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Lignes de défense

French, National/National politics/National assembly, 1 season, 84 episodes, 3 hours, 38 minutes
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Dans un système globalisé, où les menaces prennent des formes de plus en plus variées, la chronique de Franck Alexandre vous plonge chaque semaine, au cœur des enjeux et des problématiques de défense et de sécurité du XXIème siècle. Les acteurs d’un monde militaire en mutation et les meilleurs observateurs des questions de Défense répondent à Franck Alexandre tous les dimanches matins dans sa chronique.
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«Sierra Madre», le navire de guerre philippin immobile face à la Chine

La tension est encore montée d’un cran cette semaine entre la Chine et les Philippines. Manille affirme que des bateaux chinois ont saisi illégalement des vivres et des médicaments largués par avion à un avant-poste philippin en mer de chine. Cet avant-poste, c’est un navire échoué. Voici l’histoire de ce bateau, le Sierra Madre, véritable épine dans le pied de Pékin en mer de Chine méridionale. Numéro de coque LT57, le Sierra Madre est un chaland de débarquement. Pour dire vrai, c'est un navire d'un autre âge sorti des chantiers navals américain en 1944. Transféré à la marine du Sud-Vietnam en 1970, il intègre les rangs de la flotte philippine six ans plus tard.Aujourd'hui ce bateau n'est plus qu'un amas de rouille immobile coincé sur un récif coralien, et mais même s'il ne bouge plus, il est toujours répertorié comme l'un des navires de guerre de Manille. « Pour les Chinois, le Sierra Madre, doit être retiré illico de la zone, nous explique notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde. Ça fait au moins deux ans que la diplomatie chinoise le ressasse. Le rafiot date de la seconde Guerre mondiale. Il sert de garnison au personnel de l'armée philippine et sa présence est totalement illégale, du point de vue chinois en tout cas, dans une zone que Pékin considère comme chinoise, comme l'intégralité des mers de Chine d'ailleurs.En même temps, il n'est pas arrivé là par hasard ce navire, ce n'est pas un accident de mer qui l'a coulé sur les hauts fonds. Car Manille revendique aussi la zone. Nous sommes dans l'archipel des Spratleys, qui se trouve à 200 km de l'île philippine de Palawan et à plus de 1000 km de l'île chinoise de Hainan, une mer pour le coup très agitée, très contestée. Et ça déjà depuis trente ans : l'élément déclencheur date de 1994, quand la Chine a pris possession du récif de Mischief, revendiqué par les Philippines mais que Pékin a aussitôt poldérisé, transformé en île artificielle avec drapeau et base militaire pour dire 'ici, c'est chez moi' ! Résultat, cinq ans plus tard, le Sierra Madre, navire cédé aux Philippines par les États-Unis, était échoué à côté, volontairement pour là aussi dire 'c'est mon coin avec drapeau et garnison' ». À lire aussiUne épave rouillée au cœur des tensions entre les Philippines et la ChineDavid contre Goliath en mer de ChineUn navire échoué dans les abords immédiats des Philippines et des soldats chinois et philippins en faction sur les hauts fonds, ca crée des tensions et même des incidents. Manille se plaint de voir ses navires patrouillant dans la zone être régulièrement bloqués par les garde-côtes chinois. Depuis 2021, ces derniers n’hésitent pas à employer les canons à eaux.Et c’est un peu David contre Goliath : les Philippins sont certes soutenus par les États-Unis, mais numériquement ils ne pèsent pas grand chose face à la marine chinoise. D’où le pont aérien pour ravitailler le Sierra Madre, ravitaillement qui a quand même été partiellement intercepté, reprend Stéphane Lagarde : « Oui, on est encore monté d'un cran avec, sur les images publiées par l'armée philippine, une nuée de garde-côtes chinois en zodiac qui sont tombés comme un essaim de sauterelles sur les vivres larguées par avion, et destinées donc aux soldats philippins.Ce qui est inquiétant vu de Pékin, c'est qu'aucune des deux parties ne semble vouloir céder. On a toutes les semaines ici des déclarations de la diplomatie, de l'armée chinoise, des commentaires dans les journaux aussi qui disent que l'armée est prête à faire un blocus de la zone s'il le faut. Car ce bateau fantôme qui rouille, a fini par devenir le cauchemar des autorités chinoises. Parmi les arguments développés aussi, celui de la pollution. J'ai ainsi vu sur le site de la télévision centrale, des images de l'armée chinoise montrant des bouteilles en plastique portant le logo 'Fabriqué aux Philippines' pour dire que la présence des soldats philippins pollue. Saisie des vivres, ramassage des poubelles flottantes, cela pourrait être anecdotique, mais en réalité, la guerre froide entre Pékin et Manille, avec Washington en arrière plan, n'a jamais été aussi chaude que dans cette région ».Et la position s’est aussi durcie côté philippin. Depuis son arrivée à la présidence en juin 2022, le pro-Américain Ferdinand Marcos Jr a adapté une position plus ferme face à la Chine. Alors que de son côté Pékin, attend patiemment que le navire s’effondre pour s’emparer de l’atoll.À lire aussiManille accuse Pékin d'avoir «harcelé» un bateau philippin
6/9/20242 minutes, 35 seconds
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L'envoi de soldats français en Ukraine se précise

Les lignes bougent vite en Ukraine et les dernières réticences occidentales tombent les unes après les autres. Après l'autorisation de frapper le territoire russe avec des armes occidentales, la seconde ligne rouge qui pourrait prochainement voler en éclat concerne l'envoi de soldats occidentaux sur le sol Ukrainien. Emmanuel Macron pourrait en faire l'annonce le 6 juin, à l'occasion des cérémonies du débarquement et en présence du président ukrainien Volodymyr Zelensky. L'idée fait son chemin et semble même très avancée. Le 20 mai, le général Thierry Burkhard, chef d'état-major des armées françaises, était à Kiev. Une semaine plus tard, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Alexandre Syrski a possiblement vendu la mèche en annonçant avoir déjà signé les documents qui permettront aux militaires français de visiter les centres de formations ukrainiens.« La formation sur le sol ukrainien fait partie des chantiers discutés », se contente de dire le ministère des Armées à Paris. Mais l'hypothèse d'instructeurs français en Ukraine prend corps, analyse Elie Tenenbaum, directeur de recherche à l'Institut français des relations internationales : « Il ne s'agit pas pour l'instant, dans ce qui circule, de troupes de combat. Il ne s'agit pas d'opérations de combat à mener en Ukraine. Il s'agit de personnels militaires qui prolongeraient la formation qui est donnée aux soldats ukrainiens. Et il s'agirait ici, de prolonger, du côté ukrainien de la frontière, cette formation. Sachant que ça permettrait aux Ukrainiens de gagner du temps, le temps de déplacement, de s'approprier les enjeux immédiats du terrain, et cetera. »À écouter aussiL'Ukraine forme ses artilleurs en FranceReste à définir le cadre permettant ce déploiement, car là encore tout le monde n'est pas sur la même longueur d'onde, rappelle Elie Tenenbaum : « On imagine plus difficilement un déploiement sous un format Eumam [La mission d’assistance militaire de l’Union européenne en soutien à l’Ukraine, est une opération de l'Union européenne décidée dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune, NDLR] de l'Union européenne par exemple, parce qu'on sait qu'il y a certains pays pour lesquels cette option n'est pas acceptable, dont l'Allemagne. Donc un format ad hoc avec une coalition de pays volontaires dont la France. Mais on sait qu'il en existe d'autres, la République tchèque, la Pologne, sans doute plusieurs pays baltes, au moins l'Estonie. On pourrait imaginer un cadre strictement ad hoc avec une nation cadre coordinatrice de l'effort mis en place. »Une coalition Instructeurs pour l'Ukraine à l'instar de la coalition ArtillerieLa France pourrait prendre la tête de cette coalition d'Instructeurs pour l'Ukraine et pourrait l'annoncer dès la semaine prochaine lors du D-day, pensent certains. Il y aurait d'abord une mission d'évaluation, disent des diplomates français cités par le journal Le Monde, avant d'envoyer plusieurs centaines d'instructeurs, essentiellement pour des missions de maintenance des matériels fournis à l'Ukraine, pointe le spécialiste de l'armement Léo Péria-Peigné, chercheur à l'Ifri : « L'intérêt d'envoyer des formateurs en Ukraine, il est limité. Déjà, on les mettra sur un pan restreint du territoire parce qu'on ne peut pas les approcher trop près du front. On ne pourra pas leur faire organiser de grandes opérations d'entraînement à ciel ouvert parce qu'il faut quand même éviter de prendre une munition russe. Donc, c'est assez contraint. Il y aura probablement du déminage, des opérations de maintenance, de l'apprentissage du commandement, autant d'éléments qui peuvent se faire en intérieur. Maintenant, ce qui va être intéressant, c'est voir ça comme un premier pas, est-ce que ça peut dériver sur autre chose, une fois qu'on aura le pied là-bas. »À lire aussiLes États-Unis autorisent l’Ukraine à utiliser leurs armes pour frapper des cibles en RussieEt une question reste en suspens, rappelle Elie Tenenbaum, quelle serait la réaction de Moscou à l'arrivée en Ukraine d'instructeurs occidentaux ? « Tout est possible. La Russie pourrait décider de laisser passer, comme elle a laissé passer, le soutien en matériel jusqu'à présent, en sachant que c'est une démonstration de la solidarité vis-à-vis de l'Ukraine. Et ça n'aurait pas forcément un impact immédiat sur le terrain et sur le rapport de force entre la Russie et l'Ukraine. La Russie pourrait finalement décider de l'accepter. Elle pourrait aussi décider de marquer le coup avec des actions hostiles et des frappes, avec des tentatives de déstabilisation. Et là, bien évidemment, il faudrait voir quelles sont les réponses qui peuvent être envisagées. Je pense qu'on y travaille d'ores et déjà avec nos alliés et avec nos partenaires ukrainiens. »La présence de soldats occidentaux sur le sol ukrainien pourrait-elle être interprétée comme une cobelligérance ? L'Estonie, favorable à l'initiative, assure qu'il n'y a dans cette démarche, rien d'escalatoire.À lire aussiL'Ukraine visée par une nouvelle attaque d'envergure de drones et de missiles russes
6/2/20243 minutes, 27 seconds
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L'Ukraine forme ses artilleurs en France

Leur formation s'est terminée le week-end dernier. Quarante-cinq artilleurs ukrainiens étaient en France pour apprendre le maniement du canon français Caesar. Dans le cadre de la coalition « artillerie » pour l'Ukraine, Paris a déjà livré six canons automoteurs Caesar à Kiev depuis janvier et assure pouvoir en produire 72 autres dans l'année. L'armée française se met en ordre de marche pour former les soldats de Kiev au cours d'une formation expresse de quinze jours seulement. Reportage.
5/26/20242 minutes, 32 seconds
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La Marine nationale veut gagner la guerre acoustique

L'Intelligence artificielle s'invite dans tous les segments du combat moderne : notamment pour une meilleure lecture du champ de bataille et désormais l'IA s'impose aussi sous l'eau... La Marine nationale les appelle les oreilles d'or, ce sont les analystes capables d'identifier les sons captés sous la surface de la mer, l'IA va bouleverser leur métier, l'objectif : aller vite pour gagner la guerre acoustique. Tac tac tac tac tac tac... Ce son régulier, c'est le bruit d'un pétrolier tel qu'on l'entend sous l'eau, un bruit caractéristique. L'oreille d'or d'un sous-marin pourrait dire que l'hélice de ce navire est composée de cinq pales et que sa ligne d'arbre tourne à 120 tours/minutes. Des informations cruciales pour la Marine de guerre, en particulier pour la sous-marinade, souligne le capitaine de frégate Vincent Magnan, commandant du centre d’interprétation et de reconnaissance acoustique, le Cira à Toulon.« Il se passe énormément de choses sous le dioptre, comme on dit dans notre milieu. Pour vous donner des exemples très précis, un bâtiment de commerce est entendu par le sonar d'un sous-marin d'une frégate, notamment par ce qu'on appelle le bruit rayonné, qui peut être composé de plusieurs types de sons. Un des sons caractéristiques, c'est ce qu'on appelle le nombre de Tours Minute d'arbre, c'est-à-dire la vitesse de rotation de la ligne d'arbre qui propulse le navire auquel est aussi associé à un nombre de pales. Et lorsqu'on maîtrise cette information-là, on sait quelle est la vitesse du bateau que l'on recherche. Et en fonction de la vitesse de ce bateau, on est capable de mettre en place une idée de manœuvre. Et donc la vraie réflexion, c'est de se dire que la guerre acoustique passive permet en toute discrétion, sans élever le niveau de crise, de capter des informations techniques dont découlent des conclusions tactiques décisives pour les opérations. »Et c'est d'autant plus important pour un sous-marin qui par définition est aveugle, or les capteurs acoustiques sont de plus en plus puissants et par conséquent les oreilles d'or sont confrontées à une inflation de données, souligne le commandant Magnan.« Au début des années 2000, un opérateur Sonar disposait d'un équipement qui lui permettait d'entendre à environ 20 km et de traiter simultanément une dizaine de contacts acoustiques. Aujourd'hui, on est plutôt sur des sonars capables de détecter jusqu'à presque 200 km et permettent de traiter simultanément presque une centaine de pistes acoustiques. Ce qui fait qu'effectivement le volume de données à traiter, s'est considérablement augmenté. La conséquence directe et que pour les oreilles d'or à la mer, pour l'analyse de tous ces contacts acoustiques, il y a un engagement humain qui est beaucoup plus important qu'auparavant. »Les algorithmes de PreligensL'intelligence artificielle va permettre de discriminer les sons beaucoup plus rapidement. Et c'est là qu'intervient une pépite française, Preligens, bien connue pour ses analyses d'images spatiales, l'entreprise a mis ses algorithmes au service de la guerre acoustique. Un démonstrateur a vu le jour l'an dernier, avec une première expérience. Douze jours durant, la Marine a enregistré tous les bruits de la mer au large de Toulon.« Ces 12 jours-là ont nécessité d'être annoté pour pouvoir entraîner des algorithmes d'intelligence artificielle. Il nous a fallu presque une quarantaine de jours pour annoter ces 12 jours de travaux », souligne Vincent Magnan. « Désormais, avec l'algorithme et les démonstrateurs obtenus, on injecte 12 jours d'enregistrements acoustiques dans la machine, et en quatre heures à peu près, la machine nous sort les phases sur lesquelles les analystes peuvent aller apporter leurs compétences métier. Ce qui signifie que de 40 jours initiaux, on est passé plutôt à 5-6 jours. L'objectif, c'est être capable d'analyser de plus en plus de données. En 2020, le CIRA recevait annuellement environ un téraoctet de données. En 2024, on est plutôt sur 10 téraoctets de données acoustiques. On dépassera certainement les 100 Terra à l'horizon 2030. »Mais l'IA ne peut pas tout, les oreilles d'or seront toujours décisives, assure Vincent Magnan. « C'est bien l'objectif de dire qu'une fois qu'on a vu un bateau, on sera capable de le revoir à chaque fois qu'il rentrera dans notre volume de détection. À la nuance près, qui est quand même très importante et qui rend l'application de l'intelligence artificielle assez complexe, c''est que le même bateau, vu en Méditerranée en janvier et vu en Atlantique Nord en décembre, ne fera pas le même bruit. Parce que l'environnement acoustique aura changé, parce que peut-être que les paliers de sa ligne d'arbre auront été abîmés ou auront été corrodés, peut-être parce qu'il y aura des concrétions sur sa coque, qui modifieront sa cavitation. Et donc le bruit rayonné ne sera pas tout à fait le même. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, si l'intelligence artificielle permet de détecter globalement les grandes caractéristiques d'un bateau, il faudra aussi le savoir-faire de l'homme pour aller chercher vraiment les éléments discordants par rapport à une interception précédente par exemple. »Les oreilles d'or sont rares, il n'y a pas plus d'une trentaine d'analystes dans la Marine. L'IA va leur permettre de se concentrer sur les écoutes d'intérêts, quant à la machine, elle permettra d'écarter les bruits des crevettes et des cachalots.
5/18/20244 minutes, 15 seconds
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Unseenlabs, pépite française du «New Space»

Spécialiste de la détection de radiofréquence par satellite, la start-up Unseenlabs s'est imposée dans le domaine de la surveillance maritime. Basée à Rennes cette jeune pousse multiplie les levées de fonds et affiche des ambitions à la frontière du spatial civil et militaire. Zoom sur le « New Space » français. Attention pépite ! Unseenlabs a vu le jour il y a dix ans. Les frères Galic, Clément Benjamin et Jonathan ont saisi les opportunités offertes par les nano satellites pour détecter et localiser en mer avec une extrême précision n'importe quel navire grâce à ses émissions électromagnétiques.Ce fut une première révolution, nous explique Clément Galic : « Nos satellites sont des antennes dans l'espace qui peuvent capter des signaux radiofréquence. Ça, c'est un domaine qui était réservé. C'était la chasse gardée de la défense - pour la défense dure - jusqu'à ce que nous décidions en 2015 d'ouvrir ce marché au monde de la sécurité civile et du privé.Donc, tout part de trois frères qui ont envie de tenter l'aventure spatiale, de placer en orbite un instrument capable de localiser les sources d'émissions radio fréquence. On s'est dit : on est des ingénieurs mais on crée une boîte privée qui devra gagner de l'argent, essayons au moins dans un premier temps, de nous attaquer à un marché que l'on sait en besoin de nouveaux types de données.C'est comme ça qu'on s'est focalisé sur la surveillance maritime. Ca va intéresser ce qu'on appelle 'l'action de l'État en mer'. Nous, l'essentiel de nos activités, c'est la lutte contre la pêche illégale. Donc ce n'est pas de la défense dure, c'est de la police des mers en fait. Et on a le pendant privé qui vont être les armateurs, les assureurs : on va pouvoir leur apporter des données qui vont renseigner plus finement sur la réalité des trafics maritimes ».Avec leur technologie et leur constellation de 13 nano-satellites, les ingénieurs d'Unseenlabs peuvent cartographier la position des bateaux, y compris détecter les navires qui auraient coupé leur système d'identification automatique comme le font régulièrement des bateaux russes qui s'arrêtent au large de l'Irlande, à la verticale d'un câble sous-marin stratégique.Adapter le système à n'importe quel type d'émetteurForte de ce savoir faire, l'entreprise rennaise souhaite élargir ses capacités de surveillance au domaine terrestre pour traquer les brouilleurs, un sujet saillant notamment en Ukraine où les brouillages antidrones sont omniprésents.« Un brouilleur, reprend Clément Galic, Pdg d'Unseenlabs, c'est une grosse machine, qui est un gros camion qui envoie ce qu'il faut en radiofréquence pour brouiller tout ce qui passe autour.Nous depuis l'espace, on sera capable de localiser ces sources de brouillage, de les caractériser et d'expliquer aux intéressés, comment contre-brouiller, pour pouvoir agir. Aujourd'hui ce qu'on fait, c'est de localiser des bateaux, et bien on fera la même chose pour les brouilleurs. Et en fait, l'idée c'est vraiment de répliquer ce marché du maritime à n'importe quel type de marché, n'importe quel type d'émetteur. Nous, on n'a pas le rôle de se substituer à l'Etat, par contre, ce qu'on apporte, c'est une capacité qui va coûter moins cher pour compléter ou soulager peut-être des services patrimoniaux, grâce à nos données. Donc c'est du complémentaire ». Unseenlabs, n'a qu'un concurrent américain, et pour continuer à mener la course en tête, la pépite tricolore envisage dès 2026 de lancer une flotte de satellites de 150 kilos, de nouvelle génération.À lire aussiPicSat, premier nanosatellite du CNRS, mis en orbite pour épier une exoplanète
5/12/20242 minutes, 35 seconds
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France: la fin d'une dissuasion nucléaire chimiquement pure?

Le 27 avril, Emmanuel Macron s'est de nouveau dit prêt à ouvrir le débat d'une défense européenne qui comprendrait aussi l'arme nucléaire. Une inflexion se fait jour, dans une doctrine qui jusque-là érigeait la dissuasion comme une défense strictement nationale.  « Dissuasion nucléaire chimiquement pure », la formule est celle du diplomate Nicolas Roche, dans Les mondes en guerre publié en 2021. Il soulève la singularité d'une dissuasion française strictement vouée à menacer de riposte un agresseur pour empêcher la guerre.Une arme placée exclusivement entre les mains du président faisant de la France une monarchie nucléaire, reposant sur une doctrine qui, ces trente dernières années, n'a connu que de rares évolutions, précise l'historien Yannick Pincé, chercheur au centre interdisciplinaire sur les enjeux stratégiques : « On a notamment renoncé à l'armement tactique qui représente en fait les armes nucléaires qui visaient des objectifs militaires. Jacques Chirac a renoncé au ciblage démographique pour cibler en fait ce que l'on appelle des dommages inacceptables sur les adversaires. Et on est passé de trois composantes nucléaires, donc Terre, Mer et Air à deux composantes, Terre et Air. »Deux composantes donc, les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins dotés de leurs missiles balistiques stratégiques M51 et la composante aérienne avec les chasseurs-bombardiers Rafale et leurs missiles ASMP-A, au service d'une doctrine invariable. Invariable jusqu'au bouleversement majeur de la guerre en Ukraine et d'un éventuel retrait du parapluie nucléaire américain comme le laisse entendre le candidat Donald Trump.Dissuasion nucléaireLa dissuasion nucléaire est un outil de souveraineté impossible à partager, et ce, pour une raison simple : qui appuierait sur le bouton ? Mais depuis le discours de Toulon en 2022, Emmanuel Macron indique qu'il souhaite « européaniser » la capacité de dissuasion nucléaire. Les intérêts vitaux de la France s'étendent à l'Europe, précise le président français. Une réassurance qui, en filigrane, existe déjà pointe Yannick Pincé : « Rien que la présence de soldats français à l'Est, est une forme de réassurance nucléaire, puisqu'en cas d'offensive russe contre un pays d'Europe de l'Est, ça passerait par des combats contre des soldats français, contre des soldats d'une puissance nucléaire, ce qui ferait réfléchir à la base. Mais on peut imaginer tout un tas de dispositifs qui maintiendraient la souveraineté française sur nos armes nucléaires. Par exemple, comme on l'a fait lors de nos exercices aériens, on peut inclure des avions alliés dans nos exercices de raid nucléaire. On peut aussi stationner des rafales dans des pays alliés, sur le modèle de ce que pratiquent les Américains au niveau de l'Otan. C'est-à-dire que les armes nucléaires resteraient gardées par des soldats français et resteraient en fait dépendantes d'un ordre d'engagement du président de la République française. Donc ce n'est pas vraiment un partage, c'est plus une européanisation et une forme de réassurance vis-à-vis de nos alliés. »À lire aussiNucléaire français et défense européenne, Emmanuel Macron relance un épineux débatReste que ces inflexions constituent un véritable tournant dans la dissuasion nucléaire, assure l'historien Yannick Pincé : « On ose désormais parler de dialogue avec nos alliés sur la défense européenne qui inclurait notre dissuasion nucléaire. On ose aussi envisager l'échec de la dissuasion. C'est le chef d'état-major de l'armée de terre Pierre Schill qui a parlé de ça il y a quelques semaines. Très exactement, il ne parlait pas d'échec de la dissuasion, il évoquait une agression sous le seuil des intérêts vitaux, c'est-à-dire sous le seuil nucléaire, donc on ne voit plus en fait notre force nucléaire comme étant uniquement quelque chose qui empêche la guerre. »La dissuasion nucléaire n'est plus garante d'une paix absolue, elle n'est pas un rempart contre la guerre hybride, sous le seuil du conflit ouvert et dont la Russie s'est fait une spécialité.
5/5/20243 minutes, 16 seconds
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La genèse d'une nouvelle force aérienne ukrainienne

La Belgique, les Pays bas, le Danemark et la Norvège doivent, d'ici à quelques mois, céder à Kiev une cinquantaine d'avions F-16. Les dix premiers pilotes ukrainiens à être formés en Europe arrivent progressivement en France, où ils reçoivent de la part de l'armée de l'air française une formation complète de pilote de chasse. Pendant six mois, dans une base du Sud-ouest, ils vont apprendre les rudiments du métier pour prochainement prendre les commandes des F-16 tant espérés par Kiev. Les forces aériennes ukrainiennes, d'ici à quelques mois, vont passer des avions de l'ère soviétique au F-16. Soit un véritable saut dans l'aviation de combat de ce siècle qui pourra potentiellement modifier les rapports de force, souligne Jean-Christophe Noël, chercheur à l'Ifri et responsable de la revue Vortex.« Les nouveaux F-16 vont avoir des détecteurs de menaces, explique-t-il. Si vous êtes accroché par un radar, avant les pilotes ukrainiens ne le savaient pas, là, ils vont avoir une alerte et donc vont pouvoir agir en conséquence. Ils vont pouvoir aborder les combats aériens d'une autre façon. On arrive dans quelque chose qui est un petit peu ouvert, un petit peu inconnu : des tactiques pouvant inquiéter les Russes vont-elles se mettre en place afin de repousser les avions adverses du champ de bataille ? »« Tout va dépendre de ce qu'on va mettre sous les ailes du F-16. Jusqu'où vont aller les Américains, notamment dans l'adaptation des armements qu’ils peuvent amener ? Est-ce qu'ils vont d'abord juste essayer de chasser les avions russes de l'air ou vont-ils essayer de détruire les batteries anti-aériennes ? Vont-ils essayer de diminuer l'efficacité du dispositif russe en frappant dans la profondeur ? Ou tout ça en même temps, mais sur des points très précis ? Ça, c'est l'avenir qui le dira »,ajoute Jean-Christophe Noël.Dix pilotes formés en FranceLes 10 pilotes formés en France sont âgés de 21 à 23 ans et la majorité d'entre eux n'avait jamais pris place dans un cockpit. Une formation accélérée aux standards de l'Otan pour former l'ossature d'une aviation de combat qui sera composée d'équipages très disparates, indique Jean-Christophe Noël. « Vous avez des gens qui n'auront pas d'expérience aéronautique, qu'on va former et qui vont être jetés dans le grand bain. Vous aurez d'anciens pilotes qui ont été formés "à la soviétique", dont on va tordre un petit peu la formation pour leur apprendre justement à réfléchir plutôt comme un pilote occidental. Mais ils auront une expérience. »« Il y aura peut-être aussi des mercenaires. Les Ukrainiens, à un moment, ont fait passer des messages comme quoi ils étaient intéressés pour recruter d'anciens pilotes, notamment de F-16. Après, la difficulté, ça va être de mettre tout ça un petit peu en musique, c'est-à-dire apprendre à voler en formation. Donc, il ne faut pas imaginer que dès que les F-16 vont arriver, ça va être la bataille d'Angleterre. Je pense qu'on va plutôt d'abord aller se renifler un petit peu, voir comment on réagit, comment on s'adapte, etc. », précise-t-il.Douze techniciens pour un piloteAller « se renifler un petit peu », donc, mais les forces aériennes de Kiev vont aussi devoir apprendre à entretenir ces F-16. Pour un pilote, il y a autour du F-16 douze techniciens et mécanos, avec, pointe Jean-Christophe Noël, des procédures strictes à respecter : « Si vous avez 50 avions, il n’y a pas 50 avions en l'air. Il y a des avions qui vont être au sol, en maintenance, qu’il va falloir réparer régulièrement et qui vont avoir des pannes. Quelque chose qui est sensible sur le F-16, c’est la bouche du réacteur. Sous le fuselage de l’avion, il y a une énorme entrée d’air. On appelle aussi cela un aspirateur à FOD, pour "foreign object damage". Le FOD, c'est tout ce qu'un réacteur peut avaler : si vous avez des pierres, si vous avez des tas de choses qui traînent sur un tarmac, ça peut détruire le réacteur. Donc il faut vraiment prendre des précautions sur tous les aspects de logistique autour du F-16. » Les premiers vols opérationnels des F-16 aux couleurs de l'Ukraine sont espérés fin 2024, au plus tôt.À écouter aussiFrance-Russie: escalade verbale et signalement stratégique
4/28/20242 minutes, 45 seconds
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Export d'armes françaises: l'impasse africaine

La France en 2023 s'est hissée à la deuxième place des pays exportateurs d'armes dans le monde, nous en parlions dans Lignes de défense la semaine dernière... Mais derrière ce succès il y a un trou dans la raquette, et cette faille, c'est le continent africain. Paris exporte ses armes partout, mais quasiment pas en Afrique alors que l'armée française y est présente, un paradoxe. Décryptage. Quelques chiffres pour illustrer ce vide. Dans les autorisations d'export délivrées en 2022,  76 % sont à destination de l'Europe, 12 % vers le Moyen-Orient, 6 % l'Amérique du Nord, 3 % l'Afrique du Nord, 2 % l'Amérique du Sud, 1 % en Asie... Dans ce camembert, l'Afrique subsaharienne n'apparait pas. Sur une décennie, de 2013 à 2022, l'Afrique subsaharienne n'a représenté qu'1,5 % de l'exportation d'équipements militaires français. C'est marginal, quelles en sont les raisons ?  À l'occasion d'une conférence de presse, nous avons posé la question il y a quelques jours à Sébastien Lecornu, ministre des Armées : « C'est une très bonne question qui tient beaucoup à notre logiciel, pour être complètement transparent. Déjà, la présence militaire française a plutôt acculturé ce ministère et aussi le partenaire qui pouvait nous accueillir. Une logique de 'on fait à la place de'. Quand j'ai demandé à Emmanuel Chiva, le délégué général pour l'Armement de se rendre en Afrique, nous sommes aperçus que jamais un DGA français n'avait mis les pieds officiellement en Afrique. Tout est dit. On a laissé un terrain trop important à un certain nombre de concurrents. D'ailleurs, c'est le ministre Ouattara, en Côte d'Ivoire, qui m'a fait prendre conscience de cela. Ils ont des budgets, le Sénégal pareil qui est un pays qui va en plus être un pays producteur d'hydrocarbures, qui va donc devoir se protéger de menaces terroristes particulières, singulièrement en mer. Mais on voit bien qu'on a une modification des armées africaines. Ce sont souvent des armées françaises qui participent à cette montée en puissance. Mais restait justement le bloc capacitaire. Et on le voit sur les drones par exemple, on le voit sur les petits bateaux, on le voit aussi peut-être demain sur des petits aéronefs sur lesquels on a évidemment des coups à jouer. »Une arme sur deux sur le continent africain est une arme russeLes Russes et les Chinois sont présents depuis longtemps, mais depuis quelques années de nouveaux compétiteurs se positionnent sur ce marché.Les Turcs par exemple sont les nouveaux entrants en Afrique, avec une vraie stratégie d'implantation... Turkish Airlines a ouvert ces trois dernières années plus de soixante escales sur le continent, une dynamique qui profite à son industrie de défense. Peer de Jong, vice-président de Themiis (société de conseil en stratégie et défense), conseille plusieurs gouvernements sur les questions de sécurité ; il a vu les Turcs proposer, via des sociétés militaires privées, des offres séduisantes all inclusive, « Par le truchement de structures, comme SADAT, qui sont des SMP turcs qui depuis une dizaine d'années ont un peu le même 'business modèle' entre guillemets que Wagner, c'est-à-dire proposant à la fois la formation des troupes, la cession et la vente de matériels. Et on voit en Afrique aujourd'hui, qu'il y a une diffusion d'un armement turc de qualité, qui concerne principalement tout ce qui est transport de troupes, armement individuel, mais aussi les drones. Donc les armées africaines arrivent à s'équiper à un coût relativement abordable sur des matériels qui théoriquement sont inaccessibles en Europe. »Les armées africaines se modernisent à grand pas, exemple avec le drone TB2 Bayraktar, star de la guerre en Ukraine dont une dizaine de pays africains a déjà passé commande au constructeur turc. Un marché en pleine expansion et qui pour l'heure échappe aux fabricants français.
4/21/20242 minutes, 52 seconds
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Exportation d'armes: la France sur le podium mondial

Les importations d'armes en Europe ont quasiment doublé ces 5 dernières années. L'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), dévoile que sur la période 2019-2023, guerre en Ukraine oblige, les importations d'armes ont bondi de 94 %. Et pour la première fois, note l'institut de Stockholm, la France se hisse sur la seconde marche des pays exportateurs, reléguant la Russie au 3e rang. Depuis 2019, la France a en effet vu ses ventes à l'internationale bondir de 47% quand la Russie voyait les siennes chuter de 53%. Un sérieux revers pour Moscou, revers d'autant plus marquant qu'il intervient dans une période de fortes tensions entre les deux pays.Bien sûr, dans cette compétition, les États-Unis restent de très loin les premiers exportateurs d'armes au monde, raflant à eux seuls 42 % du total des ventes. Néanmoins, il faut le souligner : jamais la France n'avait occupé cette deuxième place, précise Léo Péria-Peigné, spécialiste de l'armement à l'Institut français pour la recherche stratégique, voici, à ses yeux, les raisons du succès : « Je pense qu'on peut en voir deux principales, il va y avoir d'abord le recul des exportations d'armes russes, conséquence de la guerre en Ukraine, l'industrie russe produisant d'abord pour la consommation nationale plus que pour l'export et dans un second temps, il y a les très gros succès de quelques produits spécifiques de l'industrie française comme le Rafale ou quelques systèmes électroniques qui sont des systèmes à très haute valeur ajoutée. Donc ce n'est pas la peine d'en vendre beaucoup, leur prix fait que ça va peser lourd dans la balance. »Des armes Itar FreeCe succès tient aussi au fait que les armes françaises sont Itar Free, ne relevant pas de la réglementation américaine sur les ventes d'armes qui sont généralement très restrictives. Les pays qui achètent du matériel français le possèdent totalement.Un argument de poids au moment de signer des contrats XXL, mais pas seulement, il y a aussi une autre raison au choix de matériels tricolores assure Léo Péria-Peigné : « Quand l'Inde achète du Rafale, ce n'est pas forcément pour la qualité du Rafale en soi, mais c'est aussi parce que le Rafale peut porter des armes que les États-Unis seront plus réticents à vendre. Je pense notamment aux missiles. Pour ce qui va être de l'achat des Émirats ou du Qatar, c'est aussi une façon de renforcer une alliance. La France a des troupes postées au Qatar qui font de la formation, qui font de la réassurance. Acheter des armes à la France pour les Émirats, c'est aussi une façon de sceller une alliance et de la durcir. Pareil quand la Grèce achète des rafales, oui, c'est important, mais la Grèce aussi s'attache un peu le soutien de la France dans ses bisbilles avec la Turquie. »Acheter français, c'est aussi une manière de ne pas s'aliéner les États-Unis. La Turquie en a fait l'expérience : en s'équipant de batterie sol-air Russe S-400 : elle s'est ainsi retrouvée exclue de l'achat d'avions F-35. Le matériel français, c'est le choix d'une troisième voie, plus neutre, c'est aussi l'une des raisons du succès de l'industrie de défense française.
4/13/20242 minutes, 30 seconds
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75 ans de l'Otan: l'Alliance atlantique à la croisée des chemins

Le 4 avril, les membres de l'Otan réunis à Bruxelles, ont célébré les 75 ans de la signature du traité de l'Atlantique Nord. Avec le retour de la guerre sur le sol européen, l'Otan joue de nouveau un rôle central et considère une nouvelle fois Moscou comme une menace majeure. Mais l'Alliance atlantique craint également de traverser une sérieuse zone de turbulence lors des élections américaines de 2024. Pour célébrer cet anniversaire, le département d'État a autorisé l'envoi à Bruxelles du traité signé en 1949. Jamais jusque-là le document n'avait quitté le sol américain. Un symbole pour dire qu'avec la récente adhésion de la Suède et de la Finlande et donc désormais 32 membres, l'Otan n'a jamais été aussi forte. Depuis l'invasion de l'Ukraine en 2022, souligne Guillaume Garnier chercheur à l'Ifri, l'alliance a en effet retrouvé ses fondamentaux, la protection de l'Europe face à une Russie belliqueuse : « Concrètement, cela a consisté à renforcer la posture de défense sur le flanc est en déployant davantage de troupes. Un bataillon multinational dans chacun des huit pays du flanc est, il y en avait déjà quatre dans chacun des États baltes et la Pologne, on en a ajouté quatre autres en Bulgarie, Roumanie, Slovaquie et Hongrie. Ce sont des forces qui sont prépositionnées, c'est-à-dire qu'elles pourraient être renforcées si la situation se dégradait rapidement. »Une métamorphose pour une organisation qui était jugée en état de « mort cérébrale » par le président français Emmanuel Macron en 2019. Après des années de désaffection, la France a réinvesti l'Otan et participe aujourd'hui massivement à Steadfast Defender, le plus grand déploiement militaire otanien depuis la guerre froide, avec pour ambition d'envoyer à Moscou, un message de portée stratégique. « Si vous voulez dissuader un adversaire potentiel comme la Russie, il faut lui démontrer que vos forces sont interopérables, professionnelles et crédibles, indique Guillaume Garnier. Ça se fait par l'entraînement. Un entraînement à la hauteur de l'enjeu, c'est-à-dire avec des exercices de grande ampleur pour montrer que l'on est capable de s'organiser autour d'une certaine masse de soldats, de plusieurs dizaines de milliers d'hommes, et à travers ces exercices, il y a aussi une idée de contrôle des forces. L'Otan vérifie leur aptitude et vérifie que tous les États membres de l'Otan ont des unités aptes au combat. »Inquiétude des Européens sur le potentiel retour de Donald TrumpLe candidat républicain a d'ores et déjà annoncé qu'il pourrait remettre en cause l'article 5 qui garantit la solidarité entre membres de l'Otan. Un désengagement américain, pointe Guillaume Garnier, est par conséquent dans tous les esprits : « Les États-Unis représentent 70% des dépenses militaires de l'Otan. Donc l'article 5 repose sur la force militaire des États-Unis. Si jamais ils quittaient l'Otan, ce serait une autre organisation, elle changerait de nature. Ça, c'est le scénario cauchemar. Va-t-il se réaliser si jamais Trump est effectivement élu ? Il y a quand même un point d'interrogation puisqu'il y aura des débats et probablement de nombreuses institutions le dissuaderont de le faire. »Le secrétaire général de l'Otan, Jens Soltenberg qui dans quelques mois quittera ses fonctions, a une nouvelle fois plaidé la nécessité d'un meilleur partage du fardeau financier entre Européens et Américains, évoquant également la constitution d'un fond d'un milliard d'euros sur cinq ans pour l'Ukraine.À lire aussiL’avenir de l’Otan en préparation et en débat
4/7/20243 minutes, 1 second
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La médecine civile à l'heure de la guerre de haute intensité

Guerre de haute intensité en Ukraine, retour des attentats terroristes de masse après l'attaque revendiquée par le groupe État islamique à Moscou, les menaces se multiplient, avec pour corollaire de préparer les médecins à réapprendre les gestes de la médecine de guerre, dite « de l'avant ». Le service de santé des armées forme les médecins et infirmiers civils aux techniques de sauvetage au combat, pour savoir comment prendre en charge un grand nombre de blessés avec un minimum de moyens. Rencontre au Val-de-Grâce à Paris avec Benoît Plaud, médecin réanimateur à l'hôpital Saint-Louis et également réserviste opérationnel au sein du service de santé des armées. Il est médecin en chef, et c'est d'ailleurs en treillis militaire qu’il nous reçoit. En 2015, Benoit Plaud a été en première ligne lors des attentats, ce qui a été pour lui le déclencheur pour rejoindre la réserve opérationnelle.Depuis, Benoît Plaud multiplie les formations au sauvetage au combat. L'état d'esprit change dans la médecine civile, note-t-il, « L'idée, c'est vraiment que le plus grand nombre maîtrise ces gestes de base, un peu comme du secourisme. D'essayer que le plus grand nombre d'équipes soignantes qui sont autour de l'anesthésie réanimation soient formées à ces gestes, car le moment venu, de par notre formation, il y a une continuité, je dirais assez naturelle pour nous. Pouvoir être opérationnel immédiatement, travailler sur le collectif, la cohésion, c'est des choses aussi qu'on travaille beaucoup. Le sauvetage au combat, on le dit souvent, c'est un sport d'équipe, donc il faut avoir la notion du collectif, de la cohésion, de la confiance. Et ça, ça s'apprend. »Passer de la Golden Hour au Golden DayModifier les logiciels, les pratiques : jusqu'à présent, la règle de prise en charge était d'amener le blessé au bloc opératoire en moins d'une heure. Chose impossible à faire avec beaucoup de blessés. Une nouvelle médecine de guerre est donc en train d'émerger, qui doit aussi irriguer la médecine civile. « Typiquement aujourd’hui, pendant que vous êtes là, on fait des exercices de ce type avec des médecins du Samu qui apprennent ces techniques de sauvetage au combat en utilisant des algorithmes », explique-t-il. « Vous avez peut-être entendu parler du M.A.R.C.H. par exemple, qui est une succession d'étapes pour prendre en charge un blessé qui saigne, un blessé qui a du mal à respirer, un blessé qui est en état de choc, un blessé qui a des problèmes neurologiques. L’objectif majeur, c'est de permettre l'évacuation du blessé vivant. C'est vrai qu'avec le retour de la guerre de haute intensité, ce modèle va devoir évoluer, compte tenu du nombre très important de blessés à prendre en charge. Donc du Golden Hour, on va passer au Golden Day. Il va falloir apprendre à prendre en charge ces blessés dans la durée », ajoute Benoît Plaud.Problèmes éthiquesPrendre en charge un grand nombre de blessés, c'est aussi faire un tri, ce qui peut poser des problèmes éthiques au corps médical.Il existe cependant des méthodes pour que cela ne soit pas justement un tri, pointe Benoit Plaud, « Au mot de tri, je préfère celui de priorisation. Plutôt que de dire "on va prendre en charge ou pas tels types de victimes", on revient à des schémas opérationnels très cadrés qui permettent de rechercher parmi le grand nombre de victimes ceux qui nécessitent des soins immédiats. La première chose à rechercher, c'est le saignement », précise-t-il.« Donc, cette phase-là de priorisation permet de réaliser des gestes de sauvetage instantanés qui peuvent parfois suffire à gagner du temps pour pouvoir prendre en charge d'autres victimes dans un état moins grave. C'est vraiment de l'organisation et de la logistique. Il y a une vraie réflexion médicale, stratégique, organisationnelle, parce que l'objectif, il ne faut pas l'oublier, c'est de sauver le plus grand nombre de blessés, avec les moyens dont on dispose », témoigne le médecin.La médecine d'urgence est en pleine révolution et le service de santé des armées est à la pointe des nouvelles techniques de prise en charge dans un contexte de guerre de haute intensité.À lire aussiGaza: «Certains sont morts sous nos yeux, parfois car il ne manquait qu'un simple outil médical»
3/31/20243 minutes
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France-Russie: escalade verbale et signalement stratégique

L'escalade verbale ne cesse de croitre en Russie contre la France depuis qu'Emmanuel Macron a déclaré que l'envoi de militaires occidentaux en Ukraine ne pouvait être exclu. Menace nucléaire régulièrement brandie sur les plateaux de télévision russe, menace contre la sécurité du président français s'il se rendait en Ukraine, propos orduriers contre le Premier ministre Gabriel Attal ... Face à cette escalade verbale, Paris multiplie les signalements stratégiques comme autant de lignes rouges à l'adresse de Moscou. Les outrances russes se multiplient et gravissent à grands pas l'échelle de la provocation. Dernier exemple en date, l'affaire des petits soldats : mardi 19 mars, l'ambassade de France à Moscou a reçu une boîte de jouet contenant des petits soldats aux couleurs de la RossGardia, la garde prétorienne de Vladimir Poutine, chargée notamment du maintien de l'ordre en Ukraine occupée. Message, on ne peut plus clair, à l'adresse des autorités françaises :  Paris est la bête noire du Kremlin. Mais les autorités françaises ne font plus le dos rond : lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue suédois ce jeudi, le Général Burkhard, chef d'état-major des armées, a réaffirmé que le soutien occidental pourrait aller au-delà de la seule livraison d'armes et il a lâché le mot « guerre » pour parler de la Russie. « La Russie est déjà un peu en guerre avec les pays occidentaux. Dans le champ des perceptions, la Russie, depuis déjà de nombreuses années, mène une guerre informationnelle pour déstructurer nos sociétés. Ça se traduit par des attaques cyber. Ce n’est pas forcément quelque chose qui cherche à promouvoir les idées russes, mais c'est plutôt quelque chose qui cherche à fragiliser les sociétés occidentales et en particulier le modèle démocratique. »Afficher sa détermination, c'est déjà pour le Général Thierry Burkhard « gagner la guerre avant la guerre » et pour cela, « il est prêt » dit-il, à « prendre des risques ». Message ferme et partagé par le chef d'état-major suédois, le Général Micael Byden. « Nous avons une guerre qui fait rage en Europe. Pour moi, il est clair que cette réalité doit être au sommet de nos agendas. Nous ne pouvons pas laisser la guerre en Ukraine devenir une sorte de normalité et la laisser végéter sur la liste de nos priorités. Si nous le faisons, nous jouerons alors le jeu de la Russie. Naturellement, la Suède contribuera aux opérations de l'Otan dans les pays de l'Otan, mais aussi au-delà. Nous devons regarder à 360°. Bien sûr, nous vivons des moments difficiles, mais il ne faut pas désespérer et faire un effort conjoint. C'est la quintessence de mon message. »À lire aussiLe soutien à l'Ukraine pourrait aller au-delà de la livraison d'armes, selon le chef d'état-major françaisDouble signalement stratégiqueAprès l'ambiguïté stratégique sur l'envoi de soldats en Ukraine, second signalement de la conférence de presse des deux chefs d'état-major : la récente arrivée de la Suède et de la Finlande dans l'Otan bouleverse les équilibres sur le flanc Nord européen. Général Thierry Burkhard : « Cette entrée dans le temps, bien évidemment, c'est quelque chose qui augmente encore la crédibilité de l'Alliance atlantique. D'autant plus que la Suède est un apport précieux. C'est une armée de grande valeur, bien équipée, bien entraînée. Mais c'est aussi une position stratégique. Quand la Suède et la Finlande basculent dans l'Otan, ça modifie complètement la géométrie du champ de bataille, ça rend un flanc nord beaucoup plus cohérent et beaucoup plus fort. Aujourd'hui, la mer Baltique, c'est un lac Otanien, c'est exactement ça. »La France et l'Otan montrent donc les muscles et face à une Russie belliqueuse envoient à Moscou ce message : en attaquant l'Ukraine, la Russie a commis une erreur stratégique.
3/24/20242 minutes, 35 seconds
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Nordic Response: l'Otan fait son grand retour en Arctique

Au début du mois de mars, l’Otan a donné le coup d’envoi de Steadfast Defender 2024. Le plus grand exercice jamais organisé depuis la Guerre froide, une manœuvre qui se décline des plaines de Pologne jusqu’à l’arctique Norvégien avec l’exercice Nordic Response qui s’achève ce dimanche. Dans l'arctique l'Alliance veut se réapproprier l'environnement "Grand Froid". Reportage.
3/16/20242 minutes, 39 seconds
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Otan: l’entrée de la Suède et de la Finlande bouleverse les équilibres en Arctique

La Suède est devenue le 32e membre de l'Alliance atlantique. Stockholm, désireuse de rejoindre l'Alliance atlantique depuis l'invasion russe de l'Ukraine il y a deux ans, a rompu, tout comme la Finlande, avec une politique de neutralité et de non-alignement militaire depuis la fin de la Guerre froide. L’entrée de ces deux pays nordiques dans l’Otan risque de bouleverser les équilibres en Arctique. Entretien avec Mikaa Mered, spécialiste des enjeux géoéconomiques et stratégiques de l'Arctique et de l'Antarctique. RFI : Mikaa Mered, est-ce que l'entrée dans l’Otan de la Finlande et de la Suède change complètement la donne, face à la Russie et comment la Russie peut-elle réagir ?Ça change la donne de plusieurs manières. La première, c'est tout simplement déjà dire que parmi les huit pays de l'Arctique, les huit pays riverains, donc, du Grand Nord, avant, on avait cinq pays qui étaient effectivement dans l'Otan. On avait la Russie de l'autre côté. Et puis, on avait entre les deux, la Finlande et la Suède, qui jouaient un peu ce rôle de tampon, qui menaient un certain nombre d'exercices avec l'Otan, mais plus comme observateur ou autre.Évidemment, on avait quand même des correspondances et des relations. Mais là, on va passer dans un cadre inédit en Arctique, à sept contre un. Très clairement, tous les pays de l'Arctique sont coalisés contre la Russie dans une certaine mesure, ou en tout cas sont coalisés au sein de l'Alliance atlantique. Ça, c'est le premier point. Et c'est un environnement complètement nouveau puisque, même du temps de la guerre froide – ou même avant – on n'avait pas ce genre de configuration en Arctique.Le deuxième sujet, c'est que, après des siècles de tentatives de construction eurasienne et européenne avec la Russie, Moscou s’est tourné, à la faveur des récents événements, vers la Chine. Or, la Chine s’est déclarée être un pays dit « du Proche Arctique ». Ils ont inventé ce concept dès 2018, bien avant la nouvelle guerre en Ukraine. La Chine cherche évidemment à prendre de plus en plus pied en Arctique. Donc la question qui va se poser par rapport à ça, maintenant que la Russie et la Chine ont cette alliance, qui, de fait, se renforce à la faveur de ce qui se passe sur le front européen, et de savoir quelle place les Russes vont laisser à la Chine en Arctique. C'est là pour moi que va se situer le cœur du sujet dans les dix années qui viennent.À lire aussiLa Suède fait désormais officiellement partie de l'Alliance atlantiqueLes Russes ont-ils les moyens, justement, de repositionner des forces militaires dans le Grand Nord, alors qu'ils sont occupés ailleurs, en Ukraine ? C'est l'un des sujets, c'est-à-dire qu'on attend évidemment toute déclaration de Moscou. Comme si ce qui se passait sur le front européen d'un point de vue militaire, ou ce qui se passait d'un point de vue économique également, n'impactait pas du tout l'Arctique, au sens où la Russie indique qu’elle va continuer à investir sur sa flotte en Arctique, sur ses moyens militaires au sens, cette fois-ci, des infrastructures, des bases, des équipements aériens et d'observation. Continuer à investir comme si de rien n'était. Comme s'il n’y avait pas un gouffre financier qui attirait beaucoup de capitaux d'État vers le front ukrainien et au-delà.Et puis, le deuxième sujet, c'est le volet économique. C'est-à-dire qu'on entend la Russie dire que la route maritime du Nord, cette route maritime qui pourrait connecter l'océan Pacifique à l'océan Atlantique par l'Arctique – des alternatives potentielles à d'éventuels blocages du canal de Suez ou de la mer Rouge. On entend le gouvernement russe continuer à dire : « bien sûr que le modèle économique de cette route du Nord est tout à fait valide. Il va continuer à se développer. Nous allons continuer à investir ». Bref, c'est comme s’il ne se passait rien.La réalité, c'est qu’aujourd'hui, si la Russie peut tenir ces discours-là, ce n'est pas qu'elle en a les moyens, mais c'est qu'elle a réussi à coaliser un certain nombre de partenaires qui aujourd'hui lui disent : « tu veux continuer à préserver ton pré carré en Arctique ? Tu vas avoir besoin de nous ». Et évidemment, le principal allié, c'est la Chine.La Chine, est-ce le loup dans la bergerie russe ? C'est la crainte à Moscou, et c'est une crainte de longue date. On se souvient par exemple en 2011, quand le gouvernement russe avait expliqué qu'il fallait créer une « route de la soie » par l'Arctique. À l'époque, ce concept-là venait d'eux, et pas de la Chine. Ils avaient justement émis un certain nombre de réserves quant à la possibilité de donner une trop grande place à Pékin, sur le volet économique, mais aussi sur le volet militaire, dans cette zone Arctique. Il ne voulait pas laisser le loup, ou plutôt le panda dirons-nous, entrer dans cette bergerie. Et c’est pourtant ce qui s’est passé après la première Guerre en Ukraine en 2014. Il y a eu toute une dynamique de coopération, y compris militaire, en zone Arctique qui existait entre la Russie et les États-Unis et ses alliés, qui a été relativement abîmée.Puis, vous avez cette deuxième guerre en Ukraine qui arrive en 2022. Et là, évidemment, c'est le coup de grâce car, au moment où les Russes attaquent l'Ukraine, Moscou assure la présidence tournante du Conseil de l'Arctique, chargée de faire vivre cette diplomatie arctique. Tout cela vole en éclat et se retrouve à terre et donc, le seul partenaire véritable qui est capable de s'engager militairement dans cette zone pour aider la Russie, c'est la Chine. Or, depuis plus de dix ans, c’était justement la crainte des Russes. La crainte de devenir un partenaire junior dans la relation bilatérale avec la Chine. Or, si Vladimir Poutine en personne incarne cette remilitarisation partielle de l'Arctique, fondamentalement, cela ne veut pas dire que la Russie entend laisser la Chine devenir le senior partenaire. Dans cette relation aujourd'hui, je ne vois pas comment à l'horizon 2025, à l'horizon 2030, la Russie pourra empêcher la Chine de devenir un partenaire au moins d'égal à égal avec la Russie dans sa zone Arctique. Et ça, il va falloir le gérer, car les Américains et l'Otan ne laisseront évidemment pas faire. Mais il faudra gérer ça aussi vis-à-vis de la population russe, qui ne comprendra pas pourquoi on a laissé la Chine entrer dans l'Arctique russe, dans le jardin, dans le joyau de la couronne.À lire aussiL'entrée de la Suède dans l'Alliance atlantique renforce la stratégie de défense de l'Otan dans la régionCes déséquilibres en Arctique ont-ils des répercussions de l'autre côté du globe, en Antarctique ? Oui, on commence à observer de nouvelles rivalités. En plus de l'émergence de la Chine qui, dans les années 2010, faisait déjà un petit peu office d'épouvantail pour beaucoup de pays occidentaux dans ce jeu antarctique, ce qu'on observe dès 2020, indépendamment de la deuxième guerre en Ukraine, on a vu la Russie reprendre pied en Antarctique en menant à nouveau des campagnes d'exploration à la recherche d’hydrocarbures.Dans le sillage russe, la Chine, l'Iran, la Turquie, se sont montrés intéressés par l’Antarctique. Développant des narratifs de plus en plus agressifs, disant « nous allons prendre pied en Antarctique. L'Antarctique est une zone stratégique. L'Antarctique ne peut pas être un syndic de copropriété géré par les puissances historiques de de cette zone ». Et effectivement, on a vu la Chine construire une cinquième base en Antarctique. Et ce, sans respecter les us et coutumes traditionnels de la diplomatie Antarctique. Aujourd'hui, l'Australie et la Nouvelle-Zélande manifestent une inquiétude et ces deux pays s’interrogent : « est-ce que la Chine n'est pas au Sud en train d'essayer de créer un nouveau front ? Alors pas un front militaire, mais en tout cas un front de renseignement et de captation de signaux électroniques ? ».On a vu l'Iran, très récemment, parler de militarisation ou d'activités militaires en Antarctique. Là, on est dans le même type de logique. On a vu la Turquie parler de présence en Antarctique comme étant un vecteur de prestige national important. Et oui, on peut faire une connexion avec ce qui se passe en Arctique, car de fait, si vous arrivez à maîtriser un environnement aussi difficile que l'Arctique, les correspondances sont tout à fait imaginables. Et la légitimité arctique de certains États est effectivement renforcée par une présence antarctique. C'est le cas par exemple de la France, où exister en Arctique permet d'exister en Antarctique. Et, il y a surtout des États qui sont prêts à jouer ces deux cartes, la carte arctique et la carte antarctique. Parce que les deux se répondent, d'un point de vue maîtrise de l'environnement, connaissance de l'environnement opératif, la mise en œuvre de brise-glace lourds. Au-delà de la maîtrise de l'environnement, il y a aussi la maîtrise de l'information. C'est-à-dire que, si vous voulez développer des constellations satellitaires qui permettent d'observer ce qui se passe en Arctique, vous allez mettre en œuvre des constellations de satellites d'observation en orbite polaire Nord-Sud. Et, à ce moment-là, évidemment, ce que vous pouvez faire en Arctique vous donne des capacités d'observation en Antarctique.À quelle échéance des frictions, peut-être même des affrontements sont-ils envisageables dans ces régions jusque-là désertiques ?Ce qu'il faut bien avoir en tête, c'est que personne, ni dans la communauté diplomatique, ni dans la communauté académique universitaire, n'envisage une guerre en Arctique pour l'Arctique. Personne encore moins n'envisage de conflits en Antarctique pour l'Antarctique. En fait, ce qu'on est en train d'observer, c'est la fin de l’exceptionnalisme arctique. Ce que j'entends par exceptionnalisme, c'est un concept simple qui veut dire que, jusqu'à maintenant, l'Arctique et l'Antarctique ont été relativement éloignés des grandes logiques de conflits. Jusqu’en 2022, l'Arctique a su maintenir une forme de coopération. Depuis la deuxième guerre en Ukraine, la situation est différente. La Russie a été de facto exclue du Conseil de l'Arctique. En Arctique, aujourd'hui, le dialogue de gouvernement à gouvernement n'est pas possible. Depuis 2022, on a vu les États-Unis redévelopper des infrastructures militaires fortes en Arctique. Pour, justement, essayer de dissuader la Russie et peut-être la Chine, de militariser ces régions polaires.À lire aussiEn Ukraine, on ne croit pas à une possible intervention de troupes occidentales contre la Russie
3/10/20242 minutes, 37 seconds
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Ukraine: Paris envoie un signalement stratégique à la Russie

Emmanuel Macron a affirmé, ce 29 février, que chacun de ses mots sur l’Ukraine était « pesé » et « mesuré » après ses propos sur l’envoi potentiel de troupes au sol dans le pays et qui lui ont valu une fin de non-recevoir de la part des principaux alliés. En n’excluant pas l’envoi de soldats en Ukraine, le président français a brisé un tabou et il a envoyé un message très clair à Moscou. Les propos du président français sont intervenus le 26 février, à l’issue d’une conférence internationale de soutien à l’Ukraine organisée en urgence, alors que les forces ukrainiennes sont en grande difficulté sur le front.« En dynamique, rien ne doit être exclu », a dit le président français, disant assumer une ambiguïté stratégique. Aucune décision sur l’envoi de troupes n’est prise, mais le simple fait de l’évoquer ouvre des possibilités, c’est un signalement envoyé à Moscou. Pour gagner la guerre avant la guerre, il faut instiller le doute chez l’adversaire, c’est l’ambiguïté stratégique. C’est aussi une affaire de timing, alors que le soutien américain s’étiole, juge Thibaut Fouillet de la fondation pour la recherche stratégique : « On a la volonté, avec les polémiques autour de la campagne présidentielle américaine et donc une remise en cause potentielle du soutien à l'Ukraine, de montrer l'Europe unie, l'Europe comme alternative crédible, une Europe forte. C’est un signalement à la fois externe et interne. Pour montrer que la position de la France n'est pas celle de la lassitude de la guerre. Donc, on ne va pas laisser Moscou gagner parce que la guerre s'enlise et que les Ukrainiens n'ont pas réussi leur dernière contre-offensive. »Une ambiguïté stratégique mal compriseReste que la communication de l’Élysée a été mal comprise par les alliés et les opinions publiques. Les mots sont malheureux car ils prêtent à interprétation, note Thibault Fouillet : « La forme laisse à désirer parce qu'elle laisse à penser qu'on est prêt à entrer en guerre et à risquer l'escalade directe avec la Russie. Mais le fond, lui, est cohérent. C'est de dire qu'il y a deux ans, on avait peut-être une position, on pensait que la guerre était impossible. Maintenant, on sait qu'elle est possible, donc on ne s'interdit plus rien. On ne va surtout plus dire jamais et on est prêt si un jour c'est vraiment nécessaire, à prendre les mesures qui s'imposent, y compris de se battre. Donc sur le fond, y a une certaine cohérence. Malheureusement, la forme a gâché ça, parce qu'elle laisse la place à trop d'interprétations. »C’est pourtant un secret de polichinelle, un certain nombre de pays occidentaux ont déjà des hommes en Ukraine.Des soldats occidentaux potentiellement déjà présents en UkraineSans le dire, mais la Pologne a par exemple envoyé des policiers pour surveiller la frontière entre la Biélorussie et l’Ukraine. Les Britanniques ont une grande tradition de forces spéciales, et à demi-mots laissent entendre qu’a minima, ils ont pu former sur place leurs homologues ukrainiens. Les Français, eux, restent discrets. Mais il y a forcément des soldats occidentaux déjà déployés en Ukraine.C’est aussi ce qu’il fallait comprendre de l’intervention d’Emmanuel Macron, pointe Vincent Tourret de l’université de Montréal : « À la déclaration du président, tout le monde imagine des unités constituées sabre au clair fonçant sur les troupes russes. La réalité, c'est surtout du personnel pour assurer la maintenance, vérifier que l'aide occidentale soit bien acheminée. Ça peut être aussi également de l'aide beaucoup plus directe, pour l'utilisation de certaines armes. C'est plutôt des postes de soutien et d’appui qu’autre chose. Et peut-être même, que la déclaration du président est liée à une question de sécurité de ce personnel. Il y a probablement des menaces qui pèsent sur celui-ci. Il doit y avoir un message très clair pour les Russes, que nos troupes et notre personnel déployé ne sont pas une cible acceptable. »Le signalement stratégique de l’Élysée est aussi une ligne rouge pour dire à Moscou, pas de frappes contre les soldats occidentaux potentiellement déployés en Ukraine.
3/3/20243 minutes, 8 seconds
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Ukraine: les enjeux d'une troisième année de guerre

La guerre en Ukraine entre dans sa troisième année et pour Kiev le contexte n’est pas favorable. Fragilisée par le blocage de l’aide américaine, l’échec de sa contre-offensive l’été dernier et un manque croissante de munitions, l’armée ukrainienne, de l’aveu même du président Zelensky, fait face à une situation « extrêmement difficile » sur le front. Face à Moscou qui fait tourner à plein son industrie militaire et qui mobilise massivement, l’Ukraine a dû se retirer de la ville forteresse d’Avdiivka, un symbole et plaide pour un soutien accru de l’Occident. Quels sont les enjeux pour cette troisième année de guerre qui commence ? Premier enjeu : les munitions, en particulier les plus gros obus d’artillerie, ceux de 155 mm, qui permettent de contenir la poussée de l’infanterie russe. Kiev en consomme 3000 par jour, quand les Russes en tirent 10000 : face à un tel déséquilibre Kiev joue la montre, souligne le général d’armée Grégoire de Saint Quentin (le général de Saint-Quentin a été sous-chef de l'état-major des armées chargé des opérations) : « Aujourd'hui, dans le rapport de force sur le terrain et entre les équipements, les munitions, l'Ukraine n'a pas l'avantage. Donc l'enjeu, c'est de tenir le temps que ce rapport de force puisse s'inverser. Aujourd'hui, on sait que la Russie dispose de plus de munitions, plus d'équipements. Et on voit que d'ailleurs sur le terrain son armée avance, pas beaucoup, peut-être, mais malgré tout c’est elle qui a l'initiative. L'enjeu pour les Ukrainiens, c'est donc de tenir sans consommer trop de ressources, notamment les ressources humaines. L’arrivée des F16Kiev attend de nouveaux canons, des obus, et des avions… Les avions de chasse F16 longtemps espérés, pourraient, avant l’été, être opérationnels et devraient permettre de desserrer l’étau russe. « Les fameux F 16 permettraient de rééquilibrer le rapport de force dans les airs, et notamment permettre aux Ukrainiens d'avoir une meilleure maîtrise de leur espace aérien et éventuellement de frapper plus dans la profondeur, même au-delà des frontières de l'Ukraine ; mais déjà à l'intérieur des frontières de l'Ukraine ce serait déjà beaucoup. Ces avions permettront d'empêcher l'aviation russe d'appuyer ses troupes au sol, là où il n'y a pas les moyens sol-air. Car il y a des endroits où l'aviation russe arrive à passer et arrive à appuyer les troupes au sol, ce qui donne un avantage considérable côté russe. L’arrivée des F16 rééquilibrera le rapport de force. » Après deux années de guerre de haute intensité, les pertes dans les deux camps sont effroyables, la question des effectifs devrait aussi se poser en 2024.Des pertes effroyablesSelon des sources occidentales, 120.000 soldats russes auraient été tués, deux fois plus que du côté ukrainien. Dans ce conflit, l’équation humaine devient compliquée estime le général de Saint-Quentin: « J'ai le sentiment que les choses ne se posent pas de la même façon des deux côtés. D'abord parce qu'il y a une asymétrie. Le rapport de population c'est un Ukrainien pour trois Russes, donc on peut penser que le leur réservoir humain russe est trois fois plus important. Après, il y a une façon de se battre. Il est quand même beaucoup plus économe de la vie humaine côté ukrainien, même s'ils ont perdu du monde, c'est indéniable. Et de l'autre côté, côté russe, pour des gains qui finalement sont assez mineurs, ils consomment énormément de ressources matérielles mais aussi humaines. Je pense que, à un moment, ça finit par corroder le moral, le soutien de la population à la guerre. J'ai le sentiment que le président Zelenski fait très attention à ça. Du côté russe, on a un peu le sentiment que c'est un peu 'même pas mal' ! Mais je pense qu'à terme ça peut avoir des effets assez délétères. On parle quand même aujourd'hui de 350 000 soldats hors de combats (tués et blessés) côté russe. Est-ce qu'ils peuvent continuer longtemps à ce rythme-là ? Je n’en suis pas sûr. » 2024 sera donc une année d’attente, attente pour l’Ukraine d’une aide massive occidentale, 2024 sera aussi assurément une année d’âpres combats où tout peut arriver.
2/24/20242 minutes, 33 seconds
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Ukraine: le délicat remplacement du général Zaloujny

Alexandre Syrsky a été nommé le 8 février dernier à la tête des forces ukrainiennes. Il remplace le très populaire général Valéry Zaloujny après deux ans de guerre et alors que le front est gelé. Mais ce changement au sommet pourrait se révéler délicat à gérer pour le président Zelensky.  Depuis plusieurs semaines, l'éviction du général Zaloujny, héros de la résistance ukrainienne, était évoqué avec insistance. Il aura donc fallu un peu de temps et pas mal d'hésitations semble-t-il pointe le géopolitologue Cyrille Bret, pour remplacer celui que les ukrainiens surnomment « Saint Zaloujny » : « Il faut envoyer à la fois un signal à la population ukrainienne, un signal aux alliés de l'Ukraine et un signal à l'ennemi à la Russie. Donc le casting n'était pas facile à faire. En tout cas le couple Zelensky- Zaloujny était arrivé au bout du chemin. Et ce qu’a essayé de faire le président Zelensky, c'est de prendre un nouveau départ, aussi bien politique que militaire. »2024, une zone de turbulencesLe président Zelensky a immédiatement réclamé au général Syrsky un plan de bataille réaliste pour 2024, désormais reste à faire accepter ce changement à la tête des armées et pour l'historien Michel Goya, c'est une équation difficile : « D'autant plus difficile qu’il n’y avait pas de défaite visible sur le terrain qui permettait de justifier ce renvoi, il n’y avait rien de très concret. Donc c'est toujours difficile de changer de chef alors que l’on n’a pas grand-chose de très visible à lui reprocher et qu'il est très populaire. Néanmoins, on peut changer de commandant en chef pour différentes raisons. Le général en chef, a à la fois la charge des opérations militaires mais aussi de l'organisation. Donc, on peut avoir des désaccords politiques avec l’exécutif, on peut avoir tout un tas de choses. Voilà. Mais l'histoire des guerres en est pleine. » À lire aussiUkraine: le chef d'état-major de l'armée Valery Zaloujny limogé En quittant son poste, le général Zaloujny retrouve donc sa liberté de parole et pour le président Zelensky, avoir un rival qui ne soit plus soumis à un devoir de réserve, analyse Cyrille Bret, c'est un potentiel danger.« Si on prend un scénario favorable au président Zelensky, très bien, il aura de nouvelles idées, un nouveau commandement plus soumis nécessairement puisque la nomination est récente. Il aura éloigné son principal rival, le général Zaloujny et il pourra bénéficier d'un effet de surprise, voir également un capital de sympathie parmi les alliés. Il peut y avoir un autre scénario qui serait : une désorganisation provisoire des chaînes de commandement ukrainiennes. Cela pourrait aussi affaiblir son image en le montrant si peu sûr de son autorité qu'il ait besoin de se débarrasser d'un rival et ça peut le faire entrer dans une zone d'incertitude. Dans une période où les élections présidentielles auraient dû avoir lieu à l'automne dernier et où le président Zelensky fait face à des contraintes budgétaires, militaires, politiques également et de popularité qui peuvent s'aggraver dans l'année 2024 ». Le nouvel attelage Syrsky-Zelensky a pour objectif immédiat de résoudre l'un des problèmes majeurs de Kiev : conserver le soutien de l'Occident et trouver des munitions pour alimenter le front.À lire aussiUkraine: le gouvernement Zelensky introduit un projet de loi sur la mobilisation de nouveaux soldats
2/18/20242 minutes, 33 seconds
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Le porte-avions «Charles-de-Gaulle», fleuron de la marine française, à l'heure des défis navals

Le navire amiral de la flotte française a appareillé de Toulon il y a quelques jours après avoir passé près de neuf mois en réparation. Le porte-avions remonte en puissance avant un déploiement opérationnel, dans un contexte international tendu où les conflits se règlent désormais aussi au large. Embarquement à bord du navire en Méditerranée.
2/11/20242 minutes, 32 seconds
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Steadfast Defender 2024: l'Otan montre ses muscles

Pour l'Otan, 2024 sera l'année de Steadfast Defender. Soit le plus important exercice militaire jamais organisé sur le sol européen depuis quarante ans. L'Ukraine est brutalement venue rappeler aux Européens qu'un conflit avec la Russie est possible, et qu'il s'agit même d'un scénario crédible d'ici cinq à huit ans, a déclaré il y a quelques jours Boris Pistorius, ministre allemand de la Défense. L'Otan montre donc ses muscles, avec cet exercice militaire XXL. Le scénario retenu : faire face à un adversaire de taille équivalente. L'état-major de l'Otan l'énonce sans détours : « Nous nous tenons prêts à une attaque russe... ». La manœuvre : les troupes de l'Otan vont s'entraîner à rejoindre au plus vite le flanc est-européen, la Pologne et notamment les pays baltes. L'exercice se déroulera d'ailleurs autour de la mer Baltique, en Lituanie, Lettonie et Estonie.Un exercice qui a tout du « signalement stratégique » dit Guillaume Garnier, spécialiste de l'Otan à l'Institut français des relations internationales. « Tout exercice de cette ampleur implique nécessairement une dimension de signalement stratégique. C'est-à-dire qu'on dit quelque chose à l'adversaire potentiel. Steadfast Defender, c'est quand même 90 000 hommes qui vont être concernés par cet exercice. Exercice qui s'étale de février au mois de mai. Donc c'est une masse assez considérable. Pour vous donner un ordre de grandeur, l'édition précédente, en 2021, avait rassemblé 9 000 hommes. On est sur un exercice tout de même de grande ampleur et nécessairement, il y a du signalement stratégique, ce qui veut dire concrètement que l’on démontre à la Russie que nous sommes déterminés à défendre le continent européen le cas échéant », explique-t-il.Une logistique hors normesAvec Steadfast Defender, l'Otan va donc réviser ses gammes et sa capacité de projection, en déployant 90 000 soldats, cinquante navires de guerre et plus de 1 000 blindés. L'entrée des troupes américaines sur le sol européen se fera via les ports belges. De la logistique à grande échelle dans laquelle excelle l'US Army, indique Guillaume Garnier : « C'est aussi le point fort des armées américaines, cette compétence de projection stratégique, c’est-à-dire de mouvoir un grand ensemble de forces, d'unités aux quatre coins de la planète et avec la célérité requise. Ça permet aussi aux États-Unis de rappeler ce point-là, si besoin en était. À ce niveau-là de matériel, de compétences, de savoir-faire, il n’y a que les Américains, évidemment, qui peuvent se le permettre ».Une guerre de communicationEn réalité, cet exercice géant va chapeauter l'ensemble des entraînements prévus cette année par l'Otan, mais cette fois l'Alliance renoue avec les grandes manœuvres de la guerre froide. Le dernier d'une telle importance pour l'Otan était en 1988, soit un an seulement avant la chute du mur de Berlin. Moscou ne pourra donc pas rester inerte face à tel déploiement de forces à ses frontières, souligne Guillaume Garnier : « Ils répondront, au moins en termes de stratégie de communication, des messages qui sont délivrés par médias interposés. C'est quelque chose qui se planifie et qui est soigneusement calibré. Donc il y aura un narratif, un discours russe en réponse et au vu de l'ampleur de cet exercice, probablement qu'ils utiliseront la thématique de la provocation. Et nous, de notre côté, les alliés, il y aura également une stratégie de communication pour expliquer les buts de l'exercice, les attendus ».L'armée russe est aussi coutumière de ces exercices à grande échelle, désignés sous le nom de Zapad, ils ont lieu tous les quatre ans et le dernier en 2021 avait rassemblé 200 000 soldats. Mais une question reste en suspens, l'état-major russe a-t-il encore les moyens d'organiser de telles manœuvres, alors que l’essentiel de ses troupes fait la guerre en Ukraine ?À lire aussiL’Otan en dix questions
2/4/20242 minutes, 28 seconds
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La stratégie d’usure de l’Ukraine

Après l’échec de l’offensive terrestre à l’été dernier, l’Ukraine change de stratégie et fait preuve d’imagination pour desserrer l’étau russe. Ce mercredi, un missile Patriot ukrainien a abattu un Iliouchine 76 russe, et les forces ukrainiennes sont parvenues, en janvier, à détruire un nombre significatif d'avions à haute valeur ajoutée, réduisant ainsi la capacité de l'armée russe à lire le champ de bataille. C'est la stratégie d'usure de Kiev.  La ligne de front étant figée, Kiev cherche à mettre la Russie dans une position de déséquilibre. Après avoir écarté la menace de la flotte russe en mer Noire, l'objectif est désormais la maîtrise du ciel... Et elle passe par la Crimée... Ainsi ces quatre dernières semaines, des frappes massives ont éliminé, les radars au sol et les systèmes de défense sol air de la péninsule. Puis le 15 janvier, les forces ukrainiennes ont utilisé un système Patriot pour cibler deux appareils stratégiques russes qui pensaient voler en sécurité au-dessus de la mer d'Azov.Dans le collimateur : un illiouchine 22 de renseignement électronique ; il a été endommagé et un A50 Beriev de guet aérien, lui, a fini au fond de l'eau.L'A 50, c'est l'équivalent de l'AWACS pour l'Otan, souligne Philippe Gros de la Fondation pour la recherche stratégique : « Pourquoi un AWACS c'est important… car les Russes sont confrontés aux mêmes problèmes que tous les systèmes intégrés de défense anti-aériennes mondiaux, c'est-à-dire la difficulté à détecter les objets qui volent à très basse altitude, comme les missiles de croisière et les drones d'attaque. Ça signifie qu'il faut pouvoir avoir un surplomb et voir la ligne d’horizon. Et c'est à ça que servent les AWACS : à déjà gérer la bataille aérienne et à détecter les engins qui volent bas. Les Russes, devant les pertes qu'ils ont eues avec leurs radars au sol, ont peut être redéployés leur A 50 Beriev pour pouvoir combler ces gaps de détection.Certains envisagent le fait que les Ukrainiens aient presque mené une embuscade contre l’ A50. C'est en anticipant le fait que les Russes redéploient leurs AWACS plus à l'Ouest pour mieux couvrir la Crimée et donc de ce fait les Ukrainiens auraient quelque part fait une embuscade aérienne, anticipant ce redéploiement-là. »Les Ukrainiens appuient là où ça fait malSurtout l'A50 Beriev, avion rare et cher, a disparu avec tout son équipage hautement qualifié... Il y avait aussi à bord le général Oleg Pchela commandant de l'aviation à long rayon d'action.À lire aussiUkraine: ce que l'on sait de la perte de deux avions stratégiques russesUn rude coup porté à la Russie, dit Vincent Tourret, chercheur à l'Université de Montréal: « Les Ukrainiens appuient sur le point faible du dispositif russe. Les Russes ont toujours manqué d'ISR (renseignement, surveillance et reconnaissance), de moyens de reconnaissance, d'intelligence. Les Russes ont toujours eu beaucoup de vecteurs, beaucoup de missiles, de moyens de frappe de précision, mais ils ont toujours manqué de jumelles, d'une vision assez précise pour pouvoir les utiliser à leur pleine efficacité. Les Ukrainiens appuient donc là où ça fait vraiment mal. Ils les rendent aveugles en fait. Et c'est vraiment ça l'objectif recherché par les Ukrainiens en visant des avions de reconnaissance électronique et de commandements aériens. C'est tout le dispositif russe pour (frapper) L'Ukraine en profondeur qui est amputé de sa vision et de ses capacités de coordination. »L’aveuglement des forces russes et l'insécurité dans les airs permettent aux Ukrainiens de frapper loin... Le 21 janvier dernier des drones chargés d'explosifs ont ainsi bombardé le terminal d'Oust Louga sur la Baltique, où se trouvent les plus importantes infrastructures de gaz naturel liquéfié de Russie.Un missile Patriot à l’origine du crash de l’Il 76Le Conseil de sécurité de l'ONU s’est réuni jeudi 25 janvier en urgence à la demande de Moscou, qui accuse l'Ukraine d'avoir abattu mercredi un avion de transport militaire russe et tué tous ses passagers. La Russie affirme que les forces ukrainiennes ont lancé « deux missiles » issus « d'un système de défense antiaérien ». De source militaire française, c'est bien un missile Patriot qui a abattu l'Iliouchine 76... Pourtant dans la doctrine, le système Patriot est fixe et destiné à la protection des villes.Mais les Ukrainiens l'ont rendu mobile. En tout cas un système, qu'ils déplacent au plus près de la ligne de front... pour tendre des embuscades. Et pour rester discrets les experts estiment que pour ne pas dévoiler la position du Patriot les Ukrainiens n'allument pas son radar, bien trop signant.Ils utilisent probablement celui d'un système de facture russe S300, placé à distance : ce dernier illumine la cible qui est ensuite détruite par un missile d'interception Patriot.La méthode n'est pas orthodoxe mais elle se révèle redoutable. Fin décembre les Ukrainiens ont ainsi, en quelques minutes, envoyé au tapis cinq avions de chasse SU34 et SU30, et le 15 janvier l’A50 Beriev, avion de guet aérien stratégique, fut à son tour foudroyé.À chaque fois des cibles à haute valeur ajoutée, c'est la stratégie d'usure ukrainienne contre la Russie.
1/28/20242 minutes, 35 seconds
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La France prend la tête d’une coalition Artillerie pour l’Ukraine

Jeudi 18 janvier à Paris, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a donné le coup d’envoi d’une coalition artillerie pour l’Ukraine. L’objectif de cette entreprise, pilotée par Paris, est de parvenir cette année à fournir plus de 70 canons Caesar à Kiev, soit la totalité de la production de l’industriel français Nexter-KNDS. Depuis des mois, l’armée ukrainienne réclame une plus grande puissance de feu et plébiscite le canon français Caesar. Ils en possèdent déjà quarante-neuf. Paris bat donc le rappel pour former cette coalition Artillerie avec pour objectif, dit le général Nicolas Le Nen, chef de la Task Force Ukraine, au ministère des Armées, d’une logique de cession de matériel à une logique de production : « L'objectif, c'est bien ça, c'est de contribuer à l'effort de guerre ukrainien pour que l'Ukraine soit capable de se battre. Dans une guerre qui va durer et dont le facteur stratégique numéro un, c'est le facteur temps, celui qui gagnera, ce sera celui qui sera le plus endurant. Et les coalitions capacitaires, c'est l'organisation des pays occidentaux pour inscrire cette guerre dans la durée et permettre au facteur temps de jouer en faveur du camp ukrainien, donc de notre camp. » 78 canons à livrer en 2024L’ambition est donc de livrer 78 canons Caesar, c’est-à-dire tous les canons qui, cette année, sortiront des ateliers de l’industriel Nexter.Kiev met la main à la poche et en a commandé six. Il reste à financer le solde. Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a fait ses comptes : « J'ai annoncé que nous nous débloquons cinquante millions d'euros sur le Fonds de soutien d'aide à l'Ukraine, ce qui permet de financer douze canons Caesar, plus les six Ukrainiens, ça fait déjà dix-huit. Et donc évidemment, il en reste soixante désormais à financer pour une somme de 280 millions d'euros en tout. Je fais donc cette proposition à nos partenaires allemands, britanniques, américains de venir, à la mesure de leurs moyens, compléter ce plan de financement, ce qui nous permettra de lancer la production, mais surtout (la) livraison de ces canons Caesar ».À lire aussiAide militaire européenne à l'Ukraine: une «coalition artillerie» et des canons français Caesar pour soutenir l'effort de guerrePartager la facture avec les alliésLes vingt-trois pays qui participent à la coalition vont donc devoir partager la facture… Mais Paris joue gros puisque dans le cadre de l’économie de guerre souhaitée par l’exécutif, Nexter a multiplié par trois sa production du Caesar. Si les livraisons ne suivent pas, l’équation industrielle risque d’être bien compliquée estime Léo Péria-Peigné, expert armement à l’Ifri, l'Institut français des relations internationales. « La France vient de prélever 50 millions d’euros sur le fonds d'aide à l'Ukraine ; ce sont des budgets qui étaient déjà fléchés pour acheter 12 Caesar à Nexter, après avoir demandé à Nexter d'augmenter ses capacités de production pour ensuite dire à ses partenaires de la cohésion artillerie : vous achèterez bien le reste pour le donner à l'Ukraine !Est-ce que cette annonce, a été concertée avec nos partenaires ? Est-ce que ce n’est pas encore une fois la France qui fait une annonce dans son coin, qui met tout le monde au pied du mur et qui attend que les autres obtempèrent ? Ça a été fait par le passé, ça nous a valu des récriminations assez importantes. Et demander à d'autres acteurs qui, potentiellement, produisent aussi des équivalents du Caesar, d'acheter du Caesar, parce que dans la coalition, j'ai peur que ce soit mal reçu. » La coalition Artillerie ne fait que débuter. C’est un véritable pari, mais un pari qui engage la crédibilité du camp occidental.À écouter aussi«Coalition artillerie» pour l'Ukraine: «Les canons d’artillerie sont l’arme de la bataille actuelle»
1/21/20242 minutes, 46 seconds
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«Prosperity Guardian» se déploie en mer Rouge après les frappes contre les Houthis

Le 12 janvier, les États-Unis et le Royaume-Uni sont passés à l'action. Ils ont bombardé les positions houthies au Yémen après la plus importante attaque contre le trafic maritime en mer Rouge menée en début de semaine. On dénombre près de 30 attaques des Houthis contre des bâtiments de commerce depuis le 7 octobre. Pour rétablir la liberté de navigation, les États-Unis ont mis en place une coalition internationale en décembre. La France est aux côtés de Washington dans cette opération nommée Prosperity Guardian. L'US Centcom, le centre de commandement américain au Moyen-Orient, précise que cent munitions guidées ont été tirées contre seize positions tenues par les rebelles Houthis, le vendredi 12 janvier, tôt dans la nuit. Les cibles sont des postes de commandement, des pistes utilisées pour lancer des drones, des radars, des dépôts de munitions et des sites de fabrication d’armes.Des frappes ont été également menées par des avions de chasse embarqués F-18 de l'US Navy et des Eurofighter Typhoon britanniques basés à Chypre. « Des frappes ciblées qui sont un message clair indiquant que les États-Unis et leurs partenaires ne tolèreront plus d'attaques mettant en péril la liberté de navigation dans la région », a fait valoir le président américain Joe Biden.Reste désormais à savoir quel sera l'impact de ce raid sur l'arsenal des Houthis. Le commandant des forces françaises dans l'océan Indien, l'amiral Emmanuel Slaars, indiquait le 11 janvier aux journalistes de défense qu'il était extrêmement difficile de l'évaluer. Outre les drones kamikazes et de ciblage, les rebelles Houthis peuvent compter sur des missiles conçus et fournis en grand nombre par l'Iran, sans plus de précision quant à leur nombre précis.Si une grande partie de cet arsenal peut être qualifié de low cost, dont la valeur unitaire, à l’instar des drones kamikazes, n’excède pas quelques centaines d’euros, l’usage des missiles Aster-15 pour les détruire est justifié, assure l’amiral Slaars : « L'idée d'analyser les choses uniquement par le rapport de coût de ce que l'on détruit et de ce que l'on utilise pour détruire, je pense que l'analyse est un peu courte. Déjà, les chiffres qui ont été donnés sur la valeur des drones sont partiellement inexacts, car certains drones sont assez sophistiqués, notamment ceux utilisés par les Houthis pour repérer les bateaux. Ce qui est important de retenir aussi, c'est que certains de ces drones sont là pour faire du ciblage. Être capable de détruire ce drone, c'est finalement anticiper une frappe beaucoup plus létale et critique que celle d'un drone kamikaze. Et au-delà de ça, il faut aussi intégrer le fait que le coût à prendre en compte n'est pas que le coût du missile que l'on utilise, mais également le coût de ce que l'on protège. Il s'agit de protéger nos marins qui sont en mer, leur bateau. Puisque très clairement sur les attaques du 9 et du 11 décembre, il n'y a aucun doute sur le fait que la Languedoc était visée. Donc comparer uniquement les coûts à l'aune de ce que l'on dépense est un peu court. »Dans Prosperity Guardian sans y êtreOutre les frappes, la réponse de la communauté internationale s’articule autour d’une coalition navale, Prosperity Guardian (« Gardien de la Prospérité », en français), initiée par Washington le 18 décembre dernier. Cette coalition repose essentiellement sur un groupe aéronaval américain constitué du porte-avions Eisenhower et de plusieurs destroyers dont un britannique, le HMS Diamond. La marine nationale a engagé un bâtiment dans cette opération : la frégate de premier rang Languedoc. Présente en mer Rouge depuis le 8 décembre dernier, elle a déjà, à trois reprises, utilisé ses missiles Aster-15 pour parer des attaques houthies.Le bâtiment français patrouille donc avec les alliés, mais pas tout le temps, nuance l’amiral Emmanuel Slaars : « À tout moment, la Languedoc est placée sous mon commandement. Elle fait deux types d'actions : la première, c'est de faire des accompagnements de bâtiments qui sont sous pavillon français ou d'intérêt français. Lorsqu'elle ne fait pas ça, je décide de l'assigner à patrouiller dans un effort réparti avec les autres bâtiments qui sont engagés dans l'opération Prosperity Guardian. Toute la partie où l'on assure les accompagnements des bâtiments français, ça n'a rien à voir avec Prosperity Guardian. Et à d'autres moments, parce qu'il est utile de prendre position en face des zones à partir desquelles les Houthis mettent en œuvre leurs engins, on se répartit l'effort. C'est Prosperity Guardian qui distribue les zones de patrouille. Mais à tout moment, le bâtiment reste sous mon commandement et je peux lui assigner des tâches sans aucun État d'âme. » La France est donc dans l'opération Prosperity Guardian mais sans y être à temps plein.À lire aussiPourquoi la Chine ne rejoint pas la coalition américaine en mer Rouge?Une guérilla navale bien rodéeLa menace Houthi ne faiblit pas et commence à peser lourd sur le trafic maritime mondial. Il a baissé de 22% depuis un mois en mer Rouge. Quant aux polices d’assurance des armateurs, elles flambent et accusent une augmentation de 100%. Plus que les Supertankers (les pétroliers géants) ce sont surtout les portes containers qui sont la cible des rebelles Houthis. Épaulés par l’Iran, ils sont aujourd’hui à même d’élaborer des stratégies complexes, mêlant drones d’observations et missiles.Ainsi, dans la nuit du 9 au 10 janvier, les forces navales britanniques et américaines ont déjoué la plus importante attaque Houthis en mer Rouge. « Dix-huit drones et trois missiles ont été abattus, dans le cadre d'une attaque complexe », indique la marine américaine. Cette 26e attaque visant le trafic maritime commercial marque une escalade des tensions dans cette zone stratégique. Jamais les rebelles Houthis n'avaient organisé une attaque combinée d'une telle ampleur, avec 18 drones kamikazes, deux missiles de croisière anti-navire et un missile balistique antinavire. Les drones et les missiles ont été abattus par des avions de combat déployés depuis le porte-avions américain Eisenhower. Mais la réponse a également impliqué trois destroyers de l'US Navy.Cette nuit-là, la frégate Languedoc patrouillait dans une autre zone de la mer Rouge, mais Alindien, le commandement de la marine pour cette zone, a décortiqué la stratégie mise en place par les Houthis. Emmanuel Slaars en tire le retour d’expérience suivant :« Leur mode d'action est de chercher à arrêter ces bateaux pour en prendre le contrôle plus facilement, comme le font les pirates. Ou alors plus simplement d'arrêter ces bateaux pour chercher à les couler. Comment font-ils ? D'abord, ils localisent leur proie avec des drones qui sont assez sophistiqués, des drones d'observation. Ensuite, ils émettent des injonctions par radio, et enfin ils tentent de frapper ces bateaux avec des drones suicides, mais aussi avec des missiles anti-navires qui eux sont nettement plus sophistiqués. Donc des moyens qui sont difficilement efficaces face à des cibles mobiles. D'où l'intérêt pour les Houthis de chercher dans un premier temps à arrêter ou à ralentir les bateaux. Les Houthis déclarent s'en prendre aux intérêts israéliens, mais ils commettent beaucoup d'erreurs, précise encore l'Amiral Slaars et font même preuve « d'irrationalité dans leur ciblage ».Ciblages qui semblent aussi relever de leur principal soutien à l'Iran, qui dispose en permanence d'un navire de guerre en mer Rouge.À lire aussiFrappes au Yémen: attention aux images d’explosions détournées
1/14/20242 minutes, 28 seconds
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Le port d’Alexandroúpoli, l’atout grec de l’Otan

Le port grec d’Alexandroúpoli situé sur la mer de Thrace est en passe de bousculer la carte géopolitique du sud de l’Europe… Ce port en eau profonde offre une alternative à la fermeture des détroits du Bosphore par la Turquie. Ce fut l’une des conséquences immédiates de l’invasion de l’Ukraine par la Russie : conformément à la convention de Montreux, la Turquie, le 24 février 2022 a fermé à tout trafic maritime militaire les détroits vers la mer Noire. Alexandroupoli, situé à proximité du détroit des Dardanelles, est alors apparu comme une alternative au passage du Bosphore. C"est une autre porte d’entrée vers la Bulgarie toute proche, puis la Roumanie, et enfin l’Ukraine que l’on peut atteindre en quelques jours.Sécuriser les flux logistiques, c’est le nerf de la guerre, et Alexandroupoli offre un accès stratégique au cœur du vieux continent, assure le géopolitologue Florent Parmentier : « Le renseignement vous dit ce qu'il faut faire, la stratégie vous dit comment on va le faire et la logistique vous dit si vous pouvez le faire ou pas. Et donc cette possibilité de rapprochement régional à travers le port d'Alexandroupoli, ça montre en fait tout l'intérêt de la logistique. Étant entendu par ailleurs qu’il y a un certain nombre de difficultés aujourd'hui que l'on observe à la frontière terrestre avec l'Ukraine… Que ce soit dans ses relations avec la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie, on voit que ces différents pays de la région, plutôt au nord et à l'ouest de l'Ukraine, sont dans une situation où ils sont peut-être plus exigeants par rapport à ce qui passe par leurs frontières. Et donc l'idée, c'est de ne pas dépendre seulement de cette route terrestre, c'est tout simplement de permettre également, à travers Alexandroupoli, d'avoir quelque chose à dire en matière de transport d'armes, de troupes et donc in fine de la logistique qui s'impose comme une dimension essentielle de la guerre. »AtoutLe port grec, jusque-là méconnu, fait de l’ombre à la Turquie. Il est même devenu un atout de taille dans le bras de fer que se livrent depuis des années Athènes et Ankara en Méditerranée orientale. « La Turquie est jalouse en quelque sorte de son mandat de protectrice, de garante de la sécurité des détroits, mais la Turquie ne peut pas s'opposer frontalement à la transformation d’Alexandroupoli, explique Florent Parmentier. Ce qui fait que cela donne certainement dans les relations difficiles qui ont existé pendant longtemps entre la Grèce et la Turquie, peut-être un avantage pour la Grèce. Cet atout pourrait même être un prélude à une forme de détente qu'on peut commencer à voir sur des petits arrangements régionaux qui existent aujourd'hui entre le Premier ministre grec et le président turc. »La France, à la tête du bataillon multinational de l’Otan déployé en Roumanie, s’intéresse de près aux installations portuaires d’Alexandroupoli, tout comme les États-Unis qui y voient un poste avancé idéal pour acheminer du matériel militaire sur les arrières ukrainiens. Alexandroupoli, chef-lieu de la province de l’Éros, jusque-là méconnu, est en passe de devenir une véritable plaque tournante occidentale et otanienne pour convoyer des armes et des hommes vers les bords de la mer Noire, sans ne plus avoir à dépendre du turbulent voisin turc.À lire aussiÀ la Une: la Grèce et la Turquie enterrent la hache de guerre... vraiment?
1/7/20242 minutes, 29 seconds
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Armée de terre: un commandement pour l'Europe [Rediffusion]

Lundi 16 octobre 2023, l’armée de terre a créé un poste de commandement « Terre Europe ». Aux ordres du général Toujouse, cette entité a pour vocation de superviser toutes les opérations aéroterrestres sur le continent. Un révélateur du recentrage de l’armée de terre française. [Rediffusion de la chronique Lignes de défense du 22 octobre 2023] C’est l’un des effets du conflit ukrainien. Le retour de la guerre en Europe, bouleverse les priorités et l’organisation de l’armée de terre française. Bertrand Toujouse, ancien commandant des forces spéciales, est le premier général à occuper ces nouvelles fonctions, qui doivent permettre à l’armée de terre de réagir plus vite avec les alliés, en cas de crise.Le commandement pour les opérations aéroterrestres en Europe (CTE) s’installe à Lille, près du commandement des forces terrestres.« Avec le CTE, nous changeons de modèle et d’échelle, souligne le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de terre. C’est clairement un complément que nous avons apporté, qui est apparu d'autant plus important que nous avons augmenté le nombre et le niveau des forces que nous déployons en Europe, avec notre bataillon en Roumanie, nos compagnies qui sont en Estonie et puis les forces que nous avons en Pologne et qui forment les Ukrainiens. Compte tenu de ces déploiements accrus, il nous est apparu indispensable, d'avoir un commandement qui soit capable de commander le déplacement des unités entre le moment où elles quittent leur garnison jusqu'au moment où elles se déploient sur les zones d'opération avant d'être formellement placée sous les ordres de l'Otan ou d'une coalition au sein de laquelle elles seraient engagées. Et par ailleurs, nous conservons un certain nombre de responsabilités nationales, notamment de soutien logistique. C'est vraiment pour assurer la coordination et le commandement de l'ensemble de ces responsabilités que nous avons mis sur pied ce commandement. »Défense collectiveLe CTE sera placé sous les ordres du Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), qui dirige toutes les opérations militaires. Le CTE servira d’interface avec l’Otan, mais aussi l’Union européenne, au niveau opératif, entre le niveau stratégique et celui du champ de bataille. Un modèle d’organisation bien connu de l’armée de l’air et de la marine qui l’ont mis en place depuis longtemps.En revanche, l’armée de terre accusait un certain retard, dans le combat en coalition. C’est un recentrage, martèle le général Schill : « C’est avant tout un retour marqué et assumé sur les questions de la défense collective. Et la défense collective, c'est en Europe. Il est clair que la probabilité qu'un conflit dure ou qu'en tout cas une situation implique le déclenchement des mécanismes de la défense collective a cru en termes de probabilité au cours des dernières années. Donc, nous devons davantage nous préparer à ces occurrences, alors qu'il est clair également qu’au cours des dernières décennies, nous avions plutôt mis la priorité sur le profilage de l'armée de terre pour s'engager au mieux dans les opérations de gestion de crise plus loin. »Alors que la France a engagé son retrait du Niger, la création du commandement « Terre Europe », illustre la bascule des priorités militaires de l’Afrique vers le Vieux continent.À lire aussiUkraine: les formations militaires occidentales, un dispositif pas toujours adapté
12/31/20232 minutes, 28 seconds
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Le char de combat, le fer-de-lance de l'armée israélienne

Dans la bande Gaza, le déploiement de l'infanterie israélienne est systématiquement appuyé par les chars de combat Merkava. Les États-Unis ont d'ailleurs approuvé « d'urgence » la vente à Israël de près de 14 000 obus équipant ces blindés lourds. Jamais depuis la création d’Israël, les forces armées de l’État hébreu n’ont conçu une opération sans chars de combat. Le Merkava aujourd’hui de 5e génération, fabriqué à plusieurs centaines d’unités est depuis le 7 octobre dernier, le fer-de-lance de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, souligne Marc Chassillan spécialiste des blindés.« Quel que soit l’ennemi, quel que soit le terrain et quelles que soient les circonstances, l’armée israélienne déploie des chars, ça fait partie de leur corpus doctrinal », explique-t-il. « Les chars sont quasiment une deuxième religion après le judaïsme en Israël. C’est un objet de vénération et c’est un objet de perfectionnement et d’investissement constant et continu, depuis 50 ans. On peut trouver curieux ou inapproprié l’engagement de chars dans les zones urbaines, mais ce n’est pas l’apanage de l’armée israélienne, toutes les armées du monde depuis le début de l’utilisation des chars ont employé les chars en zone urbaine. » Les chariots de feu de l’armée israélienneDe par sa géographie, et les contraintes pesant sur l’armée d’un pays de moins de 10 millions d’habitants et seulement 22 000 km2, le développement de la cavalerie israélienne a suivi un schéma assez singulier. Quand dans les années 1970-1980, les Occidentaux penchaient pour une stratégie basée sur l’avance technologique et la rapidité d’action avec une forte intégration des moyens, terrestres, aériens, et maritimes, l’armée israélienne a eu une approche moins novatrice et très pragmatique.Pour bien comprendre la genèse du Merkava, il convient de rappeler deux points importants. Tout d’abord, Israël a toujours connu un état de belligérance, plus ou moins marqué, avec ces voisins arabes. Cela s’est traduit par des escarmouches régulières, une guerre d’usure, ou des conflits de haute intensité sur des durées plus ou moins longues. Deuxième point, il suffit pour s’en convaincre de regarder une carte- dans le domaine de la géographie physique, Israël n’a pas de profondeur stratégique.Cela ne veut pas dire que l’armée israélienne ne manœuvre pas (elle l’a prouvé dans le Sinaï, et sur les hauteurs du Golan, particulièrement en 1973 et surtout lors de la guerre éclair de 1967), mais cela a conduit à une utilisation plus « défensive » de l’armée blindée de cavalerie par rapport à ce qu’on peut connaître ailleurs. Si le char reste une arme dite de « mêlée », les stratèges israéliens ont toujours gardé en tête l’infériorité numérique – en hommes et en matériels – de leur armée vis-à-vis des forces terrestres arabes, mais aussi le fait qu’ils pourraient bénéficier assez rapidement de la maîtrise du ciel au-dessus du champ de bataille. Pour schématiser, le char n’est donc pas déterminant pour l’emporter, mais en revanche il constitue un rempart, et/ou un outil capable de repousser l’adversaire loin des frontières. C’est en partie cette philosophie qui a conduit au dessin du premier Merkava au milieu des années 1970.Un tank conçu dans l’urgencePetit rappel historique. Israël a longtemps utilisé des chars britanniques et américains, Centurion ou Patton. Après la guerre des Six Jours en 1967, la France et le Royaume-Uni ont décrété des embargos sur les armes à destination d’Israël. L’industrie israélienne en a été réduite à modifier quelques vieux tanks (remotorisation et adaptation de canons), et à passer commande de qui était alors disponible et autorisé à l’exportation par les États-Unis. Israël se lança même dans le rééquipement de vieux chars d’origine soviétique T-54 capturés à l’ennemi.Ceci étant, il restait encore un pas important à franchir pour concevoir un char de fabrication nationale. Afin de contourner les embargos internationaux, et prenant en compte les limites de sa propre industrie de défense, Israël se tourna alors vers l’Afrique du Sud, pour se procurer les aciers nécessaires à la fabrication du blindage (de 20 mm d’acier à 300 mm de matériaux composites selon les versions et les éléments à protéger comme la tourelle). Pour le reste, Israël se débrouilla, pour acheter, copier, ou produire des éléments et des pièces détachées déjà utilisés à l’étranger. Ce fut le cas entre autres de la motorisation, des chenilles, de la transmission ou de la suspension des premiers Merkava. Suivant le même schéma, dans le secteur aéronautique, les Mirages III et V d’origine française furent progressivement transformés en Nesher, et Kfir assemblés et produits en Israël.  Les sapeurs et leurs charsLe pion tactique de l’armée israélienne à l’œuvre à Gaza est composé d’un binôme infanterie-sapeurs du génie, protégés par les tanks, mais la pointe de la flèche, insiste Marc Chassillan se sont les sapeurs et leurs chars.« Les sapeurs du génie sont finalement quasiment quelquefois les éléments précurseurs dans certaines zones de Gaza. C’est d’abord le génie d’assaut, donc appuyé par les chars et protégé par l’infanterie qui se charge d’ouvrir ce qu’on appelle les itinéraires », indique-t-il. « Ils disposent pour ça de bulldozer Caterpillar D9 sûr blindé. Ils ont aussi des engins qu’on appelle les Pumas, qui sont en fait des châssis de chars qui ont été détourellés et qui ont été couverts de blindage et qui abritent une équipe de sapeurs d’assaut avec un certain nombre de matériels et d’outils pour en fait percer les murs, ouvrir les portes, dégager les obstacles, déminer… Le rôle des sapeurs du génie est absolument essentiel. » 30 à 40 blindés détruitsMais avec leur masse de 70 tonnes, les Merkava peinent à manœuvrer dans un environnement urbain. Ils ne voient pas grand-chose non plus de leur environnement immédiat et sont par conséquent vulnérables à courte distance aux tirs de missiles antichars et les pertes s’accumulent :« Depuis le 7 octobre, ils auraient perdu entre 30 et 40 blindés, mais tous types confondus, il n’y a pas que des chars de combat », dit Marc Chassillan, « Il y a aussi des véhicules de transport de troupes, il y a des engins du génie et un peu de tout sachant que le 7 octobre ils en ont perdu beaucoup puisque quand le Hamas a attaqué le 7 octobre, ils ont en particulier pris une caserne qui se trouvait à l’entrée nord de la bande de Gaza. C’est en fait la caserne qui garde un peu les portes d’entrée vers Gaza, et ils ont saboté, détruit beaucoup de véhicules qui étaient sur les parkings. » Le Merkava au combatSi le Merkava est devenu au fil du temps, un char « iconique », il faut garder en tête que la saga du tank israélien s’est écrite au fil de temps, et que même si le nom a été conservé, le Merkava I, n’a plus grand-chose à voir en termes de performances avec le Merkava V en cours d’introduction dans l’armée israélienne.Dès 1982 Israël a perdu ses premiers Merkava au combat au Liban. Ce très lourd char de combat découvre les difficultés du combat en milieu urbain, mais enregistre aussi des succès contre des chars d’origine soviétiques employés par les Syriens. Ceci étant à l’époque, le fleuron de la cavalerie israélienne vient tout juste d’entrer en service et pour l’essentiel ce sont des tanks plus anciens qui sont déployés. Au fil des engagements, le Merkava va se forger une réputation de quasi-invincibilité, jusqu’à la guerre de 2006 contre le Hezbollah ou l’armée israélienne va enregistrer de lourdes pertes. Sur le plan technique : « Le Merkava était réputé être l’un des meilleurs au monde […], mais 52 d’entre eux (33 Mk2/3, 19 Mk4) ont été mis hors de combat par les tirs de missiles antichars et 3 autres détruits par des mines artisanales IED », peut-on lire dans un rapport cité par l’IFRI après la guerre.À l’époque on a beaucoup dit que le char était mal protégé sur la partie arrière, mais en réalité, cette faiblesse était connue depuis longtemps, et c’est surtout la tactique du mouvement armée chiite libanais combiné à l’emploi en masse, de missiles anti-char modernes qui a porté ses fruits. Les dernières vidéos, du Hamas publié à Gaza en 2023, prouvent d’ailleurs qu’à leur tour, les miliciens du Hamas tentent d’utiliser les mêmes techniques, allant jusqu’à déposer des charges « à la main » sous les tourelles des chars israéliens.Ceci étant, il semble que de nombreux projectiles employés par le Hamas soient d’origine artisanale, fabriqués localement dans la bande de Gaza. Ils n’auraient donc pas la même efficacité que des ATGM modernes industrialisés comme les Kornet (code OTAN : AT-14) d’origine russe, mais produits sous licence en Iran. On a pu s’étonner aussi de voir les Merkava dépourvus de blindages réactifs, remplacés en partie par le système de protection active (APS) « Trophy » destiné à barrer la route aux projectiles adverses en les détruisant avant l’impact.À l’épreuve dans la bande de Gaza Au début du conflit, on a pu s’étonner de voir très peu de fantassins israéliens « débarqués », laissant les tireurs du Hamas se rapprocher très près des blindés. De petites charges ont également été larguées par drones du Hamas, sur les tanks israéliens, sans – semble-t-il – inquiéter les équipages placés sous blindage.Toutefois des grilles anti-drone monté au-dessus de la tourelle ont fait leur apparition. On peut penser qu’elles servent à protéger les équipements de visée montés sur la partie haute, ou un soldat qui s’exposerait en utilisant la mitrailleuse de 7,62 montée sur le toit. Il est évident enfin qu’en milieu urbain, la vitesse de pointe n’est plus déterminante (64 km/h pour la version IV en rase-campagne), là où la protection particulièrement des tirs venant du haut (depuis les immeubles) ou des charges artisanales (IED) enfouies dans le sol le devient… Historiquement on a toujours admis que les Merkava étaient sous-motorisés (1500 chevaux pour la version IV). À ce niveau on a souvent lu que l’emplacement du moteur à l’avant, si caractéristique sur le Merkava était un élément de protection majeur. Cela est vrai en cas de combat en face à face, mais beaucoup moins contre des éléments de guérilla très mobiles qui peuvent surgir dans tous les secteurs.Pour conclure, on pourrait dire qu’Israël a conçu le Merkava « sur mesure ». Au départ c’était une solution par défaut qui, petit à petit, a intégré de nombreuses innovations liées à l’environnement dans lequel ces machines doivent être employées. Exemple éclairant, Israël n’hésite pas à « embosser » ses chars comme disent les militaires. C’est-à-dire les utiliser en positions statiques derrière un remblai lors de longue phase d’observation des lignes adverses. L’écoutille placée à l’arrière trouve là, son utilité. Elle permet de recharger sans s’exposer pour faire passer les obus. Contrairement à une idée communément répandue, elle ne sert pas à faire monter des fantassins à bord (à l’exception des Merkavas modifiés pour les sapeurs du génie). Un blessé en position horizontale pourrait toutefois passer par cette ouverture, à condition de lui faire de la place au milieu du chargement d’obus.
12/24/20232 minutes, 33 seconds
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La très stratégique base française de Djibouti

Les ministres français des Armées et des Affaires étrangères se sont rendus, jeudi 14 décembre, à Djibouti, pays à la position stratégique entre l'océan Indien et la mer Rouge, pour négocier le renouvellement des accords de défense entre les deux pays. Cette zone connaît ces dernières semaines une tension croissante avec la multiplication d'attaques des rebelles houthis en mer Rouge. Disposer d'un point d'ancrage dans la région est - par conséquent - essentiel pour les armées françaises. La Corne de l'Afrique, Djibouti point d'entrée en mer Rouge, face au détroit de Bab-el-Mandeb, là où transite une grande partie du commerce et des approvisionnements énergétiques mondiaux... Depuis son indépendance en 1977, le pays accueille la plus grande base française en Afrique : 1 500 hommes, des capacités terrestres, aériennes et bien sûr navales, un « porte-avions » naturel, un point d'appui unique, où l'amiral Alain Coldefy ancien « pacha » du groupe aéronaval français a souvent fait escale : « C’est une base totalement stratégique. Après les guerres du Golfe, les Américains sont arrivés en force au camp Lemonnier et les Chinois, bien sûr, sont arrivés derrière. Donc, actuellement, Djibouti, c'est une base américaine, chinoise et française, mais c’est une base historiquement française. Aujourd’hui, on est passé un petit peu en deuxième rideau, on n'est plus la force militaire dominante. Il y a quelques années, il y avait encore la 13e demi-brigade de la Légion étrangère, mais aussi des frégates basées en permanence. Néanmoins, il reste une capacité d'entretien des bateaux de passage, des bonnes capacités de maintenance, des ateliers spécialisés, un soutien logistique qui permet aux forces qui sont déployées, en particulier dans le golfe arabo-persique, de venir se régénérer lors de relâches opérationnelles. Donc ça reste un point d'appui avancé. »À lire aussiDjibouti: l'avenir de la base militaire française au centre de la visite de Lecornu et ColonnaBase d’Abu DhabiMais Djibouti n'est plus le seul point d'appui français dans cette région, car depuis quelques années une seconde base navale a vu le jour dans le golfe Persique. La base d’Abu Dhabi fait aujourd’hui de l'ombre à celle de Djibouti. Mais Djibouti qu'il ne faut pas négliger pour autant, pointe Vincent Groizeleau rédacteur en chef de Mer et marine : « Depuis la fin des années 2000, il y a la base navale d'Abu Dhabi et finalement, c'est plutôt de là-bas maintenant qu’opèrent les bâtiments français. L'état-major, qu'on appelait Alindien (dans la Marine nationale française, l'acronyme Alindien désigne l'amiral commandant de la zone maritime de l'océan Indien) qui longtemps est resté sur un bâtiment, qui était un état-major de la Marine itinérant et qui se chargeait donc de toute cette région maintenant, est installé à Abu Dhabi. Pour autant, effectivement, Djibouti, les escales y sont encore régulières et ça reste un point d’appui important. Ne serait-ce que parce qu'en cas de conflit avec l'Iran, le golfe sera fermé. Le détroit d'Ormuz sera très compliqué à franchir et donc il faut effectivement conserver un point d'appui extérieur au golfe Persique pour pouvoir intervenir en toute liberté, sachant que les autres possessions françaises, les autres territoires français, sont beaucoup plus au sud, c'est-à-dire à La Réunion et à Mayotte. Djibouti reste quelque chose de stratégique. »D'autant plus stratégique, que les rebelles houthis qui disent agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza, prennent pour cible tous les navires de commerces qui transitent au large du Yémen à destination d'Israël. À trois reprises cette semaine, la frégate Languedoc a fait feu contre leurs drones, et c'est justement dans la base navale de Djibouti que ce bâtiment de la Marine devrait faire relâche et y recompléter ses munitions.
12/17/20233 minutes, 3 seconds
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Le chasseur «Rafale», cœur battant de Dassault aviation

Le Rafale, emblématique avion de chasse de l'armée de l'air française, est encore là pour trente ans ou plus, assure Eric Trappier, le patron de Dassault aviation. Mardi 5 décembre dernier, devant l'Association des journalistes de défense (AJD), Éric Trappier a défendu le programme Rafale, il a aussi précisé sa vision de l'avion du futur et des craintes qui sont les siennes pour cet appareil de sixième génération, co-produit avec l'Allemagne. Premier message d'Eric Trappier : le Rafale demeure le cœur battant de Dassault. Avion de chasse dont il a longtemps été dit qu'il était invendable... Aujourd'hui, près de 500 avions ont été fabriqués, dont 243 vendus à l'étranger : « J'ai arrêté de compter » plaisante le patron de Dassault, car en cette fin d'année, l'avionneur a encore plusieurs fers au feu. Un contrat de 26 Rafale marine en passe d'être signé avec l'Inde, une nouvelle tranche de 18 appareils pour l'Indonésie et peut-être même un méga contrat en vue avec l'Arabie Saoudite, ce serait une première pour ce pays qui a toujours acheté des appareils américains ou britanniques. Le Rafale, c'est une success story, mais il a fallu s'accrocher, assure Eric Trappier : « Il faut être tenace quand on pense avoir raison, c'est compliqué d'avoir raison avant tout le monde. Je pense que le Rafale a été en avance sur son temps. Serge Dassault s'est battu comme un lion pour dire que cet avion était un bon avion et qu'il se vendrait un petit peu partout. Tous les ingénieurs qui ont travaillé sur le Rafale avaient vu juste. »Succès pour le Rafale...En 2024, trois avions sortiront chaque mois de l'usine de Mérignac, et le carnet de commande affiche plein pour dix ans. Sans export, pas de Rafale, car exception faite de la Grèce et de la Croatie, le chasseur ne s'est guère vendu en Europe, déplore Eric Trappier : « 80% des achats en Europe ne sont pas Européens, 80% ! Donc c'est la solution de facilité : j'achète aux Américains et en contrepartie, ils sont là et ils protègent. Vous voyez les budgets qui sont mobilisés quand même dans le domaine de la défense en Europe. Donc si la Commission européenne pouvait faire une préférence européenne, vous savez, ça fait à peu près 20 ans que je pousse l’idée, ça serait pas mal, car nous ne sommes pas encore dans la défense européenne, on en est loin. »Difficultés avec le ScafLe Scaf, l'avion du futur, est co-produit avec l'Allemagne. Ce qui fait débat, c'est la garantie de pouvoir justement exporter l’appareil. Car l'actuel refus du Bundestag, le Parlement allemand, de vendre des Eurofighter à l'Arabie saoudite pose problème. Éric Trappier ne veut pas s'engager dans ce qui pourrait devenir une impasse commerciale : « Ça pose en fait la question de la garantie donnée par les Allemands, si un jour il y avait un avion de combat franco-allemand, qu'on puisse l'exporter dans les pays qui sont nos pays traditionnels. Car il faut avoir l'accord de ceux qui sont autour de la table pour arriver à exporter ou sinon ils bloquent. Donc il y a des mécanismes qui ont été définis pour dire si on fait une coopération, on s'engage à ne pas bloquer. Il faut juste y croire ! Est-ce que le Bundestag s'assure que ce qui a été défini aujourd'hui s'appliquera dans 20 ans ? Si aujourd’hui, ça n’a pas d’impact, ce pourrait être le sujet de demain ou d’après-demain ».Dans ce contexte où les européens, entre eux, ne se font pas de cadeau, Dassault semble vouloir à tout prix conserver son autonomie, ce qui, jusque-là, ne lui a pas trop mal réussi.À lire aussiDéfense: pourquoi l'Inde a choisi le chasseur Rafale français
12/10/20232 minutes, 32 seconds
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Ukraine: des chars Abrams américains face à l'armée russe

En Ukraine, les premiers chars Abrams américains ont été observés cette semaine non loin du front. C'est la première fois que ces puissants chars de combat, conçus pendant la Guerre froide, font face à l'armée russe en Europe. Tout indique que les blindés américains sont désormais prêts à entrer en action. Depuis l’été 2023, l’affaire du transfert vers l’Ukraine d’une trentaine de chars M1A1 Abrams a alimenté beaucoup de discussions sur les réseaux sociaux.Les premières photos ont vraisemblablement fuité ces derniers jours. À ce stade, elles sont rares. L’une est partie d’un compte X ukrainien et l’autre provient d’une chaîne Telegram pro-russe. Même si, comme le fait remarquer le quotidien Le Figaro, la végétation semble concorder avec ce que l’on peut trouver dans l’est de l’Ukraine en ce moment, la photo n’a pas été géolocalisée de source indépendante. D’ailleurs, peut-être faudra-t-il attendre encore un peu pour voir des pelotons d’Abrams combattre dans les plaines ukrainiennes…De sources russes, le premier M1A1 aurait été vu dans la région de Koupiansk. L’administration Biden a prévu d’en livrer 31 aux forces armées ukrainiennes.  « Des Abrams sont déjà en Ukraine et se préparent à renforcer nos brigades », annonçait, dès le 25 septembre, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, sur les réseaux sociaux, sans toutefois préciser le nombre d’unités déjà livrées, ou en ligne. Sur les clichés, l'Abrams, les chenilles dans la boue quelque part dans l'est de l'Ukraine, est présenté dans une livrée vert sombre et dans sa version M1A1. « Ce n'est pas la plus récente, mais il est efficace », assure Marc Chassillan, spécialiste de l'armement terrestre : « La version M1A1 du char américain, c'est en fait la première version qui a été équipée d'un canon de 120 millimètres, alors que les précédentes versions étaient équipées de 105 millimètres. C'est un canon beaucoup plus puissant évidemment, qui porte plus loin et qui perce plus. D'autre part, c'est une version qui est dotée de blindage plus épais que ceux des précédentes versions. Il a aussi un viseur optronique qui a de très grandes qualités pour voir, en particulier la nuit. Ce n'est pas la dernière version de l'Abrams qui est la version M1A2 SEP, mais c'est quand même une bonne version intermédiaire avec des qualités de mobilité, de protection et de puissance de feu tout à fait satisfaisantes pour le front ukrainien ».Entré en service au milieu des années 80, l'Abrams M1A1, c'est le char américain de la fin de la Guerre froide, et c'est toujours une belle bête de combat, abonde Léo Péria-Peigné (chercheur au Centre des études de sécurité de l'Ifri où il travaille au sein de l'Observatoire des conflits futurs sur la prospective capacitaire en matière d'armement et sur l'emploi des systèmes d'armes à venir) : « C'est un véhicule qui a été produit en très grand nombre, qui a eu le temps de voir le combat et qui a donc bénéficié de retours d'expérience importants et d'amélioration. Il y a peut-être une quinzaine de versions différentes qui existent, améliorées au fur et à mesure. Donc la M1A1, ce n'est clairement pas la plus récente, mais ça reste un véhicule qui a bien vieilli et qui a été plutôt bien pensé. »L'apparition des chars de combat made in USA peut-elle changer la donne sur le front ukrainien ?Trop peu, trop tard, pointent les experts, d'autant que la maîtrise de l’engin et de ses systèmes ne se fait pas en un jour, rappelle Marc Chassillan: « L'apparition de l'Abrams près des lignes russes s'est en fait, je pense, la dernière étape de prise en main des chars par les équipages ukrainiens qui ont été entraînés d'abord aux États-Unis, puis ensuite en Europe. Et là, en fait, ils ont tout intérêt à tester les vraies capacités de leur char au plus près du front, surtout avec l'hiver qui arrive et qui modifie considérablement le terrain. Les Ukrainiens ont intérêt à savoir exactement ce que le M1A1 a dans le ventre en matière de mobilité. Pour le reste, que vous alignez des chars Abrams ou des chars Léopards allemands, en termes de capacité militaire, c'est à peu près la même chose ». Depuis le lancement de l’offensive d’été qui n’a pas débouché sur une percée significative, l’Ukraine réclame des centaines de chars, et particulièrement des tanks lourds. Le porte-parole de l’US Army en Europe, le Colonel Martin O’Donell affirme « que l’Abrams ne sera pas l’arme miracle qu’attend l’Ukraine » -it’s not a silver bullet- .  Aussi sophistiqués soient-ils, ce ne sont pas 30 chars Abrams qui pourraient renverser la tendance sur le terrain, d’autant plus que le front pourrait se figer durant l'hiver. Les gains territoriaux qu’aurait pu apporter une percée de la part de l’infanterie mécanisée et de la cavalerie durant l’été semblent désormais être un vieux souvenir...  D’ailleurs, sur les réseaux sociaux, nombreux sont les comptes qui relaient l’efficacité des missiles à longue portée ATACMS livrés par les États-Unis, capables de frappes au-delà des lignes, ce qui a conduit à une lente dégradation des capacités russes. L’exemple le plus flagrant étant la destruction récente de plusieurs hélicoptères d’attaques russes Ka-52 dont les missions anti-char avaient contribué à enrayer l’offensive estivale de l’armée ukrainienne.L’Ukraine aurait-elle besoin de d’avantage d’artillerie à longue portée que de chars de bataille ? Attrition ou mouvement : tout dépend des effets recherchés, des moyens disponibles et des opportunités sur le terrain.Une impression de déjà-vu et pourtant…Au-delà des réalités tactiques, le déploiement de tank Abrams en Ukraine, a une portée symbolique forte. Les observateurs font remarquer que le cheval de bataille de la cavalerie américaine est de retour sur le vieux continent sous son camouflage centre-Europe. Certes, ces dernières années, on a déjà revu le M1A1 lors des exercices périodiques de l’OTAN dans les pays baltes, en Pologne et sur le flanc Sud, mais ces premiers faits d’armes remontent aux guerres d’Irak (1991 et 2003), au Helmand en Afghanistan en 2010-11, et à la bataille de Mossoul sous les couleurs irakiennes en 2016-17. Dans l’ensemble, le char américain s’est bien comporté dans des environnements et des missions très différentes (Terrain ouvert dans le désert, appui à la contre-guérilla, guerre urbaine). Les observateurs notent toutefois une maintenance complexe, (en partie liée à l’utilisation d’une turbine pour sa propulsion) et une vulnérabilité de certaines versions à des missiles anti-char modernes dans certains secteurs.Conçu pour rééquilibrer les forces avec… L'URSSAvec l’Ukraine, le M1A1 retrouve le théâtre de confrontation, pour lequel il a été conçu : l’Europe. Dans l’ADN de l’Abrams, il y a la guerre froide ! Dans les années 70’, le Pentagone, conscient du déséquilibre entre l’OTAN et le Pacte de Varsovie dans le domaine des chars de combat, va tout faire pour combler son retard. — Fill the tank Gap - On estime qu’à la fin des années 70, l’armée rouge était en mesure d’aligner 10 000 tanks de plus que les forces de l’OTAN. Le Pentagone, soucieux de prendre l’avantage dans le domaine conventionnel en Europe, va tout miser sur la technologie. Protection, conduite de tir, système de vision nocturne très moderne, partage des informations tactiques vont progressivement faire leur apparition sur les tanks de la famille Abrams.Contexte différent en UkraineDans les années 1980, l’armée américaine va pousser à son paroxysme la logique de l’intégration des moyens terrestres et aériens en Europe particulièrement. Pour faire face aux hordes de chars soviétiques, l’armée devait compter des hélicoptères nouveaux et très avancés comme le AH-64 Apache, ou l’avion A-10 Thunderbolt II spécialisé dans la lutte anti-char que l’air force basera en Allemagne.Tous seront admis au service actif, avant la chute du mur de Berlin. La combinaison de la doctrine et des nouveaux armements devait permettre de bousculer l’adversaire en exploitant ses failles, et de lui imposer une guerre de mouvement de haute intensité. Là s’arrête la comparaison, car en Ukraine l’Abrams n’aura pas toute la machine de guerre américaine derrière lui (Logistique, maintenance, transport).  Les équipages d’Abrams devront faire face à de nouvelles menaces issues de la « techno-guérilla » comme les drones suicides. Au final, il n’est pas sûr que ce fleuron puisse faire la démonstration de ces capacités en termes de mobilité alors que l’adversaire fait tout pour entraver la liberté de manœuvre des chars utilisés par les Ukrainiens (Mines, obstacles, brouillage).
12/3/20233 minutes, 5 seconds
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La Corée du Nord, nouvelle puissance spatiale grâce à la Russie

Vendredi 24 novembre 2023, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a célébré une « nouvelle ère de puissance spatiale » après la mise en orbite cette semaine d'un satellite espion. Le succès de ce lancement intervient après deux échecs, en mai et en août dernier. Il n'a pas échappé aux observateurs que ce succès arrive surtout après que Kim Jong-un et Vladimir Poutine ont, ces derniers mois, resserré leurs liens. Des liens qui, en particulier sur le plan militaire, sont anciens. Pendant la guerre de Corée, l'URSS avait soutenu, Kim Il-sung, le grand-père de Kim Jong-un, et dès cette époque, Moscou a noué des liens très étroits avec Pyongyang, pointe Cyril Bret, chercheur à l'institut Jacques Delors et spécialiste de la Russie : « Oui, elle remonte à l'époque soviétique et à la Guerre froide, et ça compte dans un pays comme la République démocratique populaire de Corée ou tout le pacte social est fondé sur le souvenir de cette époque et de la guerre de de Corée. L'URSS avait envoyé un fort contingent du côté Nord lors de la guerre de Corée en 1950, 25000 hommes. Puis l'URSS a reconstruit très largement la capitale Pyongyang, après les destructions de la guerre de Corée. Donc ces liens sont très forts. Ces liens sont historiques et ces liens sont à l'honneur depuis au moins deux ans maintenant à Pyongyang. »Le 27 juillet dernier, Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense, était d'ailleurs à Pyongyang pour la commémoration de l'armistice de la Guerre de Corée...Puis le 13 novembre, le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un ont échangé une poignée de main au cosmodrome russe de Vostotchny, dans l’Extrême-Orient russe. Selon Washington, La Corée du Nord, à cette occasion, aurait accepté de céder un million d'obus pour soutenir l’offensive russe en Ukraine, mais aurait obtenu, une sérieuse contrepartie, précise Cyril Bret : « Ce que met Moscou dans le panier de la mariée, si j'ose dire, c'est tout leur savoir-faire en matière spatiale, en matière d'observation satellitaire et d'observation aérienne. Et enfin, en matière de vecteurs, puisque c'est là que le programme nucléaire stratégique coréen du Nord achoppe dans la mise au point de ces fameux missiles intercontinentaux. Donc c'est une espèce d'échange de bons procédés entre la Russie qui a besoin d'artillerie et de munitions d'un côté que fournit la Corée du Nord et de l'autre côté, eh bien ce qui manque à l'effort de guerre constant de la Corée du Nord : le spatial, les vecteurs et l'observation. » L’Alliance Russie-Corée du Nord percute les intérêts chinoisCette étroite collaboration militaire Corée du Nord-Russie est-elle compatible avec « l'amitié sans limites », pour reprendre les termes officiels des relations entre cette fois la Chine et la Russie ?« Russie et Corée du Nord doivent faire preuve de retenue », a réagi Pékin... Ça, c'est pour la forme diplomatique... Mais la Chine a laissé filtrer son agacement après le lancement du satellite espion nord-coréen, nous dit Stéphane Lagarde, correspondant de RFI à Pékin : « Oui, ça fait longtemps que la Chine est gênée par son turbulent voisin. Il faut savoir que quand il y a des essais nucléaires dans les montagnes nord-coréennes, la terre tremble jusque de l'autre côté de la frontière, ici en Chine, et la Chine n'apprécie pas du tout. Pékin tonne contre le régime des Kim. Mais depuis quelque temps, c'est vrai, il y a eu un adoucissement. C'est en tout cas ce qu'on a perçu ici de la position chinoise vis-à-vis de son allié nord-coréen. On l'a vu notamment lors du discours de l'ex-ministre de la Défense, au dernier dialogue de Shangri-La. On a eu l'impression que, dans le contexte des tensions américaines autour de Taïwan et sur d'autres sujets, la Chine avait relâché la bride. Certains analystes ici, pensent même que Pékin ne voit pas d'un mauvais œil finalement la fourniture d'armes nord-coréennes à la Russie dans le contexte encore une fois de sa rivalité régionale avec les États-Unis, sauf qu'aujourd'hui, les choses changent. On a ce changement de ton. En tout cas, on a ce réchauffement Sino-US, avec la rencontre des présidents chinois et américains en marge du sommet de l'Apec. Et on aura ici début décembre le sommet européen. Les Américains, comme les Européens, disent à Pékin que le lancement d'un satellite espion nord-coréen, avec l'aide de la Russie, est un franchissement de lignes rouges. C'est aussi ce que devrait répéter Catherine Colonna (ministre française des Affaires Étrangères), qui est en visite en Chine en ce moment. Un message que devrait comprendre le régime chinois qui n'a pas envie que des intérêts stratégiques européens ne viennent modifier la donne stratégique en Asie. » Et les experts militaires sont formels, la mise en orbite de ce satellite espion fournirait en cas de conflit des données cruciales à l'armée Nord-coréenne.
11/26/20232 minutes, 56 seconds
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France: l’armée de terre organise le premier stage d’état-major pour officiers français et africains

Ce mercredi 15 novembre aux écoles militaires de Draguignan, l’armée de terre a inauguré son premier stage de formation, niveau état-major, au profit de stagiaires français et africains. Une formation unique en Europe et qui marque la volonté des armées françaises d’accroitre son offre de formation mêlant officiers africains et français.
11/19/20232 minutes, 32 seconds
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L’échec relatif de la contre-offensive ukrainienne

Engagée depuis le 4 juin dernier, la contre-offensive ukrainienne n’a pas permis de franchir le rideau défensif russe. L’armée ukrainienne avait de grandes ambitions, mais elle ne progresse plus. Est-ce un échec militaire ? Sans être défaitiste, dans un récent document public, sous forme de retour d’expérience, le général Valery Zaloujny, chef d’état-major des forces ukrainiennes, fait ce constat lucide : « Le conflit ressemble à une impasse et évolue vers une guerre de position. »Pourtant, pour tenter d’atteindre la mer d’Azov, Kiev avait regroupé douze brigades, 35 000 soldats et de nombreux blindés occidentaux modernes. Mais la manœuvre s’est fracassée sur la défense russe, la ligne Sourovikine, pointe Vincent Touret, chercheur à l’université de Montréal : « Il y a un problème à la fois d'innovation technique et d'organisation sur comment percer des zones extrêmement bien fortifiées. De plus, c’est l’une des zones les plus minées du monde, donc il faut pouvoir déminer. Il faut pouvoir passer des fortifications enterrées, il faut pouvoir faire de la contre-batterie en même temps, pour permettre aux troupes au sol de progresser. Et puis, il faut combattre l'ennemi aussi. Donc, il faut lutter contre cette combinaison d'obstacles physiques et de déluges de feu sur son avancée. Et ça, c'est très compliqué. Tout le monde fait référence aujourd'hui à la Première Guerre mondiale. Comment restaurer de la mobilité sous le feu ? C'est une problématique qui est propre à la guerre en général, et à laquelle les Ukrainiens sont confrontés. »À lire aussiUkraine: le commandant en chef des armées craint un enlisement de la contre-offensive de KievSi ces cinq derniers mois l’Ukraine n’a reconquis qu’environ 400 kilomètres carrés de son territoire, l’échec de la contre-offensive n’est que relatif, analyse Vincent Tourret. Même si Moscou lance des assauts d’envergure à Avdiivka dans le Donbass, l’armée russe a beaucoup perdu cet été : « L'effet que je trouve le plus important de la contre-offensive, c'est quand même l'effet d'usure. Ce n'est pas beau, ce n'est pas parfait, ce n'est pas une super percée qui va complètement déstabiliser le front russe, mais par contre l’attrition est réelle. Il y a un vrai problème de reconstruction pour l'armée russe. C'est encore un coup qui ralentit cette remontée en puissance. Les Russes ont des vrais problèmes de disponibilité des tubes d'artillerie et de munitions. Ils ont des problèmes de fabrication de chars, et ça les force en réaction à surenchérir, par exemple à Avdiivka, pour relâcher la pression ukrainienne. Ce qui engrange encore pour eux des pertes supplémentaires. Là où je vois un effet qui est positif de la contre-offensive, c'est que ça cristallise, ça enfonce les Russes dans une façon de faire qui leur coûte beaucoup pour des résultats qui sont moindres et là-dessus les Ukrainiens jouent très bien le jeu de l'attrition. »Néanmoins, avec des pertes estimées à plus de 200 000 tués et blessés, l’inquiétude porte sur la capacité de l’Ukraine à régénérer ses troupes, alors qu’avec une population de 143 millions d’habitants, la Russie dispose d’une profondeur stratégique plus importante que celle de son adversaire.
11/12/20232 minutes, 40 seconds
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Le porte-hélicoptère le Mistral patrouille dans les eaux du golfe de Guinée

Depuis le mois de septembre, le porte-hélicoptère Mistral, l’un des plus grands bâtiments de la marine française, patrouille dans les eaux du golfe de Guinée. Il est immense avec 200 mètres de long, 22.000 tonnes d'acier, une capacité pouvant accueillir jusqu'à 450 militaires, 16 hélicoptères légers et 110 véhicules blindés. Il n’en fallait pas plus pour attiser les rumeurs d’une potentielle intervention française au Niger qui se sont propagées comme trainée de poudre sur les réseaux sociaux. Alors que vient faire le Mistral au large de l’Afrique de l’Ouest ? Notre correspondante Sophie Bouillon, basée à Lagos pour RFI, est montée à son bord lors de son escale au Nigeria.     …. 
11/5/20232 minutes, 47 seconds
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La cure de jouvence des chars Leclerc [Rediffusion]

D’ici la fin de la décennie, les 200 chars Leclerc de l’armée de Terre vont connaître une cure de jouvence. L’industriel franco-allemand KNDS a commencé la rénovation des blindés dans son usine de Roanne, dans le centre de la France. La guerre en Ukraine a replacé les chars de combat au centre du champ de bataille, alors l’armée de terre française veut conserver ses Leclerc à l’avant-garde des blindés lourds.
10/29/20232 minutes, 29 seconds
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Armée de terre: un commandement pour l'Europe

Ce lundi 16 octobre, l’armée de terre a créé un poste de commandement « Terre Europe ». Aux ordres du général Toujouse, cette entité a pour vocation de superviser toutes les opérations aéroterrestres sur le continent. Un révélateur du recentrage de l’armée de terre française. C’est l’un des effets du conflit ukrainien. Le retour de la guerre en Europe, bouleverse les priorités et l’organisation de l’armée de terre française. Bertrand Toujouse, ancien commandant des forces spéciales, est le premier général à occuper ces nouvelles fonctions, qui doivent permettre à l’armée de terre de réagir plus vite avec les alliés, en cas de crise. Le commandement pour les opérations aéroterrestres en Europe (CTE) s’installe à Lille, près du commandement des forces terrestres.« Avec le CTE, nous changeons de modèle et d’échelle, souligne le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de terre. C’est clairement un complément que nous avons apporté, qui est apparu d'autant plus important que nous avons augmenté le nombre et le niveau des forces que nous déployons en Europe, avec notre bataillon en Roumanie, nos compagnies qui sont en Estonie et puis les forces que nous avons en Pologne et qui forment les Ukrainiens. Compte tenu de ces déploiements accrus, il nous est apparu indispensable, d'avoir un commandement qui soit capable de commander le déplacement des unités entre le moment où elles quittent leur garnison jusqu'au moment où elles se déploient sur les zones d'opération avant d'être formellement placée sous les ordres de l'Otan ou d'une coalition au sein de laquelle elles seraient engagées. Et par ailleurs, nous conservons un certain nombre de responsabilités nationales, notamment de soutien logistique. C'est vraiment pour assurer la coordination et le commandement de l'ensemble de ces responsabilités que nous avons mis sur pied ce commandement. »Défense collectiveLe CTE sera placé sous les ordres du centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), qui dirige toutes les opérations militaires. Le CTE servira d’interface avec l’Otan, mais aussi l’Union européenne, au niveau opératif, entre le niveau stratégique et celui du champ de bataille. Un modèle d’organisation bien connu de l’armée de l’air et de la marine qui l’ont mis en place depuis longtemps.En revanche, l’armée de terre accusait un certain retard, dans le combat en coalition. C’est un recentrage, martèle le général Schill : « C’est avant tout un retour marqué et assumé sur les questions de la défense collective. Et la défense collective, c'est en Europe. Il est clair que la probabilité qu'un conflit dure ou qu'en tout cas une situation implique le déclenchement des mécanismes de la défense collective a cru en termes de probabilité au cours des dernières années. Donc, nous devons davantage nous préparer à ces occurrences, alors qu'il est clair également qu’au cours des dernières décennies, nous avions plutôt mis la priorité sur le profilage de l'armée de terre pour s'engager au mieux dans les opérations de gestion de crise plus loin. »Alors que la France a engagé son retrait du Niger, la création du commandement « Terre Europe », illustre la bascule des priorités militaires de l’Afrique vers le Vieux continent.
10/22/20232 minutes, 28 seconds
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Israël: les effets de choc de l'offensive du Hamas

L’attaque surprise du 7 octobre contre Israël a sidéré les observateurs. Employant de nombreuses tactiques inspirées du théâtre ukrainien, les commandos du Hamas sont parvenus à infliger d’importants revers à une armée pourtant dotée des plus hautes technologies. Aux premières heures du jour, le 7 octobre, les combattants du Hamas sont parvenus à percer les défenses d’Israël en arrivant à la fois par la mer mais aussi par les airs grâce à des parapentes motorisés. Une opération commando millimétrée. Une manœuvre combinée, qui est une véritable première pour le Hamas, relève l’expert aéronautique Xavier Tytelman : « En réalité, ce n’est pas la première fois qu'on voit un groupe terroriste avoir une petite aviation parce qu'on ne peut pas qualifier ça de réelle aviation comme une armée de l'air. Mais par exemple, les Tigres tamouls avaient une composante maritime et également une composante aérienne. Donc c'est déjà arrivé dans le passé. Et évidemment, il s'attache à avoir une efficacité qui est importante vu leurs moyens qui sont très limités. Et quoi de plus efficace et low cost qu’un simple parapente ! Donc là, on est sur des systèmes propulsés qui permettent d'aller très bas, très lentement, en faisant beaucoup de bruit. Mais simplement parce que c'est une nouveauté autour d'Israël, et bien c'était quelque chose d'assez inattendu. »Le Hamas a également fait un usage massif des petits drones. Armé de grenades, il a permis de réaliser des attaques par le haut. L’irruption d’une techno guérilla bien connue, pointe Xavier Tytelman, mais qui a pourtant surpris l’armée israélienne. « Les grandes nouveautés, c'est l'utilisation de petits drones bombardiers. C'est quelque chose qu'on a vu chez l'État islamique et que l’on a vu également en Ukraine d'une manière beaucoup plus massive. Mais dans le conflit israélo-palestinien, à ma connaissance, elle n’avait jamais été utilisée de manière aussi régulière. On a des drones de basse altitude qui sont des missiles low cost en réalité. Ça a été utilisé par beaucoup d'armées. Ce qui est étonnant, c'est qu'on est habitué à avoir un espace aérien qui est 100% maîtrisé de la part d'Israël, avec une capacité à intercepter n'importe quel type de vecteur aérien. Mais finalement, les petits drones tels qu'on les voit par exemple dans les conflits en Ukraine, l'arrivée de ces petits drones pour faire du petit bombardement à petit niveau, qui ont quand même détruit des chars puisque les Israéliens n'ont apparemment pas totalement pris en compte les retours d'expérience ukrainiens comme le fait de laisser une trappe d'un char ouvert. Et bien, c'est suffisant pour lancer une grenade dedans pour le faire exploser. À mon avis, c'est une grosse faille qui va être relativement facile à corriger. En tout cas, c'est beaucoup plus facile de corriger ce type de problème que d'être capable d'intercepter des dizaines de milliers de missiles. »Les 7 et 8 octobre, il est tombé plus de 3 000 roquettes sur Israël, ce qui a eu pour effet de saturer le dôme de fer. Le système de défense antimissile israélien peine à suivre la montée en gamme des roquettes adverses. La technologie a ses limites. Elle n’a pas non plus permis d’anticiper l’attaque. Un cuisant revers pour le renseignement israélien, qui, lui aussi, va devoir identifier ses propres failles.À lire aussiAttaque du Hamas: Israël reconnaît des «erreurs» de ses services de renseignement
10/15/20232 minutes, 30 seconds
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Chine: l’énigme du sous-marin nucléaire 417

Qu’est-t-il arrivé au sous-marin nucléaire d’attaque 417 de la marine chinoise ? Des rumeurs persistantes font état d’un grave incident… En août dernier, selon un rapport du renseignement britannique, le bâtiment aurait connu une avarie entrainant la mort de tout son équipage.  La confirmation du naufrage est peut-être venue du Daily mail. Le Tabloïd britannique a publié cette semaine un rapport des services de renseignement anglais, esquissant le scénario de l’accident : le 21 aout dernier au matin en mer jaune, province du Shandong dans les approches du port de Shangaï, le bâtiment de type 093 classe Shang pour l’Otan, alors en immersion, se serait retrouvé piégé dans une barrière d’ancrage. Un entrelacs de chaines utilisé par la marine chinoise pour justement empêcher l’intrusion de sous-marins ennemis.Le choc, peut-être, aurait provoqué une dépressurisation du submersible et la perte du système de ventilation, une panne fatale aux 55 marins du bord… Tragédie ou simple rumeur, un étrange évènement pourtant est venu troubler le silence des autorités chinoises, se souvient le correspondant de RFI à Pékin, Stéphane Lagarde : « En août dernier, le ministère chinois des Affaires étrangères a parlé de rumeurs infondées, pas de confirmation non plus coté Taïwanais. Ce qui a interrogé les observateurs, ici, c'est le timing. Le 22 août, le président chinois était au sommet des Brics à Pretoria et il a, ce jour-là, donc, au lendemain de l'accident supposé, manqué un discours important devant la communauté d'affaires. Une absence remarquée et extrêmement inhabituelle qu'un dirigeant chinois ne se présente pas à un événement d'ouverture comme celui-ci. Il pourrait s'agir, disait-on à l'époque, d'un ennui de santé ou d'un problème urgent à régler. Donc pour l'instant, aucun commentaire n'a filtré ici. En dehors des trolls du régime sur les réseaux qui disent par exemple que là où a été pointé l'accident, il n'y aurait pas la profondeur nécessaire pour le passage d'un sous-marin de type 093, donc 11 mètres de large pour 107 mètres de long. J'avoue que je n'ai pas vérifié… Tout comme il sera difficile de savoir s'il manque l'un des 6 sous-marins de classe Shang que compte l’Armée populaire de libération dans ces hangars. » Si naufrage il y a eu, ce serait un revers immense pour la marine chinoise, car ce sous-marin, admis au service en 2017 est l’un des fleurons de la sous-marinade chinoise, prévient Stéphane Lagarde : « Il s'agit d'un bâtiment de guerre essentiel dans le bras de fer qui se joue autour de Taïwan avec les États-Unis où on parle beaucoup des sorties aériennes, des portes avions et des missiles chinois plantés face à Taïwan. Mais on oublie souvent les sous-marins, priorité stratégique pour le gouvernement chinois, note un rapport du collège de guerre américain du 29 septembre dernier. Sur les six principaux chantiers navals chinois travaillant avec l'Armée populaire de libération, trois se concentrent sur l'assemblage de submersibles »Révélateur d’un manque de compétences et de graves insuffisances techniques, la perte du sous-marin nucléaire d’attaque de Classe Shang 417, si elle était confirmée, rebattrait les cartes quant à la réelle montée en gamme de la marine de guerre chinoise.
10/8/20232 minutes, 31 seconds
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Europe de la Défense: les divergences franco-allemandes

En Allemagne, les dépenses militaires étaient le parent pauvre des politiques publiques jusqu'au 24 février 2022, date du début de l'invasion russe de l'Ukraine. Depuis, Berlin a opéré un changement d'ère, avec la création d'un fond spécial de 100 milliards d'euros pour moderniser son armée. Et l'Allemagne ambitionne désormais de porter la défense européenne... Léo Péria-Peigné est chercheur au Centre des études de sécurité de l'Institut français des relations internationales et spécialiste des armements. Avec Elie Tenenbaum, il signe une étude intitulée « La Bundeswehr face au changement d'ère ». Il est l'invité de Franck Alexandre pour Lignes de défense. ►Lien sur l'étude : « La Bundeswehr face au changement d'ère »
10/1/20232 minutes, 31 seconds
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Déploiement de haute intensité pour la frégate «Chevalier Paul» en Méditerranée orientale

Depuis deux mois, la frégate de défense aérienne (FDA) Chevalier Paul est déployée en Méditerranée orientale dans le cadre du renforcement de la posture défensive et dissuasive de l’Otan sur le flanc est européen. La frégate de la marine nationale suit aussi les déplacements de la flotte russe dans cet environnement ultra-stratégique. Franck Alexandre a pu joindre le commandant du Chevalier Paul pour Lignes de défense. C’est l’un des navires emblématiques de la Marine nationale. La mission du Chevalier Paul :  faire face, grâce à ses puissants radars, à toute menace aérienne. Antony Branchereau est le commandant du Chevalier Paul : « En effet, nos radars permettent de voir bien sûr, au-delà du trait de côte, tout ce qui peut être amené à voler, donc que ce soit des aéronefs syriens, mais également des aéronefs russes, pour la plupart basés à Lattaquié en Syrie. Si vous positionnez le Chevalier Paul au milieu de la Méditerranée orientale, vous obtenez une couverture quasi parfaite de l'ensemble de la zone avec nos radars. »La communication radio grésille, Antony Branchereau, commandant du Chevalier Paul, est en mer. Ces deux derniers mois, il a mené la frégate dans le canal de Syrie face à la base navale russe de Tartous : « La flotte russe qui est en Méditerranée orientale, ses unités naviguent beaucoup et notamment sont utilisées pour l’escorte de bâtiments civils qui assurent le flux logistique entre la mer Noire et le port de Tartous en Méditerranée. Je rappelle que les bâtiments civils, eux, ne sont pas soumis au blocage des détroits qui ont été décidés par la Turquie dans le cadre de la Convention de Montreux. »L'œil de la France Depuis l’agression russe de l’Ukraine en février 2022, la Marine nationale assure un déploiement quasi permanent en Méditerranée orientale. Le Chevalier Paul est l’œil de la France dans cette zone de tension. Aux côtés de navires américains, italiens et grecs, la frégate contribue aussi à renforcer la posture défensive de l’alliance Atlantique. Une présence navale de l’Otan soutenue et qui porte ses fruits, face à une marine de guerre russe traditionnellement très active dans cette partie de la Méditerranée.« Je ne pourrais pas donner précisément l'identité des bateaux russes que l’on est amené à croiser », souligne le commandant Branchereau, « mais vous avez des corvettes, des frégates modernes, quelques unités sous-marines également et des plus petits moyens qui restent basés à Tartous et qui sortent peu. La marine russe, la marine française et les autres navires de l’Otan naviguent dans un espace assez restreint, la Méditerranée orientale. Dans cet espace, il est fréquent, presque quotidien, que des unités de l'Otan croisent des unités russes. On constate une diminution des moyens russes par rapport à février 2022, peut-être dû à un relatif épuisement. Comme il n’y a plus d’accès à la mer Noire, la marine russe est soutenue par les flottes du nord et les flottes du Pacifique. Ce qui, pour eux, impose également de longs déplacements pour assurer des relèves et des maintenances ».Après 80 jours de mer, les 215 marins de la frégate s’apprêtent à rejoindre Toulon, le port d’attache du Chevalier Paul.
9/24/20232 minutes, 31 seconds
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Frappe de missiles sur Sébastopol: la guerre navale de Kiev

Mercredi 13 septembre, l’Ukraine a déclaré avoir frappé des cibles navales dans le port de Sébastopol en Crimée. Ce pourrait être la plus grande attaque contre le siège de la flotte russe en mer noire. Deux navires en cours de réparation, ont été endommagés, dont un sous-marin. Ce qui représente un immense revers pour la marine russe. Le récit de ce raid spectaculaire par Franck Alexandre et Olivier Fourt. Dix-huit mois après avoir coulé le croiseur Moskva, l’Ukraine semble avoir réussi un nouveau coup d’éclat : la mise hors de combat d’un bâtiment stratégique de la flotte russe, un sous marin de classe Kilo probablement le Rostov sur le Don… En mer Noire, c’est la première fois qu’un sous-marin est touché, pointe Vincent Groizeleau, rédacteur en chef de Mer et marine : « Cette fois-ci, c'est du missile, a priori du missile de croisière et ce qui est effectivement assez particulier, c'est qu'ils ont frappé la principale zone de réparation navale de la base de Sébastopol où il y avait deux bâtiments qui étaient en cale sèche. Un sous-marin russe du type Kilo et un bâtiment de débarquement de chars du type Ropucha. Et effectivement la perte la plus grave, est celle du sous-marin. On ne sait pas quel est son état aujourd'hui, mais si l’on se fie à l'état du bateau qui est à côté, que l’on a pu distinctement voir en photo et qui est complètement détruit, il y a de fortes chances que le sous-marin soit également très fortement endommagé, voire irrécupérable. Et là c'est grave pour les Russes parce que d'un coup d'un seul, ils perdent 20 % de leur capacité sous-marine en mer Noire puisqu'ils n'ont que cinq sous-marins dans cette zone ». Des missiles Storm Shadow utilisés pour la frappeLe type de missile utilisé pour attaquer Sébastopol, reste inconnu, bien que la presse d’outre-Manche évoque l’usage de missiles longue portées Storm Shadow, récemment fournis par les britanniques et les français. La flotte russe de la mer Noire, régulièrement harcelée par des drones navals ukrainiens se trouve désormais également à portée de ces redoutables missiles de croisières, sans avoir la capacité d’esquiver, ni de se régénérer, souligne Vincent Groizeleau : « Depuis le début de la guerre, les détroits turcs sont fermés, comme le dicte la convention de Montreux. Quand il y a une guerre en mer Noire, les détroits sont fermés, on ne laisse plus passer les bateaux de guerre. Donc ça veut dire que les Russes ne peuvent compter que sur ce qu'ils avaient sur place fin février 2022. Et donc on voit, au fil des mois ces capacités se réduire du fait des pertes. Il y a eu la perte du croiseur Moskva, de plusieurs bâtiments de débarquement et il y a effectivement maintenant peut-être ce sous-marin en moins. Et puis dans le même temps, il y a beaucoup de navires russes qui ont été endommagés par des attaques de drones, par des attaques de missiles ce qui nécessitent des réparations et donc au fil des mois, on voit cette maigre flotte de la mer Noire qui comptait une vingtaine de bâtiments significatifs au début de la guerre, se réduire. Et d'où l'importance aussi de toutes ces capacités de réparation navale dans les ports, notamment à Sébastopol, mais aussi à Novorossiïsk. Les cales sèches, les docks flottants qui permettent d'entretenir ces bateaux et de réparer ceux qui ont été touchés. Et là, les Ukrainiens  ont non seulement frappé un grand coup en détruisant des bateaux de guerre, ou en tout cas en les endommageant gravement, mais aussi dans le même temps, ils ont neutralisé d'importantes capacités de réparation qui ne pourront pas servir dans les mois qui viennent pour réparer d'autres unités qui en aurait besoin ». Signe de l’importance de cette attaque : l’armée ukrainienne d’habitude discrète, a revendiqué la frappe sans donner de détails sur l’ampleur des dégâts.Ce que nous apprennent les réseauxLa frappe survenue, en pleine nuit le 13 septembre 2023 sur Sébastopol est révélatrice de la stratégie ukrainienne. Il s’agit de viser des objectifs stratégiques, situés « dans la profondeur », c’est-à-dire loin des premières lignes. L’idée est de désorganiser l’armée russe, en atteignant des cibles de hautes valeurs dans des régions que le commandement russe considérait probablement comme sûres : en l’occurrence Sébastopol, port d’attache de la flotte de mer noire.Kiev ne s’est pas contenté de viser le port militaire, mais a attaqué le chantier de Sevmorzavod. Au moment du raid, il  abritait au moins un grand navire de débarquement classe Ropucha, et un sous marin à propulsion classique classe Kilo 636.3, c’est-à-dire un version modernisée de ce submersible à propulsion électrique. Très vite des vidéos postées sur les réseaux sociaux ont laissé penser que le chantier naval était en feu. Une vérification sur le site FIRMS pour Fire Information for Ressource Management System géré par la NASA laisse effectivement apparaitre le déclenchement d’un incendie important dans la zone industrielle portuaire de Sébastopol cette nuit là.Peu de temps après le ministère russe de la défense confirme : « Cette nuit, les forces armées ukrainiennes ont (conduit) une frappe au moyen de dix missiles de croisière sur un chantier naval de Sébastopol (…) Deux navires en réparation ont été endommagés », a ajouté le ministère, tandis que « la défense antiaérienne a abattu sept missiles de croisière », selon la même source. Plus tôt mercredi, le gouverneur russe de Sébastopol Mikhaïl Razvojaïev avait indiqué sur Telegram qu'un « incendie s'était déclaré sur le chantier naval visé. À la suite de l'attaque, selon de premières informations, un total de 24 personnes ont été blessées », avait ajouté M. Razvojaïev cité par l’AFP à Moscou.Cette  frappe a certainement été réalisée par des missiles tirés à distance de sécurité (Stand Off) car on peut considérer que l’objectif était fortement défendu et aucun navire ukrainien n’a cette capacité de tirs vers la terre. Si les ukrainiens ont pris l’habitude de brouiller les pistes en employant dans les mêmes raids des missiles occidentaux et de vieux missiles d’origine soviétique  encore en stock chez eux, tous les regards se sont rapidement portés sur les Storm Shadow/Scalp livrés par les européens (UK et Fra). Ils peuvent être tirés à plus de 300 kilomètres de distance, et ont été adaptés sous des chasseurs-bombardiers ukrainiens Sukhoi-24 hérités de la période soviétique. Le missile ukrainien anti-navire, P-360 Neptune aurait pu se révéler utile pour cette opération, mais il est  en principe tiré depuis des batteries côtières…En réalité, le navire de débarquement, et le sous-marin visés, étant en cale sèche dans un site industriel au moment du raid, il convient donc de les considérer comme des cibles terrestres, même si ce sont des bateaux… Le missile européen Storm-Shadow/Scalp est parfaitement adapté à ce genre d’objectifs. Il permet d’allier puissance (avec une charge de plusieurs centaines de kilos) et précision. Le fait que dès le 15 septembre 2023, le ministère britannique de la Défense publie, sur son propre compte X un fil détaillé sur raid, semble accréditer  la thèse d’une frappe réalisée avec des missiles de croisière de ce type fourni par la Grande Bretagne, début 2023.La défense britannique va jusqu’à publier un BDA (Battle Damage Assessment) certes simplifié, mais faisant le bilan du raid, presque comme si c’était l’œuvre de sa propre armée de l’air ! On peut y lire entre autres : « Open-source evidence indicates the Minsk has almost certainly been functionally destroyed, while the Rostov has likely suffered catastrophic damage ». Londres très engagé dans le soutien à l’armée ukrainienne, annonce ainsi que le navire Minsk ne pourra pas reprendre la mer, et que le sous-marin Rostov sur le Don a subi de très importants dommages.Des cibles stratégiquesSi l’on s’arrête sur les cibles, une rapide recherche en ligne permet, de comprendre leur importance. Le Minsk est un navire dit de « débarquement », de la classe Ropucha datant de 1973.  Sur le papier, il s’agit de l’un des plus anciens de la série des navires de ce type. Ils sont très utiles pour la marine russe, qui en alignait cinq au sein de la flotte de la mer noire. Au début de l’intervention russe en Syrie, ces cargos amphibies multipliaient les liaisons entre Tartous et Sébastopol, transportant, troupes, armes et matériel logistique.Avec un déplacement de 4 000 tonnes environ, ils peuvent passer les détroits sans difficulté, et sont conçu pour le débarquement sur le littoral. Problème : ils sont à bout de souffle et leur conception est dépassée. Voyant sa flotte amphibie vieillir, la Russie a tenté dans les années 2010’de se doter de plusieurs bâtiments de projection de commandement (BPC) de la classe Mistral, qu’elle entendait acheter à la France, avant que Paris ne tire un trait sur le contrat en 2015. Au final, la marine russe a dû se contenter de ces Ropucha. Elle en compte aujourd’hui un de moins, et ces bateaux ne sont plus produits depuis presque 40 ans.Kilo endommagéL’autre cible du raid, était donc un sous-marin de la classe Kilo modernisé. Un submersible, considéré comme moderne et très silencieux, mais à l’autonomie limitée, car il est à propulsion électrique. La marine russe a médiatisé en décembre 2015, l’utilisation de ce sous-marin contre des positions de Daesh en Syrie. Ce même sous-marin  : le B-237  Rostov-sur-Don du Projet 636.3 avait alors tiré quatre missiles de croisières Kalibr sur des bases  de l’organisation État Islamique à partir de la mer Méditerranée. Une capacité rare dans la marine russe et particulièrement dans la flotte de la mer Noire qui ne comptait que cinq sous-marins de ce type. Les photos publiées sur les réseaux sociaux, laissent apparaitre des destructions importantes sur la partie avant du submersible endommagé à Sébastopol.L’une des sections les plus complexes à usiner et celle qui abritait tubes lance-torpilles et missiles. Le ministère britannique de la défense estime que réparer le Rostov sur le Don « prendra des années et coutera des centaines de millions de dollars », mais surtout les dégâts engendrés sur le chantier naval, risquent de compromettre les travaux de maintenance des autres bâtiments du même type, réduisant encore les capacités de la flotte de la mer Noire, déjà mise sous pression.
9/17/20232 minutes, 32 seconds
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Ombre russe sur le Niger

Le 28 août dernier est apparue au Niger, sur les réseaux sociaux, une attaque informationnelle visant à mettre en cause les armées françaises, accusées de planifier une opération militaire contre le Niger, en appui de la CEDEAO. Si ces infox n'ont pas pu être attribuées, elles comportent tous les éléments précédemment utilisés au Mali et au Burkina Faso par le groupe Wagner. Il est apparu au Niger, sur les réseaux sociaux, un document aux allures officielles de la République française, plus précisément un document militaire frappé des mentions « Secret défense » et « Diffusion restreinte ». Mais le faussaire en a trop fait : dans un document militaire français, les deux mentions apposées côte à côte cela n'existe pas. C'est un faux ordre d'opération, avec de nombreuses maladresses, fautes d'orthographe comprises, attribué à une prétendue Task Force Phénix. Il détaille les opérations à venir, planifiées par la France, dans le cadre de l'intervention militaire de la Cédéao contre la junte nigérienne.Dans le sillage de la diffusion de ce document présenté comme une fuite, il y a aussi de nombreuses infox accusant la France d'armer les terroristes et de piller les ressources du Niger. Un mode opératoire bien connu dans la région pointe Jonathan Guiffard chercheur à l'Institut Montaigne : « C’est un mode opératoire effectivement connu, déjà utilisé au Mali, déjà utilisé au Burkina Faso et aussi déjà utilisé au Niger avant le coup d'État. Donc c'est assez peu surprenant qu’une fois le coup d'État consommé, on va dire en tout cas déclaré, ces modes opératoires se réactivent et se réactivent avec les arguments que vous avez dit qui sont toujours les mêmes. Des complots. Il y avait aussi une campagne sur un soi-disant kidnapping d’enfant par les forces françaises, il y avait de nouveau des campagnes sur les ressources, l'uranium, l'or, donc c'est tout à fait classique et désormais rodé. »Faux documents, chambre d'écho des réseaux sociaux activées, narratif antifrançais... Dans cette manœuvre informationnelle, relève Jonathan Guiffard tous les ingrédients de la méthode Wagner sont là...« Vous avez encore les Russes au Mali, vous avez encore des Russes en République centrafricaine et vous avez encore tout leur dispositif en Russie. Et effectivement, plusieurs campagnes ont été relayées très rapidement par les réseaux, par exemple de Wagner. Donc, je pense que ce sont toujours les Russes qui s'activent avec les gens qu'ils ont recruté localement et en fait, il n’y a pas de changement, ni dans les acteurs ni dans les méthodes. Vous avez une colère assez importante qui porte ce coup d'État. Vous avez un soutien populaire assez fort désormais autour de la junte et de l'armée, mais derrière, vous avez les acteurs russes qui ont juste à instrumentaliser cette colère, à rajouter de l'huile sur le feu, précisément pour essayer de consolider ce coup d'État qui leur offre une opportunité peut être dans le futur de nouvelles coopérations, de nouveaux contrats et qui leur permet aussi de mettre la France en difficulté ». Reste que la réelle portée de cette campagne d'infox est à nuancer... Car le Niger compte moins de 500 000 utilisateurs des réseaux sociaux. La radio y est toujours le média roi.
9/10/20232 minutes, 30 seconds
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Défense: la future munition rodeuse française [Rediffusion]

Les systèmes automatisés sont de plus en plus utilisés dans le cadre de conflits, notamment en Ukraine. Ainsi les drones, initialement dotés de charges utiles dédiées au renseignement sont progressivement dotés de munitions capable de frapper tous types de cibles. La France compte produire prochainement ses propres munitions télé opérées. La future munition rodeuse française, c'est le thème de Lignes de défense.
9/3/20232 minutes, 29 seconds
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Ukraine: la guerre des drones

Attaques de drones ukrainiens sur Moscou, essaims de drones russes sur Kiev, mini-drones sur la ligne de front… Dans la guerre d’Ukraine, les drones sont partout. Jamais un conflit n’a rassemblé autant de ces machines qui viennent bouleverser les tactiques militaires. Rediffusion du 4 juin 2023Bien moins chers que des missiles, les drones créent en permanence la menace, la terreur ou encore l’incertitude dans tous les compartiments du champ de bataille, pointe Léo Peria-Peigné chercheur à l’Ifri, l’Institut français des relations internationales : « Vous avez deux armées qui ont du mal à couvrir l'ensemble du front, tout simplement parce que ni l'un ni l'autre n'est vraiment assez nombreuse pour faire une ligne totalement pleine comme c'était le cas pendant la Première Guerre mondiale. Vous avez des môles de résistance, des môles armés et les interstices vont être couverts par des drones qui vont permettre de repérer un mouvement adverse. Ça, c'est la version défensive. La version plus offensive va être armée, souvent légèrement, pour aller porter le feu en face et mener une sorte de harcèlement constant et permanent qui oblige l'adversaire à se tenir sur ses gardes. Ensuite, vous avez des drones plus performants, avec des portées plus importantes qui vont pouvoir se déployer notamment sur Moscou. Il y a quelques mois, d’anciens drones soviétiques à réaction ont été modifiés pour devenir des bombes volantes, afin d’être utilisé à cet effet. »Le Lancet 3 : un drone rustique et efficaceDès le début de la guerre, les Ukrainiens ont un coup d’avance : ils généralisent l’usage des drones, utilisant massivement des petits drones civils modifiés. Mais l’armée russe a depuis comblé son retard, en s’appuyant notamment sur le drone suicide Lancet 3. Rustique, peu coûteux, il est aussi, relève Léo Peria-Peigné, particulièrement efficace : « Aujourd'hui, le Lancet, malgré une charge utile un petit peu faible est quand même très utile pour faire ce que l’on appelle : la contre-batterie. En gros, il va détecter les départs de feu adverses et il va aller se crasher et détruire ou essayer de détruire les canons adverses. C'est comme ça que, au moins un des deux Caesars (canon automoteur français de 155 mmm) qui a été détruit et reconnu comme détruit, a été attaqué. »« Le drone, c’est la star de ce conflit » Michel GoyaRégulièrement, Moscou envoie des salves de drones suicides iraniens Shahed sur les arrières ukrainiens. Kiev fait de même en frappant le territoire russe dans la profondeur, notamment avec le drone Furia. Mais c’est au plus près du front que l’on retrouve le plus de drones. On est passé en Ukraine, souligne l’historien militaire Michel Goya, à une échelle jamais observée jusque-là : « L'armée ukrainienne, c'est l'armée la plus dronisé du monde, très largement. Les Russes s'y mettent aussi, ce qui rend d'ailleurs les choses plus compliquées. Un élément un peu nouveau de ce conflit, c'est une sorte de transparence du champ de bataille. Il est très difficile de monter des opérations de grande ampleur parce qu'elles sont rapidement visibles. Le ciel est dangereux pour les appareils pilotés (hélicoptères, avions de combat). En revanche, le ciel est peuplé de machines qui remplissent beaucoup de missions de l'aviation. Ils font du renseignement, ils font de la reconnaissance, ils font de la frappe et on peut imaginer l'attaque de la ligne fortifiée dans la province de Zaporijia précédée d’essaims de drones qui vont harceler les arrières russes. Ou inversement, les Russes qui vont essayer, en utilisant leurs drones, d'entraver toutes les opérations offensives ukrainiennes. Oui, le drone, c'est la star de ce conflit, incontestablement. »Conséquence : les pertes de drones sont aussi très élevées, chaque drone, disent les experts, ne vole pas plus de 4 à 6 fois avant d’être abattu.
8/27/20232 minutes, 31 seconds
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Chine: la première marine au monde

Alors que Pékin bombe régulièrement le torse dans le détroit de Formose, le mois dernier sa marine de guerre a de nouveau simulé le bouclage de Taïwan pendant trois jours. En une décennie de règne de Xi Jinping, la Chine a restructuré sa force navale et bâti la première marine au monde. Cette flotte est-elle aujourd’hui capable de dominer les mers ? (Rediffusion)
8/20/20232 minutes, 29 seconds
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Serval: le nouveau blindé multi-rôles de l'armée de Terre

Le 3e régiment de parachutistes d'infanterie de marine a reçu, au printemps dernier, les premiers blindés Serval. Ce véhicule multi-rôles doit équiper en priorité la force de réaction rapide de l'échelon national d'urgence. Pour Lignes de défense, Franck Alexandre a pu monter à bord de ce nouveau blindé léger du programme Scorpion. (Rediffusion du 21 mai 2023)
8/13/20232 minutes, 32 seconds
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La révolution robotique de l'armée de Terre

Au mois de mai dernier, l’armée de Terre a organisé la deuxième édition de la journée de la robotique, sur le camp militaire de Beynes près de Paris. Cet évènement a pour objectif de mettre en valeur les réflexions et les projets conduits en matière de systèmes d’armes létaux autonomes. La révolution robotique dans l’armée de Terre, c’est le thème de ce Lignes de défense. (Rediffusion du 14 mai 2023) Munitions rôdeuses dans les airs ou encore drones kamikazes antichars, la guerre en Ukraine illustre déjà ce que seront à une plus grande échelle les combats du futur. La rupture robotique a bel et bien commencé et au sein de l’état-major de l’armée de Terre, le colonel David Schuster imagine les synergies possibles entre les hommes et les machines, avec pour objectif de se doter dès 2040 de régiments robotisés.« En 2040, on vise vraiment l'atteinte d'unités complètement robotisées. Ça ne veut pas dire sans hommes, ce sont des unités qui vont mixer des systèmes qui intègrent beaucoup d'autonomie avec des unités un peu plus classiques. Ce qu'on va appeler des unités opérationnelles robotisées. Pour quoi faire ? Identifier les pistes les plus prometteuses d'un point de vue tactique. Par exemple aujourd'hui, de manière très naturelle, on utilise des drones pour la surveillance. Mais lorsqu'on parle de munitions télé-opérées, on voit que ces mêmes drones, on leur met une charge active et on les utilise pour neutraliser les objectifs. Est-ce que demain, un drone ce n'est pas quelque chose qu'on pourra poser quelque part, qui va agir comme une sentinelle, qui va surveiller sur le temps long ? Est-ce qu'on va pas faire ça à des robots terrestres aussi, qui vont peut-être pouvoir emporter des charges utiles beaucoup plus lourdes pour faire du combat, de la destruction de chars de l'interception électromagnétique ? »À l’avenir, les robots seront omniprésentsOu encore mener un travail de logistique pour alimenter les lignes de front, les robots seront donc à l’avenir omniprésents mais ils ne seront jamais complètement autonomes car la machine a ses faiblesses, pointe David Schuster : « Ce que le robot a du mal à faire, c'est faire face à l'imprévu. Or la guerre, c'est une succession d'imprévus, c'est pour ça qu'on croit en ce binôme homme-robot. En fait, le robot va aider l'homme dans certains cas et dans d’autres situations, c'est l'homme qui va aider le robot. Les limites du robot, ça va être de se retrouver face à l'imprévu et de réagir. Et on a beau parler d'intelligence artificielle, la guerre est un milieu complètement déstructuré dans lequel l’imprévu est constant. C'est extrêmement compliqué à appréhender pour un système qui n'est pas un humain ».L’armée de Terre observe de près la multiplication des munitions rôdeuses, capables par exemple de saturer et même polluer, dit le colonel Schuster, un champ de bataille. « Déployer des systèmes qui vont générer une menace diffuse dans une zone avec une certaine permanence, on est clairement sur la même approche qu'une zone polluée par un agent chimique ou un agent bactériologique. Et donc aujourd'hui, on commence à réfléchir à cette notion de pollution de certaines zones du champ de bataille par des SALA, des systèmes d'armes létaux autonomes. Ce n'est pas une crainte, c'est un paramètre que l'on intègre dans les réflexions tactiques. Un robot tueur, il craindra une action cinétique, il craindra un missile, donc à nous de trouver notre propre mode d'action. Prenons un exemple avec les munitions rôdeuses télé-opérées et qui opèrent en essaim, demain ces essaims pourront très bien faire face à une unité entièrement robotisée qui sera capable de les neutraliser. »Si la loi de programmation militaire 2024-2030 ne donne pas d’objectifs chiffrés, il est question pour les forces françaises et en particulier l’armée de Terre de disposer à brève échéance de plusieurs milliers de munitions télé-opérées.
8/6/20232 minutes, 30 seconds
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Pensée et culture stratégiques russes

Depuis la chute de l'Union soviétique, la pensée stratégique russe a connu une profonde mutation, avec la théorisation du contournement de la lutte armée. Décryptage avec Dimitri Minic, chercheur à l'Institut français des Relations internationales, auteur de Pensée et culture stratégiques russes aux éditions de la Maison des Sciences de l'homme, un ouvrage fondé sur l'examen de la littérature militaire en Russie et qui permet de saisir comment les stratèges russes perçoivent les caractéristiques d'une guerre moderne et qui éclaire aussi l'échec des forces armées russes en Ukraine. (Rediffusion)
7/30/20232 minutes, 29 seconds
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Stress post-traumatique, des militaires sans blessures apparentes

La blessure psychique du militaire engagé en opération est un phénomène qui affecte plus de 3 000 soldats français. Le 30 mars, l’association Solidarité défense a remis au ministre des Armées, Sébastien Lecornu, un projet pour rendre plus efficaces les dispositifs d’accompagnement et y associer les familles qui sont les victimes collatérales des syndromes de stress post-traumatiques. Témoignage. (Rediffusion du 02 avril 2023) Il a connu 1 000 vies au sein des commandos marine. Fernand, dit « Pépito », a passé vingt ans dans les forces spéciales, multipliant les opérations extérieures jusqu’à cette dernière mission au Mali. En janvier 2015, à Kidal, un véhicule suicide explose tout près de lui : « Je suis "blasté" avec une projection très violente. Je tombe dans l'inconscience et dans le coma. Quand j'ouvre les yeux, je crois que je suis mort et je vois un ange bleu, mais ce qui m'a le plus surpris c'est qu'il avait ma tête et il me souriait. Je suis parti au combat dans la foulée, dès que j'ai repris mes esprits pour rester jusqu'à la fin de la mission. »« Blasté » sans blessure apparente, mais de retour en France, Fernand n’est plus le même. « J'étais isolé, je ne comprenais plus rien, poursuit-il. Mes enfants voyaient que quand ils me parlaient je n'écoutais pas. Je n'étais plus là. Vous êtes à l'ouest, vous êtes irritable, vous avez une perte de concentration. Vous ne savez plus, vous ne pouvez pas et vous ne pouvez plus, vous ne savez pas. Vous avez cette sensation de chute permanente, vous sombrez, vous tombez… Quand vous appartenez à des unités d'élite, vous avez un ego surdimensionné donc je n’osais pas franchir la porte du médical par peur d'être inapte. Mais j'ai vu tant de collègues sombrer, que je me suis dit : "il ne faut pas attendre." Je savais que j'avais quelque chose. »Stress post-traumatiqueLes médecins de l’hôpital militaire de Brest posent leur diagnostic : stress post-traumatique. Une blessure psychique qui se traduit notamment par une désocialisation du blessé. « Plusieurs fois, j'ai proposé à mon épouse qu'on se sépare pour qu'elle soit heureuse. Je lui ai dit : "Refais ta vie parce que moi, je ne serai plus jamais le même." Il faut dialoguer sans juger et aller vers le blessé, aller surtout vers sa famille parce qu'eux, ils ne comprennent pas pourquoi le papa ou la maman sont différents, ils ne savent pas. Papa, il boit, il est irritable, il se met en colère facilement. Papa n'est plus là. Vous rentrez dans des heurts qui sont terribles, vous êtes en conflit avec vos enfants. Dans votre tête, tout se bouscule, vous ne vous comprenez plus. » Il est urgent, plaide Fernand, de changer le regard sur la blessure psychique : « Un syndrome posttraumatique, ça ne veut pas dire fou. On n'a pas un entonnoir sur la tête, on n'est pas fou ! Par contre, la cicatrice est toujours présente. Elle peut se rouvrir, vous ne maîtrisez pas . Un mot, une attitude peut vite tout déclencher et ce qui fait beaucoup déclencher les syndromes post-traumatiques c'est le parcours administratif. On ne comprend pas pourquoi il y a tout ça à faire, on a tout prouvé, il faut constamment tout recommencer. On se sent trahi quelque part et vous sombrez à nouveau. »L’association Solidarité défense propose la mise en place d’un parcours du proche aidant, pour soutenir le blessé et son entourage et faire reconnaître au même niveau que la blessure physique les syndromes de stress post-traumatique.► À écouter aussi : La médecine à l'épreuve des conflits de haute intensité
7/23/20232 minutes, 31 seconds
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L'immense ambition militaire de la Pologne

Face à la menace russe, la Pologne ambitionne de développer la plus grande armée terrestre d’Europe. Indéfectible soutien de l’Ukraine, Varsovie multiplie les contrats d’armement et veut désormais jouer parmi les grands. L’immense ambition militaire de la Pologne, c’est le thème de Lignes de défense avec Franck Alexandre. (Rediffusion du 26 mars 2023.) Les premiers chars lourds K2 Black Panther sont désormais en service au sein des forces polonaises. Il y a quelques mois, Varsovie a commandé à la Corée du Sud 1 000 blindés, mais aussi 600 obusiers et près de 300 lance-roquettes multiples. Des achats colossaux qui vont aussi profiter à l’industrie de défense polonaise, pointe Léo Périat, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI).« On aura à terme une armée polonaise qui pourrait être mieux équipée que l'armée française ne l'a jamais été, y compris pendant la Guerre froide. Les Polonais vont acquérir une capacité de production très considérable. Est-ce que tous les contrats qui ont été annoncés iront jusqu'au bout – parce qu'il arrive assez souvent qu'une partie du contrat soit ''squeezée'' avant la fin ? – ça, il va falloir le suivre de très près pour voir si, effectivement, la Pologne aura d'ici 2032-2035 la première armée d’Europe. »La Pologne pourrait ainsi cumuler à terme plus de chars que les cinq premières puissances militaires d’Europe de l’Ouest. Et si Varsovie a annoncé cette année une hausse significative de ses dépenses militaires, c’est qu’elle est en première ligne face à la Russie, souligne Frédéric Mauro, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques.« La Russie a toujours été perçue par la Pologne comme étant l'ennemi héréditaire. Elle est passée du stade de menace virtuelle au stade de menace tout à fait urgente. Jusqu'à présent, le gouvernement polonais s'en remettait presque exclusivement à la protection de l'Otan. Mais là, les choses ont un petit peu changé. Les Polonais se sont quand même rendus compte de la fragilité du protectorat américain. Le deuxième changement fondamental, qui est intervenu précisément avec la guerre en Ukraine, c'est qu'une guerre conventionnelle en Europe est redevenue possible. »La Pologne veut jouer parmi les grandsVarsovie redécouvre l’importance de l’autonomie stratégique et multiplie les alliances pour endosser un rôle de leader sur le flanc oriental de l’Otan. « L'alliance avec la Lituanie est tout à fait naturelle », indique Frédéric Mauro, « de même qu'elle l'est avec la Tchéquie et avec l'Ukraine. Donc c'est en constituant des alliances et en s'équipant elle-même que la Pologne se protège. Parmi les grands alliés potentiels, avec les Allemands, c'est vraiment compliqué. Mais il y a une alliance qui pourrait se révéler intéressante entre la Pologne et la France. Il y a des appels du pied de part et d'autre. Aujourd'hui, les Polonais se souviennent que les Français existent et qu'en matière de défense, ils ont quelques arguments à faire valoir. Notamment, mais pas seulement, dans le domaine nucléaire ».La Pologne veut désormais jouer parmi les grands et ambitionne de posséder, dans une décennie, les forces terrestres les plus puissantes d’Europe, forte de 300 000 soldats.
7/16/20232 minutes, 32 seconds
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La cure de jouvence des chars Leclerc

D’ici la fin de la décennie, les 200 chars Leclerc de l’armée de Terre vont connaître une cure de jouvence. L’industriel franco-allemand KNDS a commencé la rénovation des blindés dans son usine de Roanne, dans le centre de la France. La guerre en Ukraine a replacé les chars de combat au centre du champ de bataille, alors l’armée de terre française veut conserver ses Leclerc à l’avant-garde des blindés lourds. Ça usine, ça découpe et ça boulonne, dans l’immense nef industrielle de Roanne où une dizaine de chars Leclerc attendent leur cure de rajeunissement… Six mois de travail sur chaque engin, sous l’œil expert du chef d’atelier Thomas : « Bienvenue sur la ligne rénovation Leclerc. On reçoit les véhicules qui arrivent des régiments ou des parcs d'entraînement. Une fois qu'on a fait la perception, on va ce qu'on appelle 'éclater le char' c'est à dire le séparer en quatre sous-ensembles : le châssis, les tourelles un peu plus loin, le GMP – le groupe motopropulseur qui regroupe la boîte de vitesses, le moteur et la poutre de ventilation – et les chenilles ».Le Leclerc, fer de lance de la cavalerie française depuis plus de vingt ans, doit le rester encore longtemps. Les écrans plats s’invitent donc à bord pour accueillir le système de combat collaboratif Scorpion qui équipe tous les véhicules militaires.Le blindage aussi doit être remis au goût du jour, pointe Gérard Griseri, en charge du programme Leclerc chez KNDS : « La protection latérale en rajoutant un kit, ce qu'on appelle le 'kit Azur', c'est une protection contre les roquettes de type RPG. On crée une protection contre les mines en venant rajouter du blindage en dessous ; on rajoute un tourelleau équipé d’une mitrailleuse de 7,62mm sur le toit de la tourelle. On ajoute aussi 'Barrage', qui est un système de brouillage anti-IED... aussi le poids total du char passe de 57 à 63 tonnes ».Rester aligné avec la concurrenceUn surpoids qui ne sera pas sans conséquence pour la turbine de 1500 chevaux qui propulse le char… En termes de rapport poids-puissance, on arrive à la limite, souffle François Groshany, responsable du département Blindés chenillés. Mais après cette rénovation, juge-t-il, le Leclerc sera toujours l’un des meilleurs chars de combat au monde.« Ça lui permet de retrouver l'alignement avec ses concurrents. Ça reste toujours un très bon matériel ; par sa puissance de feu, sa compacité, ça reste un des rares chars au monde équipés d'un chargement automatique, avec seulement trois servants à bord, là où la plupart des autres matériels sont encore équipés de quatre servants. On a remplacé le chargeur de munitions par un automate qui permet d'avoir cette fameuse compacité et cette compacité, c'est une des caractéristiques des matériels français parce que l'armée de Terre française est une armée de projection. »Cette rénovation fait pourtant l’impasse sur la menace drone, qui en Ukraine a mis à mal les blindés… Il n’est pas prévu d’installer de détecteur d’alerte laser, qui prévient l’équipage lorsqu’il est visé, et pas de dispositif hard kill qui intercepte les missiles antichars non plus. Mais on ne peut pas tout empiler sur une tourelle, se défend Gérard Griseri : « Un char, ce n'est pas un arbre de Noël. On ne cherche pas à mettre le plus de dispositifs sur le toit. Ce qu'on veut, c'est être efficace et discret ».Le Leclerc rénové restera en service jusqu’à l’arrivée du char du futur franco-allemand, baptisé MGCS pour Main Ground Combat System, qui devrait, au mieux, voir le jour à l’horizon 2035.
7/9/20232 minutes, 29 seconds
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Armée russe: une purge à bas bruit

Cette semaine, les généraux les plus gradés de l'armée russe ont disparu de la scène publique à la suite de la tentative avortée de mutinerie des mercenaires de Wagner pour renverser le commandement militaire à Moscou. Une purge à bas bruit pourrait avoir commencé alors que le président Vladimir Poutine veut réaffirmer son autorité sur l’armée russe. Le général Sergueï Sourovikine, commandant adjoint des opérations militaires russes en Ukraine savait, a rapporté le New York Times le 27 juin, ce que tramait le chef de Wagner. Citant le renseignement américain, le quotidien indique que d’autres généraux russes pourraient avoir soutenu la démarche d’Evgueni Prigojine.Aucun élément n’est venu étayer ces suppositions. Néanmoins, les généraux les plus gradés de l’armée russe ont disparu cette semaine de la scène publique. La purge semble lancée contre les officiers qui auraient, soit soutenu le coup de force, soit été trop passifs face à la marche de Wagner sur Moscou, indique le géopolitologue Cyrille Bret : « Une purge dans l’appareil militaire russe est inévitable pour au moins trois raisons. La première, c'est l'inefficacité des forces armées russes sur le front ukrainien, qui inflige un démenti à la stratégie du président Poutine. La seconde, ce sont les soupçons généralisés de complaisance, voire de complicité, à l'égard de la milice Wagner. Il ne faut pas oublier que la milice Wagner a été engagée sur des théâtres où l'armée régulière, elle aussi, était engagée et ou des liens se sont tissés. Et puis, plus largement, une purge dans le haut commandement militaire comme celle qui avait été réalisée par Staline contre le maréchal de l’Union soviétique, Mikhaïl Toukhatchevski et son entourage, juste avant la Seconde Guerre mondiale, est un élément traditionnel, classique de l'établissement et du rétablissement de l'autorité du chef en Russie. »À lire aussiDe nombreuses questions se posent après la rébellion avortée de Prigojine contre le pouvoir russeL'autorité du chefDepuis une semaine, ni Valeri Guerassimov, chef d’état-major des armées, ni Sergueï Choïgou, ministre de la Défense, n’ont pris la parole. En revanche, lors d'un déplacement dans le Caucase russe mercredi, Vladimir Poutine a assuré « ne pas avoir douté » du soutien de la population. Et il s’est même offert un bain de foule, pointe Cyrille Bret : « En régime de croisière, en régime ordinaire, Vladimir Poutine se montre tous les jours à la télévision, dans son bureau, dans les réunions qu'il a avec les super préfets, les ministres, son Premier ministre, les représentants de la société civile. Aujourd'hui, il se montre au milieu de la foule, il se montre au milieu du peuple pour bien manifester sa légitimité populaire et l'opposé à l'illégitimité de Wagner. Mais plus largement, les apparitions et les disparitions, les périodes de silence, d'absence et les périodes de réapparition sont typiques de la période soviétique où tel ou tel leader, selon qu'il était en faveur ou selon qu'il ne l'était pas, apparaissait ou disparaissait. Ça fait partie intégrante des opérations de rétablissement de l'autorité du chef. S’il est capable de réduire au silence pour une longue période, puis de faire réapparaître, quasiment de ressusciter une personnalité, c'est qu'il est le chef incontesté et omnipotent. »En attendant d’éventuelles réapparitions, les rumeurs les plus folles d’interrogatoires et même d’emprisonnement de hauts gradés militaires courent Moscou et agitent les réseaux sociaux russes.À lire aussiRébellion avortée de Wagner: «Prigojine et Poutine ont perdu la face dans cette affaire»
7/2/20232 minutes, 29 seconds
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Défense: la bataille de l’hypersonique

Au salon du Bourget, MBDA, le spécialiste européen de l’armement aéronautique, a présenté ses travaux qui visent à mettre au point un missile antimissile. L’engin nommé Aquila aura la charge de contrer les futures menaces hypersoniques, d’une vitesse supérieure à Mach 5. La bataille de l’hypersonique, c’est le thème de Lignes de défense avec Franck Alexandre. La Russie est la première à avoir dégainé l’arme hypersonique. En Ukraine, avec son missile de haute précision Kinjal, les batteries Patriot américaines déployées à Kiev ont prouvé qu’il était néanmoins possible d’arrêter ces armes, « ultimes », aux dires de Moscou. Mais, cela reste un véritable défi technologique, car ces missiles vont vite et de plus, ils manœuvrent, pointe Lionel Mazenq en charge de l’incubateur de programmes au sein de la direction des systèmes futurs de MBDA : « Il est difficile lorsqu'on les observe de loin, de savoir s'ils viennent vers nous ou s'ils vont vers un autre objectif. Et là, il y a un vrai défi. Un défi de prédiction de leur comportement et de prédiction des endroits qu'ils peuvent rejoindre. Et ensuite, il faut être capable d'aller les intercepter lorsqu'on veut défendre des zones larges. Évidemment, on comprend qu'il va falloir s'avancer. Pour aller chercher le missile adverse et à ce moment-là, le missile adverse, lui, il vole haut, il vole vite et il a une capacité de manœuvre. » Pour défendre des zones larges, le projet de MBDA repose sur deux axes : l’alerte avancée et la riposte. Une riposte qui doit être aussi rapide que les missiles adverses, souligne Lionel Mazenq : « On parle bien de vitesse supérieure à Mach 5 pour la cible et l'on parle bien de vitesse également au moment de l'interception supérieure à Mach 5 pour l'intercepteur, on a des engins qui se croisent à plus de 12 000 km heure. Il y a des problèmes mécaniques, il y a des problèmes thermiques, il y a des problèmes de fonctionnement des capteurs, il faut avoir la propulsion qui va bien. Il faut avoir aussi les bons systèmes de pilotage, les systèmes à base de fusée pour manœuvrer très rapidement, être très agile. » Sky Sonic contre AquilaAu Salon du Bourget, la société israélienne Rafael assure que Sky Sonic, son futur intercepteur hypersonique, sera technologiquement le plus avancé. Mais, les États-Unis aussi ont lancé leur programme. Face aux récents missiles russes Zircon ou DF 21 chinois évoluant à plus de mach 10, toutes les armées cherchent la parade. MBDA fournit sa solution. Un intercepteur dénommé Aquila. Il n’écartera cependant pas toutes les menaces, indique Lionel Mazenq : « Nous faisons des outils pour les forces armées, on ne fait pas l'arme absolue qui résout tous les problèmes. La tactique a encore largement sa place, car avec des défenses anti hypersoniques, on contraint les trajectoires de l'adversaire. Si l’ennemi a peu de missiles à sa disposition, il va être obligé de contourner les zones défendues. Il va perdre à ce moment-là en portée. Il va donc devoir s’approcher et se mettre en situation de vulnérabilité ou de contre-feu. Et, effectivement, on va participer à la mise au point de cette défense en aidant à la prise de décision. Avec l’hypersonique, on est obligé d'avoir des temps de réaction très faibles et donc on est obligé d'aider le décideur humain, c'est évident. »Avec l’hypersonique, la course aux armements est bien de retour. Le système Aquila devrait être opérationnel d'ici à une décennie, et il exigera un effort financier si important qu’il sera nécessairement partagé au niveau européen.
6/25/20232 minutes, 30 seconds
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Ukraine: duel sur la ligne de front

Depuis le début de la contre-offensive ukrainienne, commencée il y a deux semaines, Moscou martèle que celle-ci est un échec… Kiev de son côté assure avoir libéré, notamment sur le front Sud, une poignée de localités. Mais, l'Ukraine, qui n’a pas encore engagé le gros de ses forces, n’est pas parvenue à franchir les lignes adverses. Duel dans le glacis défensif russe, c'est le sujet de Lignes de défense.
6/18/20232 minutes, 30 seconds
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Comment l'armée ukrainienne se met au défi de franchir les lignes russes ?

La contre-offensive ukrainienne annoncée de longue date se précise. Les combats ces derniers jours sont plus intenses dans les régions de Donetsk et Zaporija. Mais pour permettre aux blindés ukrainiens d’avancer, les unités du génie vont devoir ouvrir des « brèches » dans le rideau défensif russe. Le « bréchage », élément central de l’offensive ukrainienne, c’est le thème de Lignes de défense. Champs de mines, obstacles antichars, tranchées, et des casemates… Cette ligne de défense, les Russes l’ont baptisée Fabergé, référence au joailler des Tsars… la ligne Fabergé a de l’épaisseur et la franchir ne sera pas une mince affaire, pointe le colonel Frédéric Jordan du Centre de doctrine et d'enseignement du commandement : « Cette ligne défensive, elle est installée dans la profondeur, sur à peu près une profondeur d'une trentaine de kilomètres et sur 6 lignes successives. Ce qui permet aux Russes, d'abord d'observer une attaque ukrainienne et ensuite, par bonds successifs, d'essayer de l'arrêter. L'ensemble de cette ligne est largement valorisé par des moyens du génie, en particulier des mines, mais aussi des abris. Des abris bétonnés et un certain nombre de tranchées. Elle n’est pas tout à fait continue, il y a beaucoup d'espaces lacunaires, mais en fait, elle est positionnée sur les endroits qui sont des couloirs de mobilité qui permettraient de protéger des sites, des carrefours, des zones d'importance stratégique. »Ligne Fabergé et artillerie spécialeL’armée russe a également étoffé sa défense, d’une « artillerie spéciale », comme il l’appelle : ils ont enterré leurs vieux chars T54 sortis des stocks cet hiver ; seules les tourelles émergent du sol… L'objectif est d’opposer à l’assaillant de plus en plus d’obstacles et lui infliger le maximum de pertes.Alors pour que les troupes d’assaut ne s’engluent pas dans ce maillage défensif, les unités du Génie ukrainien vont devoir ouvrir des corridors, c’est le « bréchage » indique le colonel Jordan « Pour franchir cette ligne, il faut brécher et donc il faut des moyens du génie capables justement d'ouvrir des couloirs de pénétration dans ces bandes minées par exemple ou sur des obstacles qui auraient pu être mis en place pour freiner toute avance. Ça peut être aussi des fossés antichars par exemple. Donc le Génie va être en première ligne sur cette action. Il sera appuyé par l'artillerie pour masquer son déploiement. Pour tirer sur des défenseurs russes qui essaient bien évidemment de détruire ces matériels du génie. Il sera aussi entouré d'unités blindées d'infanterie, qui vont pouvoir exploiter très, très vite ensuite, les brèches qui ont été mises en place dans le dispositif russe. »À Donetsk et Zaporijjia,Il n'y a pas encore de grande manœuvre, l’armée ukrainienne sonde le dispositif russe, précise l’historien militaire Michel Goya, pour y trouver des intervalles : « s'ils arrivent à percer les lignes fortifiées, ils créent une brèche et là, ils lancent, comme c'était le cas un peu dans la province de Kharkiv en septembre… Là, ils lancent des unités mobiles qui essaient d'aller le plus loin possible à l'intérieur et peut-être qu'on pourra assister, d'ailleurs, pour la première fois, à de véritables combats de rencontres… Des combats mobiles. Il y a des centaines de chars de part et d'autre, et il n’y a pas de bataille de chars. Mais si les Ukrainiens percent, à ce moment-là, on verra peut-être des chars qui s'affrontent directement. »Blindés de déminage, bulldozers et ponts projetés sont donc la clé d’une contre-offensive d’envergure. Des matériels rares que les Etats-Unis sont les seuls à posséder en quantité…
6/11/20232 minutes, 29 seconds
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Ukraine: la guerre des drones

Attaques de drones ukrainiens sur Moscou, essaims de drones russes sur Kiev, mini-drones sur la ligne de front… Dans la guerre d’Ukraine, les drones sont partout. Jamais un conflit n’a rassemblé autant de ces machines qui viennent bouleverser les tactiques militaires. Bien moins chers que des missiles, les drones créent en permanence la menace, la terreur ou encore l’incertitude dans tous les compartiments du champ de bataille, pointe Léo Péria-Peigné chercheur à l’Ifri, l’Institut français des relations internationales : « Vous avez deux armées qui ont du mal à couvrir l'ensemble du front, tout simplement parce que ni l'un ni l'autre n'est vraiment assez nombreuse pour faire une ligne totalement pleine comme c'était le cas pendant la Première Guerre mondiale. Vous avez des môles de résistance, des môles armés et les interstices vont être couverts par des drones qui vont permettre de repérer un mouvement adverse. Ça, c'est la version défensive. La version plus offensive va être armée, souvent légèrement, pour aller porter le feu en face et mener une sorte de harcèlement constant et permanent qui oblige l'adversaire à se tenir sur ses gardes. Ensuite vous avez des drones plus performants, avec des portées plus importantes qui vont pouvoir se déployer notamment sur Moscou. Il y a quelques mois, d’anciens drones soviétiques à réaction ont été modifiés pour devenir des bombes volantes, afin d’être utilisé à cet effet. »Le Lancet 3 : un drone rustique et efficaceDès le début de la guerre, les Ukrainiens ont un coup d’avance : ils généralisent l’usage des drones, utilisant massivement des petits drones civils modifiés. Mais l’armée russe a depuis comblé son retard, en s’appuyant notamment sur le drone suicide Lancet 3. Rustique, peu coûteux, il est aussi, relève Léo Péria-Peigné, particulièrement efficace : « Aujourd'hui, le Lancet, malgré une charge utile un petit peu faible est quand même très utile pour faire ce que l’on appelle : la contre-batterie. En gros, il va détecter les départs de feu adverses et il va aller se crasher et détruire ou essayer de détruire les canons adverses. C'est comme ça que, au moins un des deux Caesars (canon automoteur français de 155 mmm) qui a été détruit et reconnu comme détruit, a été attaqué. »« Le drone, c’est la star de ce conflit » Michel GoyaRégulièrement, Moscou envoie des salves de drones suicides iraniens Shahed sur les arrières ukrainiens. Kiev fait de même en frappant le territoire russe dans la profondeur, notamment avec le drone Furia. Mais c’est au plus près du front que l’on retrouve le plus de drones. On est passé en Ukraine, souligne l’historien militaire Michel Goya, à une échelle jamais observée jusque-là : « L'armée ukrainienne, c'est l'armée la plus dronisé du monde, très largement. Les Russes s'y mettent aussi, ce qui rend d'ailleurs les choses plus compliquées. Un élément un peu nouveau de ce conflit, c'est une sorte de transparence du champ de bataille. Il est très difficile de monter des opérations de grande ampleur parce qu'elles sont rapidement visibles. Le ciel est dangereux pour les appareils pilotés (hélicoptères, avions de combat). En revanche, le ciel est peuplé de machines qui remplissent beaucoup de missions de l'aviation. Ils font du renseignement, ils font de la reconnaissance, ils font de la frappe et on peut imaginer l'attaque de la ligne fortifiée dans la province de Zaporijia précédée d’essaims de drones qui vont harceler les arrières russes. Ou inversement, les Russes qui vont essayer, en utilisant leurs drones, d'entraver toutes les opérations offensives ukrainiennes. Oui, le drone, c'est la star de ce conflit, incontestablement. »Conséquence : les pertes de drones sont aussi très élevées, chaque drone, disent les experts, ne vole pas plus de 4 à 6 fois avant d’être abattu.
6/4/20232 minutes, 31 seconds
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Le 2e REP saute sur le Liptako nigérien

Après l’opération Barkhane, place désormais à un partenariat de combat rénové avec le Niger. Illustration avec les légionnaires du 2e REP de Calvi. Ils ont mené, il y a quelques jours, avec les parachutistes des forces armées nigériennes une opération aéroportée « éclair » sur le Liptako, le long d’une frontière poreuse où s’infiltrent des katibas terroristes. Franck Alexandre était à leurs côtés. À lire aussi :  Afrique de l’Ouest-Sahel: vers une présence modulable et légère des troupes françaises Forces françaises au Sahel: l'anti-Barkhane?
5/28/20232 minutes, 30 seconds
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Serval: le nouveau blindé multi-rôles de l'armée de Terre

Le 3ᵉ régiment de parachutistes d'infanterie de marine a reçu, ces derniers jours, les premiers blindés Serval. Ce véhicule multi-rôles doit équiper en priorité la force de réaction rapide de l'échelon national d'urgence. Pour Lignes de défense, Franck Alexandre a pu monter à bord de ce nouveau blindé léger du programme Scorpion.
5/21/20232 minutes, 32 seconds
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La révolution robotique dans l'armée de Terre

Ce mercredi 10 mai, l’armée de Terre a organisé la deuxième édition de la journée de la robotique, sur le camp militaire de Beynes, proche de Paris. Cet évènement a pour objectif de mettre en valeur les réflexions et les projets conduits en matière de systèmes d’armes létaux autonomes. La révolution robotique dans l’armée de Terre, c’est le thème de Lignes de défense. Munitions rôdeuses dans les airs ou encore drones kamikazes antichars, la guerre d’Ukraine illustre déjà ce que seront à une plus grande échelle les combats du futur… La rupture robotique a bel et bien commencé et au sein de l’état-major de l’armée de Terre, le colonel David Schuster imagine les synergies possibles entre les hommes et les machines, avec, pour objectif de se doter dès 2040 de régiments robotisés. « En 2040, on vise vraiment l'atteinte d'unités complètement robotisées, ça ne veut pas dire sans hommes, ce sont des unités qui vont mixer des systèmes qui intègrent beaucoup d'autonomie avec des unités un peu plus classiques. Ce qu'on va appeler des unités opérationnelles robotisées. Pour quoi faire ? Identifier les pistes les plus prometteuses d'un point de vue tactique. Par exemple aujourd'hui, de manière très naturelle, on utilise des drones pour la surveillance. Mais lorsqu'on parle de munitions télé opérées, on voit que ces mêmes drones, on leur met une charge active et on les utilise pour neutraliser les objectifs. Est-ce que demain, un drone, ce n'est pas quelque chose qu'on pourra poser quelque part, qui va agir comme une sentinelle, qui va surveiller sur le temps long ? Est-ce qu'on va pas faire ça à des robots terrestres aussi qui vont peut-être pouvoir emporter des charges utiles beaucoup plus lourdes pour faire du combat, de la destruction de chars de l'interception électromagnétique ? »  Les robots seront à l’avenir omniprésents Ou encore mener un travail de logistique pour alimenter les lignes de front, les robots seront donc à l’avenir omniprésents, mais ils ne seront jamais complétement autonomes, car la machine à ses faiblesses pointe David Schuster : « Ce que le robot a du mal à faire, c'est faire face à l'imprévu. Or, la guerre, c'est une succession d'imprévus, c'est pour ça que on croit en ce binôme homme robot. En fait, le robot va aider l'homme dans certains cas et dans d’autres situations c'est l'homme qui va aider le robot. Les limites du robot, ça va être de se retrouver face à l'imprévu et de réagir. Et on a beau parler d'intelligence artificielle, la guerre est un milieu complètement déstructuré dans lequel l’imprévu est constant. C'est extrêmement compliqué à appréhender pour un système qui n'est pas un humain. »  L’armée de Terre observe de près la multiplication des munitions rôdeuses, capables, par exemple de saturer et même polluer, dit le colonel Schuster, un champ de bataille. « Déployer des systèmes qui vont générer une menace diffuse dans une zone avec une certaine permanence, on est clairement sur la même approche qu'une zone polluée par un agent chimique ou un agent bactériologique. Et donc aujourd'hui, on commence à réfléchir sur cette notion de pollution de certaines zones du champ de bataille par des SALA, des systèmes d'armes létaux autonomes. Ce n'est pas une crainte, c'est un paramètre que l'on intègre dans les réflexions tactiques. Un robot tueur, il craindra une action cinétique, il craindra un missile, donc à nous de trouver notre propre mode d'action. Prenons un exemple avec les munitions rôdeuses télé opérées et qui opèrent en essaim, demain ces essaims pourront très bien faire face à une unité entièrement robotisée qui sera capable de les neutraliser ». Si la loi de programmation militaire 2024-2030 ne donne pas d’objectifs chiffrés, il est question pour les forces françaises et en particulier l’armée de Terre de disposer à brève échéance de plusieurs milliers de munitions télé opérées.
5/14/20232 minutes, 30 seconds
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Chine: la première marine au monde

Alors que Pékin bombe régulièrement le torse dans le détroit de Formose, le mois dernier sa marine de guerre a de nouveau simulé le bouclage de Taïwan pendant trois jours. En une décennie de règne de Xi Jinping, la Chine a restructuré sa force navale et bâti la première marine au monde. Cette flotte est-elle aujourd’hui capable de dominer les mers ? (Rediffusion)
5/7/20232 minutes, 29 seconds
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Pensée et culture stratégiques russes

Depuis la chute de l'Union soviétique, la pensée stratégique russe a connu une profonde mutation, avec la théorisation du contournement de la lutte armée. Décryptage avec Dimitri Minic, chercheur à l'Institut français des Relations internationales, auteur de « Pensée et culture stratégiques russes » aux éditions de la Maison des Sciences de l'homme, un ouvrage fondé sur l'examen de la littérature militaire en Russie et qui permet de saisir comment les stratèges russes perçoivent les caractéristiques d'une guerre moderne et qui éclaire aussi l'échec des forces armées russes en Ukraine.
4/23/20232 minutes, 29 seconds
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Offensive du printemps en Ukraine: le retour de la guerre de mouvement ?

Avec le retour du printemps et des terrains plus praticables, une nouvelle offensive ukrainienne est pressentie dans les prochaines semaines. Audace et rapidité seront les éléments clés de cette manœuvre. Mais pour réussir une opération majeure, Kiev devra d’abord franchir un important rideau défensif russe…  Les Ukrainiens sont passés maitres dans l’art de frapper où on ne les attend pas… Or, les troupes de Moscou, si elles ne sont pas parvenues au cours de l’hiver à enfoncer le front ukrainien, se préparent désormais à une contre-offensive. Et cette fois-ci, souligne Philippe Gros de la fondation pour la recherche stratégique, il sera plus difficile de duper l’armée russe : « Une offensive de ce type nécessite une connaissance parfaite du dispositif adverse. Ça nécessite un effet de surprise qui peut être alimenté par des opérations de déception, l'opération de déception c'est une opération dans laquelle l'adversaire réagit de façon préjudiciable à ses intérêts. Ça va nécessiter également dans la mesure de la densité du dispositif russe une puissance de feu très importante pour entraver le ravitaillement russe de la ligne de front puis entraver la coordination de ces unités qui amène à amollir la défense affecter le moral éventuellement isoler ces unités » Champs de mines… Dents de dragons, ces plots en béton empêchant le passage des blindés et réseaux de tranchés… Les ukrainiens devront franchir un solide rideau défensive… pour passer ils devront aussi créer le danger sur toute la ligne de front, « Il ne faut pas s'imaginer un effort offensif restreint uniquement sur un axe, c'est-à-dire qu’une grosse partie du Front ukrainien devra logiquement passer à un effort offensif a minima pour fixer les Russes, maintenir la pression. Et puis ensuite vous avez donc une action interarmes, un effort de percé qui combine l'infanterie, le génie de combat, pour ouvrir justement des brèches dans les dispositifs de contre mobilité russe. Les chars pourront ensuite exploiter, contourner, disloquer le dispositif adverse. » Ou attaquera l’Ukraine ? À Bakhmout pour encercler les forces russes ? ou plus au sud pour atteindre la mer d’Azov et couper en deux le dispositif russe ? Manœuvrer en tout cas, ne sera pas facile, prévient Philippe Gros car la défense précise-t-il a toujours un avantage sur l’attaque, « Est-ce que les Ukrainiens seront capables de développer une véritable logique de manœuvre sur un centre de gravité qui puisse provoquer un effondrement systémique du Front russe ou est-ce qu'on sera sur plutôt un effort progressif comme celui qu'on a eu à Kherson ou les Ukrainiens insisteraient sur un certain nombre de points de vulnérabilité sans pour autant pouvoir provoquer rapidement, par le momentum, le tempo de leur offensive, l'effondrement du dispositif russe ? Est-ce que les Ukrainiens peuvent répéter cette approche indirecte ? c'est là toute la question… »  Blitzkrieg ou guerre de position, Kiev essayera forcément d’induire l’ennemi en erreur… La bataille à venir sera donc aussi une guerre de la désinformation.
4/16/20232 minutes, 28 seconds
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Loi de programmation militaire 2024-2030: l’épineuse répartition des crédits

Le projet de Loi de programmation militaire (LPM) français pour la période 2024-2030 a été présenté en Conseil des ministres le 4 avril. Sur fond de retour de la guerre en Europe, il prévoit des hausses annuelles sans précédent de 3 à 4 milliards d’euros du budget des armées. Cependant, le ministère des Armées admet avoir priorisé certains programmes d’armements au détriment d’autres. Cette LPM ne sera donc pas synonyme de massification des armées. Avec un budget XXL de 413 milliards d’euros sur six ans, l’armée de terre espérait obtenir plus de chars. Ce ne sera donc pas le cas. Même le programme de renouvellement des blindés médians actuellement en route ne sera pas achevé en 2030. La situation est identique dans l’armée de l’air où le passage au tout Rafale est décalé à l’horizon 2035. Alors comment se fait-il qu’avec autant d’argent, les armées ne grossissent pas, se sont interrogés les membres de la commission de la Défense, le 5 avril lors de l’audition à l’Assemblée nationale du ministre des Armées. Sébastien Lecornu leur répond : « Vous avez, dans ces crédits, des crédits qui vont être consommés rapidement pour des effets immédiats. C’est assez vrai par exemple pour le renseignement, c’est assez vrai pour certains achats de munitions. Et puis vous allez avoir des crédits de paiement pour des effets dont vous ne verrez rien pendant cette LPM. Exemple le plus visible, le plus évident, c’est le futur porte-avions de nouvelle génération. C’est de la construction et donc ça n’aura pas d’effets militaires immédiats. Il y a des réalités qui tiennent à la vie des programmes, c’est la réalité du physique. C’est comme ça ! » Nouveaux champs de bataille La réalité, c’est aussi qu’une large partie du budget sera absorbée par la rénovation des vecteurs de la dissuasion nucléaire. Des crédits largement destinés également au renseignement. Pour rester dans la course, il faut financer des sauts technologiques très coûteux, pointe Thomas Gassilloud, président de la commission de la Défense à l’Assemblée : « On doit faire face à de nouveaux combats, dans de nouveaux espaces où il faut être présent, notamment le cyber, l’espace exo atmosphérique. Et donc il ne s’agit pas seulement de gagner en muscle, mais d’être présent également sur de nouveaux champs de bataille où la guerre de demain se joue également. Surtout, il faut des moyens pour analyser les informations gigantesques qui arrivent puisqu’on a des capteurs de plus en plus nombreux et précis et donc on a besoin également d’intelligence artificielle pour faire parler ces masses de données et en tirer une information utile pour nos décisions politiques. » Une menace plane cependant sur ces crédits militaires : l’inflation. Si la crainte de voir la flambée des prix rogner les budgets de défense est réelle, dit le député Jean-Michel Jacques rapporteur de cette LPM, ce risque n’a pas été oublié : « Effectivement, l’inflation est là. Maintenant, si on regarde dans les rétroviseurs, on le voit bien, d’autres gouvernements ont fait face à des inflations. Je pense aux années 1950 et 1960 et nous avons tout de même décidé dans ces périodes de nous doter de l’arme nucléaire et ça s’est fait. Ce que j’ai pu constater dans ce projet de Loi de programmation militaire, c’est que cette inflation est prise en compte à hauteur de 30 milliards d’euros, ce qui est vertueux. Bien entendu, le Parlement devra rester vigilant. Si l’inflation devait être plus lourde, il faudrait adapter les budgets militaires en conséquence. » Avec 413 milliards d’euros, assure Sébastien Lecornu défendant son budget, il n’y a rien de trop dans la future Loi de programmation militaire, bien conscient du fait que la répartition de ces sommes n’a pas fini de faire grincer des dents sous les képis. ► À lire aussi : En France, une hausse du budget des armées «sans précédent» dans un contexte tendu
4/9/20232 minutes, 29 seconds
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Des militaires sans blessure apparente

La blessure psychique du militaire engagé en opération est un phénomène qui affecte plus de 3 000 militaires français. Ce 30 mars, l’association Solidarité défense a remis au ministre des Armées, Sébastien Lecornu, un projet pour rendre plus efficaces les dispositifs d’accompagnement et y associer les familles qui sont les victimes collatérales des syndromes de stress post-traumatiques. Témoignage. Il a connu 1 000 vies au sein des commandos marine, Fernand, dit « Pépito », a passé vingt ans dans les forces spéciales, multipliant les opérations extérieures jusqu’à cette dernière mission au Mali. En janvier 2015 à Kidal, un véhicule suicide, explose tout près de lui : « Je suis "blasté" avec une projection très violente. Je tombe dans l'inconscience et dans le coma. Quand j'ouvre les yeux, je crois que je suis mort et je vois un ange bleu, mais ce qui m'a le plus surpris c'est qu'il avait ma tête et il me souriait. Je suis parti au combat dans la foulée, dès que j'ai repris mes esprits pour rester jusqu'à la fin de la mission. » « Blasté » sans blessure apparente, mais de retour en France, Fernand n’est plus le même. « J'étais isolé, je ne comprenais plus rien, poursuit-il. Mes enfants voyaient que quand ils me parlaient je n'écoutais pas. Je n'étais plus là. Vous êtes à l'ouest, vous êtes irritable, vous avez une perte de concentration. Vous ne savez plus, vous ne pouvez pas et vous ne pouvez plus, vous ne savez pas. Vous avez cette sensation de chute permanente, vous sombrez, vous tombez… Quand vous appartenez à des unités d'élite, vous avez un ego surdimensionné donc je n’osais pas franchir la porte du médical par peur d'être inapte. Mais j'ai vu tant de collègues sombrer, que je me suis dit : "il ne faut pas attendre." Je savais que j'avais quelque chose. » Stress post-traumatique Les médecins de l’hôpital militaire de Brest posent leur diagnostic : stress post-traumatique. Une blessure psychique qui se traduit notamment par une désocialisation du blessé. « Plusieurs fois, j'ai proposé à mon épouse qu'on se sépare pour qu'elle soit heureuse. Je lui ai dit : "Refais ta vie parce que moi je ne serai plus jamais le même." Il faut dialoguer sans juger et aller vers le blessé, aller surtout vers sa famille parce que eux, ils ne comprennent pas pourquoi le papa ou la maman sont différents, ils ne savent pas. Papa il boit, il est irritable, il se met en colère facilement. Papa n'est plus là. Vous rentrez dans des heurts qui sont terribles, vous êtes en conflit avec vos enfants. Dans votre tête, tout se bouscule, vous ne vous comprenez plus. »  Il est urgent, plaide Fernand, de changer le regard sur la blessure psychique : « Un syndrome posttraumatique, ça ne veut pas dire fou. On n'a pas un entonnoir sur la tête, on n'est pas fou ! Par contre, la cicatrice est toujours présente. Elle peut se rouvrir, vous ne maîtrisez pas. Un mot, une attitude peut vite tout déclencher et ce qui fait beaucoup déclencher les syndromes post-traumatiques c'est le parcours administratif. On ne comprend pas pourquoi il y a tout ça à faire, on a tout prouvé, il faut constamment tout recommencer. On se sent trahi quelque part et vous sombrez à nouveau. » L’association Solidarité défense propose la mise en place d’un parcours du proche aidant, pour soutenir le blessé et son entourage et faire reconnaitre au même niveau que la blessure physique les syndromes de stress post-traumatique. ► À écouter aussi : La médecine à l'épreuve des conflits de haute intensité
4/2/20232 minutes, 31 seconds
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L'immense ambition militaire de la Pologne

Face à la menace russe, la Pologne ambitionne de développer la plus grande armée terrestre d’Europe… Indéfectible soutien de l’Ukraine, Varsovie multiplie les contrats d’armement et veut désormais jouer parmi les grands. L’immense ambition militaire de la Pologne, c’est le thème de Lignes de défense avec Franck Alexandre. Les premiers chars lourds K2 black panther sont désormais en service au sein des forces polonaises. Il y a quelques mois, Varsovie a commandé à la Corée du Sud 1 000 blindés, mais aussi 600 obusiers et près de 300 lance-roquettes multiples… Des achats colossaux qui vont aussi bénéficier à l’industrie de défense polonaise pointe Léo Périat, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri) : « On aura à terme une armée polonaise qui pourrait être mieux équipée que l'armée française ne l'a jamais été, y compris pendant la guerre froide. Les Polonais vont acquérir une capacité de production très considérable. Est-ce que tous les contrats qui ont été annoncés iront jusqu'au bout – parce qu'il arrive assez souvent qu'une partie du contrat soit ''squeezée'' avant la fin – ? Ça, il va falloir le suivre de très près, pour voir si, effectivement, la Pologne aura d'ici 2032-2035 la première armée d’Europe. » La Pologne pourrait ainsi cumuler à terme plus de chars que les cinq premières puissances militaires d’Europe de l’Ouest. Et si Varsovie a annoncé cette année une hausse significative de ses dépenses militaires, c’est qu’elle est en première ligne face à la Russie, souligne Frédéric Mauro, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques : « La Russie a toujours été perçue par la Pologne comme étant l'ennemi héréditaire. Elle est passée du stade de menace virtuelle au stade de menace tout à fait urgente. Jusqu'à présent, le gouvernement polonais s'en remettait presque exclusivement à la protection de l'Otan. Mais là, les choses ont un petit peu changé. Les Polonais se sont quand même rendus compte de la fragilité du protectorat américain. Le deuxième changement fondamental, qui est intervenu précisément avec la guerre en Ukraine, c'est qu'une guerre conventionnelle en Europe est redevenue possible. » La Pologne veut jouer parmi les grands Varsovie redécouvre l’importance de l’autonomie stratégique et multiplie les alliances pour endosser un rôle de leader sur le flanc oriental de l’OTAN. « L'alliance avec la Lituanie est tout à fait naturelle », indique Frédéric Mauro, « de même qu'elle l'est avec la Tchéquie et avec l'Ukraine. Donc, c'est en constituant des alliances et en s'équipant elle-même que la Pologne se protège. Parmi les grands alliés potentiels, avec les Allemands, c'est vraiment compliqué. Mais il y a une alliance qui pourrait se révéler intéressante entre la Pologne et la France. Il y a des appels du pied de part et d'autre. Aujourd'hui, les Polonais se souviennent que les Français existent, et qu'en matière de défense, ils ont quelques arguments à faire valoir. Notamment, mais pas seulement, dans le domaine nucléaire. » La Pologne veut désormais jouer parmi les grands et ambitionne de posséder, dans une décennie, les forces terrestres les plus puissantes d’Europe, forte de 300 000 soldats.
3/26/20232 minutes, 32 seconds
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US Air Force: crash en mer Noire

L’armée américaine a diffusé les images de l’interception ce mardi au-dessus de la mer Noire de l’un de ses drones MQ9 Reaper par des avions de chasse russes. Quelles peuvent être les conséquences militaires de cette manœuvre agressive en plein ciel entre Russes et Américains ? 
3/19/20232 minutes, 28 seconds
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Ukraine: la fabrique des héros

L’armée ukrainienne a juré cette semaine de venger son soldat qui, prisonnier, a été tué après avoir clamé « Gloire à l’Ukraine ! ». La vidéo de son exécution est devenue virale sur les réseaux sociaux. Le défunt était porté disparu dans la région de Bakhmout, théâtre d’une bataille acharnée, symbole de la ténacité des forces ukrainiennes. Ce soldat supplicié est devenu, en quelques jours, un véritable héros national. La fabrique des héros, c’est le thème de Lignes de défense avec Franck Alexandre. La vidéo ne dure que douze secondes : il y a ce soldat ukrainien, debout dans sa tranchée, il est désarmé, cigarette à la main, fixant son bourreau, et cette voix qui en russe dit : « Filme-le ! » La vidéo a fait le tour des réseaux sociaux, l’honneur de ce soldat courageux face à la mort, sachant son heure venue et clamant dans son dernier souffle « Gloire à l’Ukraine », c’est l’image d’un héros moderne analyse François Chauvancy, docteur en sciences de l’information : « Ce n’est pas lui qui a voulu être un héros, il a été un héros de circonstance et son sacrifice, car je pense qu’il se doutait de ce qui allait arriver. Il a assumé son engagement de défense de l’Ukraine jusqu’au bout en assumant une mort qu’il voulait la plus digne possible. Il y a d’abord le héros vis-à-vis de lui-même et puis aussi l’image qui peut rester derrière, sachant que je ne suis pas certain qu’il n’ait jamais pensé qu’il serait filmé et que ce crime de guerre soit diffusé dans les médias ou sur les réseaux sociaux. » ► À lire aussi : Stupeur après la diffusion d’une vidéo montrant un prisonnier ukrainien abattu par les Russes Chaque conflit connait ses mythes, les héros sont nécessaires insiste François Chauvancy, nécessaires pour soutenir le moral des combattants comme celui des civils : « L’acte d’héroïsme en quelque sorte, soit par son sacrifice personnel, soit par une action d’éclat, fait que cette exemplarité dans l’action représente quelque chose d’important pour une société en guerre. N’oublions pas que le héros, c’est un petit peu le geste chevaleresque, c’est David contre Goliath, c’est un contre un. Aujourd’hui, dans la guerre industrielle, on tue sans savoir et sans voir. Et, finalement, on réhumanise l’engagement guerrier, l’engagement personnel, dans un conflit et qui sert d’exemple. » Un nouveau souffle à l’esprit de résistance « Je ferai une remarque, je ne sais pas comment cette image est arrivée jusqu’à nous, à part qu’elle a transité par les réseaux sociaux. Il semblerait, effectivement, que ce crime de guerre ait eu lieu début février. Il sort à un moment critique où justement, à Bakhmout, les Ukrainiens ont beaucoup de difficulté et qu’un certain nombre de soldats se posent la question : pourquoi rester encore là alors qu’on se fait laminer par les Russes ? Et je dirais que là, le héros trouve tout son sens. Un simple soldat assassiné par les Russes, ça justifie tout à fait un engagement ultime de tous les soldats ukrainiens actuellement à Bakhmout. » Le président Volodymyr Zelensky a bien saisi la symbolique et a promis de trouver les assassins de ce soldat dont le portrait peint au pochoir recouvre désormais les murs des villes ukrainiennes assorti de la formule : « Gloire à l’Ukraine, gloire aux héros ».
3/12/20232 minutes, 30 seconds
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Avec Orion, l’armée française s’entraîne à un conflit de haute intensité

Les armées françaises sont-elles prêtes à un conflit majeur de la même intensité que la guerre en Ukraine ou même au Haut-Karabakh qui implique des grandes puissances militaires comme la Turquie ? C'est ce que les armées sont en train de vérifier depuis deux semaines avec l'exercice Orion. Une opération militaire qui implique 30 navires de guerre, 30 avions de chasse et plusieurs milliers de soldats. En l'espace de deux heures, près de 600 parachutistes sont largués dans un champ près de Castres. Dans le scénario, ils ne sont pas en France mais dans un pays étranger envahi par une grande puissance, et dans lequel ils doivent intervenir pour repousser cet envahisseur. Les premiers à tirer sont des soldats français mais qui jouent des ennemis cagoulés, déguisés en miliciens. Les balles sont à blanc. Des blessés sont simulés, pour un maximum de réalisme guerrier : « On considère qu'à partir du moment où on est 50% en zone de regroupement, pour 150 para sur les 300 largués, on est en mesure de continuer la mission. C'est quelque chose qu'on doit tous connaître, de manière à ce que la mission passe d'abord. Et après, on s'occupe évidemment de nos camarades blessés. » 7 000 soldats en exercice Au même moment, les troupes de la marine nationale débarquent au port de Frontignan. En tout, ce sont 7 000 soldats qui sont envoyés à l'assaut sur deux fronts imaginaires créés pour l'exercice Orion dirigé par le général Frédéric Chiffot : « La particularité c'est que c'est un entrainement combiné, non seulement amphibie mais aussi avec des opérations aéroportées. Ce sont des opérations des forces spéciales, d'infiltration. Donc ça veut dire du renseignement, des actions cyber pour ne pas être découvert. On crée de l'agitation dans d'autres zones pour leur faire croire qu'on va débarquer dans une autre région, et pour donc créer cette surprise ici. La nouveauté de cet entrainement, c'est qu'on met tout le monde ensemble. On a combiné à peu près 40 exercices en même temps. » Dans la population, ce défilé soudain de blindés et bataillons de soldats suscite autant la curiosité que l'inquiétude : « Nous avons vu des militaires sur la route. Ça fait un petit peu peur avec tout ce qu'on entend, entre l'Ukraine, la Russie. D'un seul coup, on les voit, eux, on se pose beaucoup de questions. C'est bien de les voir faire, voir comment ils vont nous protéger. » Rassurer la population Malgré les apparences, l'objectif n'est pas de préparer l'opinion à la guerre, nous assure la secrétaire d'État auprès du ministre des Armées, Patricia Mirallès qui tente de rassurer : « Je ne dirai pas préparer, mais plutôt montrer, rassurer la population en disant que nous avons des capacités. Nous sommes la première armée d'Europe. Déjà depuis 2021, avant même que la guerre [en Ukraine, NDLR] soit déclarée, les armées avaient prévu cet exercice Orion. Si toutefois il devait y avoir une guerre dans dix, quinze ans, nous devons être prêts et donc, nous nous préparons. » D'autres parachutages et simulations de combat sont prévus jusqu'au 11 mars prochain dans le sud de la France. D'autres auront lieu en avril, cette fois dans l'est de la France. ► À lire aussi : Orion 23: les armées françaises simulent une invasion d'un pays étranger
3/5/20232 minutes, 32 seconds
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New Start: suspension du dernier traité de désarmement nucléaire

Mardi 21 février, dans un virulent discours au relent de guerre froide, Vladimir Poutine a annoncé le retrait de la Russie du traité russo-américain New Start sur le désarmement nucléaire. Cette décision a été approuvée par les deux chambres du Parlement russe et dénoncée à l'unisson par les puissances occidentales. Que dit ce traité de désarmement nucléaire ? Sa suspension représente-t-elle une menace ? Éléments de réponse avec Lignes de défense. Quand en 2010, le traité a été signé entre Barak Obama et Dimitri Medvedev, l’heure était encore à la détente. L’accord prenait la suite du traité de désarmement Start I signé en 1991. Un véritable point d’équilibre puisque dès l’arrivée de Joe Biden à la maison Blanche, New Start a été prolongé jusqu’en 2026, rappelle le géopoliticien Cyrille Bret, « New Start c’est un traité bilatéral entre les États-Unis et la Fédération de Russie, pour la réduction du nombre d’ogives nucléaires et du nombre de missiles. C’est donc un traité de contrôle et de limitation des armements nucléaires. La Russie vient d’annoncer la suspension, pas son retrait, mais la suspension de l’application du traité New Start pour éviter les inspections destinées à vérifier le respect de ces limitations en termes de nombre d’ogives et de vecteur. » Dans le détail, le traité limite les arsenaux des deux puissances nucléaires à un maximum de 1.550 ogives chacun, il limite aussi le nombre de lanceurs et de bombardiers lourds à 800. Sa suspension est donc un très mauvais signal envoyé par Moscou. « C’est un signe de défiance bilatérale très net de la part de la Russie », dit Cyrille Bret. « Le motif invoqué par le Président russe dans son discours à l’assemblée fédérale, c’est qu’il veut éviter que des militaires américains viennent réaliser des inspections sur les armements nucléaires russes pour pouvoir les dénombrer et pour pouvoir également les localiser. C’est donc une mesure qui vise du côté russe à rendre la connaissance occidentale de l’arsenal russe beaucoup moins grande. » Mais cette décision n’est pas définitive, Moscou peut encore réintégrer l’accord… « Mais c’est peu réaliste étant donné la conjoncture stratégique » souligne Cyril Bret, « et un autre obstacle, celui-ci qui tient à la négociation, est le fait que le Président russe a réclamé que la France et le Royaume-Uni soient associés à ce traité. Conclure un traité bilatéral est déjà bien compliqué en matière nucléaire, mais conclure un traité entre quatre puissances nucléaires est encore plus complexe et prête, évidemment, à de nouvelles difficultés. » La décision de Vladimir Poutine n'implique pas que la Russie augmentera nécessairement son nombre de têtes nucléaires. Mais le Kremlin se réserve néanmoins le droit de mener des essais nucléaires au cas où les États-Unis le feraient en premier.
2/26/20232 minutes, 28 seconds
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Ukraine: la course aux munitions

Des hommes politiques, des militaires et des diplomates du monde entier sont réunis depuis vendredi à Munich pour discuter de la situation de l'Europe en matière de sécurité, près d'un an après le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Pour le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, l'urgence est d'être en mesure d'approvisionner l'armée ukrainienne en cartouches et en obus d’artillerie.
2/19/20232 minutes, 31 seconds
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Le Burkina Faso sous influence

Le Burkina Faso subit une pression informationnelle constante depuis le début de l’année 2022 et l’influence russe bat son plein sur tous les réseaux sociaux. Le groupe de recherche international All eyes on Wagner publie un rapport décryptant cette mécanique où la France est la cible privilégiée de Moscou et du groupe Wagner. Entretien avec Adam El Rumi, l’un des auteurs de l'enquête. ► Pour aller plus loin : Le Burkina Faso sous influence
2/12/20232 minutes, 30 seconds
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Bataille en très haute altitude

Les États-Unis et le Canada ont traqué, depuis ce vendredi 3 février, un ballon espion chinois volant au-dessus de l’Amérique du Nord. Ce ballon évoluait dans la très haute altitude, une zone entre le ciel et l’espace et qui n’est régie par aucun traité international. Un milieu non régulé qui pourrait devenir un nouvel espace d’affrontement. ► À lire aussi : Les États-Unis ont abattu le ballon chinois au large de la côte est  
2/5/20232 minutes, 20 seconds
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Burkina Faso: les raisons du départ de la force française Sabre

Après le Mali, le Burkina… La France retirera ses troupes du Burkina Faso d'ici « un mois » alors que la junte a dénoncé, cette semaine, les accords de défense liant les deux pays. Depuis 2009, près un contingent de 400 forces spéciales françaises, la force Sabre, y était déployé. La junte du capitaine Traoré, privilégie la voie du mercenariat plutôt que celle de l’appui français, un chemin dangereux, prévient Jonathan Guiffard, chercheur à l’Institut Montaigne et spécialiste du Sahel. Il est l’invité de Lignes de défense.
1/29/20232 minutes, 30 seconds
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Wagner: la fabrique du mensonge

Dans un nouveau dessin animé de propagande du groupe Wagner, la France est représentée sous les traits d’un serpent. La vidéo circule, depuis une semaine, sur les réseaux sociaux. Un clip dans lequel la milice russe cible l’armée française. Décryptage d’un nouveau type d’infox dans Lignes de défense.
1/22/20232 minutes, 32 seconds
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Ukraine: Le «cyber Pearl Harbor» n'a pas eu lieu

Les Ukrainiens, soutenus par le camp occidental, sont parvenus à déjouer les cyberoffensives russes au début du conflit. Le général Aymeric Bonnemaison, commandant la cyberdéfense française, a déclaré cette semaine que dans cette guerre d’Ukraine, le « cyber Pearl Harbor » n’a pas eu lieu. ► À lire aussi : Ukraine: après une frappe russe sur un immeuble à Dnipro, la recherche de survivants
1/15/20232 minutes, 30 seconds
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Bombardement de Makeïevka: une faute stratégique russe

En Ukraine, le bombardement de Makeïevka le 1er janvier, est à ce jour l’attaque la plus meurtrière contre les troupes russes. Moscou reconnait 89 morts quand Kiev en évoque 400. Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense, rejette la faute sur ses propres soldats et soutient que c’est l’utilisation massive des téléphones portables qui a permis aux forces ukrainiennes de repérer la position. Mais l’argument ne convainc pas. ► À lire aussi : Une frappe ukrainienne tue plus de soixante soldats russes à Makeïevka
1/8/20232 minutes, 29 seconds
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Les objectifs stratégiques de la France [Rediffusion]

Tirant les enseignements de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a réaffirmé le 9 novembre 2022 le rôle de la dissuasion nucléaire française dans la sécurité de l’Europe, à Toulon, dans le sud de la France, où il présentait la nouvelle stratégie nationale en matière de défense. Après avoir annoncé la fin officielle de l’opération Barkhane en Afrique, il a aussi érigé la lutte informationnelle en mission stratégique. ► À lire aussi : Emmanuel Macron officialise la fin de l'opération Barkhane
1/1/20232 minutes, 30 seconds
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La médecine à l'épreuve des conflits de haute intensité

Les médecins militaires doivent se préparer au retour des conflits majeurs dans lesquels il sera difficile de prendre en charge de nombreux blessés. C’est l’un des enseignements de la guerre en Ukraine. Le service de santé des armées s’empare du sujet. Pour Lignes de défense, Franck Alexandre est allé à la rencontre du médecin-chef des forces spéciales françaises. (Rediffusion du 23 octobre 2022)
12/25/20222 minutes, 31 seconds
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Roumanie: les chars «Leclerc» en première ligne

Nation-cadre d'un groupement tactique de présence avancée de l'Otan en Roumanie, la France vient d'y renforcer sa présence en déployant des moyens plus lourds : une vingtaine de véhicules blindés d'infanterie et treize chars Leclerc. Si des chars français avaient déjà été envoyés ces dernières années dans les pays baltes, le conflit en Ukraine a placé la Roumanie aux avant-postes des missions de réassurance de l’Otan. Reportage dans le camp de Cincu de Franck Alexandre.
12/18/20222 minutes, 32 seconds
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L’inquiétant déficit des stocks d’armes des armées françaises

Dans un entretien au JDD le 19 novembre, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu assurait que la France se trouve « dans les cinq premiers pays » en matière d'aide militaire à l'Ukraine. Pourtant, une note de l'Institut français des relations internationales nuance cette position. Si la France a bien donné des systèmes de pointe comme les canons Caesar ou les systèmes de défense anti-aérienne Crotale, le soutien militaire français à l'Ukraine interroge lorsqu'il est comparé à ceux de nations similaires. ► À lire aussi : Stocks militaires : une assurance-vie en haute intensité ? du chercheur Léo Péria-Peigné à l'Institut français des relations internationales (Ifri)
12/11/20222 minutes, 28 seconds
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Le porte-avion chinois Fujian dans l’œil des experts

Le 17 juin dernier la marine chinoise a mis à l’eau le Fujian, son troisième porte-avions. Un navire amiral de conception 100% chinoise qui inquiète les marines occidentales… Grâce à ses outils d’intelligence artificielle, la société français Preligens a publié cette semaine les premières images détaillées du porte-avions chinois. ► Rapport de Preligens 
12/4/20222 minutes, 29 seconds
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La difficile parade contre la menace de drones

Comment, à l’occasion de la Coupe du monde de Rugby en France en 2023 et des Jeux Olympiques l’année suivante à Paris, se prémunir contre d’éventuelles attaques de drones de petite taille ? Pour les militaires aussi, l’usage massif de petits drones kamikazes constitue une nouvelle vulnérabilité. Moins d’un an après la passation d’un contrat à Thalès et CS group, le ministère des Armées recevra prochainement les six premiers systèmes de lutte anti-drones Parade. Pour Lignes de Défense, Franck Alexandre a assisté à sa présentation.
11/27/20222 minutes, 30 seconds
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Un an de Wagner au Mali

Cela fait un an que les mercenaires du groupe Wagner sont arrivés au Mali. Durant cette période, de nombreux faits de violations des droits humains ont été relayés et pour la première fois un groupe d’enquêteurs en sources ouvertes, a collecté les éléments de preuve vérifiés les plus importants. Ce groupe de recherche international qui se nomme « All eyes on Wagner » publie son rapport ce dimanche 20 novembre. Pour Lignes de défense, Franck Alexandre a rencontré l’un des membres de cette équipe de recherche, dont l’anonymat est préservé pour des raisons de sécurité. ► À lire : le rapport en intégralité  
11/20/20222 minutes, 29 seconds
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Les objectifs stratégiques de la France

Tirant les enseignements de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a réaffirmé le rôle de la dissuasion nucléaire française dans la sécurité de l’Europe, mercredi à Toulon, dans le sud de la France, où il présentait la nouvelle stratégie nationale en matière de défense. Après avoir annoncé la fin officielle de l’opération Barkhane en Afrique, il a aussi érigé la lutte informationnelle en mission stratégique. ► À lire aussi : France: Emmanuel Macron officialise la fin de l'opération Barkhane
11/13/20222 minutes, 30 seconds
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Trente ans du COS: les nouveaux enjeux des forces spéciales françaises

Créé au sein des armées françaises il y a trente ans, le Commandement des opérations spéciales se prépare à de nouveaux défis. Après avoir été déployées, ces trois dernières décennies, dans les Balkans, en Afghanistan puis au Sahel, les forces spéciales cherchent leur place dans les nouvelles formes de conflictualité. Les nouveaux enjeux des forces spéciales françaises, c’est le thème de Lignes de défense avec Franck Alexandre. (Rediffusion du 3 juillet 2022)
11/6/20222 minutes, 30 seconds
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La bombe sale: une stratégie de l'escalade

Le président russe Vladimir Poutine a supervisé en milieu de semaine l'entraînement de ses forces de dissuasion nucléaires au moment où Moscou répétait à l'Inde et à la Chine ses allégations sur la préparation par l'Ukraine d'une « bombe sale ». Les alliés occidentaux de Kiev redoutent que de telles accusations ne servent de prétexte à Moscou pour préparer les esprits à une nouvelle aggravation du conflit. 
10/30/20222 minutes, 32 seconds