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Afrique économie

French, Financial News, 1 season, 309 episodes, 12 hours, 9 minutes
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Chaque jour sur RFI, vivez la mutation de l'économie africaine. Chefs d'entreprises, décideurs, africains de tous bords et de toute condition témoignent dans Afrique Économie, votre rendez-vous de l'Économie africaine sur RFI. 
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Les ambitions de l’Agence publique de développement revues à la baisse

Dans un cadre budgétaire restreint, la France a annoncé en février dernier devoir faire 10 milliards d’économie. 800 millions se feront sur les budgets de l’Aide publique au développement. Ce qui ramène l’APD à 0,5% du revenu national brut de l’État. « Bras armé » de la politique d’aide de la France : l’Agence française de développement a rendu publics ses résultats annuels mi-mai. Et la question des restrictions budgétaires ont pris une place importante dans les discussions. Agence française de développement
5/15/20242 minutes, 21 seconds
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Maroc: des financements français au Sahara occidental pour renouer les liens

Le Maroc et la France ont relancé leur partenariat bilatéral au cours des dernières semaines. Après deux ans de crise, les deux pays ont choisi l’économie pour renouer les liens. Au cœur du contentieux entre les Paris et Rabat, la question du Sahara occidental, un territoire revendiqué par le Maroc, mais aussi par des indépendantistes soutenus par l’Algérie. Le Royaume chérifien reprochait notamment à Paris son manque de solidarité avec ce qu’il appelle « son intégrité territoriale ». Alors la France, en signe de bonne volonté, a autorisé ses investisseurs publics à financer des projets sur ce territoire. De notre correspondant à Rabat, L’annonce est intervenue quelques semaines avant la grande réconciliation. La Banque publique d’investissement, la BPI, et Proparco, une filiale de l’Agence française de développement, ont été autorisées par le gouvernement français à financer des projets dans les trois régions qui composent le Sahara occidental, contrôlé par le Maroc.Depuis, plusieurs ministres sont venus confirmer cette volonté française de faire un pas vers Rabat. « Le choix qui a été fait est très clair, a souligné le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, en visite à la fin du mois de mars. C’est de participer au financement d'une ligne de transport d’énergie décarbonée entre Dakhla et Casablanca. Donc j’ai fait part, comme l’avait fait notre ministre du Commerce extérieur Franck Riester, de notre disponibilité à participer au financement de cette ligne. »Usine de dessalement à Dakhla, ligne à haute tensionPlusieurs entreprises françaises sont déjà impliquées dans des projets au Sahara occidental. Le géant de l’énergie Engie construit actuellement en partenariat avec le marocain Nareva une usine de dessalement à Dakhla. Une présence française qui pourrait s’amplifier suite à ces annonces. « C’est une avancée essentielle que je salue ici devant le ministre Bruno Le Maire, a commenté le président du Mouvement des entreprises de France (Medef), Patrick Martin, présent aux côtés de Bruno Le Maire à Rabat. Je suis ici pour affirmer et vous confirmer que le secteur privé français sera au rendez-vous et prendra, pour autant qu’on la lui laisse, toute sa part dans ces projets. »Pas seulement des investissements tricoloresLes entreprises françaises ne sont pas les seules potentielles bénéficiaires de ces financements BPI et Proparco. Cet argent pourra aussi être utilisé dans des projets non français. « C’est une bonne nouvelle pour les entreprises françaises. C’est un levier complémentaire pour les entreprises françaises qui voudraient s’implanter dans les provinces du sud marocain, précise Jean-Charles Damblin, président de la Chambre française de Commerce et d’Industrie au Maroc. Mais c’est une bonne nouvelle de façon générale pour l’investissement tout court. On parle de financement et non d’investissement. Le financement va supporter l’investissement, mais l’investissement pourra être européen, non européen, mais aussi marocain. »Quant aux projets marocains sur lesquels la France s’est positionnée, comme la ligne haute tension Dahkla Casablanca, le Maroc n’a pas encore officiellement choisi ses futurs partenaires.
5/14/20242 minutes, 13 seconds
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Zambie: la sécheresse et les délestages menacent la production de cuivre

La Zambie peine à doper sa production de cuivre, un des métaux dits critiques pour la transition énergétique et source de 75% des devises du pays. Après des problèmes de gouvernance à la tête des mines, la sécheresse est la nouvelle menace, car elle crée de grave pénuries d'électricité, indispensable à l'exploitation des gisements. Deuxième producteur de cuivre en Afrique, la Zambie a vu sa production chuter sous les 700 000 tonnes l'an dernier. Un déclin avant tout lié aux restructurations des dernières années. « Il y a eu la liquidation en 2019 de la mine de Konkola qui a eu un impact négatif sur la production de cuivre en Zambie, explique Alex Caramento, spécialiste des mines zambiennes au Social Science and Humanity Research Council. Puis la renationalisation de la mine de Mopani, qui était entre les mains de Glencore, et qui avait un besoin urgent de nouveaux capitaux. »Un groupe émirien est depuis venu au secours du gisement Mopani. Mais désormais, c'est la sécheresse prolongée qui menace la production de cuivre zambienne. Le principal barrage, Kariba, n'a pas été rempli pendant la saison des pluies. Or, 80% du courant dans le pays est d'origine hydroélectrique.Impact immédiat sur les finances et à venir sur les volumesPour l'instant, l'impact de ces délestages sur les mines de cuivre zambiennes est avant tout financier. « Le manque d'énergie suffisante pour les mines crée beaucoup de pression sur les finances des mines, sur la capacité financière des compagnies minières à produire leur propre source de courant, observe Claude Kabemba, directeur général de l'Observatoire des ressources naturelles de l'Afrique australe. Je pense qu'ils ont encore la capacité financière de faire travailler les générateurs pour leurs mines. »L'impact sur la production de cuivre n'est donc pas immédiat, mais il pourrait selon cet expert se faire sentir à partir de juin, puisqu’on entrera dans la saison sèche. « Les compagnies minières pourront avoir beaucoup de difficultés à produire assez de minerais », juge-t-il.À moyen et long terme, les mines auront intérêt à développer la production d'énergie solaire sur les gisements. Mais la Zambie devra également créer de nouvelles sources d'énergie pour compenser la baisse de rendement des barrages – elle doit déjà acheter plus de courant au Mozambique.Qui paiera les nouvelles sources de courant ?Mais qui paiera pour ces dépenses, alors que les Zambiens subissent déjà des délestages huit heures par jour ? C’est tout l’enjeu. « Si vous augmentez le tarif de l'électricité pour les citadins, souligne Alex Caramento, vous mécontentez beaucoup de gens. Et si vous vous tournez vers les mines, les mines vont vous dire : "bon, nous, on a déjà moins de courant disponible, et on va devoir le payer plus cher ?" C'est ça, le plus grand problème pour la Zambie : comment financer les nouveaux projets de production d'énergie et d'électricité. »Le débat risque de ne pas être tranché par les autorités de Lusaka d'ici au scrutin présidentiel, dans deux ans. L'objectif de produire 3 millions de tonnes de cuivre en 2030 semble dans ce contexte difficile à atteindre.
5/13/20242 minutes, 21 seconds
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La Banque européenne d'investissement veut soutenir le cacao durable

Sur le terrain, l’Union européenne, à travers sa Banque d’investissement (BEI), veut contribuer au développement d’une agriculture durable. En Côte d’Ivoire, elle a accordé un prêt de 25 millions d’euros en septembre dernier au groupe financier Cofina – un organisme panafricain qui accorde des crédits dans le secteur agricole notamment et aux PME – pour aider notamment la filière cacao à se mettre dans les clous de la nouvelle loi communautaire. De notre envoyée spéciale à San Pedro,La nouvelle loi européenne va imposer des importations « zéro déforestation » et englober également des exigences sociales (le respect des travailleurs, la mise en avant des femmes, le non-travail des enfants, etc.). Brahima Niampa est à la tête de la coopérative Ecopas. Nous marchons au milieu des cacaoyers de l’un des producteurs avec qui il travaille. Il a obtenu un prêt de 200 millions de francs CFA de Cofina. « C’est pour acheter plus de cacao parce que par moments, si vous n’avez pas de liquidités, le cacao peut partir en dehors de la coopérative, explique Brahima Niampa. Donc, avec l’aide du financement de Cofina, nous avons pu récolter plus de 90% de la production de nos producteurs et cela nous a permis de dégager une plus-value que nous avons réinvestie au niveau de la population. »Une partie de cette plus-value, assure ce responsable de coopérative, va aux communautés « en leur créant des facilités de prêts, en constituant des écoles, en octroyant des kits scolaires, en mettant les femmes en associations pour leur permettre d’être financièrement stables ». Autre objectif, encourager également l’agroforesterie. Une prime est reversée en fonction des arbres plantés dans la cacaoyère, assure-t-il par ailleurs.Développement durable et impacts sociaux30% des prêts accordés doivent soutenir l’entrepreneuriat féminin et au moins 30 autres être consacrés à des financements verts, détaille le vice-président de la Banque européenne d’investissement, qui est venu visiter la plantation. « Nous ne sommes pas une institution de réseau, mais en revanche, on est très intéressé à ce que nos projets financent bien des bénéficiaires finaux des coopératives agricoles dans ce cas-là, qui répondent aux caractéristiques de nos prêts en matière de développement durable, détaille Ambroise Fayolle. Ce que je trouve remarquable, c’est qu’en général, cela prend beaucoup de temps et là, on a à peine signé il y a six mois que déjà, les cacaoculteurs bénéficient des revenus. »La BEI a accordé un crédit à faible taux au groupe financier Cofina, qui dispense lui-même des facilités aux coopératives qui affichent leur volonté à travailler de façon durable. La Banque européenne d'investissement apporte également de l’assistance technique à ce groupe. « Pour nous, c’est surtout mesurer l’impact environnemental et social », précise Serge Massamba Ndombele, directeur stratégie de Cofina.Il s’agit pour lui de s’assurer de « l’impact sur les populations des prêts qui arrivent au nom de la BEI comme partenaire. Donc c’est ça, on veut vraiment avoir une assistance technique pour mesurer l’impact en termes de baisse de la pauvreté de la population et en termes d’éducation. C’est important d’accompagner les planteurs en termes de prêts scolaires, etc. » Vingt-deux coopératives de cacao ont déjà bénéficié des prêts de la Cofina, pour un montant de plus de 2 millions d’euros.
5/12/20243 minutes
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En Tunisie, un lycéen se lance dans la fabrication de baskets

Dans une Tunisie en proie à la crise économique, un lycéen de 18 ans est parvenu à créer sa propre fabrique de baskets, dans la médina de Tunis. Le fonctionnement de son entreprise est encore artisanal, mais Mouheb Weslati a des rêves plein la tête. De notre correspondante à Tunis,Un rouleau de tissu sous la main, Mouheb Weslati a des airs de grand adolescent. « C’est ici que je m’approvisionne, explique-t-il en s’enfonçant dans le dédale de la médina. Je viens ici tous les matins dès 7 heures. Je regarde les commandes que j’ai reçues sur Messenger et en fonction de cela, je fais mes achats. Puis je vais en cours. »Entrepreneur et lycéen à la fois, Mouheb était prédestiné à se lancer dans les affaires. « Je suis dans ce quartier depuis que je suis tout petit, raconte-t-il. Mon père avait un atelier de chaussures qu’il a dû fermer. Comme j’ai appris le métier, j’ai eu envie de me lancer. J’ai travaillé l’été, j’ai mis de l’argent de côté, et voilà… »Créer la plus grande marque de baskets de TunisieL’atelier est situé dans une ancienne auberge qui tombe en ruines. Mais la fabrique n’en a pas moins sorti, selon Mouheb, 2 400 paires de chaussures pendant le ramadan. Un mois à l’issue duquel les Tunisiens ont l’habitude de s’acheter une tenue neuve pour l’Aïd.Vendues aux alentours de 40 dinars, soit environ 12 euros, les baskets de Mouheb lui permettent de faire vivre six personnes. Et il a de grandes ambitions. « Plusieurs de mes amis du quartier ont quitté la Tunisie pour l’Europe, observe-t-il. Moi, ça ne m’intéresse pas. Quitter mon chez moi pour me trouver sous un pont, ça n’a pas de sens. J’ai un rêve et je vais tout faire pour le réaliser. Je veux lancer la plus grande marque de baskets en Tunisie. »À écouter aussiTunisie: comment rendre l'artisanat plus profitable pour les femmes« L'histoire m'a poussé à le soutenir »Ce talent allié à un culot tout en douceur n’est pas passé inaperçu dans les ruelles de la médina. Lotfi Hamadi est à la tête d’une maison d’hôtes de luxe et il vient de passer une première commande d’une dizaine de paires, pour les employés de son établissement.« L’idée de soutenir un jeune artisan-entrepreneur de la médina me plaît, explique-t-il. Moi qui viens tous les jours à la médina et qui passe devant toutes ces boutiques de baskets, je ne savais pas qu’il y en avait un qui en produisait sur place. Je pensais que tout venait de Chine. Quand j’ai découvert, par hasard, qu’il y avait un atelier et que derrière, il y avait un gamin… Au-delà du produit, l’histoire m’a poussé à le soutenir absolument. »Avec les bénéfices des premières commandes, Mouheb a prévu de mettre aux normes son petit atelier de la médina. Il cherche toujours un nom à sa marque.À écouter aussiTunisie: les artisans bijoutiers qui travaillent le corail menacés de disparition
5/9/20242 minutes, 20 seconds
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Agriculture: la Mauritanie s’engage sur la voie du blé

Selon le ministère de l'Agriculture mauritanien, la première expérience à grande échelle a porté ses fruits en mars dernier dans la commune de Rosso, dans la région du Trarza. Cet essai est le fruit d’un partenariat entre le secteur public et deux sociétés privées agricoles. Une excellente nouvelle pour ce pays qui importe la quasi-totalité de son blé. L’essai à grande échelle consistait à cultiver deux variétés de blé sur 200 hectares de sols sablonneux dans la commune de Rosso. Selon le ministère de l'Agriculture, entre 4 et 5 tonnes de blé par hectares ont été obtenues.Un résultat prometteur et encourageant pour ce pays importateur, selon Isselmou Ould Sid El Moktar, délégué régional du ministère de l’Agriculture dans le Trarza. Il souligne que cette nouvelle expérience prouve une fois de plus que la culture de blé est rentable, et précise qu’avec l’accompagnement soutenu des pouvoirs publics et l’investissement du secteur privé, la Mauritanie pourrait couvrir ses besoins en blé comme c’est presque le cas aujourd’hui avec le riz.« Les exigences en terre et en eau sont favorables, estime-t-il. Le blé, c’est moins contraignant que la culture de riz, moins coûteux en termes d'eau, c'est nouveau, il n'y a pas beaucoup de maladies... L’État a fourni un appui aux investisseurs. La stratégie de l’État à l’époque privilégiait le riz, je pense que maintenant, il s’engage pour cette culture et je pense qu'il va continuer ou augmenter l’appui. Car on a besoin de ces céréales. »Un investissement nécessaireLe délégué régional précise que pour mener à bien cette expérience, l’État mauritanien a multiplié les aides : à travers la fourniture d’engrais, le désenclavement de la zone, la protection des cultures ou encore l’électrification des zones de production. « Un investissement nécessaire et stratégique pour l’approvisionnement du pays », selon Isselmou Ould Mohamed Taleb, économiste et statisticien qui rappelle le contexte international, notamment depuis l’expiration en juillet dernier de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes. Selon la dernière note trimestrielle de 2023, la Mauritanie y importait 1/5e de son blé.Le défi de la rentabilitéL’économiste Isselmou Ould Mohamed Taleb précise aussi que cette nouvelle culture est un pari : « Le blé est certes une denrée stratégique pour la Mauritanie, explique-t-il, on prend moins de risques avec les évènements internationaux. Mais le riz était pendant de nombreuses années en Mauritanie subventionné, les intrants aussi. Est-ce que cultiver du blé va être aussi rentable que cultiver du riz ? Le prix du blé est nettement plus bas que le prix du riz sur les marchés et il y a aussi la concurrence du blé extérieur. »Il espère par ailleurs que cette volonté de cultiver du blé perdura malgré les défis : « Il faudra beaucoup de temps pour d’abord avoir une main-d’œuvre qualifiée. Il y a aussi ceux qui sont propriétaires fonciers, qui n’ont pas les moyens de mettre en valeur et en plus, il faudra s’assurer que le marché sera un marché avec un pouvoir d’achat suffisant. Mais ça pourrait marcher. »Selon les données de la FAO, la Mauritanie a importé plus de 75 000 tonnes de blé d’une valeur de 322 millions de dollars sur le marché international en 2022.
5/8/20242 minutes, 12 seconds
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Maroc: déployer le numérique dans l’agriculture via un réseau de fermes digitales

Au Maroc, se tenait récemment le Salon international de l’agriculture de Meknès. Le secteur agricole est central pour l'économie du Royaume. Il représente un peu plus de 13% du PIB et fait l’objet d’une attention accrue de l’État. Pour entretenir le domaine agricole et l’améliorer, les solutions numériques sont encouragées et encadrées par un pôle digital, créé par le ministère de l’Agriculture. De notre envoyée spéciale à Meknès, Nadia Ben MahfoudhLe nouveau pôle digital rassemble des acteurs du privé et du public, autour d’un même objectif : intégrer le digital à l’agriculture. « Autour de la table, nous avons les établissements de recherche et de formation, les établissements "métiers" du ministère, le Conseil agricole, la sécurité alimentaire, les zones oasiennes, l'arganier, l'assurance et le foncier », détaille la directrice de ce pôle, Loubna El Mansouri.Tous ces acteurs travaillent sur un premier projet commun, celui des réseaux de fermes digitales du Maroc, lancé il y a quelques jours (en avril 2024) lors du Salon International de l’Agriculture du Maroc de Meknès. L’objectif est de changer la pratique agricole grâce au digital. « Nous croyons beaucoup à ce mécanisme qui va servir à vulgariser la digitalisation et la faire sortir des laboratoires, des start-ups, et la mettre à disposition dans l'actif de l'agriculteur, souligne Loubna El Mansouri. Nous voulons être ensemble, depuis l'idée qui normalement doit venir de l'agriculteur jusqu'à la consommation de la technologie. »Khalid Hanafi fait partie des agriculteurs qui ont déjà contribué à cette démarche avec une idée innovante. Il est ingénieur en télécommunication et producteur de pommes et de poires depuis 2013.Un logiciel pour mieux conserver les fruitsTout est parti du constat de l'impossibilité de conserver l’ensemble de sa récolte en bon état. « 80% des frigos sont des frigos qui ne contrôlent que la température et l'humidité, explique-t-il. Alors qu’il y a un troisième paramètre très important : l'éthylène. Lorsqu'on fait la cueillette de la pomme et de la poire, elles produisent de l'éthylène. Si ce gaz est toujours confiné, il accélère le processus de maturation et il détériore le produit stocké. » Khalid Hanafi a donc cherché une solution pour préserver sa récolte stockée. Il a développé un logiciel relié à de simples détecteurs d’humidité, de température et surtout d’éthylène à installer dans les réfrigérateurs. « On a développé une solution qui va mesurer la concentration de l'éthylène à l'intérieur de la chambre froide. Une fois qu'on détecte qu'il dépasse un seuil, le système va nettoyer cet éthylène sans ouvrir les portes, sans que la chambre froide soit en contact avec l’extérieur », explique-t-il.Le tout coûte 20 000 dirhams, soit environ 2 000 euros et permet d’éviter les 15% de pertes que génère un réfrigérateur non équipé. L’agriculteur est prêt à commercialiser cette solution digitale. Il est en discussion avec le ministère de l’Agriculture pour mettre en place des subventions qui permettront d’encourager les agriculteurs et les frigoristes à intégrer ce système dans leur activité.
5/7/20242 minutes, 21 seconds
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Au Kenya, des initiatives pour lutter contre la pollution textile [2/2]

Au Kenya, le commerce de la fripe tient un rôle économique de taille. Mais le secteur est très critiqué pour son impact environnemental et sanitaire. D’après l’organisation des Nations unies pour l’environnement, l’industrie du textile est responsable d’entre 2 à 8% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde chaque année. Face à ce constat, Africa Collect Textile tente de donner une seconde vie aux vêtements usagées. C’est dans une petite maison en bordure de Nairobi qu’Africa Collect Textile a élu domicile. Au rez-de-chaussée, des vêtements attendent d’être triés. À l’étage, des couturières s’activent. « Dans cette salle, il y a le tressage et de la couture. Dans ce coin, c’est la fabrication des sacs à dos. Nous récupérons des pantalons cargo, nous les découpons, ajoutons une doublure et vous voyez, ça donne un sac. On ne dirait pas que c’était un pantalon à l’origine, n’est-ce pas ?! », décrit Whitney Speke, responsable de la communication d’Africa Collect Textile.Africa Collect Textile récupère des fripes de deux façons : grâce à des dons faits dans la trentaine de bennes à vêtements placées à Nairobi. Ou en achetant les invendus du marché de la seconde main. Les habits en bon état sont donnés, le reste transformé en vestes, sacs à dos ou tapis. Puis vendus au Kenya ou en Europe. « La plupart des personnes ne savaient pas où donner ou jeter leurs vêtements usagés, ils ne trouvaient pas de structures adaptées pour les récupérer, constate Whitney Speke, donc ces habits sont mis à la poubelle et finissent dans des décharges à ciel ouvert ou même dans la rivière de Nairobi. Africa Collect textile a constaté ces lacunes et a voulu mettre en place une structure pour encourager le recyclage de ces vêtements. »Un meilleur tri avant l’exportationDans un rapport publié l’année dernière, la fondation Changing Markets a dénoncé qu’un tiers des vêtements importés au Kenya contenait du plastique et était de si mauvaise qualité que ces habits étaient directement jetés ou brulés. Polluant ainsi l’environnement et entrainant des conséquences sanitaires pour les populations. « Il est temps de se poser une question : où finissent ces vêtements ? est-ce que les pays qui importent ont les capacités de gérer les habits en fin de vie ? Et puis, il y a aussi un problème avec la fast fashion, il y a une surproduction des vêtements, déclare Betterman Musasia à la tête de Clean Up Kenya, une association qui milite pour une meilleure gestion des déchets, il faut améliorer notre façon de consommer. Prenons les européens par exemple. Plus ils achètent et donnent leurs vêtements usagés, plus ces fripes finissent par avoir des conséquences sur une autre partie du monde. » Betterman Musasia salue les initiatives comme Africa Collect Textile. Mais il aimerait surtout voir, entre autres, un meilleur tri fait avant l’exportation et la mise en place de systèmes efficaces de gestion des vêtements en fin de vie.
5/6/20242 minutes, 15 seconds
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Au Kenya, l'importante manne économique des vêtements d'occasion [1/2]

Les vêtements de seconde main représentent un important poids économique au Kenya. Mais des voix s’élèvent pour critiquer la pollution que ces fripes importées entrainent. La France, la Suède et le Danemark ont lancé un appel à l’Union européenne pour interdire les exportations de déchets textiles vers les pays qui ne sont pas en capacité de les gérer durablement. Au Kenya, la proposition inquiète les acteurs de ce secteur. Les vendeurs interpellent chaque passant. Pour vendre jeans, chaussures ou sacs... le marché de Toi à Nairobi est un haut lieu de la seconde main. Sidney a 23 ans, il y vend des robes depuis sa sortie du lycée : « Les mauvais jours, je fais entre 7 et 15 euros. Les bonnes journées, ça peut me rapporter jusqu’à plus de 35 euros. Ça paie mes factures. Ce secteur permet de créer de l’emploi, un jeune qui sort de l’université, qui ne trouve pas de travail, peut acheter des vêtements et venir les vendre ici. »180 000 tonnes par anUne partie des vêtements importés provient de dons, faits aux États-Unis ou en Europe. Les vendeurs de Toi Market, comme Sidney, les achètent à de plus gros importateurs. « Nous avons là des pantalons en coton pour hommes, des combinaisons, des jeans slims. Le Kenya importe environ 180 000 tonnes de vêtements usagés chaque année, explique Teresia Wairimu Njenga, la présidente du principal consortium de vendeurs, partout dans le pays, on trouve de la seconde main, que ce soit dans les grandes villes, les villes moyennes ou les villages. »Plusieurs chercheurs estiment que la seconde main fournit les trois quarts des besoins en habillement des classes populaires kényanes. Lors de la dernière campagne présidentielle en 2022, le candidat vaincu, Raila Odinga avait annoncé vouloir prioriser les vêtements fabriqués localement. Pour redynamiser le secteur du textile, en difficulté au Kenya.Vers une restriction des importations ?La proposition avait fait débat. Le marché de l’occasion mettant en avant son poids économique. Un argument de nouveau avancé aujourd’hui face à ceux qui plaident pour plus de restrictions des exportations de vêtements usagés vers des pays comme le Kenya. Teresia Wairimu Njenga revient justement de Bruxelles où elle a défendu la cause du secteur : « Le milieu de la seconde main fait vivre deux millions de personnes entre ceux qui importent, les intermédiaires, les vendeurs... Sans compter que toute une tranche de la population kényane n’a pas les moyens d’acheter du neuf et dépend de la seconde main pour s’habiller. Restreindre les exportations de fripes vers l’Afrique, ce serait ouvrir la voie à des vêtements pas cher produit en Asie. »Les défenseurs de l’environnement estiment qu’une partie des fripes importées sont de mauvaise qualité ou abimés. Faute de gestion des déchets adaptée, ces vêtements finissent dans la nature, dans des décharges à ciel ouvert ou sur les berges de la rivière de Nairobi, polluant ainsi l’environnement.
5/5/20242 minutes, 17 seconds
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Au Tchad, l'inquiétante flambée des prix de la gomme arabique

La crise soudanaise se répercute sur le marché mondial de la gomme arabique. Le Soudan, producteur historique de gomme, a réduit ses exportations. Résultat : des pays comme le Tchad sont des alternatives intéressantes pour les importateurs. Mais le pays rencontre actuellement des difficultés pour répondre à la forte demande. Des pistes en mauvais état, un manque criant de points d'eau proches des pépinières d'acacias… Faute d'infrastructure sur les zones de production, la filière tchadienne ne peut pas suivre le rythme de la demande mondiale. « Si ça continue comme ça, les clients vont être obligés de chercher des produits de substitution. C'est pour ça qu'on veut vraiment augmenter la production, explique Albachir Ahmat, président des exportateurs tchadiens de gomme arabique, on ne peut pas y arriver sur certaines zones parce qu'il n'y a pas de route, il n'y a pas d'accès, il n'y a pas d'eau non plus. Et tout ça, ça demande l'intervention de l'État ou bien des bailleurs de fonds. »Risque de produits sans gomme arabiqueLe kilo de gomme dure, appelée kitir, est passé en un an de 700 francs CFA à aujourd'hui 1 750 francs. Problème : une trop forte flambée des prix poussera les clients à trouver d'autres produits. « Il ne faut pas se mentir : si les prix grimpent trop, nous, importateurs et transformateurs de gomme arabique, on ne va plus pouvoir vendre, prévient Charles Alland, PDG de la société française Alland et Robert, numéro 2 mondial de la transformation de gomme arabique. Les prix ne peuvent pas monter aux arbres, il y a des limites. Si ça continue, certains clients iront reformuler leurs produits pour enlever la gomme arabique et la remplacer avec d'autres produits concurrents tels que les amidons, par exemple. »Le circuit logistique soudanais pour l'exportation de la gomme arabique n'est plus aussi efficace. Difficile d'estimer la production réelle de gomme dans le pays en guerre. En tout cas, le Tchad voisin peut récupérer cette manne importante.Manque de volonté politique ?À condition de pérenniser la production et de la faire grossir. « Il y a entre 600 et 700 000 personnes qui vivent de la gomme arabique, précise Albachir Ahmat. Si on ne la vend plus, ça va être catastrophique pour le pays, et même pour la nature. Parce que les arbres seront coupés pour en faire du bois de chauffe. C'est ça qui nous inquiète. »L'importateur français de gomme arabique Charles Alland, lui, mise sur le Tchad : « On essaye de convaincre et puis d'accompagner nos fournisseurs. Mais derrière, s'il n’y a pas de volonté politique au Tchad, les choses ne changeront pas de manière drastique dans les mois ou années à venir. Le Tchad a un énorme potentiel ; c'est l'opportunité, aujourd'hui, de se moderniser et d'améliorer la filière gomme. » Le Fond spécial de préparation des projets d’infrastructures au Tchad aurait donné des garanties pour un soutien financier. « Il ne faudra pas trainer », expliquent les professionnels de la filière.
5/2/20242 minutes, 23 seconds
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Tunisie: les créateurs de contenu sur les réseaux sociaux en quête de statut

En Tunisie, sur 12 millions d’habitants, plus de 8 millions sont abonnés à Facebook, près de 3 millions ont un compte Instagram et Tiktok est une plateforme en pleine croissance, avec déjà près d’un million de comptes. Le succès des réseaux sociaux est tel que le gouvernement tunisien envisage de taxer les créateurs de contenu pour éviter l’évasion fiscale. Mais les professionnels, eux, jugent qu’il faut commencer par une reconnaissance juridique et culturelle du métier. De notre correspondante à Tunis,Avec ses 1,3 million d’abonnés sur Instagram, 400 000 sur YouTube, Samy Cheffai gère non seulement ses comptes sur les réseaux sociaux, mais aussi une boîte de production avec un comptable et un site web. Ce créateur de contenu et réalisateur très connu chez les jeunes tunisiens figure parmi ceux qui ont su rendre l’activité légale et professionnelle aux yeux de la loi.Mais il lui a fallu un peu de temps, dans un pays où le statut de créateur de contenu n’existe pas. « Quand on te sollicite pour un travail bien particulier, le client qui t’appelle te dit : "Ok, comment on va facturer ça ?" », se souvient Samy Cheffai. « Je me suis posé la question de savoir comment ça allait se passer. On me parlait de "revenus à la source", "19%", de "taxes", des mots que je ne comprenais pas du tout. Et en fait, j’ai réalisé qu’il fallait que j’ouvre ma propre patente. »Producteur, mais pas encore créateur de contenuAujourd’hui, son métier de producteur lui permet de réaliser des courts-métrages, mais aussi des activités commerciales et du contenu pour des publicitaires. Cependant, juridiquement, il reste producteur et non pas créateur de contenu. « En fait, ce sera toujours flou pour une certaine catégorie de personnes, parce que c’est nouveau pour eux, ce qui est totalement normal », observe Samy Cheffai. « Même le community manager, dix années en arrière, c’était bizarre. Qui aurait cru que quelqu’un allait s’occuper d’une page Facebook et être payé ? »Si les mentalités ont changé en dix ans, la loi tunisienne peine à encadrer ce métier qui séduit de nombreux jeunes. Une commission au sein du ministère des Finances a dénombré 20 000 créateurs de contenu et prestataires de services sur les réseaux sociaux en 2023, dont beaucoup échappent au fisc faute de statut.Des écoles niveau bacDans les écoles de publicité et de création digitale, des formations professionnelles tentent de lever la barrière culturelle à reconnaître ces métiers comme tels. « Le frein, c’est vraiment un frein culturel, surtout les parents », reconnaît Selma Elloumi, directrice de la Créativ Adschool, qu’elle a lancée il y a un an et demi. « Le digital, le publicitaire, ce sont des métiers qui ne sont pas connus. Ils ont l’impression que leurs enfants sont dans un domaine pas sérieux, que c’est du jeu. Mais on a vite montré que la formation était solide. »La plupart des jeunes diplômés sortent avec une formation en publicité et création digitale pour 2 700 euros l’année. Beaucoup trouvent rapidement un emploi, en attendant de se lancer à leur compte. « Notre cible, c’est le niveau bac et plus », précise Selma Elloumi. « S’ils n’ont pas eu le bac et qu’ils ont un côté créatif, on peut les accepter et il y en a beaucoup qui cherchent aussi une reconversion. »Même si la loi reste encore peu claire, ces nouveaux métiers séduisent de plus en plus, dans un pays où le taux de chômage des 15-25 ans avoisine les 40%.
5/1/20242 minutes, 24 seconds
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En sortant du franc CFA, l’AES risque la spirale inflationniste |2/2]

Quelles conséquences aurait une sortie du franc CFA pour le Mali, le Burkina Faso et le Niger ? Deux chercheurs de l’Université catholique de Madagascar et de l’Université Paris Dauphine se sont appuyés sur une littérature très fournie et différentes expériences sur le continent pour réaliser des projections. Aujourd’hui, l’impact potentiel de cette réforme sur les échanges et l’inflation. La création de la zone monétaire de l’AES et d’une nouvelle monnaie a priori moins forte que le franc CFA devrait favoriser les exportations comme le coton. Mais l’AES restera très dépendante des importations de ses voisins.« Les principaux offreurs, dans la zone Afrique de l'Ouest, sont les pays les plus développés, à savoir la Côte d'Ivoire et le Sénégal, qui ont des productions que les pays de l’AES n'ont pas, souligne François Giovalucchi, de l’Université catholique de Madagascar. Donc on voit mal comment des pays très pauvres pourraient échanger entre eux et se fournir en biens qu'ils trouvent d'habitude à l'extérieur. On voit mal la création de filières industrielles, machines-outils ou véhicules, qui seraient vendus d'un pays à l'autre. Donc les perspectives nous semblent tout à fait limitées. »Les importations encore dépendantes de la zone francAvec la nécessité d’importer en grande quantité et une monnaie faible, la nouvelle banque centrale de l’AES devra pourvoir aux besoins de liquidités des États. Le risque est de faire un usage trop important de la planche à billets.« On risque de se retrouver avec un phénomène déjà bien connu puisqu’il a touché les pays qui sont sortis de la zone franc, comme la Mauritanie ou Madagascar, souligne Marc Raffinot, de l’Université Paris Dauphine. Le Mali lui-même est sorti et puis il y est rentré à nouveau. Dans tous ces pays, même dans ceux qui ont une monnaie indépendante, comme le Ghana par exemple, on constate souvent que cette spirale se manifeste. On a de l'inflation qui se traduit par une dévalorisation extérieure de la monnaie, qui à nouveau, engendre de l'inflation, et ça fait une sorte de cercle vicieux, qui fait que la valeur de la monnaie se déprécie et que l'inflation galope. »L'inflation, effet collatéral d'une monnaie autonome sans appuiLes dirigeants ont par ailleurs donné peu de détails sur le régime de change qui serait choisi. La monnaie sera-t-elle adossée à l’or, à une autre monnaie étrangère, etc. ? Quoi qu’il en soit, le phénomène d’inflation pourrait ressembler à ce qu’a connu le franc CFA en 1994.« Il y a déjà eu une dévaluation. Le franc français à l'époque avait augmenté de 100% et l'inflation avait été de l’ordre de 25-35%, rappelle Marc Raffinot. Ces phénomènes risquent de se reproduire. On le retrouve dans la plupart des pays qui ont une monnaie indépendante ou qui ont quitté la zone franc. Créer une monnaie n'est pas impossible, conclut-il, mais il y a un effet collatéral à la création d'une monnaie autonome qui n'aurait pas d'appui, qui n'aurait pas une crédibilité bien assise. » La crainte des auteurs : la spirale inflationniste qui toucherait les foyers les plus modestes.
4/30/20242 minutes, 20 seconds
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Sortie du franc CFA: quelles conséquences pour l’Alliance des États du Sahel? (1/2)

L’un des objectifs politiques affichés par l’AES est de retrouver une souveraineté monétaire. Ces trois États – Mali, Niger, Burkina Faso – veulent créer leur propre monnaie et abandonner le franc CFA, adossé au cours de l’euro, imprimé en France et perçu comme un vestige de la colonisation française. Mais qu’impliquerait la sortie du franc CFA ? Dans un article conjoint, deux experts, François Giovalucchi de l’université catholique de Madagascar, et Marc Raffinot, de l’université Paris-Dauphine, rappellent que ces États devraient sortir de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Préalable juridique à la création d’une nouvelle monnaie : la sortie de l’UEMOA. Or cette union économique et monétaire prévoit des facilités pour la mobilité de travailleurs et des marchandises. Elle est également pourvoyeuse de liquidités pour les États. « Ce que l'on constate, c'est qu’à la fin de 2023, les pays de l'AES manquent beaucoup de devises, note François Giovalucchi, ancien chef du service Afrique centrale du Trésor français, actuel membre du conseil scientifique de l’université catholique de Madagascar. Ces pays puisent donc dans le pot commun de la BCEAO, ils bénéficient de la solidarité des autres pays. »Fin des liquidités de la BCEAOCoupés des liquidités de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, l’AES se priverait aussi de la possibilité d’emprunter sur le marché régional. « Un des avantages, un des succès de l'UEMOA, c'est que les pays se prêtent de l'argent entre eux, souligne François Giovalucchi. Par exemple, le Mali, le Niger ou le Burkina Faso émettent des titres d'État qui sont achetés par des banques essentiellement d'autres pays, par exemple de la Côte d'Ivoire. Ce qui leur permet d'avoir de l'argent qui n'est pas trop cher, avec des taux pas trop élevés, en tout cas beaucoup moins élevés que les taux des euros-marchés. Donc les pays perdraient l'avantage d'avoir accès à ces financements régionaux et devraient trouver d'autres financements, notamment internationaux, et la conjoncture ne me semble pas favorable. »La création par ailleurs d’une monnaie propre à l’AES, une monnaie peu attractive, risque de créer l’inverse de l’effet voulu, c’est-à-dire conduire à ce que les chercheurs appellent la « CFAïsation ».Le franc CFA pourrait sortir renforcé« C’est le paradoxe qu'on a souligné dans notre papier, c'est que finalement la création d'une nouvelle monnaie risque de renforcer le franc CFA !, souligne Marc Raffinot, maître de conférence à l’Université Paris-Dauphine. Parce que tous ceux qui font du commerce entre le Mali, la Côte d'Ivoire seront intéressés à garder une monnaie forte stable pour conserver leur épargne ou conserver des actifs de sécurité. Et donc ils se retournent à ce moment-là vers le franc CFA. C’est ce qui se passe actuellement avec le Nigeria, le Ghana, qui sont attirés par le franc CFA parce que leur monnaie est une monnaie fondante. » Ces besoins de devises pourraient être partiellement comblés par l’augmentation à venir de la production du pétrole du Niger et par la taxation du secteur aurifère. À condition, préviennent les auteurs, de ne pas le mettre trop rudement à contribution.À lire aussiLe Sénégal devient la tête de pont de la sortie du franc CFA
4/29/20242 minutes, 25 seconds
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La gestion des données en Afrique, une question de sécurité

En Afrique, seule 2% des données collectées sont stockées sur le continent. Ces dernières années, des initiatives et start-up africaines se développent dans le but d’inverser la tendance. Lors de la 4ᵉ édition de l’Africa Cyber Forum tenu mi-avril à Abidjan, les échanges ont tourné notamment autour de la gestion des données dans le domaine de la santé et les défis liés à la sécurisation des informations à caractère personnel. De notre correspondant à Abidjan, Au quotidien, les nouvelles technologies de l'information et de la communication sont indispensables. Nos appareils connectés, tels que les ordinateurs et les smartphones, produisent des données en grande quantité. Une fois collectées et traitées, celles-ci aident les États et les entreprises dans la prise de décisions efficientes.Mais pour l'heure, l'Afrique dispose localement de très peu d’infrastructures de stockage de ses données. Pourtant, cela y va de sa souveraineté, estime Alain Yao Kouadio, directeur général de Kaydan Group, une entreprise qui investit dans le domaine de la gestion des données.« Vous ne pouvez pas avoir vos données sur la santé de votre population, sur le comportement de consommation de votre population et j'en passe, stockées à l'extérieur, alerte-t-il. Vous n'avez pas de souveraineté là-dessus, à tout moment ces données peuvent vous être coupées. Donc l'extérieur prendra mieux les décisions avec une plus grande acuité que vous-même parce que vous n'avez pas vos données sur place, vous ne savez pas les traiter sur place. »Anticiper les possibles attaquesDans le secteur de la santé, ces défis sont d’autant plus énormes, au regard de la sensibilité de certaines informations, notamment dans le domaine médical. « Dans les pays développés, il y a encore du hacking. Aujourd'hui, étant donné qu'on n'est pas encore autant exposé, il faut se préparer. Il faut apprendre des autres, apprendre des hôpitaux français qui ont été attaqués, dont leurs systèmes ont été bloqués », estime Éric Djibo, PDG de la polyclinique PISAM à Abidjan. « Il faut vraiment protéger ces données », insiste-t-il.Parmi les sujets évoqués lors de la 4ᵉ édition du Cyber Africa Forum, la question de la gestion des données était au cœur des échanges. Le but est d’attirer l’attention des autorités sur la nécessité d’investir dans ce domaine. « C'est le lieu justement pour nous à travers cette initiative de mettre un coup d'accélérateur », explique Franck Kié. Il compte sur les décideurs publics et privés « pour avoir une attention vraiment particulière sur la gestion des données, sur la sécurisation des données et sur leur exploitation également. » Pour le professionnel, il faut anticiper « avant qu'on soit face à une catastrophe, y apporter une attention encore plus particulière ».Le nombre de cyberattaques a plus que doublé au cours des cinq dernières années, tandis que les coûts liés à la cybercriminalité sont également en hausse, avec des estimations qui s'élèvent à 10 500 milliards de dollars d'ici à 2025. À lire aussiCybercriminalité et mésinformation en Afrique, le fossé numérique accroit la menace
4/28/20242 minutes, 23 seconds
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Madagascar: la logistique joue les trouble-fête dans la filière cacao

À Madagascar, la demande de cacao est telle que les planteurs, dans le nord-ouest du pays, ont vu leur rémunération quadrupler. Le cacao rapporte cette année plus que la vanille. Pourtant, les exportateurs malgaches sont inquiets : les fèves ne peuvent pas quitter le pays, car la dernière tempête a coupé les accès au port. Le kilo de fèves de cacao payé 7 à 8 dollars, plus cher qu’un kilo de gousses de vanille. Eric Flavien Gérard Ranaivosoa, producteur à Ambantja, dans la région Diana, n'avait jamais connu un tel prix ni un tel engouement des acheteurs. « Entre 70 et 80% des acheteurs de cacao à Madagascar sont des nouveaux venus, souligne-t-il. Ils n'étaient pas là il y a deux ans. Comme ils manquent de fèves partout, ils sont venus à Madagascar pour tenter leur chance et c'est ça qui fait flamber les prix. Tant mieux pour les petits producteurs. Les gens entretiennent mieux leurs plantations en ce moment. »Trois ponts coupésMais les exportateurs malgaches comme Nayatta Keyticia Theodule sont loin de se réjouir. Pas moyen depuis un mois d'acheminer les fèves jusqu'au port d'Antisiranana, encore appelé Diego, à cause des destructions du dernier cyclone. « On a trois ponts coupés, une route inondée, c'est inaccessible. Actuellement, nos produits sont stockés dans l'entrepôt, les contrats sont signés, mais il n'y a pas d'export. »Tant que les fèves ne quittent pas la Grande Île, l'exportatrice ne sera pas payée et elle craint de manquer de capital pour payer la récolte. « Car il faut continuer d'acheter, souligne-t-elle. Les producteurs vivent au jour le jour. Alors que de notre côté, on ne peut pas envoyer les produits disponibles en ce moment. »Vers un manque de capital pour payer les producteursL'alternative du port de Nosy Be est exclue : les produits industriels et chimiques qu'il importe pourraient dénaturer le cacao malgache qui devrait au préalable prendre le bac, avec un risque de contact avec l'eau de mer.Dernier recours, craint Nayatta Keyticia Theodule : une longue route vers les ports d'autres régions malgaches. « Ce sera Majunga ou Tamatave et ça, ça va coûter très cher. Nous ne pouvons pas demander à nos importateurs de faire un prix spécial pour les contrats déjà signés et ça va être à la charge de la société. »L’exportatrice craint aussi l’insécurité sur la route, d'autant qu'à Madagascar, les vols de fèves de cacao se multiplient.
4/25/20242 minutes, 13 seconds
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Flambée des cours du cacao: les gagnants parmi les pays producteurs de fèves

Alors qu’en Côte d’Ivoire et au Ghana, la récolte est mauvaise et l’augmentation du prix au planteur limitée, les producteurs du Cameroun, du Nigeria ou de République démocratique du Congo se frottent les mains. Non seulement ils profitent à plein de la hausse des cours, mais ils sont devenus des alternatives très recherchées pour les acheteurs en manque de fèves, comme en témoignent les opérateurs présents à Bruxelles pour la conférence mondiale du cacao. De notre envoyée spéciale de retour de Bruxelles,Plafonné à 1 000, puis 1 500 francs CFA en Côte d’Ivoire, ou leur équivalent au Ghana, le kilo de cacao s’est vendu plus de 5 100 francs CFA – soit plus de 8 dollars au Cameroun –, le troisième producteur africain. Les planteurs camerounais tirent actuellement pleinement profit de leur système libéralisé, après des années difficiles.« Au Cameroun, la commercialisation est libre, elle est directe, il y a peu d’intermédiaires », souligne Omer Maledy, secrétaire exécutif des professionnels du café et du cacao du Cameroun. « Le producteur camerounais, informé des cours du cacao quotidiennement, fait son marché, il fait au mieux pour gagner plus. On souhaite que ça dure, qu’ils gagnent bien et qu’ils gagnent longtemps, parce qu’il y a à peine plus d’un an, on était encore au plus bas des cours, donc s'ils peuvent être élevés, qu’ils le soient le plus longtemps possible ! »Quatrième producteur africain, le Nigeria est très sollicité ces derniers mois. Un intermédiaire présent à Bruxelles pour la Conférence mondiale du cacao compte vendre 30% de fèves supplémentaires cette année, aux négociants Olam et Sunbeth.À lire aussiLe prix du cacao durable fait débat à la Conférence mondiale de BruxellesPas de stock, pas dans les dépôtsImmense pays, mais encore petit dans le cacao, la République démocratique du Congo n'en voit pas moins affluer plein de nouveaux acheteurs en mal de fèves. « De plus en plus, il y a des acheteurs qui n’étaient pas présents en RDC mais qui commencent à venir », constate Séraphine Ntoumba, qui appuie les producteurs de cacao de la région du mai Ndombé et du Kongo central (ex-Bas-Congo), dans l’ouest de la RDC, pour l’ONG Trias. « Donc, on a l’opportunité de présenter la bonne qualité de la RDC et de bénéficier des prix qui augmentent. »Le kilo de fèves, qui rapportait au maximum 2,5 dollars aux producteurs de ces coopératives congolaises l’an dernier, a plus que doublé, et l’intégralité de leurs 200 tonnes a été vendue. « Les coopératives qu’on accompagne ont la facilité maintenant d’écouler leur produit à temps, se félicite Séraphine Ntoumba, et donc ça ne traine pas dans les dépôts, c’est acheté avant même d’être produit. » Le dernier lot partant ce mois-ci, les acheteurs de cacao auprès de ces coopératives congolaises devront désormais attendre les fèves de la récolte principale, à partir d’août et septembre prochains.
4/24/20242 minutes, 21 seconds
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Cameroun: une nouvelle usine d’aliments pour les élevages avicoles

Au Cameroun, les importations de volaille sont interdites pour protéger la production locale. Mais la survie des élevages est régulièrement mise en péril, par la grippe aviaire mais aussi par le manque d'aliments du bétail de qualité à un prix abordable. Alors que s'ouvre le Salon international de l'aviculture à Yaoundé, une nouvelle usine d'aliments est inaugurée à Olembe, au nord de la capitale. Quel impact sur la filière ? Devant la demande croissante des élevages de volaille au Cameroun, l'usine d'alimentation animale du groupe NJS, du nom de son fondateur Noutchogoin Jean Samuel et située à Bafoussam, était saturée. Désormais, le champion camerounais de l'agroalimentaire dispose d'une autre usine à Olembe, au nord de Yaoundé : les Provenderies du Centre. Un choix d'emplacement stratégique, selon son directeur général.« Cette société est née du fait que notre plus grand marché d'aliments pour la volaille, surtout, et le porc, est Yaoundé, dans le Centre, explique Bart Buytaert. Tout devait toujours être transporté de l'Ouest, avec tous les problèmes logistiques. On s'est donc dit qu'il nous fallait quelque chose dans le Centre. D'où cette usine qui reprend une grande partie de la clientèle déjà existante de la toute première société. »Vers une meilleure qualité de l’alimentation du bétail ?Cette nouvelle usine pourra monter jusqu'à 100 000 tonnes d'aliments complets par an, soit plus du tiers des besoins actuels en nourriture des élevages de poulet du Cameroun, mais aussi à l'avenir alimenter des élevages dans les pays limitrophes, Congo ou Gabon. Expert en nutrition et en santé animale, le docteur Albert Ichako espère avant tout une montée en gamme de l'aliment du bétail au Cameroun.« Nous avons beaucoup de provendiers [de provende, le mélange alimentaire destiné aux animaux d'élevage, NDLR] qui malheureusement ne respectent pas les caractéristiques de matières premières et les besoins des animaux, déplore-t-il. Le fait d'installer cette usine ultra-moderne, où on va faire des analyses afin de répondre aux besoins des animaux, permettra non seulement de lutter contre l'aliment de mauvaise qualité, mais aussi de rendre l'aliment disponible sur l'ensemble du territoire. »Faute de maïs local, produire des poulets de chair n’est pas rentableReste un problème de taille : la disponibilité en maïs, qui entre pour deux tiers dans l'alimentation des volailles. La production de cette céréale au Cameroun a été découragée par le coût élevé des engrais, depuis le Covid-19 et la guerre en Ukraine. Le prix du maïs est le principal frein pour les élevages, selon l'interprofession avicole, l'Ipavic. « Avant, on achetait le maïs autour de 180 francs CFA le kilo [l'équivalent de 2,70 euros] et en début d'année 2023, on est passé à 300 francs, rappelle son président François Djonou. Vous imaginez, le prix a doublé ! Il faut surtout que le ministre en charge de l'agriculture développe la production de maïs », insiste-t-il.La nouvelle usine sera-t-elle à même de doper la production locale de maïs ? Entre 20 et 40% des besoins en cette céréale sont toujours importés. Les éleveurs vendent quasiment à perte leurs poulets de chair, du fait de la cherté de l'aliment du bétail. C'est ce qui explique que la production avicole camerounaise, 44 millions de tonnes l'an dernier, n'a toujours pas remonté la pente depuis la grippe aviaire de 2016.
4/23/20242 minutes, 22 seconds
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Trente ans de démocratie en Afrique du Sud: un bilan mitigé pour l’économie

L’Afrique du Sud célèbre, en cette fin du mois d’avril, les 30 ans des premières élections multiraciales, et l’avènement de la démocratie. Le 27 avril 1994, après un scrutin historique, Nelson Mandela était élu président, et le pays tournait la page des années apartheid. Depuis, l’ANC s’est toujours maintenu au pouvoir. L’économie a continué à se développer, et le pays est désormais l’un des plus industrialisés du continent, mais le bilan est plutôt contrasté. De notre correspondante à Johannesburg,Pour l’économiste Azar Jammine, le pays a en fait connu, depuis 1994, deux périodes : avant et après la présidence de Jacob Zuma, marquée par la corruption. « Les quinze premières années ont été plutôt un succès. Le pays a connu une croissance moyenne de 3% par an, entre 1994 et 2001. Et ensuite, presque 5% par an entre 2001 et 2007. Il faut dire que cela coïncidait avec un boom des prix des matières premières, donc tout allait bien. Mais à partir de 2012, l’économie sud-africaine a fait très peu de progrès, avec une baisse significative de la croissance », détaille-t-il.Le FMI prévoit désormais une croissance de 0,9% en 2024 pour le pays. Et même si le nombre d’emplois a augmenté depuis 1994, le rythme n’a pas été assez soutenu, puisque près de 32% des Sud-Africains sont au chômage – et en particulier les populations noires. De plus, les politiques de discrimination positive n’ont pas suffisamment permis de transformer le monde du travail, selon Xhanti Payi, économiste pour PwC.« Faciliter l’inclusion au sein de l’économie a été un défi, si l’on regarde qui est à la tête des entreprises, ou qui possède la richesse en Afrique du Sud. L’ancien président Mbeki parlait même de deux économies », rappelle l’expert. « Or, l’inclusion est importante, car lorsqu’on distribue la richesse, on en crée aussi un peu plus, puisque davantage de gens vont avoir de quoi consommer, et de quoi contribuer. »Le salaire minimum, « une des réussites de l'ANC »L’Afrique du Sud reste ainsi l’un des pays les plus inégalitaires au monde, selon l’indice de Gini. « Un des gros problèmes en termes de réduction sur le long terme de la pauvreté et des inégalités, c'est le manque d’actifs détenus par la majorité de la population sud-africaine », met en avant Isobel Frye, la directrice du think tank Social Policy Initiative (SPI).« Sous l’apartheid, les communautés noires ne pouvaient presque pas posséder de terres. Pareil pour les petites entreprises, les gens étaient prolétarisés et dépendants de leurs salaires. Et les salaires, pour ceux qui sont employés, et surtout pour les emplois semi ou peu qualifiés, sont très bas. Donc, l’introduction d’un salaire minimum est l’une des réussites de l’ANC », ajoute-t-elle.Le système d’allocations sociales, parmi les plus développés du continent, est une bouée pour les plus pauvres : près de 30% de la population en bénéficie, sans compter l’aide post-Covid toujours distribuée.
4/22/20242 minutes, 24 seconds
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Assemblées de printemps: réduire la pauvreté pour soutenir la croissance

Ce week-end se sont clôturées les assemblées de printemps, à Washington, rendez-vous annuel des grandes institutions financières internationales. L’occasion pour elles de dressées leurs bilans et de partager leurs perspectives. Cinq, six, parfois plus de 7% de croissance selon les États africains et pourtant, la pauvreté et les inégalités ne reculent pas de manière significative. Pour lutter contre cela, la Banque mondiale préconise un environnement économique et politique stables : une dette sous contrôle et des budgets transparents.Pour la Banque mondiale, le premier levier se trouve dans celui de l’humain. « Il est très difficile pour des personnes talentueuses de démarrer des entreprises qui se développent, grandissent et créent des emplois, et au final, on aboutit à une société avec de très faibles niveaux de mobilité intergénérationnelle », note Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour l'Afrique.« Promouvoir la mobilité générationnelle »L’Afrique détient le niveau le plus bas de mobilité intergénérationnelle. Selon les données de la Banque mondiale, sur une cohorte d’enfants nés dans les années 1980, seul un tiers d’entre eux ont pu effectivement dépasser le niveau d’éducation de leurs parents. « C’est donc une façon de penser les inégalités. Ce sont des inégalités structurelles dont nous parlons », souligne l’économiste.Et cela n’est pas sans conséquence. C’est pourquoi l’institution appelle les États à investir dans le capital humain. Andrew Dabalen précise : « Il est important de promouvoir la mobilité générationnelle en éliminant un bon nombre de ces inégalités qui commencent très tôt dans la vie. L'égalisation des chances pour les enfants est donc très importante à travers l'éducation dès la petite enfance, un socle d’apprentissage pour les enfants, une meilleure nutrition, une meilleure santé, etc. »Des constats qui sont largement partagés par le FMI. La persistance d’un haut niveau de pauvreté est en partie due à des dysfonctionnements sur les marchés financiers, explique Luc Eyraud, le chef des études pour l’Afrique subsaharienne.« Il y a ce qu'on appelle une très faible inclusion financière, détaille Luc Eyraud. C’est-à-dire que si vous êtes une toute petite entreprise, vous avez beaucoup de mal, par exemple à avoir accès au marché bancaire, à aller voir une banque et avoir un prêt. Et donc ça aussi ça fait en sorte qu'un petit entrepreneur a du mal à développer son activité. Et ça, ça entretient les spirales de pauvreté. »Augmenter les recettes fiscalesL'un des principaux leviers : augmenter les recettes publiques. « En priorité, il faut ce qu'on appelle augmenter la base fiscale. On ne pense pas forcément à augmenter les taux d'imposition, mais il y a très souvent ce qu'on appelle des dépenses fiscales, c'est-à-dire des exemptions qui s'appliquent à des grandes parties de la population, poursuit-il. Et il faut faire en sorte que tout le monde paye l'impôt. C'est ça la priorité. Et quand il y a des exemptions fiscales qui bénéficient aux parties de la population les plus aisées, il faut évidemment les éliminer en priorité. » La Banque mondiale souligne notamment que la mobilisation de recettes nationales peut être conçue pour protéger les plus pauvres « en imposant [par exemple] les personnes fortunées par le biais de l’impôt sur le revenu et de l’impôt foncier ».
4/21/20242 minutes, 23 seconds
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Gabon: face aux critiques, la Comilog cherche à limiter les pollutions [2/2]

Longtemps critiquée pour le déversement des boues et résidus du manganèse dans une rivière, la Comilog, leader mondial du manganèse, a construit des laveries modernes moins polluantes et investi dans le social dans la ville de Moanda au sud-est du Gabon. De notre correspondant à Libreville,Depuis son poste d’observation, Jean-Baptiste Nzeng Eyi veille sur les moindres détails. Il est le responsable d’exploitation des nouvelles laveries de la Comilog. Une avancée importante en matière de lutte contre la pollution, car, selon lui, « ces vastes cuves d’eau ne sont rien d’autre que les décanteurs qui nous permettent de faire la séparation solide, liquide. Rien ne se perd et tout se transforme et tout se valorise. »Après le nettoyage du manganèse, toute la boue et l’eau usée sont évacuées vers d’autres bassins pour traitement. « Les boues sont aujourd’hui jetées dans les bassins industriels, poursuit Jean-Baptiste Nzeng Eyi, donc quand on extrait le manganèse, de façon vulgaire, on dit qu’on aura des trous. La vision de Comilog aujourd’hui c’est qu’après l’exploitation des bassins industriels, qu’on soit capable de mettre la terre végétale et que l’écosystème va reprendre son environnement normal ou naturel. »Le président de l’ONG gabonaise Croissance Saine Environnement, Nicaise Moulombi reste toutefois prudent : « C’est bien de savoir que la Comilog a enfin décidé de sécuriser ses résidus miniers dans le cadre des bassins. Maintenant quel est le niveau de la nappe phréatique ? Est-ce qu’il n’y a pas des infiltrations ? C’est à Comilog de nous donner les éléments scientifiques qui nous permettent d’apprécier leur esprit vertueux. »À écouter aussiGabon: la Comilog, premier producteur mondial de manganèse, monte en puissance [1/2]Des compensations jugées insuffisantesLa Comilog fait cependant face à des critiques sur le plan social. Elle va bientôt délocaliser des populations vivant sur une zone qui sera prochainement exploitée. En guise de compensation, l’entreprise a construit une nouvelle cité de 417 maisons. Mais elles ne sont pas au goût de nombreux bénéficiaires. « Les maisons sont toutes en béton, il y a des éboulements autour du site, des érosions, explique Gaétan Ayami, président du collectif des futurs déguerpis, la Comilog avait recensé plus de 600 maisons, ils n’ont réalisé aujourd’hui que 417 maisons. »Le projet a coûté 19 milliards de Francs CFA, se défend l’Administrateur directeur général de Comilog, Leod Paul Batolo : « La Comilog est fière de pouvoir proposer une nouvelle cité moderne qui va permettre d’améliorer les conditions de vie, les conditions d’accès à l’eau, les conditions d’accès à l’électricité à nos compatriotes. »Du point de vue de l’État, actionnaire à hauteur de près de 30% de la Comilog, les investissements de l’entreprise illustrent un partenariat public-privé gagnant-gagnant. L’entreprise emploie 10 500 personnes dans le pays, presque toutes gabonaises.À lire aussiGabon: l'entreprise Eramet développe la production de la plus grande mine de manganèse au monde
4/18/20242 minutes, 21 seconds
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Gabon: la Comilog, premier producteur mondial de manganèse, monte en puissance [1/2]

Dans le sud-est du Gabon, la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), filiale du groupe métallurgique français Eramet, et premier producteur mondial de manganèse, a réalisé d'importants investissements. La production de cette matière première, très demandée notamment pour la fabrication de l’acier, explose.   De notre correspondant à Libreville,Plateau Okouma est la nouvelle carrière à ciel ouvert récemment mise en service par la Comilog pour extraire le manganèse. « Par jour, nous sortons en moyenne 12 000 tonnes de minerai de manganèse », explique Jean-Baptiste Nzeng Eyi, 36 ans, ingénieur gabonais formé à Nancy, en France. « On a du manganèse de type MMA, le plus riche, dont la teneur est de 48 à 50%. On a trois types de manganèse qui sortent de cette usine. »Premier producteur mondialLa multinationale gabonaise exploite le manganèse à Moanda depuis 1960. L’ouverture de ce nouveau site a permis à l’entreprise de consolider ses parts sur le marché mondial de manganèse. « La Comilog est une société qui se porte très bien, se targue Leod Paul Batolo, l’administrateur directeur général. Depuis 2020, nous sommes devenus le premier producteur mondial de manganèse. Nous avons une croissance qui est établie. Nous avons fini à 6,6 millions de tonnes en 2023. Notre projection pour 2024 est de 7,5 millions de tonnes produites, transportées, embarquées. » Et de se réjouir encore : « C’est une société qui se porte très bien pour laquelle les Gabonais peuvent être fiers. »Pour tenir ce rang, la Comilog a investi beaucoup d’argent entre 2020 et 2023. « Les actionnaires de la Comilog, donc l’État gabonais et le groupe Eramet, ont mis plus de 300 milliards de FCFA pour ouvrir le plateau Okouma et ça montre qu’ils sont confiants », détaille encore le directeur général.À lire aussiGabon: l'entreprise Eramet développe la production de la plus grande mine de manganèse au mondeDes investissements locauxLa prospérité de l’entreprise a longtemps contrasté avec le niveau de pauvreté dans la ville de Moanda situé sur le flanc de la montagne du manganèse. En 2020, Comilog et l’État gabonais ont décidé d’investir directement une partie des revenus du manganèse dans le développement local.Député de Moanda, Jean Valentin Leyama était depuis des décennies le leader de la contestation contre le géant minier. « Sur la base du cahier des charges établit entre Comilog et l’État, il y a plusieurs réalisations qui sont faites. Dans les quartiers, il y a des routes qui ont été pavées, sur le plan social, plusieurs infrastructures construites ou réhabilitées. L’eau potable disponible partout dans les quartiers », assure-t-il. « Il serait malhonnête de ne pas le reconnaître », concède le député. La contribution au budget de l’État a également augmenté. En 2022, elle s’est élevée à 437 milliards de Francs CFA, soit beaucoup plus qu’auparavant.À lire aussiGabon: la ville de Moanda prépare l'après-manganèse
4/17/20242 minutes, 18 seconds
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Inflation en Afrique: comment enrayer la chute des monnaies?

Comment sortir de la crise monétaire en Afrique ? Une vingtaine de monnaies africaines ont atteint leur plus bas historique ces derniers mois. En Égypte, la livre a perdu la moitié de sa valeur. Au Nigeria, le naira, dévalué deux fois en un an, redresse légèrement la barre, mais sur le temps long, le shilling kényan ou encore le cedi ghanéen dévissent face au dollar. Le cedi dégringole de nouveau, résultat de deux effets conjugués : une forte inflation depuis deux ans et un dollar fort. « Le Ghana dépend des importations pour les biens et les services », explique Appiah Kusi Adomako, directeur régional Afrique de l'Ouest de l'ONG de défense des consommateurs CUTS (Consumer Unity & Trust Society) basée à Accra. « Quand le cedi se déprécie, on a besoin de dépenser plus pour importer la même quantité. Et quand le prix de l'essence augmente, ça affecte les transports, donc les prix de la nourriture, du ciment, de l'électricité, etc. La dépréciation du cedi face au dollar provoque un effet en cascade sur toute l'économie. »Des prix changeant d'heure en heureAu Ghana, le spectre de 2022 est dans les esprits. Pandémie de Covid-19 et guerre en Ukraine avaient déjà durement affecté la monnaie ghanéenne, pourtant jugée solide. L'inflation dépasse alors les 50%, une situation incontrôlable, se souvient Appiah Kusi Adomako : « Les consommateurs ghanéens espèrent que la situation ne dégénèrera pas comme en 2022. À l'époque, on est passé de 6 à 15 cédis pour un dollar. Les prix à la consommation changeaient d'heure en heure ».Chaque monnaie a sa spécificité, mais toutes font face au même problème : le dollar, principale monnaie de transaction internationale, reste fort et les réserves de change des banques centrales s'amenuisent.Vers une dédollarisation des économiesLe Soudan du Sud a décidé il y a un an de suspendre l'utilisation du dollar pour rebooster sa monnaie locale. La dédollarisation est une des solutions. « L'Afrique doit se libérer progressivement des systèmes classiques de règlements internationaux. Actuellement, le recours au dollar est très coûteux avec des délais de transactions très longs », estime l'économiste international sénégalais Magaye Gaye. « Ces pays devraient aller vers des stratégies efficientes de dédollarisation de leurs économies extérieures en diversifiant au mieux leurs partenaires commerciaux. Cela passe par le renforcement du commerce intra-africain qui est aujourd'hui faible. Figurez-vous qu'il ne représente que 15% du total des flux commerciaux du continent ».Pour se passer du dollar, le Ghana avait lancé en début d'année dernière son programme « Or contre pétrole ». Face à la nouvelle dégringolade du cedi, la banque centrale ghanéenne demande désormais au gouvernement d'étendre ce programme aux banques commerciales.
4/16/20242 minutes, 22 seconds
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À Madagascar, le port de Tamatave se projette en hub de l'océan Indien

À Madagascar, le grand port de Tamatave change de visage. Les travaux d’extension lancés en 2018 sont entrés dans leur deuxième et dernière phase. Le projet, l’un des plus grands chantiers jamais entrepris sur l’île pour un coût total de 639 millions de dollars, est co-financé par la JICA, l'agence japonaise de coopération internationale, et par l'État malgache. Il vise à faire du premier port de l’île un hub de l’océan Indien. De notre correspondante à Antananarivo,Un soleil de plomb se réfléchit sur les casques de chantier blanc des ouvriers. Ils sont près d’un millier, mobilisés pour changer le visage du port de Tamatave, sur la côte est de Madagascar. Un port stratégique aux infrastructures vétustes, rénové pour la première fois depuis 1927.L’ancien brise-lame a été renforcé. Prolongé sur 345 mètres de long et rehaussé à 12 mètres de hauteur, il est entouré de part et d’autre par près de 3 000 blocs de béton armé – des dolos dans le jargon –, censés protéger les futures infrastructures. « Ce sont ces structures-là qui vont absorber la puissance des vagues, explique Felana Rakotozafy, ingénieur maritime sur le chantier. L’eau, elle, passe à travers ce brise-lame, comme nous le voyons pendant les périodes cycloniques. Et cela peut nuire au quai, mais surtout aux navires qui vont entrer dans le quai. Tout mon travail à moi, c’est de m’assurer qu’après finition des travaux, ce quai ne bouge plus d’un centimètre. »Répondre à l’augmentation du trafic maritimeJuste en face se trouve le futur quai C4, encore en construction. Sa protection est d’autant plus cruciale qu’il constitue la pièce maîtresse du chantier. Avec une profondeur portée à 16 mètres, contre 11 actuellement, il doit permettre au port de Tamatave d’accueillir de plus gros navires et de se muer en hub de l’océan Indien, capable d’assumer un rôle de redistribution des marchandises dans la région. « Jusqu’ici on ne pouvait pas accueillir les bateaux de type Panamax [de près de 300 mètres de long, NDLR]. À la fin de ces travaux, on pourra les recevoir directement sans qu’ils s’arrêtent à La Réunion ou à Maurice et qu’ils doivent décharger sur des petits bateaux pour entrer dans le port de Madagascar. »Achèvement prévu en 2026, mais des retards accumulésUn peu plus loin, sur le récif, le nouveau terre-plein de 10 hectares dédiés à accueillir plus de conteneurs. Objectif : quintupler la capacité du port, de 250 000 EVP à ce jour [équivalent vingt pieds, soit le nombre de conteneurs de 20 pieds ou 6 mètres, NDLR] à 1 million d’EVP en 2035. En l’état actuel, le port étouffe, faute d’espace de stockage suffisant. « C’est vraiment une urgence, il faut une remise en état, car le trafic augmente de jour en jour, observe Liliane Melquiond-Zafinirina, cheffe du département communication de la SPAT, la société de gestion du port. Le transport maritime évolue. Et nous sommes une île, donc les besoins intérieurs du pays exigent aussi cette extension. »Reste une seule inconnue, reconnaît-on à demi-mot sur le chantier : la date d’achèvement des travaux. En plus du retard accumulé pendant le Covid-19, le chantier est régulièrement mis à l’arrêt par les intempéries qui touchent la ville de Tamatave. Selon le calendrier établi, le nouveau port doit voir le jour en février 2026.
4/15/20242 minutes, 25 seconds
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Au Soudan, l'économie terrassée par une année de conflit

Il y a un an, le 15 avril 2023, débutait la crise au Soudan. Aujourd’hui, le système bancaire traditionnel ne fonctionne plus et l’inflation a dépassé les 80% en 2023, selon la Banque africaine de développement. La livre soudanaise a perdu la moitié de sa valeur et le taux de chômage a explosé. Après un an de pillages, de combats et de destructions, tous les pans de l’économie sont minés. La région de Gezira est traditionnellement une zone de production de coton, très rémunératrice. Mais elle est surtout le grenier du pays. « La guerre entrave massivement la production céréalière, qui constitue normalement les deux tiers de celles consommées au Soudan, explique Anette Hoffmann, chargée de recherche pour le think tank néerlandais Clingendael. Les combats en cours empêchent les agriculteurs des principales zones de production du Darfour, du Kordofan et de Gezira de cultiver ou de récolter. En conséquence, comme le montrent des données récentes de la FAO, la dernière récolte céréalière a été inférieure de 40% à la moyenne nationale. »Une baisse de la production qui a été compensée par une hausse intense des importations et donc des prix, a également pu constater Anette Hoffmann : « La crise actuelle est en grande partie financière, il y a encore de la nourriture, les stocks ne sont pas encore épuisés. »À lire aussiUn an de guerre au Soudan: des «retourné » s’installent à Renk, au Soudan du SudUne crise financière et non de disponibilitéHuile, oignons, lentilles et autres sont encore disponibles sur les étals, mais à des prix exorbitants, que même les fonctionnaires qui ne perçoivent plus leurs salaires ne peuvent s’offrir. « La production alimentaire a été dévastée, de sorte que les approvisionnements de produits de base essentiels, comme le sorgho et le mil, ont chuté jusqu'à 50% par rapport à l'année précédente, confirme Dominic MacSorley, ambassadeur humanitaire de l’ONG Concern. Et sur les marchés de Kadugli, dans le Kordofan du Sud, le prix du blé a augmenté de 118%. Les gens n’ont tout simplement plus les moyens de manger. »Autre facteur aggravant : les régions sont isolées du fait de l’insécurité sur les routes et des barrages, les voies d’approvisionnement ont dû être modifiées, entraînant délais et surcoûts. Les prix sur les marchés sont jusqu’à trois fois plus chers, a estimé l’ONG International Rescue Comittee (IRC). Il faut également importer les produits transformés, car l’industrie locale a subi de nombreux dommages. C’est le cas pour les produits laitiers, comme le lait et les yaourts par exemple.À lire aussiSoudan: des cuisines communautaires pour survivre dans un pays dévastéUne production locale ralentie, des usines détruites« Nous avions une production locale. Maintenant, la plupart de ces produits sont importés d’Arabie saoudite ou d’Égypte. Imaginez combien cela peut coûter ! », s’exclame Eatizaz Yousif, directrice d’IRC au Soudan. La problématique est similaire pour les boissons sans alcool. « Nous les produisions à grande échelle dans notre grande usine. Mais cette usine a été détruite. Donc, nous dépendons totalement des importations », précise-t-elle. Une quantité de produits de base qui sont devenus très chers. « Des prix auxquels il faut rajouter le coût des taxes. C’est vraiment massif, et un grand nombre de Soudanais ne peuvent plus acheter ces denrées qui étaient des produits de base », regrette-t-elle.Avec en plus un système bancaire à terre et une crise de liquidité, la directrice d’IRC espère voir les institutions internationales injecter des liquidités dans l’économie soudanaise.
4/14/20242 minutes, 27 seconds
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Crise économique au Nigeria: l’hôtellerie-restauration frappée à son tour [2/2]

La crise économique affecte tous les secteurs de l'économie au Nigeria, y compris les plus dynamiques, comme celui de l'hôtellerie et de la restauration. Avec l’inflation et le ralentissement des affaires, les gens sortent moins à Lagos, la capitale économique, et les entreprises du secteur souffrent, tout comme leurs salariés. De notre envoyée spéciale à Lagos,En pleine journée, le restaurant Praïa est totalement désert. Extension d’un hôtel de Lagos, la capitale économique, il a été inauguré au mois de février. « Notre clientèle est assez mélangée, car nous proposons différents types de plats, explique Neeraj Vasnani, le jeune patron indien de l’établissement. Nous avons beaucoup d’entreprises, donc une clientèle assez aisée. Mais avec notre service de cuisine chinoise à emporter, nous proposons aussi une option plus abordable. »Mais le ralentissement de l’économie a porté un coup à ses affaires. Tout a commencé avec l’augmentation du prix du diesel, se rappelle-t-il. « Dans un business comme le nôtre, nous devons avoir de l’électricité 24 heures sur 24, et donc utiliser tout le temps nos générateurs, rappelle Neeraj Vasnani. Mais ces derniers mois, le prix du diesel a été multiplié par trois. Nous n’avons pas non plus anticipé l’augmentation de nos coûts opérationnels. Tous nos produits alimentaires sont importés. »Les restaurants, tout comme l’ensemble du secteur privé, sont à la peine au Nigeria et n’ont que très peu de marge de manœuvre pour faire face à la crise. « Globalement, cela coûte de plus en plus cher de faire du business au Nigeria, résume l’analyste Mickaël Famoroti, du cabinet Stears. À cause du taux de change face au dollar, de l’inflation, des taux d’intérêt élevés, etc... Et d’un autre côté, la demande est en train de disparaître complètement, le pouvoir d’achat est en train de sombrer. Donc il y a très peu de marge pour augmenter les prix. Parce que si on fait ça, la demande s’effondre. Donc les marges, le bénéfice, diminuent rapidement. »Salariés en difficultéDans son restaurant haut de gamme, Chez Ona, Chef Obehi peut encore compter sur la diaspora et ses dollars pour absorber le choc. « Au Nigeria, tous les moyens sont bons pour fuir la réalité, car il y a trop de problèmes, plaisante-t-elle. Pour être honnête, ma clientèle continue de venir en dépit de la crise. L’année dernière, c’était plus compliqué. Beaucoup de gens avaient quitté le pays par crainte des violences liées aux élections. »Beaucoup de patrons commencent aussi à s’inquiéter pour leurs salariés. Chez Ona, ils bénéficient d’un repas gratuit par jour, mais cela ne suffit pas forcément. « Ils nous demandent beaucoup plus souvent des avances, reconnaît Chef Obehi. Le coût de la vie a tellement augmenté. Au début de l’année, nous leur donnons une augmentation indexée sur l’inflation, mais ça va tellement vite que ce n’est plus du tout au niveau, car tout est vraiment trop cher ! Et si les employés vont mal, ça peut vraiment avoir des conséquences sur l’expérience de nos clients. »Plusieurs personnes sont mortes dernièrement au Nigeria dans des bousculades survenues lors de distributions alimentaires organisées par les autorités.
4/11/20242 minutes, 26 seconds
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Crise économique au Nigeria: les investisseurs étrangers sous pression [1/2]

Au Nigeria, les investisseurs étrangers qui avaient tout misé sur le géant africain il y a quelques années sont désormais en plein doute, alors que le pays s'enfonce dans la crise. La dévaluation brutale du Naira, l'augmentation des coûts et les efforts du gouvernement pour tenter de renflouer les caisses publiques font monter la pression sur les investisseurs. Et certains ont déjà quitté le pays. Avec notre correspondante à Lagos,Cela fait plus d'une décennie que Françoise observe la vie économique du Nigeria, depuis son bureau du port d'Apapa. Cette cadre d'une entreprise d'import-export a beau garder espoir, elle admet que la période est plus que morose. « Il y a beaucoup de tristesse actuellement. Les importateurs aujourd'hui n'arrivent pas à ouvrir des lignes de crédit, puisqu'ils n'arrivent pas à trouver des dollars, constate-t-elle. Et même les fournisseurs sont très inquiets. Nous, on voit une baisse de 30 % à 40 % pour les trois prochains mois. »Autre motif d'inquiétude : le départ en masse des entreprises, qui ne peuvent plus financer leurs opérations au Nigeria. En 2023, au moins 6 000 emplois ont été détruits après le départ des multinationales Procter and Gamble, Cincinnati, Unilever, GlaxoSmithKline ou Sanofi. « Les gens qui investissent, ils sont très pessimistes. Mais ceux qui sont ici depuis très longtemps, plus de dix ans, quinze ans, ils s'efforcent de rester, parce qu’il y aura bien sûr un rebond, analyse Françoise. Mais certaines grosses boîtes sont parties, mais pas trop loin. Elles ont laissé une partie de leurs activités au Nigeria, et dans un an ou deux ans, on pourra y voir plus clair. »La volatilité de la monnaie rend les décisions stratégiques difficiles pour les entreprises. Et elles ne sont pas les seules à souffrir. Ozil repeint des voitures dans un atelier du quartier d'Ikoyi, où travaillent d'autres béninois. Il a aujourd'hui du mal à se rendre à Cotonou. « Avant, j'y allais toutes les semaines, pour voir ma mère. Mais tout a changé, et c'est devenu impossible, regrette-t-il. Maintenant le naira s'est vraiment effondré face au Franc CFA, alors qu'avant quand je changeais des nairas contre des CFA, c'était vraiment plus intéressant. Le transport aussi coûte plus cher. Avant, pour aller jusqu'à Cotonou, on pouvait payer 1 000 nairas. Maintenant, c'est bien 7 000. »Miser sur le marché communMais pour les investisseurs internationaux, le Nigeria reste un marché incontournable, même s'ils préfèrent pour l'instant se replier sur la zone CFA. Mouhamadou Seydou Barry est Sénégalais et travaille pour un fonds d'investissement basé à Dubaï. « En 2023, moins d'argent a été investi dans les start-ups, mais c'est une réalité au niveau global, cela va au-delà du Nigeria. À présent, je pense que cette crise va passer », veut-il être optimiste.Pour cet expert, plusieurs perspectives sont à considérer : « c'est l'effort du gouvernement, la résilience du peuple, mais aussi le fait qu'il y a beaucoup de passerelles entre l'Afrique francophone et l'Afrique anglophone. Comment l’Afrique anglophone peut produire pour l’Afrique francophone et vice versa ? Avec l'initiative du marché commun africain, la Zlecaf, tout ça va faire qu’à un moment où un autre, il fera bon vivre, économiquement. »Le 26 mars, la Banque centrale du Nigeria a de nouveau relevé son taux directeur à 24,75 % dans un nouvel effort pour stabiliser le Naira.À lire aussiNigeria: forte hausse du tarif de l'électricité pour certains consommateurs
4/10/20242 minutes, 24 seconds
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En RDC, les femmes entrepreneuses peinent à rentrer dans l'économie formelle

En République démocratique du Congo, plus de 80% des femmes entrepreneuses évoluent dans le secteur informel. Ce qui ne leur permet pas de développer leur activité ni de contribuer aux ressources fiscales congolaises. À Lubumbashi, une structure de la société civile, Heshima International, qui a récemment organisé un forum des femmes entrepreneures de RDC, encourage la formalisation de ces entreprises. Avec notre correspondante à Lubumbashi,Marlène est une jeune éleveuse de poules pondeuses et de poulets de chair. Elle brûle d'envie de déclarer son activité, mais elle a toujours des craintes. « Je veux bien rentrer dans le secteur formel. Mais, mon capital est faible, et je crains que tout mon petit argent ne soit absorbé par les formalités administratives », explique-t-elle.Cette autre entrepreneuse, qui travaille dans le petit commerce, est découragée par un climat des affaires peu favorable aux micro-entreprises. « Les documents coûtent cher. Et lorsque l’entreprise est légalisée, il y a trop des taxes à payer », se plaint-elle.Le problème ? C’est le manque d'information, indique Me Diginité Bwiza, directrice nationale de Heshima International. Cette structure a récemment organisé un forum des femmes entrepreneuses de RDC. « Lorsqu'on ne sait pas combien coûte l'enregistrement d'une entreprise au guichet unique, on a peur. Et pourtant, ça ne coûte que 110 dollars, plus les frais bancaires. Bien souvent, les agents de l'État profitent de l'ignorance des femmes pour les extorquer », détaille Me Diginité Bwiza.Obtenir des crédits, décrocher de gros marchésMarioutcha Mwanza tient une boutique de vêtements de luxe. Récompensée par un prix, elle fait partie des 19 femmes entrepreneuses qui ont accepté l’accompagnement de l’ONG pour sortir du secteur informel. « Quand on est dans l’informel, on est limité. Il n’y a pas de sécurité et d’assurance, reconnait l’entrepreneure. Dans notre ville par exemple, des fois, des jeunes manifestent dans la rue et on pille les marchandises. Puisque l’État ne nous connaît pas, on ne peut pas bénéficier d’un remboursement. »Malgré les exigences fiscales, la transition du secteur informel vers le formel présente des avantages pour l’entrepreneur. « Il y a la question du crédit. Personne ne peut faire confiance à ce type de business lorsqu’on n’a pas d’adresse, qu’on n’est pas enregistré. Et puis il y a des opportunités à saisir. Lorsqu’on est formalisé, on a aussi cette possibilité de décrocher de gros marchés auprès d’autres sociétés », argumente Séraphin Bukasa, le responsable de Tyche Financials SARL, un bureau d’études d’experts-comptables.L’organisation s’est engagée à accompagner 19 femmes qui œuvraient dans l'informel pour les aider à migrer vers le secteur formel. Elles vont bénéficier de la rédaction gratuite de leurs statuts, d’une formation sur la tenue des états financiers de leur entreprise, et de la couverture des frais pour l’enregistrement de celle-ci au registre du commerce.À lire aussiRDC: l’Entreprise générale du cobalt bientôt opérationnelle
4/9/20242 minutes, 13 seconds
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Les attaques des Houthis en mer Rouge redirigent le flux maritime vers Le Cap

Depuis trois mois, le trafic maritime en mer Rouge est particulièrement perturbé par les attaques des Houthis. Ce dimanche 7 avril, les rebelles ont de nouveau revendiqué plusieurs attaques. Plusieurs navires ont ainsi été touchés, voire même coulés. Cela a contraint les bateaux cargos qui passent traditionnellement par le canal de Suez – où près de 30% du trafic maritime mondial de conteneurs transite – se redirigent massivement par la route sud-africaine par le cap de Bonne-Espérance. 80% du trafic par le canal de Suez aurait ainsi chuté, redirigeant les flux vers le flanc ouest de la côte africaine. Une route plus longue en moyenne de 40%, ce qui impose des pauses ravitaillement en carburant. Certains ports sont ainsi gagnants, comme au Cap-Vert.Récemment, João Oliveira e Sousa, le patron de Vivo Energy, expliquait à la télévision nationale capverdienne le bond du soutage observé sur l’île. « Au cours des trois derniers mois, nous avons eu une augmentation de la consommation du carburant d'environ 80%, affirme le chef d’entreprise. Il est vrai également que le Cap-Vert n'est pas la seule option pour les navires dans la région. Sur la côte ouest de l'Afrique, il y a également Dakar et les îles espagnoles. Ce marché que nous observons ici en ce moment est considérable et il est clair qu'il nous apportera des avantages financiers. »Autre question : celle de la réorganisation des lignes et donc du transbordement des conteneurs. « Il est très, très prématuré de conclure à un changement significatif aujourd'hui des ports de transbordement sur le flanc ouest », explique Loubna Ghaleb, directrice de la stratégie du port de Tanger Med. Pour elle, il faut encore attendre pour confirmer la tendance en cours.« Maintenant, il y a des questions qu'on pourrait effectivement se poser, notamment sur le passage par la route du Cap, est-ce qu'il constitue effectivement une alternative durable pour les compagnies maritimes ? Et si la crise persiste plus longtemps, est-ce qu'on pourrait parler de solutions logistiques temporaires ou d'ajustement structurel ? Ce sont les vraies questions aujourd'hui que l’on se pose, met-elle en avant, tout en n'excluant pas qu’une telle situation se pérennise. Maintenant, si la crise perdure, on pourrait observer une utilisation renforcée des hubs de transbordement qui sont près du détroit de Gibraltar comme Tanger Med, Algésiras, Valence et Sines. »Des capacités à Tanger MedFace à des ports connus pour leur congestion, notamment ceux d’Afrique du Sud, le port marocain fait figure de modèle. Il est classé 4e port le plus performant au monde.Loubna Ghaleb assure que Tanger Med serait prêt à accueillir une partie du flux. « On a une équipe, je parle de l'écosystème portuaire qui comprend les équipes de Tanger Med mais aussi les concessionnaires, qui est très bien coordonnée pour bien gérer toute augmentation significative du trafic, met-elle en avant. Maintenant, effectivement, ça tombe bien parce qu’on a lancé aujourd'hui, et c'est une information effectivement qui est publique, une nouvelle capacité de 400 mètres qui sera mise en service dans les prochains mois et qui permettra effectivement, si demain cette crise perdure et si on voit un flux de trafic important, d'absorber une partie de ce trafic-là. »Fin février, l’un des plus gros transporteurs CMA-CGM déclarait reprendre le transit par la mer Rouge au cas par cas. Selon le centre de recherche Soufan Center, 18 grandes compagnies maritimes internationales ont ainsi modifié leurs itinéraires pour éviter la menace de la mer Rouge, faisant tripler selon lui le prix du fret.À lire aussiLa mission de l'Union européenne en mer Rouge a repoussé 11 attaques des rebelles houthis
4/8/20242 minutes, 23 seconds
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Le Congo-Brazzaville et la Chine célèbrent les 60 ans de leur coopération

Cette année 2024 marque le soixantième anniversaire de la coopération entre Brazzaville et Pékin. La République du Congo bénéficie de plus en plus d’infrastructures construites par son partenaire chinois - des constructions qui sont aussi à l’origine de l’augmentation de la dette du pays. Ces dernières années, la coopération de la Chine s’est fortement diversifiée et touche désormais le secteur du pétrole. De notre correspondant à Brazzaville,Sur un site excentré de la route qui relie Pointe-Noire, la capitale économique du Congo, et l’enclave angolaise du Cabinda, des experts chinois exploitent depuis quelques années un important champ pétrolier on-shore, nommé Banga Kayo. « Il est clair que Banga Kayo a des réserves très importantes, se réjouit Bruno Jean-Richard Itoua, ministre congolais des Hydrocarbures. La Chine, à travers Wing Wah, fait un excellent travail. On est très heureux de voir cette société travailler à la fois sur le pétrole liquide et l’hydrocarbure gazeux avec des résultats palpables tous les jours. On aimerait bien que les autres suivent le même exemple ».Aéroports et Nationale 1, vitrines de la coopération chinoiseLa coopération avec la Chine est à la fois « bénéfique et gagnante pour le Congo-Brazzaville », juge le président de la Chambre de commerce de Pointe-Noire, Didier Sylvestre Mavouenzela. Elle a permis à l’économie congolaise d’aller de l’avant, juge-t-il. « Si je prends le cas de la route [Nationale 1] qui relie Pointe-Noire à Brazzaville [sur près de 520 kilomètres, NDLR], cette route a permis au Congo de jouer son rôle de pays de transit dans la sous-région. La Chine a également été très active dans la construction de barrages et le transport de l’énergie », souligne-t-il.Aujourd’hui, l’essentiel des infrastructures au Congo est l’œuvre de Beijing, souligne Alphonse Ndongo, analyste économique. « Qu’il s’agisse des routes, des infrastructures sportives et des bâtiments administratifs… Les étrangers qui arrivent au Congo voient la transfiguration des deux principaux aéroports internationaux du pays : Maya-Maya à Brazzaville et Agostino Neto à Pointe-Noire, qui sont les véritables vitrines de cette coopération ».40% de la dette du CongoMais certains Congolais questionnent la qualité et la maintenance de certains ouvrages. De plus, cette coopération a un prix. En 2021, Brazzaville avait dû demander une restructuration de sa dette à Pékin afin de pouvoir reprendre les discussions bloquées avec le FMI. Une dette qui avait déjà été revue en 2019. « C’est possible qu’il y ait de ce côté une espèce d’alourdissement de la dette, reconnaît Alphonse Ndongo. Car la Chine représente le plus grand stock du poids de la dette du Congo ». En 2022, le Congo devait officiellement à la Chine et à ses entreprises un peu plus de 1 500 milliards de francs CFA (soit plus de 2,2 milliards d’euros). Ce qui représentait près de 40% de la dette extérieure du pays.À lire aussiApiculture au Congo-Brazzaville: une miellerie chinoise pour booster la production [1/2]
4/7/20242 minutes, 9 seconds
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Tunisie: le gouvernement encourage les circuits courts pendant le ramadan

Face à l’inflation, les autorités tunisiennes renouvellent cette année les opérations dites de ventes directes en cette période de ramadan. Des marchés ponctuels, où les producteurs peuvent vendre directement leurs marchandises au consommateur, sans intermédiaire.  De notre correspondante à Tunis,L’adresse s’est transmise par le bouche-à-oreille. À quelques encablures de l’avenue Bourguiba, une vente directe attire le chaland. « C’est mon fils qui m’a parlé de cet endroit, alors j’ai voulu voir à quoi ça ressemblait, précise une cliente. Les prix sont légèrement inférieurs à ceux du marché qui est près de chez moi où je vais habituellement. Je voulais vérifier cela de mes propres yeux. »Le litre d’huile 13% moins cherLégumes, viandes ou encore dattes, le nécessaire du ramadan est là. Neda Barhoumi est productrice. Originaire de la région du Kef dans l’ouest du pays, elle est venue vendre son huile d’olive à 22 dinars le litre – l’équivalent de 6,50 euros –, soit un euro de moins que ce qu’elle pratique habituellement. Elle est avant tout là pour se faire connaître auprès des consommateurs et compléter ses revenus. « Les temps sont durs en ce moment pour les agriculteurs, explique-t-elle. Donc ça m’arrange d’avoir un peu de liquidités. Le plus important ici, c’est de se faire connaître, que le client goûte nos produits et qu’il devienne un habitué. Je mets mon numéro sur chacun de mes produits, et donc, si le client aime et veut racheter mon produit, il me contactera. » Hattab Messouadi dit travailler pour l’équivalent de la répression des fraudes tunisienne. « Tout cela, c’est du mensonge, estime le sexagénaire, pas du tout convaincu par ces points de vente encouragés par les autorités. Il n’y a rien à gagner à venir ici. » Il est vite contredit par des vendeurs. « Tu ne peux pas dire ça ! Les piments qui se vendent à 6 dinars, tu les trouves à 4 dinars ici », s’insurge l’un d’entre eux. « Ces oranges-là sont vendues à 3,2 dinars au marché central, ici elles sont à 2 dinars », renchérit un deuxième. « C’est juste pour calmer les gens face à l’inflation »Le phénomène est également regardé avec circonspection par Hamdi Ouerghi. Agriculteur et membre de l’ONG tunisienne Alert, il estime qu’il s’agit avant tout de communication de la part des autorités. « C’est juste pour calmer les gens face à l’inflation. Mais l’État n’a pas de stratégie. Si c’était vraiment la solution et qu’il y avait vraiment une différence de prix, pourquoi ne pas la généraliser, pourquoi ne permettre qu’à quelques milliers de personnes d’y avoir accès et pas au reste de la population ? »Après avoir dépassé la barre des 10%, l’inflation en Tunisie se situait le mois dernier à 7,5% en comparaison à l’an dernier. Un taux que les produits alimentaires dépassent très largement en cette période de ramadan.
4/5/20242 minutes, 21 seconds
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Sénégal: après l'élection de Bassirou Diomaye Faye, des réformes attendues dans la pêche

Le secteur de la pêche a été un grand thème de la campagne présidentielle au Sénégal. L’audit du pavillon sénégalais est l’un des grands points du programme du nouveau président, Bassirou Diomaye Faye, alors que les ressources halieutiques se raréfient et que les tensions liées se multiplient. Les bateaux sont toujours plus nombreux et les intérêts sénégalais pas toujours au rendez-vous. Selon la loi, les bateaux doivent être au moins à moitié détenus par des capitaux sénégalais. Cependant, la réalité qui se cache derrière est souvent très différente ; le propriétaire sénégalais fait régulièrement office de prête-nom, révèle un rapport récent de EJF (Environmental Justice Foundation). « Il y a des Européens et de plus en plus de Chinois et de Turcs qui bénéficient de licences bien sûr, avec des complicités », détaille Bassirou Diarra, enseignant-chercheur à l’université Cheikh Anta Diop et chargé de plaidoyer pour EJF.Bassirou Diarra travaille sur ces thématiques depuis plus de 30 ans. « Il y a un manque de transparence. Le listing des navires autorisés, qui était en outil de lutte contre la pêche illicite – parce qu'on sait qui pêche ou comment ; il est partagé, tout le monde peut le voir, mais depuis 2019, le listing est un document confidentiel », explique-t-il.Des zones de pêches non respectéesAutre problématique, les conflits en mer. Aujourd’hui, pas de garde-côtes dédiés, mais une question gérée par la Marine nationale. « Il y a beaucoup de conflits entre la pêche artisanale et la pêche industrielle, explique Dr Aliou Bâ, chargé de campagne océan à Greenpeace. Tout simplement du fait que la pêche industrielle, parfois, descend dans des zones où se trouve la pêche artisanale. »Durant la campagne, de nombreux candidats ont promis d'augmenter la zone d'activité de pêche artisanale à 12 miles pour permettre de lever la pression sur les pêcheurs artisanaux et permettre la régénération des ressources. « Parfois, il arrive qu'on détecte des navires qui viennent pêcher clandestinement. On a d'ailleurs, en février dernier, détecté un navire qui battait pavillon russe, un navire de pêche d'une capacité de 2 000 tonnes qui était venu et qui était en activité pendant deux semaines au niveau des eaux sénégalaises. Donc ce sont des situations qui arrivent très souvent », précise encore le Dr Bâ.Des devises qui s'échappentUne surexploitation des ressources qui impacte négativement la pêche artisanale et fait grimper les prix sur les marchés locaux. Une pêche intensive qui rapporte peu au Sénégal, regrette également Bassirou Diarra. Pour lui, le problème vient des choix politiques. « Au lieu de faire la gestion, on a fait de la production. Je pense qu'il faut recentrer et revenir à des options de gestion durable et en domiciliant les valeurs ajoutées locales. On ne peut plus prendre le poisson du Sénégal, aller le vendre pour chercher des devises éventuellement qui ne reviendront pas », avance-t-il. Il s’appuie sur une note de la BCEAO : « Ils disent que le secteur de la pêche est quand même un secteur qui a un très faible taux de rapatriement des devises. Ça veut dire qu'il y a de l'évasion fiscale. »Élargissement de la zone réservée à la pêche artisanale, audit du pavillon sénégalais ou encore renforcement du dispositif de surveillance maritime font partie des promesses de campagne de Bassirou Diomaye Faye. Les deux experts s’accordent sur le besoin d’une politique ambitieuse pour le secteur et, pour cela, la nécessité de consacrer plus de moyens humains et financiers.
4/3/20242 minutes, 22 seconds
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TenSenses mise sur la noix de macadamia au Kenya

Il est surtout connu pour ses exportations de thé, de café ou encore de fleurs coupées, mais le Kenya est aussi un important exportateur de noix de macadamia. Nairobi a d’ailleurs levé l’année dernière l’interdiction de l'exportation des noix de macadamia non décortiquées, qui était en place depuis 2015. Après des années difficiles, le secteur repart. Le groupe Pamoja l’a compris et vient de lever 8,5 millions de dollars pour accélérer la production de ces noix en Tanzanie et au Kenya, notamment à travers sa filiale kényane, TenSenses, qui a une usine de transformation en bordure de la capitale. De notre correspondante à Nairobi,Dans l’usine de TenSenses, les employés s’affairent autour de grandes tables où sont étalées les noix de macadamia. Après les avoir achetées auprès des agriculteurs, l’entreprise doit les sécher, les décortiquer puis les trier. « Là, ce sont les noix qui viennent d’être décortiquées, décrit Hillary Rotich, en charge du contrôle qualité. Il faut maintenant séparer les bonnes des mauvaises. Celles-là, ce sont les bonnes, on les a séparées de celles-ci, qui ont été abîmées par des insectes, de celles-ci qui sont moisies ou encore de celles qui ne sont pas mûres. »Les noix de macadamia de TenSenses partent majoritairement vers les États-Unis ou l’Europe. L’entreprise exporte environ 500 tonnes de noix transformées par an. Des noix qui proviennent d’un réseau de 5 000 fermiers kényans, des petites productions, la plupart en agriculture biologique. « Le Kenya est très différent parce que ce sont 200 000 petits fermiers qui ont des noix de macadamia sur leurs terres, mais avec des productions très petites et en polyculture, comme on le fait souvent au Kenya », explique Guillaume Maillard, directeur général de Pamoja.À lire aussiL'Afrique du Sud veut tenir son rang de premier exportateur mondial de noix de macadamiaUne place de choix sur le marché mondial« Sur le même lopin de terre, ils font des noix de macadamia, mais ils peuvent faire aussi du maïs, des tomates, des mangues, différentes choses. Sur nos 5 000 fermiers, ils ont en moyenne 26 arbres chacun. Sachant qu’en culture commerciale, sur un hectare, on a plus de 300 arbres », précise-t-il encore.Un modèle plus résilient qui permet tout de même au pays d’avoir une place de taille sur le marché mondial. « Quand on regarde le marché mondial de la noix de macadamia, il y a quatre sources principales. Le Kenya, qui devrait avoir une production de 40 000 tonnes cette année, derrière la Chine, l’Australie et enfin l’Afrique du Sud, qui est de loin le plus grand producteur et devrait produire cette année entre 90 000 et 95 000 tonnes. Le Kenya, dans tout ça, détient une part du marché équivalente à, disons, 15 à 20% », analyse Kees Blokland, de l’agence de négoce, Global Trading & Agency.Le secteur sort de deux années difficiles. La macadamia, considérée comme noix de luxe, a fait les frais de pandémie de Covid-19 et d’une hausse de l’inflation mondiale. Depuis, ses prix commencent à remonter. L’offre et la demande aussi, souligne Guillaume Maillard. Pamoja en a fait le pari. Avec sa nouvelle levée de fonds, le groupe compte, entre autres, développer sa capacité de transformation au Kenya.
4/2/20242 minutes, 14 seconds
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Produire sur place au lieu d'importer, la politique camerounaise qui peine à décoller

Crise du Covid-19, guerre en Ukraine, changement climatique... Différents facteurs ont eu un impact sur la disponibilité et les prix des céréales ces dernières années. Pour limiter la dépendance aux importations alimentaires, le Cameroun a engagé un plan triennal d’import-substitution. Il s’agit de produire sur place ce qui peut l’être au lieu d’importer. Mais malgré un budget de plus de 114 milliards de FCFA (170 millions d’euros), la mise en œuvre de cette politique peine encore à décoller. Développer la production locale pour limiter les importations, l’entrepreneur Bertin Tchoffo est convaincu. « Quand le président de la République a fait son discours et a exprimé la volonté de soutenir l’import-substitution, tout de suite, on n'a pas hésité, se rappelle le patron. Le lendemain, je peux vous assurer, mes équipes et moi, nous avons fait le nécessaire pour démarrer les champs de manioc. »L’idée du directeur de Pafic : substituer une partie de la farine de blé utilisée dans la pâtisserie et la boulangerie camerounaise par de la farine de manioc. « Au fond de moi, je savais que c’était porteur comme tout ce qui est agro-alimentaire », détaille-t-il. Pour cela, il se lance dans un grand projet de 2 000 hectares de production de manioc. Il conçoit même des machines adaptées pour moudre les tubercules.Des initiatives privées encouragéesUne initiative privée, mais encouragée par les autorités, assure-t-il. « Je prendrai l'exemple du ministre du Commerce. Dès que les premiers sacs de farine sont sortis, deux jours après, il a convoqué une réunion avec tous les pâtissiers de la ville de Yaoundé, présente Bertin Tchoffo. On a présenté le produit et on leur a donné les produits pour aller faire les tests. Et il nous a donné une position stratégique au boulevard du 20 mai pour exposer ce pain de manioc. Le ministre du Commerce est en train de faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire cette farine et pousser les boulangers à mettre cette farine dans le pain. »Malgré la volonté politique et la disponibilité de la farine, tout n’est pas encore gagné. « Effectivement, [les débuts] sont encore un peu timide mais on voit déjà les grands groupes de pâtissier passer des grandes commandes. En termes de tonnes, même pas en termes de sacs », se réjouit-il.Des réticences aux changementsDans le domaine des farines panifiables, les maillons de la filière et leurs intérêts sont grands, ce qui peut expliquer certaines réticences. « Pour les lectures que j'ai faites, j'ai bien compris qu'effectivement la filière elle-même, en particulier tout ce qui est minoteries, etc, n’a pas trop intérêt à ce que les choses changent, constate Thierry Leroy, chercheur au Cirad, directeur régional pour l’Afrique centrale basé au Cameroun. Enfin, si on leur dit, tu vas prendre de la farine de manioc que tu vas intégrer après au niveau des boulangers… Peut-être qu'il y a des équilibres à trouver, mais c'est certain et c'est logique que chacun défende son domaine. »La fixation du prix de la farine de manioc – comme ça l’est pour la farine de blé – est encore attendue. D’autres actions seraient possibles, selon le chercheur : « Favoriser déjà cette production et déjà voir avec la boulangerie, avec les opérateurs de la fabrication de pain, comment est-ce qu'on peut l’intégrer. Il faut une fois que l'expérimentation, on va dire en laboratoire ou en petite quantité, a été faite, c'est passer à l'échelle. »Les autorités sont conscientes des défis rencontrés. Le rapport d’exécution 2023 de la politique d’import-substitution pointe notamment la problématique d’enclavement des bassins de production. Autre constat : le faible décaissement des budgets alloués, à peine plus de la moitié des montants ont été dépensés l’an passé. À lire aussiCameroun: développer la filière lait gräce aux Montbéliardes
4/1/20242 minutes, 16 seconds
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Sénégal: Canal+ entre au capital de Marodi TV, créateur de séries à succès

Canal+ renforce sa présence dans l'audiovisuel en Afrique. Le groupe français, filiale de Vivendi aux mains de Vincent Bolloré, devient actionnaire minoritaire de la société sénégalaise de production Marodi TV, dont elle diffusait déjà le catalogue de séries télévisées en Afrique de l'Ouest. Maîtresse d'un homme marié, Pod et Marichou, Karma... Les séries de Marodi TV ont cartonné, en wolof et en français, sur les plateformes digitales (3 milliards de vues sur YouTube) ou les chaînes de télévision locales et panafricaines. Mais la société de production sénégalaise avait besoin d'un nouveau souffle financier. « On avait besoin de fonds pour faire plus de production et distribuer un peu partout dans le continent, explique Serigne Massamba Ndour, son fondateur et dirigeant. Au lieu de choisir un fonds d'investissement classique, on a préféré choisir Canal+ qui est un partenaire stratégique avec qui on partage la même vision et les mêmes ambitions pour l'Afrique et avec qui on travaille depuis plus de cinq ans ».Étoffer le catalogueCanal+ ne pouvait passer à côté de cette opportunité : les produits africains, dont ceux de Marodi déjà à son catalogue, sont en tête des audiences auprès de ses désormais 8 millions d'abonnés sur le continent. Et ils font plus que jeu égal avec les produits américains sur le premium.« Il y a 20 ans, nos offres s'adressaient à une élite en partie expatriée et en partie locale, mais très internationale, qui s'accommodait d'une offre de télé internationale, rappelle Sébastien Faux, directeur des programmes de Canal+. Aujourd'hui, notre expansion s'est faite dans toutes les capitales africaines, puis des capitales vers les provinces. Les familles qui nous rejoignent sont en attente de produits, d'histoires qu'elles comprennent et qui leur ressemblent et qui sont donc africaines. »À lire aussiMédias: pourquoi le groupe français Canal+ veut racheter le sud-africain MultiChoiceAvant l’arrivée des plateformesDes histoires africaines et de plus en plus en langue locale. « C'est important, vis-à-vis du public et stratégiquement vis-à-vis d'autres opérateurs qui pourraient être nos concurrents demain, de disposer de contenus dans ces langues vernaculaires, souligne Sébastien Faux. Et c'est le cas de Marodi. Installé au Sénégal, il sait produire en wolof, en pulaar et en français. »Après avoir acquis Rok Studios au Nigeria, Plan A en Côte d’Ivoire, et Zacu Entertainment au Rwanda, Canal+ poursuit donc ses investissements pour étoffer son catalogue en produits audiovisuels entièrement créés et fabriqués en Afrique. Avec 2000 à 2500 nouveaux épisodes par an et des droits de longue durée, la chaîne française à péage espère pouvoir résister à la concurrence des plateformes américaines, lorsqu'elles débarqueront en Afrique.À lire ou à écouter aussiL’ambition africaine de Canal+
3/31/20242 minutes, 28 seconds
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En Côte d’Ivoire, les œufs de Pâques inaccessibles pour la majorité de la population

En nouchi, l’argot abidjanais, on appelle les classes moyennes et supérieures les « choco ». Et pour cause : dans le premier pays producteur de cacao au monde, le prix du chocolat est trop élevé pour la plupart des ménages. À Pâques, la chasse aux œufs est donc réservée aux enfants les plus favorisés.  Avec notre correspondante à Abidjan,« Tu dis quoi ? Œuf de Pâques ? Non, non, ça n’a jamais existé. » Dans les rues d’Abidjan, le concept de chocolats de Pâques n’est pas très populaire. Près de l’Ivoire Trade Center, le centre commercial le plus huppé de Cocody, ce père de famille dit même n’en avoir jamais entendu parler. « Je te mets au défi : tu ne verras même pas cinq habitants ici, en Côte d’Ivoire, donner [des] cadeaux de Pâques à leurs enfants. C’est la première fois même que j’apprends ça. Sinon ça n’a jamais existé dans nos coutumes. Du haut de mes 46 ans, je ne connais pas. C’est que c’est purement européen ! »Car les prix du chocolat sont si élevés qu’il est majoritairement réservé à une clientèle d’expatriés. Dans ce centre commercial, on trouve ainsi un sachet de 180 grammes d’œufs pralinés de la marque suisse Lindt à 10 200 francs CFA (15,60 euros). Un autre, de la chocolaterie française Motta à 9 600 francs CFA pour 150 grammes (14.70 euros).Et les productions locales s’inscrivent dans la même gamme de prix, comme les chocolats de la marque ivoirienne MonChoco, vendus à un stand de la galerie marchande. « Nous avons le grand panier de Pâques, composé de l’œuf moyen, du petit lapin de Pâques, des poissons, des petites poules, détaille la vendeuse. Tout ça pour 19 000 francs CFA (près de 30 euros). Nous avons aussi la cabosse, les poules, pour 17 000 FCFA (26 euros). Nous avons aussi le coq à 4 500 francs (6,90 euros), le petit lapin là-bas pour 3 000 francs (4,60). C’est beaucoup les étrangers qui achètent [nos chocolats] pour la fête de Pâques. »À lire aussiLe cacao plus cher que le cuivre pour la première fois de l'Histoire« C'est la mondialisation »Mais les chocolats de Pâques parviennent aussi à séduire une élite mondialisée, dont les enfants fréquentent des établissements internationaux comme l’école Fred & Poppée. « Il y a beaucoup de traditions qui ne sont pas des choses que nous, les parents d’aujourd’hui, avons vécues quand on était enfants, reconnaît le père de deux élèves. Pâques, c’est une fête que l’on connaît pour son côté religieux. Mais il faut dire qu’avec nos générations d’enfants, on a développé, en tant que parents, cette flexibilité - c’est la mondialisation, hein ! - à faire comme les autres. Il y a la Pâques maintenant, sur ce volet-là : chocolats, chasse aux œufs, tout ça. On n’a pas grandi avec, mais nos enfants, avec la télévision et tout, c’est leur univers, et on essaie de leur offrir tout ça. »Une des éducatrices de l’école, Mariam Atta-Kouadio a lancé depuis l’an dernier une activité de chasse aux œufs de Pâques au jardin botanique de Bingerville. Avec pour objectif d’inciter les enfants à intégrer le chocolat à leurs habitudes alimentaires. « Il faut dire que ça ne fait pas partie de nos cultures, en fait. Le chocolat au village, ce n’est pas tout le monde qui en consomme ! C’est vrai que la Côte d’Ivoire est la première productrice en café-cacao, mais il faut reconnaître que c’est coûteux. Le chocolat est cher, ce n’est pas tout le monde qui en consomme. On va essayer de parler de ça aux enfants, pour que ça puisse entrer dans nos cultures. » Sa chasse aux œufs a rassemblé plus de 150 participants l’an dernier, et compte autant d’inscrits cette année. Coût de la participation : 10 000 francs CFA (15,30 euros), chocolat inclus.À lire aussiCôte d'Ivoire: inauguration d'une des plus grandes usines de transformation de cacao du pays
3/28/20242 minutes, 20 seconds
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Au Congo, quel bilan pour le contenu local dans l’industrie pétrolière et gazière?

À l’occasion des 100 ans de TotalEnergies, gros plan sur le contenu local dans le secteur des hydrocarbures au Congo-Brazzaville, qui exploite le pétrole depuis 1960 et qui vient d’abriter la toute première table ronde sur le sujet. L’occasion de faire le point sur l’utilisation des talents nationaux par les opérateurs étrangers. De notre correspondant à Brazzaville,Au Congo, le secteur des hydrocarbures est pilote en matière de contenu local, car il est l’un des principaux vecteurs de transfert de technologies de la part des sociétés étrangères. Total Congo est plutôt un bon élève en matière de contenu local. La filiale du groupe français emploie 600 Congolais contre 40 expatriés. Et elle a mis en place une nouvelle politique de gestion des travailleurs. « On a basculé de la gestion des ressources humaines à la gestion des talents, explique Jean-Didier Ngami, chef du département des ressources humaines. Aujourd’hui, c’est le salarié qui se prend en charge ; c’est le salarié qui gère sa carrière et la compagnie vient en support. »Le secteur aval, pétrolier et gazier, ne pose en général pas de problème, selon les experts, car les Congolais gèrent eux-mêmes le transport et la distribution des produits. Mais en amont, la dizaine d’autres sociétés qui opèrent au Congo est loin de l’objectif fixé par les autorités, à savoir plus de 50% d’employés locaux. « Les sociétés commencent à mettre en place, de plus en plus, des actions sur le contenu local, observe Sarah Rihane Sockath, conseillère sur ce dossier au ministère des Hydrocarbures. Mais les résultats ne répondent pas encore aux objectifs que nous avons fixés. Nous continuons donc à encourager les entreprises dans la promotion du contenu local. »Doper la formationCes sociétés ne peuvent pas non plus se substituer à l’État dans l’organisation de l’enseignement professionnel dans le pays, souligne Sarah Rihane Sockath : « La véritable question est de se dire : est-ce qu’au niveau du Congo, les formations que nous offrons à nos étudiants répondent aux besoins des entreprises ? »En attendant, les sociétés étrangères forment elles-mêmes leurs salariés en fonction des besoins. L’Italien Eni a ainsi formé 40 salariés congolais aux technologies de la liquéfaction, pour le démarrage de l’exploitation et de l’exportation du gaz naturel liquéfié (GNL). L’émergence de ce secteur gazier pourrait être l’occasion de doper le contenu local, grâce à l’adoption de nouveaux textes. « On va avoir un nouveau code gazier qui permettra de définir le cadre législatif, fiscal et contractuel », promet le ministre congolais des Hydrocarbures, Bruno Jean-Richard Itoua.Plus largement, les experts jugent que le contenu local ne devrait pas concerner le seul secteur des hydrocarbures, si l’on veut lutter efficacement contre le chômage et la pauvreté.À lire aussiCongo-B: retombées financières et emploi local au menu d’une table ronde sur le pétrole
3/28/20242 minutes, 20 seconds
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Sénégal: les priorités économiques du nouveau président élu Bassirou Diomaye Faye

Bassirou Diomaye Faye, élu dès le premier tour dimanche 24 mars, devrait entrer en fonction le 3 avril prochain, avec un programme de rupture pour tenter de relever d'immenses défis comme l'alimentation, la dette et l'emploi. La souveraineté alimentaire est en tête du programme économique du nouveau président élu du Sénégal. Une priorité qu’approuve Meissa Babou, enseignant-chercheur à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. « Il faut rompre avec le modèle actuel de notre économie, qui est un modèle d'importation, avec ce que ça nous coûte en devises. Parce que nous importons tout ce que nous mangeons, de l'oignon au riz, en passant par la pomme de terre. »Huit pôles agro-industriels régionauxDans cette même optique, ajoute-t-il, « il faut penser immédiatement à rompre les contrats léonins sur la pêche ». L’économiste se félicite du projet de Bassirou Diomaye Faye de décaler la zone de pêche de 20 km, au profit des pêcheurs sénégalais.La région de Dakar concentre encore 80% des investissements publics, déplore Cherif Sy, ancien professeur à l'École nationale d'économie appliquée. Ce dernier voit donc d’un bon œil le projet de décentralisation économique de la nouvelle équipe. Huit pôles agro-industriels régionaux devraient être créés, précise Cheikh Fatma Diop, auteur du programme de l'ex-Pastef, afin que les entreprises s'implantent, notamment les PME et PMI, « pour exploiter les ressources autour de l'arachide dans le centre, autour des fruits et légumes dans le sud, autour des produits halieutiques sur le littoral ». Il s’agit aussi de « permettre aux jeunes d'accéder à un maximum d'opportunités par l'industrialisation et d’atteindre une valorisation totale du secteur primaire ».Renégocier la dette et les contrats de pêche et de gazPour retrouver de l'aisance budgétaire, l’équipe du nouveau président envisage de renégocier la dette sénégalaise, « sur le modèle de la Zambie ou du Ghana ». Et de récupérer des ressources fiscales en supprimant des exonérations et en élargissant l'assiette de l'impôt, très réduite.Elle ne s'interdira pas non plus de revoir les contrats signés, y compris dans le gaz. « Par définition, tout contrat signé dans des conditions non optimales pourrait être revu, indique l’inspirateur du programme, Cheikh Fatma Diop. Ce sont des pratiques internationales connues. »Rectification sur la future monnaieEn revanche, Bassirou Diomaye Faye a publiquement rectifié le tir en annonçant, de concert avec Ousmane Sonko, qu'il soutiendrait la future monnaie ouest-africaine pour remplacer le franc CFA, avant de songer à créer une monnaie sénégalaise. « Ce sont des rectifications rassurantes, juge l'économiste Cherif Sy. Ils précisent aujourd’hui qu'ils combattront pour l'émergence de la monnaie de la Cédéao... Une sortie du Sénégal de la zone monétaire, ce serait sa disparition immédiate, avec des effets désastreux sur les pays voisins. »Il est possible d'orienter l'économie vers la satisfaction des besoins essentiels internes – infrastructures, nourriture, éducation –, juge l'économiste, sans provoquer « maladroitement » la fuite des capitaux ou celle des investisseurs extérieurs.À écouter aussiPrésidentielle au Sénégal: décryptage de la victoire de Bassirou Diomaye Faye
3/27/20242 minutes, 15 seconds
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Madagascar: une start-up se spécialise dans la fabrication de drones cargo

Avec leurs 3,20 mètres d’envergure, on peut les voir sillonner le ciel malgache. Ce sont des drones cargos, conçus sur la Grande Île depuis 2019 par une start-up, la seule à proposer un service de livraison avec les drones qu’elle fabrique. La jeune société et sa soixantaine de salariés ont réussi à lever 3 millions d’euros l’an dernier auprès d’un fonds d’impact basé en France. Une aventure humaine et technologique dans un secteur aussi innovant qu’incertain. De notre correspondante à Antananarivo,Le dernier drone d’AerialMetric est solidement harnaché sur le banc d’essai. Les équipes de calibration et de recherche et développement simulent un décollage en conditions réelles. Objectif : vérifier le comportement des quatre moteurs, poussés à leur vitesse maximale de 110 km/h. Le test fini, les ingénieurs viennent récolter les premières données physiques. « Moteurs avant D et A, température : 80°C. Ce n’est pas normal, il faut qu’on vérifie ça », alerte l'un d'eux.Jusqu’à 10 kg de charge transportable (ou 12 litres), une autonomie de plus 200 km, ce petit bijou de technologie à plus de 90 000 euros pièce a été conçu dans ce hangar tananarivien. « On importe les ailes, le corps du drone, le fuselage, la dérive, l’aile centrale », explique, tournevis en main, Zo Rakotoarisoa, le tout premier salarié de la start-up, assis devant une table de montage. « Pour le reste, c’est nous qui fabriquons tout à l’intérieur du drone, comme l’ordinateur de bord, par exemple. On adapte aussi le drone à la demande des clients. Parfois, ils veulent transporter plus de poids ou augmenter la vitesse. En ce moment, on tente une amélioration du système de largage », décrit-il. Une imprimante 3D est en train de fabriquer la pièce manquante, pendant qu’au département électronique, on vérifie le câble du moteur, soumis à des températures trop élevées.À écouter aussiWilliam Elong, le petit génie du drone camerounaisUn drone à l’épreuve de la géographie malgacheL’objectif de la start-up, à terme, est d’être totalement autonome pour produire ses drones. Un vrai défi dans un secteur de technologie de pointe très concurrentiel. « C’est une course à la précision, sur l’autonomie de vol, sur la capacité d’emport [capacité de charge d’un avion, NDLR], surtout dans le domaine de la cargaison par drone, expose Thomas Clochard, directeur technique adjoint. Il faut être le meilleur. »Une agilité permanente à laquelle s’astreint la start-up, favorisée, il est vrai, par la législation aéronautique encore souple à Madagascar, qui lui a permis de réaliser des milliers de vols. « Nous avons sur une même île, des zones désertiques, très humides, des chaleurs très élevées, un relief avec des montagnes, des vallées, qui se suivent avec peu d’intervalles, poursuit Thomas Clochard. C’est vraiment quelque chose qui soumet le drone à des conditions de vol très extrêmes. C’est pour ça que nous avons réussi à développer un drone tout terrain. » Une expertise désormais reconnue à l’international et qui laisse présager un bel avenir au drone cargo malagasy.
3/25/20242 minutes, 15 seconds
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En Tunisie, un podcast pour lutter contre la vie chère

En Tunisie, inflation et pénuries rythment le quotidien des habitants depuis des mois. C’est dans ce contexte que l'association locale Alert sensibilise les Tunisiens aux questions économiques, en diffusant notamment des podcasts hebdomadaires à destination du public. Financement des médias, prix de l’huile d’olive ou encore économie de rente sont des sujets traités. Sur le réseau social TikTok, certaines vidéos engrangent jusqu’à plusieurs centaines de milliers de vues. De notre correspondante à Tunis,En cette froide soirée de ramadan, une dizaine d’amis – de jeunes trentenaires pour la plupart — se retrouve dans les rues de Carthage, en banlieue de Tunis.« Toutes les semaines, on se retrouve après le travail le lundi pour tourner un podcast qui est diffusé sur toutes les plateformes le dimanche matin », explique Louai Chebbi. Diplômé en droit à Paris, il est revenu au pays pour enseigner. Il chapeaute aussi l’association Alert.« Trois, deux, un, action ! », décompte l’un des membres. Ces podcasts durent parfois jusqu’à près de deux heures. Alors que les difficultés que traverse la Tunisie — comme l’inflation, l’endettement, les pénuries — sont souvent expliquées par les autorités comme étant les conséquences de complots visant l’État tunisien, Alert veut contrer le discours officiel, chiffres et démonstrations à l’appui.Des contenus accessibles qui donnent des clés« On a remarqué que les "think tank" qui travaillent normalement avec l’écriture de longs rapports qui font 80, 90 pages, parfois 150 pages, mais ne trouvent pas un public large, un public de profanes », constate le président de l’organisation. Face à ce constat, Alert a voulu faire quelque chose de concret : « On a travaillé des vidéos, avec du contenu accessible, avec un langage, un vocabulaire tunisien qui donne les clefs à ces personnes pour déverrouiller les questions qui semblent un peu trop techniques. »Et les sujets économiques ne sont jamais vraiment décorrélés des questions politiques. « L’économie, c'est la politique, bien évidemment. Notre travail, c'est de dire : "On fait de la politique en parlant d’économie et on fait de l’économie en parlant de politique" », souligne Louai Chebbi.À écouter aussiTunisie : face à la crise, le secteur informel exploseAu programme aujourd’hui dans le podcast tourné ce jour-là, le statut des professions libérales en Tunisie. Pas de présentateur attitré. Le plus compétent des membres du collectif conduit les débats. Mehdi Jemaa, expert-comptable et membre d’Alert, tient la barre pour cette émission. À 27 ans, expert-comptable dans un cabinet, ce projet est très stimulant pour lui : « Honnêtement, moi personnellement, j’y trouve du sens. C’est une quête de sens. J’ai un rôle quelque part et j’arrive à avoir un impact, et ça honnêtement, c'est mon moteur. »Aujourd’hui, l’organisation fonctionne essentiellement sur l’implication et la générosité de ses membres. Pour garantir la liberté de ton et l’indépendance d’Alert, Mehdi Jemaa encourage les auditeurs à mettre la main à la poche pour assurer la pérennité du programme.
3/24/20242 minutes, 18 seconds
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Le Congo-Brazzaville devient producteur et exportateur du gaz naturel liquéfié avec le groupe Eni

L’économie congolaise qui repose depuis toujours sur le pétrole va dorénavant pouvoir également compter – même si à moindre échelle - sur le gaz naturel liquéfié (GNL). Le Congo-Brazzaville devient producteur et exportateur de GNL grâce aux investissements du groupe pétrolier italien Eni. La toute première cargaison vient de quitter Pointe-Noire (sud), la capitale économique. Avec notre envoyé spécial à Pointe-Noire, Loïcia MartialSur le site de Litchenjili à quelques encablures de Pointe-Noire, les officiels venus assister au démarrage de la production du gaz naturel regardent un cargo qui mouille dans l’Atlantique. Dans ce bateau se trouve la première cargaison de gaz liquéfié prête à partir. Symboliquement, le chef de l’État Denis Sassou Nguesso ouvre une vanne sous le regard enthousiaste du ministre des hydrocarbures, Bruno Jean-Richard Itoua. « Aujourd’hui, nous célébrons à la fois le début de la production et le premier cargo, donc l’exportation du gaz naturel liquéfié pour la première fois dans ce pays, se félicite ce dernier. Pour l’instant, nous sommes dans la première phase qui est celle de 600 000 tonnes (par an) et l’année prochaine, nous passerons à 3 millions de tonnes. »Une usine de liquéfaction livrée par Eni en temps recordL’essentiel de la production sera exportée et une infime partie, avant sa liquéfaction, sera destinée à la consommation locale et à l’alimentation de la centrale électrique du Congo, première unité de production d’énergie du pays.La société italienne Eni a investi 5 milliards de dollars dans cette usine de liquéfaction qui a vu le jour en un temps record. Une année seulement pour qu’elle sorte de terre et soit opérationnelle. « Nous avons voulu (volontairement) avec le contracteur que le projet se fasse très vite, explique Bruno Jean-Richard Itoua. Il y a un marché très demandeur de gaz. Au niveau international, la crise entre l’Ukraine et la Russie crée des tensions sur le marché. Parce qu’il y a une partie de la production mondiale, notamment celle de la Russie qui n’est pas disponible. Il y a une demande très forte, les prix sont très élevés. Donc, tout producteur de gaz a intérêt à aller vite. »Eni a fait usage de technologies très avancées pour produire et traiter ce gaz plus rapidement. « Nous avons (en particulier) utilisé des technologies qui nous ont permis de réaliser un développement modulaire de GNL de petite taille, détaille Claudio Descalzi, le PDG du groupe italien. C'est un modèle jamais utilisé en Afrique et même avec peu d’exemples dans le monde. »Exploiter le gaz plutôt que le torcherLa production de gaz naturel liquéfié apporte une réelle valeur ajoutée à l’économie congolaise, selon le directeur général du Port autonome de Pointe-Noire, Séraphin Balhat. « Depuis les années 1950, on brûlait le gaz, on gaspillait une richesse. Le chef de l’État a pris cette sage décision de faire en sorte que ce gaz soit désormais récupéré, liquéfié et exporté pour la richesse nationale, pour plus de revenus », rappelle-t-il.Le gouvernement envisage également de produire des engrais avec ce gaz. Cette année, la production de gaz naturel liquéfié devrait déjà rapporter 29 milliards de francs CFA (environ 44 millions d’euros) aux caisses de l’État.
3/21/20242 minutes, 21 seconds
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Au Sénégal, le projet gazier GTA s’invite dans la campagne

Au Sénégal, plus que quelques jours avant la fin de la campagne pour les 19 candidats à la présidence. Croissance économique, FCFA, lutte contre la corruption sont des thématiques qui apparaissent dans les différents programmes. Autre sujet économique qui s’invite dans la campagne, celui de la gestion des ressources naturelles et plus précisément le cas du projet gazier sénégalo-mauritanien « Grand Tortue Ahmeyim ». Ce projet s'est invité dans la campagne, car peut-être emblématique des difficultés de gestion et les attentes qui entourent ces grands projets énergétiques. Les découvertes pétrolières et gazières sont promesse de recettes fiscales et de redevances. Mais les premiers litres de gaz prévus pour avril 2022 ne sortiront finalement de terre qu'aux alentours du 3e trimestre 2024.La production annuelle de GNL attendue pour cette 1ʳᵉ phase est de 2,5 millions de tonnes, essentiellement destinée à l'exportation dans un contexte géopolitique très favorable.Cependant, alerte Papa Daouda Diene, analyste économique au Natural Resource Governance Institute, ces rentrées prévisionnelles doivent être considérées avec précaution. Car les retards pris dans le lancement du projet pourraient avoir des conséquences économiques importantes, notamment pour le budget de l'État. « Il ne faut pas oublier que des affectations avaient été prévues dans le budget de 2023 par exemple au niveau des fonds de stabilisation, des fonds intergénérationnels, souligne l’analyste. Mais également, ils peuvent avoir des impacts sur les prévisions de croissance et les prévisions d'endettement, ça, c'est au niveau macroéconomique. »« Se prémunir des risques associés à ces retards »Des retards qui peuvent avoir également des impacts sur les perspectives économiques. Le FMI en fin de mission en septembre 2023 évaluait les perspectives de croissance du PIB à 8,8% pour 2024. Une croissance qui sera stimulée en cas de démarrage de la production de pétrole et de gaz, précise l’institution. « Pour se prémunir de ces risques associés à ces retards, le gouvernement doit faire preuve de prudence dans la planification de l'utilisation de ce gaz, des emprunts associés, de l'utilisation des revenus, etc. », précise encore Papa Daouda Diene.Le coût estimé de la Phase 1 du projet gazier était estimé à 3,6 milliards de dollars. Mais les retards de mise en service vont entraîner de fait des surcoûts. « Quand on connait un retard, il y a forcément de nouveaux investissements et le coût va augmenter, pointe Babacar Gaye, économiste spécialisé dans les questions pétro-gazières et consultant au cabinet DG Link. Il y a des surcoûts, il y a des surfacturations. BP va récupérer l’argent dépensé avant de parler de bénéfices. Du coup quand est-ce qu’on va amortir ? »Les montages financiers de ce genre de projets sont complexes et évoluent au fil du temps et des phases d’exploitation. Le ministre du Pétrole et des Énergies sénégalais, Antoine Félix Diome a rappelé certaines modalités à l’occasion d’une conférence de presse conjointe avec son homologue mauritanien à Nouakchott en janvier dernier. « Au début, nous ne mettons pas d'argent. C'est-à-dire que l'opérateur arrive, il y a une décision finale d'investissement qui est arrêtée après le plan de développement de l'unité qui annonce le coût, détaille le ministre. Après avoir engagé toutes les dépenses, c'est à partir de ce moment, quand [l’opérateur] récupère les dépenses qu'ils ont mises, qu'on se partage le "profit oil". »Renégocier les contrats ?Le « cost oil » est donc le coût pétrolier, « qui d'ailleurs doit être arrêté à un certain montant. Il ne peut pas aller indéfiniment. D'où l'intérêt de bien surveiller le cost oil », précise-t-il encore. Face à ces retards importants, les autorités ont indiqué lancer un grand audit pour notamment évaluer ces surcoûts. Un exercice de transparence également vivement attendu par la société civile. « Je pense que ce sera le plus grand dossier pour le prochain gouvernement, estime le spécialiste Babacar Gaye. C'est pourquoi aujourd'hui, vous pouvez constater que dans l'arène politique, à ce moment de la campagne, certains candidats ont promis aux Sénégalais de renégocier les contrats, parce que ce à quoi nous sommes en train d'assister n'augure rien de bon pour l'avenir de l'exploitation du gaz au Sénégal. »Les difficultés à voir mis en service durant la première phase inquiète. Les phases 2 et 3 de Grand Tortue – censées être plus tournées vers le marché local et plus rémunératrice pour les États – sont prévues. Mais les surcoûts, les reports, mais également la politique générale de BP — notamment ses engagements à réduire ses investissements dans les hydrocarbures — crée de l'incertitude autour de l'avenir du projet.À lire aussiProjet gazier GTA: le Sénégal et la Mauritanie lancent un audit après un énième retard
3/20/20242 minutes, 25 seconds
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Des avancées économiques et sociales grâce à l'amélioration du stockage en Afrique [2/2]

Crise du Covid, changement climatique, conflits... Le continent africain est touché par de multiples facteurs qui impactent sa sécurité alimentaire. La question du stockage des céréales et autres denrées alimentaires est donc centrale, mais encore très imparfaite. Pourtant, le développement d’entrepôts et d’infrastructures de stockage adaptés peut avoir par ricochet — en plus d’assurer la bonne conservation des produits – des impacts importants sur les économies. Avec son plan de développement de lieux de stockage, la Côte d’Ivoire a fait les comptes, explique Justin N’Goran Koffi, le directeur général de l’Autorité de Régulation des Récépissés d'Entreposage. « Ca va développer un tissu industriel local. Vous prenez l'exemple, d’un entrepôt de 1000 m² c'est 150 emplois directs, c'est 450 emplois indirects. C'est un véritable parc industriel. Ne serait-ce qu'un seul entrepôt, ça change la vie des populations », soutient le DG.Dans ce domaine, le Sénégal est également sur les rangs. Développer l’activité dans le centre économique, mais également en régions. « Le Sénégal a érigé le marché de Diamniadio pour centraliser tout ce qui est stockage. Ce qui gangrenait jusque-là la productivité du Sénégal, c'est la période post-récolte, analyse Djibril Diop inspecteur à la Compagnie nationale d’assurance agricole du Sénégal et témoigne de la politique en cours.  Donc Diamniadio est le centre, mais au niveau des agro-pôles qui sont en train d’être érigées, on est en train d’ériger des infrastructures au niveau des départements, au niveau des régions pour un quadrillage national. Et ça permettra aux actifs du secteur primaire de prendre leur vraie place dans le développement économique. »À écouter aussiEn Afrique, des pertes agricoles dues aux problèmes de stockage [1/2]Suivi des travailleurs indépendantsUn développement d’autant plus important dans des pays qui manquent encore d’infrastructures, souligne Mireille Mogena qui fait du conseil au Tchad. « C’est une zone sahélienne, on produit beaucoup, malheureusement, on n'a pas de lieu de stockage, on a une vraie problématique là-dessus, constate-t-elle. Il faut pouvoir trouver des lieux pour justement les installer au plus près de la population. Parce que malheureusement les infrastructures ne nous permettent pas de faire des grandes distances. » L’objectif essentiel pour elle, dynamiser ce secteur agricole qui peine à se développer à l'export, mais surtout localement.En Côte d’Ivoire, le développement des entrepôts s’accompagne d’un système de récépissés et donc de traçabilité qui peut avoir des impacts importants et parfois inattendus. « Aujourd'hui, nous avons développé la couverture maladie universelle en Côte d'Ivoire par exemple. Le paysan qui n'a pas de salaire à partir d'un récépissé d'entrepôt, il peut être traçable, met en avant Justin N’Goran Koffi. Vous avez la Caisse nationale de prévoyance sociale qui a lancé la retraite des travailleurs indépendants. Mais comment on fait pour prélever tout ça ? Dans l'organisation, l'écosystème que l’on va mettre en place autour du système d'entreposage, ça permettra aux paysans d'avoir accès à des financements. Ils sont visibles. » Les systèmes de stockages locaux et de récépissés peuvent également encourager la transformation dans de petites unités locales grâce à la disponibilité des matières et des facilités de crédits.À écouter aussiL'Afrique dans les salons de la logistique
3/19/20242 minutes, 20 seconds
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En Afrique, des pertes agricoles dues aux problèmes de stockage [1/2]

Crise du Covid-19, changement climatique, conflits… Le continent africain est touché par de multiples problématiques qui impactent sa sécurité alimentaire. Dans ce contexte, les questions de qualité de semences ou d’engrais sont souvent évoquées. Celle du stockage plus rarement, alors qu’elle est hautement stratégique. Des productions agricoles mal stockées sont sujettes à de nombreux risques. Djibril Diop est inspecteur à la Compagnie nationale d’assurance agricole du Sénégal. Il est un témoin des dégâts récurrents. « Vous pouvez produire, mettre ça en stockage et un aléa arrive », illustre-t-il. « Les rongeurs peuvent arriver si c'est mal entreposé et déprécier la marchandise. Du coup, la valeur marchande diminue. »Et d'ajouter : « Il est donc dans l'intérêt du producteur qui a trimé pendant des jours, des mois ou bien des années, au terme de sa production et dans l'attente des dividendes de son action, de bien couvrir cela pour que les résultats ne soient pas biaisés, afin que quand le sinistre arrive, cet événement aléatoire que personne ne maîtrise, qu’il soit indemnisé. »Ces problèmes de stockage se ressentent dans le quotidien des populations, souligne Mireille Mogena, à la tête d’un cabinet de conseil qui travaille notamment sur les thématiques agricoles au Tchad. « Pendant les périodes de soudure, on voit que les prix flambent et on se demande pourquoi les prix flambent », souligne-t-elle. « Parfois, on a l'impression que les producteurs ont stocké pour faire de la surenchère. Mais parfois non. Justement, ils n'ont pas forcément stocké, mais ils ont cette problématique de pouvoir trouver des lieux de stockage. Donc, c'est un peu une double peine. »En Côte d'Ivoire, un programme de prélèvement et de constructionDes problèmes de stockage qui ont clairement été identifiés et estimés par les autorités ivoiriennes. Entre 30 et 60% des récoltes sont ainsi perdues faute de bons lieux de stockages chaque année, pour un coût évalué à 40 milliards de francs CFA. « Ne serait-ce que pour la moitié des 23 spéculations que nous avons, afin de stocker la moitié, nous avons besoin d'un peu plus de 2 000 entrepôts. Ça fait un investissement d'environ 5 milliards d'euros dans toutes les zones de production », détaille Koffi Ngoran, le directeur général de l’Autorité de régulation des récépissés d'entreposage.« Ce n’est pas reluisant par exemple d’entendre dire que la meilleure qualité de l’anacarde vient du Bénin. Alors qu'eux, ils produisent à peine 150 000 tonnes et nous sommes à plus d'un 1,3 million de tonnes. Et donc évidemment, s'il y a un stockage intelligent, avec un traitement manutentionnaire adéquat, s'il est possible de faire la surveillance 24 heures sur 24 avec un système électronique qui a des capteurs sur l'humidité, sur l'intrusion et sur la contamination des produits, ça permet de faire un bond », explique encore détaille Koffi Ngoran.Face à cette problématique, et dans l’objectif d’avoir moins de pertes et d’assurer la qualité des produits agricoles, les Ivoiriens ont engagé une politique de prélèvements pour permettre le développement de ces structures de stockage. Un projet de construction de 108 entrepôts est en cours.
3/18/20242 minutes, 17 seconds
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En Centrafrique, le travail des enfants dans les mines subsiste

Pour nourrir leurs familles et assumer certains de leurs besoins, des dizaines d'enfants abandonnent le chemin de l'école et se lancent chaque année dans les activités minières à Mbaïki, une ville située à 105 km de Bangui, au sud-ouest de la Centrafrique. Poussés par la pauvreté pour certains ou le suivisme pour d'autres, ces enfants en quête d'indépendance économique sont aujourd'hui exposés à différents dangers. Avec notre envoyé spécial à Ndolobo,Cet après-midi, le véhicule roule à 20 km/h sur les pistes sablonneuses de la Lobaye. Avec précaution, le chauffeur s’arrête par moments, cherche le bon chemin puis arrive enfin sur le chantier minier de Ndolobo, qui se trouve à 18 km au nord de Mbaïki. C’est une grande carrière à ciel ouvert, non loin d’un cours d’eau, tenue par un groupe de collecteurs natifs de Mbaïki.Juste à l’entrée, un groupe d’enfants assis sur des blocs de pierres se partagent du vin de palme. « J’ai abandonné l’école cette année pour venir chercher le diamant et l’or, explique Nestor, un jeune de 14 ans. Mes parents sont pauvres. Je me bats pour soutenir ma famille et financer mes études l’année prochaine. »Sous ce soleil ardent, les uns portent de lourds paniers remplis de graviers jusqu’au cours d’eau, d’autres les lavent, les tamisent afin de trier les pierres précieuses. C’est un travail artisanal et pénible selon Samuel, lui aussi âgé de 14 ans : « Il faut creuser plusieurs mètres pour avoir le diamant et l’or. Les adultes ne nous distinguent pas. Nous devons aussi creuser et casser les grosses pierres avec des masses. Chaque jour, on se réveille à 3 heures du matin pour parcourir 18 km à pied. »Si certains se partagent entre l’école et le chantier, Olivier, 15 ans, a définitivement tourné le dos aux études. « Parfois, je gagne entre 50 et 60 000 francs CFA en deux jours. Parfois, en un seul jour, je gagne entre 40 et 50 000 francs CFA. Il m’arrive aussi souvent de rentrer bredouille. »À écouter aussiTravail des enfants: un constat alarmantDroits des enfantsEn 2020, Gabriel a perdu son fils dans un chantier minier. Chez lui, le deuil n’est pas fini. « C’est un travail pénible pour les enfants, concède ce père rongé de remords. Je m’en voudrais éternellement d’avoir entraîné mon enfant qui n’avait pas encore 10 ans dans ce travail. Il est mort parce qu’un bloc de terre s’est effondré sur lui. »En Centrafrique, le manque d’opportunités économiques pousse des milliers d’enfants à se lancer dans des activités parfois dangereuses. « L’un des principaux facteurs poussant les enfants vers le travail minier est lié au manque d’opportunités économiques. À cela s’ajoute la pauvreté endémique que certaines familles traversent dans des régions où l’économie est largement informelle et basée sur l’extraction minière, analyse Remy Djamouss, coordonnateur du Centre pour la promotion des droits de l’enfant (CPDE). Généralement, les familles dépendent du travail des enfants pour survivre. »À lire aussiCentrafrique: les enfants ont désormais leur Code et des droitsEt d'ajouter : « Les conventions internationales sur les droits des enfants et même le code de protection des enfants en Centrafrique, interdisent le travail des enfants, surtout lorsque ce travail est dangereux et lorsque cela met à mal l’éducation des enfants. »Même s’il n’y a pas de données exactes sur le nombre d’enfants qui pratiquent des activités minières, dans la Lobaye, une vingtaine de chantiers miniers attireraient chaque année selon les sources une centaine d’enfants âgés de 10 et 15 ans.
3/17/20242 minutes, 19 seconds
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Au Kenya, les écrivains peinent à se faire publier

Du très renommé Ngugi wa Thiong’o, à des auteurs plus contemporains comme Yvonne Adhiambo Owuor, la littérature kényane bourgeonne. Les lecteurs sont de plus en plus avides de récits locaux. Mais se faire publier reste un défi pour de nombreux écrivains, surtout à leurs débuts. Il faut parfois se tourner vers l’étranger ou publier à compte d’auteur. De notre correspondante à Nairobi,Les rayons de Soma Nami à Nairobi sont remplis d’auteurs du continent. La librairie indépendante se revendique panafricaine. Elle vient aussi de lancer sa propre maison d’édition. Wendy Njoroge, une des cofondatrices, explique : « Il y a des lacunes au Kenya en termes de publications d’œuvres de fiction ou de littérature non fictionnelle. Peu de maisons d’édition s’y risquent. Notre objectif, c’est de pouvoir faire découvrir des récits est-africains au reste du monde. Beaucoup de films sont tirés de livres. L’idée serait même que le livre soit une première étape pour nourrir un paysage plus large avec des histoires est-africaines. »Kiarie Kamau est bien conscient de ces lacunes, malgré des demandes du public pour de la littérature kényane. Il est PDG d’une maison d’édition et président de l’Association des éditeurs au Kenya. « Le secteur de l’édition est très dynamique au Kenya, mais principalement dans un domaine : celui des manuels scolaires, explique le professionnel de l’édition. Je dirais qu’ils représentent entre 85 à 90% des livres publiés. Et ce parce qu’ils assurent des revenus presque immédiats, surtout si l’on répond à un appel d’offres du gouvernement qui sont généralement payés dans les six à huit mois. Pour la fiction, la rentabilité est plus longue, ça demande aux maisons d’édition d’avoir plus de capital. »Publication à compte d'auteurFace à ces difficultés, Joan Thatiah a décidé d’auto-éditer ses œuvres. Elle le reconnaît, l’investissement est risqué. L’écrivaine dit avoir dépensé un peu plus de 1 500 euros pour obtenir 1 000 copies de son premier livre. « J’ai dû chercher un rédacteur, un designer pour le livre, puis il y a tout l’aspect juridique, les copyrights, et enfin l’impression qui coûte très cher, détaille-t-elle. Et à la fin, on ne sait pas si les livres vont se vendre. J’y ai mis toutes mes économies, c’était un vrai pari ! »Aujourd’hui, Joan ne regrette pas sa décision, car elle réussit désormais à vivre de son métier d’écrivaine. « C’est beaucoup de travail, mais pour moi, la publication à compte d’auteur est plus rentable que si j’étais passée par une maison d’édition », assure-t-elle. Sur ses neufs livres, seul un a été publié par une maison d’édition, au Nigeria. « Je tire comme profit environ 50% des revenus des livres vendus, contre 10% que me promettait une maison d’édition kényane », précise encore Joan Thatiah.Forte de cette expérience, l’écrivaine aide aujourd’hui les plumes kényanes débutantes à naviguer dans le milieu de l’autoédition et ainsi encourager l’essor de la littérature kényane.
3/14/20242 minutes, 23 seconds
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Au Sénégal, les producteurs de riz face à de nombreux défis

Le riz est présent dans toutes les assiettes sénégalaises mais pour la grande majorité il s’agit de riz importé d’Asie. Cette céréale est pourtant cultivée localement, avec la pluie dans le centre et le sud du pays, et par irrigation fluviale dans le nord. Un programme d’autosuffisance en riz a même été lancé en 2014, des efforts sont faits pour mécaniser la production, mais de nombreux défis persistent. Avec notre envoyée spéciale à Richard Toll, Juliette DuboisÀ Richard Toll dans le Fouta, la période des semences a commencé. Des saisonniers jettent des poignées de semis dans l’eau. Mouhamed Diop loue 100 hectares de terres, mais il se bat chaque année contre les oiseaux qui viennent picorer ses cultures.« Aux champs, nous les cultivateurs, on fait bien notre travail, se défend-il. Ce sont les oiseaux qui nous fatiguent trop et font baisser la rentabilité. Par exemple, si je devais avoir 100 sacs et que les oiseaux en mangent 30, il y aurait moins de production. »Des machines peu adaptéesIl faudrait donc récolter rapidement pour échapper aux oiseaux, mais le manque de machines handicape les producteurs comme l’explique Mouhamed Diop : « Je n’arrive pas à avoir ce que je devrais récolter à cause des oiseaux, mais aussi du manque de matériel agricole. Là où la récolte devrait se faire en une semaine, si tu n’as pas de matériel, ça peut prendre jusqu’à un mois. »Certains cultivateurs ont pu acheter des moissonneuses batteuses grâce à des subventions de l’État. C’est le cas d’Ousseynou Ndiaye. Sa machine récolte quatre hectares par jour, un énorme gain de temps. Mais selon lui, le changement climatique la rend déjà obsolète : « Avec les pluies précoces, on a des difficultés pour que cette machine qui est équipée de pneumatiques parfois n’est pas en mesure d’assurer la récolte parce que les périmètres sont humides et inondés. Là, il nous faut des machines à chenilles. »En plus des inondations, les germinations se font trop tôt, et les sols sont de plus en plus salinisés. Ousseynou Ndiaye estime les pertes l’an dernier dans la région à près de 200 000 ha et 100 milliards de FCFA.Nécessaire adaptationAutre conséquence : les producteurs prennent du retard dans l’exécution des travaux et l’objectif de deux récoltes par an n’est pas atteint. Pour Ousseynou Ndiaye, qui est aussi président du comité interprofessionnel de la filière riz, des mesures doivent être prises pour mieux gérer ces effets du changement climatique. « Il faudrait aussi assurer la qualité des semences avec un bon crédit adapté aux semences. Il faut aussi veiller à l’assurance agricole qui doit être généralisée. Il faudrait mettre en place un fond de calamité », détaille-t-il. Un comité scientifique a été mis en place avec la SAED, la Société d'Aménagement et d'Exploitation du Delta du Fleuve Sénégal. Aboubacry Sow en est le directeur : « les conseils que l’on donne, c'est d’essayer de voir comment mettre en place les semis le plus tôt possible pour permettre donc peut-être la récolte au mois de juin au plus tard au mois de juillet avant que la saison des pluies ne s’installe. »À terme, l’objectif est d’arriver à généraliser la double culture et d’enfin s’approcher de l’autosuffisance en riz. Le Sénégal importe encore un million de tonnes de riz par an.À lire aussiRiz sénégalais: le pays est toujours loin de son objectif d’autosuffisance
3/13/20242 minutes, 22 seconds
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Centrafrique: à Mbaïki, les pépinières fleurissent

En Centrafrique, la ville de Mbaïki est réputée pour ses pépinières. Située dans la forêt équatoriale, la localité compte plusieurs millions d’hectares de forêt avec une centaine de groupements spécialisés dans la production des jeunes végétaux. En plus d’entretenir les arbrisseaux, leurs habitants sont aussi en quête de marchés pour assoir leur indépendance économique.   Avec notre envoyé spécial à Mbaïki,Casquette noire, t-shirt vert et arrosoir en main, Augustin Baguénde montre d’un geste passionné des centaines de jeunes plants alignés en plusieurs colonnes dans de petits sachets noirs en plastique. « Cette pépinière de 20 hectares, fondée en 2019, produit chaque année 50 variétés de 500 jeunes plants. Âgé de 55 ans, Augustin nous ouvre les portes de son entreprise », lance-t-il fièrement. « Ici, nous développons nous-mêmes les graines dans des sachets et nous les arrosons tous les jours. Nous avons des cacaoyers, des orangers, des pommes rouges, des goyaviers, des avocatiers, des manguiers, les fruits de la passion... et presque l'ensemble des agrumes », ajoute-t-il.  Produire des plans, un travail techniqueLes prix varient entre 250 et 2 500 FCFA. Avec son équipe de 15 personnes, Augustin travaille essentiellement avec des moyens artisanaux. Pour avoir de meilleurs rendements, ces jardiniers bénéficient parfois des formations délivrées par Fidèle Baya, responsable forestier à l'Institut supérieur de développement rural (ISDR) de Mbaïki. « Le processus commence toujours par le choix d'un site approprié, explique celui-ci. Une fois le site de la pépinière choisi, il faut commencer par le nettoyage et le défrichage complet. Ça se passe généralement entre les mois de novembre et décembre. Préalablement, il faut mettre les graines dans des sachets avant d'ajouter le terreau, c'est-à-dire de la terre arable, mélangée avec la terre noire. On installe les plants en colonnes et on les arrose régulièrement pour avoir un bon rendement. »Mathieu est l'un des fils d'Augustin. Passionné par ce travail, il s’émerveille dès qu’il en parle. Après cinq ans d'activités, il connait mieux le profil de ses potentiels clients : « Nous vendons nos arbrisseaux aux agriculteurs, aux fermiers et aux agents des eaux et forêts. Les principaux acheteurs viennent de la capitale ou des principales villes et villages de notre préfecture. Chaque employé à un salaire mensuel qui permet de couvrir ses besoins et ceux de sa famille. »Agroforesterie et protection de l'environnementAujourd'hui, une centaine de micro-entreprises de pépinières travaillent dans cette zone forestière qui couvre une superficie de 37 500 km². Leur existence est cruciale pour la protection de l'environnement selon Didier, agent des eaux et forêts : « Avant, pour mettre en place une plantation, il fallait tout détruire. c'est-à-dire enlever tous les arbres pour cultiver le champ. Mais maintenant, on demande à la population de pratiquer l’agroforesterie, explique Didier. Nous amenons la population à comprendre que la forêt que nous voyons aujourd'hui peut disparaître demain. En faisons cela, nous luttons contre la dégradation des terres et l'avancée du désert. La forêt se dégrade à un rythme accéléré. C'est pourquoi il faut encourager maintenant la population à pratiquer le reboisement. »Aujourd'hui, ces groupements cherchent à s’équiper en véhicules, pour étendre leurs activités dans toute la République centrafricaine et dans la sous-région. À lire aussiEn Centrafrique, un dispositif de près de 40 ans pour comprendre la forêt
3/12/20242 minutes, 19 seconds
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Bénin/Togo: les potentiels économiques du fromage peul

Il s’appelle wangash, wagashi ou wagasi. Il s’agit du célèbre fromage fabriqué par les femmes peules au Bénin, mais aussi au Togo. Un mets prisé dans l’Afrique de l’Ouest, mais dont la production reste peu structurée. De nombreux acteurs ont compris le potentiel de ce produit unique et font bouger les choses. Dans une arrière-cour familiale, en banlieue de Lomé, les femmes préparent le wagasi dans de grosses marmites en métal. Rafiatou a chargé sur sa tête un grand fût en plastique, dans lequel des fromages ronds et blancs sont empilés – elle passera la journée à vendre ses produits dans la capitale du Togo. « C’est un peu difficile, ça prend du temps », explique Rafiatou.Chaque matin, un cousin part à moto et parcours plusieurs kilomètres pour aller chercher le lait frais qui sera ensuite cuisiné par les femmes. Elles fabriquent du fromage wagasi, mais aussi des yaourts ou des boissons à base de lait. « Il part des fois à 5h, des fois à 6h, décrit ce cousin. Il s’en va chez les Peuls, il collecte le lait et il le ramène avec les bidons comme ça. C’est des dépenses ! »Sédentariser l'activitéAlaji Abdoulaye est à la tête d’une association culturelle peule. Cet éleveur originaire du nord du Togo voit bien les limites de l’élevage nomade : « Il n’y a plus de forêt pour nourrir les bœufs. Tu es toujours sur le terrain de quelqu’un. Il y a des moments, tu peux produire beaucoup de lait. Il y a des moments, il n’y a pas de lait. Et si tu dois te déplacer pour chercher le wagasi, ça risque de se gâter. Nous, on est en train de chercher comment on peut faire pour garder nos bœufs sur place, pour produire du lait et faire le wagasi au même endroit. »Alaji Abdoulaye n’est pas le seul à avoir compris le potentiel économique du wagashi. Installée en France depuis dix ans, Ornella Anani produit son propre fromage peul, en région parisienne. « C’est un fromage qui se substitue parfaitement à la viande et au poisson et qui est très nutritif et bon pour la santé », plaide-t-elle.Une certification pour le fromage peulMais pour soutenir le développement de la filière en Afrique, il faut commencer par protéger un savoir-faire unique. Des travaux ont été lancés en avril 2023 pour tenter de développer une indication géographique Wagashi Gassirè. « L’indication géographique, c'est d’abord un instrument de propriété intellectuelle. C’est-à-dire qu’on va essayer de réserver l’usage du nom d’un produit à ceux qui produisent et qui sont dans la zone. Et donc on va protéger ce nom et protéger les producteurs qui produisent spécifiquement dans la région. Dans de nombreux cas, ça devient un instrument de développement de filières agricoles », explique Claire Cerdan, chercheuse au sein du Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).Le Wagashi Gassiré visé par cette certification est produit spécifiquement au nord et au centre du Bénin et sa fabrication implique d’utiliser des feuilles de pommier de Sodome pour accélérer la coagulation du lait. « Le produit sous indication géographique va fortement ressembler au produit que l’on croise aujourd’hui sur les marchés, poursuit-elle. On essaie de regarder comment on va conserver et emballer ce produit. Il sera dans des boutiques et pas seulement sur les marchés au bord des routes, et donc l’idée, c'est vraiment d’avoir une plus-value et des retombées économiques. »Ce projet doit également permettre d’améliorer l’insertion professionnelle des femmes et garantir de meilleurs revenus aux productrices.À écouter aussiFromages sauvages
3/11/20242 minutes, 29 seconds
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RDC: l’Entreprise générale du cobalt bientôt opérationnelle

L’Entreprise générale du cobalt (EGC) qui aura le monopole et le contrôle du cobalt issu de l’exploitation artisanale en RDC devrait être enfin opérationnelle. La Gécamines, actionnaire majoritaire à 95%, a annoncé en février doter cette société d’État de cinq carrés miniers destinés à l’exploitation minière artisanale. La création d’EGC devrait lui permettre d’assurer une chaîne d’approvisionnement de qualité sans violation des normes environnementales et des droits humains. Avec notre correspondante à Lubumbashi, Denise MahehoLa nouvelle a été très bien accueillie par les milliers de mineurs artisanaux de la région du Katanga, car la plupart exploitent du cobalt illégalement sur des sites industriels. Mais Papy Nsenga, un exploitant artisanal de Kolwezi, est inquiet que l’ensemble des coopératives n’aient pas accès à ces carrés miniers. « Aujourd’hui, nous comptons plus de 200 000 exploitants artisanaux à Kolwezi. La ville enregistre plus d’une centaine des coopératives minières qui n’ont pas de sites propres, combien d’entre elles vont accéder à ces cinq carrés miniers ? », questionne-t-il.Une inquiétude partagée par Shadrack Mukad, membre de la plateforme Comprendre et Agir dans le secteur minier, CASMIA. Le secteur minier artisanal est envahi par des acteurs politiques qui se cachent derrière des coopératives minières, estime-t-il. Quid de celles qui n’ont pas de soutien ? « Ceux qui ont été marginalisés, ces coopératives minières qui n’ont pas de parapluie politique devraient être privilégiées pour exploiter ces cinq carrés miniers que la Gécamines a accordés à l’EGC », estime Shadrack Mukad.Traçabilité et meilleure rémunérationPour sa part, l’Entreprise générale du Cobalt veut d’abord assainir la chaîne d’approvisionnement de ce minerai stratégique pour la transition énergétique. « D’abord, nous pourrons contrôler l’accès aux mines artisanales, ce qui veut dire plus de présence d’enfants et de personnes vulnérables, détaille Eric Kalala le directeur général d’EGC. Nous pourrons distribuer des équipements de protection individuelle aux mineurs. Nous pourrons lancer un programme de traçabilité et nous assurer d’une meilleure rémunération des artisanaux. »Le directeur général assure qu’ils seront très stricts quant à l’attribution de ces carrés miniers. « Ceux qui se verront donner accès aux mines dont nous avons le contrôle, respecterons ces normes éthiques qui sont très exigeantes. Il en va de la sécurité des mineurs aussi de leur santé et aussi plus largement de l’exclusivité de la croissance issue de nos mines », assure-t-il.Assainir l'ensemble du secteurDe son côté, la coalition Ne touche pas à mon Cobalt, une autre structure de la société civile, veut voir l’État congolais, qui détient 5% des parts dans EGC, apporter aussi son appui dans le cas de la mine de Kasulo qui est actuellement gérée par une entreprise chinoise.Franck Fwamba est le coordonateur de l’organisation : « Nous demandons maintenant à l’État Congolais qui est coactionnaire dans EGC de céder la seule et unique zone artisanale de Kasulo qui est aussi une partie d’un permis de la Gécamines qui avait été prise pour créer une zone artisanale, afin d’assainir la chaine d’approvisionnement. »En 2020, EGC avait déjà signé, avec le groupe Suisse Trafigura, un accord de commercialisation du cobalt artisanal de la RDC. En plus de sa production industrielle issue de la mine de Mustoshi à Kolwezi, Trafigura entend exporter entre 5 000 et 10 000 tonnes de cobalt provenant des mines artisanales.À lire ou à écouter aussiRDC: la quête d’un cobalt éthique
3/10/20242 minutes, 17 seconds
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La banane, produit de luxe du ramadan en Tunisie

En Tunisie, les courses du ramadan se feront dans l’austérité, pour faire face à une inflation générale proche de 8%, alors que la hausse des prix des denrées alimentaires atteint les 12%. Dans de nombreux pays, la banane est un produit de saison plutôt bon marché. Mais en Tunisie, il s'agit d'un luxe difficilement accessible. Les commerçants en vendent d’ailleurs de moins en moins et doivent souvent s’en procurer au marché noir, faute d'importations. De notre correspondante à Tunis,L'an dernier, le prix de la banane avait fait l'objet de vives polémiques, poussant l'État tunisien à le fixer à 5 dinars le kilo, soit 1,50 euro. Mais cette année, le fruit est de nouveau inaccessible pour les petites bourses. Sur l’étal de Wissem Krouma, 29 ans, dans le quartier populaire de Bhar Lazreg, les bananes suspendues au-dessus des légumes n’attirent plus la clientèle. Wissem doit les vendre à 10 dinars le kilo, soit 3 euros, pour rentrer dans ses frais.« Le carton de bananes me coûte environ 220 dinars les 18 kilos, donc je ne fais même pas de marge, je vends les bananes au prix où je les achète au marché de gros, lâche-t-il, dépité. Parce que ça me permet d’avoir une offre variée dans mon étal même si pas grand monde les achète. Les clients achètent au mieux une à deux bananes maximum. »Des bananes au prix de la viandeSous le régime de Ben Ali, l’importation de la banane était taxée à 36%, mais les proches du président avaient le droit de contourner cette taxe et négociaient directement avec les producteurs de banane en Équateur et en Côte d'Ivoire.À l'époque, ces bananes de contrebande abondaient à des prix très accessibles sur le marché tunisien. Wissem s'en souvient bien. « À l’époque, j’étais au collège, mais je tenais déjà un stand de fruits. Pendant le ramadan, j’achetais le carton de bananes à 12 dinars le kilo, le max, c'était 23 dinars. Donc dix fois moins cher que maintenant ! », s'exclame-t-il.Chez Marwen, un autre commerçant, un client vient d’acheter un peu plus d’un kilo. Il se moque de son prix trop élevé. « Ça m’a coûté plus de 15 dinars, à ce prix-là, ce ne sont pas des bananes, c’est de la viande de mouton que j’achète ! C’est très cher. Apparemment, Kaïs Saïed n’est pas encore venu contrôler tout ça », grince-t-il.« On ne peut pas gérer l’inflation par décret »Une blague en référence à l’année passée où le prix de la banane avait suscité de telles polémiques que le président Kaïs Saïed avait ordonné au ministère du Commerce de geler son prix. Une initiative qui avait rencontré un certain succès populaire, mais qui n’a pas duré, comme l’explique Louai Chebbi, cofondateur de l’association Alert : « On ne peut pas gérer l’inflation par décret, lance-t-il. Le gouvernement et les autorités publiques essaient de légitimer leur position politique en ayant des résultats économiques et donc la limite de cette vision, c’est de dire : "Il faut combattre la cherté des prix par décret." En limitant le prix de la banane à 5 dinars, on fait complètement disparaître l’offre. Ce qu’on fait, c'est qu’on va stresser l’offre parce qu’on ne va pas permettre aux agriculteurs, aux commerçants, aux petits détaillants, d'y trouver leur compte. »Dans le sud tunisien, Jamel Sayaari confie aller chercher les bananes directement en Libye pour sa consommation personnelle. « Je passe la frontière parce que le kilo est à 2-3 dinars et à Ben Guerdane, ils le revendent entre 5 et 7 dinars. Mais ça reste beaucoup moins cher que les prix pratiqués dans la capitale ! »L’office du commerce tunisien a annoncé vouloir importer 2 000 tonnes de bananes d’Égypte pour le mois de Ramadan, et fixer son prix de vente à 5 dinars comme l’année passée. Mais pour le moment, celles-ci ne sont pas encore arrivées sur les étals.
3/7/20242 minutes, 27 seconds
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En Côte d'Ivoire, la filière hévéa se met aux normes européennes

Les nouvelles normes européennes RDUE, concernant l’importation de certains produits d’Afrique comme le cacao ou le café, s’appliqueront dès le 1er janvier prochain. Objectif : lutter contre la déforestation et améliorer les conditions de productions (meilleure rémunération des producteurs, lutte contre le travail des enfants, etc.). En Côte d’Ivoire, pour répondre à ces exigences, la filière hévéa se met en ordre de bataille. La traçabilité est l’un des grands enjeux de cette réforme. Et pour cela, la géolocalisation des plantations est en cours afin de s’assurer qu’elles n’empiètent pas sur des forêts ou des zones protégées. « Ça consiste à prendre par exemple le GPS et à tourner autour de la plantation pour avoir exactement ces mesures, explique Isabelle Billon, chargée de projet à la Société africaine de plantations d'hévéas. Cette plantation apparaît ensuite sur un logiciel sous forme de polygone. » Un travail de longue haleine et coûteux. Cependant, aujourd’hui, « tous nos planteurs ont été géolocalisés ». Une fois ce travail réalisé dans l’ensemble des plantations, l’enjeu sera de créer une base de données communes et harmonisée sur l’ensemble du territoire.Autres souci pour la traçabilité : s’assurer que du caoutchouc qui n’est pas durable ne soit mélangé avec du caoutchouc qui respecte les normes. Un risque lorsque les intermédiaires se multiplient, concède l’association des professionnels du caoutchouc. Dans ce domaine, la Société africaine de plantations d'hévéas explique avoir fait le choix d’acheter directement au planteur. « Grâce à l'achat direct au planteur, ça nous permet de savoir exactement qui nous livre », assure Isabelle Billon. L’autre stratégie pour l’entreprise est de déterminer un potentiel de livraison par plantation. « On sait par exemple qu’un planteur qui a quatre hectares va nous fournir 4 000 tonnes à l’hectare, précise la chargée de mission. Et si jamais un planteur dépasse ce potentiel de production, c'est une alerte pour nous et on va du coup faire un contrôle pour voir s’il n’y a pas eu fraude à son niveau. »Des normes sources d'opportunitésEt quand il y a doute, la production partira vers des destinations moins regardantes, précise l’association des professionnels du caoutchouc. Car le marché européen ne représente aujourd’hui que 20% des exportations ivoiriennes. Mais si ces nouvelles normes sont contraignantes, l’association veut y voir une opportunité.« Compte tenu du fait que le géo-référencement, donc assorti de la traçabilité, sera pratiquement impossible pour certains gros producteurs de caoutchouc naturel, évidemment ça va offrir à la Côte d'Ivoire une opportunité d'élargissement de sa part de marché en Europe, défend son vice-président Lamine Sanogo. Le deuxième aspect, c'est que le marché européen est plus rémunérateur. Et avec tous les efforts qui sont faits, évidemment, ce caoutchouc aura une certaine valorisation, donc on peut s'attendre à une prime qui vienne nous aider à couvrir tous les efforts qui sont faits. »Lorsque ces nouvelles normes seront appliquées, une prime à la qualité devrait être débloquée, dont les planteurs espèrent bénéficier. L’association des professionnels du caoutchouc assure par ailleurs qu’une partie de sa production correspond déjà aux nouvelles normes européennes.
3/6/20242 minutes, 26 seconds
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En Afrique, la filière ovine a de beaux jours devant elle

Parmi les filières passées à la loupe à l’occasion du Salon de l’agriculture qui s'est tenu la semaine dernière à Paris, celle du mouton. Si la production de viande ovine est en hausse dans le monde, cette tendance recouvre différentes réalités. En baisse en Europe et en Océanie, elle est en plein développement en Afrique : +19% pour le continent. En Côte d’Ivoire, il est parfois difficile de trouver du mouton sur les étals. « On n’arrive pas à couvrir nos besoins en termes de protéines animales en matière de moutons d'ovin, constate le Dr Christian Alla, vétérinaire et coordinateur de projet au ministère des Ressources animales et halieutiques. Donc le ministère a instauré plusieurs projets structurants dans l'optique d'améliorer cette couverture en besoin de viande ovine. »Aujourd’hui, pour couvrir ses besoins, la Côte d’Ivoire importe des moutons du Burkina Faso ou du Mali. « Le premier défi, c'est celui de l’amélioration génétique, poursuit le Dr Christian Alla. Nous avons des races animales qui ne sont pas suffisamment performantes. C'est-à-dire que la production carcasse n'est pas suffisante, il n'y a pas assez de viande. En Côte d'Ivoire, on a les races qu'on appelle les races Djallonké, qui sont adaptées à notre climat. Nous souhaitons donc faire venir des races performantes que nous allons croiser avec nos races locales de sorte à avoir des ovins performants et qui sont résistants au climat que nous avons en Côte d'Ivoire. »Développer la filière et créer de la valeurSi certains continents produisent essentiellement en vue d’exporter, la production africaine tente pour l’instant de répondre aux ambitions de souveraineté alimentaires et aux besoins locaux. « La croissance est en interne par rapport à un besoin de sécurisation d'une alimentation plus saine, plus locale, et en quantité plus importante », analyse Patrick Soury, président de l’organisation Inn’ovin. Ceci en valorisant les spécificités des territoires qui sont particuliers en Afrique, assure le spécialiste, tout en étant « dans une logique de conservation de la biodiversité, de l'environnement, produire sans détruire, mais plus en autosuffisance locale ». Le potentiel de développement y est important, détaille-t-il encore, notamment du fait de l’évolution des habitudes et des besoins alimentaires.Dans cette perspective, des étudiants agronomes togolais en service civique en France viennent chercher des pistes dans la mécanisation, l’amélioration de l’alimentation du bétail, ou encore les soins vétérinaires.Cependant, les jeunes du continent – tout comme les Européens – désertent le milieu agricole. D’où le besoin de rendre le secteur plus attractif, estime Florence Afetor, cette agronome togolaise. « Je dirais qu’il faut beaucoup plus se tourner vers la transformation », avance-t-elle. Aujourd’hui, la filière ne présente que peu « de valeur ajoutée », constate-t-elle, « mais quand vous mettez en place une industrie de transformation et que vous commercialisez la viande déjà abattue, ou bien le lait, ou bien le fromage, ou bien des produits dérivés, je crois que nous pouvons aisément vivre de l'élevage. » Selon les spécialistes, la création de chaînes de valeurs sur le continent peut également stimuler l’élevage d’ovins.
3/5/20242 minutes, 23 seconds
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Le défi du financement de la transition agricole en Afrique [2/2]

Souveraineté alimentaire, juste rémunération, ou encore durabilité des agricultures sont des thématiques au cœur des discussions mondiales et africaines. Si l’essentiel des acteurs est d’accord sur la nécessité de transformer les systèmes agricoles, cette transition aura un coût. Le 13 février s’est tenu à Paris, la grande conférence de la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (FARM). À cette occasion, une réflexion était menée sur comment financer cette transformation. Sur le terrain, le constat est quasi unanime. « Les grandes structures sont impossibles à toucher, regrette Jacqueline Ngbe, médiatrice qui travaille auprès de nombreuses femmes agricultrices en Côte d’Ivoire. Il faudrait mettre en place des structures pour que ces femmes, pour beaucoup analphabètes, pour beaucoup qui ont laissé les bans, puissent avoir accès à ces structures de financement et qu’elles soient accompagnées. »Jacqueline Ngbe prend l'exemple de la coopérative Zoyezlamba, de Teapleu, qu'elle connaît. « Elle est structurée, mais elle n’a pas de compte bancaire, constate-t-elle. Il faut nous rapprocher des banques, il faut mettre des petites structures dans des sous-préfectures très éloignées même si les routes ne sont pas encore très bonnes. Il faut mettre des banques à proximité de ces femmes et les accompagner. »À lire aussiComment enrichir le secteur agricole en AfriqueActivité centrale, mais financièrement peu attractivePlus de la moitié de la population en Afrique subsaharienne travaille dans le secteur agricole selon le FMI. L’agriculture est source de richesses importantes — elle représente en moyenne 15% du PIB des États. Pourtant, le secteur attire peu d’investissements publics. Une activité considérée comme trop risquée qui rebute également les banques traditionnelles. Pour compenser cela, Matthieu Brun, directeur scientifique de Farm évoque différentes pistes de réflexion.« Les banques agricoles ont souvent été transformées ou réduites. Donc, on a besoin de réinvestir là-dessus », introduit-il. Pour lui, un autre moyen de financer cette transformation des agricultures peut aussi passer par l’innovation. « On a un bel exemple aujourd’hui avec l’accélérateur Neisha en Afrique de l’Est, un accélérateur d’entreprise agroécologique », présente Matthieu Brun. Et ensuite, il y a des questions très pratiques, souligne-t-il. « En fait, financer c'est gérer du risque. Avec le risque climatique aujourd'hui, c'est encore plus compliqué de se projeter dans le financement de l'agriculture. Alors, il y a des fonds qui se développent, les fonds à impacts, le Fida etc », poursuit encore le chercheur. Les résultats restent malgré tout encore timides, concède-t-il : « Tout ça doit encore avoir des effets concrets sur le terrain pour vraiment accompagner les agriculteurs. »À lire aussiLe FIDA cherche à mettre les finances mondiales au service des petits agriculteursPenser en écosystèmePar ailleurs, le partenariat public-privé est actuellement mis en avant. Arise, un groupe agro-industriel très présent en Afrique, estime que la transformation passe par le financement et la création d’un écosystème général. « Notre objectif et notre rôle sont de développer une industrialisation durable, en veillant à ne pas résoudre le seul problème de l'agriculture, mais l'ensemble de l'écosystème en garantissant qu’un maximum de la valeur générée revienne en Afrique, affirme Bhavin Vyas est le responsable des questions environnementales, sociales et de gouvernances du groupe. Notre objectif est donc une approche écosystémique dans laquelle nous investissons dans des routes, nous construisons des magasins, des dépôts. Et nous veillons à assurer l’accroissement de la production de produits agricoles transformés localement. »Autres leviers, selon les spécialistes, pour pallier le manque de financements : augmenter l’offre de prêts à taux avantageux, développer des projets de financement mixtes ou encore créer une banque agricole publique de développement.
3/4/20242 minutes, 25 seconds
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Le défi de la transformation des agricultures en Afrique [1/2]

La Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (Farm) a organisé ce mois-ci, une journée consacrée à la transformation des agricultures. Dans un monde touché de plus en plus par le changement climatique, les problèmes environnementaux, le besoin d’aller vers une agriculture plus durable, mais néanmoins productive pour faire face aux défis de la faim se fait de plus en plus pressante. Malgré les préconçus, l’agriculture africaine est, elle aussi, touchée par l’usage de nombreux entrants, à la monoculture et donc à la dégradation des sols. Rachel Bezner Kerr est professeure associée à la Cornell University. Elle a beaucoup travaillé au Malawi. Pour elle, la réponse doit être multifactorielle.Il faut pouvoir « évoluer vers des paysages plus diversifiés, incluant la culture de nombreuses variétés et la réintégration des animaux dans le système agricole s'ils ont été séparés. Mais cela signifie aussi des procédés tels que davantage d’agroforesterie, donc différentes formes de biodiversité sauvage », détaille la chercheuse. « Cela signifie travailler avec les agriculteurs pour assurer la transition, en faisant de la recherche participative afin que le système agricole développé fonctionne pour les agriculteurs et pour les communautés », poursuit-elle, rappelant qu’à la base de tout est de donner la priorité à des principes écologiques. Donc la « réduction des intrants chimiques » ou encore « travailler à la santé des sols ». La question de la rémunération des agriculteurs ne peut également être éludée, souligne Rachel Bezner Kerr. « Il faut aussi tenir compte des principes sociaux et économiques, comme s’assurer que le système est juste et équitable et que les agriculteurs obtiennent un prix juste pour leurs cultures », plaide-t-elle lors de la conférence de Farm.À lire aussiAu Gitex Africa, des start-up pour aider les agriculteurs africainsDonner des impulsions politiquesMais pour parvenir à cela, le béninois Godfrey Nzamujo estime qu’il faut montrer qu’une agriculture raisonnée et vertueuse est possible. C’est pourquoi il a créé le centre Songhaï. « Il faut déconstruire cette mentalité qui ne veut pas bouger. Songhaï, c’est un laboratoire où les gens voient que c’est possible, explique-t-il. Parce que les discours ça ne marche pas, il faut que les gens voient que c’est plus facile, que c’est moins cher et que ça stabilise l’environnement. Comme ça on n’a plus d’excuses. »Un changement de pratiques et de mentalité des agriculteurs que prônent beaucoup. Gifty Narh-Guiella, la directrice du Corade au Burkina Faso est d’accord. Mais tout ne doit pas reposer sur les épaules des petits producteurs, alerte-t-elle.« C’est vrai que c’est l’agriculteur qui est au cœur, mais il faut des mesures incitatives. Ils sont confrontés à beaucoup de contraintes et donc s’il y a des mesures incitatives, c'est à l’État de le faire », argumente-t-elle. Gifty Narh-Guiella donne plusieurs exemples qui pourraient faire avancer les choses : « L’État distribue des intrants chimiques à coup de milliards, une partie peut être convertie en intrants organiques par exemple. L’État fait des achats pour les cantines scolaires, si des exigences sont posées pour avoir des produits qui respectent une certaine norme, ça peut aussi inciter les agriculteurs à produire des produits plus durables pour avoir accès à ces marchés. » Il est clair pour elle que les impulsions peuvent venir de l’État et des services publics.Les spécialistes estiment que le secteur privé doit également prendre sa part en soutenant les agriculteurs, en favorisant l’achat de produits plus durables pour contribuer à la création de filières plus vertueuses.À lire aussiL'agrotech africaine, une opportunité pour l'agriculture du continent
3/3/20242 minutes, 26 seconds
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Congo-B: face à une agriculture rudimentaire, la recherche propose des solutions technologiques

Au Congo-Brazzaville, l’agriculture est citée comme « priorité des priorités » en vue de diversifier une économie dépendante du pétrole. Cependant, elle se pratique, depuis toujours, avec des moyens rudimentaires et les rendements sont maigres. Face à ce constat, l’Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et de l’innovation (Anvri) propose des solutions basées sur les nouvelles technologies à travers le projet Agritech. Avec notre correspondant à Brazzaville, Loïcia MartialÀ l’arrière de la cité scientifique de Brazzaville, les chercheurs ont érigé un jardin pédagogique. Sur les sillons de six mètres, bien espacés, les plants, des légumes essentiellement, sont arrosés à partir d’une application, pour réduire le travail de l’homme, comme le témoigne cet étudiant. « L’objectif du projet est de mettre en relation l’agriculture, la recherche et l’innovation technologique », explique-t-il.Une serre de 693 mètres carrés se dresse sur la parcelle. La culture se concentre sur des espèces légumières. « Nous avons des étudiants qui ont des connaissances théoriques sans base sur la réalité. Ici, c’est comme un centre d’appui didactique où ils vont découvrir les nouvelles technologies. Celles-ci sont arrimées à l’agriculture. Or, on n’avait pas ce cadre, voilà pourquoi nous l’avons créé », explique le Dr Edmond Sylvestre Miabangana, responsable du jardin pédagogique.Le projet Agritech a été initié suite à une analyse du secteur agricole congolais. Patrick Obel Okeli est directeur général de l’Anvri. « Nous sommes partis sur un contexte général ; l’agriculture congolaise est encore de type traditionnel. Donc, l’agriculture est encore paysanne, avec des moyens de production peu performants. Aujourd’hui, au Congo, 70% des actifs agricoles ou les producteurs sont représentés par des femmes. Donc, nous assistons à une féminisation de l’agriculture », affirme-t-il.À lire aussiApiculture au Congo-Brazzaville: une miellerie chinoise pour booster la production Analyser les sols pour mieux les cultiverFace à un tableau peu reluisant et pour améliorer les rendements, l’Anvri propose des pistes. « Il faut utiliser les intrants agricoles, notamment l’engrais, les pesticides et les semences de bonne qualité. L’autre point, c'est la mécanisation ou réduction de la pénibilité. La mécanisation et l’irrigation s’imposent aujourd’hui », pointe Patrick Obel Okeli.Mais le projet Agritech veut aller plus loin. Et mettre à contribution les nouvelles technologies dans cette recherche de productivité. L’Anvri a développé une application — qui n’a pas encore été baptisée — et qui permet par exemple d’analyser précisément le comportement des sols.Une application que maîtrise Nasser Koumba, étudiant en agro-économie à l’École nationale supérieure d’agronomie et de foresterie (Ensaf). « Avec cette application, on peut facilement connaître le PH des sols, les maladies des plantes, mais aussi l’humidité. C’est une application qui nous permet de savoir si on peut arroser les plantes ou pas », explique-t-il.Le Congo dispose de 10 millions de terres arables. À peine 3% sont officiellement exploitées. Mais ses importations de denrées alimentaires sont estimées officiellement à 700 milliards de francs CFA par an.À lire aussiCongo-Brazzaville: l’autosuffisance alimentaire, une équation toujours difficile à résoudre
3/1/20242 minutes, 22 seconds
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Côte d'Ivoire: les Kroumen réinvestissent le secteur touristique

Un temps délaissé en raison des affres de la guerre militaro-politique de la décennie 2000, les Kroumen – autochtones de la région de San Pedro et propriétaires terriens – souhaitent réinvestir le secteur touristique, porteur et en plein développement. À Roc, près de Grand-Béréby, des projets d'écotourisme ont émergé. Près du campement d’Olivier Djiboro, le sable est soigneusement ratissé chaque matin. L'espace aménagé face à l'océan offre un coin de tranquillité apprécié des touristes. C’est en 2016 que les jeunes du village ont commencé à construire les cases en bambou pour accueillir les visiteurs.Protection des tortues« L'idée est venue quand une ONG a décidé de protéger les tortues, déroule-t-il. Les touristes venaient beaucoup dans le village, pour la visite des bébés tortues. Donc quand ils venaient, ils voulaient dormir sur place. Mais il n'y avait pas de toit, il n'y avait pas de logement. C'est ça qui nous a motivés à créer cet espace. »Huit cases ont été construites et équipées sur la plage. Point de salle de bain, mais des toilettes sèches et des seaux d'eau pour se doucher. Une approche écologique défendue par Olivier Djiboro.« Tout ce qu'on voit sur le littoral, ce sont des hôtels, explique-t-il. Donc nous, on s'est dit qu'il fallait faire au moins une différence de ce que les autres avaient. Au départ, on n'avait pas trop de moyens. C'est ça qui nous a amenés à créer des cases en bambou, qui permettent aussi de mieux préserver la nature. »Équilibre communautaireL’idée d’Olivier Djiboro ainsi que le succès grandissant de la destination Grand-Béréby ont donné envie à d’autres villageois de se lancer dans cette activité. Gnépa David déplace d’immenses de feuilles de palmier pour bâtir un espace cuisine. « Ici, on aura un petit bar pour pouvoir les mettre à l'aise, indique-t-il avec fierté. Le coin me plait tellement que vraiment, je me suis donné à fond. Pour que ceux qui vont venir ressentent le même sentiment que j'ai pour la place. »Pour respecter l’équilibre communautaire du village, les revenus issus de ces activités sont partagés. Une part des revenus revient au village, pour dédommager aussi les habitants qui n’exercent pas sur la plage. « Il y a un revenu pour le chef de village, qui met cela dans une caisse commune, pour les petites dépenses, on peut piocher là-dedans ! », expliquent les deux hommes.Ceux-ci n'ont pas reçu d’aides ou de subventions pour développer leur projet, mais les autorités tentent de promouvoir la région. La candidature du village voisin de Mani-Bereby a été présenté auprès de l’Organisation mondial du tourisme, afin de rejoindre la liste des Plus beaux villages touristique du monde.
2/28/20242 minutes, 23 seconds
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Centrafrique: Igwé Motor, un service de motos-taxi plus sécurisé

En RCA, un service moderne de motos-taxi a vu le jour il y a un mois. Baptisée « Igwé Motor » (en langue locale, « allons-y »), cette entreprise met un point d'honneur à mieux respecter les critères de sécurité et les mesures d'hygiène. Pour la première fois, une application « Igwé Motor » permet aussi aux clients de réserver une course en ligne. Avec 500 abonnés, ce nouveau service gagne progressivement le cœur des usagers. Sous le soleil ardent de midi, une dizaine de motos sont stationnées à proximité du croisement des martyrs. Les conducteurs cherchent activement des clients. Gilet jaune et casque noir sur la tête, Joachim, l'un des conducteurs de Igwé Motor, se distingue des autres motos-taxi multicolores et sans plaque d'immatriculation. « Comme vous voyez, Igwé Motor nous a bien dotés en casques, gants, lunettes et gilets, se réjouit-il. Pour des raisons de sécurité, je transporte seulement deux personnes. Je commence le travail à 6 heures et je termine à 19h15. Je couvre tous les neuf arrondissements de la capitale. » Les usagers peuvent également contacter les conducteurs sur l'application Igwé Motor. Une première depuis 2004, l’année où les premières motos-taxi ont commencé à circuler en Centrafrique.« Ils sont efficaces et de surcroit, le coût du transport n'est pas cher, explique Israëlle, une usagère régulière de ce service. Les prix varient entre 1 000 et 2 000 francs CFA selon la course. Avant de monter, comme vous voyez, le chauffeur me passe un désinfectant pour la main. Ensuite, il nettoie le casque avec le gel avant de me le donner. Il y a toute une sécurité qui est là et je me sens rassurée. En plus, ils sont toujours propres contrairement aux taxis-moto ordinaires. »Aujourd'hui, le syndicat des motos-taxi de Bangui estime à plus de 20 000 le nombre de chauffeurs qui travaillent dans la capitale. Mais la majorité ne sont pas en règle. Non seulement la plupart de ces motos-taxi n'ont pas les équipements adéquats, mais il leur arrive aussi de transporter jusqu'à cinq personnes.De nombreux accidents gravesAvec une vingtaine de motos en service dans la capitale, Igwé Motor apporte un nouveau souffle sur ce service, selon Joachim, qui a même reçu une formation spécifique : « On nous a inculqué la valeur de respecter les principes du Code de la route. J'ai reçu des formations sur la sécurité routière, le respect des panneaux de signalisation et les sens interdits. J'ai validé une formation sur le Code de la route avant de commencer. »À Bangui, trois Centrafricains sur dix sont victimes d'amputation, de fractures sévères ou de décès liés aux accidents provoqués par les motos-taxi. En 2023, le service de traumatologie de l'hôpital communautaire a documenté plus de 500 accidents graves et mortels impliquant ces engins.Au-delà de la sécurité routière, l’entrepreneur Anis Zowe Nganyade espère stimuler l’économie centrafricaine avec son projet Igwé Motors. « En Centrafrique, le taux de chômage des jeunes est très élevé, constate-t-il. Il y a des jeunes qui ont des diplômes, mais qui n'ont rien à faire. Mais nous recrutons ces jeunes, nous leur donnons du travail et ils arrivent à joindre les deux bouts. »Chaque moto verse chaque jour la somme fixe de 8 000 francs CFA à Igwé Motor. Cette somme permet de payer les salaires des employés et d'assurer le fonctionnement de l'entreprise, qui leur donne un statut et leur verse des primes.
2/28/20242 minutes, 18 seconds
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À Lubumbashi, les avancées de la fibre optique très attendues

Ce lundi s’ouvre à Barcelone, le grand congrès de la téléphonie mobile (Mobile World Congress). Plus de 50 000 professionnels de l’industrie sont attendus en Espagne pour parler des avancées dans le domaine… Sur le continent, la pénétration du haut débit est encore limitée. En RDC par exemple, seulement 20% de la population est connectée et à un coût élevé. Toutefois, des efforts sont fournis par le gouvernement afin d’attirer de plus en plus d’investisseurs dans le secteur du numérique. C’est le cas à Lubumbashik, où une nouvelle ligne de fibre optique est en train d’être installée. Aux coins de plusieurs avenues de la ville de Lubumbashi, deux tuyaux de couleur bleu et orange sortent des terres. Ils vont bientôt abriter une ligne de fibre optique. L’entreprise privée Telmec Solution est en charge des travaux, Innocent Sema est l’un des superviseurs.  « Présentement, nous travaillons sur le plan de la ceinture de la ville de Lubumbashi, explique-t-il. À certains endroits, on a même déjà posé la fibre optique comme dans la commune de Kenya au centre-ville et certaines antennes sont déjà connectées. »Cependant, les clients vont encore devoir patienter un peu pour pouvoir bénéficier du haut débit, précise-t-on dans l’entreprise. Une fois qu’elle sera mise en service, une équipe en charge de la connexion pourra venir faire le nécessaire. « Le client paye, et on connecte sa maison ou son entreprise. Ensuite, il aura une facture de consommation mensuelle. Il aura un code. C’est une très bonne connexion », précise Daniel Baluza, un autre agent de l’entreprise Telmec Solution.Une très bonne connexion pourrait augmenter le taux de pénétration d’Internet en RDC – selon le ministère du numérique, plus de 82 % des Congolais n’y ont pas accès – et participer au développement des activités économiques. Daniel Kanyinda, directeur de Dani Web-Expert, une start-up du secteur du numérique, espère grâce à cela doubler ses activités. « Cela aura un impact sur nos activités. On peut offrir de bons services dans le domaine de la santé, de l’éducation et même du commerce avec l’application e-commerce », se réjouit-il. L’arrivée en RDC de ce nouveau fournisseur suscite l’espoir chez plusieurs opérateurs économiques pour qui une bonne connexion internet est primordiale au quotidien. Aref Hachicha est le directeur adjoint du centre médical Diamant de Lubumbashi. Ici, tous les services sont informatisés : « Ça nous donne une seule connexion, plus stable, plus fluide, mais ça nécessite toute une infrastructure. Mais c’est bon, il y a des signes qui montrent qu’on essaye d’améliorer », dit-il.À Lubumbashi, en plus de la société commerciale des postes et télécommunication qui propose ce service, deux entreprises se sont également lancées sur le marché. Mais son coût est élevé et la qualité de la connexion n'est pas toujours au rendez-vous. « Pour avoir une bonne connexion internet, il nous faut au moins 700 dollars. Et lorsque nous voulons nous connecter à la fibre optique, le coût d’installation est élevé et la facture mensuelle n’est pas aussi moindre », explique Fiston Mukendi, chargé de l’administration du centre international de formation au développement du capital humain (HCDIC).La connexion des 80% de Congolais qui n’ont pas encore accès à la fibre devrait prendre du temps. Selon le ministère des Postes et télécommunication, il faudrait au moins 50 000 km de fibre optique pour couvrir l’ensemble du pays.
2/25/20242 minutes, 24 seconds
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Mining Indaba: encadrer ou réprimer les activités minières artisanales [5/5]

Selon la Banque mondiale, l'Afrique abrite le plus grand nombre de mineurs artisanaux : d’après une estimation de 2019, ils seraient au moins 10 millions. Et ce sont en tout 60 millions de personnes qui dépendent du secteur minier informel. Impossible pour les pays concernés d’ignorer cette activité, d’autant que les revenus de ces ventes échappent aux États, partagés entre stratégie punitive et approche collaborative En Afrique du Sud, ils seraient au moins 30 000 à tenter leur chance dans les anciens puits de mines désaffectées, pour récupérer des restes de minerais. Les activités des « zama zama » – « ceux qui essaient » en zoulou sont souvent orchestrées par des gangs. Malgré des appels à légaliser leur situation de plus en plus nombreux, le ministre sud-africain des Mines Gwede Mantashe se borne pour l’instant à une réponse punitive.« Les activités minières illégales, c’est la même chose que du vol d'argent, tranche-t-il sans hésiter. Et donc nos policiers, avec le renfort de l’armée, se battent contre ces pratiques. J’entends des discours qui avancent que cette exploitation illégale s’explique par la pauvreté… et ils voudraient que cela devienne notre problème et qu’on leur donne des permis ! Mais la majorité de ces mineurs viennent du Lesotho, du Zimbabwe ou du Mozambique. Il y a peu de Sud-Africains concernés, c’est ça la réalité à laquelle on est confronté. »Manque à gagnerLes pratiques illégales représentent un manque à gagner pour les États et elles alimentent les trafics, notamment dans le Sahel. La Tanzanie – qui n’est pas concernée par les mêmes niveaux de criminalité – a choisi une autre voie, puisque le gouvernement tente désormais de formaliser le secteur. « Notre pays a pu les recenser, leur donner des permis et lancer des marchés à minerais, détaille Steven Kiruswa, le vice-ministre des Mines. Et ainsi, nous sommes parvenus à contrôler le commerce illégal de la vente de ces minerais. Depuis le début de ces démarches, en 2017, on estime qu’on a pu récupérer 3,4 milliards de dollars de revenus pour le gouvernement grâce aux efforts pour formaliser le secteur. »Mais la Zambie peine encore à régulariser tous les acteurs impliqués et à garantir leur sécurité : 22 mineurs artisanaux ont, par exemple, été tués dans un glissement de terrain le mois dernier. Ces activités à petite échelle ont aussi des conséquences environnementales sur le continent.En République démocratique du Congo, la production artisanale de cobalt est aussi marquée par la corruption et le travail des enfants. L’entreprise générale du cobalt (EGC), qui a le monopole sur la vente artisanale, va bientôt lancer un programme pilote pour encadrer la production, selon son directeur, Eric Kalala : « On est entré en discussions avec plusieurs opérateurs, dont la Gécamines, pour obtenir des sites pilotes afin d’expérimenter et de tester, de manière empirique, les normes et les standards convenus, indique-t-il. On vient d’obtenir cinq carrés miniers en amodiation, qui seront orientés sur une phase de test dans le cobalt. »Les experts soulignent qu’afin d’être suivies, les politiques de régularisation ne doivent être ni trop coûteuses ni trop complexes pour les mineurs artisanaux.
2/23/20242 minutes, 27 seconds
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Mining Indaba: les compagnies minières s'adaptent, malgré les coups d'état [4/5]

Malgré une succession de coups d’État en Afrique ces dernières années, c'est « business as usual » pour les compagnies minières : les affaires continuent et les entreprises s'adaptent pour collaborer en bonne intelligence avec les gouvernements de transition. Une flexibilité essentielle pour maintenir l'exploitation des gisements dans lesquels elles ont effectué de lourds investissements. Au Gabon, Eramet avait temporairement interrompu ses opérations suite au coup d’État du 30 août dernier. Mais tout est depuis rentré dans l’ordre et le groupe français entend même augmenter ces prochaines années la production de sa mine de manganèse de Moanda, exploitée en partenariat avec l’État gabonais. « Aujourd’hui, les opérations tournent, et elles tournent bien, se réjouit même Virginie de Chassey, membre du comité exécutif d’Eramet. On travaille avec les autorités, et donc il n’y a pas de raisons objectives, pour l’industriel que nous sommes, qui ne fait pas de politique, de changer la trajectoire. »Des putshs et des réformesLes putschistes ont généralement en tête les revenus que les mines permettent de débloquer. L’une de leurs priorités, à leur arrivée au pouvoir, est souvent de rassurer les acteurs du secteur, comme en Guinée, ou encore au Mali. Mais ces changements apportent aussi leurs lots de réformes. Par exemple, le nouveau Code minier mis en place par Bamako n’affecte pas directement la mine d’or de Fekola déjà en activité, mais a créé quelques accrocs pour B2Gold.Son PDG Clive Johnson affirme être « très à l’aise là-bas », mais une bonne collaboration avec le gouvernement en place. « Les autres permis sur notre ceinture vont dépendre du Code minier de 2023, explique-t-il. Nous prévoyons une production plus faible cette année, en partie parce que nous n’avons pas pu obtenir un permis à temps pour amener de la matière supplémentaire. »Et la discrétion est de mise. L’entreprise française productrice d’uranium Orano entend bien poursuivre ses activités au Niger, mais a refusé de s’exprimer à ce sujet.Sanctions informellesPar ailleurs, les compagnies minières doivent aussi faire face à la dégradation du contexte sécuritaire : trois employés de B2Gold sont récemment décédés au Mali dans l’attaque d’un convoi.Au Soudan, l’entreprise Perseus a acquis une mine d’or en 2022, après le coup d’État, mais avant le début de la guerre. Outre les risques sur le court terme, les difficultés s’accumulent aussi sur la durée selon Martijn Bosboom avocat général pour le groupe australien : « Les sanctions sont bien sûr un risque sur le long-terme. Mais aussi les sanctions "informelles" avec les fournisseurs qui ne veulent pas traiter avec le pays et les banques qui ne veulent pas nous aider à envoyer de l’argent pour payer nos employés. De plus, nous avons rapidement dû faire comprendre que nous étions neutres, que nous ne prenions pas parti, pour aucun camp. »Les partenaires comme les États-Unis continuent de marteler que le rétablissement de la démocratie – qui apporte plus de stabilité et de la transparence selon eux – reste nécessaire.
2/22/20242 minutes, 22 seconds
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Mining Indaba: manque d'investissements pour les mines de demain [3/5]

On ne pourra pas faire sans les minerais du sous-sol africain si le monde veut enclencher la transition énergétique telle qu'elle est actuellement pensée. Mais ces ambitions se heurtent à un paradoxe : les investissements dans les explorations – soit les recherches pour découvrir de nouveaux gisements – ne parviennent pas à décoller suffisamment en Afrique. De notre correspondante en Afrique du Sud,La demande de minerai critique pourrait être multipliée jusqu’à 3,5 fois d'ici à 2030 d’après l’un des scénarios de l’Agence internationale de l’Énergie (AIE). Et pourtant, les investissements en Afrique restent insuffisants pour permettre un rattrapage de l’offre. Car il est difficile de trouver les financements nécessaires pour enclencher de nouvelles opérations d’exploration.10% des dépenses d'exploration pour l'AfriqueAl Cook, à la tête de l’entreprise diamantaire De Beers, décrit la situation avec pédagogie : « Imaginons que je prenne ce billet de 10 rands pour l’investir dans les activités d’exploration d’Errol... Errol me dit : "En retour, je te donnerai 1 000 rands ! Sauf que je ne te donnerai pas ces 1 000 rands avant 20 ans". Et il ajoute même qu’"il n’y a qu’une chance sur 10 pour que je te rende une quelconque somme d'argent". Donc à ce moment-là, je reprends mes 10 rands et les remet dans ma poche ! »Seules 10% des dépenses d’exploration mondiales sont à destination de l’Afrique, selon l’agence Standard&Poor’s, et elles vont en majorité dans le secteur de l’or. Ces investissements seront pourtant décisifs pour développer les mines de demain, puisqu’il faut en général dix à vingt ans avant une mise en exploitation.« Ce qui est intéressant dans la phase d’exploration, c'est qu’on a une petite idée de ce qui se trouve sous le sol, mais ce n’est pas chiffré. Et donc c’est pour ça que la phase d’exploration est toujours plus compliquée, admet Fawzi Abi Saleh, responsable commercial au sud de la RDC pour la RawBank. Ce qu’on constate, c'est qu’elles sont financées par des start-up, des levées de fonds de l’ordre de 50 millions de dollars... C’est des "educated guess". »Perceptions négativesLes perceptions négatives autour des risques en Afrique, au niveau des régulations, des infrastructures, et de la transparence, peuvent aussi rebuter les investisseurs. En Afrique du Sud, par exemple, la question de l’énergie ne représente qu’un problème parmi d’autres, selon Hugo Pienaar du Conseil sud-africain des mines : « Notre système pour demander des permis est très obsolète, donc cela met beaucoup trop de temps pour les obtenir. Il y a bien des investissements, mais ils servent à soutenir des opérations en cours, et non à étendre les capacités. »De son côté, Josh Goldman, président de l’entreprise KoBold Metals, insiste sur la nécessité de rendre accessibles les données déjà connues du sous-sol : « Il faut commencer à partir de ce qui existe, sinon on passe notre temps à aller collecter des données qui l’ont peut-être déjà été par quelqu’un d’autre. Une chose très importante que les pays peuvent faire, c’est d’imposer la divulgation de ces données et de les rendre publiques et gratuites. »La start-up américaine, qui utilise l’intelligence artificielle, a récemment annoncé la découverte d’un important gisement de cuivre en Zambie.À terme, l’intensification des opérations d’exploration, puis d’exploitations, posera aussi des questions environnementales dans les zones concernées.À lire aussiMining Indaba: restreindre l’exportation de matières premières brutes pour transformer localement [2/5]À lire aussiMining Indaba: le projet Simandou, la «montagne de fer» guinéenne [1/5]
2/20/20242 minutes, 28 seconds
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Mining Indaba: restreindre l’exportation de matières premières brutes pour transformer localement [2/5]

Afrique économie se penche en cinq volets sur le secteur des mines sur le continent, après l’évènement Mining Indaba qui s’est déroulé au début du mois au Cap, en Afrique du Sud. Les mines d’Afrique seront cruciales pour la transition énergétique. Mais à quelles conditions pour l’Afrique ? Afin de créer de la valeur sur le continent, la volonté de transformer davantage sur place est martelée, et certains pays vont jusqu’à mettre en place des restrictions à l’exportation de matières premières non transformées. Avec notre envoyée spéciale au Cap, Claire BargelèsL'année dernière, la Namibie a par exemple donné son feu vert pour l’interdiction d’exporter certains minéraux dits « critiques » non transformés, comme le lithium broyé, le cobalt, ou encore les minéraux de terres rares. « Comme la demande est élevée, nous estimons que nous perdons au change : nous devrions récolter le maximum de bénéfices de nos minerais », estime Isabella Chirchir, la commissaire des mines du pays. Elle estime qu’il faut désormais s’assurer d’apporter de la valeur ajouter aux minerais. Mais pour cela, une vision est nécessaire.« Tout dépend de quelle étape on parle. Est-ce qu’on veut à termes se lancer dans la fabrication de batteries ? Bien sûr, dans 20 ans, souligne la commissaire des mines. Mais pour l’instant, on doit comprendre la chaîne de valeur, et dans le cas du lithium, voir s’il est possible de faire du concentré, ou aller jusqu'au carbonate, ou l’hydroxyde. »Des interdictions d’exportation efficaces ?Le Zimbabwe a lui aussi mis en place des interdictions similaires. Mais elles ne touchent pas les contrats déjà existants, et laissent la porte ouverte à des possibilités d’exemption. D’autres pays, comme le Ghana, y pensent aussi. Mais le ministre des terres et des ressources naturelles Samuel Jinapor se montre prudent. « En termes de calendrier, on interdira l’exportation des minerais bruts dans leur ensemble dans un futur assez proche, assure le ministre. Mais on ne veut pas mettre en place de politiques qui opposeraient deux camps. Les investisseurs sont des partenaires, pour arriver une situation gagnant-gagnant : l’État ghanéen gagne, et les investisseurs aussi. »De telles interdictions ont été régulièrement, par le passé, mises en place puis supprimées, et selon un rapport de l’OCDE, elles n’ont pas forcément les effets escomptés pour développer une transformation locale. Attention pour lui, à ne pas mettre la charrue avant les bœufs. « Des expériences ont montré que lorsque des interdictions d’exportations sont mises en place sans la création d’une base industrielle dans le pays, avec des infrastructures, de l’électricité, des compétences nécessaires, la plupart de ces interventions ne sont pas très positives », précise Silas Olan’g, de l’Institut pour la Gouvernance des Ressources Naturelles (NRGI).À l’image de l’Indonésie, les pays prennent aussi le risque que des différends soient amenés devant l’Organisation mondiale du commerce. Mais Jose Fernandez, sous-secrétaire d’État américain pour l’Économie, la Croissance, l’Énergie et l’Environnement, préfère prôner la coopération. « Tout pays doit décider comment il compte attirer les investissements. Il y a des pays avec lesquels on travaille et qui ont ces restrictions : c’est quelque chose que nos entreprises sont prêtes à accepter, pour amener de la valeur à leurs investissements », affirme-t-il. Selon les experts, les pays africains devront surtout créer des chaînes de valeur régionales afin de transformer ensemble ces minerais « critiques ».
2/19/20242 minutes, 26 seconds
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Mining Indaba: le projet Simandou, la «montagne de fer» guinéenne [1/5]

Le projet Simandou est désormais lancé en Guinée, après presque trente ans de rebondissements. Il est estimé à 20 milliards de dollars, pour une production qui devrait atteindre, à terme, 60 millions tonnes par an, soit 5% des échanges internationaux de fer. Et malgré des délais liés aux négociations sur le volet financier, les parties prenantes envisagent toujours que les travaux soient achevés d'ici à la fin de l’année, pour une première production en 2025. Le géant minier anglo-australien Rio Tinto possédait des permis sur le gisement convoité depuis 1997. « Je pense que la première fois que j’ai entendu parler du Simandou... j’avais quatre ans ! » affirme même Karamo Kaba, le gouverneur de la Banque Centrale Guinéenne.Mais selon lui, les choses se sont accélérées depuis 2022 et la prise de pouvoir du général Mamadi Doumbouya. « Nous avions un état qui a été pragmatique. C’est vrai qu’on a eu de longs échanges, on a eu des réunions musclées. Mais nous avons adhéré à cette idée de codéveloppement, gagnant-gagnant » analyse le gouverneur.Une ligne de chemin de fer de 600 kmSimandou, c’est en fait deux mines : l’une développée par Rio Tinto Simfer et le poids lourd chinois de l’aluminium Chinalco - et l’autre par le producteur d’acier chinois Baowu associé au consortium sino-guinéo-singapourien Winning.Mais ce n’est pas tout : il faut aussi construire une ligne de chemin de fer comme le gisement se trouve loin à l’intérieur du pays, ainsi qu’un port. Tony Sun, du groupe Winning est confiant dans l’avancée des travaux. « C’est un long et dur travail… on doit, en autre, construire près de 600 km de chemin de fer. Ce n'est pas terminé, mais les voies de raccordement, sur ces 600 km, ont été complétées, et nous travaillons à pleine vitesse pour faire avancer le projet » développe-t-il.À lire aussi«Mettons de l’ordre chez nous»: des voix s'élèvent pour une meilleure gestion des mines en AfriqueD’après les autorités, un peu moins de la moitié des infrastructures ont déjà été réalisées, pour pouvoir, à terme, exporter ce minerai d’une teneur en fer de près de 65%. Une qualité exceptionnelle qui pousse Rio Tinto à le comparer à du « caviar ». « Le plus gros a été négocié, au stade actuel, il y a encore quelques tuilages à faire, avance Samuel Gahigi, le directeur du groupe minier pour la Guinée. Le plus important, c'est qu’on a eu la ratification des accords de codéveloppement par le Conseil national de transition. Je pense que les prochaines semaines vont être décisives pour la clôture des accords restants. »Deux milliards à partir de 2040Le gouvernement de transition n’est pas en reste et calcule déjà les retombées pour le pays. « Le budget de la Guinée, c'est entre 3,5 à 4 milliards de dollars dans l'année. Et vous avez 2 milliards qui vont arriver directement dans le budget de l’État à partir de 2040. Les dividendes, droits, impôts et taxes vont être importants pour l’économie guinéenne », se réjouit notamment Moussa Cissé, le ministre guinéen de l’Économie.Cependant, la question des conséquences environnementales du projet reste en suspens, alors que la société civile continue de réclamer publication et la mise à jour des études d’impact.À lire aussiRDC: la population de Manomapia sous l'emprise de l'exploitation minière [1/2]
2/18/20242 minutes, 20 seconds
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Sénégal: le port de Ziguinchor toujours à l’arrêt, de lourdes conséquences économiques

Au Sénégal, ce nouveau rebondissement jeudi soir 15 février : le Conseil constitutionnel s’oppose au report de l’élection présidentielle. À Ziguinchor, en Casamance, dans le sud du pays, cette échéance est un espoir pour la reprise des liaisons maritimes entre Dakar et Ziguinchor. La suspension, effective depuis le mois de juin, et les violences qui avaient entouré le procès de l’opposant Ousmane Sonko, pèsent lourdement sur l’économie de la région du Sud. De notre envoyée spéciale à Ziguinchor,Calme plat au port de Ziguinchor. Le site est désert et les engins de manutention sont à l’arrêt. Avant, « il y avait du monde, il y avait du bruit », témoigne Lamine Diedhiou. Assis sous un arbre devant le portail, ce docker attend désespérément le retour des ferrys : « Je viens tous les jours, je suis tellement pressé que ça reprenne [Une pétition avait été lancée, ndlr]. Quand je rentre à la maison, ma femme et mes enfants, me regardent. Mais je n’ai rien. »En juin 2023, la suspension avait été justifiée – officieusement – par des « raisons de sécurité nationale » après des émeutes. Huit mois après, c’est le statu quo. Une situation incompréhensible pour Malamine Mané, président d’une entreprise de manutention qui exerce au port de Ziguinchor. En temps normal, il gère le chargement et le déchargement du riz, du mil, de l’anacarde, de la noix de cajou ou encore de ciment. Un secteur d’activité qui emploie normalement beaucoup de monde. « Au temps de l’anacarde, je recrute 300 personnes, prend-il pour exemple. La Casamance est une partie intégrante du Sénégal. C’est extrêmement difficile et pitoyable », regrette-t-il.Un peu plus loin, au port de pêche de Boudody, Kébé Samb est assise devant son étal de poisson. « Auparavant, je mettais mes poissons et mes crevettes dans des cartons, et je les expédiais par bateau pour les vendre à Dakar, détaille-t-elle. En deux ou trois jours, j'avais mon argent. Maintenant, je dois les mettre dans la glace, pour les vendre congelés, petit à petit, mais il y a des pertes. »« L’impact est énorme, c’est à coup de milliards de FCFA »Actuellement, rien ne sort, rien ne rentre par le port. Certains produits qui arrivaient de Dakar manquent sur les marchés, comme les légumes. L’avion n’est pas une alternative, d’autant que l’aéroport de Ziguinchor est en travaux. Les vols sont transférés à Cap Skirring, à environ 70 kilomètres. Quant à la voie terrestre, elle est plus chère et moins sûre, explique Jean Pascal Ehemba, président de la Chambre de commerce de Ziguinchor : « Ce qui passe par la route, ce sont des petits volumes, ça ne fait pas tout à fait l’affaire. Et puis le chemin est trop long avec des risques d’accident. »L’arrêt des activités portuaires a donc un impact économique important pour la localité. « L’impact est énorme, c’est à coup de milliards de FCFA, estime le président de la Chambre de commerce de Ziguinchor. Et c’est pour cela qu’on essaie de demander une aide de l’État, qu’il continue à faire sa mission régalienne pour pousser l’économie de cette région. »Lors de sa visite à Ziguinchor le mois dernier, le Premier ministre Amadou Ba avait annoncé une reprise prochaine des liaisons. Le commandant du port l’assure, « des travaux de maintenance des bateaux et sur le chenal sont prévus pour un retour du trafic en toute sécurité ». Aucune date précise n’a encore été fixée.À lire aussiDans la Casamance enclavée, une économie fragilisée
2/15/20242 minutes, 24 seconds
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Ouganda: dans la capitale Kampala, des routes de plus en plus dégradées

Depuis plusieurs semaines, les routes cabossées de la capitale ougandaise font l’objet de campagnes sur les réseaux sociaux, mais aussi de débats politiques intenses. Ces routes en piteux état qui feraient perdre 1 million de dollars par jour à l’économie de Kampala, selon l’autorité de la capitale, KCCA.  Dans une vidéo publiée sur le réseau social X, on peut voir des Ougandais pêcher un vrai poisson dans un trou béant de la chaussée. Les actions dénonçant le mauvais état de la route se sont multipliées ces derniers temps, et politiques comme organisations de la société civile se sont emparés du sujet.Julius Mukunda est le directeur de l’organisation, Civil Society Budget Advocacy Group (CSBAG), spécialisé sur les questions de redevabilité économique. Il évoque un problème à plusieurs niveaux : « Premièrement, il y a un manque de savoir-faire et une mauvaise planification. On construit des routes, mais on ne prévoit pas leur entretien, énumère-t-il. Deuxièmement, le prix des réparations est en augmentation, en partie dû à la corruption. Il y a également la question du manque de qualification pour trouver de l’argent. Et même quand les fonds sont disponibles, nous peinons à les décaisser. Il y a aussi des difficultés à collecter les taxes. Moins de recouvrement signifie moins d’argent disponible pour des postes comme le réseau routier. »Un état des lieux peu reluisant pour l'autorité en charge des routes. La Kampala Capital City Authority (KCCA) est au cœur de cette politique. « Nous faisons de notre mieux, même pour réparer les nids-de-poule, ce qui n'est pas recommandé pour une route en fin de vie », s’est récemment défendu David Luyimbazi, le directeur adjoint de KCCA, sur une radio ougandaise. Pour lui, il ne s’agit pas d’un problème de corruption.À lire aussiRDC / Ouganda: des routes pour booster le commerce et ralentir l’insécurité attribuée aux AFDCoût élevé du bitumageIl préfère mettre en cause des problèmes structurels, un réseau routier vieillissant et de grosses contraintes budgétaires. « Il faut regarder les ressources qui nous sont dédiées. Par exemple le plan stratégique initié il y a quatre ans environ. Il requiert un budget d’1,4 trillion chaque année. Cette année, nous avions 550 milliards. Il y a une inadéquation entre les ressources que nous obtenons vis-à-vis des besoins. Cela vous donne une idée de la qualité des services que vous recevez ! », argumente le directeur adjoint de KCCA.Quant au coût plus élevé du bitumage par rapport aux autres pays de la région, comme le Kenya, le directeur avance les contraintes logistiques liées à l’enclavement de l’Ouganda : « Tous les produits pétroliers nécessaires à la construction des routes doivent être acheminés depuis Mombasa, pointe-t-il. Nous utilisons du gravier pour les travaux, mais le gouvernement n’est pas propriétaire de la terre. C’est donc le marché qui détermine le prix des matériaux. La plupart des équipements doivent être importés ! »Plusieurs prêts de bailleurs internationaux dédiés aux routes sont attendus dans les prochains mois et devraient permettre lancer des travaux de réhabilitation de la voirie dans les cinq prochaines années, selon le fonctionnaire. Pour la société civile, la priorité est de mettre en place des normes et standards et de lutter contre la corruption.À lire aussiL'Ouganda développe sa mobilité électrique au-delà des grandes villes
2/14/20242 minutes, 22 seconds
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Le FID, un fond pour soutenir l'innovation sociale en Afrique

Le Fonds d’innovation pour le Développement, lancé en 2020 et hébergé par l’AFD, a vu sa dotation renouvelée et augmentée le 8 février, passant de 15 à 25 millions annuel. Il est présidé par le prix Nobel de l’économie Esther Duflo spécialiste des questions de développement. Les projets soutenus sont choisis pour leurs impacts sociaux reconnus ou probables. Des projets qui sont peu porteurs pour les levées de fonds traditionnelles, notamment sur le continent africain. Dans le domaine des fonds à impact en 2022, seuls 2% étaient destinés à l’Afrique subsaharienne, selon une enquête du Global impact investing network. Une difficulté qu’a bien ressenti l’Ivoirien Hugues Kouadio, qui développe un projet pour lutter contre le saturnisme. « Clairement, c'est un peu comme la question d’un bien public. Ça ne parle pas aux banques, c'est sûr, confirme-t-il. C'est beaucoup plus une question de politique publique au niveau des États, et donc forcément ce sont plus des fonds publics. Clairement, les banques ne vont pas financer ce genre de projet dans l’immédiat. »Le Kényan Tom Osborn travaille sur la santé mentale des jeunes. Son expérience va dans le même sens. « Pour l’instant, dans le domaine de la santé mentale par exemple, nous ne disposons pas toujours de dossiers économiques très solides et viables pour du capital-risque plus traditionnel », détaille l’entrepreneur.Esther Duflo est Prix Nobel de l’économie et présidente du Fonds d’investissement pour le développement. Le but du FID est bien de changer de paradigme : « C'est vraiment un fond qui vise à permettre à des tas d'acteurs nouveaux, que ce soit des ONG, des universités, des gouvernements, des laboratoires, de proposer de l'innovation sociale. Donc ce n’est pas de l'innovation pour faire du profit, c'est ça qui est vraiment très différent. »Faire la différence dans la vie des gensL’objectif final étant d’améliorer la qualité de vie des gens. « Toujours avec cet objectif de créer de la valeur sociale, pas de la valeur marchande, insiste Esther Duflo spécialiste des questions de développement. Mais comme il n’y a pas la rentabilité comme indicateur de réussite, ce qui la remplace, c'est l'impact. » Les décisions de financement du Fonds et ensuite l'évaluation qui suit est fondée de manière « vraiment très organique sur quelle est la différence que cela fait dans la vie des gens ». Une série d’indicateurs et d’évaluations ont été mis en place pour ce faire.  Présent pour signer un nouvel accord de financement, le directeur général du Trésor français reconnaît aimer l’innovation « lorsqu’on est sûr qu’elle va réussir ». Une vision paradoxale que l’économiste spécialiste du développement bat en brèche.« Pour nous, quand un projet particulier ne réussit pas, ce n'est pas en tant que tel un échec », met en avant le prix Nobel. Ce qui compte est d’avoir pu tester une bonne idée a priori. « Ça ne marche pas, tant pis, on passe à la chose suivante. Si ça marche par contre d’avoir cette évaluation rigoureuse que le projet a fait une vraie différence dans la vie des gens, ça permet de le passer à l'échelle », met-elle encore en avant.Soixante-six projets ont déjà reçu des soutiens du FID. Qu’ils soient en phase de test pour permettre de prouver l’efficacité de l’innovation ou en phase de développement et de mise à l’échelle. 90% d’entre eux se trouvent sur le continent africain.
2/13/20242 minutes, 25 seconds
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Le Gabon se lance dans la production de gaz butane

Le Gabon est un pays producteur de pétrole mais qui importe la quasi-totalité du gaz butane consommé dans les ménages. Pour réduire sa dépendance de l’étranger, le Gabon vient d’inaugurer une usine de production de gaz à Batanga dans le sud-ouest du pays, à proximité de Port-Gentil. Un événement salué par les populations, mais aussi par les autorités de la transition. De notre correspondant à Libreville, Le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema a personnellement effectué le déplacement de Batanga pour inaugurer l’usine. Ce chantier avait été lancé sous l’ancien régime, il y a deux ans. « En réponse à un besoin en énergie supplémentaire exprimée par le Gabon, Perenco a lancé le projet de construction de cette usine de GPL, ce qu’on appelle plus communément gaz butane ou gaz domestique, explique Adrien Broche, directeur général de Perenco. Cela représente pour nous un investissement de plus de 50 millions de dollars, soit environ 35 milliards de FCFA. » Selon l’entreprise franco-britannique, l’usine est en capacité de produire 15 000 tonnes par an de gaz butane et va permettre de réduire de plus de 50% les importations de gaz butane. Avant cette usine, le Gabon produisait 10 000 tonnes de gaz butane via la Société gabonaise de raffinage (Sogara). Toute cette production ne comble pas cependant la forte demande nationale. Bonne nouvelle pour les populations, juste après l’inauguration de l’usine, le gouvernement a baissé le prix de la bouteille de gaz de 5 950 à 4 950 FCFA soit une réduction de 1 000 FCFA.Du mieux pour les populations et pour l'environnementAlban Migueli, de l’ONG Mandji Moins cher, estime que ce n’est pas suffisant, l'État peut encore mieux faire : « En comparaison avec d’autres pays, on va parler du Maroc qui a pour la même bouteille à 1 250, la Tunisie à 1 350, pour la Libye le gaz est toujours à 1 500 FCFA. On peut mieux faire pour notre pays en ce qui concerne la réduction du prix du gaz. »Dans le passé, le gaz découvert dans les champs pétroliers était systématiquement brûlé. Nicaise Moulombi, président de l’ONG Croissance saine environnement, estime que la nouvelle usine génère un gain économique et environnemental. « Aujourd’hui, ce gaz n’est plus torché et donc n’émet plus de gaz à effet de serre », explique-t-il. Un usage qui va permettre de réduire l’impact sur le climat, estime-t-il, de « réduire significativement les pollutions ». Et de conclure : « c’est donc une bonne chose pour le Gabon qui se prépare à la transition énergétique. »Plusieurs autres projets gaziers sont en cours. À long terme, le Gabon rêve de mettre fin à l’importation de gaz pour en devenir un exportateur.À lire aussiLe Gabon va augmenter sa production de gaz butane de 20% après 2023
2/12/20242 minutes, 19 seconds
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RDC: les impacts encore limités de la loi sur la sous-traitance

Alors qu’elle devait permettre la création d’une classe moyenne en RDC, la loi sur la sous-traitance du secteur privé a encore du chemin à faire. En trois ans, l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP) estimait que 50 000 entreprises à capitaux congolais devaient pouvoir obtenir des marchés. Mais 1/3 seulement ont finalement réussi à décrocher des contrats. L’ARSP a pris une nouvelle fois l’engagement au début de cette année de revoir ce chiffre à la hausse. De notre correspondante à Lubumbashi,Gaël Mbala est le patron de la société congolaise Mon jardinier, spécialisée dans l’aménagement et la fourniture des biens et services. Malgré la mission de contrôle effectuée l’an dernier par l’autorité de régulation, il estime qu’accéder au marché de la sous-traitance est encore un mythe. « Il s’avère qu’il n’y a pas eu jusque-là d’appels d’offres publiés ni sur le site de l’ARSP, ni sur d’autres sites, assure-t-il. Il faut accompagner cette ambition avec beaucoup d’actions sur le terrain afin que nous, Congolais, puissions en tirer profit. »Golive Camping est une autre entreprise congolaise spécialisée dans le service de restauration. Avec ses cinq employés, elle ne remporte que des petits marchés de moins de 500 dollars. Ce qui ne lui permet pas de s’agrandir. « Si on pouvait décrocher de gros marchés, on aurait ainsi la capacité d’augmenter le nombre d’emplois, insiste Adiel Mikitshi, la directrice. On passerait de 5 à 25 employés. Parce que nous avons des cuisiniers, il y a ceux qui s’occupent du ménage et d’autres servent les clients. »Cependant, les entreprises congolaises ne parviennent pas à décrocher ces contrats de sous-traitance. Le manque à gagner pour l’État est estimé à 8,5 milliards de dollars. Le directeur général de l’Autorité de régulation de ce secteur, Muguel Katemb, estime n’avoir qu’un seul moyen pour relever le défi : « C’est de faire accéder des sociétés à capitaux majoritairement congolais ou des sociétés éligibles au marché de la sous-traitance. Parce qu’une fois que ces sociétés accèdent au marché, elles sont implantées en RDC, elles vont payer des taxes et créer de l’emploi dans le pays et cela va contribuer au développement économique de la RDC. »Des réussites dans le secteur minierMais tout n'est pas sombre dans le secteur de la sous-traitance. Quelques Congolais ont réussi à décrocher des marchés importants, notamment dans le secteur minier. Seulement leurs capacités financières sont souvent limitées, explique Eric Lwamba, économiste et ancien consultant du gouvernement pour la mise en œuvre de la loi sur la sous-traitance.« Comme c’est dans les affaires, on ne peut pas vous donner des marchés importants si on n’est pas sûr que vous pouvez mobiliser des garanties qui permettent à ce que si vous ne parvenez pas à fournir les services, vos risques soient réellement couverts », analyse ce spécialise. Dans cette optique, le gouvernement a mis en place le Fonds de garantie des entrepreneurs congolais (Fogec). « La réalité est que ce Fonds n’est pas vraiment opérationnel au sens où il remplit son rôle pour donner des contreparties à ces entreprises pour que le risque soit atténué », précise-t-il.Malgré ce défi financier, l’ARSP espère tripler le nombre d’entreprises congolaises qui signent des contrats de sous-traitance et ceci notamment dans le secteur minier.À lire aussiRDC: un potentiel minier sous-exploité
2/11/20242 minutes, 16 seconds
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Centrafrique: reprise économique à Mbaïki après la réouverture de la station-service

En Centrafrique, après la crise militaro-politique de 2013, la plupart des stations-service ont été pillées et détruites dans presque toutes les grandes villes du pays. À Mbaïki, à 105 km au sud-ouest de la capitale, la station avait repris du service, mais était de nouveau à l’arrêt depuis 2020 suite à la tentative de coup d'État de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). Après des années d'inactivités dans cette ville, la société TAMOIL RCA qui a racheté en avril dernier les activités de TotalEnergies a rouvert sa station de Mbaïki. Cette reprise permet non seulement de combler les besoins des consommateurs en produits pétroliers, mais aussi de relancer les activités socio-économiques de cette grande préfecture qui reposent sur le carburant. De notre envoyé spécial à Mbaïki,Au marché central de Mbaïki, il est 10h et c’est l’heure de pointe. Dans une allée du marché, difficile d’entendre autre chose que le bruit des moteurs des moulins. Une dizaine de machines transforment manioc, patate douce, taro et igname, en farines.Saturnin Debona est le propriétaire de trois moulins. « À Mbaïki, tout le monde salue la réouverture de cette station-service. Nous avons enfin du carburant de bonne qualité et à bas prix, s’enthousiasme le jeune entrepreneur. J’achète le litre à 1 100 francs CFA et je fais 100 % de bénéfice. Chaque jour, j’utilise 10 litres pour mes activités. Pour un litre consommé, ma farine rapporte 3 500 francs CFA. »Dans sa robe pagne, Geneviève, une commerçante, patiente dans la queue avec deux cuvettes de manioc. « J’ai emprunté un taxi-moto à 250 francs CFA pour apporter mes maniocs ici. C’est très abordable par ce que dans les mois passés, je payais le double », détaille-t-elle.La remise en service de la station a permis de faire revenir le carburant en quantité importante et sur le marché légal. Conséquence : le coût du transport a baissé de moitié dans la ville. Les ateliers de soudure, les petites salles de cinéma, les centres de formations professionnelles, les agences multimédias et les administrations qui fonctionnent avec des groupes électrogènes peuvent désormais se ravitailler plus facilement.Un prix du litre identique à la capitaleDans son atelier de menuiserie du quartier Bombolet, Alain Sindo a le sourire aux lèvres : « Depuis quatre ans, on se ravitaille au Congo ou au Cameroun, deux pays proches de Mbaïki. Nous utilisons des groupes électrogènes parce qu’il n’y a pas d’autre source d’énergie. Le litre coûtait 1 500 francs CFA partout dans la ville et il était rare. Maintenant que le carburant est abondant, nous travaillons sans cesse, nous avons beaucoup de commandes. »La station-service se trouve dans le centre-ville, un endroit accessible et sécurisé. La reprise des activités a attiré de nombreux clients. Deux camions-citernes en provenance de Bangui sont déjà venus réapprovisionner le point de vente.« Actuellement, nous avons 13 000 litres de gasoil et 13 000 litres de super. On ouvre ici à 5h et on ferme à 17h, précise Narcisse Lezin, un pompiste. Il y a des gens qui viennent des villages environnants à l’exemple de Bangandou, Mongoumba, Moukoko et autres pour se ravitailler. » Ici, on achète le carburant au même prix que dans la capitale. Le litre de super est à 1100 francs CFA et le litre de Gasoil à 1350 francs CFA.La réouverture de la station-service est une bouffée d’air pour la localité. Cependant, les autorités sensibilisent les habitants de Mbaïki sur les potentiels actes de vandalisme qui pourraient nuire à ce nouvel élan économique.
2/8/20242 minutes, 24 seconds
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Sénégal: à Saint-Louis, les retombées de l'exploitation gazière se font toujours attendre

À Saint-Louis, la nouvelle plateforme gazière est désormais visible de tous au large des côtes. Mais l’exploitation ne cesse de prendre du retard ; initialement programmée pour 2023, celle-ci est maintenant annoncée pour le troisième trimestre de cette année. Sur place, les Saint-Louisiens sont inquiets et les retombées tant promises tardent à venir. De notre correspondante à Dakar,Dans le quartier Guet Ndar des pêcheurs de Saint-Louis, de plus en plus de pirogues rentrent bredouille de la pêche.Assis sur un petit tabouret, le leader syndical Moustapha Diagne dénonce la surpêche et le changement climatique. Mais aussi l’installation de la plateforme gazière à une dizaine de kilomètres au large des côtes. « BP est venu implanter sa plateforme là où il y a le récif qui a le plus de poissons », lance-t-il d’emblée. « Et ce récif qui fait vivre la ville est maintenant interdit à la pêche. On ne peut pas tuer la pêche pour le gaz ! »La pêche qui est la principale activité à Saint-Louis a donc pris un coup. Mais grâce au gaz, le gouvernement a promis des retombées économiques sur la région et sur la ville, qui se transforme progressivement. « Notre aéroport est devenu international. On a vu aussi l’installation d’une agence CBAO, que le président de la République est venu inaugurer tout récemment », avance Sidy Ba de l’Apix, l’agence de promotion des investissements. « Donc, je pense que tout ça, ça commence à animer le département et la ville de Saint-Louis. »Pourtant, l’Apix attend toujours des investisseurs privés qui voudraient travailler avec le projet gazier. « Ils n’ont pas encore commencé à venir ici pour dire qu’ils veulent lancer des activités en rapport avec ça », admet ainsi Sidy Ba.Qualifications inadéquatesLa société civile suit de près l’arrivée du gaz. Un observatoire territorial du secteur extractif a été créé avec 30 organisations et des activités de sensibilisation sont organisées auprès de la population. Mais Mohamed Lamine Tall, coordonnateur du Forum civil à Saint-Louis, estime que la ville n’est pas encore préparée pour ce tournant important.« Le plaidoyer demande à ce que l’État appuie mieux le secteur privé », insiste-t-il. « Je prends juste un exemple : nous n’avons pas d’hôtel avec des capacités d’accueil suffisantes à Saint-Louis. Donc, parfois les gens qui font des activités ici sont obligés de loger à Dakar. » Autre souci majeur : les entreprises et les travailleurs Saint-Louisiens qui ne sont pas encore formés aux normes des sociétés exploitantes, BP et Cosmos. « Par exemple, lorsqu’on a besoin de plongeurs en haute mer, eh bien ces compétences-là, on ne les a pas ici », soupire Mohamed Lamine Tall. « Il y a des pêcheurs ici qui peuvent le faire, mais qui n’ont pas de certifications », regrette-t-il.Les contrats sont donc rares : quelques producteurs de riz ont bénéficié de commandes de BP qui doit distribuer des aliments dans le cadre de sa RSE, responsabilité sociale d’entreprise. Du côté des pêcheurs, des discussions ont été entamées avec les exploitants pour construire des récifs artificiels et faire revenir les poissons perdus.
2/7/20242 minutes, 17 seconds
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En Côte d'Ivoire, l'apiculture comme alternative au glyphosate [2/2]

Alors que l'Europe peine à se séparer du glyphosate - le composant chimique qui a fait la fortune de la firme Monsanto - un agriculteur ivoirien a trouvé la solution pour que les cacaoculteurs cessent d'utiliser ce désherbant dont les effets pourraient être nocif pour la santé. En échange d'un désherbage complet - et naturel - des parcelles de cacao, il permet à de jeunes apiculteurs de s'installer gratuitement sur ses terres, dans un pays où l'accès au foncier est difficile. De notre correspondant à Abidjan,Il faut traverser un champ d’hévéa avant d’atteindre la cacaoyère de Yeo Yaya, située non loin du village de Youasso, près de la ville balnéaire de Grand-Bereby. Ce cultivateur possède trois hectares et demi de terre. Jusqu’en 2020, il utilisait du glyphosate pour désherber ses champs, faute de main d’œuvre disponible.Effets secondairesMais à force d’asperger ses parcelles avec ce produit chimique, il a commencé à s’interroger sur les effets de ce produit sur sa santé. « Souvent, quand tu finis de traiter, tu vois que ton corps commence à te brûler. Donc, si je continue, est-ce que ça ne va pas me tuer demain à petit feu ? », s’interroge l’agriculteur.Il constate aussi que sa terre s’appauvrit sous l’effet de l’herbicide. « Il y a des insectes sur le sol et ça les élimine. Par exemple les serpents, les escargots, le mille-pattes, les vers… Si ça arrive à tuer les insectes qui doivent nous aider à fertiliser le sol, alors la terre finira par ne plus être fertile, s’inquiète Yeo Yaya. Quand on traite, le sol devient dur. Tellement dur qu’on ne peut rien faire dessus. »C’est alors qu’il rencontre Cédric Konan, également cultivateur et membre de l’Union Interrégionale des sociétés coopératives. Après avoir échangé avec des chercheurs de l’INPHB, l’ancien entrepreneur prône une cacaoculture sans glyphosate, basé sur des répulsifs naturels, comme le jus de cacao fermenté ou certaines plantes qui éloignent les insectes ravageurs.Désherbage manuelRestait le problème de la main d’œuvre. Pour y remédier, il conseille aux cultivateurs de la région de laisser s’installer librement de jeunes apiculteurs sur leur terrain, en échange d’une aide au défrichage.« En mettant des ruches sur ces parcelles, on résout deux problèmes majeurs, souligne Cédric Konan. On réussit à faire la promotion de la biodiversité et ça permet aux apiculteurs de vivre, en vendant les produits issus de ces ruches-là. Ils ont eux-mêmes leurs ruches. Et en nettoyant autour de leur ruche qui sont dans les cacaoyers, eh bien, en même temps, ils nettoient les cacaoyers. »Un désherbage manuel qui devrait permettre de « régler le problème du glyphosate » selon lui. Axel Kassarate, 25 ans, est apiculteur depuis quatre ans. Il se dit heureux de participer à ce projet, mais le métier d’apiculteur reste peu pourvoyeur de revenus. « Ce n'est pas aussi facile que ça, on essaie aussi de trouver de bons marchés et des moyens de nous agrandir », soupire-t-il.À l’avenir, Cédric Konan a pour projet de développer des unités de biofertilisant à plus grande échelle, notamment à base de coquilles d'escargot.
2/6/20242 minutes, 25 seconds
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Apiculture au Congo-Brazzaville: une miellerie chinoise pour booster la production [1/2]

Grâce à un partenariat avec la Chine, la principale coopérative apicole du Congo-Brazzaville, dénommée « ya Diyi », a pu bénéficier d’une miellerie moderne, permettant de produire jusqu’à 13 tonnes de miel par mois. Une façon d'encourager la diversification des activités économiques. Même si un prélèvement plus intensif du miel pose des questions sur le plan environnemental. De notre correspondant à Brazzaville,La miellerie financée par la Chine est disposée en pièces détachées dans la cour de la mairie du quatrième arrondissement de Pointe-Noire. Raymond Massouema, le permanent de la coopérative Ya Diyi, inspecte la machine qui permettra bientôt d'accroître considérablement la production – qui va passer de 2 tonnes par an à 13 tonnes par mois. « Avec cette unité, les choses vont certainement changer, parce que nous aurons la possibilité d’aller vers d’autres apiculteurs qui travaillent en vase clos, de récolter leur miel et de l’acheter. Ce don va booster nos efforts. Il nous manquait beaucoup », analyse M. Massouema. « Ya Diyi » dispose de plus 2 000 ruches piégées à travers le Congo. Désormais, la coopérative ambitionne non seulement de devenir exportatrice de miel sur le continent africain, elle pourrait contribuer à la diversification de l’économie nationale. « C’est ce qu’on appelle le développement durable, assure Justin Goma Gabou, le promoteur de la coopérative. Tant qu’il y aura des arbres et des fleurs, il y aura toujours du miel. Par contre, le jour où le prix du pétrole baisse, c’est la catastrophe qui arrive. On n’a plus rien, on ne sait plus où aller pour trouver de l’argent afin de réaliser le budget. »Diversification économique Un avis totalement partagé par Apollinaire Molébé, maire sortant du quatrième arrondissement de Pointe-Noire : « C’est tout à fait normal. Moi, je crois qu’on ne peut pas se focaliser seulement sur le pétrole. Il nous faut évidemment d’autres activités économiques, afin de booster le PIB national », déclare-t-il.Un argument également avancé par l’ambassadrice de Chine au Congo, alors que son pays a décidé de débloquer des financements pour l’apiculture, un secteur jugé prometteur. « Aujourd’hui, l’apiculture est devenue une composante importante dans la diversification économique du Congo », a soutenu la diplomate chinoise dans son discours de remise de la miellerie. Mais Maixent Animba Emeka, du Forum pour la gouvernance et les droits de l’homme (FGDH), voit dans cette accélération de la production une potentielle menace pour les revenus des minorités. « Le miel est l’une des premières sources de protéines pour les peuples autochtones et l’une des sources économiques pour eux. Mais, ils l’exploitent de façon rationnelle, par quantités raisonnables et soutenables. Mais, lorsque vous venez faire des systèmes de récolte industrielle, vous pouvez créer la rareté dans la forêt : et donc toucher les moyens de subsistance des peuples autochtones et renforcer leur pauvreté », prévient-il.Pour lui, l'industrialisation du secteur doit être rationnalisée, afin de ne pas menacer les réserves naturelles de miel.À lire aussiCongo-B: la principale coopérative d’apiculture reçoit une miellerie moderne de la Chine
2/5/20242 minutes, 21 seconds
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Tunisie: Bako, la petite voiture solaire hybride qui voit grand

Tout juste sur les routes qu’elle fait déjà beaucoup jaser. En Tunisie, la société Bako commence à commercialiser un utilitaire et une voiture à énergie solaire. Avec leur design moderne et leur prix attractif qui débute à moins de 4000 euros, ces véhicules solaires et électriques retiennent l’attention des automobilistes tunisiens dont le pouvoir d’achat est de plus en plus grevé par l’inflation. De notre correspondante à Tunis,À l'aide d'une communication énergique sur les réseaux sociaux, le fabricant Bako Motors a commencé à se rapidement faire un nom en Tunisie. Depuis le département qualité, de larges baies vitrées s’ouvrent sur la ligne d’assemblage de Bako. Des ouvriers s’affairent pour réaliser l’opération du « mariage » – c’est-à-dire l’intégration de la carrosserie avec le châssis.Un véhicule sort chaque jour de cette usine de la banlieue de Tunis. Des tricycles essentiellement à usage commercial ou rural, mais aussi, depuis peu, une voiture. « Tous les véhicules que vous voyez là sont vendus, indique Boubaker Siala, le PDG de Bako Motors. La stratégie de Bako Motors, c’est d’avoir les avances et après trois mois, on livre. C’est pour travailler à flux tendu. On ne stocke pas. »Hybride solaire et électriqueLe chef d’entreprise est un ancien du secteur automobile en Allemagne. Lui qui a aussi travaillé dans le solaire en Tunisie a décidé de faire fusionner ses deux vies antérieures. « C’est un rêve qui a commencé il y a deux ans, avec des slides de power point, avec des papiers, avec des idées, avec deux personnes et maintenant avec 47 personnes ! », se réjouit-il.Avec des modèles accessibles à partir de 3 500 euros, le véhicule a de quoi séduire les Tunisiens alors que leur pays traverse une crise économique sévère. Et c’est Ahmed Oueslati, le directeur commercial qui propose un tour en Bako. La voiture solaire démarre malgré la météo pluvieuse. « Le solaire, il charge la batterie. Et le moteur consomme directement depuis la batterie », décrit Ahmed Oueslati. Et une fois lancée, la petite automobile hybride peut monter jusqu’à 45 km/h.Après avoir levé 1,7 million d’euros, Bako Motors affiche de grandes ambitions : après Tunis, l’entreprise a prévu d’ouvrir des usines en Arabie saoudite, Égypte et Nigeria.À lire aussiUne voiture solaire iranienne construite par des étudiants
2/4/20242 minutes, 19 seconds
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La stratégie africaine de l’Italie

Un sommet Italie-Afrique avait lieu en début de semaine, à Rome. Une vingtaine de chefs d’État et de gouvernements africains ont fait le déplacement pour entendre le plan de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni pour encourager le développement du continent. Avec son « Plan Mattei », l’Italie veut investir dans plusieurs secteurs de l’économie pour créer des emplois et freiner l’émigration irrégulière. En insistant particulièrement sur la production énergétique, dont pourrait aussi bénéficier l’Europe. Sur le plan diplomatique, le sommet Italie-Afrique a été un succès même si les promesses doivent maintenant se concrétiser. Les acteurs économiques africains et italiens ont pu se rencontrer en marge du programme officiel.Une opportunité à saisir, selon Jacqueline Lydia Mikolo, la ministre des PME en République du Congo – présente dans la délégation du président Denis Sassou-Nguesso. « Sur le plan économique, plusieurs sociétés italiennes sont implantées au Congo. Dans le domaine de l’alimentaire, dans l’environnement, dans la transformation des matières premières, c’est une relation économique qui existe. À travers les priorités que s’est fixées le Congo, dans le cadre de son plan national de développement, nous avons décidé de renforcer le partenariat économique avec l’Italie dans ces domaines. Et nous sommes venus avec des entrepreneurs et des artisans. »Mais l’Italie, qui se voit comme « un pont » entre l’Europe et l’Afrique, met surtout l’accent sur l’énergie. Avec un objectif : que la production africaine augmente pour qu’une partie de ses ressources puisse être exportée vers l’Europe. Giorgia Meloni a promis que les énergies renouvelables ne seraient pas laissées de côté, mais selon le spécialiste italien Francesco Sassi, il sera difficile de diversifier la production énergétique en Afrique, tant que l’Europe n’aura pas elle-même opéré sa transition : « L’Italie dépend tellement du gaz algérien, qu’en ce moment les compagnies italiennes investissent de plus en plus en Afrique, dans des pays comme le Mozambique ou la République démocratique du Congo, à la recherche de nouvelles sources d’énergie gazière, pour réussir à sortir de la dépendance au gaz russe. »« Le plan Mattei » tire son nom de celui d’Enrico Mattei, le fondateur de la major italienne ENI, très impliquée en Afrique. Des intérêts sur lesquels Giorgia Meloni a préféré rester discrète durant ce sommet, remarque la chercheuse Sofia Scialoja : « Dans l’énonciation de ses différents projets, elle n’a jamais parlé des vrais actifs économiques italiens en Afrique que sont l’ENI Ente Nazionale Idrocarburi, (la société nationale italienne des hydrocarbures) et aussi d’autres géants privés. »À l’issue de ce sommet, l’Italie a annoncé une enveloppe de 5,5 milliards d’euros pour financer une série de projets pilotes en Afrique et donner le coup d’envoi du Plan Mattei.
2/1/20242 minutes, 22 seconds
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Madagascar: la production de foie gras se professionnalise progressivement

À Madagascar, le foie gras n’est pas réservé qu’aux tablées des fêtes de fin d’années. S’il demeure un mets d’exception, ses amateurs le consomment de plus en plus toute l’année. À Behenjy, à une quarantaine de kilomètres au sud d’Antananarivo, c’est toute une commune qui vit de sa production. Mais récemment, les méthodes de travail se sont professionnalisées dans la « capitale du foie gras ».  De notre correspondante à Antananarivo,En sillonnant le chemin qui mène à l’une de ses fermes partenaires, Miora, gérante du « Coin du Foie Gras », refait le film de ses 20 ans de carrière. « Au fur et à mesure que les années passent, on apprend beaucoup de choses. Il y a différents paramètres qu’on ne connaissait pas avant », sourit-elle.Sa carrière a pris un nouveau tournant en 2020. En pleine pandémie de Covid, les portes de son restaurant ferment, et la production s’arrête brutalement. L’occasion de découvrir, un peu par hasard, un secret de fabrication : « À Madagascar, il y’a plusieurs variétés de maïs, détaille la gérante. C’est surtout après le confinement qu’on a vu qu’il y a un maïs, plutôt jaune ivoire, c’est le meilleur maïs à donner aux canards pour avoir le meilleur foie gras, soit en texture, soit en couleurs, soit en goût. On ne gave plus les canards avec du maïs jaune par exemple, on ne les gave pas avec n’importe quel maïs. »Gavage plus efficaceEntre-temps, les 200 éleveurs partenaires du restaurant se sont, eux aussi, professionnalisés. Comme chaque jour à l’aube, Michel, d’un geste maîtrisé, gave une trentaine de canards mulards, une race connue pour être quasi muette.« Ici, on n’a pas de machine !, s’exclame-t-il. On utilise un entonnoir en plastique pour verser le maïs dans le cou du canard. Avant, je gavais les canards à la main, mais ça prenait trop de temps : jusqu’à 2 heures pour 30 canards. Maintenant, avec cette technique, c’est plus rapide, et ça évite de stresser l’animal. »Avec ces nouvelles méthodes, Behenjy peut désormais produire du foie gras toute l’année. Une activité devenue plus rentable encore dans cette région, où elle est pratiquée dans la plupart des familles. « Mes revenus ont augmenté, se réjouit-il. Par exemple, il faut un an pour tirer les premiers bénéfices de l’élevage de porc, alors qu’avec le canard, c’est un cycle très rapide : on reçoit l'argent au bout de seulement 21 jours ! » Poids idéalÀ trois kilomètres de là, en cuisine, on fait dorer les magrets, poêler les foies gras. Là encore, pas de place au hasard, explique Miora : tout est question de poids idéal.« Avant, les gaveurs, ils étaient très contents d’avoir un canard qui donne du foie gras 800 grammes, alors que maintenant, on a vu que 800 grammes de foie gras, une fois qu’on les transforme, ça ne donne que du gras, souligne-t-elle. Donc, on a formé nos paysans à gaver les canards juste entre 400 et 500 grammes de foie gras, comme ça on obtient le gras, mais aussi le foie avec. »Le savoir-faire a évolué ces dernières années et les produits finis ont gagné en qualité. Mais consommer du foie gras reste un luxe à Madagascar, où le met est vendu 80 000 ariarys le kilo en moyenne… soit plus d’un tiers du salaire minimum.
1/31/20242 minutes, 22 seconds
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Les coupures d'internet et de réseaux sociaux coûteux pour l'économie africaine

Le site spécialisé TOP10VPN a réalisé une compilation des données évaluant les temps de coupures des réseaux sociaux et de la connexion internet dans le monde ainsi que l’évaluation de leur coût… Selon ces recherches, l’Afrique arrive en seconde position derrière l’Europe — largement dû à la Russie – avec en tout, plus de 30 000 heures de coupures cumulées affectant 85 millions de personnes selon leur compilation, pour un coût total estimé à 1,74 milliard de dollars. Un enjeu majeur pour l’économie du continent. Conflits, élections, manifestations, triches aux examens… Les raisons avancées des coupures sont multiples, mais les conséquences pour les économies bien réelles, souligne le chercheur de TOPVPN, Samuel Woodhams.« Les restrictions d’accès à internet peuvent affecter tous les pans d’une économie. Depuis les grandes multinationales qui utilisent les réseaux sociaux pour promouvoir leurs produits, jusqu’aux petites entreprises locales, précise-t-il. Et il y a également des impacts à plus long terme sur le développement d'une économie numérique locale et les investissements étrangers dans les services numériques dans un pays donné. »Le premier pays africain concerné est l’Éthiopie, selon cette étude. Plus de cinq mois de restriction aux réseaux sociaux et des régions du nord coupée d’internet ont été répertoriées. Le coût estimé est de plus de 1,5 milliard dollars.Des entreprises internationales réticentes« S’il n’y a pas d’internet, il n’y a pas de travail. Les entreprises ont déjà des difficultés à obtenir des contrats, car être en Afrique constitue déjà en soi un très grand défi », constate Wondwesen Zewdie, le président de l’association des professionnels des services digitaux externalisés.Si les entreprises du continent doivent faire des efforts de développement commercial, il souligne néanmoins les limites de ce travail si les coupures sont courantes. « Quand les entreprises disent à des investisseurs qu’il peut y avoir dans des coupures tous les jours, sans que l'opérateur sache les prédire, c'est un véritable signal d'alarme », note-t-il.Les conséquences sont importantes pour les entreprises, mais également pour les particuliers. Les coupures de réseaux sociaux et plus largement d’internet rendent par exemple les transferts et retraits d’argent compliqués. M’Bany Sidibé est le président de l’Union pour la défense des consommateurs de Guinée. Il nous appelle grâce à un VPN, mais la connexion est difficile et le coût pour l’utilisateur élevé.Un quotidien rendu compliqué« Il faut savoir qu’il y a beaucoup de formulaires d’ouverture de comptes, de retraits, qui passent aujourd’hui par des outils tels que WhatsApp, Messenger ou d’autres applications des réseaux sociaux, décrit M’Bany Sidibé. Et c’est après confirmation que l’on peut ensuite passer soit par les opérateurs de téléphonie mobile, c'est-à-dire à travers les comptes Orange Money ou Mobile Money pour retirer l’argent sur ton compte. »Mais lorsqu’il n’est pas possible d’accéder à ces formulaires, les démarches deviennent alors plus compliquées, l’argent n’est pas directement disponible. « Vous êtes alors obligé de venir faire de longues files d’attente et cela fait traîner l’activité économique », regrette le président de l’Union pour la défense des consommateurs.Le coût économique est également porté par les États qui voient leurs administrations ralenties et les services publics comme les hôpitaux affectés.
1/30/20242 minutes, 18 seconds
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Côte d'Ivoire: moins de travail et plus de précarité pour les dockers de San Pedro

En Côte d’Ivoire, sous l’effet d’une conjoncture défavorable, les représentants des dockers de San Pedro affirment que le travail manque au port pour les 1 062 dockers, dont près de 90 % sont journaliers. La mauvaise récolte de cacao conjuguée à la hausse de sa transformation localement prive les « sachetiers » de travail et aggravent les difficultés quotidiennes. De notre envoyé spécial à San Pedro,Les dockers affectés à la « sacherie », le transport des sacs de fèves de cacao dans le jargon, s’octroient quelques minutes de pause à la sortie de l’entrepôt autour d’un point d’eau. Ils travaillent dans une chaleur étouffante, portant à bout de bras des sacs de 50 kilos pour les empiler dans un container.En sueur, ils sont trempés de la tête au pied. En plus de la pénibilité du travail, il faut désormais compter avec les jours chômés non volontaires. « On ne travaille pas assez. On vient ici, on gagne un temps, témoigne ce docker. Les jours où il n’y a rien, ils disent qu’il faut rentrer à la maison. Alors, tu ne sais pas où aller, il n’y a pas assez de travail. »Des heures d’attente, pas de travail garantiUn peu plus loin, de nombreux dockers patientent au quartier général. Chaque matin, ces travailleurs du port doivent attendre d’entendre leur nom, pour savoir s’ils pourront embaucher. « Le matin, c’est ici. Les dockers se regroupent et on fait la désignation ici, nous explique un travailleur du port. Toutes ces personnes sont en attente de travail. À 17h30, il va y avoir un classement du soir. On affecte encore d’autres vagues qui vont commencer à 19h00 jusqu’à 7h00. »Julien et Ibo, dockers depuis plus de 25 ans, patientent en jouant aux dames sous un arbre. « Avant, on travaillait facilement, cette année la traite a baissé, décrit le premier. Pour avoir du travail, c'est difficile. La cherté du pays est difficile aussi. » Même se loger est devenu compliqué, rajoute le second : « Quand tu dis que tu es docker en ville et que tu veux une maison, on te refuse parce qu’on sait que c’est un travail temporaire. » Et le premier de conclure : « Le problème, c’est que depuis que les transformations ont commencé, il n’y a plus de “sacherie”, on devait s’attendre à ça. »Garantir des postes permanentsSi les chiffres ne sont pas encore connus avec exactitude, la Côte d’Ivoire pourrait voir sa production de cacao chuter de 30 à 40 % pour la grande campagne 2023/2024. Moins de fèves signifie moins de travail pour les dockers. À cela s’ajoute la hausse de la transformation locale : le nombre de sacs de fèves brutes à charger dans les containers a considérablement diminué. Pour pallier le problème de l’insécurité de l’emploi pour les dockers, Koffi Louis, secrétaire général du syndicat majoritaire, le SynDUSSP, demande à ce que le décret présidentiel du 30 janvier 2019 soit appliqué. « Nous souhaitons que la quasi-totalité des dockers soient des permanents, revendique le syndicaliste. Ce qui leur donnerait droit à un salaire, même quand nous sommes en baisse d’activité. Et donc nous nous souhaitons que le décret s’applique intégralement, et surtout que l’informatisation du hall parte jusqu’à son terme, pour voir l’ensemble des dockers avoir un poste garanti. » Le décret prévoit en théorie qu’un docker ayant exercé consécutivement cinq années au port soit automatiquement considéré comme employé permanent. Aujourd’hui, en raison de la précarité de l’emploi, la grande majorité des dockers ne touche pas le salaire minimum garanti.
1/29/20242 minutes, 24 seconds
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À Nairobi, la start-up BasiGo lève 5 millions de dollars pour ses bus électriques

La mobilité électrique est en plein essor à Nairobi. De la mototaxi aux bus, de plus en plus d’entreprises se lancent dans le secteur et partent à l’assaut de la capitale kényane. Parmi elles, BasiGo. La start-up a mis en circulation ses premiers bus électriques en 2022. Aujourd’hui, 19 roulent dans les rues de Nairobi. De notre correspondante à Nairobi,C’est sans bruit de moteur que le bus électrique démarre dans le centre-ville de Nairobi. Un peu de musique pour divertir les passagers. Les interrogés sont unanimes. « C’est la première fois que je prends un bus électrique, je suis avec ma femme, témoigne cet usager. Jusqu’ici tout va bien, le trajet est fluide, il n’y a pas de bruit. Je trouve ça bien d’avoir ces bus, ça n’émet pas d’émissions polluantes. »« C’est mon troisième trajet en électrique. J’aime bien ces bus, ils sont confortables et rapides. Mais parfois sur certains trajets, c'est difficile de les avoir, ils ne sont pas partout. J’aimerais bien qu’ils passent dans mon quartier par exemple ! », explique cette autre passagère.Selon leur taille, les bus peuvent faire entre 250 et 300 kilomètres par jour avec une charge complète. Il y a quatre stations de recharge à Nairobi. La start-up met en avant le bilan carbone. « Un bus qui roule au diesel peut relâcher jusqu’à 50 tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère par an. En le remplaçant par un bus électrique, on évite ces émissions, précise Samuel Kamunya le responsable du développement commercial pour BasiGo. Et puis, le bus n’a pas de moteur et utilise une énergie verte qui coûte moins cher. Ne pas avoir de moteur a d’ailleurs un double avantage, éviter la pollution dans l’air et réduire la pollution sonore. »Répartir le coût des busL’électrique fait particulièrement du sens au Kenya où 87% de l’électricité provient du renouvelable. Mais le coût élevé des véhicules est souvent un frein à l’achat. BasiGo l’a pris en compte. C’est ce qu’explique Samuel Kamunya : « Nous faisons en sorte que le prix initial du bus soit similaire à celui d’un bus qui fonctionne au pétrole. Puis, s’ensuit un abonnement avec un "payement suivant la conduite". »C’est-à-dire que, pour chaque kilomètre effectué, le propriétaire du bus verse un certain montant. « C’est ce montant qui permet de ne pas demander un prix plus élevé dès le départ, mais de le répartir sur une longue période », précise-t-il encore. Ce « paiement suivant la conduite » garantit un accès à des recharges illimitées du bus ainsi que son entretien. « Grâce à ce système, nous pouvons offrir nos bus à des prix abordables », insiste-t-il.BasiGo vient de recevoir un prêt de 5 millions de dollars du British International Investment, une institution de financement du gouvernement britannique. Cet argent devrait permettre à la start-up de mettre 100 bus en circulation au Kenya d'ici à la fin de l’année. Ils sont tous assemblés localement. Plus de 400 personnes ont déjà versé une caution pour être sur liste d’attente. BasiGo entend aussi s’implanter dans d’autres pays du continent. En plus du Kenya, la start-up s’est aussi lancée au Rwanda.
1/28/20242 minutes, 23 seconds
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Au Maroc, le difficile travail des éplucheuses de crevettes

Le Maroc est devenu une destination privilégiée par les industriels néerlandais pour le décorticage des crevettes grises vendues sur le marché européen, en raison du coût de la main-d'œuvre, plus faible qu'aux Pays-Bas. Sept mille éplucheuses marocaines sont ainsi employées dans les 18 usines de décorticage de crevettes du pays. Un métier difficile, mal payé et exclusivement féminin. Avec notre envoyée spéciale à Tétouan, Nadia Ben MahfoudhL’activité est récente au Maroc. Elle a débuté au début des années 1990, mais s’est développée rapidement. Les crevettes font le voyage jusqu’au Royaume chérifien pour être décortiquées par les 7 000 éplucheuses marocaines. Parmi elles, Malika. « Je me réveille à 4h, je fais mes ablutions, ma prière, je mange un bout et je sors de chez moi à 5h pour prendre les transports. Et à 6h30 le travail commence », décrit-elle. Malika a la trentaine, elle est mère de deux filles de 6 et 11 ans et depuis un peu plus d’un an, c’est tous les matins le même rituel.En arrivant à l’usine, elle enfile ses gants et ses trois ou quatre couches de vêtements pour se protéger du froid. La température dans l’usine est très basse pour conserver la fraîcheur des crevettes. « On prend un sac de crevettes, on le dépose sur une table basse, détaille-t-elle. On est quatre femmes par table. Et puis on commence à éplucher. »Une paie au kilogrammePour obtenir 1 kg de chair de crevettes, il faut environ 3 kg de crevettes entières non décortiquées. « Certaines épluchent quatre kilos et demi, cinq, six ou même sept kilos par jour, précise-t-elle. Ça dépend de tes mains et de ta dextérité. Moi, je n'atteins pas les cinq kilos. Mais ça dépend aussi des crevettes. Si elles sont grosses et belles, j'arrive à bien travailler, quand elles sont toutes petites c’est plus compliqué. »Malika et ses collègues travaillent dix heures par jour, mais sont payées au kilo de crevettes épluchées. Avec 19,50 dirhams le kilo de chaire, soit environ 1,80 euro, Malika n’atteint pas les 200 euros de salaire à la fin du mois. Le salaire minimum au Maroc est de 280 euros. « C’est ce décalage justement qui justifie la délocalisation. S’il n’y avait pas un décalage aussi important, il n’y aurait pas délocalisation. Les crevettes seraient décortiquées sur le territoire européen », analyse Mohamed Naji, économiste spécialiste de la pêche et chef du département d’ingénierie halieutique à l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II.95% des 600 tonnes de crevettes pêchées chaque semaine dans la mer du Nord sont décortiquées à Larache, Nador, Tanger ou encore Tétouan, avant d’être renvoyées aux Pays-Bas puis revendues à d’autres pays européens.Une activité attribuée aux femmesCette activité est uniquement pratiquée par des femmes en Tunisie. Ce qui ne déplait pas à Malika. « J’ai quitté ma montagne et je suis venue vivre près de Tétouan pour travailler et faire vivre mes filles, leur permettre d’étudier et leur assurer un meilleur avenir, explique Malika. C’est mon premier emploi et on est entre femmes, on est mieux entre nous. Les hommes ne seraient pas satisfaits de ce métier et puis ils peuvent faire d’autres boulots dans le bâtiment ou l’agriculture. »Mais selon Mohamed Naji, cet emploi est menacé de disparaître dans les années à venir : « L’automatisation est entrée en jeu. Après plusieurs années de recherche et développement, il y a des machines maintenant pour le décorticage automatique des crevettes sans altérer la chaire. Ce sont les 7 000 emplois au Maroc qui sont menacés à terme. » Une bonne partie des industriels préfèrent pour l’instant le travail manuel, mais la réforme est en marche et l’automatisation gagne de plus en plus de terrain.
1/25/20242 minutes, 26 seconds
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Tchad: le patronat réclame plus de financements à la SFI

Le patronat tchadien réclame plus de financements. C’est une des premières contraintes des entreprises qui souhaiteraient investir mieux et recruter plus. La Société financière internationale, institution de la Banque mondiale chargée du développement du secteur privé, est souvent critiquée, notamment à cause des conditions de financement jugées trop rigides. Le directeur régional de la SFI était récemment à Ndjamena pour tenter de trouver des solutions.  C'est l'un des principaux griefs du patronat tchadien: la Société financière internationale (SFI) financerait trop peu de projets dans le pays. Cinq entreprises bénéficient aujourd’hui d’un partenariat dans les secteurs de l’énergie ou des télécommunications par exemple et quatre autres PME ont été retenues dans un programme dit des « Champions locaux ».Parcours semé d'embûchesMais l’accès à ces financements reste semé d’embûches. « Les conditions de remboursement, c'est un problème et aussi les montants, explique Bichara Doudoua président du conseil national du patronat tchadien. Moi ce que je vais proposer à la SFI, c'est de nous financer très rapidement parce qu'aujourd'hui vous avez vu le chômage dans le pays, constate-t-il. Les gens sont en train de d'errer dans la rue autour de la fonction publique. S'il y a des financements, on peut recruter et on peut arriver à payer les impôts pour faire tourner l'économie du pays ».Ces critiques ne laissent pas indifférent Olivier Buyoya, le directeur pour l’Afrique de l’Ouest à la SFI, mais il assure qu’après une période de grande discrétion, son institution est bien de retour pour faire avancer les projets. « Compte tenu des couvertures un peu limitées de ces marchés-là, nous avions moins de possibilités de faire des choses dans des pays comme au Tchad » reconnait-il, en évoquant aussi « une certaine inertie » et des lenteurs dans le traitement des dossiers.« Nous avions par le passé moins de capacité d'accompagner les clients dans le développement des projets. Nous avions une approche d'un financier classique qui attend que le projet soit mûr avant de prendre position. Aujourd'hui, nous avons des équipes qui sont spécialisées pour accompagner les clients dans le développement des projets »,assure-t-il.Investissements graduelsLe bureau de la SFI à Ndjamena a rouvert en 2020. Son portefeuille de 65 millions de dollars ouvre le champ des possibles et cela plait bien à Bichara Doudoua. « Le fait que le représentant soit ici, ça nous arrange beaucoup. Avant ils venaient ici et repartaient vite. Maintenant, on est en contact tous les jours, donc on espère trouver une solution très rapidement »,espère-t-il.Un rapport de la banque mondiale paru fin 2023 pointait effectivement le manque chronique d’investissements dans le secteur de l’énergie. Mais pour répondre aux besoins du Tchad en matière d’infrastructures, il faudrait débourser l’équivalent 50% du PIB au cours de la prochaine décennie. « C'est beaucoup, convient Olivier Buyoya, mais je pense qu'il faut y aller graduellement. Le Tchad a des ressources considérables en termes d'énergies renouvelables. Aujourd'hui, je pense que le plus important, c'est qu'il y ait une stabilité politique et sociale pour qu'effectivement le secteur privé tchadien, régional et international, puisse aller chercher ses opportunités et des financements. »La nomination de l'économiste Succès Masra à la tête du gouvernement pourrait également, selon Olivier Buyoya, fluidifier et améliorer le climat des affaires dans le pays.
1/24/20242 minutes, 22 seconds
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Intelligence artificielle en Afrique: à Brazzaville, un centre de recherche et de formation à l'IA [3/3]

Appuyé notamment par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), le Congo-Brazzaville s’est doté en 2021 du Centre africain de recherche en intelligence artificielle (Caria). Depuis fin 2022, ce centre dispense des formations diverses à des publics variés : de la cybersécurité pour les agents de l’État, à des formations très qualifiantes pour des jeunes chômeurs. Ce centre est présenté comme une aubaine pour la transformation du continent. Avec notre correspondant à Brazzaville,Le Caria est logé au premier niveau d’un gigantesque bâtiment de l’université Denis Sassou Nguesso dans la banlieue nord. « Celui qui deviendra le leader de l’intelligence artificielle sera le maître du monde », peut-on lire sur le fronton du Caria.Le Centre propose quatre types de formation, dont le Caria Youth qui est une initiation à la robotique et à l’intelligence artificielle. Prince Christian Ekouya, 24 ans, se forme comme expert en cybersécurité : « Aujourd’hui, le Congo se dirige vers la modernisation, vers la quatrième révolution qui est numérique. C’est primordial de ne pas manquer ce pôle. Ce serait bien que tout le monde ait une conscience numérique. »« Ici, dans le monde des entreprises, la certification en cloud computing est de plus en plus demandée, affirme son condisciple, Sagesse Moukakou, licencié en sécurité des réseaux et système informatique. Donc, cette formation m’apporte un grand plus dans ma carrière professionnelle. »Se former avec et pour les grands de l'InternetArborant une robe blanche fleurie, Mariam Oyandzi, 22 ans, qui évolue également dans ce domaine, nous présente sa classe. « Ici, c'est la salle où on bosse tous les jours, montre-t-elle. Donc, il y a des machines, des serveurs et des machines spécialement utilisées pour la simulation avec la plateforme d’Amazone directement. On a aussi une connexion réseau. Si elle manque, cela signifie que le travail ne se fera pas. »Le Caria travaille ou projette de travailler avec différents géants du domaine : Google, Microsoft, Ali Baba. Maruam Oyandzi est, elle, la première Congolaise à avoir reçu la certification Amazon web services. « Quand on voit le domaine du cloud, c’est la dématérialisation des serveurs ; des serveurs physiques en tout ce qui est virtuel. C’est-à-dire on arrive à virtualiser les systèmes, les serveurs, ainsi que les logiciels pour permettre une flexibilité en travaillant, et une agilité », détaille-t-elle.Face aux avancées de l’IA, le Congo ne veut pas être à la traine. Au contraire, il souhaite même devenir un acteur incontournable. « D’ici deux ans on ne parlera plus de la transformation digitale sans parler de l’intelligence artificielle, souligne Eric Armel Ndoumba le conseiller du ministre en charge de l’Économie numérique et point focal du Caria. Celle-ci est en train de toucher tous les secteurs d’activités : dans la recherche des fake news, l’intelligence artificielle est capable de détecter une information fausse et celle qui est vraie. Dans le domaine de la santé, aujourd’hui, il y a des traitements du cancer qui commencent à se faire grâce à l’intelligence artificielle. »Si les autorités portent haut leurs ambitions, les acteurs du numérique doivent encore faire face à des défis récurrents comme les coupures du courant ou des lenteurs sur le réseau internet.À lire aussiIntelligence artificielle en Afrique: l'IA au service des banques [1/3]À lire aussiIntelligence artificielle en Afrique: l’IA change la donne chez les communicants [2/3]
1/23/20242 minutes, 22 seconds
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Intelligence artificielle en Afrique: l’IA change la donne chez les communicants [2/3]

Google annonçait mercredi dernier le licenciement de plusieurs centaines de personnes au sein de son équipe mondiale de vente de publicités à cause de l’automatisation de tâches grâce à l'intelligence artificielle (IA). En Afrique, l’usage de l’IA se développe également dans la communication et la publicité. Ceci dans un contexte budgétaire restreint. Graphistes, photographes, designers... Dans le milieu, beaucoup craignent donc des pertes d’emplois.   L’été dernier, le plus grand opérateur téléphonique kényan, Safaricom, a lancé un premier clip publicitaire réalisé avec l’Intelligence artificielle. Un évènement qui n’est pas passé inaperçu dans le milieu. L’IA est de plus en plus développée dans les agences de communication et publicitaires. Les professionnels du secteur craignent des pertes d’emplois.« Je peux vous assurer qu’il y a des emplois qui sont perdus et c’est une tendance qui va se poursuivre », assure Anthony Irari un analyste kényan spécialisé dans ces questions. Et de poursuivre ses explications en prenant l’exemple de la campagne de Safaricom : « Cela peut prendre environ un mois d’organiser un shooting pour une campagne et cela implique de nombreuses personnes. Mais désormais, si vous avez un individu qui manie bien les requêtes sur l’intelligence artificielle, avec les retouches, cela prendra peut-être un ou deux jours pour avoir les images. En une semaine, les affiches peuvent être envoyées à l’impression. »L’IA vu comme remplacement ou comme outilDes études évaluent la baisse des dépenses pour la publicité en Afrique de plus de 10 %. Pour lui, cela ne fait aucun doute « quand les entreprises vont voir que cela fonctionne et que les coûts sont réduits », elles n’hésiteront pas à se lancer. Parmi les leaders en Afrique de l’Ouest : Voodoo group. Stéphane Kouakou est le directeur de l’agence d'Abidjan qui compte 52 employés. Cela fait un an qu’ils travaillent avec les IA génératrices. Cependant, il n’a pas souhaité revoir l’organisation actuelle de son agence.« C’est un complément, c'est une aide à la réflexion qui permet de générer plus, explique Stéphane Kouakou. Peut-être qu’on aurait recruté un ou deux illustrateurs en plus sur certains sujets pour faire des story-​​​boards, où on aurait externalisé certains travaux de ce type, ce qu'on ne ferait plus aujourd'hui parce qu’en termes de rapidité et de productivité, on a l'élément tout de suite. Mais cela n’a pas changé la structure actuelle de l’équipe. »Un modèle économique à trouverPour lui, l’IA est un outil de réflexion qui permet de gagner du temps. Mais le modèle économique nécessite tout de même d’être réfléchi. « Le modèle de l'agence fonctionne sur des honoraires de création et de la commission agence qui rémunèrent de la production, détaille-t-il. Avant, j'aurais fait une photo, donc si je ne fais pas cette photo d'un point de vue strict, je n'ai pas de commission liée à la production de cette photo. »Si l'image est générée par IA, l’agence perd alors la commission liée à cette image. « Il y a un gain de rentabilité pour nos clients puisqu’ils ne dépensent plus d'argent en production, concède-t-il. Mais il y a une légère perte de revenus au niveau des agences. Donc, je pense que sur la durée, il faudra retravailler le modèle pour ne pas perdre de revenus en fait. »Par ailleurs, selon Stéphane Kouakou, la compréhension humaine du contexte local et culturel restent irremplaçables pour des campagnes performantes.
1/22/20242 minutes, 30 seconds
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Intelligence artificielle en Afrique: l'IA au service des banques [1/3]

En Afrique, l’IA permet aux banques de mieux cerner le profil de leurs clients, les données collectées peuvent notamment faciliter l'accès au crédit, tout en permettant d’offrir des services mieux calibrés aux besoins spécifiques des emprunteurs non bancarisés.  Difficile d’évaluer si un client va rembourser son prêt lorsque celui-ci n’est pas bancarisé. S’il utilise uniquement de l’argent liquide pour ses transactions par exemple. Mais depuis une dizaine d’années, les services de paiement intègrent des outils d’intelligence artificielle permettant une évaluation alternative du risque crédit. « Avant 2010, les prêts pour les petites et moyennes entreprises étaient accordés par les différentes banques au terme d’un processus traditionnel assez long », rappelle Riadh Naouar, manager au sein de l’International Finance Corporation. Il s'exprimait lors d'un débat au sommet de la Finance Africaine (AFIS), qui s'est tenu à Lomé au mois de novembre. « Entre 2010 et 2015, on a vu l’émergence de “prêteurs numériques”. Les opérateurs des télécommunications tiennent entre leurs mains une immense base de données – et en partenariat avec les banques, ils sont parvenus à faciliter l’accès à l’emprunt pour leurs clients. Ces processus numériques se sont encore accélérés pendant le Covid », ajoute-t-il.Collecte de données sur mobileDes entreprises de la fintech se sont peu à peu positionnées sur ce marché – elles proposent de collecter et d’analyser des données disponibles dans le téléphone des utilisateurs. Une solution plébiscitée par les banques selon Nana Araba Abban, directrice de la banque des particuliers Ecobank : « Ces fintechs proposent des applications que le client va télécharger en donnant son approbation pour que toutes leurs activités soient analysées, leur mode de vie. Toutes ces informations sont partagées par les banques qui peuvent ajuster leurs offres, et prendre de meilleures décisions pour attribuer un crédit. »Une demande d’emprunt peut ainsi être réalisée en quelques clics - plus rapide, plus risquée aussi : au Kenya, l’essor des prêts numériques a poussé certaines personnes à s’endetter à des taux d’intérêt élevés. « L’année dernière, le Rwanda a lancé un cadre pour évaluer les besoins réglementaires », souligne Anita Umuhire, patronne de Bank of Kigali. « Les banques peuvent tester certaines de leurs solutions dans un environnement réel, avec de vrais clients, mais dans un cadre régulé. »La confidentialité et la protection des données des utilisateurs est un autre enjeu majeur pour le législateur.
1/21/20242 minutes, 10 seconds
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Centrafrique: Warani, un premier service de livraison à domicile plébiscité

En Centrafrique, la population a désormais la possibilité de faire appel à une application pour se faire livrer tout type de produits dans la capitale. On y trouve des établissements renommés comme le Bangui Mall, le supermarché Prima ou encore des établissements de restauration comme le Cafrina, le Grand Café ou le Relais des chasses. Cette plateforme en ligne se nomme Warani, (« trouver le produit » en sango). Lancée il y a trois mois, elle compte déjà 2 500 utilisateurs actifs. De notre correspondant à Bangui,En ce début d'après-midi, Fiston Tongo un jeune coursier qui démarre sa journée reçoit une commande dans une agence. Il quitte son lieu du travail à quelques pas du centre-ville avec la commande soigneusement mise dans une caisse métallique accrochée derrière sa moto.  « Notre quotidien consiste à satisfaire nos clients, explique le livreur. S'il y a une commande, la direction reçoit la notification du client. Elle nous donne toutes les informations nécessaires à savoir l'adresse du client, l'adresse du restaurant où on va aller chercher le produit en question pour aller livrer notre client. »Cette équipe constituée de jeunes est l'unique spécialisée dans la livraison à Bangui. On les remarque dans la capitale sur des motos ou des vélos vêtus de t-shirts bleues foncées.  Un gain de tempsSurchargé au bureau, Prédestin Voungo a commandé son déjeuner sur Warani et le reçoit en un temps record. « J'ai commandé deux plats de yabanda à 1 500 francs CFA chacun, donc ça fait 3 000 francs CFA, avec le coût de la livraison, ça me fait un bilan de 4 000 francs CFA, détaille Prédestin Voungo. Le prix est très abordable. Je suis en train de travailler, je ne pouvais pas sortir. Me faire livrer directement au bureau en si peu de temps, me plaît beaucoup. Le rapport qualité prix, c'est ok pour moi. »Après avoir livré son client, Fiston arrange les lacets de ses baskets et part pour un autre rendez-vous. Ça va être la course jusqu'au soir. « Je travaille sept jours sur sept, mais les créneaux horaires varient selon les secteurs, précise-t-il. On travaille dans tous les arrondissements de la capitale, mais il y a certains secteurs où on ne peut pas aller aux heures tardives à cause de l'insécurité. Nous sommes au service de tous les centrafricains. »Développer la visibilité des entreprises localesVianney Kanda est le directeur général de Warani. En trois mois, son entreprise a fait du chemin et contribue au développement de l'économie centrafricaine, estime-t-il. « Elle vise à répondre aux besoins concrets tout en stimulant l'économie nationale. Nous améliorons l'accès aux services et aux produits. Nous rendons les produits alimentaires et une gamme de produits de vente très accessibles aux populations. Cela inclut les produits locaux, nationaux et internationaux », explique le patron.Et de rajouter : « nous contribuons à diversifier la demande et l'offre disponible sur le marché. C'est une forme de soutien aux entreprises locales en mettant en avant les produits des commerçants pour stimuler l'économie. Cela crée des emplois et donne la possibilité aux petites et moyennes entreprises de s'affirmer. »Pour l'instant, Warani travaille sur un rayon de 12 km. Cette application aide également les touristes à trouver des appartements et des lieux de loisirs.
1/18/20242 minutes, 19 seconds
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Au Forum de Davos, lancement d'un fonds d'un milliard de dollars pour soutenir l'Afrique

Le Programme de développement des Nations unies (UNDP) a lancé mardi 16 janvier le fonds Timbuktoo pour soutenir l’innovation en Afrique.  C’est la barre fixée par le programme de l’ONU. Un milliard de dollars investis au cours des dix prochaines années pour construire un réseau d’innovation autour de huit pôles panafricains, parmi lesquels Dakar, Nairobi, ou Lagos. Le constat établi notamment par la directrice Afrique de l’UNDP, l’Éthiopienne Eleni Gabre-Madhin : c’est que les start-ups africaines existent, mais qu’elles n’ont ni le financement nécessaire ni le réseau pour rivaliser au niveau mondial. « J’ai beaucoup travaillé avec de jeunes start-upers. Au début, ils disent toujours : "Je veux traverser l’Afrique. Je vais créer ma boîte et puis je vais conquérir le monde." Mais quand on leur demande comment ils vont s’y prendre, ils n’ont aucune idée. Ils n’ont aucun accès sauf s’ils dépensent beaucoup d’argent pour payer de grandes sociétés d’experts-conseils qui leur disent comment faire tomber ces barrières ; comment obtenir une licence d’exploitation ; comment devenir une start-up panafricaine et même mondiale. »Kigali consacrera 3 millions de dollars à ce nouveau fond et devrait en accueillir le siège. Le Rwanda en pointe sur l’écosystème start-up porté en exemple par Achim Steiner, administrateur de l’UNDP : « Lors de ma visite à Kigali en décembre, j’ai eu l’impression d’avoir un aperçu du futur de l’Afrique. Nous savons tous que l’Afrique abrite des millions d’idées, mais la grande majorité de la population ne vit pas dans des communautés qui attirent des investissements internationaux. Il y a des gens qui, avec un certain degré de possibilités d’éducation, mais aussi un écosystème qui puisse les soutenir, peuvent devenir des révolutionnaires du développement. »Présent à Davos, l’Américano-Zimbabwéen James Mannyka, vice-président de la Recherche et technologie chez Google – partenaire du fond Timbuktoo – croit en l’innovation comme voie vers la résilience. Et le guide à suivre, selon lui, c’est l’Intelligence artificielle : « Je pense que l’IA représente une formidable opportunité pour l’Afrique. Premièrement, pour aider les individus, les gens font des choses extraordinaires à partir de leurs tâches quotidiennes. Ensuite, il y a la possibilité d’alimenter les startups, les entreprises, qu’elles soient grandes ou petites et alimenter la croissance des économies. Il faut que ce soit une innovation menée par l’Afrique. C’est de capitaliser sur le potentiel de l’IA qui va être très important. »Un fond qui cherche à inciter le secteur privé à investir au démarrage des startups. Mobiliser localement alors qu’aujourd’hui 89% des fonds levés par les startups africaines viennent des autres continents. À lire aussiLe Forum de Davos assombri par le chaos du monde
1/17/20242 minutes, 28 seconds
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Le Togolais New World TV à la conquête de nouveaux abonnés

Petit poucet dans le paysage médiatique africain, New World TV lancée en 2015 à Lomé a remporté une partie des droits de diffusion de la CAN 2024, après ceux de la Coupe du Monde en 2022. Le groupe panafricain revendique des audiences cumulées de 565 000 spectateurs mensuels. Dans le contexte compétitif des droits du sport, la chaîne togolaise peut-elle récupérer de nouveaux abonnés et concurrencer les grands groupes ? Au cœur de la stratégie de New World TV : conquérir un maximum d’abonnés. « Le modèle en tant que tel consiste à proposer un projet un peu différent de ce qui se fait dans le paysage audiovisuel africain actuellement. Notre ambition n’est pas de faire concurrence à Canal+, mais de proposer quelque chose d’autre, indique Louis Biyao, avocat et porte-parole du groupe. En l’occurrence, on a considéré que dans un village perdu au fin fond du Sénégal ou de la RDC, les gens n’ont pas suffisamment de moyens. Et donc New World TV propose des prix extrêmement compétitifs. Ça dépend des pays. Nous avons des abonnements qui vont de 500 francs CFA à 1 000 à 5 000. Mais nous ne dépassons jamais ces 5 000 parce que l’objectif est d’avoir accès à la télévision premium, à la télévision de qualité, mais à très bas coût. » Argument supplémentaire : la diffusion et les commentaires en langue locale. « De façon que ceux qui ne comprennent pas le français puissent dans leur propre langue, suivre ce qui se passe à la télé. »Une proximité culturelle ainsi que de grands noms sur les plateaux télé pour inciter les abonnements : « C’est valable comme argument marketing. Et puis politiquement et socialement, c'est très intéressant. Mais je ne sais pas si c’est un argument qui suffira commercialement. »Élargir l’audience, mécanique pas si évidente pour Gérard Akindes, ancien basketteur professionnel, enseignant-chercheur spécialiste de l’économie du sport. « Il faut beaucoup d’abonnés. Ça veut dire désabonner ceux qui sont déjà bien installés. Donc il faut pouvoir avoir un déploiement commercial continental suffisamment fort avec une machine marketing derrière. Pour le moment, ils ont des droits d’événements qui durent un mois. Est-ce qu’un événement qui dure un mois est suffisant pour faire basculer les abonnés de Canal + vers leur abonnement ? La seconde question, c'est : est-ce qu’ils ont la capacité d’être présent au niveau programmation, à la dimension que Canal+ a aujourd’hui ? Et il y a un élément aussi important, ce sont les droits des grandes compétitions européennes comme la Champions League, la ligue anglaise, la ligue française, espagnole qui sont également très suivies en Afrique et qui sont sur neuf mois, dix mois. Est-ce que New World TV va être en mesure de compétir pour ces droits-là ? »Des droits très onéreux, ce qui rend le retour sur investissement difficile. Par le passé, d’autres s’y sont cassé les dents, rappelle Gérard Akindes à l’exemple du Zimbabwéen Kwesé Sports.
1/16/20242 minutes, 21 seconds
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Tunisie: un producteur d’huile d’olive face à la sécheresse et l’inflation

La Tunisie vit depuis des mois au rythme des pénuries. Après la farine, le pain, le lait, le beurre, c’est désormais l’huile qui vient à manquer, ce qui est assez inédit dans un pays qui fait partie des plus grands exportateurs d’huile d’olive au monde. Rencontre d’un producteur tunisien, à Jendouba, dans le nord-ouest du pays, pour tenter de mieux appréhender la situation. De notre correspondante à Tunis,C’est en pick-up que Leith Ben Becher fait le tour de son domaine de 180 hectares. « Vous avez à droite et à gauche des oliviers. C’est encore plus beau quand les oliviers sont chargés de leurs fruits », décrit-il. Ce dandy-agriculteur d’une soixantaine d’années aime à dire que dans sa famille, on fait la cueillette des oliviers depuis 1848 au moins : « Généralement, on commence la cueillette vers mi-novembre. Cette année, j’ai commencé vers la deuxième décade de décembre. »Seule une petite dizaine d’ouvriers s’activent ce matin, contre cinquante les années fastes. En cause, une sécheresse qui a touché tout le bassin méditerranéen et qui hypothèque la cuvée de l’année. « L’année dernière, on a fait autour de 20 tonnes d’olives, cette année, on risque de ne produire que la moitié », déplore le producteur.Flambée des prix de l'huile d'oliveRésultat : les prix de l’huile d’olive ont bondi de 50% en un an en Tunisie. Une situation que l’exécutif prend très au sérieux. À la mi-novembre, le président Kaïs Saïed en personne convoque plusieurs ministres, dont celui de l’Intérieur. Il demande la baisse immédiate des prix.Une huile d’olive à 15 dinars du litre – soit environ 4,40 euros au lieu des 7,40 euros du marché – est alors commercialisée. « Il a demandé, si on veut être gentil, avec insistance aux producteurs que chacun mette la main à la citerne, si je puis dire, pour apporter une sorte de contribution… "volontaire", mais obligatoire », commente le cultivateur.Même scepticisme chez Louai Chebbi. À la tête d’Alert, une association qui vise à vulgariser les questions économiques, il suit les instructions venues d’en haut avec une grande circonspection. « J’ai l’impression que les autorités tunisiennes interviennent toujours en retard par rapport aux situations de crises. On n’arrive plus à prendre de décisions fermes, mais on fait de la communication politique autour de questions économiques réelles. On ne peut pas logiquement faire d’injonctions anti-inflation. L’inflation ne fonctionne pas comme ça. L’inflation dépend de la situation de l’offre et de la demande. Lorsqu’on ne soutient pas l’offre, la production, c’est normal de connaître des prix exorbitants. »Contactés, ni le ministère de l’Agriculture tunisien, ni l’Office national de l’huile n’a donné suite à nos demandes d’interviews.
1/15/20242 minutes, 23 seconds
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Kenya: quand la reforestation sert l'économie locale

Au Kenya, le Green Belt Movement (« Le Mouvement pour une ceinture verte » en français) travaille à la restauration des forêts. Objectif de cette organisation fondée en 1977 par Wangarii Maathai, prix Nobel de la paix : prendre soin de l’environnement tout en impliquant et améliorant les revenus des communautés locales. Reportage à Dundori Forest rattachée au complexe de la Forêt Mau. Un chant de bienvenue repris en cœur par une quinzaine de femmes pour accueillir des représentants du Green Belt Movement. Des chants qui résonnent au-dessus d’un camaïeu de vert, divers semis cultivés par ces femmes. L’organisation met en ce moment en œuvre la deuxième phase d’un projet financé par l’Agence française de développement : avec la plantation de 300 000 arbres.« Après avoir répandu les graines, ils recouvrent de terre. » Harriette Maiyo, du Green Belt Movement, décrit le travail dans la pépinière, du semis jusqu’à la préparation des petits plants : « On coupe les racines pour que le plant puisse les renforcer avant d’être planté en forêt. » Une grande partie des plants est destinée à la reforestation : « On est les principaux acheteurs, ils vendent le reste des plants à d’autres partenaires, des voisins et s’en servent pour leur propre ferme. »À écouter aussiThe Green Belt Movement au Kenya Cette activité économique a permis à Anna Wanjiku d’améliorer son niveau de vie. « Green Belt m’a beaucoup aidée. Avec l’argent des plants qu’ils m’achètent, j’envoie mes enfants à l’école, j’achète le nécessaire pour la maison et j’économise un peu ». Une fois les jeunes pousses sorties de la pépinière, elles seront plantées sur des parcelles comme celle-là, partagées avec des agriculteurs pendant trois ans. John Gichogohi est « Volontaire vert », en quelque sorte un garde forestier qui s’assure de la survie des plants et dispose d’une parcelle comme celle-là. « Nous produisons de la nourriture où les arbres sont plantés. Et par exemple ceux qui cultivent ces choux, ils le font à des fins commerciales. Cela a vraiment amélioré nos moyens de subsistance ici. En même temps, cela aide à s’assurer que les plants survivent, car ici la végétation n’est pas aussi touffue que là-bas. »La restauration des forêts permet d’améliorer les ressources en eau, d’atténuer les impacts des sécheresses ou de limiter les risques d’inondation. Un avantage environnemental et économique, souligne Raphaël Kweyu, membre du conseil d’administration du Green Belt Movement : « Si l’on regarde simplement la forêt Mau, c’est une source pour de nombreuses rivières, y compris celles où nous avons des centrales hydroélectriques, ces rivières donnent aussi de l’eau à des exploitations agricoles. Et cette même eau traverse le parc Masaï Mara, qui est une destination très touristique. »Une petite portion de colline défrichée en hauteur d’une zone où la forêt est censée être restaurée témoigne de la compétition qui demeure quant à l’usage des sols. À écouter aussiKenya: Wangari Maathaï, première Africaine prix Nobel de la paix
1/14/20242 minutes, 33 seconds
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CAN 2024: de nouveaux acteurs viennent rebattre les cartes de l'acquisition des droits de diffusion

En 2022, ce sont plus de 400 millions de téléspectateurs qui ont suivi la CAN à la télévision. Pouvoir retransmettre les matchs est un enjeu majeur. C’est pourquoi les droits de diffusion sont stratégiques. Ils s’élèvent à plusieurs millions d’euros. Sur le marché, des groupes historiques comme Canal+ mais aussi de nouveaux acteurs, viennent faire jouer la concurrence. Canal+ a obtenu les droits payants en langue française en 2017. Si le montant relève du secret des affaires, David Mignot, directeur général de Canal+ Afrique, revient sur le processus d'acquisition. « Quand la CAF a vendu ses droits pour très longtemps avec un très bon contrat, nous, on a pris les droits des CAN à ce moment-là. C'était déjà il y a plusieurs années. On a donc sécurisé d'ailleurs un revenu et une exposition de la CAN. On les a eus dans des conditions qui sont correctes. » Un contrat qui arrive à son terme cette année. Et ceci dans un contexte où la concurrence se fait de plus en plus rude. « Cette situation, la concurrence sur les achats de droit, elle est naturelle, elle fait partie du marché et donc on la vit très bien », assure David Mignot. « On a l'habitude de la gérer. Donc, on n’est pas du tout inquiet de cette nouvelle situation de marché tant que les économiques qui sont proposés restent rationnelles. » De nouveaux acteurs entrent dans la danseDans la bataille de l’acquisition des droits, un jeune acteur se fait de plus en plus de place. C’est le groupe togolais New World TV.« Les droits payants, nous avons acquis ces droits pour la langue anglaise et les langues locales [ainsi que] les droits "free to air", donc pour la diffusion en clair », explique Louis Biyao, l’avocat et le porte-parole de New World TV. « Ces droits concernent toutes les langues, aussi bien le français, l'anglais, le portugais, l'espagnol que les langues locales. Ces droits doivent être revendus aux chaînes locales distribuant en clair. Et dans ce cadre-là, New World TV sert d'agence à la CAF pour redistribuer dans tous ces pays et atteindre le maximum de public. Je confirme que dans chaque pays il y a plusieurs chaînes qui diffusent en gratuit et qui ambitionnent d’avoir les droits et nous choisissons les meilleures offres. » Une compétition de plus en plus rude pour les chaînes nationalesEt pour les chaînes nationales, là aussi la compétition est de plus en plus rude. C’est le cas au Sénégal par exemple. « La nouveauté dans l'écosystème des droits de retransmission est que depuis quelques années, on est dans un marché ouvert », décrit Oumar Guebane, conseiller spécial sur les droits du sport à la RTS. « On a aussi les radiodiffuseurs privés, qui auparavant n'étaient pas présents, mais qui le sont aujourd'hui, qui soumissionnent et qui participent. »Dans ce contexte, comment la RTS parvient-elle à remporter le marché ? Oumar Guebane a son idée : « Par son expérience déjà. Depuis 1972, on est dans les acquisitions de droits d'événements sportifs. Mais au-delà de l'expérience, il y a aussi le fait que la RTS s’y prend tôt. Il y a aussi le carnet d'adresses. Il faut aussi connaître, avoir de très bons rapports avec les commerçants des droits. » Et pour la première fois cette année, des télévisions privées diffuseront la CAN : c’est le cas de Canal 2 au Cameroun ou de la Nouvelle Chaine Ivoirienne.À lire aussiCalendrier et résultats de la CAN 2024Tous nos articles, analyses et podcasts consacrés à la CAN 2024
1/11/20242 minutes, 21 seconds
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Quand les start-ups propulsent l'industrie touristique en Afrique

Le tourisme, une industrie d'avenir pour l'Afrique. Les voyageurs sont de retour après la pandémie de Covid-19. Le ministère sud-africain annonçait avoir retrouvé, voire légèrement dépassé le niveau de 2019 avec un peu plus de 10 millions de touristes l'année dernière. Les start-ups africaines s'emparent de ce florissant marché et le poussent dans son développement. L’après-Covid : une révélation pour les entrepreneurs africains du tourisme. La Kényane SleepOut, la désormais célèbre Ojimah, des dizaines de start-ups ont émergé pour répondre à la forte demande qui a suivi les périodes de restrictions. L’Ougandais David Gonahassa a créé Tripesa, une plateforme pour les petites et moyennes entreprises du secteur : hotels, organisateur d’évènements et tour opérateurs.« C’est un secteur dominé par les gros opérateurs qui maîtrisent la technologie et le marché. De nombreuses petites entreprises touristiques africaines n’y ont pas accès, elles ne peuvent pas vendre aussi efficacement que les gros du secteur. Ce que nous faisons à Tripesa, c’est de leur fournir la technologie pour qu’elles soient en mesure de créer par exemple des sites internet de qualité, de recevoir des paiements en ligne, qu’elles soient capables de s’attaquer à d’autres marchés. »Le Mobile Money, un atout pour l’AfriqueL’atout du continent africain, c’est le Mobile Money. Le paiement par téléphone lancé il y a une quinzaine d’années au Kenya. Une solution financière sûre et efficace qu’utilise le Camerounais Nghombombong Minuifuong, fondateur de la start-up Bongalo une plateforme de réservations.« C’est quelque chose qui a pris l’Afrique en entier. Tu ne peux pas aller dans un pays en Afrique aujourd’hui et ne pas trouver de Mobile Money. Nos compétiteurs n’auront jamais cette solution, une méthode de paiement incorporé sur leur plateforme. On compte sur cela pour bien servir nos hôtes d’un côté et nos clients de l’autre côté qui sont les voyageurs. C’est une très bonne innovation pour l’Afrique entière. »Un océan de croissance ?La demande augmente. L’Afrique est, selon David Gonahassa, le bon continent pour faire du tourisme. « Encore assez peu d’entreprises proposent les mêmes services que nous sur le continent. On a toujours un bel océan bleu devant nous. »Un océan de croissance pour le tourisme africain ? Sans doute, mais toutes les conditions ne sont pas encore réunies, tempère Nghombombong Minuifuong. « Il faut développer des sites touristiques. Par exemple, ici au Cameroun, il y a plein de sites touristiques qui sont juste abandonnés et les gens ne savent même pas. Il y a des chutes, il y a des plages, il y a des forêts, il y a des animaux que tous les gens veulent visiter. Donc quand je vois ça, je pleure. »Après le Rwanda et le Cameroun, Bongalo poursuit son développement en Afrique de l'Est. Tripesa, elle, revendique 700 sociétés clientes sur sa plateforme. Encore loin des mastodontes mondiaux comme AirBnB et Booking.
1/10/20242 minutes, 23 seconds
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Ouganda/Tanzanie: Lionel Zinsou va évaluer la politique foncière de TotalEnergies

Après avoir confié une mission à Jean-Christophe Ruffin dans le Cabo Delgado où se trouve un grand projet gazier, cette fois c’est Lionel Zinsou qui s'est vu missionné par TotalEnergies jeudi 4 janvier. L’ancien Premier ministre béninois, co-président de la Banque d'investissement panafricaine Southbridge a accepté d’évaluer le programme d’acquisitions foncières de la major dans le projet Tilenga/EACOP. Compensations insuffisantes, évictions forcées, pressions et menaces. Un projet très controversé, de nombreuses critiques ont été faites durant les procédures d’acquisitions foncières. Lionel Zinsou revendique une vingtaine d’années d’expérience sur les thématiques de développement. Il mènera cette mission en toute indépendance, affirme-t-il.« Je vais voir seul, sans censure aucune tous les gens qui voudront bien me parler. Et il s'agit des autorités publiques, nationales et locales, parce que ça se passe énormément du côté des attentes sociales », explique Lionel Zinsou. « Il y a des sujets de gouvernance locale qui sont très importants. Et évidemment les gens qui ont formulé, documenté des critiques très vives. Et essayer d'être utile à l'ensemble de ces parties prenantes. Parce qu'il faut aller de l'avant. Ce sont des projets qui ont un impact social très important et un impact environnemental très important. L'idée est de faire le diagnostic et de faire les recommandations au service du développement. » Projet controverséUn projet Tilenga/EACOP très controversé. En juin dernier, une nouvelle action devant la justice française a été lancée à Paris. Objectif : demander réparation à TotalEnergies pour les préjudices estimés et liés notamment aux questions foncières. Parmi les plaignants, l’ONG Les amis de la Terre.« Selon nous, cette mission d'évaluation commanditée par Total a clairement pour objectif de répondre à nos accusations en justice et donc je suppose, d'être versé au dossier judiciaire », affirme Juliette Renaud, responsable de campagne pour l'ONG Les amis de la Terre. « On s'attend soit à ce que le rapport soit peu critique, c'est quand même le plus souvent le ton des rapports qui sont commandités par total et qui visent surtout à rassurer et finalement à blanchir leur image face aux enquêtes multiples qui dénoncent les violations qui ont lieu dans ces processus d'expropriation. Mais c'est vrai que même lorsqu'il y avait certaines critiques dans ces rapports, on est sceptiques sur le fait que Total agisse. » « On ne peut pas avoir un développement prédateur »Lionel Zinsou s’attend aux critiques, mais pour lui cette évaluation est une opportunité positive qui dépasse le cadre-même du cas ougando-tanzanien. « C’est pour ça que moi, je n'ai pas hésité à dire bon, si on peut faire quelque chose d'utile sur un projet très emblématique, le deuxième plus gros investissement en Afrique », souligne-t-il. « Est-ce qu'il a les retombées et les impacts qu'il doit avoir, ou est-ce qu'il n'a que des impacts négatifs et beaucoup de frustration ? On ne peut pas avoir un développement prédateur. Il faut absolument qu’il y ait du contenu social et environnemental quoi que l’on fasse. Et que l’on respecte les droits humains. Il y a beaucoup d'attentes, ça je le sais, et donc je vais essayer d'être le porte-parole de quelque chose qui est quand même un peu un nouveau modèle africain dans la façon dont l'Afrique demande à se développer avec ses ressources et non pas simplement d'être un producteur un peu exposé à des prédateurs. » TotalEnergies attend la remise du rapport d’ici le mois d’avril. 
1/9/20242 minutes, 23 seconds
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Électrification du Togo [2/2]: l'éclairage public solaire se développe dans les zones rurales

Au Togo, l'entreprise française Sunna Design a remporté un contrat de 40 millions d'euros pour fournir et installer 50 000 lampadaires solaires dans les zones rurales éloignées du réseau électrique. Plus de la moitié ont déjà été déployés dans les régions des Savannes et de la Kara. Reportage dans un village proche de la frontière béninoise, ayant bénéficié de ce plan d'électrification publique, initié par le gouvernement togolais. À partir de 18 heures, la nuit tombe rapidement sur le village de Kadjanga. C'est le moment où les lumières des lampadaires solaires commencent à s'allumer. Installés à la fin de l’année 2022, inauguré officiellement par le président togolais en avril 2023, l’éclairage public a changé la vie des habitants – et en particulier celle des vendeuses installées à l’entrée de la communauté – Sudou Maimounatou est l’une d’entre elles : « Le changement est bien visible : avant, à partir de 18 heures, les femmes qui vendent sur le marché devaient arrêter leurs activités, alors que maintenant, elles continuent jusqu'à 20 heures. Et puis, quand tu veux sortir de la maison, tu n'as plus la crainte des reptiles, donc même dans la nuit, les femmes peuvent prendre leur bassine et aller chercher de l'eau à la pompe du village. »Au-dessus du puits, sur un croisement stratégique, près d’un barrage militaire ou à proximité d’une école, tous les lampadaires solaires ont été installés de manière raisonnée, grâce à une cartographie des infrastructures réalisée au préalable par la start-up française Mitsio Motu. Julie Nicolas Lawson, responsable Sunna Design au Togo : « Donc, du coup, les critères, c'est qu'il faut être à plus de deux kilomètres du réseau électrique et ce qui est privilégié, ce sont les centres de santé, les écoles, les points d'eau. Il y avait aussi des enjeux de sécurité, comme on sait qu’il y a beaucoup de circulation au niveau des frontières, donc c'était aussi une demande, même des populations d'ailleurs, de pouvoir éclairer les frontières. »70 lampadaires connectés à KadjangaLes 70 lampadaires connectés font la fierté de Kadjanga. Ce village avait déjà bénéficié dans le passé de l’installation de quelques lampadaires solaires financés par une banque chinoise, mais cette première expérience a tourné court, relate Président Yoma Karatchi : « Ce n'était même pas au cœur du village, c’était à un endroit non précis, comme ça, et l’éclairage était faible aussi. Quand, ils ont mis ça, ça n'a même pas fait un an. »Pour éviter ce genre de pannes, les équipes de Sunna Design sont aussi chargées d’assurer la maintenance de leurs lampadaires pendant douze ans après leur installation. Une démarche essentielle pour garantir la durabilité de ce projet qui a redynamisé l’économie locale, selon Keleou Massama, le représentant du chef de village : « Les gens qui sont loin, ils viennent visiter notre marché. Comme nous sommes sous éclairage, le marché s'anime bien et les gens sont aisés dans leur ménage. Maintenant, les élèves ont profité de ces lampadaires pour mettre leurs tableaux contre les murs pour la révision de leur leçon. »Jusque-là, l’entreprise Sunna Design a déployé près de 29 000 lampadaires électriques dans les zones rurales du Togo.À écouter aussiÉlectrification du Togo [1/2]: Les données géospatiales au service du développement
1/8/20242 minutes, 25 seconds
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Électrification du Togo [1/2]: Les données géospatiales au service du développement

Le gouvernement togolais a lancé il y a trois ans un ambitieux projet de cartographie des infrastructures disséminées sur son territoire. En tout, plus de 150 types d’infrastructures ont été répertoriées dans le système de santé, de l’éducation ou de l’énergie... Ces données réunies sur une plateforme en ligne permettent une meilleure représentation du territoire, afin d'appuyer la planification et le développement économique du Togo. Rencontre avec les équipes de Mitsio Motu, jeune pousse de la tech française en charge de ce projet. Pendant près de huit mois, les équipes de Mitsio Motu ont réalisé une collecte de données d'une ampleur et d’une précision inédite sur le continent. C’est un véritable tour de force, que décrit Louis Verin, cofondateur et PDG de la start-up française : « C'était réaliser un recensement complet de toutes les infrastructures du pays, tout le système sanitaire, tout le système éducatif, les infrastructures énergétiques, les routes, les infrastructures agricoles, et on a travaillé donc à la cartographie de tous ces réseaux, sur le terrain, en partenariat avec les ministères. Ça a impliqué notamment une équipe de 750 personnes qui s'est déployée du nord au sud, avec également une équipe data qui a développé une plateforme assez inédite, qui s'appelle un géoportail, qui va représenter toutes ces informations, de manière hyper précise, et aussi de les rendre accessibles. »Les informations récoltées dans le cadre du Projet de recensement des infrastructures sociales et économiques en République togolaise (PRISE) ont été traitées et modélisées sur une carte dynamique. Arsène Touck est développeur full stack chez Mitsiu Motu : « Ça permet d'avoir cette donnée décisionnelle, et qui peut évoluer dans le temps. Pour dire, aujourd'hui, si nous avons eu 100 élèves dans une école et qu'il y a cinq ans il y en avait 50, on voit bien qu'il y a eu un progrès. »Chaque soir, les données récoltées sur le terrain par les collecteurs étaient traitées par l’équipe de Morgane Benoist, data ingénieur pour la start-up : « Une fois qu'on a une donnée exhaustive, on agrège toutes nos données, donc on a toutes les données du pays, on vérifie, on fait beaucoup d'analyse aussi géospatiale, pour que les données soient propres et exploitables, qu'il n'y ait pas de doublons, d'incohérence, et on les met dans une base de données géoréférencée, qui appartient maintenant au client. »L’utilisation des données géospatiales permet de réduire les risques et de faire exister des projets à moindre coût. Mitsiu Motu a par exemple définit les futurs emplacements des lampadaires solaires de l’entreprise française Sunna, déployés dans le cadre du programme d’électrification du gouvernement togolais. Eloge Amakbre, analyste projet, a supervisé la collecte des données : « Ça a permis de répartir de manière mathématique et logique, 50 000 lampadaires sur toute l'étendue du territoire, en fonction des critères que le client nous a donnés. Et ensuite, on a encore des collecteurs qui sont allés sur le terrain pour valider le déploiement théorique que nous avions fait depuis nos bureaux. »Les données géospatiales permettent une mise en œuvre rationnalisée et donc plus rapide et plus efficace des infrastructures dans le cadre de projet de développement.
1/7/20242 minutes, 23 seconds
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Dans le Somaliland, Berbera se place en concurrent de Djibouti

L’Éthiopie et le Somaliland ont annoncé avoir trouvé un accord sur l’usage du port de Berbera. Le port commercial est sous la gestion de DP World depuis 2017. Le groupe a prévu d’investir 442 millions de dollars pour le corridor de Berbera afin de s’imposer comme une alternative à la traditionnelle route de Djibouti. Sur le terrain, de nombreux travaux ont été réalisés, témoigne le sénateur des Français de l’étranger, Olivier Cadic. Il s’est rendu sur place en juillet dernier. « Il y a un port tout neuf en eau profonde dont j'ai pu observer des travaux d'agrandissement. J'ai visité l'aéroport et il y a une piste d'atterrissage qui est la plus longue d'Afrique. Le nouveau terminal flambant neuf qui pourrait accueillir les avions-cargos. J'ai vu aussi la zone franche aussi toute neuve. J'ai pu circuler sur la toute nouvelle route qui relie la capitale Hargeisa au port de Berbera, voir un magnifique rond-point tout neuf, une sorte de rocade qui permet d'éviter le centre d’Hargeisa et de partir directement vers l'Éthiopie. Donc, on voit qu’il y a beaucoup de moyens qui ont été mis pour créer ce nouveau corridor. »L’ambition serait d’y voir circuler 500 camions par jour alors que la qualité de cette route de plus de 900 kilomètres est très inégale. Cependant, les activités au port de Berbera sont belles et bien lancées. « Sur les statistiques, en tout cas de 2022, il y avait environ 123 000 conteneurs qui avaient été manutentionnés, indiqueYann Alix, délégué général de la fondation Sefacil, spécialiste des questions portuaires africaines. Ça veut donc dire qu’il y a encore de la place, évidemment, ça veut aussi dire que malgré tout, Berbera réussit à attirer des lignes régulières, pas nécessairement toujours au détriment de Djibouti, mais en tout cas, ça crée une alternative. Et donc, pour DP World, qui vend un peu un modèle clé en main de construction d'un port et ensuite d'une zone économique spéciale où on peut implémenter de l'activité industrielle, de transformation et ensuite d'investir le corridor. Je ne sais pas si on peut parler de succès ou d'échec. En tout cas, c'est une vraie alternative portuaire qui est née. »À lire aussiL'Éthiopie s'explique sur l'accord avec le Somaliland et tente de calmer le jeuUne opportunité notamment pour les régions les plus enclavées du sud de l’Éthiopie. Éthiopie qui exporte des produits agricoles notamment pour plus de 4 milliards de dollars annuellement et qui par ailleurs importe hydrocarbures, de biens semi-finis et de consommation pour plus de 18 milliards. « J'y vois véritablement une saine concurrence entre deux corridors avec Djibouti qui a une très forte expérience et expertise vis-à-vis des chargeurs et des organisateurs de transport et les logisticiens éthiopiens. Mais ces derniers sont aussi motivés par la possibilité de pouvoir peut-être négocier aussi des temps de transit ou des taux de fret qui soient assez intéressants par le Somaliland via Berbera », note Yann Alix.Cependant, contrairement à Djibouti, les conditions tarifaires et douanières entre l’Éthiopie et le Somaliland sont encore peu favorables. À noter également qu’en 2018, l’Éthiopie avait déjà voulu prendre des parts dans le port de Berbera avant de voir l’initiative achopper.
1/4/20242 minutes, 25 seconds
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Tunisie: les artisans bijoutiers qui travaillent le corail menacés de disparition [2/2]

En Tunisie, la côte de corail qui s’étend sur 180 km de Bizerte jusqu’à Tabarka, ne rapporte plus grand-chose aux artisans de la ville. Habitués à récupérer les débris ou les branches non exploitables pour l’export, les artisans bijoutiers locaux, autrefois prospères, sont menacés de disparition face à la rareté du corail et sa cherté. Portrait du doyen de cet artisanat à Tabarka. De notre correspondante à Tunis,Dans son échoppe avec pignon sur rue vers le centre-ville, Mokhtar Saoudi, 75 ans et artisan bijoutier dans le corail depuis quatre décennies, guette sa clientèle. Il est tombé amoureux pour la première fois de l’or rouge, à l’âge de 15 ans.« À l’époque, le corail était disponible en grandes quantités. Il se vendait 30 euros le kilo. On allait avec d’autres jeunes à la rencontre des pêcheurs qui ramenaient le corail avec la croix de Saint-André, une croix en métal qu’ils jetaient dans les récifs pour les casser et récupérer dans les filets, les débris. Tout ce que les pêcheurs ne gardaient pas, parce que c’était trop abîmé ou trop petit, on le récupérait et on mettait un peu d’huile d’olive dessus pour le rendre encore plus rouge. Et on le vendait pour quelques dinars dans la rue. »Autodidacte, Mokhtar s’achète ensuite une meule et du papier à poncer, avec lesquels il commence à sculpter des colliers ou des bracelets.À écouter aussiTunisie: la contrebande de corail à Tabarka [1/2]« Les gens venaient de partout en Tunisie »Peu à peu, il ne vit que pour cet artisanat qui attire de nombreux touristes dans cette ville de 20 000 habitants connue pour ses paysages entre la montagne et la mer et la richesse de son corail.« Les gens venaient de partout en Tunisie dans des foires artisanales où l’on vendait nos produits. On avait même la fête du corail, une sorte de festival dédié à l’or rouge. Les affaires se portaient bien. Il y avait déjà des acheteurs qui venaient prendre les belles pièces et allaient directement les vendre en Italie, mais c’était une époque où il n’y avait pas de contrôles douaniers ou autre. »« On se retrouve à travailler à perte »Il ouvre ensuite son atelier dans les années 2000 avec cinq femmes qu’il a formées lui-même, mais surexploité, le corail se fait de plus en plus rare et cher. Il faut désormais plonger à des profondeurs entre 120 et 150 mètres pour en trouver à Tabarka. Depuis dix ans, Mokhtar a vu son chiffre d’affaires baisser considérablement « Tous les jours, je pense à fermer boutique et je n’y arrive pas. Mais concrètement, ce n’est plus rentable pour nous les artisans. On investit en achetant 1 ou 10 kilos de corail à 3 000 euros pour faire nos bijoux, mais ensuite la clientèle ne suit pas. On se retrouve à travailler à perte. »Et la jeunesse n’est pas intéressée pour reprendre le commerce. Une vingtaine de bijoutiers vivent encore du corail à Tabarka. Si Mokhtar s’en sort encore en rachetant à des prix intéressants aux enchères, la marchandise de corail de contrebande confisquée par la douane. L’artisanat, lui, risque de bel et bien disparaître.
1/3/20242 minutes, 22 seconds
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Tunisie: la contrebande de corail à Jendouba [1/2]

Le corail de Tabarka au nord de la Tunisie a longtemps représenté une manne économique pour la région. En 2019, les autorités tunisiennes avaient d'ailleurs démantelé un réseau de trafic international en possession d'un butin de 600 kilos de corail, d’une valeur de 2 millions d’euros. Effectivement, Les prix du corail à l’export peuvent atteindre 5 000 euros le kilo. Mais dans le pays, le secteur a perdu de son prestige. Les corailleurs peinent à payer leurs charges face à l’augmentation des coûts de logistique, les plongeurs se raréfient à cause des dangers du métier et la contrebande prolifère, faisant baisser les prix du corail sur le marché. Objet de tous les fantasmes à cause de sa valeur marchande, cet or rouge est aussi l’une des causes de la mort de nombreux plongeurs. Slim Medimegh, plongeur professionnel depuis 26 ans dans les travaux sous-marins et corailleur de première formation, suit de loin le bilan meurtrier. « On en enterre pas mal chaque année, il y a des décès, il y a des disparus qu’on ne retrouve jamais », constate-t-il.Et avec la raréfaction de plongeurs professionnels, le braconnage se développe. Pour récolter le corail, les pêcheurs de l'Antiquité utilisaient la croix de Saint-André, une grosse croix en métal pour taper sur les récifs coraliens, les plongeurs en récupéraient ainsi les débris.Aujourd’hui, cette technique est encore utilisée, ainsi qu’une autre plus moderne, mais tout aussi dévastatrice : « Cela consiste à tracter des grosses chaînes sur lesquelles on accroche des morceaux de filet et ces grosses chaînes sont tractées avec des unités de pêche avec des bateaux de 10 mètres équipés de 200-300 chevaux et plus », indique-t-il.« C'est le jeu du chat et la souris »Des pratiques illégales qui ont failli faire quitter le métier à Mourad Ben Khelifa, armateur de corail depuis une dizaine d’années dans les eaux de Bizerte, au nord. Il fait face à de nombreuses difficultés : les prix de l’hélium, nécessaires pour la plongée profonde, ont quadruplé en dix ans et la concurrence de la pêche de contrebande du corail algérien est très répandue dans l’une des plus grandes réserves de corail rouge en Méditerranée.« On va dire qu’ils frôlent les frontières », explique-t-il. « Parce que moi, je l’entends à la radio toute la journée « Marine nationale, marine nationale, le bateau dans tel endroit, veuillez rebrousser chemin » C’est toute la journée, c’est la chasse, c’est le chat et la souris. C’est une barrière qui est beaucoup plus grande, c’est interdit donc, forcément, ça pas été trop exploité ».De nombreux contrôles douaniers et policiersUne fois pêché, ce corail est écoulé pour l’export, vers l’Italie, qui domine le marché. Un trafic qui fait l’objet de nombreux contrôles douaniers et policiers comme en témoignent les saisies régulières de la douane. Pour Mourad, l’excès de contrôles de plus en plus sévères met aussi en difficulté le secteur légal.« On est rentré dans l’ordre du fantasme », souffle-t-il. « Les flics, quand ils vous arrêtent avec du corail, on dirait qu’ils vous ont attrapé avec du shit. Il y en a un qui trafique, alors ils ferment pour tout le monde, le temps de comprendre et de voir. Plus personne dans la douane ne veut signer un papier parce qu’ils ont peur de se retrouver en prison à cause du corail. L’État a fixé les prix. »Le trafic menace l’écosystème corallien en méditerranée. Une problématique environnementale mise en lumière dans le documentaire tunisien The Red. 
1/2/20242 minutes, 24 seconds
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Nigeria: à Kaiama, l'effondrement des prix du karité confirme l'exception nigériane

Alors que dans les autres gros pays producteurs les prix s'envolent, le karité perd actuellement son attraction commerciale au Nigeria, pourtant premier pays producteur mondial alors qu'il exploite moins de 40 % de son potentiel. Contrairement à ses voisins ouest-africains, le Nigeria exporte une faible proportion de sa production. Seuls les acteurs artisanaux sont présents sur ce marché, très majoritairement féminin, et la demande n’est pas suffisamment forte pour soutenir les prix. Une situation qui pourrait décourager les acteurs de la filière pour la prochaine campagne l'an prochain et avoir un impact sur l’industrie de transformation, principalement située dans le sud-ouest du pays. De notre envoyé spécial de retour de Kaiama,Impossible pour Rasheeda de quitter son village de Kaiama, dans l'État de Kwara. Depuis une dizaine d'années, cette trentenaire produit du beurre karité dans un espace collectif. Rasheeda travaille pour elle-même. Ici, elle peut cuire puis piler ses amandes de karité.« Si vous avez un peu d'amandes de karité maintenant, vous pouvez réussir à produire du beurre de karité et si vous êtes patiente, cela peut vous rapporter beaucoup d'argent. Si vous produisez avec deux seaux d'amandes de karité, quand les prix sont bons, vous pouvez réaliser un bénéfice pour acheter quatre autres seaux d'amandes de karité. »Le prix actuel de vente des amandes de karité n'est pas satisfaisant pour Rasheeda, car équivalent à 0,18 euro le kilo dans son village, et un centime de plus seulement sur le marché de Kaiama. Rasheeda préfère donc transformer en beurre de karité une toute petite partie de son stock, attendant la hausse des prix des amandes.Parmi les clients de Rasheeda, Akabi Iyabo est une négociante indépendante : « Pour l’instant, un sac vaut l'équivalent de 95 euros. Il contient du beurre de karité mis directement à la fin de sa préparation. J'achèterai, disons, jusqu'à 50 à 60 sacs. Vous savez, avant la dévaluation du naira, c'était vraiment intéressant d'acheter 50 sacs. Maintenant, les prix ont augmenté pour nous ».Un bénéfice d'environ 15 000 euros annuelsLa vente du beurre de karité, pour Rasheeda c'est de l'argent frais pour investir dans des céréales qu'elle achète ici à Kaiama. En spéculant sur le prix de ces céréales, Rasheeda peut ainsi acheter des amandes de karité dans des villages voisins isolés, car sans voie d'accès, puis revendre ces amandes lorsque le prix est haut, notamment à des représentants de grosses entreprises industrielles.« J'achèterai des céréales comme du millet et du maïs grâce aux bénéfices de mes ventes de beurre de karité et je les stockerai. Si la noix de karité arrive à maturité, j’achèterai alors de nouvelles noix, je commencerai à la transformer et en stockerai certaines. C'est comme ça que je fais mes affaires. »Et pour toutes ces transactions, Rasheeda n'emprunte jamais auprès des rares établissements de microfinance présents à Kaiama. À demi-mot, elle reconnaît que ses bénéfices dépassent l'équivalent de 15 000 euros en moyenne chaque année. Une belle somme comparée au 1 934 euros de revenu brut annuel par habitant au Nigeria, selon la Banque mondiale en 2022.À lire aussiKarité: une campagne portée par la hausse des prix du cacao
1/1/20242 minutes, 27 seconds
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Maurice: la double hausse des salaires prévue en janvier suscite espoirs et inquiétudes

Double bonne nouvelle pour les salariés de l'île Maurice : le gouvernement a annoncé une hausse significative du salaire minimum, suivie d’une augmentation sans précédent des salaires. Cette dernière mesure concerne plus de 460 000 actifs. Si les syndicats saluent cette décision, les industriels et les économistes s’interrogent... Avec notre correspondant à Port-Louis,« C’est du jamais-vu à l’île Maurice. » La syndicaliste Jane Ragoo se réjouit face à ce qu'elle considère comme une avancée majeure pour la revalorisation salariale à Maurice. La secrétaire générale de la Confédération des travailleurs du secteur privé a été agréablement surprise par l’annonce du ministre des Finances le mois dernier : « Pour voir qu’un salaire puisse doubler en cinq ans, c’est du jamais-vu à Maurice. On a compris que les gens ne peuvent plus vivre avec un salaire de misère ».Le salaire minimum concerne 140 000 salariés des secteurs public et privé. Il est revalorisé à 15 000 roupies, soit 310 euros contre 240 euros auparavant. C’est un relèvement de 45 % en ajoutant les allocations sociales. Cette augmentation se double d'une autre décision exceptionnelle puisque l’ensemble des 460 000 actifs mauriciens, employés du privé comme fonctionnaires, vont voir leurs salaires augmenter de 30 à 40 euros à partir de fin janvier prochain.Une annonce qui a bousculé les projets de Manoj Hardial, qui tient une entreprise textile avec six salariés : « C’est pour cette raison que je suis présent dans les foires en ce moment. Il faudra engranger un maximum de bénéfices, pour pouvoir maintenir les emplois. Et puis j’espère que le fisc va encore aider les entreprises en difficulté ».Une décision à hauteur de 22 milliards de roupiesL’une des organisations patronales, Business Mauritius, affirme que cette situation met une forte pression sur les industriels. Les économistes, eux, évaluent le coût de cette mesure pour le pays à 22 milliards de roupies. C’est, à titre d’exemple, le budget annuel consacré à l’Éducation nationale.L’analyste Manisha Dookhony estime que de tous les secteurs industriels, c’est le textile qui sera le plus impacté. Un secteur qui va être forcé de revoir son modèle. Elle observe aussi que Maurice met à exécution son projet de devenir un pays à revenu élevé : « Ces nouvelles politiques au niveau des salaires donnent aussi une indication que Maurice souhaite aller vers plus de valeur dans les emplois et se tourner notamment vers les secteurs à haute valeur ajoutée telle que la biopharmaceutique ».Certains industriels considèrent la double augmentation de salaire décidée par le gouvernement un peu rapide, ou même qu'il s'agit d'une décision populiste alors que le pays se prépare à entrer en campagne électorale.À lire aussiMaurice: les centres commerciaux deviennent la principale attraction de la population
12/31/20232 minutes, 14 seconds
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Le FIDA cherche à mettre les finances mondiales au service des petits agriculteurs

Mi-décembre, le Fonds international de développement agricole (FIDA) des Nations unies a lancé sa nouvelle campagne de levée de fonds. Il cherche à récolter deux milliards de dollars de nouveaux financements pour atteindre une enveloppe globale de dix milliards pour son programme d’action triennal. Objectif : améliorer les conditions de vie de 100 millions de ruraux.  La quatrième session de reconstitution des ressources financières du FIDA a pris place à Paris et était coorganisée par l'Angola et la France. En Angola, le FIDA finance neuf projets qui ont profité à près de 600 000 familles. Un exemple de succès, selon la ministre de la Pêche et des Ressources marines angolaise, Carmen do Sacramento Neto, est le projet AFAP qui a permis de développer les capacités des pisciculteurs.« Deux bassins ont pu être fabriqués au bénéfice de 235 familles, explique ainsi la ministre. Un bassin est dédié à la production de poissons pour la vente sur les marchés. L’autre bassin pour la consommation locale. Cela a permis de créer une source de revenus pour les communautés, mais également de répondre aux besoins alimentaires. »Cet appel à contribution du FIDA intervient à un moment où d’autres institutions organisent également leurs levées de fonds. 48 États se sont tout de même engagés à contribuer pour un montant d’un peu plus d’un milliard de dollars. « C’est vrai que de nombreux pays doivent choisir entre différentes organisations, reconnaît Alvaro Lario, le président du Fonds. Pour nous, c'est donc le témoignage de la confiance qu'ils ont dans la mission et surtout dans les résultats du FIDA. »À lire aussiRDC : une loi pour sécuriser les petits agriculteurs du Haut-KatangaS'adapter au nouveau contexte économique mondial, un effort obligatoireLa singularité du FIDA est qu'il s'agit de la première institution spécialisée des Nations unies à s’être connectée aux marchés financiers mondiaux, ce qui lui permet de lever davantage de fonds. « La capacité d’emprunt du FIDA est notée AA+. Nous émettons également des obligations dans le cadre de placements privés bilatéraux », continue le président.C'est une initiative prise dans le contexte économique complexe de ces dernières années. En effet, la finance publique n’est plus l’option favorisée par les institutions internationales. Le FMI et la Banque mondiale ont entamé une réflexion sur les mécanismes de financement, à laquelle n’échappe pas le FIDA.« Désormais, nous utilisons notre bilan pour co-investir avec le secteur privé, explique encore Alvaro Lario. Maintenant, pour les nouvelles stratégies pays et nos nouveaux programmes, nous verrons quels sont nos points d'entrée, les moyens de nous connecter et d’intégrer le secteur privé dans nos projets. »Le FIDA se destine à aider les petits exploitants agricoles essentiels à la sécurité alimentaire des pays à faibles revenus. Ces petits agriculteurs sont également les plus vulnérables au changement climatique et aux conflits.À lire aussiInsécurité au Sahel : comment relancer la filière agricole
12/28/20232 minutes, 15 seconds
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Centrafrique: la culture de l'orange à Borossé entravée par l'état des routes

En Centrafrique, décembre est le mois de la récolte des oranges. Le village de Borossé, situé à 35 km au nord de la capitale Bangui est considéré comme l’un des premiers centres de production d’oranges du pays. Mais cette année, les cultivateurs n’arrivent pas à écouler leurs marchandises en raison de l’état piteux des routes et des barrages illégaux. De notre correspondant à Bangui,À l’entrée du village Borossé, 5 000 orangers sont alignés de part et d’autres au bord de la route sur une distance de cinq kilomètres. Sur les branches, on distingue des oranges de couleur verte, jaune ou orange selon les variétés.  Ce village est l’un des premiers producteurs d'oranges du pays, une notoriété qu’il lui vaut son surnom de « capitale de l’orange ».Ruffin Doubalé est un cultivateur de 45 ans. Dans sa parcelle, il réserve une portion de dix hectares à la production d’oranges. Avec une moyenne de 1 000 orangers par hectare et un rendement de 20 tonnes chaque année, il est l’un des plus grands producteurs du village depuis 20 ans. « C’est difficile de travailler sur 10 hectares d’orangers, révèle le cultivateur. C’est pourquoi chaque année, je mobilise une dizaine d’ouvriers pendant la saison des oranges. Ces jeunes que vous voyez sont là pour entretenir les orangers et chercher des anomalies qui peuvent nuire aux fruits ».Privat, l’un des fils de Ruffin, fait partie des ouvriers. À 22 ans, son père lui a transmis la passion de l’orange : « J’adore les oranges, raconte-t-il. C’est un stimulant qui me donne de l’appétit. Quand il est fraichement cueilli comme ça, il est doux, naturel et très sucré. Depuis des années, mon père travaille avec des moyens archaïques. Mais je me bats pour devenir d'ici à cinq ans l’un des grands producteurs d’oranges de la RCA. »À lire aussiCentrafrique : à Bangui, le succès d'une foire organisée par des femmes entrepreneuresDes infrastructures routières encore trop précairesUn grand dépôt de 20 m² se trouve à l’angle ouest de la parcelle. C’est ici que Ruffin conserve ses oranges. Pour améliorer ses rendements, il compte sur des experts comme cet homme, Mboligoumba Toussaint : « Ça fait 32 ans que je m’intéresse aux oranges, affirme-t-il. Depuis deux ans, j’accompagne ce jeune entrepreneur dans ses activités. Je l’aide à développer des pépinières afin d’avoir un meilleur rendement et surtout de consolider son économie. »Cette année, Ruffin a fait un surplus de production parce que la saison des pluies a duré huit mois au lieu de six. C’est un avantage, mais il n’arrive pas à écouler ses produits : « Le problème est la dégradation des routes qui relie Bangui à notre village. Les camions que je louais ne veulent plus venir jusqu’ici. Les quelques rares qui viennent coûtent trop cher et ça joue en notre défaveur ».Quelques vendeurs sont obligés de venir à la source pour se ravitailler. C’est le cas de Diane Kossi : « Je suis obligée de venir à la source, témoigne-t-elle. J’ai loué ce taxi-brousse à 150 000 francs CFA [approximativement 225 euros] parce que le carburant est rare. Il faut ajouter à cela les tracasseries routières. C’est vrai qu’on ne va pas gagner beaucoup comme auparavant, mais je suis obligée de continuer ».Le village Borossé compte plus de 2 000 habitants, parmi lesquels plus de 800 producteurs d’oranges, selon le chef du village. Pour être plus influents, ils veulent mettre en place un groupement de producteurs.À lire aussiCentrafrique : les habitants de Bangui face à une crise des carburants qui s'éternise
12/27/20232 minutes, 17 seconds
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Côte d'Ivoire: l'élevage d'escargots géants, une activité lucrative

En Côte d’Ivoire, l’élevage d’escargots géants est une nouvelle filière en plein boom. Ces cinq dernières années, plusieurs fermes d’élevage ont ouvert leurs portes, essentiellement dans les zones humides. Cette activité s'avère particulièrement lucrative. Reportage dans une ferme d’élevage, à Azaguié, à 40 km au nord d’Abidjan. Dans un bâtiment en briques, des bâches en plastiques font office de mur. À l’intérieur, ion peut voir plusieurs bacs, recouvert d’une grille. Dans ces bacs, des milliers d’escargots vivent sous des feuilles. Jean-Noël Akessé les arrose une fois à deux fois par jour, selon la saison. « En ce moment, j'en ai 4 000 et ils se reproduisent vite, indique-t-il. Nous voulons recréer l'environnement naturel de l'escargot : il n'aime pas le soleil et vit dans les milieux humides. »À l’origine, Jean-Noël Akessé est commerçant. Il s’est reconverti dans cette filière par pragmatisme : l’élevage d’escargot nécessite peu d’investissements et rapporte gros. « Je fais la vente par trimestres, rapporte l'éleveur. Je vends environ une tonne d'escargots et elle me rapporte 300 000 francs CFA [environ 450 euros]. À l'année, ça revient à 12 millions de francs CFA [approximativement 18 000 euros] ».Bernus Bleu fait partie des pionniers dans cette filière. Cet ingénieur mise sur les produits dérivés de l’escargot. Son entreprise fabrique notamment des savons et des gels douche à partir de la bave d’escargot. « On peut vendre la coquille de l'escargot, qui est une composante de l'alimentation du bétail, explique-t-il. La bave de l'escargot peut servir aux produits cosmétiques. Ces produits dérivés sont achetés par des industriels, comme des fabricants de savons parallèles par exemple. Les industriels qui fabriquent les produits cosmétiques achètent la bave et nous achetons l'escargot vivant directement auprès des éleveurs ».Une filière en pleine expansion depuis cinq ansLa Côte d’Ivoire produit en moyenne 250 tonnes d’escargots géant par mois. Cependant, la filière doit encore se structurer davantage afin de pouvoir répondre à la demande sur l’international. C'est ce qu'explique Christian Alla, le coordonnateur d'un projet d’appui des élevages en développement au ministère des Ressources Animales : « D'abord, il n'y a pas suffisamment de production au niveau de la bave d'escargot pour qu'elle puisse être exportée. Ensuite, il y a la question des normes. Le projet va travailler à ce que l'on puisse accroître la production de bave, améliorer les normes de production et aussi la législation. »Ce responsable entend continuer de mettre l’accent sur la formation afin d’aboutir à un label ivoirien, pour mieux exporter les produits dérivés de cette filière.À lire aussiCôte d’Ivoire : la progression fulgurante de l'élevage d'escargots géants
12/26/20232 minutes, 26 seconds
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Visa Schengen: au Portugal, l'accès aux visas facilité pour les Africains lusophones [2/2]

La question des migrations est au cœur des débats des États européens. L’Union européenne vient de signer son « Pacte asile et migration ». Et aors que certains États cherchent à tout prix à limiter l’arrivée d’étrangers, d’autres comme le Portugal veulent au contraire les encourager. Depuis novembre 2022, le pays a mis en place une facilité de visas aux populations de l’espace de langue portugaise (CPLP) pour venir y résider et travailler. Originaire du Cap-Vert, Fernando Furtado est arrivé au Portugal à la fin des années 1980. Venu chercher du travail dans le bâtiment, sa légalisation a pris du temps. Il observe avec une pointe d’envie les facilités pour les nouveaux arrivants : « J'ai un collègue, il travaille dans le bâtiment comme maçon. Il est là depuis 4 ou 5 mois et il a été légalisé tout de suite. Dès son arrivée, il a eu ses papiers, son contrat de travail et un visa de deux ans. Deux jours après son arrivée, il travaillait ».Le Portugal aurait déjà délivré 140 000 de ces titres de séjours. Ana Gomes est une diplomate et femme politique portugaise : « La priorité pour les Portugais, c'était de légaliser la situation de beaucoup de travailleurs qui sont au Portugal en situation irrégulière. C'est aussi bien sûr l'intérêt de certains secteurs au Portugal qui ont vraiment besoin de main-d'œuvre. C'est le cas bien sûr des secteurs de l'agriculture, de la construction, etc ».Une infraction selon la Commission européenneCes migrants viennent du Brésil, mais également de pays lusophones d’Afrique comme l'Angola ou le Mozambique. À Sao Tomé-et-Principe, le Programme des Nations unies pour le développement a étudié ce phénomène avec près de 20 000 candidats. Les demandes de visa vers le Portugal y ont doublé depuis la mise en place de cette facilité.Luca Monge Roffarello est l’économiste qui a mené cette étude : « Cela représente 8 à 9 % de la population, ce qui est énorme. C’est pourquoi, au PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), nous avons immédiatement examiné cette question. Nous avons fait une évaluation préliminaire, mais nous souhaitons également examiner cette question d'un point de vue systémique, car cela peut poser des problèmes du point de vue du développement. Par exemple, nous sommes très préoccupés par la fuite des cerveaux et l’impact que cela peut avoir sur la santé, sur le système éducatif ou encore sur le secteur privé. Mais d’un autre côté, cela peut également créer des opportunités avec l’envoi de fonds provenant de la diaspora ou des échanges plus étroits de compétences avec les personnes de la diaspora qui ont réussi ».La Commission européenne a ouvert une procédure d’infraction contre le Portugal. Elle estime que ce titre de séjour va à l’encontre du modèle uniforme de l’espace Schengen et demande au Portugal de remédier à ces manquements.À lire aussiVisa Schengen, un frein pour les entrepreneurs africains [1/2]
12/25/20232 minutes, 18 seconds
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Visa Schengen, un frein pour les entrepreneurs africains [1/2]

Le visa court séjour permettant l'entrée dans l'espace Schengen pour trois mois maximum est devenu difficile à obtenir. C'est le cas pour la France, et c'est un obstacle de plus pour les entrepreneurs africains qui viennent dans l'Hexagone pour trouver des capitaux.
12/24/20232 minutes, 27 seconds
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Le poids de la dette sur l'action climatique

Un examen mondial sur la dette, la nature et le climat a été officiellement lancé au cours de la COP28 par la Colombie, la France et le Kenya. Objectif : étudier les réformes nécessaires pour assurer la viabilité de la dette des pays en développement face aux besoins liés au changement climatique. Mais en quoi dette et climat sont-ils liés ?  Réaliser la transition énergétique pour limiter le réchauffement climatique, s’y adapter, cela demande des investissements. Encore faut-il pouvoir investir, a souligné Ali Mohamed, émissaire kényan pour le climat, en marge de la COP28 à Dubaï. « Malheureusement, de nombreux pays, y compris le nôtre, n’ont pas la marge budgétaire nécessaire pour avoir accès à des capitaux qui nous aideraient à être plus résilients et à agir pour le climat. Les marges se rétrécissent. Et en fait, beaucoup de pays sont au bord du défaut. Je pense qu'il y a plus de 54 pays dont la situation est alarmante. Au moins 24 d'entre eux sont en Afrique, mais il y a beaucoup d’autres pays en développement qui sont concernés. Ils ne peuvent pas développer des mesures pour être résilients face aux crises climatiques. »À écouter aussiCOP28 : la stratégie commune des pays africainsDes marges budgétaires amoindries à cause des dégâts liés au changement climatiqueMoins de résilience, c'est plus de dégâts. Et in fine, ce sont des marges budgétaires qui se réduisent encore. Le Kenya a été confronté en novembre à des inondations dévastatrices. Inondations favorisées par le changement climatique. Selon le World Weather Attribution, il a rendu les précipitations, liées au phénomène El Niño, jusqu’à deux fois plus intenses.« Un certain nombre de ponts au Kenya, qui ont été construits avec de la dette, ont été détruits par les eaux. Et le Kenya doit emprunter de l’argent pour reconstruire les infrastructures qui ont été détruites à cause des événements météorologiques extrêmes que nous vivons », rappelle Ali Mohamed.À lire aussiKenya: au moins 120 morts dans des inondations recordsEntrave au développement des énergies renouvelablesLes fonds pour financer reconstruction et dépenses climatiques, lorsqu'ils sont disponibles, le sont à des taux d'intérêts « insoutenables » aux yeux d'Ali Mohamed. Le coût du capital : une entrave, par exemple, au développement des énergies renouvelables, souligne Amos Wemanya, en charge de l’énergie chez Power Shift Africa, basé à Nairobi. « Les statistiques les plus précises indiquent que le coût du capital en Afrique est six fois plus élevé que dans d’autres régions. Et cela est dû au niveau de risque que présentent les prêts aux pays africains. Mais parfois, certains de ces risques, ne sont pas fondés. Je pense donc qu’un changement dans l’architecture financière mondiale serait une bonne chose. »L'accord de la COP28 promeut l'augmentation des financements basés sur des subventions ou des prêts hautement concessionnels, c'est-à-dire à des conditions préférentielles. Le Kenya, en avance sur les renouvelables, espère désormais attirer davantage de fonds pour l’adaptation. En 2021, seulement 27% de la finance climatique était dirigée vers l’adaptation, selon l'OCDE. 
12/21/20232 minutes, 19 seconds
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Cédéao: multiplication des accords bilatéraux en faveur du «free roaming»

Malgré l’adoption en 2017 d’un « règlement relatif aux frais d’itinérance sur les réseaux mobiles dans l’espace Cédéao », les habitants de la sous-région continuent bien souvent de payer leurs appels et leurs données au prix fort lorsqu’ils sortent de leur pays. À moins qu'ils n'achètent une SIM locale à chaque déplacement. Mais ces derniers mois, plusieurs accords bilatéraux ont été signés entre régulateurs nationaux, afin de faire baisser drastiquement les frais d’itinérance. Le Togo, le Bénin, le Ghana, le Gabon ou encore la Côte d'Ivoire ont par exemple commencé à s'entendre sur le sujet. De notre correspondante à Lomé, En plein cœur de la capitale togolaise, à quelques mètres seulement de la frontière avec le Ghana, Idayatu vend des savons et des produits de beauté sur un petit stand : « Moi, je vais à Lagos pour acheter les marchandises, pour les ramener ici ». Mais, à chaque fois qu’elle passe une frontière, Idayatu est forcée d’acheter une nouvelle carte SIM pour communiquer. « J'ai une SIM du Nigeria, une pour le Ghana, une pour le Togo. Et même une pour la Côte d'Ivoire aussi. Si tu as besoin, c'est normal, tu vas payer » déplore-t-elle.Frais d'itinérance réduits pour 2024Pourtant, la Cédéao a adopté dès 2017 une initiative relative à l’itinérance des données. Un règlement communautaire qui a du mal à être appliqué jusque-là. Yoavi, qui tient un bureau de change à cent mètres de la frontière ghanéenne, se plaint du coût élevé du roaming : « Parfois, quand tu rentres au Ghana, ta SIM se met directement en "roaming". Et ça va couter cher pour toi et pour celui que tu appelles. »Pourtant, les choses sont sur le point de changer. Le Togo a signé récemment des accords bilatéraux de free roaming avec le Bénin, le Ghana ou encore le Mali. À partir de début 2024, les frais d’itinérance entre ces pays vont être drastiquement réduits. « Dans un premier temps, la réception d'appels est gratuite pour ces clients, alors que dans le roaming courant, la réception d'appels est facturée. Alors que là, elle est gratuite pour un séjour consécutif de 30 jours dans le pays visité. Et dans un second temps, lorsqu'il utilise son numéro dans le pays visité, les tarifs ont été étudiés de telle sorte qu'ils ne dépassent pas les tarifs qui sont appliqués par les opérateurs du pays visité », explique Aissatou Diallo, la directrice du marketing et de la communication pour l’opérateur Togocom.Un coût pour les opérateurs Avec ces accords bilatéraux, les régulateurs nationaux espèrent utiliser les communications comme un vecteur de développement et d’intégration régionale.  La baisse tarifaire prévue est importante : au moins 60% de réduction sur les appels passés depuis le Bénin vers le Togo par exemple. Et elle concerne aussi les données. Hervé Coovi Guedegbe est le secrétaire exécutif de l’autorité de régulation des communications du Bénin – il constate que le règlement de la Cédéao n’est pas suffisamment mis en œuvre : « Avant ces accords, vous êtes exclus lorsque vous passez de l'autre côté, parce que le service d'itinérance data, peut-être que votre fournisseur système ne l'a pas en contrat avec un opérateur du pays visité... Et quand il l'a, vous étiez dans des tarifs de l'ordre de 1 500 à 2 000 Francs CFA le mégaoctet... Avec ces accords, les opérateurs ont concédé que le mega ne dépasserait pas les 2,22 Francs CFA. »Ces mesures ont bien sûr un coût pour les opérateurs téléphoniques, qui tablent sur la fidélité de leurs clients, même à l’étranger. À écouter aussiFin du roaming : vers la téléphonie mondialisée ?
12/20/20232 minutes, 23 seconds
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Sommet Emerging Valley: les startupeurs africains à la chasse aux investissements

La chasse aux investissements pour les start-up africaines. Les levées de fonds ont largement diminué cette année, comme dans le reste du monde. Les investissements ont encore chuté au second semestre. Comment trouver des capitaux pour se développer ? Rencontre de startupers africains lors du forum Emerging Valley qui se tenait à Marseille, en novembre 2023. De notre correspondante de retour de Bentiu,Doudou Tamba affiche un large sourire. Le jeune pharmacien-chimiste sénégalais présente son innovation. Un répulsif anti-moustique naturel qui a reçu une autorisation de mise sur le marché en France. Un environnement en constante progressionLa start-up de Doudou Tamba, labellisé French Tech, s'appuie sur un incubateur marseillais depuis 2019, utile pour trouver des financements : « Souvent les investisseurs, ils occultent l'innovation. Tant qu'il n'y a pas de preuve de marché, il n’y a pas d'investisseur. Mais c'est vrai qu'avec un accompagnement comme c'est proposé ici, on arrive quand même à avoir des produits qui arrivent à maturité. Lee but derrière, c'est de faire perpétuer cette coopération nord-sud à travers ce type de projet innovant. » Certes, les levées de fonds stratosphériques des années post-Covid ne sont plus. Certes, les entrepreneurs africains manquent toujours de financements. Mais Malick Diouf, créateur de LAfricaMobile, très impliqué dans l'écosystème tech' du Sénégal, insiste sur un point, cela progresse : « L'environnement de l'investissement a tellement évolué que les acteurs d'aujourd'hui, les startupers d'aujourd'hui, ne se rendent pas compte de ce qu'il y avait il y a 10 ans. J'ai discuté avec un jeune startuper qui se plaignait du fait, après avoir gagné un prix de 20 millions de francs CFA – l'équivalent de 30 000 euros -, qu'on allait lui donner ça par tranche et que ça allait retarder son projet. Nous à l'époque, quand on a commencé, je me rappelle le premier prix que j'avais gagné au Sénégal, c'était 2 000€. C'était énorme à l'époque. » Des investisseurs plus sensibles au capital humainCynoia, c’est une start-up franco-tunisienne qui propose des solutions digitales aux petites et moyennes entreprises. À sa tête Nasreddine Riahi, il vient de lever 850 millions d’euros. Il nous explique ce qui a plu aux investisseurs : « C'est vrai qu'il y a de moins en moins d'argent à donner à des start-up. Le capital-risque est révolu, et maintenant, ils investissent plus dans l'humain que dans des "succes stories". Mes investisseurs me le disent toujours : "On a investi en Nasreddine, lui-même, avec sa team". C'était vraiment un chemin semé d'embûches hein, ce n'était pas facile du tout. Mais on a pu quand même aller convaincre pour mettre un gros ticket. » Quatre pays : Nigeria, Kenya, Afrique du Sud et Égypte captent toujours l’essentiel des investissements. Mais selon un récent rapport du cabinet StartupBlink, le Sénégal et l'île Maurice ont réalisé cette année les plus fortes progressions sur le continent. À écouter aussiPourquoi les start-up en Afrique sont à la peine
12/19/20232 minutes, 14 seconds
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Soudan du Sud: les inondations renforcent l'économie de la pêche

À cause du changement climatique, le Soudan du Sud connaît des inondations catastrophiques. C'est le cas à Bentiu, la capitale de l’État d’Unité, au nord du pays, qui abrite pas moins de 230 000 déplacés ayant perdu tout ce dont ils dépendaient pour leur subsistance. Mais ces inondations ont apporté avec elles une nouvelle ressource en abondance, le poisson. Et toute une petite économie se développe autour de la pêche. De notre correspondante de retour de Bentiu,La longue digue qui protège le camp de déplacés, accolé à la base de l’ONU à Bentiu, sert d’embarcadère pour les canoës. Elle accueille plusieurs petits marchés aux poissons.Mary Nyapar, 30 ans, vendeuse de tresses de poisson séché, fait partie d’un groupe de femmes qui se sont organisées ensemble pour faire ce commerce : « C’est notre propre initiative, on a réussi à mettre chacune un peu d’argent dans un pot commun ; ça nous permet d’acheter ce poisson séché pour le revendre et assurer la survie de nos enfants. Ça fait deux ans que je fais ça, j’ai commencé après les inondations. Avant, j’avais un petit stand de thé, mais c’est devenu insuffisant, donc je suis devenue vendeuse de poisson séché ».Tous les métiers liés au poisson se développent D’autres métiers se développent autour de la pêche. Jeremiah Dak Mantai, 50 ans, menuisier, se concentre lui sur la fabrication de canoës : « Moi, je résidais dans le comté de Gwit et ça fait presque trois ans que je suis ici à cause des inondations. Je construis des canoës pour subvenir aux besoins de ma famille. Il faut entre trois et sept jours pour en construire un de petite taille, selon la disponibilité des matériaux. Le prix de vente varie entre 300 et 600 dollars. C’est un bon job, car je peux aussi m’en servir pour pêcher ».À l’autre bout de ce camp gigantesque, des coups de marteaux retentissent depuis l’atelier de Gatluak Kuany, un forgeron de 39 ans. Installé ici depuis 10 ans, il a dû abandonner son atelier en ville, à Bentiu, quand la guerre civile a éclaté en 2013. « Ça nous a pris quelques semaines pour démarrer cet atelier. Mais nous avons réussi à en faire ce qu’il est maintenant au fil des mois. Nous sommes en bord de route, ça permet d’attirer les clients. Ce job me permet de survivre, car il n’y en a pas d’autre ici », explique-t-il.Sortir de la dépendance humanitaireGatluak Kuany forge toutes sortes d’objets à partir de métaux recyclés : bijoux, cuillers, couteaux, machettes et autres outils pour l’agriculture, mais aussi des instruments pour la pêche. « Les pêcheurs nous achètent ces poids par douzaines. Ils les accrochent au bout de leurs filets pour éviter que le courant de l’eau ne les emporte. Ça permet d’attraper du poisson. Ils viennent ici pour s’approvisionner, il y a des jours où nous avons trop de demande et des jours où on a du mal à vendre tout ce que nous produisons ».Pour tenter de sortir de la dépendance à l’aide humanitaire, les pêcheurs et artisans déplacés par les inondations espèrent recevoir des équipements, des outils, des compétences pour les soutenir dans leurs activités.
12/18/20232 minutes, 25 seconds
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Centrafrique: à Bouboui, la crise du carburant freine l'activité et la vie quotidienne des habitants

La République centrafricaine vit depuis un mois au rythme d'une crise de carburant. À Bangui, certaines stations-service sont fermées. Et en province, dans certains villages comme à Bouboui à 45 km au nord de Bangui, il n'y a pas de stations-service. Il est difficile pour les opérateurs économiques et les usagers de s'en procurer, alors certains jeunes du secteur revendent du carburant acheté à Bangui. Si beaucoup sont soulagés par cette revente sur le marché informel, d’autres dénoncent des pratiques fallacieuses de certains revendeurs. De notre correspondant à Bangui,Dans la vallée de l'Ombella-M'Poko, le village de Bouboui est isolé entre les hautes herbes, les pierres et une étendue de verdure. Près de 2 000 personnes y vivent : des éleveurs, pêcheurs et commerçants qui animent le marché au bétail, l'un des plus importants du pays.Mais depuis un mois, la crise du carburant a fortement impacté le bon déroulement des activités. Les usagers doivent leur délivrance à une dizaine de jeunes revendeurs. Devant un kiosque en bois, une vingtaine de bidons sont remplis d'essence. Les usagers font la queue pour s'approvisionner sous un soleil de plomb. Amos est un revendeur.« Dans les stations de la capitale, le litre coûte 1 100 francs CFA. Je parcours les 45 km avec ma moto et je transporte généralement cinq bidons de 25 litres. Je paie aussi des sommes forfaitaires à chaque barrière. Ici, je revends le litre à 1 500 francs CFA pour compenser les tracasseries routières et avoir de quoi vivre », explique-t-il.Une crise qui impacte la vie quotidienneProblème : la demande dépasse l’offre. La crise du carburant provoque aujourd'hui la hausse des prix des marchandises et le mouvement de transport n’est plus fluide à Bouboui. Dans les ménages, les femmes comme Fidélia ne parviennent pas à moudre le manioc avec les machines à essence.« Ce problème de carburant a un impact négatif sur ma famille. La plupart des moulins à manioc du village ont cessé leur activité. Les seuls qui fonctionnent grâce aux revendeurs nous imposent des tarifs exorbitants. Le petit seau de manioc qu’on a l’habitude de moudre à 50 francs CFA passe à 125 francs CFA. »Les revendeurs jouent un rôle non négligeable à Bouboui mais certains panachent le carburant brut avec des produits indésirables comme de l'eau et des colorants. Alain-Blaise, un usager, se plaint de la moralité de quelques-uns. « Cette pratique n’est pas du tout normale. J’ai acheté ma moto à 700 000 francs CFA. Mais certains revendeurs mélangent le carburant avec de l’eau ainsi que des colorants pour augmenter la quantité et avoir beaucoup d’argent. Aujourd’hui, le moteur de ma moto ne marche plus », déplore-t-il.Depuis le début de l'année, une vingtaine de dépôts de revendeurs de carburant ont pris feu à Bangui et à l’intérieur du pays, causant d'importants dégâts matériels. En juin dernier, le ministre de l'Énergie a pris la décision d'interdire la vente anarchique de carburant. Mais faute de stations-service dans les localités reculées comme à Bouboui, les revendeurs continuent d'approvisionner leurs villages en produits pétroliers.À lire aussiCentrafrique: les habitants de Bangui face à une crise des carburants qui s'éternise
12/17/20232 minutes, 19 seconds
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Congo-Brazzaville: l'opération «gardons nos villes propres» fait grincer des dents

Le ministère congolais en charge de la Décentralisation mène de concert avec les municipalités des grandes agglomérations une opération dénommée « gardons nos villes propres ». À Brazzaville, elle consiste à déguerpir les marchés de fortune et à libérer les trottoirs. Au risque de plonger les jeunes vendeurs informels dans la pauvreté.   De notre correspondant à Brazzaville,Nous sommes devant le marché Total, le plus grand et le plus moderne de Brazzaville. Mais les marchands qui exposaient produits alimentaires, cosmétiques et autres friperies sur les trottoirs encombrés de l’ex-avenue de l’OUA ont été chassés. La circulation est fluide. Mais, Prince, étudiant sans emploi, est furieux. Il est revenu s’installer dans un coin pour vendre des sandales en caoutchouc aux passants. « Ce n'est pas une bonne de chose (de nous déguerpir) parce que le pays ne propose pas de boulot. Au Congo, on n’a pas de boulot, mais l’État nous chasse encore au bord de la voie principale. On va aller où ? Le seul boulot qui reste ici, c'est l’armée. Pour faire rentrer les dossiers en vue de l’intégration dans l’armée, c’est aussi un problème. On est partis à l’école, mais au final, on ne nous donne pas le boulot », se plaint-il.Le jeune Prince défend son travail informel, qui lui permet de faire face à ses besoins. « On fait de bonnes affaires, on ne fait pas de la pagaille. Ça va, mon petit chiffre d’affaires. Avec mon petit travail (de vente d’articles) je ne peux pas envier un fonctionnaire. Je me débrouille, c’est l’essentiel pour moi », indique-t-il.   « C'est un manque à gagner »L’opération « gardons nos villes propres », à durée indéterminée, fait grincer des dents, y compris chez les clients de l’informel : « Il faut dire que pour les vendeurs et les acheteurs, c'est tout un problème. C’est un manque à gagner. Nous, les acheteurs, nous ne savons où trouver les marchands », analyse un usager.  Les déguerpis, eux, cherchent à reprendre leurs activités. « Ma plainte est que, si c’est ce qu’ils veulent, qu’ils nous montrent où aller vendre. Il n’y a pas de places où on peut aller ; même pas dans le marché. La mairie n’a rien prévu. Ils sont en train de chasser les gens », se désole un marchand.  « Il s’agit de parler de réorganisation »Un témoignage battu en brèche par le ministre en charge de la Décentralisation, Juste Désiré Mondélé : « Il ne s’agit pas de parler de compensation comme telle. Il s’agit de parler de réorganisation, d’autant plus que les personnes ou les commerçants déguerpis retrouvent les marchés domaniaux. Selon les retours ou les témoignages que nous avons, nombreux ont déjà occupé les étals dans les marchés domaniaux avec une aisance dans la pratique de leur commerce. Les marchandises ne sont plus étalées à même le sol. Cela impacte aussi sur leurs chiffres d’affaires », a-t-il affirmé.  Au Congo-Brazzaville, il est établi que l’économie informelle emploie plus que la fonction publique et le privé, soit 73 000 emplois en 2023, selon le gouvernement.  
12/14/20232 minutes, 13 seconds
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Le grand marché de Bouaké dans sa sensible phase de commercialisation

En construction depuis 2019 et financé par un prêt souverain de 90M d’euros de l’Agence française de développement (AFD), le grand marché de Bouaké devrait ouvrir ses portes au dernier trimestre 2024, 26 ans après l’incendie qui a ravagé l’ancien marché et qui a fait la renommée de la ville. Situé à mi-chemin entre le Sahel et la zone côtière, le nouveau complexe deviendra le plus grand marché couvert d’Afrique de l’Ouest. La complexe phase de commercialisation a commencé le 5 avril 2022, et doit se poursuivre jusqu’à la fin de l’année. 76% des 7 827 emplacements ont déjà trouvé preneur, mais Bouaké compte 15 000 commerçants et tout le monde n’aura pas sa place. Malgré les travaux en cours, ce terrain de 12 hectares au centre de la ville paraît encore calme. Dans quelques mois, près de 8 000 commerçants et des dizaines de milliers de clients sillonneront les allées de ce marché impressionnant divisé en 5 blocs. Maatoug Ben Amer tient en main le plan des lieux, il est chef de mission contrôle de groupement des travaux. « Nous sommes maintenant sur le bloc 3 et on va se diriger vers le bloc 1. Là où les travaux sont plus avancés. On va voir les travaux de la charpente métallique qui sont achevés avec la toiture, la totalité, c'est achevé, mais aussi les allées avec le pavage, la toiture des boutiques, avec les travaux d'électricité. Et y a une évolution », dit-il.« Tout le monde n'aura pas de place au niveau du grand marché de Bouaké »À ce jour, les commerçants sont installés dans les rues adjacentes au site de construction, rendant la circulation difficile dans les rues de Bouaké. Ils seront délogés après l’ouverture du grand marché. Ainsi, tout le monde cherche à acquérir une place dans le grand marché, indique Jean-Michel Konan Attien, chargé du volet commercialisation à la municipalité. « Dans tous les cas, nous avons un environ 8 000 places au niveau du grand marché, il y a plus de 15 000 commerçants à Bouaké. Il va sans dire que tout le monde n'aura pas de place au niveau du grand marché de Bouaké. Je pense que c'est dans ce cadre que depuis un certain temps, la mairie est en train de réhabiliter ou de reconstruire certains marchés périphériques pour que certains commerçants qui n'auront pas la place au niveau du grand marché puissent aller dans un de ces marchés de proximité là pour pouvoir avoir aussi des places ».Avant loyer, il faut débourser entre 350 000 francs et 6 millions de francs de pas-de-porte pour pouvoir s’installer dans un magasin en fonction de sa taille et de son emplacement. Une somme que cette commerçante de vivriers secs ne peut actuellement pas débourser : « J'ai envie de m'installer, mais c'est par rapport à l'argent du marché. Comme le prix est un peu élevé, là, si on n'a pas l'argent où on va aller, nous-mêmes, on se demande ça même », explique-t-elle.Depuis un an et demi, le site alterne des périodes d’ouverture et de fermeture pour les inscriptions, désarçonnant les commerçants qui peinent à obtenir la bonne information. Touré Namméssé vend des légumes et des ingrédients pour les sauces. « Oui, on a déjà la patente, il reste maintenant la demande en ligne, on nous demande d'essayer plus tard, parce qu'il y a plusieurs demandes en ligne. (Ils disent que) on ne peut pas traiter tout ça en même temps. On dit de patienter, c'est saturé », indique-t-elle.Au moins 5 570 commerçants ont déjà sécurisé un emplacement, c’est le cas de Fadiga Mariam, commerçante de friandises. « J'ai eu un rendez-vous, j'ai respecté le rendez-vous, j'ai payé le premier versement », dit-elle.Le grand marché de Bouaké devrait ouvrir ses portes à la fin de l’été 2024 et deviendra une importante source de financement pour la mairie de Bouaké, maîresse d’ouvrage sur ce projet.
12/13/20232 minutes, 29 seconds
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Le Sénégal se dote d'une Agence d'études spatiales

Le Sénégal s'est doté cette année d'une Agence d’études spatiales, l’ASES.Celle-ci s'est installée dans ses fonctions en septembre et commence à constituer des équipes et à travailler sur de grands projets, notamment l'ouverture d'une usine de fabrication de satellites, et d'un grand observatoire spatial régional.  À lire aussiUn premier satellite motif d'espoir pour le spatial sénégalais
12/12/20232 minutes, 12 seconds
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Gabon: l'entreprise Eramet développe la production de la plus grande mine de manganèse au monde

C'est l'un des métaux clé de la transition énergétique : le manganèse, utilisé dans les batteries de voitures électriques notamment. Le Gabon en est le deuxième producteur mondial, derrière l'Afrique du Sud, et a doublé sa production depuis quatre ans. L'entreprise française Eramet, qui exploite là-bas la plus grande mine de manganèse du monde en collaboration avec l'État gabonais, a annoncé le 12 novembre qu'elle prévoit d'extraire 20% de métal en plus à horizon 2026. Vue du ciel, la mine de Moanda, la plus grande mine de manganèse au monde, ressemble à une étendue noire au milieu de la verdure. Le site est exploité par une filiale d'Eramet, la Comilog, dont l'État gabonais est aussi actionnaire. La production de cette mine a presque doublé en quatre ans et va encore augmenter de 20 % environ d'ici à 2026, pour atteindre huit millions et demi de tonnes par an.Pour cela, il a fallu agrandir la mine, mais surtout investir dans le Transgabonais, l'unique ligne de train du pays.« Nous gérons également le train qui permet de transporter le minerai de la mine, qui se situe près de la frontière du Congo, jusqu'à la mer. Il transporte aussi des voyageurs et du fret. Nous avons beaucoup investi et plus que doublé sa capacité sur les quatre dernières années. Mais nous devons continuer à investir significativement », explique Christel Bories, la patronne d'Eramet.L'entreprise n'a toutefois pas dévoilé le montant précis des travaux engagés ou à venir : « C'est une voie qui n'était pas faite pour transporter du minerai avant. Elle transporte aujourd'hui le nôtre et celui de nos concurrents. On a des investissements qui sont encore significatifs sur les prochaines années, on parle de plusieurs centaines de millions d'euros ».L'activité minière représente 30% des exportations du GabonSi le Gabon produit plus de manganèse, ce n'est pas seulement à cause de l'essor des voitures électriques, explique Aloys d'Harambure, directeur exécutif de l'Institut international du manganèse : « Cette hausse de la production au Gabon est en partie liée à l'augmentation de la demande mondiale de manganèse, notamment pour les batteries de voitures électriques. Mais c'est aussi parce que dans une période où l'énergie est chère partout dans le monde, il y a un avantage pour les utilisateurs de minerai de manganèse à avoir du minerai à haute teneur en manganèse. Car cela permet de réduire la consommation d'électricité. Or quand on produit des alliages de manganèse, l'électricité est le premier coût ».Du manganèse à haute teneur, très recherché pour fabriquer de l'acier plus résistant, c'est justement ce que l'on trouve au Gabon. L'activité minière représente aujourd'hui près de 30% des exportations gabonaises, derrière le pétrole.Après le coup d'État de ce mois d'août contre Ali Bongo, une ONG locale que nous avons contactée appelle à redéfinir la répartition des richesses minières pour qu'elles profitent davantage aux habitants. Son directeur espère des avancées sur ce point lors du dialogue national promis par le président de la transition, Brice Oligui Nguema, à partir d'avril prochain.À lire aussiIndustrie extractive: dix ans après, le Gabon fait son retour au sein de l’ITIE
12/11/20232 minutes, 25 seconds
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Kenya: le secteur du tourisme s'inquiète de l'augmentation des prix d'entrée dans les parcs nationaux

Le tourisme en Afrique de l’Est en plein essor. Les attentes, du moins, sont grandes. La Communauté d'Afrique de l'Est anticipe 14 millions de touristes d'ici 2025 contre 7,2 millions en 2019 avant le coup d’arrêt de la pandémie de Covid-19, et l'EAC encourage les pays à diversifier leur offre touristique. Rien qu’au Kenya, l’office du tourisme s’est fixé comme objectif de recevoir 5,5 millions de touristes étrangers à l’horizon 2028. Mais certaines mesures récentes inquiètent les professionnels du tourisme, comme l'augmentation des prix d'entrée dans les parcs nationaux. « Bonjour, merci, de rien »… devant le Giraffe Center où l'on peut observer et nourrir les girafes, un groupe de vacanciers révise une dernière fois quelques mots de swahili. À l’heure du bilan, les guides remercient leurs clients et les encouragent à promouvoir la destination Kenya. Geoffrey Okwara, l’un des accompagnateurs, salue le plan de stratégie visant à accroitre le nombre de touristes dans le pays. « C’est un bon plan, car le tourisme est un secteur très important pour le pays. Les idées sont bonnes. Si seulement ils baissaient les frais, que les parcs naturels ne soient pas trop chers, et des visas ou autres choses qui attirent les gens ». En attendant, l’entrée dans une réserve nationale phare du Kenya va augmenter. « Cela m’inquiète beaucoup, cela sera un coup dur pour nous, car les autres pays africains ont aussi des atouts touristiques », ajoute-t-il.Devant le véhicule de safari, Yves un Français établit aux États-Unis, assure que le prix ne le dissuaderait pas de recommencer. « C'était vraiment super, un voyage extraordinaire, on a vu tous les animaux et on a eu un guide extraordinaire. »Entre attractivité et préoccupations financièresMais, pour certaines bourses, l’augmentation du droit d’entrée au Masai Mara, pourrait faire réfléchir. Pour les non-résidents, de 80 dollars, le billet passera à 100 dollars en janvier et ce n’est qu’une première étape. Georges Mumba, de Perfect Safari, voit ces nouveaux tarifs d’un mauvais œil. C’est Serengeti, grand parc tanzanien jouxtant la réserve du Masa Mara, qui y gagne assure l'agent de voyage : « L’entrée dans le parc Serengeti est de 71 dollars. En juillet prochain, au Masai Mara ce sera 200 dollars ! Si un client veut venir avec sa famille de cinq ou six personnes pour dix jours… où vont-ils ? Ils vont au Serengeti ». Georges Mumba ne s’inquiète pas que de l’attractivité du Kenya. « Des clients ont réservé il y a deux ou trois ans. Je ne peux pas aller vers eux et leur dire que les tarifs ont augmenté. Donc, les entreprises absorbent les pertes. Maintenant, on est content si un client pour l'année prochaine annule ! Car, on veut une nouvelle réservation pour facturer en fonction des nouveaux tarifs. Alors qui conseille le gouvernement ? On a besoin de temps. Ces changements sont apportés sans préavis », dit-il.Une publication sur un réseau social, fin octobre, concernant des taxes sur certains biens à l'entrée dans le pays avait provoqué un tollé. Le ministre du Tourisme avait dénoncé devant les médias un « harcèlement » des visiteurs.
12/10/20232 minutes, 25 seconds
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L'énergie à tout prix [5/5]: Au Togo, les kits solaires comme premier accès à l'électricité

Dernier épisode de notre série sur l'accès à l'électricité en Afrique, avec des kits solaires individuels qui permettent d'apporter une électrification de base dans les zones les plus éloignées du réseau électrique. Ces systèmes solaires domestiques sont composés d'un panneau solaire qui permet d'alimenter une ou plusieurs ampoules et de charger un téléphone, et ils rencontrent un succès grandissant sur le continent. Au Togo, où le gouvernement a lancé dès 2018 un ambitieux programme d'électrification rurale, l'entreprise française MOON est l'un des quatre opérateurs privés chargés du déploiement de ces kits solaires. De notre envoyée spéciale,À 19h, le village de Degbevi Condji est déjà plongé dans une obscurité presque totale. Mais de la lumière – et de la musique – s'échappent de la maison de Yao Guinnou. Une ampoule alimentée par un kit solaire éclaire sa machine à coudre. Le tailleur a inscrit la date de son l'installation de ce système électrique sur une des poutres de sa maison : « Le 7 octobre 2021 ».« Je travaille de nuit. Quand il n'y avait pas de kit, nous utilisions la torche, mais lorsque les piles s'épuisent et que la puissance se réduit, vous êtes obligés de laisser le travail et d'aller vous coucher avant de reprendre le lendemain. »À quelques kilomètres de là, le village de Kpodzo Condji est sorti de l'obscurité il y a quelques mois seulement. La majorité des onze familles qui vivent dans cette communauté isolée ont adopté les kits solaires distribués par l'entreprise française MOON. Amevi Djodjinon est chef d'équipe dans la préfecture des lacs : « Notre kit MOON ne coûte pas cher. Avec un premier apport de 2000 francs CFA, tu as la lumière pendant un mois. Après 30 jours, la lumière va s'éteindre. Tu vas payer 1 585 francs par mois. Tu fais 1 585 francs fois 36 pour trouver le coût total et le kit t'appartient ».Une récupération systématique des kits solairesLe kit solaire permet un premier accès à l'électricité en alimentant trois ampoules et un port de recharge USB. Grâce à ce système, Bossou Maoussi, mère de quatre enfants, peut voir les scorpions ou les serpents qui se glissent parfois dans sa maison à la nuit tombée.« Mon mari est professeur dans une autre région et il est souvent absent. Grâce à cet éclairage, je peux maintenant voir si une personne mal intentionnée s'approche de chez moi et alerter le voisinage. Avant, on ne voyait rien du tout, tout était plongé dans l'obscurité. Alors, nous faisons tout ce qui est possible pour payer la location du kit chaque mois, on se débrouille. »Se pose la question de la durabilité de ces systèmes solaires domestiques et de la pollution qu'ils peuvent engendrer. Pour surmonter ce problème, MOON propose un service après-vente gratuit pendant trois ans, prolongé ensuite par une garantie payante.Prince Monsekea est responsable du déploiement des kits au Togo : « On arrive à intervenir en trois jours maximum. La récupération s'effectue pour les clients qui n'arrivent pas à payer, là, on est obligé d'arrêter le contrat. On s'arrange toujours pour récupérer nos kits ».Le Togo a prévu de fournir des kits solaires à 500 000 foyers. Environ un quart d'entre eux ont déjà été équipés par l'un des quatre prestataires privés partenaires de ce programme d'électrification rurale.À lire aussiL'énergie à tout prix [4/5] L’Afrique du Sud voudrait prolonger la durée de vie de ses centrales à charbon
12/7/20232 minutes, 21 seconds
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L'énergie à tout prix [4/5] L’Afrique du Sud voudrait prolonger la durée de vie de ses centrales à charbon

En pleine COP28, et alors que l’Afrique du Sud figure parmi les quinze plus gros émetteurs de gaz à effet de serre mondiaux, et constitue le premier du continent, ses centrales à charbon pourraient voir leur durée de vie être rallongée. C’est en tout cas la direction que souhaiterait prendre le parti au pouvoir, l’ANC, alors que le pays ne parvient pas à sortir de sa crise énergétique et doit continuer les délestages. Selon les plans de la compagnie publique Eskom, qui produit plus de 80% de son électricité à partir du charbon, six centrales devraient atteindre leur fin de vie et être arrêtées d'ici à 2030. Mais si c’est déjà le cas pour l’une d’entre elles, Komati, l’ANC souhaite désormais que le reste continue à fonctionner.Cyril Ramaphosa a bien entendu le message, plus tôt dans l’année, lors d’un rassemblement du parti : « Alors que la fin des délestages est pour nous une priorité, le comité exécutif national soutient l’approche de revisiter notre programme de mise hors service, pour trouver un équilibre entre notre sécurité énergétique et nos engagements climatiques. Un certain nombre d’autres pays ont dû faire des choix similaires, lorsqu’ils ont eu à faire face à différentes crises de leur secteur énergétique. »À lire aussiL’énergie à tout prix [3/5] Le barrage de la Renaissance, l'immense défi électrique éthiopienL’exécutif entretient pour l’instant le flou autour du possible nouveau calendrier, et affirme être toujours engagé pour une transition, mais à son propre rythme. Car à moins d’un an des élections générales, l’objectif le plus urgent est de garder les lumières allumées. « Si nous repoussons ces arrêts de un à deux ans, nous ne pensons pas que ce soit vraiment un problème, car ça ne devrait pas fondamentalement changer notre trajectoire d’émissions. Mais si on parle d’une longue extension, dix ou quinze ans, là cela posera un problème, car nous ne pourrons pas respecter nos contributions déterminées au niveau national », explique le directeur de la Commission présidentielle sur le climat, Crispian Olver.Des organisations de la société civile s’inquiètent de l’impact sur la qualité de l’air que ces délais pourraient avoir. Leanne Govindsamy, du Centre pour les droits environnementaux (CER), met aussi en garde contre les risques financiers : « Une partie des sommes promises, qui vient des Fonds d’investissement pour le climat, à hauteur de 500 millions de dollars, est rattachée au démantèlement. Si on repousse ce démantèlement, ces ressources sont en danger. Or, c’est ce genre de fonds, très concessionnels, qui peuvent aider à lancer la décarbonisation de notre secteur électrique, pour éviter, à l'avenir, que nos biens exportés ne se retrouvent taxés par le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières. »La Banque mondiale rappelle pour sa part qu’« investir dans les nouvelles technologies, en particulier les énergies renouvelables, est la solution la moins chère et la plus rapide pour répondre aux besoins énergétiques de l’Afrique du Sud. »À lire aussiAfrique du Sud: 3500 emplois menacés par la fermeture de deux usines d'ArcelorMittal
12/6/20232 minutes, 24 seconds
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L’énergie à tout prix [3/5] Le barrage de la Renaissance, l'immense défi électrique éthiopien

Direction l’est de l’Éthiopie, dans la région du Benishangul, où le plus grand barrage d’Afrique est en cours de construction à la source du Nil Bleu. Il doit permettre au pays de doubler sa production d’électricité. Le barrage de la Renaissance est un projet à 5 milliards de dollars financé par l’argent public, à la taille du défi énergétique immense pour le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique où plus de la moitié de la population n'a pas accès à l'électricité. Le pays souhaite faciliter le financement des infrastructures énergétiques au secteur privé pour exploiter ses nombreuses ressources par l’éolien, la géothermie et le solaire. « Nous sommes à présent sur la centrale électrique du quai droit du grand barrage de la Renaissance. Ce que vous voyez ici, c'est le tunnel qui va permettre à l’eau de passer du réservoir jusque dans la turbine en bas. Ce tunnel fait 8,9 mètres de diamètre et il peut faire passer 300 mètres cubes d’eau par seconde. Avec cette quantité d’eau, nous pouvons générer 400 mégawatts pour chaque unité. » Ephrem Woldekidan, le chef de projet adjoint sur le site, nous montre les deux turbines qui fonctionnent et les onze autres en cours d’installation.À lire aussiL'énergie à tout prix [1/5] En Centrafrique, une deuxième centrale solaire, mais pour quelle efficacité?D'ici à 2027, elles devront produire 5 100 mégawatts. Un chantier colossal débuté il y a 10 ans, mené avec six prestataires différents et 6 000 employés. Un défi logistique et inédit. « C’est un mégaprojet impliquant différents prestataires. Donc, tous les jours, on s'assoit autour d’une table pour discuter, coordonner les activités des différentes entreprises, gérer les interfaces et les accès. C’est une bonne expérience en termes de coordination et de gestion des difficultés », explique-t-il.Des compétences précieuses dont le pays a besoin pour mener à bien sa production d’énergie, qui peinent à atteindre ses objectifs.Un plus grand rôle donné au secteur privé« Il y a quelques années, tout était financé par de l’argent public. Mais maintenant, le gouvernement veut donner un rôle plus important au secteur privé, donc c’est un changement politique. C’est nouveau que le secteur privé s’implique dans des projets d’infrastructure », précise Mehrteab Leul, avocat d’affaires et gérant de Mehrteab & Getu Advocates LLP.Jusqu’ici, l’ouverture au privé est un échec : projets trop ambitieux, manque de compétences dans la mise en œuvre et risques trop grands pour les investisseurs.Mais grâce à de nouvelles règles, les entreprises vont pouvoir négocier directement avec le gouvernement, sans passer par un appel d’offres concurrentiel, laborieux et chronophage. Surtout, le gouvernement a décidé de prendre en charge les risques liés à la devise éthiopienne : « C'était un des risques les plus importants et une des raisons pour lesquels les projets précédents ont échoué. Maintenant, le gouvernement éthiopien a dit qu’il voulait donner une garantie de conversion. Donc, si une entreprise française vient développer un projet énergétique en Éthiopie, il n’y a aucun risque de conversion. Quel que soit le montant généré sur le marché local, ce sera converti en euros et garanti par l’État. »Le pays fait tout pour améliorer le cadre législatif et créer un environnement financier positif. Il devra aussi améliorer l’environnement sécuritaire dans un pays en proie à de nombreux conflits.À écouter aussiL'énergie à tout prix [2/5] Les navires-centrales de Karpowership, des solutions d'urgence contestées
12/5/20232 minutes, 33 seconds
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L'énergie à tout prix [2/5] Les navires-centrales de Karpowership, des solutions d'urgence contestées

Sur le continent, les besoins en électricité restent énormes. Un Africain sur deux n'y a pas accès. Du fait de l'accroissement de la population, leur nombre est même en augmentation depuis plusieurs années. Face à cette demande, de plus en plus de pays font appel aux navires-centrales de compagnies privées. Des plateformes flottantes, alimentées au fuel ou au gaz, qui sont ensuite connectées aux réseaux électriques terrestres. Des solutions imaginées pour répondre à des situations d'urgence, mais qui sur le long terme imposent d'énormes contraintes financières aux États.  Des capitales sont plongées dans le noir. 24 heures sans électricité à Freetown le 8 octobre, même chose à Bissau une dizaine de jours plus tard. Des entreprises sont à l'arrêt, les hôpitaux sont contraints de trouver des générateurs pour les salles d'opération. Incompréhension de la population et énervement dans cette émission de radio sierra-léonaise. Car derrière ces coupures, il y a des dettes, 17 millions de dollars pour la Guinée-Bissau, 40 millions pour la Sierra Leone, contractées auprès de l'entreprise turque Karpowership. Grâce à ses navires-centrales, la société vend de l'énergie aux opérateurs électriques nationaux, 100% de l'électricité en Guinée-Bissau par exemple. « La Sierra Leone et la Guinée-Bissau ont des problèmes de trésorerie, elles n'ont pas été en mesure de payer les fournisseurs de carburant. Nous sommes une entreprise familiale, donc nous sommes beaucoup plus clémentssur nos relations avec nos clients. Nous offrons des conditions de crédit très arrangeantes, mais les fournisseurs de carburant, lorsqu'ils ne sont pas payés, ont le droit de ne pas livrer », se justifie au micro de RFI Zeynep Harezi, la directrice commerciale de Karpowership.Des solutions à court-termeKarpowership est efficace en tant que fournisseur d'urgence. Ces navires débarquent au large d'un pays et peuvent se brancher sur n'importe quel réseau électrique. C'est un gain de temps pour les pays face aux besoins d'électricité, mais ce sont des solutions court-termistes et piégeuses, selon l'économiste sénégalais Magaye Gaye. « Ce n'est pas une bonne solution, parce que le propre d'un pays, c'est de maîtriser sa politique énergétique. Or, il y a des inconvénients extrêmement nocifs. C'est l'opacité des contrats qui, comme vous le savez, ne favorise pas la bonne gouvernance du secteur », explique-t-il.Les navires de Karpowership fournissent de l'électricité à huit pays africains comme la Côte d'Ivoire, le Ghana ou la Gambie. Selon Magaye Gaye, ce genre de société profite du sous-investissement chronique des États dans les infrastructures énergétiques. « Je pense aussi qu'il faut restructurer les sociétés d'électricité existantes et améliorer leur gouvernance. Les États africains devraient encourager l'installation, à l'échelle du continent, de solides producteurs indépendants d'électricité capables de renforcer, à mon avis, l'offre continentale selon des modes modalités raisonnables. »Karpowership en pleine expansion avec un projet en Afrique du Sud, où la compagnie nationale Eskom est en grande difficulté. Argument avancé : les coûts des délestages pour l'économie sont plus importants que les coûts des centrales flottantes.À écouter aussiL'énergie à tout prix [1/5] En Centrafrique, une deuxième centrale solaire, mais pour quelle efficacité?
12/4/20232 minutes, 36 seconds
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Centrafrique: une deuxième centrale solaire, mais quelle efficacité ? [1/5]

Les besoins en électricité sont énormes, un africain sur deux n'y a pas accès. Un chiffre en augmentation depuis plusieurs années. En Centrafrique, le gouvernement mise sur l'électricité pour assoir le développement socio-économique durable du pays. Les autorités centrafricaines ont inauguré vendredi 17 novembre la deuxième centrale solaire à Danzi, un village situé au nord de Bangui. Un motif d'espoir pour les habitants et commerçants de la capitale en proie à d'incessantes coupures. De notre correspondant à Bangui,Les vendeuses d'eau glacée, on les retrouve dans toutes les artères et dans tous les marchés de Bangui. Cuvettes sur la tête ou sachets d'eau glacée entre les mains, elles se faufilent entre les véhicules et passants pour écouler leurs marchandises.Mais ces dernières semaines, Abigaëlle ne parvient pas à satisfaire la demande à cause des délestages récurrents dans son secteur. « Ce problème me dépasse. Je vends de l'eau glacée, du jus local et des yaourts. Mais ces dernières semaines, rien ne marche. Plusieurs fois, j’ai dû jeter mes produits à cause des délestages et cela m’a causé des pertes financières importantes. Je me débrouille avec cette activité qui me permet de vivre. Mais avec ces multiples coupures, je ne parviens pas à m’en sortir », déplore-t-elle.Ces coupures ont des répercussions sur toutes les activités socio-économiques de la capitale, et même les entreprises ne sont pas épargnées. Pour palier ce problème, les autorités comptent sur cette nouvelle centrale solaire. D'une superficie de 70 hectares, cette installation a une capacité de 25 mégawatts et comporte près de 47 000 panneaux solaires.Des coupures d'électricité, malgré la centrale« L'inauguration de la centrale solaire photovoltaïque de Danzi témoigne à nouveau notre engagement à diversifier les sources de production d'électricité. Il se résume en trois principales priorités : une société plus inclusive, une économie plus ouverte à la concurrence et de meilleures capacités pour les populations », explique le président de la République centrafricaine, Faustin-Archange Touadéra.Malgré la mise en service de la première centrale solaire de Sakaï le 27 mars dernier, le régime de délestage n'a pas changé. Dans les neuf arrondissements de Bangui, les Centrafricains rencontrés font face aux mêmes problèmes.« Au quartier PK5, avant la mise en service de la première centrale solaire, nous bénéficions d'environ neuf heures d'électricité par jour. Mais jusque-là, rien n'a vraiment changé. Tous les jours, la distribution de l’électricité est perturbée par des coupures générales. Certaines entreprises et lieux de commerces font recours à des groupes électrogènes pour tourner leurs activités », témoigne Ousmane Nour, un habitant de PK5.Selon une source à la Direction Générale de l'énergie centrafricaine (ENERCA), les coupures sont parfois provoquées par des pannes techniques. Avec l'inauguration de la deuxième centrale solaire de Danzi, la production de l'électricité centrafricaine passe de 72 à 96 mégawatts alors que le besoin général du pays est estimé à 250 mégawatts.À écouter aussiCentrafrique: le PK5, à nouveau symbole du vivre ensemble [3/3]
12/3/20232 minutes, 31 seconds
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En Tunisie, les récoltes de dattes s'annoncent bonnes malgré la sécheresse

La saison des dattes s’annonce bonne avec une récolte estimée à 390 000 tonnes au lieu des 340 000 de l’année dernière en Tunisie, selon le ministère de l'Agriculture. Mais à Tozeur, dans les palmeraies et oasis vieilles de 4 000 ans du sud du pays, les agriculteurs parlent aussi des problèmes liés à la sécheresse, car les dattes restent des fruits à forte consommation en eau. De notre correspondante à Tunis,Perché à près de 10 mètres de hauteur, Chokri 24 ans, coupe les branches des dattiers avec dextérité. En chaussettes et sans gants, il grimpe le long des troncs des palmiers avec agilité pour récolter les dattes : « Dès qu’on est petit, on apprend à grimper dans les palmeraies donc c’est très facile pour moi, c’est mon travail, mais aussi une passion. Pendant l’automne, tous les jeunes de la région ne font que ça. » « On s’occupe de la palmeraie le reste de l’année, son entretien surtout et son irrigation. Pour moi, c'est un métier vraiment important, car ça fait partie de notre identité à Tozeur et c’est aussi ce qui fait marcher l’économie de la ville », poursuit Chokri.Une économie basée sur 10 000 hectares d’oasis et 400 000 palmiers dattiers avec la culture des dattes Deglett Ennour qui représentent 70% de la production totale.Le manque d’eau impacte la qualité des dattesDans une autre palmeraie, Hedi Abassi récolte avec d’autres ouvriers la fameuse variété destinée à l’export, cette année le manque de pluie a affecté la production. « La saison est mitigée parce que même s’il y a des dattes, on voit qu’elles sont un peu sèches et ça, c'est à cause du manque d’eau. Cela se voit dans la couleur du fruit. Normalement, lorsqu’il pleut, la pluie lave la poussière qu’il y a sur la datte et les fait briller. Leur prix est plus élevé, car elles sont belles, brillantes et plus tendres, là ce n’est pas le cas. »Les prix à l’export sont fixés par l’État autour de 5 à 6 dinars soit environ 2 euros le kilo. Un prix attractif, mais la concurrence est rude sur le marché international comme l’explique Lamine Touati. Ce gestionnaire supervise le tri des dattes et les départs des camions vers les sociétés exportatrices : « Les prix fluctuent beaucoup en fonction de la concurrence sur le marché international. Nous sommes toujours obligés de nous aligner sur le marché étranger, donc nous surveillons de près cet aspect. Cette année, vu que les dattes manquent d’eau, elles sont plus sèches donc leur poids se réduit lors de la pesée en vrac, précise Lamine Touati. Économiquement, cela a un impact et nous avons plus de pertes. »Le manque d’eau a été un peu atténué par des pluies fin novembre, mais les agriculteurs redoutent une baisse de la production dans les années à venir avec les périodes de sécheresse prolongée et le tarissement des sources souterraines.À lire aussiLa datte Medjool se démocratiseÀ lire aussiDattes Medjool: trésor palestinien sous occupation
11/30/20232 minutes, 22 seconds
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COP28: l'Afrique au défi de la transition énergétique

Aujourd’hui s’ouvre la COP28 à Dubaï. Une COP dont l’un des enjeux sera d’inscrire ou non la sortie des énergies fossiles. En Afrique, la situation varie selon les pays : qu'ils soient producteurs, avec des projets en cours ou bien d’autres qui ne produisent pas. Des intérêts divergents donc… Cependant, il semble que beaucoup se retrouvent sur une ligne commune : une transition énergétique accompagnée. Tous mettent en avant la faible part de l’Afrique dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre et les besoins énergétiques énormes du continent. Emmanuel Seck est le directeur de l’ONG Enda Energie au Sénégal, aussi négociateur à la COP.« On est dans ce processus là où qu’on se dit qu'il faut arrêter le fossile, pour nous je pense que ce serait quand même inéquitable. Raison pour laquelle nous parlons de transition. Pour les finances qui découleraient par exemple de l’exploitation du gaz, il faut que cela nous donne des options meilleures pour aller vers la promotion des énergies renouvelables. »Les États ne sont pas contre la transition, assure Tosi Mpanu Mpanu, le médiateur congolais. Mais c'est une voie qui a un coût : « Nous avons la possibilité d'utiliser certaines industries extractives comme leviers de croissance et simplement faire fi de cette opportunité-là pour essayer de sauver la planète, ce n'est pas suffisamment attractif. Donc il faut vraiment qu'on nous donne une espèce de compensation par rapport au coût d'opportunité pour que ça nous serve d'incitation suffisante pour pouvoir aller dans un sens à décarboner nos économies ».Des attentes de la part des États africainsÉchaudés par la promesse non tenue des 100 milliards de dollars de financements climats par les pays riches, les États africains attendent des compensations : un système de finance climat fonctionnel en échange de la non-exploitation de leurs ressources. Les ONG internationales soutiennent leur demande, assure Marine Pouget du Réseau Action Climat.« Nous, notre message, c'est de leur dire que leur requête est complètement légitime. On rappelle qu'ils ont quand même un potentiel énorme sur les énergies renouvelables, que c'est hyper sous-financé par les pays développés pour l'instant et donc il faut aussi qu'ils aillent vraiment se battre de ce côté : "Nous, on a énormément de ressources renouvelables donc pourquoi n'allez-vous pas investir sur ça plutôt que de continuer d'investir maigrement de manière générale dans notre transition énergétique". »Les ONG internationales rappellent également que dans beaucoup de pays, l'exploitation des énergies fossiles n'a que très peu bénéficié aux populations. Emmanuel Seck confirme la vigilance sur ce sujet.« On voudrait, pour ce qui concerne le Sénégal, apprendre et regarder les pays qui ont su utiliser à bon escient ces ressources-là, comment avoir une gouvernance plus inclusive de ces ressources-là avec les communautés, les différentes parties prenantes pour que les retombées aient des impacts bénéfiques pour les populations. »Les discussions à Dubaï s’annoncent donc âpres dans ce grand pays producteur, où cette année encore les lobbys du pétrole devraient être très nombreux.À lire aussiCOP28: où en est le fonds «pertes et dommages» pour les pays les plus vulnérables ?
11/29/20232 minutes, 20 seconds
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La Mauritanie se rêve en hub énergétique régional

Le grand forum MSGBC sur les énergies entre les pays du bassin ouest-africain aura duré deux jours dans la capitale mauritanienne, mardi 21 et mercredi 22 novembre 2023. L’occasion pour la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée-Bissau ou encore la Guinée de réfléchir ensemble aux moyens et stratégies communes pour développer les énergies dans la sous-région : les hydrocarbures comme les énergies renouvelables. La Mauritanie en a profité pour mettre en avant ses atouts. Objectif pour la Mauritanie durant ce forum : se positionner comme véritable hub énergétique dans la région pour attirer les investisseurs. Pour cela, elle met en avant ses ressources - qu'elles soient fossiles ou renouvelables -, sa position géographique, stratégique, sa stabilité, mais aussi ses grands projets en cours.  Parmi eux, le GTA, le plus grand projet d’extraction de gaz de la région, conduit conjointement avec le Sénégal, qui devrait se concrétiser en 2024, selon le gouvernement, ou encore son programme d’hydrogène vert.Des ressources naturelles foisonnantes Des initiatives réfléchies dans un souci de transition juste, selon Mamadou Khane, conseiller du ministre du Pétrole, des Mines et de l’Énergie : « La Mauritanie a un potentiel énorme, on a beaucoup de gaz. Le gaz est une source d’énergie de transition. On décarbone et au fur et à mesure, elle va permettre une pénétration de plus en plus grande des énergies renouvelables. Le potentiel en énergie renouvelable, en particulier en solaire et éolien, est l’un des meilleurs du monde. Nous avons beaucoup d’eau et nous avons énormément de mines. Mais comme d’habitude, il manque l'argent. Beaucoup d’efforts ont été faits ces dernières années pour mettre en place un cadre rassurant pour les investisseurs. » À écouter aussiL'économie mauritanienne se prépare à l'arrivée du gazL’occasion aussi, selon Abdel Boudadya, directeur général d’une entreprise mauritanienne, partie prenante au projet d’extraction de gaz (GTA), de montrer aux investisseurs qu’ils peuvent faire confiance aux opérateurs locaux : « Notre objectif est de montrer aux autres investisseurs que nous avons réussi des projets dans le domaine de GTA, ils ont vu que c’était du concret. Aussi, qu’il y ait des partenaires locaux qui sont capables de les réaliser. Le grand frein, c'est surtout le niveau de qualification qui reste encore un défi, mais nous avons surmonté ce défi à travers la formation, même s'il faut encore beaucoup plus d’efforts de la part des parties prenantes pour investir davantage dans la formation. » Créer un cadre juridique pour les investisseurs Selon l’indice de perception de la corruption de Transparency international, la Mauritanie se classe au 130ᵉ rang sur 180 pays… Si des freins à l’investissement demeurent toujours, les autorités font des efforts, notamment en renforçant le cadre juridique et réglementaire. C’est ce qu’assure Amadou Gaye, directeur général d’une compagnie logistique pétrogazière sénégalaise qui vient de s’installer dans le pays : « Nous avons aussi un certain nombre d’exonérations, l’engagement des autorités qui ont annoncé la réforme du code pétrolier du pays, la loi sur le contenu local qui visera à mieux organiser le secteur, ce sont des politiques publiques qui permettent aux acteurs de pouvoir évoluer dans un cadre juridique encadré. C’est un pays qui a besoin d’investissement dans le secteur de la logistique. »Objectif d’ici 2030 pour la Mauritanie : concrétiser ses projets en cours, décarboner peu à peu ses énergies et améliorer le taux d’électrification du pays.À lire aussiCoton malien: le nouveau corridor mauritanien
11/28/20232 minutes, 17 seconds
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Pourquoi les startups en Afrique sont à la peine

La 7ᵉ édition d'Emerging Valley, le sommet des startups émergentes, s'ouvre ce mardi 28 novembre à Aix-en-Provence, dans le sud de la France. Mais partout dans le monde, les startups – notamment dans la FinTech – font face à des difficultés et les startups africaines ne font pas exception. Des vagues de licenciements et même des faillites sont fréquemment annoncées. Certains y voient trop de risques pris par les investisseurs, d’autres le manque de sérieux de certaines startups. Charlotte Cosset a tenté de comprendre pourquoi celles-ci sont à la peine.
11/27/20232 minutes, 21 seconds
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Womin, porter la voix des femmes dans les zones d'extractions minières

Une organisation panafricaniste appelée Womin dénonce les impacts des activités minières sur les femmes des communautés. En Ouganda, au Mozambique, au Burkina Faso... des mouvements se structurent contre la perte des terres pour faire entendre la voix des femmes.
11/26/20232 minutes, 22 seconds
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Un premier satellite motif d'espoir pour le spatial sénégalais

Le Sénégal va réceptionner son premier satellite début décembre – entièrement conçu et construit par une équipe d’ingénieurs et de techniciens sénégalais, formés au centre spatial universitaire de Montpellier. Un projet de 1,5 million d’euros porté par le ministère sénégalais de l’Enseignement supérieur qui espère ainsi booster un nouveau secteur d’activité vecteur d’emplois. De notre correspondante à Dakar,C’est au Sénégal, dans une grande salle équipée en écrans et ordinateurs que se fera le suivi et le contrôle du premier satellite sénégalais. La petite boîte noire envoyée dans l’espace aura pour principale mission de récupérer les données des agences étatiques de météorologie et de mesure des niveaux d’eau qui ont des stations aux quatre coins du pays.« Il fallait aller sur place et récupérer les données », indique l’ingénieur Ismaila Sall, chef du projet spatial. « Quitter Dakar pour aller jusqu'à Ziguinchor  pour récupérer des données, c'est assez compliqué. Avec le satellite, on peut directement depuis le ciel communiquer avec cette station-là, récupérer les données et les transmettre ici même à Dakar. »Ce nanosatellite de 10 centimètres d’arrêtes passera quatre fois par jour au-dessus du Sénégal pendant cinq ans. Moustapha Diop, ingénieur sénégalais de 26 ans est chargé de gérer la communication entre le satellite et la station au sol.« Je suis en charge de faire une thèse sur en télécommunication spatiale. J'aimerais bien la faire en France dans les plus grands laboratoires, mais aussi revenir au Sénégal après pour être enseignant, mais aussi participer au développement de mon pays notamment pour cette technologie de pointe », espère-t-il.À lire aussiLa conquête de l’espace se poursuit aussi en AfriqueUn partenariat avec le centre spatial universitaire de MontpellierAu total, huit ingénieurs et cinq techniciens ont été formés au Centre spatial universitaire de Montpellier depuis 2020. C'est le fruit d’un partenariat avec le ministère sénégalais de l’Enseignement supérieur et de la Recherche coordonné par Gayane Faye.« Si on a pris l'option de former les gens, c'est vraiment pour créer un secteur », souligne Gayane Faye. « Cela permettra aussi des startups qui vont se lancer dans ce domaine. On va aussi pouvoir collaborer avec les universités, comme ça on va permettre des transferts de connaissances, de technologies et pourquoi pas demain former une autre jeunesse ici au Sénégal, que ces jeunes-là pourront former. »À lire aussiÀ Abidjan, l’Afrique réaffirme ses ambitions spatiales pour des retombées très concrètesGrâce à un partenariat similaire avec le Centre spatial de Montpellier, Djibouti a lancé son premier satellite mi-novembre. D’autres pays africains pourraient suivre. Sébastien Hesse, ingénieur spatial français, explique pourquoi la technologie des satellites miniatures intéresse de plus en plus :« Il va y avoir des laboratoires, des universités, ça peut être aussi de l'industrie... Tout le monde commence à adopter de plus en plus ces technologies-là. C'est d'avoir un satellite à moindre coût, moins cher qu'un satellite à 100 ou 200 kilos, qui peut éventuellement faire le même type de mission. »Le premier satellite sénégalais devrait être mis en orbite au premier trimestre 2024.
11/23/20232 minutes, 21 seconds
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Royal Airways, une nouvelle compagnie aérienne qui assure les vols internes au Tchad

Au Tchad, la question du transport interurbain demeure une préoccupation majeure. Pour tenter de pallier ce problème, un groupe des jeunes opérateurs économiques tchadiens, avec l'appui de quelques institutions financières telles que la Banque commerciale du Chari, a décidé de lancer une compagnie aérienne privée de transport de passagers pour desservir différentes villes du Tchad comme Amdjaras, Sarh, Abéché et autres. Son premier vol a eu lieu au début de ce mois de novembre à Ndjamena.  De notre correspondant à Ndjamena,Voyager coûte de plus en plus cher. En transport public avec le bus, l’aller-retour Ndjamena-Abéché a par exemple presque doublé depuis la crise du Covid, passant de 40 000 à 70 000 FCFA. Pour éviter ces augmentations et les longs trajets sur de mauvaises routes, certains passagers préfèrent voyager par la voie aérienne. Christophe revient d’Abéché à bord de la nouvelle compagnie Royal Airways. Il indique avoir payé 78 000 FCFA. Pour à peine plus qu’un trajet par la route, il s’est épargné une journée entière sur les routes cabossées : « En quelques minutes, je suis allé gérer mes activités et puis je suis rentré, c’est vraiment avantageux. Quand je prenais la route, j’ai toujours eu des problèmes, de plus ça coute cher. »Le directeur de cette nouvelle compagnie aérienne n’est autre que l’ancien patron de l’aviation civile au Tchad. Brahim Dadi s’est lancé dans l’aventure avec cinq appareils : « Notre pays est très vaste. Il y a des régions inaccessibles pendant une saison et d’autres difficilement accessibles par la route. Nous avons un seul credo, c’est satisfaire nos clients : partir à l’heure et partir même si ce n’est qu’avec deux passagers. À lire aussiTchad : la reprise d'activité des aéroports perturbée par un appel à la grèveUne compagnie aérienne à fonds privésPar le passé, d’autres compagnies aériennes ont proposé des vols internes. Air Tchad, Toumaï, Tchadia Airlines. Des expériences qui n’ont pas fait long feu à cause de la mauvaise gestion et des ingérences politiques. Mais Brahim Dadi n’entend pas répéter les mêmes erreurs. « D’abord, nous sommes partis sur la base des échecs tirés des compagnies aériennes disparues. Le premier facteur qui a fait que ces compagnies aériennes ont coulé, c’est à cause de la contribution de l’État. Nous, nous avons voulu créer une compagnie à capitaux totalement privés pour se départir de l’influence politique qui fait que les compagnies ne puissent plus résister », explique-t-il.Le conseiller à la présidence Ali Abderaman Haggar estime que toutes les conditions administratives et techniques sont réunies pour permettre à cette nouvelle compagnie - soutenue par les autorités de la transition - de satisfaire les voyageurs. Même si cet observateur averti soulève des défis persistants dans le domaine du transport aérien tels que les approvisionnements en carburants et surtout la ponctualité et la garantie d’assurer le transport sur une longue période.À lire aussiTchad : un accident entre deux bus fait plusieurs dizaines de morts
11/22/20232 minutes, 16 seconds
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Burkina Faso: reprise limitée du train de voyageurs entre Ouagadougou et Bobo Dioulasso

Cela fait quatre ans, que le train de voyageurs ne fait plus le trajet entre Ouagadougou et Abidjan. Ceci depuis la fermeture de la frontière entre les deux pays, suite à la pandémie de Covid-19. En fin de semaine dernière, un premier train de voyageurs est parti pour Bobo Dioulasso. Une reprise limitée aux frontières burkinabè, mais porteuse d’espoir. Après plusieurs rendez-vous manqués, le train voyageur a finalement repris du service la semaine dernière. Oussina Soulama est un conducteur à la retraite. Il a été rappelé pour le redémarrage des activités. Un soulagement pour celui qui a consacré toute sa carrière aux chemins de fer : « On espérait que ça reprenne. C’est une bonne chose pour tout le monde aussi bien pour les Ivoiriens que pour les Burkinabè. C’est toute ma vie les chemins de fer, ça représente beaucoup pour moi. »Dans le petit marché situé à proximité de la gare, c’est également le soulagement. Asseta Gansoré aide sa mère à y gérer un petit commerce de fruits et de légumes. Les voyageurs et leurs accompagnateurs étaient leurs premiers clients. Elle se réjouit déjà de cette reprise, même timide, de ces trajets : « Ça va nous faire du bien parce que depuis que le train s’est arrêté, il n’y a plus de clients. Personne ne vient ici, on ne vend plus rien. Il n’y a rien, on ne gagne plus rien ici. Les marchandises arrivent, mais c’est cher. Il n’y a pas de clients non plus. On vient parce qu’on ne veut pas rester à la maison, explique la jeune femme. Avant, il y avait beaucoup de monde, il y avait aussi des étrangers qui venaient et ça rapportait bien. »Le voyage s'arrête à Bobo DioulassoPour cette reprise, le service voyageur de Sitarail se compose de deux voitures, d’une capacité totale de près de 200 passagers. Pour l’heure, le train ne passera pas la frontière ivoirienne, le voyage s’arrêtera à Bobo Dioulasso, explique Roland Somda, le ministre burkinabè des Transports : « Il nous est revenu que la partie ivoirienne dit ne pas être prête pour la reprise de train de voyageurs dans les conditions actuelles. Le motif, précise le ministre, ce serait l’infrastructure ferroviaire qui ne serait pas dans un état acceptable pour permettre l’activité voyageur. Le train marchandise qui est je ne sais pas combien de fois plus lourd que le train voyageur siffle sur la même infrastructure. C’est d’ailleurs ce que nous ne comprenons pas. Nous prendrons attache avec la partie ivoirienne pour comprendre les véritables motifs et quel travail il faut faire pour lever ce goulot d’étranglement. »Un déplacement en train fortement plébiscité par les populations. Comparé au bus, le trajet est légèrement plus cher, mais plus pratique pour le commerce et réputé plus sécurisé que par la route. Sur ce sujet, les autorités assurent que les mesures idoines ont été prises.À lire aussiBurkina Faso: reprise du trafic ferroviaire passagers entre Ouagadougou et Bobo Dioulasso
11/21/20232 minutes, 11 seconds
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Madagascar: la résilience des petits producteurs laitiers d’Antsirabe

Près de 200 producteurs laitiers de la région Vakinankaratra à Madagascar misent sur la coopérative locale Rova. L’organisation basée à Antsirabe sert d’intermédiaire entre les éleveurs de la région et les consommateurs, aux revendeurs jusqu’aux fabricants de yaourt. Un modèle porteur dans cette région des Hautes terres, première productrice de lait, où de nombreuses exploitations ont dû se relever des chocs économiques réguliers qui frappent la filière. Reportage dans l’une d’entre elle à Antsirabe. De notre correspondante à Antananarivo,Plus l’on s’enfonce dans le quartier d’Antsongo, en périphérie d’Antsirabe, plus les bruits de la ville disparaissent. Charles y gère une ferme avec ses parents. Il nous ouvre les portes de l’exploitation familiale : « Nous sommes parmi les éleveurs modèles dans la région, nous possédons cinq vaches à lait là-bas, cinq génisses, un taureau, un taurillon et trois veaux... En général, on trait la vache où elle se sent le plus à l'aise, dans une étable calme, non perturbée, pendant environ dix minutes, c'est l'idéal. »Ces derniers mois, le prix des aliments de base pour les bêtes, la provende et le fourrage, a flambé. Conséquence, le litre de lait se vend 2 000 ariarys contre 1 800 en 2022. Malgré l’inflation, ces éleveurs s’estiment aujourd'hui relativement préservés des chocs réguliers qui touchent la filière lait. « La filière laitière rapporte beaucoup, affirme Rivoson le père de famille.  La crise du lait, en partie due à l'insécurité, ne nous a pas vraiment touché. À la campagne, le pâturage n'est pas sécurisé. Par contre, notre ferme est clôturée, ce qui empêche les voleurs d'y entrer ! »Un produit périssable qu'on ne peut pas stockerDerrière cette confiance, se cache aussi un modèle économique porteur. La coopérative Rova installée à Antsirabé sert d’intermédiaire entre les petites exploitations laitières de la région Vakinakaratra et les clients. Ces éleveurs en sont membres nous explique Charles : « Selon notre accord avec Rova, notre lait tiré le matin sert à faire fonctionner la laiterie de cette coopérative. Pour le lait du soir, nous le vendons directement aux fabricants de yaourt et aux consommateurs de notre quartier, nous touchons immédiatement l'argent de cette vente, qui couvre les dépenses quotidiennes. »Depuis la crise du lait en 2009, liée à l’effondrement de l’usine Tiko, la principale entreprise de collecte du lait, les éleveurs de la région ont dû faire preuve de résilience, rappelle Pascal, président de la coopérative Rova : « Dès lors qu’il y a une crise, les éleveurs sont les premières victimes des barrages économiques. Il y a eu les tensions en 2009, 2018, puis récemment en 2020 pendant le Covid. Le lait est un produit périssable, qu’on ne peut pas stocker comme les céréales. »Rova plaide pour un appui plus important de l’État à la filière lait, stratégique pour la Grande Ile et la région Vakinankaratra. À elle seule, elle représente 80% de la production nationale.
11/20/20232 minutes, 17 seconds
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Côte d'Ivoire: l’ouverture de l’autoroute Yamoussoukro-Bouaké facilite le transport

Chauffeurs de camion ou d’autocar, passagers et acteurs économiques se réjouissent de l’ouverture du dernier tronçon de l’autoroute permettant de relier Abidjan à Bouaké par la voie rapide. En revanche, les commerçants qui avaient l’habitude de voir les passagers s’arrêter régulièrement au bord de l’ancienne voie constatent une baisse drastique de leurs recettes. De notre correspondant à Abidjan, L'autocar empruntant la ligne Abidjan-Bouaké marque une courte pause à Tiébissou. Abou, sac à dos sur une épaule, descend de l’autocar pour se dégourdir les jambes. Il emprunte régulièrement les transports pour faire ce trajet. « Le trajet est plus rapide, plus simple et plus fluide. Donc, je trouve ça impeccable par rapport aux années antérieures, donc c'est très bien. »Le 23 août, le dernier tronçon de l’autoroute Abidjan-Bouaké a été inauguré à Tiébissou. Il vient doubler l’ancienne voie, étroite et détériorée. Moins de fatigue, moins d’accident, et des véhicules qui supportent mieux le trajet. C’est aussi le constat du chauffeur de bus Amara Doumia. « Avant, il y avait beaucoup d'arrêts, comme c'était sur la petite piste. Souvent, il y a des accrochages, des voitures qui sont en panne. »Chauffeur routier, Ali Ouedraogo opère sur le trajet Ouagadougou-Abidjan. La Côte d’Ivoire est le premier partenaire commercial du Burkina Faso. C’est par cet axe stratégique que transite la majorité des marchandises. « Sur l'ancienne route, on pourrait mettre toute une journée à cause de l'état de la route, explique le chauffeur. Maintenant, nous, chauffeurs, c'est nous qui sommes à l'aise. »Des commerçants lésésÀ partir de l’année prochaine, l’impact économique de l’ouverture de ce dernier tronçon pourra être estimé. Mais tout le monde ne tire pas avantage de la nouvelle autoroute. Les commerçants qui avaient l'habitude de travailler au bord de l'ancienne voie se sentent lésés, comme Fanta Bakayoko, qui patiente devant son étal de patates douces et de tomates. « Il y avait beaucoup de trafic. Les gens venaient chaque jour, il y avait l'affluence, mais maintenant, c'est plus ça. Aujourd'hui, on est endetté. Vu que c'est de la nourriture, quand c'est resté, tu ne peux pas vendre le lendemain. Tu es obligé d'être endetté. Aujourd'hui, il n'y a pas un commerçant ambulant qui est au bord de la rue et qui n'est pas endetté. Nous sommes tous endettés », déplore-t-elle.Fanta envisage de trouver un nouvel emplacement aux abords de la voie rapide et préfère philosopher. « C'est l'évolution, on veut aller de l'avant. Chacun paye les pots cassés, ce sont les inconvénients du développement. »L’autoroute du nord fait partie du grand projet autoroutier structurant d’intégration sous-régionale : désenclavement du nord et création d'ici à 2035 du corridor Dakar-Lagos.À écouter aussiCôte d'Ivoire: la pression monte à Bouaké avant la CAN
11/19/20232 minutes, 9 seconds
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Afrique de l'Ouest: les poudres de lait importées, fléau pour les producteurs

Les poudres de lait, fléau des producteurs laitiers en Afrique de l'Ouest. Les importations de ces mélanges depuis l'Europe sont en augmentation ces dernières années. Conséquence d'une production locale insuffisante, ces poudres de lait moins chère et plus compétitive représentent un frein au développement des filières laitières ouest-africaines. La concurrence est rude et même faussée tant les différents acteurs ne jouent pas à armes égales. Les mélanges de lait écrémé et de matières grasses végétales dites MGV continuent d'affluer sur le marché ouest-africain. Peu taxés, venant d'Irlande majoritairement, des Pays-Bas, ou de France, ils représentent plus de la moitié des importations de produits laitiers. Stéven Le Faou est consultant au bureau d'étude Jokoo — spécialiste de l'interdépendance commerciale entre l'Afrique et l'Europe : « En Europe, la première contrainte est que l'on consomme tout basiquement plus de matière grasse que de matière protéique du lait, on a des excédents. Notre crainte aujourd'hui, c'est que ces poudres MGV soient le moyen de recycler ces excédents. Beaucoup de filières sont guidées par le coût, et ça aboutit à ce type de produit qui peuvent assembler les ingrédients les moins chers pour arriver à un équivalent du lait entier, qui est la moitié du prix du lait entier. »Une différence floue avec le lait localAu Burkina, le litre de lait reconstitué à partir de cette poudre coûte environ 300 francs CFA. Deux fois moins qu'un litre de lait local. D'autant plus pénalisant que l'étiquetage reste flou et défaillant, explique Ibrahim Diallo, président de l'Union nationale des minilaiteries et producteurs de lait local dans le pays : « Cette concurrence a tiré la production locale vers le bas. Nous partageons le même marché. Il y a même des industries au Burkina qui utilisent cette poudre de lait, qui sont assimilées à des industries qui font du lait local. Le consommateur ne fait pas la différence en le produit lait en poudre MGV et le lait local. »À écouter aussiLe marché du lait en pleine restructurationLes États s'engagent à travers l'Offensive Lait menée par la Cédéao depuis 2017. La Côte d'Ivoire souhaite qu'un quart des besoins en lait soit assuré par la production locale d'ici à 2030. Favoriser la production de lait localDes investissements majeurs sont également menés au Nigeria. Selon Benoit Rouyer, économiste français au Centre national interprofessionnel de l'économie laitière. Le monde entier a un intérêt à ce que le développement des filières laitières africaines réussisse : « On va avoir besoin de tout le monde pour nourrir le monde dans les années à venir. En fait, les projections de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) et de l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques), c'est une croissance de la consommation de 1,8 % par an de lait. Ce lait-là, on ne va pas le produire, notamment en Europe, parce qu'on a des facteurs limitants avec les ressources humaines qui ne sont pas là, donc il est important que la production laitière se développe dans un certain nombre de zones traditionnellement importatrices comme l'Afrique de l'Ouest. »Le lait africain doit gagner en compétitivité. Cela peut passer par une baisse des couts de production, de collecte du lait local et par une hausse des taxes à l'importation des poudres de lait rengraissé. « Aux politiques de réguler », appellent les différents acteurs. À écouter aussiRwanda: la passion du lait
11/16/20232 minutes, 36 seconds
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En Ouganda, des initiatives pour valoriser les déchets de banane

En Ouganda, pays producteur de bananes, de petites entreprises recyclent les déchets qui s’accumulent après la récolte. Les fibres contenues dans la tige des bananiers peuvent donner naissance à de nombreux produits dérivés. Mais ces initiatives créatrices de valeur ajoutée restent isolées. Après la récolte, les tiges des feuilles de bananiers sont souvent délaissées dans le champ, jusqu’à ce qu’elles pourrissent et se décomposent. Pourtant, cette partie de la plante contient des fibres résistantes qui, une fois extraites, peuvent être utilisées dans la fabrication d'objets du quotidien.Juliet Kakwerre Tumusiime a flairé le potentiel de ces fibres de bananes, récoltées lorsque la plante est encore verte : elle les transforme en cheveux, utilisés pour les extensions de sa marque, Cheveux Organic. L'entrepreneuse détaille le processus : « On passe par un processus d'extraction, qui permet d'enlever toute l'eau contenue dans la tige, pour qu'il ne reste que la fibre. Puis, il y a des étapes pour la traiter et la transformer en cheveux. »À lire aussiL’objectif du Sénégal: l’autosuffisance dans la filière de la bananeUne qualité... qui a un coûtLa transformation artisanale des fibres de bananiers est notamment répandue en Inde. Une manière de préserver l'environnement, car les extensions classiques, en plastique, polluent énormément.Mais ce produit recyclé a un prix : « Ces cheveux respectent l'environnement, ils sont biodégradables, ils ne grattent pas, ils ne sentent pas mauvais, et on peut les coiffer comme n'importe quel autre type de cheveux. En termes de coût, pour l'instant, ils sont assez chers... C'est un produit de luxe... Mais notre coût de production est assez élevé, car nous ne sommes pas entièrement mécanisés. »Une première étape est de faire connaître les bénéfices de l'économie circulaire. Jane Nalunga, analyste pour Seatini Uganda, décrit un cercle vertueux : « Les fermiers qui produisent de la banane peuvent obtenir un revenu supplémentaire grâce à la vente des tiges – et les produits qui en sont issus font partie de l'économie. »À lire aussiProgreen Innovation: une start-up kényane transforme le plastique en carburantUne économie durable et complémentaireMais faute de capitaux, la production à la main reste modeste. À la tête de TextFad, Kimani Muturi rêve d'importer des machines pour fabriquer du tissu et de la laine de fibres de banane en plus grande quantité : « J'ai réalisé qu'il y avait une pénurie de matériaux pour la production de textile. Donc, nous nous sommes lancés dans une recherche sur les différents types de fibres qui pourraient nous servir de matière première... et la fibre de bananier correspondait parfaitement. Tant que les Ougandais produisent de la banane et que c'est l'un de leurs aliments de base, c'est le matériau le plus durable à utiliser et à commercialiser à travers différents produits. »La soie du bananier pourrait être une piste pour la production textile locale, au moment où l'Ouganda a décidé d'interdire à son tour les importations de vêtements de seconde main sur son territoire.À écouter aussiCôte d’Ivoire: l’expérience encore timide du recyclage des déchets plastiques
11/15/20232 minutes, 23 seconds
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Progreen Innovation: une start-up kényane transforme le plastique en carburant

Transformer des déchets plastiques en carburant. C’est le pari que s’est lancé une start-up kényane, Progreen Innovations. Elle utilise la technique de la pyrolyse. Les plastiques sont chauffés à une température très élevée, sans oxygène. Le combustible qui en sort est ensuite raffiné, chauffé une deuxième fois. Le résultat final peut être utilisé pour plusieurs types de moteurs. Reportage. Depuis deux ans, James Muritu expérimente. Ces recherches ont permis à cet ingénieur informatique de fonder Progreen Innovations. Tout se passe dans son jardin à une cinquantaine de kilomètres de Nairobi. Un four relié à plusieurs tuyaux y trône fièrement. Une forte odeur de plastique brûlé s’en dégage. James Muritu détaille le processus : « Nous sommes en train d’incinérer du plastique. Vous voyez le contrôleur de température ici ? C’est à 500 degrés Celsius. Le liquide passe par tous ces tuyaux, puis on le collecte ici. Là, c'est du pétrole brut qui sort. On le voit, ça ressemble à celui que l’on extrait des sols. C’est ce liquide qui va ensuite être raffiné pour faire du carburant. »Une méthode prometteuseProgreen Innovations peut produire jusqu’à 1 000 litres de combustible par semaine, grâce à la pyrolyse. Pas besoin d’électricité. La chaleur est obtenue à partir de biomasse, des déchets végétaux. Le processus permet d’obtenir deux sortes de carburant.  « Il y a l’essence alternative, pour des moteurs à faible combustion, comme les pompes à eau, les générateurs ou les tondeuses à gazons, explique James. Et le diesel alternatif, qui lui fonctionne pour les moteurs diesels plus puissants, comme les voitures. Je l’utilise pour la mienne d’ailleurs ! » Le plastique provient des déchets des villages alentours. Il est trié avant d’être brûlé. James Muritu s’en targue : son système évite que ces plastiques ne se retrouvent dans l’environnement. La méthode de la pyrolyse est toutefois source de controverses.À lire aussiCôte d’Ivoire: l’expérience encore timide du recyclage des déchets plastiques« Mieux que de balancer des plastiques dans l'océan » C’est ce qu’explique Damien Guironnet, professeur en chimie à l’université de l’Illinois aux États-Unis : « L’idée du recyclage, c'est de transformer un plastique en plastique. Le problème de la pyrolyse, c'est qu’on utilise du pétrole, on fait du plastique, ça coûte beaucoup d’énergie et ensuite, on transforme ce plastique encore en pétrole. On peut, c'est vrai, utiliser l’huile de pyrolyse pour faire à nouveau du plastique, mais au final, on aura perdu beaucoup d’énergie. Et tout ce qui est énergie veut dire rejeter du gaz carbonique dans l’atmosphère. Suivant quel plastique on utilise dans la pyrolyse, le vinyle va rejeter du chlorure d’hydrogène, et c’est super nocif pour l’environnement. Et donc toutes ces petites avancées, la pyrolyse avec de la biomasse, ce n’est pas la solution, mais ça reste mieux que de balancer les plastiques dans l’océan. »Seulement 9% des déchets plastiques sont recyclés. Les défenseurs de l’environnement s’accordent à le dire : la meilleure solution reste d’en limiter la production. À noter que les carburants de Progreen Innovation ne sont pas encore commercialisés. Ils doivent d’abord être certifiés par le Bureau des normes du Kenya.À lire aussi«Moins de plastique, plus de vie»: des écologistes manifestent avant une réunion internationale à Nairobi
11/14/20232 minutes, 17 seconds
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Congo-B: la compagnie pétrolière nationale lance un projet de reforestation

La Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), a annoncé, à l’occasion du dernier sommet sur les trois grands bassins forestiers du monde, son projet de planter 50 000 hectares d’acacias sur dix ans. L’initiative fait partie du programme national d’afforestation et de reboisement mais certaines ONG sont sceptiques. De notre correspondant à Brazzaville,Dénommé « Eco Zamba » ou éco de la forêt, le projet de la SNPC va se dérouler dans la zone savanicole des Plateaux au centre du Congo. Un projet lancé à l’appel du président congolais pour la décennie d’afforestation. Le Directeur général de la SNPC, Maixent Raoul Ominga, en donne ici le principal objectif. « Nous sommes une société pétrolière. Aujourd’hui, sur les enjeux concernant la protection de l’environnement, je pense que nous sommes en première ligne en raison de l’impact de nos activités sur l’environnement. Il nous revenait, pour réparer tant soit peu l’impact de nos activités sur l’environnement, d'initier ce projet qui, en réalité, vient compenser les émissions de nos activités », explique-t-il.À lire aussiProtéger les forêts du Bassin du Congo, dernier espoir pour la planèteCe projet de reforestation doit permettre non seulement la séquestration du carbone mais aussi d'accélérer la régénération des sols. « Il faudrait augmenter la couverture forestière nationale pour optimiser les capacités de séquestration de carbone de nos forêts. Et ensuite, donner une solution naturele face aux changements climatiques », apprécie François Mankessi, coordonnateur national du programme national d’afforestation et de reboisement. Au plan socio-économique, François Mankessi voit d’autres avantages : « Pour le Congo, qu’est-ce qu’on gagne ? On gagne en termes d’emplois. Une société qui s’installe aura naturellement un volet social, un volet développement local et un volet emplois pour la population. Et, ça va résorber le chômage dans notre pays », estime-t-il.La SNPC sera la deuxième société pétrolière à développer un projet de séquestration du carbone dans les plateaux, après TotalEnergies. Mais cette course vers les zones savanicoles laisse perplexe Maixent Agnimba Emeka, le coordonnateur du Forum pour la gouvernance et les droits de l’homme (FGDH). Il pense que ces entreprises se lancent par profit du crédit carbone. « Les sociétés pétrolières n’ont pas vocation à faire du reboisement. Leur vocation est de produire et commercialiser du pétrole. Elles se lancent dans un secteur qui n’est pas le leur. C’est par simple opportunisme. Mais, sur le plan environnemental, nous sommes en train de perdre notre écosystème des savanes. Et, vous avez des animaux, des oiseaux et des insectes qui ne peuvent prospérer qu’en zones de savanes. On n’a pas suffisamment fait des études dessus », dénonce-t-il. Le projet Eco Zamba est prévu pour dix ans. Le coût de son financement n’a pas été révélé.
11/13/20232 minutes, 22 seconds
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Maraîchage en Côte d’Ivoire: la tentation du hors-sol

Ouvert depuis mai 2021, Hortivoire est un centre d’apprentissage de l’horticulture hors-sol situé à Tiébissou, financé par Agrifer et le gouvernement des Pays-Bas. Il suscite la curiosité de jeunes agriculteurs venus de tout le pays pour se former à cette technique maraîchère. Alors que les sols s’appauvrissent et que le pays importe 70% de ses légumes, le hors-sol promet de meilleurs rendements, l’économie des ressources en eau et une meilleure utilisation des intrants. Mais ce procédé, aussi appelé hydroponie, ne s’inscrit pas dans l’agriculture biologique et soulève également de nombreuses réticences. Le lundi, c'est jour de cueillette. Les 35 apprenants reviennent des serres les bras chargés de cagettes de tomates de variété jarrah. Franck Akoumia, formateur à Hortivoire, salue leur belle couleur rouge corail et leur forme ogivale. « Ce que vous voyez ici, tout va à Abidjan, dans les restaurants, chez les Libanais, chez les Chinois, même à Bassam... La culture est prisée pour sa qualité ».À lire aussiCôte d'Ivoire: quelle agriculture demain?Autre avantage, ces légumes de meilleures qualités sont protégés des maladies présentes dans le sol, comme les champignons ou autres bactéries, « parce qu'on élimine, tout ce qui est maladies liées au sol », ajoute-t-il. « La culture hors-sol nous donne beaucoup d'avantage au niveau de la rentabilité, de la production, de la qualité et puis au niveau de la gestion de l’eau. Les matériels sont basés sur la durabilité aussi donc on peut avoir ces matériels de production sur plusieurs cycles. L’inconvénient unique, c'est seulement le coût d’investissement, c’est ça qui est peut-être l’inconvénient », ajoute-t-il.Construction de l’abri, importation du film horticole et des bâches... Il faut compter environ 4 à 5 millions de francs pour installer une grande serre de 250 m2. À Hortivoire, elles sont au nombre de 6 sur une surface de 250 m2 chacune. Ouvertes sur les côtés, elles accueillent des plants de tomates mais aussi de concombres, de poivrons ou de piments. Ils grandissent dans de petits pots. À l’intérieur, il n'y a pas de terre mais principalement de la fibre de coco, produite localement ainsi que de l’eau fertilisée. « On a deux engrais qu’on appelle A et B qui est composée de tous les éléments nutritifs et on a un dosage bien précis pour faire la fertilisation de la pépinière jusqu’à la récolte », explique-t-il.À lire aussiFace au manque d’eau, les experts cherchent des alternatives pour l’agriculture« Adapter la production »La promesse de meilleur rendement, 6 à 10 fois plus important qu’en plein champ, attire les jeunes agriculteurs qui se forment à Koubi pendant trois mois. Ils sont nombreux à vouloir désormais s’équiper en serre. Jules You, le corps plié en deux, est en pleine séance de repiquage. Il est déjà producteur de manioc à Man et croit au hors-sol pour lutter contre l’insécurité alimentaire. « Parce que les pratiques plein-champs deviennent de plus en plus obsolètes à cause du fait que nous avons toujours les conflits fonciers... Donc comment durer ? Comment rester sur la scène agricole ? Il était important pour moi d’apprendre cette nouvelle technique agricole de sorte à toujours pouvoir adapter ma production », dit-il.L’hydroponie est toutefois loin de faire l’unanimité chez les agronomes. L’utilisation des pesticides et des fongicides reste la norme pour protéger les plantes, tandis que la culture hors-sol ne favorise pas l’épanouissement du microbiote des sols. Une solution à court terme donc, un pansement qui ne permettra pas aux sols, très appauvris, de se régénérer.
11/12/20232 minutes, 26 seconds
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Après Arsenal et le PSG, «Visit Rwanda» signe un partenariat avec le Bayern Munich

Au Rwanda, Kigali accueillait du 1er au 3 novembre le sommet mondial du voyage et du tourisme. Parmi les discussions des conférences, celle de la promotion du tourisme par le sport. Et c’est la stratégie adoptée depuis plusieurs années par le Rwanda qui enchaine les partenariats avec les grands clubs de football européens. Au lever du jour, les jeunes joueurs de la nouvelle académie à Kigali du Bayern Munich sont déjà sur leur terrain d’entraînement. Deux mois et demi après la signature d’un partenariat entre le club allemand et « Visit Rwanda », l’entraîneur Bernhard Hirmer affiche déjà ses ambitions : « Notre principal objectif est de construire une équipe forte pour la Coupe d’Afrique des Nations de 2027. Avec un peu de chance, on peut faire partie des quatre premiers et participer à la Coupe du Monde. C’est notre mission. »Après Arsenal et le PSG, le Bayern Munich est le troisième partenariat du Rwanda. Des contrats au montant confidentiel, avec différents accords pour chaque club : visibilité sur les maillots, les panneaux publicitaires ou les contenus des joueurs sur les réseaux sociaux. Objectif : attirer de nouveaux visiteurs, expliquait au Sommet mondial du voyage et du tourisme Juliet Slot, directrice commerciale d’Arsenal : « Avant que nous commencions, très peu de supporters d'Arsenal connaissaient vraiment les possibilités de venir en vacances au Rwanda. Mais maintenant, 75% d'entre eux disent qu'ils savent que le Rwanda est un pays qui offre des opportunités formidables pour des voyages. »À lire aussiLe Rwanda accueille le Sommet mondial du voyage et du tourisme, une première en AfriqueEn 2022, le Rwanda a accueilli plus d’un million de visiteurs et selon les autorités, le tourisme a généré près de 445 millions de dollars de revenus. Si le retour sur investissement des partenariats sportifs est difficile à quantifier et leur pertinence mise en doute par certains opposants, la stratégie est défendue par Michaella Rugwizangoga, chargée du tourisme au Rwanda Development Board. « Travailler avec des clubs de sport, c’est le positionnement qu’on a choisi en tant que pays. La proportion d’investissement qui entre dans ces partenariats est minime par rapport aux revenus que le pays récolte à travers le tourisme. Aujourd’hui, le tourisme, c’est 10% de notre PIB. Mais sans le marketing, on n’a pas de tourisme et sans le tourisme, on n’a pas les revenus qui sont réinvestis. »Depuis plusieurs années, le Rwanda investit également dans les infrastructures pour attirer les événements sportifs du continent, comme pour le chantier d’agrandissement à 45 000 places du stade Amahoro, estimé à 165 millions de dollars.
11/9/20232 minutes, 22 seconds
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La viande de cajou, un nouveau marché pour les transformateurs sénégalais

La noix de cajou sénégalaise a déjà fait ses preuves et est exportée partout dans le monde. Mais saviez-vous qu’elle pousse avec un fruit, la pomme de cajou ? Des petites entreprises sénégalaises ont découvert que ce fruit pouvait être transformé en une sorte de viande qui constitue un substitut vegan intéressant à la vraie viande, avec un grand marché potentiel. De notre correspondante à Dakar,Le produit, vendu dans des sachets en kraft, ressemble à s’y méprendre à des tranches de bœuf ou de mouton séchées. Pourtant, il s’agit bien d’un fruit. « C’est la pomme de cajou qu’on a transformé d’une manière à pouvoir l’utiliser comme viande », explique Touty Sané. Elle est à la tête d’une coopérative de femmes transformatrices en Casamance, dans le sud du Sénégal.Si la noix de cajou est très connue et exportée partout dans le monde, la pomme avec laquelle elle pousse est moins célèbre. Localement, elle est transformée en jus, mais ça ne permet pas d’utiliser tout le produit. « On a vu qu’il y a tellement de pertes de récolte à travers la pomme, même si l’on enlève le jus. Le reste, on le jette », explique Touty Sané.Le petit fruit jaune ou rouge est tranché, séché et peut ensuite être cuisiné. L’aspect est bluffant et le goût est neutre, ce qui permet au consommateur de l’épicer selon ses goûts.À écouter aussiExportation de noix de cajou : la Côte d’Ivoire devient numéro 2 mondialPossibilités culinaires nombreusesCédric Ekoume est un chef cuisinier français basé à Gex. Il s’intéresse aux gastronomies des quatre coins du monde et a été convaincu par la viande de cajou. « Quand j’ai testé le produit, il fallait le réhydrater. J’ai ensuite cuisiné ça avec des morilles... Une fois réhydraté, on a vraiment l’impression d’avoir des petits morceaux de viande », constate-t-il.Marinée avec de la sauce soja, grillée ou en salade… Les possibilités sont nombreuses, et Cédric, qui a de plus en plus de demandes de plats végétariens et vegan de ses clients, va intégrer la viande de cajou à sa carte.C’est Modeste Bissao, un entrepreneur d’origine sénégalaise établi en France, qui a fait découvrir la viande de cajou à Cédric Ekoume. Un produit qui a, selon lui, d’excellentes valeurs nutritionnelles. « [Il y a] un peu plus de 5% de protéines, des acides gras très bas, et c’est très riche en fibres aussi ou en fer... », indique Modeste Bissao.À écouter aussiL’effondrement de la demande en noix de cajou fait chuter les prixPotentiel énormeRésident à la frontière franco-suisse, il commence à commercialiser ce produit dans les deux pays. Un marché au potentiel énorme, car la demande pour les alternatives végétales à la viande explose ces dernières années. « C’est quelque chose qui pourrait vraiment cartonner à l’international. Nous l’avons en deux versions : nous avons la viande entière et la viande hachée. Donc, nous pourrions même faire des hamburgers avec. »En plus des restaurateurs, Modeste a réussi à intéresser plusieurs magasins bio autour de chez lui. Mais la productivité et le conditionnement doivent être améliorés. « Pour toucher ce marché, il nous faut les structures pour faire la fabrication à la chaîne et en conservant le côté artisanal en même temps. »Sous vide, la viande de cajou se conserve pour l’instant jusqu’à cinq mois.
11/8/20232 minutes, 18 seconds
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Le Mali et le Burkina Faso veulent construire des centrales nucléaires

Le gouvernement de transition du Burkina Faso a signé un memorandum d'entente avec Rosatom à l'occasion de la Semaine russe de l'énergie qui se tenait à Moscou à la mi-octobre. L'agence nucléaire russe a également annoncé un accord de coopération avec le Mali. Pour ces pays, c'est un premier pas vers l'énergie nucléaire civile, mais on n'en est qu'aux prémices. La route vers la production d'électricité d'origine nucléaire est très longue. Il faut former du personnel qualifié, mettre en place une autorité de sûreté nucléaire, la faire valider par l'AIEA, l'autorité internationale chargé de veiller à la conformité du programme. Cela prend du temps, explique Ludovic Dupin, directeur de l'information de la société française d'énergie nucléaire.« La Pologne va lancer un programme nucléaire et elle a lancé ses démarches d'autorité de sûreté nucléaire en 2013. Et elle vient tout juste, en 2023, de recevoir l'aval de l'AIEA pour lancer son programme. Que ce soit des promoteurs russes, des Américains, des Français qui apportent l'expertise de sûreté, ça reste des périodes de temps très longues parce qu'il faut former des gens, en fait, des inspecteurs de sûreté nucléaire, c'est un métier spécifique, cela prend du temps. »Un programme « réaliste »Le Mali a annoncé quatre centrales de 55 mégawatts. Le Burkina Faso s'orienterait vers la technologie des SMR, des petits réacteurs modulaires pouvant aller jusqu'à 300 mégawatts. Effet d'annonce très politique pour certains. Ce n'est pas l'avis de Lassina Zerbo, ancien Premier ministre du Burkina Faso et président du conseil d'administration du Rwanda Atomic Energy Board. Il a été consulté sur ce programme.« Avec les nouvelles technologies, je crois que c'est réaliste. Le nucléaire a évolué, les technologies ont évolué. On parle aujourd'hui de SMR, des Small Modular Reactor, on parle des nanoréacteurs. Avant, on parlait de très grandes quantités d'eau pour les centrales nucléaires conventionnelles, mais avec les SMR, on n'a pas besoin de tant d'eau, on n'a pas besoin de tant d'uranium. Et puis avec le refroidissement au gaz et d'autres méthodes, on arrive à réduire les tailles des centrales nucléaires aujourd'hui. Je pense que c'est réaliste pour les pays africains. »Quelle sécurité pour ces installations ?Pas de détail pour l'instant sur l'accord signé entre Rosatom et le Burkina, ni sur le financement, ni sur le calendrier. Ce n'est qu'un tout début de programme, estime Emmanuelle Galichet, enseignante chercheure en physique nucléaire au Conservatoire national des arts et métiers à Paris. « On n'en est pas du tout au transfert de compétences. Rosatom est très bien armé, notamment pour les aides financières. Dans leurs partenariats, Rosatom propose très souvent de tout financer au début, donc de prendre en charge toute la partie capitalistique de cette industrie. »Reste la question de la sécurité des installations dans ces pays en proie aux attaques terroristes. Difficile à évaluer pour l'instant, selon Ludovic Dupin. « Les études de faisabilité seront essentielles, pas seulement d'un point de vue technique, mais d'un point de vue effectivement sécuritaire. Et là, il est trop tôt pour dire ce qui va arriver. Est-ce qu'il faut faire du nucléaire dans ces pays-là ? Ça va demander beaucoup d'études et de préparation. »Sur le continent, seule l'Afrique du Sud dispose d'une centrale nucléaire en fonctionnement, mais d'autres pays comme l'Égypte en partenariat avec Rosatom développent actuellement leurs programmes. 
11/7/20232 minutes, 32 seconds
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Au Tchad, la difficile valorisation de la peau de la filière élevage

Le Tchad est l'un des plus grands pays d'élevage en Afrique. Avec un cheptel estimé à plus de 140 millions de têtes, l'élevage est la deuxième ressource du pays après le pétrole et occupe une bonne partie de la population rurale. Mais ce potentiel est très mal exploité. En dehors de l'exportation du bétail sur pied, les autres produits dérivés peinent à s'imposer.
11/6/20232 minutes, 16 seconds
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Comesa: un pas de plus vers la création d'une plateforme de paiement numérique commune

Pour faciliter le commerce transfrontalier entre ses 21 membres, la zone Comesa - le marché commun d'Afrique australe et orientale - met en place des infrastructures de paiement électronique. Le but : sécuriser les paiements, minimiser les coûts et faciliter les transactions pour les micros, petites et moyennes entreprises. En attendant le lancement d’une plateforme dédiée, prévue l’année prochaine, un projet pilote vient d'être dévoilé à Maurice.  De notre correspondant à Port-Louis,La démonstration du système de paiement en ligne du Comesa s’est déroulée devant une cinquantaine d’entrepreneurs mauriciens triés sur le volet. Ils ont pu découvrir les avantages de ce système, très favorable en termes de coût, comme l’a souligné le directeur des opérations du Comesa Business Council, Jonathan Pinifolo.« Cette plateforme de paiement se distingue par son faible coût », prévient Jonathan Pinifolo. « Peu importe le montant d’une transaction, il en coûtera seulement un dollar pour effectuer ou recevoir un paiement. Ce qui n’est pas le cas en ce moment. »Le projet pilote a été lancé en septembre dernier au Malawi. Le portail de paiement en ligne devrait être actif à partir de la mi-2024, avec la participation de 8 pays sur les 21 que compte la zone, à savoir la Zambie, le Malawi, le Kenya, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Ouganda, le Rwanda et Maurice.400 millions de personnes en Afrique exclus du système financier formelÀ Maurice, la Chambre de commerce et d’industrie encourage ses membres à se positionner. « Les chiffres du commerce intra-Comesa sont encore très très faibles. 80 % du marché reste à prendre », indique Namita Jagarnath Hardowar, présidente de la MCCI.Le Comesa estime que 400 millions d’adultes en Afrique sont exclus du système financier formel, ce qui signifie que plus de la moitié des adultes africains effectuent des opérations en espèces. Un service de paiement numérique fiable et fluide est plébiscité par les entrepreneurs, à l’image de Clara Calou, spécialiste des normes de qualité ISO.  « Il y a certainement une attente de mettre les chances de notre côté, de pouvoir échanger. Et cette plateforme-là va beaucoup nous aider », dit Clara Calou. À la question de savoir si elle fait des affaires avec l’Afrique, elle répond : « J’ai des partenaires en Afrique, je fais du service-conseil, je fais des formations et avec mes partenaires, on est en train de s’aligner, et bien sûr l’argent va suivre. »Intégrer les devises africainesLe portefeuille numérique permettra aux utilisateurs de stocker, gérer et effectuer des transactions financières en ligne. Les infrastructures numériques englobent les banques commerciales, les opérateurs de téléphonie mobile et des sociétés de la FinTech.Le modèle a convaincu Rima Ramsarun, l’ex-présidente de l’Association mauricienne des femmes chefs d’entreprises, mais elle souhaite un pas de plus. « Le système de paiement en ligne est un système très intéressant, mais il faudrait aussi dépasser notre attachement aux devises comme l’euro ou le dollar, parce que nous perdons avec le taux de change », déclare Rima Ramsarun.Les Banques centrales du Comesa travaillent à l’intégration des devises africaines dans le système et prévoient des consultations le mois prochain pour harmoniser les protocoles de paiement numériques transfrontaliers.
11/5/20232 minutes, 11 seconds
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Sénégal: en Casamance, le défi de la transformation des mangues

Au Sénégal, on croule sous les mangues. Mais des tonnes de fruits sont perdues chaque année, faute de transformation locale, faute de moyens et d’infrastructures suffisantes. Un important projet d’agropole pourrait apporter un début de solution. De notre envoyée spéciale de retour de Ziguinchor,Dans l’unité de transformation de Siranding Touty Sané, à côté de Ziguinchor, la saison de la mangue touche à sa fin. Sur une table, du thiakry, une farine de mil parfumé à la mangue est en train de sécher. Ici, la mangue prend une dizaine de formes différentes. « On a la confiture, le nectar, la mangue séchée, la moutarde de mangue. On fait aussi du ketchup... », énumère Siranding. La Casamance croule sous les mangues et représente plus de la moitié de la production nationale. Mais chaque année, des tonnes de fruits pourrissent par terre. « Ce n'est pas le savoir qui manque. Il y a pas mal de femmes qui sont formées pour la transformation. Mais l'espace manque aussi beaucoup envers les femmes pour avoir des unités de référence. Les quelques unités qui existent n'ont pas assez d'équipement, parce qu'ils sont lourds et coûteux. » Le séchoir que Siranding utilise pour ses mangues est ancien et ne lui permet d’en transformer que 15 kilos par jour.Une perte massive de production À Bignona, le Groupement d'intérêt économique (GIE) Casaécologie de Maimouna Sambou créé en 2001 rencontre des difficultés similaires. Son produit phare : la pulpe de mangue. Cette année, un client lui en avait demandé 50 tonnes. Mais elle a dû refuser, faute de capacités de stockage suffisantes. « Mes sept congélateurs ont une contenance d'environ trois tonnes. Je suis capable de produire cinquante tonnes de plus annuellement. Pour pouvoir faire cela, il faudrait des chambres froides ou d'autres congélateurs », assure Maimouna.À lire aussiLes notes WhatsApp révolutionnent l'agriculture au SénégalLes transformatrices ont également des soucis pour écouler leurs marchandises dans une région enclavée, mais aussi pour trouver des emballages de qualité ou pour accéder aux financements. « Le taux d'intérêt est cher. Deuxièmement, quand vous déposez une demande de prêt, ça traîne. On vous accorde ça au moment où les produits sont finis », déplore Siranding Touty Sané. Tout comme Maimouna, elles dépendent encore beaucoup de partenaires étrangers. Le lancement de cinq agropoles dans le pays pourrait apporter des solutions.L'agropole sud pour créer une synergie En Casamance, il y aura plusieurs modules de groupages et une grosse plateforme de transformation industrielle pour les petits producteurs et des industriels. L’objectif : encourager la transformation locale pour créer de la valeur ajoutée et de l’emploi. « C'est vraiment, dans l'agropole, de permettre à ces unités de transformation de ne pas forcément être obligées d'aller se délocaliser dans les zones de transformation, mais qu'ils puissent nouer des relations d'affaires par rapport aux industries ou aux usines, qui vont se localiser au niveau de ces zones de transformation », explique Ousseynou Konaté, coordonnateur de l’agropole sudCinquante-trois milliards de francs CFA ont été investis par l’État pour l’agropole sud, qui devrait être lancé d’ici juin 2024, et devrait profiter à 65 000 ménages.À lire aussiDans la Casamance enclavée, une économie fragilisée
11/2/20232 minutes, 16 seconds
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En Éthiopie, le conflit dans la région Amhara fait grimper le prix du teff

En Éthiopie, le conflit en cours dans la région Amhara pèse sur l’agriculture locale. En particulier sur le teff, qui compose l’injera, cette galette à la base de l’alimentation du pays. La région Amhara est la principale productrice de cette graine, dont le prix a presque triplé dans la capitale, rattrapée par les conséquences de la guerre civile. Une augmentation sans précédent qui pèse sur le budget des ménages éthiopiens. De notre correspondante à Addis Abeba,Cette grande galette brune, moelleuse et alvéolée se mange à toutes les sauces et à tous les repas. Mais ces derniers mois, le prix du teff a triplé en Éthiopie. Dans ce magasin, le sujet est sur toutes les lèvres. Même le commerçant s'étonne du prix au kilo : « Ça n’est jamais arrivé. 125 birr ! Je ne sais pas si je suis en train de rêver. 125 birr, c’est énorme et le marché ralentit. »Selam attend que son teff soit nettoyé. Elle est venue acheter sa portion de farine pour la semaine, et doit tout bien calculer. « Pour la maison, nous avons besoin de 100 kilos. Maintenant que c’est cher, nous n’achetons plus que 70 kilos pour un mois. » La mère de famille réduit la quantité, mais aussi la qualité. « Il y a différents types de farine de teff, plus de cinq. Je voudrais la plus blanche, la plus chère. J’en ai besoin, mais c’est trop d’argent. Donc, on doit acheter la farine de qualité moyenne. »De retour à la maison, il faut préparer l’injera pour nourrir les neuf membres de la famille. « Nous n’avons pas le choix, on doit se restreindre. On ne peut pas manger autant qu’on le voudrait. » Mais pas question de se passer de teff. « Pour nous Éthiopiens, notre nourriture, c’est l’injera. Tous les jours, jusqu’à ce qu’on meure. L’injera est notre vie. »Le mécanisme de cette inflation est complexe : dévaluation de la monnaie locale, hausse globale des prix et augmentation des frais de logistique pour les agriculteurs, mais surtout, les conflits passés et en cours ont aggravé la situation, comme l’explique Shiferaw Motiku, consultant en chaîne de valeur agricole : « De manière générale, le teff a toujours été produit dans les régions du Nord. Aussi dans quelques parties de l’Oromia. Donc avec l’instabilité, cela affecte la production et créé une pénurie de teff qui affecte le prix. »Les routes bloquées et les combats empêchent les agriculteurs de travailler et d’exporter leurs produits, fragilisant la consommation du teff, dernier rempart contre la faim.À lire aussiÉthiopie: dans le Tigré, la crise alimentaire empire depuis la suspension du Programme alimentaire mondial
11/1/20232 minutes, 11 seconds
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Nigeria: le métro de Lagos prend timidement ses marques, deux mois après sa livraison

Au Nigeria, la ville de Lagos a inauguré début septembre un tronçon de sa toute première ligne de métro aérien, la Blue Line. La mise en circulation d'un train entièrement électrifié représente une petite révolution dans la capitale commerciale du Nigeria, connue pour ses bouchons et son urbanisme chaotique. La Ligne ferroviaire et son train Bleu qui enjambe la lagune donne à la mégalopole de Lagos des airs de cité futuriste. L'idée est née, il y a presque 40 ans mais les travaux n'ont débuté qu'en 2011 et ils ont pris beaucoup de retard. Le premier tronçon du métro a finalement ouvert le 4 septembre. Fatiu Bulala Opeyemi, un jeune créateur de contenu, est monté à bord : « L’air conditionné, l’espace, tout est frais et les gens se comportaient si bien, ça m'a donné l’impression d’être à Londres, d’être aux États-Unis ! Parce qu’ici à Lagos, même pour monter dans les bus de la municipalité, il faut courir, il faut sauter, il faut pousser ! Mais dans le métro c’est beaucoup plus facile »À terme, deux lignes de métro aérien doivent relier les différents pôles d'activité de la mégalopole de Lagos : marchés, quartier des affaires, et même aéroport. Pour l'instant, seuls huit arrêts sont opérationnels sur la Blue Line, qui en comptera treize au total. Après une période de test au diesel, la locomotive est maintenant entièrement électrique. Une prouesse dans un pays au réseau défaillant et qui souffre de grave pénuries.Timi Soleye est chef de projet pour Lamp Turnkey, en charge de l'alimentation en électricité du train : « Nous avons des infrastructures dédiées, qui permettent à la ligne bleue d’être directement reliée au réseau national d’électricité de deux manières. Mais en plus de ça, nous avons construit une centrale électrique indépendante, qui produit 8 mégawatts d’électricité, et qui alimente un système de batterie. Ce système est relié directement au train et fonctionne sans interruption. Donc en cas de défaillance du réseau national d'électricité, il y a assez de garde-fous pour être sûr qu’il n’y a aucune interruption de la ligne. »Méfiance des usagersMalgré une fréquentation importante aux heures de pointes, les habitants de Lagos affichent encore une certaine méfiance vis-à-vis de ce nouveau moyen de locomotion, de l’aveu même de Joseph Akinpelu, ingénieur auprès de l’autorité des transports de Lagos : « Nous avions projeté qu’il y aurait environ 150 000 passagers par jour sur la Blue Line, mais pour l’instant ils ne sont que 10 000 environ. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’ils sont de plus en plus nombreux. Les gens ont encore des doutes pour leur sécurité, ils se disent : "Est-ce que je ne vais pas me faire électrocuter si je rentre dans ce train". Il faut juste qu’il y ait une prise de conscience que c’est un moyen de transport sûr. »Le train bleu effectue désormais 54 voyages quotidiens – leur nombre doit passer à 74 par jour d'ici à la fin du mois de novembre.À écouter aussiReportage Afrique - Nigeria : le train moderne entre Lagos et Ibadan
10/31/20232 minutes, 19 seconds
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Congo-Brazzaville: l’autosuffisance alimentaire, une équation toujours difficile à résoudre

Le Congo dépend toujours en grande partie des importations alimentaires pour nourrir ses 5 millions d’habitants. Elles sont estimées à 700 milliards de francs CFA (1,060 milliard d’euros) par an. Son ambition d’atteindre l’autosuffisance alimentaire au début des années 2000, n’a toujours pas abouti faute, notamment, de financements pérennes. De notre correspondant à Brazzaville,À une centaine de kilomètres au nord de Brazzaville, le Nouveau Village agricole de Nkouo est presque à l’abandon. Ce projet lancé en 2010 réunissait à l’origine plus de 700 exploitants, surtout spécialisés dans la production d’œufs... mais ils ne sont plus qu’une quarantaine aujourd’hui.Stendhal Koussala décrit son expérience avec amertume : « Cela nous fait 13 ans que nous sommes dans le site. Mais, aujourd’hui, cela fait 8 ans que nous sommes abandonnés. Ici, c’est une production médiocre et négligeable destinée juste à la maintenance du village. Sinon le village ne produit plus [comme l’État l’avait voulu, NDLR]. Et pour la maintenance, il y a une production plus ou moins négligeable qu’il y a là. Question de maintenir l’image d’un village producteur des œufs de table. »L'appuie du PDACMalgré les efforts du gouvernement congolais pour tenter d’atteindre l’auto-suffisance alimentaire en valorisant ses 10 millions d’hectares de terres arables, de nombreux projets ont été abandonnés au fil des années, en raison notamment de la chute du prix du pétrole. Le nouveau village agricole de Nkouo doit sa survie au PDAC, le Projet de développement de l’agriculture commerciale, financé par la Banque mondialeBienvenu Mandilou est, lui aussi, exploitant agricole à Nkouo. « Nous étions parmi les personnes qui imposaient le prix [de l’œuf] sur le marché. Mais, depuis la rupture, nous ne sommes plus visibles sur le marché. Ce que je peux demander [aux autorités] c’est de relancer ce village », indique-t-il.« L'autosuffisance sera à notre portée »La production du village est estimée aujourd’hui à 96 000 œufs par mois, contre plus de 666 000 par mois avant la crise. L’agriculture est un secteur clé pour tenter de relancer l’économie et de diversifier les exportations du Congo, toujours largement dominée par le pétrole. Technicien suivant au jour le jour comment Brazzaville met en œuvre ses politiques agricoles, Justin Alain N’sangou de l’Observatoire congolais des droits des consommateurs souligne que les décideurs ont commis des erreurs et donne quelques conseils :« Il suffit de pérenniser la semence de bonne qualité ; qu’on opérationnalise l’Institut des recherches agricoles vers la production et non vers des théories. Qu’on renforce les capacités des génies du secteur agricole pour que ceux-ci accompagnent les producteurs. Qu’on mécanise l’agriculteur et qu’on rende simple son financement. Certainement, l’autosuffisance sera à notre portée », analyse-t-il.À Nkouo, on pratique également du maraîchage à petite échelle. Et, pour la relance, des activités, les autorités espèrent une promesse des fonds koweïtiens dont le montant n’a pas été révélé.
10/30/20232 minutes, 15 seconds
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Sénégal: les activités minières signent la fin du tourisme à Lompoul

Au Sénégal, ce sont les dernières semaines d’activité pour les acteurs touristiques du désert de Lompoul, à plus de 150 kilomètres au nord de Dakar, sur la côte Atlantique. Ils doivent quitter les lieux le 31 octobre avant le passage de la mine mobile qui extrait le minerai de zircon, exploité par Grande Côte Opérations, société minière détenue à 90% par le français Eramet et à 10% restants par l’État sénégalais.
10/29/20232 minutes, 19 seconds
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Le secteur privé appelé à faire plus en Afrique

Comment mobiliser les capitaux privés en direction de l’Afrique ? Trop peu le sont, notamment dans la lutte contre le changement climatique. Selon les calculs du FMI, avec l’objectif d’une neutralité carbone en 2050, l'effort porté par le privé dans les économies de développement doit doubler. Concernant les infrastructures, il manquerait 108 milliards de dollars chaque année d’après la Banque africaine de développement. Sur le continent, le secteur privé est parfois trop frileux pour investir. Le secteur privé doit être au cœur du financement du développement. Tout le monde semble s’entendre sur ce point. Sauf qu’il n’est pas à la hauteur des attentes. Entre pandémie, guerres, et coups d’État, trop d’incertitudes ou encore trop d’instabilité politique peuvent expliquer ces manquements, selon Maktar Diop, président de la Société financière internationale (SFI), organisation de la Banque mondiale pour le secteur privé.« C'est une des rares fois dans l'histoire de l'Afrique où on peut traverser l'Afrique de la côte ouest à la côte est en ne traversant que des pays qui sont dirigés par des régimes militaires », constate-t-il.Pour 2023, Maktar Diop se targue d'une augmentation de 30% des engagements de la SFI avec des entreprises. Son objectif : rendre les investissements moins risqués en améliorant les instruments de garantie et en s’appuyant sur les banques locales.« Comment aider les banques ? D'abord à avoir cette connexion avec la demande. Parfois, elles n'ont pas l'appétit pour le risque, n'ont pas l'expertise pour étudier cela, donc nous, nous sommes en train de mettre [en place] des instruments de “risk sharing” et on a signé une de ces initiatives avec les banques marocaines », ajoute-t-il.Faire appel aux banques publiques de développementLa réforme de l'architecture financière mondiale enclenchée cette année doit permettre de libérer les investissements. Pour faire tenir l'édifice, des institutions comme la Banque européenne d'investissements (BEI) financent entre autres des projets d'électrification à Madagascar.« L'un des moyens de financer plus de projets, c'est d'utiliser les banques publiques de développement comme la BEI pour faire venir plus d'investissements privés », souligne son vice-président Ambroise Fayolle. « Si avec un euro d'argent public, vous arrivez à avoir 10 euros d'investissements, alors que vous pourriez financer deux euros d'investissement public, vous avez au total fait pour la cause de l'environnement en Afrique. »L'autre chantier pointé par les investisseurs privés, c'est la lenteur des dossiers, comme l'explique Orso Vesperini directeur général délégué du groupe français NGE, spécialisé dans les travaux d'infrastructures.« Tous les investissements qui sont votés et accordés à l'Afrique ne sont pas utilisés pour des histoires de temps nécessaires à l'instruction des dossiers », indique Orso Vesperini. « On a effectivement des dossiers de château d'eau – je ne vous dirai pas où – sur lesquels on travaille déjà depuis trois ans, où on a eu des accords favorables, mais qui finalement n'ont pas vu le jour. »Un temps d'instruction des dossiers incompatible avec les besoins de l'Afrique selon lui. 
10/26/20232 minutes, 16 seconds
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RDC: des entrepreneurs dénoncent la pratique du «prête-nom» chez les sous-traitants

Ce procédé utilisé par grandes entreprises est un goulot d'étranglement du secteur de la sous-traitance en RDC. Selon l'autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé, 80% du marché est détenus par des étrangers. Les entrepreneurs congolais dénoncent des pratiques de corruption qui favorisent la fraude dans le secteur. Ils exigent des sanctions vis-à-vis des multinationales qui ne respectent pas la loi.  De notre correspondante à Lubumbashi,« Nous avons des fiches de vidange. Chaque fois que nous allons vidanger chez un abonné, il y a une signature de certification. » Patrick Wamanganda est le directeur de la Générale d’assainissement, une entreprise spécialisée dans la gestion des déchets qu’il a montée il y a plus cinq ans à Kolwezi. Avec ses 20 employés, Patrick travaille avec des particuliers, car le marché de la sous-traitance dans le secteur minier par exemple, est verrouillé.Selon lui, les expatriés, gérants d'entreprises vont jusqu'à soudoyer des Congolais pour qu'ils prêtent des noms à leurs sociétés afin d’échapper au contrôle de l'État. « Celui qui décide, c'est un expatrié, il sait que ce marché va produire deux, trois, quatre, cinq millions. Il préfère faire venir ses frères. Ils utilisent un nom congolais ou ils passent par une entreprise congolaise qui a le marché, explique Patrick Wamanganda. Vous qui n'avez même pas un marché d'à peine 10 000 dollars, quand on vous propose 15 000 dollars ou 20 000 dollars, vous ne pouvez qu’accepter. »Le secteur privé n’est pas le seul accusé de confisquer le marché de la sous-traitance, il y a également le secteur public. Germain Pungwe, président du Patronat à Kolwezi l'a dénoncé fin septembre lors du forum Expo Béton. « La FEC Lualaba pense que les marchés publics doivent être une occasion pour promouvoir l'entrepreneuriat en créant des marchés destinés aux nationaux, indique-t-il. Aussi, il a été noté la présence de plusieurs entreprises créées par des décideurs, des donneurs d'ordres qui, au détriment des entreprises traditionnelles du secteur de la sous-traitance, prennent tous les marchés. »Campagne de contrôleDans le secteur de la sous-traitance, 8 milliards de dollars échappent chaque année à l'économie du pays, a déclaré pour sa part le directeur général de l'Autorité de régulation de la sous-traitance. Pour tenter de remettre de l’ordre, l’État a lancé au début de ce mois d’octobre une campagne de contrôle dans le secteur minier. Le souci est de voir les nationaux accéder aux 51% des parts dans les sociétés de sous-traitance. « Le Congo est au niveau de la sous-traitance, mais les autres pays sur le continent, c'est sur les activités principales que les nationaux doivent détenir des parts sociales, considère Miguel Katemb, est le directeur général de l'autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé. À titre statif, à Dubaï, c'est 50% pour un ressortissant du pays. En Afrique du Sud, c'est 26% des parts dans les sociétés principales pour un Sud-Africain. »Cette année, le nombre des sociétés à capitaux congolais est passé de 4 000 à 15 000. Toutes veulent avoir accès au marché de la sous-traitance afin de relever l’économie du pays.
10/25/20232 minutes, 20 seconds
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Au Tchad, la viande reste chère malgré une forte production

Dans ce pays l’élevage représente 30% au PIB et fait vivre environ 40% de la population, selon le rapport de 2022 de la Banque mondiale. Selon le ministère de l’Élevage, le cheptel tchadien compte actuellement plus de 140 millions de têtes de bétail, pourtant la viande reste très chère sur les marchés et la plupart des Tchadiens n’en consomment pas autant qu’ils souhaiteraient.  De notre correspondant à Ndjamena,Situé en plein cœur du marché, l’abattoir d’Atrone ravitaille presque tout Ndjamena. C’est ici que Claudine Némadji, ménagère, tente de négocier le prix du kilo de bœuf pour le repas du jour : « J’ai acheté de la viande à 2500 Francs c’est beaucoup, normalement, j'aurais dû payer 1 000 francs pour la même quantité. »Si le prix reste élevé, c’est que les propriétaires de bétail réservent une partie du cheptel à l’exportation, comme ici au marché de Dourbali, localité située à 90 km de la capitale. Assis sous un arbre, dans ce marché avec son bâton, Salim Mahamat explique comment il exporte son bétail : « Les éleveurs qui sont ici dès l’arrivée de la saison, mais pour ceux qui sont au sud et qui doivent amener leur bétail au Cameroun ou au Nigeria, il y a le risque de croiser Boko Harram, ils risquent le vol de leurs bêtes ou des agressions. Pour ces éleveurs qui exportent leur bétail sur "pied" vers ces pays, il y a également le coût de l’exportation. Ils engraissent les bêtes sur place avant de les vendre. S’il y avait un abattoir ici, il n'y aurait pas toutes ces tracasseries, ils pourraient le faire sur place. »Création d'un abattoirL’arrivée de la société Laham Tchad qui œuvre dans la commercialisation de la viande, devrait normalement remédier aussi d’autres préoccupations en plus de la cherté de la viande, nous explique le ministre de l’Élevage et des Productions animales, Dr Abderahim Awat Atteib : « Avec l’arrivée Laham Tchad qui va créer le besoin, les gens vont pouvoir travailler sur place. Les éleveurs pourront engraisser leur bétail et au lieu de réserver la viande à l’exportation, ils pourront la vendre à l’intérieur du pays et la viande sera certainement moins chère. »C’est un partenariat pour la reprise de l’abattoir de Moundou et la mise à niveau de l’abattoir de Farcha qui aideront à créer la première zone de quarantaine et la première ferme d’embouche du pays. Toutefois, certaines coopératives s’inquiètent qu’aucune étude d’impact environnemental et social n’ait été rendue publique pour ce projet. « Nous avons pris du retard, mais nous travaillons dans ce sens », répond le ministre.À lire aussiLe Tchad fait le pari de la transformation dans la filière bétail
10/24/20232 minutes, 15 seconds
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Centrafrique: le mauvais état des routes du Bamingui-Bangora freine le développement de la région

Plus de 100 000 personnes vivent dans le Bamingui-Bangora. La plupart des voies de communications terrestres qui desservent cette région proche du Soudan et du Tchad sont impraticables. Les hommes armés profitent de cette détérioration pour commettre régulièrement des forfaits et attaquer les rares camions qui tentent de s’y aventurer. Un véritable calvaire pour les opérateurs économiques. De notre correspondant de retour de NdéléDès que Freddy accélère, le camion bouge et les ennuis commencent. Dans ce genre de route dévastée, le mauvais maniement du guidon ne pardonne pas, l’erreur est fatale. La conduite sur cette route présente tous les dangers. La circulation devient ainsi risquée à cause de l’érosion visible presque partout. Conséquence, les camions et les véhicules de transport en commun empruntent rarement ce tronçon.Dans son camion, Freddy transporte de sacs de manioc, d'arachide, de sésame et de maïs. « C’est un handicap pour les opérateurs économiques que nous sommes, déplore-t-il. Quand il pleut comme ça, la situation devient pire. Il y a de gros trous et les mares sont partout. Le gouvernement doit nous aider à reconstruire cette route. Si les activités économiques tournent mal, les gens vont mourir de faim. »Ces routes qui desservent la ville de Ndélé donnent du fil à retordre aux camions et véhicules de transport en commun qui passent par là. Allassane un commerçant se rend au marché hebdomadaire de Ndélé pour écouler ses marchandises. Mais le camion dans lequel il se trouve est embourbé dans la boue et se retrouve sans secours : « Je sais que le camion va passer un mois ici sans secours. Je ne sais plus à quel saint me vouer. En venant, nous avions dépassé une dizaine de camions qui ont fait des accidents dont certains sont mortels. Des commerçants ont perdu leurs marchandises. Vraiment, ici, c’est l’enfer. »Renforcer la sécurité Pour atteindre aujourd’hui la ville de Ndélé, les taxis-motos font des détours dans la brousse et traversent parfois des zones dont la sécurité est volatile. Les commerçants se font régulièrement dépouiller de leurs marchandises et sommes d’argent. Une dizaine d’entre eux ont été tués en septembre dernier par des coupeurs de routes.Le préfet de Ndélé reconnait ce problème et appelle le gouvernement à renforcer la sécurité dans sa préfecture : « Nous ne cessons jamais de demander aux casques bleus de la Minusca de multiplier les patrouilles dans la zone pour protéger les opérateurs économiques des bandits. Du côté du gouvernement, nous demandons à ce que l’effectif des forces armées centrafricaines soit renforcé dans la zone. Les Faca ont aussi besoin des moyens logistiques pour assurer la sécurité de notre préfecture jusqu’à la frontière. »Aujourd’hui, le prix des marchandises et des denrées alimentaires a presque doublé selon le constat du délégué des commerçants de Ndélé. Un coup dur pour les habitants de cette localité qui vivent avec moins de 1 euro par jour.À lire aussiRCA: le préfet de la région Vakaga veut plus de sécurité sur un axe stratégique avec le Soudan
10/23/20232 minutes, 18 seconds
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La fin des subventions au carburant est-elle proche en Afrique?

Ces aides aux produits pétroliers permettent de faire baisser le prix pour les consommateurs mais elles pèsent lourd sur les finances publiques sur les pays du continent. Certains les réduisent, Ddautres les ont déjà supprimés sous la pression des institutions comme le Fonds Monétaire International.  Il y a d'abord eu le Kenya en début d'année et son président William Ruto pour qui ces subventions n'étaient pas viables : « Ce n'était pas une décision économique, mais politique. Les Kényans n'ont pas mordu car avec les subventions, les prix n'ont pas baissé. »Puis vint le tour du Nigeria : suppression fin mai par le président Bola Tinubu des subventions qui coûtaient environ 10 milliards de dollars par an à l'État : « J'admets que cette décision entraine des couts supplémentaires. Je ressens votre douleur. Mais nous devions le faire pour ne pas descendre plus bas. »Des mesures d'orthoxie budgétaire fortement encouragées par les bailleurs de fonds internationaux comme le FMI. Un des arguments avancés : ces subventions, trop chères, aident en priorité les plus aisés. Montfort Mlachila directeur adjoint Afrique au FMI : « Sans lutter contre ces dépenses qui sont souvent accaparées par les couches sociales les plus favorisées. Cela entraine un excès de dépenses et en même temps, cela ne permet pas au pays d’avoir l’espace budgétaire necessaire pour l’investissement dans l’éducation où les infrastructures, par exemple. »Pression du FMIConséquence de la suppression des subventions. Au Nigeria, le prix de l'essence a triplé. Le diktat des institutions est pointé du doigt dans certains pays. C’est le cas en Tunisie où le gouvernement décide de tenir tête. Au Maroc, pays importateur de pétrole. Les subventions ont drastiquement baissé depuis 2015. Intenable selon le militant Omar Aziki secrétaire général d'Attac Maroc : « C’est toujours le cheval de bataille du FMI "supprimer les subventions". Aujourd’hui, nos prix sont alignés sur les prix internationaux : le prix du gasoil est passé de 7 à 14 dirhams (1,29 euro). Nous sommes l’un des pays où le gasoil est le plus cher. »Sous la pression du FMI, au Congo-Brazzaville le gouvernement a baissé de 30% ses aides au carburant. En Angola la fin des subventions en juin a provoqué d'intenses manifestations. L’une d'entre elle a fait cinq morts. Vera Daves de Sousa la ministre des Finances laisse le flou sur un possible rétablissement des subventions. « Tout est sur la table », expliquait-elle début octobre.À lire aussiL’Afrique est-elle en train de tourner la page des subventions à l’essence?
10/22/20232 minutes, 17 seconds
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Côte d'Ivoire: le salaire minimum face à l'inflation généralisée

Inchangé pendant 7 ans, le Salaire minimum interprofessionnel garanti a été revalorisé le 1ᵉʳ janvier 2023 en Côte d'Ivoire, passant de 60 000 francs CFA (91,34 euros) à 75 000 francs (114,17 euros) par mois. Malgré cette augmentation de 25%, le salaire minimum est toujours considéré comme beaucoup trop faible par les syndicats et les travailleurs, compte tenu, notamment, de la hausse généralisée des prix. De notre correspondant à Abidjan, Un homme de 42 ans, vêtu d'un uniforme jaune, accompagne avec quelques gestes de la main les véhicules qui désirent se garer devant une compagnie d'assurance. Si cet agent de sécurité ne veut pas révéler son nom pour ne pas s'attirer d'ennuis, il accepte de sortir de sa poche sa fiche de paie. « Je touche exactement 92 000 francs. » Une rémunération nette qui comprend également la prime de transport obligatoire. Son employeur a mis trois mois avant de respecter le salaire minimum et peine encore à se mettre en conformité avec la loi, la prime de transport étant fixée en théorie à un seuil minimum de 30 000 francs par mois. Selon ce père de famille, son salaire ne lui permet plus de faire face à la hausse des prix. « Parce qu'il n'y a pas de maison à moins de 40 000 francs. En réalité, ça a été revalorisé, mais la vie est tellement coûteuse. Tout le marché augmente, donc c'est très compliqué. » « Niveau salaire, je ne m'en sors pas »Pour couvrir ses charges fixes, il doit son salut à la générosité des Abidjanais qui laissent quelques pièces ou un billet en reprenant leur voiture – 30 000 à 40 000 francs par mois supplémentaires, soit quasiment la moitié de son salaire. « Étant au travail, je me débrouille pour avoir souvent 500 ou 1 000 francs. Avec ça, j'essaie de garder un peu jusqu'à la fin du mois pour la "popote" de la maison. Sinon, avec 92 000 francs, on ne peut rien faire », ajoute le père de famille.Alors quand des charges exceptionnelles surviennent au cours de l'existence, les difficultés sont nombreuses. Pour cette rentrée 2023, il n'a pas encore scolarisé sa fille de 10 ans. « Je suis en train de faire des efforts pour qu'elle aille à l'école, elle entre en classe de CM2 cette année. Pour qu'elle arrive à passer son examen d'entrée en 6ᵉ cette année, je ferai tous les efforts, même si niveau salaire, je ne m'en sors pas », lâche-t-il.Un salaire minimum insuffisantMalgré un salaire minimum jugé insuffisant pour vivre décemment, certaines entreprises continuent de ne pas respecter ce minimum légal. Les syndicats luttent contre le phénomène, mais aussi contre la répression de ceux qui le dénoncent. « Si l'administration apprend que vous voulez vous organiser en tant qu'organisation de travailleurs, ils se chargent de trouver un argument, n'importe lequel, pour se débarrasser de vous », explique Pierre Koulaté, membre du Bureau de la CGT-CI. Le syndicat souhaiterait que le salaire minimum soit revalorisé et indexé sur l'inflation. Un salaire minimum qui, rappelons-le, concerne un nombre restreint de travailleurs. Selon une enquête menée en 2016, plus de 93% de la population active travaille dans le secteur informel où le droit du travail s'applique rarement.
10/19/20232 minutes, 23 seconds
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L'espoir de la filière coton en Afrique de l'Ouest

Après une année cauchemardesque pour la production attaquée par les jassides, des insectes ravageurs, les grands pays producteurs de coton ont pris les devants et espèrent tous une bien meilleure récolte.  Échaudée par les énormes pertes de production l'année dernière, la filière coton du continent a tout fait pour anticiper les attaques de jassides. Parmi les mesures qui ont été prises, il y a l'homologation de nouveaux insecticides, comme l’explique Jean-François Touré, président de l'association professionnelle des sociétés cotonnières de Côte d'Ivoire : « Dès qu’on a été informé de la situation, la recherche s’est mise en branle et a permis d’identifier des molécules de pesticides efficaces contre les jassides. Or ces molécules n’étaient pas homologuées dans la plupart des pays, notamment en Côte d’Ivoire. Le gouvernement a rapidement pris les mesures pour que l’homologation se fasse et les fournisseurs d’intrants ont également bataillé pour que les molécules soient disponibles pour la campagne de cette année ».Le Tchad qui n'avait officiellement pas été touché l'année dernière par les jassides – mais avait perdu 33 000 hectares de coton à cause d’inondations – se montre cependant vigilant et a réagi dès que les premiers insectes ont été signalés il y a un mois et demi au Cameroun, de l'autre côté de la frontière, parce que « s’il y a des insectes au Cameroun, la logique veut qu’il y en ait au Tchad aussi », explique le secrétaire général de la CotonTchad. « Nous avons pris les devants en achetant des quantités conséquentes de produits, ce qui nous a permis de traiter rapidement dès que les insectes sont apparus vers Léré au Cameroun », explique Ibrahim Malloum qui espère que le coton du pays sera « sauvé » pour cette campagne. Le Tchad espère produire 50 % de plus cette année, soit 150 000 tonnes, pour atteindre son objectif de 210 000 tonnes d'ici à deux ans. Plus ambitieux, le Mali qui avait perdu la moitié de sa production l’année dernière et chuté à la troisième place des producteurs du continent, espère récupérer sa position de leader du coton africain. « La campagne est prometteuse, nous comptons récupérer notre première place avec une production de 700 000 tonnes de coton graines », confie Boubacar Salia Daou, négociant en coton et président de Millenium Mali.À lire aussiLe Mali cède sa place de premier producteur africain de coton au BéninDes cotonculteurs qui restent trop frileux pour la nouvelle campagnePartout où les produits étaient disponibles, les cotonculteurs ont traité, « parfois même beaucoup trop », assure un négociant basé en Côte d'Ivoire. Par peur d'une nouvelle année noire, certains ont cependant préféré passer leur tour et ont boudé le coton. Résultat, plusieurs pays n'ont pas atteint leurs objectifs d'ensemencement pour cette nouvelle campagne. « Quand on sort d’une campagne difficile, la conséquence pour celle qui suit, c'est un rétrécissement des intentions de culture », explique Papa Fata Ndiaye,  directeur général de la Sodefitex au Sénégal. « Au sortir de la dernière campagne, les producteurs étaient dans le doute et se demandaient si la solution préconisée par les sociétés cotonnières allaient être efficaces contre les jassides. Aujourd’hui, au vu de la façon dont s’annonce la nouvelle campagne, beaucoup regrettent de ne pas avoir fait de coton ».Même s'il s'en est beaucoup mieux sorti que les autres l'année dernière, et a même gagné la place de premier producteur africain, le Bénin est, lui aussi, cette année confronté à une baisse des surfaces dans la région du Centre-Sud. « Le pays se donne deux ans pour retrouver sa production record de 765 000 tonnes, atteinte lors de la campagne 2021-2022 », assure un acteur de la filière.
10/18/20232 minutes, 19 seconds
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Maroc: à Marrakech, le tourisme reprend comme avant le séisme

Les touristes de retour à Marrakech après le séisme du 8 septembre. Les inquiétudes ont été rapidement levées pour les quelque 500 mille personnes vivant du tourisme dans la région. Très peu d'annulations, des réservations au plus haut pour la fin de l'année. La ville ocre retrouve des couleurs après la catastrophe. 
10/17/20232 minutes, 16 seconds
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Cameroun: l'inflation met le secteur de la bière sous pression

Au Cameroun, la bière est un produit de grande consommation, dont le prix est homologué – et c'est un sujet sensible. Fin septembre, l'association de producteurs d'alcool du Cameroun (CAPA), a décidé de réduire drastiquement la ristourne que les détaillants perçoivent pour chaque casier de bière vendu. Il s'agissait pour la CAPA de compenser la hausse des charges de productions, mais cette mesure a provoqué la colère des barmen.  De notre correspondante à Douala,C'est une décision unilatérale qui a été très mal reçue par les détaillants. Inquiets de voir leur ristourne abaissée voire supprimée, le collectif des Barmen du Cameroun a lancé un appel à la grève et menacé de fermer les débits de boissons jusqu'à nouvel ordre. Valéry Ntendie est l'un des initiateurs de ce mouvement de protestation : « On n'a pas compris comment les producteurs peuvent interférer dans nos épargnes. Au lieu d'épargner 245 francs CFA (0,38 euro) désormais l'épargne au niveau du distributeur connait un abattement, donc il va conserver que 122,5 francs CFA (0,19 euro). »Le ministère du Commerce est rapidement intervenu pour demander l'annulation de cette mesure et appeler les différentes parties à la conciliation. Mais cet épisode a mis en évidence les difficultés des sociétés brassicoles qui évoquent l'augmentation de leurs charges et une inflation généralisée. Jean-Pierre Fotso, un distributeur de SABC Cameroun, comprend en partie ces arguments – mais critique la stratégie de la CAPA : « Les sociétés brassicoles pensent que c'est dans la poche des plus petits que nous sommes, qu'ils doivent aller réviser leurs marges, affirme le distributeur. Moi, je crois qu'ils ont fait ça, c'était beaucoup plus pour faire bouger les lignes. C'est pour que le gouvernement puisse accepter qu'on bouge le prix de la bière, au consommateur final. Si on augmente 25 FCFA (0,4 euro) par bouteille de bière, je ne crois pas que ce sera tuant. »À lire aussiComment le géant des boissons Castel réorganise une partie de ses activités en AfriqueLa ristourne des barmen est contenue dans la structure du prix de la bière, qui n'a augmenté que quatre fois en une dizaine d'années. Pour l'économiste Louis-Marie Kakdeu, c'est avant tout à l'État d'encourager la production d'intrants au niveau national, pour que les sociétés brassicoles n'aient plus à les importer à des prix prohibitifs : « Il y a eu effectivement quelques mesures gouvernementales, mais ces mesures n'ont jamais été suffisantes. Les intrants ont augmenté, et le prix de l'énergie, et donc du gaz naturel, qui permettait à ces entreprises-là de couvrir le déficit d'électricité dans le pays, a aussi augmenté de 16%. »Ni les sociétés brassicoles, ni le ministère du Commerce camerounais n'ont donné suite aux demandes d'interviews de RFI sur ce sujet.
10/16/20232 minutes, 16 seconds
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L’Éthiopie choisit deux start-ups recyclant les déchets de café pour les African Startup Awards

Addis-Abeba accueille les prochains African Startup Awards du 25 au 27 octobre récompensent les meilleures start-ups d’Afrique. Pour représenter le pays hôte, les deux start-ups sélectionnées ont toutes les deux trouvé une solution pour réutiliser les déchets issus de la culture et de la consommation du café. Objectif : diminuer la pollution engendrée par cette industrie. Un enjeu important pour l'Éthiopie, 5e producteur de café mondial avec 450 000 tonnes produites par an, dont la moitié est consommée par ses habitants. Au milieu des ateliers de menuiseries d’Addis-Abeba, un petit hangar abrite les locaux de la start-up Husk Energy and technology. Holeyat Berhanu a cofondé cette entreprise avec son ami Yohannes Wasihun. La machine qu’ils ont mise au point permet de recycler la coquille des grains de café en granules combustibles : « Ici, on met les coques de café ou la sciure, la biomasse : la rotation applique une pression sur le matériau et avec la friction, cela créé de la chaleur, une haute température et une forte pression qui compresse la biomasse. À la fin, les granulés sortent très fort et denses. »Cette idée leur est venue en interrogeant les cultivateurs de café : « Ils nous ont dit que les coques de café accumulées dans leur village fermentaient au contact de la pluie. Cela crée une très mauvaise odeur qui rend malade tous les habitants des environs. Autre solution, les brûler, mais cela créé des émissions de carbone. »Entraide des startuppersPour se lancer, il a fallu surmonter plusieurs obstacles, mais dans le milieu des start-up, les entrepreneurs se serrent les coudes. « On communique, on se donne des idées entre nous, c’est comme ça que l’on survit, explique Yohannes Wasihun, cofondateur de Husk Energy & Technology. On est aussi membre de l’association Clean Cooking qui rassemble d’autres entreprises du secteur. On partage nos problèmes et on essaye de les résoudre ensemble. »Parmi les autres startupper prometteurs, Almaw Molla, fondateur de Coffe Resurrect, dont le projet vise à recycler le marc de café pour en faire de l’huile cosmétique mais aussi des farines nutritives : « Nous essayons d’impliquer des ONG pour créer la farine de café. La plupart des cultures vivrières comme le teff ou le blé ne se trouvent pas là où on cultive le café, donc nous essayons de valoriser cette culture d’une autre manière. »Pour le moment, l’entreprise en est au stade de recherche et de développement. Avant de lancer un premier projet pilote en Éthiopie puis sur tout le continent. Le concours des African Startup Awards représente pour ces jeunes entrepreneurs une belle vitrine pour, tenter d’attirer des investisseurs.À lire aussiTrop cher, le café éthiopien peine à se vendre
10/15/20232 minutes, 12 seconds
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Côte d'Ivoire: de nouvelles pistes pour développer la filière rizicole

La Côte d’Ivoire ne produit que 1,2 million de tonnes de riz blanchi par an, pour un besoin évalué à 2 millions de tonnes. Un manque qu’elle doit combler par les importations. Dans les prochaines années, les acteurs publics et privés de la filière espèrent atteindre l’autosuffisance, mais les obstacles sont encore nombreux. De notre correspondante à Abidjan,« Ici, nous avons différentes variétés. Le Basmati, le Bouaké, le CB1 qui est le riz diabétique, qu’on appelle riz noir ou bien riz violet. »Il y en a pour tous les goûts… Grands amateurs de riz, les Ivoiriens en consomment en moyenne 84 kg par habitant et par an. Avec une appétence particulière pour le grain local, explique Mama Dosso, épouse Ohouo, transformatrice et vendeuse de riz assaisonné.« Le consommateur ivoirien sait que le riz local est un très bon riz. Parfumé de nature, selon les saisons, et bon à consommer. Le riz local, c’est un riz de saison. C’est du riz naturel, pas du riz qui dure sur les bateaux… C’est du riz frais tout le temps. »Un besoin de modernisation de la productionLa demande est là, mais l’offre ne suit pas… Pour augmenter le rendement, les acteurs de la filière préconisent, en priorité, de moderniser la production. Yacouba Dembélé, le directeur général de l'Agence pour le Développement de la Filière Riz, l’Aderiz, met en avant le modèle indien.« L’Inde est passée d’un pays importateur de riz à un pays exportateur de riz, grâce à son système de mécanisation. Donc c’est ce que nous avons développé chez nous. Qu'avons-nous fait ? Nous avons incité les jeunes à créer des PME, nous les avons formés et nous les avons équipés. Ce sont ces jeunes qui font de la prestation de service. Quand le paysan a besoin de faire son labour, il peut faire appel à un prestataire qui vient faire son labour et il le paie à la récolte. Grâce à ça, alors que nous étions depuis des années à 4 % de mécanisation, aujourd’hui, en l’espace de deux ans, nous sommes passés à 15 % de mécanisation. »Des sols de plus en plus dégradésSelon les chiffres d’Aderiz, l’État ivoirien a distribué à ces PME 3 milliards de francs CFA de machines agricoles et investit aussi dans des usines de transformation. Mais les producteurs doivent compter avec d’autres obstacles, liés à la dégradation des sols et au changement climatique. C’est ce à quoi tente de remédier le Centre National de Recherche Agronomique (CNRA). Le Dr. Kouakou Amani Michel est le directeur général adjoint du CNRA.« Le couvert forestier ivoirien est fortement détruit, donc les jachères deviennent de moins en moins longues, donc les sols s’appauvrissent. Il faut donc régénérer les sols. Nous avons aussi les maladies. En lien au changement climatique, de nouvelles maladies apparaissent. Le CNRA doit lutter contre ces nouvelles maladies. Il y a une maladie traditionnelle qui est la panachure jaune. Le CNRA a mis au point des variétés qui sont résistantes à la panachure jaune. »D'ici à la fin de l’année, la Côte d’Ivoire espère être en mesure de produire 4 200 tonnes de semence. Elle ambitionne à terme d’atteindre les 6 000 tonnes annuelles pour pouvoir également ravitailler la sous-région.À écouter aussi8 Milliards de voisins - L'Afrique au défi du riz
10/12/20232 minutes, 18 seconds
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Les industries culturelles africaines en pleine croissance

Cinéma, musique, jeux vidéo, BD, les industries culturelles africaines sont en plein boom. Elles font l'objet d'un intérêt croissant des investisseurs. À Paris, début octobre, s'est tenu le premier forum Création Africa, réunissant des artistes, des acteurs culturels et des investisseurs afin de participer au développement des écosystèmes. Si l'Afrique pèse encore peu dans le business culturel mondial, la donne est en train d'évoluer. Les secteurs culturels africains croissent en moyenne de 7% par an sur le continent, avec à la clé des centaines milliers d'emplois. Créateurs africains et capital étranger, voilà l'une des clés de la réussite de Bayard Afrique, filiale du groupe de presse français, basée en Côte d'Ivoire et qui publie deux titres panafricains pour le jeune public. Laure Blédou en est la directrice éditoriale. Elle fait travailler une cinquantaine d'illustrateurs et d'auteurs du continent, sans oublier l'industrie locale. « On contribue véritablement à développer la chaîne du livre en Côte d'Ivoire », explique Laure Blédou. « Par exemple, le magazine Planète J'aime Lire sort tous les mois depuis six ans. Cela fait six ans que tous les mois, j'imprime entre 5 000 et 15 000 exemplaires de magazines, chez un imprimeur ivoirien. Je ne sais pas si vous imaginez l'impact sur son chiffre d'affaires. Et du coup, aussi sur l'investissement qu'il peut faire par la suite pour acheter telle machine qui va permettre à d'autres éditeurs de bénéficier d'une plus grande expertise et de tarifs plus avantageux parce qu'il y a du volume qui est créée chez cet imprimeur. »Rassurer les financiersMais tous les créateurs africains n'ont pas forcément un partenaire étranger. Et dans les industries culturelles comme ailleurs, le premier problème est celui du capital. Claude Borna est la directrice générale de Sème City, le hub public d'innovation du Bénin. Pour elle, il faut d'abord rassurer les financiers. « Il y a de l'argent en Afrique », pointe Claude Borna. « Il y a des mécènes, il y a des gens qui ont envie d'accompagner les industries créatives et culturelles, mais ils n'ont pas encore la structure qu'il faut pour s'assurer que leur investissement ait un bon retour. C'est cela que l'on est en train de mettre en place. Ce cadre qui va permettre à tous ceux qui sont intéressés à accompagner ces industries de le faire dans les meilleures conditions possibles. »L'Afrique, 5% des industries culturelles dans le mondeSidonie Latère a fondé à Kinshasa Kobo Hub, il y a déjà une dizaine d'années. Un incubateur qui se penche de plus en plus sur les industries culturelles. Selon elle, la solution passe par la formation entrepreneuriale des artistes. « Notre vrai challenge, c'est de dire à l'artiste “la passion, c'est bien. Mais il faut vivre de cette passion.” Et c'est pour cela que nous développons des programmes pour que l'artiste devienne un entrepreneur. La deuxième problématique, c'est qu'il faut créer une industrie. Lorsqu'il y a une industrie, cela veut dire que l'on travaille sur la chaîne de valeur, sur les composantes importantes pour soutenir ces filières-là. »L'Afrique ne pèse aujourd'hui qu'environ 5% des industries culturelles dans le monde. Un marché estimé selon la Banque mondiale à près de 2 500 milliards de dollars.
10/11/20232 minutes, 14 seconds
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Centrafrique: visite de la Maison du miel de Bamingui

En 2019, grâce au financement de la Norvège via un projet de l’Unesco, l’ONG WCS a construit un centre de formation et de production urbaine baptisé « Maison du miel » dans la ville de Bamingui, dans le but d’accroître non seulement la production, mais aussi de permettre aux jeunes de se développer sur le plan socio-économique.  De notre correspondant à Bangui,La Maison du miel de Bamingui possède une dizaine de ruches réparties sur trois hectares de forêts. De l’élevage des abeilles à la commercialisation, les apiculteurs suivent méticuleusement plusieurs étapes. D’abord la récolte est habituellement opérée entre septembre et octobre. Ensuite vient l’extraction qui consiste à vider les cellules contenant du miel encore brut. Le miel passe ensuite en maturation dans une cuve pour la fermentation.Une fois fermenté, le produit final peut être mis en pot, étiqueté et mis sur le marché. Une activité profitable, selon Donassien Paul Ndako un des jeunes apiculteurs. « Une ruche produit entre 40 et 50 litres en fonction des activités des abeilles », explique-t-il. « Dans une année, nous faisons deux productions de six mois. Nos clients potentiels sont des expatriés en mission dans la zone et des commerçants soudanais. Le miel n’existe pas chez eux et quand ils viennent, ils prennent tout chez nos revendeurs. »Deux tonnes de miel brut chaque annéeAvec une taille d’environ 1,20 m, les ruches ont une forme rectangulaire et sont placées à côté des arbres à fleurs pour attirer les abeilles. Aujourd’hui avec ses ruches, Mairen produit environ deux tonnes de miel brut chaque année. « Il y a onze groupements d’apiculteurs qui travaillent ici à la Maison du miel. Chaque groupement est composé d’une trentaine de membres », détaille Mairen. « On travaille tous ici, c’est pourquoi le rendement est meilleur. Chacun de nous à une famille. C’est grâce à cette activité qu’on s’occupe de la scolarité, du soin, de l’alimentation et tous les besoins nos familles. Ça nous permet de vivre et d’organiser nos vies. »50 % des jeunes au chômage à BaminguiLe miel est un trésor que l’on retrouve sur tous les marchés de Bamingui et de la Centrafrique en général. Christian Singa est un grand amateur de miel. « Je suis un consommateur par excellence du miel. Ici, ils fabriquent le miel brut de très bonne qualité », assure-t-il « En effet, à l’hôpital, les nutritionnistes me disent toujours que les vertus sont bonnes pour la santé. Je donne ça tous les jours à mes enfants, car ça leur permet de bien mémoriser les choses. Dans le mois, moi et ma famille, nous utilisons un litre et demi. Moi, je le consomme avec du citron et je me sens toujours fort ».À Bamingui, le chômage touche 50 % des jeunes âgés entre 15 et 24 ans selon les autorités locales. L’apiculture permet aujourd’hui à une cinquantaine d’entre eux de se mettre à leur propre compte. Le rêve de ces jeunes est de faire de la Maison du miel une entreprise d’exportation du miel dans le monde entier.
10/10/20232 minutes, 18 seconds
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Dans la Casamance enclavée, une économie fragilisée

Au Sénégal, les bateaux qui assuraient la liaison entre Dakar et la Casamance, au sud du pays, sont toujours à l’arrêt. La mesure avait été initialement prise pendant les violentes émeutes de début juin pour des raisons de sécurité, mais aucune reprise n’est annoncée. Et dans la Casamance enclavée, cette suspension pèse sur les commerçants qui dépendaient de ces rotations pour écouler leurs marchandises. De notre envoyée spéciale à Ziguinchor,En face du port de Ziguinchor, le restaurant Madiba est vide à l’heure du déjeuner. Il y a quelques mois, pourtant les clients se bousculaient. Les deux employées sont assises et passent le temps sur leur téléphone.Néné Gueye a une vingtaine d’années. « Il y avait beaucoup de monde, même la terrasse devant était pleine. C’était très fréquenté. Il y avait des Sénégalais, des Occidentaux, des Peuls de Guinée, tous venaient ici. Mais il n’y a plus personne. C’était le bateau qui nous amenait les clients »Avant la mise à l’arrêt des bateaux reliant Dakar à Ziguinchor, cinq personnes travaillaient au restaurant. Elles ne sont plus que deux. Néné est inquiète : « On a nos familles à charge, et on se prend aussi en charge. On a vraiment besoin de cet argent », insiste Néné.À quelques mètres de là, au marché de l’escale, un ancien bâtiment colonial décati, c’est la même désolation pour les vendeuses qui attendent désespérément les clients… Fatoumata Konté y travaille depuis 30 ans. « On pouvait gagner jusqu’à 50 000 francs, mais aujourd’hui, on gagne à peine 20 000. Regarde les tables ! On ne vend plus. Avant, les gens venaient ici le matin pour acheter des citrons, des fruits de mer ou des poissons fumés avant d’embarquer. Maintenant, ils partent à la gare routière ou prennent l’avion et ne peuvent pas prendre grand-chose. »Du bateau au busLa rotation avait lieu quatre fois par semaine, et représentait une grande partie de la clientèle du marché. Les voyageurs se rabattent désormais sur le bus, tout comme les commerçants qui veulent envoyer leurs produits à Dakar. Les îles du fleuve Casamance profitaient de l’arrêt du bateau sur l’île de Carabane pour écouler leurs marchandises.Amy Gueye, transformatrice de poisson sur l’île de Diogué a perdu beaucoup d’argent. « Moi, je paie aujourd'hui 70 kilos à 13 000 francs CFA, plus le porteur, 2 000 », soit près de 15 000 francs CFA.  Auparavant, elle payait la moitié de cette somme pour envoyer son poisson fumé vers Dakar, environ 7 000 francs CFA. La capitale sénégalaise représente une grande partie de ses ventes.Et pour l’instant, aucune date n’est connue pour la reprise des liaisons par bateau. « J'ai même appelé le celui qui est à Carabane. Il m'a dit qu'il [n'a pas de nouvelles] du bateau. Il ne sait pas pourquoi. On attend toujours. », regrette-t-elle.Le bateau contribue grandement au désenclavement de la Casamance, région du Sud, séparée du reste du pays par la Gambie. La saison touristique reprendra en novembre, et tous les acteurs économiques espèrent la reprise des liaisons d’ici là.
10/9/20232 minutes, 20 seconds
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Insécurité au Sahel: comment relancer la filière agricole

La situation des agriculteurs et l'avenir de la filière s'avèrent préoccupantes au Sahel. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés dénombre plus de 3 millions de déplacés internes rien qu'au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Face à cette dégradation sécuritaire, comment développer la filière agricole ? C'est le sujet d'un rapport de l'Institut Montagne, qui appelle à investir dans l'agriculture en Afrique de l'Ouest. Vols de bétail, pillages des récoltes, les exactions dans de nombreuses localités du Sahel poussent les paysans à l'exode, témoigne Ousseini Ouedraogo ingénieur agronome burkinabè, directeur du Roppa, le Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l'Afrique de l'Ouest.« Beaucoup de paysans se sont déplacés en laissant leur patrimoine », explique Ousseini Ouedraogo. « Actuellement, même si ce n'est pas dans l'ensemble des zones, on assiste à un retour parce que des zones ont été libérées. Mais cela a affecté la production, la situation de la sécurité alimentaire dans beaucoup de localités et dans certains pays tout entier. »À écouter aussiAgriculture en Afrique: il faut «produire des engrais, financer la recherche et les infrastructures»Des retours de paysans sur leurs exploitations observés à Kombori ou Aoréma dans le nord du Burkina Faso, selon le directeur du Roppa. Mais ce délaissement des zones rurales est un des terreaux de l'insécurité dans la région, explique Jonathan Guiffard chercheur associé à l'Institut Montaigne à Paris.« Un des facteurs principaux du recrutement des groupes jihadistes, c'est la marginalisation économique des populations rurales. Ce sont elles qui ne bénéficient pas des mêmes ressources et des mêmes richesses que dans les villes. On a affaire avec des pays qui sont, certes, peu développés, mais qui ont quand même une croissance importante avec beaucoup d'opportunités économiques assez mal distribuées. »Cibler les investissementsLe rapport coécrit par Jonathan Guiffard (à consulter ici) est un appel à investir dans la filière agricole ouest-africaine. Un appel à stabiliser la politique foncière, construire de nouvelles infrastructures, prendre en compte un sujet trop longtemps délaissé« Ce rapport ne propose pas des solutions complètement révolutionnaires, mais pointe le fait qu'il y a beaucoup de sujets différents, qu'il faut tous les traiter en même temps. Il n'y aura pas une politique publique qui réponde à un des segments qui va régler le problème du développement agricole, ce n'est pas vrai. Par contre, en travaillant sur ces différents segments, notamment le public et le privé ensemble, on estime qu'il y aura des améliorations significatives. »À écouter aussiAgriculture en Afrique: «Il faut plus d'investissements dans le système agroalimentaire»Des investissements d'accord, mais pas n'importe lesquels, rappelle Ousseini Ouedraogo. « Il faut bien cibler, et il faut bien encadrer. Un investissement dans le domaine de la transformation agroalimentaire, un investissement qui va orienter, faciliter l'accès des petits producteurs au marché domestique, c'est un bon investissement. Mais un investissement qui va créer de l'accaparement des terres, ce n'est pas un bon investissement. »Il appelle les États à investir, notamment pour réduire les pertes alimentaires. Elles représentent environ un tiers de la production en Afrique subsaharienne.
10/8/20232 minutes, 18 seconds
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Les notes WhatsApp révolutionnent l'agriculture au Sénégal

Au Sénégal, la population a adopté la messagerie WhatsApp depuis des années, les agriculteurs aussi. Ils rejoignent de nombreux groupes selon leurs cultures, ou les organisations paysannes dont ils font partie. Les messages vocaux en langues locales beaucoup utilisés pour échanger leurs expériences ou leurs bonnes pratiques. Tous ont ainsi accès à l’information, y compris ceux qui ne savent pas lire. De notre correspondante à Dakar, « Bonjour les agriculteurs du Sénégal ! »« Nous n'avons pas d'engrais ici à Kédougou, nous attendons toujours. »Ces messages rythment désormais les groupes WhatsApp d’agriculteurs au Sénégal. Des vocaux partagés dans les langues locales comme le wolof ou le pulaar sont utilisés quotidiennement par les agriculteurs sénégalais. « C’est très important de mettre un vocal, le producteur pourra le lire. Même les informations d’actualité agricoles dans le développement rural », vante Niemna Diahite, productrice de maïs et membre de plusieurs groupes WhatsApp de producteurs.Les agriculteurs se tiennent aussi au courant des conditions climatiques, avec par exemple les bulletins météo de l’ONG Jokalante qui sont partagés dans ces groupes. Ils peuvent également se prévenir en cas d’arrivée d’espèces invasives. « L’exemple qui circule le plus, ce sont vraiment les informations sur les biopesticides, constate Absa Mbodj, coordinatrice de la Dytaes (Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal), une plateforme multi-acteurs qui anime plusieurs groupes WhatsApp pour les agriculteurs intéressés par l’agroécologie. Les modes de préparations sont issus de produits accessibles à tous les producteurs (feuilles de neem, de haie, du savon, du piment...) Le fait de partager des notes vocales sur la préparation de ces biopesticides, ça, c’est une pratique répandue et qui circule vite. »Certains membres partagent aussi des vidéos de leurs récoltes ou demandent de l’aide quand ils ont du mal à écouler leurs stocks comme cette cultivatrice de gombos : « Le marché pose problème. On en est à notre troisième récolte. »Pour Raphaël Belmin, agronome au Cirad, l’utilisation des messages vocaux vient améliorer un maillage territorial défaillant : « Au Sénégal, les services de vulgarisation n’ont pas les capacités de toucher tous les paysans. Sur un ratio d’un agent de vulgarisation pour 10 000 paysans. En plus, ces services sont sous-dotés, ils n’ont souvent pas les moyens d’aller sur le terrain. »Un dernier obstacle reste d’avoir un smartphone, ce qui pourrait créer des inégalités d’accès à l’information entre les agriculteurs qui ont et ceux qui n’en ont pas.
10/5/20232 minutes, 22 seconds
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Made in Moris: 10 ans après, un label solidement établi à Maurice

Dix ans après sa création pour sauver l’industrie locale de la libéralisation croissante du commerce, Made in Moris est devenue plus qu’un label. C’est un véritable mouvement qui est en marche à Maurice. Avec pour mission de valoriser les produits locaux et de préserver le savoir-faire mauricien face à la concurrence étrangère. Plus de 200 produits et services mauriciens ont adopté fièrement cette nouvelle identité. Quand le mouvement Made in Moris a été lancé au début des années 2010, c’était pour résister à une nouvelle vague de libéralisation du commerce et à l’afflux de produits importés. Les industriels mauriciens qui dépendaient du marché intérieur devaient d’entrée surmonter un obstacle majeur, se souvient Catherine Gris, chargée de mener à bien le projet Made in Moris : « Le produit mauricien était complexé. À part quelques produits phare, ce n’était pas une évidence de vouloir communiquer sur le fait qu’ils étaient fabriqués à Maurice. »À cette époque, les produits mauriciens étaient moins visibles dans les supermarchés et les boutiques. Les producteurs locaux, rassemblés au sein de l’Association of Mauritian Manufacturers, sont allés chercher dans l’île d’à-côté, La Réunion, le modèle nécessaire pour relancer le marché intérieur. « On s’est inspiré de ce qui se faisait à La Réunion, explique Vincent d’Arifat, qui présidait alors cette association. L’Adir (Association pour le développement industriel de La Réunion) nous a accompagnés. Il nous a ouvert leurs portes, on a appris et on s’est adaptés. »Dix ans après, Made in Moris est solidement établi. La marque regroupe une gamme de 228 produits et services. La chaîne hôtelière Attitude, avec neuf établissements, est devenue la vitrine de Made in Moris dans le secteur du tourisme. Son PDG, Jean-Michel Pitot, a fait le choix du local et de l’économie circulaire : « À partir du moment où on fait partie d’une famille comme Made in Moris, il fallait voir intra-famille on pourrait grandir ensemble. On a démontré cela clairement quand on a fait l’hôtel Sunrise Attitude. On a fait appel à des entrepreneurs locaux, on leur a dit : "les gars, il faut sortir des sentiers battus, faites-nous des choses différentes". »Made in Moris est doté d’une administration et d’un personnel chargé de son développement. Potentiellement, les 350 grandes entreprises et 12 000 PME mauriciennes peuvent adopter le label. La marque se fait une place dans les nouvelles technologies. Dans ce segment, la start-up Mips (Multiple Internet Payment Systems), un facilitateur de paiements en ligne et du commerce électronique, est devenu un acteur de référence. « Actuellement, il y a plus de 50% du trafic e-commerce mauricien qui passe à travers les rails du Mips, note Sébastien Leblanc, fondateur de cette plateforme. Nous avons réussi ce que les banques n’ont pas réussi à faire pendant des années, c’est-à-dire réduire le cout d’acquisition d’un paiement. »Mips étend ses activités sur le continent, notamment aux Seychelles, à Madagascar, en Ouganda et en Côte d’Ivoire. C’est un des grands symboles de réussite du label Made in Moris, 10 ans après sa création.
10/4/20232 minutes, 21 seconds
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RDC: l’économie à l'arrêt à Kakanda après la suspension du minier Boss Mining

Plus de quatre mois après avoir été sanctionnée par le ministère des Mines en RDC, les activités de Boss Mining, membre du groupe ERG, sont à l’arrêt jusqu'à la fin du mois de novembre. Les conséquences économiques se font déjà sentir dans la cité de Kakanda où est installée la société qui produit du cuivre et du cobalt. Ses employés craignent pour leur avenir, car les entreprises de la sous-traitance ont fermé leurs portes. De notre correspondante à LubumbashiLes activités économiques dépendent à 90% de Boss Mining à Kakanda. C’est la seule entreprise opérationnelle dans cette région. Marcel Kalubi vend divers produits au marché de Kakanda. Depuis que la société est frappée par des sanctions du gouvernement congolais, son commerce ne tourne plus. En trois ans, il a perdu plus de 70% de son chiffre d’affaires. « Boss Mining avait au moins 3 000 travailleurs et 2 000 étaient résidents à Kakanda. À ce moment-là, les activités marchaient correctement. Moi, par exemple, je pouvais réaliser les recettes d’un million de francs congolais sur deux ou trois jours. Mais actuellement, ma recette journalière ne dépasse pas 40 000 francs congolais. Kakanda, sans Boss Mining c’est difficile », se désole le commerçant.Difficile également pour les travailleurs de cette entreprise, car leur avenir est hypothétique. La société n’a relancé ses activités minières qu’en novembre 2022 après trois ans d’interruption. ERG et son partenaire la Gecamines avaient décidé de consacrer cette période à l’entretien des équipements et à la mobilisation des investissements. Six mois seulement après la reprise, la société est sanctionnée pour avoir causé la mort de huit personnes et des dégâts importants suite au débordement de son bassin en avril dernier. Pourtant, Boss Mining prévoyait atteindre, à la fin de l’année, une production de 1 800 tonnes de cuivre et 300 tonnes de cobalt. Cet agent de l’entreprise qui a requis l’anonymat est inquiet.Des conséquences au quotidien « Nous avons cette crainte de voir ces sanctions pousser l’entreprise à fermer. Il y a aussi les entreprises de sous-traitance qui étaient ici et qui ont déjà arrêté leurs activités. Certains travailleurs de ces entreprises sont en congé technique. Nous, de Boss Mining, sommes encore là, mais nous craignons que cette sanction puisse nous envoyer au garage. »La communauté de cette ancienne cité Gecamines est aussi impactée par l’arrêt des activités de Boss Mining. Le coût de l’eau et de l’électricité par exemple, pris en charge jusque-là par la société, risque de retomber sur cette population. Le secteur de l’éducation n’est pas épargné, indique Ben Kabajika, coordonnateur de la société civile de Katanga : « À ce jour, plusieurs familles n’ont pas envoyé leurs enfants à l’école à cause du manque de moyens financiers. Le phénomène d’enfants mineurs (présents dans les carrières minières) commencent à prendre de l’ampleur. Le pouvoir d’achat baisse sensiblement, car Kakanda vit grâce à la présence de la société. »Une équipe du ministère des Mines vient d’effectuer une mission d’évaluation dans cette cité. Les travailleurs de Boss Mining et les communautés locales espèrent voir le gouvernement lever les sanctions sur cette entreprise, leur seule source de revenus.
10/3/20232 minutes, 11 seconds
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Togo: des solutions concrètes pour attirer les touristes à Aného

L'IFTM Top Résa, un des plus grands salons du tourisme international, s'ouvre aujourd'hui à Paris. Une vingtaine de jeunes africains sortent d'une résidence de plusieurs mois où ils ont émis des propositions, et lancer des projets pour mieux vivre et développer les villes secondaires africaines. Ce programme émanant de l'incubateur de politiques publiques « Je m'engage pour l'Afrique » a permis de dégager des solutions concrètes. Côté tourisme, c'est sur la ville d'Aného au Togo que ces jeunes – rencontrés à Paris – ont concentré leur travail. À 50 kilomètre de Lomé se trouve la ville côtière d'Aného, des paysages de cocotiers, des nuances de bleu, à l'embouchure du lac Togo.« C'est une ville qui regorge de paysages... Une véritable station balnéaire en réalité, si le potentiel est véritablement exploité », soutient Marlène Békalé. Gabonaise de 27 ans, elle est consultante en affaires publiques et résidente du programme « Je m'engage pour l'Afrique » à Paris.« Il y a un fort chômage et pourtant il y a aussi un énorme potentiel, qu'il soit culturel ou naturel. L'angle d'attaque était de savoir comment on réussit à créer un lien de sorte qu'on puisse pallier ce défi de potentiel inexploité et de travail, de formation, de développement économique local », explique Marlène Békalé.« Une ville ne naît pas touristique, elle le devient »Le chômage est un frein au développement touristique. La proposition faite par les jeunes résidents pour les jeunes d'Aného : c'est la création d'un centre de formation pour les métiers de l'accueil, notamment en hôtellerie restauration.« Nous savons que c'est une ville qui reçoit beaucoup, qui organise des événements majeurs, et nous pensons que ce sera utile non seulement pour les acteurs locaux, mais également pour la jeunesse qui recherche de l'emploi, car cela va valoriser le terroir. Cela va le faire connaître à l'étranger et beaucoup de touristes pourront s'y intéresser [...]. Une ville ne naît pas touristique, elle le devient. Et c'est ce que nous proposons », insiste Kevin N'Chanda, Camerounais de 27 ans également, et aussi consultant en affaires publiques.Prolonger la dynamique touristiqueL'inquiétude à Aného, c'est la montée des eaux. Des travaux routiers, des aménagements côtiers et la construction de digues il y a plusieurs années avaient relancé une activité touristique moribonde. Avec cette école de formation, Marlène Békalé entend prolonger la dynamique.« Le but pendant ces trois mois, ça a été aussi de pouvoir mettre autour de la table de différentes parties prenantes qui communiquaient difficilement », explique-t-elle. « Concrètement, on a eu le maire d'Aného et on a eu un groupe hôtelier, Onomo. On a réussi à les mettre autour de la table, discuter avec eux, proposer le projet, voir ce qui était possible et essayer de raccommoder au mieux. »Le Togo a fait du tourisme un secteur clé pour les prochaines années. Avec 1 million de visiteurs en 2021. La montée en puissance stoppée nette par l'épidémie de Covid-19 semble repartir plus belle. 
10/2/20232 minutes, 10 seconds
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Côte d'Ivoire: coup d'envoi de la nouvelle saison du cacao

En Côte d’Ivoire, c’était l’événement le plus attendu du Salon de l’agriculture, lancé vendredi dernier pour une semaine : le lancement de la nouvelle saison de café-cacao 2023-2024. Avec, surtout, l’annonce du nouveau prix bord champ du cacao, très attendue par les planteurs. De notre correspondante à Abidjan,Devant une audience pendue à ses lèvres, le ministre de l’Agriculture, Kobenan Kouassi Adjoumani, aura fait durer le suspense jusqu’à la fin de son discours. Car c’est un chiffre que tout le monde attendait : le prix garanti aux planteurs du kilogramme de cacao pour la nouvelle saison.« Tenez-vous bien ! Le kilogramme fermenté, bien séché et bien trié, est de 1 000 francs CFA », déclare le ministre sous les applaudissements. « De 900 francs, on est aujourd’hui à 1 000 francs. Si vous voyez bien, ce sont environ 210 milliards de francs qui s’ajoutent sur les revenus des paysans. »Tous les acteurs de la filière étaient représentés, et certains planteurs ont laissé éclater leur joie, comme Assata Doumbia Koné, qui s’est réjouie de la hausse des cours du cacao sur les marchés mondiaux, liée aux mauvaises récoltes en Afrique de l’Ouest. « Dans mon champ, effectivement la production a baissé. Je pense que c’est l’offre et la demande… Nous, c’est ce qu’on cherche. Le prix, il est vraiment bien pour cette campagne »« Pourquoi deux prix différents ? Nous sommes menacés... »Un avis que ne partage pas Maurice Sawadogo. Ce producteur de café-cacao près d’Abengourou, à l’est du pays, dans un village situé à 18 kilomètres de la frontière, espérait voir la Côte d’Ivoire s’aligner sur les prix du Ghana.« C’est sur le même marché international que les deux pays vendent. Les deux pays sont en contact, ils travaillent [ensemble] sur l’initiative cacao », explique-t-il. « Pourquoi deux prix différents ? Nous sommes menacés… Avec le changement climatique, avec les maladies et autres. Et je suis désolé que nous ne prenions pas en compte le producteur. C’est un prix qui devrait aller contre la pauvreté en milieu rural. Ce prix-là ne peut pas les faire sortir de la pauvreté », déplore-t-il.Durant la cérémonie, le directeur général du Conseil café-cacao, Yves Brahima Koné, a d’ailleurs mis en garde contre « la fraude aux frontières », c’est-à-dire la vente du cacao de Côte d’Ivoire hors de son territoire. « Je voudrais sur ce point dénoncer les compatriotes qui ont choisi leurs intérêts personnels au détriment de leur pays, notre chère Côte d’Ivoire. Nous serons intraitables pour démanteler ces organisations criminelles », prévient-il.Le prix du café, lui, a été fixé à 900 francs CFA le kilo, soit 150 francs CFA de plus que la dernière campagne.
10/1/20232 minutes, 19 seconds
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En Guinée, un fonds de garantie pour faire respirer les PME

La Guinée vient de se doter d’une nouvelle institution financière : le Fonds de garantie des prêts aux entreprises (FGPE). Cette nouvelle institution unique en son genre a pour mission de faciliter l’octroi de crédits bancaires aux Petites et moyennes entreprises par un mécanisme de partage des risques. Le FGPE bénéficie de l’appui technique et financier de la Banque mondiale. De notre correspondant à Conakry,C’est une institution qui a pour mission de booster l’offre de crédits grâce à la réduction des contraintes sur le financement des petites et moyennes entreprises. Abdoulaye Diallo, le directeur général de cette nouvelle institution mise en place par les autorités guinéennes, donne des explications.« Le fonds de garantie des prêts aux entreprises est un établissement financier spécialisé qui a pour objectif de faciliter le poids de crédit aux PME qui, comme vous le savez, même en temps normal, plus gravement en temps de crise, souffrent du rationnement de crédit ».Des bailleurs de fonds et non des moindres apportent leur appui à cette nouvelle institution. « Pour le moment, c'est la Banque mondiale et nous avons de bonnes perspectives avec d’autres bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux qui montrent des intentions pour diversifier les possibilités du fonds, notamment sur les secteurs comme l’agriculture, l’entrepreneuriat féminin et le secteur des start-up », poursuit Abdoulaye Diallo.L’État engagé à mobiliser des fondsOutre la Banque mondiale, l’État guinéen s’engage lui aussi à mobiliser des fonds. C’est pourquoi les PME seront les premières bénéficiaires de ce fonds de garantie, selon la ministre de l’Industrie et du Commerce, Louopou Lamah.« La mission principale sera de booster les activités du secteur privé en général et surtout celles des petites et moyennes entreprises en particulier. C’est une étape importante qui pose les bases d’une relation de confiance entre les acteurs financiers et ceux du privé, chose indispensable au renforcement du climat des affaires dont les retombés auront un impact positif sur le quotidien des populations ».La mise en place de cette institution financière rassure les opérateurs économiques guinéens. « Nous avons accueilli avec satisfaction, avec beaucoup d’espoir la mise en place de ce fonds de garantie d’autant plus que nous témoignons la volonté, la détermination du colonel Mamadi Doumbouya et de son gouvernement pour avoir initié et instauré la mise en place du fonctionnement de ce fonds de garantie », souligne El-hadj Mamadou Balde, le président de la Chambre du commerce, de l’industrie et de l’artisanat de Guinée.Le Premier ministre guinéen, Bernard Goumou, parrain de la cérémonie, a invité la nouvelle direction de cette institution financière à vulgariser leurs activités dans tout le pays.
9/28/20232 minutes, 13 seconds
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Face au manque d'eau, la permaculture gagne du terrain en Tunisie

Depuis une dizaine d’années, la permaculture gagne du terrain chez les petits agriculteurs et néoagriculteurs qui tentent de créer des cultures moins dépendantes de l’eau et plus adaptées aux changements environnementaux tunisiens. L’objectif : garantir une autosuffisance alimentaire à leur échelle, mais aussi arriver à vivre de leur agriculture, un secteur qui représente 10% du PIB en Tunisie et est composé à 80% de petits agriculteurs en gestion familiale. De notre correspondante à Tunis,En arrivant vers la ferme d’Amine Ben Abdallah, agriculteur céréalier, à une soixantaine de kilomètres de Tunis, le contraste est saisissant : ses cultures sont déjà verdoyantes malgré un été caniculaire. En face, des champs de blé étalés le long des versants des collines sont complètement asséchés« Quand on a commencé à exploiter en 2007, c’était un champ de céréales, avec un sol mort, c’est-à-dire sans activité biologique et qui ne fonctionnait que si l’on mettait des tonnes d’engrais et de produits chimiques et petit à petit, comme vous voyez, on a commencé à retravailler, explique l’agriculteur. Et la première chose que l’on a faite, c’est des terrasses, des gros terrassements pour éviter le ravinement de l’eau, pour pouvoir retenir l’eau, la matière organique, et créer des micro-climats puis commencer à planter des arbres en ligne », détaille Amine Ben Abdallah.« En face c'est un désert ! »Ces techniques agro-écologiques et agro-forestières lui ont permis de continuer à assurer la production de céréales alors que cette année, le nord-ouest du pays a été gravement affecté par la sécheresse. La récolte céréalière a baissé de 66% à l’échelle nationale. « On continue maintenant à faire des céréales entre les rangées d’arbres, dans les terrasses. On voit déjà que l’herbe qui reste, elle est très importante, il y a beaucoup de matière organique alors que le champ d’en face, c’est un désert », constate l’agriculteur. Le champ d’en face, c'est celui de son voisin qui travaille en agriculture conventionnelle. « Chaque année, je vois sa terre avec l’eau qui, à chaque grosse pluie, part dans la rivière en bas, se ravine, s’érode et progressivement les rendements chutent », poursuit Amine Ben Abdallah.Au sud de Tunis, Slim Zarrouk, expérimente aussi une agriculture écoresponsable sur d’anciennes terres familiales, dans la ferme d’El Berima. « Ce n’était pas un choix, précise-t-il. J’ai eu un incendie, il y a huit ans de cela et puis à l’époque, je m’intéressais à la permaculture. Ce n’était qu’un verger de citronniers. Je me suis décidé à diversifier un peu et d’appliquer les principes de la permaculture. Et c’est comme ça que tout a commencé. Donc ici, on a toutes les strates. On a la canopée, avec ici un arbre forestier. »Un arbre sans fruits, mais qui sert à fixer l’azote du sol ou encore comme fourrage. Au pied de certaines cultures, des peaux de mouton, matière organique et paillage pour protéger le sol. Lui et Amine tentent de vivre des produits de leur ferme, en vendant directement au consommateur via l’Association tunisienne de permaculture qui forme gratuitement les Tunisiens souhaitant se lancer dans ce type d’exploitation.À écouter aussiC’est quoi la permaculture ?
9/27/20232 minutes, 31 seconds
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Congo-Brazzaville: faute de subventions, les journaux congolais ferment les uns après les autres

La presse privée congolaise est dans la galère. Au moins une trentaine d’hebdomadaires ont mis la clé sous la porte ces dix dernières années, faute de moyens financiers et de subventions. Leurs promoteurs souhaitent voir la redevance audiovisuelle (RAV) être étendue à cette presse privée. À quelques pas de la place de la Grande Poste, en plein centre-ville de Brazzaville, Dany, 59 ans, tient un point de vente de journaux à ciel ouvert. Assis sur un siège en béton, il égrène le chapelet des hebdomadaires plus ou moins indépendants qui ont disparu des rayons de son kiosque ces dernières années : « Il y a beaucoup de journaux que je recevais et que je ne reçois plus. Par exemple : Le Souverain, Les Echos du Congo, Le Défi Africain, Le Baobab, L’Observateur, Le Choc, La Rue meurt, etc. Tous ces journaux ne viennent plus. C’est un manque à gagner pour moi », se plaint-il.L’Hebdomadaire Tam-Tam d’Afrique figure également parmi ces journaux qui ont fermé. Ils ont tous longtemps misé sur leurs menues recettes tirées de la vente ou de la publicité. Une politique à risque, selon le journaliste indépendant Arsène Séverin. « Malheureusement, le marché est très réduit pour eux. On ne peut pas prospérer dans ce cas », commente-t-il.Les anciens titres et les nouveaux tels, Polélé-Polélé, Sel Piment ou encore le Nouvel Horizon manquent cruellement de financements, analyse le professionnel Asie Dominique de Marseille. Il ajoute que leurs promoteurs n’ont pas pu mettre sur pied un capital conséquent pour faciliter leur fonctionnement. Un point de vue partagé par Arsène Séverin : « Le modèle économique qui a été bâti ici, très souvent, c’est que ce sont des hommes politiques qui mettent de l’argent dans les journaux, les radios et les télévisions. Et, quand ils décident de ne plus mettre de l’argent, le journal prend un coup et ferme. »Étendre la redevance pour sauver la presse privéeSuite à un plaidoyer mené au début des années 2000 par la société civile, les autorités ont instauré la redevance audiovisuelle (RAV) perçue au profit des organes de presse publics. Elle est prélevée à hauteur de 500 Francs CFA (0,76 centime d’euro) sur chaque facture d’électricité et reversée d’abord au Trésor public.Jean Clotaire Himbou, secrétaire général de l’Association des éditeurs de presse du Congo plaide désormais pour que la RAV soit étendue à la presse privée, mais sans grand espoir. « Cette RAV arrive effectivement au Trésor, mais elle rentre dans la masse commune. Et qui dit masse commune, personne ne sait qui met la main et qui ne met pas la main dedans », relève-t-il.Compte tenu du fait que les ayant-droits ne bénéficient pas régulièrement de la RAV, l’Association congolaise des droits des consommateurs a appelé récemment à l’abrogation de la loi instituant cette RAV.À lire aussiCongo-B.: dans une situation critique, la presse pousse la sonnette d'alarme
9/26/20232 minutes, 21 seconds
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Guinée: la filière du poulet local menacée de disparaître [2/2]

En Guinée, la filière du poulet local est asphyxiée par la concurrence étrangère. Les professionnels du secteur tirent la sonnette d’alarme et demandent aux autorités d’intervenir pour sauver leur industrie comme ce fut le cas, par exemple, au Sénégal ou encore au Cameroun où des mesures protectionnistes ont permis, par le passé, de protéger la production locale. La Guinée a tout intérêt à soutenir la filière, disent ses acteurs, c’est une question de souveraineté alimentaire. Une visite comme geste de soutien. Ce matin-là, Mamadou Baïlo Baldé s’est déplacé jusqu’à Coyah, ville située à la sortie de Conakry. Le président de l'Association nationale des accouveurs deGuinée (Anag), organisation qui réunit les producteurs de poussins du pays, est venu voir un confrère : « Aujourd’hui, je suis chez lui. Mais j’ai eu la chance de visiter d’autres exploitants aussi. Se retrouver dans cette situation, c’est dommage. »Mamadou arpente les couloirs d’une usine flambant neuve, à l’arrêt depuis quatre mois faute de commande : « Ce que l’on demande aujourd’hui, c’est d'être protégés. Il faut qu'on soit protégés pour pouvoir développer cette filière, on ne demande pas la lune ! On ne pourra pas développer la filière sans interdiction. »Délocaliser ?Interdiction d’importation des poussins et des poulets. Ce n’est pas une solution pérenne, rétorque-t-on au ministère de l’Agriculture qui affirme accompagner la filière. Il fait notamment de la sensibilisation pour convaincre les aviculteurs guinéens d’aller vers les couvoirs locaux. Ce n’est pas suffisant pour Mamadou qui était pourtant revenu en Guinée plein d’espoir, après avoir travaillé pendant plusieurs années en Belgique. « Nous avons démarré en 2019 et l'année suivante le Covid-19 est arrivé. Le monde entier était fermé. Ce sont ces couvoirs locaux qui ont produit les poussins et qui ont fourni les fermiers guinéens. »Depuis la fin du Covid, le secteur subit de plein fouet la concurrence étrangère. Mamadou Baïlo Baldé se sent abandonné par les autorités. Cette filière locale du poulet qui donnait à la Guinée davantage d’indépendance agricole risque de disparaître. « C'est dommage. Certains envisagent aujourd'hui de délocaliser, de partir ailleurs. Ils peuvent aller installer leurs machines au Mali, en Côte d’Ivoire ou au Sénégal. »Poulets importés… risques sanitairesAu laboratoire central vétérinaire de Conakry, Agnès Koidjovi prélève des échantillons sur une carcasse. Elle a consacré son mémoire de fin d’études à l’analyse des poulets importés. Ses conclusions sont sans appel : « Les poulets importés qui viennent d’Amérique du sud et d’Europe sont conservés longtemps. » Les produits sont acheminés par bateau. Des manquements sont souvent observés au niveau de la chaîne du froid. « Il faut promouvoir l’élevage guinéen. C'est mieux parce que quand c’est fait sur place, on peut se saisir des problèmes qui touchent la chaîne de production. »Produire localement offre un double avantage : Cela permet de contrôler la qualité des poulets, mais également d’assurer l’approvisionnement du marché guinéen.À lire ou à écouter aussiEn Guinée, la filière du poulet local menacée [1/2]
9/25/20232 minutes, 27 seconds
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En Guinée, la filière du poulet local menacée [1/2]

Salariés au chômage, usines à l’arrêt... En Guinée, c’est toute la filière du poulet local qui menace de disparaître. Minés par la concurrence étrangère, les producteurs sont aujourd’hui à l’agonie. Le pays risque de perdre plus de 5 000 emplois. De notre correspondant à Conakry, Au bout d’un petit chemin, au milieu des palmiers, une usine de poussins a éclos à la sortie de Coyah. C’était en 2021. « Ici, c’est le pédiluve, il faut d’abord y tremper ses chaussures, les désinfecter, avant de pouvoir entrer. » Le patron, Alhoussein Diallo, est à cheval sur les mesures d’hygiène. « Les deux dernières machines, on vient tout juste de les installer, car on pensait que la production allait reprendre. Ça, c'est ce qu’on appelle l’incubateur », indique-t-il.Quand Alhoussein Diallo fait visiter son usine, chacune de ses phrases résonne dans l’immense bâtiment vide. Il a des trémolos dans la voix. Plus aucun de ses employés n’a mis les pieds ici depuis quatre mois. « Le problème, ce sont les importations de poussins, les poussins importés coûtent un peu moins cher que les nôtres. »À lire aussiGuinée: plongée dans l'archipel chinois de la ville de ConakryDes investissements vainsMalgré son investissement de près d’un million d’euros, Alhoussein a dû fermer temporairement son entreprise. Il n’arrivait plus à payer les charges. « Nous avons mené plusieurs démarches au niveau de l’État, on a rencontré certains ministres »Mais jusqu’à présent, ça n’a rien donné, affirme-t-il. Le ministère de l’Agriculture dit suivre le dossier de près, assure que des mesures sont en préparation pour soutenir le secteur. « Si on n’arrive pas à interdire les poussins, on ne pourra pas produire localement », explique Alhoussein Diallo. Des poussins qui viennent de l’étranger et qui inondent le marché guinéen.Une émigration forcée pour survivre ? Dans la haute banlieue de Conakry, dans le quartier de Kissosso, Alhassane Keita nourrit ses poules tous les matins : « Au moins, quand je suis avec mes poules, le stress diminue un peu. » Voilà ce qui le relie encore à son métier. Vétérinaire, Alhassane travaillait autrefois à l’usine de Monsieur Diallo. Désormais, il est au chômage. Il se sent « très triste, parce que j’ai une famille nombreuse à nourrir. Je dois aussi prendre soin de ma femme qui est à l’hôpital. »Avec son salaire de 400 euros par mois, il faisait vivre les 11 membres de sa famille. Mais aujourd'hui, il explique être sans ressources : « Après de longues années d’études, alors que tu espères pouvoir enfin commencer ta vie professionnelle, d’un seul coup, par manque de production, par manque de soutien, tout s’arrête. Moi, j'ai étudié pour servir mon pays, pas pour aller servir ailleurs. » Alhassane refuse pour l’instant d’envisager l’émigration, mais pourra-t-il faire autrement si son métier vient à disparaître en Guinée ?À lire aussiGuinée: farine plus chère, baguette rétrécie, la guerre en Ukraine et ses conséquences [1/2]
9/24/20232 minutes, 26 seconds
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Les dessous du succès d'Ethiopian Airlines

Aujourd’hui, seulement 2% du trafic aérien mondial est assuré par des compagnies africaines. Le continent présente donc un potentiel de croissance du marché aérien important. La première compagnie africaine, Ethiopian Airlines, fait figure d’exception, avec 5 milliards de dollars de chiffres d’affaires en 2022. Quelle est la recette du succès ? Et quels sont les enjeux du secteur ? De notre correspondante à Addis-Abeba,À l’heure de pointe, les terminaux de l’aéroport d’Addis-Abeba sont bondés. Ousmane Conté est guinéen, et agent de joueur de football. Il va partout dans le monde et privilégie les compagnies du continent. « Il faut faire la promo du continent africain. Avec tous les efforts que fournit Ethiopian Airlines et que toutes les autres compagnies africaines fournissent, c’est un plaisir pour moi de contribuer à ma façon », plaide-t-il.Sur le tarmac, les avions sont aux couleurs d’Ethiopian Airlines. Les autres compagnies africaines accusent 3,2 milliards d’euros de perte entre 2020 et 2022, en grande partie à cause de l’épidémie de Covid-19. Certaines, comme Kenya Airways ou South Africa Airways, sont en restructuration. Opérer sur le continent est plus difficile qu’ailleurs : le carburant y est plus cher et les levées de fonds plus coûteuses.Cela n’a pas empêché la compagnie éthiopienne de dégager 868 millions d’euros de bénéfices en 2022, grâce à une gestion financière solide et à un modèle qui intègre tous les services liés au voyage. Explications de Raffaella Irié, experte en data et statistique à l’association des compagnies aériennes africaines : « Tout l’aéroport d'Addis-Abeba est géré par Ethiopian Airlines. Ils ont aussi les activités connexes comme l’hôtellerie, qui permet d’économiser certains coûts. Comme toutes les personnes en transit ici, la plupart sont logées au Skylight Hotel, qui appartient à Ethiopian Airlines », souligne l'experte.Un esprit d'entreprise patriotique partagé par le personnelLa compagnie, contrôlée par l’État, forme aussi son personnel dans sa propre académie universitaire, ce qui favorise une stabilité managériale et un esprit d’entreprise très patriotique partagé par le personnel, comme Selamawit Teshome, cheffe d’équipe.« Quand j’étais petite fille, je regardais les pubs, je voyais l’équipage de l’avion, le pilote et tout ça, on pouvait voir qu’ils étaient heureux. Je voulais faire partie de ça et faire ma part, et contribuer à mon pays et travailler pour la compagnie aérienne nationale », se souvient-elle.En vue de s’étendre, Ethiopian Airlines défend un marché aérien unique en Afrique pour que toutes les compagnies aient un accès libre aux pays signataires. Elle a multiplié les partenariats stratégiques et financiers avec des compagnies sous-régionales comme Asky ou Air Malawi. Mais il reste des obstacles : manque de volonté politique, protectionnisme, et taxes trop élevées qui pèsent sur une clientèle encore très privilégiée.
9/21/20232 minutes, 14 seconds
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Les éleveurs africains en quête de solutions pour atteindre la souveraineté alimentaire

La semaine dernière, une importante délégation africaine a fait le déplacement au Salon international de l'élevage de Rennes pour rencontrer des professionnels du secteur, et trouver des solutions pour les filières d'élevage, notamment avicoles. Le marché est en pleine expansion, mais la concurrence internationale met à mal la production locale.
9/20/20232 minutes, 42 seconds
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Konza Technopolis, l'ambition kényane d'une ville verte durable [2/2]

Konza Technopolis est ville pensée pour devenir un hub de technologie et d’innovation et attirer aussi bien investisseurs qu’étudiants, résidents et travailleurs. Les travaux ont commencé en 2018 et sont toujours en cours, loin d’être finis. Une des ambitions grandement mise en avant : faire de Konza Technopolis une ville verte et durable. De notre correspondante à Nairobi,Les ouvriers sont en train de finir les derniers détails. La station de purification de l’eau de Konza Technopolis est presque terminée. C’était un des objectifs de la première phase du développement de la ville. Un peu plus loin, celle du traitement des eaux usées est aussi presque prête.Reagan Onyango est ingénieur. Il s’occupe du réseau de distribution de l’eau à Konza et nous fait découvrir le lieu. « Toutes les eaux usées de la ville vont arriver dans cette fosse ici », indique-t-il. « Les liquides sont traités, désinfectés et réintroduits dans le réseau d’assainissement pour servir d’irrigation des espaces verts. Chaque goutte d’eau qui arrive ici est récupérée et réutilisée. C’est ce qui fait que ce système est respectueux de l’environnement. »À écouter aussiKenya: la construction de la ville futuriste Konza Technopolis prend du retardDans le respect de l'environnementLa question de l’eau est critique dans cette région semi-aride. Sa préservation s’inscrit dans la vision du projet de Konza Technopolis. Partout, le message est répété : la nouvelle ville sera respectueuse de l’environnement. « La durabilité influence directement la planification de la ville. En commençant par les bâtiments, leur design est pensé pour qu’ils soient le moins dépendant possible en énergie pour la ventilation ou leur rafraichissement », poursuit Reagan Onyango. « La ville est aussi faite de façon à ce que tous les commerces et les lieux de vie, comme les écoles, les restaurants, les églises, soient à proximité des résidents, à moins de 10 à 20 minutes de marche. De cette façon, la dépendance des habitants aux modes de transport motorisés est réduite, tout comme l’empreinte carbone de la ville. »Intelligente et verteLa ville mise aussi sur le vert. Des espaces prêts à accueillir des plantes ont déjà été délimités. John Paul Okwiri, le président directeur général de Konza Technopolis vient justement de participer à une session de plantation d’arbres. Il défend une ville qui sera aussi « intelligente ».« Une ville intelligente est une ville qui utilise la technologie et des services liés à la technologie pour améliorer la qualité de vie de ses résidents », explique John Paul Okwiri. « À Konza par exemple, nous aurons des capteurs qui pourront fournir des données sur la qualité de l’air ou les conditions météorologiques, tout ça pour évaluer la qualité de l’espace dans lequel nous vivrons. »D’autres capteurs pourront aussi fournir des informations sur la circulation routière. Un projet de ville ambitieux, mais le développement de Konza Technopolis n’en est qu’à ses débuts. La première phase de construction des infrastructures de base touche à peine à sa fin.
9/19/20232 minutes, 17 seconds
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Kenya: la construction de la ville futuriste Konza Technopolis prend du retard [1/2]

Une nouvelle ville qui combinerait industries, université, quartiers résidentiels, lieux de loisirs, mais aussi une ville verte et intelligente. Un hub de technologie et d’innovation pensé pour attirer les investisseurs. C’est toute l’ambition de Konza Technopolis. Située à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Nairobi, sur un terrain de 5 000 acres en pleine zone semi-aride, la ville ambitionne d’accueillir 200 000 résidents d’ici à 2030. Annoncé depuis 2012, le projet est piloté par le gouvernement kényan. Mais il a pris du retard.  De notre envoyée spéciale à Konza Technopolis, « Bienvenue à Konza Technopolis, la Silicon Savannah de l’Afrique. » Dès l’entrée de la ville, l’ambition est assumée : placer le Kenya sur le devant de la scène tech dans la région. Mais derrière les grilles, le projet achève tout juste la construction des routes et de son réseau d’assainissement. Le septième étage du quartier général offre une vue dégagée sur des étendues de plaines semi-arides, où gambadent gazelles et autruches, loin de la ville annoncée il y a plus de dix ans. « Nous avons pris du temps pour travailler sur la planification de la ville, puis, il a fallu trouver des ressources financières avant de pouvoir commencer les travaux en 2018. Nous avons ensuite dû faire face à deux défis. En 2019, nous avons eu de fortes pluies qui nous ont forcé à mettre en pause le chantier pendant presque trois mois. Puis, il y a eu la pandémie de Covid-19 qui a perturbé les chaînes d’approvisionnements de certains matériaux. Nous avons donc pris du retard, mais la phase une du projet devrait se conclure en octobre », explique John Paul Okwiri, président directeur général de Konza Technopolis.« Une ville pensée pour l'investissement »Un centre de données est déjà opérationnel et près d’une centaine d’entreprises l’utilisent. Une université des sciences et des technologies doit également ouvrir ses portes dans un an. John Paul Okwiri assure que le projet est en bonne voie : « Konza Technopolis est une ville pensée pour l’investissement. Le gouvernement s’occupe du développement des infrastructures de base comme les routes, l’électricité, l’eau et la connexion internet. Cependant, le développement final sera fait par le secteur privé. Pour la première phase du projet, nous avons sélectionné 147 plots, un peu plus de 100 ont déjà été attribués à des investisseurs. Nous sommes en discussion avec eux pour lancer le développement. »Des commerces, des entreprises dans le domaine des technologies ou encore des industries légères doivent venir s’installer à Konza. Une usine d’assemblage de smartphone à bas coût a déjà été annoncée par exemple. Le président kényan, William Ruto s’est montré confiant lors d’une visite sur place début août. « Je suis très fier de vous annoncer que nous avons obtenu près de 700 millions de dollars pour lancer la deuxième phase de Konza Technopolis. Nous avons pris une décision à l’échelle du pays d’avancer dans le secteur du digital. Il y a des risques certes, mais nous avons désormais les ressources nécessaires pour développer les infrastructures nécessaires et accompagner le Kenya dans la voie de la technologie. »D'après John Paul Okwiri, optimiste, les premiers logements devraient être prêts à accueillir des résidents d'ici à un an. À lire aussiWilliam Ruto dans la Silicon Valley pour attirer les investisseurs de la tech
9/18/20232 minutes, 21 seconds
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En Afrique de l'Ouest, le trafic de médicaments gagne du terrain

Le trafic de médicament en Afrique de l'Ouest atteindrait environ un milliard de dollars chaque année. C'est ce que révèle un récent rapport de la Cédéao. Certains pays comme la Guinée ont engagé une lutte contre le trafic de produits médicaux. Mais les filières bien organisées continuent de se développer. De notre envoyé spécial,Les grossistes illicites, acteurs clé de la chaîne du trafic, sont nombreux et font transiter de plus en plus de références, explique le rapport de la Cédéao coécrit par Flore Berger, spécialiste de la criminalité organisée en Afrique de l'Ouest.  « C'est une personne, par exemple, qui est basée au Burkina ou en Guinée et qui est vraiment au centre du trafic. Dans le sens où il est connecté aux fabricants des laboratoires, en Chine ou en Inde, mais aussi aux distributeurs, dans les dépôts privés ou des pharmacies, ou dans les marchés de rue. C'est vraiment la personne qui opère en toute impunité et qui permet à des containers entiers d'arriver dans le pays sans être inquiétée de passer les frontières, etc. » Production, distribution, ventes... Les détournements ont lieu à tous les stades. Les chaînes d'approvisionnement des marchés licites et illicites sont tellement liées qu'un médicament peut passer de l'un à l'autre plusieurs fois avant d'être consommé.  En Guinée, la lutte contre le trafic de médicaments est devenue une des priorités du pouvoir. La brigade médicrime procède à la fermeture des pharmacies clandestines. Selon Manizé Kolié, secrétaire général du syndicat des pharmaciens guinéens, les effets de cette répression sont perceptibles : « Il y a une amélioration de la situation, c'est indiscutable. Car hier, la Guinée était la plaque tournante de la distribution des médicaments dans la sous-région et même au-delà. Aujourd'hui, beaucoup qui se sont reconvertis. » Quelles solutions pour réduire la corruption ? Selon le rapport, la centralisation des achats et la réduction du nombre de grossistes permettraient de diminuer fortement les risques de corruption et de détournements des médicaments. C'est ce que réalise le Burkina Faso, la Guinée également, qui est passée de 150 à 10 importateurs privés depuis deux ans. Pour Manizé Kolié, cela permettra aussi de réduire le coût des médicaments vendus sur le marché licite : « Plus vous achetez, plus vous allez demander des réductions qui vont se répercuter sur le prix du coût chez le consommateur. C'est tout à fait possible de baisser les prix des médicaments et que les soins ne soient plus en souci. Chez moi, en tout cas en Guinée, on peut le réussir. » L'efficacité des trafiquants et leurs réponses rapides aux fortes demandes selon les saisons ne sont pas simples à déjouer. Au Sahel, à cause de l'insécurité, l'offre légale recule, et le trafic organisé en profite, aggravant un peu plus ce problème sanitaire. En Afrique de l'Ouest, 48% du marché des antipaludiques proviendrait de sources illicites. À lire aussiL'ONUDC alerte sur le trafic de faux médicaments en Afrique de l'Ouest
9/17/20232 minutes, 21 seconds
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Centrafrique: la place de l'artisanat dans l'économie à Bouar, près de la frontière camerounaise

Dans l'ouest de la Centrafrique, la ville de Bouar fait partie des régions les plus réputées en matière d’artisanat. L'économie de cette localité repose en partie sur les œuvres d'arts, grâce au centre artisanal créé en 2007 qui a formé un millier de jeunes. Ils mettent sur le marché national et sous-régional des produits de valeurs pour gagner leur vie. Le centre artisanal de Bouar est une maison de 20 mètres sur 10, située à l'entrée de la ville sur la colline « Cote 45 ». On y trouve des œuvres d'arts de tout genre, parmi lesquelles des vêtements traditionnels, des biens immobiliers, des sculptures, des bracelets, des tableaux et diverses poteries.« J'ai créé ce centre en 2007, raconte Thomas Zengaï qui était auparavant ébéniste. Je travaille avec une équipe de 20 personnes. Chaque année, nous organisons ce qu'on appelle des campagnes d'exportation de nos œuvres à Yaoundé, Douala, Gaoundéré et Maoua au Cameroun. Cette campagne se fait trois fois dans l'année. Chaque exportation nous rapporte au moins 2 000 000 de francs CFA dans la caisse et les clients apprécient nos œuvres. »Ces trois campagnes d'exportation rapportent chaque année environ 6 millions de francs CFA au centre artisanal de Bouar. Détenteurs d’un véritable savoir-faire d’exception, ces artisans connaissent également l’importance de la transmission. « En cinq ans, j'ai appris beaucoup de choses, témoigne Blaise, un des artisans formés dans ce centre. Je suis fier d'être un sculpteur bien outillé. Ici, nous utilisons des produits bruts purement centrafricains. Il s'agit des ébènes, des acacias, des melinas ou encore des tecks. Parmi nos clients, on compte beaucoup d'expatriés. Ils achètent nos œuvres et les envoient comme cadeaux dans leurs pays. Ça nous aide à avancer. »Le centre artisanal de Bouar fait partie des rares petites entreprises qui possèdent un compte bancaire. « On s'organise comme une ONG et c'est ce qui fait notre force, explique Thomas Zengaï. Nous avons un compte bancaire chez Express Union. Chaque mois, chacun touche un salaire raisonnable, ce qui lui permet de prendre en charge sa famille. L'artisanat est très important. Ça fait partie des facteurs du développement d'un pays. »À Bouar, l'artisanat permet à ces jeunes de gagner leur vie et surtout, d'éviter de quitter la ville pour chercher du travail ailleurs. En 2017, une loi portant sur le code d'artisanat a été élaborée, adoptée et promulguée en Centrafrique. Cette loi donne le pouvoir aux artisans de jouir des droits d'auteurs et de percevoir des indemnités en guise de propriété intellectuelle. Mais plusieurs artisans exercent leurs métiers d’une manière informelle faute de financement. Une situation qui a occasionné un retard en matière du développement de l'artisanat dans le pays.
9/14/20232 minutes, 35 seconds
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Tourisme: l'envie de voyager encore plus vive cette année chez les Mauriciens

À Maurice, non seulement le tourisme rebondit, mais l’intérêt des Mauriciens pour le voyage n’a jamais été aussi marqué. Le nombre de Mauriciens qui se sont déplacés à l’étranger a augmenté de 80% durant les six premiers mois de cette année, par rapport à la même période en 2022. Ce qui explique pourquoi le dernier salon du voyage, fin août dernier, a explosé les compteurs.
9/13/20232 minutes, 24 seconds
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Cameroun: le choix de la reconversion professionnelle pour certains déplacés économiques de Nachtigal [3/3]

Le chantier de la future centrale hydroélectrique de Nachtigal a créé plusieurs milliers d’emplois dans la région, mais il a aussi fait des déplacés économiques. Selon la Nachtigal Hydro Power Company (NHPC), plus de 1 600 personnes ont été affectées par le chantier. Principalement des personnes riveraines du fleuve : agriculteurs, pêcheurs, sableurs, marayeuses. Pour survivre économiquement, certains ont fait le choix de la reconversion professionnelle. De notre envoyée spéciale à Batchenga,Au bord de la route, à quelques pas de la mairie de Batchenga, les affaires vont bon train pour Florent Lamour Sindono Mbatoua, désormais à la tête de sa propre société. « Ici, nous fabriquons des parpaings pour construire les constructions. J’ai des employés. Ils sont actuellement au chantier », dit le chef de l'entreprise « Établissement Mbatoua et fils ». Avant, Florent déchargeait les pirogues de sable sur les rives du fleuve Sanaga. Une activité stoppée nette par la construction du barrage hydroélectrique. La NHPC lui propose alors une indemnisation de 1,2 million de francs CFA. « Il y avait de quoi s’inquiéter, parce qu'on est habitués à travailler chaque fois pour gagner de l’argent. À un certain moment, on te dit : "on va te payer pour que tu puisses arrêter ce que tu fais". Donc, il y avait de quoi s’inquiéter », rappelle-t-il.  À écouter aussiCameroun: la future centrale hydroélectrique de Nachtigal, un défi financier et logistiqueEn plus de son indemnisation financière, l’ancien sableur se voit proposer une formation à l’entrepreneuriat. Catherine Gaëlle Minya est directrice environnement et social à la NHPC. Elle supervise l’accompagnement des populations affectées.  « Nous avons ce que nous appelons les plans individuels de reconversion », explique-t-elle. « Nous travaillons avec des partenaires, des associations, des ONG qui rencontrent la personne affectée, identifient avec elle l’activité dans laquelle elle voudrait se reconvertir, identifie les moyens techniques, humains, financiers, qu’il faudrait pour cela ; les formes et font un suivi pour nous assurer que nous progressons vers cette restauration. »Des indemnisations insuffisantes et tardivesLes compensations proposées répondent aux critères établis par la Société financière internationale (SFI), le service de prêt au secteur privé de la Banque mondiale. Mais en juin 2022, IFI Synergy Cameroon adresse une plainte à la Banque africaine de développement. L’ONG pointe plusieurs manquements, notamment des indemnisations insuffisantes et tardives.« Pour ce qui concerne la plainte avec l’ONG, effectivement, vous savez, déjà à notre niveau, nous avons un mécanisme de gestion des conflits. En cas de plainte, nous avons des relais communautaires sur le terrain qui recueillent les préoccupations soulevées par les populations et nous déroulons effectivement un mécanisme en concertation avec les personnes affectées », souligne Catherine Gaëlle Minya.À écouter aussiCameroun: pour les ouvriers de Nachtigal, le salaire n'est pas à la hauteur du travail accompli« Maintenant, concernant la plainte à laquelle vous faites référence, nous sommes – avec les concernés – assis tous ensemble à la table de discussion et le processus est en cours. » À la question de savoir si toutes ces personnes ont reçu leur indemnisation, Catherine Gaëlle Minya répond : « Les indemnisations sont dispensées selon un timing. Et dans le cas que vous mentionnez, il y en a effectivement qui ont reçu leur indemnisation. »  Selon le décompte effectué par la NHPC, plus de 1 600 personnes ont été affectées par la construction de Nachtigal : 976 sableurs, 150 agriculteurs, 134 pêcheurs et 89 marayeuses.
9/12/20232 minutes, 45 seconds
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Cameroun: pour les ouvriers de Nachtigal, le salaire n'est pas à la hauteur du travail accompli

Cette centrale de Nachtigal a vocation à couvrir 30% des besoins en électricité du Cameroun, où les coupures de courant restent monnaie courante. Les travaux de construction ont démarré en 2019. Au pic du chantier, ils ont mobilisé jusqu'à 4 000 travailleurs. Beaucoup plus si l'on compte l'ensemble des personnes ayant foulé le sol de Nachtigal. Mais sur le chantier, les ouvriers sont partagés, entre fierté d'avoir bâti un tel ouvrage et amertume. Beaucoup estiment que la rémunération n'est pas à la hauteur du travail accompli. Ils dénoncent aussi des inégalités salariales avec les étrangers présents sur le chantier. De notre envoyée spéciale à Nachtigal,« On n'est pas très bien traités. Moi, je ne suis pas très bien traité. J'aurais espéré être traité mieux. C'était là ma douleur. »Le terme est fort, mais assumé. « Oui, c'est fort, puisque tu te tues à la tâche. Tu fais tout pour qu'on puisse te payer comme il se doit. Mais on ne le fait pas. Si tu demandes à être augmenté, on va te dire "non, le budget est serré". Mais bizarrement, on recrute des expatriés qui coûtent un peu plus cher. Ça, ça me révolte. »Eba Engolo Judicael est assistant administratif sur le chantier. Il répertorie quotidiennement la production de béton, pour un peu mois de 250 000 francs CFA par mois. « Bon, on éprouve quand même du plaisir à travailler sur un gros chantier comme celui-ci. Je n'avais jamais vu ça. Moi la première fois quand je suis arrivé, je regardais tout avec des grands yeux. La beauté, c'est le seul truc qui me console. La beauté de travailler dans un tel projet. Mais j'aurais aimé avoir un peu plus de sous. »À écouter aussiCameroun: la future centrale hydroélectrique de Nachtigal, un défi financier et logistique« Tu donnes tout ton corps. Le soleil te frappe »À quelques mètres de là, des ferrailleurs font une pause. Les journées sur le chantier sont longues. Souvent difficiles. Deux d'entre eux acceptent de témoigner, anonymement. Ils gagnent respectivement 100 000 et 50 000 francs CFA par mois. « Ce n'était pas facile. Ça n'a pas été évident », explique l'un. « Il faut déjà se lever tôt, à 4 heures, 4h30 pour s'apprêter, emprunter le bus vers 5 heures, 5h30 pour être tôt au chantier. Mais l'activité en vrai démarre à 7 heures, parce qu'il faut d'abord prendre un petit casse-croûte puis se changer. Vous démarrez, on vous donne le plan de travail de la journée. Parfois, le repos n'était pas évident. Vous aviez l'impression que même la journée du dimanche qu'on vous accordait comme repos, ce n'était pas suffisant. Mais il fallait tenir parce que le délai était là. Il fallait le respecter, il fallait livrer à temps. »Le second témoigne : « Par exemple, tu [travailles] un mois, mais on ne te paye pas le mois. On attend. On te donne 50 000. Tu ne t'attends pas à ça. Tu donnes tout ton corps. Le soleil te frappe. Tu rentres à 22 heures, 23 heures. À la fin du mois, on t'envoie 50 000, ce n'est pas normal. Entre-temps, tu as une famille à la maison que tu dois nourrir, tu dois t'habiller, tu dois, tu dois, tu dois… C'est comme ça. »À Nachtigal, la plupart des ouvriers camerounais ont choisi de s'installer dans les villages alentours. Les étrangers, quant à eux, vivent sur une base située à proximité du chantier, sécurisé par près de 120 militaires.
9/11/20232 minutes, 34 seconds
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Cameroun: la future centrale hydroélectrique de Nachtigal, un défi financier et logistique [1/3]

La future centrale hydroélectrique de Nachtigal est installée sur les rives du fleuve Sanaga, à une soixantaine de kilomètres au nord de Yaoundé. Elle doit être mise en service dans un an exactement, en septembre 2024. D’une puissance annoncée de 420 mégawatts, Nachtigal couvrira 30% des besoins en électricité du Cameroun. Lancé en 2019, ce chantier colossal a mobilisé d’importants moyens humains, techniques et financiers. Avec un coût de près de 800 milliards de francs CFA, il est financé à 24% par fonds propres et à 76% par emprunt auprès d’institutions de développement internationales et de banques. C’est le plus important partenariat-public privé en cours sur le continent, dans le domaine de l’énergie.  De notre envoyée spéciale à Nachtigal et Yaoundé,« Si le Cameroun a réussi ce tour de force, ça veut dire qu’il y a déjà une crédibilité entre le Cameroun et ses bailleurs. Et ça, c’est très positif ». Pour le professeur Henri Ngoa Tabi, cette opération financière illustre la fiabilité du Cameroun, vis-à-vis de ses partenaires occidentaux, à commencer par la France. Enseignant à la faculté de sciences économiques et de gestion à l’Université Yaoundé II, il dirige le Laboratoire de recherche interdisciplinaire en économie du développement.« Ce type de partenariat nous honore beaucoup. Pourquoi il nous honore ? Parce qu’à regarder de très près, il y a un transfert de compétences, il y a un transfert de technologies », dit-il. « La plupart des matériaux ont été acquis ici localement. Utiliser les matériaux au niveau local et ensuite transférer l’expérience, transférer la technologie, ce sont des partenariats que nous souhaitons et c’est visible », martèle-t-il. « Quand vous réalisez un tel projet, pour les populations, c’est quelque chose de visible. C’est quelque chose de concret et ils en parlent positivement. »Utiliser des ressources localesAcquérir les matériaux localement permet de réduire les coûts logistiques, notamment de transport. Un point non négligeable pour NGE, le groupe français de BTP mandaté pour construire Nachtigal. Pour Orso Vesperini, qui en est le directeur général délégué, « sur ce projet, tout est fait pour qu’on utilise des ressources locales. D’abord, les ressources hyper-locales. C’est-à-dire qu’on exploite les granulas sur le site pour faire les bétons. On fait donc vraiment de l’économie le plus proche du projet. Mais on a quelques parties à acheter à l’extérieur, notamment le bitume ».Pour un tel projet, un bitume particulier – étanche – est indispensable. Mais le déclenchement de la guerre en Ukraine, en février 2022, met un coup d’arrêt aux importations. « À peu près à 60% de l’approvisionnement, le trafic a été interrompu », explique Orso Vesperini. « Le trafic avec la Russie, notamment, a été interdit. On a dû trouver des solutions locales pour faire de nouvelles formulations qui nous permis de trouver une nouvelle façon de faire cette couche bitumineuse, avec un bitume différent ». Autre grand défi à surmonter : l’arrivée du Covid-19. Le chantier passe alors de 2 000 à 200 employés. Le projet prend du retard. La fin des travaux est annoncée pour septembre 2024, au lieu de 2023. 
9/10/20232 minutes, 20 seconds
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Tunisie: la start-up DCX vous fait découvrir le patrimoine en réalité virtuelle

Se balader dans les rues de Djerba sans y être physiquement, remonter le temps pour se retrouver à Carthage, au 2e siècle avant notre ère. C'est possible. Ces expériences sont proposées par Digital Cultural Experience (DCX), une start-up tunisienne dédiée à la promotion du patrimoine auprès des jeunes grâce aux technologies immersives : réalité virtuelle, réalité augmentée ou encore reconstitution d'images. Lancée en 2018, la start-up espère aujourd'hui déployer ses programmes au-delà des frontières tunisiennes.  De notre envoyée spéciale à Djerba,« Vous êtes en immersion à Djerba. On va aller à la Synagogue de la Ghriba, on va aller découvrir deux églises, une orthodoxe et une catholique et on va aller découvrir une mosquée ibadite. »Casque sur la tête, manettes en main,l'utilisateur fait défiler les paysages comme s'il y était. Des immersions comme celle-là, DCX en propose une douzaine. Mohamed Ali Midani, co-fondateur de la start-up, cible principalement le jeune public.« Soit on est dans les musées, comme le musée de Carthage, soit on va dans les régions, dans les zones rurales, dans les quartiers, etc. On fait des tournées. Et puis, ce qu'on est en train de déployer aussi, ce sont des clubs dans les écoles. On a donc créé un programme de 20 heures pour découvrir chaque semaine un pan de l'histoire, un monument, des personnages historiques. Les enfants sont très contents, les élèves aussi. Ils apprennent plein de choses et ça leur donne envie d'aller au musée, d'aller dans sur sites archéologiques. C'est ça le beau résultat qu'on a eu suite à cette expérience. »Se déployer à échelle continentaleLe modèle économique de DCX repose aujourd'hui sur deux piliers : les abonnements proposés aux utilisateurs de son application et les licences, payées par les écoles ou organisations intéressées.« Vraiment, ce qu'on voudrait faire, c'est déployer une première initiative dans un autre pays africain, montrer que ça marche comme ça a marché en Tunisie, ça peut marcher dans un autre pays. Et là, avec des investisseurs, pour vraiment déployer à plus grande échelle, à échelle continentale. »DCX fait partie des 10 start-up innovantes sélectionnées par l'Organisation Internationale de la Francophonie pour participer à l'édition 2023 du VivaTech. Cette année, l'OIF a voulu mettre en avant l'entrepreneuriat culturel. Un secteur à fort potentiel selon Adjara Diouf à la tête du pôle Entrepreneuriat et coopération économique.À écouter aussiInvité du matin : François Bitouzet: «L'intelligence artificielle est l'un des sujets clés de VivaTech» cette année« Nous pensons que l'entrepreneuriat culturel, les industries culturelles, sont un véritable levier d'essor économique. Elles affichent aujourd'hui dans le monde le taux de croissance le plus rapide qui créé le plus d'emploi. Par exemple, sur le continent africain, 8,2% des emplois sont fournis par les industries culturelles. Elles représentent 2,4 millions d'emplois. »Pour créer une seule expérience immersive, DCX mobilise une douzaine de talents : managers, artistes 3D, développeurs, archéologues, historiens, médiateurs culturels, scénaristes ou encore traducteurs. La start-up emploie actuellement huit personnes à temps plein.À écouter aussiReportage Culture - À l'Institut du monde arabe, plongée en réalité virtuelle dans les entrailles de la pyramide de Khéops
9/7/20232 minutes, 15 seconds
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RDC: vis ma vie de fonctionnaire kinois [2/2]

En République démocratique du Congo (RDC), les agents et fonctionnaires de l'État sont les plus touchés par la perte de valeur du franc congolais face à la principale devise du pays, le dollar américain. La monnaie congolaise a perdu 21% de sa valeur depuis le début de l’année. Densément riche en minerais, le pays dispose d’une économie extravertie et peine à réaliser son budget annuel de 16 milliards de dollars. L’inflation a pris officiellement 25% en un an. De notre correspondant à Kinshasa,Pour Armand Osase, la quarantaine, sous-directeur à l’ex-office national des transports, chaque jour est un combat pour survivre. Cet après-midi, à la sortie d’une imposante bâtisse sur le boulevard du 30 juin, il vient de percevoir son salaire, des briques de petite coupure de franc congolais. « Je dois maintenant prendre mon salaire pour aller acheter les dollars auprès des cambistes. Moi qui touche mon salaire au taux de 920 francs congolais le dollar, là, je vais devoir aller chez les cambistes chez qui c'est 2 500 francs congolais. Je fais une grande perte surtout que mon salaire ne vient pas régulièrement. Les salaires des mois de mai, juin et juillet… Nous sommes au mois d'août, et je ne les ai pas encore touchés. J’ai touché celui du mois d’avril qui ne me permet pas de faire face à la scolarisation des enfants. Maintenant, je dois payer le loyer avec quel argent ? Ça amène le travailleur dans des endettements graves. »Direction grand marché au centre-ville. L’agent de l’État s’étonne : « L’année passée, cela coûtait 6 000 francs congolais, mais avec cette inflation, par exemple pour cet uniforme, c'est 18 000 francs congolais. Or, si j’ai cinq enfants ou trois enfants pour acheter les uniformes avec mon salaire, je ne saurai pas. »Système DNombre de fonctionnaires ont adopté le système D. « Ça pousse le travailleur à s'endetter : des sacrifices, mais aussi de recourir à des familles, or un fonctionnaire doit être stable. Mais au Congo, c'est difficile. Après le travail, je dois recourir à d’autres stratégies alors que c’est interdit. Par exemple, quelqu’un qui doit commencer à transporter des caillasses vers le fleuve. Il y a des gens qui font même des champs, des fonctionnaires qui, le soir, font taxi, le Wewa, c’est-à-dire les motocyclistes, mais il est fonctionnaire. Ce n’est pas sa faute. Il y a des fonctionnaires qui sont chassés de leurs maisons, d’autres habitent dans des barges, dans des casernes et dans des places vraiment insupportables. »Au crépuscule, Armand Osase, emprunte un transport en commun. Nous l'accompagnons. « Cette inflation, il faut que l’État y trouve une solution. J’habite Ngaliema. Pour arriver en ville, aller-retour, je dois avoir au moins 10 000 francs congolais par jour, donc 4 dollars. Mon salaire, c'est 150 fois moins que le salaire d'un député alors que dans d’autres pays, le fonctionnaire est un homme de valeur. Mais ici au Congo, les fonctionnaires sont vraiment marginalisés. » Les fonctionnaires et leurs enfants n’ont pas de choix que se serrer la ceinture sur fond de précarité. À écouter aussiAfrique Économie - RDC : le franc congolais en chute libre [1/2]
9/6/20232 minutes, 30 seconds
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RDC: le franc congolais en chute libre [1/2]

En République démocratique du Congo (RDC) le franc congolais a perdu 21% de sa valeur depuis le début de l’année. Densément riche en minerais, le pays dispose d’une économie tournée vers l'extérieur et peine à réaliser son budget annuel de 16 milliards de dollars. L’inflation a pris officiellement 25% en un an et pourrait ne pas s’arrêter là, selon les experts.  De notre correspondant à Kinshasa,Sur l’avenue de l’hôtel, près du grand marché, le plus grand carrefour des changeurs de monnaie. Ici, chacun entasse des briques de francs neufs sur sa table de fortune, mais ce que beaucoup recherchent, c'est la bonne monnaie, le dollar. Pour le cambiste Claude, la chute de la monnaie est bien réelle.« Au mois de janvier, on était à 2 100 francs congolais et aujourd’hui, nous sommes à 2 450 francs congolais contre le dollar, à la vente, on peut arriver jusqu’à 2 500 francs congolais. Il y a vraiment une dépréciation à grande échelle. », constate-t-il. « C’est peut-être parce que le gouvernement commence à payer de dettes intérieures parce que pendant un certain moment, il y avait une accumulation de dette intérieure. Il y a eu un afflux du franc congolais sur le marché, une hausse jusqu’à ce qu’on est arrivé même jusqu’à 2 700 francs pour un dollar, voire même 2 750, c'était devenu de la spéculation. »Sur le marché, les prix ont explosé. Dans cette boutique près de la mosquée de Kintambo, les prix fixés en dollar sont restés stables tandis qu’en franc, ils ont grimpé. 90 % des biens sont importés.« Ces produits, comme ils sont importés, ils importent aussi leur inflation, comme l’huile qui a subi une augmentation de 100 %. Au début de l’année, autour de 3 500 francs le litre, aujourd’hui cela se vend à 6 500 francs », déclare Philémon, le gérant de la boutique. « Il y a aussi le foufou qui a subi l’ordre de 40 % d’augmentation en comparaison avec le prix du début de l’année. »À lire aussiPourquoi le franc congolais baisse face au dollar américainUn déficit budgétaire d'environ 4 milliards de dollarsPour tenter de revaloriser le franc, la Banque centrale a injecté 150 millions de dollars sur le marché de change. Une alternative très limitée pour le professeur Noel Tshiani, ancien directeur à la Banque mondiale. Il accuse le gouvernement de recourir à la planche à billet pour couvrir le déficit budgétaire d’environ 4 milliards de dollars à ce jour.« Nous sommes mal partis. D’ici avant la fin de l’année, un dollar va se changer à 3 000 francs congolais, créant ainsi une situation de misère sociale incroyable », alerte Noel Tshiani. « L’économie est dollarisée à 95%. Par conséquent, tous ces instruments de politique monétaire qu’on peut déployer, notamment, on a augmenté le taux directeur de 9 à 11 % et de 11 à 25 % en moins de deux mois, on a augmenté le coefficient de réserves obligatoires de 0 à 10% sur les dépôts en franc congolais. »Puis il ajoute : « Tous ces instruments-là sont inefficaces. Par conséquent, cela laisse le reste de la masse monétaire inchangée. Je peux voir la dépréciation se poursuivre comme si de rien n’était. »L’enseignant propose notamment à l’État d’ajuster son train de vie à la capacité de mobilisation de recettes, industrialiser le pays pour réduire la facture d’importation, réformer le Code minier pour rapatrier les devises et créer des banques commerciales congolaises. À lire aussiRDC: les Congolais en colère face à la dépréciation de leur monnaie
9/5/20232 minutes, 30 seconds
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Guinée: le bilan économique en demi-teinte de la junte pour l'an 2 du CNRD

Des infrastructures routières qui s’améliorent, des indicateurs économiques dans le vert comme le franc guinéen qui s’est stabilisé. Après deux années de transition, le bilan de la junte dirigée par Mamadi Doumbouya paraît plutôt positif sur le papier, mais est-ce ressenti ainsi au quotidien par les Guinéens ?
9/5/20232 minutes, 27 seconds
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Maurice: le manque de devises affecte les importateurs

Le marché monétaire à Maurice peine à trouver son équilibre d’avant la pandémie. Les interventions historiques de la Banque centrale à hauteur de 3,8 milliards de dollars n’ont pas suffi. Les importateurs se plaignent en ce moment encore d’un manque de devises. La dépréciation de la roupie et d’autres facteurs rendent le marché instable.  De notre correspondant à Port-Louis,Malgré les interventions répétées de la Banque de Maurice depuis la fin de la pandémie et la reprise économique, les industriels mauriciens font face à un problème persistant de manque de devises. Un importateur historique, préférant rester anonyme, nous confie : « Je continue à faire la tournée des banques pour obtenir des devises. »Cette réalité intrigue l’économiste Rajiv Hasnah : « Nous sommes plutôt perplexes face à cette situation de pénurie de devises qui persiste trois ans après la Covid, malgré la reprise assez considérable du secteur touristique, l'amélioration dans le secteur textile depuis avant le Covid, la stabilité du secteur financier et la performance continue dans le secteur agricole. »Quelles sont les raisons de ce déséquilibre sur le marché des devises ? Pour de nombreux analystes, l'intervention massive de la Banque de Maurice pendant la pandémie y est pour quelque chose. La Banque centrale a puisé plus de 3 milliards de dollars (140 milliards de roupies) dans ses réserves stratégiques pour soutenir l'économie mauricienne, c’est l’équivalent de 20% du produit intérieur brut de l'île.« Le marché des devises est dynamique »En parallèle, elle n'a pas cessé d'alimenter le marché en devises. « Depuis le début de la pandémie, la Banque de Maurice a vendu environ 3,8 milliards de dollars dans le but de stabiliser le marché des changes », explique Waësh Khodabocus, directeur par intérim du département de la stabilité financière et de la gestion des risques de la Banque de Maurice.À la question de savoir pourquoi les importateurs se plaignent toujours d'un manque de devises malgré l'intervention de la Banque de Maurice, Waësh Khodabocus répond : « Le marché des devises est dynamique, des fluctuations au niveau des volumes des devises sont tout à fait normales. Nous interviendrons certainement chaque fois que les conditions du marché des changes l'exigeront. »Restaurer la confiance dans la roupie mauricienneCette année, la Banque de Maurice a injecté 60 millions de dollars sur le marché et a officiellement exhorté les 17 banques locales à ne pas rajouter à la spéculation.Deux autres facteurs compliquent la situation : la roupie a glissé de plus de 30% en trois ans par rapport à la monnaie américaine et le taux d'intérêt est légèrement inférieur à celui du dollar (4,5% contre plus de 5%). La Banque de Maurice indique aussi que la demande de devises est forte en ce moment, car les importateurs renforcent leurs stocks en fin d'année.De leur côté, les économistes appellent le régulateur à restaurer la confiance dans la roupie mauricienne.
9/3/20232 minutes, 24 seconds
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Éthiopie: l'opale, une ressource encore sous-exploitée

Découverte en 2008 au nord de l'Éthiopie, l'opale a vite propulsé le pays au rang de deuxième exportateur mondial. Un commerce qui a généré 2,6 millions de dollars en 2021. Mais ce n’est rien comparé à ce que l’opale pourrait générer si elle était encore mieux exploitée. Le manque de politique et de cadre juridique approprié, de main-d'œuvre qualifiée, d'investissements privés et de promotion du marché à l'échelle locale et mondiale a entravé la croissance du secteur. Par Clothilde Hazard De notre correspondante à Addis-Abeba,Au milieu des paysages spectaculaires du Wello, de jeunes hommes progressent sur les flancs escarpés des montagnes. Après avoir repéré un filon, ils s’activent à coups de pioche et creusent un tunnel profond. Sans équipement, pas de casque, ni d’oxygène malgré la chaleur et l’altitude.« C’est très dangereux : quand il y a des effondrements, cela peut tuer beaucoup de mineurs. Parce qu’ils n’ont pas de protection. Parfois, quand les pierres tombent, ils sont coincés dans le tunnel. Quand tu fais ce travail, tu risques ta vie », alerte Berihun Abere, inspecteur du travail dans ce secteur.Les méthodes sont rudimentaires. L’opale ainsi extraite est de petite taille, souvent mélangée à de la roche et donc de moins bonne qualité. Les mineurs sont organisés en coopérative et vendent collectivement leurs opales. Il faut ensuite les polir pour révéler leurs couleurs.Metasebia Asfaw vend 30 euros le carat, soit 150 euros le gramme. « Il y a plusieurs sortes d’opale en Éthiopie, l’opale cristal, l’opale noire, la rouge, la fire... », décrit Metasebia Asfaw, qui tient à souligner : « Plus elles sont colorées et plus elles sont précieuses. Après le polissage, elle est prête à être vendue et son prix est fixé en fonction de la couleur, la forme et la taille. »Former pour mieux mettre en valeur l'opalePour pouvoir vendre la pierre à son juste prix, il faut savoir la mettre en valeur et reconnaître sa qualité. Une compétence encore trop peu répandue dans le pays. La World Gem Foundation, organisme de formation en gemmologie, lance en partenariat avec le ministère des Mines un programme pour que les Éthiopiens puissent mieux tirer parti des pierres précieuses et semi-précieuses présentes dans leur sol, l’opale, mais aussi le rubis et l’émeraude.« Le principal problème, c’est le manque de connaissances et nous essayons d’y remédier », pointe Haimanot Sisay, la directrice du projet. « Ces ressources sont limitées et nous devrions savoir comment les gérer et en tirer un bénéfice économique. Nous éduquons les gens et je pense qu’après six mois, cela va changer la dynamique du secteur. »Aujourd’hui, les pierres précieuses éthiopiennes sont souvent vendues brutes à prix cassés, principalement en Chine ou en Inde. Ce programme doit former 1 000 gemmologistes en dix ans pour se réapproprier le marché.
8/31/20232 minutes, 9 seconds
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RDC: entre pollution et essor économique, le paradoxe de l’exploitation des ressources minières

En République démocratique du Congo, la production minière notamment du cuivre et du cobalt connaît un accroissement ces 5 dernières années. Celle du cuivre a doublé alors que la production du cobalt tend à dépasser les 100 000 tonnes. Avec une contribution significative de 43 % au budget national, le secteur minier reste le pilier de l’économie de la RDC. Cependant, le rythme de l'exploitation minière dans la région du Katanga inquiète tant les chercheurs que les acteurs de la société civile. Les conséquences sur l’environnement sont de plus en plus dévastatrices. De notre correspondante à Lubumbashi,La transition énergétique pousse les entreprises minières installées en RDC à accroître leur production. Entre 2018 et 2022, la production de cuivre par exemple a doublé. Elle est passée d’un million de tonnes à deux millions. Celle du cobalt était de plus de 90 000 tonnes en 2022. Il y a cinq ans, elle avait dépassé la barre des 100 000 tonnes. Banza Lubaba est professeur à l'université de Lubumbashi et chercheur sur les questions de l'environnement.« Beaucoup d'investisseurs du secteur minier ont mobilisé des fonds pour accroître la production de cobalt et d'autres minerais. Le rythme s’est accru depuis 2016. Pour la production de cobalt par exemple, on l’estime à 3,95 kilos à chaque seconde, ce qui représente environ 145 000 tonnes par an. »À lire aussiRépublique démocratique du Congo: les quartiers de Kolwezi grignotés par l'exploitation du cobaltCe rythme d’exploitation minière inquiète les acteurs de la société civile à Kolwezi. En plus d’impacts environnementaux sur l’air, le sol ou la végétation, l’activité minière menace la nappe phréatique. À chaque fois que l’exploitation arrive à une nappe, l’entreprise doit vider l'eau pour éviter que la mine ne soit noyée. Pendant ce temps, les ressources en eau s’épuisent, explique Shadrak Mukad, cadre de la société civile à Kolwezi : « Aujourd’hui, dans les quartiers Musonoi et le centre-ville de Kolwezi, pour atteindre l’eau lors d’un forage, il faut aller à 100 voire 150 mètres de profondeur à certains endroits. Ça nous inquiète davantage car la Regideso dans la ville de Kolwezi n’est pas en mesure de desservir toute la population. »La RDC ne peut cependant pas se permettre d’arrêter l’activité minière dans cette région. Grâce au cobalt de Kolwezi, le pays est 2ème producteur mondial de ce minerai stratégique. En outre, le secteur minier représente 47% du PIB et génère 95% des exportations et 25% d’emplois. Freddy Kasongo est directeur de l’Observatoire des ressources naturelles, OARSE : « À titre indicatif, la contribution du secteur minier à l’économie nationale pour les années 2020 et 2021 était de 5,8 milliards de dollars. Il faudrait y ajouter son impact sur le revenu de la douane, de la sous-traitance, du tourisme… Il est plutôt urgent d’utiliser ces ressources pour le développement d’une économie alternative au secteur minier car on sait que les mines sont épuisables. »Devant ce paradoxe, les chercheurs et les acteurs de la société civile appellent l’État congolais à rationaliser l’exploitation minière pour éviter que le pays ne soit avalé par ses mines.À lire aussiRDC: Le film «Les Audiences de Kolwezi» dénonce l’impunité des conséquences de l’exploitation minière
8/30/20232 minutes, 20 seconds
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Congo-Brazzaville: des artisans dévoilent leur savoir-faire au Salon des métiers du bois

« L’artisanat congolais : jeunesse et emplois », c’est le thème de la 3ème édition du Salon des métiers du bois (Samed) à Brazzaville. L'occasion pour une centaine d'artisans de montrer comment façonner cette précieuse matière première, véritable source d’emplois, le bois étant le deuxième secteur de l’économie congolaise. De notre correspondant à BrazzavillePlace du jardin des droits de l’homme, en plein centre de Brazzaville. C’est l’espace choisi par les artisans congolais pour ériger leurs stands et exposer leurs divers produits essentiellement fabriqués à partir des essences de bois tirées des riches forêts congolaises. Magloire Ndassa, 32 ans, sculpte un éléphant : « C’est un animal qui est doux. Les étrangers adorent cet animal. Ça c’est l’éléphant trompe en l’air, signe du bonheur, explique le sculpteur. J’utilise de l’ébène gris, un bois précieux très rare au monde qu’on trouve chez nous au Congo », ajoute l’artisan.Exaucée Samba tient un stand d’objets personnalisés : portraits et gravures en bois : « Nous utilisons essentiellement quatre essences : l’anigré, le bilinga, le sapelli et le wengé ou bois de fer. C’est le bois qui vient du nord. Ce sont en fait les déchets ou les restes des grandes entreprises. Nous sommes un peu dans l’optique de la protection de l’environnement. On fait du recyclage. On essaie de donner une seconde vie à ces déchets au lieu que ça pollue la nature », précise Madame Samba.Le Congo a interdit au début de l’année l’exportation du bois en grumes, c’est-à-dire des troncs d’arbres avec écorces. Selon la direction générale de l’économie forestière, cette politique vise à créer de la valeur ajoutée, à renforcer la contribution du bois au PIB, donc à l’économie nationale. Le pays dispose officiellement d’une soixantaine d’unités de transformation qui devraient connaître une croissance avec cette nouvelle politique et l’arrivée de nouveaux investisseurs.Une filière en pleine croissanceDeuxième secteur de l’économie congolaise, le bois fournit actuellement 14 000 emplois. Jacqueline Lydia Mikolo est ministre des PME et de l’artisanat : « La filière bois offre une grande palette d’opportunités en Afrique en général et au Congo en particulier. Une grande partie des articles présentés ici au Salon a déjà été vendue. Ça veut dire que c’est une filière porteuse. On peut générer de la richesse et de l’emploi. Et, contribuer à la diversification de notre économie », analyse-t-elle.L’État créé un environnement propice à l’épanouissement des artisans, selon Mireille Opa, directrice générale de l’Agence nationale de l’artisanat : « Il y a déjà une loi du pays qui exige que les édifices de l’État soient décorés ou ornés par les œuvres des artisans congolais », dit-elle.Six autres pays du continent ont participé à la 3e édition des Métiers du Bois à Brazzaville. Madagascar était l’invité d’honneur de ce salon.À lire aussiLa filière bois de Côte d'Ivoire va adapter sa traçabilité après l'accord avec l'UE
8/29/20232 minutes, 31 seconds
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Tunisie: la rose de Kairouan tente de s'exporter à l'international [3/3]

Il s'agira du plus important complexe industriel du genre en Afrique. À Kairouan, dans le centre de la Tunisie, le groupe Sebri s'apprête à ouvrir une vaste unité de distillation de roses de Kairouan. Cette variété de fleur, réputée pour la délicatesse et l'intensité de son parfum, séduit les plus grands parfumeurs. L'objectif de cette unité de distillation sera donc de contribuer à l'économie nationale, en développant les exportations à destination des grandes maisons de parfumerie internationales. Elle disposera, entre autres, de 16 distillateurs d'une capacité totale de distillation de 5 000 litres. Huit sont déjà installés, quasi prêts à l'emploi. La mise en service de cette unité industrielle est prévue dès 2024.  De notre envoyée spéciale à Kairouan,97 chambres frigorifiques, capables de stocker jusqu'à 16 000 tonnes de roses. Seize distillateurs d'une capacité totale de distillation de 5 000 litres : du jamais vu dans la région. Derrière ce projet ambitieux, un industriel local : Habib Sebri, PDG et fondateur du groupe Sebri :« Nous avons eu l'idée de ce projet en 2017, avec une équipe française qui a choisi la région de Kairouan pour son climat. Nous sommes les premiers à faire ce type de projet. Il existe d'autres opérateurs traditionnels, mais ils n'ont pas ce niveau d'industrialisation. Les autres sociétés opérantes s'approvisionnent auprès des agriculteurs ou sur le marché local. Notre société, elle, détient la chaîne de valeur puisqu'elle exploite ses propres champs de roses. En termes d'exportations, nous visons les marchés européen, la France et l'Allemagne, et puis l'Asie. »À écouter aussiTunisie: la rose de Kairouan, un levier de développement économique et touristique [2/3]Pour mener à bien son projet, le groupe Sebri a planté 1 000 hectares de rosiers, une surface qu'il souhaite doubler dans les prochaines années. L'arrivée d'un tel acteur a d'abord déstabilisé les agriculteurs locaux, comme Mohammed Chaker Saddem, mais aujourd'hui, il considère la future unité de distillation comme une aubaine :« C'est une bonne chose. Au début, lorsque le groupe Sebri a fait des plantations de 600-700 hectares de rosiers, il a un peu inondé le marché, et ça a énormément fait baisser les prix. Ce n'était pas bien pour nous. Mais maintenant, avec l'unité de distillation qu'il a installée, on pense qu'il va absorber toute sa production de roses et même plus. À mon avis, ça va jouer en notre faveur parce qu'on va trouver un débouché pour nos propres roses. »Valoriser la production des petits exploitantsLes responsables du groupe Sebri le confirment : les agriculteurs pourront vendre leur propre production. Un partenariat gagnant-gagnant, assure Zied Chourabi, le directeur central du groupe : « L'idée, c'est de chercher une plateforme industrielle qui va valoriser cette plantation locale. Et en même temps, tous nous semblent bénéficiaires : l'État, parce qu'il y aura des exports ; les petits agriculteurs, on va les garder, on va même s'approvisionner de leur part, on va les protéger en d'autres termes. Ils ne vont pas disparaitre parce qu'on va accepter toute leur production avec des standards de qualité. Et nous aussi, on va valoriser notre production, on va ajouter de la valeur ajoutée, vendre et avoir notre poids sur le marché. »Le groupe Sebri dit vouloir dynamiser l'emploi local. Son objectif est ambitieux : jusqu'à 100 000 emplois saisonniers, pendant une soixantaine de jours par an, à condition toutefois que le groupe parvienne à faire tourner ses 16 distillateurs, à plein régime.À écouter aussiTunisie: la rose de Kairouan, une source de revenus alternative pour les agriculteurs [1/3]
8/28/20232 minutes, 41 seconds
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Tunisie: la rose de Kairouan, un levier de développement économique et touristique [2/3]

Cultivée dans le centre de la Tunisie, cette rose est réputée pour l'intensité et la délicatesse de son parfum et prisée des parfumeurs internationaux. De plus en plus d'acteurs prennent conscience du potentiel économique que représente cette fleur et sont convaincus que la valorisation de la rose de Kairouan va créer de l'emploi et attirer davantage de touristes à Kairouan, ville surtout connue pour son patrimoine architectural et spirituel. Illustration dans cette pâtisserie artisanale. De notre envoyée spéciale à Kairouan,Couteau en main, d'un geste méthodique et saccadé, Halima Barek est en pleine préparation du makroud, la spécialité kairouanaise par excellence. Ce qui fait la renommée des siens : leur préparation à l'eau de rose. « La particularité de la rose de Kairouan, c'est qu'elle donne une eau de rose avec un parfum très intense, explique la pâtissière. Ça se marie bien avec les pâtisseries qu'on est en train de faire. D'ailleurs, on conserve l'eau de rose pendant plus d'une année. Plus c'est vieux, plus c'est aromatisé ! C'est ce qui donne un arôme si particulier à nos pâtisseries. »Halima Barek distille elle-même les roses. Ce savoir-faire, transmis de mère en fille, lui a valu l'an dernier la médaille d'or du meilleur makroud à l'eau de rose de Kairouan. Une récompense qu'elle arbore fièrement sur son tablier noir : « Grâce à cette médaille, j'ai beaucoup amélioré mon volume de ventes. Ce type de concours nous permet d'avoir plus de visibilité. Avant, on était trois dans l'atelier. Depuis, j'ai recruté deux femmes supplémentaires. »À écouter aussiTunisie: la rose de Kairouan, une source de revenus alternative pour les agriculteurs [1/3]Une alternative au patrimoine architectural et spirituelSa pâtisserie bénéficie d'un accompagnement de Pampat 2, un projet de valorisation des produits du terroir tunisien, financé par la Suisse, et mis en œuvre par l'Organisation des Nations unies pour le Développement industriel. Son coordonnateur local, Farouk Ben Salah, en est convaincu : la rose de Kairouan est un véritable atout pour l'économie locale. « Nous, on part d'abord sur la nécessité de reconnaître le sous-secteur des produits du terroir comme un secteur très important dans l'économie, détaille le coordonnateur. C'est un produit emblématique de la région. Étant donné l'importance de cette culture, ça peut aussi participer à la visibilité de la région et vendre Kairouan aussi à travers ces produits du terroir-là et aussi à travers ses roses, pas seulement à travers la mosquée et les monuments historiques qui sont là. »Objectif national et internationalLancé en 2013, le projet Pampat affiche un objectif : créer de l'emploi et de la valeur ajoutée, grâce à une meilleure organisation des filières. Lamia Chekir Thabet en est la coordinatrice nationale : « On accompagne tous les opérateurs pour mieux organiser cette offre. Comme c'est une approche chaîne de valeur, on commence au niveau des agriculteurs. On les accompagne pour mieux se structurer, mieux structurer leur offre et en améliorer la qualité. Et, par la suite, ce sont des opérations d'appui pour des expos-ventes, pour des participations à des salons. Et donc, la finalité du projet, c'est un meilleur accès au marché national, mais aussi international. »Prochaine étape visée : la mise en place d'une stratégie nationale de valorisation de la rose de Kairouan, désormais reconnue par les autorités comme un produit emblématique du terroir.À lire aussiTunisie: en pleine crise du pain, le gouvernement annonce le réapprovisionnement des boulangeries
8/27/20232 minutes, 38 seconds
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Tunisie: la rose de Kairouan, une source de revenus alternative pour les agriculteurs [1/3]

En Tunisie, l’agriculture étouffée par une sécheresse inédite. Le pays, déjà enlisé dans la crise économique, fait aussi face à une crise de l’eau. La plupart des barrages du pays sont à sec ou connaissent un très faible niveau de remplissage. Pour tenter de faire face, les autorités ont instauré un système de rationnement et de coupures d’eau. Une situation de plus en plus difficile pour les agriculteurs. Dans un tel contexte, certaines cultures – moins consommatrices en eau – peuvent cependant constituer une source de revenus alternative. C’est le cas de la rose de Kairouan, une variété de fleur destinée à la parfumerie, aux cosmétiques ou à la pâtisserie. Elle est de plus en plus cultivée dans cette région du centre de la Tunisie où les températures ont atteint jusqu'à 48°C cet été. De notre envoyée spéciale à Kairouan,Sous un soleil de plomb, Dalanda Saddem apparaît au milieu des rangées de rosiers et d’oliviers. Avec son mari, elle gère une exploitation agricole d’un peu plus de six hectares. Le couple s’est lancé dans la culture de la rose, il y a sept ans.« Au début, on a commencé par les cultures maraîchères, comme les petits pois », raconte-t-elle. « Mais ça demandait beaucoup de main-d’œuvre. Elle n’était pas toujours disponible parce que certaines interventions culturales coïncidaient avec la période de cueillette des olives qui rapportent plus. Pour garder les employés ici, il aurait fallu les payer plus cher. Nous avons donc voulu aller vers une autre culture qui demande moins d’entretien et moins de main-d’œuvre. »Le rosier, une « culture à part entière »À chaque printemps, pendant environ 30 jours, le couple recrute une vingtaine de femmes pour cueillir les roses. Sur le calendrier cultural, cette période de cueillette n’interfère avec aucune autre récolte. Le rosier peut donc constituer une source de revenus complémentaire, pour les agriculteurs et les cueilleurs. À la différence de ses ancêtres, Mohamed Chaker Saddem l’a bien compris.« Mes parents et mes grands-parents cultivaient la rose n’importe comment. Ils plantaient les rosiers et les laissaient pousser de façon spontanée », explique-t-il. « Du coup, ça ne donnait pas grand-chose. Moi, je me suis documenté et formé. J’ai un calendrier précis à respecter : la taille, le binage, la récolte, l’irrigation… En fait, je traite le rosier comme une culture à part entière. Mes ancêtres, eux, le traitaient comme une culture marginale qui pouvait éventuellement apporter un revenu supplémentaire. Mais ce n’était pas leur cheval de bataille. »Travailler et structurer la filièreMohamed vend ses roses sur le marché, aux artisans de Kairouan ou aux industriels de Nabeul, pour la parfumerie, les cosmétiques ou la pâtisserie. Seul désavantage : la fluctuation des prix.« Parfois, on a le sentiment de ne pas vendre nos roses au vrai prix », estime Mohamed. « Sinon, comment expliquer qu’en 2006-2007, on vendait le kilo à 7 dinars ? C’était très intéressant. Mais à l’époque, on n’était pas contents... Maintenant, en 2022-2023, le kilo peut se vendre beaucoup moins cher et parfois, les prix remontent. Il faut vraiment travailler sur la filière. »Travailler sur la filière, la structurer, c’est l’un des principaux défis qui attend la région si elle veut pouvoir exploiter pleinement le potentiel économique que représente la rose de Kairouan. Pour les acteurs déjà engagés dans cette voie, nul doute : les perspectives pour l’emploi local pourraient être florissantes.
8/24/20232 minutes, 44 seconds
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Côte d'Ivoire: le parc archéologique d’Ahouakro, une manne touristique disputée

Au nord d’Abidjan, dans la sous-préfecture de Tiassalé, on trouve un parc archéologique peu connu à l’extérieur de la Côte d’Ivoire, mais inscrit sur la liste indicative du patrimoine de l’Unesco : le parc d’Ahouakro, qui s’étend sur 120 hectares. Il abrite des mégalithes – monuments préhistoriques – datés de -2300 à -2150 millions d'années avant notre ère. Il est fréquenté depuis quelques années par des touristes venus d’Abidjan, ivoiriens comme étrangers. Mais l’économie autour de cet écotourisme est opaque, et les habitants du village d’Ahouakro se plaignent de ne pas en voir les retombées. De notre envoyée spéciale à Ahouakro,Le parc d’Ahouakro est doté d’une végétation luxuriante, de mégalithes vieux et des vestiges de civilisations disparues. « Nous sommes dans un dolmen. Au-dessus de nos têtes, la table est portée par les sommets de ces trois panneaux, piliers, en plan incliné. Tout dolmen, dans le monde entier, a pour fonction sépulture, culturelle et religieuse. Mais ici, en Côte d’Ivoire, aucune recherche n’a encore été faite », indique Raymond Ekoum Kauphy, un habitant du village d’Ahouakro.Ce sont des atouts qu'il a su transformer depuis quelques années en un business rentable en s’improvisant guide touristique. « Les visiteurs paient 1 000 francs CFA par tête pour les caisses du village, et le chef de terre, chargé des rituels, vous demande un gallinacé, par exemple un poulet, et une liqueur. Et l’ensemble des visiteurs se cotise pour donner un pourboire au guide que je suis », explique-t-il. « Je n’ai pas de statut, je ne suis pas rémunéré en tant que tel. Je suis patient, j’ai foi qu’un jour tout sera bien normalisé, structuré, pour que je puisse avoir un statut et un salaire pour vivre de ce que je fais. »« On aimerait que les autorités nous donnent des subventions... »Dans les faits, les groupes de visiteurs s’acquittent généralement de 15 à 20 000 francs CFA. Selon Raymond Ekoum Kauphy, le site reçoit 15 à 20 touristes par mois, jusqu’à 35 en période haute. Mais pour l’heure, l’économie touristique d’Ahouakro est opaque, et le guide est le seul à tenir les cordons de la Bourse, reconnaît le chef de terre, N’Guessan Kouamé.« Le parc ne me rapporte quasiment rien, on ne reçoit pas de dons », regrette-t-il. « On aimerait que les autorités nous donnent des subventions. Les visiteurs viennent regarder les pierres et repartent, mais ce n’est pas moi qui les reçois, je ne sais pas combien ils sont. Ce que ça rapporte ? Je ne sais pas, c’est Raymond qui sait. »« On ne gagne rien »Cet argent, les habitants de ce petit village de planteurs disent n’en avoir jamais vu la couleur. L’un d'entre eux, Wilfried Brou Kouamé, s’est posé dans un petit maquis près de l’entrée du parc… Une bière à la main, il a l’habitude de voir défiler les touristes.« Ça nous fait plaisir de voir les gens venir visiter notre site… Mais en réalité, nous, on ne gagne rien », constate Wilfried Brou Kouamé. « Il y a beaucoup de choses à faire [dans le village]. Il y a un manque d’électricité. On veut un château d’eau dans le village. On veut aussi que le village soit un peu bitumé, de Singrobo à Ahouakro, et que les rues aussi soient un peu goudronnées. Pas pour nous seuls, mais pour les visiteurs [aussi] ! »Plus de 39% de la population ivoirienne vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale (2020). Un nombre en baisse depuis quelques années, sauf dans les zones rurales, où il a augmenté.
8/23/20232 minutes, 14 seconds
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Congo: la place de l’entrepreneuriat féminin dans les zones économiques spéciales

Des cheffes de petites et moyennes entreprises d'une vingtaine de pays africains ont participé à la 12e édition du Forum international des femmes entreprenantes et dynamiques (Fied) à Brazzaville du 31 juillet au 5 août. Ces femmes ont notamment abordé la question de leur place au sein des zones économiques spéciales (ZES), ces espaces géographiques au sein desquels les lois sont plus libérales et avantageuses pour les entreprises. Le Congo souhaite en créer sur son sol.  De notre correspondant à Brazzaville,Pour rien au monde, Pauline Effa, coordonnatrice de l’ONG partenariat France-Afrique pour le co-développement, ne pouvait manquer ce rendez-vous.Elle est venue notamment conseiller aux femmes entreprenantes comment procéder pour réussir à se créer une place au soleil dans une zone économique spéciale.« On pourrait développer simultanément un chantier pour accompagner ces femmes à se mettre en entreprises collectives. Parce que là, on a dit qu’elles pouvaient vendre les produits. Mais si on dit que chaque femme va vendre son produit, il n’y aura pas de réel impact. Il faut les amener à se mettre en entreprises collectives, parce que la coopérative est aujourd’hui une entreprise collective. Pour qu’elles soient mieux impactées par ces zones », conseille-t-elle.Un savoir féminin sollicitéLes développeurs des ZES comptent y installer des incubateurs où le savoir féminin sera sollicité, comme l’explique Médecy Poaty, conseillère à la diversification économique auprès du ministre congolais des ZES.« Aujourd’hui, en Afrique, il y a beaucoup de femmes industrielles. Il y en a qui sont présentement ici. Certaines sont présentes dans la conception des matériaux de transformation. D’autres sont présentes dans la formation, l’accompagnement et le financement. On a des femmes aujourd’hui qui sont prêtes à accompagner des pays en termes de financements et d’apport de capital », argumente-t-elle.Une première ZES pour 2027 ?À en croire Servais Packa, directeur général de la diversification économique au ministère congolais des ZES, il est prévu au sein de l’Agence de diversification un arsenal devant faciliter l’intégration de l’entreprenariat féminin dans les ZES.« Vous savez, pour nous qui implémentons dans le cadre de la diversification, la zone économique étant un levier de la diversification, on ne saurait aller vers cette diversification, sinon une économique résiliente, inclusive et diversifiée, si et seulement si la femme est exclue. Déjà, à en croire à la valeur numérique que constituent les femmes, elles sont très entreprenantes », analyse-t-il.Au Congo, on évoque le projet des ZES depuis 2009. Mais la première est attendue en 2027. L’objectif du pays est de sortir du « tout pétrole » en diversifiant son économie. Des quatre zones à créer, une sera basée sur l’industrie à Pointe-Noire et une autre sur l’agroalimentaire dans le centre du pays.
8/22/20232 minutes, 22 seconds
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L’épineuse question de l’élargissement des Brics

L’Afrique du Sud accueille le sommet des Brics, du 22 au 24 août, au sein de son centre de conférences de Johannesburg. Un sommet un peu particulier, le premier en présentiel depuis la pandémie de Covid et le début de la guerre en Ukraine. Le président russe Vladimir Poutine suivra d’ailleurs le sommet à distance, ne pouvant pas se déplacer du fait du mandat d’arrêt de la CPI. Et parmi les principaux dossiers sur la table, se trouve la question de l’élargissement des Brics. Depuis l’ajout de l’Afrique du Sud en 2010, aucun nouveau pays n’a pour l’instant rejoint le groupe originel. Ce point a été en discussion ces derniers mois, notamment au niveau ministériel, et désormais, les chefs d’État vont pouvoir échanger de vive voix sur ce choix crucial. Alors que des pays comme la Chine ou la Russie ont fait savoir leur désir d’expansion, afin que le bloc pèse davantage et puisse imposer ses envies de multilatéralisme, d’autres membres comme l’Inde ou encore le Brésil, et son président Lula, se montrent pour l’instant plus prudents : « Nous allons discuter de l’entrée de nouveaux pays, et je suis d’avis que tout le monde puisse entrer, à condition de respecter les règles que nous sommes en train d’établir : dans ce cas, nous accepterons leur candidature. »Car ce sont justement ces critères d’entrée qui sont difficiles à établir entre les cinq pays. Un document a été préparé par les chefs diplomatiques, mais il faut désormais qu’il soit accepté par les cinq chefs d’État membres des Brics.Selon l’Afrique du Sud, 23 pays ont formellement approché le bloc pour une possible candidature. Un intérêt dû aux changements géopolitiques, selon Priyal Singh, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS) : « Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, il y a de fortes tensions géopolitiques mondiales, et cela rend très anxieux les pays du Sud. Je pense que beaucoup de pays recherchent plus de prédictibilité, et ils ne peuvent la trouver qu’en mettant en commun leur poids et influence dans le monde. »La liste publiée par Pretoria comprend plusieurs pays du continent, à savoir l’Algérie, l’Égypte, le Sénégal, le Nigeria, l'Éthiopie, et le Maroc dont des diplomates ont toutefois nié avoir fait une telle demande. Pour le continent, se rapprocher des Brics est aussi une façon de renforcer les relations avec la Chine, qui domine le groupe, selon Priyal Singh : « La Chine est le premier partenaire commercial pour de nombreux pays africains. Je pense que beaucoup d’entre eux ont leur regard tourné vers Pékin, d’autant plus que la Chine continue de croître, et ils souhaitent donc se rapprocher de son orbite politique et économique. »Surendettée et en proie à un manque chronique de devise étrangères, l’Argentine aimerait aussi intégrer les Brics pour, notamment, avoir accès à la nouvelle banque de développement, le bras financier du bloc des puissances émergentes, rapporte notre correspondant à Buenos Aires, Théo Conscience. Pour le pays, l’accès à cette banque « signifierait un accès direct à une source de capitaux internationaux avec des taux d’intérêts bas qui pourraient être importante pour les investissements en Argentine », explique Bruno de Conti, professeur d’économie internationale à l’université de Condominas.Mais le manque de solvabilité de l’État argentin représente néanmoins un obstacle de taille, d’autant que les soutiens brésilien et chinois a la candidature argentine ont été refroidis dimanche par les résultats des primaires à l’élection présidentielle, marquées par la victoire surprise du candidat libertarien Javier Milei qui est « proche des États-Unis ».La question de la dédollarisation Un autre dossier pourrait aussi influencer le choix de nouveaux membres : la volonté d’accélérer la dédollarisation, alors que les Brics souhaitent réduire leur dépendance au billet vert. Daniel Bradlow, professeur à l’université de Pretoria : « Des pays des Brics utilisent déjà par exemple le yuan dans leurs échanges, et on peut donc les imaginer admettre d’autres puissances, et utiliser ces monnaies. D’un point de vue des échanges, il y a du potentiel à développer cela. »D’autres nations, notamment du Golfe, comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ou des pays sous sanctions comme l’Iran, cherchent aussi à pénétrer au sein de ce cercle informel des Brics.À écouter aussiAfrique économie - Quelle place pour l’Afrique du Sud au sein des Brics?
8/21/20232 minutes, 25 seconds
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Quelle place pour l’Afrique du Sud au sein des Brics?

L’Afrique du Sud accueille le Sommet des Brics du 22 au 24 août au centre de conférences de Johannesbourg. Le pays est, depuis 2010, le membre le plus récent du groupe, dont l’acronyme a été imaginé dans les années 2000 par l’économiste Jim O’Neill. Mais d’un point de vue économique, Pretoria ne joue pas dans la même catégorie que les quatre autres puissances du bloc (Brésil, Russie, Chine, Inde), et tente de compenser sur le plan diplomatique. Avec moins de 2% de la population des Brics, et également moins de 2% du PIB du groupe, l’Afrique du Sud affiche des indicateurs très loin de ceux de ses partenaires. Et l’écart devrait continuer à se creuser, selon Johan Fourie, professeur d’économie à l’université de Stellenbosch : « Au tout début, l’Afrique du Sud semblait être un bon partenaire dans cette alliance, mais au cours des années 2010, l’économie sud-africaine a rencontré des difficultés et s’est mise à stagner. On observe des trajectoires divergentes au sein de l’alliance : par exemple, la Chine n’atteignait que la moitié du PIB par habitant de l’Afrique du Sud dans les années 1990, et en 2016 elle l’a dépassé. Et étant donné les prévisions de croissance très basses pour l’Afrique du Sud sur les prochaines années, cette trajectoire devrait se confirmer. »C’est donc plutôt grâce à sa stature diplomatique que le pays parvient à conserver une voix au sein du bloc, selon Jo-Ansie Van Wyk, professeure de politique internationale à l’université d’Afrique du Sud : « Nous sommes, comme on a pu le voir, un partenaire d’influence sur le continent. Nous avons siégé plusieurs fois au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, nous avons aussi présidé l’Union africaine sous Ramaphosa, et cela nous donne du poids. »Du côté des avantages économiques que l’Afrique du Sud peut tirer des Brics, ils sont, là aussi, pour l’instant encore minimes. En dehors de prêts de la Nouvelle Banque de Développement, le pays bénéficie surtout de sa relation bilatérale avec la Chine. Le président Xi Jinping sera d’ailleurs reçu en visite d’État en parallèle de ce sommet.Des échanges économiques à développer avec les autres membres des BricsEt les échanges avec le bloc demandent encore à évoluer, selon la ministre des Affaires étrangères sud-africaine, Naledi Pandor : « L’année dernière, les Brics comptaient pour 21% des échanges commerciaux de l’Afrique du Sud. La Chine reste notre partenaire le plus important. Et, bien sûr, nous continuons d’être en déficit commercial avec les pays des Brics, et nous devons nous pencher sur cela. Il y a un besoin urgent de diversification de nos échanges, car les matières premières continuent de dominer nos exportations. »Le groupe réfléchit aussi à accueillir de nouveaux membres, et selon l’Afrique du Sud, plusieurs pays du continent ont formellement fait part de leur intérêt, comme l’Égypte ou encore le Nigeria, qui ont ravi à Pretoria sa place de première économie d’Afrique.À lire aussiÀ Pretoria, l'Iran espère le soutien de l'Afrique du Sud pour l'adhésion aux Brics
8/20/20232 minutes, 18 seconds
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Océan Indien: développer le tourisme de la région grâce au concept des «Îles Vanille»

Dans l'océan Indien, après une décennie mitigée, le projet « Îles Vanille » suscite à nouveau l’intérêt des décideurs régionaux. À l’origine, cette initiative avait pour ambition de transformer les îles de l'océan Indien en une destination touristique commune. Les acteurs de la région, tirant surtout les leçons de la pandémie, souhaitent redonner un nouvel élan à ce projet.  De notre correspondant à Port-Louis,L’initiative des Îles Vanille a démarré en 2011, année où le tourisme mauricien était en plein essor avec 111 hôtels en activité et près d’un million de visiteurs. Cette année-là, une aventure commune avait commencé en Asie, se souvient Pascal Viroleau, directeur des Iles Vanille, dont le siège se trouve à l’île de la Réunion : « Le premier rendez-vous professionnel s’est passé à Shanghai. L’ouverture d’une ligne Air Mauritius à Shanghai s’est faite main dans la main entre Madagascar, Maurice et la Réunion. Ces trois îles sont allées ensemble vers les professionnels chinois. C’est un exemple historique de la coopération. »Le projet a été nommé Iles Vanille, en référence à une épice exotique commune à toutes les îles de la région : Maurice, Madagascar, La Réunion, Les Seychelles, les Comores et Mayotte. Cette offre proposait aux touristes de découvrir pendant leur séjour au moins deux îles de la région. Le projet n’a pas véritablement décollé.Les circonstances post-Covid et les conflits dans le monde justifient aujourd'hui plus que jamais une approche concertée. Camille Vital, ambassadeur de Madagascar à Maurice et aux Seychelles, entrevoit un renouveau pour Iles Vanille : « Quand je vois le nombre de touristes arriver à Maurice depuis la réouverture des frontières, les hôtels qui affichent complet, on sent que c’est un projet qui va s’ouvrir à tout le monde. »Un concept pour développer le tourisme régional Le tourisme mauricien, leader dans la région, devrait accueillir à nouveau plus d’un million de visiteurs cette année. De janvier à juillet, plus de 700 000 touristes, principalement européens, ont visité l’île. Cependant, le tourisme régional reste limité, avec seulement 90 000 visiteurs depuis janvier. Pour Donald Payen, président de l’Office du tourisme de Maurice, l’heure est venue pour développer un label « indianocéanique » : « Tout ce qui est régional redevient à la mode, on va privilégier les circuits courts, on va encourager les échanges entre les peuples. » Pour favoriser cet élan, la région table sur un nouveau modèle du tourisme de croisière de luxe. Pascal Viroleau directeur des Iles Vanille : « Aujourd’hui, nous essayons d’attirer des bateaux qui soient plus petits, plus respectueux de l’environnement, avec des pouvoirs d’achat plus importants. » Les principaux obstacles à l’initiative « Iles Vanille » sont la faible connectivité et le coût élevé des billets. La fréquence des vols entre Maurice et les autres îles va de cinq allers-retours quotidiens avec La Réunion, à 3 vols hebdomadaires avec Madagascar et les Seychelles et zéro connexion avec les Comores.À lire aussiMaurice: le tourisme se relance après les années de pandémie
8/17/20232 minutes, 25 seconds
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Maurice: le tourisme se relance après les années de pandémie

L'État insulaire et les Mauriciens ont durablement souffert de la pandémie de Covid qui a gelé toute activité touristique, longtemps locomotive de l'île. Mais aujourd'hui, le tourisme connaît un rebond encourageant. Durant les sept premiers mois de cette année, l'île a accueilli plus de 700 000 visiteurs. À ce rythme, le secteur semble bien parti pour retrouver son dynamisme d'avant la crise sanitaire. Le pays y place de grands espoirs pour relancer son économie. De notre correspondant à Port-Louis,La crise du Covid a révélé l'importance réelle du tourisme dans l'économie mauricienne. Selon les autorités, 100 000 familles, sur une population de près de 1,3 million d'habitants, dépendent de cette industrie. Sa contribution directe au produit intérieur brut est estimée à près de 9%. En réalité, elle serait encore plus importante. « L'effet catalytique est en réalité beaucoup plus grand, affirme Kevin Ramkélawan Ramkaloan, directeur général de Business Mauritius, une importante organisation patronale. Parfois, on évoque même une influence de 25% sur l'économie. »Sans le soutien de l'État mauricien à hauteur d'un demi-milliard d'euros envers les hôtels, ainsi que des restaurants, des tour-opérateurs, des taxis et des skippers, le tourisme aurait sombré. Même si le décaissement des fonds a souffert d'un manque de transparence, selon des économistes et des partis d'opposition, ce programme d'aide a porté aujourd'hui ses fruits. Le tourisme retrouve graduellement sa vitalité pré-Covid.Avec 1,4 million de visiteurs attendus et des recettes de 1,3 milliard d'euros, le tourisme est redevenu une industrie capitale. « Le tourisme a prouvé qu'il est l'élément-clé qui soutient actuellement la relance économique de Maurice, analyse Lindsay Morvan, directeur de la Tourism Authority, le régulateur du secteur. C'est bien plus grand que ce qu'on croyait, car à Maurice, on a beaucoup de petits opérateurs et d'entrepreneurs dans le domaine du tourisme. »La durabilité comme nouveau modèleFort de 6 000 opérateurs actifs dans 32 secteurs d'activités liés au tourisme, le tourisme se tourne vers un modèle plus inclusif, respectueux de l'environnement et diversifié. Les plages mauriciennes demeurent l'atout majeur de cette destination, mais une valorisation des richesses intérieures de Maurice est en cours.Dawood Jawaheer, directeur commercial de Blue Safari, société spécialisée dans les sorties sous-marines, observe un réalignement. « Chaque opérateur s'efforce de sensibiliser les clients afin de valoriser ce tourisme vert, explique Dawood Jawaheer. De nombreux grands tour-opérateurs européens demandent à leurs homologues mauriciens leur liste de critères pour ce qui est du "durable". »Le concept de durabilité s'intègre progressivement dans la vie touristique de l'île. Les principaux acteurs du secteur participent désormais à un programme axé sur l'économie circulaire, la transition vers une empreinte carbone réduite et la préservation de la biodiversité.
8/16/20232 minutes, 11 seconds
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Tunisie: l'agroforesterie, une solution à la sécheresse?

En Tunisie, dans les zones agricoles du nord-ouest, d'année en année, les périodes de sécheresse se font de plus en plus longues. D'après les syndicats agricoles, la récolte des céréales a baissé de plus de moitié cette année, alors que le thermomètre a frôlé les 50°C pendant plusieurs semaines. Une catastrophe, quand on sait que la Tunisie doit déjà importer une grande majorité des céréales nécessaires à sa consommation. Les agriculteurs de la région du Kef, dans le nord-ouest de la Tunisie, doivent s’adapter aux effets du changement climatique. De notre envoyée spéciale dans le Kef,Une association, le CAPTE Tunisie, pour le Collectif d’acteurs pour la plantation et la transition environnementale, aide les petits agriculteurs à renouer avec l’agroforesterie, une agriculture basée autour de l’arbre qui permet de planter certaines espèces résilientes à la chaleur et d’améliorer la rétention d’eau dans les sols.Depuis le plateau de Dyr El Kef, pas un arbre à l’horizon. Seulement des champs de blé et du pâturage pour les éleveurs de bétail, pour la plupart brûlés par les dernières périodes de sécheresse. Khadija, agricultrice de 73 ans, fait d’habitude vivre sa famille avec le fruit de ses récoltes, mais elle dépend de l’irrigation pluviale. Et cette année, pas une seule goutte de pluie en novembre et avril, un moment crucial pour la croissance du blé.« Vous savez, j’ai roulé ma bosse, raconte Khadija. Avant, c'était vraiment mieux. Tout poussait ici quelle que soit la plante. Maintenant, tout est difficile. Il n’y a pas de pluie et quand il pleut, c'est sur une trop courte durée. Cette année, nous avons passé des mois sans une goutte d'eau et ça se ressent tout de suite. On a pratiquement perdu entre 30 000 et 40 000 dinars faute d’une bonne récolte en blé. »Une association pour promouvoir l'agroforesterieAvec l’aide de CAPTE, une association qui soutient les agriculteurs dans leur transition écologique, elle a commencé à planter des arbres résilients face aux périodes de sécheresse. « J’ai mis un peu de tout : des oliviers, des amandiers, des noisetiers et des poiriers, atteste l'agricultrice. Et je m’en occupe bien, l’association m’a montré comment. »Pour Édouard Jean, co-fondateur de CAPTE, cet accompagnement vise à remettre l’agroforesterie au centre des écosystèmes agricoles. « Les agriculteurs sont les principales victimes des changements climatiques, mais ce sont aussi les acteurs les plus importants pour l’adaptation au changement climatique, explique-t-il. Donc, l’agroforesterie, c’est continuer l’agriculture vivrière qu’ils ont en grande culture, mais avec la réintroduction des arbres, ce qui va permettre de ramener une tempérance climatique et limiter quand il y a trop de sécheresse et favoriser le cycle de l’eau tout en apportant un revenu complémentaire avec les bénéfices des fruits et des arbres. »Si pour l’instant, il est encore trop tôt pour évaluer l’impact économique de ces initiatives, les agriculteurs y sont très réceptifs. « Je suis content, ça pousse bien, explique Hédi Smaili, un autre agriculteur de la zone satisfait des bienfaits des dernières plantations. Mais le vrai souci, c'est qu'on n'a plus assez de blé pour nourrir les animaux. J’aimerais bien qu’on arrive de nouveau à restaurer les pâturages. Donc si vous voulez utiliser ma terre, allez-y, je suis prêt. »Plus d’une cinquantaine d’agriculteurs partenaires ont été aidés par l’association depuis 2017 dans les gouvernorats du nord de la Tunisie.
8/15/20232 minutes, 28 seconds
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Côte d’Ivoire: un projet pilote pour permettre aux femmes d’accéder à la terre

En Côte d’Ivoire, 12% des femmes seulement sont propriétaires de leurs terres, selon les données officielles du gouvernement ivoirien. Le Projet d’appui à l’accès des femmes à la propriété foncière (AFPF) a entrepris, depuis 2022 et jusqu’en 2024, de leur faire prendre conscience de leurs droits, en partenariat avec plusieurs associations ivoiriennes et avec l’appui technique et financier de l’USAID, l’agence américaine pour le développement international. Avec notre envoyée spéciale à Guiglo, Marine JeanninMarie Guei le sourire aux lèvres. Dans le petit village de Yaoudé, non loin de Guiglo, elle a travaillé pendant plus de quinze ans avec son défunt mari sur leur plantation. Mais à son décès, la veuve a été spoliée par sa belle-famille. Elle a profité d’une séance de sensibilisation menée par l’AFPF pour plaider sa cause. « J’ai perdu mon mari en 2017, raconte la cinquantenaire. Sa famille m’a pris tout l’héritage. Je vivais comme ça, je me débrouillais pour manger avec mes enfants. Quand ils sont venus à Yaoudé, j’ai plaidé mon cas, et puis j’ai retrouvé ma part. Deux hectares d’hévéa en production. Donc ça va maintenant. »Pour résoudre les conflits fonciers liés au genre, les acteurs du projet recourent d’abord à la médiation, avant de se tourner vers la justice. « Dans le village, tout le monde a reconnu que la femme a aidé son défunt mari à créer une plantation d’environ cinq hectares, explique le directeur de la clinique juridique de Guiglo, N’Guettia Kossonou, qui a suivi le dossier. Du fait qu’elle ait participé, il y a un mécanisme juridique qu’on appelle la société de fait. Il faut, sur cette base, procéder à la médiation, négocier avec ses beaux-frères pour qu’on lui concède quelque chose pour qu’elle puisse vivre. »Le problème n’est pas tant la loi, mais son application. Traditionnellement, les femmes sont souvent exclues du jeu de la gouvernance foncière et donc totalement dépendantes des hommes de leur famille. « Au nom du rôle reproductif de la femme, de prise en charge alimentaire, on va lui accorder un lopin de terre dans sa famille d’accueil, affirme Ghislain Coulibaly, le sociologue du projet. Mais attention, la dame a accès à la terre, mais juste pour faire du piment ! Juste pour faire du maraîchage ! Les femmes sont exclues d’un accès en quantité [à la terre], d’un accès en qualité, et elles n’ont pas la possibilité de transmettre ce bien. »Pour y remédier, l’AFPF a mis en place plusieurs stratégies. Sensibiliser, d’abord, les autorités coutumières en rappelant que la loi ivoirienne donne un droit égal à la terre pour les hommes et les femmes. Convaincre ensuite les habitants de partager les terres entre tous leurs enfants, fils comme filles, pour éviter les conflits de succession. Et pousser, aussi, les couples unis par des rites coutumiers à se marier en préfecture, pour protéger les droits de la femme veuve ou divorcée.L’AFPF est un projet pilote, entamé l’an dernier et qui doit s’achever en 2024. Mais les résultats sont concluants et font espérer un déploiement national dans les prochaines années.
8/14/20232 minutes, 18 seconds
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RDC: le recyclage des déchets miniers en ordre de marche

Le boom minier en République démocratique du Congo est également synonyme d'une augmentation des déchets industriels. Les compagnies minières installées dans le Haut-Katanga et le Lualaba sont aujourd’hui confrontées au problème croissant de la gestion de leurs déchets miniers. Le Code minier de 2018 ainsi que la loi congolaise impose aux sociétés minières de disposer de leurs déchets de façon responsable. Mais que faire des huiles usagées, du plastique et des batteries ? Une poignée d’entreprises pionnières se sont lancées dans le recyclage de ces déchets y voyant une aubaine économique. Dans cette usine de Lubumbashi, on procède au recyclage de certains déchets miniers, notamment des huiles usées et du plastique. Une activité qui a tout juste deux ans, lancée par une société indienne, MES, fournisseur de solutions d’ingénierie aux compagnies minières. « On recycle tout le plastique, explique un employé de MES. On le fond et ça devient comme des granulés. Ensuite, on les vend à des gens qui font des chaises en plastique, des tables en plastique ou des seaux en plastique. »La loi congolaise oblige les compagnies minières à disposer de leurs déchets de façon responsable. La plupart de ces déchets sont incinérés, enfuis ou stockés. Une contrainte et un coup supplémentaires pour les groupes miniers. MES y a vu non seulement un problème à régler, mais surtout une opportunité industrielle. « Je voyage beaucoup entre Kumbalesa et Kolwezi, je vais sur de nombreux sites miniers et je peux vous dire que ces sociétés ne s’intéressent pas au problème des déchets, affirme Manoj Kumar Nair, l’un des responsables du groupe. Elles sont là pour extraire du cuivre et du cobalt. Et personne ne se préoccupe du traitement responsable de ces déchets. »La société Clean Congo est née de ce besoin. Aujourd’hui, elle recycle 450 tonnes de batteries chaque mois, 500 000 litres d’huiles usagées et 30 tonnes de polyéthylène de haute densité. « Nous ramassons les déchets non biodégradables et nous les transformons, assure Jayesh Mandlik, un de ses directeurs. Par exemple, la ferraille est fondue et utilisée pour faire des barres de métal utilisées dans la construction. On récupère du polyéthylène haute densité qui est réutilisé pour faire des tubes. On récupère aussi les huiles usagées des compagnies minières, on les retraite pour les convertir en carburant pour la combustion. »L’année prochaine, le groupe compte se lancer dans le recyclage des bouteilles de plastique. À l’université de Lubumbashi, où l’on travaille sur la question du recyclage, on se félicite de cette initiative. Les déchets miniers se comptent en millions de tonnes. Une véritable préoccupation pour le pays. « Il n'y a pas que ces déchets qui sont des huiles, des batteries ou des pneus usagers qui restent une préoccupation, explique le professeur Jean-Marie Kanda, doyen de la faculté de polytechnique de l'université de Lubumbashi. Pneus sur lesquels il reste des pistes de réemploi pour faire des meubles, etc. Donc il y a une volonté de réellement gérer cette question qui préoccupe. »L’université prévoit par ailleurs de lancer dès la rentrée prochaine une formation : un Master sur la fabrication des batteries électriques qui inclura la question du recyclage.
8/13/20232 minutes, 27 seconds
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Industrie extractive: dix ans après, le Gabon fait son retour au sein de l’ITIE

Après avoir été suspendu de l'Initiative pour la transparence des industries extractives dès 2013 pour « manque de transparence notoire », Libreville fait son retour au sein l'organisation basée à Oslo en Norvège. Le gouvernement a rempli son obligation de publier à temps un rapport sur les revenus tirés de l'extraction du pétrole et des minerais pour l'année 2021, une étape cruciale pour éviter la suspension des instances. Reste à valider ce rapport qui suscite la suspicion de la société civile qui pointe des zones d’ombre et doute des données publiées. De notre correspondant à Libreville,La ministre de l’Économie a personnellement réceptionné ce rapport lors d’une cérémonie dédiée. Nicole Jeanine Roboty Mbou estime que ce document est une preuve de transparence dans la gestion des revenus tirés des industries minières et pétrolières. « Nous voulons ainsi saluer la perspicacité de toute l’équipe qui a travaillé d’arrache-pied pour livrer ce premier rapport sur la transparence des industries extractives pour 2021 ».Le document présente les données fournies par les sociétés minières et pétrolières comparées à celles de l’administration, le Trésor public notamment. L’objectif est de savoir s’il n’y a pas d’écart entre l’argent payé par les sociétés et les sommes perçues par l’administration. En 2013, Gabon avait été suspendu de l’Initiative pour la transparence des industries extractives pour « manque de transparence notoire. »« Aujourd’hui, lorsque l’on compare les chiffres produits par l’industrie extractive et les chiffres enregistrés par l’État et donc par le Trésor public, assure la ministre de l’Économie gabonaise, nous avons une marge d’écart d’environ 17%. C’est louable pour un premier rapport. »Présidente du groupe d’Intérêt ITIE rassemblant les agents de l’État et la société civile, Léontine Oyouomi Bibey se réjouit de la parfaite collaboration des sociétés extractives souvent accusées d’opacité : « Toutes les informations requises pour 2021 ont été mises à disposition, que ce soit de la part de l’administration que du secteur extractif. Donc toutes les informations ont été traitées, retraitées, complétées selon les formes requises pour les exigences du rapport. »La société civile, bien qu’impliquée, boude le rapport. Georges Mpaga énumère les points de frustration. « Nos réserves portent essentiellement sur la fiabilité et l’exhaustivité. Par exemple, les principales compagnies pétrolières comme Perenco, Assala, Valco, Addax, ont des comptes qui ne sont pas certifiés par un commissaire aux comptes agréé. »L’administration dit comprendre la bouderie de la société civile et espère que le prochain rapport attendu pour décembre prochain réduira les écarts constatés.À lire aussiGabon: la flambée des prix du pétrole pousse le pays à développer son économie
8/10/20232 minutes, 18 seconds
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La RDC tente de réguler la vente de cobalt artisanal

Le pays produit plus de 70% du cobalt mondial. Si la majeure partie de ce minerai est extraite de mines industrielles géantes dans l’est de la RDC, 10 à 20% provient du secteur artisanal. Dans la province du Lualaba, le gouvernement a lancé un projet pour tenter de réguler la filière d’approvisionnement. Un secteur critique sur lequel pèsent des accusations de travail d’enfants, de conditions de travail dangereuses, de corruption. Reportage dans les coulisses de la régulation du cobalt artisanal. De notre envoyée spéciale à Kolwezi,Tout au long de la route qui mène à Kolwezi, des dépôts délabrés, où s’entassent des sacs de minerai. Il s’agit de dépôts d’achat. Les prix du cobalt, du cuivre sont inscrits sur des cartons, des sacs de toile accrochés au mur. De nombreux creuseurs artisanaux se plaignent du manque de transparence.« Ici Il y a un vrai problème de balance et de teneur. Avant, pour dix sacs, on gagnait 100 000 francs CFA (152,22 euros). Aujourd’hui, ce n’est plus que 30 000 Francs CFA (45,67 euros), se plaint un creuseur artisanal. Les Chinois disent que les prix ont baissé, mais la balance, c'est un robot, elle ne bouge pas. »À quelques kilomètres de là, le gouvernement construit un nouveau centre de négoce : Musompo 2. Des hangars, des comptoirs et un laboratoire. Un ensemble censé éliminer les intermédiaires en entreposant et testant le minerai pour le compte des creuseurs, explique Willy Yav, responsable du centre. « Ce qui se passe, c'est que vous avez des jeunes, des vieux, des femmes, des enfants qui prennent des pioches, des pelles pour sortir du minerai, qu’ils vendent à des négociants que j’appelle des mafieux qui rachètent à vil prix, truquent leur appareillage de testing… Tout ce qui permet d’établir la valeur du produit et rachètent le produit à un tiers, un quart, parfois même à un cinquième de sa vraie valeur », détaille le responsable du centre.À lire aussiRDC: «Cobalt, l’envers du rêve électrique» ou la face cachée de son exploitationMusompo 2 sera également équipé d'un centre de certification. La loi exige des mineurs artisanaux qu’ils travaillent dans des zones désignées par le gouvernement et qu’ils soient membres de coopératives agréées. Mais cette loi n’est pas appliquée. Et la plupart des creuseurs travaillent dans des mines illégales, parfois même sur les concessions détenues par des multinationales.Un système de traçabilité permettra de garantir que le minerai provient de mines légales et qui respectent les droits humains, explique Théo Mafo, responsable de la Fédération des coopératives minières de Kolwezi : « L'État s'implique parce que l'État comprend que s'il ne fait rien, on risque d'être frappé d'embargo. Parce que sinon les acheteurs, comme Microsoft, Apple, ont peur et peuvent nous intenter un procès, prévient Théo Mafo. Un enfant qui va travailler le produit minier, et vous vous l'achetez, c'est un crime ! Donc, il faut encourager qu'il y ait de bonnes pratiques dans la traçabilité de la chaine d'approvisionnement du cobalt. »Un cobalt propre. Un projet ambitieux, lancé il y a quelques années par l’ancien ministre des Mines, mais qui pour l’instant ne s’est toujours pas concrétisé.
8/9/20232 minutes, 17 seconds
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Conférence Bloomberg: le défi du développement des infrastructures en Afrique [2/2]

En 2050, l’Afrique comptera 2,5 milliards d’habitants, soit près de deux fois plus qu’aujourd’hui. Face à ce bouleversement, le continent doit de toute urgence accélérer la construction d’infrastructures : routes, ponts, réseaux d’énergie, ouvrages hydrauliques, mais aussi réseaux numériques. Pourquoi et comment investir dans le développement des infrastructures sur le continent ? Le sujet a été âprement débattu à Marrakech, lors de la première édition de la conférence Bloomberg New Economy les 13 et 14 juin derniers. Le développement des infrastructures est un élément essentiel pour générer une croissance durable et un développement équitable sur le continent. C’est pourquoi Claudine Uwera, ministre rwandaise chargée de la Planification économique, estime qu’il est crucial de continuer à investir pour le développement des infrastructures en Afrique : « Sans les infrastructures, on ne peut pas espérer une économie qui est durable, spécialement en Afrique, là où on a des projets qui n'avancent pas très bien. Il y a beaucoup de choses à débloquer. Il faut qu'on débloque les infrastructures aériennes, mais aussi le transport interrégional. Il est vraiment très important pour le commerce régional et international. Il y a les infrastructures énergétiques. C'est beaucoup à faire. »Selon les estimations de la Banque africaine de développement, le continent doit investir environ 100 milliards de dollars par an dans les infrastructures si les pays africains veulent tirer parti de leur potentiel économique. Mais pour Hamza Kabbaj, directeur général de la Société Générale des Travaux du Maroc (SGTM), les problèmes auxquels font face les pays africains sont moins liés à des questions de financement qu’à un manque de vision à long terme : « Je pense qu'une fois que la vision est posée par nos leaders, les financements peuvent être résolus. Donc, quand on construit un port dans une région que l'on veut désenclaver, c'est un investissement qu'il faut mesurer sur 15, 20, 25 ans pour trouver vraiment de la valeur ajoutée. Ça attire un certain nombre d'habitants, un certain nombre d'investissements étrangers qui rapporteront aux générations futures les retours sur investissements nécessaires au développement des pays. » À lire aussiConférence Bloomberg: le poids de la dette en Afrique [1/2]Penser long terme, c'est aussi penser énergies vertes et renouvelables. Mais actuellement, avant d'intégrer ces questions, la majorité des pays africains souhaitent l'accès à l'électricité. Pour Otmane Benamar, directeur de la technologie dans les régions Europe, Moyen-Orient et Afrique de l’entreprise Gas Power GE Vernova, « 600 millions de personnes en Afrique n'ont même pas accès à l'électricité. Donc, il va falloir s'occuper de ces gens-là, les amener à un niveau, améliorer leur vie, mais aussi leurs économies. Car ce qui va permettre aussi les transitions, c'est ce qui va permettre de générer les revenus et investir dans la transition énergétique ».  L’urgence est donc de développer les réseaux électriques, mais aussi les moyens de production d’énergie pour permettre une amélioration significative du niveau de développement humain et des conditions de vie sur le continent. 
8/7/20232 minutes, 18 seconds
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Conférence Bloomberg: le poids de la dette en Afrique [1/2]

La dette des pays africains est un problème croissant sur tout le continent. En Afrique subsaharienne, elle a atteint 56% du PIB en 2022, son niveau le plus élevé depuis le début des années 2000. La Zambie, le Ghana et le Mali ont tous fait défaut depuis le début de la pandémie. L'ONU décrit une situation « grave » dans 24 pays. Alors comment les pays africains mis en difficulté par ces dettes peuvent-ils réagir et réduire ce fardeau ainsi que les risques qui découlent de cette dette croissante ? C’est l’une des questions abordées à Marrakech lors de la première édition de la conférence Bloomberg New Economy en juin dernier.  De notre correspondante au MarocLe niveau d’endettement des pays africains connaît une très nette hausse depuis 2015. Et, la conjoncture économique mondiale de ces deux dernières années noircit d’autant plus le tableau. Pour la ministre marocaine de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, cette crise de la dette est due à des chocs exogènes, venus d’en dehors de l’Afrique : « Cette augmentation du coût et du poids de la dette est d'abord dû au durcissement des conditions financières venant de l’ouest des États-Unis. Cela est dû à la hausse du dollar qui frappe de plein fouet les devises en Afrique. En tant que décideurs politiques, nous avons la responsabilité d'avoir les politiques appropriées pour gérer cette crise, ce fardeau de la dette et créer des conditions propices à la croissance. Mais, je pense que la communauté internationale a sa part de responsabilité et le devoir d’assumer. »Pour Anne-Laure Kiechel, fondatrice et PDG de Global Sovereign Advisory, le niveau de la dette est trop élevé : Qu'est-ce que l'on fait par rapport à cela ? Est-ce qu'on se lance dans une initiative d'annulation de dette ? Ça poserait beaucoup de problèmes. C'est théoriquement envisageable, mais en pratique ça l'est beaucoup moins. Ensuite, la seconde thématique autour de la dette, c'est la question de sa cherté. Soit parce que les taux augmentent, soit parce que la prime de risque augmente aussi. Et c'est quelque chose qui n'est évidemment pas bon pour les pays, car ils voient leurs revenus rester plats ou un tout petit peu monter alors que le coût de la dette augmente très fortement, et ça leur laisse des marges fiscales extrêmement faibles pour leurs dépenses d'éducation et de santé. Ça n'est absolument pas soutenable.Au-delà de l’architecture mondiale à repenser et aux nouveaux modèles de financements à envisager, Anne-Laure Kiechel estime que les États doivent être proactifs. « Plusieurs pays sont en train de restructurer leur dette. Ce sont des processus assez longs. C'est le cas de la Zambie qui est un cas emblématique. Le Ghana est plus rapide. Mais certains pays hésitent à être pro-actifs, car ils voient que ce sont des sujets extrêmement longs. »Dans un environnement où les créanciers ont beaucoup évolués avec l’apparition de nouveaux acteurs comme la Chine, la Turquie ou encore l’Inde, le tout sera de trouver des solutions suffisamment rapides pour que les pays emprunteurs n’en pâtissent pas.À lire aussiEurope, Afrique: à qui profitent les dettes souveraines?
8/7/20232 minutes, 11 seconds
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La Tunisie face à une crise de pain

Le pays traverse une crise du pain exacerbée depuis que le président de la République a déclaré le 27 juillet qu’il souhaitait un pain subventionné accessible à tous les Tunisiens. Depuis cette déclaration, c’est le branle-bas de combat chez certaines boulangeries dites « modernes » ou « non classées » qui ont annoncé la suspension de leur production. Elles sont dans le viseur du gouvernement, car elles produisent différents pains spéciaux, en plus de la baguette subventionnée, et sont accusées de gonfler les prix ou de mélanger la farine à certains pains pour ne pas vendre la baguette subventionnée au prix symbolique de 190 millimes, soit 0,13 centime d’euros. Un sujet très sensible dans un pays ou près de 3,5 millions de baguettes sont consommées quotidiennement. De notre correspondante à TunisDans le quartier de l’Ariana, au nord de Tunis, les files d’attente pour le pain commencent dès 8h du matin. Zoubeir, 44 ans et chef de département vente dans une société, galère souvent à trouver sa baguette subventionnée. « Cela fait longtemps que ça dure. Par exemple, j’achète habituellement ma baguette dans une boulangerie qui là est actuellement fermée. Ça, c'est le premier problème. Ensuite, quand vous allez dans certaines boulangeries qui ont le droit de vendre d’autres pains, et que vous demandez la baguette subventionnée, ils vous imposent un autre pain qu’ils vendent à 250 millimes, ou alors un pain à base de semoule, qu’ils vendent à 400 millimes. »Ce genre de variations des prix a créé un problème de confiance et une confusion au sein de la clientèle, comme l’explique Farouk, 70 ans, ingénieur agronome : « C’est vraiment commun désormais de ne plus trouver la baguette subventionnée au prix fixé par l’État. La qualité est mauvaise, et en plus quand vous arrivez en fin de journée, il n’y en a plus. »Pour pallier ce problème et faire face aux rumeurs de pénurie de pain, le gouvernement a décidé de serrer la vis pour les boulangeries dites non classées. Au nombre de 1 437 dans le pays, qui vendent toutes sortes de pain et des pâtisseries, contrairement aux fournils classés ou dits « traditionnels », au nombre de 3 200, qui ne vendent que le pain à base de farine subventionnée. Les stocks de farine et de semoule ont ainsi été redirigés vers ces dernières pour mieux contrôler la production et l’approvisionnement du pain subventionné, « un pain unique pour tous les Tunisiens » selon Kaïs Saïed. « On va faire le nécessaire pour fournir le pain au peuple »Salem Badri, président du syndicat des boulangeries modernes à Sfax, explique pourquoi certaines boulangeries pâtisseries sont actuellement en grève. « Tout de suite, on a arrêté de fabriquer tous les pains que monsieur le président a dit, en attendant la décision de ce pain unique. »Ce sont donc les 3 200 boulangeries classées qui doivent travailler à plein régime pour répondre à la forte demande. Yassine Zliaa, boulanger de Raoued au nord de Tunis, est au four et au moulin. « On a eu de la farine du ministère du Commerce, on a eu des quantités exceptionnelles, ils nous ont rajouté des quantités, pour fournir la demande du pain. On va faire le nécessaire pour fournir le pain au peuple. »Mais avec une farine produite avec du blé à 95% importé et les difficultés financières de la Tunisie à payer ses fournisseurs, combien de temps l’État pourra tenir cet approvisionnement en farine ? Sachant qu’il est aussi endetté auprès des boulangeries traditionnelles qui n’ont pas reçu leur compensation depuis plus d’un an et demi. À lire aussiPrix subventionnés du pain en Tunisie: comment des boulangeries s’organisent face à la grève?
8/6/20232 minutes, 31 seconds
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Série industrie musicale en Afrique [3/4]: le Nigeria et ses entrepreneurs musicaux, l'exemple de Cracker Mallo

Le Nigeria et ses méga-entrepreneurs musicaux sont propulsés sur la scène mondiale grâce à leurs centaines de millions de streams. Illustration avec Cracker Mallo alias Ayodeji Olowu. À 26 ans, ce talent confirmé de l'industrie musicale nigériane, et notamment de l'Afrobeat, est l'un des producteurs stars que s'arrachent les Tiwa Savage, Olamide, Mister Real... Un de ses morceaux figure sur la bande originale du film Black Panther 2. Cracker Mallo rêve d'un plan de carrière à la Kanye West, l'un des géants du rap américain qui excelleà la fois dans le monde des sneakers, de la mode et de la musique. De notre correspondant à AbujaCracker Mallo investit plusieurs dizaines de milliers de dollars dans un nouveau studio musical à Abuja. Originaire de Lagos, cet artiste pas encore trentenaire a opté pour la verdure d'un quartier aisé de la capitale fédérale du Nigeria. C'est en alternance avec son home studio de Lagos que Cracker Mallo compte dorénavant produire ses prochains morceaux d'Afrobeats : « Le studio principal sera au rez-de-chaussée. C'est donc là que nous prévoyons d'installer beaucoup d'équipements pour le traitement du son, des pré-amplis. On va monter des enceintes en 5.1 pour pouvoir mixer de la musique. Cette pièce est l'endroit où la magie opère en premier. Avant de passer au niveau supérieur, afin de décrocher un bon budget. »La magie de ce producteur âgé de 26 ans, ce sont des hits combinant afropop, hip hop et soul. Toutes les créations musicales de Cracker Mallo portent cette signature unique. Et c'est grâce à ce morceau en particulier que Cracker s'est révélé au grand public au Nigeria et dans le monde entier. « Fireboy venait d'être signé avec Olamide. On devait faire une séance avec Burna Boy. Elle a été faite à la dernière minute. Et puis, à 10 heures du soir, on a juste commencé à faire un beat. En fait, Fireboy n'était pas trop conquis. Mais il m'a demandé de laisser tourner en boucle. Et puis il m'a demandé à ce qu'on enregistre. Puis ce morceau "Jealous" est sorti 2019. C'était juste incroyable. Je voyais défiler des vidéos sur TikTok. Des filles utilisant cette chanson en bande son. »À lire aussiNigeria : quand l'afrobeat s'acoquine avec les stars de la pop mondialeCes vidéos sur les réseaux sociaux s'appellent des « dance challenges ». Des vidéos très courtes où des personnes anonymes ou célèbres dansent sur un morceau en s'autofilmant au téléphone portable. Grâce à l'effet viral de ces vidéos, les revenus de Cracker sont montés en flèche. Son business modèle est basé sur le streaming et l'abonnement à des plateformes d'écoute de musique en ligne. À chaque écoute d'un de ses morceaux, l'artiste perçoit une rémunération liée à un pourcentage. En moins de 10 ans, les productions de Cracker Mallo ont été streamées plus de 300 millions de fois.« J'ai une maison de couture. Je me diversifie en créant des entreprises. À chaque fois que je maîtrise une technique, ou que j'apprends, ou bien que j'ai l'opportunité de créer, je vais juste le faire du mieux possible et diffuser. Certainement, il y a plusieurs chemins pour gagner de l'argent, obtenir plus de succès. C'est vrai que c'est important, mais cela ne devrait pas être un facteur limitant. »Sans révéler de chiffre, Cracker Mallo reconnaît qu'il se porte très bien financièrement. Ses priorités en tant qu'homme d'affaires ? Développer sa marque de vêtements Fashion Box et chanter ses propres morceaux, tout en produisant toujours pour les autres.
8/3/20232 minutes, 35 seconds
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Série industrie musicale en Afrique [3/4]: quand Nyege Nyege révolutionne les musiques alternatives africaines

En Ouganda, le collectif du Nyege Nyege (« l’irrésistible envie de danser ») en luganda détonne dans un paysage musical dominé par l’afrobeat. Dans la Villa Nyege à Kampala, ce sont les scènes alternatives et notamment électroniques, de la région et de tout le continent qui sont mises en avant. Avec un des festivals de musique les plus populaires d’Afrique de l’Est et deux labels, le collectif est devenu en quelques années l’une des voix fortes d’une nouvelle scène panafricaine. De notre correspondante à Kampala,Dans le studio, Rey Sapiens, artiste de longue date du collectif du Nyege Nyege et l’un des responsables de la résidence, accompagne son élève du jour sur le logiciel de production : « Je lui donne l’ordinateur, il me pose des questions, je lui montre comment on fait les beats, il est courageux, il a commencé, il va retenir mon attention. Mon rôle, c’est de faire de la musique, mais aussi d’enseigner et d’encourager. »Depuis début juin, le rappeur congolais Willstone Sibamwenda travaille sur son nouvel album dans la villa Nyege où sont situés les studios et quelques chambres pour loger les artistes en résidence, comme lui qui a été choisis par les responsables du collectif pour bénéficier du matériel et d’un accompagnement dans la production de nouveaux sons. « Je cherche à être créatif, parce qu’avec Nyege, on peut créer un nouveau style, parce que Nyege aime ce qui est nouveau, alors si tu es un artiste, ça te donne la chance de te surpasser, d’aller au fond de toi et de faire sortir quelque chose qui n’est jamais sorti avant. »À lire aussiSérie industrie musicale en Afrique [2/4]: un «Shazam» ivoirien pour une répartition plus juste des droits d'auteurDepuis 2016, les labels Nyege Nyege Tapes et Hakuna Kulala ont produit une centaine d’artistes. Objectif : donner une plateforme aux scènes alternatives du continent. Singeli tanzanien, électro acholi du nord de l’Ouganda ou gqom sud-africain. Pour les plus reconnus, une grande partie des rémunérations provient des tournées à travers le monde. « Quand ces productions de sons électro extrêmes ont commencé à sortir, ça a forcé les gens à réinterpréter leur idée de la musique du continent, expliqueArlen Dilsizian, l’un des cofondateurs de Nyege Nyege. Beaucoup de nos artistes sont maintenant impliqués à temps plein dans leur musique, et on se concentre pour faire en sorte que quand un album sort, l’artiste parte en tournée, afin qu’il y ait une source de revenus durable sur le moyen et long terme. »Cette année, des artistes sont programmés sur plus de 250 dates. Sans oublier le festival du Nyege Nyege prévu au mois de novembre prochain, qui rassemble pour chaque édition plus de 10 000 personnes en Ouganda.
8/2/20232 minutes, 9 seconds
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Série industrie musicale en Afrique [2/4]: un «Shazam» ivoirien pour une répartition plus juste des droits d'auteur

On connaît A’salfo comme le leader de Magic System et un businessman prospère. L’artiste a porté au Bureau ivoirien des droits d’auteur un projet de récupération automatisée des programmes de diffusion dans les lieux culturels, pour une répartition plus équitable des droits d’auteur. De notre correspondante à Abidjan,Dans son fonctionnement actuel, le Bureau collecte les playlists des médias et des établissements musicaux pour calculer les droits d’auteur. Mais ce nouveau projet prendrait également en compte les plus petits établissements sans playlist prédéfinie, et ouvrirait donc davantage de droits aux célébrités musicales, aux musiciens des décennies passées et aux auteurs du terroir. Dans tous les clubs, bars et restaurants de Côte d’Ivoire dotés d’une programmation musicale, on connaît bien le Bureau ivoirien des droits d’auteur : « le Burida », comme on l’appelle, vient collecter une taxe tous les mois. 6 000 francs CFA (un peu plus de 9 euros), dans ce petit maquis du carrefour de l’Opéra, à Cocody Deux-Plateaux, pourvu d’une télévision, mais pas d’enceintes. Une somme dont son propriétaire, Thierry Ta, s’acquitte sans broncher, mais dont la répartition l’interroge.« Les musiques qui jouent, on les met sur des chaînes de diffusion de clips. [NDLR  on ne peut pas dire d’emblée que c’est telle musique qui passe.] Si vous avez affaire à un grand maquis, peut-être, où il y a des disc-jockeys qui programment, vous pouvez être plus sûrs des artistes qui sont vraiment en vogue. Et puis moi, je suis fan de musiques anciennes, je mets des musiques qui n’ont rien à voir avec les musiques en vogue. Le simple fait d’être des artistes doit leur conférer des droits. »Les agents du Burida le reconnaissent aussi : difficile de répartir équitablement les droits d’auteur, quand beaucoup d’établissements n’ont pas de playlists prédéfinies. Le Bureau vient donc de s’associer avec A’salfo, le leader du groupe Magic System devenu un pilier de l’industrie musicale ivoirienne, pour mettre en place une solution plus efficace. Grâce à un système de reconnaissance musicale opéré par des balises, explique Gbatty Serge Kouba, directeur de la Perception au Burida.« On arrive à identifier jusqu’à 90% des œuvres »« C'est assez simple. Ce sont des balises qui agissent comme une sorte d’enregistreur. Si on dépose la balise dans un night-club, elle prend l’information des musiques qui sont jouées dans le night-club. En temps réel, elle transmet cette information à une base de données. Sur une période précise, ça vous permettra de voir tout ce qui a été enregistré. »Deux phases de test ont été menées, l’une à Abidjan, l’autre à l’intérieur du pays. 23 000 titres ont été obtenus, parfois des morceaux vieux de plus de 50 ans, et sans métadonnées. Un succès dont se félicite A’salfo : « Le projet, il est en marche, comme on dit. Après la phase pilote, nous sommes en train de faire les restitutions au niveau du Burida. Aujourd’hui, avec ce que nous avons essayé, on arrive à identifier jusqu’à 90% des œuvres. Grâce à notre dashboard, le Burida peut faire ses répartitions de manière juste, en ayant une documentation fiable et numérisée. »L’équipe d’A’salfo a obtenu l’accord de principe de l’État ivoirien. Elle doit maintenant rencontrer les différentes organisations en gestion collective, avant de pouvoir déployer ce dispositif à l’échelle nationale. A’salfo ambitionne dans un second temps de mettre en place une base de données sous-régionale pour tous les pays ouest-africains. À lire aussiSérie industrie musicale en Afrique: Boomplay, la révolution du streaming
8/1/20232 minutes, 17 seconds
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Série industrie musicales en Afrique: Boomplay, la révolution du streaming en Afrique

À la différence de Spotify ou d'Apple Music, Boomplay a décidé de se concentrer sur l'Afrique, ses artistes et ses utilisateurs. Et ça marche visiblement. Car Boomplay se vante désormais d'avoir dépassé les géants pré-cités avec un modèle unique sur le continent. Pré-installé sur les téléphones du groupe chinois Transion telles que Infinix, Tecno et itel, les plus populaires sur le continent car leur prix est attractif : dès 20 00 francs CFA  30,77 euros). Boomplay, l'application de streaming musical de la société chinoise Transsnet, s'est concentré sur les pays africains à la différence de ses concurrents.Une stratégie payante. Huit ans après son lancement, le streamer emploie une centaine de personnes à travers six bureaux notamment au Nigeria et au Kenya et comptait déjà 60 millions d'utilisateurs mensuels l'an dernier. « Nous opérons à l'échelle mondiale, mais nous pensons localement. Cela a été l'une de nos plus grandes réussites. Comprendre ce que les gens écoutent dans leur pays. Il y a tellement de cultures et de sons ! Cela nous aide à adapter l'offre musicale au niveau global, expliqueNatasha Stambuli qui dirige le bureau tanzanien. La numérisation est encore très jeune et le streaming est en pleine croissance en Afrique. Sur le continent, nous sommes en plein dans la révolution numérique et parce qu’il y a un pic dans les musiques africaines, notre secteur est en pleine croissance. »Boomplay est en plein boom ! Le streamer chinois s'est implanté l'an dernier avec des bureaux à Abidjan. Et il y a déjà trois millions d'utilisateurs ivoiriens d'après Téhui Yacé, le représentant de Boomplay en Côte d'Ivoire. Il est chargé de trouver des artistes ouest-africains francophones, mais aussi des podcasts. Avec un objectif : « Se rapprocher du grand public, car c'est ce qui a marché dans les pays anglophones. Et ça marche, car Boomplay est leader. »Boomplay à la peine en Afrique francophoneLeader sur le continent devant les géants Apple et Spotify, pour le moment, Boomplay est encore à la peine en Afrique francophone. Alors quel est le problème ? « C'est le prix de la data, affirme le représentant de Boomplay en Côte d'Ivoire. Car quand je vois les résultats en termes de popularité de l'appli, si on avait une data de coût moins élevé, je suis convaincu que les résultats seraient meilleurs. Il y a un autre obstacle non négligeable, précise Téhui Yacé, c'est que la majorité des utilisateurs optent pour la formule freemium, c'est-à-dire, la formule gratuite, mais ce n’est pas le modèle qui rapporte le moins de revenus. » (Ndlr : celle de l'écoute avec de la publicité)Pour autant, le modèle Boomplay permet de lutter contre le piratage musical, car avec la publicité, les artistes du continent peuvent être rémunérés. La plateforme est la seule à mettre autant les indépendants en avant. Exemple avec Dean EA, rappeur ivoirien. Grâce à la diffusion de ses EP, ce musicien autoproduit peut se consacrer désormais à 100% à la musique. « Le plus important, c'était de me donner de la visibilité. Grâce à Boomplay, j'ai pu me hisser dans bon nombre de playlists, ce qui favorise la notoriété d'un artiste », témoigne-t-il.En un an, une centaine de musiciens ivoiriens ont pu monétiser leurs œuvres grâce au streamer 100% africain.
7/31/20232 minutes, 35 seconds
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En Tunisie, l’économie créative et culturelle séduit de plus en plus les mécènes tunisiens

Dans un contexte de crise économique, la culture semble être délaissée en Tunisie. Elle représente 0,6% du budget global, selon les derniers chiffres ; le grand musée du Bardo est, d’ailleurs, fermé depuis près de deux ans. Pourtant, Tunis est le théâtre d’un foisonnement culturel. Mais l’écrasante majorité des performances artistiques sont soutenues par des fondations ou par des États étrangers, sans qui l’activité culturelle s’effondrerait. En parallèle, les mécènes tunisiens se multiplient. De notre correspondante à Tunis,Bande son onirique réalisée spécialement pour l’évènement. Bienvenue chez Mooja, dernière galerie d’art tunisoise tenue par un binôme tout sourire : « Inès Van Goor, je suis artiste illustratrice… Et Farès Chraïet, je suis designer et galeriste du studio galerie Mooja. On a décidé de réaliser un vieux rêve familial : exposer des bijoux et des vêtements tunisiens. »160 m2 d’ambiance tamisée et feutrée. Des éclairages travaillés avec soin pour sublimer chacune des pièces. Polyglotte et cosmopolite, l’équipe est au fait des dernières expositions en vogue en Europe. Farès Chraïet qui a vu celle dédiée aux kimonos japonais au Quai Branly à Paris en est revenu plus motivé que jamais. Trois mois plus tard, le résultat épate jusqu’à sa propre mère, à l’origine des collections, il y a quarante ans : « Je te présente ma mère, la collectionneuse. Allemande. »« De racine allemande, mais de cœur tunisien », insiste sa mère. « Je te propose qu’on passe au salon, il y a mon père là-bas. » S’il présente volontiers sa famille, Farès Chraïet hésite davantage à ouvrir son portefeuille : « Les chiffres ! On ne va pas parler chiffres… ce n’est pas beau ! »(Rires) « Une richesse incroyable inexploitée »Au bout de la quatrième relance, il finit par répondre à la question. Pour mettre sur pied cette exposition gratuite et ouverte à tous, il dit avoir déboursé environ 30 000 euros : « Ce n’est pas rentable tout de suite. Sur le court terme, mais sur le long terme, je pense que ça va payer, espère Farès Chraïet. Moi, j’aimerais que d’autres personnes fassent cela parce que l’on est un pays d’une richesse incroyable, mais on ne sait pas l’exploiter. »Sur place ce jour-là, une visiteuse se réjouit de ce succès. Chiraz Latiri. Elle qui a été ministre de la Culture en 2020, reste cependant prudente à chaque fois qu’elle voit des particuliers investir dans le secteur. « Je suis toujours très perplexe par rapport à la durabilité du projet. Cette crainte vient du fait qu’il n’y a pas chez le Tunisien une vraie tradition d’aller se balader dans une galerie. Et encore moins d’acquérir. Au fait, ces initiatives dépendent de quoi ? Du mécène et des fonds qu’ils vont lever et ça ce ne sont pas des fonds que l’on peut garantir chaque année. »Le pari de Mooja semble, en tout cas, payant. L’équipe est désormais en tractation avec des interlocuteurs français pour faire voyager l’exposition en dehors de Tunisie.À lire aussiTunisie: le musée national de Carthage s'expose dans sa version rénovée en attendant sa réouverture
7/30/20232 minutes, 24 seconds
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La décarbonation du secteur de la construction, un enjeu écologique majeur

Parmi les enjeux de la lutte contre le réchauffement climatique, la décarbonation du secteur de la construction, y compris en Afrique. Sur le continent, la poussée démographique impose de bâtir de très nombreux logements et infrastructures. Il y a donc urgence à changer les pratiques. Certaines entreprises du BTP présentes sur le continent sont lancées dans cette démarche. L'annonce a été faite lors de l'Africa CEO Forum, rendez-vous annuel du secteur privé à Abidjan. La société financière internationale, filiale de la Banque mondiale dédiée aux investissements des entreprises, débloque une enveloppe de 500 millions de dollars au profit de BUA Group. Le géant du ciment nigérian promet d'utiliser des carburants plus propres. Son patron Abdul Samad Rabiu explique : « C'est un projet qui, au bout du compte, utilisera du gaz naturel liquéfié, une énergie plus verte. Nous sommes très heureux de ce financement. Cela va prendre du temps, mais au Nigeria, nous produisons cette énergie qui ajoute de la valeur, avec un coût beaucoup moins élevé que si vous utilisiez des énergies fossiles. »Vers un changement de matériau ? Verdir la production de ciment, un enjeu majeur et le métier de Guillaume Habert. Ingénieur matériaux, professeur en construction durable à l'École polytechnique fédérale de Zurich, en Suisse. Il mène des recherches pour des productions plus écologiques, y compris en Afrique : « Pour réduire les émissions de CO2, on peut effectivement essayer d'augmenter l'efficacité des cimenteries, c'est-à-dire qu'au lieu de brûler du pétrole, on va brûler des déchets. Pour réduire le deuxième 50 % des émissions, par contre, la seule technique qui existe est de piéger de CO2 à la sortie de la cimenterie et de l'injecter dans le sol, ce qui s'appelle le "carbone capture and storage". C'est une technologie qui coûte extrêmement cher et qui est encore juste à l'état de prototype. Donc, est-ce qu'on veut continuer à utiliser du ciment et construire comme avant ? Ou alors, est-ce qu'on se dit qu'on peut essayer de construire avec d'autres matériaux, naturellement, sans carbone, comme la terre, qui pourrait remplacer une partie du ciment ? »« Réduire la consommation énergétique »En finir avec le tout béton, convaincre que la terre n'est pas le matériau du pauvre, et inventer de nouvelles méthodes dans le bâtiment lui-même. Laurent Germain est le directeur général d'Egis, groupe international de conseil, d'ingénierie de la construction et d'exploitation, présent dans 25 pays en Afrique : « L'utilisation du bois permet, à la fois, de réduire les émissions carbone, mais aussi de construire des ouvrages qui permettent de réduire la consommation énergétique. On travaille sur des projets d'hôpitaux, des projets de stades, on le fait aussi en matière résidentielle. C'est très important qu'on régule et qu'on puisse appliquer des réglementations, en particulier la réglementation "Edge" qui permet de garantir que les techniques qui sont utilisées maximisent l'impact sur la soutenabilité. »Et c'est un autre enjeu central : unifier les réglementations entre les différents pays africains, malgré des conditions climatiques parfois très diverses.À lire aussiMaisons éco-responsables [1/4]: Au Sénégal, le pari de la construction bioclimatique
7/27/20232 minutes, 25 seconds
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Quel impact économique du basket-ball en Afrique avec le développement de la NBA?

Focus, cette semaine, sur les relations commerciales entre le continent africain et les États-Unis, suite au sommet des affaires de Gaborone, au Botswana, qui s’est déroulé au début du mois. Et dans le monde du sport, les partenariats voient aussi le jour, avec notamment le basket-ball, et la NBA américaine qui déploie ses opérations sur le continent. Plusieurs pays africains font désormais le pari d’utiliser ce sport comme levier pour le développement économique.  De notre envoyée spéciale à Gaborone,Cela fait plus de 10 ans que la NBA s’implante sur le continent, avec l’ouverture de bureaux, puis plus récemment d’une académie au Sénégal. Mais une étape importante a été franchie il y a 2 ans, avec la création de la NBA Africa, évaluée à 1 milliard de dollars et qui a attiré les investissements de stars de la balle orange, ainsi que le lancement de la Basket-ball Africa League qui vient de boucler sa troisième saison. Victor Williams est à la tête de cette NBA Africa : « Cela aide d’avoir déjà une crédibilité en termes d’exécution. Et, en la matière, la NBA travaille dans le secteur depuis un moment et a déjà prouvé qu’elle peut développer les affaires en dehors des États-Unis. Les gens en ont été témoins, ils ont vu les infrastructures que l’on est prêt à déployer, et ils ont voulu faire partie de nos projets. Nous voulons continuer à démontrer que le sport en Afrique peut représenter de bonnes affaires, il est possible d’y investir sur le long terme, et avoir de bons retours sur investissement. »À lire aussiPourquoi sur la planète NBA, la «Wembymania» ne fait-elle que commencer?Des retombées économiques à tous les niveaux Le sport sur le continent est porteur de potentiel étant donné le contexte démographique : d'ici à 2050, l’Afrique rassemblera un quart de la population mondiale, avec la moitié des habitants âgés de moins de 25 ans.Et certains pays souhaitent dès maintenant profiter des retombées économiques du basket-ball, comme le détaille Will Mbiakop, président de l’African Sports and Creative Institute (ASCI) et ancien cadre de la NBA Africa :« Les pays qui participent aux "mega events", que ce soit la Basket-ball Africa League, que ce soit la FIBA, ou l’AfroCAN, bénéficient immédiatement de ces retombées, d’un point de vue hôtellerie, d’un point de vue tourisme, d’un point de vue "merchandising". Ça, ce sont les retombées directes, et les indirectes, ce sont tout ce qui est le transport, "l’entertainement" ou "hospitality" qui va être généré à travers les différents événements. »Bientôt d'autres sports sur le même modèle ? Le Sénégal ou l’Égypte entendent tirer leur épingle du jeu, tout comme le Rwanda, qui, dans une stratégie plus globale, souhaite devenir une plaque-tournante pour les compétitions sportives en Afrique, selon Clare Akamanzi, à la tête du Rwanda Development Board : « Cette année, on s’attend à ce que l’organisation d’événements nous rapporte 90 millions de dollars, et le sport y contribue à 15 %. C’est un début, mais cela devrait augmenter selon nos anticipations. Et grâce à nos investissements, des gens nous approchent pour nous dire : "Ce que vous faites avec la NBA et la Basket-ball Africa League, est-ce que vous aimeriez le faire aussi pour un autre sport ?" Nous avons ainsi construit une fondation qui rendra, à terme, tout cela économiquement et socialement viable pour les Rwandais. »Le sport ne représente pour l’instant, en Afrique, que 0,5 % du PIB, contre 2 % au niveau mondial.À lire aussiLe cyclisme, véritable sport national au Rwanda
7/26/20232 minutes, 33 seconds
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Sommet d'affaires États-Unis-Afrique: l’Afrique veut des partenariats pour transformer ses ressources [3/4]

La capitale du Botswana, Gaborone, accueillait, il y a une dizaine de jours, le 15ᵉ « US-Africa Business Summit », un sommet qui s’est tenu sans le président sud-africain Cyril Ramaphosa. Les relations de l’Afrique du Sud avec les États-Unis se sont tendues depuis le début de la guerre en Ukraine, avec le choix de Pretoria de ne pas faire une croix sur ses bonnes relations avec Moscou. Un choix qui pourrait l’exclure du programme de préférence commerciale américain de l’Agoa. De notre envoyée spéciale à Gaborone,Selon un rapport publié l’année dernière par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), 83 % des pays du continent dépendent de leurs produits de base, ce qui les rend vulnérables aux chocs économiques.Un problème que connaît bien la RDC, qui souhaite le faire entendre à ses partenaires, comme le détaille le ministre du Commerce, Jean-Lucien Bussa : « Le Congo cherche des investisseurs, dans le secteur minier, dans le secteur agricole, mais surtout dans la transformation de ces produits, parce que nous exportons plus des matières premières que les produits manufacturiers ou transformés. Aujourd’hui, le Congo, avec tous les partenaires, qu’ils soient Américains, qu’ils soient Chinois, qu’ils soient Européens, qu’ils soient Africains, ce que nous voulons, c’est le développement des affaires, et des bonnes affaires, où chacun gagne. »Créer davantage de valeur ajoutée sur les matières premières Le projet de fabrication de batteries électriques entre la RDC et la Zambie vient par exemple s’inscrire dans cette volonté de transformer une partie des ressources du pays. Le Botswana entend lui aussi profiter davantage de ses diamants. Selon le président Mokgweetsi Masisi, le nouvel accord signé avec l’entreprise sud-africaine De Beers devrait permettre de développer davantage la transformation dans le pays des pierres brutes : « En tant que plus gros producteur, en valeur, de diamants en qualité de gemme, il est impératif que nous développions des chaînes de valeurs pour les matières premières, afin de créer plus de valeur ajoutée, stimuler l’innovation et la croissance, et créer des opportunités pour exploiter les chaînes d’approvisionnement mondiales. »Des partenariats pour aussi augmenter en compétence Des efforts sont faits pour tenter d’industrialiser l’Afrique, mais ils restent embryonnaires : malgré ses ressources, le continent représente moins de 2 % de la valeur ajoutée manufacturière mondiale. Pour Ejike Egbuagu, à la tête de la société de financement Moneda basée au Nigeria, il faut désormais que ceux qui veulent entrer en partenariat avec l’Afrique réinventent leurs modèles : « Nous recherchons des partenariats plus collaboratifs, où il y a des capitaux injectés, mais aussi des technologies et des compétences. On veut voir plus d’usines, plus d’écoles techniques. Ce sont les actions dont on a besoin de la part des États-Unis, plutôt qu’une levée des droits de douane. Comment est-ce que les produits finis vont pouvoir être envoyés, alors que nous n'avons pas le savoir nécessaire ? Et dans le même temps, il faut aussi que l’on règle nos problèmes d’énergie. »Avec le développement de la Zlecaf, le continent espère voir se développer des chaînes de valeurs régionales, notamment dans les domaines automobiles, textiles et pharmaceutiques.À lire aussiSommet d'affaires États-Unis-Afrique: Quel avenir pour l’Agoa? [1/4]À lire aussiSommet d'affaires États-Unis-Afrique: l’Afrique du Sud bientôt exclue de l’Agoa? [2/4]  
7/25/20232 minutes, 26 seconds
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Sommet d'affaires États-Unis-Afrique: l’Afrique du Sud bientôt exclue de l’Agoa? [2/4]

La capitale du Botswana, Gaborone, accueillait, il y a une dizaine de jours, le 15e « US-Africa Business Summit », un sommet qui s’est tenu sans le président sud-africain Cyril Ramaphosa. Les relations de l’Afrique du Sud avec les États-Unis se sont tendues depuis le début de la guerre en Ukraine, avec le choix de Pretoria de ne pas faire une croix sur ses bonnes relations avec Moscou. Un choix qui pourrait l’exclure du programme de préférence commerciale américain de l’Agoa. De notre envoyée spéciale à Gaborone,Alors que le monde africain et américain des affaires s’était rassemblé à Gaborone au début du mois, le ministre du Commerce sud-africain a, lui, fait le trajet inverse, pour se rendre à Washington et tenter de sauver la place de l’Afrique du Sud au sein de l’Agoa. « Une visite nécessaire », selon Cynthia Griffin, représentante du département du commerce américain pour l’Afrique subsaharienne.« Les demandes autour de l’Agoa sont à l’étude, pour toute l’Afrique subsaharienne, et le commerce continue pour l’instant, alors que l’Afrique du Sud échange directement avec le gouvernement américain et les législateurs. C’est important qu’il y ait une communication ouverte, de chaque côté, pour partager différents points de vue. »Le mois dernier, des représentants du Congrès américain des deux partis avaient pourtant écrit une lettre pour réclamer le retrait de l’Afrique du Sud du programme. Ce n’est pas la première fois que le pays reçoit de telles menaces : en 2015, Pretoria avait été forcée d’ouvrir son marché aux volailles américaines.Désormais, ce sont ses liens avec la Russie qui sont en cause, des liens utiles selon le ministre des Entreprises publiques, Pravin Gordhan, puisqu’ils ont permis de mener une mission de paix.« Nous avons des liens avec tous les pays du monde. Notre président, avec d’autres homologues africains, se sont rendus en Ukraine et en Russie. Peut-être que nos intentions sont mal comprises. Nous souhaitons simplement encourager les pays à parler entre eux et à régler leurs problèmes sans que des civils en subissent les répercussions négatives. »Du côté du secteur privé sud-africain, on espère que la non venue de Vladimir Poutine au sommet des Brics saura adoucir Washington. Car un retrait de l’Agoa pourrait être lourd de conséquences selon Cas Coovadia, à la tête Business Unity South Africa (BUSA), l’un des syndicats du secteur : « Notre pays est l’un des principaux partenaires commerciaux des États-Unis sur le continent. Et notre agriculture, ainsi que nos industries automobiles et minières en ont beaucoup bénéficié. Donc cela aurait certainement un impact fort. »Mais au-delà de l’aspect politique, l’Afrique du Sud, qui a exporté, grâce à l’Agoa, 2,5 milliards d’euros de produits vers les États-Unis en 2021, voit son éligibilité être remise en question à cause de son classement par la Banque mondiale dans la tranche supérieure des pays à revenu intermédiaire. Un argument que rejette Cas Coovadia : « Ce n'est pas recevable à cause de nos graves problèmes sociaux-économiques, avec un manque de croissance et un très fort taux de chômage. »Le pays est, pour l’instant, toujours censé accueillir le sommet de l’Agoa sur son sol, d'ici à la fin de l’année.À lire aussiSommet d'affaires États-Unis-Afrique: Quel avenir pour l’Agoa? [1/4]
7/24/20232 minutes, 34 seconds
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Sommet d'affaires États-Unis-Afrique: Quel avenir pour l’Agoa? [1/4]

La capitale du Botswana, Gaborone, accueillait, il y a une dizaine de jours, le 15e « US-Africa Business Summit », un sommet des affaires entre les États-Unis et l’Afrique. L’administration Biden entendait en effet renouer avec l’Afrique, il y a 7 mois, lors du sommet de Washington. Mais l’un des points qui reste en suspens est l’avenir de l’Agoa. l’African Growth and Opportunity Act doit expirer en 2025 et il n’est pas encore certain qu’elle sera renouvelée à l’identique. De notre envoyée spéciale à GaboroneL’Agoa, cette loi signée en 2000, était jusque-là l’une des pierres angulaires de la stratégie commerciale des États-Unis pour ouvrir leur marché à une quarantaine de pays africains. Elle permet aux pays africains éligibles d’exporter certains produits vers les États-Unis sans droits de douane et le continent en a profité à hauteur de 10 milliards d’euros d’exportations sur l’année 2022. Pour le président du Botswana, Mokgweetsi Masisi qui accueillait ce sommet des affaires États-Unis/Afrique dans sa capitale, il est impératif que cette loi soit prolongée.« Nous souhaitons très sérieusement que l’administration Biden renouvelle l’Agoa. Un renouvellement maintenant, avec un mandat plus étendu, enverrait un signal fort et apporterait de la confiance aux marchés. Cela servirait également de catalyseur pour l’industrialisation de l’Afrique et son inclusion au sein des chaînes de valeur mondiales. »Cinq pays profitent largement de l'AgoaMais le programme connait aussi des critiques. Depuis sa mise en place, il n’a bénéficié qu’à un petit nombre de produits, avec en premier lieu les exportations de pétrole brut. Pour les autres marchandises, jusqu’en 2021, cinq pays – l’Afrique du Sud, le Kenya, le Lesotho, Madagascar et l’Éthiopie – concentraient plus des trois quarts des exportations effectuées grâce à ce régime, notamment grâce aux filières textile et automobile déjà bien développées.Osvaldo Gómez Martínez, adjoint aux affaires africaines du bureau américain au commerce, reconnaît qu’il y a besoin de changement : « L’Agoa a été au cœur de nos relations économiques, entre les États-Unis et l’Afrique, et cela reste vrai. Mais le monde a changé, nous avons tous changé en 20 ans. Et même s’il y a d’importantes conversations, très dynamiques, autour du futur, l’Agoa ce n’est pas le seul outil de notre politique commerciale, afin d’améliorer et de renforcer nos partenariats économiques États-Unis/Afrique. »Certaines exportations africaines peuvent, de plus, déjà bénéficier du système de préférences généralisé, sans passer par l’Agoa. La loi apparaît aussi comme moyen de pression commerciale, pour faciliter l’accès de produits américains sur le continent. Et la décision, chaque année, de renouveler ou non l’éligibilité des pays, ne crée pas un environnement stable pour investir, comme le regrette l’Atlantic Council, dans un nouveau rapport. L’ancienne secrétaire d’État française, Rama Yade, est directrice Afrique de ce think tank :« La critique principale, par rapport à l’Agoa, a été qu’il a pu être utilisé comme outil politique. Parfois ça peut se justifier : l’année dernière, l’Éthiopie a été exclue des bénéfices de l’Agoa, comment continuer à faire commerce en ignorant les milliers de morts, les viols, les crimes de guerre ? Dans d’autres cas, peut-être moins, c’est ce que disent certains africains. »L’émergence de partenariats bilatéraux et le développement de la Zone de libre-échange africaine (Zlecaf), pourraient aussi contribuer à transformer le programme américain.À lire aussiUn 15e sommet des affaires États-Unis-Afrique pour redynamiser les échanges avec le continent
7/23/20232 minutes, 21 seconds
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Bauxite de Guinée, quand la transformation se fait attendre

En avril 2022, les autorités guinéennes lançaient un ultimatum aux entreprises minières du secteur de la bauxite : elles étaient sommées de construire des raffineries d'alumine. Le pays dispose des plus importantes réserves mondiales avec une estimation de 7,4 milliards de tonnes, mais une infime partie est aujourd’hui traitée sur place. Où en est-on aujourd’hui ? De notre correspondant à Conakry,Un an après ce coup de menton du gouvernement, voici le constat : une seule usine produit de l’alumine dans le pays. C’est celle de Fria, à 160 km au nord-est de Conakry, sa construction date des années 1960.« Ça avance très bien en termes de suivi. Un an après la réunion entre le chef de l'État, le colonel Mamadi Doumbouya et les sociétés minières. Elles ont été convoquées ici au ministère des Mines. Je les ai reçus. On a fait un chronogramme et un point sur la situation », explique Ibrahima Khalil Keïta, directeur général du service national de coordination des projets miniers au ministère des Mines. Il se veut rassurant : « Aujourd'hui, le projet le plus avancé est le projet Alteo UMS-SMB et la pose de la première pierre de cette raffinerie est prévue pour début novembre. »Spécialisée dans la production d’alumine, l’entreprise française Alteo a été rachetée en janvier 2021 par United Mining Supply, UMS, un actionnaire de la SMB, la Société Minière de Boké qui exploite la bauxite guinéenne.« Et pour les autres sociétés minières, la pression continue, le suivi continue. On n'a pas baissé les bras, et un comité qui travaille dessus 24 heures sur 24 », précise Ibrahima Khalil Keïta.À lire aussiGuinée: Mamadi Doumbouya veut que la bauxite soit transformée dans le paysDes stratégies sont déjà envisagées pour « que l’État en sorte gagnant », assure le directeur général des projets miniers. Il n’en dira pas plus. L’objectif des autorités aujourd’hui est de disposer le plus rapidement possible d’une, deux ou trois raffineries.La mise en œuvre de ces raffineries risque de prendre du temps : « Les entreprises sont en train de réaliser des études de faisabilité des différents projets. À ce niveau, il y a bien sûr un engagement des entreprises. Mais cet engagement ne va pas se réaliser de sitôt réalisés, car il y beaucoup de défis à prendre en compte », affirme Amadou Bah, le directeur exécutif de l'ONG Action Mines Guinée.Celui de l’énergie notamment, selon Amadou Bah, alors que la Guinée peine à faire face à la demande des ménages. Elle va devoir produire beaucoup plus, sans émettre trop de gaz à effet de serre pour respecter ses engagements internationaux, explique Amadou Bah.Et puis changer d’activité demande une réorganisation de ces entreprises qui vont devoir, par exemple, former du personnel. Se pose également la question du financement. Lever des fonds pour un projet en Guinée, pays en transition, risque d’être compliqué. Le troisième exportateur de bauxite au monde est encore loin de pouvoir transformer la matière première.À lire aussiGuinée: la transformation de la bauxite en question
7/20/20232 minutes, 26 seconds
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Côte d'Ivoire: quand les jassides menacent la sécurité alimentaire

Les jassides, insectes ravageurs, ont déjà dévasté 52% de la production du pays, affirme le CNRA, le Centre national de recherche agronomique le plus important d'Afrique de l'Ouest, à RFI. Chose préoccupante : les attaques dévastatrices de jassides s'étendent désormais aux cultures vivrières, du jamais vu, ce qui inquiète très fortement les autorités ivoiriennes. Jean-Louis Konan Konan est un homme inquiet. Le directeur de recherches du Centre national de recherche agronomique (CNRA) n'avait jamais vu cela en 25 ans de carrière. Près de 110 000 cultivateurs sont touchés et plus de la moitié des superficies de coton, ravagés, même si la situation serait sous contrôle concernant le coton, d'après Jean-Louis Konan Konan. « Jusqu'à fin 2022, nous avions plus de 52% du verger national de coton qui a été affecté. Sur une prévision de 492 000 hectares de plantations, on a perdu près de 52% du coton de Côte d'Ivoire. »En plus de faire des ravages sur les cultures cotonnières, les jassides se sont désormais étendues aux maraîchers ivoiriens rendant non comestibles certains légumes. Les équipes de Jean-Louis Konan Konan ont constaté leur propagation dans les zones de Yamoussoukro, Korogho ou encore Bouaké. « Au niveau des cultures maraîchères, ce sont les aubergines et les gombos qui ont été très affectés. Dans la zone centre et dans la zone centre-nord, on estime à 20% les pertes de productions, ce qui fait que ces produits sont très chers sur le marché. »En une semaine, leur prix a doublé, de 1 000 francs CFA à 2 000. Et les jassides s'étendent aussi à la roselle, au kenaf, au manguier, à l'anacardier, au karité, au soja, à l'igname, l'arachide, l'amarante ou encore la patate sans causer pour le moment causer de dégâts.Le risque d'une culture impropre à la consommationMais le pire est à venir, redoute le CNRA. Seule solution : deux insecticides homologués à épandre sur les semences et non sur les plantes. « La première chose, c'est la sensibilisation. Il faudrait que les producteurs sachent que le danger est là. Et qu'ils doivent respecter la consigne de la recherche en traitant tous les semis, les semences qu'ils vont utiliser. De deux : il faut éviter de faire à proximité des plantations de coton votre culture maraîchère ou en association. De trois, il ne faut pas systématiquement utiliser de produits chimiques du coton sur les cultures maraîchères qui sont à maturité ou au stade floraison. »Car sinon, les cultures vivrières et maraîchères seraient impropres à la consommation. Enjeux : la sécurité alimentaire et l'emploi agricole en Côte d'Ivoire. « Si on ne fait rien, il y a un risque de destruction des cultures vivrières, des cultures maraîchères. Et ça, la sécurité alimentaire en dépend directement. Si on passe à 50, à 70% d'attaques comme on l'a vu sur le coton, mais c'est la sécurité alimentaire qui est très menacée. »Voilà pourquoi le CNRA sonne la mobilisation générale contre les jassides en Côte d'Ivoire.
7/19/20232 minutes, 26 seconds
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RDC: une loi pour sécuriser les petits agriculteurs du Haut-Katanga

En RDC, après une année de plaidoyer de l'Église catholique, pour la première fois, les paysans et les villages de la province du Haut-Katanga, sont sécurisés contre les expropriations des terres agricoles et des délocalisations au profit des miniers et de grands fermiers. L'assemblée provinciale a voté à la fin du mois de juin une loi locale. Celle-ci détermine les terres agricoles, fixe la procédure d’acquisition et les règles à suivre en cas de conflit ou de délocalisation des communautés. De notre correspondante à Lubumbashi,Dans la province du Haut-Katanga, 70% de la population rurale vit de l’agriculture. Mais ces agriculteurs perdent souvent leurs terres suite à l’expansion soit du secteur minier, soit du secteur immobilier. Pour l’Église catholique qui a initié cette loi, il fallait protéger ces agriculteurs familiaux. « C’est une initiative qui consiste à mettre à l’abri les agriculteurs de la spoliation et d’accaparement des terres par des puissants qui viennent de la ville et qui exploitent les terres des villageois sans tenir compte de leurs droits », explique Monseigneur Fulgence Muteba, archevêque de Lubumbashi.Création d'un cadastre agricoleParmi les innovations de cette loi : la création d'un cadastre agricole. Des inspecteurs du service de l’agriculture et de l’aménagement du territoire vont classifier des terres. Celles consacrées à l’exploitation agricole et celles destinées à l’exploitation minière ou immobilière. Les modalités seront définies à la création. Pour Lucienne Buhendwa, une agricultrice, c'est déjà une victoire. « Grâce au cadastre agricole, il est désormais possible d’avoir une cartographie des agriculteurs et des superficies exploitées. Ainsi, on ne pourra plus nous exproprier n’importe comment. Et au cas où le gouvernement veut nous subventionner, il lui sera facile de nous localiser et même de faire le suivi », dit-elle.Les espaces des villages protégésAutre innovation : la procédure d’acquisition des terres est simplifiée. Il faudra en faire la demande au chef coutumier. Le paysan pourra obtenir un titre à moindre frais, car le coût du titre foncier est très élevé, explique l’agronome David Kondo. « Quelqu’un peut avoir 20 ou 30 hectares et le coût des documents légaux est de plus de 5 000 dollars. C’est exorbitant par rapport à leurs revenus. Et pour éviter de tout perdre, certains agriculteurs vendent leurs terres et vont acheter ailleurs, loin de leur village. »Cette nouvelle loi doit permettre aux villages, souvent victimes de délocalisation au profit des exploitants miniers, de saisir la justice, car désormais leurs espaces sont protégés. « En RDC, nos villages n’ont pas de statut juridique », explique Jeff Mbiya, chercheur en mines et environnement. « Or, la plupart des contrats miniers sont signés à Kinshasa, parfois les études sur la vacance des terres ne sont pas menées. On protège les terres qui vont servir de terres arables. Quand un autre demandeur arrive, cela peut être un minier, il sera difficile d’exproprier ou de délocaliser la communauté étant donné que la superficie est déjà sécurisée. »Enfin, des organisations de la société civile se disent prêtes à accompagner les paysans en cas de litige en justice. 
7/18/20232 minutes, 16 seconds
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Le Ghana toujours en proie à la vie chère

Deux mois après l'obtention d'un prêt du FMI, le Ghana se débat toujours avec la vie chère. Les 3 milliards de dollars accordés à Accra par l'institution de Bretton Woods n'a encore que des effets limités. Le Ghana, frappé de plein fouet par la double crise du Covid et de la guerre en Ukraine, a vu la spirale inflationniste stoppée nette. Pour autant, pour les consommateurs, la vie reste extrêmement chère et beaucoup sont surendettés.  De notre envoyé spécial à Accra,À Makola, haut lieu du commerce au Ghana, l'effervescence est quotidienne. Mais les visages sont ceux des jours tristes. L'inflation est repartie à la hausse en mai dernier, plus de 42% sur un an. Maria est l'une des centaines de vendeuses de produits alimentaires, et attend, désespérément, un client. « Vous voyez mon pain et mon beurre. Avant, c'était 1,50 cédi maintenant, c'est 20 cédis. Je passe des heures sans vendre, et ça me fatigue trop ! », déplore-t-elle.Lui aussi est un homme essoré par la crise économique ghanéenne. Mickael Blay est un commerçant installé depuis des années sur le grand marché du vêtement de seconde main. Les 3 milliards de dollars de prêt du FMI, il en a bien évidemment entendu parler, mais l'impact est minime selon lui. « 1 dollar vaut 11,4 cédis ghanéens. Donc rien n'a changé. Le cédi a même augmenté. Les effets du prêt du FMI ? Non, non, non, il n'y a eu aucun changement pour notre quotidien. Écoutez-moi bien : du fait de la crise, il y a moins de monnaie en circulation. Les prix restent très hauts. Au niveau monétaire, ça ne va pas, et la tension est toujours très forte », assène-t-il.Aucune marge de manœuvreMais au niveau macroéconomique, Accra et le FMI insistent pour dire que ces 3 milliards de dollars doivent viabiliser la dette du Ghana. En attendant, le taux d'endettement des ménages ghanéens explose. À Kantamanto, plus grand marché d'Afrique de seconde main, sur les 30 000 commerçants, seuls 20% réalisent des bénéfices. L'immense majorité, comme Mickael Blay n'a aucune marge de manœuvre. « On est endettés. Tout le monde l'est ici. On va voir les banques pour leur demander un prêt histoire d'avoir une avance de trésorerie. Mais les taux d'emprunt sont si hauts, 35% », regrette-t-il. « Juste pour les intérêts, je rembourse 800 cédis par mois, 9600 sur un an. C'est trop ! Et que se passe-t-il, quand tous vos revenus passent dans le remboursement de vos prêts ? Je suis père de famille. Tss, la vie est vraiment dure ces temps-ci. »À 40 ans, Mickael Blay et sa femme, employée de banque, ont décidé de ne pas avoir un deuxième enfant. Conséquence aussi de la vie chère au Ghana.
7/17/20232 minutes, 20 seconds
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Congo-Brazzaville: le gouvernement impose une hausse de 25% des prix du super

Depuis ce week-end, le prix du super a subi une très forte augmentation : +25%. Le gouvernement se justifie en disant suivre les conseils du Fonds monétaire international. Le FMI qui préconise de stopper les subventions des produits pétroliers. Les associations des consommateurs quant à elles dénoncent le manque des mesures d’accompagnement et craignent une inflation des produits de première nécessité. De notre correspondant à Brazzaville,Dans cette station service du quartier communément appelé Château d’eau, au sud de Brazzaville, ce chef de famille est venu s’approvisionner dans sa berline en compagnie de son épouse.Le litre du super qu’il achetait la veille à 625 francs CFA est passé à 775 francs CFA, soit une augmentation de 25%. Il n’en revient pas. « Je crois qu’avant d’augmenter les produits, il fallait d’abord augmenter les salaires. On a commencé à augmenter les choses depuis un moment. Ça dérange », déplore-t-il.Ce chauffeur de taxi visiblement en colère proteste également contre les nouveaux tarifs du carburant parce que le prix de sa course reste le même. « Le chauffeur [de taxi] est devenu très esclave parce qu’il doit donner le versement [à son patron] et acheter le carburant. Est-ce que je laisse ce boulot ? Je rentre au village ? Sinon, comment je vais faire ? », demande le chauffeur.Vers une inflation importanteEn janvier dernier, le prix de l’essence avait d’abord augmenté de 5%. Cette fois-ci, à 25%, Mermans Babounga de l’Observatoire des droits des consommateurs estime que l’inflation sera importante. « Le transport est le maillon essentiel qui permet de ravitailler tous les marchés, y compris même ceux qui sont dans la prestation des services qui pourraient utiliser du carburant. Ça va impacter tout ce monde », prévient Mermans Babounga.De son côté, Cyrille Ndzoundou, président du groupe des transports terrestres du Congo, pense que, sans mesures d’accompagnement, les autorités ont mis la charrue avant les bœufs. « Ce gouvernement est passé à l’augmentation pour vouloir discuter [avec la société civile] après. Ce qui veut dire que nous subissons la loi du gouvernement, ce qui ne nous arrange pas, parce que jusqu’aujourd’hui, nous avons des difficultés pour joindre la recette et le carburant. »« Nous devons savoir dire la vérité à nos populations »Le gouvernement dit avoir revu les prix à la hausse en suivant les conseils du FMI qui lui demande d’arrêter avec les subventions des produits pétroliers. Des subventions qui lui coûtent au moins 300 milliards de francs CFA par année. Le souhait serait d’orienter cette manne vers les secteurs tels la santé et l’éducation. « Nous devons savoir dire la vérité à nos populations, et commencer à affronter la réalité des prix », déclare Anatole Collinet Makosso, chef du gouvernement congolais. « Petit à petit, nous revisitions notre modèle économique ; un modèle qui a été longtemps influencé par l’intervention de l’État. »En coulisse, le gouvernement redoute une spirale inflationniste.
7/16/20232 minutes, 14 seconds
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La Fondation Tony Elumelu ou la fabrique des futurs champions de l'entrepreneuriat africain

Plus de 18 000 entrepreneurs africains formés et autonomisés en 13 ans. La Fondation Tony Elumelu, basée à Lagos au Nigeria, est un véritable incubateur de jeunes talents. Lancée en 2010, elle accompagne les futurs champions de l'entrepreneuriat en Afrique. Ses programmes prestigieux et ultra-sélectifs sont dispensés en quatre langues : l'anglais, le français, l'arabe et le portugais. Ils s'inspirent de l'Africapitalisme, la vision économique développée par son fondateur, le milliardaire nigérian Tony Elumelu.  Cet ancien vendeur de photocopieuse est aujourd'hui à la tête de l'United Bank for Africa (UBA). Au cours de sa carrière, Tony Elumelu a développé une conviction : le secteur privé va libérer le potentiel de l'Afrique. Raison pour laquelle, en tant que philanthrope de premier plan, il investit autant en faveur de la jeunesse africaine. Un homme dont le parcours et les initiatives inspirent de nombreux entrepreneurs sur le continent. De passe au Salon VivaTech début juin à Paris, le milliardaire était de passage suscite l'admiration. « Ah, Tony, c'est un grand frère ! C'est une icône, une idole pour toute la jeunesse africaine. On est très inspiré. Son nom évoque beaucoup d'espoir pour nous autres qui sommes là, qui essaient de se battre et puis ça fait l'affaire ! », nous dit un homme. « C'est un géant. Dans l'entrepreneuriat africain, aujourd'hui, on ne parle que de lui », indique une femme.Tony Elumelu, c'est « le succès à l'Africaine. C'est un peu comme Dangote. Mais un Dangote qui vient à la rencontre de la population pour dire que, vous aussi, vous pouvez le faire », poursuit-elle. « Moi, je vois un monsieur qui a assez d'expérience en termes d'entrepreneuriat et qui a la volonté de redonner aux jeunes africains, le savoir. Partager le savoir avec eux, mais aussi les soutenir, en investissant dans la jeunesse et l'entrepreneuriat », ajoute un homme.« Nous voulons des millions de Tony Elumelu »Investir dans la jeunesse, créer la nouvelle génération d'entrepreneurs à succès du continent, c'est l'objectif de Somachi Chris-Asoluka, la Présidente Directrice Générale de la Fondation Tony Elumelu. « Vous savez, Monsieur Elumelu a énormément de succès. Je pense qu'il est l'investisseur et le philanthrope africain le plus connu. Mais nous ne voulons pas qu'il soit le seul. Nous voulons des millions de Tony Elumelu. Il a 60 ans maintenant ! Donc nous voulons des Tony Elumelu plus jeunes... Et nous leur donnerons tout le soutien, le capital et la visibilité qu'ils méritent », dit-elle.À tout entrepreneur qui la rejoint, la fondation offre une enveloppe de 5 000 dollars. De quoi attirer les candidatures. Mais les programmes de formation restent extrêmement sélectifs. « Nous avons reçu plus de 400 000 candidatures l'an dernier. Mais nous n'en avons sélectionné que 5 000. Uniquement les meilleures idées d'Afrique. Pour choisir, nous regardons trois éléments : d'abord, quelle sera la rentabilité de votre entreprise ? Ensuite, on s'assure que votre projet est réalisable : y pensez-vous depuis longtemps ? Y a-t-il un marché ? Avez-vous fait des recherches ? Comprenez-vous votre public-cible ? Enfin, on recherche des entrepreneurs qui contribuent aux objectifs de développement durable : éradication de la pauvreté et de la faim, inclusion des femmes, tout cela à la fois », explique-t-elle.« Si moi, j'ai réussi en Afrique, vous pouvez aussi réussir »Depuis sa création en 2010, la Fondation dit avoir formé plus de 18 000 entrepreneurs. En 2015, Tony Elumelu s'est engagé à y injecter 100 millions de dollars supplémentaires. Son objectif : accompagner 10 000 nouveaux entrepreneurs africains, d'ici à 2025. « L'environnement est difficile. Mais n'abandonnez pas. Soyez résilients. Continuez à essayer. Je ne suis pas le fils d'un millionnaire... Si moi, j'ai réussi en Afrique, vous pouvez aussi réussir. Et même mieux que moi », dit-il.À lire aussiTony Elumelu: «Le potentiel économique de l'Afrique est énorme»
7/13/20232 minutes, 32 seconds
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Start-up africaines au Rwanda: un optimisme contagieux pour l'avenir de la fintech en Afrique (2/2)

Le mois dernier, Kigali, la capitale rwandaise a accueilli le premier Forum mondial annuel inclusif sur les Fintech, organisé par Elevandi, organisation non lucrative de l'autorité monétaire de Singapour, en partenariat avec Rwanda Finance Limited, société détenue par l'État rwandais. Parmi les invités, de nombreuses start-up africaines, optimistes sur l'avenir du secteur sur le continent.  De notre correspondante à Kigali,Il n’aura fallu que quelques années à Flutterwave, fintech américano-nigériane créée en 2016 pour rentrer dans le club très privé des licornes, ces start-up valorisées à plus d’un milliard de dollars. « Quand ça a commencé, la mission était de rassembler les infrastructures fragmentées de paiement en Afrique, afin de créer une seule plateforme de paiement et de soutenir les entreprises africaines à se développer mondialement, mais aussi les entreprises mondiales de venir en Afrique », explique Leah Uwihoreye, responsable de l'entreprise pour la région d’Afrique de l’Est.Sur les sept licornes africaines, six d’entre elles sont des fintech. Un secteur qui attire de plus en plus d’entrepreneurs comme Jacqueline Aby, fondatrice de la start-up Magmatech, créée en Côte d’Ivoire en 2021 et présente dans huit pays de la sous-région. « Magmatech est un opérateur de transfert d’argent, qui permet de faire des transferts digitaux, et aussi en espèces et comptes bancaires dans toute la sous-région. Nous faisons aussi des intégrations avec d’autres collègues, fintech ou agrégateurs, ou même des opérateurs de transferts d’argent internationaux, qui leur permettent de passer par nous pour faire leurs paiements digitaux dans nos régions », indique-t-elle.Le digital prend de plus en plus de place dans l’économie du continent. À elle seule, l’Afrique comptait en 2022 plus de la moitié des comptes de paiements mobiles au monde. Un marché en pleine expansion selon la femme d’affaires. « Il y a la place, il y a le besoin. Il y a besoin de plusieurs acteurs. Parce qu’aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, nous avons certaines fintechs, et on se complémentarise beaucoup, et on en a besoin d’autres, qui viennent avec d’autres solutions, d’autres produits. Il y a énormément de besoins pour digitaliser tout ce qui est paiements, transferts, économie rurale surtout, l’inclusion financière ».L’inclusion, point d’entrée de nombreuses fintech qui cherchent à cibler les populations sans compte bancaire qui n’ont pas accès à des services financiers traditionnels. « Au-delà du mobile money, beaucoup de services se sont développés, des services relatifs au crédit, au lending, des services qui ont permis aujourd’hui de développer l’analyse du risque client, du risque crédit des populations. Et le mobile money a permis d’octroyer du crédit, des petits crédits à ces populations qui n’avaient auparavant pas accès au système financier classique », dit Alex Sea, directeur de l’organisation Africa Fintech Forum.Selon le cabinet de conseil McKinsey, au total, les revenus des fintech africaines étaient estimés entre 4 et 6 milliards de dollars en 2020.À lire aussiAu Rwanda, Kigali se veut la nouvelle place forte de la fintech en Afrique (1/2)
7/12/20232 minutes, 24 seconds
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Au Rwanda, Kigali se veut la nouvelle place forte de la fintech en Afrique (1/2)

La fintech, qui rassemble les entreprises utilisant les nouvelles technologiques pour offrir des services financiers à leurs utilisateurs, est un secteur en plein boom sur le continent africain. Reportage dans l'un des nombreux espaces de travail pour les entrepreneurs de Kigali. De notre correspondante à Kigali,Dans l’espace de coworking de la Westerwelle Startup Haus, les entrepreneurs travaillent en silence. Parmi eux, Mugisha Alex qui a lancé il y a un mois son premier projet de fintech, destiné à faciliter l’envoi d’argent vers l’étranger.« On essaie de faire en sorte que les transactions soient beaucoup moins chères et qu’elles soient beaucoup plus accessibles, parce que pour le moment, on n’a pas d’infrastructures assez solides et fiables pour faire les transferts d’argent rapides et faciles », explique-t-il.Un jeune projet qui est né d’une expérience personnelle, vécue par le jeune entrepreneur quand il était encore étudiant dans une université à Kigali. « On avait des problèmes parce qu'il y avait des retards dans les transferts d’argent », indique Mugisha Alex. « J’avais un colocataire qui était du Niger, et quand il n’avait pas accès à son argent on avait des problèmes dans la maison parce qu’on devait tous contribuer aux dépenses qu’on avait. »À écouter aussiLa tech africaine poursuit sa croissance, selon le dernier rapport de Partech AfricaUne appétence accrue pour la fintechDepuis l’inauguration de la branche rwandaise de la Westerwelle Startup Haus en 2018, Blaise Duci, responsable des programmes, voit de plus en plus de projets de fintech être développés par les entrepreneurs à Kigali.« La plupart développent des solutions pour les PME, cela peut aller de la comptabilité, des solutions pour moins utiliser les papiers, aux nouvelles technologies comme la blockchain », décrypte Blaise Duci. « Je dirais notamment que la fintech est une grande composante des projets technologiques dans le secteur de la santé, mais aussi dans le secteur des assurances, du moins pour le programme d’assurance-tech que nous soutenons. »Créer un environnement favorable à l'émergence de la fintechAfin de développer le secteur, le Rwanda a instauré une stratégie quinquennale sur la fintech de 2022 jusqu’en 2027. Objectif, selon Alex Ntare, directeur de la Chambre des TIC [Technologies de l’information et de la communication, NDLR] : créer l’environnement le plus favorable possible pour faire de Kigali un centre fintech sur le continent, et aider les nouvelles start-up à se lancer.À écouter aussiTech africaine: la RDC veut promouvoir ses solutions« Nous travaillons avec la banque centrale sur cette stratégie, sur la “Sandbox” des régulations fintech, qui regarde le type de réglementations en place et ce que les entreprises et start-up veulent faire si on ne répond pas à leurs besoins », déclare Alex Ntare. « Mais même si c’est le cas, on relâche en quelque sorte l’environnement pour permettre aux entreprises et start-up qui veulent entrer dans ce marché de pouvoir commencer, et ensuite de s'agrandir. »Selon lui, le nombre d’entreprises fintech enregistrées dans la chambre des TIC est passé de moins de cinq en 2011, à plus de 40 aujourd’hui. 
7/11/20232 minutes, 21 seconds
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Sierra Leone: comment la crise économique a fait exploser l’insécurité alimentaire

En Sierra Leone, le président réélu Julius Maada Bio va devoir composer avec une crise économique qui n’a cessé d'empirer depuis l’an dernier. Avec 43% d’inflation sur un an, près de 60% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté… Les observateurs alertent sur une insécurité alimentaire devenue préoccupante. De notre envoyée spéciale à Freetown,Dans les rues de Freetown, en période post-électorale, les habitants sont unanimes : l’urgence, c’est de pallier l’augmentation du prix des denrées alimentaires… Plus de 50% sur ces 12 derniers mois. Dans une échoppe déserte, Mustaphe Ekke, commerçant du quartier de Victory Park, raconte sa galère quotidienne. « Avant, on pouvait aller dans n’importe quelle boutique de riz sauté et acheter une portion de riz pour 5 000 leones. Maintenant, c’est au-dessus de nos moyens. Vous allez à la boutique, et ils vous disent que c’est 12 000, 15 000 leones. Parlons aussi de la nourriture la moins chère de notre pays, celle qui est tellement insignifiante qu’on ne se posait jamais la question de pouvoir se la payer ou non… Le garri, la semoule de manioc. Aujourd’hui, même le garri est devenu cher. C’est 5 000 leones la tasse de garri, alors qu’avant, vous en aviez trois pour 1 000 leones ! » Pour Antoine Esteban, directeur pays d’Action contre la Faim en Sierra Leone, la situation de l’insécurité alimentaire dans le pays est « préoccupante ». Celle-ci atteint désormais 81% de la population, selon le Programme alimentaire mondial, soit plus de 6 millions de personnes. Et la moitié des Sierra-Léonais a une consommation alimentaire insuffisante. « On observe différentes stratégies d’adaptation négative, régulièrement adoptées par la frange la plus démunie de la population, telles que la réduction du nombre de repas par jour, ou la consommation de récoltes immatures. Il faut également noter qu’avec l’inflation généralisée, on observe une augmentation des coûts de production pour les agriculteurs, qui représentent la majorité de la population, ce qui se traduit par une baisse de leurs revenus et, du coup, de leur capacité à répondre à leurs besoins en sécurité alimentaire, et à ceux de leurs ménages. »Aux racines du problème, un système agricole insuffisamment financé et développé… Et l’hyper-dépendance du pays aux importations, explique Jamie Hitchen, chercheur canadien spécialisé sur la Sierra Leone. « Pour les produits alimentaires de base, pour presque tous les biens, ils n'exportent presque rien et importent presque tout. Cela signifie qu'avec l'augmentation du prix des produits mondiaux, le prix des produits en Sierra Leone augmente de façon astronomique. La Sierra Leone était un exportateur de riz au moment de l'indépendance. Et puis la guerre civile a éclaté, et elle a eu un impact désastreux sur l'économie. Et maintenant, il y a beaucoup d'intérêts d'investisseurs qu'il faut surmonter... Beaucoup de gens gagnent beaucoup d'argent en important des choses dans ce pays. »La Sierra Leone, enfin, est l’un des pays d’Afrique de l’Ouest les plus gravement touchés par le changement climatique, dont pâtit lourdement sa production agricole.
7/10/20232 minutes, 24 seconds
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En Côte d’Ivoire, les fruits de la passion ravagés par une maladie non identifiée

Depuis deux à trois ans, il est de plus en plus difficile de trouver des fruits de la passion sur les étales des marchés ivoiriens. En 5 ans, le prix du fruit a été multiplié par six, passant de 500 à 3 000 francs CFA le kilo. De notre correspondant à Abidjan,Avec ses pétales violets, sa couronne de filaments bleu mauve et son architecture sophistiquée, la fleur de la passion est une splendeur de la nature. Malheureusement, cette année encore, elle est absente des champs de passiflore de Mamadou Soumahoro.Ce jour-là, le cultivateur ne trouve aucun fruit dans son champ. Les feuilles jaunissent, les tiges brunissent et leur croissance est subitement stoppée. C’est la troisième fois qu’il va remplacer ses pieds de passiflore. Quelle est cette étrange maladie qui a contaminé tous les champs de passiflore du pays, d’Azaguié à Tiassalé ? Le cultivateur s’interroge.« Aucune idée de son nom, c'est une maladie qui nous a surpris comme ça. Bon, je ne sais pas si c’est un truc du sol, mais seulement, je n’ai aucune idée de cette maladie-là. Toute la région, jusqu’à Tiassalé, il y a ce problème. J’ai des collègues là-bas, ils disent que c'est un problème pour avoir un sceau de passion. C’est une maladie générale, c’est un peu partout. »La piste de la maladie de la tache brune ?À la même époque, il y a trois ans, il récoltait 15 sacs de 50 kilos par semaine contre à peine 2 ou 3 l’année dernière. Mamadou Soumahoro n’est pas pour autant découragé et souhaite sauvegarder une activité naguère rentable. « J'insiste parce que c'est une culture qui nourrit son homme. Et puis c'est une culture que j'aime beaucoup. La passion est très passionnante », dit-il en riant.Contacté, le CNRA, le Centre national de recherche agronomique, n’en sait pas plus. D’autres spécialistes évoquent la maladie de la tache brune. La plante grimpante luxuriante a besoin de beaucoup d’eau, elle apprécie les bas-fonds marécageux et le soleil. Avant d’être apprivoisée par les cultivateurs, elle poussait naturellement dans le sud-est du pays, rappelle Sylvestre Boni, pépiniériste à Azaguié Aoua.« La passiflore à l'origine donnait naturellement. Mais comme il y a un manque de jachère à cause de la culture intensive de l'hévéa, des palmiers à huile, du cacao... c'est pour ça que cela ne donne pas. Aujourd'hui, vous n'allez pas trouver vingt personnes qui font de la passiflore, mais avant, il y en avait plus de 50 ans ici », rappelle Sylvestre Boni.Le jus naturel de passion, souvent mélangé au jus de citron, autrefois un incontournable des maquis d’Abidjan, est désormais quasiment introuvable.
7/9/20232 minutes, 7 seconds
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Centrafrique: les chutes de Boali, une source de revenus potentiels pour l'État

Les chutes de Boali font partie des sites touristiques les plus célèbres de Centrafrique. Le site abrite aussi un zoo qui accueille près d'un millier de touristes chaque semaine, selon ses guides touristiques. Alors que la Centrafrique est confrontée à une baisse de ses recettes fiscales, ces chutes pourraient constituer une source de revenus potentiels pour l'État. De notre correspondant à Bangui,Le dos tourné à la vallée, le regard fixé à 50 m de hauteur, Rosmon Zokouè observe les eaux qui tombent d’un air émerveillé. « C’est spectaculaire pour moi. Les chutes de Boali font partie des merveilles du monde. Les chutes de Boali représentent un lieu de culte et de rituels pour les habitants, mais aussi, cela représente toutes leurs richesses, parce que toutes les activités d’ici sont concentrées autour de la pisciculture, mais aussi de la pêche », décrit-il.Avant d’entrer dans le site des chutes, il y a des conditions à remplir. Les prix sont affichés sur des pancartes à chaque carrefour. Vêtus de chemises blanches et pantalons noirs, une dizaine de guides sont là pour conduire les touristes.  Antony fait partie des guides : « Comme vous le voyez, les chutes d’eau de Boali sont incroyables avec six cascades de 50 m de hauteur. Les installations d’accueil sont très bonnes et le prix est abordable. Nous accueillons près d’un millier de visiteurs chaque semaine. Les enfants paient 1 000 francs CFA et les adultes 2 000 francs CFA. Nous avons des chambres, des nourritures aux prix abordables. Contrairement aux Centrafricains, les étrangers doivent payer 5 000 francs CFA pour visiter le site. »Investir pour le tourismeLe site possède également un zoo avec quelques animaux exposés à l’exemple des serpents boas, singes, oiseaux, caïmans, tortues ou encore des perroquets. Melissa Yérimo qui vient de Bangui a fait une belle découverte. « C’est vraiment une grande richesse pour notre pays, la République centrafricaine. À chaque fois qu’on arrive, on a envie de le voir, on a envie d’aller visiter, donc du coup, c’est un endroit touristique. »Au sommet des cascades, il y a un restaurant fait en bois et des appartements. Les chutes de Boali peuvent être une source de revenus pour l’État. Mais selon l’économiste Didace Sabone, beaucoup reste à faire.« Je crois qu’il faut faire des investissements. D’abord des investissements en termes de route, il faut des infrastructures d’accueil. Il faut qu’il y ait des chaînes de restauration, sans oublier un réseau téléphonique fiable », explique Didace Sabone, qui ajoute : « Les touristes, quand ils viennent de tous les côtés, ils aimeraient être connectés au monde. Il va falloir qu’il y ait aussi l’installation des succursales des agences bancaires. L’État et le régulateur peuvent faire pour la ville un plan et à travers ce plan susciter des investissements privés. »Pillé en 2013 puis réhabilité en 2021, le site des chutes de Boali constitue une source de revenus potentielle pour le pays.
7/6/20232 minutes, 35 seconds
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Waspito, MyDawa... ces start-ups africaines qui font le pari de l'e-santé

En Afrique, près de la moitié des citoyens (48%) soit environ 672 millions de personnes n'ont toujours pas accès aux soins de santé essentiels selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Pour répondre à cette problématique, de plus en plus de start-up africaines font donc le pari de l'e-santé. En Afrique francophone comme anglophone, ce secteur est en pleine expansion. Illustration avec deux start-ups - Waspito et MyDawa - venues présenter leurs solutions innovantes à Paris. C'était début juin, à l'occasion du VivaTech, le plus grand salon d'Europe dédié à l'innovation et aux nouvelles technologies. Avoir accès à un médecin en un clic, c'est ce que propose Waspito, une plateforme de télémédecine lancée par la start-up camerounaise du même nom. « Disons qu'à 2h00 du matin, vous vous réveillez avec des maux de tête sans fin. Vous allez sur l'application, vous consultez le docteur que vous voulez. C'est tout. Ça se passe en cinq minutes. Vous n'avez pas besoin de prendre le taxi ou d'appeler un numéro. C'est direct, ça fonctionne 24h/24. Vous parlez avec le docteur, vous faites une consultation. Et puis, le problème est réglé. C'est tout », explique Walters Fossung, responsable de l'équipe basée à Paris. « La douleur à laquelle j'ai fait face, ce n'est pas quelque chose que j'aimerais voir arriver à d'autres personnes »Lancée en 2020, Waspito dispose aujourd'hui d'un réseau de plus de 800 médecins, au Cameroun, en Côte d'Ivoire, et prochainement, au Sénégal. Une aventure entrepreneuriale partie d'un drame familial, raconte son fondateur, le Camerounais Jean Lobe. « En 2017, j'ai perdu mon père. Il a eu une crise cardiaque dans une petite ville du Cameroun. Il n'y avait pas de cardiologue. Quand on le transportait vers là où il y avait un cardiologue, il est mort en chemin. Je me suis dit : la douleur à laquelle j'ai fait face, ce n'est pas quelque chose que j'aimerais voir arriver à d'autres personnes. Donc je me suis dit :  "ok je vais travailler avec les médecins pour améliorer l'accès aux soins de santé". Parce que j'ai compris qu'il y a 500 millions d'Africains qui doivent voyager pour voir un médecin. Et beaucoup d'entre eux meurent en chemin, comme mon père. »La plateforme connecte également les patients à des laboratoires et des pharmacies, pour des prélèvements à domicile ou la livraison de médicaments. Des services similaires à ceux proposés par MyDawa, une start-up lancée il y a six ans au Kenya, aujourd'hui dirigée par Priscilla Muhiu. « Si vous allez sur notre plateforme, vous y trouverez des vitamines, des médicaments en vente libre. Nous avons aussi des produits de beauté, car tout est lié au bien-être physique. Nous voulons vous permettre de vous sentir bien, de prendre soin de vous. C'est pourquoi nous fournissons des informations et des produits qui vous permettront de prendre le contrôle de votre parcours de santé », explique-t-elle.Prochain pays dans lequel MyDawa souhaite lancer ses activités, l'Ouganda. La start-up se dit aussi intéressée par les marchés marocain et angolais. Signe que l'e-santé gagne du terrain en Afrique, en particulier depuis la pandémie de Covid-19. Selon la plateforme spécialisée Disrupt Africa, la santé numérique est le 3etroisièmeme secteur d'activité dans lequel les start-ups africaines ont obtenu le plus de financements en 2022.
7/5/20232 minutes, 17 seconds
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Afrique du Sud: les éoliennes, solution à la crise énergétique?

L'Afrique du Sud traverse une crise énergétique sans précédent qui l'oblige à repenser ses sources de production électrique. Les centrales à charbon vieillissantes, qui produisent plus 80% de l'électricité, tombent régulièrement en panne et polluent l'atmosphère. Face à l'urgence climatique et à la crise de la production électrique, le pays s'ouvre petit à petit aux énergies renouvelables, comme les éoliennes. Mais leur développement rencontre plusieurs obstacles. La ville portuaire de Port Elizabeth, récemment renommée Gqeberha, conserve un surnom évocateur : la cité venteuse. Plusieurs promoteurs veulent tirer profit de ce vent en développant des fermes éoliennes. Des projets auxquels s'oppose un groupement de réserves naturelles privées. « Certaines éoliennes sont pile en face de nous et si tous les projets aboutissaient, l'une des réserves serait quasiment encerclée, ce serait fatal pour son activité », explique Rob Gradwell qui représente la réserve de Lalibela.Avec seulement 1 300 éoliennes installées en Afrique du Sud, les turbines ne font pas encore vraiment partie du paysage et pourtant elles sont parfois rejetées. À terme, seront-elles acceptées ? Oui, selon cette famille originaire du Cap, qui visite le parc national des éléphants d'Addo, depuis lequel on peut apercevoir un champ d'éoliennes : « Ce n'est pas du tout un problème, au contraire, ça peut avoir un effet positif d'avoir davantage d'énergie renouvelable et durable sur le long terme », explique la femme. « On doit être le seul pays à connaître des délestages, des coupures d'électricité programmées, donc on a besoin des éoliennes », poursuit le mari. « On en a vu beaucoup sur la route, c'est joli ! », ajoute leur fils.La demande dépasse l'offreLeur développement a connu un coup de frein dans les provinces où le réseau électrique manque de capacité. La demande dépasse l'offre explique Nick Hedley, chercheur et éditorialiste sur les questions de climat et d'énergie. « Les dernières statistiques du régulateur de l'énergie sud-africain montrent que les projets en attente de disponibilité sur le réseau représentent une puissance de 20 gigawatts. Ce sont surtout des projets portés par des industries manufacturières qui veulent produire leur propre énergie et une majorité d'entre elles misent sur l'éolien ». Le réseau électrique devra gagner en capacité si l'Afrique du Sud veut profiter de l'abondance de ses ressources en énergie renouvelable. « On a d'excellentes ressources éoliennes, en particulier sur les côtes du Cap Occidental et du Cap Oriental. On n'a pas encore d'éolien en mer, mais le potentiel est très important », ajoute Nick Hedley.Pour se développer, l'énergie éolienne devra surmonter des défis techniques et se faire accepter par la population. Les promoteurs pourront concourir lors d'un nouvel appel d'offre qui doit s'ouvrir au mois de juin.
7/4/20232 minutes, 18 seconds
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Nigeria: avec la fin des subventions, les prix à la pompe s'envolent

Au Nigeria, les prix à la pompe ne cessent de s'envoler. Fin mai, ils ont même triplé. En cause : une décision du tout nouveau président, Bola Ahmed Tinubu. À la surprise générale, le dirigeant a signé l'arrêt des subventions des carburants. Une décision qui s'est répercutée sur tous les secteurs d'activité, même si la circulation des véhicules a repris dans les principales villes du pays. Paradoxalement, le Nigeria – deuxième producteur africain de pétrole brut – importe aujourd'hui plus de 90 % de son carburant.  De notre correspondant à Lagos,Bientôt un mois que l'activité est calme au terminal routier de la société G. Agofure Motors. Kelly Imonuno supervise les départs des minibus assurant des liaisons entre Lagos et le delta du Niger et l'est du Nigeria.« Le nombre de clients est très faible. Comme vous pouvez le voir aujourd'hui, le premier véhicule est parti. Avant, les prix de nos billets étaient davantage accessibles. Ce matin, nous aurions eu plus de passagers. Et ce seraient quatre ou cinq bus qui partiraient de ce terminal l'un après l'autre », explique-t-il.La suppression de la subvention sur les carburants a eu un effet dévastateur sur le chiffre d'affaires de cette PME de transports. Kelly est inquiet. Si le prix du carburant ne redescend pas dans les prochains mois, son emploi et ceux de ses collègues pourraient être menacés.« Il n'y a pas longtemps, après avoir chargé un véhicule, au moment du départ, je pouvais donner à mes chauffeurs 3 000 nairas pour qu'ils achètent du carburant. Mais maintenant, avec la suppression des subventions, le carburant est vendu à 500 et quelques nairas le litre. Je leur donne 8 à 10 000 nairas, ce qui leur permet d'acheter 20 litres d'essence. Alors qu'auparavant, 3 000 nairas suffisaient pour acheter ces 20 litres. »Un triplement du prix de l'essenceLe président Bola Ahmed Tinubu assume complètement sa décision d'arrêter, dès les premières minutes de son mandat, une subvention datant de la fin des années 70. L'essence est passée de 185 nairas à un tarif officiel oscillant entre 488 et 557 nairas.Le nouveau chef d'État a convoqué à Abuja les principaux importateurs de produits raffinés au Nigeria. Depuis, tous les acteurs du transport et de la commercialisation du carburant se réfugient dans le silence. Et c'est loin d'être surprenant selon Olabode Sowunmi, expert en pétrole et gaz de Cabtreng Consulting.« La façon dont le Nigeria gère ses comptes, équilibre ses comptes, mais aussi la manière dont il administre son budget et gère son économie. Tout cela est problématique. Et ces soucis systémiques existent depuis des décennies. Ce n'est pas comme si c'était arrivé hier. Par conséquent, le Nigeria ne peut plus se permettre de verser cette subvention aux carburants. »La subvention sur les carburants était prévue dans le budget fédéral jusqu’en juin 2023. Ce serait quelque 6,1 milliards de dollars qui étaient déjà dus à la NNPC, la Compagnie nationale pétrolière. Une dette de plus pour le Nigeria, même si cette subvention est abandonnée.
7/3/20232 minutes, 19 seconds
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Kenya: Lions Lights, l'entreprise qui éloigne les lions du bétail

C'est une invention d’un jeune Masaï, Richard Turere : ce sont des lumières clignotantes qui fonctionnent à l’énergie solaire et permettent de tenir éloignés les lions. Car les conflits entre communautés pastorales et faune sauvage sont récurrents au Kenya. Mi-mai, le Kenya Wildlife Service, l’Agence kényane de préservation de la nature, tirait la sonnette d’alarme : dix lions avaient été tués en une semaine près du parc d’Amboseli, dans le sud du pays. Les « Lions Lights » sont donc vite devenus populaires. De notre correspondante à Nairobi,La nuit tombe. Vaches et chèvres rentrent de leur journée de pâturage, guidées par les bergers masaï. Ils vivent à Kitengela, en bordure du parc national de Nairobi qui abrite une importante faune sauvage. Une rivière sert de frontière, mais certains endroits sont facilement franchissables, notamment par les lions. Richard Kuyayo en a fait l’expérience. Ce berger d’une soixantaine d’années vit ici depuis 12 ans, avec ces 24 chèvres et 120 vaches.« C’est un sujet d’inquiétude, j’ai déjà perdu des chèvres à trois reprises à cause des lions. Ils viennent régulièrement parce que nous sommes sur leur chemin quand ils sortent du parc national. Le problème, c'est que nous n’avons pas d’autre emploi, il n’y a pas d’agriculture possible, le bétail, c’est notre mode de vie », raconte-t-il.Richard Kuyayo a commencé à utiliser les « Lions Lights », il y a trois ans. Il dit avoir vu une vraie différence : « J’en mets trois de ce côté, deux de ce côté, et trois là-bas. Ces lumières nous ont vraiment aidés à sécuriser l’enclos des animaux. Depuis qu’on les a installés, nous n’avons pas eu d’autres attaques. »Quelques mètres plus loin, des lumières clignotent autour d’un autre enclos. C’est celui où a grandi Richard Turere. Aujourd’hui âgé de 23 ans, le jeune masaï fasciné par les technologies a mis au point ces lions lights à 12 ans.Plus de 2 000 foyers utilisent les « Lions Lights » au Kenya « J’étais en charge de surveiller le troupeau et une nuit, je me suis fait la réflexion que les lions ne venaient pas quand quelqu’un était en train de patrouiller avec une lampe torche, raconte le jeune homme. C’est de là qu’est venue l’idée pour Lions Lights. Les lumières clignotent et imitent ce que ferait une personne en train de marcher de nuit. Les lions ont l’impression que quelqu’un est réveillé et surveille, alors qu’il n’y a personne. »Richard Turere a depuis beaucoup voyagé pour parler de son projet et a fait des études en conservation de l’environnement. En dix ans, l’entreprise Lions Lights a grandi : « Au Kenya en ce moment, il y a un peu plus de 2 000 foyers qui utilisent nos lumières. Mais l’on trouve aussi des "Lions Lights" en Tanzanie, au Botswana, au Zimbabwe, en Zambie et depuis récemment, en Argentine. Ce projet, qui a commencé tout petit, a vraiment pris de l’ampleur ! C’est parce que nous n’avons pas le choix : les humains doivent apprendre à coexister avec la faune sauvage, sinon l’un des deux finit par souffrir. »Passionné par la protection des animaux, Richard Turere voit grand pour Lions Lights. La mise au point d’un système automatisé notamment où les lumières s’allumeraient lorsqu’un prédateur est détecté autour des enclos. Pour son invention, Richard Turere a été nommé parmi les trois finalistes du Prix des jeunes inventeurs de l’Office européen des brevets (OEB). Un prix qui récompense de jeunes innovateurs et innovatrices de 30 ans ou moins qui ont développé des solutions technologiques pour s’attaquer aux enjeux mondiaux de développement durable. Le résultat sera annoncé le 4 juillet.À lire aussiAu Kenya, une start-up propose un système de capture de carbone
7/2/20232 minutes, 12 seconds
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Congo-Brazzaville: les «Vendredis de l'entreprise», l'informel face au défaut de financements

L'événement rassemble les représentants du patronat congolais ainsi que des personnalités porteuses de projets. La seconde édition des « Vendredis de l'entreprise » s'est tenue fin mai. Elle a notamment été marquée par un débat sur les mécanismes de financements des PME, car ces dernières – mal organisées – rencontrent des difficultés pour accéder aux banques. De notre correspondant à Brazzaville,Comment financer l'informel, principale préoccupation des PME congolaises, venues nombreuses écouter Branham Kintombo alors que le secteur représente 94% de l'économie congolaise. Le directeur général par intérim du Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement des PME et de l’artisanat, le Figa tente de donner des réponses face aux blocages de financements bancaires.« Plusieurs micro-entreprises ne peuvent pas accéder aux financements parce qu’ils ne sont pas formalisés. Vous avez également les questions relatives à la tenue de la comptabilité. Vous avez en plus les questions de siège. Plusieurs promoteurs et opérateurs économiques ont leurs entreprises dans les sacs. Comment voulez-vous qu’une banque puisse accompagner une entreprise qu’on ne peut pas identifier », explique-t-il.Des résultats dans la micro-financeC’est dans le but de régler tous ces problèmes que les autorités ont mis en place le Figa en 2021. Son but : assurer l’intermédiation financière entre les PME et les établissements bancaires et ceux de micro-crédits. Et des résultats, il y en a essentiellement dans la micro-finance, d'après Branham Kintombo. « Entre le mois de mars et d’avril (2023), le Figa a pu accompagner avec le partenariat des micro-finances. Pour un stock de 340 millions de francs CFA [518 326 euros, NDLR] nous avons pu toucher 439 bénéficiaires pour la plupart des micro-entreprises », détaille-t-il.De son côté, Jacqueline Lydia Mikolo, ministre des PME, qui patronne les Vendredis de l’entreprise, salue le plaidoyer mené par le gouvernement. « Nous sommes arrivés quand même à avoir des produits, avec la banque Ecobank par exemple, qui permettent aux artisans d’ouvrir leurs comptes bancaires sans un seul franc. Il suffit d’avoir sa carte d’artisan », se réjouit-elle.Une majorité de TPE qui échappe aux prêts bancairesLe Figa a accompagné, entre autres, les coopératives des pêcheurs ou encore les maraîchers. Mais aussi la micro-industrie. Samuel Tsimba Mbila est promoteur d’une société de production de la craie scolaire blanche et de couleur. « Au départ, avec nos propres moyens, nous étions capables de produire 200 boîtes de craie par jour. Mais, avec le financement que nous venons d’obtenir grâce au Figa, nous allons quintupler notre capacité de production », promet-il.Aux Vendredis de l’entreprise, les dix banques commerciales présentes au Congo ont été qualifiées de frileuses, exigeant trop de conditionnalités pour financer les PME. Une accusation battue en brèche par Milord Alkama, directeur d’exploitation de la Congolaise de banque (LCB). « Nous les finançons déjà dans tous les domaines : la technologie, l’agriculture, l’agroalimentaire, les pharmacies… Tenez-vous bien avec des contraintes très allégées », se défend-il.Mais l'immense majorité des TPE échappe encore trop largement aux prêts bancaires. Pour une meilleure régulation, les autorités veulent qu'elles s'enregistrent, sans réel succès jusqu'à présent.
6/29/20232 minutes, 25 seconds
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Sénégal: l'appui du FMI à Dakar pour 1,8 milliard de dollars

Un nouveau programme du FMI pour le Sénégal. Il a été approuvé ce lundi 26 juin par le conseil d’administration du Fonds monétaire international. Un accord sur le montant record de 1,8 milliard de dollars de financement sur trois ans, qui devrait permettre au pays de résister à l’inflation, en échange de réformes structurelles. De notre correspondante à Dakar, C’est un véritable ballon d’oxygène pour Dakar. L’accord est composé de deux volets : environ 1,5 milliard de dollars « au titre du Mécanisme élargi de crédit (MEDC) et de la Facilité élargie de crédit (FEC) », « combinés au Fonds pour la résilience et la soutenabilité (RST) » d’environ 327 millions de dollars.Pourquoi ce soutien financier ? « Premièrement, c'est de multiples crises, en commençant par le Covid jusqu'à l'invasion de l'Ukraine par la Russie », rappelle Edward Gemayel, chef de mission du FMI pour le Sénégal, en ligne depuis Washington. « Deuxièmement, il y a de la difficulté d'accéder au financement. Le troisième facteur, c'est la question des réserves de la Banque centrale régionale qui sont en baisse depuis plus d'un an. »Les négociations sont allées très vite. En contrepartie, le Sénégal s’engage à des réformes, notamment pour lutter contre le blanchiment d’argent, pour des projets d’adaptation au changement climatique, et pour réduire la dette. « La stratégie de consolidation budgétaire a deux volets », explique Mesmin Koulet Vikot, représentant résident du FMI à Dakar. « C'est de mobiliser davantage de ressources intérieures en rationalisant les exonérations et dans le volet dépense, en limitant, en supprimant les subventions à quelques produits énergétiques. On vise le super, le gasoil et aussi la tranche haute de l'électricité. »Appui financier sur fond de tensions politiquesUn accord salué lundi 26 juin par le ministre sénégalais des Finances et du Budget devant l’Assemblée nationale. « Un des enjeux de ce programme, c'est la possibilité pour notre pays de mobiliser des ressources de 1 150 milliards de francs CFA, à des coûts très favorables, sans incidence sur notre endettement, pour la couverture des déficits des budgets de 2023, 2024, 2025 », a déclaré Mamadou Moustapha Ba à l’ouverture du débat d’orientation budgétaire. Cet appui financier intervient sur fond de tensions politiques, après des violences meurtrières début juin, et en vue de la présidentielle fixée en février. Mais pour l’heure, le FMI affiche sa confiance. « Bien sûr, on a une certaine inquiétude, mais pour le moment, nous pensons que le Sénégal pourrait dépasser cette période. C'est un pays qui, dans le passé, a toujours pu surmonter ses différends au niveau interne », souligne Edward Gemayel.Le Sénégal a enregistré l’an dernier une croissance de 4,2%. Mais si la production de gaz et de pétrole démarre bien à la fin de l’année, le FMI anticipe un rebond à plus de 8% en 2023.
6/28/20232 minutes, 23 seconds
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Tunisie : face à la crise, le secteur informel explose

En Tunisie, la crise économique s’aggrave sans signe d’accalmie. Dans le pays, face à l’inflation et la cherté de la vie, la débrouille et l’informel deviennent de plus en plus présents. Près de 45% de la population active travaillerait dans l’informel, selon une étude publiée en 2023 par le think tank l’Institut tunisien des études stratégiques et 50% des jeunes travaillent dans ce secteur. Mais la précarité et l’illégalité de cette économie sont dénoncées, même par les plus persévérants. De notre correspondante à Tunis,Dans la rue d’Espagne au centre-ville de Tunis, les étalages des marchands ambulants envahissent chaque matin les trottoirs. Ils vendent des vêtements, ustensiles en tout genre et objets de contrefaçon importés de Chine et transportés en Tunisie via l’Algérie.Houssine Chaari, explique qu’il fait ce travail depuis 17 ans sans aucun statut légal. « C’est déjà bien que l’État me donne une carte d’identité, je n’ai rien d’autre. Je travaille au jour le jour. Si la police me dit de partir, je pars, sinon je travaille avec les gens, je vends des claquettes et si je gagne en fin de journée de quoi nourrir mes enfants et assurer leur scolarité, c’est déjà pas mal. »Une économie informelle aux règles précisesÀ ses côtés, Sofien Jaballah, sociologue et auteur d’une étude avec le Forum des droits économiques et sociaux réalisée en 2022 sur l’écosystème de cette rue. Il explique que l’économie informelle obéit à des règles précises.« C’est une économie informelle, mais formalisée, comment elle est formalisée ? La cohésion tribale, sécurité, assurance, financement par les mêmes familles. Donc, ils viennent d’une région de Sbiba ou de Jelma du centre-ouest, c’est une région marginalisée par l’État. »La police tolère ces activités, selon Sofien, car l’État n’a pas de solution immédiate pour les régulariser et le taux de chômage est de 15% dans le pays. « Aujourd’hui, pour avoir un capital, pour avoir un financement de la banque, pour même trouver une petite source de financement, c’est presque quasi impossible alors que l’informel, il ouvre des portes, il donne des occasions pour la majorité des classes défavorisées. Ce n’est pas “l’American dream”, ce n’est pas une “success-story” mais c’est le “Tunisian dream” pour les pauvres », souligne Sofien Jaballah.Un parcours rempli d'embuchesD’autres ont tenté de s’en sortir comme Habib el Bey, un jeune qui fait de la street-food et spectacles culinaires dans un food-truck dans différentes villes du pays. Il avait été arrêté en 2022, car il n’avait d’autorisation pour exercer son métier. Cet incident avait suscité l’indignation de l’opinion publique.Un an plus tard, célèbre, il continue de faire ses sandwichs, mais il admet qu’il a toujours des difficultés. « Malheureusement, le fait d’ouvrir un food-truck n’est pas accessible à tous, il n’y a pas de cahier des charges. Moi, j’essaye à travers mes évènements et ma notoriété de montrer aux autorités que c’est possible de faire quelque chose de propre qui respecte les normes sanitaires », martèle Habib el Bey.Si la Tunisie a mis en place, depuis 2020, le statut d’auto-entrepreneur, une majorité des métiers liés à l’informel n’a toujours pas de législation adéquate.
6/27/20232 minutes, 23 seconds
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La culture du sorgho en plein essor en Afrique

À Montpellier, dans le sud de la France, s'est tenue début juin la conférence mondiale sur le sorgho, la 5e céréale la plus cultivée dans le monde. Le continent africain engrange à lui seul la moitié des 60 millions de tonnes récoltées chaque année. Grâce à sa capacité de résistance à la sécheresse, le sorgho permet à des millions d’habitants de la zone sahélienne de survivre. Et depuis quelques années, sa production y augmente. C’est le constat fait par les experts de la filière, des producteurs aux semenciers en passant par les généticiens. À l’Inran, l’Institut national de recherche agronomique du Niger, le sorgho, deuxième céréale du pays après le mil, fait l’objet de toutes les attentions. « La production augmente, précise l'agronome Mustapha Moussa. Il y a 20 ans, c’était 500 000 tonnes, aujourd’hui, on dépasse les 2 millions de tonnes par an. C’est une culture résiliente au changement climatique et on a beaucoup de terres où on peut produire. »Parallèlement, la consommation augmente, dans les campagnes, mais aussi chez les citadins. « Je consomme beaucoup le sorgho, abonde Illiassou Mossi Maiga, le directeur de l’Inran. Bouilli, on le mélange jusqu’à ce qu'il durcisse, et ça constitue une pâte plus ou moins moelleuse qu’on consomme avec de la sauce. Et j’aime bien ça. »Le constat est identique dans la plupart des pays africains même si les raisons de cet engouement sont encore difficiles à cerner. « La production augmente dans beaucoup de pays en Afrique comme le Soudan, le Sénégal, des pays qui ont une histoire avec le sorgho comme le Zimbabwe, souligne l’expert américain Timothy Dalton. Est-ce une conséquence du changement climatique ou par raison économique parce les graines sont plus accessibles que d'autres ? Je n’ai pas encore la réponse. Et depuis une dizaine d’années, j'ai vraiment noté que les consommateurs des zones urbaines sont devenus très fiers de leurs graines traditionnelles. »La farine de sorgho de plus en plus utiliséeC’est le cas au Sénégal où le gouvernement a permis de changer la composition du pain. « Utiliser la farine de sorgho dans la panification, on sait l'incorporer à hauteur de 15%, explique Cheikh N’Diaye, de l’institut de technologie alimentaire à Dakar. C’est reconnu et ça a été transféré dans de nombreux pays. Maintenant, on est en train d’aller jusqu’à 65% d’incorporation. Ce sera une révolution et ça peut vraiment réduire le coût de l’importation du blé. »Reste maintenant à continuer le développement de la culture du sorgho en Afrique car la plupart des pays du continent doivent en importer, notamment depuis l’Ukraine et la Russie.
6/26/20232 minutes, 18 seconds
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Gabon: la filière thon et la question de l'industrialisation

Le Gabon, pays qui poursuit ses efforts de diversification de son économie, trop dépendante des recettes pétrolières. Un nouveau secteur a été ciblé dans le cadre de cette diversification de l’économie : la transformation locale du thon, un poisson migrateur qui abonde dans les eaux gabonaises. Près de 320 000 tonnes de thon sont pêchées au Gabon chaque année, mais ne sont pas débarquées dans le pays. Un forum s’est tenu du 11 au 13 mai dernier à Port-Gentil, capitale économique du pays, pour réfléchir sur cette industrialisation de la filière thonière.  Près de 300 experts, pêcheurs et investisseurs ont participé au forum de Port-Gentil. Certains sont venus de Guinée Conakry et du Bénin. À ses convives, le ministre gabonais de la Pêche, Pascal Houagni Ambouroue, a expliqué pourquoi le Gabon mise dorénavant sur l'industrialisation de sa filière thonière : « Pendant longtemps, on a magnifié le secteur pétrolier, le secteur minier, le secteur historique comme le bois. Et on a un peu oublié le secteur pêche. Et le secteur pêche n'est pas en reste et peut davantage participer à la croissance du PIB ».Selon les statistiques du gouvernement gabonais, près d’un quart du stock mondial du thon atlantique provient du Gabon. L'heure a donc sonné pour le pays de profiter au maximum de cette ressource. Blaise Louembe, ministre du Développement industriel : « La stratégie nationale d'industrialisation du Gabon stipule que toutes les matières premières doivent faire l'objet d'une troisième transformation au moins avant l'exportation. Et le thon ne va pas y échapper. Le Gabon doit être un acteur majeur et prendre sa part de 15 milliards de dollars que se partagent les producteurs de thon. Mais il doit aussi participer aux 50 milliards de dollars de produits finis. La pêche, et surtout l'industrialisation de la filière thonière, vont créer de nouvelles chaines de valeur et des milliers d'emplois directs et indirects ».À lire aussiCôte d'Ivoire: la société civile dénonce des spéculations sur le prix du thonDes négociations d'investissements en cours Le thon est principalement pêché au Gabon par des chalutiers espagnols et français qui exportent directement tout le poisson vers les usines européennes. Emmanuel Berck, principalement négociateur des accords de pêche pour le vieux continent, était omniprésent durant le forum de Port-Gentil : « Pour un pays comme le Gabon, il est intéressant que la transformation et les débarquements puissent se situer dans ses eaux et sur son territoire, mais il y a encore des efforts à faire pour que cette industrialisation devienne une réalité ».En effet, pour réussir cette industrialisation du thon, le Gabon doit au préalable réaliser d'importants investissements. Il faut notamment moderniser les ports de débarquement et créer des usines aux normes internationales. Les pourparlers seraient très avancés avec la Norvège pour financer certaines infrastructures. En 2017, une usine d'une valeur de 32 milliards de FCFA avait été construite mais n'a jamais fonctionné. Elle est actuellement en cours de dépoussiérage.À écouter aussiLes Gabonais face à un manque de sucre depuis près de trois mois
6/25/20232 minutes, 28 seconds
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Sénégal: la société civile veut de la transparence pour éviter la corruption dans les industries extractives

Dakar se prépare cette année à commencer à exporter son gaz et son pétrole. Et les attentes sont énormes. Mais pour que les ressources bénéficient à la population, la société civile appelle à une bonne transparence pour limiter les risques de corruption, très élevés dans le secteur. De notre correspondante à Dakar,Le secteur des industries extractives est particulièrement propice à la corruption et aux détournements comme l’explique Papa Farra Diallo, président de la section sénégalaise de la coalition Publiez ce que vous payez : « C'est un secteur qui charrie beaucoup d'enjeux financiers. Si on ne fait pas attention, si on n'a pas un bon leadership, et un bon système de traçabilité sur toute la chaîne de valeurs, c'est la porte ouverte à la corruption ».De cette prise de conscience est née la norme ITIE, ou initiative pour la transparence dans les industries extractives. De nombreux pays comme le Sénégal y adhèrent, et la norme a permis des avancées sur la traçabilité, comme l’obligation de publier les contrats miniers, gaziers et pétroliers.Glencore déjà épingléMais certains dénoncent une certaine hypocrisie. Le groupe minier suisse Glencore par exemple, a été condamné à 700 millions de dollars d’amende pour corruption aux États-Unis, mais faisait encore partie des sponsors de la conférence mondiale de l’ITIE mi-juin, à hauteur de 50 000 dollars. Souad Aden Osman est à la tête du secrétariat du panel de l’Union Africaine sur les flux financiers illicites : « Glencore a été pris. On se retrouve avec une compagnie qui continue à opérer dans les 6 pays qu'on estime victimes. S'il n'y avait pas eu cette investigation robuste aux États-Unis, on n'aurait rien su. Maintenant que c'est su et que tout est là, tout le monde fait semblant de ne rien avoir vu ! »À lire aussiKenya: un rapport pointe du doigt la corruption galopante dans le secteur de la santéContacté, l’ITIE dit condamner ces pratiques et être en discussion avec Glencore concernant les mesures préventives prises par l’entreprise. Au niveau du Sénégal, la coalition Publiez ce que vous payez demande des efforts supplémentaires à l’État pour améliorer la confiance : « Le Sénégal a adopté un décret sur le RBE, le régime des bénéficiaires effectifs, pour savoir quelles sont les entreprises qui gagnent dans la sous-traitance. Donc c'est extrêmement important que le Sénégal aille plus loin et que ce registre des bénéficiaires effectifs soit publié et soit public. »1 000 milliards de pertesLe Sénégal pourrait tirer près d’un milliard et demi d’euros de recettes de son gaz et son pétrole entre 2023 et 2025. Au-delà de la publication des contrats et licences, l’ONG NRGI veut des mécanismes solides de contrôle. Aida Diop est chargée de programme senior pour l’organisation : « Nous devons mettre en place des mesures qui empêchent les détenteurs de pouvoir abuser de leur position, ce qui implique des contrôles sur les lobbyings, les dons, les permutations des fonctions publiques-privées des élites, des mesures anti-corruptives efficaces, et appliquées dans les entreprises impliquées dans le secteur y compris et surtout dans les entités comme PetroSen ».Selon l’ONG Global Financial Integrity, l’Afrique a perdu plus de 1 000 milliards de dollars en flux financiers illicites au cours des 50 dernières années.À lire aussiCôte d’Ivoire: bilan sur la plateforme Spacia, lancée pour alerter sur des cas de corruption
6/22/20232 minutes, 18 seconds
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Sénégal: l'exploitation minière artisanale au cœur du sommet de l'ITIE à Dakar

L’exploitation minière artisanale est l'un des poumons de l’économie mondiale. 20% de l’or provient de ces petites mines, mais aussi une grande partie de l’étain et du cobalt. Souvent associée au travail des enfants ou au conflit, elle est difficile à encadrer par sa nature. Les États et ONG essayent de mieux connaître et prendre en compte cette activité. 
6/21/20232 minutes, 23 seconds
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Côte d'Ivoire: les importations illégales d'huile de palme raffinée fragilisent les planteurs villageois [2/2]

D'après le Conseil hévéa-palmier à huile, au moins 900 tonnes d'huile de palme raffinée sont entrées illégalement sur le territoire ivoirien depuis janvier. Les tarifs extrêmement bas de ces huiles attirent les consommateurs, au détriment de la production locale. Ce qui fragilise les différents acteurs de la filière, à commencer par les planteurs villageois. Avec cette concurrence déloyale, les raffineurs ivoiriens ont de plus en plus de mal à écouler leurs stocks, sur le marché national. Résultat, l'ensemble du système se retrouve bloqué. C'est le constat dressé par Henri César Sama Damalan, président de l'Association interprofessionnelle de la filière palmier à huile (AIPH) et du Groupement des industriels transformateurs d'huile de palme (GITH).« Aujourd'hui, nos planteurs ne peuvent pas écouler leurs régimes, du fait que les usiniers de deuxième transformation - ceux qui transforment l'huile de palme brute en huile de palme raffinée - ne peuvent pas écouler leur huile de palme. Ceux qui vendent l'huile de palme brute ne peuvent pas vendre leur huile de palme brute. Et ceux qui vendent les régimes de graine ne peuvent donc pas les vendre. Donc, c'est un pan de l'économie qui est bloqué. Et si nous n'arrivons pas à juguler cette fraude, des usines vont fermer et l'on va certainement aller à la mise en chômage technique de nombreux travailleurs. »► À écouter aussi : Côte d'Ivoire: les importations illégales d'huile de palme raffinée menacent de nombreux emplois45 000 planteurs villageois en Côte d'IvoireCette saturation du système fragilise particulièrement les planteurs villageois, maillons essentiels de la chaîne. Le pays en compte près de 45 000. Mais leur capacité à résister aux tensions du marché reste relative, analyse le professeur Salif Koné, doyen de l'UFR de Sciences économiques et sociales à l'Université Felix-Houphouët Boigny d'Abidjan. « Leurs paramètres sont plus fragiles que les producteurs industriels étant donnés qu'ils ont moins la capacité de faire de la publicité. Ils ont moins la capacité de varier leur portefeuille de production et ils restent beaucoup sur l'huile de palme alors que la presque totalité de la production du palmier à huile peut être utilisée, comme les huiles palmistes qu'on extrait des graines. Les producteurs industriels peuvent plus facilement amortir le choc que les producteurs individuels ou villageois. »Une « menace sur l'équilibre de la filière ivoirienne »En Côte d'Ivoire, les importations ne sont pas interdites, mais elles sont strictement règlementées, comme le rappelle Fougnigué Edmond Coulibaly, le directeur général du Conseil hévéa-palmier à huile, l'organe qui régule la filière. « Dans le principe, ce n'est pas interdit sauf s'il y a une menace pour l'équilibre de la filière nationale. Donc, on est justement dans ce cadre de menace sur l'équilibre de la filière nationale. C'est ce qui nous amène à dire stop. Il y a des règles et le Conseil est à même de dire à quelle période éventuellement on pourra ouvrir les importations des produits raffinés d'huile de palme. » Fin 2022, la Côte d'Ivoire a connu le problème inverse, avec des exportations illégales d'huile de palme revendue plus chère dans la sous-région. Dans les deux cas, ces pratiques mettent en lumière une défaillance des douanes et démontrent que la traçabilité des flux reste un défi économique majeur pour le pays. 
6/20/20232 minutes, 35 seconds
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Côte d'Ivoire: les importations illégales d'huile de palme raffinée menacent de nombreux emplois [1/2]

En Côte d'Ivoire, cela fait plusieurs mois que des huiles de palme raffinées vendues à prix cassé inondent le marché. Des huiles importées illégalement d'Asie du Sud-Est, plus précisément de Malaisie, selon plusieurs sources. Leurs tarifs défient toute concurrence et les consommateurs ivoiriens se détournent de la production locale. Une situation qui déstabilise l'ensemble de la filière et menace de nombreux emplois, alors que le pays est le deuxième producteur d'huile de palme du continent. En Côte d'Ivoire, 1 litre d'huile de palme raffinée coûte entre 1 150 et 1 200 francs CFA. En dessous de ce prix, il y a de fortes chances qu'il s'agisse d'un produit frauduleux. Une concurrence déloyale, alerte Fougnigué Edmond Coulibaly. « Chaque part de marché gagnée par cette huile, c'est une part de marché en moins pour nos opérateurs locaux. Et je dois rappeler que ces mêmes opérateurs locaux ont fait des sacrifices pendant toute l'année 2021 et aussi l'année 2022, pour plafonner les prix de sortes à ne pas répercuter la hausse des cours mondiaux systématiquement sur le consommateur », insiste Fougnigué Edmond Coulibaly. « Donc, aujourd'hui, faire face à du “dumping” sur notre marché avec des produits qui viennent d'ailleurs et qui se retrouvent en train de faire de la concurrence déloyale à nos producteurs locaux, c'est même en difficulté effectivement l'équilibre économique de la filière. »« Nous ne sommes plus compétitifs... »D'après le Conseil hévéa-palmier à huile, au moins 900 tonnes d'huile de palme raffinée sont entrées illégalement sur le territoire ivoirien depuis janvier. Un vrai défi pour les acteurs de la filière, explique Henri César Sama Damalan, le président de l'Association interprofessionnelle de la filière palmier à huile (AIPH), également à la tête du Groupement des Industriels transformateurs d'huile de palme (GITH).« Les coûts auxquels l'huile de palme raffinée venant d'Asie du Sud-Est arrivent en Afrique de l'Ouest, et principalement en Côte d'Ivoire, ce sont des coûts avec lesquels nous ne pouvons pas être en compétition. Pendant que nous, nous sortons notre bidon d'huile de 25 litres à 25 000 francs CFA sortie usine, nous recevons des huiles d'Asie du Sud-Est qui arrivent ici à 14 000 francs le bidon d'huile. Avec les taxes, ils sont obligés de le vendre à 20 000 francs. Mais nous ne sommes plus compétitifs. »Près de 45 000 planteurs villageois ivoiriensAujourd'hui, les raffineurs ivoiriens peinent à écouler leurs stocks. Une situation qui affecte l'ensemble de la filière et menace de nombreux emplois, estime le professeur Salif Koné, doyen de l'UFR de Sciences économiques et sociales à l'Université Félix-Houphouët Boigny d'Abidjan. « À partir du moment où la vente d'huile de palme baisserait, le marché tendrait à s'assécher. Il y a une partie de la main d'œuvre qui va devenir superflue », pointe Salif Koné. « Donc, la rémunération de cette main d'œuvre, son utilisation, devient un coût supplémentaire qui ne se justifie plus. Et donc, ça va nécessairement affecter l'emploi, autant au niveau industriel que villageois. »La Côte d'Ivoire compte aujourd'hui près de 45 000 planteurs villageois, couvrant une superficie de 220 000 à 300 000 hectares. Les plantations industrielles couvrent, quant à elles, 75 000 à 80 000 hectares. 
6/19/20232 minutes, 28 seconds
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Sénégal: après les violences, l'inquiétude des acteurs du tourisme à Saly

Au Sénégal, les acteurs économiques déplorent les conséquences de la crise politique en cours sur les activités du pays. Le secteur du tourisme s’en inquiète particulièrement. Alors que les vacances scolaires estivales approchent, l’envoyé spécial de RFI au Sénégal s’est rendu à Saly, cité balnéaire de la petite côte, à 85 kilomètres au sud de Dakar. De notre envoyé spécial à Saly,Saly est réputée pour ses plages de sable fin et ses pirogues de pêcheurs colorées. Au restaurant La cigale et la fourmi, on mange du poisson grillé et des crustacés en regardant la mer.Mais son propriétaire, Massamba Gnieng, craint de ne pas avoir le cœur à chanter tout l’été. « Avec les événements, il y a pas mal de gens qui ont annulé leur vol. Heureusement que les Allemands sont passés pendant la basse saison, mais sinon en pleine saison, ça allait tout gâcher. Quand il n’y a pas la paix, on ne peut pas travailler et c’est toujours comme ça. » Il craint que, si la situation dure, cela dissuade les touristes de venir. « Le risque, c’est qu’on ne voit plus de touristes », insiste-t-il.► À lire aussi : Sénégal : heurts violents entre partisans de l’opposant Ousmane Sonko et forces de l’ordre« On n’avait pas besoin de ça... »C’est surtout en décembre que Saly fait le plein, mais la période estivale est toujours un moment d’affluence. Cette année pourtant, les perspectives s’assombrissent.Laurent Pichon tient l’Auberge Le Baobab. « Pour l’auberge, nous avons beaucoup d’annulations. C’est 50, 60 % en moins. Et on n’a rien comme réservation. » D’habitude à cette période de l’année, les réservations foisonnent. « Pour juillet et août en principe oui, on est presque complet. Et là on n’a rien. Après le Covid-19, après tout ça, on n’avait pas besoin de ça. »► À lire aussi : Violences au Sénégal : les camps politiques se renvoient la responsabilitéLaurent Pichon ne sait pas si les choses peuvent s’inverser d’ici l’été. Comme tout le monde, il est suspendu aux annonces à venir – quelles qu’elles soient –, du président Macky Sall. « On attend, c’est compliqué, mais on ne peut rien faire d’autre. »« On ne peut pas dire qu’on est optimiste... »Du nombre de touristes qui rempliront les hôtels dépend de l’affluence dans les restaurants, et les participations aux excursions alentour. En dépendent aussi les activités de tous les travailleurs de Saly.Djibril Cissé et Marceline Mireille vendent respectivement du café et des fruits en bord de route. « Beaucoup d’activités sont freinées et les gens le sentent. Même nous qui faisons les petites activités, on le sent », dit Djibril Cissé.À la question de savoir s’il est optimiste ou pessimiste avec l’été qui arrive, le vendeur est catégorique : « On ne peut pas dire qu’on est optimiste, parce qu’avec la situation du pays, on ne peut pas savoir. Si les jeunes politiques arrivent à apaiser la tension, peut-être que tout se relancera, mais si les touristes viennent moins nombreux cet été, cela aura un impact dans tous les ménages. » Quant à Marceline Mireille, elle ne cache pas son inquiétude : « On s’inquiète pour ça, parce qu'il n’y aura pas de client, ça va être très difficile pour nous. Nous, on vit avec ça. Le paiement de logements, l’école de ma fille... »Dans un communiqué diffusé le 13 juin, le ministère sénégalais du Tourisme tente de rassurer : « la sécurité des Sénégalais en général, des étrangers et des touristes en particulier, est au cœur du dispositif de sécurité », « le Sénégal reste une destination touristique sûre. »► À lire aussi : Après les violences au Sénégal, le Premier ministre promet la « transparence »
6/18/20232 minutes, 30 seconds
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Cinéma et séries: CINAF, la plateforme de streaming 100% africaine

Qui n'a jamais rêvé d'un Netflix 100% africain ? C'est le pari dans lequel se sont lancés deux entrepreneurs camerounais avec « CINAF », une plateforme de streaming exclusivement dédiée au cinéma et aux séries du continent. Le projet est né il y a trois ans. Pour l'instant, CINAF propose majoritairement des productions camerounaises. Mais ses fondateurs voient grand : ils espèrent bien conquérir l'ensemble des productions du continent, grâce à une levée de fonds de 500 000 euros qu'ils sont en train de réaliser. Clémentine Pawlotsky les a rencontrés, à l'occasion du salon VivaTech organisé jusqu'au samedi 17 juin à Paris. CINAF est né d'un constat : les films et séries africaines manquent de visibilité. « Il n'y a pas vraiment de plateforme dédiée au contenu africain vers laquelle les fans de ce contenu peuvent se tourner lorsqu'ils en ont besoin », explique Fabrice Takoumbo, l'un des fondateurs de la plateforme.L’aventure CINAF débute en 2020, avec un catalogue majoritairement camerounais. Aujourd'hui, on y trouve également des films et série du Sénégal ou de Côte d'Ivoire. L'objectif à long terme : conquérir l’ensemble des productions du continent, explique Vanel Sandjong, l'autre fondateur de CINAF. « En tant que start-up, nous avons un gros challenge. Nous nous attaquons à un marché qui est énorme. On parle de 859 millions de personnes connectées en Afrique donc c'est un marché qu'il faut attaquer et cela demande beaucoup de ressources. C'est la raison pour laquelle nous sommes en train de faire une levée de fonds de 500 000 euros qui va nous permettre de financer notre croissance et d'avoir des contenus de tous les pays d'Afrique ».Embrasser le marché de NollywoodProchaine étape pour CINAF, embrasser le marché de Nollywood. Les deux entrepreneurs sont actuellement en discussion avec des distributeurs nigérians. Les perspectives sont prometteuses, selon Vanel Sandjong. « Le Nigeria à lui-seul produit près de 35% de tout le cinéma qui se fait en Afrique. Des plateformes comme Netflix, comme Disney qui sont présentes ou comme Canal+, ne diffusent que 3 à 5% de ces productions de là-bas. Et nous, nous sommes la solution qui essaiera de donner un peu plus de sourire à ces producteurs et créateurs nigérians ».D'après ses fondateurs, CINAF compte aujourd’hui près de 450 000 utilisateurs. Au Cameroun, un abonnement à la plateforme coute en moyenne 5 euros par mois, un prix variable selon les pays. Même chose pour les solutions de paiement, précise Fabrice Takoumbo. « Nous travaillons aussi sur ce volet technologique qui consiste à intégrer les moyens de paiement propres à chaque pays ou à chaque localité africaine et à des tarifs qui s'adaptent au coût de vie de ces populations. Le continent africain est celui qui se digitalise le plus dans le monde, alors il est important que nous développons ou intégrons des solutions réelles qui répondent aux attentes des populations africaines ».Derrière ce projet ambitieux, une équipe 100% camerounaise, avec 25 personnes travaillant à temps plein.
6/15/20232 minutes, 8 seconds
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Rwanda: des solutions pour protéger les plantations de thé des inondations

Si dans l’ouest du Rwanda, une partie des parcelles a été détruite par les violentes inondations du début du mois de mai, dans le district de Gicumbi (nord), l’une des régions les plus productrices de thé, une initiative met en place un projet de résilience pour les agriculteurs, pour relocaliser les plantations dans les hauteurs, afin qu’elles soient protégées des intempéries. De l’ancienne plantation de thé de Patrice Hatangimana dans la vallée de Mulindi, il ne reste plus rien. « Ici, il y a huit ans, j'avais une plantation de thé. Malheureusement, les inondations l'ont détruite. Les eaux provenaient du haut de la montagne et ont englouti tout sur leur passage, emportant ma plantation de thé », dit-il.L’ancienne parcelle n’est plus qu’une grande friche, utilisée comme pâturage pour le bétail. Le producteur de thé a dû pendant des années travailler sur les terres d’autres fermiers pour gagner sa vie. Mais sur certaines de ses plantations dans les montagnes qui entourent la vallée de Mulindi, à la place du maïs ou des pommes de terre qu’il cultivait auparavant en altitude, l’agriculteur attend les premières récoltes du thé planté trois ans plus tôt. « Il faut du temps pour la première récolte, mais une fois prêt, nous pouvons récolter chaque semaine. Contrairement à d'autres plantes telles que les haricots, qui sont saisonnières, c'est la rentabilité du thé qui nous a motivés. Avec les ressources qu'il nous procure, nous pouvons acheter ce que nous voulons sur le marché », explique-t-il.« Nous avons rapidement compris l'importance de la relocalisation »Le producteur fait partie du projet pilote de Green Gicumbi, qui accompagne, sur 50 hectares en altitude, les fermiers pour cultiver du thé sur les collines, au lieu de suivre les anciennes pratiques et d’installer les plantations dans les vallées où elles sont plus vulnérables aux intempéries. Perpétue Uwihirwe, agricultrice, a elle aussi pris part au programme. « En haut, la plantation ne risque pas d'être inondée car les tranchées sont bien tracées. Avec les autres personnes qui ont perdu leur plantation, nous avons rapidement compris l'importance de la relocalisation », indique-t-elle.Des tranchées destinées à aplanir les collines accidentées afin d’éviter les glissements de terrain, et protéger les plants, mais aussi les terres cultivées dans les vallées, explique Jean-Marie Vianney Kagenza, responsable du projet pour le Fonds vert rwandais. « Nous avons construit des terrasses progressives ou tranchées, tous les 50 mètres. Elles ont la capacité de retenir l’eau d’une parcelle à l’autre. Elles réduisent la vitesse de l’eau, protègent le bassin-versant en général, et dans le même temps, minimisent les inondations et érosion des sols vers les zones humides en vallée ».Pour l’instant, le projet pilote concerne près de 400 producteurs de thé du district. Mais les responsables espèrent qu’il sera développé dans d’autres régions du pays, notamment les plus touchées par les inondations.►À lire aussi : Rwanda: à Rubavu, les cultures de thé impactées par les inondations
6/14/20232 minutes, 26 seconds
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Face à la «fast fashion», la Tunisie mise sur le textile premium

En Tunisie, le textile reprend des couleurs. Les exportations dépassent désormais leur niveau d’avant Covid : +22,1% par rapport au premier trimestre 2019, selon les chiffres officiels. Des résultats qui peuvent être encore améliorés selon les professionnels du secteur. Pour y parvenir, certains plaident pour que le pays se positionne clairement sur le secteur du textile « premium », loin de la « fast fashion » - cette mouvance qui consiste à produire des vêtements très vite. Une montée en gamme qui pourrait, selon eux, doper le secteur alors que la Tunisie traverse une crise économique aiguë. Amira Souilem s’est rendue dans une usine qui a fait ce choix-là, à une heure de la capitale Tunis.  Ici, le concert des machines ne s’arrête jamais. Les yeux rivés sur sa machine, Amira Béjaoui assure la touche finale. Coudre à la chaîne des logos sur des pullovers. « J’en couds 150 par heure des comme ça. » Et vous travaillez combien d’heures par jour ? « 8 heures et demi. Cela fait 26 ans que je travaille ici. J’ai 40 ans », dit-elle.Comme elle, 1800 employés font tourner une usine qui a sorti près de 5 millions de pièces de ces ateliers l’an dernier. Leïla Mili gère la production chez Tunicotex : « Ce sont des vêtements que nous livrons à des clients comme Hugo Boss, Lacoste, the North Face, Tommy Hilfiger, Calvin Klein… Nous, on peut livrer l’Italie, l’Allemagne ou n’importe quel autre pays européen en quatre/cinq jours. C’est rien par rapport aux plus de trente jours de transport qu’il y aurait depuis un pays asiatique. Cette proximité fait que les Européens veulent produire plus près d’eux désormais », explique-t-elle.Soucieux de réduire leur empreinte carbone - question d’image - de plus en plus de marques européennes font le choix de la Tunisie. Cette usine a décidé de s’adapter à ses nouveaux critères. Affairé autour d’énormes machines à laver, Mohamed-Ali Boudhafer, en charge de cette étape, est très fier de nous présenter son département : « Ce que tu vois là-bas c’est une station de recyclage des eaux. On ne jette plus les eaux usées. On les traite et on les réutilise. L’eau en ressort toute propre, comme si elle n’avait jamais été utilisée. »En dix ans, la société dit avoir investi près de 20 millions d’euros dans de nouvelles technologies. Un choix gagnant qui lui a permis de décrocher de nouveaux contrats. Dernier en date : Moncler, une marque de luxe qui fait la fierté de Leïla. « Ça, c’est une veste avec des plumes à l’intérieur. Cela nécessite de pouvoir injecter des plumes avec des machines, on a donc dû investir dans des machines qui permettent cela. On a fait cet investissement, on a appris cette technologie que l’on ne connaissait pas. Le fait d’être flexible joue beaucoup dans la croissance et le développement ».Ce repositionnement vers le « premium » c’est la volonté du directeur général, Haithem Bouagila. « Plusieurs entreprises se sont orientées vers ce secteur premium. Le résultat est là. Ces entreprises sont en train d’enregistrer des taux de croissance et des taux de rentabilité qui sont les plus élevés. L'avenir de la Tunisie, c'est le premium. C'est la qualité et le service », indique-t-il.En montant en gamme, la société a dit avoir été en mesure d’augmenter les salaires de ses employés. 1 100 dinars bruts en moyenne – environ 330 euros – soit plus de deux fois le salaire minimal en Tunisie.
6/13/20232 minutes, 28 seconds
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Congo: la ligne ferroviaire reliant Brazzaville à Pointe-Noire reprend du service

Le trafic sur cette ligne du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) avait été interrompu en 2016. En cause : le sabotage de ponts et d'autres ouvrages d'art sur cette voie, notamment dans la région du Pool où s'affrontaient l'armée congolaise et les ex-combattants ninjas. Aujourd'hui, cette ligne de train ne semble plus répondre aux normes, mais les autorités congolaises promettent de la redorer.  De notre correspondant à Brazzaville,Sur la place de la gare centrale de Brazzaville, Sage Mayatela, 33 ans, un agronome, spécialiste de la sauvegarde environnementale et sociale, est assis sur un siège en béton loin des quais. Il arbore une chemise blanche et un par-dessus. Avec un petit sac, il se rend en mission dans le Pool.« J’attends une correspondance, sinon un train, pour partir sur la localité de Kibouendé (dans le Pool) pour passer une formation aux communautés locales », explique-t-il.Quelques instants après, sous un temps doux, le train attendu par Sage Mayetela fait son entrée en gare. La locomotive traînant une dizaine de wagons est partie la veille de Pointe-Noire. Elle a mis pratiquement 16 heures pour relier 510 kilomètres. D’aucuns, comme le commerçant Bestam Esaïe, affirment avoir effectué un voyage agréable. « Le voyage a été bon. On a voyagé dans de bonnes conditions. Le propre. En tout, rien à reprocher », témoigne-t-il.► À écouter aussi : Nigeria: le train moderne entre Lagos et Ibadan« Nous assurons pour l'instant l'essentiel »Un avis non partagé par d’autres, à l’instar de Germain Fontaine, un opérateur économique : « Les rails ne répondent plus à notre siècle. C’est très défectueux. Quand on prend l’exemple du train lancé au Sénégal et à Luanda, nous sommes très loin en arrière. C’est regrettable. Je suis désolé », dit-il, désabusé.Héritage de la colonisation française, cette voie ferrée a longtemps été présentée comme l’épine dorsale de l’économie congolaise. Sa défectuosité est reconnue par le gouvernement. Honoré Sayi est ministre des Transports. « Ce chemin de fer n’est pas vieux de deux ans. Il a quand même mis du temps. Et, nous avons une forte expérience. Nous avons du matériel, peut-être pas en terme suffisant parce qu’il a connu soit une vétusté, peut-être, nous n’en avons pas eu assez depuis un moment, mais nous assurons pour l’instant l’essentiel ».► À lire aussi : Le rail, une solution pour désengorger les mégapoles africainesRedorer l’image du chemin de fer est une préoccupation du gouvernement, selon Honoré Sayi : « Le chemin de fer doit aller de l’avant. C’est une question pour laquelle on ne va pas ériger la difficulté en une impossibilité. La difficulté y est, mais l’impossibilité sera relevée. J’espère qu’avec des bailleurs conséquents et des Congolais déterminés, nous irons plus loin », promet M. Sayi.Le CFCO a transporté environ 600 000 passagers en 2015.
6/12/20232 minutes, 21 seconds
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Décrocher un emploi au Sénégal, un défi pour les jeunes diplômés en intelligence artificielle

Au Sénégal, le secteur de l'intelligence artificielle attire de plus en plus de jeunes. De nombreuses formations autour de l'IA ont vu le jour ces dernières années. Mais au moment d'intégrer le marché du travail, les jeunes diplômés sont souvent tentés de s'expatrier, faute d'opportunités professionnelles dans leur pays, où l'IA en est encore à ses balbutiements.   Ndiaye Dia est un passionné d'intelligence artificielle. Ce jeune Sénégalais a reçu une formation pluridisciplinaire. D'abord en mathématiques et informatique à Dakar, puis en tant qu'ingénieur à l'École Polytechnique en région parisienne. Des compétences qu'il met, pour l'instant, à profit en France, chez Descartes & Mauss, une société qui s'appuie sur l'IA. « Moi, je suis fondamentalement convaincu que pour répondre aux problématiques autour de l'employabilité des jeunes, il faut vraiment lancer beaucoup de projets autour de l'IA, autour des algorithmes et de la donnée. C'est vraiment l'avenir et c'est déjà le présent aujourd'hui. Ça génère beaucoup d'emploi, beaucoup d'opportunités en termes d'entrepreneuriat... Aujourd'hui, au Sénégal, il y a beaucoup de start-ups qui se créent, qui font usage de l'intelligence artificielle, qui développent des produits utilisant les algorithmes. Donc, il y a beaucoup d'opportunités dans ce sens. »► À lire aussi : Intelligence artificielle: de quoi parle-t-on vraiment ?Des entreprises peu sensibilisées sur l'usage de l'intelligence artificielleConvaincus que le Sénégal ne doit pas passer à côté de cette révolution technologique, Ndiaye Dia et ses collaborateurs ont lancé en 2020 l'Institut des algorithmes du Sénégal. Sa mission : accompagner les jeunes du continent à monter en compétences autour de l'Intelligence artificielle. De jeunes diplômés dont les entreprises ne mesurent pas encore le potentiel. « Ça, c'est une problématique aujourd'hui au Sénégal. Les entreprises ne sont pas très sensibilisées sur l'usage de l'intelligence artificielle, raison pour laquelle il est important que les pouvoirs publics prennent le leadership de la sensibilisation dans ce sens-là pour sensibiliser les entreprises sur le fait qu'il faut lancer des projets de développement et de déploiement de l'IA afin de récolter les talents qui sont sur place, afin qu'ils ne partent pas à l'étranger en quelque sorte. »► À écouter aussi : Que penser de l’intelligence artificielle ?Le rôle de l'État pour ouvrir la voie de l'intelligence artificielleSensibiliser les entreprises, accompagner leurs dirigeants dans cette transition, c'est ce que fait Seydina Moussa Ndiaye, directeur du programme Force-N à l'Université numérique Cheikh Hamidou Kane et président de l'Association sénégalaise pour l'intelligence artificielle. « On essaye d'acculturer les entreprises qui sont au niveau du Sénégal pour que ces entreprises puissent comprendre comment créer de la valeur autour de l'intelligence artificielle. Par exemple, dans le programme que je gère actuellement, il est prévu pour 2023-2034 d'avoir une série de formations gratuites à l'endroit des chefs d'entreprise, à l'endroit des décideurs publics pour renforcer l'acculturation par rapport à ce domaine-là. »Seydina Moussa Ndiaye se dit confiant : « Certaines entreprises vont franchir le cap ». Mais pour lui, c'est à l'État d'ouvrir la voie. « Il y a tellement de choses à faire au niveau de l'administration publique que l'IA pourrait aider à faire. Donc, si l'État du Sénégal fait des appels d'offres autour de ça, ça susciterait cet engouement pour les entreprises qui sont ici pour qu'elles proposent des services autour de ça. »Il y a trois ans, le Sénégal s'est doté d'un super-calculateur. Un outil technologique qui devrait contribuer au développement du secteur de l'IA, dès lors qu'il sera opérationnel. 
6/11/20232 minutes, 43 seconds
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En Catalogne, les nouvelles rames du tramway de Casablanca prennent vie

Les 80 nouveaux trams de Casablanca sont en dernière phase de construction à l’usine d'Alstom à Santa Perpetua de Mogoda, en Catalogne. RFI a pu les découvrir en avant-première. De notre correspondante à Barcelone, Entre les wagons de Francfort ou de Barcelone, les nouvelles rames du tramway de Casablanca sont sur les lignes de montages de l’usine Alstom de Santa Perpetua de Mogoda.« Sur ce tram de Casablanca, toutes les parties sont standards, c’est le produit le plus standard que nous avons à Alstom », explique Patxi Bueno, le directeur de l’industrie et de l’innovation. « Seule la cabine est différente, en accord avec les demandes de personnalisation du client, mais le châssis est le même. D’un point de vue structurel, c’est exactement le même qu’on retrouve sur le tram de Barcelone, de Sydney et ceux que nous distribuons partout dans le monde. »Seule différence donc : la peinture et le design final qui n’a pas encore été rendu public. Une standardisation qui a plusieurs avantages pour le client selon l’ingénieur.« Évidemment, le fait de standardiser nos produits a plusieurs effets bénéfiques », poursuit Patxi Bueno. « Le premier est le temps – le time to market –, le temps que nous tardons à mettre le produit sur le marché. Les timings se réduisent beaucoup. Et pour le coût, logiquement quand on propose le modèle standard, cela nous permet de proposer un prix plus compétitif. »Une production destinée pour moitié à l'export en Afrique, en Europe et en Amérique latineAujourd’hui, 50% de la production de cette usine est destinée à l’export en Afrique, en Europe et Amérique latine. Une internationalisation qui n’est pas un hasard, surtout pour ce contrat marocain, comme l’explique sa directrice, Cristina Anderiz.« Comme vous l’avez vu, cette ligne de montage est pleine et deux équipes travaillent à plein temps dessus », indique Cristina Anderiz. « On va fabriquer 66 trams de Casablanca ici, des trams qui - par chance - ont été financés par le gouvernement espagnol : 60% du financement vient des fonds espagnols d’aide à l’internationalisation. Et c’est l’une des principales raisons : comme c’est financé par l’Espagne, au moins 60% de la production doit se faire en Espagne. »À ces 66 trams s’ajouteront 14 autres, commandés en début d’année à l’usine Alstom de Barcelone qui assure en avoir déjà produit une quinzaine, dont certains ont déjà été livrés, tandis que d’autres sont en transit par voie maritime.
6/8/20232 minutes, 19 seconds
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Gitex Africa: l'EdTech africain et ses limites

Avec plus de 50% de sa population qui a moins de 25 ans, l’Afrique est le continent le plus jeune au monde. L’éducation est donc une problématique centrale dont s’emparent plusieurs start-up africaines présentes au Gitex à Marrakech, le plus grand salon technologique du continent, organisé du 31 mai au 2 juin derniers. Une bibliothèque numérique, des assistants de cours en ligne ou encore des salles de classe virtuelles... Ce sont les services que proposent la start-up tchadienne Genoskul. « Genoskul est une industrie de technologie éducative qui a pour objectif de démocratiser et de centraliser l’éducation afin de la rendre accessible à tout le monde. Nous sommes une plateforme qui utilise l’intelligence artificielle pour améliorer le système éducatif et donc permettre à tout le monde de se former soi-même, ou équiper toutes les structures éducatives d’un système intelligent, leur permettant de se perfectionner et se positionner à la pointe, avec les évolutions de la technologie », explique son fondateur, Kargo Valéry.Si la plateforme Genoskul est gratuite, la plupart des start-up en EdTech sont payantes et ne sont accessibles que pour une population déjà scolarisée. C’est le cas de Dozzia assistance. La startup nigériane propose une application numérique permettant de développer un environnement d’apprentissage plus transparent pour les enfants via un système collaboratif entre l'école et les parents. « Nous avons développé une solution via trois applications mobiles et web. Une pour les parents, une autre pour les enseignants et une troisième pour l’école. Dans l’application, les professeurs remplissent des informations à propos de l’enfant qui sont ensuite traitées par nos outils d’intelligence artificielle pour enfin être partagées vers les parents concernés. Cela leur permet de savoir sur quelles matières il faut travailler avec leurs enfants et ainsi les aider à s’améliorer », indique son fondateur, Mubarak Robyn.Lightbulb Education est une start-up sud africaine. Entreprises à la recherche de formation professionnelle, universités et écoles, constituent les 17 000 utilisateurs de la plateforme. Ils sont à la recherche d’un complément d’apprentissage en ligne. Pour Allan Mushabe, PDG et cofondateur de Lightbulb Education, il est difficile pour les start-up de l’EdTech d’offrir leurs services gratuitement et à l’échelle du continent. « Notre système est capable de se déployer sur tout le continent, mais ce serait cher… Nous aurions besoin d’énormément de moyens, mais aussi de l'appui des entreprises de télécommunication. Et ils demandent toujours "qu’en est-il de mon bénéfice ?" Ils regarderont systématiquement le coût du déploiement d’une antenne cellulaire et combien cela leur rapportera. Si le ratio n’est pas bon, ils ne le feront pas. »Bien que plusieurs centaines de millions d’africains aient accès aux télécommunications via le téléphone mobile, le manque d’infrastructure perdure dans certaines régions, creuse les inégalités... Et freine notamment l’accès aux technologies développées pour faciliter l’accès à l’éducation.  
6/7/20232 minutes, 24 seconds
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Au Gitex Africa, des start-up pour aider les agriculteurs africains

Aléas climatiques, formation des professionnels de l’agriculture ou mécanisation, l’agritech ou agrotechnologie développe de nouveaux outils pour apporter des solutions aux problématiques que connaît le secteur en Afrique. Coup de projecteur sur trois start-up africaines spécialisées en agrotechnologie, toutes présentes au Gitex Africa, le plus grand salon technologique du continent, qui se tenait à Marrakech la semaine dernière. Francis Dossou Sognon dirige Agrosphère. Avec son expertise agronomique et digitale, la start-up accompagne des coopératives et des petits agriculteurs sur le terrain, en Côte d'Ivoire, au Togo et au Bénin : « Il y a des industriels qui ont besoin de matières premières. Soja, cacao, café, manioc, peu importe. On peut prendre ce besoin-là et on peut trouver des coopératives qui sont capables de répondre à ces besoins. Et ensuite, on va repérer ces coopératives, les former sur les bonnes pratiques, pour que le produit réponde à la fin aux attentes des industriels ou du marché. L'objectif, c'est qu'à terme, la coopérative devienne autonome ».Mounir Jamai est à la tête du projet Daki Farm, qui propose aux petits et moyens agriculteurs deux applications : l’une permet de suivre des formations agricoles digitalisées en langue locale, l’autre d’irriguer des cultures en fonction des besoins des plantes, et ainsi préserver les ressources en eau : « Tous les matins, l'agriculteur va recevoir une notification qui lui explique comment irriguer ses cultures, combien de temps par jour, et s'il doit fertiliser des cultures. On a vraiment un agriculteur digitalisé dans le téléphone portable. Je vous propose l'exemple de ceux qui ont des exploitations d'oliviers. Avec l'avénement des panneaux solaires, ils vont ouvrir la vanne le matin et vont la couper le soir alors que l'olivier a besoin de périodes de sécheresse pour développer son système racinaire pour ne pas faire que des feuilles et faire un peu de fruits. Et le système va permettre d'irriguer en fonction de leurs besoins et en même temps de faire des économies. »► À lire aussi : L'agrotech africaine, une opportunité pour l'agriculture du continentL'autosuffisance en ligne de mireLes entrepreneurs en agrotechnologie ont un autre défi à relever, celui de la mécanisation. En Europe, en moyenne, il y a 200 tracteurs par 100 km2, en Afrique, il n’y en a que 9. C’est pour palier ce manque que Hello Tracter est fondé en 2014. La start-up met en lien de petits exploitants agricoles avec des propriétaires de tracteurs pour améliorer les rendements agricoles. Joorst Muller est responsable de projet pour Hello Tractor : « Nous voulons améliorer la vie des agriculteurs grâce à la meilleure plateforme agricole possible. Plus de la moitié des 650 000 agriculteurs avec lesquels nous travaillons ont eu accès à la mécanisation pour la première fois via Hello Tractor, car c’est avantageux financièrement, fiable et sûr. Cela les aide à se développer, à produire plus et à assurer une sécurité alimentaire à leur famille et leur communauté. »L’agriculture représente une des principales sources de revenus dans la plupart des pays du continent. Selon les participants du Gitex, intégrer les solutions proposées par l’agritech pourrait être la porte d’entrée vers l’autosuffisance alimentaire en Afrique dans les années à venir.► À lire aussi : Des champignons microscopiques pour lutter contre la sécheresse
6/6/20232 minutes, 29 seconds
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En Afrique de l'Ouest, la filière engrais peut créer de l'emploi, surtout pour les jeunes

En Afrique de l'Ouest, le cap est donné. 17 pays de la région ont uni leurs voix et leurs forces, le 31 mai dernier, en adoptant la Déclaration de Lomé sur les engrais et la santé des sols. Pour y parvenir, ils envisagent de tripler leur consommation d'engrais. À terme, le développement de cette filière pourrait créer de nombreux emplois directs et indirects en dans la région, notamment pour les jeunes. Le renforcement de la filière engrais aura d'abord des retombées sur le secteur agricole, principal pourvoyeur d'emploi dans la région, comme le rappelle Ousmane Diagana, le vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre :« L'agriculture, comme vous le savez, c'est le secteur par essence qui créé beaucoup d'emplois, qui génère beaucoup de revenus et il est clair qu'un des enjeux par rapport au développement que nous soutenons ici, c'est la création d'emplois. En Afrique, chaque année, c'est près de 300 millions de personnes qui rentrent sur le marché du travail. Je pense que si on dit que c'est le secteur privé qui doit être créateur d'emplois en Afrique, c'est le secteur privé agricole. »En Afrique de l'Ouest, le secteur agricole emploie à lui seul près de la moitié de la main d'œuvre de la région. « Si les États parviennent à doubler leur productivité agricole d'ici à 2035, il pourrait être encore plus attractif », estime Alain Sy Traoré, le directeur de l'Agriculture et du Développement rural à la Commission de la Cédéao.« N'oublions pas que nous avons quand même une population extrêmement jeune. Beaucoup de statistiques nous donnent des proportions de 60 à 70% de notre population qui a moins de 35 ans. C'est la force active et donc disponible. Si elle trouve un intérêt à produire et à gagner de la productivité : 5 tonnes à l'hectare de maïs au lieu d’1,5 tonne ; 3 ou 4 tonnes de coton au lieu de 1,5 tonnes ; 10 tonnes à l'hectare de riz au lieu de 2-3 tonnes. Je pense que cela va créer de l'emploi, mais aussi stimuler l'attractivité du secteur », ajoute Alain Sy Traoré.Transformer le secteur agricoleLe renforcement de la filière engrais va ainsi favoriser l'emploi dans le secteur agricole, mais aussi industriel, poursuit le représentant de la Cédéao.« Qui dit augmentation de la productivité agricole, dit création de revenus dans les milieux ruraux, dit organisation également du développement de ces filières-là, en termes d'industrialisation. Et quand on va investir sur des unités industrielles de transformation du phosphate, on crée de l'emploi. Bref, tout est bénéfique pour nous. »Pour développer le commerce intra-régional d'engrais, les dirigeants ouest-africains s'engagent à accélérer l'investissement dans les infrastructures portuaires, de stockage et de transport. Trois domaines dans lesquels les perspectives d'emploi devraient là aussi se développer.► À lire aussi : Togo: 17 pays d'Afrique adoptent une déclaration sur les engrais pour transformer leur agriculture
6/5/20232 minutes, 18 seconds
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RDC: un mois après les inondations de Kalehe, la crise économique s’installe dans la durée

Un mois après les pluies torrentielles qui se sont abattues en République démocratique du Congo, les villages de Bushushu et Nyamukubi restent coupés du monde, ou presque. Seul accès : le lac Kivu. En plus du traumatisme vécu, une crise économique s’installe pour les milliers de rescapés dont la relocalisation se confirme chaque jour un peu plus. Sur place, les milliers de rescapés de Bushushu et Nyamukubi sont privés de leurs principales activités rémunératrices : l’agriculture - plus de 3000 hectares sont impraticables - et la pêche interdite en raison de la pollution liée aux éboulements, charriant les corps de plus de 5 000 disparus et des têtes de bétail. La route RN 2 entre Goma et Bukavu étant encore coupée au niveau du pont Makele, l’approvisionnement et l’assistance se font par le lac. Seul accès pour désenclaver le territoire de Kalehe.Archimède Karhebwa en est l’administrateur adjoint : « Pour la pêche, leurs biens, leurs effets, ils ont été emportés. Pour ceux qui vivaient de l’agriculture, comprenez que les champs ont été impactés. Pour ceux qui vivaient de l’élevage, dans les décombres, on a même ramassé des têtes de bétail. Tout a été emporté. Actuellement ils vivent d’un côté soit des dons du gouvernement soit de l’assistance des humanitaires. »Et les opérations économiques ne sont pas près de reprendre à Kalehe, autrefois réputé pour son marché régional, lui aussi enseveli le 4 mai dernier. Un jeudi noir, car c’était en plus jour de marché. Aujourd’hui encore et pour les mois qui viennent, le PAM, le Programme alimentaire mondial, va continuer via ses partenaires à distribuer des sacs alimentaires pour la survie de milliers de rescapés.Francis Béré est le patron du PAM à Bukavu : « Le PAM a commencé une assistance pour une période de quatre mois. Une assistance pour 50 000 personnes affectées. Pour ces quatre mois, c’est environ 780 tonnes qui seront distribuées mensuellement et le panier alimentaire est composé de céréales, de légumineuses, d’huile et de sel. »► À lire aussi : Inondations dans l’est de la RDC: la nourriture commence à manquer à KaleheAutre conséquence de cette catastrophe : l’accès aux terres, condamné pour longtemps. Le comité de crise étudie donc plusieurs pistes de relocalisation. Les sinistrés, hébergés dans des maisons d’accueil, vont devoir être réinstallés à plusieurs kilomètres de là. Charles Kalemaza est le directeur des opérations humanitaires au Sud-Kivu pour Caritas : « La relocalisation serait l’idéal, car sur les villages où ils ont perdu leurs abris, ils ne pourront pas y revenir. Il y a des plantations où ces gens-là souhaiteraient aller et si le gouvernement réussit à les acquérir pour les installer définitivement. »Les plantations souhaitées par les sinistrés sont celles de Ihusi et de Kabira - à cinq kilomètres de Bushushu - détenues par le groupe Taverne dirigé par Bahati Lukwebo Modeste, également président du Sénat.   Mais pour l’heure, un seul site a été proposé : l’ancien aérodrome de Lwako dans le village de Tshibanda avec ses maisons types financées par la fondation de la première dame, mais seules 300 personnes pourraient y vivre. Un site jugé peu pratique, car loin des champs et très loin des besoins des milliers de sinistrés de Kalehe.► À lire aussi : Inondations en RDC: le Premier ministre promet plus de soutien en visite au Sud-Kivu
6/4/20232 minutes, 30 seconds
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Le financement des infrastructures d'énergies vertes sur le continent africain

Développer les énergies durables sur le continent. Voici un objectif majeur de l’ONU et de nombreuses institutions de développement. Cependant, accélérer les investissements dans ce domaine n’est pas si évident. Confiance dans les entreprises, viabilité des projets, retour sur investissement. Les interrogations sont encore multiples. Mais des projets ouvrent la voie dans le domaine et tendent à rassurer. En 2016, l’entreprise Africa REN inaugure avec les autorités sénégalaises la première centrale solaire de taille industrielle en Afrique de l’Ouest. « Pour les bailleurs de fonds, cela posait un certain nombre de questions, comme tout projet un peu nouveau », se souvient Gilles Parmentier, fondateur et président d’Africa REN. « Ce sont des contrats qui sont un peu longs, ce sont des contrats sur 25 ans, avec des prêts sur des durées longues, de 17-18 ans. Et donc, évidemment, tout le monde est très attentif et très soucieux au montage de ces projets-là. »Sept ans plus tard, Africa REN boucle sa première phase d’investissement. Elle lance un deuxième train dans lequel les investisseurs locaux augmentent leur participation. « La Caisse des Dépôts du Sénégal était à 30 % dans notre véhicule d’investissement et là, il monte à 40 % », rappelle Gilles Parmentier. « Ce qui est un bon signal à la fois de la confiance du Sénégal dans ce type de projet et également le fait que ce sont des projets qui peuvent être perçus comme des actifs financiers intéressants pour des investisseurs institutionnels. Donc, on voit de plus en plus d’acteurs se retourner vers ce type de projet, parce que ça marche, parce que les États et les sociétés d’électricité payent l’électricité qu’on leur vend et que ça fait un cadre d’investissement qui est intéressant et qui est rentable. »Moins d’un quart des institutions financières ont défini une trajectoire de décarbonation de ses activitésCependant, les réticences persistent. Un baromètre réalisé par le cabinet Deloitte et l’Africa Financial Industry Summit, souligne que l’industrie financière peine encore à jouer un rôle moteur dans la transition énergétique. Moins d’un quart des institutions financières ont défini une trajectoire de décarbonation de ses activités, souligne Aristide Ouattara. Il est associé en charge de l’industrie financière pour Deloitte Afrique francophone.« Il faut que cette situation change parce que pour pouvoir accompagner les clients, les partenaires, ces institutions financières elles-mêmes doivent être exemplaires et doivent intégrer une culture de la transition énergétique au sein de leur population », explique-t-il. « C’est grâce à cela qu’elles vont avoir des collaborateurs qui sont sensibilisés, qui sont capables de comprendre les besoins des clients et des partenaires. L’industrie financière sera beaucoup plus efficace si elle-même, elle se transforme en s’équipant en interne de compétences pour être capable de comprendre les instruments financiers qui permettent de financer la transition énergétique et aussi comprendre le langage de tout cet écosystème qui parle de la transition énergétique. »Un intérêt du secteur qui se concentre aujourd’hui prioritairement sur le solaire.
6/1/20232 minutes, 13 seconds
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RDC: l’émergence de l’entrepreneuriat agricole des jeunes, un vrai défi

En RDC, l'agrobusiness intéresse de plus en plus des jeunes. Les uns se lancent dans l’agriculture, d’autres dans la transformation. Mais tous se plaignent du manque d’accompagnement de l’État congolais. Et C’est justement pour cette raison que le forum AgriTour, Agriculture et Tourisme, a organisé le mois dernier à Lubumbashi sa 6e édition qui a regroupé une cinquantaine des jeunes entrepreneurs et des représentants du gouvernement. En plus des discussions, les jeunes entrepreneurs ont eu droit à un espace d’exposition de leurs produits.  De notre correspondante à Lubumbashi,Tendresse Ngoy produit à Lubumbashi de l’amidon, du gluten extrait du blé et du vin de corossol. Mais sa production est encore rudimentaire faute de financement. « On a un problème de matières premières, tout est importé et ça coûte très cher. Comme là, j’ai un vin de corossol et la bouteille coûte 10 dollars. 0n a du mal à trouver des emballages. On fait l’amalgame entre les emballages… On prend par exemple du yaourt, on met dans une bouteille d’huile, vous voyez ! »Pour sa part, David Kondo fait de l’élevage des poulets de chair à Lubumbashi. Il y a quelques mois, il importait la nourriture pour ses volailles et cela représentait 60 % de son coût de production. Désormais, il la fabrique lui-même. « Je me suis lancé dans la fabrication des aliments à partir des ingrédients locaux comme le son de maïs, la farine de fretins, la braise aussi. Nous avons une petite capacité de production. Par jour, nous produisons 800 kg », annonce-t-il.Le défi de l'accès à la terreCes entrepreneurs ont un autre défi à relever, celui de l’accès à la terre alors que la RDC compte plus de 800 millions d'hectares de terres arables. Cependant, certains hommes d’affaires accaparent ces terres sans les exploiter.« Vous trouverez une personne qui a 100 hectares, mais qui n’a même pas exploité 3 hectares », explique André Muliro, l’initiateur du forum AgriTour. « Nous, nous plaidons pour ça, nous voulons avoir accès à la terre, aux financements pour que nous puissions développer l’entrepreneuriat vert comme on le dit. »Des jeunes en quête d'accompagnement du gouvernementTous ces jeunes déplorent l’absence d’accompagnement du gouvernement pour réussir dans leur business. Pourtant, le ministère de l’Agriculture développe depuis 4 ans le projet d’entrepreneuriat des jeunes dans l’agriculture et l’agrobusiness, PEJAB, et cible 6 000 jeunes entrepreneurs. Richard Kialungila, coordinateur national du projet, revient sur les critères d’éligibilité.« Ils doivent déposer les candidatures, être sélectionnés, entrer dans un centre d’incubation pour des formations techniques, managériales et l’éducation financière », énumère Richard Kialungila. « Après cela, mettre en place un business plan bancable. Et ces business plans vont être transmis à la coordination du projet qui, à son tour, les transmettra aux banques commerciales partenaires pour un éventuel financement. »Pour l’heure, aucun jeune entrepreneur du secteur n’a encore bénéficié de financement. Le processus est en cours, indique le coordinateur du projet.
5/31/20232 minutes, 17 seconds
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Afrique du Sud: en difficulté financière, la Poste n'arrive plus à payer ses créanciers

La Poste sud-africaine est incapable de payer ses créanciers, si bien que l’un d’eux est parvenu à la faire placer en liquidation provisoire en février. Depuis, l’entité affirme avoir payé cette dette. Elle devrait donc voir sa liquidation levée au 1er juin. Mais elle doit toujours plus de 200 millions d’euros à d’autres créditeurs. Le gouvernement sud-africain a déjà indiqué qu’il ne la laisserait pas s’effondrer. De notre correspondante à Johannesburg,L’entreprise publique, à l’image des autres entités gérées par l’État sud-africain, connaît ces dernières années un déclin, comme l’a concédé devant le Parlement le ministre des Communications, Mondli Gungubele :« Le volume du courrier diminue, et en conséquence les recettes sont passées de 3,4 milliards de rands en 2015, à 2,6 milliards en 2022. Cette tendance représente une menace pour la soutenabilité de la poste sud-africaine si elle continue sur son modèle d’origine », prévient le ministre.Cinq mois de grève, en 2014, avaient déjà souligné le malaise qui régnait au sein de l’entité. Et le licenciement de 6 000 employés était récemment sur la table, soit près de la moitié des effectifs. Des salariés dont les droits sont en plus bafoués, selon Aubrey Tshabalala, du syndicat des travailleurs du secteur des communications (CWU) : « Les prestations sociales des employés ne sont plus payées », explique-t-elle. « Par exemple, leur couverture maladie, leur fonds de retraite, ou d'autres encore, comme leur assurance-vie. Cela les met dans une position très, très hasardeuse. »Le rôle essentiel des bureaux de posteLes plus de 1 200 bureaux qui existent dans le pays n’ont pas pour unique mission la gestion du courrier, mais jouent aussi un rôle essentiel dans la distribution des aides sociales. Ils servent en outre de point de collecte de médicaments pour les maladies chroniques ou de renouvellement des papiers des véhicules.Un réseau inestimable, que Mark Barnes, l’ancien PDG, voudrait sauver en rachetant une partie, dans un partenariat public-privé : « Le secteur privé ne peut pas y aller seul, car pour faire du profit, il sera tentant de se séparer de branches dans des petites villes. Donc, il faut que l’État conserve un rôle », analyse-t-il. « J’envisage une forme de partenariat, où l’on arrête de se baser sur ce vieux modèle, avec des renflouements réguliers. Il faut plutôt qu’on réfléchisse à ce dans quoi on peut investir pour mieux servir l’État et les Sud-Africains, et considérer l’entité autrement qu’une simple poste. »Un plan de redressement prévu par le gouvernement sud-africainLe gouvernement préfère, lui, miser sur un plan de redressement appelé « la Poste de demain », comme le détaille le ministre Mondli Gungubele : « Les points d’interventions prioritaires entendent transformer la poste, entre autres, en hub de commerce en ligne pour l’Afrique du Sud et la région, mais également en hub numérique pour les communautés, et en une autorité d’identification, à l’ère des services numériques. »L’État a déjà injecté près de 120 millions d’euros, en février dernier, pour tenter de sauver la poste sud-africaine de la déroute.
5/30/20232 minutes, 21 seconds
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Avec la guerre, le manque d'argent liquide complique le quotidien des Soudanais

La guerre, déclenchée le 15 avril dernier, paralyse l'ensemble des secteurs d'activité au Soudan. À Khartoum, la capitale, la plupart des banques ont baissé leur rideau. D'autres ont été pillées ou touchées par des frappes. Une situation aux conséquences désastreuses, d'autant que le pays commence à manquer de liquidités. Trouver de l'argent liquide à Khartoum est devenu une mission quasi impossible. « Il y a actuellement un problème. Toutes les banques de Khartoum ont arrêté de fonctionner à cause de la guerre, rapporte Abubakr Awad Edress Abdalla, analyste financier à la Banque centrale du Soudan. Il dit témoigner en tant que Soudanais qui subit la guerre, et non comme représentant de l'établissement pour lequel il travaille. La plupart des gens qui sont restés dans la capitale ont déjà dépensé toutes leurs économies en liquide. Beaucoup d'entre eux ne peuvent pas retirer leur argent de leur compte bancaire. Et les applications mobiles de transfert d'argent sont elles aussi affectées par la guerre. »Avant le conflit, de nombreux Soudanais dépendaient des transferts d'argent envoyés de l'étranger. Ces envois sont encore possibles. Mais l'argent ne peut être retiré. Une situation qui risque de conduire à la « dollarisation de l'économie soudanaise », s'inquiète Abdou Dieng, coordonateur humanitaire pour le système des Nations unies et des ONG au Soudan.« S’il n'y a pas la monnaie locale disponible, le peu qui pourrait rentrer dans le pays, ce serait des devises, particulièrement le dollar. Donc on risque de voir, comme on l'a vu dans d'autres pays, l'économie soudanaise se dollariser, ce qui va avoir un impact très fort sur le quotidien des populations. Aujourd'hui, si vous faites travailler des gens, particulièrement dans notre secteur, vous n'avez pas la possibilité d'avoir de la liquidité locale pour pouvoir les payer. »Selon le coordonnateur onusien, l'économie soudanaise est aujourd'hui à 70% informelle. C'est donc la quasi-totalité de la population qui subit cette crise des liquidités. « Toute cette frange de la population aujourd'hui est poussée vers le bas. Difficile de s'acheter à manger ou de régler les problèmes du quotidien. Et ça, ça ne fait que commencer. Les conséquences pourraient être dramatiques si cette situation perdure. C'est peut-être encore trop tôt pour tirer des conclusions. Mais c'est un choc, un grand choc qui va toucher la population soudanaise. »Une population déjà éprouvée par l'inflation galopante. D'après l'ONU, le coût des denrées alimentaires a flambé de près de 60% dans certaines parties du pays, notamment à Khartoum.À lire aussi : Fuyant le conflit au Soudan, des milliers d'étudiants Sud-Soudanais sont coincés à la frontière
5/29/20232 minutes, 29 seconds
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Rwanda: à Rubavu, les cultures de thé impactées par les inondations

Les parcelles de nombreux agriculteurs ont été détruites par les inondations qui ont dévasté les provinces de l'ouest et du nord du Rwanda dans la nuit du 2 au 3 mai dernier. Le district de Rubavu a été l'un des plus touchés. Aux abords de la rivière Sebeya, les plantations de thé, l'une des exportations les plus importantes du pays, ont été en partie inondées. Une catastrophe pour des producteurs qui craignent que ce genre d'épisode se multiplie avec le changement climatique. De notre envoyée spéciale à Rubavu, Au milieu de sa parcelle, Pierre Ngirababyeyi compte encore les dégâts laissés par les inondations. Deux tiers de sa plantation de thé dans la vallée ont été détruits par les eaux. Un travail de plus de dix ans presque entièrement recouvert par la boue. « J’avais 13 hectares avec lesquels je pouvais gagner de l’argent, raconte le cultivateur. Je gagnais entre 600 et 700 000 francs rwandais chaque mois. Mes enfants pouvaient étudier à l’université grâce à cela. Mais à cause de ces catastrophes, je ne sais plus quoi faire. » Dans cette coopérative de près de 2 000 agriculteurs, les producteurs s’activent pour tenter de protéger ce qui reste de leurs parcelles endommagées. Les travailleurs, pelles à la main, creusent le lit du canal principal qui traverse la plantation. « L'eau a emmené le sable du lit de la rivière dans la plantation, explique Florent Musavimana, agronome. Nous sommes en train de rétablir la grandeur de drain pour protéger notre plantation. » Des prochaines récoltes dans deux ans La prochaine étape est de déraciner le thé détruit. Mais le retour à la normale sera laborieux : pour les nouveaux plants, il faut compter au moins deux ans avant les premières récoltes. Un manque à gagner conséquent pour les producteurs affectés, qui ont acheté ces terres à des prix élevés. « Nous estimons les pertes à 350 millions de francs rwandais », précise Florent Musavimana. Si les inondations sont fréquentes au Rwanda, ce dernier épisode était l’un des plus violents de ces dernières années. Selon Joseph Tuyishimire, chercheur en géographie, la topographie de la région la rend d’autant plus vulnérable à ces événements. « La littérature dit qu'auparavant, la région était recouverte de forêt naturelle, affirme-t-il. Celle-ci a laissé la place à des activités agricoles qui permettent l'augmentation de l'écoulement des eaux. La surpopulation de la région aggrave également les dégâts matériels causés par ces catastrophes. » Avec environ 38 000 tonnes exportées l’année dernière, le thé est l’une des cultures les plus importantes pour les producteurs au Rwanda où près de 69% de la population est engagée dans des activités agricoles.
5/28/20232 minutes, 15 seconds
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Tunisie: la vente des eaux florales, un complément de revenu pour les familles

Dans la région de Cap-Bon, la distillation des eaux florales permet à des milliers de familles de bénéficier d’un complément de revenu. Cette pratique place aussi la Tunisie en première place pour l’exportation du néroli, une essence très convoitée par les parfumeurs. Mais cette chaîne économique reste tributaire de nombreux facteurs. De notre envoyée spéciale, Dans le patio de sa maison, Fatma Limam, 81 ans, est en partie cachée par les effluves de la vapeur d’eau de géranium. Elle fait bouillir les fleurs dans un alambic pour distiller l’eau florale, une tradition qu’elle entretient depuis son adolescence. « Là, on visse le couvercle avec un tissu pour ne pas que la vapeur ne s’échappe trop, comme pour le couscous. Moi, je le fais parce qu’on se sert des eaux florales pour beaucoup de choses : l’eau de rose dans la cuisine, les gâteaux par exemple ; l’eau de fleur d’oranger parfume les viandes », explique-t-elle. À Nabeul, dans la région du Cap-Bon, la vente des eaux florales représente un complément de revenu pour de nombreuses familles. Mais cela ne couvre pas les frais de production, selon la fille de Fatma, Douha. « C’est un peu fatigant et le revenu n’est pas très important. Elle prend pour une fechka, une bouteille de deux litres, seulement 4 dinars de marge. » Une essence très convoitée Au marché de Nabeul, les commerçants vendent les fleurs d’églantier et de roses pour la distillation… Jalel, 50 ans, qui fait ce commerce en complément de son travail dans le tourisme, a du mal à vendre. « C’est assez cher cette année, parce qu’il n’y a pas eu beaucoup de pluie, donc le prix des roses a augmenté. Comme vous le voyez, certains clients viennent, demandent le prix, et repartent, ils n’ont pas assez d’argent. C’est la crise », se désole-t-il. Dans cette économie des eaux florales, une se démarque : la fleur de bigaradier, récoltée entre mars et avril. Quatre-vingts pour cent de la récolte est destinée aux industriels qui en extraient le néroli, une essence très convoitée par les parfumeurs internationaux…Chedly Belkhodja en est l’un des producteurs. « C’est un marché qui est très sensible au niveau du prix parce que la récolte dure environ un mois et les quantités livrées sur le marché ou par les agriculteurs quotidiennement varient d’un jour à l’autre, indique-t-il. Il suffit qu’il y ait un temps un peu plus humide, plus frais ou du vent, ça va freiner la récolte alors du coup ça va tendre le marché, les prix vont monter et on doit gérer cette situation quotidiennement. » Malgré ces imprévus spéculatifs, le néroli représente un atout économique pour la région. Le kilo se vend à 3 000 euros et la Tunisie fait partie des premiers producteurs sur le marché mondial.
5/25/20232 minutes, 27 seconds
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Le Congo-Brazzaville mise sur le gaz naturel liquéfié

Le Congo-Brazzaville pourrait devenir exportateur du gaz naturel liquéfié. Grâce à un investissement de 5 milliards de dollars apportés par la compagnie pétrolière italienne ENI, les autorités ont lancé fin avril, près de Pointe-Noire (sud), la capitale économique, les travaux de construction d’un Centre de production, de prétraitement et de liquéfaction de gaz. Un projet très ambitieux. Place de Litchendjili, près de Pointe-Noire. Le soleil est au zénith. Un groupe de sages, paré de tenues traditionnelles, se livre à un rituel de bénédiction du site avant que le président Denis Sassou-Nguesso ne procède à la pose de la première pierre des travaux de construction du Centre de production et de liquéfaction du gaz naturel. Il s’agit d’un projet de haute facture pour Bruno Jean-Richard Itoua, ministre des Hydrocarbures : « En réalité, c’est un grand projet intégré que nous lançons. Il concerne la production du gaz, sa transformation et sa liquéfaction, puis sa commercialisation. Il va emmener notre pays, pour la première fois, à exporter pour la première fois du gaz naturel liquéfié ». Le Centre va être érigé près de la Centrale électrique du Congo, alimentée par le gaz, et qui produit à elle seule 70% de l’électricité consommée au Congo. De grandes ambitions  Selon Mirko Araldi, directeur général d’ENI Congo, principal partenaire du projet, celui-ci se réalisera en deux phases : l’installation de deux usines flottantes et la production proprement dite. Les ambitions sont grandes selon Mirko Araldi : « Nous célébrons aujourd’hui le projet GNL (Gaz naturel liquéfié) qui permettra à la République du Congo de rejoindre le groupe restreint des exportateurs mondiaux de gaz naturel liquéfié d'ici à la fin de l’année ». ► À lire aussi : À Brazzaville, le festival Kokutan’art met en lumière des villes sans électricité À l’horizon 2025, le Centre produira 3 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an. Le ministre des Hydrocarbures, Bruno Jean-Richard Itoua, assure que la production à venir de ce gaz liquéfié va dépasser les besoins du marché congolais. « En effet, une grande partie sera envoyée à l’export parce que nous n’avons pas la capacité d’absorber 3 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié. Mais, évidemment, personne ne peut imaginer qu’il n’y en ait pas un peu qui reste ici. Donc, le marché local fait partie du dossier », explique le ministre Bruno Jean-Richard Itoua. Une perspective industrielle  Le pays espère en tirer un gain important, mais les revenus n’ont pas été précisés. Bruno Jean-Richard Itoua, ministre des Hydrocarbures : « Il y a surtout la perspective de créer une industrie pétrochimique grâce au gaz ; entre autres pour produire les fertilisants, les engrais chimiques. Pour qu’on puisse accélérer ce qui est notre première priorité : l’agriculture au sens large ». Pour autant, même si les exportations à venir de GNL sont une aubaine pour le Congo, elles ne feront pas de Brazzaville un géant du secteur. Avec 4,5 milliards de mètres cube de gaz liquéfié par an, cela va représenter un millième de la consommation mondiale. ► À lire aussi : Congo-Brazzaville: inauguration d'un centre de recherche pour les énergies de demain
5/24/20232 minutes, 22 seconds
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Décarbonner le secteur maritime en Afrique, une opération coûteuse mais vecteur d'opportunités [2/2]

Au cœur de nos modes de commerce, le secteur maritime est cependant le deuxième le plus émetteur d’émissions de gaz à effet de serre. Évalué à 25% du total mondial des émissions, le secteur maritime se positionne juste derrière le secteur de l’énergie et devant l’industrie. Il est donc essentiel pour ce secteur de revoir sa copie. Le continent africain, touché de plein fouet par le changement climatique, mais également au cœur des échanges commerciaux maritimes, est particulièrement concerné. Décarbonner le secteur a un coût, mais il est aussi vecteur d’opportunités. Les États africains et insulaires, en première ligne du changement climatique, pointent néanmoins le difficile financement de la décarbonation du secteur maritime. Cependant, certains veulent y voir une opportunité, comme Numbu Issahaque Sumabe de l’autorité maritime du Ghana « Nous aurons ainsi des infrastructures portuaires résilientes qui pourront résister au temps et qui seront plus compétitives. Le fait que nous soyons stratégiquement situés au sein des grandes routes maritimes, nous incite à investir dans la décarbonation. Car nous pouvons nous positionner pour bénéficier d'emplois liés aux énergies renouvelables, et aussi devenir une plateforme bancaire dans la sous-région. » Organiser des filières De son côté, le secteur privé n’est pas en reste. Car si les grandes compagnies comme Maersk se tournent par exemple vers les biocarburants, il faut toutefois être en mesure d’assurer les approvisionnements. Il faut donc organiser des filières. C’est ce qu’explique Thomas Theeuwes, le directeur de Maersk pour l’Afrique centrale et de l’Ouest. « C'est bien sûr le grand défi auquel nous sommes confrontés. Et c'est sur cela que nous travaillons très dur. Nous privilégions donc les carburants verts dont la production peut être développée. Nous travaillons avec un grand nombre d'acteurs du secteur qui peuvent accélérer leurs activités pour atteindre nos objectifs nets zéro. Nous avons des partenaires dont nous minimisons les risques d’investissements par notre intention d'acheter leur carburant. Il s'agit donc vraiment de travailler avec les partenaires en écosystème. » « Le consommateur final cherche une transparence, une authenticité, une très forte décarbonatation » TOWT est une petite entreprise bretonne qui fait du fret avec des bateaux à voile, notamment vers la Côte d'Ivoire. À l’abri de la hausse des coûts de carburants et capable d’appareiller sur tout type de terminaux. Elle travaille déjà avec de grandes marques et mise sur la valeur ajoutée aux marchandises transportées, détaille Guillaume Le Grand, le directeur. « Il est intéressant de ramener des cacaos d'exception, des cafés d'exception parce que le consommateur final cherche une transparence, une authenticité, une très forte décarbonatation. On fournit un label qui s'appelle Anemos qui permet de retrouver ce journal de bord. Et il y a des opérateurs économiques, importateurs qui cherchent à réduire l'impact négatif de leur activité économique et qui peuvent alors trouver un siège de valeur dans ce label à l'import sur la Côte d'Ivoire. » Si les philosophies divergent, les acteurs s’accordent sur la nécessité de développer les écosystèmes pour créer des corridors maritimes verts du départ à l’arrivée des marchandises.  À lire aussi : Le secteur maritime en Afrique en quête de décarbonation [1/2]
5/23/20232 minutes, 24 seconds
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Le secteur maritime en Afrique en quête de décarbonation [1/2]

Au cœur de nos modes de commerce, le secteur maritime est cependant le deuxième le plus émetteur d’émissions de gaz à effet de serre. Évalué à 25% du total mondial des émissions, le secteur maritime se positionne juste derrière le secteur de l’énergie et devant l’industrie. Il est donc essentiel pour ce secteur de revoir sa copie… Le continent africain, touché de plein fouet par le changement climatique, mais également au cœur des échanges commerciaux maritimes, est particulièrement concerné. Comment décarbonner le secteur maritime en Afrique ? Le Ghana est l’un des pays montrés en exemple dans le secteur. Il a récemment accueilli une grande conférence sur le sujet. En plus d’avoir signé l’ensemble des conventions et autres initiatives, le Ghana a débuté la conversion de ses infrastructures. « Par exemple, dans le port de Tema, nous mettons en place un système portuaire durable où nous avons installé des infrastructures qui utilisent des énergies propres », explique Numbu Issahaque Sumabe, chargé des questions environnementales à l’autorité maritime du Ghana. « Ainsi, lorsque les navires font escale dans le port, ils peuvent se brancher sur nos installations électriques durables pour qu’ils n’utilisent pas de carburants fossiles. Nous procédons également à des inspections rigoureuses des navires qui visitent nos ports. » Adapter les installations avec des solutions durables Également sur le front de la décarbonation, les compagnies maritimes. Maersk est l’un des principaux armateurs mondiaux. Avec un objectif de neutralité carbone dès 2040, l’entreprise mise essentiellement sur la technologie. Elle adapte ses installations à quai avec des solutions électriques durables. Mais avec environ 700 navires, le premier effort se porte sur sa flotte, explique Thomas Theeuwes est le directeur de Maersk pour l’Afrique centrale et de l’Ouest. « Il est vrai que la plus grande partie de nos émissions de gaz à effet de serre proviennent de nos navires et à ce jour, nous avons commandé 19 nouveaux navires pouvant fonctionner au bio-méthanol, neutre pour le climat. Cela coûte environ 8 à 12% de plus pour construire de tels navires. Dans le même temps, nous cherchons également à moderniser les navires existants, en adaptant les moteurs au méthanol. » Initiatives alternatives Et puis il existe des initiatives alternatives telles que TOWT qui mise sur le transport de produits qualitatifs sur des cargos à voile. « Il y a deux navires qui sont actuellement en cours de construction donc ce sont des navires de 81 mètres de long qui transportent plus de 1 000 tonnes de marchandises », indique Guillaume Le Grand, le directeur de l’entreprise. « On va à plus de 11 nœuds, il faut s'imaginer environ 20 km heure pour un navire qui a tous les moteurs éteints pour finalement un coût unitaire qui est très compétitif, mais une décarbonation qui est totale. On est à plus de 90%. » Au-delà des adaptations technologiques, la décarbonation du secteur passera nécessairement pour certains experts par un changement de la consommation pour diminuer les échanges maritimes.
5/22/20232 minutes, 19 seconds
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Centrafrique: la guerre au Soudan fait grimper les prix

Sucre, huile, farine, carburant, savon, ciment... Les prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité continuent à flamber dans le nord-est de la Centrafrique. Cette hausse des prix touche particulièrement Birao, dans la préfecture de la Vakaga, et Ndélé, dans la préfecture de Bamingui-Bangoran. Deux villes dont l’approvisionnement dépend – en grande partie – du Soudan voisin, en guerre depuis le 15 avril. À Birao, certains produits ont disparu des étales, d'autres ont vu leur prix doubler. Une situation intenable, selon El Hadj Hissene Karama, le président de l'Association des commerçants de la Vakaga. « Avant le conflit au Soudan, le sac de sucre était à 40 000 francs CFA. Maintenant, il est à 90 000. Le prix du carburant était à 1 000 francs par litre ; cette fois-ci, il est à 2 000. L'huile aussi auparavant était à 1 000 francs, mais cette fois-ci c'est à 2 000. Et pour la farine : le sac est normalement à 35 000, cette fois-ci c'est à 80 000. » « Les commerçants soudanais ne peuvent plus desservir Birao... » En deux mois, les combats au Soudan ont déstabilisé toute la chaîne d'approvisionnement de la région, notamment au niveau d'Amdafock, à la frontière entre les deux pays. Fafa Olivier Attidzah est le représentant en Centrafrique du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés. Il était sur place début mai pour évaluer la situation.  « Les commerçants soudanais ne peuvent plus aujourd’hui desservir Birao comme ils le faisaient avant la crise. La route Amdafock-Birao est l’unique route qu’utilise la préfecture de la Vakaga pour se ravitailler en tout. Tout vient du Soudan : le sucre, l’essence, le ciment, les couvertures, le petit bétail, la volaille, les légumes... Tout vient d’Amdafock, côté Soudan ou bien de Nyala, avant d’arriver sur le territoire centrafricain. » L'essence et le sucre impactés à Ndélé L'absence des commerçants soudanais se fait sentir jusqu'à Ndélé, un peu plus à l'ouest. Là aussi, l'inflation pèse sur les ménages. D'après Ibrahim Senoussi, le sultan-maire de la commune de Dar el-Kouti, elle touche particulièrement l'essence et le sucre.  « La guerre au Soudan et la situation sécuritaire dans la zone n'a pas favorisé l'arrivée massive des commerçants soudanais et aujourd'hui, la rareté se fait sentir sur le terrain. Les prix augmentent sans cesse. Prenons seulement le sucre : en temps normal, quand les Soudanais arrivaient massivement, cinq kilogrammes de sucre coûtaient 3 500 francs, voire 4 000. Mais aujourd'hui, on achète ça à 6 500 francs, voire 7 000. La population ne peut pas tenir le coup. » Pour approvisionner la ville, le sultan-maire mise désormais sur la réhabilitation de l'axe Bangui-Ndélé. Selon plusieurs sources, l'insécurité reste néanmoins un frein pour de nombreux transporteurs de marchandises.  À Birao, la situation est encore plus critique. La saison des pluies risque de renforcer l'isolement économique des habitants. 
5/21/20232 minutes, 20 seconds
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Côte d'Ivoire: de jeunes entrepreneurs relancent le tourisme local

Depuis la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie de coronavirus, le secteur du tourisme domestique en Côte d’Ivoire a connu un boom. Il est porté par une nouvelle génération de professionnels du tourisme qui ont su profiter des réseaux sociaux pour susciter de l’intérêt, et in fine, créer leur entreprise de vente de circuits touristiques. Rencontre. De notre correspondant à Abidjan, « Au début, c’était vraiment les réseaux sociaux : Instagram, Facebook... » Jeune étudiant, Aymard Zouzoua Landry poste des photos et des vidéos de ses voyages en Côte d’Ivoire, qu’il organise à l’origine avec de faibles moyens. L'entrepreneur raconte la genèse de son projet : « Les gens ont commencé à me dire : "Ah, mais Landry, pourquoi tu ne fais pas une agence comme ça, tu nous fais voyager et tout, un truc un peu professionnel, etc. Parce que nous, on ne peut pas voyager de la manière dont tu décris." Parce que dans mon blog, je décrivais un peu le côté un peu rustique, prendre les transports en commun. Il y a des gens qui voulaient voyager, mais de manière plus professionnelle, plus aisée. C’est dans ce sens-là que j’ai commencé à faire des sorties personnalisées, de groupes. » Aujourd’hui, Aymard Zouzoua Landry est suivi par plus de 36 000 personnes sur Instagram, et a développé « Abidjan Le Rempart », une entreprise chargée de l'organisation de séjours privés dans toutes les régions du pays. « Ce sont des choses qui n’existaient pas avant nous. On est venus avec notre créativité, nos idées, nos innovations, et on a proposé un service qui a plu aux Ivoiriens et aux étrangers », témoigne-t-il. ► À lire aussi : Sud-Ouest ivoirien, le nouvel eldorado touristique: folle rumeur à Niega (1/3) Une nouvelle génération Comme Landry, Maïmouna Coulibaly a commencé par documenter ses voyages sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, son agence Moon Drive emploie cinq personnes à temps complet et 50 collaborateurs non-permanents. « Quand je suis arrivée dans le secteur du tourisme, peu de jeunes faisaient la promotion de la Côte d’Ivoire, se souvient-elle. Aujourd’hui, partout les jeunes s’y intéressent. Ça veut dire que nous avons réussi quelque chose : donner de l'espoir à cette jeunesse-là et surtout leur montrer que nous avons un beau pays qui doit être connu. » ► À lire aussi : Sud-Ouest ivoirien, le nouvel eldorado touristique: folle rumeur à Niega (2/3) Ces nouveaux acteurs du tourisme se retrouvent depuis quatre ans au sein des « Apéro Tourisme 225 », un moyen de partager les expériences. Le ministère du Tourisme souhaite désormais réguler le secteur en accordant des licences à ces nouvelles agences de voyage. Une démarche que ces professionnels accueillent favorablement. « Il est important de structurer ce secteur, surtout au niveau des jeunes qui viennent de faire leurs entrées, estime Maïmouna Coulibaly. Avant, c'était très bien structuré, avec les agences de voyage classiques, les tour-opérateurs... Mais s'il y a des nouveaux entrants qui ont une autre façon de présenter la chose touristique, il faut bien évidemment des règles ou des lois pour accompagner ces activités et leur permettre de connaître un essor. » En Côte d’Ivoire, le secteur du tourisme contribue à 5% du PIB. Les autorités espèrent augmenter cette part à 7% du PIB. 270 000 personnes ont un emploi lié au tourisme. ► À lire aussi : Sud-Ouest ivoirien, le nouvel eldorado touristique: sauver l’écosystème de Fresco et sa lagune (3/3)
5/18/20232 minutes, 20 seconds
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Le Niger face au défi de l’énergie solaire

À l’occasion du deuxième forum Europe-Afrique qui se tenait ces lundi 15 et mardi 16 mai 2023 à Marseille, des dizaines de grands patrons, des start-uppers, des ministres venus des deux rives de la Méditerranée se sont retrouvés dans la cité phocéenne. En débat : l’agriculture de demain ou encore les énergies. Sur le continent, certains ont fait le choix du durable. C’est le cas du Niger, tourné vers le solaire. Les centaines de panneaux solaires de Gorou Banda bientôt raccordés au système électrique nigérien. Dans les prochains mois, des dizaines de milliers d’habitants de Niamey pourraient voir leur destin changé, d’après le ministre d’État de l’Énergie et des Énergies renouvelables. Pour rattraper son retard, le Niger a fait le choix du solaire. Et il y a tout à faire pour Ibrahima Yacouba. « Nous avons déjà des centrales solaires publiques en partenariat avec l’Union européenne et la France qui sont en train d’être construites au nord à Agadez et à Niamey. Cela va nous permettre d’avoir – en cumulé – 50 à 60 mégawatts d’ici à la fin de l’année. C’est extrêmement important en termes de volumes et d’infrastructures réalisés. Avec ce que nous sommes en train de faire et si nous maintenons le rythme, nous serons au-dessus de nos objectifs, et à plus de 35% du mix énergétique d’ici une dizaine d’années. » Et le Niger partait de zéro ou presque. À peine 1 Nigérien sur 10 dispose de l’électricité. Le pays, un des plus ensoleillés au monde, s’est logiquement tourné vers le photovoltaïque, mais le solaire reste un défi. Que faut-il pour cela ? « Que la stabilité soit garantie, précise le ministre, Ibrahim Yacouba. Une des faiblesses du solaire, c'est cette intermittence et nous mettons en place des centrales hybrides (solaire et diesel) dans les régions pour que la stabilité soit garantie et nous faisons attention au réseau dans lequel nous investissons beaucoup. » D’autres projets sont à l’étude avec un autre parc solaire de plus de 100 mégawatts. Il y en aura aussi à Maradi, Dosso et Diffa. Une politique ambitieuse qui attire des entreprises étrangères. C’est le cas de Sungy. La start-up franco-algérienne, présente en Algérie et au Gabon notamment, cible en priorité les industries ou les banques, et prospecte actuellement au Niger, explique Myriam Fournier-Kacimi, présidente de Sungy. « Un prix stable ou en tout cas connu pendant les 25 prochaines années, et une souveraineté énergétique qui va le protéger d’avoir toutes les coupures, les fluctuations de prix, de disponibilité de l'électricité ». Avec 45 milliards d’euros levés à Paris en décembre dernier, le Niger compte bien faire du solaire l’axe de son développement.
5/17/20232 minutes, 22 seconds
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L’innovation dans l'agriculture, un des défis du continent africain

À l’occasion du deuxième forum Europe-Afrique organisé par la métropole de Marseille qui réunissait, le mardi 16 mai, des dizaines de leaders, ministres, entrepreneurs et scientifiques africains et européens, l’une des préoccupations pour l’agrobusiness africain est l’innovation. Comment faire face à l'inflation dans le secteur des engrais dont le prix a triplé à cause de la guerre en Ukraine ? Comment mettre en place une agriculture durable alors que le continent fait face à des urgences climatiques ?
5/17/20232 minutes, 18 seconds
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Congo: 25 ans après sa création, la SNPC reste endettée, selon la société civile

La Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) fête ses 25 ans d'existence. Pour marquer le coup, plusieurs événements ont été organisés ces dernières semaines : conférences-débats, marche sportive, dîner de gala... Mais aussi et surtout, le coup d'envoi par le président Denis Sassou-Nguesso, des travaux de construction d'une tour de 16 étages à Pointe-Noire, la capitale économique. Il s'agit du nouveau siège de la SNPC. 25 ans après sa création en 1998, la Société nationale des pétroles du Congo enregistre, selon ses dirigeants, d'importantes retombées économiques pour le pays. Un bilan nuancé par la société civile congolaise qui rappelle que la SNPC reste une entreprise publique très endettée. De notre correspondant à Brazzaville, À cette cérémonie aux allures d’un meeting politique, Bruno Jean-Richard Itoua, premier PDG de la SNPC entre 1998 et 2004, devenu ministre des Hydrocarbures, dresse le bilan de cette société publique, gérée, selon lui, avec la rigueur d’une entreprise privée. « La SNPC a contribué très vite, à travers des financements appropriés et modernes, à apporter la ressource financière dont l’État avait réellement besoin, pour impulser la dynamique de relance de l’économie voulue et engagée par le président de la République », se félicite M. Itoua. Moins d’une année avant la création de la SNPC, le Congo est sorti exsangue d’une guerre civile sans précédent, avec un tissu socio-économique profondément délabré. Un quart de siècle après, cette entreprise dispose de quatre filiales dont la Congolaise de raffinage (Coraf). Mais aussi d’une Fondation au service des Congolais, selon ses dirigeants qui ont bien des visées. « Notre ambition à tous doit donc être de faire de la SNPC une véritable société énergétique qui doit contribuer, non seulement à sa prospérité économique, mais aussi à celle du pays, dans le strict respect des impératifs liés à la protection de l’environnement et au bien-être de nos concitoyens », annonce-t-il 25 millions de dollars de dividendes dus à l'État De son côté, Brice Makosso, de la société civile congolaise, salue « les efforts fournis par cette entreprise dont les comptes n’étaient pas faciles d’être audités jusqu’en 2006 ». Ils le sont aujourd’hui grâce au travail réalisé par l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Cependant, Brice Makosso fait remarquer une chose : « Je crois que la SNPC a encore beaucoup d’efforts à faire, notamment en matière de commercialisation qui est la première tâche qui lui a été assignée. Elle continue à vendre le pétrole moins cher. Nous perdons généralement 0,5 ou 1 dollar par baril. C’est énorme et ça continue à être une grande perte pour la République. Nous pensons aussi que la SNPC doit faire des efforts en ce qui concerne le paiement de dividendes à l’État, puisque aujourd'hui, nous sommes autour de 25 millions de dollars de dividendes que la SNPC doit à l’État », affirme-t-il. La dette de la SNPC ne date pas d’aujourd’hui, selon l’ONG Global Witness. Dans un rapport publié en 2020, elle affirmait que, de 2012 à 2018, la SNPC n'a quasiment pas versé de dividendes à l'État.
5/15/20232 minutes, 22 seconds
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RDC: la pêche temporairement interdite sur le lac Tanganyika

La décision d'interdiction de pêche sur le lac Tanganyika entre en vigueur ce 15 mai. Elle a été prise par les quatre pays riverains : la Zambie, la Tanzanie, le Burundi et la République démocratique du Congo. Mais en RDC, pays qui détient 45 % des eaux du lac, cette décision divise l'opinion. C’est le cas dans la ville de Kalemie, chef-lieu de la province du Tanganyika dans l'est du pays, où la pêche est la principale activité économique. 
5/14/20232 minutes, 18 seconds
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Cacao, les profits amers des géants du chocolat

Oxfam vient de publier un rapport accablant pour les grandes maisons de l'or brun comme Lindt et Nestlé. Après enquête auprès de centaines de cacaoculteurs au Ghana, l'organisation parvient à la conclusion que leurs revenus ont en réalité baissé de 16% depuis 2020 alors que sur la même période les profits des multinationales du chocolat ont augmenté de 16% sur la même période.
5/12/20232 minutes, 31 seconds
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Congo-Brazzaville: inauguration d'un centre de recherche pour les énergies de demain

Après cinq années de travaux, le premier centre de recherche des énergies renouvelables voit le jour à Oyo, à 400 km de Brazzaville. Jusqu'à présent, l'électricité est fournie par des centrales à gaz et des barrages hydro-électriques. Ce vaste centre de recherches vise donc à diversifier les sources d'énergies propres pour le pays. Les premiers chercheurs sont attendus cette semaine à Oyo. De notre correspondant à Brazzaville, Les laboratoires et autres ateliers de recherche, tout comme les logements des chercheurs qui viendront du Congo, d’Afrique et du reste du monde, ont été érigés sur un vaste terrain de 10 000 mètres carrés. Le coût des travaux de construction du centre d’Oyo est estimé à 24 millions d’euros, soit 15,7 milliards de FCFA. Les missions de cet établissement sont variées. Quelques-unes sont précisées ici par Gabin Dimitri Ngatso, chercheur et attaché à la recherche scientifique au ministère en charge de la Recherche scientifique : « L’idée derrière est de renforcer les capacités énergétiques en énergies renouvelables, d’assurer une extension de l’électrification rurale et urbaine. » ► À écouter aussi : La crise énergétique provoque un boom des petites installations solaires en Afrique du Sud Mesurer le potentiel  Selon Gabin Dimitri Ngatso, les potentialités en énergies dites « propres » sont inestimables au Congo : « Nous avons de grandes potentialités en énergies électriques renouvelables. Elles s’articulent autour de l’hydroélectricité, la biomasse, l’éolienne et le solaire. Les objectifs du centre d’Oyo vont consister à mener des études sur ces potentialités en vue de les exploiter et produire de l’énergie. » Pour l’heure, ces potentialités ne sont exploitées qu’à un très faible niveau. « Je vais prendre le cas de l’hydroélectricité. Nous avons une capacité de production de 22 000 mégawatts. Mais il se trouve qu’à ce jour, il y a moins de 3% de toute cette potentialité qui est utilisée », fait remarquer M. Ngatso. ► À écouter aussi : Énergies renouvelables en Afrique: un potentiel encore peu exploité Énergie et protection de l'environnement  Que peuvent apporter concrètement les énergies renouvelables au Congo ? Dr Arnaud Tamba Sokila, directeur scientifique de l’Institut national en science de l’ingénieur, répond : « Nous savons déjà que les énergies de façon générale développent un pays. Quand l’énergie est stable, le pays prospère. Donc, les attentes sur les énergies renouvelables seront les mêmes que celles sur les énergies fossiles. La seule différence, c’est en termes de protection de l’environnement », affirme-t-il. Le centre de recherche d’Oyo va bénéficier d’un financement de 1,5 million d’euros, soit près de 1 milliard de FCFA pour soutenir les activités de recherche sur les énergies renouvelables. ► À lire aussi : Le Congo-Brazzaville veut développer le tourisme pour diversifier son économie
5/10/20232 minutes, 22 seconds
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Sawajob, la nouvelle plateforme qui connecte les demandeurs d’emploi et recruteurs de l’Afrique

Après cinq années de travail, Sawajob a été lancée au début du mois de mai. Sur cette toute nouvelle plateforme, les demandeurs d'emploi et les recruteurs de toute l'Afrique peuvent se connecter. Un objectif affiché en lettres capitales sur le site web : « Vivre et travailler partout en Afrique ». Un premier accord a été signé avec la maison de l'emploi des Comores. De quoi enthousiasmer les directeurs de Sawajob C'est en échangeant avec des demandeurs d'emploi, qu'Olivier Moulengue, PDG de Sawajob, a saisi les lenteurs du marché africain : « Un étudiant, par exemple, pour pouvoir obtenir un emploi, d'après les statistiques qu'on a notées, peut postuler jusqu'à 120 fois auprès des entreprises, avant d'avoir un emploi. Il n'y a pas d'outils qui permettent justement d'accélérer, de dynamiser, de digitaliser le processus. » Mais cela, c'est de l'histoire ancienne. Intitulé du poste, type de contrats, secteurs recherchés... en quelques clics, Sawajob promet de trouver du travail partout sur le continent. Une offre qui s'adresse aux recruteurs et aux demandeurs d'emploi, tous profils confondus. « Il y a des profils qui sont, par exemple des autodidactes, qui n'ont pas, jusque-là, de grands diplômes. Il n'existe pas de plateformes adaptées à ces personnes, constate Olivier Moulengue. Sawajob répond à ce besoin et touche toutes les personnes, quels que soient les âges, que ce soit des petites ou des grandes entreprises, mais aussi des entreprises sociales, des coopératives, etc. On répond à un vrai besoin, une vraie attente des populations, des entreprises africaines, pour se développer ». Le service est facturé entre 22 et 300 euros, soit entre 15 000 et 200 000 FCFA, pour les entreprises, même si certaines d'entre elles sont exonérées des coûts. « On tient à rendre le service gratuit, notamment pour les petites entreprises, les PME... qui peuvent mettre des annonces gratuitement, souligne Olivier Moulengue. Ensuite, on a des services payants, mais même quand c'est payant, on a dit qu'on avait une mission sociale. » La directrice commerciale de Sawajob, Wassilati Mbae, appelle les Africains, mais aussi les personnes issues des diasporas, à rejoindre la plateforme : « Il faut qu'ils rapportent aussi la formation et la matière grise, ça ne peut pas être que financier, jusqu'à aujourd'hui, la diaspora donne plus de finances qu'elle n'apporte de compétences. » Pour sa soirée de lancement, Sawajob a signé son premier accord avec la maison de l'emploi des Comores. « L'ambition en tout cas de la maison des Comores, c'est de réduire le chômage, mais aussi de pouvoir disposer de statistiques qui étudient le marché de l'emploi. Parce qu'on ne peut pas apporter des solutions si on ne connaît pas le marché de l'emploi », ajoute Wassilati Mbae. Le Congo, la Guinée-Conakry, le Cameroun, le Maroc sont actuellement en discussion avec la plateforme qui espère devenir rapidement, la première sur le marché de l'emploi africain.
5/9/20232 minutes, 10 seconds
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Le Congo-Brazzavile se dote d'un tout premier centre de recherches sur les énergies renouvelables

Au Congo-Brazzaville, le premier centre de recherche des énergies renouvelables voit le jour à Oyo, fief du président qui a été inauguré le mois dernier. Les énergies vertes, potentiel très important pour le pays et les Congolais. Jusqu'à présent, l'électricité est fournie par des centrales à gaz et des barrages hydro-électriques. Ce vaste centre de recherches vise donc à diversifier les sources d'énergies propres pour le pays. Les premiers chercheurs sont attendus cette semaine à Oyo. Les laboratoires et autres ateliers de recherches tout comme les logements des chercheurs qui viendront du Congo, d’Afrique et du reste du monde ont été érigés sur un vaste terrain de 10 000 m2. Le coût des travaux de construction du Centre d’Oyo qui ont duré 5 ans, est estimé à 24 millions d’euros, soit 15,7 milliards de francsCFA. Les missions de cet établissement sont variées. Quelques-unes sont précisées ici par Gabin Dimitri Ngatso, chercheur et attaché à la recherche scientifique au ministère en charge de la recherche scientifique : « L’idée derrière est de renforcer les capacités énergétiques en énergies renouvelables, d’assurer une extension de l’électrification rurale et urbaine », explique-t-il. Selon Gabin Dimitri Ngatso, les potentialités en énergies dites « propres » sont inestimables au Congo : « Nous avons de grandes potentialités en énergies électriques renouvelables. Elles s’articulent autour de l’hydroélectricité, la biomasse, l’éolienne et le solaire. Les objectifs du Centre d’Oyo vont consister à mener des études sur ces potentialités en vue de les exploiter et produire de l’énergie », ajoute le chercheur. Pour l’heure, ces potentialités ne sont exploitées qu’à un très faible niveau : « Je vais prendre le cas de l’hydroélectricité. Nous avons une capacité de production de 22 000 mégawatts. Mais, il se trouve qu’à ce jour il y a moins de 3% de toute cette potentialité qui est utilisée », fait remarquer M. Ngatso. Que peuvent apporter concrètement les énergies renouvelables au Congo ? Dr Arnaud Tamba Sokila, directeur scientifique de l’Institut national en science de l’ingénieur répond : « Nous savons déjà que les énergies de façon générale développent un pays. Quand l’énergie est stable, le pays prospère. Donc, les attentes sur les énergies renouvelables seront les mêmes que celles sur les énergies fossiles. La seule différence c’est en termes de protection de l’environnement ». Le Centre de recherche d’Oyo va bénéficier d’un financement de 1,5 million d’euros, soit près de 1 milliard de francsCFA pour soutenir les activités de recherche sur les énergies renouvelables. ► À lire aussi : Afrique Économie - Congo-B: des solutions innovantes face aux coupures de courant
5/8/20232 minutes, 22 seconds
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Environnement: création d'un fonds pertes et dommages, en route vers la COP28

Elle était très attendue notamment des pays d’Afrique. Et il a finalement été acté, lors de la dernière COP qui s’est tenue en Égypte, à Charm el Sheikh, la création d’un fonds pour les pertes et dommages. C’est-à-dire un fonds pour réparer financièrement les pertes subies par les pays les plus vulnérables à cause de phénomènes liés au changement climatique, dont ils ne sont pas responsables car très peu émetteur de gaz à effet de serre. Le principe a donc été acté, mais beaucoup de chemin reste à faire... Alors que les travaux préparatoires pour la prochaine COP ont débuté.  Ce nouveau fonds pose d’abord la question des sources de financement qui viendront alimenter ce futur fond. Mélain Assé-Wassa Sama est chargé de projet pour l’association Climate Chance : « Actuellement, il y aurait plusieurs options qui sont envisagées. L’une d’elles serait, au-delà des pays industrialisés qui alimentent déjà le financement climatique, d’élargir la base aux pays émergents, entre autres l’Inde, la Chine, l’Arabie Saoudite, le Qatar. Mais il faut noter qu’actuellement, il y a une opposition de ces pays-là. Une autre qui est de plus en plus évoquée est celle de taxer l’extraction des combustibles fossiles. Les études ont montré qu’environ 100 entreprises fossiles ont émis à peu près 50% des émissions de gaz à effet de serre depuis la révolution industrielle. Donc le but serait d’introduire une taxe. Par exemple, si elle était évaluée à 6 dollars la tonne, pourrait rapporter jusqu’à 150 milliards de dollars qui pourraient alimenter le fonds. » ► À écouter aussi : Débat du jour - Les COP sont-elles utiles? Estimer d'abord le préjudice  Il s’agit du principe du « pollueur-payeur ». D’autres questions émergent autour la création de ce nouveau fonds. Aïssatou Diagne est spécialiste des questions climatiques à la Banque ouest-africaine de développement : « Ça va être déjà d’identifier ou d’évaluer les vulnérabilités des pays. Il faudra identifier les pertes et dommages qu’on définit, il faudra définir l’horizon temporel qui sera pris en compte. Est-ce que ce sont des pertes et préjudices qui seront immédiats ou qui ont commencé il y a quelques années, etc. Il faudra les classifier en terme d’impacts. Il faudra évaluer la compensation financière qui sera apportée. » ► À écouter aussi : C'est pas du vent - Total (e) impunité au Yémen, en Ouganda et en Tanzanie Collecter pour identifier les besoins Sur le terrain, les organisations de la société civile s’organisent déjà afin d’apporter des éléments concrets pour les prochaines échéances. C’est ce qu’explique Moumouni Compaore, chargé de plaidoyer chez Oxfam au Burkina Faso : « Nous faisons ce que l’on appelle la collecte de récits de vies sur les pertes et préjudices auprès des petits producteurs, les agriculteurs pour non seulement prendre en compte leurs histoires de vie parce que, très souvent, soit elles perdent leurs productions agricoles, ou parfois même il peut arriver qu’il y ait des pertes en vies humaines. Donc, nous essayons de documenter cela et nous essayons aussi de créer des cadres de dialogue avec le gouvernement pour mettre en contact ces personnes-là, la société civile, et le gouvernement, pour discuter ensemble. Pour non seulement contextualiser la question des pertes et préjudices au niveau national, mais aussi identifier des voies de financement qui soient appropriées et équitables pour les communautés. » Objectif également : éviter les écueils que certains fonds déjà existants rencontrent. La nécessité de passer par des organismes accrédités, le décaissement vers des entités éloignées des bénéficiaires ou encore la mise en place de prérequis que les communautés locales affectées peinent à remplir. ► À écouter aussi : C'est pas du vent - François Gemenne: «C'est l'habitabilité de la Terre qui se rétrécit»
5/7/20232 minutes, 23 seconds
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L'entrepreneuriat en Centrafrique, entre défis et opportunités

Mi-avril, la capitale Bangui organisait la quatrième édition du salon international des créateurs d’emplois en Centrafrique. Cette rencontre a mobilisé des jeunes entrepreneurs, des chefs d’entreprises, des artistes et des personnalités politiques. Un évènement de la plateforme Bangui Business Networking, dédié aux porteurs de projets et aux entrepreneurs. De notre correspondant à Bangui, « Il se passe ici la quatrième édition de la plus grande rencontre d'affaires de Centrafrique. » Sur un podium au centre de la salle du palais des sports, 24 panélistes passent à tour de rôle. Durant les débats, l’accent est mis sur les secteurs attractifs de la Centrafrique. « Je peux citer l'agrobusiness qui est d'abord le plus intéressant », déclare Barry Mohamed, promoteur de ce salon. « Le poulet que l'on mange ici, 90%, c'est du poulet congelé alors qu'il y a toutes les potentialités pour que l'on puisse élever du poulet ici. L'immobilier aussi est devenu un business très rentable en RCA. Actuellement une maison ici tourne au minimum autour de 2 000 - 3 000 euros. On peut prendre aussi la restauration. Ça aussi, c'est un business qui peut être rentable. Le service de coursier. Partout où tu te tournes, il y a quelque chose à faire. Parce que rien n'est fait encore, c'est vierge. » Une cinquantaine d’entrepreneurs tiennent un stand. D’un côté, on peut voir des porteurs de projets, des entrepreneurs et de l’autre, des investisseurs. La plupart, ce sont des entrepreneurs centrafricains, à l’exception de quelques étrangers invités pour la circonstance. Ce salon multisectoriel et multiforme regroupe des entreprises, des institutions, des associations, des ONG, avec également la participation des élèves et étudiants.  « Entreprendre, c’est prendre son destin en main », affirme Evodie Apora, une Centrafricaine qui vient de se lancer dans l’entrepreneuriat. « Je suis là pour exposer mes œuvres. Je fais surtout des tableaux artisanaux. Moi, j'aime créer des choses à partir de rien et après, je vois que certaines personnes apprécient. Du coup, j'ai fait ça pour venir exposer et vendre. » L’opportunité est donc offerte aux porteurs de projets de développer leurs initiatives. Spécialisé en entrepreneuriat agricole depuis 5 ans, Simplice Kobalo, jeune entrepreneur centrafricain, souligne les défis à relever malgré les potentialités de la Centrafrique. « Mon message auprès du gouvernement est de faire tout pour mettre l'entrepreneuriat en priorité : donner les moyens aux entrepreneurs, des accompagnements pour la formation des entrepreneurs, pour les crédits et autres. » Crée en 2021, le salon international des créateurs d’emplois mobilise aujourd’hui plus de 600 entrepreneurs. Dans ce pays où l’État reste le premier pourvoyeur d’emplois, développer le tissu entrepreneurial est un enjeu important pour l’économie de la Centrafrique.  
5/4/20232 minutes, 22 seconds
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Le Congo-Brazzaville veut développer le tourisme pour diversifier son économie

Pour tenter de diversifier les revenus du pays, les autorités misent désormais sur le tourisme. C’est ainsi que le port de Pointe-Noire, jusque-là réservé à l’accueil et au traitement des marchandises, a reçu début avril son tout premier bateau de croisière transportant 150 touristes de diverses nationalités. De notre correspondant à Brazzaville, Le soleil se lève à peine sur la place du port de Pointe-Noire. SH Vega, un navire de croisière long de 115 mètres battant pavillon finlandais, accoste sans encombre. À son bord, 150 touristes accueillis par Lydie Pongault, ministre de l’Industrie culturelle et touristique pour qui, le concept de tourisme de croisière devient une réalité en République du Congo. « Votre visite contribuera à faire connaître les atouts touristiques du Congo, terre d’accueil et de transit, qui vous ouvre ses portes et vous attend pour des séjours encore plus longs », déclare Lydie Pongault. Le tourisme comme pierre angulaire pour faire accélérer la croissance d'autres secteurs Aussitôt débarqués, les touristes, venus essentiellement des pays occidentaux, prennent la route des gorges de Diosso et de l’ancien Palais royal de Loango. Trois jours durant, ils ont découvert bien d’autres merveilleux sites dont le Parc de Conkouati. Celui-ci abrite une faune emblématique composée, entre autres, d’éléphants de forêts, de gorilles, de chimpanzés ou encore de sitatungas. ► À écouter aussi : Loango: un havre de biodiversité  La présence des touristes est le début de la concrétisation de l’ambition de diversifier l’économie du pays, selon Didier Sylvestre Mavouenzela, président de la chambre de commerce de Pointe-Noire. « Le tourisme sert de vecteur pour booster tous les autres secteurs : le transport, l’hôtellerie ou l’artisanat. C’est un secteur sur lequel nous avons des avantages comparatifs. C’est bien que les gens qui viennent de l’extérieur se rendent compte (des réalités du pays) et soient ceux qui vont vendre la destination Congo demain », analyse-t-il. Servant de transbordement dans la sous-région Afrique centrale, le port de Pointe-Noire, qui a accueilli le bateau de croisière SH Vega construit en 2022, a été mis en concession en 2009. Depuis lors, le groupe français Bolloré a consenti d’importants financements pour sa modernisation. Sortir l'économie congolaise du tout-pétrole Le port peut accueillir des bateaux marchandises de 300 mètres de long transportant jusqu’à 15 000 conteneurs. Cependant, en matière de tourisme, cette infrastructure connaît encore des faiblesses, comme le relève son commandant, le capitaine de vaisseau Alain Koua Ngoulou. « Le port de Pointe-Noire est la porte océane d’Afrique centrale. C’est le plus grand port d’Afrique centrale, certes, mais du point de vue touristique, nous avons encore beaucoup à faire », dit-il. Pour sortir l'économie congolaise du tout-pétrole, le gouvernement congolais a inscrit le tourisme parmi les six piliers du Plan national de développement (PND, 2022-2026, à consulter ici), avec l'agriculture ou encore le numérique.
5/3/20232 minutes, 22 seconds
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Avec la transition écologique, la ruée vers les minerais critiques en Afrique

Cobalt, nickel, lithium… Le continent africain regorge des minerais que l’on dit critiques, car nécessaires à la transition écologique. Ils sont essentiels pour les énergies renouvelables et les technologies propres (batteries électriques, panneaux solaires, éoliennes, etc.) Une course à ces métaux stratégiques est donc lancée. Une thématique qui était au cœur du 16e forum de l’OCDE sur les chaînes d’approvisionnement responsables en minerais qui s’est tenu à Paris fin avril. Mukasiri Sibanda représente l’ONG zimbabwéenne Green Governance Zimbabwe Trust, spécialiste de l’environnement et des ressources naturelles. Pour lui, aucun doute, il y a une ruée vers les minerais critiques. « Nous nous sommes rendus compte que dans certaines régions où il n’y avait pas d’exploitation, l’intérêt a grandi d’un coup à cause du lithium », explique Mukasiri Sibanda « Comme en décembre dernier à Mberengwa où l’on a assisté à l’arrivée de plus de 5 000 mineurs artisanaux. Nous avons également vu l’arrivée de gros investissements, principalement de la part de Chinois, mais aussi du Royaume-Uni et de l’Australie. L’intérêt est donc vraiment énorme. » Les yeux rivés sur la République démocratique du Congo Au forum de l’OCDE consacré aux chaînes d’approvisionnement responsables en minerais, une forte délégation congolaise s’est déplacée. « Vous êtes sans ignorer que tous les regards sont tournés vers notre pays avec les minerais de transition énergétique », souligne Godard Motemona Gibolum. Il est le vice-ministre des Mines de RDC. Le vice-ministre sort d’une réunion avec de possibles partenaires chinois.  ► À lire aussi : L’UE et la RDC annoncent un accord sur les minerais rares comme le cuivre et le cobalt « Nous voulons qu’il y ait la création d’industries dans la République démocratique du Congo, parce que nous sommes de moins en moins axés sur l’exportation de nos produits bruts. Nous voulons qu’il y ait la valeur ajoutée », déclare Motemona Gibolum. « Nous voulons des partenariats gagnant-gagnant et qui profitent à la République démocratique du Congo et particulièrement à la communauté locale, c’est-à-dire là où on extrait les minerais. »  Des risques de corruption accentués  Exporter les minerais, mais de manière transformée, voici l’ambition affichée. Cependant, pour Jean-Pierre Okenda de l’organisation Resource Matters, dans les faits, les résultats ne sont pas encore au rendez-vous. « Lithium et cobalt, pour le moment, les études montrent en réalité que les gens sont dans la perspective d’exporter brut. Si vous regardez des pays comme la RDC, les indicateurs macroéconomiques sont clairs », indique-t-il. Une ruée vers les minerais critiques qui accentue les risques de corruption, pointe encore Jean-Pierre Okenda. « Avec la demande de minéraux, et c’est ce qui se passe déjà dans mon pays, on va assister à des négociations de licences, des contrats qui vont se négocier en dehors de règles », craint-il. « C’est un risque important et la conséquence, c’est que finalement ça va générer des ressources pour les élites africaines au pouvoir, au détriment des communautés. Voilà pourquoi nous appelons les partenaires en développement, nous voulons traiter des questions de corruption. » Sur le continent, la société civile alerte également sur les pressions géopolitiques, les risques environnementaux et les pressions sur les terres arables que fait peser cette course aux minerais critiques. 
5/2/20232 minutes, 20 seconds
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Les Zones économiques spéciales en Afrique, un bilan mitigé

Il existe 237 ZES ou Zones économiques spéciales en Afrique répartie dans 37 pays. Héritières des zones franches, elles sont considérées comme la clé du développement, comme ce fut le cas pour la Chine, il y a trois décennies. Pourtant avec vingt années de recul, des économistes sénégalais et français dressent un bilan en demi-teinte de ces ZES. En vingt ans, elles ont poussé comme l’herbe en période d’hivernage. Le Kenya en dénombre 61, le Nigeria 38, l’Éthiopie 18. Les Zones économiques spéciales, le nouveau nom des zones franches, sont désormais plus vastes et plus mondialisées. L’Afrique espère grâce à elles rééditer l’exploit des pays asiatiques champions des ZES exportatrices depuis des décennies. Mais toutes n’apportent pas les bénéfices escomptés. C’est ce qu’analyse dans un rapport Moubarack Lô, le directeur général du Bureau de prospective économique du Sénégal. Il estime que les exemples de réussite sont encore rares. « Vous allez les trouver au Maroc, avec la zone Tanger-Med qui est une référence au niveau mondial. À Maurice, même si Maurice a perdu un peu de sa vigueur. En Éthiopie, pays qui est en train d’émerger avec des investissements chinois et désormais européens. La zone de Nkok au Gabon, dans le domaine du bois qui a fait une percée ». Beaucoup d’appelés et peu d’élus. Pour Moubarack Lô la raison tient au fait que les ZES ne sont pas suffisamment spécialisée, construites autour d’un avantage compétitif. « Si vous voulez monter en gamme et avoir du succès, vous devez forcément vous spécialiser parce que ce qui fait le succès du modèle marocain, c’est l’automobile. Avec des investisseurs de classe mondiale qui sont venus avec leurs équipementiers et leurs fournisseurs. C’est ce qui a permis de créer des centaines de milliers d’emplois. Si vous allez en Eethiopie, ils se sont concentrés sur le textile, le cuir. Je pense qu’avec la maturité, il faut évoluer vers une spécialisation pour le succès des ZES ». L’engagement total de l’état est aussi indispensable. « Les ZES qui marchent, en général leur grand champion, c’est soit le chef de l’État, soit le Premier ministre. En tous cas c’est gérer au plus haut niveau de l’État ». Autre écueil à éviter. Le prima à l’export. Avec des industries souvent étrangères implantées en leur sein, les ZES travaillent pour le marché mondial. Pour Moubarack Lô le piège serait d’oublier le marché africain. « Aujourd’hui, si vous êtes dans les ZES, on vous permet d’écouler parfois jusqu’à 15%, 20%ou 50% sur le marché local, mais en payant les taxes qui vous ont été rétrocédées ou que l’on a levées au préalable. Donc, il faut faire des ajustements et pouvoir encourager la production africaine. Parce que la première bataille aujourd’hui, ce n’est pas l’exportation, c’est comment développer la base industrielle productive en Afrique ». La zone de libre-échange constitue à cet égard une opportunité de premier plan. Les ZES ont l’avenir devant elles, estime Moubarack Lô.
5/2/20232 minutes, 20 seconds
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Cameroun: fusion du patronat camerounais pour favoriser la synergie économique

Les deux principales organisations patronales du Cameroun ont paraphé le 5 avril dernier à Douala, capitale économique du pays, des documents relatifs à la fusion de leur organisation. L’entité fusionnée sera effective dès le 1er octobre 2024, au terme d'une période transitoire de six mois. Cette fusion est annoncée comme impérative dans le but de fortifier le plaidoyer des milieux d’affaires, dans leurs interactions avec leurs différents partenaires, dont principalement l'État. ► À lire aussi : Moulaye Taboure, tech entrepreneur malien et la Camerounaise Laetissia Enonga
5/1/20232 minutes, 14 seconds
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Or industriel en Afrique: des standards peu fiables par manque de transparence? [2/2]

L’organisation Swissaid vient de publier un rapport intitulé De l’ombre à la lumière. Une plongée dans le monde de l’or industriel en Afrique : 125 mines d’or industrielles recensées sur le continent par l’organisation, plus de 450 tonnes d’or industriel traité par 16 raffineries pour un montant total de plus de 23 milliards d’euros. Dans ce rapport, l’ONG pointe le manque de transparence dans les relations qu’entretiennent les raffineries et les mines. Elle pointe également ce qu’elle considère comme des insuffisances des standards de l’or industriel. « La Suisse, l’Afrique du Sud et l’Inde raffinent l’essentiel de l’or industriel africain », révèle le rapport de Swissaid. D’où l’importance pour cette organisation d’exiger un maximum de redevabilité aux grandes raffineries, explique Marc Ummel responsable minerais de Swissaid. « Si ces raffineries-là prennent des mesures importantes pour s'assurer de la "propreté de cet or", c'est toute la chaîne d'approvisionnement en aval, c'est-à-dire la fin de la chaîne d'approvisionnement, qui recevra de l’or propre. Donc elles ont vraiment un rôle clé. D'où la nécessité qu'elles appliquent vraiment un devoir de vigilance extrêmement robuste. » Et pour cela, l’un des standards les plus importants, devant certifier l’exploitation responsable de cet or, provient de la London Bullion Market Association, la LBMA. Cependant, ce standard ne tient pas ses objectifs, selon le rapport. « En réalité, quand vous vous plongez dans les relations d’affaires, vous vous rendez compte que la majorité de l'or industriel africain est exporté auprès de raffineries qui ont le standard LBMA, mais cet or est lié à de graves violations des droits humains et d'atteintes à l'environnement. Donc on voit que ce standard n'est pas du tout une garantie puisque aujourd'hui les raffineries ne doivent pas divulguer l'origine de leur or et si elles ne doivent pas le divulguer, elles ne prennent pas la responsabilité et si elles ne prennent pas la responsabilité de leurs approvisionnements. » un standard au cas par cas Mais la LBMA refuse d’aborder l’ensemble des mines africaines comme à « haut risque ». Surtout, elle assure s’aligner sur les directives de l’OCDE.  « Il y a un point particulier dans le document d'orientation, souligne Sakhila Mirza, directrice juridique et directrice exécutive du conseil d'administration de la LBMA. Ce qu'il dit, c'est que les informations peuvent être divulguées à tout mécanisme institutionnalisé régional ou mondial. Donc cela n’implique pas que vous deviez tout divulguer publiquement. Nous croyons que la LBMA est un mécanisme institutionnalisé efficace où ces raffineurs peuvent rapporter leurs informations. Et ensuite, nous pouvons déterminer la meilleure façon de les rendre publique. » L’organisation assure faire du cas par cas, et vouloir travailler par étape pour une amélioration effective. « Le programme d'approvisionnement responsable a commencé en 2012. Depuis, nous avons lancé neuf versions, chacune meilleure que la précédente. Nous prenons en compte les commentaires, nous les reflétons, mais il est possible que cela n’apparaisse pas dans la version que la société civile souhaiterait. C'est parce que nous devons nous assurer que les exigences sont introduites progressivement et efficacement. » Pour Swissaid, l’amélioration de la redevabilité doit également passer par des actions des États qui abritent les mines et de ceux qui accueillent les raffineries. ► À lire aussi : Or industriel en Afrique, plus de transparence pour plus de redevabilité [1/2]
4/27/20232 minutes, 22 seconds
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Or industriel en Afrique, plus de transparence pour plus de redevabilité [1/2]

L’organisation Swissaid vient de publier un rapport intitulé « De l’ombre à la lumière ». Une plongée dans le monde de l’or industriel en Afrique. 125 mines d’or industrielles recensées sur le continent par l'organisation qui fournissent plus de 450 tonnes d’or industriel, traité par 16 raffineries. Les principales sont en Suisse, en Afrique du Sud et dans une moindre mesure en Inde. Pour un montant total de plus de 23 milliards d’euros. Dans ce rapport, l’ONG y étudie notamment les relations d’affaires entre les mines d’or industrielles en Afrique, les raffineries et le manque de transparence dans ces relations d'affaires. Un secteur estimé à plus de 23 milliards d’euros, des chiffres colossaux. Pourtant, difficile d’établir la provenance exacte de cet or. « Les raffineries ont des problèmes à assumer leurs approvisionnements », explique Marc Ummel, responsable du secteur des minerais pour l’organisation Swissaid (dont le rapport est à consulter ici). « Dans le cadre de cette recherche, on a recensé des problèmes graves dans la majorité des 125 mines industrielles qu'on a répertoriées. Et en fait, là où on a vraiment vu le problème, c'est que la majorité des groupes miniers ignorent et contestent souvent les effets néfastes de leurs exploitations qui font souvent preuve de négligence dans la prévention des préjudices. » Argument majeur des raffineries pour ne pas dévoiler leurs fournisseurs : la confidentialité des contrats. Mais pour l’organisation, cette raison ne tient pas. « Cette confidentialité est un peu à géométrie variable. C'est-à-dire que quand une raffinerie est épinglée par un rapport d'une ONG ou une enquête de journaliste, et que cette relation d'affaires est mise dans le domaine public, et là parfois quand ça devient vraiment grave, elle va soit stopper la relation d'affaires, ou soit communiquer publiquement par rapport aux mesures qu'elle a prises », détaille-t-il. « On a vu ces cas avec les approvisionnements auprès de la compagnie minière russe Nordgold que ce soit au Burkina ou en Guinée où quand les raffineries ont été publiquement critiquées pour avoir cette relation d'affaires, elles ont tout simplement stoppé. Et là, elles en parlent ouvertement. On a l'impression que c'est un peu le la logique du “pas vu, pas pris” », ajoute Marc Ummel.  ► À lire aussi : Afrique du Sud: au Mining Indaba, les miniers souhaitent mieux réglementer l'orpaillage La mine de North Mara, un cas d'école des problèmes associés au manque de transparence Parmi les exemples pointés par le rapport, les violations des droits de l’Homme et des problèmes environnementaux rapportés par le Guardian (article en anglais) dans la mine de North Mara en Tanzanie. Un cas également documenté par l’ONG britannique RAID. « Je pense que la mine de North Mara est une bonne illustration des problèmes potentiels associés au manque de transparence des raffineurs dans les mines auprès desquelles ils s'approvisionnent en or. Ainsi, de ce que nous avons compris, dans la mine de North Mara, la raffinerie MKS PAMP, s’y approvisionne en or depuis 2013 », dit Michael Elliot, chercheur pour l'ONG britannique RAID. « Mais jusqu'à ce que le Guardian publie son article, on ne le savait pas. Et il était donc compliqué de vérifier les allégations d'approvisionnement responsable concernant cet or provenant de cette mine, tout simplement parce qu'on ne savait pas où allait cet or. Les actions prises récemment dans cette mine sont donc essentiellement le résultat de la divulgation publique du nom du raffineur. » Swissaid réalise une série de recommandations destinées aux différents acteurs de la filière allant de la publication des relations d’affaires des mines et des raffineries, à la révision des lois ou encore le renforcement des standards de l’or. ► À lire aussi : L’attrait pour l’or exacerbé par un dollar qui s’affaiblit
4/26/20232 minutes, 13 seconds
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Zlecaf: la clé contre l'insécurité alimentaire en Afrique [3/3]

Le libre-échange comme solution à l'insécurité alimentaire en Afrique ? C'est l'espoir qui est mis dans la Zone de libre-échange continentale africaine, dite Zlecaf. Les crises de ces dernières années comme le Covid-19 et la guerre en Ukraine ont confirmé la trop forte dépendance du continent africain vis-à-vis du reste du monde en termes d'importation. Il y a donc urgence à produire plus et à échanger davantage en Afrique. C'est l'une des priorités exprimées au forum des affaires de la Zlecaf qui se tenait au Cap, en Afrique du Sud, du 16 au 18 avril. De notre envoyé spécial au Cap, « La Zlecaf est une opportunité pour les Africains. Les échanges intracontinentaux en produits agricoles pourraient augmenter de 574% d'ici à 2030 si on supprime les tarifs douaniers qui y sont associés. » Ce sont les ambitions de Wamkele Mene, secrétaire général de la Zlecaf. Il invite ses partenaires à tirer les leçons des crises que traverse le monde. « La pression inflationniste causée par le contexte géopolitique actuel met en danger la sécurité alimentaire en Afrique. La surconcentration des circuits de distribution dans une ou deux régions du monde, se fait au détriment de l'Afrique », déclare-t-il. Faciliter le commerce sur le continent Produire sur place, échanger ensemble, pourrait être le slogan de la Zlecaf. En facilitant le commerce sur le continent, la Zone de libre-échange est censée attirer des investisseurs séduits par l'idée d'atteindre un marché de plus d'un milliard de consommateurs. C'est l'argument avancé par Daniel Njiwa représentant de l'organisation AGRA qui vise à développer l'agriculture sur le continent. « Avec ce cadre, on va même pouvoir attirer des investisseurs étrangers », avance-t-il. « Des investisseurs qui veulent répondre à la demande en nourriture en Afrique. Vous avez peut-être entendu cette statistique ici ou là, nous importons pour près de 100 milliards de dollars de nourriture. Vous pouvez transformer cette statistique en opportunité. Pourquoi ne pouvons pas produire cette nourriture en interne ? » ► À écouter aussi : Zlecaf: surmonter les rigidités du commerce intra africain Pour une forme de préférence continentale L'augmentation de la production agricole aura un effet un positif, à condition que soit respectée une forme de préférence continentale. C'est l'appel de Rex Marfo, directeur d'Abaso Cocoa Processing, une entreprise ghanéenne de transformation du cacao. « Alimentez votre marché intérieur en premier, et ensuite, vous pourrez exporter. Vous savez qu'en Afrique, on a de toutes petites fermes, donc il faut garantir un marché aux paysans. C'est ce que nous faisons au Ghana avec le cacao, si vous en produisez, vous êtes sûr que le gouvernement va vous l'acheter. » À terme, la Zone de libre-échange continentale africaine doit pouvoir faciliter l’accès à une offre de produits alimentaires plus importante, moins chère et de meilleure qualité. ► À lire aussi : Zlecaf: bilan des six mois de l'initiative guidée
4/25/20232 minutes, 19 seconds
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Zlecaf: surmonter les rigidités du commerce intra africain [2/3]

Le libre-échange africain a besoin du secteur privé. C'est l'appel lancé depuis le Cap par le secrétaire de la Zlecaf, la Zone de libre-échange continentale africaine. Un forum des affaires dédié aux entreprises s’est tenu du 16 au 18 avril. Une aubaine pour les entrepreneurs. Mais quelles sont leurs attentes ? De notre envoyé spécial au Cap, Un mot est sur toutes les lèvres : harmonisation. Les lourdeurs administratives plombent le commerce intracontinental, selon la Béninoise Koubourath F. Bara. Elle aide des marques africaines à se développer avec son entreprise Target Afrik Negoce. « Le fait de passer une frontière, c’est compliqué parce qu’on connaît la lenteur administrative, la non-normalisation des règles, etc. Ce qui rend les choses plus difficiles pour nous », explique-t-elle. Les entrepreneurs comme Koubourath Bara attendent aussi de la Zlecaf qu'elle fasse baisser les prix et les délais de transport de marchandises. « Je contacte une entreprise marocaine [qui travaille depuis] un quart de siècle dans la production de bougies artisanales. Je voulais les amener en Afrique de l’Ouest. Les prix sont corrects. Mais le coût logistique à appliquer est trois fois supérieur au prix d’envoi. Sans compter la douane. C’est hyper compliqué ! », ajoute Koubourath Bara. ► À lire aussi : Zlecaf: bilan des six mois de l'initiative guidée Des mouvements entravés S'il est beaucoup question de la libre circulation des biens, qu'en est-il des personnes ? Comment entreprendre sur le continent si les mouvements sont entravés. Candide Leguede est Togolaise et présidente de la Fédération des femmes entrepreneurs et femmes d'affaires de la Cédéao. Elle a accumulé assez de mauvaises expériences pour se plaindre. « J’ai quitté le Togo et il m’a fallu vingt-six heures pour arriver ici au Cap. Le billet d’avion est cher, il faut un visa bien que l’on soit Africain. Comme il n’y a pas d’ambassade de l’Afrique du Sud au Togo, il faut aller au Bénin ou au Ghana. Déposer ses papiers deux semaines en avance. C’est une aberration ! Ce devrait être l’une des priorités à laquelle il faut s’attaquer », explique Candide Leguede. « Pourquoi pas carrément supprimer les frontières comme en Europe ou aux États-Unis ? » Et si on abattait les frontières ? Patient Sayiba Tambwe, adhère à cette idée. Le président directeur général d'African Desk aide déjà les entreprises à rendre leurs échanges sur le continent plus fluide. « Pourquoi pas carrément supprimer les frontières comme en Europe ou aux États-Unis ? Donc, une marchandise qui part de la Belgique jusqu’en Suisse n’a pas de barrière. C’est ce que nous souhaitons pour l’Afrique. Et c’est cela le bien-fondé de la Zlecaf », plaide-t-il. Loin des idéaux libre-échangistes, la question de la frontière, ici en Afrique du Sud, est souvent traitée sous le prisme sécuritaire. La libre circulation des biens risque de prendre le pas sur celle des personnes.
4/24/20232 minutes, 14 seconds
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Zlecaf: bilan des six mois de l'initiative guidée [1/3]

Le libre-échange pour tous et pour tout en Afrique, ce n'est pas pour demain. Ouverte au 1er janvier 2021, la Zone de libre échange continentale (Zlecaf) se met en place petit à petit. En octobre 2022, elle a lancé un test grandeur nature : la réduction des tarifs douaniers sur 96 produits dans 7 pays. C'est l'initiative du commerce guidé. Six mois plus tard, est-ce que ça marche ? De notre envoyé spécial au Cap, 10 % de remise douanière, si vous importez du thé kényan, au Ghana. Voilà l'un des bénéfices de l'initiative du commerce guidé qui profite à Florence Cossou Tomazia, à la tête de Mazia Co Enterprise. « Mon entreprise est basée au Ghana. Nous sommes dans la production du thé, des fruits secs et du miel. » Cette cheffe d'entreprise a été sélectionnée pour tester ce mécanisme. Première remarque : la remise douanière est compliquée à récupérer. « L’information est un gros problème. Quand vous apportez vos documents pour dédouaner vos marchandises, ils entrent le nom dans le système, mais ils ne trouvent pas le code. Cela devient un casse-tête. Et en plus, ça nous fatigue, car plus la marchandise reste au port, plus vous payez de frais. » ► À lire aussi : En Afrique du Sud, un forum des affaires pour relancer la Zlecaf « Je viens juste de l'apprendre... » Deuxième remarque, l'initiative du commerce guidé n'est pas assez connue. « Six mois plus tard, il reste beaucoup de choses à faire. Il y a des entrepreneurs qui ne savent vraiment pas ce qu’est la Zlecaf », souligne encore Florence Cossou Tomazia. La Kényane Flora Mutahi n'aura pas fait le déplacement pour rien. « Je viens juste de l'apprendre », s'exclame-t-elle. La patronne des thés Melvins sait maintenant que sa production peut obtenir une détax dans certains pays d'Afrique. Elle se réjouit de participer à ce test grandeur nature. « L'initiative du commerce guidé nous donne l'opportunité d'essayer le système en premier, de repérer s'il y a des défauts, et de les corriger avant qu'il ne s'ouvre à tous, donc c'est très important », explique Flora Mutahi. ► À lire aussi : Sommet de l’Union africaine: quelles avancées pour la Zlecaf? Vers un élargissement de l'initiative Cette initiative doit s'élargir à de nouveaux pays lors de la conférence en juin. Les Comores, le Sénégal, le Nigeria et la Tunisie devraient rejoindre les sept pays déjà impliqués. La liste des produits s'élargit également aux services, comme les services financiers. De gros efforts sont faits pour faciliter les échanges bancaires, explique Prudence Sebahizi, directeur des affaires institutionnelles et de la Coordination des programmes au sein du secrétariat de la Zlecaf. « Pour faire la transaction entre deux pays africains, il faut d'abord convertir la monnaie en dollars et puis vous reconvertissez encore en monnaie locale. Mais avec leur système de paiement panafricain, on peut avoir la conversion directe de deux monnaies. Leur système panafricain va réduire le coût de transfert de l'argent. » La Zlecaf avance pas à pas pour faire ses preuves. Elle s'ouvre tout doucement et se donne 13 ans pour atteindre tous les objectifs de libéralisation de son marché.
4/23/20232 minutes, 14 seconds
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Centrafrique: création d’une nouvelle centrale solaire, un plus pour les artisans de Bangui

Vivre, travailler, entreprendre avec seulement huit heures de courant par jour. C’est le défi quotidien auquel font face de nombreux opérateurs économiques centrafricains. Le 3 avril dernier, les autorités ont mis en service la centrale solaire de Sakaï située à 10 km de Bangui. Le champ solaire de Sakaï fournit actuellement 15 kilowatts d’électricité et vise à réduire le déficit de l’offre d’électricité.  De notre correspondant à Bangui,  À l’aide d’un pistolet à souder, Mariam Ouabilo est en train de terminer la fabrication d’un portail. Il est 11h et c’est la cinquième commande que son atelier a gagnée dans la journée. Elle nous fait part de ses difficultés quand il n’y avait que huit heures de courant par jour dans le secteur. Un déficit énergétique, entraînant des délestages dans les quartiers de la capitale Bangui et ralentissant une croissance économique à la peine.  « Quand il n’y a pas de courant, le travail n’avance pas. Ça ne bouge pas. Pour notre travail, nous avons vraiment besoin du courant ». Depuis la mise en service de la centrale solaire de Sakaï, le régime de délestage a changé au quartier Fatima. « De notre côté, ici, ça va. On a le courant pratiquement chaque jour. Pour le moment ça va, le courant est stable », affirme Mariam Ouabilo. Jusque-là, les habitants de Bangui et ses environs bénéficiaient d’environ neuf heures de courant par jour. Les autorités misent sur cette centrale solaire pour élargir cette plage horaire. « L’énergie, c'est à la base de tout. Sans énergie, on ne peut rien faire. Nous venons d’inaugurer une centrale solaire qui va augmenter l’ensemble de l’électricité au niveau de Bangui de 15 mégawatts de plus, annonce Arthur Bertrand Piri, ministre de l’Énergie. Et ça va servir pour les ménages, ça va servir pour le développement économique, ça va servir également pour les industriels. Donc c’est un facteur de développement pour notre pays ». Ce projet vient s’ajouter à la centrale hydro-électrique de Boali 2 et la centrale Thermique de Bangui. « On a pu alimenter plusieurs des quartiers à l’aide de la centrale solaire de Sakaï dont Boeing, les gens de Bimbo, du plateau et d’autres parties du Kilomètre 5, explique Céline Nganaré, l’une des responsables de cette centrale. Ceux des secteurs que je viens de citer, ont l’énergie 24h/24 aujourd’hui. Tout est normal, la centrale fonctionne 24h/24. Si la personne désire avoir l’électricité, il n’a qu’à se rendre à la direction commerciale pour prendre les dispositions et on va aller le connecter. » Dans certains quartiers, la fourniture de courant est passée de huit à seize heures par jours. C’est un plus pour les opérateurs économiques de ces secteurs. Par contre, dans les autres quartiers, la couverture n’a pas changé, créant ainsi un sentiment d’insatisfaction parmi les habitants. Avec cette centrale solaire, la capacité de distribution en électricité passe de 60 à 72 mégawatts. Encore loin de satisfaire l’ensemble des besoins estimés à 250 mégawatts pour l’ensemble du territoire. ► À lire aussi: Centrafrique: mise en service de la centrale solaire de Sakaï, proche de Bangui
4/20/20232 minutes, 20 seconds
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Tunisie: à Sfax, le patronat se veut optimiste malgré la crise [3/3]

Les petites et moyennes entreprises souffrent le plus de la crise économique et de la baisse des investissements dans le pays. Or elles concentrent les ¾ des emplois. Selon une étude menée par la Banque africaine de développement et l’Institut arabe descChefs d’entreprise, près de 65% des PME ont vu leur chiffre d’affaire baisser après la pandémie. À Sfax, où la ville compte près de 71 000 entreprises, le patronat tente de rester optimiste. De notre envoyée spéciale, Devant le port industriel de Sfax, Khaled Sellami, président de la branche régionale de l’Institut arabe des chefs d’entreprise, parle d’un sentiment mitigé face à la situation économique du pays. Il est directeur de l’entreprise Essilor Sivo, fabricant de verres optiques. Sa société est moins touchée que d’autres par la crise grâce à l’exportation. « C’est vrai, il y a de grosses difficultés, confirme-t-il. L’État a ses propres difficultés financières qui se répercutent sur les entreprises. Il y a peut-être aussi un manque de visibilité ou un doute sur le futur, les initiatives deviennent plus difficiles. Mais jusqu’à maintenant, il y a des gens qui investissent même des gros montants. » La ville de Sfax est faite de contrastes : le chantier d’un des plus grands centres commerciaux d’Afrique est en cours de finition, témoignant des investissements dans la ville. Le taux de chômage avoisine les 10%, l’un des moins élevés dans le pays. En même temps, l’infrastructure est à la peine. « Sfax est une locomotive qui est en panne et tout le Sud est en panne, constate Naamen Bouhamed, consultant international en PME. Mais Sfax a ce problème, c’est que les autorités tunisoises n’ont pas investi depuis ces quarante dernières années. En fait, Sfax s’est développée avec les moyens qu’elle a. » Les investissements industriels ont baissé de 15,6% en 2022 et il y a peu de signes de reprise pour 2023. Les investissements étrangers ont baissé de 22% ces quatre dernières années. L’absence de l’État a poussé les industriels et entrepreneurs sfaxiens à une résilience, assez discrète, en misant sur un écosystème diversifié. « Vous avez des usines que ne vous ne visualisez pas, mais qui exportent pour Boeing, qui exportent pour Airbus, qui exportent dans le médical, à travers le monde entier », précise Naamen Bouhamed. Actuellement, les entreprises restent dans l’attente d’une réelle reprise à l’échelle nationale, selon Khaled Sellami : « On vient de passer plus de dix ans d’instabilité, de changement de régime, on en est quand même à notre deuxième Constitution donc ça change très vite. Autant, c'est un message inquiétant pour l’extérieur, autant ça peut être un message politique qui dit qu’il y a de la flexibilité, il y a de la volonté de changement. » Une volonté de changement qui reste menacée par la crise économique qui s’accentue. Le président Kaïs Saïed a déclaré le 6 avril refuser certains « diktats » du Fonds monétaire international. Ces déclarations sont perçues comme un coup d’arrêt politique aux négociations qui étaient en cours pour un prêt d’1,9 milliard de dollars avec le bailleur. ► À écouter ou à lire :  Tunisie: à Sfax, les migrants subsahariens contribuent à l'entrepreneuriat [1/3] Tunisie: à Sfax, commerçants et entrepreneurs résilients face à la crise économique [2/3]
4/19/20232 minutes, 21 seconds
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Tunisie: à Sfax, commerçants et entrepreneurs résilients face à la crise économique [2/3]

La ville de Sfax, à l’est de la Tunisie, est considérée comme la capitale économique grâce à son tissu industriel, son agriculture, mais aussi son rayonnement sur le sud tunisien et le marché libyen. Mais aujourd’hui, comme d’autres villes du pays, elle est fortement touchée par l’inflation et la hausse des prix. Pour les commerçants et entrepreneurs de la ville, cette crise n’est pas la première. De notre envoyée spéciale, Au marché aux poissons en plein centre-ville, véritable institution pour cette ville portuaire, la crise économique se fait sentir dans les bourses des clients et le chiffre d’affaires des commerçants. Sami, tente d’attirer la clientèle avec ses crevettes. Habituellement, pendant le mois de ramadan, le consommateur est plus enclin à s’offrir certains produits chers qu’il n’achète pas au quotidien, mais cette année, c’est difficile. « Il y a encore trois ans, les crevettes royales étaient à 15 dinars le kilo. Maintenant, nous les vendons à 35, plus du double. Du coup personne n’en achète. D’ailleurs les gens que vous voyez ici viennent plus faire un tour et regarder les prix, qu’acheter ». Sami explique que la hausse des prix du poisson et des crustacés n’est pas liée qu’à l’inflation – 10,3% au mois de mars – qui touche le pays. Les aléas du changement climatique affectent beaucoup le rendement des pêcheurs : « Vous savez, Sfax, c'est la ville du travail et des pauvres. Ici, vous pouvez transformer un dinar en une centaine de dinars, alors on s’en sort toujours ». La ville de Sfax a toujours tiré sa réputation de sa résilience et sa capacité à surmonter les crises économiques par son dynamisme. La ville et son gouvernorat comptent près d’1,5 million d’habitants. Elle est le premier producteur d’huile d’olives et d’amandes dans le pays et compte plus de 2 000 entreprises manufacturières qui emploient près de 60 000 personnes. Le tourisme pour relancer l'économie Sur la corniche du casino, face à la mer, Naamen Bouhamed, consultant spécialiste des petites et moyennes entreprises, parle déjà du premier bateau de croisière qui doit venir s’amarrer en octobre dans le port industriel, un élan pour relancer et diversifier le tourisme dans la région. « Le premier bateau de la compagnie française de navigation, Le Renaissance, viendra avec les premiers croisiéristes et c’est là où ça va donner une nouvelle dimension de la région de Sfax et de la ville en termes de tourisme culturel, de tourisme archéologique et de tourisme historique ». Une aubaine aussi pour redorer l’image de la ville touchée par une crise des déchets pendant plus d’un an, mais aussi plus récemment, les tensions avec les travailleurs migrants subsahariens après les propos polémiques du président Kaïs Saïed. « Ça a duré un temps, parce qu’on a tellement besoin de main-d’œuvre que ces gens-là, on en a besoin, les entreprises, tout le monde, c’est une chaîne économique », soutient Naamen Bouhamed. Une chaîne économique qui reste non déclarée pour la majorité des travailleurs migrants de la ville et qui vient s’ajouter au secteur informel qui représente près de 40% du PIB dans le pays. ► À lire aussi : Tunisie: à Sfax, les migrants subsahariens contribuent à l'entrepreneuriat
4/18/20232 minutes, 24 seconds
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Tunisie: à Sfax, les migrants subsahariens contribuent à l'entrepreneuriat

À Sfax, ville portuaire et capitale économique à l’est du pays, des migrants subsahariens, installés depuis longtemps dans la ville, ont pu créer leur entreprise. Après les propos polémiques du président Kaïs Saïed, beaucoup sont venus soutenir la communauté de migrants en situation irrégulière et d’étudiants victimes d’agressions, grâce à leur réseau et leur ancrage local dans le monde associatif. Ils évoquent un avant et un après les propos du président. Un ressenti jusque dans la dynamique entrepreneuriale qui avait commencé à se former à Sfax...  De notre envoyée spéciale à Sfax, À l’espace Kufanya, un incubateur pour des entrepreneurs migrants dans le centre-ville de Sfax. Paul Laurent Nyobe Lipot, Camerounais, a ouvert les lieux seulement pour ce reportage, les activités y sont à l’arrêt. « Il n'y a pas d’activité parce que, depuis le discours du président, il devient difficile aussi de parler de questions d’intégration économique avec les migrants, parce que directement, ils nous sortent l’argument comme quoi le président de la République a dit, “il ne veut pas de nous en Tunisie” donc ce message d’intégration économique ne touche plus forcément les bénéficiaires migrants, mais tout de même, on reste mobilisés. On pense que la vague va passer », espère Paul Laurent Nyobe Lipot. Malgré cette résilience, les déclarations du président et le tour de vis des autorités sur le statut des migrants en situation irrégulière, ont laissé des traces sur le plan économique. « Par exemple, vous avez la poste tunisienne où les migrants avaient la possibilité d’envoyer de l’argent à l’intérieur du territoire tunisien en payant leurs frais avec juste la présentation de leur passeport, là par exemple, là maintenant, ils ne le font plus. Ils n’ont plus l’autorisation de le faire, clairement, c'est indiqué, il n’y a pas une loi qui interdit aux étrangers de le faire, mais c’est indiqué que chaque agent refuse tout Subsaharien qui se présente pour envoyer de l’argent », indique-t-il. Des difficultés persistantes À ses côtés, Loïc Oyono, installé depuis six ans en Tunisie, il a fait ses études à Sfax et a ensuite monté son entreprise de développement informatique Ida Vision. Il évoque des difficultés administratives, à caractère parfois discriminatoires, persistantes. « J’ai près de six comptes bancaires en Tunisie et c’est hier que j’ai pu avoir la possibilité d’avoir un compte en dinars, mais même ce compte, il est en attente. Normalement pour le moment, c'est juste pour payer les factures et ainsi de suite », explique Loïc Oyono. Frank Yotedje, directeur exécutif de l’association Afrique intelligence et qui possède Sapientia, un cabinet de consulting qui accompagne juridiquement les migrants, note un retour en arrière. « Même pour des services basiques, on demande la carte de séjour, même pour des simples légalisations, même pour des simples documents et ça a rouvert le cercle vicieux dans lequel on avait l’impression depuis 2018 d’être sortis, le cercle vicieux du titre de séjour », indique Frank Yotedje. Il est venu encourager la future génération lors d’un match de football à Sfax entre étudiants camerounais et gabonais, mais dans ce nouveau contexte, difficile de savoir combien d’entre eux resteront tenter l’aventure entrepreneuriale en Tunisie une fois leurs études terminées.
4/17/20232 minutes, 20 seconds
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«Made in Cameroon»: il reste encore beaucoup à faire

Le ministre du Commerce camerounais a lancé la semaine dernière une plateforme numérique pour promouvoir le « made in Cameroon ». Un mot d’ordre qui vise à la fois à développer les industries locales et à rééquilibrer la balance commerciale du pays. Dans le domaine agroalimentaire, le made in Cameroon remporte un certain succès, mais beaucoup reste à faire. Il y a six ans, Hippolyte Nozawo, jeune ingénieur agronome, s’est lancé dans une aventure industrielle originale. « Je trouvais anormal que nous soyons producteurs de cacao et que nous n’ayons pas de chocolat ayant les mêmes qualités que le chocolat [produit, NDLR] en Occident. » Avec son ami Pierre Boyoguino, il crée à Douala la chocolaterie Nohi adossée à une plantation de cacao de cinq hectares. L’entreprise est un exemple de réussite de ce que l’on appelle le made in Cameroon. Pourtant, l’État n’y est pas pour grand-chose, car Hippolyte Nozawo n’a pas reçu d’aide ou d’incitation publiques. Mais il se félicite de voir aujourd’hui émerger un discours favorable aux produits locaux.  « Il faut faire un peu plus pour que les petites entreprises comme la mienne puissent se développer davantage, recruter davantage. Parce que la production locale, c’est d’abord la création d’emploi qui va permettre de réduire le chômage au Cameroun. »  Promouvoir les chaînes de valeur locales L’année 2020 et la crise des échanges mondiaux a favorisé la prise de conscience des autorités camerounaises. Il fallait promouvoir les chaînes de valeur locales. C’est justement le travail d’Alain Fonin, fondateur de Agribusiness investment management, une société de conseil spécialisée dans les filières agroalimentaires. Pour lui, le made in Cameroon dans l’alimentaire existe bel et bien. « Il y a notamment la filière des oléagineux dans laquelle on voit beaucoup d’industries qui se sont installées, ce sont des raffineries d’huile. On a la filière soja, la filière maïs », indique-t-il. Puis, il poursuit : « On a également des progrès dans le thé, le café, le cacao, le manioc, les farines et produits dérivés. On peut aussi observer des progrès dans la filière ananas, avec la production de jus de fruits. Et dans le poivre et le piment également. » Mais si l’étiquette « produit localement » commence à apparaître dans les boutiques, on est encore loin du compte. Pâtes, tomates, huile et farine, le Cameroun importe en grande quantité. Pour Alain Fonin, l’agrobusiness camerounais a besoin de faire sa révolution. « On ne peut pas parler à ce jour d’émergence de ces chaînes de valeur-là. Il faudrait impulser la création de plantations industrielles de produits locaux et mettre en place un système de contractualisation pour impliquer les petits planteurs afin de s’aligner sur les besoins de l’industrie agroalimentaire. » Renforcer le financement des filières agricoles Pour Alain Fonin, une politique incantatoire ne suffit pas. Il faut regarder les modèles développés par certains pays comme la Côte d'Ivoire et renforcer le financement des filières agricoles. Car les banques n’ont pas toujours les outils de financement adaptés. « Il faut noter que les cycles d’exploitation de ces filières sont très peu connus du secteur bancaire. Dans le secteur de la transformation, nous n’avons pas de crédits à long terme. Des crédits sur dix, quinze ans ou vingt ans sont quasiment inexistants. »  Si l’État a lancé en 2021 un fonds de garanti pour les PME locales, Alain Fonin propose d’aller plus loin, avec la mise en place d’un fonds souverain qui investirait directement dans les filières agro-alimentaires. Le made in Cameroon, passe aussi par les bonnes idées locales. 
4/16/20232 minutes, 21 seconds
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Le Congo-Brazzaville et la Côte d’Ivoire explorent les opportunités d’investissements mutuels

Si le Congo-Brazzaville et la Côte d'Ivoire partagent certains points communs, ces deux pays, dont les économies dépendent essentiellement des matières premières, n’échangent que très peu. C’est pour explorer les opportunités d’investissements que les opérateurs et autres experts de ces deux États ont organisé un Forum économique conjoint tenu fin mars à Brazzaville. De notre correspondant à Brazzaville, C’est l’ambassade de Côte d’Ivoire au Congo qui a initié ce premier Forum économique organisé par les agences d’investissements des deux pays. Directrice de l’Agence pour la promotion des investissements du Congo (API), Annick Patricia Mongo, présente les opportunités que chaque pays peut exploiter dans le camp de l’autre.  « Nous avons organisé ce Forum pour booster les investissements et les échanges commerciaux. Il y a de réelles opportunités parce que tout le monde sait que la Côte d’Ivoire a une grande expertise dans le domaine agricole. Nous en avons besoin. Eux aussi, ils ont besoin de notre expertise dans d’autres domaines. En effet, nous avons des forêts humides certifiées avec des certifications internationales », explique-t-elle.  Le Congo qui s’est lancé dans le développement des ZAP, les Zones agricoles protégées, attend de la Côte d’Ivoire des boutures améliorées et le développement des chaînes de valeur telles la transformation et la commercialisation.  Encourager le partenariat gagnant-gagnant En matière de forêts aménagées et certifiées, le Congo a son expérience à partager. L’ambition affichée par les deux pays est de développer une coopération agissante, selon Solange Amichia, directrice générale du Centre de promotion des investissements de Côte d’Ivoire (CPICI).  « L’idée aujourd’hui est de développer des joint-ventures africaines. Et, ces joint-ventures vont se constituer entre des champions nationaux congolais et des champions nationaux ivoiriens qui vont conquérir les deux marchés », précise-t-elle.  Au Forum de Brazzaville, la culture et le tourisme ont été présentés comme levier de développement. Belinda Ayessa directrice générale  du Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza encourage un partenariat gagnant-gagnant. « Il fallait aussi avoir plusieurs déclinaisons notamment la spécificité sur l’économie et sur les échanges entre ces deux pays frères. C’était important que les investisseurs ivoiriens et congolais puissent se rencontrer pour réfléchir, parce qu’il faut commencer par là », relève-t-elle.   Des pistes pour dynamiser la coopération Pour l’heure, les échanges entre le Congo et la Côte d’Ivoire sont insignifiants et la balance n’est pas équilibrée. Des produits cosmétiques ivoiriens sont présents sur le marché congolais et Air Côte d’Ivoire dessert Brazzaville. Franck Herman Ngoyi, négociateur en chef de la Zlecaf Congo, propose des pistes à suivre pour une coopération plus dynamique. « Il faudra que ces deux pays, membres d’ailleurs de l’Union africaine (UA), pensent à octroyer des préférences. Des préférences non seulement tarifaires, mais qu’ils arrivent aussi à harmoniser des normes, les règlements techniques et une certaine conformité », conseille-t-il.  Le premier Forum économique Congo-Côte d’Ivoire a été marqué des rencontres B to B, la signature d’une série d’accords et une exposition des produits artisanaux.
4/14/20232 minutes, 22 seconds
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Sénégal: le lac Rose qui a perdu sa couleur fait blêmir le secteur du tourisme [2/2]

Au Sénégal, le lac Retba, surnommé lac Rose à cause de sa couleur particulière, n’est plus rose. Les fortes pluies à l’été 2022 lui ont fait perdre sa couleur. Un coup dur pour les professionnels du tourisme, car c’est normalement le deuxième site le plus visité du pays qui fait vivre plusieurs milliers de personnes. Inquiets pour leur activité, ils tentent de varier leur offre. De notre correspondante à Dakar, Dans les allées du marché artisanal du lac Rose, Alexandra, une touriste portugaise, fait du lèche-vitrine. Elle hésite encore à faire la traditionnelle balade en pirogue sur le lac, car elle est déçue par le paysage : – Je suis venue au lac Rose, car j’ai vu tellement de photos… je rêvais de le voir, mais j’ai été déçue – Parce qu’il n’est plus rose ? – Vraiment plus une once de rose… C’est un bel endroit, les gens sont très gentils, mais le lac n’est pas rose. Les touristes commencent à déserter le lac Retba, qui a perdu sa couleur rose en août dernier après la montée du niveau de l’eau. Les eaux des pluies des banlieues alentour ont été déversées dans le lac, et les micro-algues qui le coloraient ont été diluées. Les artisans sont dépités. « On est en pleine saison, mais les touristes sont rares », se désole Mor Gueye, président des artisans du lac Rose. « Avant le Covid, ça marchait bien, on pouvait gagner de 80 à 100 000 francs CFA par jour (152,18 euros). Actuellement, pour pouvoir gagner 1 000 francs par jour (1,52 euro), c’est un peu difficile ». La boutique de Mor Gueye a été engloutie par les eaux, comme le restaurant d’Amadou Ndir sur les rives du lac. « Ah, c’était bien, il y avait des transats partout. Les bouts de bois que tu vois, ce sont les restes des paillotes, explique le restaurateur qui attend toujours un geste de l’État. « Ils nous ont demandé d’écrire pour nous dédommager. On l’a fait. Ils nous ont répondu. Mais il n’y a rien qui est venu », déplore-t-il. Garder les touristes Pour les hôteliers aussi, c'est un coup dur. Amadou Bocum Diouf est président du syndicat d’initiative et tourisme du lac Rose, et propriétaire d’un hôtel. Alors qu’on est encore en pleine saison, moins de 10 chambres sur 50 sont occupées. « Ce qui est sûr, c’est que si l’on ne fait rien, l’année prochaine, il n’y aura plus de touristes au lac Rose. Car les gens vont savoir que le lac n’est plus rose. On sera obligé de fermer ou de diminuer considérablement le nombre d’employés, redoute l’hôtelier. Les charges ne seront pas gérables ». Pour essayer de faire vivre le tourisme, les guides et les agences de voyage proposent d’autres activités dans les dunes derrière le lac Rose, un site connu pour avoir été l’arrivée du Paris-Dakar : « Pour ne pas perdre les gens qui viennent ici, quand le lac n’est pas rose, on propose des activités comme les balades en quad, en 4x4, en dromadaire ou à cheval ». L’Office du tourisme avec d’autres acteurs locaux a commencé à pomper l’eau du lac fin février pour tenter faire baisser le niveau en espérant sauver la saison prochaine. ► À lire aussi : Sénégal: sur les bords du lac Rose, les extracteurs de sel minés par la montée des eaux [1/2]
4/11/20232 minutes, 21 seconds
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Sénégal: sur les bords du lac Rose, les extracteurs de sel minés par la montée des eaux [1/2]

Au Sénégal, le lac Retba, surnommé « lac Rose », qui attire chaque année des centaines de milliers de touristes, a perdu sa couleur à la suite de fortes pluies. Un coup dur pour l’industrie du tourisme, mais aussi pour les extracteurs de sel qui y travaillaient depuis des années et ne peuvent plus récolter le précieux or blanc.    De notre correspondante à Dakar, Sur les rives du lac Rose, l’ancien quartier des extracteurs de sel est à l’abandon. Boubou Gaye, un guide qui vend aussi du sel, ne reconnaît plus le paysage. « Il y avait presque des montagnes de sel ici. À l'arrivée, on apercevait ces montagnes de loin », raconte-t-il. Fin août dernier, l’activité s’est arrêtée brutalement. Après de fortes pluies, le niveau du lac a augmenté de 3 mètres. Du jamais vu pour Maguette Ndiour, président de la coopérative des exploitants de sel du lac Rose : « Auparavant, c'étaient seulement les eaux de pluies qui tombaient dans le lac, cela ne posait pas de problème. Mais cette année, toutes les eaux de la banlieue ont été drainées ici : Keur, Massar, Bambilor, Rufisque... Ce qui a causé d'énormes problèmes pour ceux qui travaillent dans l'extraction du sel ». Les extracteurs artisanaux ne peuvent plus récupérer le sel cristallisé au fond du lac devenu trop profond. Ils soupçonnent aussi qu’une partie s’est dissoute. Sur les rives du lac, il ne reste plus que quelques dizaines de gros sacs de sel à vendre. À côté, les machines à ioder le sel prennent la poussière : « Ça ne tourne plus, vous avez vu dans quel état elles sont. C'est rouillé, il y a la corrosion, des toiles d'araignées. Plus personne ne travaille ». Le bureau de Maguette Ndiour est désormais fermé la plupart du temps. Trois mille extracteurs se sont retrouvés au chômage, sans compter les emplois indirects comme la transformation et le commerce. « Il y avait des marchands qui venaient vendre les petits déjeuners, d'autres pour vendre des cacahuètes... » Ouba Sagna travaillait comme extracteur de sel depuis dix ans. Il pouvait gagner jusqu’à 15 000 francs CFA (23,04 euros) les meilleurs jours. Quand il a perdu son emploi en août, il a dû partir à Dakar chercher du travail : « On était obligé d'aller chacun de son côté pour trouver quelque chose à faire. Comme cela n'allait plus au lac, j'ai été obligé de partir ». Mobilisation  Beaucoup de travailleurs venus des pays voisins comme le Mali ou la Guinée attendent, eux, la reprise des travaux des champs à la saison des pluies. En attendant, les acteurs du secteur ont décidé de se mobiliser pour tenter de faire baisser le niveau de l’eau du lac. « On est en train de voir avec des pompes comment faire pour baisser le niveau d'eau. C'est une chose difficile et on commence avec les moyens du bord. On a commencé le 25 février à pomper les eaux du lac pour que ça baisse et pour que nous puissions reprendre l'activité. Mais jusqu'à présent, nous n'avons reçu aucune aide des autorités ». Les pertes sont déjà immenses : la vente du sel représente plus de 4 milliards de francs CFA par an, soit près de 6,5 millions d’euros.
4/10/20232 minutes, 18 seconds
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Le Bénin reçoit l'appui du FMI pour son programme de développement

Une mission du FMI a séjourné au Bénin pendant 15 jours pour évaluer le Programme économique et financier et la facilité élargie de Crédit, un accord conclu avec le Bénin en juillet 2022 d’un montant de 396 milliards de FCFA pour une durée de 42 mois au lieu des 36 habituels. Il s’agissait de la deuxième revue du programme, toutes les cases ont été cochées, ce qui valide le deuxième décaissement. De notre correspondant à Cotonou, La mission s’est achevée le 5 avril avec les conclusions présentées ici par le chef de mission, le Camerounais Constant Lonkeng : « Tous les critères du programme ont été respectés de façon exemplaire avec des marges en plus. Il y aura un décaissement de 68 millions de dollars qui va au budget de l’État, ce qui portera le décaissement à 360 millions de dollars, plus de la moitié de l’enveloppe globale. Ceci est inédit, généralement les décaissements sont graduels, c’est une marque de confiance que le FMI porte au gouvernement du Bénin ». Plusieurs indicateurs de suivi ont été évalués : les experts du FMI ont regardé le solde primaire, les arriérés de paiements de la dette intérieure, les dépenses sociales prioritaires et le niveau de la dette. Sur la dette, l’opposition et les Béninois ont souvent accusé Patrice Talon et son ministre des Finances d’endetter lourdement le pays. L’appréciation du FMI est la suivante : « 40% des pays de l’Afrique subsaharienne sont à un niveau de risque d’endettement élevé. Le Bénin est à un risque d’endettement modéré. L’endettement dans le programme sera maintenu à ce niveau-là ». ► À lire aussi : Zone industrielle et diversification économique au Bénin: des ambitions, des promesses et des défis Le Fonds est élogieux sur la gouvernance économique du Bénin. Le taux de croissance de 2022 a dépassé les prévisions de 6% et atteint 6,3%, un chiffre communiqué par le ministère des Finances. « Aujourd’hui, le cadre macro-économique est sain, le niveau d’endettement est raisonnable, le risque est modéré avec les résultats qui disent que le programme que nous avons avec le FMI est bien tenu, l’économie est solide et que tous les critères sont respectés, décrypte le ministreRomuald Wadagni. On peut dire aux populations que leur bien est bien gardé, bien géré, bien tenu. L’économie béninoise est en position de poursuivre la création de plus de richesses, plus de bien-être, pour plus de Béninois de façon durable. » L’argent est prêté au Bénin à un taux concessionnel qui varie entre 0 et 1% et il servira à financer le budget de l’année en cours, selon le ministre d’État Wadagni. Prochaine revue du programme, ce sera dans six mois selon les prévisions, ce sera la troisième. ► À lire aussi : Le Bénin mise sur le tourisme multidimensionnel
4/9/20232 minutes, 11 seconds
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Business franco-nigérian : une dynamique à relancer

Cette semaine à Paris, les hommes d’affaires français et nigérians se sont retrouvés pour un forum organisé par Business-France, l’agence en charge de promouvoir les entreprises françaises à l’étranger. La France est l’un des premiers investisseurs étrangers au Nigeria, avec un stock d’investissement qui s’élève à dix milliards de dollars. Mais cette dynamique a tendance à s’essouffler et Paris voudrait bien la relancer.   Première puissance d’Afrique, 27e puissance mondiale, 225 millions d’habitants, le Nigeria est un marché qui fait rêver. Notamment Wilfried Tokpa l’un des dirigeants de Kawii, fabricant de jus de fruits exotiques implanté à Strasbourg. « C’est une économie en forte croissance, avec un très bon dynamisme. Je peux dire que tout entrepreneur africain rêve de participer à son développement », souligne-t-il. Seulement, faire des affaires avec les Nigérians n’est pas simple en raison tout d’abord de la vive concurrence des entreprises locales. Il faut donc du culot. Ignacio Kouadio en a à revendre. Ce jeune Ivoirien de France vient de fonder Towlaa, une agence de marketing qui vise les entreprises nigérianes.  « Chez nous, on dit “tu te vends moins cher, on t’achète moins cher. Tu te vends cher, on t’achète cher”, donc [la question] c’est comment vous allez vous vendre et comment vous allez parler de votre projet et vous projeter avec eux pour faire valoir les différents produits », explique-t-il. Les atouts des entreprises françaises pour le Nigeria Selon Ignacio Kouadio, les entreprises françaises ont des atouts considérables pour séduire le marché nigérian. « Ils peuvent avoir la technologie, ils peuvent avoir du matériel, mais le savoir-faire et le fait de rester constant dans une activité, la France l’a, quand même. Donc, je pense qu’avec ce que l’on a comme bagage en France, on pourrait promouvoir pas mal de produit au Nigeria », pense Ignacio Kouadio. Nkechi Nwosu est une entrepreneuse nigériane installée à Paris. Elle a créé un cabinet de recrutement qui s’est fixé comme objectif de dénicher des profils maîtrisant les deux cultures pour les entreprises opérant en France et au Nigeria.  « On a un client dans les fintechs qui cherche à attirer les entreprises françaises qui veulent faire du business au Nigeria. Dans l’hôtellerie, on a aussi un client qui cherche à s’implanter au Nigeria dans ce secteur, et qui cherche à attirer les personnes qui connaissent le métier et qui sont suffisamment flexibles pour enseigner aussi », déclare Nkechi Nwosu. Hormis les banques, les entreprises françaises se sentent à l’aise au Nigeria. Quatre-vingt-treize grands groupes tricolores y ont implanté une filiale. La France est devenue le cinquième fournisseur du pays et bénéficie d’une belle image de marque. La preuve, le Nigeria est le deuxième importateur de champagne français sur le continent, juste derrière l’Afrique du Sud.  
4/7/20232 minutes, 17 seconds
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Au Kenya, une start-up propose un système de capture de carbone

Lutter contre le changement climatique et mettre fin à l’utilisation des combustibles fossiles. C’est l’ambition d’une très jeune start-up à Nairobi au Kenya. Octavia Carbon est née en juin 2022 avec pour objectif de capturer le dioxyde de carbone dans l’air. Une technologie qui permet d’extraire le CO2 de l’air ambiant qui, une fois filtré, peut ensuite être stocké sous terre de manière définitive ou réutilisé pour différentes industries. Octavia Carbon entend proposer les deux options.  De notre correspondante à Nairobi, C’est en bordure de Nairobi qu’Octavia Carbon a implanté son usine. Deux machines y trônent fièrement. Elles servent à récupérer le dioxyde de carbone dans l’air ambiant. La toute dernière doit bientôt être commercialisée. Mwangi Kagunyu est un des ingénieurs. Il la présente. « Il y a des ouvertures sur les quatre côtés, l’air ambiant y rentre grâce à un ventilateur, puis passe par un filtre chimique, qui, pendant trois heures extrait le dioxyde de carbone de l’air. L’air libre de dioxyde de carbone est rejeté. Le CO2 extrait est lui stocké dans des réservoirs. » Une machine à 30 000 dollars Cette machine peut récupérer jusqu’à quatre tonnes de CO2 par an qui peuvent ensuite être réutilisées pour des boissons pétillantes ou renforcer des matériaux de construction par exemple. Une poignée d’entreprises en Europe et aux États-Unis ont déjà passé commande. Le coût d’achat : environ 30 000 dollars. Octavia Carbon espère en vendre une centaine cette année. Un point de départ pour un projet ambitieux, explique le PDG Martin Freimüller. « D'ici à la fin de l’année, nous espérons pouvoir lancer au Kenya une installation qui récupérerait 100 tonnes de CO2 par an, en utilisant de l’électricité produite par la géothermie. Suivant le même processus de filtrage chimique, le CO2 récupéré sera ensuite purifié, mélangé avec de l’eau, puis injecté sous pression à environ 500 mètres dans le sol, où il se transforme en roche et est stocké pour toujours. » Une motivation environnementale Le processus est énergivore. Le choix du Kenya n’a donc pas été anodin pour Octavia Carbon. En 2021, près de 90% de la production d’électricité du pays était d’origine renouvelable. Pour Martin Freimüller, la motivation est avant tout environnementale. « Notre mission en tant qu’entreprise est double : lutter contre le changement climatique et mettre fin aux combustibles fossiles. Si nous continuons à émettre autant de CO2 dans les années à venir, nous allons atteindre la limite pour les 1,5% de réchauffement. Il faut trouver des façons d’inverser cet excès, notamment en enlevant de l’air plus de CO2 que ce que nous émettons. » Si le Giec estime que le captage du CO2 fait désormais partie de la panoplie des outils nécessaires pour lutter contre le changement climatique, il n’est cependant pas une solution miracle. L’Agence internationale de l’énergie dénombre 18 installations au monde qui récupèrent environ 10 000 tonnes de CO2 par an alors qu’en 2022, les émissions mondiales ont atteint près de 37 gigatonnes. La priorité reste bien la diminution des émissions.
4/6/20232 minutes, 33 seconds
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RDC: au Katanga, une centrale solaire 100% congolaise

La première phase des travaux de construction de la centrale photovoltaïque de Lumbwe à 200 km de Lubumbashi s’achève au mois de mai. Ce projet de l’entreprise congolaise Kipay Investment est exécuté exclusivement par des entreprises congolaises. De notre correspondante à Lubumbashi, Sur le site de la centrale photovoltaïque de Lumbwe, trois jeunes entreprises congolaises sont à pied d’œuvre. Elles ont participé à la conception ainsi qu’à la réalisation du projet. Ici, la sous-traitance est exclusivement locale. « C’est un état d’esprit qu’il fallait créer chez les Congolais, car si nous voulons développer notre Congo, nous devons commencer par nous-mêmes », martèle Eric Monga, le directeur de l’entreprise Kipay Investment, patron du projet.« La preuve, c’est qu’il fallait une haute intensité de main-d’œuvre, ça a été fait, une haute intensité intellectuelle, cela a été réalisé, et une haute intensité en capital… et nous avons levé les capitaux localement. » Des panneaux solaires disposés sur 7 hectares Au total, 4 368 panneaux solaires de 550 watts chacun sont installés sur un vaste champ de 7 hectares. L’entreprise Smart Congo s’occupe de l’implantation des panneaux solaires, explique Joel Musikingala, son directeur général. « On place les longerons. Les longerons sont les tubes carrés que vous voyez, là. On les replace sur des supports en U. Après, on les serre, on met les traverses », indique Joel Musikingala. « Ensuite, les équipes passent pour installer les panneaux. Une deuxième équipe passe pour faire le serrage et l’ajustement. C’est comme ça qu’on fait pour s’assurer qu’on a suivi les normes et qu’une personne n’a pas oublié ce qui devait être fait. » La centrale est équipée d’une salle de contrôle doté d’un système d’intelligence artificielle. Ruben Lwabeya est le directeur de Leading Building Katanga, LBK, un autre contractant congolais. Il indique que « la salle de contrôle est équipée des ordinateurs et des serveurs qui nous permettent de prédire la météo, la direction du vent et aussi la demande en électricité qui nous vient de la SNEL pour optimiser notre apport à la SNEL. » Pour une exploitation de 2,4 mégawatts d’ici mai 2023 La construction de la centrale photovoltaïque a été précédée par des travaux de génie civil exécuté par EKMM, un groupe des jeunes entrepreneurs congolais. « C’est nous qui avons lancé les travaux en premier, en dégageant autant de termitières, traiter aussi la route d’accès », rappelle Dominique Kabamba, directeur de projet. « Parce qu’avant, pour 4 km, on pouvait faire au-delà d’une heure. Et maintenant, c’est 20 minutes maximum. La route interne ici, c’est nous qui avons fait ça, tous les bétons, et aussi la construction du guest house. » Pour l’heure, les ingénieurs travaillent sur l’installation d’une ligne électrique longue de 7 km. D'ici au mois de mai, 2,4 mégawatts seront exploités par le réseau national d’électricité.
4/4/20232 minutes, 19 seconds
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Congo-Brazzaville: YouthConnekt Congo, une plateforme numérique pour jeunes en quête d’opportunités

En vue de faciliter aux jeunes Congolais, très touchés par le chômage, la recherche d’opportunités de formation et d’emplois, le ministère congolais en charge de la formation qualifiante a mis sur pied une plateforme numérique : Youth Connekt Congo (YCC). Elle permet aux entreprises d’afficher les offres d’emplois à leur portée et aux jeunes porteurs de projets d’entrer en contact avec des partenaires capables de les financer. De notre correspondant à Brazzaville, C’est à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de la jeunesse que cette plateforme, montée avec le soutien du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), a été dévoilée au public. « La plateforme Youth Connekt Congo est une plateforme regroupant de nombreuses opportunités pour notre jeunesse », explique le ministre en charge de la formation qualifiante, Hugues Ngouélondélé qu’il a présenté comme un outil d’insertion professionnelle.« Il s’agit, entre autres, des opportunités de formations certifiantes dispensées par des sites de grande notoriété et des informations sur les opportunités d’emplois et offres offertes par des entreprises installées dans notre pays », précise-t-il. La plateforme cible la jeunesse. Elle dispose d’une newsletter qui permet aux visiteurs d’entrer en contact avec les professionnels qui publient des offres d’emplois. Des personnes « ressource » peuvent également partager leurs compétences afin de devenir mentors ou même intervenir sur la plateforme. Wence Lokena, 26 ans, ambitionne de lancer un projet agricole et espère trouver son compte : « C’est une nouvelle vision à exploiter. Ce système de développement va vraiment aider la jeunesse congolaise ». Consultant, expert en vente et marketing, Van Beverly Mouélé, 28 ans, salue le lancement de Youth Connekt Congo : « C’est une plateforme qui sert de pont entre personnes porteuses de projets et ceux qui souhaitent se former, pour d’autres, c’est l’envie d’aller plus loin. C’est en quelque sorte une fenêtre qui s’ouvre à travers le monde ». Au bout de la chaîne, il y a des structures devant répondre aux jeunes. C’est le cas du Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement des PME. Sylvain Mbouiti est directeur de l’impulsion et de l’accompagnement du FIGA : « Ces jeunes sont reçus sur la base de leurs idées de projets. Ensuite, nous les mettons dans un processus d’incubation personnalisé pour qu’au sortir de là, ils soient porteurs d’un business plan bancable ; d’une formation à l’esprit d’entreprise, à la culture du crédit, à la gestion financière et comptable. Enfin, ils ont un plan d’affaires bancable et finançable que nous, dans le cadre de notre intermédiation financière, avec les banques et les micro-finances, nous les orientons auprès de ces partenaires financiers », indique M. Mbouiti. La plateforme est aussi ouverte à la jeunesse africaine, selon ses initiateurs pour qui « le numérique n’a pas de frontières ».
4/3/20232 minutes, 18 seconds
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Sénégal: de grandes attentes entourent la future production du gaz naturel

Au Sénégal, la production de pétrole et gaz attendue depuis la découverte de plusieurs gisements entre 2014 et 2016 commencera cette année. Un bouleversement pour toute l’économie du pays. Le gaz naturel promet beaucoup de débouchés, à commencer par une nouvelle source d’électricité. De notre correspondante à Dakar, Des trois principaux gisements, c’est le projet Grand tortue Ahmeyim ou GTA qui est le plus avancé. La majorité du gaz issu de ce site sera exportée sous forme liquide vers l’Europe dès la fin de l’année. Le gisement offshore Yaakar Teranga, est lui voué à alimenter exclusivement le Sénégal. Le gaz sera transformé en électricité par la technologie « gaz to power », comme l’explique Mohamed Abdallahi Seck de l’Association sénégalaise pour le développement de l'Énergie en Afrique : « Le gaz naturel est majoritairement composé de méthane, CH4, c’est un combustible avec lequel on produit de la chaleur dans les turbines. Et cette chaleur est utilisée pour mettre en route la vapeur d'eau. Et cette vapeur-là va également faire tourner les turbines. » Pour ce faire, des centrales à gaz vont être construite, comme Ndar Énergie au nord du pays, d’une capacité de 200 mégawatts. D’autres centrales qui fonctionnent actuellement au fioul seront converties. Au Sénégal, l’électricité est produite à 80% à partir de produits pétroliers importés. Pour Papa Daouda Diène de l’ONG NRGI, l’arrivée du gaz aura un impact positif sur la souveraineté énergétique. « On importe du fuel et c'est subventionné. Le fait d'utiliser du gaz permettra de réduire considérablement les subventions qui laissera de l'espace budgétaire pour consacrer des investissements à l'extension du réseau, etc. » Et c’est toute l’économie sénégalaise qui sera transformée, puisque l’effet devrait aussi se faire sentir sur les budgets des ménages et sur l’industrie sénégalaise. « On peut anticiper même sur les baisses aux consommateurs finales de l'ordre de 30% de ce qu'ils paient classiquement », détaille Mohamed Abdallahi Seck. « Et cela permettra surtout d'aller vers l'industrialisation, précise Awa Marie Coll Seck la présidente du comité ITIE pour la transparence dans les industries extractives au Sénégal. Que ce soit dans le fer, l'agroalimentaire, la pétrochimie, les engrais. En fait, l'industrie de transformation. » Selon des professionnels du secteur, le gaz pourrait représenter jusqu’à 80% du mix énergétique sénégalais dans 20 ans. NRGI alerte sur les risques de cette nouvelle dépendance, en prenant l’exemple de l’Algérie. « Le cas de l'Algérie... Des politiques ont été connus pour encourager l'utilisation du gaz et ça a déteint sur les renouvelables. Donc les renouvelables ont été oubliés », avertit Papa Daouda Diène. La Banque mondiale estime que l’entrée en production des gisements d’hydrocarbures devrait doubler la croissance de l’économie sénégalaise entre 2022 et 2024. ► À lire aussi: Le Sénégal forme aux métiers du gaz
4/2/20232 minutes, 23 seconds
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InstaDeep, un rayon de soleil entrepreneurial dans une Tunisie morose

Lancée en 2014 à Tunis et rachetée par le groupe de biotechnologies BioNTech pour 409 millions d’euros, InstaDeep est spécialisée dans l’intelligence artificielle à usage médical. Cette start-up entend révolutionner le secteur, mais aussi mettre son pays d’origine sur la carte de l’innovation.  De notre correspondante à Tunis, « Hello and welcome ! ». Comme un air de Silicon Valley à Tunis. « J’espère que vous apprendrez plein de choses ici. On est une boîte plutôt sympa et cool, j’espère que votre stage se passera bien ». C'est en anglais que Zohra Slim, la cofondatrice de la start-up InstaDeep, accueille ses nouveaux stagiaires ce matin. Certains arborent déjà un sweat floqué du logo de la boîte. Des nouvelles recrues fières d’intégrer l’une des start-up les plus en vue du moment. Et des plus anciens, émus de voir ce qu’est devenue leur boîte et qui compte désormais des bureaux à Lagos, au Cap, Dubaï, Paris ou encore Londres. « Je suis Amine Kerkeni, je suis head of engineering chez InstaDeep. J’ai rejoint InstaDeep début 2017. Honnêtement, j’y croyais à moitié. Même si, bizarrement, c’est ce qu’on m’a vendu au départ : qu’on voulait vraiment créer une boîte d’intelligence artificielle à l’échelle internationale. » C’est désormais chose faite. Née à Tunis, InstaDeep, dont le siège est aujourd’hui à Londres, compte parmi ses clients les réseaux ferrés allemands ou le français Total. Mais c’est la pandémie de Covid qui donnera un coup d’accélérateur à son essor. Pendant que le monde vacille dans l’inconnu, les ingénieurs d’InstaDeep mettent en place un outil capable de détecter les variants les plus dangereux du virus. Voilà qui intéresse de près l’allemand BioNTech qui a commercialisé un vaccin. Il décide de racheter la société de Zohra Slim et de son associé Karim Beguir. Alors que la Tunisie vit une crise économique intense, l’annonce de l’achat d’InstaDeep par BioNTech fait la Une de l’actualité en janvier dernier dans le pays : « Je ne suis pas sortie de chez moi pendant une semaine. C’est aussi simple que ça. Il y avait tellement d’engouement que ça me faisait un peu peur. Mon visage était partout.  J’ouvrais la télé, je me voyais, j’étais là, non je ne veux pas ! » Adulé, décoré, le duo tunisien est persuadé que la Tunisie peut devenir un leader de l’Intelligence artificielle en Afrique pour peu que la législation soit assouplie : « Les jeunes ont un potentiel inégalé parce qu’il y a des pays où les gens vont du point A au B directement. Nous, pour aller de A à B, il faut passer par C, D, Y puis arriver au point B. La façon avec laquelle on réfléchit est moins linéaire. » Des atouts et un rachat spectaculaire par BioNTech qui va permettre à cette société tunisienne de se concentrer sur sa priorité : avancer dans la mise au point d’un vaccin contre le cancer. ► À lire aussi : Zohra Slim, cofondatrice de InstaDeep
3/30/20232 minutes, 34 seconds
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En Côte d'Ivoire, un laboratoire pour l'émergence de femmes scientifiques

Le « STEM Makers Lab », un nouveau centre éducatif dédié à l’apprentissage des sciences et réservé aux jeunes filles, a ouvert dans la commune d’Abobo à Abidjan. « STEM » pour : Science, Technology, Engineering et Mathematics. Il permet aux jeunes filles de se familiariser avec l’informatique, la robotique, l’impression 3D et les questions de leadership. L’ONG DynexAfrica entend ainsi favoriser l’émergence de figures féminines dans le domaine des sciences en ciblant particulièrement les quartiers populaires et les zones rurales. De notre correspondant à Abidjan, Après six mois d’activité, le « STEM Makers Lab » d’Abobo est officiellement inauguré le 11 février, Journée internationale des femmes de sciences. La centaine de jeunes filles âgées de 12 et 15 ans, issues de la première promotion du programme de formation, écoutent avec attention le discours de celle qu’elles appellent « Tantie Maï » : Maïmouna Fognon Koné, directrice de Dynex Africa.   « L'objectif final, c'est de renforcer la confiance de celles qui seraient intéressées par les filières scientifiques et de les accompagner pour celles qui ont les aptitudes justement à ce qu'elles puissent s'orienter vers les filières scientifiques », explique Maïmouna Fognon Koné. « Donc, il y a la formation technique, mais il y a également tout un accompagnement et un écosystème qu'on met autour d'elles pour les encadrer afin qu'elles puissent s'épanouir et faire des choix tout en se disant qu'il y a des personnes qui peuvent les accompagner dans ce processus. » Des futures scientifiques ambitieuses À l’entrée du lieu, les visages de grandes scientifiques, comme la chimiste ivoirienne Mariam Dicoh, ou encore la mathématicienne américaine Dorothy Vaughan, accueillent les visiteurs. Pour participer à ce programme qui mêle informatique, robotique et impression 3D, les jeunes filles sont sélectionnées dans deux établissements scolaires de la commune en fonction de leurs résultats dans les matières scientifiques et de leur motivation. Betel Brou, élève de 4e, a de grandes ambitions. « Moi, je rêve de devenir ingénieure robotique. La première fille âgée de 13 ans va inventer quelque chose qui va révolutionner le monde. Peut-être par exemple la première voiture volante, quelque chose de ce genre », imagine la jeune Betel. Les étudiants ont accès au centre les mercredis et samedis, et pendant les vacances scolaires. Du travail scolaire supplémentaire qui n'effraie pas Margloi Aho et Elvira Bado, chacune âgée de 13 ans. « En fait, c'est un endroit magnifique qui donne aux filles une chance de se parler et de s'ouvrir. On peut dire que c'est notre deuxième maison », explique Margloi. « Les filles ne sont pas une espèce inférieure », rétorque Elvira. « Les filles ont la force en elles. Et elles peuvent avancer. Donc, elles n'ont qu'à s'armer de courage, de patience et persévérer dans leur domaine. Car nous aussi pouvons devenir des scientifiques hors pair. » Un accès compliqué au matériel pédagogique En Côte d’Ivoire, les filles ne sont que 30% au collège et largement minoritaires sur les bancs de l’université. Les programmes de formation Dynex sont implantés à Abobo, mais aussi à Sinématiali et Korhogo, dans le nord du pays. Pour Zouzou Jacquelin, enseignant et designer industriel, le principal obstacle du projet réside dans la difficulté à obtenir le matériel pédagogique. « Par exemple des imprimantes 3D, des machines à commande numérique comme les découpeuses laser. Ici, avoir Certaines machines, c'est un peu compliqué », confie Zouzou Jacquelin. Le programme est financé par la coopération allemande et une grande entreprise allemande. Le centre d’Abobo a été mis sur pied avec 40 millions de francs CFA, soit environ 60 000 euros.
3/29/20232 minutes, 20 seconds
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Congo-Brazzaville: les artisans du cuir veulent montrer leur savoir-faire

À la deuxième édition du Marché de l’artisanat que Brazzaville vient d’abriter, les artisans qui façonnent le cuir sont venus exposer leur savoir-faire. Ceux qui utilisent le cuir pour fabriquer des chaussures made in Congo se sont distingués au cours de ce rendez-vous, désormais présenté comme une vitrine pour les artisans qui, eux, appellent les autorités à leur bâtir un marché permanent. De notre correspondant à Brazzaville, C’est dans un espace exigu en plein centre-ville de la capitale que le Marché de l’artisanat s’est tenu. Il a regroupé une centaine d’artisans venus du Congo, de cinq autres pays du continent et même de l’Inde. Les visiteurs ont notamment découvert Gladis Koumou, un artisan congolais qui arbore souvent des tenues impeccables. Son travail au quotidien : fabriquer des chaussures en cuir. Où trouve-t-il de la matière première ? Gladis Koumou répond : « C’est un patchwork (un ensemble) de tout : les peaux de bœufs, appelées cuir ordinaire, reviennent d’Italie. Les peaux d’Alligator, nous les achetons en Amérique ; celles de crocodile du Nil, nous les prenons au Vietnam. Les teintures pour faire les couleurs, nous les achetons en France », explique-t-il à RFI. ► À lire aussi : Congo-Brazzaville : l’artisanat pour diversifier l’économie congolaise Des chaussures « made in Congo » Il nous présente les différentes étapes de fabrication des chaussures en cuir, très prisées par les Congolais. « Les chaussures sont d’abord montées dans un premier temps à Taiwan et en Chine par les artisans qui sont là-bas. Après, ça nous revient ici en mode semi-finie. Et, mes artisans présents ici font de la finition, comme ce que vous êtes en train de voir. Là, on est en train de finir pour enfin livrer à un client », indique l’artisan. Pour Gladis Koumou, il s’agit bel et bien des marques de chaussures made in Congo. « Parce que c’est dessiner au Congo. Tout est fait selon notre cahier de charges et selon nos normes. Voilà pourquoi je l’appelle la marque African spirit. En plus, ce sont des chaussures faites sur mesure dans un délai de deux semaines, parce que l’Africain n’aime pas attendre », se réjouit-il. ► À lire aussi : L’artisanat malgache à l’honneur dans la capitale Obtenir l’appui du gouvernement pour mettre en lumière cet artisanat Désormais, pour mieux exprimer leur talent, exposer et vendre, les artisans congolais demandent au gouvernement de leur construire un marché permanent. Pascaline Makoundo est artiste peintre. « Si on peut créer ce marché, il faudrait penser y installer une galerie pour les peintres, parce que les peintres ne peuvent pas exposer en plein air. Ce n’est pas bon pour eux », indique Madame Makoundo. ► À écouter aussi : Des marketplaces pour valoriser les produits et les savoir-faire africains Ministre des PME et de l’Artisanat, Jacqueline Lydia Mikolo a une réponse aux réclamations des artisans. « On échange souvent avec les artisans. Je ne veux pas faire de scoop. On échange. Les artisans et les artisanes auront un lieu permanent et le Premier ministre se chargera de l’annoncer », assure-t-elle. L’ambition affichée par les autorités est de faire de l’artisanat un secteur privé dynamique. Il participe déjà à hauteur de 20 % au Produit intérieur brut (PIB).
3/29/20232 minutes, 23 seconds
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Le Sénégal forme aux métiers du gaz

L’exploitation des gisements off-shore sénégalais devrait débuter à la fin de l'année 2023. Dans cette perspective, l’État a mis sur pied dès fin 2017 l’INPG, l’Institut national du pétrole et du gaz, pour former aux métiers de ce nouveau secteur prometteur. De notre correspondante à Dakar, Des calculs – indéchiffrables pour les novices –, s’affichent sur l’écran. Une vingtaine d’élèves suivent un cours en visioconférence. Ce jour-là, il est question de forage. « On est au niveau des complétions du puits. Donc, tout l'équipement qu'il faut pour avoir une productivité du puits », explique Rose Marie Correa. À 30 ans, elle est ingénieure électromécanique de formation. Après 5 ans d’expérience professionnelle dans le secteur minier et le BTP, elle est en reconversion. « Le domaine pétrolier, c'est un nouveau domaine pour le Sénégal. Et je me dis qu'on a notre place au niveau de l'expertise. C'est important pour moi de travailler pour mon pays », souligne Rose Marie Correa. Elle fait partie de la troisième promotion d’ingénieurs spécialisés dans les métiers du pétrole et du gaz. La formation dure 18 mois, dont 6 en stage. D’autres formations courtes sont proposées, en maintenance, transport des hydrocarbures ou encore en sécurité. « Notre vocation, c'est de former tous les acteurs du secteur pétrolier et gazier », dit Moustapha Kebe, directeur pédagogique et industriel de l’INPG. « Mais auparavant, il fallait le plus souvent voyager à l'international pour aller se former dans ce milieu qui est très pointu. Moi, j'ai été formée aux États-Unis par exemple. » ► À lire aussi : L'exploitation du gaz naturel, source d'enjeux énergétiques et économiques pour le Sénégal S'adapter aux besoins des entreprises L’admission est ulta-sélective, et la formation – très coûteuse –, est subventionnée par l’État. Il s’agit de s’adapter aux besoins très spécifiques des entreprises, explique Annie-Flore Gbenou Damas, responsable de la formation. « Nos principaux partenaires sont donc évidemment les structures de l'État, les compagnies privées sont les opérateurs et tous leurs sous-traitants pour chaque projet », détaille Annie-Flore Gbenou Damas. « Il y a eu toute une étude en fait au démarrage de l'INPG pour connaître les besoins. Nous sommes en contact permanent. On va avoir des Sénégalais sur les plateformes. C'est très optimal comme façon de démarrer une aventure pétrolière pour un nouveau pays producteur. » L’institut a également une vocation régionale. Raphaël Nzengui, en master d’ingénierie pétrolière et gazière, est originaire du Gabon. « Je suis arrivée ici au Sénégal avec la particularité que j'ai de venir d'un pays pétrolier », indique-t-il. « Dans la sous-région, on n'a pas énormément de structures comme celles-là qui offrent des formations aussi certifiantes avec surtout des formateurs avec une énorme expérience. » Comme ses camarades, il n’a pas d’inquiétude pour trouver un emploi dans le secteur à l’issue de sa formation
3/26/20232 minutes, 23 seconds
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Ramadan: des Tunisiens désabusés par les prix et stocks de denrées malgré l’intervention de l’État

En Tunisie le mois saint commence ce jeudi 23 mars avec des indicateurs économiques au plus bas. Le pays négocie  depuis des mois un accord  de 1,9 milliard de dollars avec le FMI. Au sein de la population, c’est surtout la hausse des prix qui s’en ressent et c’est la chasse aux prix les plus bas pour les Tunisiens tandis que les autorités tentent de lutter contre la spéculation et de réguler les prix. De notre correspondante à Tunis, Dans un entrepôt du centre-ville de Tunis, près de la gare de Tramway, un nouveau marché de légumes, viandes et poisson a été inauguré samedi 18 mars, une initiative du ministère de l’Agriculture censée garantir des prix réduits. Les agriculteurs et commerçants vendent directement leurs produits à la clientèle. Kamel, 52 ans, a rempli son couffin de légumes : « Il y a certains prix qui sont bien, mais pour d’autres produits, je trouve qu’il n’y a pas une grosse différence, c’est pas très bien organisé, affirme Kamel. J’ai acheté surtout des légumes parce que les prix étaient intéressants, mais pour ce qui est des viandes et tout ce n’est pas vraiment ça ». Jihed, 30 ans, travaille dans les assurances, elle a entendu parler via le bouche-à-oreille de ce nouveau point de vente, mais elle reste déçue par la différence de prix : « Pour les œufs, la différence est de 400 millimes, 10 centimes d’euros, donc c’est dérisoire, pour la viande et le poisson, il y a eu un effort notamment pour réduire le coût du mouton, mais le problème c’est que tout est parti depuis ce matin », se désole la jeune femme. Des baisses de prix exceptionnelles ont également été négociées avec les grandes surfaces À la foire de l’artisanat, la semaine précédant le ramadan, habituellement, les clients se ruent sur la vaisselle ou le linge de table vendus aux prix d’usine. Mais cette année, beaucoup se sont privés du superflu. Anis Hamdi vend des cuillères et plateaux en bois d’olivier constate que son chiffre d’affaires est en forte baisse : « On sent que les gens restent frileux même si nos prix sont vraiment intéressants. Concrètement, que voulez-vous ? Les gens n’ont pas d’argent, tout est devenu cher, donc ils vont faire le tour des allées, mais ils ne vont pas acheter ». À la veille du ramadan, le ministère du Commerce a annoncé des mesures pour fixer les prix sur certaines denrées et signaler les infractions, comme l’explique Houssem Eddine Touiti, directeur général de la concurrence et des enquêtes économiques : « Donc c’est téléchargeable cette application, elle s’appelle Aswek. À travers cette application, le consommateur peut aussi déposer des plaintes avec des photos ». La priorité reste aussi d’éviter les pénuries de ces derniers mois : le sucre, le café, le riz, des produits importés, ont été commandés en grande quantité et devraient arriver dans les prochains jours, pourvu qu’il n’y ait pas de problème de retard de paiement comme les mois précédents. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a parlé d’un risque « d’effondrement » de l’économie si le pays n’arrivait pas à trouver un accord avec le FMI. Un accord de 1,9 milliard de dollars que la Tunisie négocie depuis des mois. ► À lire aussi : La Tunisie dans la spirale de l’inflation
3/23/20232 minutes, 23 seconds
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RDC: le prix du ciment à Kalemie fâche les autorités

Près de deux ans après la relance de la cimenterie de Kabimba à 60 Km au nord de Kalemie, l’usine est fermée sur décision de la gouverneure du Tanganyika. Julie Ngungwa reproche aux responsables de la cimenterie des Grands Lacs (CGL), le non-respect du prix du ciment. De notre correspondante à Lubumbashi, Faustin Buluya est un entrepreneur de Kalemie et gère quelques chantiers, mais le coût élevé du ciment est un casse-tête : « Un sac de ciment se négociait à 27 000 francs CFA (44,37 dollars). J’espérais qu’avec la production locale du ciment, le prix allait baisser, explique l’entrepreneur. Malheureusement, le ciment produit localement se vend aujourd’hui à 32 000 francs CFA (52,58 dollars). Ça m’a découragé et découragé aussi les autres », déplore l’entrepreneur. Le ciment de la CGL à Kabimba est deux fois plus cher que celui produit à Likasi, au sud du Katanga soit 12,5 dollars au lieu de 6 dollars. Pourtant, les facteurs de production sont plus favorables dans ce milieu, estime Jules Mulya, président du patronat à Kalemie. « On a d’un côté le calcaire, et pas loin de là, on a une très belle mine de charbon. Les deux sont des intrants essentiels dans la fabrication du ciment. Et on a un autre avantage, estime Jules Mulya. Les autres intrants comme les emballages viennent par le port de Dar Es Salaam. Et nous, nous sommes mille kilomètres plus près que les usines situées au Haut Katanga », ajoute le président du patronat. « Un prix justifié », selon les dirigeants de la CGL Pour leur part, les responsables de la cimenterie des Grands Lacs se défendent. La structure du prix tient compte de l’investissement et de la marge bénéficiaire de 20%. « Il fallait construire l’usine, les infrastructures, un port, créer une centrale thermique, développer la mine de charbon et assurer le transport, argumente Maître Alex Kabinda, avocat conseil de la CGL. Il y a un investissement important qui fait que l’opérateur, dans ses calculs de coût, est arrivé au prix de 12,5 dollars. Donc le prix n’a pas été inventé, mais c’est contrôlable par la République », précise l’avocat. L’usine est à l'arrêt. Selon l'entreprise, sur décision de l’autorité provinciale du Tanganyika.  Jean Bosco Kaumba, expert en économie, qualifie cette décision d’illégale, car la province n’intervient pas dans la transformation du ciment. « C’est une décision inutile, elle va préjudicier le fonctionnement de l’activité économique, en l’occurrence le ciment, le prix du ciment va augmenter et le taux d’investissement va diminuer ». Pour sa part, Jacques Kabulo, le conseiller en communication de la gouverneure de la province du Tanganyika déclare que seul le dépôt du ciment ouvert à Kalemie a été scellé et non l’usine. Entretemps, d’autres sources proches de l’entreprise affirment que la CGL subit une forte pression fiscale de la part des services publics, ce qui impacte sur le prix de vente du ciment. ► À écouter aussi : RDC: au Katanga, l'essor du ciment produit localement
3/21/20232 minutes, 13 seconds
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RDC: 15 ans après leur création, les tribunaux de commerce sont peu efficaces

Il y a 15 ans, les opérateurs économiques appelaient de leurs vœux la création des tribunaux de commerce en RDC. L’objectif était de gérer les conflits qui opposent les entreprises et de protéger leurs investissements. Si, 15 ans après l’installation du tribunal de commerce de Lubumbashi, les opérateurs économiques déplorent le peu d'avancées quant à l’assainissement du climat des affaires, les responsables du tribunal, eux, se plaignent des luttes d’influence qui compliquent leur mission. De notre correspondante à Lubumbashi, S’ils sont souvent décriés, les tribunaux de commerce en RDC ont néanmoins permis d’alléger les procédures en matière de création d’entreprise. Les opérateurs économiques nationaux comme étrangers obtiennent plus facilement leur numéro d’identification nationale ou leur inscription au registre du commerce. Albert Kalonji, président de la Coopérative des petites et moyennes entreprises Copemeco, explique que « pour avoir un registre de commerce, on ne connaissait même pas le tarif. Tu peux te présenter aujourd’hui, on te dit, c'est  200 dollars. À quelqu’un d’autre, c’est 800 dollars… Donc, c’était la cacophonie totale. Mais avec l’avènement du tribunal de commerce, en fait, le climat des affaires s’améliore, même s’il y a encore quelques difficultés. » De mauvaises pratiques décriées Car tout n’est pas rose au tribunal de commerce. Les difficultés évoquées par Albert Kalonji, ce sont notamment les mauvaises pratiques. Ainsi, Lydia Wabiwa, chef d’antenne l’ANAPI Lubumbashi, l’Agence nationale pour la promotion des investissements, appelle au tribunal de commerce de Lubumbashi à davantage de vigilance. « L’ANAPI sollicite du tribunal de commerce le respect des délais dans le prononcé des décisions de justice pour éviter la léthargie, l’exécution effective des décisions de justice, de lutter contre le trafic d’influence et autres facteurs, susceptibles d’entraver la promotion d’un bon climat des affaires en province », souligne Lydia Wabiwa. Frédéric Kenye Kitembo, le président du tribunal de commerce de Lubumbashi ne nie pas la réalité des pressions que subit quotidiennement son tribunal. « C’est une lutte qu’il faut mener pour mettre fin à ces trafics d’influence. Je crois que ce n’est pas un secret, vous apprenez de part et d’autre qu’il y a un tel qui intervient dans un dossier… Mais le Magistrat Suprême lui-même (le président de la République) a déjà eu à rappeler les personnes qui l’entourent à ne pas instrumentaliser la justice. » En 15 ans d’existence, le tribunal de commerce de Lubumbashi, n’a jugé qu’une cinquantaine d’affaires, soit une moyenne de trois dossiers par an. Il s’engage désormais à lutter contre le monnayage des décisions de justice, à sanctionner les magistrats et les agents qui se livrent à ces actions illégales.
3/20/20232 minutes, 16 seconds
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Côte d'Ivoire: vers une forte baisse de la production de cacao?

Le Conseil café-cacao qualifie ces craintes de « rumeurs » et assure qu’il n’y a pas de risques de défaut d’exécution des contrats. L’institution explique que la prévalence de 6 multinationales sur le négoce des fèves certifiées a faussé le marché et appelle désormais à un contrôle des achats des multinationales. Le CCC reconnaît également une baisse de la production en raison des conditions climatiques. Sur le terrain, plusieurs constats : la production de la campagne intermédiaire par rapport aux années précédentes sera beaucoup plus faible, faute de pluies, mais également faute de travailleurs disponibles.  De notre correspondant à Abidjan, Devant un grand magasin vide, producteurs, pisteurs et responsables administratifs partagent un café bien serré. Il n’y a pas un sac de fèves de cacao dans l’entrepôt. Selon Anina Kaabass, responsable qualité, la production a considérablement chuté. « C’est lié un peu au changement climatique, il ne pleut pas assez et nous avons vu un peu la déforestation qui impacte un peu la production. L’année passée, à la même période, on trouvait un peu les fèves. Mais cette année, c'est le contraire, même en réalité aura-t-on une campagne intermédiaire ? C’est la question que l’on se pose. »  Si les exportateurs nationaux venaient à rencontrer des difficultés pour honorer leur contrat, le Conseil Café Cacao a prévu de repousser la date limite du paiement des taxes, et de leur permettre de s’approvisionner sur la campagne intermédiaire, qui vient tout juste de débuter. Mais Boukary Ouedraogo, producteur sur une plantation de 3 hectares à Adjaméné, redoute que la pénurie ne se poursuive. « Nous, on est très inquiet parce que l’année passée a été bonne, mais cette année, il n’y a rien. Il y a trop de baisse parce que l’année passée, la campagne intermédiaire, on pouvait en avoir 5, mais cette année, c'est 3. Il y a donc un grand écart entre l’année passée et cette année. » Des planteurs qui se dirigent vers le Liberia Selon Abelle Kla Galo, spécialiste de la filière, les mauvaises conditions climatiques ne sont pas le principal facteur de la baisse de la production dans l’ouest ivoirien. Les jeunes planteurs migrent en masse vers le Liberia voisin. Plus de 10 000 se sont déjà installés de l’autre côté de la frontière.   « La deuxième génération, fils de planteurs, censée prendre en compte les plantations de leurs parents et qui avait aussi des plantations en forêt classée, ont trouvé mieux d’aller au Liberia que de continuer dans les forêts classées où chaque jour, ils sont pourchassés par les agents des Eaux et Forêts qui ont pour mission de reconquérir les forêts classées des réserves de Côte d’Ivoire. » La production de cacao en Côte d’Ivoire est en constante augmentation depuis 2011 en raison de l’utilisation des intrants et du grignotage des forêts classées. Elle est passée de 1 million 400 tonnes il y a 10 ans à plus de 2 millions de tonnes aujourd’hui. Mais en raison du changement climatique, et des nouvelles réglementations internationales, elle pourrait baisser dans les années à venir. 
3/19/20232 minutes, 13 seconds
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À Brazzaville, la diversité d'avancement des projets intégrateurs de la Cemac

Les six pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) ont levé, en 2020 à Paris, 3,8 milliards d’euros. Des fonds destinés à réaliser douze grands projets de construction de routes, de ports secs ou encore d’interconnexion Internet par la fibre optique. Objectif : accélérer l’intégration sous-régionale. Huit de ces douze projets ont réellement démarré, selon le point fait récemment à Brazzaville par le comité de suivi. Mais, ils n’avancent pas tous au même rythme.  De notre correspondant à Brazzaville, À la place de la gare routière située en face du marché Plateau des 15 ans, dans le quatrième arrondissement de Brazzaville, les flaques d’eau laissées par la pluie de la veille sont visibles partout. Au volant de sa voiture, Gilmart, un chauffeur de 47 ans, s’apprête à prendre la route de Dolisie dans le sud.  Après Dolisie, il doit emprunter une voie d’intégration de 200 kilomètres jusqu’à la localité de Ngongo à la frontière du Gabon. Les travaux d’aménagement de ce tronçon s’exécutent depuis un bon moment.  « Le goudron s’est arrêté à 40 kilomètres de Dolisie. De l’autre côté, c’est dégradant : il y a des mares d’eau et des bourbiers. Ce n'est pas du tout bon. Pour relier 200 kilomètres jusqu’à Ngongo, il faut faire même 15 heures de temps », relève Gilmart.  Un avancement inégal des projets intégrateurs Cette route décrite par Gilmart, bénéficiant d’un financement de la Banque africaine de développement (BAD)  fait partie des 12 projets intégrateurs de la Cemac. Gilmart demande aux autorités d’accélérer les travaux.  « Qu’elles finissent la route pour qu’on soit bien comme quand nous allons de Brazzaville à Dolisie. Auparavant, de Dolisie à Ngongo (à la frontière du Gabon) on payait 15 000 francs CFA [environ 23 euros, NDLR]. Désormais c’est 25 à 30 000 francs CFA [près de 46 euros] que les passagers paient, parce que la route n’est vraiment pas bonne », se désole le conducteur.  En revanche, le projet intégrateur de construction de l’école Inter-États, spécialisée des technologies, entre le Congo et le Cameroun, avance comme souhaité, selon le professeur Michel-Cyr Djiena Wembou, secrétaire permanent du Programme de réformes économiques et financières de la Cemac.  « Le campus du Cameroun est construit à 75%. Il reste l’équipement. Le campus de Ouesso (côté congolais), où j’ai été dernièrement, nous avons le terrain et les travaux ont commencé. Nous devons les achever. Nous avons trouvé un partenaire qui doit livrer pour 2,5 millions de dollars en équipements de pointe. Parce qu’il ne s’agit pas d’avoir une école, mais il faut aussi avoir les équipements pour former les spécialistes », affirme M. Djiena Wembou.  70 % des projets démarrés À l’avenir, de nombreux profils sortiront de cette école. « Nous avons besoin, pas seulement des docteurs, mais aussi de vrais plombiers, de vrais serruriers et de vrais spécialistes des questions pétrolières sur le terrain », indique-t-il.  70% des projets intégrateurs de la CEMAC présentés à la table ronde de Paris en 2020 ont effectivement démarré, estime Jean-Baptiste Ondaye, ministre congolais des Finances. 
3/16/20232 minutes, 19 seconds
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Kenya: quelles opportunités le numérique offre-t-il aux artistes?

Face aux problèmes de droits d’auteurs, de piratage, avec les réseaux sociaux à portée de main, comment les artistes peuvent-ils utiliser le digital pour tirer profit de leur art ? Ces questions ont fait l’objet de discussions lors du Africa Tech Summit. Le sommet africain sur le numérique a réuni les 15 et 16 février 2023 à Nairobi plus de 1 000 participants, dont des investisseurs et entrepreneurs. Plusieurs d’entre eux issus de la scène créative. De notre correspondante à Nairobi, À peine a-t-elle achevé sa prise de parole que Jessica Colaço se fait accoster de tous les côtés. La jeune femme vient de participer à une table ronde sur les NFT. Ces jetons non fongibles qui servent de certificats d’authenticité numériques, uniques et non interchangeables. Et qui sont scellés sur de la blockchain. Entrepreneure dans la Tech et musicienne, Jessica les connaît bien. « J’ai mis deux chansons en NFT, pour voir comment ce serait reçu au Kenya. Et puis pour tenter d’aider les artistes à gagner de l’argent avec leur musique. La société des droits d’auteurs ici paye très mal, tandis que, dans l’industrie artistique, certains arrivent à gagner pas mal d’argent avec les NFT. » Des NFT difficilement accessibles Les artistes kényans dénoncent régulièrement recevoir de faibles droits d’auteurs. Plusieurs organismes sont pourtant en charge de les redistribuer. Mais ils se retrouvent souvent avec des problèmes de licence, accusés de mauvaise gestion ou encore de détournement de fonds. Avec son premier titre en NFT, Jessica Colaço, elle, dit avoir gagné 200 dollars depuis juillet. Elle le reconnait : beaucoup reste à faire avant que ce soit vraiment rentable. « Je me demandais pourquoi ils n’y avaient pas plus de musiciens nationaux sur les NFT et je comprends, il y a encore des défis à relever, notamment, il y a un vrai besoin d’éducation. La plupart des personnes ont du mal à comprendre ce que sont les titres musicaux NFT et comment les acheter. Aujourd’hui, pour en avoir, il faut passer par plusieurs étapes, acheter des cryptomonnaies, c’est assez décourageant. Et puis en tant qu’artiste, il faut aussi investir de son temps pour comprendre comment gagner de l’argent avec ces NFT. » ► À écouter aussi : TikTok va payer les artistes sud-africains, une première La scène créative au Kenya bénéficierait donc d’un meilleur encadrement du numérique. En attendant, le secteur offre aux artistes une plateforme non négligeable. Willis Chimano est un des musiciens du groupe kényan Sauti Sol. « Le digital, c’est un espace que je trouve intéressant dans le sens où, juste à partir de son téléphone, on peut se mettre en avant et accéder à tout un réseau. C’est aussi simple que ce que l’on poste sur les réseaux sociaux et cela permet de garder un certain contrôle sur son image. Au sein du continent africain, c’est encore plus pertinent, car on a une des populations les plus jeunes au monde. Et cela permet au monde entier de nous voir ! Regardez comme l’Afrobeat a explosé ! L’Afrique a toujours eu beaucoup de talent, maintenant, il est accessible à tous. » Plusieurs artistes, notamment africains, ont d’ailleurs vu leur musique popularisée grâce au réseau social TikTok.
3/15/20232 minutes, 20 seconds
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Mining Indaba: l’avenir doré du platine en Afrique du Sud [5/5]

Le Mining Indaba, grand rassemblement annuel des acteurs du secteur minier africain, s’est tenu au Cap, en février 2022. L'occasion de revenir sur différents enjeux autour des mines du continent africain. Et parmi les technologies qui ont fait parler d’elles, se trouve l’hydrogène vert. Des développements suivis de près par l'Afrique du Sud et le Zimbabwe qui disposent des plus importantes ressources au monde de platine, indispensable pour la technologie de l'hydrogène. De notre correspondante en Afrique du Sud, En déclin suite au désamour du diesel, en particulier depuis le scandale Volkswagen de 2015, le platine, qui servait jusqu’à présent surtout à diminuer les émissions des pots d’échappement, pourrait faire son grand retour, grâce au développement de l’hydrogène vert.  « À mesure que l’électrification des transports augmente, on devrait observer un déclin du marché des moteurs à combustion interne, à essence ou diesel, explique Michael Solomon, professeur à l’université du Cap et membre du conseil d’administration de la société minière Sedibelo Resources. Mais nous espérons que cela sera compensé par davantage d’utilisation de platine dans les piles à combustible », ajoute le professeur. Le platine, avec l’iridium, un de ses sous-produits, est utilisé pour créer de l’hydrogène vert à partir de catalyseurs grâce à l’électrolyse de l’eau - soit la séparation des molécules d’hydrogène et d’oxygène ainsi que dans les piles à combustible, qui retransforment cet hydrogène en énergie. Les entreprises minières en activité en Afrique du Sud s’y intéressent donc de près, comme l’explique Fahmida Smith, en charge du développement des marchés pour Anglo American : « Il y a toujours une possibilité que des personnes développent de nouvelles technologies sans utiliser les métaux du groupe platine, mais je ne pense pas qu’il soit possible de les remplacer à 100%, car ils jouent un rôle important. Ils permettent de créer des technologies efficaces et avec une longue durée de vie, grâce à leurs propriétés de métaux nobles ». Et pour Wilma Swarts, spécialiste du secteur pour le cabinet de conseil Metals Focus, même si des alternatives au platine se développent et que les regards se tournent également vers le recyclage, ce n’est pas forcément négatif alors que le marché devrait déjà cette année être déficitaire. Une vallée de l'hydrogène vert « C’est une bonne chose pour les métaux du groupe platine qu’il y ait des alternatives, car si le marché était dépendant d’un seul métal, – qui plus est, assez rare – on verrait se développer beaucoup plus de tentatives pour le remplacer. Nous sommes très optimistes vis-à-vis de la demande pour ces métaux et, à l’avenir, nous pensons que nous allons entrer dans une nouvelle ère du platine ». L’Afrique du Sud compte en tout cas se servir de son avantage de premier producteur mondial de platine et d’iridium, en développant une vallée de l’hydrogène vert – soit un pôle industriel pour développer cette technologie. ► À lire aussi : Afrique du Sud: au Mining Indaba, l'appétit des miniers pour l'Afrique ne se dément pas [1/5] Afrique du Sud: au Mining Indaba, les miniers souhaitent mieux réglementer l'orpaillage [2/5] Mining Indaba: la présence russe s'accroît dans le domaine minier en Afrique [3/5] Mining Indaba: produire des batteries en RDC et en Zambie pour valoriser localement les minerais [4/5]
3/14/20232 minutes, 15 seconds
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Mining Indaba: produire des batteries en RDC et en Zambie pour valoriser localement les minerais [4/5]

L’Afrique du Sud accueillait le mois dernier au Cap, le Mining Indaba, le grand rassemblement annuel des acteurs du secteur minier africain. L'occasion de revenir sur différents enjeux autour des mines du continent. Parmi les métaux clés, ceux essentiels pour la fabrication de batteries pour les véhicules électriques que la RDC et la Zambie possèdent. Les deux pays ne veulent plus se contenter d’exporter ces minerais, ils ont signé un projet qui est en train de voir le jour. De notre correspondante en Afrique du Sud, Avec plus de 70% de la production mondiale de cobalt, des ressources en lithium encore non exploitées, ainsi que des mines de manganèse, de nickel, et de cuivre, la région congolo-zambienne possède de nombreux ingrédients nécessaires à la fabrication de batteries électriques. Une zone économique spéciale transfrontalière devrait bientôt voir le jour, dans le Haut-Katanga et la Copperbelt suite à la signature, l’année dernière, d’un accord entre la RDC et la Zambie. Et d’autres partenariats sont en train de se nouer, comme le détaille la ministre des Mines congolaise, Antoinette N'Samba Kalambayi : « Nous avons été au mois de novembre aux États-Unis avec le président de la République démocratique du Congo, où nous avons signé un accord. Nous sommes en phase de mise en œuvre ». La Chine a, elle aussi, manifesté son intérêt pour amener son expertise à la RDC. Quant au financement, on attend bientôt des premières annonces, selon Louis Watum, président de la Chambre des mines congolaise et directeur général de la Kipushi Corporation : « On va finalement annoncer le financement de la première phase qui va non seulement inclure tout ce qu’il faut pour financer l’installation de cette zone économique spéciale, mais également pour financer le début des recherches et une partie pour un prototype, précise Louis Watum, une sorte d’usine pilote pour les premiers modèles des éléments des batteries que nous allons commencer à faire. C’est un long voyage », ajoute le président. Moins de blocages aux frontières Le projet s’appuie sur une étude du cabinet BloombergNEF, qui estime que la RDC pourrait fabriquer des batteries à des coûts imbattables. Pour le ministre des Mines zambien, Paul Kabuswe, il faudra aussi avancer sur les blocages transfrontaliers : « Nous allons nous coordonner pour développer les infrastructures essentielles, comme le train et les routes et faciliter le passage de la frontière. Il est choquant de voir, aux postes-frontières de Kasumbalesa et de Chililabombwe, tous ces camions bloqués. Quel est le remède à tout ça ? » Transformation locale Afin de développer la formation et la recherche, un Centre Africain d’Excellence sur les batteries (CAEB) a déjà été lancé à Lubumbashi. Selon Jean-Marie Kanda, son coordinateur, il reste un autre point sur lequel travailler : « C’est sur l’accompagnement ou l’intérêt des compagnies minières, qui produisent soit le cobalt, ou qui vont produire le lithium, et qui doivent réserver une part de leur production à la transformation locale. Parce que pour l’instant l’exportation est majoritairement vers la Chine, mais la RDC et la Zambie voudraient une transformation locale ». Une étude de faisabilité doit encore venir déterminer le coût et la viabilité du projet. Mais les instances africaines espèrent déjà que la Zone de libre échange continentale (Zlecaf) permettra de développer d’autres collaborations de ce type entre pays. ► À lire aussi : Afrique du Sud: au Mining Indaba, l'appétit des miniers pour l'Afrique ne se dément pas [1/5] Afrique du Sud: au Mining Indaba, les miniers souhaitent mieux réglementer l'orpaillage [2/5] Mining Indaba: la présence russe s'accroît dans le domaine minier en Afrique [3/5]
3/12/20232 minutes, 23 seconds
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Mining Indaba: la présence russe s'accroît dans le domaine minier en Afrique [3/5]

Malgré une présence dans ce secteur, les sociétés russes étaient quasi-absentes dans les couloirs de Mining Indaba. Seule la mine de diamants de Catoca, en Angola, où le groupe russe Alrosa détient un peu moins de la moitié des parts, avait envoyé des représentants pour échanger et présenter ses activités, refusant cependant de parler à la presse. Même si la Russie n’est pas l’un des acteurs miniers principaux en Afrique, elle s’intéresse de près aux minéraux du continent. De notre correspondante à Johannesburg, Les opérations du groupe paramilitaire russe Wagner sont déjà bien documentées : en échange de ses mercenaires, la société exploite des gisements d’or ou de diamants sur le continent, comme le détaille Hugo Brennan, expert au sein du cabinet d’analyse de risques Verisk Maplecroft : « Il y a des exemples, en ce moment, où le groupe Wagner profite d’accords pour fournir un appui militaire contre des minerais, avec des États comme le Soudan, la République centrafricaine et le Mali. » Mais au-delà de Wagner, des firmes minières russes sont aussi parvenues à s’installer dans d’autres parties du continent : « Je pense qu’on peut affirmer que la Russie ne fait pas partie des poids lourds, contrairement aux entreprises minières britanniques ou australiennes, mais elle a une présence importante sur certains territoires. Par exemple Rusal en Guinée, mais aussi la société minière Alrosa, qui a des activités en Angola et est intéressée par le Zimbabwe. Sans oublier Nordgold au Burkina Faso, ou Nornickel qui a un joint-venture ici, en Afrique du Sud... Donc, on a plusieurs entreprises minières russes qui ont des opérations en Afrique. » Opportunités et stratégie Moscou se saisit donc d’opportunités, mais mène aussi une stratégie calculée, selon Jay Truesdale, PDG de la société de conseil Veracity Worldwide : « La Russie se déploie typiquement dans des pays mal gouvernés, qui ont bien souvent hérité de liens avec elle, remontant parfois au temps de l’Union soviétique. Et on peut observer qu’il y a des connexions entre les différentes entreprises qui ont des activités sur le continent et le Kremlin. Le secteur minier est toujours un secteur stratégique, et il serait donc étonnant que cela n’aille pas au-delà d’une simple relation opportuniste. » Grâce aux ressources sur son propre territoire, la Russie figure pourtant déjà parmi les plus importants producteurs de minerais, comme le palladium, le nickel ou les diamants. Mais elle a plusieurs intérêts à se tourner aussi vers l’Afrique : « Tout d’abord, il y a un manque de transparence quant à ces investissements. Certaines exportations de minerais, comme les diamants, y sont plus difficiles à tracer. Sans compter que plusieurs des minerais sur lesquels la Russie a des vues en Afrique sont essentiels en termes de production militaire et pour la sécurité générale du pays. » Pour continuer à fonctionner, les entreprises minières russes doivent cependant trouver des moyens de contourner les sanctions occidentales qui touchent certaines d’entre elles en Afrique.
3/9/20232 minutes, 20 seconds
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Afrique du Sud: au Mining Indaba, les miniers souhaitent mieux réglementer l'orpaillage [2/5]

L’ouest du continent connaît ces dernières années un boom de l’or, Ghana en tête, mais aussi Mali, Guinée, Burkina Faso... Avec cependant toujours la délicate question de l’orpaillage, artisanal et souvent illégal, qui reste très difficile à encadrer et inquiète les autres acteurs du secteur. De notre correspondante à Johannesburg, Avec le cours de l’or qui continue de rester très élevé, et alors que la région ouest-africaine est parmi les zones aurifères les plus riches derrière l’Australie et le Canada, le métal jaune attire les appétits, à la fois de grands industriels, mais aussi de millions d’orpailleurs artisanaux. Cela met souvent les gouvernements face à un dilemme, selon Terry Heymann, directeur financier du Conseil Mondial de l’Or (WGC). « Dans beaucoup d’endroits où il n’y a pas d’autres moyens de gagner sa vie, les gens se tournent vers l’orpaillage artisanal. Mais ce type d’exploitation est souvent synonyme de mauvaises pratiques environnementales, avec une utilisation courante du mercure. Et il y a aussi des problèmes sociaux, avec des pratiques dangereuses pour la santé et la sécurité, ainsi que des tensions qui peuvent émerger au sein des communautés. » Des activités illégales qui prennent de l'ampleur De plus, une partie de la rente minière échappe aux gouvernements, car les taxes sur l’or artisanal sont rarement payées, et les flux, plus difficile à tracer, peuvent dans certaines régions alimenter des activités illégales. Le PDG de B2Gold, Clive Johnson, s’inquiète aussi de l’ampleur que prennent ces pratiques. « Nous avons un gros problème près de la rivière Falémé, qui délimite la frontière entre le Mali et le Sénégal, une zone proche de notre mine. Il y a des mineurs artisanaux à petite échelle, familiale. Mais il y a aussi des opérations qui ont beaucoup grossi, soutenues par d’importants investissements chinois qui permettent de faire venir des machines coûtant des millions de dollars, et ce n'est alors plus pour faire de l’orpaillage à petite échelle. Le gouvernement du Mali prend des mesures pour freiner cela et nous l’encourageons dans cette voie. » Motiver les mineurs artisanaux à changer de pratique L’entreprise canadienne aimerait notamment, selon Clive Johnson, développer des collaborations pour aider les mineurs artisanaux locaux à mieux transformer leur minerai, comme plusieurs initiatives le font déjà en Amérique latine. Car les réponses répressives ne règleront pas les problèmes, selon Rachel Perks, spécialiste pour la Banque mondiale. « S’il y a une chose à laquelle il faut réfléchir, c’est de savoir qu’est-ce qui peut motiver les mineurs artisanaux à changer. Avant, les solutions consistaient à fermer des sites, mais désormais, il s’agit de rencontrer les mineurs et leurs communautés et de travailler de concert avec les associations minières, les coopératives, pour répondre aux problèmes environnementaux, tout en leur permettant de continuer leur activité. » Et les conséquences peuvent être dramatiques si le secteur n’est pas encadré : encore tout récemment, au Burkina Faso, au moins 10 personnes sont mortes dans l’effondrement d’une mine artisanale.
3/8/20232 minutes, 23 seconds
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Afrique du Sud: au Mining Indaba, l'appétit des miniers pour l'Afrique ne se dément pas [1/5]

L’Afrique du Sud accueillait en février la conférence annuelle du Mining Indaba, grand rassemblement des acteurs du secteur minier africain, dans la ville du Cap. Sujet phare des discussions : les métaux qui seront essentiels pour assurer la transition énergétique et les technologies vertes. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande en lithium, cobalt, et autres minéraux clés pourrait être multipliée jusqu’à six d'ici à 20 ans. De notre correspondante à Johannesburg, Malgré une baisse ces dernières années des investissements pour l’exploration sur le continent, les experts sont confiants de voir la tendance s’inverser, étant donné l’appétit pour les minerais essentiels à la transition énergétique. Colin Hamilton est analyste des matières premières pour BMO Capital Markets. Pour lui, « la sécurité d’approvisionnement est cruciale. Et l’Afrique dispose de formidables ressources géologiques qui sont convoitées, que ce soit par le Japon, la Chine, les États-Unis, l’Europe », explique l'analyste. « On pense avant tout au cobalt, au lithium, au nickel, mais aussi au cuivre, bien sûr, qui est exploité depuis longtemps : l’Afrique a toujours eu de bonnes ressources en cuivre. Et ces 20 dernières années, la plus grande partie s'en va en Chine. Il y aura donc des tentatives pour que cela soit redirigé vers les économies des pays développés », poursuit Colin Hamilton. Avoir une chaîne d'approvisionnement plus diversifiée Les États-Unis, particulièrement présents lors de ce Mining Indaba, ont fait savoir leur intérêt. Jenna Diallo est directrice régionale à Johannesbourg de l’investissement pour « Prosper Africa », une initiative américaine qui entend renforcer la coopération avec le continent : « Avec la transition énergétique, les États-Unis et le monde entier ont besoin de plus grandes quantités de ces minerais cruciaux », affirme Jenna Diallo. « Et avec les récents événements, à savoir le Covid et la guerre en Ukraine, nous cherchons tous à avoir davantage de portes d’accès et une chaîne d’approvisionnement plus diversifiée », ajoute-t-elle. « Nous pensons qu’une augmentation des échanges et des investissements sera non seulement bénéfique pour les affaires des deux côtés, mais aussi pour le développement du continent africain. » Tous les acteurs du secteur mettent désormais en avant leurs « ESG », les critères environnementaux, sociaux, et de gouvernance, pour promettre que le développement minier africain se fera dans de bonnes conditions. Développer le secteur de la transformation sur le continent africain Mais pour éviter une nouvelle malédiction des ressources premières, il faudra veiller à ce qu’ils soient vraiment appliqués, selon Boubacar Bocoum, spécialiste des mines pour la Banque mondiale : « Tout cela doit se faire en sorte que les opérations se passent normalement, mais aussi faire en sorte que les revenus soient payés comme cela est dû, et comme cela est prévu dans les conventions », souligne Boubacar Bocoum. « Donc, ça ne se fera pas naturellement, cela demande que les États se mobilisent pour saisir l’opportunité, mais aussi pour faire en sorte que tous les bénéfices qui sont attendus soient effectivement réalisés. » Et pour cela, de nombreux pays africains comptent sur une amélioration de leur chaîne de transformation de ces minerais stratégiques, une filière pour l’instant principalement entre les mains de la Chine.
3/7/20232 minutes, 23 seconds
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Les dirigeants africains en quête de souveraineté alimentaire

Confrontés à une série de crises internationales qui ont déstabilisé les chaînes de valeurs et provoqué une pénurie de certains produits, les États africains visent la souveraineté alimentaire. Au Salon de l'agriculture de Paris, plusieurs pays sont venus plaider la cause de leur agriculture et exposer leurs politiques.  « Au Sénégal, nous sommes passés d'1,5 million de tonnes de céréales, toutes céréales confondues en 2010, à 3,5 millions de tonnes ». Comme le rappelle Aly Ngouille Ndyaye, le ministre sénégalais de l'Agriculture, les pays africains n'ont pas attendu le Covid et la guerre en Ukraine pour accroître leurs rendements agricoles. Mais ces crises qui ont raréfié et renchéri les importations de denrées poussent les pays à aller plus loin. La souveraineté alimentaire est devenue le mot d'ordre général.  La stratégie passe par un investissement public massif. « Nous avons mis en place cette stratégie alimentaire avec un budget prévisionnel d'environ cinq mille milliards [de francs CFA, NDLR] sur cinq ans, indique Aly Ngouille Ndaye. Pour être pratiquement autosuffisants sur l'essentiel des produits de consommation. » Des besoins supplémentaires à la production nationale  La stratégie de souveraineté alimentaire passe aussi par la recherche. Et la mise à disposition des agriculteurs de semences et de techniques améliorées. « Si d'aventure, on utilise du matériel végétal approprié que le CNRA propose avec des rendements qui vont doubler les rendements actuels, ce sera facile de combler le gap, estime le docteur Jean-Louis Konan, directeur scientifique au Centre national de recherche agronomique de Côte d'Ivoire (CNRA). Que ce soit en production de riz, où on a besoin d'1,2 million de tonnes complémentaires, que ce soit au niveau de la banane où on a besoin de 300 000 tonnes complémentaire par rapport à la production nationale, ou que ce soit au niveau du maïs où on a besoin de 200 000 tonnes complémentaires. » ► À lire aussi : La recherche agronomique africaine à l'honneur au Salon de l'agriculture de Paris Des importations à bas coût, amortisseurs de crise sociale  Ce n'est pas si paradoxal qu'il y paraît, mais les cultures de rente peuvent, elles aussi, aider à la souveraineté alimentaire. L'agriculture ivoirienne, qui est la plus développée d'Afrique de l'Ouest, mise sur ses zones économiques spéciales pour créer de la valeur ajoutée dans ses filières et donc au final pour relancer les investissements agricoles. « Nous avons des zones industrielles dédiées à la transformation. Il y a des plates-formes qui sont établies où il y a de l'eau et de l'électricité. Donc l'État fait l'essentiel, et on vient seulement pour s'y installer », explique Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre ivoirien de l'Agriculture. Si le protectionnisme agricole revient dans le débat public chez les grandes puissances, en revanche, les dirigeants africains plaident pour des systèmes ouverts. En période de forte inflation, les importations à bas coût restent des amortisseurs de crise sociale. Mais ils souhaitent aussi que la libre circulation aille dans les deux sens. À cet égard, les dispositions adoptées en décembre par les Européens contre les produits issus de la déforestation sont l'objet de critiques virulentes en Afrique. ► À lire aussi : Côte d'Ivoire: la filière hévéa à Paris en quête de réhabilitation
3/5/20232 minutes, 17 seconds
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La recherche agronomique africaine à l'honneur au Salon de l'agriculture de Paris

Il n'y a pas d'agriculture sans scientifiques. La quête d'une souveraineté alimentaire et d'une agro-industrie performante passe par la recherche scientifique. Les pays d'Afrique de l'Ouest l'ont compris. Les chercheurs ouest-africains sont à l'honneur au Salon international de l'agriculture de Paris. Abdourahamane Sangaré dirige le Centre national de recherche agronomique de Côte d'Ivoire (CNRA), l'un des plus grands laboratoires d'Afrique. Avec 1 500 personnes dont 200 chercheurs seniors, le CNRA est le socle scientifique sur lequel repose les filières agricoles ivoiriennes. « Tous les clones d'hévéa qui sont aujourd'hui utilisés en Côte d'Ivoire viennent du Centre national de recherche agronomique, explique le directeur. C'est pareil pour le cacao, le palmier, le café. Tout ce que vous trouvez aujourd'hui en termes de culture industrielle en Côte d'Ivoire, vient de la recherche. » Amélioration de semences, lutte contre les ravageurs, le CNRA dispose d'un budget de 15 milliards de francs CFA par an pour améliorer la production et la productivité. « On fait de la recherche qui consiste généralement à faire de la sélection génétique, à créer des variétés compétitives qui sont adaptées à nos conditions de culture, poursuit Abdourahamane Sangaré. On conduit de la recherche sur presque tout, avec pour objectif de mettre à disposition des utilisateurs finaux du bon matériel végétal avec les itinéraires techniques qui vont avec. » Comme pour le CNRA, les utilisateurs finaux de l'Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), ce sont les paysans. Et au Sénégal, deux cultures dominent les travaux de recherche, l'arachide et le riz. Pour le riz, Momar Talla Seck, le directeur général de l'Isra a pour mission de développer des variétés adaptées au climat et au sol sénégalais : « L'Isra a beaucoup travaillé sur l'amélioration variétale. Parce qu'avec tout ce qui est changement climatique, il faudrait mettre en place de semences qui vont avec ces changements. Et depuis quelques années, l'Isra a su développer plus de dix nouvelles variétés de semences de riz qui sont maintenant mises à la disposition des producteurs. » L'Isra travaille aussi à améliorer la qualité des sols agricoles, très fragiles au Sénégal. Leur dégradation entraine une baisse des rendements. « Il y a un important projet que l'on appelle en wolof "Projet Dundël Suuf" pour faire revivre les sols, poursuit Momar Talla Seck. Des échantillons ont été pris sur l'ensemble du territoire national pour voir le degré de fertilité. Et cela nous permettra dans le futur de mettre en place de nouvelles formules d'engrais pour trouver des solutions et avoir des rendements meilleurs. » Les chercheurs ouest-africains ne travaillent pas isolément. Grâce à des organismes sous-régionaux comme le Coraf, ils mettent en commun leurs savoirs et le matériel génétique pour avancer plus rapidement et à moindre frais.
3/2/20232 minutes, 25 seconds