chez Ona, ils bénéficient d’un repas gratuit par jour, mais cela ne suffit pas forcément. « Ils nous demandent beaucoup plus souvent des avances, reconnaît Chef Obehi. Le coût de la vie a tellement augmenté. Au début de l’année, nous leur donnons une augmentation indexée sur l’inflation, mais ça va tellement vite que ce n’est plus du tout au niveau, car tout est vraiment trop cher ! Et si les employés vont mal, ça peut vraiment avoir des conséquences sur l’expérience de nos clients. »Plusieurs personnes sont mortes dernièrement au Nigeria dans des bousculades survenues lors de distributions alimentaires organisées par les autorités.
4/11/2024 • 2 minutes, 26 seconds
Crise économique au Nigeria: les investisseurs étrangers sous pression [1/2]
Au Nigeria, les investisseurs étrangers qui avaient tout misé sur le géant africain il y a quelques années sont désormais en plein doute, alors que le pays s'enfonce dans la crise. La dévaluation brutale du Naira, l'augmentation des coûts et les efforts du gouvernement pour tenter de renflouer les caisses publiques font monter la pression sur les investisseurs. Et certains ont déjà quitté le pays. Avec notre correspondante à Lagos,Cela fait plus d'une décennie que Françoise observe la vie économique du Nigeria, depuis son bureau du port d'Apapa. Cette cadre d'une entreprise d'import-export a beau garder espoir, elle admet que la période est plus que morose. « Il y a beaucoup de tristesse actuellement. Les importateurs aujourd'hui n'arrivent pas à ouvrir des lignes de crédit, puisqu'ils n'arrivent pas à trouver des dollars, constate-t-elle. Et même les fournisseurs sont très inquiets. Nous, on voit une baisse de 30 % à 40 % pour les trois prochains mois. »Autre motif d'inquiétude : le départ en masse des entreprises, qui ne peuvent plus financer leurs opérations au Nigeria. En 2023, au moins 6 000 emplois ont été détruits après le départ des multinationales Procter and Gamble, Cincinnati, Unilever, GlaxoSmithKline ou Sanofi. « Les gens qui investissent, ils sont très pessimistes. Mais ceux qui sont ici depuis très longtemps, plus de dix ans, quinze ans, ils s'efforcent de rester, parce qu’il y aura bien sûr un rebond, analyse Françoise. Mais certaines grosses boîtes sont parties, mais pas trop loin. Elles ont laissé une partie de leurs activités au Nigeria, et dans un an ou deux ans, on pourra y voir plus clair. »La volatilité de la monnaie rend les décisions stratégiques difficiles pour les entreprises. Et elles ne sont pas les seules à souffrir. Ozil repeint des voitures dans un atelier du quartier d'Ikoyi, où travaillent d'autres béninois. Il a aujourd'hui du mal à se rendre à Cotonou. « Avant, j'y allais toutes les semaines, pour voir ma mère. Mais tout a changé, et c'est devenu impossible, regrette-t-il. Maintenant le naira s'est vraiment effondré face au Franc CFA, alors qu'avant quand je changeais des nairas contre des CFA, c'était vraiment plus intéressant. Le transport aussi coûte plus cher. Avant, pour aller jusqu'à Cotonou, on pouvait payer 1 000 nairas. Maintenant, c'est bien 7 000. »Miser sur le marché communMais pour les investisseurs internationaux, le Nigeria reste un marché incontournable, même s'ils préfèrent pour l'instant se replier sur la zone CFA. Mouhamadou Seydou Barry est Sénégalais et travaille pour un fonds d'investissement basé à Dubaï. « En 2023, moins d'argent a été investi dans les start-ups, mais c'est une réalité au niveau global, cela va au-delà du Nigeria. À présent, je pense que cette crise va passer », veut-il être optimiste.Pour cet expert, plusieurs perspectives sont à considérer : « c'est l'effort du gouvernement, la résilience du peuple, mais aussi le fait qu'il y a beaucoup de passerelles entre l'Afrique francophone et l'Afrique anglophone. Comment l’Afrique anglophone peut produire pour l’Afrique francophone et vice versa ? Avec l'initiative du marché commun africain, la Zlecaf, tout ça va faire qu’à un moment où un autre, il fera bon vivre, économiquement. »Le 26 mars, la Banque centrale du Nigeria a de nouveau relevé son taux directeur à 24,75 % dans un nouvel effort pour stabiliser le Naira.À lire aussiNigeria: forte hausse du tarif de l'électricité pour certains consommateurs
4/10/2024 • 2 minutes, 24 seconds
En RDC, les femmes entrepreneuses peinent à rentrer dans l'économie formelle
En République démocratique du Congo, plus de 80% des femmes entrepreneuses évoluent dans le secteur informel. Ce qui ne leur permet pas de développer leur activité ni de contribuer aux ressources fiscales congolaises. À Lubumbashi, une structure de la société civile, Heshima International, qui a récemment organisé un forum des femmes entrepreneures de RDC, encourage la formalisation de ces entreprises. Avec notre correspondante à Lubumbashi,Marlène est une jeune éleveuse de poules pondeuses et de poulets de chair. Elle brûle d'envie de déclarer son activité, mais elle a toujours des craintes. « Je veux bien rentrer dans le secteur formel. Mais, mon capital est faible, et je crains que tout mon petit argent ne soit absorbé par les formalités administratives », explique-t-elle.Cette autre entrepreneuse, qui travaille dans le petit commerce, est découragée par un climat des affaires peu favorable aux micro-entreprises. « Les documents coûtent cher. Et lorsque l’entreprise est légalisée, il y a trop des taxes à payer », se plaint-elle.Le problème ? C’est le manque d'information, indique Me Diginité Bwiza, directrice nationale de Heshima International. Cette structure a récemment organisé un forum des femmes entrepreneuses de RDC. « Lorsqu'on ne sait pas combien coûte l'enregistrement d'une entreprise au guichet unique, on a peur. Et pourtant, ça ne coûte que 110 dollars, plus les frais bancaires. Bien souvent, les agents de l'État profitent de l'ignorance des femmes pour les extorquer », détaille Me Diginité Bwiza.Obtenir des crédits, décrocher de gros marchésMarioutcha Mwanza tient une boutique de vêtements de luxe. Récompensée par un prix, elle fait partie des 19 femmes entrepreneuses qui ont accepté l’accompagnement de l’ONG pour sortir du secteur informel. « Quand on est dans l’informel, on est limité. Il n’y a pas de sécurité et d’assurance, reconnait l’entrepreneure. Dans notre ville par exemple, des fois, des jeunes manifestent dans la rue et on pille les marchandises. Puisque l’État ne nous connaît pas, on ne peut pas bénéficier d’un remboursement. »Malgré les exigences fiscales, la transition du secteur informel vers le formel présente des avantages pour l’entrepreneur. « Il y a la question du crédit. Personne ne peut faire confiance à ce type de business lorsqu’on n’a pas d’adresse, qu’on n’est pas enregistré. Et puis il y a des opportunités à saisir. Lorsqu’on est formalisé, on a aussi cette possibilité de décrocher de gros marchés auprès d’autres sociétés », argumente Séraphin Bukasa, le responsable de Tyche Financials SARL, un bureau d’études d’experts-comptables.L’organisation s’est engagée à accompagner 19 femmes qui œuvraient dans l'informel pour les aider à migrer vers le secteur formel. Elles vont bénéficier de la rédaction gratuite de leurs statuts, d’une formation sur la tenue des états financiers de leur entreprise, et de la couverture des frais pour l’enregistrement de celle-ci au registre du commerce.À lire aussiRDC: l’Entreprise générale du cobalt bientôt opérationnelle
4/9/2024 • 2 minutes, 13 seconds
Les attaques des Houthis en mer Rouge redirigent le flux maritime vers Le Cap
Depuis trois mois, le trafic maritime en mer Rouge est particulièrement perturbé par les attaques des Houthis. Ce dimanche 7 avril, les rebelles ont de nouveau revendiqué plusieurs attaques. Plusieurs navires ont ainsi été touchés, voire même coulés. Cela a contraint les bateaux cargos qui passent traditionnellement par le canal de Suez – où près de 30% du trafic maritime mondial de conteneurs transite – se redirigent massivement par la route sud-africaine par le cap de Bonne-Espérance. 80% du trafic par le canal de Suez aurait ainsi chuté, redirigeant les flux vers le flanc ouest de la côte africaine. Une route plus longue en moyenne de 40%, ce qui impose des pauses ravitaillement en carburant. Certains ports sont ainsi gagnants, comme au Cap-Vert.Récemment, João Oliveira e Sousa, le patron de Vivo Energy, expliquait à la télévision nationale capverdienne le bond du soutage observé sur l’île. « Au cours des trois derniers mois, nous avons eu une augmentation de la consommation du carburant d'environ 80%, affirme le chef d’entreprise. Il est vrai également que le Cap-Vert n'est pas la seule option pour les navires dans la région. Sur la côte ouest de l'Afrique, il y a également Dakar et les îles espagnoles. Ce marché que nous observons ici en ce moment est considérable et il est clair qu'il nous apportera des avantages financiers. »Autre question : celle de la réorganisation des lignes et donc du transbordement des conteneurs. « Il est très, très prématuré de conclure à un changement significatif aujourd'hui des ports de transbordement sur le flanc ouest », explique Loubna Ghaleb, directrice de la stratégie du port de Tanger Med. Pour elle, il faut encore attendre pour confirmer la tendance en cours.« Maintenant, il y a des questions qu'on pourrait effectivement se poser, notamment sur le passage par la route du Cap, est-ce qu'il constitue effectivement une alternative durable pour les compagnies maritimes ? Et si la crise persiste plus longtemps, est-ce qu'on pourrait parler de solutions logistiques temporaires ou d'ajustement structurel ? Ce sont les vraies questions aujourd'hui que l’on se pose, met-elle en avant, tout en n'excluant pas qu’une telle situation se pérennise. Maintenant, si la crise perdure, on pourrait observer une utilisation renforcée des hubs de transbordement qui sont près du détroit de Gibraltar comme Tanger Med, Algésiras, Valence et Sines. »Des capacités à Tanger MedFace à des ports connus pour leur congestion, notamment ceux d’Afrique du Sud, le port marocain fait figure de modèle. Il est classé 4e port le plus performant au monde.Loubna Ghaleb assure que Tanger Med serait prêt à accueillir une partie du flux. « On a une équipe, je parle de l'écosystème portuaire qui comprend les équipes de Tanger Med mais aussi les concessionnaires, qui est très bien coordonnée pour bien gérer toute augmentation significative du trafic, met-elle en avant. Maintenant, effectivement, ça tombe bien parce qu’on a lancé aujourd'hui, et c'est une information effectivement qui est publique, une nouvelle capacité de 400 mètres qui sera mise en service dans les prochains mois et qui permettra effectivement, si demain cette crise perdure et si on voit un flux de trafic important, d'absorber une partie de ce trafic-là. »Fin février, l’un des plus gros transporteurs CMA-CGM déclarait reprendre le transit par la mer Rouge au cas par cas. Selon le centre de recherche Soufan Center, 18 grandes compagnies maritimes internationales ont ainsi modifié leurs itinéraires pour éviter la menace de la mer Rouge, faisant tripler selon lui le prix du fret.À lire aussiLa mission de l'Union européenne en mer Rouge a repoussé 11 attaques des rebelles houthis
4/8/2024 • 2 minutes, 23 seconds
Le Congo-Brazzaville et la Chine célèbrent les 60 ans de leur coopération
Cette année 2024 marque le soixantième anniversaire de la coopération entre Brazzaville et Pékin. La République du Congo bénéficie de plus en plus d’infrastructures construites par son partenaire chinois - des constructions qui sont aussi à l’origine de l’augmentation de la dette du pays. Ces dernières années, la coopération de la Chine s’est fortement diversifiée et touche désormais le secteur du pétrole. De notre correspondant à Brazzaville,Sur un site excentré de la route qui relie Pointe-Noire, la capitale économique du Congo, et l’enclave angolaise du Cabinda, des experts chinois exploitent depuis quelques années un important champ pétrolier on-shore, nommé Banga Kayo. « Il est clair que Banga Kayo a des réserves très importantes, se réjouit Bruno Jean-Richard Itoua, ministre congolais des Hydrocarbures. La Chine, à travers Wing Wah, fait un excellent travail. On est très heureux de voir cette société travailler à la fois sur le pétrole liquide et l’hydrocarbure gazeux avec des résultats palpables tous les jours. On aimerait bien que les autres suivent le même exemple ».Aéroports et Nationale 1, vitrines de la coopération chinoiseLa coopération avec la Chine est à la fois « bénéfique et gagnante pour le Congo-Brazzaville », juge le président de la Chambre de commerce de Pointe-Noire, Didier Sylvestre Mavouenzela. Elle a permis à l’économie congolaise d’aller de l’avant, juge-t-il. « Si je prends le cas de la route [Nationale 1] qui relie Pointe-Noire à Brazzaville [sur près de 520 kilomètres, NDLR], cette route a permis au Congo de jouer son rôle de pays de transit dans la sous-région. La Chine a également été très active dans la construction de barrages et le transport de l’énergie », souligne-t-il.Aujourd’hui, l’essentiel des infrastructures au Congo est l’œuvre de Beijing, souligne Alphonse Ndongo, analyste économique. « Qu’il s’agisse des routes, des infrastructures sportives et des bâtiments administratifs… Les étrangers qui arrivent au Congo voient la transfiguration des deux principaux aéroports internationaux du pays : Maya-Maya à Brazzaville et Agostino Neto à Pointe-Noire, qui sont les véritables vitrines de cette coopération ».40% de la dette du CongoMais certains Congolais questionnent la qualité et la maintenance de certains ouvrages. De plus, cette coopération a un prix. En 2021, Brazzaville avait dû demander une restructuration de sa dette à Pékin afin de pouvoir reprendre les discussions bloquées avec le FMI. Une dette qui avait déjà été revue en 2019. « C’est possible qu’il y ait de ce côté une espèce d’alourdissement de la dette, reconnaît Alphonse Ndongo. Car la Chine représente le plus grand stock du poids de la dette du Congo ». En 2022, le Congo devait officiellement à la Chine et à ses entreprises un peu plus de 1 500 milliards de francs CFA (soit plus de 2,2 milliards d’euros). Ce qui représentait près de 40% de la dette extérieure du pays.À lire aussiApiculture au Congo-Brazzaville: une miellerie chinoise pour booster la production [1/2]
4/7/2024 • 2 minutes, 9 seconds
Tunisie: le gouvernement encourage les circuits courts pendant le ramadan
Face à l’inflation, les autorités tunisiennes renouvellent cette année les opérations dites de ventes directes en cette période de ramadan. Des marchés ponctuels, où les producteurs peuvent vendre directement leurs marchandises au consommateur, sans intermédiaire. De notre correspondante à Tunis,L’adresse s’est transmise par le bouche-à-oreille. À quelques encablures de l’avenue Bourguiba, une vente directe attire le chaland. « C’est mon fils qui m’a parlé de cet endroit, alors j’ai voulu voir à quoi ça ressemblait, précise une cliente. Les prix sont légèrement inférieurs à ceux du marché qui est près de chez moi où je vais habituellement. Je voulais vérifier cela de mes propres yeux. »Le litre d’huile 13% moins cherLégumes, viandes ou encore dattes, le nécessaire du ramadan est là. Neda Barhoumi est productrice. Originaire de la région du Kef dans l’ouest du pays, elle est venue vendre son huile d’olive à 22 dinars le litre – l’équivalent de 6,50 euros –, soit un euro de moins que ce qu’elle pratique habituellement. Elle est avant tout là pour se faire connaître auprès des consommateurs et compléter ses revenus. « Les temps sont durs en ce moment pour les agriculteurs, explique-t-elle. Donc ça m’arrange d’avoir un peu de liquidités. Le plus important ici, c’est de se faire connaître, que le client goûte nos produits et qu’il devienne un habitué. Je mets mon numéro sur chacun de mes produits, et donc, si le client aime et veut racheter mon produit, il me contactera. » Hattab Messouadi dit travailler pour l’équivalent de la répression des fraudes tunisienne. « Tout cela, c’est du mensonge, estime le sexagénaire, pas du tout convaincu par ces points de vente encouragés par les autorités. Il n’y a rien à gagner à venir ici. » Il est vite contredit par des vendeurs. « Tu ne peux pas dire ça ! Les piments qui se vendent à 6 dinars, tu les trouves à 4 dinars ici », s’insurge l’un d’entre eux. « Ces oranges-là sont vendues à 3,2 dinars au marché central, ici elles sont à 2 dinars », renchérit un deuxième. « C’est juste pour calmer les gens face à l’inflation »Le phénomène est également regardé avec circonspection par Hamdi Ouerghi. Agriculteur et membre de l’ONG tunisienne Alert, il estime qu’il s’agit avant tout de communication de la part des autorités. « C’est juste pour calmer les gens face à l’inflation. Mais l’État n’a pas de stratégie. Si c’était vraiment la solution et qu’il y avait vraiment une différence de prix, pourquoi ne pas la généraliser, pourquoi ne permettre qu’à quelques milliers de personnes d’y avoir accès et pas au reste de la population ? »Après avoir dépassé la barre des 10%, l’inflation en Tunisie se situait le mois dernier à 7,5% en comparaison à l’an dernier. Un taux que les produits alimentaires dépassent très largement en cette période de ramadan.
4/5/2024 • 2 minutes, 21 seconds
Sénégal: après l'élection de Bassirou Diomaye Faye, des réformes attendues dans la pêche
Le secteur de la pêche a été un grand thème de la campagne présidentielle au Sénégal. L’audit du pavillon sénégalais est l’un des grands points du programme du nouveau président, Bassirou Diomaye Faye, alors que les ressources halieutiques se raréfient et que les tensions liées se multiplient. Les bateaux sont toujours plus nombreux et les intérêts sénégalais pas toujours au rendez-vous. Selon la loi, les bateaux doivent être au moins à moitié détenus par des capitaux sénégalais. Cependant, la réalité qui se cache derrière est souvent très différente ; le propriétaire sénégalais fait régulièrement office de prête-nom, révèle un rapport récent de EJF (Environmental Justice Foundation). « Il y a des Européens et de plus en plus de Chinois et de Turcs qui bénéficient de licences bien sûr, avec des complicités », détaille Bassirou Diarra, enseignant-chercheur à l’université Cheikh Anta Diop et chargé de plaidoyer pour EJF.Bassirou Diarra travaille sur ces thématiques depuis plus de 30 ans. « Il y a un manque de transparence. Le listing des navires autorisés, qui était en outil de lutte contre la pêche illicite – parce qu'on sait qui pêche ou comment ; il est partagé, tout le monde peut le voir, mais depuis 2019, le listing est un document confidentiel », explique-t-il.Des zones de pêches non respectéesAutre problématique, les conflits en mer. Aujourd’hui, pas de garde-côtes dédiés, mais une question gérée par la Marine nationale. « Il y a beaucoup de conflits entre la pêche artisanale et la pêche industrielle, explique Dr Aliou Bâ, chargé de campagne océan à Greenpeace. Tout simplement du fait que la pêche industrielle, parfois, descend dans des zones où se trouve la pêche artisanale. »Durant la campagne, de nombreux candidats ont promis d'augmenter la zone d'activité de pêche artisanale à 12 miles pour permettre de lever la pression sur les pêcheurs artisanaux et permettre la régénération des ressources. « Parfois, il arrive qu'on détecte des navires qui viennent pêcher clandestinement. On a d'ailleurs, en février dernier, détecté un navire qui battait pavillon russe, un navire de pêche d'une capacité de 2 000 tonnes qui était venu et qui était en activité pendant deux semaines au niveau des eaux sénégalaises. Donc ce sont des situations qui arrivent très souvent », précise encore le Dr Bâ.Des devises qui s'échappentUne surexploitation des ressources qui impacte négativement la pêche artisanale et fait grimper les prix sur les marchés locaux. Une pêche intensive qui rapporte peu au Sénégal, regrette également Bassirou Diarra. Pour lui, le problème vient des choix politiques. « Au lieu de faire la gestion, on a fait de la production. Je pense qu'il faut recentrer et revenir à des options de gestion durable et en domiciliant les valeurs ajoutées locales. On ne peut plus prendre le poisson du Sénégal, aller le vendre pour chercher des devises éventuellement qui ne reviendront pas », avance-t-il. Il s’appuie sur une note de la BCEAO : « Ils disent que le secteur de la pêche est quand même un secteur qui a un très faible taux de rapatriement des devises. Ça veut dire qu'il y a de l'évasion fiscale. »Élargissement de la zone réservée à la pêche artisanale, audit du pavillon sénégalais ou encore renforcement du dispositif de surveillance maritime font partie des promesses de campagne de Bassirou Diomaye Faye. Les deux experts s’accordent sur le besoin d’une politique ambitieuse pour le secteur et, pour cela, la nécessité de consacrer plus de moyens humains et financiers.
4/3/2024 • 2 minutes, 22 seconds
TenSenses mise sur la noix de macadamia au Kenya
Il est surtout connu pour ses exportations de thé, de café ou encore de fleurs coupées, mais le Kenya est aussi un important exportateur de noix de macadamia. Nairobi a d’ailleurs levé l’année dernière l’interdiction de l'exportation des noix de macadamia non décortiquées, qui était en place depuis 2015. Après des années difficiles, le secteur repart. Le groupe Pamoja l’a compris et vient de lever 8,5 millions de dollars pour accélérer la production de ces noix en Tanzanie et au Kenya, notamment à travers sa filiale kényane, TenSenses, qui a une usine de transformation en bordure de la capitale. De notre correspondante à Nairobi,Dans l’usine de TenSenses, les employés s’affairent autour de grandes tables où sont étalées les noix de macadamia. Après les avoir achetées auprès des agriculteurs, l’entreprise doit les sécher, les décortiquer puis les trier. « Là, ce sont les noix qui viennent d’être décortiquées, décrit Hillary Rotich, en charge du contrôle qualité. Il faut maintenant séparer les bonnes des mauvaises. Celles-là, ce sont les bonnes, on les a séparées de celles-ci, qui ont été abîmées par des insectes, de celles-ci qui sont moisies ou encore de celles qui ne sont pas mûres. »Les noix de macadamia de TenSenses partent majoritairement vers les États-Unis ou l’Europe. L’entreprise exporte environ 500 tonnes de noix transformées par an. Des noix qui proviennent d’un réseau de 5 000 fermiers kényans, des petites productions, la plupart en agriculture biologique. « Le Kenya est très différent parce que ce sont 200 000 petits fermiers qui ont des noix de macadamia sur leurs terres, mais avec des productions très petites et en polyculture, comme on le fait souvent au Kenya », explique Guillaume Maillard, directeur général de Pamoja.À lire aussiL'Afrique du Sud veut tenir son rang de premier exportateur mondial de noix de macadamiaUne place de choix sur le marché mondial« Sur le même lopin de terre, ils font des noix de macadamia, mais ils peuvent faire aussi du maïs, des tomates, des mangues, différentes choses. Sur nos 5 000 fermiers, ils ont en moyenne 26 arbres chacun. Sachant qu’en culture commerciale, sur un hectare, on a plus de 300 arbres », précise-t-il encore.Un modèle plus résilient qui permet tout de même au pays d’avoir une place de taille sur le marché mondial. « Quand on regarde le marché mondial de la noix de macadamia, il y a quatre sources principales. Le Kenya, qui devrait avoir une production de 40 000 tonnes cette année, derrière la Chine, l’Australie et enfin l’Afrique du Sud, qui est de loin le plus grand producteur et devrait produire cette année entre 90 000 et 95 000 tonnes. Le Kenya, dans tout ça, détient une part du marché équivalente à, disons, 15 à 20% », analyse Kees Blokland, de l’agence de négoce, Global Trading & Agency.Le secteur sort de deux années difficiles. La macadamia, considérée comme noix de luxe, a fait les frais de pandémie de Covid-19 et d’une hausse de l’inflation mondiale. Depuis, ses prix commencent à remonter. L’offre et la demande aussi, souligne Guillaume Maillard. Pamoja en a fait le pari. Avec sa nouvelle levée de fonds, le groupe compte, entre autres, développer sa capacité de transformation au Kenya.
4/2/2024 • 2 minutes, 14 seconds
Produire sur place au lieu d'importer, la politique camerounaise qui peine à décoller
Crise du Covid-19, guerre en Ukraine, changement climatique... Différents facteurs ont eu un impact sur la disponibilité et les prix des céréales ces dernières années. Pour limiter la dépendance aux importations alimentaires, le Cameroun a engagé un plan triennal d’import-substitution. Il s’agit de produire sur place ce qui peut l’être au lieu d’importer. Mais malgré un budget de plus de 114 milliards de FCFA (170 millions d’euros), la mise en œuvre de cette politique peine encore à décoller. Développer la production locale pour limiter les importations, l’entrepreneur Bertin Tchoffo est convaincu. « Quand le président de la République a fait son discours et a exprimé la volonté de soutenir l’import-substitution, tout de suite, on n'a pas hésité, se rappelle le patron. Le lendemain, je peux vous assurer, mes équipes et moi, nous avons fait le nécessaire pour démarrer les champs de manioc. »L’idée du directeur de Pafic : substituer une partie de la farine de blé utilisée dans la pâtisserie et la boulangerie camerounaise par de la farine de manioc. « Au fond de moi, je savais que c’était porteur comme tout ce qui est agro-alimentaire », détaille-t-il. Pour cela, il se lance dans un grand projet de 2 000 hectares de production de manioc. Il conçoit même des machines adaptées pour moudre les tubercules.Des initiatives privées encouragéesUne initiative privée, mais encouragée par les autorités, assure-t-il. « Je prendrai l'exemple du ministre du Commerce. Dès que les premiers sacs de farine sont sortis, deux jours après, il a convoqué une réunion avec tous les pâtissiers de la ville de Yaoundé, présente Bertin Tchoffo. On a présenté le produit et on leur a donné les produits pour aller faire les tests. Et il nous a donné une position stratégique au boulevard du 20 mai pour exposer ce pain de manioc. Le ministre du Commerce est en train de faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire cette farine et pousser les boulangers à mettre cette farine dans le pain. »Malgré la volonté politique et la disponibilité de la farine, tout n’est pas encore gagné. « Effectivement, [les débuts] sont encore un peu timide mais on voit déjà les grands groupes de pâtissier passer des grandes commandes. En termes de tonnes, même pas en termes de sacs », se réjouit-il.Des réticences aux changementsDans le domaine des farines panifiables, les maillons de la filière et leurs intérêts sont grands, ce qui peut expliquer certaines réticences. « Pour les lectures que j'ai faites, j'ai bien compris qu'effectivement la filière elle-même, en particulier tout ce qui est minoteries, etc, n’a pas trop intérêt à ce que les choses changent, constate Thierry Leroy, chercheur au Cirad, directeur régional pour l’Afrique centrale basé au Cameroun. Enfin, si on leur dit, tu vas prendre de la farine de manioc que tu vas intégrer après au niveau des boulangers… Peut-être qu'il y a des équilibres à trouver, mais c'est certain et c'est logique que chacun défende son domaine. »La fixation du prix de la farine de manioc – comme ça l’est pour la farine de blé – est encore attendue. D’autres actions seraient possibles, selon le chercheur : « Favoriser déjà cette production et déjà voir avec la boulangerie, avec les opérateurs de la fabrication de pain, comment est-ce qu'on peut l’intégrer. Il faut une fois que l'expérimentation, on va dire en laboratoire ou en petite quantité, a été faite, c'est passer à l'échelle. »Les autorités sont conscientes des défis rencontrés. Le rapport d’exécution 2023 de la politique d’import-substitution pointe notamment la problématique d’enclavement des bassins de production. Autre constat : le faible décaissement des budgets alloués, à peine plus de la moitié des montants ont été dépensés l’an passé. À lire aussiCameroun: développer la filière lait gräce aux Montbéliardes
4/1/2024 • 2 minutes, 16 seconds
Sénégal: Canal+ entre au capital de Marodi TV, créateur de séries à succès
Canal+ renforce sa présence dans l'audiovisuel en Afrique. Le groupe français, filiale de Vivendi aux mains de Vincent Bolloré, devient actionnaire minoritaire de la société sénégalaise de production Marodi TV, dont elle diffusait déjà le catalogue de séries télévisées en Afrique de l'Ouest. Maîtresse d'un homme marié, Pod et Marichou, Karma... Les séries de Marodi TV ont cartonné, en wolof et en français, sur les plateformes digitales (3 milliards de vues sur YouTube) ou les chaînes de télévision locales et panafricaines. Mais la société de production sénégalaise avait besoin d'un nouveau souffle financier. « On avait besoin de fonds pour faire plus de production et distribuer un peu partout dans le continent, explique Serigne Massamba Ndour, son fondateur et dirigeant. Au lieu de choisir un fonds d'investissement classique, on a préféré choisir Canal+ qui est un partenaire stratégique avec qui on partage la même vision et les mêmes ambitions pour l'Afrique et avec qui on travaille depuis plus de cinq ans ».Étoffer le catalogueCanal+ ne pouvait passer à côté de cette opportunité : les produits africains, dont ceux de Marodi déjà à son catalogue, sont en tête des audiences auprès de ses désormais 8 millions d'abonnés sur le continent. Et ils font plus que jeu égal avec les produits américains sur le premium.« Il y a 20 ans, nos offres s'adressaient à une élite en partie expatriée et en partie locale, mais très internationale, qui s'accommodait d'une offre de télé internationale, rappelle Sébastien Faux, directeur des programmes de Canal+. Aujourd'hui, notre expansion s'est faite dans toutes les capitales africaines, puis des capitales vers les provinces. Les familles qui nous rejoignent sont en attente de produits, d'histoires qu'elles comprennent et qui leur ressemblent et qui sont donc africaines. »À lire aussiMédias: pourquoi le groupe français Canal+ veut racheter le sud-africain MultiChoiceAvant l’arrivée des plateformesDes histoires africaines et de plus en plus en langue locale. « C'est important, vis-à-vis du public et stratégiquement vis-à-vis d'autres opérateurs qui pourraient être nos concurrents demain, de disposer de contenus dans ces langues vernaculaires, souligne Sébastien Faux. Et c'est le cas de Marodi. Installé au Sénégal, il sait produire en wolof, en pulaar et en français. »Après avoir acquis Rok Studios au Nigeria, Plan A en Côte d’Ivoire, et Zacu Entertainment au Rwanda, Canal+ poursuit donc ses investissements pour étoffer son catalogue en produits audiovisuels entièrement créés et fabriqués en Afrique. Avec 2000 à 2500 nouveaux épisodes par an et des droits de longue durée, la chaîne française à péage espère pouvoir résister à la concurrence des plateformes américaines, lorsqu'elles débarqueront en Afrique.À lire ou à écouter aussiL’ambition africaine de Canal+
3/31/2024 • 2 minutes, 28 seconds
En Côte d’Ivoire, les œufs de Pâques inaccessibles pour la majorité de la population
En nouchi, l’argot abidjanais, on appelle les classes moyennes et supérieures les « choco ». Et pour cause : dans le premier pays producteur de cacao au monde, le prix du chocolat est trop élevé pour la plupart des ménages. À Pâques, la chasse aux œufs est donc réservée aux enfants les plus favorisés. Avec notre correspondante à Abidjan,« Tu dis quoi ? Œuf de Pâques ? Non, non, ça n’a jamais existé. » Dans les rues d’Abidjan, le concept de chocolats de Pâques n’est pas très populaire. Près de l’Ivoire Trade Center, le centre commercial le plus huppé de Cocody, ce père de famille dit même n’en avoir jamais entendu parler. « Je te mets au défi : tu ne verras même pas cinq habitants ici, en Côte d’Ivoire, donner [des] cadeaux de Pâques à leurs enfants. C’est la première fois même que j’apprends ça. Sinon ça n’a jamais existé dans nos coutumes. Du haut de mes 46 ans, je ne connais pas. C’est que c’est purement européen ! »Car les prix du chocolat sont si élevés qu’il est majoritairement réservé à une clientèle d’expatriés. Dans ce centre commercial, on trouve ainsi un sachet de 180 grammes d’œufs pralinés de la marque suisse Lindt à 10 200 francs CFA (15,60 euros). Un autre, de la chocolaterie française Motta à 9 600 francs CFA pour 150 grammes (14.70 euros).Et les productions locales s’inscrivent dans la même gamme de prix, comme les chocolats de la marque ivoirienne MonChoco, vendus à un stand de la galerie marchande. « Nous avons le grand panier de Pâques, composé de l’œuf moyen, du petit lapin de Pâques, des poissons, des petites poules, détaille la vendeuse. Tout ça pour 19 000 francs CFA (près de 30 euros). Nous avons aussi la cabosse, les poules, pour 17 000 FCFA (26 euros). Nous avons aussi le coq à 4 500 francs (6,90 euros), le petit lapin là-bas pour 3 000 francs (4,60). C’est beaucoup les étrangers qui achètent [nos chocolats] pour la fête de Pâques. »À lire aussiLe cacao plus cher que le cuivre pour la première fois de l'Histoire« C'est la mondialisation »Mais les chocolats de Pâques parviennent aussi à séduire une élite mondialisée, dont les enfants fréquentent des établissements internationaux comme l’école Fred & Poppée. « Il y a beaucoup de traditions qui ne sont pas des choses que nous, les parents d’aujourd’hui, avons vécues quand on était enfants, reconnaît le père de deux élèves. Pâques, c’est une fête que l’on connaît pour son côté religieux. Mais il faut dire qu’avec nos générations d’enfants, on a développé, en tant que parents, cette flexibilité - c’est la mondialisation, hein ! - à faire comme les autres. Il y a la Pâques maintenant, sur ce volet-là : chocolats, chasse aux œufs, tout ça. On n’a pas grandi avec, mais nos enfants, avec la télévision et tout, c’est leur univers, et on essaie de leur offrir tout ça. »Une des éducatrices de l’école, Mariam Atta-Kouadio a lancé depuis l’an dernier une activité de chasse aux œufs de Pâques au jardin botanique de Bingerville. Avec pour objectif d’inciter les enfants à intégrer le chocolat à leurs habitudes alimentaires. « Il faut dire que ça ne fait pas partie de nos cultures, en fait. Le chocolat au village, ce n’est pas tout le monde qui en consomme ! C’est vrai que la Côte d’Ivoire est la première productrice en café-cacao, mais il faut reconnaître que c’est coûteux. Le chocolat est cher, ce n’est pas tout le monde qui en consomme. On va essayer de parler de ça aux enfants, pour que ça puisse entrer dans nos cultures. » Sa chasse aux œufs a rassemblé plus de 150 participants l’an dernier, et compte autant d’inscrits cette année. Coût de la participation : 10 000 francs CFA (15,30 euros), chocolat inclus.À lire aussiCôte d'Ivoire: inauguration d'une des plus grandes usines de transformation de cacao du pays
3/28/2024 • 2 minutes, 20 seconds
Au Congo, quel bilan pour le contenu local dans l’industrie pétrolière et gazière?
À l’occasion des 100 ans de TotalEnergies, gros plan sur le contenu local dans le secteur des hydrocarbures au Congo-Brazzaville, qui exploite le pétrole depuis 1960 et qui vient d’abriter la toute première table ronde sur le sujet. L’occasion de faire le point sur l’utilisation des talents nationaux par les opérateurs étrangers. De notre correspondant à Brazzaville,Au Congo, le secteur des hydrocarbures est pilote en matière de contenu local, car il est l’un des principaux vecteurs de transfert de technologies de la part des sociétés étrangères. Total Congo est plutôt un bon élève en matière de contenu local. La filiale du groupe français emploie 600 Congolais contre 40 expatriés. Et elle a mis en place une nouvelle politique de gestion des travailleurs. « On a basculé de la gestion des ressources humaines à la gestion des talents, explique Jean-Didier Ngami, chef du département des ressources humaines. Aujourd’hui, c’est le salarié qui se prend en charge ; c’est le salarié qui gère sa carrière et la compagnie vient en support. »Le secteur aval, pétrolier et gazier, ne pose en général pas de problème, selon les experts, car les Congolais gèrent eux-mêmes le transport et la distribution des produits. Mais en amont, la dizaine d’autres sociétés qui opèrent au Congo est loin de l’objectif fixé par les autorités, à savoir plus de 50% d’employés locaux. « Les sociétés commencent à mettre en place, de plus en plus, des actions sur le contenu local, observe Sarah Rihane Sockath, conseillère sur ce dossier au ministère des Hydrocarbures. Mais les résultats ne répondent pas encore aux objectifs que nous avons fixés. Nous continuons donc à encourager les entreprises dans la promotion du contenu local. »Doper la formationCes sociétés ne peuvent pas non plus se substituer à l’État dans l’organisation de l’enseignement professionnel dans le pays, souligne Sarah Rihane Sockath : « La véritable question est de se dire : est-ce qu’au niveau du Congo, les formations que nous offrons à nos étudiants répondent aux besoins des entreprises ? »En attendant, les sociétés étrangères forment elles-mêmes leurs salariés en fonction des besoins. L’Italien Eni a ainsi formé 40 salariés congolais aux technologies de la liquéfaction, pour le démarrage de l’exploitation et de l’exportation du gaz naturel liquéfié (GNL). L’émergence de ce secteur gazier pourrait être l’occasion de doper le contenu local, grâce à l’adoption de nouveaux textes. « On va avoir un nouveau code gazier qui permettra de définir le cadre législatif, fiscal et contractuel », promet le ministre congolais des Hydrocarbures, Bruno Jean-Richard Itoua.Plus largement, les experts jugent que le contenu local ne devrait pas concerner le seul secteur des hydrocarbures, si l’on veut lutter efficacement contre le chômage et la pauvreté.À lire aussiCongo-B: retombées financières et emploi local au menu d’une table ronde sur le pétrole
3/28/2024 • 2 minutes, 20 seconds
Sénégal: les priorités économiques du nouveau président élu Bassirou Diomaye Faye
Bassirou Diomaye Faye, élu dès le premier tour dimanche 24 mars, devrait entrer en fonction le 3 avril prochain, avec un programme de rupture pour tenter de relever d'immenses défis comme l'alimentation, la dette et l'emploi. La souveraineté alimentaire est en tête du programme économique du nouveau président élu du Sénégal. Une priorité qu’approuve Meissa Babou, enseignant-chercheur à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. « Il faut rompre avec le modèle actuel de notre économie, qui est un modèle d'importation, avec ce que ça nous coûte en devises. Parce que nous importons tout ce que nous mangeons, de l'oignon au riz, en passant par la pomme de terre. »Huit pôles agro-industriels régionauxDans cette même optique, ajoute-t-il, « il faut penser immédiatement à rompre les contrats léonins sur la pêche ». L’économiste se félicite du projet de Bassirou Diomaye Faye de décaler la zone de pêche de 20 km, au profit des pêcheurs sénégalais.La région de Dakar concentre encore 80% des investissements publics, déplore Cherif Sy, ancien professeur à l'École nationale d'économie appliquée. Ce dernier voit donc d’un bon œil le projet de décentralisation économique de la nouvelle équipe. Huit pôles agro-industriels régionaux devraient être créés, précise Cheikh Fatma Diop, auteur du programme de l'ex-Pastef, afin que les entreprises s'implantent, notamment les PME et PMI, « pour exploiter les ressources autour de l'arachide dans le centre, autour des fruits et légumes dans le sud, autour des produits halieutiques sur le littoral ». Il s’agit aussi de « permettre aux jeunes d'accéder à un maximum d'opportunités par l'industrialisation et d’atteindre une valorisation totale du secteur primaire ».Renégocier la dette et les contrats de pêche et de gazPour retrouver de l'aisance budgétaire, l’équipe du nouveau président envisage de renégocier la dette sénégalaise, « sur le modèle de la Zambie ou du Ghana ». Et de récupérer des ressources fiscales en supprimant des exonérations et en élargissant l'assiette de l'impôt, très réduite.Elle ne s'interdira pas non plus de revoir les contrats signés, y compris dans le gaz. « Par définition, tout contrat signé dans des conditions non optimales pourrait être revu, indique l’inspirateur du programme, Cheikh Fatma Diop. Ce sont des pratiques internationales connues. »Rectification sur la future monnaieEn revanche, Bassirou Diomaye Faye a publiquement rectifié le tir en annonçant, de concert avec Ousmane Sonko, qu'il soutiendrait la future monnaie ouest-africaine pour remplacer le franc CFA, avant de songer à créer une monnaie sénégalaise. « Ce sont des rectifications rassurantes, juge l'économiste Cherif Sy. Ils précisent aujourd’hui qu'ils combattront pour l'émergence de la monnaie de la Cédéao... Une sortie du Sénégal de la zone monétaire, ce serait sa disparition immédiate, avec des effets désastreux sur les pays voisins. »Il est possible d'orienter l'économie vers la satisfaction des besoins essentiels internes – infrastructures, nourriture, éducation –, juge l'économiste, sans provoquer « maladroitement » la fuite des capitaux ou celle des investisseurs extérieurs.À écouter aussiPrésidentielle au Sénégal: décryptage de la victoire de Bassirou Diomaye Faye
3/27/2024 • 2 minutes, 15 seconds
Madagascar: une start-up se spécialise dans la fabrication de drones cargo
Avec leurs 3,20 mètres d’envergure, on peut les voir sillonner le ciel malgache. Ce sont des drones cargos, conçus sur la Grande Île depuis 2019 par une start-up, la seule à proposer un service de livraison avec les drones qu’elle fabrique. La jeune société et sa soixantaine de salariés ont réussi à lever 3 millions d’euros l’an dernier auprès d’un fonds d’impact basé en France. Une aventure humaine et technologique dans un secteur aussi innovant qu’incertain. De notre correspondante à Antananarivo,Le dernier drone d’AerialMetric est solidement harnaché sur le banc d’essai. Les équipes de calibration et de recherche et développement simulent un décollage en conditions réelles. Objectif : vérifier le comportement des quatre moteurs, poussés à leur vitesse maximale de 110 km/h. Le test fini, les ingénieurs viennent récolter les premières données physiques. « Moteurs avant D et A, température : 80°C. Ce n’est pas normal, il faut qu’on vérifie ça », alerte l'un d'eux.Jusqu’à 10 kg de charge transportable (ou 12 litres), une autonomie de plus 200 km, ce petit bijou de technologie à plus de 90 000 euros pièce a été conçu dans ce hangar tananarivien. « On importe les ailes, le corps du drone, le fuselage, la dérive, l’aile centrale », explique, tournevis en main, Zo Rakotoarisoa, le tout premier salarié de la start-up, assis devant une table de montage. « Pour le reste, c’est nous qui fabriquons tout à l’intérieur du drone, comme l’ordinateur de bord, par exemple. On adapte aussi le drone à la demande des clients. Parfois, ils veulent transporter plus de poids ou augmenter la vitesse. En ce moment, on tente une amélioration du système de largage », décrit-il. Une imprimante 3D est en train de fabriquer la pièce manquante, pendant qu’au département électronique, on vérifie le câble du moteur, soumis à des températures trop élevées.À écouter aussiWilliam Elong, le petit génie du drone camerounaisUn drone à l’épreuve de la géographie malgacheL’objectif de la start-up, à terme, est d’être totalement autonome pour produire ses drones. Un vrai défi dans un secteur de technologie de pointe très concurrentiel. « C’est une course à la précision, sur l’autonomie de vol, sur la capacité d’emport [capacité de charge d’un avion, NDLR], surtout dans le domaine de la cargaison par drone, expose Thomas Clochard, directeur technique adjoint. Il faut être le meilleur. »Une agilité permanente à laquelle s’astreint la start-up, favorisée, il est vrai, par la législation aéronautique encore souple à Madagascar, qui lui a permis de réaliser des milliers de vols. « Nous avons sur une même île, des zones désertiques, très humides, des chaleurs très élevées, un relief avec des montagnes, des vallées, qui se suivent avec peu d’intervalles, poursuit Thomas Clochard. C’est vraiment quelque chose qui soumet le drone à des conditions de vol très extrêmes. C’est pour ça que nous avons réussi à développer un drone tout terrain. » Une expertise désormais reconnue à l’international et qui laisse présager un bel avenir au drone cargo malagasy.
3/25/2024 • 2 minutes, 15 seconds
En Tunisie, un podcast pour lutter contre la vie chère
En Tunisie, inflation et pénuries rythment le quotidien des habitants depuis des mois. C’est dans ce contexte que l'association locale Alert sensibilise les Tunisiens aux questions économiques, en diffusant notamment des podcasts hebdomadaires à destination du public. Financement des médias, prix de l’huile d’olive ou encore économie de rente sont des sujets traités. Sur le réseau social TikTok, certaines vidéos engrangent jusqu’à plusieurs centaines de milliers de vues. De notre correspondante à Tunis,En cette froide soirée de ramadan, une dizaine d’amis – de jeunes trentenaires pour la plupart — se retrouve dans les rues de Carthage, en banlieue de Tunis.« Toutes les semaines, on se retrouve après le travail le lundi pour tourner un podcast qui est diffusé sur toutes les plateformes le dimanche matin », explique Louai Chebbi. Diplômé en droit à Paris, il est revenu au pays pour enseigner. Il chapeaute aussi l’association Alert.« Trois, deux, un, action ! », décompte l’un des membres. Ces podcasts durent parfois jusqu’à près de deux heures. Alors que les difficultés que traverse la Tunisie — comme l’inflation, l’endettement, les pénuries — sont souvent expliquées par les autorités comme étant les conséquences de complots visant l’État tunisien, Alert veut contrer le discours officiel, chiffres et démonstrations à l’appui.Des contenus accessibles qui donnent des clés« On a remarqué que les "think tank" qui travaillent normalement avec l’écriture de longs rapports qui font 80, 90 pages, parfois 150 pages, mais ne trouvent pas un public large, un public de profanes », constate le président de l’organisation. Face à ce constat, Alert a voulu faire quelque chose de concret : « On a travaillé des vidéos, avec du contenu accessible, avec un langage, un vocabulaire tunisien qui donne les clefs à ces personnes pour déverrouiller les questions qui semblent un peu trop techniques. »Et les sujets économiques ne sont jamais vraiment décorrélés des questions politiques. « L’économie, c'est la politique, bien évidemment. Notre travail, c'est de dire : "On fait de la politique en parlant d’économie et on fait de l’économie en parlant de politique" », souligne Louai Chebbi.À écouter aussiTunisie : face à la crise, le secteur informel exploseAu programme aujourd’hui dans le podcast tourné ce jour-là, le statut des professions libérales en Tunisie. Pas de présentateur attitré. Le plus compétent des membres du collectif conduit les débats. Mehdi Jemaa, expert-comptable et membre d’Alert, tient la barre pour cette émission. À 27 ans, expert-comptable dans un cabinet, ce projet est très stimulant pour lui : « Honnêtement, moi personnellement, j’y trouve du sens. C’est une quête de sens. J’ai un rôle quelque part et j’arrive à avoir un impact, et ça honnêtement, c'est mon moteur. »Aujourd’hui, l’organisation fonctionne essentiellement sur l’implication et la générosité de ses membres. Pour garantir la liberté de ton et l’indépendance d’Alert, Mehdi Jemaa encourage les auditeurs à mettre la main à la poche pour assurer la pérennité du programme.
3/24/2024 • 2 minutes, 18 seconds
Le Congo-Brazzaville devient producteur et exportateur du gaz naturel liquéfié avec le groupe Eni
L’économie congolaise qui repose depuis toujours sur le pétrole va dorénavant pouvoir également compter – même si à moindre échelle - sur le gaz naturel liquéfié (GNL). Le Congo-Brazzaville devient producteur et exportateur de GNL grâce aux investissements du groupe pétrolier italien Eni. La toute première cargaison vient de quitter Pointe-Noire (sud), la capitale économique. Avec notre envoyé spécial à Pointe-Noire, Loïcia MartialSur le site de Litchenjili à quelques encablures de Pointe-Noire, les officiels venus assister au démarrage de la production du gaz naturel regardent un cargo qui mouille dans l’Atlantique. Dans ce bateau se trouve la première cargaison de gaz liquéfié prête à partir. Symboliquement, le chef de l’État Denis Sassou Nguesso ouvre une vanne sous le regard enthousiaste du ministre des hydrocarbures, Bruno Jean-Richard Itoua. « Aujourd’hui, nous célébrons à la fois le début de la production et le premier cargo, donc l’exportation du gaz naturel liquéfié pour la première fois dans ce pays, se félicite ce dernier. Pour l’instant, nous sommes dans la première phase qui est celle de 600 000 tonnes (par an) et l’année prochaine, nous passerons à 3 millions de tonnes. »Une usine de liquéfaction livrée par Eni en temps recordL’essentiel de la production sera exportée et une infime partie, avant sa liquéfaction, sera destinée à la consommation locale et à l’alimentation de la centrale électrique du Congo, première unité de production d’énergie du pays.La société italienne Eni a investi 5 milliards de dollars dans cette usine de liquéfaction qui a vu le jour en un temps record. Une année seulement pour qu’elle sorte de terre et soit opérationnelle. « Nous avons voulu (volontairement) avec le contracteur que le projet se fasse très vite, explique Bruno Jean-Richard Itoua. Il y a un marché très demandeur de gaz. Au niveau international, la crise entre l’Ukraine et la Russie crée des tensions sur le marché. Parce qu’il y a une partie de la production mondiale, notamment celle de la Russie qui n’est pas disponible. Il y a une demande très forte, les prix sont très élevés. Donc, tout producteur de gaz a intérêt à aller vite. »Eni a fait usage de technologies très avancées pour produire et traiter ce gaz plus rapidement. « Nous avons (en particulier) utilisé des technologies qui nous ont permis de réaliser un développement modulaire de GNL de petite taille, détaille Claudio Descalzi, le PDG du groupe italien. C'est un modèle jamais utilisé en Afrique et même avec peu d’exemples dans le monde. »Exploiter le gaz plutôt que le torcherLa production de gaz naturel liquéfié apporte une réelle valeur ajoutée à l’économie congolaise, selon le directeur général du Port autonome de Pointe-Noire, Séraphin Balhat. « Depuis les années 1950, on brûlait le gaz, on gaspillait une richesse. Le chef de l’État a pris cette sage décision de faire en sorte que ce gaz soit désormais récupéré, liquéfié et exporté pour la richesse nationale, pour plus de revenus », rappelle-t-il.Le gouvernement envisage également de produire des engrais avec ce gaz. Cette année, la production de gaz naturel liquéfié devrait déjà rapporter 29 milliards de francs CFA (environ 44 millions d’euros) aux caisses de l’État.
3/21/2024 • 2 minutes, 21 seconds
Au Sénégal, le projet gazier GTA s’invite dans la campagne
Au Sénégal, plus que quelques jours avant la fin de la campagne pour les 19 candidats à la présidence. Croissance économique, FCFA, lutte contre la corruption sont des thématiques qui apparaissent dans les différents programmes. Autre sujet économique qui s’invite dans la campagne, celui de la gestion des ressources naturelles et plus précisément le cas du projet gazier sénégalo-mauritanien « Grand Tortue Ahmeyim ». Ce projet s'est invité dans la campagne, car peut-être emblématique des difficultés de gestion et les attentes qui entourent ces grands projets énergétiques. Les découvertes pétrolières et gazières sont promesse de recettes fiscales et de redevances. Mais les premiers litres de gaz prévus pour avril 2022 ne sortiront finalement de terre qu'aux alentours du 3e trimestre 2024.La production annuelle de GNL attendue pour cette 1ʳᵉ phase est de 2,5 millions de tonnes, essentiellement destinée à l'exportation dans un contexte géopolitique très favorable.Cependant, alerte Papa Daouda Diene, analyste économique au Natural Resource Governance Institute, ces rentrées prévisionnelles doivent être considérées avec précaution. Car les retards pris dans le lancement du projet pourraient avoir des conséquences économiques importantes, notamment pour le budget de l'État. « Il ne faut pas oublier que des affectations avaient été prévues dans le budget de 2023 par exemple au niveau des fonds de stabilisation, des fonds intergénérationnels, souligne l’analyste. Mais également, ils peuvent avoir des impacts sur les prévisions de croissance et les prévisions d'endettement, ça, c'est au niveau macroéconomique. »« Se prémunir des risques associés à ces retards »Des retards qui peuvent avoir également des impacts sur les perspectives économiques. Le FMI en fin de mission en septembre 2023 évaluait les perspectives de croissance du PIB à 8,8% pour 2024. Une croissance qui sera stimulée en cas de démarrage de la production de pétrole et de gaz, précise l’institution. « Pour se prémunir de ces risques associés à ces retards, le gouvernement doit faire preuve de prudence dans la planification de l'utilisation de ce gaz, des emprunts associés, de l'utilisation des revenus, etc. », précise encore Papa Daouda Diene.Le coût estimé de la Phase 1 du projet gazier était estimé à 3,6 milliards de dollars. Mais les retards de mise en service vont entraîner de fait des surcoûts. « Quand on connait un retard, il y a forcément de nouveaux investissements et le coût va augmenter, pointe Babacar Gaye, économiste spécialisé dans les questions pétro-gazières et consultant au cabinet DG Link. Il y a des surcoûts, il y a des surfacturations. BP va récupérer l’argent dépensé avant de parler de bénéfices. Du coup quand est-ce qu’on va amortir ? »Les montages financiers de ce genre de projets sont complexes et évoluent au fil du temps et des phases d’exploitation. Le ministre du Pétrole et des Énergies sénégalais, Antoine Félix Diome a rappelé certaines modalités à l’occasion d’une conférence de presse conjointe avec son homologue mauritanien à Nouakchott en janvier dernier. « Au début, nous ne mettons pas d'argent. C'est-à-dire que l'opérateur arrive, il y a une décision finale d'investissement qui est arrêtée après le plan de développement de l'unité qui annonce le coût, détaille le ministre. Après avoir engagé toutes les dépenses, c'est à partir de ce moment, quand [l’opérateur] récupère les dépenses qu'ils ont mises, qu'on se partage le "profit oil". »Renégocier les contrats ?Le « cost oil » est donc le coût pétrolier, « qui d'ailleurs doit être arrêté à un certain montant. Il ne peut pas aller indéfiniment. D'où l'intérêt de bien surveiller le cost oil », précise-t-il encore. Face à ces retards importants, les autorités ont indiqué lancer un grand audit pour notamment évaluer ces surcoûts. Un exercice de transparence également vivement attendu par la société civile. « Je pense que ce sera le plus grand dossier pour le prochain gouvernement, estime le spécialiste Babacar Gaye. C'est pourquoi aujourd'hui, vous pouvez constater que dans l'arène politique, à ce moment de la campagne, certains candidats ont promis aux Sénégalais de renégocier les contrats, parce que ce à quoi nous sommes en train d'assister n'augure rien de bon pour l'avenir de l'exploitation du gaz au Sénégal. »Les difficultés à voir mis en service durant la première phase inquiète. Les phases 2 et 3 de Grand Tortue – censées être plus tournées vers le marché local et plus rémunératrice pour les États – sont prévues. Mais les surcoûts, les reports, mais également la politique générale de BP — notamment ses engagements à réduire ses investissements dans les hydrocarbures — crée de l'incertitude autour de l'avenir du projet.À lire aussiProjet gazier GTA: le Sénégal et la Mauritanie lancent un audit après un énième retard
3/20/2024 • 2 minutes, 25 seconds
Des avancées économiques et sociales grâce à l'amélioration du stockage en Afrique [2/2]
Crise du Covid, changement climatique, conflits... Le continent africain est touché par de multiples facteurs qui impactent sa sécurité alimentaire. La question du stockage des céréales et autres denrées alimentaires est donc centrale, mais encore très imparfaite. Pourtant, le développement d’entrepôts et d’infrastructures de stockage adaptés peut avoir par ricochet — en plus d’assurer la bonne conservation des produits – des impacts importants sur les économies. Avec son plan de développement de lieux de stockage, la Côte d’Ivoire a fait les comptes, explique Justin N’Goran Koffi, le directeur général de l’Autorité de Régulation des Récépissés d'Entreposage. « Ca va développer un tissu industriel local. Vous prenez l'exemple, d’un entrepôt de 1000 m² c'est 150 emplois directs, c'est 450 emplois indirects. C'est un véritable parc industriel. Ne serait-ce qu'un seul entrepôt, ça change la vie des populations », soutient le DG.Dans ce domaine, le Sénégal est également sur les rangs. Développer l’activité dans le centre économique, mais également en régions. « Le Sénégal a érigé le marché de Diamniadio pour centraliser tout ce qui est stockage. Ce qui gangrenait jusque-là la productivité du Sénégal, c'est la période post-récolte, analyse Djibril Diop inspecteur à la Compagnie nationale d’assurance agricole du Sénégal et témoigne de la politique en cours. Donc Diamniadio est le centre, mais au niveau des agro-pôles qui sont en train d’être érigées, on est en train d’ériger des infrastructures au niveau des départements, au niveau des régions pour un quadrillage national. Et ça permettra aux actifs du secteur primaire de prendre leur vraie place dans le développement économique. »À écouter aussiEn Afrique, des pertes agricoles dues aux problèmes de stockage [1/2]Suivi des travailleurs indépendantsUn développement d’autant plus important dans des pays qui manquent encore d’infrastructures, souligne Mireille Mogena qui fait du conseil au Tchad. « C’est une zone sahélienne, on produit beaucoup, malheureusement, on n'a pas de lieu de stockage, on a une vraie problématique là-dessus, constate-t-elle. Il faut pouvoir trouver des lieux pour justement les installer au plus près de la population. Parce que malheureusement les infrastructures ne nous permettent pas de faire des grandes distances. » L’objectif essentiel pour elle, dynamiser ce secteur agricole qui peine à se développer à l'export, mais surtout localement.En Côte d’Ivoire, le développement des entrepôts s’accompagne d’un système de récépissés et donc de traçabilité qui peut avoir des impacts importants et parfois inattendus. « Aujourd'hui, nous avons développé la couverture maladie universelle en Côte d'Ivoire par exemple. Le paysan qui n'a pas de salaire à partir d'un récépissé d'entrepôt, il peut être traçable, met en avant Justin N’Goran Koffi. Vous avez la Caisse nationale de prévoyance sociale qui a lancé la retraite des travailleurs indépendants. Mais comment on fait pour prélever tout ça ? Dans l'organisation, l'écosystème que l’on va mettre en place autour du système d'entreposage, ça permettra aux paysans d'avoir accès à des financements. Ils sont visibles. » Les systèmes de stockages locaux et de récépissés peuvent également encourager la transformation dans de petites unités locales grâce à la disponibilité des matières et des facilités de crédits.À écouter aussiL'Afrique dans les salons de la logistique
3/19/2024 • 2 minutes, 20 seconds
En Afrique, des pertes agricoles dues aux problèmes de stockage [1/2]
Crise du Covid-19, changement climatique, conflits… Le continent africain est touché par de multiples problématiques qui impactent sa sécurité alimentaire. Dans ce contexte, les questions de qualité de semences ou d’engrais sont souvent évoquées. Celle du stockage plus rarement, alors qu’elle est hautement stratégique. Des productions agricoles mal stockées sont sujettes à de nombreux risques. Djibril Diop est inspecteur à la Compagnie nationale d’assurance agricole du Sénégal. Il est un témoin des dégâts récurrents. « Vous pouvez produire, mettre ça en stockage et un aléa arrive », illustre-t-il. « Les rongeurs peuvent arriver si c'est mal entreposé et déprécier la marchandise. Du coup, la valeur marchande diminue. »Et d'ajouter : « Il est donc dans l'intérêt du producteur qui a trimé pendant des jours, des mois ou bien des années, au terme de sa production et dans l'attente des dividendes de son action, de bien couvrir cela pour que les résultats ne soient pas biaisés, afin que quand le sinistre arrive, cet événement aléatoire que personne ne maîtrise, qu’il soit indemnisé. »Ces problèmes de stockage se ressentent dans le quotidien des populations, souligne Mireille Mogena, à la tête d’un cabinet de conseil qui travaille notamment sur les thématiques agricoles au Tchad. « Pendant les périodes de soudure, on voit que les prix flambent et on se demande pourquoi les prix flambent », souligne-t-elle. « Parfois, on a l'impression que les producteurs ont stocké pour faire de la surenchère. Mais parfois non. Justement, ils n'ont pas forcément stocké, mais ils ont cette problématique de pouvoir trouver des lieux de stockage. Donc, c'est un peu une double peine. »En Côte d'Ivoire, un programme de prélèvement et de constructionDes problèmes de stockage qui ont clairement été identifiés et estimés par les autorités ivoiriennes. Entre 30 et 60% des récoltes sont ainsi perdues faute de bons lieux de stockages chaque année, pour un coût évalué à 40 milliards de francs CFA. « Ne serait-ce que pour la moitié des 23 spéculations que nous avons, afin de stocker la moitié, nous avons besoin d'un peu plus de 2 000 entrepôts. Ça fait un investissement d'environ 5 milliards d'euros dans toutes les zones de production », détaille Koffi Ngoran, le directeur général de l’Autorité de régulation des récépissés d'entreposage.« Ce n’est pas reluisant par exemple d’entendre dire que la meilleure qualité de l’anacarde vient du Bénin. Alors qu'eux, ils produisent à peine 150 000 tonnes et nous sommes à plus d'un 1,3 million de tonnes. Et donc évidemment, s'il y a un stockage intelligent, avec un traitement manutentionnaire adéquat, s'il est possible de faire la surveillance 24 heures sur 24 avec un système électronique qui a des capteurs sur l'humidité, sur l'intrusion et sur la contamination des produits, ça permet de faire un bond », explique encore détaille Koffi Ngoran.Face à cette problématique, et dans l’objectif d’avoir moins de pertes et d’assurer la qualité des produits agricoles, les Ivoiriens ont engagé une politique de prélèvements pour permettre le développement de ces structures de stockage. Un projet de construction de 108 entrepôts est en cours.
3/18/2024 • 2 minutes, 17 seconds
En Centrafrique, le travail des enfants dans les mines subsiste
Pour nourrir leurs familles et assumer certains de leurs besoins, des dizaines d'enfants abandonnent le chemin de l'école et se lancent chaque année dans les activités minières à Mbaïki, une ville située à 105 km de Bangui, au sud-ouest de la Centrafrique. Poussés par la pauvreté pour certains ou le suivisme pour d'autres, ces enfants en quête d'indépendance économique sont aujourd'hui exposés à différents dangers. Avec notre envoyé spécial à Ndolobo,Cet après-midi, le véhicule roule à 20 km/h sur les pistes sablonneuses de la Lobaye. Avec précaution, le chauffeur s’arrête par moments, cherche le bon chemin puis arrive enfin sur le chantier minier de Ndolobo, qui se trouve à 18 km au nord de Mbaïki. C’est une grande carrière à ciel ouvert, non loin d’un cours d’eau, tenue par un groupe de collecteurs natifs de Mbaïki.Juste à l’entrée, un groupe d’enfants assis sur des blocs de pierres se partagent du vin de palme. « J’ai abandonné l’école cette année pour venir chercher le diamant et l’or, explique Nestor, un jeune de 14 ans. Mes parents sont pauvres. Je me bats pour soutenir ma famille et financer mes études l’année prochaine. »Sous ce soleil ardent, les uns portent de lourds paniers remplis de graviers jusqu’au cours d’eau, d’autres les lavent, les tamisent afin de trier les pierres précieuses. C’est un travail artisanal et pénible selon Samuel, lui aussi âgé de 14 ans : « Il faut creuser plusieurs mètres pour avoir le diamant et l’or. Les adultes ne nous distinguent pas. Nous devons aussi creuser et casser les grosses pierres avec des masses. Chaque jour, on se réveille à 3 heures du matin pour parcourir 18 km à pied. »Si certains se partagent entre l’école et le chantier, Olivier, 15 ans, a définitivement tourné le dos aux études. « Parfois, je gagne entre 50 et 60 000 francs CFA en deux jours. Parfois, en un seul jour, je gagne entre 40 et 50 000 francs CFA. Il m’arrive aussi souvent de rentrer bredouille. »À écouter aussiTravail des enfants: un constat alarmantDroits des enfantsEn 2020, Gabriel a perdu son fils dans un chantier minier. Chez lui, le deuil n’est pas fini. « C’est un travail pénible pour les enfants, concède ce père rongé de remords. Je m’en voudrais éternellement d’avoir entraîné mon enfant qui n’avait pas encore 10 ans dans ce travail. Il est mort parce qu’un bloc de terre s’est effondré sur lui. »En Centrafrique, le manque d’opportunités économiques pousse des milliers d’enfants à se lancer dans des activités parfois dangereuses. « L’un des principaux facteurs poussant les enfants vers le travail minier est lié au manque d’opportunités économiques. À cela s’ajoute la pauvreté endémique que certaines familles traversent dans des régions où l’économie est largement informelle et basée sur l’extraction minière, analyse Remy Djamouss, coordonnateur du Centre pour la promotion des droits de l’enfant (CPDE). Généralement, les familles dépendent du travail des enfants pour survivre. »À lire aussiCentrafrique: les enfants ont désormais leur Code et des droitsEt d'ajouter : « Les conventions internationales sur les droits des enfants et même le code de protection des enfants en Centrafrique, interdisent le travail des enfants, surtout lorsque ce travail est dangereux et lorsque cela met à mal l’éducation des enfants. »Même s’il n’y a pas de données exactes sur le nombre d’enfants qui pratiquent des activités minières, dans la Lobaye, une vingtaine de chantiers miniers attireraient chaque année selon les sources une centaine d’enfants âgés de 10 et 15 ans.
3/17/2024 • 2 minutes, 19 seconds
Au Kenya, les écrivains peinent à se faire publier
Du très renommé Ngugi wa Thiong’o, à des auteurs plus contemporains comme Yvonne Adhiambo Owuor, la littérature kényane bourgeonne. Les lecteurs sont de plus en plus avides de récits locaux. Mais se faire publier reste un défi pour de nombreux écrivains, surtout à leurs débuts. Il faut parfois se tourner vers l’étranger ou publier à compte d’auteur. De notre correspondante à Nairobi,Les rayons de Soma Nami à Nairobi sont remplis d’auteurs du continent. La librairie indépendante se revendique panafricaine. Elle vient aussi de lancer sa propre maison d’édition. Wendy Njoroge, une des cofondatrices, explique : « Il y a des lacunes au Kenya en termes de publications d’œuvres de fiction ou de littérature non fictionnelle. Peu de maisons d’édition s’y risquent. Notre objectif, c’est de pouvoir faire découvrir des récits est-africains au reste du monde. Beaucoup de films sont tirés de livres. L’idée serait même que le livre soit une première étape pour nourrir un paysage plus large avec des histoires est-africaines. »Kiarie Kamau est bien conscient de ces lacunes, malgré des demandes du public pour de la littérature kényane. Il est PDG d’une maison d’édition et président de l’Association des éditeurs au Kenya. « Le secteur de l’édition est très dynamique au Kenya, mais principalement dans un domaine : celui des manuels scolaires, explique le professionnel de l’édition. Je dirais qu’ils représentent entre 85 à 90% des livres publiés. Et ce parce qu’ils assurent des revenus presque immédiats, surtout si l’on répond à un appel d’offres du gouvernement qui sont généralement payés dans les six à huit mois. Pour la fiction, la rentabilité est plus longue, ça demande aux maisons d’édition d’avoir plus de capital. »Publication à compte d'auteurFace à ces difficultés, Joan Thatiah a décidé d’auto-éditer ses œuvres. Elle le reconnaît, l’investissement est risqué. L’écrivaine dit avoir dépensé un peu plus de 1 500 euros pour obtenir 1 000 copies de son premier livre. « J’ai dû chercher un rédacteur, un designer pour le livre, puis il y a tout l’aspect juridique, les copyrights, et enfin l’impression qui coûte très cher, détaille-t-elle. Et à la fin, on ne sait pas si les livres vont se vendre. J’y ai mis toutes mes économies, c’était un vrai pari ! »Aujourd’hui, Joan ne regrette pas sa décision, car elle réussit désormais à vivre de son métier d’écrivaine. « C’est beaucoup de travail, mais pour moi, la publication à compte d’auteur est plus rentable que si j’étais passée par une maison d’édition », assure-t-elle. Sur ses neufs livres, seul un a été publié par une maison d’édition, au Nigeria. « Je tire comme profit environ 50% des revenus des livres vendus, contre 10% que me promettait une maison d’édition kényane », précise encore Joan Thatiah.Forte de cette expérience, l’écrivaine aide aujourd’hui les plumes kényanes débutantes à naviguer dans le milieu de l’autoédition et ainsi encourager l’essor de la littérature kényane.
3/14/2024 • 2 minutes, 23 seconds
Au Sénégal, les producteurs de riz face à de nombreux défis
Le riz est présent dans toutes les assiettes sénégalaises mais pour la grande majorité il s’agit de riz importé d’Asie. Cette céréale est pourtant cultivée localement, avec la pluie dans le centre et le sud du pays, et par irrigation fluviale dans le nord. Un programme d’autosuffisance en riz a même été lancé en 2014, des efforts sont faits pour mécaniser la production, mais de nombreux défis persistent. Avec notre envoyée spéciale à Richard Toll, Juliette DuboisÀ Richard Toll dans le Fouta, la période des semences a commencé. Des saisonniers jettent des poignées de semis dans l’eau. Mouhamed Diop loue 100 hectares de terres, mais il se bat chaque année contre les oiseaux qui viennent picorer ses cultures.« Aux champs, nous les cultivateurs, on fait bien notre travail, se défend-il. Ce sont les oiseaux qui nous fatiguent trop et font baisser la rentabilité. Par exemple, si je devais avoir 100 sacs et que les oiseaux en mangent 30, il y aurait moins de production. »Des machines peu adaptéesIl faudrait donc récolter rapidement pour échapper aux oiseaux, mais le manque de machines handicape les producteurs comme l’explique Mouhamed Diop : « Je n’arrive pas à avoir ce que je devrais récolter à cause des oiseaux, mais aussi du manque de matériel agricole. Là où la récolte devrait se faire en une semaine, si tu n’as pas de matériel, ça peut prendre jusqu’à un mois. »Certains cultivateurs ont pu acheter des moissonneuses batteuses grâce à des subventions de l’État. C’est le cas d’Ousseynou Ndiaye. Sa machine récolte quatre hectares par jour, un énorme gain de temps. Mais selon lui, le changement climatique la rend déjà obsolète : « Avec les pluies précoces, on a des difficultés pour que cette machine qui est équipée de pneumatiques parfois n’est pas en mesure d’assurer la récolte parce que les périmètres sont humides et inondés. Là, il nous faut des machines à chenilles. »En plus des inondations, les germinations se font trop tôt, et les sols sont de plus en plus salinisés. Ousseynou Ndiaye estime les pertes l’an dernier dans la région à près de 200 000 ha et 100 milliards de FCFA.Nécessaire adaptationAutre conséquence : les producteurs prennent du retard dans l’exécution des travaux et l’objectif de deux récoltes par an n’est pas atteint. Pour Ousseynou Ndiaye, qui est aussi président du comité interprofessionnel de la filière riz, des mesures doivent être prises pour mieux gérer ces effets du changement climatique. « Il faudrait aussi assurer la qualité des semences avec un bon crédit adapté aux semences. Il faut aussi veiller à l’assurance agricole qui doit être généralisée. Il faudrait mettre en place un fond de calamité », détaille-t-il. Un comité scientifique a été mis en place avec la SAED, la Société d'Aménagement et d'Exploitation du Delta du Fleuve Sénégal. Aboubacry Sow en est le directeur : « les conseils que l’on donne, c'est d’essayer de voir comment mettre en place les semis le plus tôt possible pour permettre donc peut-être la récolte au mois de juin au plus tard au mois de juillet avant que la saison des pluies ne s’installe. »À terme, l’objectif est d’arriver à généraliser la double culture et d’enfin s’approcher de l’autosuffisance en riz. Le Sénégal importe encore un million de tonnes de riz par an.À lire aussiRiz sénégalais: le pays est toujours loin de son objectif d’autosuffisance
3/13/2024 • 2 minutes, 22 seconds
Centrafrique: à Mbaïki, les pépinières fleurissent
En Centrafrique, la ville de Mbaïki est réputée pour ses pépinières. Située dans la forêt équatoriale, la localité compte plusieurs millions d’hectares de forêt avec une centaine de groupements spécialisés dans la production des jeunes végétaux. En plus d’entretenir les arbrisseaux, leurs habitants sont aussi en quête de marchés pour assoir leur indépendance économique. Avec notre envoyé spécial à Mbaïki,Casquette noire, t-shirt vert et arrosoir en main, Augustin Baguénde montre d’un geste passionné des centaines de jeunes plants alignés en plusieurs colonnes dans de petits sachets noirs en plastique. « Cette pépinière de 20 hectares, fondée en 2019, produit chaque année 50 variétés de 500 jeunes plants. Âgé de 55 ans, Augustin nous ouvre les portes de son entreprise », lance-t-il fièrement. « Ici, nous développons nous-mêmes les graines dans des sachets et nous les arrosons tous les jours. Nous avons des cacaoyers, des orangers, des pommes rouges, des goyaviers, des avocatiers, des manguiers, les fruits de la passion... et presque l'ensemble des agrumes », ajoute-t-il. Produire des plans, un travail techniqueLes prix varient entre 250 et 2 500 FCFA. Avec son équipe de 15 personnes, Augustin travaille essentiellement avec des moyens artisanaux. Pour avoir de meilleurs rendements, ces jardiniers bénéficient parfois des formations délivrées par Fidèle Baya, responsable forestier à l'Institut supérieur de développement rural (ISDR) de Mbaïki. « Le processus commence toujours par le choix d'un site approprié, explique celui-ci. Une fois le site de la pépinière choisi, il faut commencer par le nettoyage et le défrichage complet. Ça se passe généralement entre les mois de novembre et décembre. Préalablement, il faut mettre les graines dans des sachets avant d'ajouter le terreau, c'est-à-dire de la terre arable, mélangée avec la terre noire. On installe les plants en colonnes et on les arrose régulièrement pour avoir un bon rendement. »Mathieu est l'un des fils d'Augustin. Passionné par ce travail, il s’émerveille dès qu’il en parle. Après cinq ans d'activités, il connait mieux le profil de ses potentiels clients : « Nous vendons nos arbrisseaux aux agriculteurs, aux fermiers et aux agents des eaux et forêts. Les principaux acheteurs viennent de la capitale ou des principales villes et villages de notre préfecture. Chaque employé à un salaire mensuel qui permet de couvrir ses besoins et ceux de sa famille. »Agroforesterie et protection de l'environnementAujourd'hui, une centaine de micro-entreprises de pépinières travaillent dans cette zone forestière qui couvre une superficie de 37 500 km². Leur existence est cruciale pour la protection de l'environnement selon Didier, agent des eaux et forêts : « Avant, pour mettre en place une plantation, il fallait tout détruire. c'est-à-dire enlever tous les arbres pour cultiver le champ. Mais maintenant, on demande à la population de pratiquer l’agroforesterie, explique Didier. Nous amenons la population à comprendre que la forêt que nous voyons aujourd'hui peut disparaître demain. En faisons cela, nous luttons contre la dégradation des terres et l'avancée du désert. La forêt se dégrade à un rythme accéléré. C'est pourquoi il faut encourager maintenant la population à pratiquer le reboisement. »Aujourd'hui, ces groupements cherchent à s’équiper en véhicules, pour étendre leurs activités dans toute la République centrafricaine et dans la sous-région. À lire aussiEn Centrafrique, un dispositif de près de 40 ans pour comprendre la forêt
3/12/2024 • 2 minutes, 19 seconds
Bénin/Togo: les potentiels économiques du fromage peul
Il s’appelle wangash, wagashi ou wagasi. Il s’agit du célèbre fromage fabriqué par les femmes peules au Bénin, mais aussi au Togo. Un mets prisé dans l’Afrique de l’Ouest, mais dont la production reste peu structurée. De nombreux acteurs ont compris le potentiel de ce produit unique et font bouger les choses. Dans une arrière-cour familiale, en banlieue de Lomé, les femmes préparent le wagasi dans de grosses marmites en métal. Rafiatou a chargé sur sa tête un grand fût en plastique, dans lequel des fromages ronds et blancs sont empilés – elle passera la journée à vendre ses produits dans la capitale du Togo. « C’est un peu difficile, ça prend du temps », explique Rafiatou.Chaque matin, un cousin part à moto et parcours plusieurs kilomètres pour aller chercher le lait frais qui sera ensuite cuisiné par les femmes. Elles fabriquent du fromage wagasi, mais aussi des yaourts ou des boissons à base de lait. « Il part des fois à 5h, des fois à 6h, décrit ce cousin. Il s’en va chez les Peuls, il collecte le lait et il le ramène avec les bidons comme ça. C’est des dépenses ! »Sédentariser l'activitéAlaji Abdoulaye est à la tête d’une association culturelle peule. Cet éleveur originaire du nord du Togo voit bien les limites de l’élevage nomade : « Il n’y a plus de forêt pour nourrir les bœufs. Tu es toujours sur le terrain de quelqu’un. Il y a des moments, tu peux produire beaucoup de lait. Il y a des moments, il n’y a pas de lait. Et si tu dois te déplacer pour chercher le wagasi, ça risque de se gâter. Nous, on est en train de chercher comment on peut faire pour garder nos bœufs sur place, pour produire du lait et faire le wagasi au même endroit. »Alaji Abdoulaye n’est pas le seul à avoir compris le potentiel économique du wagashi. Installée en France depuis dix ans, Ornella Anani produit son propre fromage peul, en région parisienne. « C’est un fromage qui se substitue parfaitement à la viande et au poisson et qui est très nutritif et bon pour la santé », plaide-t-elle.Une certification pour le fromage peulMais pour soutenir le développement de la filière en Afrique, il faut commencer par protéger un savoir-faire unique. Des travaux ont été lancés en avril 2023 pour tenter de développer une indication géographique Wagashi Gassirè. « L’indication géographique, c'est d’abord un instrument de propriété intellectuelle. C’est-à-dire qu’on va essayer de réserver l’usage du nom d’un produit à ceux qui produisent et qui sont dans la zone. Et donc on va protéger ce nom et protéger les producteurs qui produisent spécifiquement dans la région. Dans de nombreux cas, ça devient un instrument de développement de filières agricoles », explique Claire Cerdan, chercheuse au sein du Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).Le Wagashi Gassiré visé par cette certification est produit spécifiquement au nord et au centre du Bénin et sa fabrication implique d’utiliser des feuilles de pommier de Sodome pour accélérer la coagulation du lait. « Le produit sous indication géographique va fortement ressembler au produit que l’on croise aujourd’hui sur les marchés, poursuit-elle. On essaie de regarder comment on va conserver et emballer ce produit. Il sera dans des boutiques et pas seulement sur les marchés au bord des routes, et donc l’idée, c'est vraiment d’avoir une plus-value et des retombées économiques. »Ce projet doit également permettre d’améliorer l’insertion professionnelle des femmes et garantir de meilleurs revenus aux productrices.À écouter aussiFromages sauvages
3/11/2024 • 2 minutes, 29 seconds
RDC: l’Entreprise générale du cobalt bientôt opérationnelle
L’Entreprise générale du cobalt (EGC) qui aura le monopole et le contrôle du cobalt issu de l’exploitation artisanale en RDC devrait être enfin opérationnelle. La Gécamines, actionnaire majoritaire à 95%, a annoncé en février doter cette société d’État de cinq carrés miniers destinés à l’exploitation minière artisanale. La création d’EGC devrait lui permettre d’assurer une chaîne d’approvisionnement de qualité sans violation des normes environnementales et des droits humains. Avec notre correspondante à Lubumbashi, Denise MahehoLa nouvelle a été très bien accueillie par les milliers de mineurs artisanaux de la région du Katanga, car la plupart exploitent du cobalt illégalement sur des sites industriels. Mais Papy Nsenga, un exploitant artisanal de Kolwezi, est inquiet que l’ensemble des coopératives n’aient pas accès à ces carrés miniers. « Aujourd’hui, nous comptons plus de 200 000 exploitants artisanaux à Kolwezi. La ville enregistre plus d’une centaine des coopératives minières qui n’ont pas de sites propres, combien d’entre elles vont accéder à ces cinq carrés miniers ? », questionne-t-il.Une inquiétude partagée par Shadrack Mukad, membre de la plateforme Comprendre et Agir dans le secteur minier, CASMIA. Le secteur minier artisanal est envahi par des acteurs politiques qui se cachent derrière des coopératives minières, estime-t-il. Quid de celles qui n’ont pas de soutien ? « Ceux qui ont été marginalisés, ces coopératives minières qui n’ont pas de parapluie politique devraient être privilégiées pour exploiter ces cinq carrés miniers que la Gécamines a accordés à l’EGC », estime Shadrack Mukad.Traçabilité et meilleure rémunérationPour sa part, l’Entreprise générale du Cobalt veut d’abord assainir la chaîne d’approvisionnement de ce minerai stratégique pour la transition énergétique. « D’abord, nous pourrons contrôler l’accès aux mines artisanales, ce qui veut dire plus de présence d’enfants et de personnes vulnérables, détaille Eric Kalala le directeur général d’EGC. Nous pourrons distribuer des équipements de protection individuelle aux mineurs. Nous pourrons lancer un programme de traçabilité et nous assurer d’une meilleure rémunération des artisanaux. »Le directeur général assure qu’ils seront très stricts quant à l’attribution de ces carrés miniers. « Ceux qui se verront donner accès aux mines dont nous avons le contrôle, respecterons ces normes éthiques qui sont très exigeantes. Il en va de la sécurité des mineurs aussi de leur santé et aussi plus largement de l’exclusivité de la croissance issue de nos mines », assure-t-il.Assainir l'ensemble du secteurDe son côté, la coalition Ne touche pas à mon Cobalt, une autre structure de la société civile, veut voir l’État congolais, qui détient 5% des parts dans EGC, apporter aussi son appui dans le cas de la mine de Kasulo qui est actuellement gérée par une entreprise chinoise.Franck Fwamba est le coordonateur de l’organisation : « Nous demandons maintenant à l’État Congolais qui est coactionnaire dans EGC de céder la seule et unique zone artisanale de Kasulo qui est aussi une partie d’un permis de la Gécamines qui avait été prise pour créer une zone artisanale, afin d’assainir la chaine d’approvisionnement. »En 2020, EGC avait déjà signé, avec le groupe Suisse Trafigura, un accord de commercialisation du cobalt artisanal de la RDC. En plus de sa production industrielle issue de la mine de Mustoshi à Kolwezi, Trafigura entend exporter entre 5 000 et 10 000 tonnes de cobalt provenant des mines artisanales.À lire ou à écouter aussiRDC: la quête d’un cobalt éthique
3/10/2024 • 2 minutes, 17 seconds
La banane, produit de luxe du ramadan en Tunisie
En Tunisie, les courses du ramadan se feront dans l’austérité, pour faire face à une inflation générale proche de 8%, alors que la hausse des prix des denrées alimentaires atteint les 12%. Dans de nombreux pays, la banane est un produit de saison plutôt bon marché. Mais en Tunisie, il s'agit d'un luxe difficilement accessible. Les commerçants en vendent d’ailleurs de moins en moins et doivent souvent s’en procurer au marché noir, faute d'importations. De notre correspondante à Tunis,L'an dernier, le prix de la banane avait fait l'objet de vives polémiques, poussant l'État tunisien à le fixer à 5 dinars le kilo, soit 1,50 euro. Mais cette année, le fruit est de nouveau inaccessible pour les petites bourses. Sur l’étal de Wissem Krouma, 29 ans, dans le quartier populaire de Bhar Lazreg, les bananes suspendues au-dessus des légumes n’attirent plus la clientèle. Wissem doit les vendre à 10 dinars le kilo, soit 3 euros, pour rentrer dans ses frais.« Le carton de bananes me coûte environ 220 dinars les 18 kilos, donc je ne fais même pas de marge, je vends les bananes au prix où je les achète au marché de gros, lâche-t-il, dépité. Parce que ça me permet d’avoir une offre variée dans mon étal même si pas grand monde les achète. Les clients achètent au mieux une à deux bananes maximum. »Des bananes au prix de la viandeSous le régime de Ben Ali, l’importation de la banane était taxée à 36%, mais les proches du président avaient le droit de contourner cette taxe et négociaient directement avec les producteurs de banane en Équateur et en Côte d'Ivoire.À l'époque, ces bananes de contrebande abondaient à des prix très accessibles sur le marché tunisien. Wissem s'en souvient bien. « À l’époque, j’étais au collège, mais je tenais déjà un stand de fruits. Pendant le ramadan, j’achetais le carton de bananes à 12 dinars le kilo, le max, c'était 23 dinars. Donc dix fois moins cher que maintenant ! », s'exclame-t-il.Chez Marwen, un autre commerçant, un client vient d’acheter un peu plus d’un kilo. Il se moque de son prix trop élevé. « Ça m’a coûté plus de 15 dinars, à ce prix-là, ce ne sont pas des bananes, c’est de la viande de mouton que j’achète ! C’est très cher. Apparemment, Kaïs Saïed n’est pas encore venu contrôler tout ça », grince-t-il.« On ne peut pas gérer l’inflation par décret »Une blague en référence à l’année passée où le prix de la banane avait suscité de telles polémiques que le président Kaïs Saïed avait ordonné au ministère du Commerce de geler son prix. Une initiative qui avait rencontré un certain succès populaire, mais qui n’a pas duré, comme l’explique Louai Chebbi, cofondateur de l’association Alert : « On ne peut pas gérer l’inflation par décret, lance-t-il. Le gouvernement et les autorités publiques essaient de légitimer leur position politique en ayant des résultats économiques et donc la limite de cette vision, c’est de dire : "Il faut combattre la cherté des prix par décret." En limitant le prix de la banane à 5 dinars, on fait complètement disparaître l’offre. Ce qu’on fait, c'est qu’on va stresser l’offre parce qu’on ne va pas permettre aux agriculteurs, aux commerçants, aux petits détaillants, d'y trouver leur compte. »Dans le sud tunisien, Jamel Sayaari confie aller chercher les bananes directement en Libye pour sa consommation personnelle. « Je passe la frontière parce que le kilo est à 2-3 dinars et à Ben Guerdane, ils le revendent entre 5 et 7 dinars. Mais ça reste beaucoup moins cher que les prix pratiqués dans la capitale ! »L’office du commerce tunisien a annoncé vouloir importer 2 000 tonnes de bananes d’Égypte pour le mois de Ramadan, et fixer son prix de vente à 5 dinars comme l’année passée. Mais pour le moment, celles-ci ne sont pas encore arrivées sur les étals.
3/7/2024 • 2 minutes, 27 seconds
En Côte d'Ivoire, la filière hévéa se met aux normes européennes
Les nouvelles normes européennes RDUE, concernant l’importation de certains produits d’Afrique comme le cacao ou le café, s’appliqueront dès le 1er janvier prochain. Objectif : lutter contre la déforestation et améliorer les conditions de productions (meilleure rémunération des producteurs, lutte contre le travail des enfants, etc.). En Côte d’Ivoire, pour répondre à ces exigences, la filière hévéa se met en ordre de bataille. La traçabilité est l’un des grands enjeux de cette réforme. Et pour cela, la géolocalisation des plantations est en cours afin de s’assurer qu’elles n’empiètent pas sur des forêts ou des zones protégées. « Ça consiste à prendre par exemple le GPS et à tourner autour de la plantation pour avoir exactement ces mesures, explique Isabelle Billon, chargée de projet à la Société africaine de plantations d'hévéas. Cette plantation apparaît ensuite sur un logiciel sous forme de polygone. » Un travail de longue haleine et coûteux. Cependant, aujourd’hui, « tous nos planteurs ont été géolocalisés ». Une fois ce travail réalisé dans l’ensemble des plantations, l’enjeu sera de créer une base de données communes et harmonisée sur l’ensemble du territoire.Autres souci pour la traçabilité : s’assurer que du caoutchouc qui n’est pas durable ne soit mélangé avec du caoutchouc qui respecte les normes. Un risque lorsque les intermédiaires se multiplient, concède l’association des professionnels du caoutchouc. Dans ce domaine, la Société africaine de plantations d'hévéas explique avoir fait le choix d’acheter directement au planteur. « Grâce à l'achat direct au planteur, ça nous permet de savoir exactement qui nous livre », assure Isabelle Billon. L’autre stratégie pour l’entreprise est de déterminer un potentiel de livraison par plantation. « On sait par exemple qu’un planteur qui a quatre hectares va nous fournir 4 000 tonnes à l’hectare, précise la chargée de mission. Et si jamais un planteur dépasse ce potentiel de production, c'est une alerte pour nous et on va du coup faire un contrôle pour voir s’il n’y a pas eu fraude à son niveau. »Des normes sources d'opportunitésEt quand il y a doute, la production partira vers des destinations moins regardantes, précise l’association des professionnels du caoutchouc. Car le marché européen ne représente aujourd’hui que 20% des exportations ivoiriennes. Mais si ces nouvelles normes sont contraignantes, l’association veut y voir une opportunité.« Compte tenu du fait que le géo-référencement, donc assorti de la traçabilité, sera pratiquement impossible pour certains gros producteurs de caoutchouc naturel, évidemment ça va offrir à la Côte d'Ivoire une opportunité d'élargissement de sa part de marché en Europe, défend son vice-président Lamine Sanogo. Le deuxième aspect, c'est que le marché européen est plus rémunérateur. Et avec tous les efforts qui sont faits, évidemment, ce caoutchouc aura une certaine valorisation, donc on peut s'attendre à une prime qui vienne nous aider à couvrir tous les efforts qui sont faits. »Lorsque ces nouvelles normes seront appliquées, une prime à la qualité devrait être débloquée, dont les planteurs espèrent bénéficier. L’association des professionnels du caoutchouc assure par ailleurs qu’une partie de sa production correspond déjà aux nouvelles normes européennes.
3/6/2024 • 2 minutes, 26 seconds
En Afrique, la filière ovine a de beaux jours devant elle
Parmi les filières passées à la loupe à l’occasion du Salon de l’agriculture qui s'est tenu la semaine dernière à Paris, celle du mouton. Si la production de viande ovine est en hausse dans le monde, cette tendance recouvre différentes réalités. En baisse en Europe et en Océanie, elle est en plein développement en Afrique : +19% pour le continent. En Côte d’Ivoire, il est parfois difficile de trouver du mouton sur les étals. « On n’arrive pas à couvrir nos besoins en termes de protéines animales en matière de moutons d'ovin, constate le Dr Christian Alla, vétérinaire et coordinateur de projet au ministère des Ressources animales et halieutiques. Donc le ministère a instauré plusieurs projets structurants dans l'optique d'améliorer cette couverture en besoin de viande ovine. »Aujourd’hui, pour couvrir ses besoins, la Côte d’Ivoire importe des moutons du Burkina Faso ou du Mali. « Le premier défi, c'est celui de l’amélioration génétique, poursuit le Dr Christian Alla. Nous avons des races animales qui ne sont pas suffisamment performantes. C'est-à-dire que la production carcasse n'est pas suffisante, il n'y a pas assez de viande. En Côte d'Ivoire, on a les races qu'on appelle les races Djallonké, qui sont adaptées à notre climat. Nous souhaitons donc faire venir des races performantes que nous allons croiser avec nos races locales de sorte à avoir des ovins performants et qui sont résistants au climat que nous avons en Côte d'Ivoire. »Développer la filière et créer de la valeurSi certains continents produisent essentiellement en vue d’exporter, la production africaine tente pour l’instant de répondre aux ambitions de souveraineté alimentaires et aux besoins locaux. « La croissance est en interne par rapport à un besoin de sécurisation d'une alimentation plus saine, plus locale, et en quantité plus importante », analyse Patrick Soury, président de l’organisation Inn’ovin. Ceci en valorisant les spécificités des territoires qui sont particuliers en Afrique, assure le spécialiste, tout en étant « dans une logique de conservation de la biodiversité, de l'environnement, produire sans détruire, mais plus en autosuffisance locale ». Le potentiel de développement y est important, détaille-t-il encore, notamment du fait de l’évolution des habitudes et des besoins alimentaires.Dans cette perspective, des étudiants agronomes togolais en service civique en France viennent chercher des pistes dans la mécanisation, l’amélioration de l’alimentation du bétail, ou encore les soins vétérinaires.Cependant, les jeunes du continent – tout comme les Européens – désertent le milieu agricole. D’où le besoin de rendre le secteur plus attractif, estime Florence Afetor, cette agronome togolaise. « Je dirais qu’il faut beaucoup plus se tourner vers la transformation », avance-t-elle. Aujourd’hui, la filière ne présente que peu « de valeur ajoutée », constate-t-elle, « mais quand vous mettez en place une industrie de transformation et que vous commercialisez la viande déjà abattue, ou bien le lait, ou bien le fromage, ou bien des produits dérivés, je crois que nous pouvons aisément vivre de l'élevage. » Selon les spécialistes, la création de chaînes de valeurs sur le continent peut également stimuler l’élevage d’ovins.
3/5/2024 • 2 minutes, 23 seconds
Le défi du financement de la transition agricole en Afrique [2/2]
Souveraineté alimentaire, juste rémunération, ou encore durabilité des agricultures sont des thématiques au cœur des discussions mondiales et africaines. Si l’essentiel des acteurs est d’accord sur la nécessité de transformer les systèmes agricoles, cette transition aura un coût. Le 13 février s’est tenu à Paris, la grande conférence de la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (FARM). À cette occasion, une réflexion était menée sur comment financer cette transformation. Sur le terrain, le constat est quasi unanime. « Les grandes structures sont impossibles à toucher, regrette Jacqueline Ngbe, médiatrice qui travaille auprès de nombreuses femmes agricultrices en Côte d’Ivoire. Il faudrait mettre en place des structures pour que ces femmes, pour beaucoup analphabètes, pour beaucoup qui ont laissé les bans, puissent avoir accès à ces structures de financement et qu’elles soient accompagnées. »Jacqueline Ngbe prend l'exemple de la coopérative Zoyezlamba, de Teapleu, qu'elle connaît. « Elle est structurée, mais elle n’a pas de compte bancaire, constate-t-elle. Il faut nous rapprocher des banques, il faut mettre des petites structures dans des sous-préfectures très éloignées même si les routes ne sont pas encore très bonnes. Il faut mettre des banques à proximité de ces femmes et les accompagner. »À lire aussiComment enrichir le secteur agricole en AfriqueActivité centrale, mais financièrement peu attractivePlus de la moitié de la population en Afrique subsaharienne travaille dans le secteur agricole selon le FMI. L’agriculture est source de richesses importantes — elle représente en moyenne 15% du PIB des États. Pourtant, le secteur attire peu d’investissements publics. Une activité considérée comme trop risquée qui rebute également les banques traditionnelles. Pour compenser cela, Matthieu Brun, directeur scientifique de Farm évoque différentes pistes de réflexion.« Les banques agricoles ont souvent été transformées ou réduites. Donc, on a besoin de réinvestir là-dessus », introduit-il. Pour lui, un autre moyen de financer cette transformation des agricultures peut aussi passer par l’innovation. « On a un bel exemple aujourd’hui avec l’accélérateur Neisha en Afrique de l’Est, un accélérateur d’entreprise agroécologique », présente Matthieu Brun. Et ensuite, il y a des questions très pratiques, souligne-t-il. « En fait, financer c'est gérer du risque. Avec le risque climatique aujourd'hui, c'est encore plus compliqué de se projeter dans le financement de l'agriculture. Alors, il y a des fonds qui se développent, les fonds à impacts, le Fida etc », poursuit encore le chercheur. Les résultats restent malgré tout encore timides, concède-t-il : « Tout ça doit encore avoir des effets concrets sur le terrain pour vraiment accompagner les agriculteurs. »À lire aussiLe FIDA cherche à mettre les finances mondiales au service des petits agriculteursPenser en écosystèmePar ailleurs, le partenariat public-privé est actuellement mis en avant. Arise, un groupe agro-industriel très présent en Afrique, estime que la transformation passe par le financement et la création d’un écosystème général. « Notre objectif et notre rôle sont de développer une industrialisation durable, en veillant à ne pas résoudre le seul problème de l'agriculture, mais l'ensemble de l'écosystème en garantissant qu’un maximum de la valeur générée revienne en Afrique, affirme Bhavin Vyas est le responsable des questions environnementales, sociales et de gouvernances du groupe. Notre objectif est donc une approche écosystémique dans laquelle nous investissons dans des routes, nous construisons des magasins, des dépôts. Et nous veillons à assurer l’accroissement de la production de produits agricoles transformés localement. »Autres leviers, selon les spécialistes, pour pallier le manque de financements : augmenter l’offre de prêts à taux avantageux, développer des projets de financement mixtes ou encore créer une banque agricole publique de développement.
3/4/2024 • 2 minutes, 25 seconds
Le défi de la transformation des agricultures en Afrique [1/2]
La Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (Farm) a organisé ce mois-ci, une journée consacrée à la transformation des agricultures. Dans un monde touché de plus en plus par le changement climatique, les problèmes environnementaux, le besoin d’aller vers une agriculture plus durable, mais néanmoins productive pour faire face aux défis de la faim se fait de plus en plus pressante. Malgré les préconçus, l’agriculture africaine est, elle aussi, touchée par l’usage de nombreux entrants, à la monoculture et donc à la dégradation des sols. Rachel Bezner Kerr est professeure associée à la Cornell University. Elle a beaucoup travaillé au Malawi. Pour elle, la réponse doit être multifactorielle.Il faut pouvoir « évoluer vers des paysages plus diversifiés, incluant la culture de nombreuses variétés et la réintégration des animaux dans le système agricole s'ils ont été séparés. Mais cela signifie aussi des procédés tels que davantage d’agroforesterie, donc différentes formes de biodiversité sauvage », détaille la chercheuse. « Cela signifie travailler avec les agriculteurs pour assurer la transition, en faisant de la recherche participative afin que le système agricole développé fonctionne pour les agriculteurs et pour les communautés », poursuit-elle, rappelant qu’à la base de tout est de donner la priorité à des principes écologiques. Donc la « réduction des intrants chimiques » ou encore « travailler à la santé des sols ». La question de la rémunération des agriculteurs ne peut également être éludée, souligne Rachel Bezner Kerr. « Il faut aussi tenir compte des principes sociaux et économiques, comme s’assurer que le système est juste et équitable et que les agriculteurs obtiennent un prix juste pour leurs cultures », plaide-t-elle lors de la conférence de Farm.À lire aussiAu Gitex Africa, des start-up pour aider les agriculteurs africainsDonner des impulsions politiquesMais pour parvenir à cela, le béninois Godfrey Nzamujo estime qu’il faut montrer qu’une agriculture raisonnée et vertueuse est possible. C’est pourquoi il a créé le centre Songhaï. « Il faut déconstruire cette mentalité qui ne veut pas bouger. Songhaï, c’est un laboratoire où les gens voient que c’est possible, explique-t-il. Parce que les discours ça ne marche pas, il faut que les gens voient que c’est plus facile, que c’est moins cher et que ça stabilise l’environnement. Comme ça on n’a plus d’excuses. »Un changement de pratiques et de mentalité des agriculteurs que prônent beaucoup. Gifty Narh-Guiella, la directrice du Corade au Burkina Faso est d’accord. Mais tout ne doit pas reposer sur les épaules des petits producteurs, alerte-t-elle.« C’est vrai que c’est l’agriculteur qui est au cœur, mais il faut des mesures incitatives. Ils sont confrontés à beaucoup de contraintes et donc s’il y a des mesures incitatives, c'est à l’État de le faire », argumente-t-elle. Gifty Narh-Guiella donne plusieurs exemples qui pourraient faire avancer les choses : « L’État distribue des intrants chimiques à coup de milliards, une partie peut être convertie en intrants organiques par exemple. L’État fait des achats pour les cantines scolaires, si des exigences sont posées pour avoir des produits qui respectent une certaine norme, ça peut aussi inciter les agriculteurs à produire des produits plus durables pour avoir accès à ces marchés. » Il est clair pour elle que les impulsions peuvent venir de l’État et des services publics.Les spécialistes estiment que le secteur privé doit également prendre sa part en soutenant les agriculteurs, en favorisant l’achat de produits plus durables pour contribuer à la création de filières plus vertueuses.À lire aussiL'agrotech africaine, une opportunité pour l'agriculture du continent
3/3/2024 • 2 minutes, 26 seconds
Congo-B: face à une agriculture rudimentaire, la recherche propose des solutions technologiques
Au Congo-Brazzaville, l’agriculture est citée comme « priorité des priorités » en vue de diversifier une économie dépendante du pétrole. Cependant, elle se pratique, depuis toujours, avec des moyens rudimentaires et les rendements sont maigres. Face à ce constat, l’Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et de l’innovation (Anvri) propose des solutions basées sur les nouvelles technologies à travers le projet Agritech. Avec notre correspondant à Brazzaville, Loïcia MartialÀ l’arrière de la cité scientifique de Brazzaville, les chercheurs ont érigé un jardin pédagogique. Sur les sillons de six mètres, bien espacés, les plants, des légumes essentiellement, sont arrosés à partir d’une application, pour réduire le travail de l’homme, comme le témoigne cet étudiant. « L’objectif du projet est de mettre en relation l’agriculture, la recherche et l’innovation technologique », explique-t-il.Une serre de 693 mètres carrés se dresse sur la parcelle. La culture se concentre sur des espèces légumières. « Nous avons des étudiants qui ont des connaissances théoriques sans base sur la réalité. Ici, c’est comme un centre d’appui didactique où ils vont découvrir les nouvelles technologies. Celles-ci sont arrimées à l’agriculture. Or, on n’avait pas ce cadre, voilà pourquoi nous l’avons créé », explique le Dr Edmond Sylvestre Miabangana, responsable du jardin pédagogique.Le projet Agritech a été initié suite à une analyse du secteur agricole congolais. Patrick Obel Okeli est directeur général de l’Anvri. « Nous sommes partis sur un contexte général ; l’agriculture congolaise est encore de type traditionnel. Donc, l’agriculture est encore paysanne, avec des moyens de production peu performants. Aujourd’hui, au Congo, 70% des actifs agricoles ou les producteurs sont représentés par des femmes. Donc, nous assistons à une féminisation de l’agriculture », affirme-t-il.À lire aussiApiculture au Congo-Brazzaville: une miellerie chinoise pour booster la production Analyser les sols pour mieux les cultiverFace à un tableau peu reluisant et pour améliorer les rendements, l’Anvri propose des pistes. « Il faut utiliser les intrants agricoles, notamment l’engrais, les pesticides et les semences de bonne qualité. L’autre point, c'est la mécanisation ou réduction de la pénibilité. La mécanisation et l’irrigation s’imposent aujourd’hui », pointe Patrick Obel Okeli.Mais le projet Agritech veut aller plus loin. Et mettre à contribution les nouvelles technologies dans cette recherche de productivité. L’Anvri a développé une application — qui n’a pas encore été baptisée — et qui permet par exemple d’analyser précisément le comportement des sols.Une application que maîtrise Nasser Koumba, étudiant en agro-économie à l’École nationale supérieure d’agronomie et de foresterie (Ensaf). « Avec cette application, on peut facilement connaître le PH des sols, les maladies des plantes, mais aussi l’humidité. C’est une application qui nous permet de savoir si on peut arroser les plantes ou pas », explique-t-il.Le Congo dispose de 10 millions de terres arables. À peine 3% sont officiellement exploitées. Mais ses importations de denrées alimentaires sont estimées officiellement à 700 milliards de francs CFA par an.À lire aussiCongo-Brazzaville: l’autosuffisance alimentaire, une équation toujours difficile à résoudre
3/1/2024 • 2 minutes, 22 seconds
Côte d'Ivoire: les Kroumen réinvestissent le secteur touristique
Un temps délaissé en raison des affres de la guerre militaro-politique de la décennie 2000, les Kroumen – autochtones de la région de San Pedro et propriétaires terriens – souhaitent réinvestir le secteur touristique, porteur et en plein développement. À Roc, près de Grand-Béréby, des projets d'écotourisme ont émergé. Près du campement d’Olivier Djiboro, le sable est soigneusement ratissé chaque matin. L'espace aménagé face à l'océan offre un coin de tranquillité apprécié des touristes. C’est en 2016 que les jeunes du village ont commencé à construire les cases en bambou pour accueillir les visiteurs.Protection des tortues« L'idée est venue quand une ONG a décidé de protéger les tortues, déroule-t-il. Les touristes venaient beaucoup dans le village, pour la visite des bébés tortues. Donc quand ils venaient, ils voulaient dormir sur place. Mais il n'y avait pas de toit, il n'y avait pas de logement. C'est ça qui nous a motivés à créer cet espace. »Huit cases ont été construites et équipées sur la plage. Point de salle de bain, mais des toilettes sèches et des seaux d'eau pour se doucher. Une approche écologique défendue par Olivier Djiboro.« Tout ce qu'on voit sur le littoral, ce sont des hôtels, explique-t-il. Donc nous, on s'est dit qu'il fallait faire au moins une différence de ce que les autres avaient. Au départ, on n'avait pas trop de moyens. C'est ça qui nous a amenés à créer des cases en bambou, qui permettent aussi de mieux préserver la nature. »Équilibre communautaireL’idée d’Olivier Djiboro ainsi que le succès grandissant de la destination Grand-Béréby ont donné envie à d’autres villageois de se lancer dans cette activité. Gnépa David déplace d’immenses de feuilles de palmier pour bâtir un espace cuisine. « Ici, on aura un petit bar pour pouvoir les mettre à l'aise, indique-t-il avec fierté. Le coin me plait tellement que vraiment, je me suis donné à fond. Pour que ceux qui vont venir ressentent le même sentiment que j'ai pour la place. »Pour respecter l’équilibre communautaire du village, les revenus issus de ces activités sont partagés. Une part des revenus revient au village, pour dédommager aussi les habitants qui n’exercent pas sur la plage. « Il y a un revenu pour le chef de village, qui met cela dans une caisse commune, pour les petites dépenses, on peut piocher là-dedans ! », expliquent les deux hommes.Ceux-ci n'ont pas reçu d’aides ou de subventions pour développer leur projet, mais les autorités tentent de promouvoir la région. La candidature du village voisin de Mani-Bereby a été présenté auprès de l’Organisation mondial du tourisme, afin de rejoindre la liste des Plus beaux villages touristique du monde.
2/28/2024 • 2 minutes, 23 seconds
Centrafrique: Igwé Motor, un service de motos-taxi plus sécurisé
En RCA, un service moderne de motos-taxi a vu le jour il y a un mois. Baptisée « Igwé Motor » (en langue locale, « allons-y »), cette entreprise met un point d'honneur à mieux respecter les critères de sécurité et les mesures d'hygiène. Pour la première fois, une application « Igwé Motor » permet aussi aux clients de réserver une course en ligne. Avec 500 abonnés, ce nouveau service gagne progressivement le cœur des usagers. Sous le soleil ardent de midi, une dizaine de motos sont stationnées à proximité du croisement des martyrs. Les conducteurs cherchent activement des clients. Gilet jaune et casque noir sur la tête, Joachim, l'un des conducteurs de Igwé Motor, se distingue des autres motos-taxi multicolores et sans plaque d'immatriculation. « Comme vous voyez, Igwé Motor nous a bien dotés en casques, gants, lunettes et gilets, se réjouit-il. Pour des raisons de sécurité, je transporte seulement deux personnes. Je commence le travail à 6 heures et je termine à 19h15. Je couvre tous les neuf arrondissements de la capitale. » Les usagers peuvent également contacter les conducteurs sur l'application Igwé Motor. Une première depuis 2004, l’année où les premières motos-taxi ont commencé à circuler en Centrafrique.« Ils sont efficaces et de surcroit, le coût du transport n'est pas cher, explique Israëlle, une usagère régulière de ce service. Les prix varient entre 1 000 et 2 000 francs CFA selon la course. Avant de monter, comme vous voyez, le chauffeur me passe un désinfectant pour la main. Ensuite, il nettoie le casque avec le gel avant de me le donner. Il y a toute une sécurité qui est là et je me sens rassurée. En plus, ils sont toujours propres contrairement aux taxis-moto ordinaires. »Aujourd'hui, le syndicat des motos-taxi de Bangui estime à plus de 20 000 le nombre de chauffeurs qui travaillent dans la capitale. Mais la majorité ne sont pas en règle. Non seulement la plupart de ces motos-taxi n'ont pas les équipements adéquats, mais il leur arrive aussi de transporter jusqu'à cinq personnes.De nombreux accidents gravesAvec une vingtaine de motos en service dans la capitale, Igwé Motor apporte un nouveau souffle sur ce service, selon Joachim, qui a même reçu une formation spécifique : « On nous a inculqué la valeur de respecter les principes du Code de la route. J'ai reçu des formations sur la sécurité routière, le respect des panneaux de signalisation et les sens interdits. J'ai validé une formation sur le Code de la route avant de commencer. »À Bangui, trois Centrafricains sur dix sont victimes d'amputation, de fractures sévères ou de décès liés aux accidents provoqués par les motos-taxi. En 2023, le service de traumatologie de l'hôpital communautaire a documenté plus de 500 accidents graves et mortels impliquant ces engins.Au-delà de la sécurité routière, l’entrepreneur Anis Zowe Nganyade espère stimuler l’économie centrafricaine avec son projet Igwé Motors. « En Centrafrique, le taux de chômage des jeunes est très élevé, constate-t-il. Il y a des jeunes qui ont des diplômes, mais qui n'ont rien à faire. Mais nous recrutons ces jeunes, nous leur donnons du travail et ils arrivent à joindre les deux bouts. »Chaque moto verse chaque jour la somme fixe de 8 000 francs CFA à Igwé Motor. Cette somme permet de payer les salaires des employés et d'assurer le fonctionnement de l'entreprise, qui leur donne un statut et leur verse des primes.
2/28/2024 • 2 minutes, 18 seconds
À Lubumbashi, les avancées de la fibre optique très attendues
Ce lundi s’ouvre à Barcelone, le grand congrès de la téléphonie mobile (Mobile World Congress). Plus de 50 000 professionnels de l’industrie sont attendus en Espagne pour parler des avancées dans le domaine… Sur le continent, la pénétration du haut débit est encore limitée. En RDC par exemple, seulement 20% de la population est connectée et à un coût élevé. Toutefois, des efforts sont fournis par le gouvernement afin d’attirer de plus en plus d’investisseurs dans le secteur du numérique. C’est le cas à Lubumbashik, où une nouvelle ligne de fibre optique est en train d’être installée. Aux coins de plusieurs avenues de la ville de Lubumbashi, deux tuyaux de couleur bleu et orange sortent des terres. Ils vont bientôt abriter une ligne de fibre optique. L’entreprise privée Telmec Solution est en charge des travaux, Innocent Sema est l’un des superviseurs. « Présentement, nous travaillons sur le plan de la ceinture de la ville de Lubumbashi, explique-t-il. À certains endroits, on a même déjà posé la fibre optique comme dans la commune de Kenya au centre-ville et certaines antennes sont déjà connectées. »Cependant, les clients vont encore devoir patienter un peu pour pouvoir bénéficier du haut débit, précise-t-on dans l’entreprise. Une fois qu’elle sera mise en service, une équipe en charge de la connexion pourra venir faire le nécessaire. « Le client paye, et on connecte sa maison ou son entreprise. Ensuite, il aura une facture de consommation mensuelle. Il aura un code. C’est une très bonne connexion », précise Daniel Baluza, un autre agent de l’entreprise Telmec Solution.Une très bonne connexion pourrait augmenter le taux de pénétration d’Internet en RDC – selon le ministère du numérique, plus de 82 % des Congolais n’y ont pas accès – et participer au développement des activités économiques. Daniel Kanyinda, directeur de Dani Web-Expert, une start-up du secteur du numérique, espère grâce à cela doubler ses activités. « Cela aura un impact sur nos activités. On peut offrir de bons services dans le domaine de la santé, de l’éducation et même du commerce avec l’application e-commerce », se réjouit-il. L’arrivée en RDC de ce nouveau fournisseur suscite l’espoir chez plusieurs opérateurs économiques pour qui une bonne connexion internet est primordiale au quotidien. Aref Hachicha est le directeur adjoint du centre médical Diamant de Lubumbashi. Ici, tous les services sont informatisés : « Ça nous donne une seule connexion, plus stable, plus fluide, mais ça nécessite toute une infrastructure. Mais c’est bon, il y a des signes qui montrent qu’on essaye d’améliorer », dit-il.À Lubumbashi, en plus de la société commerciale des postes et télécommunication qui propose ce service, deux entreprises se sont également lancées sur le marché. Mais son coût est élevé et la qualité de la connexion n'est pas toujours au rendez-vous. « Pour avoir une bonne connexion internet, il nous faut au moins 700 dollars. Et lorsque nous voulons nous connecter à la fibre optique, le coût d’installation est élevé et la facture mensuelle n’est pas aussi moindre », explique Fiston Mukendi, chargé de l’administration du centre international de formation au développement du capital humain (HCDIC).La connexion des 80% de Congolais qui n’ont pas encore accès à la fibre devrait prendre du temps. Selon le ministère des Postes et télécommunication, il faudrait au moins 50 000 km de fibre optique pour couvrir l’ensemble du pays.
2/25/2024 • 2 minutes, 24 seconds
Mining Indaba: encadrer ou réprimer les activités minières artisanales [5/5]
Selon la Banque mondiale, l'Afrique abrite le plus grand nombre de mineurs artisanaux : d’après une estimation de 2019, ils seraient au moins 10 millions. Et ce sont en tout 60 millions de personnes qui dépendent du secteur minier informel. Impossible pour les pays concernés d’ignorer cette activité, d’autant que les revenus de ces ventes échappent aux États, partagés entre stratégie punitive et approche collaborative En Afrique du Sud, ils seraient au moins 30 000 à tenter leur chance dans les anciens puits de mines désaffectées, pour récupérer des restes de minerais. Les activités des « zama zama » – « ceux qui essaient » en zoulou sont souvent orchestrées par des gangs. Malgré des appels à légaliser leur situation de plus en plus nombreux, le ministre sud-africain des Mines Gwede Mantashe se borne pour l’instant à une réponse punitive.« Les activités minières illégales, c’est la même chose que du vol d'argent, tranche-t-il sans hésiter. Et donc nos policiers, avec le renfort de l’armée, se battent contre ces pratiques. J’entends des discours qui avancent que cette exploitation illégale s’explique par la pauvreté… et ils voudraient que cela devienne notre problème et qu’on leur donne des permis ! Mais la majorité de ces mineurs viennent du Lesotho, du Zimbabwe ou du Mozambique. Il y a peu de Sud-Africains concernés, c’est ça la réalité à laquelle on est confronté. »Manque à gagnerLes pratiques illégales représentent un manque à gagner pour les États et elles alimentent les trafics, notamment dans le Sahel. La Tanzanie – qui n’est pas concernée par les mêmes niveaux de criminalité – a choisi une autre voie, puisque le gouvernement tente désormais de formaliser le secteur. « Notre pays a pu les recenser, leur donner des permis et lancer des marchés à minerais, détaille Steven Kiruswa, le vice-ministre des Mines. Et ainsi, nous sommes parvenus à contrôler le commerce illégal de la vente de ces minerais. Depuis le début de ces démarches, en 2017, on estime qu’on a pu récupérer 3,4 milliards de dollars de revenus pour le gouvernement grâce aux efforts pour formaliser le secteur. »Mais la Zambie peine encore à régulariser tous les acteurs impliqués et à garantir leur sécurité : 22 mineurs artisanaux ont, par exemple, été tués dans un glissement de terrain le mois dernier. Ces activités à petite échelle ont aussi des conséquences environnementales sur le continent.En République démocratique du Congo, la production artisanale de cobalt est aussi marquée par la corruption et le travail des enfants. L’entreprise générale du cobalt (EGC), qui a le monopole sur la vente artisanale, va bientôt lancer un programme pilote pour encadrer la production, selon son directeur, Eric Kalala : « On est entré en discussions avec plusieurs opérateurs, dont la Gécamines, pour obtenir des sites pilotes afin d’expérimenter et de tester, de manière empirique, les normes et les standards convenus, indique-t-il. On vient d’obtenir cinq carrés miniers en amodiation, qui seront orientés sur une phase de test dans le cobalt. »Les experts soulignent qu’afin d’être suivies, les politiques de régularisation ne doivent être ni trop coûteuses ni trop complexes pour les mineurs artisanaux.
2/23/2024 • 2 minutes, 27 seconds
Mining Indaba: les compagnies minières s'adaptent, malgré les coups d'état [4/5]
Malgré une succession de coups d’État en Afrique ces dernières années, c'est « business as usual » pour les compagnies minières : les affaires continuent et les entreprises s'adaptent pour collaborer en bonne intelligence avec les gouvernements de transition. Une flexibilité essentielle pour maintenir l'exploitation des gisements dans lesquels elles ont effectué de lourds investissements. Au Gabon, Eramet avait temporairement interrompu ses opérations suite au coup d’État du 30 août dernier. Mais tout est depuis rentré dans l’ordre et le groupe français entend même augmenter ces prochaines années la production de sa mine de manganèse de Moanda, exploitée en partenariat avec l’État gabonais. « Aujourd’hui, les opérations tournent, et elles tournent bien, se réjouit même Virginie de Chassey, membre du comité exécutif d’Eramet. On travaille avec les autorités, et donc il n’y a pas de raisons objectives, pour l’industriel que nous sommes, qui ne fait pas de politique, de changer la trajectoire. »Des putshs et des réformesLes putschistes ont généralement en tête les revenus que les mines permettent de débloquer. L’une de leurs priorités, à leur arrivée au pouvoir, est souvent de rassurer les acteurs du secteur, comme en Guinée, ou encore au Mali. Mais ces changements apportent aussi leurs lots de réformes. Par exemple, le nouveau Code minier mis en place par Bamako n’affecte pas directement la mine d’or de Fekola déjà en activité, mais a créé quelques accrocs pour B2Gold.Son PDG Clive Johnson affirme être « très à l’aise là-bas », mais une bonne collaboration avec le gouvernement en place. « Les autres permis sur notre ceinture vont dépendre du Code minier de 2023, explique-t-il. Nous prévoyons une production plus faible cette année, en partie parce que nous n’avons pas pu obtenir un permis à temps pour amener de la matière supplémentaire. »Et la discrétion est de mise. L’entreprise française productrice d’uranium Orano entend bien poursuivre ses activités au Niger, mais a refusé de s’exprimer à ce sujet.Sanctions informellesPar ailleurs, les compagnies minières doivent aussi faire face à la dégradation du contexte sécuritaire : trois employés de B2Gold sont récemment décédés au Mali dans l’attaque d’un convoi.Au Soudan, l’entreprise Perseus a acquis une mine d’or en 2022, après le coup d’État, mais avant le début de la guerre. Outre les risques sur le court terme, les difficultés s’accumulent aussi sur la durée selon Martijn Bosboom avocat général pour le groupe australien : « Les sanctions sont bien sûr un risque sur le long-terme. Mais aussi les sanctions "informelles" avec les fournisseurs qui ne veulent pas traiter avec le pays et les banques qui ne veulent pas nous aider à envoyer de l’argent pour payer nos employés. De plus, nous avons rapidement dû faire comprendre que nous étions neutres, que nous ne prenions pas parti, pour aucun camp. »Les partenaires comme les États-Unis continuent de marteler que le rétablissement de la démocratie – qui apporte plus de stabilité et de la transparence selon eux – reste nécessaire.
2/22/2024 • 2 minutes, 22 seconds
Mining Indaba: manque d'investissements pour les mines de demain [3/5]
On ne pourra pas faire sans les minerais du sous-sol africain si le monde veut enclencher la transition énergétique telle qu'elle est actuellement pensée. Mais ces ambitions se heurtent à un paradoxe : les investissements dans les explorations – soit les recherches pour découvrir de nouveaux gisements – ne parviennent pas à décoller suffisamment en Afrique. De notre correspondante en Afrique du Sud,La demande de minerai critique pourrait être multipliée jusqu’à 3,5 fois d'ici à 2030 d’après l’un des scénarios de l’Agence internationale de l’Énergie (AIE). Et pourtant, les investissements en Afrique restent insuffisants pour permettre un rattrapage de l’offre. Car il est difficile de trouver les financements nécessaires pour enclencher de nouvelles opérations d’exploration.10% des dépenses d'exploration pour l'AfriqueAl Cook, à la tête de l’entreprise diamantaire De Beers, décrit la situation avec pédagogie : « Imaginons que je prenne ce billet de 10 rands pour l’investir dans les activités d’exploration d’Errol... Errol me dit : "En retour, je te donnerai 1 000 rands ! Sauf que je ne te donnerai pas ces 1 000 rands avant 20 ans". Et il ajoute même qu’"il n’y a qu’une chance sur 10 pour que je te rende une quelconque somme d'argent". Donc à ce moment-là, je reprends mes 10 rands et les remet dans ma poche ! »Seules 10% des dépenses d’exploration mondiales sont à destination de l’Afrique, selon l’agence Standard&Poor’s, et elles vont en majorité dans le secteur de l’or. Ces investissements seront pourtant décisifs pour développer les mines de demain, puisqu’il faut en général dix à vingt ans avant une mise en exploitation.« Ce qui est intéressant dans la phase d’exploration, c'est qu’on a une petite idée de ce qui se trouve sous le sol, mais ce n’est pas chiffré. Et donc c’est pour ça que la phase d’exploration est toujours plus compliquée, admet Fawzi Abi Saleh, responsable commercial au sud de la RDC pour la RawBank. Ce qu’on constate, c'est qu’elles sont financées par des start-up, des levées de fonds de l’ordre de 50 millions de dollars... C’est des "educated guess". »Perceptions négativesLes perceptions négatives autour des risques en Afrique, au niveau des régulations, des infrastructures, et de la transparence, peuvent aussi rebuter les investisseurs. En Afrique du Sud, par exemple, la question de l’énergie ne représente qu’un problème parmi d’autres, selon Hugo Pienaar du Conseil sud-africain des mines : « Notre système pour demander des permis est très obsolète, donc cela met beaucoup trop de temps pour les obtenir. Il y a bien des investissements, mais ils servent à soutenir des opérations en cours, et non à étendre les capacités. »De son côté, Josh Goldman, président de l’entreprise KoBold Metals, insiste sur la nécessité de rendre accessibles les données déjà connues du sous-sol : « Il faut commencer à partir de ce qui existe, sinon on passe notre temps à aller collecter des données qui l’ont peut-être déjà été par quelqu’un d’autre. Une chose très importante que les pays peuvent faire, c’est d’imposer la divulgation de ces données et de les rendre publiques et gratuites. »La start-up américaine, qui utilise l’intelligence artificielle, a récemment annoncé la découverte d’un important gisement de cuivre en Zambie.À terme, l’intensification des opérations d’exploration, puis d’exploitations, posera aussi des questions environnementales dans les zones concernées.À lire aussiMining Indaba: restreindre l’exportation de matières premières brutes pour transformer localement [2/5]À lire aussiMining Indaba: le projet Simandou, la «montagne de fer» guinéenne [1/5]
2/20/2024 • 2 minutes, 28 seconds
Mining Indaba: restreindre l’exportation de matières premières brutes pour transformer localement [2/5]
Afrique économie se penche en cinq volets sur le secteur des mines sur le continent, après l’évènement Mining Indaba qui s’est déroulé au début du mois au Cap, en Afrique du Sud. Les mines d’Afrique seront cruciales pour la transition énergétique. Mais à quelles conditions pour l’Afrique ? Afin de créer de la valeur sur le continent, la volonté de transformer davantage sur place est martelée, et certains pays vont jusqu’à mettre en place des restrictions à l’exportation de matières premières non transformées. Avec notre envoyée spéciale au Cap, Claire BargelèsL'année dernière, la Namibie a par exemple donné son feu vert pour l’interdiction d’exporter certains minéraux dits « critiques » non transformés, comme le lithium broyé, le cobalt, ou encore les minéraux de terres rares. « Comme la demande est élevée, nous estimons que nous perdons au change : nous devrions récolter le maximum de bénéfices de nos minerais », estime Isabella Chirchir, la commissaire des mines du pays. Elle estime qu’il faut désormais s’assurer d’apporter de la valeur ajouter aux minerais. Mais pour cela, une vision est nécessaire.« Tout dépend de quelle étape on parle. Est-ce qu’on veut à termes se lancer dans la fabrication de batteries ? Bien sûr, dans 20 ans, souligne la commissaire des mines. Mais pour l’instant, on doit comprendre la chaîne de valeur, et dans le cas du lithium, voir s’il est possible de faire du concentré, ou aller jusqu'au carbonate, ou l’hydroxyde. »Des interdictions d’exportation efficaces ?Le Zimbabwe a lui aussi mis en place des interdictions similaires. Mais elles ne touchent pas les contrats déjà existants, et laissent la porte ouverte à des possibilités d’exemption. D’autres pays, comme le Ghana, y pensent aussi. Mais le ministre des terres et des ressources naturelles Samuel Jinapor se montre prudent. « En termes de calendrier, on interdira l’exportation des minerais bruts dans leur ensemble dans un futur assez proche, assure le ministre. Mais on ne veut pas mettre en place de politiques qui opposeraient deux camps. Les investisseurs sont des partenaires, pour arriver une situation gagnant-gagnant : l’État ghanéen gagne, et les investisseurs aussi. »De telles interdictions ont été régulièrement, par le passé, mises en place puis supprimées, et selon un rapport de l’OCDE, elles n’ont pas forcément les effets escomptés pour développer une transformation locale. Attention pour lui, à ne pas mettre la charrue avant les bœufs. « Des expériences ont montré que lorsque des interdictions d’exportations sont mises en place sans la création d’une base industrielle dans le pays, avec des infrastructures, de l’électricité, des compétences nécessaires, la plupart de ces interventions ne sont pas très positives », précise Silas Olan’g, de l’Institut pour la Gouvernance des Ressources Naturelles (NRGI).À l’image de l’Indonésie, les pays prennent aussi le risque que des différends soient amenés devant l’Organisation mondiale du commerce. Mais Jose Fernandez, sous-secrétaire d’État américain pour l’Économie, la Croissance, l’Énergie et l’Environnement, préfère prôner la coopération. « Tout pays doit décider comment il compte attirer les investissements. Il y a des pays avec lesquels on travaille et qui ont ces restrictions : c’est quelque chose que nos entreprises sont prêtes à accepter, pour amener de la valeur à leurs investissements », affirme-t-il. Selon les experts, les pays africains devront surtout créer des chaînes de valeur régionales afin de transformer ensemble ces minerais « critiques ».
2/19/2024 • 2 minutes, 26 seconds
Mining Indaba: le projet Simandou, la «montagne de fer» guinéenne [1/5]
Le projet Simandou est désormais lancé en Guinée, après presque trente ans de rebondissements. Il est estimé à 20 milliards de dollars, pour une production qui devrait atteindre, à terme, 60 millions tonnes par an, soit 5% des échanges internationaux de fer. Et malgré des délais liés aux négociations sur le volet financier, les parties prenantes envisagent toujours que les travaux soient achevés d'ici à la fin de l’année, pour une première production en 2025. Le géant minier anglo-australien Rio Tinto possédait des permis sur le gisement convoité depuis 1997. « Je pense que la première fois que j’ai entendu parler du Simandou... j’avais quatre ans ! » affirme même Karamo Kaba, le gouverneur de la Banque Centrale Guinéenne.Mais selon lui, les choses se sont accélérées depuis 2022 et la prise de pouvoir du général Mamadi Doumbouya. « Nous avions un état qui a été pragmatique. C’est vrai qu’on a eu de longs échanges, on a eu des réunions musclées. Mais nous avons adhéré à cette idée de codéveloppement, gagnant-gagnant » analyse le gouverneur.Une ligne de chemin de fer de 600 kmSimandou, c’est en fait deux mines : l’une développée par Rio Tinto Simfer et le poids lourd chinois de l’aluminium Chinalco - et l’autre par le producteur d’acier chinois Baowu associé au consortium sino-guinéo-singapourien Winning.Mais ce n’est pas tout : il faut aussi construire une ligne de chemin de fer comme le gisement se trouve loin à l’intérieur du pays, ainsi qu’un port. Tony Sun, du groupe Winning est confiant dans l’avancée des travaux. « C’est un long et dur travail… on doit, en autre, construire près de 600 km de chemin de fer. Ce n'est pas terminé, mais les voies de raccordement, sur ces 600 km, ont été complétées, et nous travaillons à pleine vitesse pour faire avancer le projet » développe-t-il.À lire aussi«Mettons de l’ordre chez nous»: des voix s'élèvent pour une meilleure gestion des mines en AfriqueD’après les autorités, un peu moins de la moitié des infrastructures ont déjà été réalisées, pour pouvoir, à terme, exporter ce minerai d’une teneur en fer de près de 65%. Une qualité exceptionnelle qui pousse Rio Tinto à le comparer à du « caviar ». « Le plus gros a été négocié, au stade actuel, il y a encore quelques tuilages à faire, avance Samuel Gahigi, le directeur du groupe minier pour la Guinée. Le plus important, c'est qu’on a eu la ratification des accords de codéveloppement par le Conseil national de transition. Je pense que les prochaines semaines vont être décisives pour la clôture des accords restants. »Deux milliards à partir de 2040Le gouvernement de transition n’est pas en reste et calcule déjà les retombées pour le pays. « Le budget de la Guinée, c'est entre 3,5 à 4 milliards de dollars dans l'année. Et vous avez 2 milliards qui vont arriver directement dans le budget de l’État à partir de 2040. Les dividendes, droits, impôts et taxes vont être importants pour l’économie guinéenne », se réjouit notamment Moussa Cissé, le ministre guinéen de l’Économie.Cependant, la question des conséquences environnementales du projet reste en suspens, alors que la société civile continue de réclamer publication et la mise à jour des études d’impact.À lire aussiRDC: la population de Manomapia sous l'emprise de l'exploitation minière [1/2]
2/18/2024 • 2 minutes, 20 seconds
Sénégal: le port de Ziguinchor toujours à l’arrêt, de lourdes conséquences économiques
Au Sénégal, ce nouveau rebondissement jeudi soir 15 février : le Conseil constitutionnel s’oppose au report de l’élection présidentielle. À Ziguinchor, en Casamance, dans le sud du pays, cette échéance est un espoir pour la reprise des liaisons maritimes entre Dakar et Ziguinchor. La suspension, effective depuis le mois de juin, et les violences qui avaient entouré le procès de l’opposant Ousmane Sonko, pèsent lourdement sur l’économie de la région du Sud. De notre envoyée spéciale à Ziguinchor,Calme plat au port de Ziguinchor. Le site est désert et les engins de manutention sont à l’arrêt. Avant, « il y avait du monde, il y avait du bruit », témoigne Lamine Diedhiou. Assis sous un arbre devant le portail, ce docker attend désespérément le retour des ferrys : « Je viens tous les jours, je suis tellement pressé que ça reprenne [Une pétition avait été lancée, ndlr]. Quand je rentre à la maison, ma femme et mes enfants, me regardent. Mais je n’ai rien. »En juin 2023, la suspension avait été justifiée – officieusement – par des « raisons de sécurité nationale » après des émeutes. Huit mois après, c’est le statu quo. Une situation incompréhensible pour Malamine Mané, président d’une entreprise de manutention qui exerce au port de Ziguinchor. En temps normal, il gère le chargement et le déchargement du riz, du mil, de l’anacarde, de la noix de cajou ou encore de ciment. Un secteur d’activité qui emploie normalement beaucoup de monde. « Au temps de l’anacarde, je recrute 300 personnes, prend-il pour exemple. La Casamance est une partie intégrante du Sénégal. C’est extrêmement difficile et pitoyable », regrette-t-il.Un peu plus loin, au port de pêche de Boudody, Kébé Samb est assise devant son étal de poisson. « Auparavant, je mettais mes poissons et mes crevettes dans des cartons, et je les expédiais par bateau pour les vendre à Dakar, détaille-t-elle. En deux ou trois jours, j'avais mon argent. Maintenant, je dois les mettre dans la glace, pour les vendre congelés, petit à petit, mais il y a des pertes. »« L’impact est énorme, c’est à coup de milliards de FCFA »Actuellement, rien ne sort, rien ne rentre par le port. Certains produits qui arrivaient de Dakar manquent sur les marchés, comme les légumes. L’avion n’est pas une alternative, d’autant que l’aéroport de Ziguinchor est en travaux. Les vols sont transférés à Cap Skirring, à environ 70 kilomètres. Quant à la voie terrestre, elle est plus chère et moins sûre, explique Jean Pascal Ehemba, président de la Chambre de commerce de Ziguinchor : « Ce qui passe par la route, ce sont des petits volumes, ça ne fait pas tout à fait l’affaire. Et puis le chemin est trop long avec des risques d’accident. »L’arrêt des activités portuaires a donc un impact économique important pour la localité. « L’impact est énorme, c’est à coup de milliards de FCFA, estime le président de la Chambre de commerce de Ziguinchor. Et c’est pour cela qu’on essaie de demander une aide de l’État, qu’il continue à faire sa mission régalienne pour pousser l’économie de cette région. »Lors de sa visite à Ziguinchor le mois dernier, le Premier ministre Amadou Ba avait annoncé une reprise prochaine des liaisons. Le commandant du port l’assure, « des travaux de maintenance des bateaux et sur le chenal sont prévus pour un retour du trafic en toute sécurité ». Aucune date précise n’a encore été fixée.À lire aussiDans la Casamance enclavée, une économie fragilisée
2/15/2024 • 2 minutes, 24 seconds
Ouganda: dans la capitale Kampala, des routes de plus en plus dégradées
Depuis plusieurs semaines, les routes cabossées de la capitale ougandaise font l’objet de campagnes sur les réseaux sociaux, mais aussi de débats politiques intenses. Ces routes en piteux état qui feraient perdre 1 million de dollars par jour à l’économie de Kampala, selon l’autorité de la capitale, KCCA. Dans une vidéo publiée sur le réseau social X, on peut voir des Ougandais pêcher un vrai poisson dans un trou béant de la chaussée. Les actions dénonçant le mauvais état de la route se sont multipliées ces derniers temps, et politiques comme organisations de la société civile se sont emparés du sujet.Julius Mukunda est le directeur de l’organisation, Civil Society Budget Advocacy Group (CSBAG), spécialisé sur les questions de redevabilité économique. Il évoque un problème à plusieurs niveaux : « Premièrement, il y a un manque de savoir-faire et une mauvaise planification. On construit des routes, mais on ne prévoit pas leur entretien, énumère-t-il. Deuxièmement, le prix des réparations est en augmentation, en partie dû à la corruption. Il y a également la question du manque de qualification pour trouver de l’argent. Et même quand les fonds sont disponibles, nous peinons à les décaisser. Il y a aussi des difficultés à collecter les taxes. Moins de recouvrement signifie moins d’argent disponible pour des postes comme le réseau routier. »Un état des lieux peu reluisant pour l'autorité en charge des routes. La Kampala Capital City Authority (KCCA) est au cœur de cette politique. « Nous faisons de notre mieux, même pour réparer les nids-de-poule, ce qui n'est pas recommandé pour une route en fin de vie », s’est récemment défendu David Luyimbazi, le directeur adjoint de KCCA, sur une radio ougandaise. Pour lui, il ne s’agit pas d’un problème de corruption.À lire aussiRDC / Ouganda: des routes pour booster le commerce et ralentir l’insécurité attribuée aux AFDCoût élevé du bitumageIl préfère mettre en cause des problèmes structurels, un réseau routier vieillissant et de grosses contraintes budgétaires. « Il faut regarder les ressources qui nous sont dédiées. Par exemple le plan stratégique initié il y a quatre ans environ. Il requiert un budget d’1,4 trillion chaque année. Cette année, nous avions 550 milliards. Il y a une inadéquation entre les ressources que nous obtenons vis-à-vis des besoins. Cela vous donne une idée de la qualité des services que vous recevez ! », argumente le directeur adjoint de KCCA.Quant au coût plus élevé du bitumage par rapport aux autres pays de la région, comme le Kenya, le directeur avance les contraintes logistiques liées à l’enclavement de l’Ouganda : « Tous les produits pétroliers nécessaires à la construction des routes doivent être acheminés depuis Mombasa, pointe-t-il. Nous utilisons du gravier pour les travaux, mais le gouvernement n’est pas propriétaire de la terre. C’est donc le marché qui détermine le prix des matériaux. La plupart des équipements doivent être importés ! »Plusieurs prêts de bailleurs internationaux dédiés aux routes sont attendus dans les prochains mois et devraient permettre lancer des travaux de réhabilitation de la voirie dans les cinq prochaines années, selon le fonctionnaire. Pour la société civile, la priorité est de mettre en place des normes et standards et de lutter contre la corruption.À lire aussiL'Ouganda développe sa mobilité électrique au-delà des grandes villes
2/14/2024 • 2 minutes, 22 seconds
Le FID, un fond pour soutenir l'innovation sociale en Afrique
Le Fonds d’innovation pour le Développement, lancé en 2020 et hébergé par l’AFD, a vu sa dotation renouvelée et augmentée le 8 février, passant de 15 à 25 millions annuel. Il est présidé par le prix Nobel de l’économie Esther Duflo spécialiste des questions de développement. Les projets soutenus sont choisis pour leurs impacts sociaux reconnus ou probables. Des projets qui sont peu porteurs pour les levées de fonds traditionnelles, notamment sur le continent africain. Dans le domaine des fonds à impact en 2022, seuls 2% étaient destinés à l’Afrique subsaharienne, selon une enquête du Global impact investing network. Une difficulté qu’a bien ressenti l’Ivoirien Hugues Kouadio, qui développe un projet pour lutter contre le saturnisme. « Clairement, c'est un peu comme la question d’un bien public. Ça ne parle pas aux banques, c'est sûr, confirme-t-il. C'est beaucoup plus une question de politique publique au niveau des États, et donc forcément ce sont plus des fonds publics. Clairement, les banques ne vont pas financer ce genre de projet dans l’immédiat. »Le Kényan Tom Osborn travaille sur la santé mentale des jeunes. Son expérience va dans le même sens. « Pour l’instant, dans le domaine de la santé mentale par exemple, nous ne disposons pas toujours de dossiers économiques très solides et viables pour du capital-risque plus traditionnel », détaille l’entrepreneur.Esther Duflo est Prix Nobel de l’économie et présidente du Fonds d’investissement pour le développement. Le but du FID est bien de changer de paradigme : « C'est vraiment un fond qui vise à permettre à des tas d'acteurs nouveaux, que ce soit des ONG, des universités, des gouvernements, des laboratoires, de proposer de l'innovation sociale. Donc ce n’est pas de l'innovation pour faire du profit, c'est ça qui est vraiment très différent. »Faire la différence dans la vie des gensL’objectif final étant d’améliorer la qualité de vie des gens. « Toujours avec cet objectif de créer de la valeur sociale, pas de la valeur marchande, insiste Esther Duflo spécialiste des questions de développement. Mais comme il n’y a pas la rentabilité comme indicateur de réussite, ce qui la remplace, c'est l'impact. » Les décisions de financement du Fonds et ensuite l'évaluation qui suit est fondée de manière « vraiment très organique sur quelle est la différence que cela fait dans la vie des gens ». Une série d’indicateurs et d’évaluations ont été mis en place pour ce faire. Présent pour signer un nouvel accord de financement, le directeur général du Trésor français reconnaît aimer l’innovation « lorsqu’on est sûr qu’elle va réussir ». Une vision paradoxale que l’économiste spécialiste du développement bat en brèche.« Pour nous, quand un projet particulier ne réussit pas, ce n'est pas en tant que tel un échec », met en avant le prix Nobel. Ce qui compte est d’avoir pu tester une bonne idée a priori. « Ça ne marche pas, tant pis, on passe à la chose suivante. Si ça marche par contre d’avoir cette évaluation rigoureuse que le projet a fait une vraie différence dans la vie des gens, ça permet de le passer à l'échelle », met-elle encore en avant.Soixante-six projets ont déjà reçu des soutiens du FID. Qu’ils soient en phase de test pour permettre de prouver l’efficacité de l’innovation ou en phase de développement et de mise à l’échelle. 90% d’entre eux se trouvent sur le continent africain.
2/13/2024 • 2 minutes, 25 seconds
Le Gabon se lance dans la production de gaz butane
Le Gabon est un pays producteur de pétrole mais qui importe la quasi-totalité du gaz butane consommé dans les ménages. Pour réduire sa dépendance de l’étranger, le Gabon vient d’inaugurer une usine de production de gaz à Batanga dans le sud-ouest du pays, à proximité de Port-Gentil. Un événement salué par les populations, mais aussi par les autorités de la transition. De notre correspondant à Libreville, Le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema a personnellement effectué le déplacement de Batanga pour inaugurer l’usine. Ce chantier avait été lancé sous l’ancien régime, il y a deux ans. « En réponse à un besoin en énergie supplémentaire exprimée par le Gabon, Perenco a lancé le projet de construction de cette usine de GPL, ce qu’on appelle plus communément gaz butane ou gaz domestique, explique Adrien Broche, directeur général de Perenco. Cela représente pour nous un investissement de plus de 50 millions de dollars, soit environ 35 milliards de FCFA. » Selon l’entreprise franco-britannique, l’usine est en capacité de produire 15 000 tonnes par an de gaz butane et va permettre de réduire de plus de 50% les importations de gaz butane. Avant cette usine, le Gabon produisait 10 000 tonnes de gaz butane via la Société gabonaise de raffinage (Sogara). Toute cette production ne comble pas cependant la forte demande nationale. Bonne nouvelle pour les populations, juste après l’inauguration de l’usine, le gouvernement a baissé le prix de la bouteille de gaz de 5 950 à 4 950 FCFA soit une réduction de 1 000 FCFA.Du mieux pour les populations et pour l'environnementAlban Migueli, de l’ONG Mandji Moins cher, estime que ce n’est pas suffisant, l'État peut encore mieux faire : « En comparaison avec d’autres pays, on va parler du Maroc qui a pour la même bouteille à 1 250, la Tunisie à 1 350, pour la Libye le gaz est toujours à 1 500 FCFA. On peut mieux faire pour notre pays en ce qui concerne la réduction du prix du gaz. »Dans le passé, le gaz découvert dans les champs pétroliers était systématiquement brûlé. Nicaise Moulombi, président de l’ONG Croissance saine environnement, estime que la nouvelle usine génère un gain économique et environnemental. « Aujourd’hui, ce gaz n’est plus torché et donc n’émet plus de gaz à effet de serre », explique-t-il. Un usage qui va permettre de réduire l’impact sur le climat, estime-t-il, de « réduire significativement les pollutions ». Et de conclure : « c’est donc une bonne chose pour le Gabon qui se prépare à la transition énergétique. »Plusieurs autres projets gaziers sont en cours. À long terme, le Gabon rêve de mettre fin à l’importation de gaz pour en devenir un exportateur.À lire aussiLe Gabon va augmenter sa production de gaz butane de 20% après 2023
2/12/2024 • 2 minutes, 19 seconds
RDC: les impacts encore limités de la loi sur la sous-traitance
Alors qu’elle devait permettre la création d’une classe moyenne en RDC, la loi sur la sous-traitance du secteur privé a encore du chemin à faire. En trois ans, l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP) estimait que 50 000 entreprises à capitaux congolais devaient pouvoir obtenir des marchés. Mais 1/3 seulement ont finalement réussi à décrocher des contrats. L’ARSP a pris une nouvelle fois l’engagement au début de cette année de revoir ce chiffre à la hausse. De notre correspondante à Lubumbashi,Gaël Mbala est le patron de la société congolaise Mon jardinier, spécialisée dans l’aménagement et la fourniture des biens et services. Malgré la mission de contrôle effectuée l’an dernier par l’autorité de régulation, il estime qu’accéder au marché de la sous-traitance est encore un mythe. « Il s’avère qu’il n’y a pas eu jusque-là d’appels d’offres publiés ni sur le site de l’ARSP, ni sur d’autres sites, assure-t-il. Il faut accompagner cette ambition avec beaucoup d’actions sur le terrain afin que nous, Congolais, puissions en tirer profit. »Golive Camping est une autre entreprise congolaise spécialisée dans le service de restauration. Avec ses cinq employés, elle ne remporte que des petits marchés de moins de 500 dollars. Ce qui ne lui permet pas de s’agrandir. « Si on pouvait décrocher de gros marchés, on aurait ainsi la capacité d’augmenter le nombre d’emplois, insiste Adiel Mikitshi, la directrice. On passerait de 5 à 25 employés. Parce que nous avons des cuisiniers, il y a ceux qui s’occupent du ménage et d’autres servent les clients. »Cependant, les entreprises congolaises ne parviennent pas à décrocher ces contrats de sous-traitance. Le manque à gagner pour l’État est estimé à 8,5 milliards de dollars. Le directeur général de l’Autorité de régulation de ce secteur, Muguel Katemb, estime n’avoir qu’un seul moyen pour relever le défi : « C’est de faire accéder des sociétés à capitaux majoritairement congolais ou des sociétés éligibles au marché de la sous-traitance. Parce qu’une fois que ces sociétés accèdent au marché, elles sont implantées en RDC, elles vont payer des taxes et créer de l’emploi dans le pays et cela va contribuer au développement économique de la RDC. »Des réussites dans le secteur minierMais tout n'est pas sombre dans le secteur de la sous-traitance. Quelques Congolais ont réussi à décrocher des marchés importants, notamment dans le secteur minier. Seulement leurs capacités financières sont souvent limitées, explique Eric Lwamba, économiste et ancien consultant du gouvernement pour la mise en œuvre de la loi sur la sous-traitance.« Comme c’est dans les affaires, on ne peut pas vous donner des marchés importants si on n’est pas sûr que vous pouvez mobiliser des garanties qui permettent à ce que si vous ne parvenez pas à fournir les services, vos risques soient réellement couverts », analyse ce spécialise. Dans cette optique, le gouvernement a mis en place le Fonds de garantie des entrepreneurs congolais (Fogec). « La réalité est que ce Fonds n’est pas vraiment opérationnel au sens où il remplit son rôle pour donner des contreparties à ces entreprises pour que le risque soit atténué », précise-t-il.Malgré ce défi financier, l’ARSP espère tripler le nombre d’entreprises congolaises qui signent des contrats de sous-traitance et ceci notamment dans le secteur minier.À lire aussiRDC: un potentiel minier sous-exploité
2/11/2024 • 2 minutes, 16 seconds
Centrafrique: reprise économique à Mbaïki après la réouverture de la station-service
En Centrafrique, après la crise militaro-politique de 2013, la plupart des stations-service ont été pillées et détruites dans presque toutes les grandes villes du pays. À Mbaïki, à 105 km au sud-ouest de la capitale, la station avait repris du service, mais était de nouveau à l’arrêt depuis 2020 suite à la tentative de coup d'État de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). Après des années d'inactivités dans cette ville, la société TAMOIL RCA qui a racheté en avril dernier les activités de TotalEnergies a rouvert sa station de Mbaïki. Cette reprise permet non seulement de combler les besoins des consommateurs en produits pétroliers, mais aussi de relancer les activités socio-économiques de cette grande préfecture qui reposent sur le carburant. De notre envoyé spécial à Mbaïki,Au marché central de Mbaïki, il est 10h et c’est l’heure de pointe. Dans une allée du marché, difficile d’entendre autre chose que le bruit des moteurs des moulins. Une dizaine de machines transforment manioc, patate douce, taro et igname, en farines.Saturnin Debona est le propriétaire de trois moulins. « À Mbaïki, tout le monde salue la réouverture de cette station-service. Nous avons enfin du carburant de bonne qualité et à bas prix, s’enthousiasme le jeune entrepreneur. J’achète le litre à 1 100 francs CFA et je fais 100 % de bénéfice. Chaque jour, j’utilise 10 litres pour mes activités. Pour un litre consommé, ma farine rapporte 3 500 francs CFA. »Dans sa robe pagne, Geneviève, une commerçante, patiente dans la queue avec deux cuvettes de manioc. « J’ai emprunté un taxi-moto à 250 francs CFA pour apporter mes maniocs ici. C’est très abordable par ce que dans les mois passés, je payais le double », détaille-t-elle.La remise en service de la station a permis de faire revenir le carburant en quantité importante et sur le marché légal. Conséquence : le coût du transport a baissé de moitié dans la ville. Les ateliers de soudure, les petites salles de cinéma, les centres de formations professionnelles, les agences multimédias et les administrations qui fonctionnent avec des groupes électrogènes peuvent désormais se ravitailler plus facilement.Un prix du litre identique à la capitaleDans son atelier de menuiserie du quartier Bombolet, Alain Sindo a le sourire aux lèvres : « Depuis quatre ans, on se ravitaille au Congo ou au Cameroun, deux pays proches de Mbaïki. Nous utilisons des groupes électrogènes parce qu’il n’y a pas d’autre source d’énergie. Le litre coûtait 1 500 francs CFA partout dans la ville et il était rare. Maintenant que le carburant est abondant, nous travaillons sans cesse, nous avons beaucoup de commandes. »La station-service se trouve dans le centre-ville, un endroit accessible et sécurisé. La reprise des activités a attiré de nombreux clients. Deux camions-citernes en provenance de Bangui sont déjà venus réapprovisionner le point de vente.« Actuellement, nous avons 13 000 litres de gasoil et 13 000 litres de super. On ouvre ici à 5h et on ferme à 17h, précise Narcisse Lezin, un pompiste. Il y a des gens qui viennent des villages environnants à l’exemple de Bangandou, Mongoumba, Moukoko et autres pour se ravitailler. » Ici, on achète le carburant au même prix que dans la capitale. Le litre de super est à 1100 francs CFA et le litre de Gasoil à 1350 francs CFA.La réouverture de la station-service est une bouffée d’air pour la localité. Cependant, les autorités sensibilisent les habitants de Mbaïki sur les potentiels actes de vandalisme qui pourraient nuire à ce nouvel élan économique.
2/8/2024 • 2 minutes, 24 seconds
Sénégal: à Saint-Louis, les retombées de l'exploitation gazière se font toujours attendre
À Saint-Louis, la nouvelle plateforme gazière est désormais visible de tous au large des côtes. Mais l’exploitation ne cesse de prendre du retard ; initialement programmée pour 2023, celle-ci est maintenant annoncée pour le troisième trimestre de cette année. Sur place, les Saint-Louisiens sont inquiets et les retombées tant promises tardent à venir. De notre correspondante à Dakar,Dans le quartier Guet Ndar des pêcheurs de Saint-Louis, de plus en plus de pirogues rentrent bredouille de la pêche.Assis sur un petit tabouret, le leader syndical Moustapha Diagne dénonce la surpêche et le changement climatique. Mais aussi l’installation de la plateforme gazière à une dizaine de kilomètres au large des côtes. « BP est venu implanter sa plateforme là où il y a le récif qui a le plus de poissons », lance-t-il d’emblée. « Et ce récif qui fait vivre la ville est maintenant interdit à la pêche. On ne peut pas tuer la pêche pour le gaz ! »La pêche qui est la principale activité à Saint-Louis a donc pris un coup. Mais grâce au gaz, le gouvernement a promis des retombées économiques sur la région et sur la ville, qui se transforme progressivement. « Notre aéroport est devenu international. On a vu aussi l’installation d’une agence CBAO, que le président de la République est venu inaugurer tout récemment », avance Sidy Ba de l’Apix, l’agence de promotion des investissements. « Donc, je pense que tout ça, ça commence à animer le département et la ville de Saint-Louis. »Pourtant, l’Apix attend toujours des investisseurs privés qui voudraient travailler avec le projet gazier. « Ils n’ont pas encore commencé à venir ici pour dire qu’ils veulent lancer des activités en rapport avec ça », admet ainsi Sidy Ba.Qualifications inadéquatesLa société civile suit de près l’arrivée du gaz. Un observatoire territorial du secteur extractif a été créé avec 30 organisations et des activités de sensibilisation sont organisées auprès de la population. Mais Mohamed Lamine Tall, coordonnateur du Forum civil à Saint-Louis, estime que la ville n’est pas encore préparée pour ce tournant important.« Le plaidoyer demande à ce que l’État appuie mieux le secteur privé », insiste-t-il. « Je prends juste un exemple : nous n’avons pas d’hôtel avec des capacités d’accueil suffisantes à Saint-Louis. Donc, parfois les gens qui font des activités ici sont obligés de loger à Dakar. » Autre souci majeur : les entreprises et les travailleurs Saint-Louisiens qui ne sont pas encore formés aux normes des sociétés exploitantes, BP et Cosmos. « Par exemple, lorsqu’on a besoin de plongeurs en haute mer, eh bien ces compétences-là, on ne les a pas ici », soupire Mohamed Lamine Tall. « Il y a des pêcheurs ici qui peuvent le faire, mais qui n’ont pas de certifications », regrette-t-il.Les contrats sont donc rares : quelques producteurs de riz ont bénéficié de commandes de BP qui doit distribuer des aliments dans le cadre de sa RSE, responsabilité sociale d’entreprise. Du côté des pêcheurs, des discussions ont été entamées avec les exploitants pour construire des récifs artificiels et faire revenir les poissons perdus.
2/7/2024 • 2 minutes, 17 seconds
En Côte d'Ivoire, l'apiculture comme alternative au glyphosate [2/2]
Alors que l'Europe peine à se séparer du glyphosate - le composant chimique qui a fait la fortune de la firme Monsanto - un agriculteur ivoirien a trouvé la solution pour que les cacaoculteurs cessent d'utiliser ce désherbant dont les effets pourraient être nocif pour la santé. En échange d'un désherbage complet - et naturel - des parcelles de cacao, il permet à de jeunes apiculteurs de s'installer gratuitement sur ses terres, dans un pays où l'accès au foncier est difficile. De notre correspondant à Abidjan,Il faut traverser un champ d’hévéa avant d’atteindre la cacaoyère de Yeo Yaya, située non loin du village de Youasso, près de la ville balnéaire de Grand-Bereby. Ce cultivateur possède trois hectares et demi de terre. Jusqu’en 2020, il utilisait du glyphosate pour désherber ses champs, faute de main d’œuvre disponible.Effets secondairesMais à force d’asperger ses parcelles avec ce produit chimique, il a commencé à s’interroger sur les effets de ce produit sur sa santé. « Souvent, quand tu finis de traiter, tu vois que ton corps commence à te brûler. Donc, si je continue, est-ce que ça ne va pas me tuer demain à petit feu ? », s’interroge l’agriculteur.Il constate aussi que sa terre s’appauvrit sous l’effet de l’herbicide. « Il y a des insectes sur le sol et ça les élimine. Par exemple les serpents, les escargots, le mille-pattes, les vers… Si ça arrive à tuer les insectes qui doivent nous aider à fertiliser le sol, alors la terre finira par ne plus être fertile, s’inquiète Yeo Yaya. Quand on traite, le sol devient dur. Tellement dur qu’on ne peut rien faire dessus. »C’est alors qu’il rencontre Cédric Konan, également cultivateur et membre de l’Union Interrégionale des sociétés coopératives. Après avoir échangé avec des chercheurs de l’INPHB, l’ancien entrepreneur prône une cacaoculture sans glyphosate, basé sur des répulsifs naturels, comme le jus de cacao fermenté ou certaines plantes qui éloignent les insectes ravageurs.Désherbage manuelRestait le problème de la main d’œuvre. Pour y remédier, il conseille aux cultivateurs de la région de laisser s’installer librement de jeunes apiculteurs sur leur terrain, en échange d’une aide au défrichage.« En mettant des ruches sur ces parcelles, on résout deux problèmes majeurs, souligne Cédric Konan. On réussit à faire la promotion de la biodiversité et ça permet aux apiculteurs de vivre, en vendant les produits issus de ces ruches-là. Ils ont eux-mêmes leurs ruches. Et en nettoyant autour de leur ruche qui sont dans les cacaoyers, eh bien, en même temps, ils nettoient les cacaoyers. »Un désherbage manuel qui devrait permettre de « régler le problème du glyphosate » selon lui. Axel Kassarate, 25 ans, est apiculteur depuis quatre ans. Il se dit heureux de participer à ce projet, mais le métier d’apiculteur reste peu pourvoyeur de revenus. « Ce n'est pas aussi facile que ça, on essaie aussi de trouver de bons marchés et des moyens de nous agrandir », soupire-t-il.À l’avenir, Cédric Konan a pour projet de développer des unités de biofertilisant à plus grande échelle, notamment à base de coquilles d'escargot.
2/6/2024 • 2 minutes, 25 seconds
Apiculture au Congo-Brazzaville: une miellerie chinoise pour booster la production [1/2]
Grâce à un partenariat avec la Chine, la principale coopérative apicole du Congo-Brazzaville, dénommée « ya Diyi », a pu bénéficier d’une miellerie moderne, permettant de produire jusqu’à 13 tonnes de miel par mois. Une façon d'encourager la diversification des activités économiques. Même si un prélèvement plus intensif du miel pose des questions sur le plan environnemental. De notre correspondant à Brazzaville,La miellerie financée par la Chine est disposée en pièces détachées dans la cour de la mairie du quatrième arrondissement de Pointe-Noire. Raymond Massouema, le permanent de la coopérative Ya Diyi, inspecte la machine qui permettra bientôt d'accroître considérablement la production – qui va passer de 2 tonnes par an à 13 tonnes par mois. « Avec cette unité, les choses vont certainement changer, parce que nous aurons la possibilité d’aller vers d’autres apiculteurs qui travaillent en vase clos, de récolter leur miel et de l’acheter. Ce don va booster nos efforts. Il nous manquait beaucoup », analyse M. Massouema. « Ya Diyi » dispose de plus 2 000 ruches piégées à travers le Congo. Désormais, la coopérative ambitionne non seulement de devenir exportatrice de miel sur le continent africain, elle pourrait contribuer à la diversification de l’économie nationale. « C’est ce qu’on appelle le développement durable, assure Justin Goma Gabou, le promoteur de la coopérative. Tant qu’il y aura des arbres et des fleurs, il y aura toujours du miel. Par contre, le jour où le prix du pétrole baisse, c’est la catastrophe qui arrive. On n’a plus rien, on ne sait plus où aller pour trouver de l’argent afin de réaliser le budget. »Diversification économique Un avis totalement partagé par Apollinaire Molébé, maire sortant du quatrième arrondissement de Pointe-Noire : « C’est tout à fait normal. Moi, je crois qu’on ne peut pas se focaliser seulement sur le pétrole. Il nous faut évidemment d’autres activités économiques, afin de booster le PIB national », déclare-t-il.Un argument également avancé par l’ambassadrice de Chine au Congo, alors que son pays a décidé de débloquer des financements pour l’apiculture, un secteur jugé prometteur. « Aujourd’hui, l’apiculture est devenue une composante importante dans la diversification économique du Congo », a soutenu la diplomate chinoise dans son discours de remise de la miellerie. Mais Maixent Animba Emeka, du Forum pour la gouvernance et les droits de l’homme (FGDH), voit dans cette accélération de la production une potentielle menace pour les revenus des minorités. « Le miel est l’une des premières sources de protéines pour les peuples autochtones et l’une des sources économiques pour eux. Mais, ils l’exploitent de façon rationnelle, par quantités raisonnables et soutenables. Mais, lorsque vous venez faire des systèmes de récolte industrielle, vous pouvez créer la rareté dans la forêt : et donc toucher les moyens de subsistance des peuples autochtones et renforcer leur pauvreté », prévient-il.Pour lui, l'industrialisation du secteur doit être rationnalisée, afin de ne pas menacer les réserves naturelles de miel.À lire aussiCongo-B: la principale coopérative d’apiculture reçoit une miellerie moderne de la Chine
2/5/2024 • 2 minutes, 21 seconds
Tunisie: Bako, la petite voiture solaire hybride qui voit grand
Tout juste sur les routes qu’elle fait déjà beaucoup jaser. En Tunisie, la société Bako commence à commercialiser un utilitaire et une voiture à énergie solaire. Avec leur design moderne et leur prix attractif qui débute à moins de 4000 euros, ces véhicules solaires et électriques retiennent l’attention des automobilistes tunisiens dont le pouvoir d’achat est de plus en plus grevé par l’inflation. De notre correspondante à Tunis,À l'aide d'une communication énergique sur les réseaux sociaux, le fabricant Bako Motors a commencé à se rapidement faire un nom en Tunisie. Depuis le département qualité, de larges baies vitrées s’ouvrent sur la ligne d’assemblage de Bako. Des ouvriers s’affairent pour réaliser l’opération du « mariage » – c’est-à-dire l’intégration de la carrosserie avec le châssis.Un véhicule sort chaque jour de cette usine de la banlieue de Tunis. Des tricycles essentiellement à usage commercial ou rural, mais aussi, depuis peu, une voiture. « Tous les véhicules que vous voyez là sont vendus, indique Boubaker Siala, le PDG de Bako Motors. La stratégie de Bako Motors, c’est d’avoir les avances et après trois mois, on livre. C’est pour travailler à flux tendu. On ne stocke pas. »Hybride solaire et électriqueLe chef d’entreprise est un ancien du secteur automobile en Allemagne. Lui qui a aussi travaillé dans le solaire en Tunisie a décidé de faire fusionner ses deux vies antérieures. « C’est un rêve qui a commencé il y a deux ans, avec des slides de power point, avec des papiers, avec des idées, avec deux personnes et maintenant avec 47 personnes ! », se réjouit-il.Avec des modèles accessibles à partir de 3 500 euros, le véhicule a de quoi séduire les Tunisiens alors que leur pays traverse une crise économique sévère. Et c’est Ahmed Oueslati, le directeur commercial qui propose un tour en Bako. La voiture solaire démarre malgré la météo pluvieuse. « Le solaire, il charge la batterie. Et le moteur consomme directement depuis la batterie », décrit Ahmed Oueslati. Et une fois lancée, la petite automobile hybride peut monter jusqu’à 45 km/h.Après avoir levé 1,7 million d’euros, Bako Motors affiche de grandes ambitions : après Tunis, l’entreprise a prévu d’ouvrir des usines en Arabie saoudite, Égypte et Nigeria.À lire aussiUne voiture solaire iranienne construite par des étudiants
2/4/2024 • 2 minutes, 19 seconds
La stratégie africaine de l’Italie
Un sommet Italie-Afrique avait lieu en début de semaine, à Rome. Une vingtaine de chefs d’État et de gouvernements africains ont fait le déplacement pour entendre le plan de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni pour encourager le développement du continent. Avec son « Plan Mattei », l’Italie veut investir dans plusieurs secteurs de l’économie pour créer des emplois et freiner l’émigration irrégulière. En insistant particulièrement sur la production énergétique, dont pourrait aussi bénéficier l’Europe. Sur le plan diplomatique, le sommet Italie-Afrique a été un succès même si les promesses doivent maintenant se concrétiser. Les acteurs économiques africains et italiens ont pu se rencontrer en marge du programme officiel.Une opportunité à saisir, selon Jacqueline Lydia Mikolo, la ministre des PME en République du Congo – présente dans la délégation du président Denis Sassou-Nguesso. « Sur le plan économique, plusieurs sociétés italiennes sont implantées au Congo. Dans le domaine de l’alimentaire, dans l’environnement, dans la transformation des matières premières, c’est une relation économique qui existe. À travers les priorités