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Grand reportage

French, Foreign/International, 1 season, 339 episodes, 5 days, 16 hours, 54 minutes
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L'actualité sur le terrain avec les reportages et enquêtes de nos correspondants. RFI propose, du lundi au vendredi, un grand reportage et des enquêtes réalisés par les envoyés spéciaux et les correspondants de la rédaction, partout dans le monde.  
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Boxe : 4 ceintures pour un couronnement

En Arabie Saoudite, ce samedi 18 mai 2024, un nouveau roi sera couronné. Un roi de la boxe. Le Britannique Tyson Fury affronte l’Ukrainien Oleksandr Usyk, pour la réunification des quatre ceintures poids lourds. Le gagnant deviendra, comme on dit, le « champion incontesté » de cette catégorie considérée comme la plus prestigieuse. L’enjeu sportif est colossal et les promoteurs promettent « le combat du siècle ». « Boxe, 4 ceintures pour un  couronnement », un Grand Reportage de Marion Cazanove.
5/16/202419 minutes, 30 seconds
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La colère rurale, carburant du populisme aux Pays-Bas

Suite de notre série spéciale « Élections européennes : la montée des nationalismes en question ». Aux Pays-Bas, où l’agriculture intensive est la norme, les lois environnementales déclenchent la colère des agriculteurs. Un nouveau parti populiste, le BBB (Mouvement agriculteur-citoyen) prospère sur cette contestation. Mais cette colère dépasse les seules questions écologiques. Elle se nourrit aussi d’un discours anti-élite qui va peser lors des prochaines européennes. De notre envoyé spécial,En 2019, la Cour suprême des Pays-Bas a pris une décision contre les rejets d’azote : trop d’agriculture intensive dans le pays, trop d’engrais, trop de bétails et trop de lisier… Le gouvernement a donc essayé de réduire la facture environnementale issue de l’agriculture. Pour Nanda, productrice de lait à Putten à 11 heures de route d’Amsterdam, cette décision revient à signer l’arrêt de mort de nombreux fermiers : « ils ont voulu se débarrasser des agriculteurs, en tout cas de beaucoup d’entre nous… À cause de la nature, pour faire de la place pour construire des maisons… Et maintenant on a vraiment un problème aux Pays-Bas mais aussi dans l’Union européenne parce que les règles, on n’arrive pas à les suivre… On veut le faire mais c’est impossible ! » Nanda et son mari ont participé aux manifestations organisées ces dernières années. Un parti politique est né pendant cette crise.Le BBB, le mouvement agriculteurs et citoyens. À sa tête, une ancienne journaliste et ex-communicante dans le secteur de la viande : Caroline van der Plas.« Caroline est très active », salue Nanda devant une immense banderole accrochée dans un de ses hangars. « Elle est vraiment connectée à la réalité. Elle vit dans une maison normale comme le reste des Hollandais. Pas dans un grand manoir ou un truc du genre. C’est ça que j’admire profondément chez elle : elle est comme nous. Et même si c’est une personnalité politique, elle est restée normale. J’aime vraiment ça chez elle. »Une ascension surpriseLe BBB est sorti de nulle part, il a raflé la mise lors des élections locales de mars 2023 : un raz-de-marée dans l’intégralité des 12 provinces et au Sénat où le parti de Caroline van der Plas est le premier groupe avec 16 élus sur 75.Une réussite phénoménale qui a pris de court la classe politique et les médias. « Tout le monde a été surpris par leur succès », abonde Frank Hendrikx, journaliste politique, l’une des grandes signatures du Volkskrant, le troisième quotidien du pays, classé à gauche. « Ils ont d’abord réussi à entrer au Parlement avec un siège. Ça nous a étonnés parce que le parti était sous les radars. Mais après bien sûr, on a vu que la cheffe du parti Caroline van der Plas était très compétente, très bonne dans les médias, très appréciée par beaucoup de personnes et par les électeurs. On s’attendait à ce qu’elle ait du succès mais elle a réussi à faire du BBB le plus grand parti des Pays-Bas et ça a surpris tout le monde. »Le succès du BBB répond aussi à un sentiment de déclassement et anti-élites de la population rurale. « Au début, Caroline van der Plas représentait la communauté des agriculteurs. Mais ensuite, elle a eu une audience beaucoup plus large, plus seulement les agriculteurs, et elle a gagné de plus en plus de sympathisants. Et c’était clair que c’était parmi un électorat profondément déçu par le système politique et par le statu quo à la tête du pays. »« Ramener du bon sens » à BruxellesNous rencontrons Caroline van der Plas à la Chambre basse du Parlement à La Haye. La patronne du BBB a un objectif clair aux européennes : « On veut ramener du bon sens dans les règlements et les politiques de l’Union européenne. C’est nécessaire quand vous voyez ce qui a été décidé ces dernières années. Les gens veulent voter autre chose, ils en ont marre de toutes les règles et de tous les plans sur l’environnement et la nature. » Faire plier l’Union européenne, c’est ce que souhaite Wilco Brouwer de Koning. Ce producteur laitier à Heillo, dans le nord-ouest des Pays-Bas, a repris avec son frère la ferme familiale. Il espère que l’irruption du BBB sera « un réveil pour La Haye mais aussi pour toute l’Union européenne. Parce que beaucoup de gens ne sont pas contents des politiciens : trop de blabla et pas assez de vrai travail pour nous aider nous les agriculteurs. Le lien avec les politiciens s’est rompu. » Réveil brutal pour les partis traditionnelsLe réveil a été brutal pour les partis traditionnels de gauche et de droite, mis sur la touche aux dernières élections. Le PVV du leader d’extrême-droite Geert Wilders est sorti grand vainqueur. Mais il doit composer avec d’autres partis pour former un gouvernement. Et les négociations s’éternisent… Le BBB est aujourd’hui un partenaire du PVV ce qui pousse le chercheur Koen Damhuis à classer Caroline van der Plas dans la catégorie populiste : « Le BBB est ouvertement populiste dans ses manières de caractériser le pouvoir politique en place. Les élites qui sont directement opposées à un peuple présupposé », estime ce maître de conférences en Sciences politiques à l’Université d’Utrecht. « Le BBB reste quand même beaucoup moins dur que le PVV ».Dans les locaux du grand quotidien Volkskrant à La Haye, Frank Hendrikx est moins nuancé.« C’est un parti populiste », assène le journaliste. « Leur programme est comme un conte de fées, tout est possible. Par exemple, d’un côté ils vont dire qu’ils veulent moins d’immigration mais quelques pages plus loin, on lit qu’ils veulent plus d’immigration pour aider les agriculteurs ou le secteur agricole… Ils veulent baisser les impôts tout en dépensant plus… Ils promettent tout et son contraire, et c’est un point commun à tous les partis populistes. »La principale intéressée, elle, n’a pas peur de l’étiquette populiste. « Si par populisme, vous voulez dire que vous écoutez les gens en Europe, alors oui nous sommes populistes. Mais quel est le problème d’écouter les gens », s’interroge faussement Caroline van der Plas. « J’aimerais que tous les autres partis fassent de même. Alors le BBB ne serait pas nécessaire. Le problème en Europe et aux Pays-Bas, c’est qu’ils n’écoutent pas les gens et ce dont les gens ont besoin. Nous on a vu leurs besoins, on les a identifiés et on a agi pour y répondre. »Ambitions modestes au Parlement européenEn pleine négociation pour former un cabinet, le BBB comme le PVV ne s’occupe pas encore publiquement des élections européennes. Pas de campagne, pas de meetings, les partis se contentent des émissions politiques à la télévision.Le mouvement de Geert Wilders a pourtant beaucoup à gagner en juin 2024. Il pourrait remporter 6 sièges sur les 14 occupés par les Pays-Bas.Le BBB lui ne peut espérer qu’un seul siège. Mais le parti espère malgré tout peser à Bruxelles et à Strasbourg. « On veut moins de règles pour les entreprises. C’est le principal objectif. On veut que les plans de l’UE soient plus réalistes », nous glisse le députéHenk Vermeer entre deux réunions à la Chambre basse du Parlement. C’est lui qui dirige la campagne européenne du BBB : « Beaucoup de réglementations viennent de l’Europe, donc on doit négocier, on doit avoir de l’influence là où tous les plans sont préparés. »Risque de normalisation ?Désormais bien installée dans le paysage politique néerlandais, Caroline van der Plas est menacée de normalisation. Au risque de perdre son authenticité dans les couloirs du Parlement à La Haye ?« Il faut rester vigilant pour que ces partis continuent à défendre les droits des agriculteurs et ne se perdent pas en chemin. C’est un risque », s’inquiète Jos Ubels, un éleveur de vaches destinées aux boucheries, dans le nord du pays. « J’appelle ça le syndrome de Stockholm. Si vous vivez à La Haye, que votre appartement, vos bureaux sont à côté des autres politiques, que vous leur parlez tous les jours, que vous buvez un café avec eux le matin, vous leur dites « bonjour, bonjour ! »… Vous finissez par bien les connaître, vous vivez avec eux alors que ce sont vos adversaires parce que vous défendez d’autres idées. Mais je pense que tous les agriculteurs doivent se lever pour défendre leurs droits. Et que ce soit la Farmers Defence Force ou d’autres groupes, on doit maintenir les politiques sur la bonne voie. »Jos Ubels est aussi le numéro 2 de la Farmers Defence Force, la force de défense des agriculteurs. Ce collectif a vu le jour en 2019 après l’occupation d’une ferme par des militants écologistes. Pour ce groupe, les agriculteurs doivent se défendre eux-mêmes. Et ils ne veulent faire aucune concession. Ils ont d’ailleurs prévu une grande manifestation à Bruxelles juste avant les élections de juin.Caroline van der Plas ne craint pas de se perdre au contact des politiques et du pouvoir : « Je suis restée moi-même. Et ça rend la vie plus facile de rester qui on est. » Avenir incertainÀ Putten, on retrouve Nanda, à côté de ses vaches qu’elle aime traire à la main, plutôt qu’avec un robot. Sa ferme, ses bêtes, son travail, c’est sa passion. Mais l’avenir l’angoisse. La jeune trentenaire ne sait pas si son fils de 3 ans reprendra, un jour, les rênes de la ferme comme elle et son mari : « Pour être honnête, j’espère que non. Je l’aime et parce que je l’aime, je veux le préserver de tout le bordel en ce moment. J’espère qu’il trouvera une autre passion. Mais oui, bien sûr, on aimerait lui léguer notre ferme, mais c’est si difficile et on a tellement de soucis avec notre ferme, tellement de tristesse… », confie Nanda, les larmes aux yeux. « J’espère qu’il fera quelque chose qui le rendra heureux. Si c’est la ferme, ce sera la ferme mais je ne veux pas qu’il ait autant de problèmes que nous maintenant. »
5/15/202419 minutes, 30 seconds
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Sang contaminé : quand les traitements tuent

Ils sont plusieurs dizaines de milliers, au moins 30 000 Britanniques, à avoir reçu du sang contaminé dans les années 70 et 80. Des patients transfusés, avec des poches de sang non testées… Et des hémophiles, traités avec du sang importé des États-Unis qui ont fini par contracter le Sida, des hépatites ou les deux… Ce lundi 20 mai 2024, cinquante ans après les premières contaminations reconnues, une enquête publique doit enfin rendre ses conclusions, très attendues par les survivants. « Sang contaminé : quand les traitements tuent », un Grand reportage d’Emeline Vin.
5/14/202419 minutes, 30 seconds
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Libéraux contre nationalistes, la Pologne est polarisée à la veille des élections européennes

Élections européennes : la montée du nationalisme en question. En octobre 2023, la Pologne a voté pour l'alternance après huit années de pouvoir ultra-conservateur du parti Droit et Justice. C'est désormais l'ancien président du Conseil européen Donald Tusk qui occupe le poste de Premier ministre, à la tête d'un gouvernement de coalition centriste. Et si le PiS n'a pas su conserver le pouvoir, il n'en reste pas moins le premier parti critiqué pour ses atteintes à l'État de droit, le PiS a laissé un héritage dont le nouveau pouvoir a bien du mal à se défaire. «Libéraux contre nationalistes, la Pologne est polarisée à la veille des élections européennes», un Grand reportage d'Anastasia Becchio.
5/13/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE AfD, pourquoi l’extrême droite progresse en Allemagne ET Giorgia Meloni, les ambitions européennes de l’extrême-droite italienne

AfD, pourquoi l’extrême droite progresse en AllemagneDeuxième volet de notre série spéciale « Élections européennes : la montée des nationalismes en question ». Contrairement à d’autres pays européens, l’Allemagne a longtemps été épargnée par le populisme de droite. Cela a changé avec le parti AfD, l’Alternative pour l’Allemagne. Il pourrait devenir la deuxième force politique lors des élections européennes. Fondée, il y a 11 ans, cette formation classée « d’extrême droite avérée » par plusieurs gouvernements régionaux, ne cesse de gagner du terrain. Et cela malgré les scandales qui ont touché le parti, des procès pour incitation à la haine aux accusations récentes d’espionnage.Un Grand reportage d'Achim Lippold qui s'entretient avec Patrick Adam. Giorgia Meloni, les ambitions européennes de l’extrême droite italiennePremier volet de notre série spéciale : « Élections européennes : la montée des nationalismes en question ». En Italie, cela fait un an et demi qu'elle est au pouvoir et elle va affronter le 9 juin prochain, avec les élections européennes, son premier grand test électoral. Forte du soutien de sa base, confortée par le succès de sa stratégie de normalisation, Giorgia Meloni veut servir de référence à l'extrême-droite européenne et espère, à l’issue de ce scrutin, peser le plus possible sur les choix politiques de l'Union européenne. Un Grand reportage de Daniel Vallot qui s'entretient avec Patrick Adam.
5/12/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Cameroun : les échos de la crise anglophone dans la région francophone de l’Ouest ET L’Odyssée de la flamme d’Olympie à Marseille

Cameroun : les échos de la crise anglophone dans la région francophone de l’OuestNous sommes dans l’ouest du Cameroun, une région francophone qui, depuis 4 ans, subit des attaques attribuées aux séparatistes anglophones. Bilan de la dernière attaque : neuf morts et une dizaine de personnes enlevées. C’était à Bamenyam, un petit village enclavé dans l’arrondissement de Galim. Désormais, les populations des villages de l'ouest du Cameroun, limitrophes avec les régions anglophones, apprennent à vivre avec ce risque d'incursion.Un Grand reportage de Richard Onanena qui s'entretient avec Patrick Adam.L’Odyssée de la flamme d’Olympie à MarseilleElle annonce la tenue prochaine de chaque JO et veut transmettre un message de paix et d'amitié aux peuples, à travers les dizaines des milliers de relayeurs et relayeuses qui la portent. Jusqu'à la cérémonie d'ouverture le 26 juillet 2024, la flamme des JO de Paris 2024 va sillonner la France métropolitaine et l'outre-mer, en partant de Marseille, où elle arrive par bateau ce 8 mai après avoir été allumée en Grèce, berceau des Jeux de l'Antiquité.Un Grand reportage de Christophe Diremszian qui s'entretient avec Patrick Adam.
5/11/202448 minutes, 30 seconds
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En Amérique du Nord, le retour vital du bison dans les Grandes Plaines

Les bisons américains ont failli disparaître à la fin du XIXè siècle, et avec eux tout un pan de la culture autochtone du continent. Au Canada, ce lourd passé colonial est désormais un véritable moteur pour la réintroduction des bisons, entre réconciliation culturelle, écologique et économique, pour les descendants des colonisateurs et des peuples autochtones. Dans les vastes plaines jaunies du sud de l'Alberta balayées par le vent, le bâtiment du centre d'interprétation de Head-Smashed-In est parfaitement intégré dans l'une des falaises des plateaux situés au pied des montagnes des Rocheuses.Quinton Crowshoe, membre de la communauté des Piikani, est guide à Head-Smashed-In, site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco : c'est là, du haut de cette falaise, que ses ancêtres chassaient le bison. Rassemblés dans un bassin, les bisons étaient attirés jusqu'au bord des falaises au soleil levant. Éblouis et effrayés par des Piikanis, ils se précipitaient dans le vide. Au pied de la falaise, les autres membres de la communauté les achevaient, puis utilisaient l'intégralité des carcasses pour survivre au rude hiver du continent.Le centre de Head-Samshed-In reçoit chaque année plus de 80 000 visiteurs. Pour Quinton, perpétuer cet héritage, c'est aussi reconnaître l'importance des bisons pour les écosystèmes des Grandes Plaines. « Lorsque le Créateur a créé les bisons, il a conçu leurs sabots de manière à ce que, lorsqu'ils se déplacent, ils aèrent naturellement le sol. Ils nourrissent le sol une fois qu'ils ont mangé toute l'herbe, puis se déplacent vers leur prochaine zone de pâturage. Ils laissent derrière eux une formidable fertilisation », explique le petit-fils de Joe Crowshoe Senior, qui a participé à la création de ce centre d'interprétation. Un allié écologiqueLes peuples autochtones connaissent depuis toujours le potentiel écologique du bison, mais il a fallu qu'il manque de disparaître pour que les Blancs réalisent l'importance de leur rôle. Les bisons ont été presque annihilés pour leur cuir, utilisé dans les courroies des machines lors de la révolution industrielle en Europe, et pour chasser les peuples autochtones des plaines que les animaux avaient fertilisées. À la fin du XIXè siècle, il n'en restait plus qu'une poignée, contre des dizaines de millions un siècle plus tôt.Dans le nord de l'Alberta, près du parc national de l'Île aux Élans, Wes Olson, ancien employé de Parc Canada et spécialiste du bison, a établi sa résidence. « Les bisons sont des espèces-clé, et lorsqu'ils ont été retirés des grandes plaines d'Amérique du Nord ou de tout autre endroit où ils vivaient, ces écosystèmes se sont généralement effondrés », explique le passionné. Wes Olson a participé à la réintroduction des bisons dans le parc national canadien de Banff, en 2017, aux côtés de Dillon Watt, toujours employé là-bas.Casquette visée sur la tête, le travailleur de Parc Canada explique : « Aujourd'hui, il y a un peu plus de cent bisons dans le parc national de Banff. Nous avons commencé avec 16 animaux en 2017. On peut parler d'une réussite, même si beaucoup de choses restent à accomplir, notamment pour faire cohabiter l'homme et l'animal sauvage ». Aujourd'hui, le bison n'est plus une espèce en danger. Rien qu'au Canada, on compte plus de 12 000 bisons des plaines et des bois en liberté, et près de 150 000 bisons d'élevage. Une économie écologique ?Dans un café de Calgary, la ville la plus peuplée de l'Alberta, le rendez-vous est pris avec Kelly Long. À la tête de l'entreprise Noble Premium Bison, la femme d'affaires exporte de la viande de bison jusqu'en Europe. Pour Kelly, cultiver le bison permet de promouvoir un élevage plus responsable : en moyenne un producteur canadien détient seulement 150 têtes dans sa harde. « Nous ne pratiquons pas d'insémination artificielle et nous ne donnons pas d'hormones de croissance. La façon dont nous élevons les animaux ajoute de la valeur à la terre, aide l'environnement, aide le sol, aide à séquestrer le carbone, aide le bassin versant, aide la diversité des plantes ».George Briggs est éleveur de bisons depuis une trentaine d'années dans le centre de l'Alberta. Il a une harde qu'il ne touche pas, et des veaux qu'il envoie à la boucherie tous les dix-huit mois. Dans ses champs, une centaine d'animaux profitent d'un terrain de 250 hectares. Le mâle est gigantesque et sa fourrure est encore épaisse de l'hiver. Son garrot atteint la fenêtre de son pickup pourtant bien américain.Pour George, le bison est clairement un allié écologique. « Avant, ce champ était un champ de culture intensive. Quand je l'ai acheté pour y mettre des bisons, le voisinage m'a pris pour un fou. Aujourd'hui, le champ respire, la terre est noire, les oiseaux sont revenus et j'ai pu y planter des arbres », explique l'éleveur, qui habite juste à côté de son champ. Élever le bison, c'est aussi faire sa part pour compenser la lourde responsabilité des Canadiens blancs dans sa disparition. « Ils essayaient de forcer les Premières Nations à se déplacer plus loin. Sans ces quelques personnes qui ont capturé ces animaux pour les placer dans des parcs, nous n'aurions probablement plus de bisons aujourd'hui, n'est-ce pas ? », soupire le rancher.Il y a dix ans, un traité pour les bisons a été signé entre différentes Premières Nations pour encourager leurs réintroductions dans les Plaines. Les réserves autochtones sont de plus en plus nombreuses à en accueillir, même si la mer de bison décrite par leurs ancêtres dans les Grandes Plaines risque de ne jamais revenir.
5/9/202419 minutes, 30 seconds
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Cameroun: les échos de la crise anglophone dans la région francophone de l’Ouest

Nous sommes dans l’ouest du Cameroun, une région francophone qui, depuis 4 ans, subit des attaques attribuées aux séparatistes anglophones. Bilan de la dernière attaque : neuf morts et une dizaine de personnes enlevées. C’était à Bamenyam, un petit village enclavé dans l’arrondissement de Galim. Désormais, les populations des villages de l'ouest du Cameroun, limitrophe avec les régions anglophones, apprennent à vivre avec ce risque d'incursion.
5/8/202419 minutes, 30 seconds
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Paris 2024, l'odyssée de la flamme d'Olympie à Marseille

Elle annonce la tenue prochaine de chaque JO et veut transmettre un message de paix et d'amitié aux peuples, à travers les dizaines des milliers de relayeurs et relayeuses qui la portent. Jusqu'à la cérémonie d'ouverture le 26 juillet 2024, la flamme des JO de Paris 2024 va sillonner la France métropolitaine et l'outre-mer, en partant de Marseille, où elle arrive par bateau ce 8 mai après avoir été allumée en Grèce, berceau des Jeux de l'Antiquité. « Paris 2024, l'odyssée de la flamme d'Olympie à Marseille », un Grand Reportage de Christophe Diremszian.
5/7/202419 minutes, 30 seconds
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L’Allemagne face à l’extrême droite : les raisons d’une percée électorale

Deuxième volet de notre série spéciale « Élections européennes : la montée des nationalismes en question ». Contrairement à d’autres pays européens, l’Allemagne a longtemps été épargnée par le populisme de droite. Cela a changé avec le parti AfD, l’Alternative pour l’Allemagne. Il pourrait devenir la deuxième force politique lors des élections européennes. Fondée il y a 11 ans, cette formation classée « d’extrême droite avérée » par plusieurs gouvernements régionaux, ne cesse de gagner du terrain. Et cela malgré les scandales qui ont touché le parti, des procès pour incitation à la haine aux accusations récentes d’espionnage. Nous sommes sur le marché d’Oberursel, une ville dans la banlieue aisée de Francfort. C’est le début de la campagne électorale pour les Européennes. Les partis politiques ont installé leurs stands. Celui de l’AfD se trouve à côté d’un manège pour enfants. Peter Lutz de la section locale du parti distribue des brochures avec le slogan : « Pour une remigration légale au lieu d’une immigration illégale ». Il faut savoir qu’en Allemagne, le terme « remigration » fait polémique depuis quelques mois. En novembre dernier (2023), une réunion secrète révélée par la presse avait eu lieu à Potsdam, avec des néonazis et des cadres de l’AfD. L’objectif : discuter d’un « plan remigration », soit l’expulsion de millions d’étrangers et de personnes considéréees comme « non assimilées ». Cette réunion a provoqué un tollé mais n’a pas porté préjudice à l’AfD, explique Paul Beuter, un autre cadre du parti à Oberursel : « De plus en plus de gens se rendent compte que leurs préoccupations sont ignorées par les partis traditionnels. Ça commence par la politique d’immigration qui va au-delà de ce que ce pays peut supporter. »Paul Beuter cite l’exemple de sa ville d’Oberursel qui a dû construire deux nouveaux centres d’accueil de réfugiés, pour un total de 550 personnes. Et en plus, trois nouveaux postes à la mairie pour gérer ce dossier. Selon Peter Lutz, « on a laissé entrer trop de migrants en Allemagne. Tous ceux qui n’ont plus le droit de rester, qui viennent des pays sûrs ou qui devraient être reconduits, doivent partir. » En Hesse, l’AfD attire les cadres moyensL’AfD a été fondée ici à Oberursel, il y a onze ans, par une vingtaine de personnes, notamment des professeurs d’université et des intellectuels de droite. Parmi eux, Konrad Adam, ancien journaliste au quotidien conservateur et libéral Frankfurter Allgemeine Zeitung. Aujourd’hui âgé de 82 ans, il rappelle l’objectif de départ : « relancer la démocratie ». Déçus à l’époque de voir tous les partis « aller dans la même direction », les fondateurs de l’AfD voulaient créer un parti d’opposition national-conservateur pour « permettre aux citoyens d’avoir le choix lorsqu’ils se rendent aux urnes ». Mais pour Konrad Adam, le parti a pris un virage trop extrême. En 2020, il claque la porte de l’AfD, au moment de ses premiers succès électoraux.En Hesse, l’une des régions les plus riches du pays, l’AfD est devenue la deuxième force politique, après le parti conservateur de la CDU. Parmi ses bastions, la Wetterau, une région rurale à une heure de route de Francfort. À Schotten, jolie bourgade avec ses maisons à colombages, Thomas est en train de charger ses courses sur un pick-up. Oui, cela fait des années qu’il vote pour l’AfD, explique ce sexagénaire. Et tous ses amis font pareil. Selon cet agent administratif, cadre moyen dans le service du ramassage des ordures, le pays va dans la mauvaise direction. Il refuse la politique « va-t-en guerre avec la Russie », pense que Moscou et Kiev devraient « gérer leurs problèmes entre eux ». Il est parti de Francfort où il a vécu 40 ans : « Il y avait trop de bars à chicha, je n’entendais plus ma langue. » Financièrement, explique-t-il, ça va, il s’en sort bien. Mais il a toutefois peur du déclassement social, une fois devenu retraité. « J’espère que vous n’allez pas déformer mes propos comme le fait souvent la presse », lance-t-il, à la fin de la conversation.« Je voterai pour protéger la démocratie »Pourquoi un tiers des électeurs de cette région ont-ils voté pour l’AfD ? Difficile à comprendre pour cet agriculteur bio qui nous accueille dans sa ferme mais préfère rester anonyme. Voici tout ce qu’il sait : de plus en plus de personnes autour de lui, des clients, des fournisseurs, des ouvriers, des mécaniciens ou des collègues, sont attirés par l’AfD. Et cela lui pèse. « Avant, il n’y avait dans le coin que quelques types du NPD [Parti national-démocrate d’Allemagne, rebaptisé La Patrie, formation néonazie, NDRL]. On pouvait les ignorer. Mais avec les électeurs de l’AfD, toujours plus nombreux, ce n’est pas possible, surtout lorsqu’on est un entrepreneur comme moi. » Ce père de 6 enfants assure qu’il ira voter aux Européennes, car il faut « protéger notre système démocratique ».Tensions en hausse entre pro et anti-AfDEn Saxe, le parti populiste est le grand favori lors des élections régionales en septembre prochain (2024). Ce qui n’est pas sans conséquences sur l’ambiance dans cette région de l’Allemagne de l’Est. La tension entre sympathisants et opposants de l’AfD est particulièrement tangible à Bautzen, ville médiévale de caractère près de la frontière tchèque. Soutenu par le parti d’extrême droite, des centaines de manifestants défilent tous les lundis à travers la ville.C’est une procession étrange et menaçante qui inonde les rues pour converger vers la place centrale. Des jeunes néonazis côtoient parfois des membres du Black Block venus de Dresde, mais aussi de plus en plus de partisans de la Russie, sans oublier ceux qui forment la tête du cortège, portant des grandes croix blanches, pour dénoncer la politique sanitaire lors de la pandémie du Covid. Les orateurs et oratrices qui se succèdent à la tribune dénoncent pêle-mêle la politique allemande de soutien à l’Ukraine, un manque de liberté en général, l’Union européenne et l’éducation sexuelle dans les écoles.« Pourquoi ils gagnent deux fois plus à l’Ouest qu’à l’Est ? »Un homme arbore fièrement le drapeau du premier empire allemand. Cela fait « plus de trois ans et plus de 160 fois », qu’il vient ici à Bautzen, toutes les semaines. Électeur fervent de l’AfD, il dénonce la précarité des retraités en Allemagne de l’Est. « J’ai travaillé pendant 43 ans sur des chantiers et je reçois moins de 1000 euros par mois. Et tous ceux qui viennent ici, ces migrants, ils s’en sortent mieux que moi. J’ai cinq petits-enfants mais je n’ai pas d’argent pour leur faire des cadeaux. Alors ils me demandent : « Mais grand-père, tu n’as pas travaillé ? - Ben si, je leur réponds, mais je me suis fait avoir ! » Son ami, lui aussi un sympathisant de l’AfD, regrette que le salaire à l’Est soit toujours inférieur à celui à l’Ouest. « Il y a 10 ans, j’ai travaillé à l’aéroport de Francfort-sur-le-Main, j’ai gagné plus de 2000 euros. Quand je suis retourné ici, après avoir rencontré quelqu’un, j’ai touché 1000 euros de moins. Ça me rend dingue : pourquoi ces différences ? Pourquoi il ne peut pas y avoir une seule Allemagne ? »Ces manifestations d’extrême droite ont créé un climat pesant dans la ville, confie la directrice de « Willkommen in Bautzen » (Bienvenu à Bautzen), une association locale qui milite pour une ville ouverte et tolérante. « Je ne sors plus le lundi soir et ne prends plus de rendez-vous chez le médecin », témoigne une autre habitante. Thilo Jung, un jeune responsable du parti de gauche Die Linke, acquiesce : « Une ambiance d’extrême droite s’est installée à Bautzen. Lorsque je me rends ici, je réfléchis à deux fois quel T-Shirt je mets pour ne pas provoquer de réactions violentes. »  Afin de ne pas laisser l’espace public à l’extrême droite, plusieurs associations de Bautzen ont créé un festival, le « Happy Monday ». Tous les lundis, des évènements culturels permettent aux habitants de sortir à nouveau « avec un sourire », comme le souligne une des organisatrices. Cette initiative déplait fortement aux milieux extrémistes de la ville qui envoient des jeunes néonazis « patrouiller » autour des concerts et autres spectacles, sous l’œil d’une dizaine de policiers qui font en sorte que le Happy Monday ne tourne pas au drame.En images Comment combattre l’AfD ?Réagir face à la montée de l’extrême droite peut prendre des formes différentes. La professeure d’histoire Katja Gerhardi a décidé de rejoindre la section locale du parti conservateur CDU de Bautzen, dont elle est devenue la présidente. « Quand j’entends les propos de l’AfD, explique-t-elle, et que je vois les groupuscules qui gravitent autour de ce parti, par exemple ici à Bautzen, j’ai très peur. Ce n’est pas un parti démocratique. Moi je suis profondément démocrate et je veux que notre démocratie continue à exister. Je veux aussi que mes trois fils continuent à vivre dans une démocratie ».Comment ignorer un parti désormais solidement enraciné à l’échelon local ? N’en déplaise aux dirigeants de la CDU qui mettent en garde contre des collaborations avec l’AfD, la réalité ne laisse souvent guère de choix, selon Katja Gerhardi. « Je vous donne un exemple concret : l’AfD a présenté un projet qui visait l’installation d’un abribus pour protéger les enfants de la pluie. Moi, en tant que membre de la CDU, j’ai évidemment soutenu le projet. Je n’aurais jamais pu dire : « Ah non, je vote contre parce que ça vient de l’AfD et tant pis si les enfants attendent sous la pluie ! »Ces débats pour savoir s’il faut ou non collaborer avec une formation que le gouvernement de la Saxe a qualifiée « d’extrême droite avérée » ne semblent pas impressionner l’électeur. Lui continue à cocher sa croix dans la case de l’AfD sur son bulletin de vote. Comme à Pirna, près de Dresde, où pour la première fois en Allemagne, le parti a conquis la mairie d’une grande ville. Tim Lochner a pris ses fonctions il y a tout juste deux mois et il est visiblement fier d’avoir fait la Une de la presse internationale.« Que l’AfD fasse mouche notamment ici à l’Est est lié à une partie de la population, qui a vécu la chute du Mur, explique le maire. Ceux qui ont connu la RDA sont plus sensibles à ce que disent les médias publics. Ils se souviennent qu’à cette époque les médias officiels se sont bien moqués des citoyens. Donc aujourd’hui, si vous êtes un homme politique et que vous expliquez à un ancien citoyen de la RDA dans le journal d’information comment il doit se laver les mains pendant la pandémie du Covid, il décroche. »Pour Tim Lochner, la politique du gouvernement comme le soutien aux grandes entreprises en difficulté rappellent le socialisme qu’il avait pensé avoir laissé derrière lui. « Quelle liberté a-t-on aujourd’hui encore ?, s’exclame-t-il. Vous pouvez vivre dans la plus belle démocratie du monde mais si vous n’avez pas d’argent, vous êtes limités dans vos mouvements ». Que ferait donc l’AfD pour aider les gens avec des revenus modestes ? « Si jamais l’AfD arrivait au pouvoir, il n’y aurait plus de taxe sur les émissions de CO2 », répond Tim Lochner qui se targue aussi d’avoir mis fin, dans une de ses premières décisions en tant que maire, à un projet de pistes cyclables dans les deux sens. « Cela aurait gêné les voitures. »L’AfD aspire à prendre le pouvoir en SaxeAprès Pirna, la Saxe entière ? C’est le rêve de Jörg Urban, tête de liste de l’AfD pour l’élection régionale en septembre. Il pourrait obtenir plus de 30 % des voix mais il aura du mal à former une coalition pour gouverner. Proche de l’aile nationale-patriote du parti, il nie toute dérive extrémiste : « Pour moi, l’AfD est un parti du centre, nous ne défendons pas de positions radicales. Ce sont des légendes. » Selon Urban, ce sont les autres partis qui commencent à adopter les positions de l’AfD, notamment sur l’immigration.La percée électorale de l’AfD est-elle irrésistible ? Difficile à dire aujourd’hui. Mais les migrants, eux, craignent déjà une victoire plus large. Sabri Assi est un jeune Kurde de Syrie qui vit depuis sept ans en Saxe. C’est en Allemagne qu’il a appris à lire et à écrire. Avec son certificat de fin d’études secondaires, il espère trouver une formation et aimerait bien rester dans le pays. L’AfD lui fait un peu peur : « Tant que je travaille bien et que je ne fais pas de bêtises, que je me comporte bien, alors ils ne peuvent pas m’expulser. » Le discours de l’AfD lui rappelle celui des Nazis contre les Juifs : « Ce sont toujours les étrangers qui sont pointés du doigt. » Un étudiant en droit pakistanais rencontré à l’Université de Dresde confie : « je suis venu avec une haute opinion des Allemands, j’ai lu Nietzsche et Marx. L’avantage des pays européens, c’est que ce sont des sociétés ouvertes. Les gens sont guidés par la raison et la logique. Si à présent, un état d’esprit conservateur rétrograde se répand dans ces pays, ce serait très dangereux. Nous avons vu ce que cela donne chez nous. »
5/6/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Au Soudan du Sud, les ravages du mystérieux syndrome du hochement de tête ET En Amérique du Nord, le retour vital du bison dans les Grandes Plaines

Au Soudan du Sud, les ravages du mystérieux syndrome du hochement de têteLe syndrome du hochement de tête touche les enfants à partir de trois ans. La maladie débute par des épisodes de hochement de la tête accompagnés de perte de connaissance. En l’absence de prise en charge médicale, les symptômes s’aggravent au fil des mois : crises d’épilepsie, retards de croissance, handicap mental... La Tanzanie, le Cameroun, la RDC ou encore la République Centrafricaine sont touchés. Mais c’est au Soudan du Sud que les cas sont les plus nombreux, on en dénombre au moins 6 000 dans la région d’Equatoria-Occidental.Un Grand reportage de Florence Miettaux qui s'entretient avec Patrick Adam. En Amérique du Nord, le retour vital du bison dans les Grandes Plaines Les bisons américains, aussi appelés buffalos, ont failli disparaître à la fin du XIXè siècle et avec eux tout un pan de la culture de Quinton Crowshoe, membre de la communauté Piikani, une Première nation de l'ouest du Canada.Ce lourd passé colonial est désormais un véritable moteur pour la réintroduction des bisons, entre réconciliation culturelle, écologique et économique, pour les descendants des colonisateurs et des peuples autochtones.Un Grand reportage de Léopold Picot qui s'entretient avec Patrick Adam.
5/5/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Santé mentale des jeunes, les difficultés de la prise en charge ET Le supplice des migrants subsahariens en Tunisie

Santé mentale des jeunes, les difficultés de la prise en chargeC’est devenu un fait de société, en France, ailleurs aussi. Les jeunes vont mal, la santé mentale se dégrade avec notamment des dépressions de plus en plus tôt. Et la crise sanitaire liée au Covid a tout accéléré. Dans le nord de la France, les passages aux urgences pour gestes et idées suicidaires, les consultations pour troubles anxieux et angoisses ont augmenté chez les 10 ans et plus.En 2021, les tentatives de suicides chez les jeunes étaient même 4 fois supérieures à la moyenne nationale. Une dégradation de la santé mentale qui se heurte à une dégradation du secteur psychiatrique en crise depuis plusieurs années.Un Grand reportage de Lise Verbeke qui s'entretient avec Patrick Adam. Le supplice des migrants subsahariens en TunisieC’était l’an dernier (2023), le président tunisien s’en prenait aux migrants, établis ou de passage en Tunisie. Des propos qui avaient été suivis de semaines de violences anti-Noirs qui ont culminé, durant l'été 2023, avec des migrants déportés par centaines vers des zones désertiques ou vers les frontières avec l’Algérie et la Libye. Sans eau, sans nourriture, et en plein été. Aujourd’hui, les migrants sont moins nombreux dans les grandes villes de Tunisie, les tensions ont-elles pour autant disparu ?Un Grand reportage d'Amira Souilem qui s'entretient avec Patrick Adam.
5/4/202448 minutes, 30 seconds
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Soudan du Sud: les ravages du mystérieux syndrome du hochement de tête

Le syndrome du hochement de tête touche les enfants à partir de trois ans. La maladie débute par des épisodes de hochement de la tête accompagnés de perte de connaissance. En l’absence de prise en charge médicale, les symptômes s’aggravent au fil des mois : crises d’épilepsie, retards de croissance, handicap mental... La Tanzanie, le Cameroun, la RDC ou encore la République Centrafricaine sont touchés. Mais c’est au Soudan du Sud que les cas sont les plus nombreux, on en dénombre au moins 6 000 dans la région d’Equatoria-Occidental. De notre correspondante, À Mvolo, comme à Mundri et dans tous les villages lourdement touchés par le syndrome du hochement de tête au Soudan du Sud, les habitants prennent leur mal en patience. Les projets de recherche n’ont pour l’instant apporté qu’une partie des réponses, échouant jusqu’ici à percer le mystère de la cause de cette maladie. Et les questions sont nombreuses : la maladie est-elle contagieuse, se transmet-elle d’une personne à l’autre ? C’est une idée très répandue, qui conduit à l’isolement des enfants malades, mais elle est fausse.« Les analyses montrent que le syndrome du hochement de tête est une forme d’épilepsie. Et donc, comme il s’agit d’une maladie neurologique, il est impossible qu’elle se transmette d’une personne à l’autre », affirme le chercheur Stephen Jada, un médecin sud-soudanais qui réalise sa thèse de doctorat sur le syndrome du hochement de tête tout en pilotant les recherches menées par l’ONG Amref Health Africa sur le sujet. « Le fait, observé par les populations concernées, que dans une même famille, ou dans un même village, les enfants développent la maladie les uns après les autres, a été étudié, et la théorie d’une contagiosité a été écartée », poursuit-il. « Ce que les études ont confirmé, c’est que toutes les personnes ayant développé cette maladie ont été exposées aux mêmes facteurs environnementaux. Il y a donc quelque chose dans l’environnement qui déclenche la manifestation de la maladie chez elles », explique le docteur.La théorie qui prédomine à l’heure actuelle, c’est que le syndrome du hochement de tête serait une forme d’épilepsie « associée » à l’onchocercose, la « cécité des rivières ». Maladie parasitaire endémique dans la région, elle est transmise par les morsures de mouches noires qui se reproduisent dans les hautes herbes au bord des cours d’eau à courant rapide, comme les rivières de Mundri, de Mvolo et de tous les villages sud-soudanais où les cas de syndrome du hochement de tête ont explosé depuis trente ans.Mais aujourd’hui encore, tous les chercheurs ne sont pas d’accord. Et d’autres théories ont été avancées : des déficiences nutritionnelles parmi la population touchée, la consommation d’aide alimentaire contaminée par un germe, ou encore l’usage d’armes chimiques dans ces zones qui ont aussi pour point commun – outre leur proximité avec des cours d’eau – d’avoir été des zones de conflit…En effet, au Soudan du Sud, la région d’Equatoria-Occidental a été une zone de combats intenses lors de la seconde guerre civile soudanaise (1983-2005). Le nord de l’Ouganda a lui aussi été un terrain de guerre, en proie aux violences de la Lord’s Resistance Army (LRA) dans les années 1990. Dans les deux régions, les cas de syndrome du hochement de tête se sont multipliés pendant ces conflits marqués par d’importants déplacements de populations.Des causes inconnues« Ces autres causes possibles ont été analysées, sans succès », affirme pourtant le docteur Gasim Abd-Elfarag, autre spécialiste sud-soudanais du syndrome du hochement de tête. « De nombreuses recherches ont été consacrées à la cause du syndrome du hochement de tête. Nous avons cherché des virus, des bactéries, des parasites… Toutes ces recherches ont été réalisées, sans résultats concluants », avoue-t-il. « La cause exacte de cette maladie reste un mystère. »Pour lui comme pour le groupe de chercheurs réunis au sein de la Nodding Syndrome Alliance, un consortium d’ONG et d’universités créé en 2019, il s’agit dès lors surtout de conduire « des études basées sur des interventions, pour voir lesquelles fonctionnent le mieux pour aider ces enfants, soulager leurs symptômes et soutenir la communauté affectée par la maladie ».Les médicaments antiépileptiques permettent de fait une amélioration considérable de la qualité de vie des patients, et favorisent notamment leur retour à l’école. Et il s’agit également de contrôler l’onchocercose. Car le lien entre les deux maladies semble difficile à nier. « Parmi les communautés vivant près des rivières, où l’onchocercose est très répandue, les cas d’épilepsie et de syndrome du hochement de tête sont plus nombreux », explique Stephen Jada. « Plus vous vous éloignez de la rivière, plus le nombre de cas diminue. Et quand vous allez dans les villages où il n’y a pas de rivière, où vous n’observez pas de morsures de mouches noires, les cas de syndrome du hochement de tête sont rares voire absents ».Pourtant, « nous ne savons pas comment l’onchocercose pourrait provoquer ça. Des tests ont été réalisés pour voir si les parasites atteignent le cerveau, ou s’ils libèrent une toxine qui provoque la maladie, sans succès. Tout cela est encore en cours d’investigation ». Malgré ces zones d’ombres, éradiquer le syndrome du hochement de tête reste pour Stephen Jada envisageable. C’est même son objectif proclamé.Les résultats des interventions menées à Maridi ces dernières années donnent au chercheur de quoi rester optimiste. Dans cette autre ville d’Equatoria-Occidental très affectée par la maladie, des interventions de contrôle de l’onchocercose ont été mises en place : la coupe des herbes où se reproduisent les mouches noires, près de la rivière, a été menée conjointement à des campagnes d’administration de vermifuge à la population. Ces efforts ont porté leurs fruits : depuis 2018, le nombre de nouveaux cas de syndrome du hochement de tête a été divisé par quinze.
5/2/202419 minutes, 30 seconds
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Italie : les ambitions de Giorgia Meloni pour l’extrême-droite européenne

1er volet de notre série consacrée aux Elections européennes du 9 juin : « Europe, la montée du nationalisme en question ».Cela fait un an et demi qu'elle est au pouvoir en Italie et elle va affronter le 9 juin prochain, avec les élections européennes, son premier grand test électoral. Forte du soutien de sa base, confortée par le succès de sa stratégie de normalisation, Georgia Meloni veut servir de référence à l'extrême-droite européenne et espère, à l’issue de ce scrutin, peser le plus possible sur les choix politiques de l'Union européenne. De notre correspondant, « Ici, avant, il n’y avait que des cabanes ! C’était une zone presque rurale, avec des champs tout autour de l’église et puis, petit à petit, cette partie de la ville est sortie de terre avec les logements construits par Mussolini ». Il est 9 heures du matin, Giuliana prend le temps de boire un petit café avec ses amies avant d’aller faire ses courses. Cette restauratrice à la retraite habite depuis les années 1980 à la Garbatella, un quartier populaire de Rome réputé pour ses petites ruelles et ses maisons typiques des années 1930. La Garbatella a servi de décor à de nombreux films italiens, dont le fameux « Journal Intime » de Nanni Moretti, mais est surtout connue désormais pour avoir été le quartier de jeunesse de Georgia Meloni, la dirigeante italienne arrivée au pouvoir à l’automne 2022. « Mon neveu est allé dans la même école », lance Guilana, tout sourire… « et quand le recteur est mort, elle est venue à la messe pour lui rendre hommage ! Je suis vraiment fière qu’elle soit de notre quartier. Et ce qui me rend fière c’est qu’elle est restée telle qu’elle était… Et puis j’aime sa façon de penser, je l’aime parce qu’elle fait beaucoup pour les gens… et qu’elle est restée proche de nous ! »Lors des élections législatives de l’automne 2022, Georgia Meloni a obtenu 20% des voix à la Garbatella, un score inférieur à sa moyenne nationale mais très élevé pour un quartier qui a toujours voté à gauche. Venue de l’extrême-droite et d’un parti néofasciste qui a renié ses origines sulfureuses, la cheffe de Fratelli d’Italia s’est imposée dans les urnes en prônant le retour aux valeurs familiales, et une lutte sans merci contre l’immigration illégale. Et c’est bien ce discours populiste et autoritaire qui a séduit Gerardo, un vendeur de fruits et légumes installé à la Garbatella depuis 25 ans. « Aujourd’hui, avec tous ces non-européens qui sont ici, vous ne pouvez plus circuler dans la rue à certaines heures parce que vous risquez d’être agressé, ou violée si vous êtes une femme », s’indigne-t-il entre deux clients. « Nous, en Italie, nous avons besoin de plus de sécurité, de surveillance. »Autre attente des électeurs de Georgia Meloni : le changement, la rupture avec tous les partis qui ont dirigé l’Italie au cours des dix dernières années… « Moi j’ai voté pour elle parce que je veux qu’elle change le système », pointe Gerardo. « Avant elle, on a essayé le Mouvement 5 étoiles, la Ligue du Nord… mais on a bien vu qu’ils n’étaient pas à la hauteur ! Elle est partie du bas, elle est restée simple et elle a fait son chemin lentement… Et même si tout n’a pas changé depuis qu’elle est élue, il faut lui laisser du temps. C’est comme une plante qu’on a semée, il faut la laisser grandir, la laisser arriver à maturité. »« Fasciste, raciste et homophobe »18 mois après sa victoire éclatante aux législatives, Georgia Meloni conserve le soutien de sa base électorale. Et à quelques semaines des élections européennes, les sondages annoncent un résultat supérieur aux 25% remportés par son parti, les Fratelli d’Italia, aux législatives de 2022. Face à cette victoire annoncée du parti d’extrême-droite, les électeurs de gauche ne cachent ni leur inquiétude ni leur découragement. « Je ne l’aime pas, je n’aime pas ce qu’elle dit, je n’aime pas sa politique, souffle Christina, une comédienne de 28 ans, lunettes noires et cheveux teintés en bleu. Elle est raciste, elle n’aime pas les homosexuels et dit vraiment des saloperies sur eux… » Même rejet, même inquiétude chez Rita, kinésithérapeute à la retraite qui vote communiste et se dit antifasciste : « ce qui m’inquiète c’est cette focalisation sur la famille traditionnelle, sur l’immigration. Meloni est insupportable dans sa façon de se comporter. Et puis elle est trop à droite, trop fasciste… ça ne me correspond pas du tout ». Pour ces deux électrices de gauche, Georgia Meloni n’a pas réellement rompu avec son passé de militante au sein du MSI, le parti néo-fasciste italien. En revanche, auprès de ses électeurs de droite, le travail de normalisation a fini par payer. À la tête des Fratelli d’Italia, Georgia Meloni se veut la championne d’une droite conservatrice, décomplexée, mais qui refuse d’être considérée comme un parti d’extrême-droite... et surtout qui assure avoir pris ses distances avec le passé fasciste de l’Italie.Cette stratégie de normalisation, Georgia Meloni l’a d’abord mise en œuvre pour rassurer les électeurs italiens. Puis, une fois élue, elle l’a de nouveau employée, mais cette fois vis-à-vis de l’extérieur. « Elle a passé ces 18 derniers mois à essayer de se renforcer aux yeux de l’opinion publique internationale », décrypte l’historien Giovanni Orsina, de l’Université Luiss à Rome. « Elle a fait un travail énorme pour se légitimer et pour dissiper l’idée qu’elle était une dangereuse fasciste et qu’elle allait tout casser. Elle a voulu montrer qu’elle était une interlocutrice valable vis-à-vis de l’Europe, vis-à-vis de l’Otan. Et elle y est parvenue ! »À l’extérieur de l’Italie, Georgia Meloni prend du galon et s’affiche aux côtés de Joe Biden, le président américain, ou d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Elle apparaît comme un fervent soutien de l’Ukraine, et affiche clairement son hostilité à la Russie de Vladimir Poutine. Elle joue aussi un rôle important dans les négociations entre dirigeants européens à Bruxelles, pour conclure le Pacte asile et migrations, ou pour convaincre Viktor Orban de ne pas entraver l’aide à l’Ukraine. À l’extérieur, Meloni offre donc le visage d’une droite fréquentable, et pas si radicale que cela. À l’intérieur en revanche, la dirigeante italienne donne des gages à son électorat et elle le fait sur deux grands thèmes : les valeurs familiales et la lutte contre l’immigration illégale.« Un leurre pour l’opinion italienne »Dans le nord-ouest de Rome, juste en contrebas du Verano, le plus grand cimetière de la ville, un attroupement se forme à la tombée de la nuit, le long d’une large avenue embouteillée. C’est ici que tous les soirs les bénévoles de l’ONG Baobab Experience viennent en aide aux migrants illégaux que la route de l’exil a conduit jusqu’à Rome. « On leur apporte de quoi manger, des vêtements et aussi des couvertures ou des sacs de couchage pour la nuit, parce qu'il n'y a pas de centre pour les migrants en transit à Rome » , explique Andrea Costa, président de Baobab Experience. « Depuis 2015 la majorité des personnes que nous aidons vient d’Afrique de l’Est : Ethiopie, Erythrée, Soudan, Somalie… »Le long du mur, assis sur le trottoir, Jack vient de terminer son repas : des pâtes au pesto, un fruit et quelques biscuits. Maintenant rassasié, ce jeune Soudanais nous raconte son périple, de son pays en guerre à la Libye, puis à la Tunisie, et enfin la traversée de la mer Méditerranée. « Je suis arrivé à Lampedusa, et de Lampedusa ils nous ont emmenés en Sicile, à Catane, et ensuite à Rome. Ici je dors dans la rue, dans le froid… Il n’y a que ces gens qui nous aident, qui nous donnent à manger le soir. »Durant la campagne électorale qui l’a menée au pouvoir, Georgia Meloni a promis un blocus maritime pour empêcher l’arrivée des réfugiés sur le sol italien. Une promesse radicale, que la dirigeante n’a jamais appliquée. Mais son gouvernement a rendu plus difficile le travail des ONG qui viennent en aide aux réfugiés, que ce soit en mer lors des sauvetages, ou sur terre, une fois débarqués. Quant à la situation en Italie des migrants illégaux, elle n’a fait qu’empirer. « Georgia Meloni est clairement en train d’aggraver les choses pour les réfugiés en rendant les voyages de moins en moins sûr, de plus en plus dangereux et mortels, dénonce Alice Basiglini de l’ONG Baobab Experience. Et puis, une fois arrivées, toutes ces personnes sont laissées dans un vide juridique pendant très longtemps, sans avoir la possibilité d'obtenir des documents, sans hébergement et sans possibilité de travailler légalement. Je pense que l’objectif principal de Meloni est de surfer sur la rhétorique de la prétendue « invasion de migrants » parce que c’est utile à son récit politique. Au niveau économique ou diplomatique, elle ne s’est pas vraiment différenciée des gouvernements qui l’ont précédée… donc elle se sert de ce thème comme d’un leurre pour l’opinion publique. »DIAPORAMA « Je suis une mère chrétienne et italienne ! »L’autre grand thème de prédilection pour Georgia Meloni sur la scène intérieure, c’est la défense des valeurs traditionnelles : la glorification d’une Italie chrétienne, attachée à la famille, et opposée à ce que la dirigeante italienne a qualifié de « lobby LGBT ». « Moi, je suis Georgia, je suis une femme, je suis une mère ! scandait-elle sur les tribunes électorales en 2022, pour le plus grand bonheur de ses partisans…. Je suis italienne ! Je suis chrétienne ! Et personne ne me l’enlèvera ! » Depuis son arrivée au pouvoir, dans les régions italiennes, l’accès à l’avortement n’est pas interdit, mais il est rendu plus difficile selon les associations féministes… quant aux familles homosexuelles, elles ont vu leurs droits parentaux remis en question devant les tribunaux italiens. « Quand mon fils est né, seule ma partenaire a pu le reconnaitre, raconte Alessia Crocini, militante LGBT et présidente de l’association Famiglie Arcobaleno (Familles Arc-en-Ciel)… J’ai dû faire une procédure d’adoption et j’ai finalement réussi… aujourd’hui il a deux parents et il porte mon nom de famille. » Alessia Crocini nous reçoit dans la chambre de son fils et s’excuse avec le sourire du désordre et des boîtes de lego qui s’empilent dans un coin de la pièce. Durant les huit années qui ont précédé l’adoption, Alessia a vécu le calvaire des « parents fantômes », sans aucun droit parental sur son fils. « Je ne pouvais pas prendre de décisions en matière de santé, je ne pouvais pas l’emmener se faire vacciner ou aller chez le pédiatre. Parce que vous n’êtes pas un parent légal vous n’êtes rien, vous êtes comme un baby-sitter ou un étranger. C’est difficile de devoir expliquer ça à son enfant, et lui expliquer ce qu’est l’homophobie. »En janvier 2023, quelques mois après l’arrivée au pouvoir de Georgia Meloni, son gouvernement demande aux mairies italiennes de ne plus tolérer la double parentalité pour les familles homosexuelles… un cauchemar pour les mères qui ont dû alors défendre en justice leurs droits parentaux. « À Padoue, 38 certificats de naissance ont été contestés par le procureur qui a tenté d’annuler les actes de naissance d’enfants âgés de sept ou huit ans, s’indigne Alessia. En première instance, la justice a donné raison aux familles et a confirmé les actes de naissance. C’est une victoire mais la décision va être examinée en appel et cela ira sûrement jusqu’à la Cour de Cassation. »Pour la militante, ce combat judiciaire est le premier acte d’une offensive anti-LGBT voulue par le gouvernement Meloni, une offensive qui évoque selon elle le climat homophobe régnant dans d’autres pays de l’Union européenne, tels que la Hongrie ou la Pologne avant la défaite du PiS (Parti Démocratie et Justice, droite conservatrice) à l’automne dernier. « Il suffit de penser à ce phénomène médiatique qui a explosé en Italie l’année dernière, avec le Général Roberto Vannaci. Ce général a publié un livre homophobe dans lequel il dit que les homosexuels ne sont pas des gens normaux. Ce type est invité à la télévision tous les jours… Et la Ligue du Nord et Fratelli d’Italia se le disputent pour qu’il soit candidat sur leur liste aux Européennes ! »Double visage, double discoursUne approche modérée et conciliante à Bruxelles et sur la scène internationale, mais une politique intérieure beaucoup plus offensive sur l’immigration et sur les valeurs traditionnelles : c’est ce double visage, ce double discours, que dénonce la gauche italienne depuis que Georgia Meloni est arrivée au pouvoir. Dans une salle de réunion de la Chambre des députés à Rome, nous rencontrons Guiseppe Provenzano, parlementaire, ancien ministre, et membre du Parti Démocrate. « Il y a un fil rouge ou plutôt un fil noir qui relie toutes les politiques de ce gouvernement depuis le premier jour, c’est l’attaque contre l’égalité : l’égalité des droits et l’égalité sociale. Meloni a coupé dans les aides sociales, dans les soins de santé. Et les seuls qui ont bénéficié de sa politique ce sont les fraudeurs fiscaux ». La gauche italienne s’inquiète également du projet de réforme constitutionnelle de Georgia Meloni, qui veut renforcer les pouvoirs du chef du gouvernement – en le faisant élire directement par les Italiens. « C’est le projet le plus dangereux de Georgia Meloni, celui d’un présidentialisme sans contre-pouvoir. Elle veut faire cela parce qu’elle est l’héritière des néofascistes italiens, et parce qu’elle a besoin d’écrire une nouvelle Constitution pour se légitimer en tant que cheffe de file de la nouvelle droite italienne et européenne. »De fait, Georgia Meloni espère accroitre son influence en Europe à l’issue des élections du 9 juin. Une ambition clairement assumée par Tommaso Foti, le chef du groupe Fratelli d’Italia à la Chambre des députés. « Notre objectif était de créer une droite moderne, une droite de gouvernement, une droite capable de redonner à l’Italie un rôle décisif en Europe, et je peux dire que notre objectif a été atteint, plastronne le député d’Emilie-Romagne, qui a participé à la fondation de Fratelli d’Italia en 2012, aux côtés de Georgia Meloni. À présent nous pensons que nous pouvons apporter à l’Europe un système équivalent à ce que nous avons réalisé en Italie. Notre projet est une Europe qui gouverne sans les socialistes et sans ces groupes qui se définissent comme écologistes mais qui sont en réalité des éco-extrémistes. »Un trait d’union entre les droitesForte de son expérience gouvernementale et d’un résultat qui s’annonce prometteur aux Européennes du 9 juin, la dirigeante italienne pourra sinon jouer les « faiseuses de rois » au sein des institutions européennes, en tout cas s’imposer comme une interlocutrice cruciale, à Strasbourg comme à Bruxelles. Mais quelle sera la stratégie européenne de Georgia Meloni au sein du Parlement européen ? Que fera-t-elle du groupe ECR (Conservateurs et Réformistes Européens), le groupe de droite nationaliste dont les Fratelli d’Italia devraient devenir la principale composante après les élections ? Pour Giovanni Orsina de l’Université Luiss de Rome, la dirigeante italienne voudra en premier lieu défendre les intérêts italiens et accroitre son influence au sein des institutions. « Tout d’abord, elle voudra être un acteur majeur de la négociation pour la prochaine Commission. Il faudra sans doute qu’Usrula von der Leyen, la présidente de la Commission, élargisse vers la droite sa majorité… et en échange de son soutien Meloni voudra probablement son propre Commissaire. Bien entendu, je pense qu'une stratégie plus large sera de déplacer le plus à droite possible le curseur politique au sein du Parlement. »À quelques semaines du scrutin les sondages accordent une large avance à Georgia Meloni et à son parti Fratelli d’Italie, une poussée à droite que la dirigeante italienne anticipe et espère également dans le reste de l’Union européenne. « L’idée de Georgia Meloni, c’est de devenir un trait d’union, un intermédiaire entre l’extrême-droite et la droite traditionnelle du PPE, le Parti Populaire européen », conclut Giovanni Orsina. « Elle veut être celle qui pourra dialoguer à la fois avec les chrétiens-démocrates allemands et avec le RN français. Aujourd’hui, ce dialogue est impossible parce que la droite traditionnelle considère que l’on ne peut pas discuter avec Marine Le Pen… Mais dans deux ou trois ans ? Nous n’en savons rien. Georgia Meloni pense que l’avenir appartient à la droite et qu’il y a des forces à droite qu’il faudra bien finir par accepter. »
5/1/202419 minutes, 30 seconds
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Le supplice des migrants subsahariens en Tunisie

C’était l’an dernier (2023), le président tunisien s’en prenait aux migrants, établis ou de passage en Tunisie. Des propos qui avaient été suivis de semaines de violences anti-Noirs qui ont culminé, durant l'été 2023, avec des migrants déportés par centaines vers des zones désertiques ou vers les frontières avec l’Algérie et la Libye. Sans eau, sans nourriture, et en plein été. Aujourd’hui, les migrants sont moins nombreux dans les grandes villes de Tunisie, les tensions ont-elles pour autant disparu ? « Le supplice des migrants subsahariens en Tunisie », un Grand reportage d'Amira Souilem.
4/30/202419 minutes, 30 seconds
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Santé mentale des jeunes, les difficultés de la prise en charge

C’est devenu un fait de société, en France, ailleurs aussi. Les jeunes vont mal, la santé mentale se dégrade avec notamment des dépressions de plus en plus tôt. Et la crise sanitaire liée au Covid a tout accéléré. Dans le nord de la France, les passages aux urgences pour gestes et idées suicidaires, les consultations pour troubles anxieux et angoisses ont augmenté chez les 10 ans et plus. En 2021, les tentatives de suicides chez les jeunes étaient même 4 fois supérieures à la moyenne nationale. Une dégradation de la santé mentale qui se heurte à une dégradation du secteur psychiatrique en crise depuis plusieurs années.« Santé mentale des jeunes, les difficultés de la prise en charge », un Grand reportage de Lise Verbeke.
4/29/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Un fauteuil à Sciences Po ET Dans le camp de Zebilla au Ghana, les réfugiés du Burkina s'adaptent à leur nouvelle vie

Un fauteuil à Sciences PoSelon les chiffres du ministère de l'Enseignement supérieur, à la rentrée 2021, on comptait 51 000 étudiants en situation de handicap dans les établissements d’enseignement supérieur publics, soit 2,2 % de l'ensemble des étudiants. Face aux difficultés, beaucoup abandonnent leurs études. Laurence Théault a suivi Eymerick Truffert dans son quotidien à Sciences Po.Un Grand reportage de Laurence Théault qui s'entretient avec Patrick Adam. Dans le camp de Zebilla au Ghana, les réfugiés du Burkina s'adaptent à leur nouvelle vie Dans le nord du Ghana, une partie des réfugiés vivent dans le camp de Zebilla. Après avoir subi les traumatismes, ils vivent aujourd’hui en bonne entente avec les Ghanéens. Parmi les déplacés, seule la communauté peule se sent parfois mise à l’écart.Un Grand reportage de Caroline Chauvet qui s'entretient avec Patrick Adam.
4/28/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Afrique du Sud: 30 plus tard, que deviennent les enfants de la liberté ? ET Slovénie, la vallée de la Vipava s'adapte au changement climatique

Afrique du Sud : 30 plus tard, que deviennent les enfants de la liberté ?En Afrique du Sud, c’est le temps du bilan pour le Congrès National Africain, l’ANC. Il y a 30 ans, des files interminables se formaient à l’extérieur des bureaux de vote du pays, pour le tout premier scrutin multiracial. Avec l’élection de Nelson Mandela, les Sud-Africains écoutaient, pleins d’espoir, les promesses de son parti, et rêvaient d’une société arc-en-ciel pour tourner la page de l’apartheid. Aujourd’hui, la corruption et les limites des politiques publiques sont passées par là... les trentenaires à qui on avait prédit une vie meilleure ont vécu des expériences très différentes, qui reflètent les défis post-apartheid.Un Grand reportage de Romain Chanson et Claire Bargelès qui s'entretiennent avec Patrick Adam.   Slovénie, la vallée de la Vipava s'adapte au changement climatiqueNichée entre les Alpes juliennes et la mer Adriatique, la vallée slovène de la Vipava subit de plein fouet les conséquences du changement climatique. Ses vergers, ses vignes souffrent de la sécheresse, ses habitants tentent d'y faire face par différentes actions.Un Grand reportage d'Agnieszka Kumor qui s'entretient avec Patrick Adam. 
4/27/202448 minutes, 30 seconds
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En Slovénie, la vallée de la Vipava s'adapte au changement climatique

Nichée entre les Alpes juliennes et la mer Adriatique, la vallée slovène de la Vipava subit de plein fouet les conséquences du changement climatique. Ses vergers, ses vignes souffrent de la sécheresse, ses habitants tentent d'y faire face par différentes actions. En images 
4/25/202419 minutes, 30 seconds
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Un fauteuil à Sciences Po

Selon les chiffres du ministère de l'Enseignement supérieur, à la rentrée 2021, on comptait 51 000 étudiants en situation de handicap dans les établissements d’enseignement supérieur publics, soit 2,2 % de l'ensemble des étudiants. Face aux difficultés, beaucoup abandonnent leurs études. Laurence Théault a suivi Eymerick Truffert dans son quotidien à Sciences Po. Diaporama
4/24/202419 minutes, 30 seconds
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Dans le camp de Zebilla au Ghana, les réfugiés du Burkina s'adaptent à leur nouvelle vie

Dans le nord du Ghana, une partie des réfugiés vivent dans le camp de Zebilla. Après avoir subi les traumatismes, ils vivent aujourd’hui en bonne entente avec les Ghanéens. Parmi les déplacés, seule la communauté peule se sent parfois mise à l’écart. De notre envoyée spéciale,« Nous nous sentons vraiment déprimés. Nous avons fui ici, quittant nos foyers, nos biens, et nos bétails, et nous nous retrouvons ici dans ce camp. Et nous avons vraiment peur de retourner chez nous, de peur qu’ils reviennent nous tuer… »À 72 ans, Keke (nom d’emprunt) espérait ne pas avoir à fuir son village près de Bitta au Burkina Faso. Il a dû s’y résigner après avoir vu des voisins mourir devant lui. Arrivé au Ghana, il est accueilli dans une famille d’accueil dans le nord du Ghana, et a ensuite été approché par les autorités ghanéennes et le HCR pour être installé dans un vaste camp de réfugiés. « En réalité, ces personnes n’ont pas le statut de réfugiés, mais ils sont enregistrés pour une attestation. Actuellement, plus de 3 000 Burkinabè au Ghana sont dans ce cas », explique à RFI Tetteh Padi, directeur du Ghana Refugee Board (GRB), l’Agence ghanéenne pour les demandeurs d’asile. C’est à quelques kilomètres de la frontière avec le Burkina Faso, près de la ville de Zebilla, dans le nord-est du Ghana, que des centaines de tentes ont été placées pour accueillir environ 4 000 personnes, et accueille aujourd’hui plus de 1 000 réfugiés qui ont fui les violences au Burkina Faso. Keke n’est pas le seul réfugié du camp. Comme lui, Seone (nom d’emprunt) vient aussi de la zone de Bitta, avec ses sept enfants et son mari. Elle se souvient d’avoir vu ses deux voisins être assassinés par des attaquants au visage masqué.Sugurunoma (nom d’emprunt) vient de la zone de Soudougui. Elle a vu une vingtaine de personnes de sa famille élargie se faire tuer lors d’une attaque. Alors enceinte, elle dit avoir quitté Bitta à pied. Au troisième jour de marche, elle a accouché. Elle a réussi à venir au Ghana avec toute sa famille de sept enfants.Pour ces réfugiés, le camp de Zebilla est un havre de paix. Ils y sont nourris et logés. Seulement, ils se plaignent du manque d’activité. Pour l’instant, ils n’ont même pas de champ à eux et n’ont aucune activité. Le Ghana Refugee Board a indiqué à RFI que des terres agricoles ont été acquises pour les réfugiés pour qu’ils puissent avoir des revenus agricoles. Des projets sont en cours pour donner du bétail à ces réfugiés, leur faire développer divers métiers (coiffure, mécanique, etc). Une aide pour le commerce a commencé, ajoute le GRB.Mais aujourd’hui, de nombreux réfugiés sont des femmes, des enfants et des vieillards. Les hommes ont pour beaucoup été tués lors des attaques, ou bien sont partis travailler ailleurs, sans toujours se rapprocher des services comme le GRB ou le HCR. Et au Ghana, la plupart des déplacés vivent dans des familles d’accueil. Le GRB estime qu’environ 15 000 Burkinabè ont fui les violences dans leur pays pour rejoindre le nord du Ghana. Un autre camp, équivalent à celui de Zebilla, vient d'être construit à Zini, dans le nord-ouest du pays.Mixité avec les Ghanéens« Quand nous sommes arrivés au Ghana, ce n’était pas facile pour les Ghanéens. Ils ont eu peur que les attaquants nous suivent et arrivent jusqu’à chez eux. Mais ils ont aussi pris pitié de nous, certains ont même cuisiné pour nous », se souvient Seone.Seone et les autres réfugiés ont vécu la même expérience lors de leur arrivée dans le camp de Zebilla, situé près du village de Tarikom. Ses 2 600 habitants, d’abord curieux et contents, ont eu rapidement peur que l’installation de ces Burkinabè ne soit source d’insécurité. « Mais les services de sécurité du Ghana, le chef de la sécurité, et même la sécurité de la présidence sont venus ici, et les villageois ont été rassurés », explique Isaac Angonwin, le « District Assembly Representative » de Tarikom, une sorte de leader communautaire élu. Aujourd’hui, « les enfants vont à l’école tous ensemble : les demandeurs d’asile et les villageois ! La clinique que nous avons ici est à la fois pour les réfugiés et la communauté. Nous faisons tout en commun ! », ajoute-t-il.À Tarikom, les Ghanéens, par humanisme, ont accepté de donner leurs terres aux réfugiés. « J’ai eu pitié de ces gens quand j’ai appris qu’ils avaient besoin de ces terres pour leur permettre de s'installer », se souvient Abambilla Awale, le « land priest » de Tarikom. La plus belle preuve d’intégration vient souvent des enfants. Les jeunes réfugiés parlent déjà le Kusaal après moins d’un an dans le nord Ghana. Au milieu du camp, une vingtaine d’enfants - villageois et réfugiés - se sont placés en deux rangées. Au top, un jeune de chaque équipe essaye d’être le premier à attraper la bouteille d’eau vide au milieu du terrain. L’arrivée des réfugiés a été bénéfique pour le moment pour le village. Elle a même permis d’étendre le réseau d'électricité de Tarikom et d’améliorer la clinique. Mais les villageois espèrent ne pas être laissés pour compte face aux réfugiés, qui n’ont par exemple pas de problème de nourriture. Eux-mêmes déjà pauvres, ils ont pourtant donné des terres aux réfugiés par fraternité. Mais ils souhaitent plus d’aide de la part des organisations internationales, ou encore une extension de leur électricité ou de la clinique, qui accueille aussi les déplacés maintenant.Des Peuls qui se sentent marginalisés Une communauté se sent pourtant mise à l’écart par le Ghana, c’est la communauté peule. En juillet 2023, l’association des Peuls au Ghana, Pulaaku international Ghana, avait dénoncé le fait que des centaines de Peuls - dont des femmes, des enfants et des vieillards - avaient été forcés de retourner au Burkina Faso. Ces personnes étaient pourtant venues au Ghana fuyant les violences au Burkina.Au-delà de l’association, un reportage de la Deutsche Welle avait aussi soutenu cette idée que seuls des Peuls ont été rapatriés vers le Burkina Faso. « On a été invités à discuter avec les forces de sécurité. Nous nous sommes assis et nous avons délibéré et ils ont accepté leur faute. Et c'est à ce moment-là qu'ils ont arrêté l’opération », se souvient Yakubu Musah Barry, secrétaire général de Pulaaku international Ghana. M. Barry ne cesse de plaider pour une meilleure intégration de sa communauté souvent marginalisée.Le HCR avait dénoncé le renvoi de réfugiés du Ghana, ne mentionnant pas d'ethnie dans son communiqué de presse. (cf UNHCR). Le gouvernement avait réfuté toutes ces accusations de stigmatisation, et expliqué dans un communiqué du 13 juillet 2023 qu’il s'agissait d'un « processus de rapatriement » « conforme aux protocoles internationaux » institué « pour faciliter le mouvement des Burkinabè qui souhaitent retourner dans leur pays. » M. Padi du Ghana Refugee Board, répond quant à lui que « ce sont les services de sécurité qui connaissent les personnes qui ont été renvoyées. Nous, au Ghana Refugee Board, nous enregistrons les personnes autorisées par les forces de sécurité à être enregistrées ». Dans le camp de Zebilla, au moment du reportage en février 2024, aucun Peul n’était présent parmi les déplacés. La question des Peuls, ce peuple majoritairement nomade, est délicate en Afrique de l’Ouest. Souvent associés dans l'imaginaire collectif aux violences et au jihadisme extrémiste au Sahel, les Peuls n'en restent pas moins des victimes de ces mêmes violences.
4/23/202419 minutes, 30 seconds
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Afrique du Sud : 30 ans plus tard, que deviennent les enfants de la liberté ?

En Afrique du Sud, c’est le temps du bilan pour le Congrès National Africain, l’ANC. Il y a 30 ans, des files interminables se formaient à l’extérieur des bureaux de vote du pays, pour le tout premier scrutin multiracial. Avec l’élection de Nelson Mandela, les Sud-Africains écoutaient, pleins d’espoir, les promesses de son parti, et rêvaient d’une société arc-en-ciel pour tourner la page de l’apartheid.  Aujourd’hui, la corruption et les limites des politiques publiques sont passées par là... les trentenaires à qui on avait prédit une vie meilleure ont vécu des expériences très différentes, qui reflètent les défis post-apartheid.« Afrique du Sud : 30 ans plus tard, que deviennent les enfants de la liberté ? », un Grand reportage de Romain Chanson et Claire Bargelès.
4/22/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Soudan : la vie en suspens des réfugiés de Renk ET Soudanais réfugiés en Égypte : l’exil sans Terre promise

Soudan : la vie en suspens des réfugiés de RenkIl y a un an… éclatait la guerre au Soudan. Deux généraux s’affrontent pour le pouvoir. Aujourd’hui, le conflit a provoqué le déplacement de près de 8 millions et demi de personnes, selon les Nations unies. Près d’1 million et demi sont des réfugiés partis en Égypte, au Tchad, en Éthiopie ou encore au Soudan du Sud. C’est la plus importante crise de personnes déplacées au monde, dont l’impact régional est colossal.Un Grand reportage de Gaëlle Laleix qui s'entretient avec Patrick Adam. Soudanais réfugiés en Égypte : l’exil sans Terre promiseC’était il y a un an, le 15 avril 2023, la guerre éclatait au Soudan entre l’armée du général Al Burhan et les Forces de soutien rapide. Depuis, 1 800 000 Soudanais ont fui leur pays. Beaucoup ont emprunté la route vers l’Égypte où leurs conditions de vie demeurent très précaires. Un Grand reportage de Léonie Lebrun qui s'entretient avec Patrick Adam. 
4/21/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Inde, entre le BJP et l'opposition, duel à mort à New Delhi ET Belgique : faire de la prostitution, un métier presque comme les autres

Inde, entre le BJP et l'opposition, duel à mort à New DelhiD’un côté, L’Aam Aadmi Party, dont le dirigeant emprisonné est érigé en martyr politique. De l’autre, le BJP qui veut conserver la capitale. En se posant en gardienne de la démocratie, l’opposition espère infliger une sanction symbolique à Narendra Modi dans la capitale. Reste à voir si cette thématique mobilise des électeurs inquiets du chômage. Un Grand reportage de Côme Bastin qui s'entretient avec Patrick Adam.Belgique : faire de la prostitution, un métier presque comme les autresPeut-on considérer la prostitution comme un métier ? En Belgique, la réponse est oui ! Le royaume est devenu, en 2022, le deuxième pays au monde, après la Nouvelle-Zélande, à décriminaliser le travail du sexe... Une politique particulièrement souple, qui permet aux travailleuses et aux travailleurs du sexe d’exercer en toute légalité avec un statut d'autoentrepreneur et de bénéficier de droits sociaux. Les prostituées, qui sont très majoritairement des femmes, pourraient même à terme devenir salariées...Un Grand reportage de Laure Broulard qui s'entretient avec Patrick Adam. 
4/20/202448 minutes, 30 seconds
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Belgique : faire de la prostitution un métier presque comme les autres

Peut-on considérer la prostitution comme un métier ? En Belgique, la réponse est oui ! Le royaume est devenu en 2022 le deuxième pays au monde, après la Nouvelle-Zélande, à décriminaliser le travail du sexe... Une politique particulièrement souple, qui permet aux travailleuses et aux travailleurs du sexe d’exercer en toute légalité avec un statut d'autoentrepreneur et de bénéficier de droits sociaux. Les prostituées, qui sont très majoritairement des femmes, pourraient même à terme devenir salariées... « Belgique : faire de la prostitution un métier presque comme les autres », un Grand reportage de Laure Broulard.
4/18/202419 minutes, 30 seconds
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Inde, entre le BJP et l'opposition, duel à mort à New Delhi

D’un côté, L’Aam Aadmi Party, dont le dirigeant emprisonné est érigé en martyr politique. De l’autre, le BJP qui veut conserver la capitale. En se posant en gardienne de la démocratie, l’opposition espère infliger une sanction symbolique à Narendra Modi dans la capitale. Reste à voir si cette thématique mobilise des électeurs inquiets du chômage.  De notre correspondant en Inde,Dans la cour du petit siège de L’AAP, les militants fébriles mais joyeux se prennent dans les bras. Sanjay Singh, le Lion comme on le surnomme ici, fait son entrée sous les lancers de fleurs. Voilà six mois qu’il était en prison, mais la Cour suprême de l’Inde vient de le libérer. « Merci à tous ceux qui luttent contre la dictature du BJP, lance le député depuis une petite tribune. Ils peuvent nous jeter en prison, mais pour quel crime ? Fournir une éducation de qualité, des soins, de l’eau, des bus gratuits, à 20 millions d’habitants de Delhi ? Ce soir, l’heure n’est pas aux réjouissances mais au combat ! ».Le combat, c’est celui pour la libération d’Arvind Kejriwal, icône politique et fondateur de l'AAP, lui aussi emprisonné en mars pour corruption par l’Enforcement Directorate. Ici, on ne croit pas une seconde aux accusations de cette agence, accusée d'être aux ordres du Premier ministre. Kejriwal va devenir un martyr, prédit Charan, 50 ans. « Les Indiens savent que Kejriwal est un homme intègre, qui est ciblé parce qu’il dérange. Tous les partis d’opposition font face à des menaces similaires, et c’est pour ça qu’ils sont venus à sa défense et vont s’allier contre Modi qui se comporte en dictateur. »Meeting unitaireCe dimanche, l’opposition affiche son d’unité dans la capitale. L’AAP mais aussi le parti du Congrès ou les partis régionaux DMK et TMC s’expriment devant des milliers de personnes. Autrefois rivaux, ils ont décidé de faire front commun au sein de la coalition INDIA. Dans plusieurs États, ils ne présenteront qu’un candidat par siège pour ne pas diviser les électeurs. « Mes amis, vous savez comme on peut truquer un match de cricket », lance la figure du parti du Congrès Rahul Gandhi, qui a lui été exclu du parlement pour diffamation. « Lors de ces élections, Narendra Modi s’est attribué le rôle d’arbitre. Dans notre équipe, avant même le début du match, des joueurs phares sont emprisonnés. »Parmi la foule, de nombreux militants de l’AAP qui brandissent des photos de leurs leaders sous les barreaux comme Ayushi, 41 ans. « Je redeviens militante après 5 ans parce que moi et mon mari sommes très inquiets. Je soutiens l’alliance INDIA qui rassemble des partis différents mais unis par la défense de notre Constitution. »Cette croisade démocratique peut-elle porter ? Tavleen Singh, analyste politique, en doute. « Les dérives autoritaires du gouvernement, les électeurs en entendent parler lors de chaque élection. De plus, les chefs de l'opposition, souvent des clans familiaux, sont loin d'être perçus comme des politiciens vertueux. »Des électeurs troublésSur le marché populaire de Sarojini Nagar, l’arrestation d’Arvind Kejriwal jette cependant un certain trouble. « J’ai toujours voté Aam Aadmi Party car ils ont amélioré les écoles et les cliniques pour les pauvres », explique un couturier musulman. « Les habitants de New Delhi vont continuer à soutenir Arvind Kejriwal. »Ram Singh, un policier à la retraite, votera Narendra Modi parce que « sa politique étrangère est bonne et qu’il développe les infrastructures ». Mais il confie apprécier Kejriwal. « Je ne sais pas trop pourquoi ils l’ont arrêté, on n'a toujours pas de preuve dans cette affaire ». D’autres affirment ne pas encore savoir pour qui ils voteront.Pawan Khera, responsable média du Congrès, est convaincu que Narendra Modi paiera son autoritarisme dans les urnes. « Il n’y a pas que Kejriwal. Le dirigeant du Jharkhand a été emprisonné. Nos comptes en banque ont été gelés. L’opposition va gagner, sinon dans 5 ans, vous serez renvoyé dans votre pays, et moi en prison. »Plusieurs études montrent des Indiens d’abord préoccupés par le chômage record. « La démocratie c’est abstrait, il faut parler de la vie quotidienne durant une campagne », juge Tavleen Singh. Entre la puissance triomphante mise en scène par Narendra Modi et la République au bord du gouffre décrite par l’opposition, les Indiens doivent trancher entre deux visions aux antipodes de leur pays.
4/17/202419 minutes, 30 seconds
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L’exil sans Terre promise

C’était il y a un an, le 15 avril 2023, la guerre éclatait au Soudan entre l’armée du général Al Burhan et les Forces de soutien rapide. Depuis, 1 800 000 Soudanais ont fui leur pays. Beaucoup ont emprunté la route vers l’Égypte où leurs conditions de vie demeurent très précaires.  « L’exil sans Terre promise », un Grand reportage de Léonie Lebrun.
4/16/202419 minutes, 30 seconds
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Soudan : la vie en suspens des réfugiés de Renk

Il y a un an… éclatait la guerre au Soudan. Deux généraux s’affrontent pour le pouvoir. Aujourd’hui le conflit a provoqué le déplacement de près de 8 millions et demi de personnes, selon les Nations unies. Près d’1 million et demi sont des réfugiés partis en Égypte, au Tchad, en Éthiopie ou encore au Soudan du Sud. C’est la plus importante crise de personnes déplacées au monde, dont l’impact régional est colossal.
4/15/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Rwanda : 30 ans après le génocide, panser les blessures invisibles ET Rwanda : 30 ans après le génocide, un besoin de justice et de réponses

Rwanda: 30 ans après le génocide, panser les blessures invisiblesAu Rwanda, ce dimanche 7 avril 2024 marque le début de cent jours de commémorations du génocide contre les Tutsis. Aujourd’hui, la population rwandaise est majoritairement née après 1994. Mais toutes les générations sont marquées. Rescapés, anciens bourreaux, enfants des uns et des autres… Chacun porte en lui une part du traumatisme. Un Grand reportage de de Lucie Mouillaud et Amélie Tulet. Entretient avec Patrick Adam.Rwanda : 30 ans après le génocide, un besoin de justice et de réponsesAu Rwanda, ce lundi 8 avril 2024 marque le début de cent jours de commémorations officielles du génocide de 1994 perpétré contre les Tutsi. Il y a trente ans, selon les Nations unies, plus d'un million de personnes - en majorité des Tutsi, mais également des Hutu, et d'autres opposants au génocide - ont été systématiquement tuées en moins de trois mois. 61 personnes ont été condamnées par le TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda). Plus d’un million de jugements ont été rendus par les Gacaca, ces tribunaux inspirés de la pratique coutumière. Mais il reste encore des fugitifs recherchés, des personnalités en exil qui ne sont pas inquiétées et des silences qui torturent toujours les rescapés. Un Grand reportage de de Lucie Mouillaud et Amélie Tulet. Entretient avec Patrick Adam.
4/14/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Mer de Chine, comment les Philippines organisent la réponse à Pékin ET États-Unis-Mexique: la frontière, éternel enjeu électoral

Mer de Chine : comment les Philippines organisent la réponse à PékinLes affrontements s’intensifient en mer de Chine méridionale. Alors que Pékin revendique 90% de cette zone riche en gaz naturel et en poisson. Pour faire valoir ce qu’elle considère être son droit territorial, la Chine occupe le terrain grâce à ses garde-côtes et à la présence de navires martiaux et commerciaux. Mais depuis l’arrivée au pouvoir du Président Ferdinand Marcos Jr les Philippines organisent la réplique. En se rapprochant des États-Unis et en cherchant l’aide d’autres démocraties, l’archipel cherche à attirer l’attention du monde sur la domination chinoise jugée illégitime par un tribunal d’arbitrage en 2016.Un Grand reportage de Nicolas Rocca qui s'entretient avec Patrick Adam. États-Unis-Mexique: la frontière, éternel enjeu électoralAux États-Unis, la campagne pour les élections générales de novembre prochain a commencé. Le camp républicain et le camp démocrate échangent coup pour coup. Comme à chaque scrutin, le bilan économique du président sortant est critiqué par ses adversaires. Mais rien n’occupe autant de place que la question de la gestion de l’immigration. La gestion de la frontière avec le Mexique est jugée calamiteuse par Donald Trump et son parti qui en ont fait un thème central de la campagne. Comment cela est-il vécu par ceux qui côtoient au quotidien cette frontière ?Un Grand reportage d'Aabla Jounaïdi qui s'entretient avec Patrick Adam.
4/13/202448 minutes, 30 seconds
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États-Unis-Mexique: la frontière, éternel enjeu électoral

Aux États-Unis, la campagne pour les élections générales de novembre prochain a commencé. Le camp républicain et le camp démocrate échangent coup pour coup. Comme à chaque scrutin, le bilan économique du président sortant est critiqué par ses adversaires. Mais rien n’occupe autant de place que la question de la gestion de l’immigration. La gestion de la frontière avec le Mexique est jugée calamiteuse par Donald Trump et son parti qui en ont fait un thème central de la campagne. Comment cela est-il vécu par ceux qui côtoient au quotidien cette frontière ? « États-Unis-Mexique: la frontière, éternel enjeu électoral », c’est un grand reportage d’Aabla Jounaïdi et Julien Boileau.
4/11/202419 minutes, 30 seconds
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Mer de Chine : comment les Philippines organisent la réponse à Pékin

Les affrontements s’intensifient en mer de Chine méridionale. Alors que Pékin revendique 90% de cette zone riche en gaz naturel et en poisson. Pour faire valoir ce qu’elle considère être son droit territorial, la Chine occupe le terrain grâce à ses garde-côtes et à la présence de navires martiaux et commerciaux. Mais depuis l’arrivée au pouvoir du Président Ferdinand Marcos Jr les Philippines organisent la réplique. En se rapprochant des États-Unis et en cherchant l’aide d’autres démocraties, l’archipel cherche à attirer l’attention du monde sur la domination chinoise jugée illégitime par un tribunal d’arbitrage en 2016. « Mer de Chine : comment les Philippines organisent la réponse à Pékin », un Grand reportage de Nicolas Rocca.
4/10/202419 minutes, 30 seconds
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Rwanda : 30 ans après le génocide, un besoin de justice et de réponses

Au Rwanda, ce lundi 8 avril 2024 marque le début de cent jours de commémorations officielles du génocide de 1994 perpétré contre les Tutsi. Il y a trente ans, selon les Nations unies, plus d'un million de personnes - en majorité des Tutsi, mais également des Hutu, et d'autres opposants au génocide - ont été systématiquement tuées en moins de trois mois. 61 personnes ont été condamnées par le TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda). Plus d’un million de jugements ont été rendus par les Gacaca, ces tribunaux inspirés de la pratique coutumière. Mais il reste encore des fugitifs recherchés, des personnalités en exil qui ne sont pas inquiétées et des silences qui torturent toujours les rescapés.  « Rwanda : 30 ans après le génocide, un besoin de justice et de réponses », un Grand reportage de Lucie Mouillaud et Amélie Tulet.
4/9/202419 minutes, 30 seconds
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Rwanda: 30 ans après le génocide, panser les blessures invisibles

Au Rwanda, ce lundi 8 avril 2024 marque le début de cent jours de commémorations du génocide contre les Tutsi. Aujourd’hui, la population rwandaise est majoritairement née après 1994. Mais toutes les générations sont marquées. Rescapés, anciens bourreaux, enfants des uns et des autres… Chacun porte en lui une part du traumatisme.  « Rwanda, trente ans après le génocide, panser les blessures invisibles », un Grand reportage de Lucie Mouillaud et Amélie Tulet.
4/8/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Ouganda : un modèle d’accueil des réfugiés à l’épreuve des crises internationales ET 24h sur un navire de la Marine française en mer Baltique

Ouganda : un modèle d’accueil des réfugiés à l’épreuve des crises internationalesL’Ouganda, pays de plus de 48 millions d’habitants, héberge la plus grande population de réfugiés du continent africain avec plus d’1,6 millions de personnes enregistrées. La raison : une politique d’accueil et d’ouverture des frontières unique au monde en place depuis plus de 60 ans. Un modèle qui n’a jamais été remis en question malgré les crises sociales, politiques, économiques qu’a vécues le pays, mais qui aujourd’hui est en danger. La multiplication des crises mondiales remet en cause son financement alors que le flux de réfugiés ne se tarit pas. Chaque jour, des Congolais qui fuient les conflits dans l’Est ou des Soudanais victimes de la guerre traversent la frontière avec comme espoir de trouver enfin la paix.Un Grand reportage de Paulina Zidi qui s'entretient avec Patrick Adam. 24h sur un navire de la Marine française en mer BaltiqueAprès 2 mois à patrouiller dans les eaux de la mer Baltique, l’Aquitaine est de retour à Brest, grand port militaire de l’ouest de la France. L’Aquitaine, c’est ce que l’on appelle une Fremm, une frégate française multifonctions. Pourquoi la Baltique ? Il suffit de regarder une carte, tous les pays riverains sont désormais membres de l’Otan, sauf un, la Russie. On parle de mission de réassurance de l’alliance, en clair de renforcement des dispositifs militaires, ici avec 150 marins déployés.Un Grand reportage de Marielle Vitureau qui s'entretient avec Patrick Adam.
4/7/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Camp Boiro, dans l’enfer du goulag tropical ET Décarboner l’industrie sidérurgique, un enjeu crucial pour la Slovaquie

Camp Boiro, dans l’enfer du goulag tropicalC’était il y a 40 ans, jour pour jour, en Guinée. Après avoir renversé le régime de Sékou Touré, l’armée libérait les prisonniers des camps d’internement. Le pays découvrait alors, effaré, les récits des victimes du système répressif mis en place sous la première République. Aujourd’hui, il reste une poignée de ces survivants. Un Grand reportage de Matthias Raynal qui s'entretient avec Patrick Adam. «Décarboner l’industrie sidérurgique, un enjeu crucial pour la Slovaquie»2050, c’est la date que s’est fixée l’Union européenne pour parvenir à la neutralité carbone. Mais avant la réalisation de l’étape suprême du Pacte vert en 2050, l’Union européenne impose aux 27, de réduire dès 2030 leurs émissions de gaz à effet de serre, de 55% par rapport au niveau de 1990. Pour atteindre cet objectif, la Slovaquie comme tous les pays européens, est engagée dans un processus de décarbonation de son industrie.Un Grand reportage de Sylvie Noël qui s'entretient avec Patrick Adam.
4/6/202448 minutes, 30 seconds
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24h00 sur un navire de la Marine française en mer Baltique

Après 2 mois à patrouiller dans les eaux de la mer Baltique, l’Aquitaine est de retour à Brest, grand port militaire de l’ouest de la France. L’Aquitaine, c’est ce que l’on appelle une Fremm, une frégate française multifonctions. Pourquoi la Baltique ? Il suffit de regarder une carte, tous les pays riverains sont désormais membres de l’Otan, sauf un, la Russie. On parle de mission de réassurance de l’alliance, en clair de renforcement des dispositifs militaires, ici avec 150 marins déployés. « 24h00 sur un navire de la Marine française en mer Baltique », un Grand reportage de Marielle Vitureau.
4/4/202419 minutes, 30 seconds
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Camp Boiro, dans l’enfer du goulag tropical

C’était il y a 40 ans, jour pour jour, en Guinée. Après avoir renversé le régime de Sékou Touré, l’armée libérait les prisonniers des camps d’internement. Le pays découvrait alors, effaré, les récits des victimes du système répressif mis en place sous la première République. Aujourd’hui, il reste une poignée de ces survivants.  « Camp Boiro, dans l’enfer du goulag tropical », un Grand reportage de Matthias Raynal.
4/3/202419 minutes, 30 seconds
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Ouganda : un modèle d’accueil des réfugiés à l’épreuve des crises internationales

L’Ouganda, pays de plus de 48 millions d’habitants, héberge la plus grande population de réfugiés du continent africain avec plus d’1,6 millions de personnes enregistrées. La raison : une politique d’accueil et d’ouverture des frontières unique au monde en place depuis plus de 60 ans. Un modèle qui n’a jamais été remis en question malgré les crises sociales, politiques, économiques qu’a vécues le pays, mais qui aujourd’hui est en danger. La multiplication des crises mondiales remet en cause son financement alors que le flux de réfugiés ne se tarit pas. Chaque jour, des Congolais qui fuient les conflits dans l’Est ou des Soudanais victimes de la guerre traversent la frontière avec comme espoir de trouver enfin la paix. « Ouganda : un modèle d’accueil des réfugiés à l’épreuve des crises internationales », un Grand reportage de Paulina Zidi.
4/2/202419 minutes, 30 seconds
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«Décarboner l’industrie sidérurgique, un enjeu crucial pour la Slovaquie»

2050, c’est la date que s’est fixée l’Union européenne pour parvenir à la neutralité carbone. Mais avant la réalisation de l’étape suprême du Pacte vert en 2050, l’Union européenne impose aux 27, de réduire dès 2030 leurs émissions de gaz à effet de serre, de 55% par rapport au niveau de 1990. Pour atteindre cet objectif, la Slovaquie comme tous les pays européens, est engagée dans un processus de décarbonation de son industrie.  De notre envoyée spéciale en Slovaquie,Quand on parle de décarboner l’industrie, on cible notamment le secteur sidérurgique traditionnel qui se révèle très polluant. C’est le cas en Slovaquie, où cette activité représente un cinquième de la totalité des émissions de gaz à effet de serre du pays, avec un gros émetteur, l’usine U.S. Steel de Košice.Quand on atterrit à l’aéroport de Košice, impossible de ne pas apercevoir par le hublot les cheminées élancées et les hauts fourneaux de l’usine U.S. Steel. L’histoire récente de la deuxième ville la plus importante de Slovaquie est intrinsèquement liée à l’activité sidérurgique. Il suffit de donner notre destination au chauffeur de taxi pour que celui-ci se perde dans ses souvenirs. Son père y a travaillé, a vécu le rachat par U.S. Steel, les restructurations, les licenciements. À l’arrivée de U.S. Steel, une poussière noire d’acier recouvrait les véhicules dans les années 90, nous raconte-t-il. Le ton se fait malicieux, quand il nous précise que la pollution ne restait pas sur la ville, mais gagnait la Hongrie voisine en raison des vents du Nord ! Dans les années 2000, la poussière a disparu. L’une des exigences posées au sidérurgiste américain, lors de l’achat de l’usine était de mettre l’entreprise aux nouvelles normes européennes.C’est en l’an 2000 que U.S. Steel, qui fut longtemps le fleuron de la sidérurgie américaine, rachète le complexe slovaque après deux années en joint-venture. L’usine métallurgique n’a alors que 41 ans, car contrairement à d’autres villes industrielles, l’activité sidérurgique à Košice ne remonte pas à la révolution industrielle. C’est en 1959 que le régime communiste décide d’installer dans cette région plutôt rurale, une entreprise métallurgique qui prend le nom de Východoslovenské Železiarne (VSŽ, Métallurgies de l'Est slovaque en français).L’arrivée de cette activité bouleverse la ville, qui passe de 60 000 habitants en 1960 à 240 000 aujourd’hui.Une guérite avec une barrière marque l’entrée de l’usine. Nous la franchissons après avoir donné le nom de Juraj Varga, à l’interphone. C’est le responsable du principal syndicat de l’usine, Kovo qui regroupe 62% des salariés. Il nous a précisé la veille que pour des raisons de sécurité, c’est lui qui viendrait nous chercher. S’il a rapidement répondu à notre demande d’interview, la direction de U.S Steel, a pour sa part décliné toute rencontre.« Notre usine souffre de sous-investissements »Nous sommes mi-janvier 2024, le thermomètre est en dessous de zéro, nous rentrons rapidement dans le bâtiment central de U.S. Steel. Nous avons pris rendez-vous avec Juraj Varga en décembre pour parler avec lui de la décarbonation de l’usine, mais entre temps, une annonce qui a sidéré beaucoup de monde notamment aux États-Unis est intervenue : à la surprise générale, le 18 décembre 2023, le Japonais Nippon Steel, 4e groupe mondial, a fait une offre d’achat de U.S. Steel, l’entreprise américaine, basée à Pittsburgh en Pennsylvanie, le berceau de la sidérurgie américaine. Je l’interroge donc d’abord sur le sentiment des salariés de Košice face à ce changement de propriétaire. « C’est une bonne nouvelle – nous confie-t-il - car notre usine souffre de sous-investissements. Depuis plusieurs années, il n’y a pas eu d'investissements pour moderniser nos processus de production. Pour parler clairement, nous avons une usine du siècle dernier ».Qu’en est-il de la décarbonation de l’usine ? C’est un sujet qui préoccupe le gouvernement slovaque depuis plusieurs années. En 2019, le ministre des Finances de l’époque, Igor Matovic, avait fait le déplacement à Pittsburgh pour porter le message suivant : « La décarbonation est le seul moyen d’assurer un avenir à la filiale de Košice ». En 2021, le même ministre avait obtenu l’engagement de U.S. Steel de remplacer deux hauts-fourneaux traditionnels alimentés au coke par des fours à arc électrique, le 3e haut-fourneau n’était pas remplacé, mais modernisé. Les engagements se sont-ils concrétisés ? La réponse de Juraj Varga fuse : « Rien n'a été réalisé, même s’il y a eu annonce et médiatisation concernant la décarbonation ! Les employés sont déçus. Avec l'arrivée du nouveau propriétaire, on espère un développement positif pour l'usine ». Le responsable syndical nous précise que cela fait trois ans que les équipes planchent sur le processus de décarbonation, mais que tout est resté à l’état de plan. « D'un point de vue administratif et technique, on peut dire que l'usine est prête mais l'élément déclencheur, c’est l'argent », analyse-t-il. Le montant de la transition verte pour l’usine de Košice est en effet vertigineux, il s’élève à au moins, un milliard deux cents millions d’euros. Conscient de l’investissement que cela représente pour le groupe industriel américain, le gouvernement slovaque a œuvré auprès de Bruxelles pour obtenir des aides. 600 millions d'euros de fonds européens sont prêts à être investis, « mais il faut que l'employeur investisse la même somme et si le total s’élevait à un milliard deux cents millions d’euros, au départ, avec la flambée inflationniste et la crise énergétique c’est sans doute, maintenant, peut-être un milliard 400 millions. Nippon Steel devra dire quand et si elle est prête à investir dans ce projet », conclut Juraj Varga qui n’avait pas encore, à la mi-janvier, eu de contact avec les syndicats japonais du secteur sidérurgique.« Ce genre d’entreprise aime avoir l'air très écologique, mais en fin de compte, ce n’est très souvent que de la com »Nous rejoignons le centre-ville de Košice, avec sa large artère centrale bordée de magasins, de restaurants et de cafés. Nous avons rendez-vous avec Zuzanna Kupcova à quelques encablures de là, dans une ancienne usine de tabac transformée en café branché. La jeune femme est la coordinatrice de Klima t’a potrebuje, une toute jeune organisation écologique locale qui a vu le jour en 2021. « Quand vous allez sur le site internet de U.S. Steel, cette entreprise se présente comme très verte et très engagée dans le développement durable. Ce genre d’entreprise aime avoir l'air très écologique, mais en fin de compte, ce n’est très souvent que de la com, de l'écoblanchiment », regrette-t-elle. Zuzanna Kupcova reconnait que l’investissement financier demandé se révèle conséquent, mais elle rappelle aussi que « U.S. Steel a le taux d'émissions de CO2, le plus élevé de Slovaquie. L’entreprise est proche de la ville et a donc un impact environnemental considérable. Ce que nous voulons c’est une véritable décarbonation et pas une politique de petits pas ».  U.S. Steel, l’usine la plus importante dans la région de KošiceU.S. Steel a donc débarqué en Slovaquie en 1998, dix ans après la sortie du pays de plus de 40 ans de régime communiste (1948-1989) et six ans après la dislocation de la Tchécoslovaquie.« U.S. Steel est l’usine la plus importante pour notre région de Košice. En fait, il fut un temps où toute l'économie de la Slovaquie orientale reposait sur cette entreprise », rappelle Radislav Trnka, le président de la région de Košice. Il nous reçoit dans son vaste bureau. Hauteur sous plafond, moulures, le bâtiment qui abrite les bureaux de la présidence régionale appartient au patrimoine historique de Košice, qui fut au cours de son histoire mouvementée, dominée par les souverains hongrois. Radislav Trnka a 35 ans. En 2017, lors de sa première élection, il est devenu le plus jeune président de région de l’histoire de la Slovaquie. En quelques chiffres, on comprend l‘importance de l’usine U.S. Steel pour la région de Košice : « Actuellement, U.S. Steel emploie quelque 8 000 personnes. À cela, s'ajoutent quelque 20 000 personnes dans les entreprises de sous-traitance. C’est la plus grande usine de la Slovaquie orientale et donc un employeur important ». Pour compléter cette réalité sociale, il faut citer le chiffre d’affaires annuel de U.S. Steel Košice : environ trois milliards d'euros. Rapporté au PIB de la Slovaquie, qui est de 130 milliards d'euros, le gouverneur de la région de Košice insiste « cela représente presque deux pour cent du PIB slovaque. Vous comprenez son importance à l’échelle régionale ! ». Certes, au fil du temps, la région a développé un autre pilier économique, celui des technologies de l'information, une usine automobile Volvo s’est aussi installée, mais l'industrie sidérurgique reste essentielle pour l’économie locale. Des entreprises qui apportent une vitalité économique dans une région qui enregistre un taux de chômage inférieur à 6,5%, mais qui sont aussi source de pollution. Radislav Trnka nous explique que les entreprises de la région de Košice « produisent jusqu'à 30 % des émissions de gaz à effet de serre générées dans toute la Slovaquie ». Le gouverneur reconnait que Košice « est l'une des régions les plus polluées de Slovaquie et l’un des responsables de cette réalité peu flatteuse, c’est U.S. Steel. C'est donc le revers de la médaille de notre dynamisme économique. Statistiquement, dans notre région, l'incidence du cancer est beaucoup plus élevée en raison de la pollution de l'air ». Si la décarbonation de l’usine U.S. Steel se réalise, la Slovaquie remplira ses objectifs 2030 fixés par l’Union européenneKošice est située à l’extrémité orientale de la Slovaquie, à l’extrême opposé de la capitale. Il faut donc 5 heures de train pour rejoindre Bratislava. Le gouvernement est très impliqué depuis plusieurs années dans la décarbonation de l’usine de U.S. Steel Košice, mais également de façon plus générale de l’économie slovaque. C’est l’Institut pour la politique environnementale, rattaché au ministère de l’Écologie slovaque, qui documente tout ce processus. Kristina Mojsezova est responsable du département en charge tout particulièrement de fournir pour le gouvernement et les entreprises, une modélisation de la décarbonation, ainsi que les scénarii possibles, tout en, insiste-t-elle « toujours mettre en parallèle, la décarbonation et les conséquences économiques et sociales ». Cette préoccupation est d’autant plus présente que l'industrie sidérurgique joue en un rôle très important dans l’économie slovaque. Kristina Mojsezova précise que « près de la moitié de notre économie est plus ou moins liée à ce type d'industrie et le secteur sidérurgique est responsable de près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre en Slovaquie ». Nous en venons à l’impact de l’usine de U.S. Steel Košice. Kristina Mojsezova nous décrypte les diagrammes qu’elle nous présente : « sur cette moitié, plus d'un cinquième des émissions slovaques provient de notre production d'acier, autour principalement de l'usine de Košice ». Mais au niveau national, l’usine est le 3e ou 4e plus important employeur sur le marché slovaque, « donc, tant en termes d'emplois qu'en termes d'efforts de décarbonation, nous devons vraiment garder ces chiffres à l'esprit lorsque nous réfléchissons aux priorités dans notre effort de décarbonation de ce secteur ». Si U.S. Steel représente 20% des émissions de gaz à effet de serre produites en Slovaquie, on ne peut que s’interroger sur l’impact qu’aurait une décarbonation de cette seule usine. « Une baisse de 14% des émissions au niveau national », explique Kristina Mojsezova qui précise « la Slovaquie sera alors en mesure d'atteindre ses objectifs 2030 fixés par l’Union européenne de réduction de 55% des émissions par rapport à 1990 ». Mais malgré les efforts du gouvernement slovaque, malgré les annonces de U.S. Steel, la décarbonation n’est pas engagée « notre gouvernement tente actuellement de comprendre pourquoi, bien que le gouvernement ait alloué des fonds considérables à cette usine pour qu'elle lance sa décarbonation, aucuns travaux n'ont débuté ».  U.S. Steel s’est vu octroyer 600 millions d’euros par l’Union européenne pour remplacer deux des trois hauts-fourneaux par des fours à arc électrique : 300 millions proviennent du fonds du plan de relance et de résilience, les 300 autres millions du fonds de modernisation. « Notre gros problème – confie Kristina Mojsezova - c'est que si le fonds de modernisation court jusqu'en 2030, en revanche, le plan de relance et de résilience doit être réalisé d'ici la première moitié de 2026. Si les projets ne sont pas réalisés dans le délai, il n’y aura pas de financement et la Slovaquie ne pourra pas remplir ses engagements pour 2030. Donc, bien sûr, c’est une entreprise privée qui a le pouvoir de décision, mais notre gouvernement cherche à savoir, quelles options s'offrent à lui ». L’autre question qui se pose est de savoir si, malgré la date de 2026, Bruxelles pourrait envisager un nouveau délai et permettre aux 300 millions d’euros du fonds de relance et de résilience de rester disponibles.L’offre d’achat de U.S. Steel par Nippon Steel a créé la sidération aux États-Unis, le soulagement à Košice.Fin 2023, une inconnue de taille s’est soudainement glissée dans les négociations entre le gouvernement et U.S. Steel. Le 18 décembre 2023, la nouvelle a fait la Une des médias américains, slovaques et japonais. Nippon Steel, le 4ème groupe sidérurgique mondial a annoncé mettre sur la table près de 15 milliards de dollars pour racheter son concurrent. Jamais une telle somme n’avait été évoquée par des repreneurs éventuels. Mais cette offre de rachat a tout autant suscité la sidération aux États-Unis, qui voit son fleuron sidérurgique passer sous pavillon étranger, que le soulagement en Slovaquie, car la filiale de Košice fait bien partie de la proposition de rachat. Si, pendant des années, le regard du gouvernement slovaque s’est tourné vers l’Ouest, vers Pittsburgh, virage à 180 degrés, c’est désormais vers Tokyo que les yeux du ministre des Finances est braqué. Il va falloir reprendre les discussions en vue d’une décarbonation et sonder le potentiel nouvel acquéreur. Potentiel nouveau propriétaire… car le rachat destiné à remettre à flot l’emblématique entreprise sidérurgique américaine, fondée en 1901, heurte le patriotisme économique américain, d’autant que le pays est en pleine campagne électorale. Le siège historique de U.S. Steel est situé en Pennsylvanie, l’État de naissance de Joe Biden et un des États-clé pour la prochaine élection présidentielle. Le président sortant sait qu’il doit absolument capter le vote des travailleurs syndiqués du secteur sidérurgique. À la mi-mars 2024, Joe Biden a déclaré qu’il était « vital que l’entreprise reste détenue et exploitée au niveau national », alors que Donald Trump promet d’ores et déjà de bloquer le rachat s’il est élu.  La décarbonation et l’enjeu de la compétitivité de l’industrie slovaqueQue pense le patronat slovaque de cette décarbonation de l’industrie nationale ? Nous poussons la porte du syndicat patronal, RUZ. Son siège est situé en dehors du centre-ville de Bratislava, dans un immeuble neuf, entouré de centres commerciaux et d’autoroutes. RUZ, regroupe 1 500 entreprises issues de tous les secteurs de l’économie, de l’industrie lourde et métallurgique, aux services, banques et compagnies d’assurance. C’est Martin Hošták, le secrétaire général de RUZ, qui nous reçoit. Il nous a prévenus lors de la prise de rendez-vous qu’il n’abordera pas la question de U.S. Steel car c’est un membre de son syndicat. Nous lui demandons quel regard porte son syndicat sur la décarbonation du secteur sidérurgique : « Bien sûr, ce sera un grand changement technologique pour le secteur industriel, mais c'est coûteux, très coûteux et rien n'est gratuit dans ce monde, n’est-ce pas ? C’est la raison de notre... Je ne dirais pas hésitation, mais inquiétude, car c’est la question de notre compétitivité qui se pose. À savoir si nous resterons compétitifs après avoir investi autant de moyens financiers dans la décarbonation vis-à-vis des entreprises dans le monde qui ne sont pas soumises à des obligations aussi strictes en matière de décarbonation. Nous sommes tout à fait conscients de la nécessité d’une transition verte. Nous avons besoin du Green Deal. Mais la question est de savoir s’il ne faut pas reconsidérer les étapes et le calendrier de ces objectifs qui sont peut-être trop ambitieux. Ils pourraient avoir comme conséquences de détériorer ou de détruire nos économies. Or, nous ne pouvons pas devenir un musée industriel, l’Europe ne peut pas se passer d’industries ». Ce discours est-il entendu à Bruxelles ? Martin Hošták nous confie constater « un léger changement de rhétorique chez certains élus européens, voire des membres de la Commission. Par ailleurs, nous nous attendons a priori à ce que le Parlement européen ne soit pas aussi vert qu'il l'est aujourd'hui, à l’issue des élections de juin ». La décarbonation est-elle un sujet de préoccupation partagé par d’autres syndicats d’employeurs ? La réponse du secrétaire national de RUZ fuse : « ​​​Bien sûr ! Nous sommes, par exemple, membre de l'initiative C, un groupe informel d'organisations d'employeurs de République Tchèque, de Slovaquie, d'Autriche, de Hongrie, de Slovénie, de Croatie et maintenant de Roumanie. Nous nous réunissons tous les six mois. Si je devais faire des statistiques, je dirais qu’à chaque rencontre, l’un des principaux points abordés concerne la décarbonation. De temps en temps, nous publions des communiqués de presse communs, car en tant qu’industriels d’Europe centrale, nous partageons le même point de vue ​​​​​​​». La ville de Košice peut-elle s’imaginer un avenir sans activité sidérurgique ?Si le patronat s’interroge sur le rythme imposé par Bruxelles concernant la transition verte, d’autres à Košice voudraient profiter de ce tournant, pour faire acte d’ambition et révolutionner le tissu industriel de la région de Košice. C’est la position d’Andrej Šteiner. C’est le directeur de l’Institut du climat et du développement de Košice. Voici ce qu’il répond quand on lui demande si le remplacement des fourneaux traditionnels par des fours à arc électrique est la solution : « C’est le point de vue de U.S Steel et du gouvernement slovaque. Nous avons eu de nombreuses discussions entre experts à ce sujet. L’Institut que je représente et les experts qui pensent comme moi, estiment, pour leur part, que conserver U.S. Steel, dans notre environnement local, n’est pas une solution à long terme. Certes, c’est toujours un important pourvoyeur d’emplois, mais il faudrait une réflexion plus ambitieuse, au point de réfléchir à un avenir pour la région sans U.S. Steel. On pourrait miser sur l’industrie des technologies et de l’information moins polluantes et qui pourrait offrir autant d’emplois que U.S. Steel, à la différence qu’il s’agirait d’emplois qualifiés. La valeur ajoutée serait plus élevée que celle de U.S. Steel ».  Nippon Steel et la vallée de l’hydrogèneNippon Steel a donc annoncé en décembre 2023 une offre de rachat de U.S. Steel ainsi que de sa filiale slovaque. Les prochains mois sont consacrés à la concrétisation de cette fusion. Pour Radislav Trnka, le président de la région de Košice, qui connait l’usine, a eu accès aux rapports annuels, le constat est simple : cela fait longtemps que U.S. Steel n'a pas investi dans l'innovation. « Nous le déplorons car l'usine est devenue de moins en moins compétitive au fil des années. Quant à l’enjeu environnemental, c’était encore moins une priorité pour eux ». Quels espoirs place-t-il dans le potentiel futur propriétaire ? « ​​​​​​​En tant que président de région, je dirais donc que le rachat de l'ensemble de la multinationale par les Japonais est la meilleure chose qui pouvait nous arriver ».  Pour le président de région, dont la préoccupation reste celle de rendre l'usine, « totalement verte et propre et plus compétitive » tout en maintenant « le plus d’emplois possible, pour que la longue tradition sidérurgique dans cette région se poursuive », l’arrivée de Nippon Steel offre des opportunités. Pour alimenter les futurs fours à arc électrique, la piste d’une alimentation avec de l’hydrogène est étudiée, alors que la région de Košice réfléchit au lancement d’une vallée de l’hydrogène. « La région de Košice est probablement la plus impliquée de toutes les régions slovaques dans le développement de l’hydrogène vert. Nous avons été la première région à disposer de notre propre stratégie régionale en matière d'hydrogène, modèle dont s’est inspiré le gouvernement national ». Radislav Trnka regrette que « U.S. Steel ne s’est jamais impliqué dans ce processus » et entend aborder le sujet avec Nippon Steel. « Les Japonais sont très avancés dans les technologies de l'hydrogène. Donc, je pense que nous trouverons un terrain d'entente ».Si la fusion en négociation entre Nippon Steel et U.S. Steel heurte le patriotisme américain, à Košice, la page du sidérurgiste américain semble donc déjà tournée. Juraj Varga appelle de ses vœux « ​​​​​​​une décarbonation réussie à Košice », qui permettrait à l’usine de Košice de relever « non seulement un défi, mais de servir aussi d’exemple. C’est ce que nous espérons tous ».  DIAPORAMA 
4/1/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE 25 ans après, la Serbie toujours hantée par les bombardements de l'Otan ET Les aurores boréales du Grand Nord canadien, du rêve à la réalité

25 ans après, la Serbie toujours hantée par les bombardements de l'OtanLe 24 mars 1999, l’Otan débutait ses bombardements sur la Yougoslavie dirigée par Slobodan Milosevic. Le dirigeant nationaliste serbe était accusé de préparer une nouvelle campagne de nettoyages ethniques contre les Albanais du Kosovo. Pendant 78 jours, l’Alliance bombarde principalement des cibles militaires, mais les frappes feront aussi des centaines de morts civiles. 25 ans après, le souvenir de ces bombardements est toujours aussi présent dans la société serbe. Dans une Serbie, peuplée en majorité de Slaves orthodoxes, le conflit en Ukraine a ravivé le sentiment anti-occidental...Un Grand reportage de Louis Seiller qui s'entretient avec Patrick Adam. Les aurores boréales du Grand Nord canadien, du rêve à la réalité« Les anciens racontent toutes sortes de légendes sur les aurores boréales. Ce seraient nos ancêtres, ils dansent, ils sont heureux, ils nous voient vivre, survivre, lutter, élever nos familles et être forts. Ce serait pour ça que les aurores apparaissent, pour danser. Il existe différentes histoires, celles de chasseurs qui n'arrivent pas à retrouver le chemin de la maison alors une vieille dame jette de l'eau en l'air. La lumière passe à travers et c'est comme ça que les lumières du Nord ont commencé. Comme elles vont d'Est en Ouest, les chasseurs ont pu retrouver leur chemin. » L'histoire que vous venez d'entendre, c'est Bobby Drygeese qui la raconte, il est membre d'une première nation autochtone près de Yellowknife. Des touristes viennent du monde entier dans cette ville du nord du Canada, leur but : voir les aurores boréales, ces voiles de lumière dans le ciel nocturne que l'on ne retrouve que dans les cercles polaires. Yellowknife autoproclamée capitale mondiale des aurores boréales entend réduire sa dépendance aux mines pour tourner son économie vers les lumières du Nord. Un Grand reportage de Léopold Picot qui s'entretient avec Patrick Adam.
3/31/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Galice, le monde de la mer tire la sonnette d'alarme ET Le marché lucratif des perruques

Galice, avec la crise des pellets, le monde de la mer tire la sonnette d’alarmeOn parle dans ce cas de marée blanche. Le 8 décembre 2023, une tempête secoue le Toconao, porte-conteneurs battant pavillon libérien. Au large du Portugal, un container tombe à l’eau, se perd en mer et se brise… il libère un millier de sacs de pellets, des microbilles de plastique qui vont se répandre, portées par les courants, au gré des plages de Galice. Dans ce nord-ouest de l’Espagne, c’est la panique, la région vit de la pêche et tout l’écosystème est menacé. Des semaines plus tard, la marée blanche continue d’inquiéter.Un Grand reportage de François Musseau qui s'entretient avec Patrick Adam. Le marché lucratif des perruquesAu Sénégal, des voleurs ont été arrêtés avec 91 perruques de seconde main. Ils ont été condamnés fin septembre 2023 à deux ans de prison, dont trois mois ferme. Un phénomène récurrent dans la capitale sénégalaise alors que les perruques de cheveux naturels coûtent très cher.Un Grand reportage de Théa Ollivier qui s'entretient avec Patrick Adam.
3/30/202448 minutes, 30 seconds
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Les aurores boréales du Grand Nord canadien, du rêve à la réalité

« Les anciens racontent toutes sortes de légendes sur les aurores boréales. Ce seraient nos ancêtres, ils dansent, ils sont heureux, ils nous voient vivre, survivre, lutter, élever nos familles et être forts. Ce serait pour ça que les aurores apparaissent, pour danser. Il existe différentes histoires, celles de chasseurs qui n'arrivent pas à retrouver le chemin de la maison alors une vieille dame jette de l'eau en l'air. La lumière passe à travers et c'est comme ça que les lumières du Nord ont commencé. Comme elles vont d'Est en Ouest, les chasseurs ont pu retrouver leur chemin. » L'histoire que vous venez d'entendre, c'est Bobby Drygeese qui la raconte, il est membre d'une première nation autochtone près de Yellowknife. Des touristes viennent du monde entier dans cette ville du nord du Canada, leur but : voir les aurores boréales, ces voiles de lumière dans le ciel nocturne que l'on ne retrouve que dans les cercles polaires. Yellowknife autoproclamée capitale mondiale des aurores boréales entend réduire sa dépendance aux mines pour tourner son économie vers les lumières du Nord. « Les aurores boréales du Grand Nord canadien, du rêve à la réalité », un Grand reportage de Léopold Picot.
3/28/202419 minutes, 30 seconds
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25 ans après, la Serbie toujours hantée par les bombardements de l’Otan

Le 24 mars 1999, l’Otan débutait ses bombardements sur la Yougoslavie dirigée par Slobodan Milosevic. Le dirigeant nationaliste serbe était accusé de préparer une nouvelle campagne de nettoyages ethniques contre les Albanais du Kosovo. Pendant 78 jours, l’Alliance bombarde principalement des cibles militaires, mais les frappes feront aussi des centaines de morts civiles. 25 ans après, le souvenir de ces bombardements est toujours aussi présent dans la société serbe. Dans une Serbie, peuplée en majorité de Slaves orthodoxes, le conflit en Ukraine a ravivé le sentiment anti-occidental... « 25 ans après, la Serbie toujours hantée par les bombardements de l’Otan », un Grand reportage à Belgrade de Louis Seiller.
3/26/202419 minutes, 30 seconds
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Galice: avec la crise des pellets, le monde de la mer tire la sonnette d’alarme

On parle dans ce cas de marée blanche. Le 8 décembre 2023, une tempête secoue le Toconao, porte-conteneurs battant pavillon libérien. Au large du Portugal, un container tombe à l’eau, se perd en mer et se brise… il libère un millier se sacs de pellets, des micro-billes de plastique qui vont se répandre, portées par les courants, au gré des plages de Galice. Dans ce nord-ouest de l’Espagne, c’est la panique, la région vit de la pêche et tout l’écosystème est menacé. Des semaines plus tard, la marée blanche continue d’inquiéter. « Galice : avec la crise des pellets, le monde de la mer tire la sonnette d’alarme », un Grand Reportage de François Musseau.Nous sommes sur la plage de Carnota, une des plus grandes et aussi une des plus majestueuses de Galice. Ce samedi matin, environ deux mois après l’accident du Toconao, ils sont une quinzaine de volontaires de l’organisation écologiste Ecologistas en Accion à ramasser avec un soin infime ces microbilles de plastique parsemées.Marcos est universitaire à Saint-Jacques de Compostelle. Il s’est porté volontaire pour ce ramassage : « Comme tu peux le voir, on s’aide d’un balai pour ôter la couche superficielle de sable et trouver le déchet de plastique. Le problème est que souvent les pellets se mêlent aux algues; il faut donc faire attention. D’autant qu’on nous a expliqué de laisser sur place les algues qui font partie de l’écosystème. Dans cette zone, il n’y a pas tant de pellets que cela, mais en revanche il y a tout type d’ordures, notamment d’autres sortes de plastique. Ce qui me surprend, c’est qu’il y ait plein de pellets différents. Quand on nous a montré le déversement à la télévision, ils n’étaient que d’un seul type ; or là, il y en a de toutes formes et de toutes couleurs, c’est donc probable, nous a-t-on expliqué, qu’il y ait eu auparavant bien d’autres déversements, moins importants ou plus lointains. »Des microbilles de plastique toxiquesAccroupis face à la mer en quête de ces minuscules granulés, très difficiles à extraire, lui et les autres portent des gants afin de se prémunir contre une possible contamination. À la direction de ce ramassage méticuleux, Cristobal Lopez, un des porte-parole d’Ecologistas en Acción : « Ce sont des boules de 4 à 5 millimètres de diamètre. Elles ont un composant qui les stabilisent et les protège des rayons ultraviolets ; or ce composant est toxique, explique l'activiste. Il ne va rien t’arriver si tu en touches un ou plusieurs, mais une introduction prolongée dans le milieu naturel peut le rendre toxique. On recommande aux gens de ne pas se toucher les yeux, le nez ou la bouche pendant le ramassage. En outre, le problème est que disséminé en mer, à 5 ou 10 centimètres sous le niveau de l’eau, le pellet peut être confondu avec des oeufs pondus par les poissons. Et si un poisson en avale trop, il peut mourir par inanition. (…) L’ennui avec ces nanoplastiques est qu’ils peuvent s’introduire dans le plancton et donc dans la chaine alimentaire, ce qui veut dire qu’ils peuvent terminer sur notre table. Il faut donc décontaminer au plus vite les zones affectées afin que les gens soient rassurés et continuent à acheter des poissons et des fruits de mer de Galice (…) Ce qui se présente en mer est une sorte de soupe, très diffuse ; il s’agit d’une contamination invisible, presque trop claire claire, mais qui n’est pas pour autant inoffensive pour l’environnement. »Quasi invisibles, très disséminés, ces « pellets » demeurent donc une menace. Dans les premières semaines, on les ramassait par seaux entiers, ces billes blanchissaient les plages et les rochers, d’où le nom de « marée blanche ».C’est la société civile qui a réagi tout d’abord, des associations, des volontaires, des écologistes qui se sont échinés a ramasser ces billes de plastique. À Corrubedo, un jeune patron de bar en a recueilli 60 sacs à lui seul. Ce sont d’ailleurs les jeunes qui ont réagi le mieux et le plus rapidement. Luis Perez Barral a 32 ans, il est le maire nationaliste de Ribeira, une commune de 27 000 habitants très touchée par cette pollution de plastique : « Paradoxalement, ce sont les jeunes gens qui ont donné le signal d’alarme et qui ont mobilisé les volontaires via les réseaux sociaux. À mon avis, cela s’explique par le fait que nous, les jeunes, sommes très conscients de notre environnement et du changement climatique. C’est notre vie-même qui est en jeu. Notre génération va connaitre une mutation climatique aux conséquences quasiment insondables, et nous devons y faire face. Je crois que nous ne pouvons pas normaliser le fait que nos côtes soient polluées par des millions de plastiques et de micro-plastiques et qu’on ne réagisse pas. »La marée blanche des pellets a été un choc, le gouvernement central a même effectué douze vols et une cinquantaine d’observations satellite pour les récupérer en mer. En vain. aujourd’hui les pellets sont bien moins visibles et la vie continue. Et pourtant, le monde de la mer, qui structure une région toute entière, ne s’en n’est pas remis. Tout le monde y voit un sérieux avertissement.Chute de productionAna Freira Diaz est biologiste et océanographe à l’université de Vigo. Elle a aussi beaucoup participé à des ramassages de « pellets » : « Moi, je crois que c’est une sérieuse mise en garde concernant notre environnement, c’est une mise en garde concernant notre système de marchandises ; une mise en garde qui nous oblige à considérer cet épisode comme un déversement toxique et dangereux ; une mise en garde qui a trait à notre relation avec le plastique ; une mise en en garde aussi qui doit nous pousser à actualiser notre législation en la matière. Cela affecte les animaux, car ils peuvent ingérer ces nanoplastiques, et se retrouver avec les blanchies axphyxiées. Mais le problème à long terme, c’est que nous allons continuer à observer cette décomposition, une décomposition sur laquelle il faudra bien que nous nous penchions. »La crise de ces micro-plastiques est un détonateur, une sorte de goutte d’eau qui fait déborder un vase déjà plein : celui de la contamination. Et tout particulièrement la contamination des rias, ces profonds estuaires qui découpent le littoral de Galice, parmi les plus prolifiques au monde en fruits de mer, en moules, en couteaux ou en coques.Noia est une de ces charmantes communes de cette côte riche en fruits de mer, le marisquo, et qui en vit.Liliana Solis, biologiste, est la porte-parole de la principale confrérie de pêche : « La Galice se caractérise par sa pêche traditionnelle. Et dans un estuaire comme le notre, cela concerne tout spécialement le marisqueo, les fruits de mer. Au cours de ces dernières années, on a vu une chute de production de ce secteur. Et tout particulièrement l’an dernier, après les inondations de l’hiver 2022-2023. Il y a des facteurs environnementaux qui pèsent comme celui de l’impact des centrales électriques. Les coques et les couteaux sont des mollusques d’estuaires, qui, il faut le reconnaitre, meurent parfois en masse en raison des pluies abondantes en Galice. Mais il n’y a aucun contrôle exercé sur les centrales hydroéclectriques, et les autorités ne font rien pour mesurer leur impact sur l’écosystème ni n’interviennent pour corriger l’effet sur l’écosystème ainsi que les pertes économique pour la pêche. »Les pêcheurs, qui travaillent dans l’estuaire de Noia, ne le savent que trop bien. L’an dernier, la production a chuté si violemment que les autorités de régulation, en accord avec la confrérie, ont décidé de stopper l’activité. Afin que la faune marine se régénère.Si bien que, hormis 8 jours en octobre, les 1 200 pêcheurs de la confrérie de Noia, et leurs 550 bateaux, sont à quai depuis début 2023. Ce qui n’était jamais arrivé. Liliana Solis s’en inquiète : « C’est un secteur qui connait de grandes difficultés depuis des années : perte d’habitat, changement climatique, problème de commercialisation…Et ces derniers temps, on a vu s’amplifier le phénomène des déchets marins. C’est une préoccupation environnementale pour laquelle on dépense beaucoup d’argent, il y a des politiques qui sont menées en ce sens, mais il reste beaucoup à faire. Car en vérité, le littoral ne peut pas supporter plus de résidus. Et la grande inquiétude est que cela impacte négativement les ressources marines pour la pêche. »Cette inquiétude, on la retrouve partout, tout a long de ce littoral déchiqueté, de La Corogne, au nord, à Vigo au sud, et au gré des quatre grands estuaires entre les deux, parmis les plus riches du monde en mollusques.« Sans la mer, je ne pourrais pas vivre »À une cinquantaine de kilomètres de là, il y a la commune de Rianxo, 11 000 habitants dans l’estuaire d’Arousa, connu pour ses moules. Nous sommes avec Dolores Gomez, 46 ans, alias « Loli » pour tout le monde. Dans son bâteau de pêche : « C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. De tous les maux dont nous souffrons, les pellets sont un mal supplémentaire. Ce qu’il révèle est que nous n’étions pas préparés comme on le pensait face à un tel rejet en mer. Je me souviens de cet homme, au tout début du déversements des pellets, qui avait rempli des sacs entiers de ces plastiques ; il avait appelé partout mais personne ne l’a pris au sérieux. On n’a pas accordé au problème l’importance qu’il présente. Et ce problème s’ajoute à la contamination, au changement climatique, aux déchets, à la faible productivité. De mon côté, je vois que les gens peuvent de moins en moins vivre de la côte. Car tu ne pêches plus, tu ne gagnes pas. Avec ce que tu pêches, tu ne gagnes presque rien. Tout cela va voir un grand effet sur ce que signifie le fait de vivre ici. »À ses côtés, dans le bar du port de Rianxo, O Taberneiro, Celia, 32 ans, aussi une force de la nature, parle d’un travail précarisé pour ces marisqueras, ces femmes qui ramassent les fruits de mer dans les estuaires, à pied ou en bâteau, alors que, traditionnellement, les hommes partent plutôt en haute mer. Comme Loli, Celia Herbon milite dans le collectif « Mulheres salgadas », littéralement « Femmes salées », qui se bat contre le machisme régnant dans ce secteur : « Moi, je suis une passionnée de la pêche depuis que je suis née, je suppose. J’ai été élevée dans un bateau, sur les plateformes de moules, dans la pêche de fruits de mer à pied. À 6 ans déjà, je savais parfaitement ramasser les coques. Sur les bateaux, j’ai su très vite réparer les filets, tout…Moi, sans la mer, je ne pourrais pas vivre, je ne peux pas le dire mieux. Actuellement, ma spécialité, c’est la pêche à la moule. Ces dernières années, c’est vraiment difficile, juste, on est endetté, il faut jouer avec les prêts et les crédits à la banque; ce sont de mauvaises années. Je vis très juste de mon entreprise. J’espère que les temps à venir seront meilleurs. »Cette crainte, cette peur de disparaître, elle existe un peu partout dans les bourgades de ces rias galiciennes, de ces estuaires, dans les ports, dans les hameaux, les moindres recoins. Il y a le sentiment que quelque chose de lointain et d’ancestral se délite, perd de sa force. Au final, marées blanches et perspectives noires, c’est ce que les pellets ont mis en lumière.Face à la crise, les jeunes diplômés pêchent aussi Revenons à Noia. Près de l’église principale, il y a un cimetière galicien typique, avec ses croix en granit, en peu comme en Irlande.Ce jour, Mercedes, bientôt 80 ans, est venu se recueillir et changer les plantes de la tombe de ses parents : « La vie de mes parents, c’était la pêche aux fruits de mer, celle de mes grands-parents aussi. Pour moi, cela n’a pas été complètement le cas. Mais bon, quand j’étais une fillette, j’allais pêcher ; j’y allais pieds nus, sans combinaison ni rien ! J’allais à Tesla, la plage de Noia, en pleine Ria ; là, il y a une étendue de sable très vaste, où les gens ont toujours ramassé des coques, avant de les amener à la halle, de les mettre aux enchères, de les vendre, pour être payé le lendemain. Moi, ensuite, j’avais travaillé pour une entreprise de bois ; j’y suis resté 17 ans. Ensuite je me suis séparée et j’ai du revenir au marisco, mais cette fois-ci en tant que surveillante. Et la vie a continué comme ça. »Mercedes a vu passer une bonne partie du siècle dernier et de celui-ci. Elle a un fichu noir, une mantille, l’ensemble de ses vêtements et son aspect sont traditionnels, mais elle a bien observé l’évolution, les changements. Et, lorsqu’elle se souvient de sa jeunesse, lorsqu’allait pêcher avec son père, sa mère et ses frères, elle ne reconnait plus grand chose : « Avant, il y avait beaucoup plus de marcisco qu’aujourd’hui. Parce qu’on n’était pas si nombreux. On était des familles de 3 ou 4 frères avec des parents qui travaillent en mer. Désormais je vois des avocats au chômage qui, s’il faut aller aux fruits de mer, y vont car il faut bien manger. Je connais des jeunes bardés de diplômes qui vont ramasser des fruits de mer. Eh oui, car ils n’ont pas de travail non plus. C’est exactement comme un avocat devant émigrer en Suisse, en Angleterre, ou en Allemagne. Eh bien ceux-là, au lieu d’émigrer se rendent à une confrérie de pêche, obtiennent une licence et vont pêcher. Et on y gagne de l’argent. »« Pour Noia, c'est un désastre »Mercedes connait bien ce monde, elle connait bien aussi les mollusques, tous les fruits de mer. Elle sait aussi tout le mal que peuvent provoquer des inondations depuis les rivières qui se jettent dans les estuaires : « Les fruits de mer, s’il leur arrive trop d’eau douce, ça les tue. Et le mollusque qui vient de naître n’a pas eu le temps de se développer. Selon mon point de vue, je ne suis pas une experte, mais quand on y allait, on était nombreux, il y avait plein de fruits de mer, on y allait en bateaux. 20 caisses, 30 caisses. Et maintenant non. 20, 25 kilos, pas plus, c’est toujours de l’argent. Mais il y a moins de fruits de mer. Et comme aujourd’hui ce sont 7 mois d’affilée, l’estuaire ne se régénère pas en fruits de mer. Moi, aujourd’hui, je suis curieuse de voir comment tout cela va évoluer, comment chacun parvient à se démener et trouver une solution, car l’avenir n’est pas rose. Les mollusques tout juste nés ne peuvent grandir et le banc de pêche ne donne plus grand chose…Pour l’instant, les mariscadores reçoivent des aides, certains pour une durée de 5 ans, d’autres de 10 ans. Mais c’est un désastre, pour Noia c’est un désastre, pour le commerce, pour tout... De quoi va-t-on vivre, si on a toujours vécu de cela ? »Les craintes pour l’avenir, que le déversement des « pellets » a ravivé et renforcé, elles ne sont pas seulement le fait de ceux qui pêchent dans les rias, dans les estuaires. Ceux qui lancent leurs filets un peu plus loin aussi sont inquiets.À Porto Do Son, il y a Rogelio Santos Queiroga, 46 ans, qui pêche tous les jours avec son frère à bord du Milena, un bateau qui a ses amarres dans ce port où il est né. Comme ses parents, ses grands-parents, ses arrières grands-parents. Et la situation le désole : « Comment on a pu en arriver à ce qu’il y ait une telle quantité de plastique dans nos mers et nos océans ? Comment a-t-on pu en arriver là ? Partout j’entends, ce n’est pas grave, mais non. On arrive à un moment où on a extrait une bonne partie des ressources des océans ; il y a pleins d’espèces au bord de l’extinction ou très limitées. On est à un point de bascule dans lequel, ou bien on est capable de repenser la pêche et notre façon de traiter la mer et les rivières, ou bien on va vraiment connaitre une situation très difficile. Car on peut se passer de pleins de choses, on peut se passer des voitures, des portables. Mais manger, cela on ne peut pas s’en passer. C’est la chose principale. »Des visions qui s'opposentRogelio porte une casquette, il porte un bouc bien taillé. Avec ses épaules très musclés, son regard déterminé et concentré, il donne l’impression d’être un roc. À l’entendre, on sent aussi que le sujet le touche au plus profond : « Alors, je suis inquiet. J’espère que cette crise aura servi à quelque chose ; j’espère qu’en retirant les pellets les gens se sont rendus compte qu’il y avait là plus de plastiques de tout type que de pellets. Et des plastiques, il y en a de tout type, des bouteilles, des emballages, etc. Et pas seulement ici, on en trouve sur toutes les plages d’Espagne et d’Europe, il y en a jusque dans les fossés de Madrid, de l’intérieur du pays, partout. Que fait-on ? C’est notre chez-nous, là où on mange, où on respire, où on joue, où on se baigne. Je ne parle pas seulement pour la pêche. Dans ma zone, pleins de gens pratique la pêche sous-marine comme sport, font du surf. Chaque été, on reçoit des milliers de visiteurs qui viennent prendre des vacances et déguster nos produits de pêche. Qu’est-ce que nous sommes en train de faire ? Alors, cela me fait enrager quand j’entend des pêcheurs dire “Non, ce ne sont que quatre pellets ! Il y a en a toujours eu, il y a toujours eu des déchets marins !”. Comment ? Quel genre de pêcheur es-tu ? Comment peux-tu justifier cela ? »Rogelio Santos Queiroga fait partie de ces pêcheurs à la fois engagés et conscients de tout de ce qui en jeu. Il est fatigué de la mauvaise réputation des siens, ces pêcheurs qui agissent au détriment de la mer et de ses ressources. Lui affirme relâcher souvent en mer un homard qui aurait pu lui rapporter entre 150 et 200 euros, parce qu’il n’est pas encore de taille adulte. Il a créé une association de protection de la mer et, sur les réseaux sociaux, il publie des vidéos où il informe sur l’état de la mer, des espèces et sur l’évolution de la pêche. Une attitude pédagogique qui lui a valu le surnom d'« influencer de la mer » : « Des décennies d’installations d’un tout-à-l’égout dans toutes bourgades de pêche, qui ont assaini ces villages, les maisons, mais en échange cela a rempli la mer de merde. Il y a vingt ans c’était organique, c’était le water, la nourriture, etc. Mais ces dernières vingt années, il faut ajouter un record de produits chimiques de tout genre, les rejets de l’industrie, qui ne fait pas son travail et qui vont aussi vers la mer. Sans parler du boom des herbicides et pesticides de nouvelle génération pour les champs de mais ou de pommes de terre. En Galice, vu la déclivité du littoral, quand il pleut tout se jette dans la mer. »Les fruits de mer, et pas seulement, aussi les poissons les plus divers que Rogelio recueille dans ses filets. Il voit bien qu’il y a en a de moins en moins. Et aussi pour une raison qu’en Galice on préfère taire la surexploitation.« Moi, la mer m’a donné a manger, elle m’a élevé, résume le pêcheur. Mon existence, ma maison, mon style de vie et celui de ma famille, mon sentiment d’appartenance à une communauté, tout cela a gagné en qualité au fil des années. Et tout cela grâce à ce que la mer nous a donné. »
3/25/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Ukraine, une économie en guerre ET Le Nigeria face à la crise économique

Ukraine, une économie en guerreL'Ukraine est entrée le 24 février dans sa troisième année de guerre. Un conflit au lourd bilan humain mais aussi économique : après l’effondrement des premiers mois, le pays a renoué avec la croissance en 2023, mais en 2024 le Produit intérieur brut sera, selon les estimations de 25% inférieur à ce qu'il était avant-guerre. Entre les soldats sur le front et l’exil de six millions de personnes, le pays fait face à des difficultés de main d’œuvre. Mais beaucoup sont aussi restés, résistent en travaillant. Entreprises et salariés se sont adaptés.(Avec Jad El Khoury, Andrii Kolesnyk et Kyrylo Tiulieniev).Un Grand reportage de Nathanaël Vittrant qui s'entretient avec Patrick Adam.    Le Nigeria face à la crise économiqueUne monnaie qui s’effondre et une inflation qui monte en flèche. Quand Bola Ahmed Tinubu est investi nouveau président en mai 2023, il annonce des mesures-choc pour l'économie : levée d'une partie des subventions sur l'essence, qui grevaient sévèrement le budget de l'État et retour à un taux de change flottant pour le Naira, la devise nationale, dont la valeur était jusque-là garantie par la puissante Banque Centrale. du Nigeria (CBN). Mais ces réformes n'ont pas eu les effets escomptés. Pour la population nigériane comme pour les investisseurs, les temps sont durs. Un Grand reportage de Liza Fabbian qui s'entretient avec Patrick Adam. 
3/24/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Transition au Tchad, promesse tenue ou trompe l’œil ? ET Steadfast defender 2024 : face à la Russie, l’OTAN montre ses muscles

Transition au Tchad, promesse tenue ou trompe l’œil ? Le Tchad organisera le 6 mai 2024 l’élection présidentielle qui viendra conclure trois années de transition consécutives à la prise de pouvoir de Mahamat Idriss Déby, à la suite de la mort de son père, le président Idriss Déby, en avril 2021. Il avait promis la réconciliation nationale, des élections transparentes et des réformes socio-économiques. Alors ces trois années ont-elles été bénéfiques pour le pays ? Quel bilan les Tchadiens tirent-ils de ce processus ?  Un Grand reportage de François Mazet qui s'entretient avec Patrick Adam. Steadfast defender 2024 : face à la Russie, l’OTAN montre ses musclesLe bord d’une route enneigée, ravitaillement de nuit pour les chasseurs alpins français déployés au-delà du Cercle Polaire à l’extrême nord de la Norvège…Au début du mois de mars 2024, l’Otan a donné le coup d’envoi de Steadfast Defender 2024. Le plus grand exercice jamais organisé depuis la guerre froide. Une manœuvre qui se décline de l’Arctique jusqu’aux frontières de la Pologne.Un Grand reportage de Franck Alexandre qui s'entretient avec Patrick Adam.
3/23/202448 minutes, 30 seconds
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Le Nigeria face à la crise économique

Une monnaie qui s’effondre et une inflation qui monte en flèche. Quand Bola Ahmed Tinubu est investi nouveau président en mai 2023, il annonce des mesures-choc pour l'économie : levée d'une partie des subventions sur l'essence, qui grevaient sévèrement le budget de l'État et retour à un taux de change flottant pour le Naira, la devise nationale, dont la valeur était jusque-là garantie par la puissante Banque Centrale. du Nigeria (CBN). Mais ces réformes n'ont pas eu les effets escomptés. Pour la population nigériane comme pour les investisseurs, les temps sont durs. « Le Nigeria face à la crise économique », un Grand reportage de Liza Fabbian. 
3/21/202419 minutes, 30 seconds
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Transition au Tchad : promesse tenue ou trompe l’œil ?

Le Tchad organisera le 6 mai 2024 l’élection présidentielle qui viendra conclure trois années de transition consécutives à la prise de pouvoir de Mahamat Idriss Déby, à la suite de la mort de son père, le président Idriss Déby, en avril 2021. Il avait promis la réconciliation nationale, des élections transparentes et des réformes socio-économiques. Alors ces trois années ont-elles été bénéfiques pour le pays ? Quel bilan les Tchadiens tirent-ils de ce processus ?  «Transition au Tchad : promesse tenue ou trompe l’œil ?», un Grand reportage de François Mazet à N’Djamena, réalisation : Victor Uhl.
3/20/202419 minutes, 30 seconds
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Steadfast Defender 24: l’Otan montre ses muscles

Au début du mois de mars 2024, l’Otan a donné le coup d’envoi de Steadfast Defender 2024. Le plus grand exercice jamais organisé depuis la guerre froide. Une manœuvre qui se décline de l’Arctique jusqu’aux frontières de la Pologne. Tarte des chasseurs alpins vissée sur le crâne, bottes et même surbottes sur un treillis blanc, camouflage montagne, les ordres de l’adjudant-chef JB fusent : « Avancez le plot ! Il faut qu'il y ait un maximum de places, entrez tout le matériel, dégagez le VAC ! La logistique en temps de guerre, c'est plus pas facile que c'est compliqué… on attendait les Norvégiens qui devaient arriver à 10h00 ce matin et il est à peu près 21h30, ça complique un peu l'affaire ! On peut se retrouver dans une situation assez inconfortable, surtout qu'on est sur un terrain qu'on ne connaît pas bien, sur lequel on peut difficilement sortir des axes pour éviter de tomber dans l'eau, il y a des lacs un peu partout, c'est fortement déconseillé ! »  Le bord d’une route enneigée, ravitaillement de nuit pour les chasseurs alpins français déployés au-delà du Cercle polaire à l’extrême nord de la Norvège… La logistique norvégienne peut arriver d’un instant à l’autre et il va falloir dépoter. Car à proximité dans un repli de terrain, une file de 68 véhicules/articulés/chenillés BV 206 taillés pour l’Arctique attend de pouvoir faire les pleins. À chaque instant, cette concentration peut se transformer en cible. L’instant est crucial, lâche le capitaine Vincent, responsable de la logistique « La logistique, c'est le point le plus vulnérable. On s'adapte, on met des dispositifs de sûreté, il y a des soldats autour, mais on sait que c'est vulnérable. On a juste du retard avec la livraison, donc du fioul, des repas et de l'eau. Si on n'a pas ce point de rendez-vous et ce point de ravitaillement, la guerre ne peut pas commencer. » Véritable révélateur d’une faiblesse qu’il faudra corriger, le ravitaillement s’est finalement achevé au petit matin. Les équipages ont trois jours d’autonomie. Une petite bataille va pouvoir se jouer aux environs de Masse, hameau lapon aux maisons en bardeaux de bois rouge. Dans cette région de lacs gelés, sont réunies les meilleures troupes de montagnes de l’Otan, le Lieutenant-colonel Marc Antoine, chef opération du 7ème Bataillon de chasseurs alpins de Varces, est à la manœuvre : « Nous sommes sous les ordres du Finmark Land Command qui est un commandement territorial norvégien. Dans cette force, on a différentes nationalités : il y a des bataillons et compagnies norvégiennes, il y a également plusieurs compagnies finlandaises, une compagnie de combat et une compagnie logistique. On a une compagnie suédoise également. Et Il y a un bataillon italien avec qui on va plus particulièrement interagir puisqu'on est vraiment dans la même zone d'opérations. Donc voilà la force d'opposition de l'exercice à laquelle nous appartenons et avec qui nous allons manœuvrer pendant une semaine ».  Chargeurs calés sur une veste camouflage hiver, lunettes de ski rouges et plume de corbeau noire fixée sur le casque… Voilà le colonel Francesco Lamura, chef des Alpinis italiens. Dans sa carrière de soldats, il a connu les montagnes d’Afghanistan, celles du Liban, il lui manquait dit-il de se confronter au Grand Nord « le premier objectif de Nordic Response, c'est d'augmenter et de consolider l'interopérabilité entre membres de l'Alliance. L'armée italienne veut accroître ses capacités à vivre, manœuvrer et combattre dans cet environnement arctique. Nous avons beaucoup d'expérience avec les chasseurs alpins français et bien sûr, nous sommes prêts et bien entraînés. »Les chasseurs alpins jouent les RougesDans le scénario retenu, 450 chasseurs alpins français et 300 Alpinis jouent les rouges, l’ennemi face aux troupes de l’Alliance. La mission des Franco-Italiens, dit le lieutenant-colonel Marc Antoine, doigt sur la carte, c’est de freiner la progression d’une colonne blindée allemande pendant deux jours : « On est une force qui serait installée dans cette zone et la force de l'Otan, elle cherche à nous repousser et à faire en sorte que nous ne restions pas sur ce terrain et donc face à nous, nous avons une brigade constituée de Norvégiens et d'Allemands. Notre objectif en termes militaires, c'est échanger du terrain contre du temps. Donc on n'est pas là pour tenir coûte que coûte le terrain et les empêcher absolument de passer. On est là pour faire en sorte que ce soit difficile pour eux et qu’ils perdent des forces et du temps. » Les couloirs de mobilité sont rares, partout une neige profonde ou même les motos neige s’enlisent, ce qui n’a pas pour effet de démotiver la troupe, « je pense qu'on va s'en sortir ! Tout est bien parti, on est là pour ça, on s'entraîne pour ça en France donc y a pas de raison qu'on n'arrive pas à s'acclimater ici. Je pense que pour des troupes de montagne, c'est le fond du job ici. C'est les basiques, c'est ce pourquoi on s'est engagé de toute manière ! », dit d’un ton assuré un chasseur alpin les yeux rougis par le froid.Bataille autour de SuolovuopmiRoute 45 surnommée la ligne Grizzly, l’un des rares endroits praticables… Des antennes surplombent des filets camouflage masquant les chenillés, l’un des deux postes de commandement français émerge à peine de la neige… Dans la nuit, les commandos montagnes qui, eux, évoluent « Off road » ont accroché l’adversaire et leurs positions s’affichent sur les écrans du système de combat du PC, mais pas seulement dit un officier « Là, j'ai récupéré l'ensemble des éléments qui m'ont été donnés pour pouvoir les mettre en place sur cette carte synthèse. Cette carte c’est notre plan B, en cas de brouillage ou en cas de chute du système, rien ne remplace le papier, rien ne le remplacera totalement ! Donc là on est ici au niveau du village de Suolovuopmi, on a fait beaucoup de tirs d’artillerie, on a du bleu qui commence à être trop exposé donc avant que ces unités ne soient détruites par l'artillerie adverse et on va les faire se replier sur une position secondaire. Donc pour l'instant, on arrive à coller à notre plan »  Le grand froid de nouveau sur le devant de la scèneSi le combat d’altitude, c’est l’ADN des chasseurs alpins, depuis l’Ukraine l’aptitude au grand froid est redevenu une priorité pour les forces de l’Otan. La Finlande qui vient d’intégrer l’Alliance possède 1 300 kilomètres de frontière avec la Russie. La 27ème Brigade de montagne a toujours conservé en son sein un noyau d’experts : le GMHM / le Groupe Militaire de Haute Montagne doté de 10 alpinistes chevronnés, à l’instar du major Sébastien Bohin « Le grand froid est revenu sur le devant de la scène il y a peu de temps. Après on a justement ce groupe militaire de haute montagne. C'est un petit peu un laboratoire et aussi une réserve d'expérience, ils savent quel type de réchaud il faut utiliser, quel type de duvet. On prend un petit peu ce qu'il y a de mieux chez les Norvégiens, chez les Finlandais et ce qui fait qu'au final on arrive à être plutôt bon. Là on est soutenu par l'armée finlandaise, ils nous ont prêté ces tentes, sortes de yourtes pour 10, 12 personnes… En fait eux n'utilisent pas de piquets pour ces petites tentes, on taille dans des bouleaux les piquets. Dans le grand froid, il faut être assez méticuleux, car les pièges sont partout. S’il y a un petit peu de vent, on peut rapidement attraper des gelures. Si vous attrapez des gelures, vous n’êtes plus opérationnel. Le soleil est aussi dangereux avec ce qu'on appelle l'ophtalmie des neiges, c’est la réverbération du soleil sur la neige. Et puis le but dans le grand froid c'est de ne pas transpirer car l’humidité va accentuer le froid. On a besoin de plus de calories qu'en temps normal. Donc c'est pour ça que les rations sont plus riches, autour de 5 000 calories/jour. Et vous voyez, on ne grossit pas. On a vraiment besoin d'apporter du carburant pour fonctionner dans le grand froid ».  Plateau d’Alta, le bout de la route du nord de la Norvège… température ressentie moins 20°, de la poudreuse jusqu’à la taille, le 93ème régiment d’artillerie de montagne tient la ligne, avec la section de l’adjudant-chef Thomas « On est sur une des positions de tir avec nos mortiers lourds qui nous servent à appuyer les forces amies qui sont en avant de notre position et qui eux sont directement au contact de l'ennemi. On est sur un beau plateau qui nous permet à la fois grâce aux mouvements de terrain, de ne pas être vu par l'ennemi, et d'avoir quelques vues plongeantes sur le compartiment de terrain d'où l'ennemi est censé arriver. On a déjà eu quatre missions de tir depuis ce matin qui nous ont permis de freiner l'ennemi dans son avancée, de lui causer des pertes, surtout des véhicules, et un peu d'attrition dans les rangs de l'ennemi. »Un exercice de l’Otan dans le grand Nord, c’est également l’occasion de tester de nouveaux équipements, le sergent Hugo nous présente son mortier de 120 mm monté sur ski : « Une grande première ! C'est la première fois qu'on utilise ce système pour déplacer le mortier. On est un peu le crash test, ça permettra de faire des versions suivantes améliorées. Ce qui, pour le moment, ne va pas c’est le temps d'installation qui est un peu long. Le danger principal en artillerie, c'est la contre-batterie. C'est-à-dire quand on tire, on est décelé et on peut du coup se prendre des salves adverses. Sauf que dans la neige comme ça, on met facilement 10 voire 15 minutes pour monter la pièce sur ces skis, c’est trop long. Cette nuit, on a fait le plein de carburant, on a récupéré de la nourriture, on a récupéré de l'eau et puis après on a eu une phase de déplacement avec ses aléas. Les véhicules qui s'embourbent. On n’a pas dormi, ça sort de ce qu'on a l'habitude de faire, où on a un peu plus chaud… là ça ravive, ça maintient jeune ! »L’infanterie a pris position à quelques centaines de mètres plus au Nord. Elle est équipée de missiles antichars Eryx d’une portée de 600 mètres, mais le capitaine Mayeul et ses hommes le savent, à si courte distance, s’ils se font repérer par les blindés adverses, ils se feront tailler en pièces, précise le capitaine Mayeul « Avec mon groupe, nous, on est situé sur un front de 500 mètres. On a fait des trous de combat. Le but pour nous, ça va être de s'enterrer au maximum pour être invisibles. Donc nous, ça fait maintenant 7 jours qu'on a été déployé ici. C'est mon trou de combat principal, celui qu'on arme en permanence. D’ici j'ai un visuel sur un autre trou de combat plus à l'est où seront situés deux hommes à moi avec une mitrailleuse et un autre plus à l'Ouest où j'ai une pièce anti-char dessus. Vous voyez la petite fenêtre qu'on a ? On voit quand même beaucoup de choses hein, d'Est en Ouest… On est chasseur alpin, c'est sûr ici c'est notre milieu de prédilection. On a l'habitude de travailler dans nos Alpes à nous, ça change un peu, le paysage est différent, c'est beaucoup plus plat. Mais les conditions sont sensiblement les mêmes, le froid, de la neige, on connaît cet environnement. »Dragon 24 sur les bords de la VistuleVolet Arctique des exercices de l’OTAN, Nordic Response s’est achevé ce mardi (19 mars 2024), mais Steadfast defender 2024 est loin d’être achevé. Une force de réaction rapide vient de franchir la Vistule…Le général américain Randolph Staudenraus, responsable des opérations du commandement militaire de l’Otan est venu en personne superviser cette séquence dénommée « Dragon 24 », « l’Otan est prête ! », martèle-t-il « L’Otan c'est génial ! Il y a beaucoup de défis à chaque fois, mais c'est pour cela que cet exercice Steadfast defender rassemble 90 000 soldats, marins et aviateurs. Nous devons comprendre ces défis, donc si nous ne nous réunissons pas dans des exercices de cette taille-là, si nous ne comprenons pas où se situent ces défis, nous ne pourrons pas les surmonter. Et l'Otan l'a fait. Surtout, depuis l'invasion de l'Ukraine, l'Otan a réussi à élever son niveau. Si nous n'avions pas pu rassembler ici autant de force, nous ne serions pas la force collective dont nous avons besoin ».  L’Otan dans ses scénarios n’hésite plus à pointer Moscou comme adversaire potentiel. Avec Dragon 24, l’objectif assigné aux troupes est justement de se projeter à la frontière polonaise pour repousser une force adverse. Un signalement stratégique avec 18 000 soldats dont 700 Français commandés par le colonel Philippe Leduc, et intégrés à une brigade polonaise « On montre bien qu'on est capable de se déployer très rapidement chez un allié. Ici, c'est du char, c'est du véhicule de combat d'infanterie. On n'est pas dans des forces légères, on est dans des forces qui sont blindées, qui sont puissantes, qui ont une bonne capacité de franchissement en tout-terrain. Et qui sont parfaitement alignées avec ce que déploient nos alliés puisque nos alliés polonais, nos alliés allemands, nos alliés américains ont tous du char lourd, ont tous du véhicule de combat d'infanterie et on va conduire pendant une quinzaine de jours un exercice qui nous amène à traverser la quasi-totalité de la Pologne. Ici, vous êtes sur une phase qui est extrêmement importante puisqu'il s'agit d'une phase de franchissement d'une coupure humide, en l'occurrence la Vistule qui est le principal fleuve polonais. Mon groupement tactique va franchir la Vistule et ensuite va poursuivre sa progression plein Est. La France est vraiment droite dans ses bottes en termes de capacités déployées, en termes de capacités à s'intégrer et en termes d'être au bon niveau de rendez-vous de force déployée par rapport aux objectifs de signalement stratégique et d'interactions concrètes sur le terrain avec nos alliés. »  Réapprendre la logistique de grande ampleurBarges et ponts flottants embarquent les chars Abram américains, les Léopard allemands et c’est au tour d’un escadron de 13 chars Leclerc de franchir la Vistule… Une première pour le capitaine Vianney du 5ème régiment de Dragon : « C'est un exercice de grand volume. J'avais participé à ce type d'exercice uniquement en France avec des unités françaises. Là, c'est la première fois que je le réalise dans un contexte interallié. Comme quand on apprend à jouer un sport collectif, il y a toujours des temps d'apprentissage. On fait des exercices très répétitifs pour finalement réussir à jouer efficacement ensemble et à faire du beau jeu ensemble. »Pour l’Otan, le dernier exercice d’une telle ampleur c’était Reforger en 1988. Au-delà du combat, il faut donc aujourd’hui réapprendre à déplacer des armées. Pierre Schill, chef d’État-major de l’armée de Terre est venu observer la manœuvre « Le déplacement de très grandes unités sur des très grandes distances, avec toute la logistique que ça implique, les franchissements, la coordination qui est nécessaire, c'est quelque chose qui est une mécanique qui doit être extrêmement bien huilée. C'est très concrètement des savoir-faire qu'il faut redécouvrir. En théorie, nous y sommes prêts. Mais concrètement, comment ça se passe ? Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire que de prendre la route avec une rame de plusieurs dizaines de véhicules ? Qu'est-ce que ça veut dire que de prendre les trains ? Qu'est-ce que ça veut dire un véhicule qui se perd, un véhicule qui tombe en panne sur le bord de la route, comment on fait pour le dépanner ? Après je ne parle pas des éléments plus tactiques, le franchissement, plus de 300 mètres de pont sur la Vistule, ce que ça représente. Concrètement, il faut le réapprendre. »  Le franchissement d’un fleuve, c’est une mécanique de précision, une chorégraphie interarmes qui s’effectue toujours sous haute protection, précise le colonel Leduc, « un franchissement de cette ampleur, on ne le réalise pas directement sous le feu adverse, sinon il arrive ce qui est arrivé en Ukraine, des pertes conséquentes et un échec. Nos alliés polonais ont mobilisé un certain nombre de moyens. Il y a des pièces anti-aériennes qui sécurisent l'ensemble du site. Vous avez des hélicoptères d'appui polonais qui ont fait des passes et vous avez l'armée de l'air polonaise qui symboliquement a fait plusieurs passes avec ses F 16 et ses SU 22 pour sécuriser la zone de manière à ce que les bataillons franchissent le plus rapidement possible le fleuve et reprennent leur progression pleine Est ».Il y a d’autant plus urgence à refaire ses gammes que certains scénarios, comme l’a récemment rappelé le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius, font état d’un possible conflit entre l’Europe et la Russie, d’ici la fin de la décennie. Dans ces conditions « ma mission est d’éviter la guerre », dit le général d’armée Pierre Schill, patron de l’armée de Terre française, « l'enjeu et c'est le fond de la stratégie de l'Otan aujourd'hui, ce n’est pas de dire qu'on va gagner une guerre. C'est de faire en sorte que par le découragement, l'Otan veut se montrer suffisamment forte pour éviter une montée aux extrêmes et à l'affrontement. Bon, maintenant, on sait que les actions, elles peuvent être directes et frontales, et elles peuvent se faire de manière plus hybride. Il faut donc se montrer fort pour dissuader. Ce découragement, il repose fondamentalement sur la crédibilité. Et donc il y a un enjeu à être de plus en plus crédible. Ce soir, il faut que nous soyons prêts. Demain matin, il faut que nous soyons encore plus prêts et le jour d'après encore plus. »
3/19/202419 minutes, 30 seconds
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L’Ukraine, une économie en guerre

L'Ukraine est entrée le 24 février dans sa troisième année de guerre. Un conflit au lourd bilan humain mais aussi économique : après l’effondrement des premiers mois, le pays a renoué avec la croissance en 2023, mais en 2024 le Produit intérieur brut sera, selon les estimations de 25% inférieur à ce qu'il était avant-guerre. Entre les soldats sur le front et l’exil de six millions de personnes, le pays fait face à des difficultés de main d’œuvre. Mais beaucoup sont aussi restés, résistent en travaillant. Entreprises et salariés se sont adaptés. « L’Ukraine, une économie en guerre », un Grand reportage de Nathanaël Vittrant et Jad El Khoury, avec Andrii Kolesnyk et Kyrylo Tiulieniev. Réalisation : Victor Uhl.    En images 
3/18/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Les policières héroïnes au Pakistan ET Bangladesh, dans les chantiers de démolition des bateaux, l'amiante tue à petit feu

Les policières héroïnes au PakistanC’est l’histoire d’une femme, devenue une héroïne, dans un pays d’hommes. Pays d’hommes parce que le Pakistan, dans le classement en matière d’égalité homme-femme, est à l’avant-dernière place mondiale. L’histoire mérite d’autant d’être contée que cette héroïne porte l’uniforme, elles ne sont pas si nombreuses, qu’elle a sauvé d’une mort probable une autre femme, victime de la vindicte masculine. Au Pakistan, seules 13% des fillettes vont au-delà du collège, alors quand une femme fait la différence et marque les esprits, elle est vite élevée au rang de modèle féministe.Un Grand reportage de Sonia Ghezali qui s'entretient avec Patrick Adam.   Bangladesh, dans les chantiers de démolition des bateaux, l'amiante tue à petit feu Plus d’un quart des navires marchands du monde sont démantelés dans les chantiers de Chittagong, au sud du pays. À leur bord, se trouvent des tonnes d’amiante très difficiles à traiter. L’industrie essaie de se moderniser, mais l’essentiel du travail est encore dangereux et polluant. Reportage. Un Grand reportage de Sébastien Farcis qui s'entretient avec Patrick Adam. 
3/17/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Dénonciations, deux ans qui ont changé la Russie ET Birmanie, le rêve d'une union fédérale gagne du terrain

Dénonciations, deux ans qui ont changé la RussieLa Russie vote de vendredi à dimanche pour une élection présidentielle dont l’issue ne fait pas de doutes. La Russie qui a profondément changé en deux ans. Peu après avoir envoyé ses soldats en Ukraine, Vladimir Poutine avait en effet lancé il y a exactement deux ans ce que le pouvoir et ses soutiens décrivent comme « une chasse aux ennemis du pays » avec cette déclaration : « L’Ouest va tenter de s’appuyer sur la 5ème colonne et les traîtres. L’Occident collectif va essayer de diviser notre société, de spéculer sur les pertes au combat, sur les conséquences socio-économiques des sanctions, de provoquer une guerre civile en Russie et d’utiliser cette 5ème colonne pour atteindre son but. Il n’a qu’un seul objectif : la destruction de la Russie. Mais n’importe quel peuple, et en particulier le peuple russe, sera toujours capable de faire la distinction entre les vrais patriotes, et la racaille et les traîtres, et de les recracher simplement, comme on recrache un moucheron entré dans la gorge. Je suis convaincu qu'une telle auto-purification naturelle et nécessaire de la société ne fera que renforcer notre pays, notre solidarité, notre cohésion et notre volonté de répondre à tous les défis».Message bien reçu par une partie des russes et de nombreuses organisations : les signalements et dénonciations se sont envolées, et la société s’est repliée sur elle-même. Un Grand reportage d'Anissa el-Jabri qui s'entretient avec Patrick Adam.  Birmanie, le rêve d'une union fédérale gagne du terrainDes villageois qui ont fui les bombardements incessants pour se réfugier dans la forêt, ou les pays voisins. Les anciennes armées ethniques qui reprennent les armes, et une multitude de nouveaux groupes armés qui voit le jour. En Birmanie, 3 ans après le coup d’état militaire, des combats font rage entre l’armée et les rebelles aux frontières avec la Chine, l’Inde et la Thaïlande. Alors que certains se prennent déjà à rêver de l’après-guerre, les responsables politiques du gouvernement en exil se posent la question d’un modèle démocratique viable pour un pays où cohabitent plus de 140 groupes ethniques différents.Une union fédérale qui reste, pour l’instant, une utopie mais à laquelle la jeunesse du pays veut croire, c’est d’ailleurs le cas déjà au sein de combattants karreni.Un Grand reportage de Carol Isoux qui s'entretient avec Patrick Adam. 
3/16/202448 minutes, 30 seconds
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Dénonciations, deux ans qui ont changé la Russie

La Russie vote de vendredi à dimanche pour une élection présidentielle dont l’issue ne fait pas de doutes, la Russie qui a profondément changé en deux ans. Peu après avoir envoyé ses soldats en Ukraine, Vladimir Poutine avait en effet lancé il y a exactement deux ans ce que le pouvoir et ses soutiens décrivent comme « une chasse aux ennemis du pays » avec cette déclaration : « l’Ouest va tenter de s’appuyer sur la 5ème colonne et les traîtres. L’Occident collectif va essayer de diviser notre société, de spéculer sur les pertes au combat, sur les conséquences socio-économiques des sanctions, de provoquer une guerre civile en Russie et d’utiliser cette 5ème colonne pour atteindre son but. Il n’a qu’un seul objectif : la destruction de la Russie. Mais n’importe quel peuple, et en particulier le peuple russe, sera toujours capable de faire la distinction entre les vrais patriotes, et la racaille et les traîtres, et de les recracher simplement, comme on recrache un moucheron entré dans la gorge. Je suis convaincu qu'une telle auto-purification naturelle et nécessaire de la société ne fera que renforcer notre pays, notre solidarité, notre cohésion et notre volonté de répondre à tous les défis».Message bien reçu par une partie des russes et de nombreuses organisations : les signalements et dénonciations se sont envolées, et la société s’est repliée sur elle-même.  « Dénonciations, deux ans qui ont changé la Russie », un Grand reportage d’Anissa El Jabri, réalisation : Guillaume Buffet.
3/14/202419 minutes, 30 seconds
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Les policières héroïnes au Pakistan

C’est l’histoire d’une femme, devenue une héroïne, dans un pays d’hommes. Pays d’hommes parce que le Pakistan, dans le classement en matière d’égalité homme-femme, est à l’avant-dernière place mondiale. L’histoire mérite d’autant d’être contée que cette héroïne porte l’uniforme, elles ne sont pas si nombreuses, qu’elle a sauvé d’une mort probable une autre femme, victime de la vindicte masculine. Au Pakistan, seules 13% des fillettes vont au-delà du collège, alors quand une femme fait la différence et marque les esprits, elle est vite élevée au rang de modèle féministe. « Les policières héroïnes au Pakistan », un Grand Reportage de Sonia Ghezali, avec la collaboration de Shahzaib Wahlah.
3/13/202419 minutes, 30 seconds
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Birmanie, le rêve d’une union fédérale gagne du terrain

Des villageois qui ont fui les bombardements incessants pour se réfugier dans la forêt, ou les pays voisins. Les anciennes armées ethniques qui reprennent les armes, et une multitude de nouveaux groupes armés qui voit le jour. En Birmanie, 3 ans après le coup d’état militaire, des combats font rage entre l’armée et les rebelles aux frontières avec la Chine, l’Inde et la Thaïlande. Alors que certains se prennent déjà à rêver de l’après-guerre, les responsables politiques du gouvernement en exil se posent la question d’un modèle démocratique viable pour un pays où cohabitent plus de 140 groupes ethniques différents. Une union fédérale qui reste, pour l’instant, une utopie mais à laquelle la jeunesse du pays veut croire, c’est d’ailleurs le cas déjà au sein de combattants karreni.« Birmanie, le rêve d’une union fédérale gagne du terrain », un Grand reportage de Carol Isoux.
3/12/202419 minutes, 30 seconds
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Bangladesh : dans les chantiers de démolition des navires, l’amiante tue à petit feu

Plus d’un quart des navires marchands du monde sont démantelés dans les chantiers de Chittagong, au sud du pays. À leur bord, se trouvent des tonnes d’amiante très difficiles à traiter. L’industrie essaie de se moderniser, mais l’essentiel du travail est encore dangereux et polluant. Reportage.  De notre correspondant à Chittagong, sud du Bangladesh,Fazlul Karim aimait son travail de démolition des navires de Chittagong. Pendant plus de vingt ans, ces chantiers ont représenté son petit royaume, où il régnait avec fierté : « j’avais toujours rêvé d’y travailler, et j’étais devenu le meilleur coupeur, assure-t-il, d’un air vantard. Dès qu’il y avait des coques difficiles à couper, ou des tuyaux qui résistaient, c’est moi qu’on appelait. » Mais ce travail était difficile. Et « l’atmosphère chaotique, poursuit-il, en plissant les yeux et mimant l’effort. Des fumées flottaient, on n’y voyait rien et on pouvait à peine respirer. Et dès qu’on coupait les tuyaux, on voyait l’amiante qui volait ». L’amiante. C’est finalement lui qui a abattu ce robuste gaillard. Cette poudre organique et toxique, inhalée sans précautions, a ravagé ses poumons, qui ont aujourd’hui perdu 40% de leur capacité respiratoire. À 55 ans, Fazlul Karim ne peut plus faire d’efforts, à peine monter des marches. Il a dû arrêter de travailler, n’a plus de revenus réguliers et doit en plus payer 75 euros par mois de médicaments. « Si j’avais su ce que faisait l’amiante, je me serais protégé, conclut-il dans une voix sifflante, les yeux embués. Mais pendant toutes ces années, on ne nous a rien dit ». Ce n’est qu’en 2016, et grâce à un médecin spécialisé venu d’Inde, que Fazlul Karim et d’autres travailleurs de ces chantiers du sud du Bangladesh ont pu mettre un mot sur leur manque chronique de souffle: l’amiantose. Sur les cent ouvriers étudiés par ce médecin, un tiers souffraient de cette maladie causée par l’inhalation de l’amiante, et qui peut entraîner des cancers. Des navires européens envoyés au BangladeshLe Bangladesh compte la deuxième plus grande industrie de démolition des navires marchands du monde, après l’Inde. Entre 2020 et 2022, 500 cargos, pétroliers ou porte-conteneurs ont terminé leur vie à Chittagong, soit 27% de tous les bateaux démantelés du monde, selon le décompte de l’ONG Ship Breaking Platform. Les navires sont complètement désossés, l’essentiel des matériaux est recyclé, et ces épaves représentent ainsi la première source d’approvisionnement en acier du pays. Mais ce démantèlement est polluant et dangereux pour les ouvriers : il est réalisé à même la plage, en tirant ou découpant souvent les pièces sur le sable, et les carburants comme les produits toxiques peuvent s’échapper en mer. Et il y a l’amiante : cette fibre toxique a été interdite dans la construction des bateaux depuis 2011, mais les navires qui arrivent au Bangladesh ont plus de vingt ans, et en portent donc encore à leur bord. Une étude du département d’ingénierie marine de l’Université de Dacca a calculé qu’environ 17 000 tonnes d’amiante étaient arrivées sur ces navires entre 2010 et 2018. La convention de Bâle sur le contrôle du transport et de l’élimination des déchets dangereux interdit aux pays de l’OCDE et de l’Union européenne d’exporter leurs navires contenant des déchets toxiques, comme l’amiante, dans les pays en développement. Toutefois, les armateurs contournent cette régulation en revendant ces bateaux en fin de vie à des intermédiaires douteux, qui les font passer sous un pavillon de complaisance au Panama ou dans les Caraïbes. Et c’est ainsi que des dizaines de navires grecs, japonais ou coréens arrivent chaque année au Bangladesh.  Des fours en « amiante »Et comme pour le reste des matériaux de ces bateaux, l’amiante est recyclé. Dans un petit atelier situé près des chantiers, deux menuisiers découpent des planches de fibre, dans un nuage de poussière blanche. « C’est de l’amiante, affirme simplement l’un d’entre eux, Mohammed Abdul Salam, la trentaine, en plantant des clous dedans. Ces planches viennent des chantiers de bateau et nous les découpons pour faire des fours. » À côté de lui s’empilent des dizaines de petits foyers peints en bleu ou rose. « l’amiante retient très bien la chaleur, et c’est très résistant, poursuit l’artisan. Cela permet d’utiliser moins de bois pour faire chauffer la nourriture, c’est pour cela que les gens adorent ces fours. Avant, ils utilisaient des fours en ciment, mais ils étaient deux fois plus chers et ils se brisaient plus facilement ». Les deux menuisiers fabriquent entre 70 et 80 fours par jour. À l’extérieur de leur atelier, une pile de chutes s’empile. « On ne peut plus rien faire de ces morceaux, confie Abdul Salam. Des gens les récupèrent et les utilisent pour faire du terrassement ».  L’association des chantiers de démolition a fait analyser le matériau utilisé par ces menuisiers. Leurs résultats indiquent que cela n’est pas de l’amiante. Nous n’avons toutefois pas pu réaliser ces tests de manière indépendante pour le confirmer.  Un désamiantage plus encadréProgressivement, les chantiers se modernisent: sur la quarantaine qui opèrent, quatre ont reçu la certification de la convention de Hong Kong, qui garantit de meilleurs conditions de travail et un processus moins polluant. Le groupe PHP, pionnier dans le domaine, a investi 14 millions de dollars (12,9 millions d’euros) depuis dix ans pour réduire son impact environnemental et social: sur leur ponton que nous visitons, les travailleurs portent des équipements modernes de protection, une rigole a été construite autour pour récolter les liquides et les retraiter. Et surtout, une salle de désamiantage a été installée : les pièces amiantées des navires, qui peuvent être transportées, comme les tuyaux, sont traitées dans cette pièce, placée sous pression pour éviter que les particules en sortent. L’espace peut être entièrement nettoyé après usage pour enlever les fibres. « Si nous trouvons de l’amiante friable, nous pouvons aussi confiner une partie du bateau pour traiter cette zone. Nous l’avons fait en 2019 », assure Sehal Anwar, un des responsables qualité et sécurité de PHP. L’amiante récupéré est ensuite mélangé à du plâtre, placé dans des sacs en plastique et entreposé dans les entrepôts de la société.  Ce traitement représente une exception au Bangladesh, mais les autorités veulent pousser à la modernisation des autres chantiers : le pays a ratifié en juin dernier (2023) les statuts de la convention de Hong Kong, qui s’imposeront donc à tout le secteur à partir de juin 2025. Ces règles demeurent toutefois indicatives et non opposables légalement, et l’impact dépendra donc de la bonne volonté des chantiers et des autorités locales. 
3/11/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE L’excision au Tchad, la jeune fille, les chouettes et les hommes lions ET Taïwan, qui veut la paix prépare la guerre

L’excision au Tchad, la jeune fille, les chouettes et les hommes lionsNous sommes dans la province du Mandoul, au Tchad. Une femme sur trois est excisée, mais la prévalence varie considérablement selon les régions du pays. Certaines l’ont presque totalement abandonné, tandis que dans la province du Mandoul, berceau de l’ethnie Sara, 80% des femmes sont encore excisées. Pourtant, la loi tchadienne l'interdit depuis 2022. Malgré des décennies de lutte, la pratique ne semble pas diminuer.Un Grand reportage de Carol Valade qui s'entretient avec Patrick Adam.   Taïwan, qui veut la paix prépare la guerre Taïwan se trouve à 8 000 kilomètres de l’Ukraine. Mais les deux pays ont ceci en commun : ils font face à des empires autoritaires. Ce qui est arrivé à l’Ukraine, peut-il arriver à Taïwan ? Les 23 millions de Taïwanais s’y préparent. De voir les avions de chasse et des navires de guerre chinois harceler leur armée, ils en ont l’habitude. La Chine ne cache pas son intention de vouloir annexer l’île qu’elle considère comme une province rebelle.Mais l’élection, le 13 janvier 2024, du président Lai Ching-te que Pékin considère comme un dangereux séparatiste, a crispé davantage la relation déjà très tendue dans le détroit. D’un côté Taïwan, la démocrate tournée vers l’Occident. De l’autre la Chine, puissance expansionniste. Comment vivre sous la menace chinoise ?Un Grand reportage de Heike Schmidt qui s'entretient avec Patrick Adam.
3/10/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Tapachula, entre gigantesque refuge et prison à ciel ouvert ET Totnes, la ville en transition

Tapachula, entre gigantesque refuge et prison à ciel ouvertLeur souhait à tous : atteindre le rêve américain ou simplement vivre une vie digne. Depuis la pandémie, l’Amérique connaît une crise migratoire sans précédent. Les chiffres font tourner la tête : plus de 7 millions de personnes sans papiers ont traversé la frontière américaine depuis 2021. Elles viennent de toute la planète, mais principalement d’Amérique centrale et des Caraïbes. Toujours, ce sont les violences ou la misère qui les poussent à partir. Très souvent, l’objectif final est d’arriver aux États-Unis, mais avant, il faut traverser le Mexique. Au sud, la ville de Tapachula, la ville du Chiapas vit au rythme de ces gens de passage qui s’accrochent à leur rêve. Sorte de gigantesque refuge, ou plutôt une prison à ciel ouvert… Un Grand reportage de Gwendolina Duval qui s'entretient avec Patrick Adam. Totnes, la ville en transition C’est une petite ville de moins de 10 000 habitants, dans le sud-ouest cossu de l’Angleterre… En surface, Totnes ressemble aux autres bourgades de cette zone touristique : des rues pavées, des cafés indépendants, une promenade en bord de rivière. Mais la commune est en fait le berceau du mouvement Transition Towns, les villes en transition : des villes qui veulent mener le mouvement vers une transition écologique et sociale.Un Grand reportage d'Emeline Vin qui s'entretient avec Patrick Adam.
3/9/202448 minutes, 30 seconds
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Totnes, la ville en transition

C’est une petite ville de moins de 10 000 habitants, dans le sud-ouest cossu de l’Angleterre… En surface, Totnes ressemble aux autres bourgades de cette zone touristique : des rues pavées, des cafés indépendants, une promenade en bord de rivière. Mais la commune est en fait le berceau du mouvement Transition Towns, les villes en transition : des villes qui veulent mener le mouvement vers une transition écologique et sociale. « Totnes, la ville en transition », un Grand reportage d’Emeline Vin.
3/7/202419 minutes, 30 seconds
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Taiwan : « qui veut la paix prépare la guerre »

Taïwan se trouve à 8 000 kilomètres de l’Ukraine. Mais les deux pays ont ceci en commun : ils font face à des empires autoritaires. Ce qui est arrivé à l’Ukraine, peut-il arriver à Taïwan ? Les 23 millions de Taïwanais s’y préparent. De voir les avions de chasse et des navires de guerre chinois harceler leur armée, ils en ont l’habitude. La Chine ne cache pas son intention de vouloir annexer l’île qu’elle considère comme une province rebelle. Mais l’élection, le 13 janvier 2024, du président Lai Ching-te que Pékin considère comme un dangereux séparatiste, a crispé davantage la relation déjà très tendue dans le détroit. D’un côté Taïwan, la démocrate tournée vers l’Occident. De l’autre la Chine, puissance expansionniste. Comment vivre sous la menace chinoise ? « Taïwan : qui veut la paix prépare la guerre », un Grand reportage de Heike Schmidt.
3/6/202419 minutes, 30 seconds
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Tapachula, entre gigantesque refuge et prison à ciel ouvert

Leur souhait à tous : atteindre le rêve américain ou simplement vivre une vie digne. Depuis la pandémie, l’Amérique connait une crise migratoire sans précédent. Les chiffres font tourner la tête : plus de 7 millions de personnes sans papiers ont traversés la frontière américaine depuis 2021. Elles viennent de toute la planète mais principalement d’Amérique centrale et des Caraïbes. Toujours, ce sont les violences ou la misère qui les poussent à partir. Très souvent, l’objectif final est d’arriver aux États-Unis, mais avant, il faut traverser le Mexique. Au sud, la ville de Tapachula, la ville du Chiapas vit au rythme de ces gens de passage qui s’accrochent à leur rêve. Sorte de gigantesque refuge, ou plutôt une prison à ciel ouvert …  Tapachula, la ville migrante, un Grand reportage de Gwendolina Duval.
3/5/202419 minutes, 30 seconds
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«L'excision au Tchad: la jeune fille, les chouettes et les hommes lions»

Nous sommes dans la province du Mandoul, au Tchad. Une femme sur trois est excisée mais la prévalence varie considérablement selon les régions du pays. Certaines l’ont presque totalement abandonné, tandis que dans la province du Mandoul, berceau de l’ethnie Sara, 80% des femmes sont encore excisées. Pourtant, la loi tchadienne l'interdit depuis 2022. Malgré des décennies de lutte, la pratique ne semble pas diminuer. L'excision au Tchad, la jeune fille, les chouettes et les hommes lions un Grand reportage de Carol Valade, réalisation Jérémie Boucher. L'excision au Tchad, la jeune fille, les chouettes et les hommes lions un Grand reportage de Carol Valade, réalisation Jérémie Boucher.
3/4/202419 minutes, 30 seconds
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LE COMPLÉMENT DU DIMANCHE L’émigration portugaise, le saut par-delà les montagnes et À l’ombre de Vaca Muerta : le boom du schiste et ses dégâts en Argentine

L’émigration portugaise, le saut par-delà les montagnesC’est un petit pays d’Europe du Sud, pas très densément peuplé, le Portugal est pourtant connu comme une grande terre d’émigration. Depuis la dictature dans les années 60 et 70, pour ceux qui partent, on dit « faire le saut », c’est l’expression consacrée. La France est la première destination ! La Révolution des œillets, en avril 1974, change la donne mais l’émigration reste forte. Entre les Portugais qui ne reviendront jamais et ceux qui retrouvent le chemin de leurs origines, portrait d’une émigration mal connue.Un Grand reportage de Marie-Line Darcy qui s'entretient avec Patrick Adam. À l’ombre de Vaca Muerta : le boom du schiste et ses dégâts en Argentine Vaca Muerta, au nord de la Patagonie argentine. Ses sols abritent l’un des plus grands gisements de gaz et de pétrole de schiste au monde. Depuis dix ans, l’État argentin et toutes les grandes multinationales exploitent ce site exceptionnel. Un nouvel Eldorado qui attire des travailleurs de tout le continent et qui transforme à marche forcée cette ancienne région agricole. Mais l’extraction controversée de ces hydrocarbures non-conventionnels n’est pas sans conséquences pour l’environnement et les populations locales. (Rediffusion)Un Grand reportage de Stefanie Schüler qui s'entretient avec Patrick Adam. 
3/3/202448 minutes, 30 seconds
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LE COMPLÉMENT DU SAMEDI Liban, la guerre dans toutes les têtes et L'agriculture ukrainienne au défi de la guerre

Liban : la guerre dans toutes les têtesÀ la frontière entre le Liban et Israël, les affrontements sont quotidiens entre le puissant parti chiite du Hezbollah proche de l’Iran et l’armée israélienne depuis le 7 octobre 2023. De part et d’autre de la frontière, les civils ont été déplacés par les combats. Côté libanais, ce sont près de 90 000 habitants qui ont dû fuir les bombardements d’après l’organisation mondiale des migrations. Alors que le pays est éreinté par cinq années de crise économique, le spectre d’une nouvelle guerre serait un désastre.Pour les habitants du sud du pays, région délaissée de longue date par l’État libanais en faillite, c’est le retour à l’état de guerre après l’occupation israélienne qui avait duré jusqu’en 2000 et le conflit de 2006.Un Grand reportage de Sophie Guignon qui s'entretient avec Patrick Adam.   L'agriculture ukrainienne au défi de la guerreAvant l’invasion russe, l’Ukraine était l’un des principaux pays exportateurs de céréales. Un producteur majeur de blé, de tournesol, de maïs et de colza auprès duquel se fournissaient bon nombre de pays d’Afrique et du Moyen-Orient. L’agriculture était aussi un pilier de l’économie ukrainienne représentant plus de 10 % du PIB et même 40 % de ses exportations, en faisant la première source de devises étrangères. Un secteur particulièrement affecté par la guerre.Non seulement la Russie s’est accaparé une partie des terres arables, a miné celles qu’elle a dû abandonner mais la guerre est aussi venue couper toute la chaîne logistique ukrainienne. Malgré tout, les agriculteurs ukrainiens persistent.Un Grand reportage de Nathanaël Vittrant qui s'entretient avec Patrick Adam. 
3/2/202448 minutes, 30 seconds
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L’émigration portugaise, le saut par-delà les montagnes

C’est un petit pays d’Europe du Sud, pas très densément peuplé, le Portugal est pourtant connu comme une grande terre d’émigration. Depuis la dictature dans les années 60 et 70, pour ceux qui partent, on dit « faire le saut », c’est l’expression consacrée. La France est la première destination ! La Révolution des œillets, en avril 1974, change la donne mais l’émigration reste forte. Entre les Portugais qui ne reviendront jamais et ceux qui retrouvent le chemin de leurs origines, portrait d’une émigration mal connue.  « L’émigration portugaise, le saut par-delà les montagnes », un reportage de Marie-Line Darcy.
2/29/202419 minutes, 30 seconds
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À l’ombre de Vaca Muerta : le boom du schiste et ses dégâts en Argentine

Vaca Muerta, au nord de la Patagonie argentine. Ses sols abritent l’un des plus grands gisements de gaz et de pétrole de schiste au monde. Depuis dix ans, l’État argentin et toutes les grandes multinationales exploitent ce site exceptionnel. Un nouvel Eldorado qui attire des travailleurs de tout le continent et qui transforme à marche forcée cette ancienne région agricole. Mais l’extraction controversée de ces hydrocarbures non-conventionnels n’est pas sans conséquences pour l’environnement et les populations locales. (Rediffusion) « À l’ombre de Vaca Muerta : le boom du schiste et ses dégâts en Argentine », un Grand reportage de Stefanie Schüler. 
2/29/202419 minutes, 30 seconds
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Liban : la guerre dans toutes les têtes

À la frontière entre le Liban et Israël, les affrontements sont quotidiens entre le puissant parti chiite du Hezbollah proche de l’Iran et l’armée israélienne depuis le 7 octobre 2023. De part et d’autre de la frontière, les civils ont été déplacés par les combats. Côté libanais, ce sont près de 90 000 habitants qui ont dû fuir les bombardements d’après l’organisation mondiale des migrations. Alors que le pays est éreinté par cinq années de crise économique, le spectre d’une nouvelle guerre serait un désastre. Pour les habitants du sud du pays, région délaissée de longue date par l’État libanais en faillite, c’est le retour à l’état de guerre après l’occupation israélienne qui avait duré jusqu’en 2000 et le conflit de 2006. Liban : la guerre dans toutes les têtes, un Grand reportage de Sophie Guignon.
2/28/202419 minutes, 30 seconds
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L’agriculture ukrainienne au défi de la guerre

Avant l’invasion russe, l’Ukraine était l’un des principaux pays exportateurs de céréales. Un producteur majeur de blé, de tournesol, de maïs et de colza auprès duquel se fournissaient bon nombre de pays d’Afrique et du Moyen-Orient. L’agriculture était aussi un pilier de l’économie ukrainienne représentant plus de 10 % du PIB et même 40 % de ses exportations, en faisant la première source de devises étrangères. Un secteur particulièrement affecté par la guerre. Non seulement la Russie s’est accaparé une partie des terres arables, a miné celles qu’elle a dû abandonner mais la guerre est aussi venue couper toute la chaîne logistique ukrainienne. Malgré tout, les agriculteurs ukrainiens persistent. « L’agriculture ukrainienne au défi de la guerre », un Grand reportage de Nathanaël Vittrant et Jad El Khoury, réalisation : Tiffanie Menta.  
2/26/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Venezuela, au chevet du lac Maracaïbo et En Serbie, rendre invisibles les exilés

Venezuela, au chevet du lac MaracaïboEn juillet 2023, le plus grand lac d’Amérique latine, le lac de Maracaibo au Venezuela, a tourné vert fluo. Une cyanobactérie, appelée verdín par les Vénézuéliens, recouvrait 70% du lac. Un phénomène naturel, appelé eutrophisation, qui a été renforcé par la pollution. La teinte a attiré l’attention des Vénézuéliens, dont les yeux se sont tournés vers Maracaibo et vers toutes les menaces environnementales qui pèsent sur le lac. Des milliers de tonnes de déchets quotidiennes, les eaux résiduelles, des pesticides et du pétrole.Le lac est assailli de toutes parts, et ce depuis des décennies. Après l’explosion du verdín en 2023, un grand plan public de récupération a alors été annoncé par le président Nicolas Maduro lui-même, et des projets privés ont vu le jour. Un peu plus de 6 mois plus tard, quel bilan ? Un Grand reportage d'Alice Campaignolle qui s'entretient avec Patrick Adam.  En Serbie, rendre invisibles les exilésLa Serbie est le dernier pays non-membre de l’Union européenne de la route des Balkans. Traversée depuis des siècles, elle l’est aujourd’hui encore par de nombreux étrangers venus de Syrie, d’Afghanistan, de Turquie, même du Maroc… Car la Serbie reste le dernier rempart de la forteresse Europe. Ce petit pays de presque 7 millions d’habitants, entouré de huit frontières dont quatre avec l’Union européenne, applique une politique migratoire orchestrée par celle-ci.En effet, la Serbie demande son adhésion depuis plus de dix ans.Depuis le mois de décembre, après un contexte politique tendu, ce pays de transit tente de rendre invisibles les exilés, déjà soumis aux passeurs et aux lois en matière d’asile et d’immigration. En plein cœur de l’hiver, reportage entre Belgrade et la frontière croate de l’Europe.Un Grand reportage de Clémentine Méténier qui s'entretient avec Patrick Adam. 
2/25/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Bangladesh, entre le chômage et les gangs, l'avenir bouché des jeunes réfugiés rohingyas et Aiula, l'ambition culturelle de l'Arabie saoudite

Bangladesh, entre le chômage et les gangs, l’avenir bouché des jeunes réfugiés rohingyasC’est le plus grand camp de réfugié au monde : un million de rohingyas musulmans, chassés pour la plupart de Birmanie en 2017, vivent dans le sud du Bangladesh... La majorité d’entre eux ont moins de 20 ans, un âge où ils veulent construire leur futur : mais cet avenir est bouché, car ils n’ont pas le droit de sortir des camps pour travailler. Et face à la frustration généralisée, les gangs rohingyas se font de plus en plus violents, ce qui force beaucoup d’entre eux à fuir à nouveau par la mer, de manière périlleuse. L’ONU, qui gère ces camps, essaie comme elle peut de contenir la situation. Un Grand reportage de Sébastien Farcis qui s'entretient avec Patrick Adam.  Al-Ula, l'ambition culturelle de l'Arabie SaouditeNous sommes à Al-Ula, au nord de l’Arabie Saoudite. Une région immense de près de 23 000 km² pour 50 000 habitants. Un désert parsemé de roches gigantesques, sculpturales d’où émergent des sites archéologiques : Hegra, Dadane… Des sites préislamiques que l’Arabie Saoudite met en valeur pour la première fois, signe d’une volonté affichée d’ouverture et de modernisation.Un Grand reportage de Muriel Maalouf qui s'entretient avec Patrick Adam. 
2/24/202448 minutes, 30 seconds
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AlUla, l’ambition culturelle de l’Arabie Saoudite

Nous sommes à  AlUla, au nord de l’Arabie Saoudite. Une région immense de près de 23 000 Km2 pour 50 000 habitants. Un désert parsemé de roches gigantesques sculpturales d’où émergent des sites archéologiques : Hegra, Dadane… Des sites préislamiques que l’Arabie Saoudite met en valeur pour la première fois, signe d’une volonté affichée d’ouverture et de modernisation. « AlUla, l’ambition culturelle de l’Arabie Saoudite », un Grand reportage de Muriel Maalouf. 
2/22/202419 minutes, 30 seconds
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Au chevet du lac de Maracaibo

En juillet 2023, le plus grand lac d’Amérique latine, le lac de Maracaibo au Venezuela, a tourné vert fluo. Une cyanobactérie, appelée verdín par les Vénézuéliens, recouvrait 70% du lac. Un phénomène naturel, appelé eutrophisation, qui a été renforcé par la pollution. La teinte a attiré l’attention des Vénézuéliens, dont les yeux se sont tournés vers Maracaibo et vers toutes les menaces environnementales qui pèsent sur le lac. Des milliers de tonnes de déchets quotidiennes, les eaux résiduelles, des pesticides et du pétrole. Le lac est assailli de toutes parts, et ce depuis des décennies. Après l’explosion du verdín en 2023, un grand plan public de récupération a alors été annoncé par le président Nicolas Maduro lui-même, et des projets privés ont vu le jour. Un peu plus de 6 mois plus tard, quel bilan ? « Au chevet du lac de Maracaibo », un Grand reportage d'Alice Campaignolle.
2/21/202419 minutes, 30 seconds
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Bangladesh : entre le chômage et les gangs, l’avenir bouché des jeunes réfugiés

C’est le plus grand camp de réfugié au monde : un million de rohingyas musulmans, chassés pour la plupart de Birmanie en 2017, vivent dans le sud du Bangladesh... La majorité d’entre eux ont moins de 20 ans, un âge où ils veulent construire leur futur : mais cet avenir est bouché, car ils n’ont pas le droit de sortir des camps pour travailler. Et face à la frustration généralisée, les gangs rohingyas se font de plus en plus violents, ce qui force beaucoup d’entre eux à fuir à nouveau par la mer, de manière périlleuse. L’ONU, qui gère ces camps, essaie comme elle peut de contenir la situation.     Reportage de notre envoyé spécial au Bangladesh.« Bangladesh : entre le chômage et les gangs, l’avenir bouché des jeunes réfugiés », de Sébastien Farcis. 
2/20/202419 minutes, 30 seconds
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En Serbie, rendre invisibles les exilés

La Serbie est le dernier pays non-membre de l’Union européenne de la route des Balkans. Traversée depuis des siècles, elle l’est aujourd’hui encore par de nombreux étrangers venus de Syrie, d’Afghanistan, de Turquie, même du Maroc… Car la Serbie reste le dernier rempart de la forteresse Europe. Ce petit pays de presque 7 millions d’habitants, entouré de huit frontières dont quatre avec l’Union européenne, applique une politique migratoire orchestrée par celle-ci. En effet, la Serbie demande son adhésion depuis plus de dix ans.Depuis le mois de décembre, après un contexte politique tendu, ce pays de transit tente de rendre invisibles les exilés, déjà soumis aux passeurs et aux lois en matière d’asile et d’immigration. En plein cœur de l’hiver, reportage entre Belgrade et la frontière croate de l’Europe. « Serbie : rendre invisibles les exilés », un Grand reportage de Clémentine Méténier.
2/19/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE A Trieste, les migrants oubliés de la route balkanique ET Transatlantique... quand le rêve devient réalité

À Trieste, les migrants oubliés de la route balkaniqueC’est une frontière que les migrants qui empruntent la route des Balkans occidentaux attendent souvent comme un soulagement, celle entre l’Italie et la Slovénie, dans l’extrême nord-est du pays. Pourtant, la situation qui les attend n’est souvent pas à la hauteur de leurs espérances. Trieste est la grande ville la plus proche de la frontière italo-slovène. De janvier à octobre 2023, plus de 12 000 migrants y sont passés. Qu’ils soient de passage pour quelques jours ou qu’ils demandent l’asile en Italie, des centaines de migrants se retrouvent à la rue en plein hiver. Les associations qui leur viennent en aide demandent à l’État d’intervenir.Un Grand reportage de Cécile Debarge qui s'entretient avec Patrick Adam.  Transatlantique... quand le rêve devient réalité En 1492, Christophe Colomb s’élançait des Canaries pour conquérir le Nouveau monde. Plus de cinq siècles plus tard, le port de Las Palmas, sur l’île de Gran Canaria, est toujours le principal point de rassemblement de tous les candidats à la transatlantique. Quand les Alizés s’établissent, à partir de fin novembre, l’activité redouble sur les quais. Certains vont partir en flottille au sein d’un rallye, d’autres en solitaire ; sur des petits voiliers ou de majestueux yachts ; en famille ou entre amis. Les progrès de la technologie et des communications mettent le rêve de la transat à la portée de plus de monde aujourd'hui, mais pour tous, cette aventure sera le fruit d’une longue préparation, la concrétisation d’un rêve.Un Grand reportage de Frédéric Faux qui s'entretient avec Patrick Adam. 
2/18/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Le Charles de Gaulle à l’heure des défis navals ET Corée du Sud, reine du recyclage des déchets alimentaires

Le Charles de Gaulle à l’heure des défis navalsAprès 8 mois au port pour entretien, le Charles de Gaulle a repris la mer ! Le navire amiral de la flotte française a appareillé de Toulon, en début d’année 2024. Il y a, quelques jours, les avions ont rejoint le bâtiment… Le groupe aéronaval remonte en puissance avant de partir en mission, dans un contexte international tendu où les conflits se déroulent désormais aussi en mer…Un Grand reportage de Franck Alexandre qui s'entretient avec Patrick Adam.  Corée du Sud, reine du recyclage des déchets alimentairesDepuis le 1er janvier 2024, les Français doivent trier leurs déchets alimentaires. Une transition que la Corée du Sud a effectuée, il y a une vingtaine d’années, en modernisant son système à grande vitesse et avec des résultats impressionnants. En 1995, seuls 2% des biodéchets étaient recyclés, pour 97% à l’heure actuelle. Derrière ce succès, des déchets taxés, des poubelles intelligentes et du tri qui permettent de transformer les restes alimentaires en fertilisant et biogaz. Comment le pays a-t-il réussi une telle mutation ?Un Grand reportage de Nicolas Rocca qui s'entretient avec Patrick Adam. 
2/17/202448 minutes, 30 seconds
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Transatlantique… quand le rêve devient réalité

En 1492, Christophe Colomb s’élançait des Canaries pour conquérir le Nouveau monde. Plus de cinq siècles plus tard, le port de Las Palmas, sur l’île de Gran Canaria, est toujours le principal point de rassemblement de tous les candidats à la transatlantique. Quand les Alizés s’établissent, à partir de fin novembre, l’activité redouble sur les quais. Certains vont partir en flottille au sein d’un rallye, d’autres en solitaire ; sur des petits voiliers ou de majestueux yachts ; en famille ou entre amis. Les progrès de la technologie et des communications mettent le rêve de la transat à la portée de plus de monde aujourd'hui, mais pour tous, cette aventure sera le fruit d’une longue préparation, la concrétisation d’un rêve.« Transatlantique… quand le rêve devient réalité », un Grand reportage de Frédéric Faux.
2/15/202419 minutes, 30 seconds
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La Corée du Sud, reine du recyclage des déchets alimentaires

Depuis le 1er janvier 2024, les Français doivent trier leurs déchets alimentaires. Une transition que la Corée du Sud a effectuée, il y a une vingtaine d’années, en modernisant son système à grande vitesse et avec des résultats impressionnants. En 1995, seuls 2% des biodéchets étaient recyclés, pour 97% à l’heure actuelle. Derrière ce succès, des déchets taxés, des poubelles intelligentes et du tri qui permettent de transformer les restes alimentaires en fertilisant et biogaz. Comment le pays a-t-il réussi une telle mutation ? « La Corée du Sud, reine du recyclage des déchets alimentaires », un Grand reportage de Nicolas Rocca.
2/14/202419 minutes, 30 seconds
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À Trieste, les migrants oubliés de la route des Balkans

C’est une frontière que les migrants qui empruntent la route des Balkans occidentaux attendent souvent comme un soulagement, celle entre l’Italie et la Slovénie, dans l’extrême nord-est du pays. Pourtant, la situation qui les attend n’est souvent pas à la hauteur de leurs espérances. Trieste est la grande ville la plus proche de la frontière italo-slovène. De janvier à octobre 2023, plus de 12 000 migrants y sont passés. Qu’ils soient de passage pour quelques jours ou qu’ils demandent l’asile en Italie, des centaines de migrants se retrouvent à la rue en plein hiver. Les associations qui leur viennent en aide demandent à l’État d’intervenir. « À Trieste, les migrants oubliés de la route des Balkans », un Grand reportage de Cécile Debarge.
2/13/202419 minutes, 30 seconds
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Le Charles de Gaulle à l’heure des défis navals

Après 8 mois au port pour entretien, le Charles de Gaulle a repris la mer ! Le navire amiral de la flotte française a appareillé de Toulon, en début d’année 2024. Il y a, quelques jours, les avions ont rejoint le bâtiment… Le groupe aéronaval remonte en puissance avant de partir en mission, dans un contexte international tendu où les conflits se déroulent désormais aussi en mer… « Le Charles de Gaulle à l’heure des défis navals », un Grand reportage de Franck Alexandre.
2/12/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Somaliland : une quête pour la reconnaissance et Turquie : Hatay, un an après le séisme, des ruines et des fantômes

Somaliland, une quête pour la reconnaissanceLe 1er janvier 2024, l’Éthiopie et le Somaliland annoncent la signature d’un protocole d’accord. Il offre un accès à la mer à Addis Abeba, en échange de sa reconnaissance du Somaliland qui s’est séparé de la Somalie en 1991. L’accord prévoit un partenariat commercial mais surtout, la location de 20 km de côte pour une base navale éthiopienne. Cette annonce fait l’effet d’une bombe dans toute la Corne d’Afrique et le monde arabe.Un Grand reportage de Gaëlle Laleix qui s'entretient avec Patrick Adam.Turquie : Hatay, un an après le séisme, des ruines et des fantômesLe 6 février 2023, deux tremblements de terre... 7,7 et 7,6 sur l’échelle de Richter dévaste le sud et l’est de la Turquie, ainsi que le nord de la Syrie. En un instant, plus de 9 millions de personnes ont vu leur vie bouleversée. Après, ceux qui ont pu sont partis, pour tenter de reconstruire leur vie dans d’autres villes ou à l’étranger. Les autres sont restés. Dans le Hatay, 70 % de la population a été déplacée. Un an après, plusieurs centaines de milliers de personnes sont encore logées dans des conteneurs, et la reconstruction plus lente qu’espérée. Un Grand reportage de Céline Pierre-Magnani qui s'entretient avec Patrick Adam.
2/11/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Maroc : Imsouane, un village de pêche et de surf face aux bulldozers et Estonie : servir son pays coûte que coûte

Maroc : Imsouane, un village de pêche et de surf face aux bulldozersNous sommes à Imsouane, une petite ville de pêcheurs et de surfeurs au sud-ouest du Maroc. Depuis une vingtaine d’années, la vague d’Imsouane attire les surfeurs du monde entier et un tourisme alternatif, idéal pour les petits budgets et les amateurs d’un tourisme plus authentiques… Le mercredi 17 janvier 2024, les habitants et les commerçants du centre historique ont reçu l’ordre de quitter les lieux. L’ensemble des habitations et commerces construits sur le domaine public maritime sont concernés.Ils n’ont pas de titre de propriété, la plupart louent les terrains auprès de la commune, certains ont réussi à légaliser leur activité, d’autres pas. Si les habitants d’Imsouane savaient qu’un jour on leur demanderait de partir, ils ne s’attendaient pas à avoir si peu de temps pour le faire. En 48h, les bulldozers arrivent et détruisent l’ensemble des habitations du village historiqueUn Grand reportage de Nadia Ben Mahfoudh qui s'entretient avec Patrick Adam.    Servir son pays coûte que coûte, la ligue de défense estonienneDes exercices conjoints, c’est fréquent entre militaires… Mais quand récemment les parachutistes français se sont entraînés, avec d’autres sur l’île estonienne de Saaremaa, c’était avec des civils. Un travail en commun pour s’aider à repousser l’ennemi. Car en Estonie, il existe la ligue de défense, une organisation de civils donc, qui s’entraînent pour seconder les militaires en cas de conflit. C’est un rouage essentiel du système de défense de l’Estonie, et depuis l’invasion russe en Ukraine, elle prend de plus en plus d’importance.Un Grand reportage de Marielle Vitureau qui s'entretient avec Patrick Adam.  
2/10/202448 minutes, 30 seconds
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Maroc : Imsouane, un village de pêche et de surf face aux bulldozers

Nous sommes à Imsouane, une petite ville de pêcheurs et de surfeurs au sud-ouest du Maroc. Depuis une vingtaine d’années, la vague d’Imsouane attire les surfeurs du monde entier et un tourisme alternatif, idéal pour les petits budgets et les amateurs d’un tourisme plus authentiques… Le mercredi 17 janvier 2024, les habitants et les commerçants du centre historique ont reçu l’ordre de quitter les lieux. L’ensemble des habitations et commerces construits sur le domaine public maritime sont concernés. Ils n’ont pas de titre de propriété, la plupart louent les terrains auprès de la commune, certains ont réussi à légaliser leur activité, d’autres pas. Si les habitants d’Imsouane savaient qu’un jour on leur demanderait de partir, ils ne s’attendaient pas à avoir si peu de temps pour le faire. En 48h, les bulldozers arrivent et détruisent l’ensemble des habitations du village historique« Maroc : Imsouane, un village de pêche et de surf face aux bulldozers », un Grand reportage de Nadia Ben Mahfoudh.
2/8/202419 minutes, 30 seconds
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Servir son pays coûte que coûte, ou la ligue de défense estonienne

Des exercices conjoints, c’est fréquent entre militaires… Mais quand récemment les parachutistes français se sont entraînés, avec d’autres sur l’île estonienne de Saaremaa, c’était avec des civils. Un travail en commun pour s’aider à repousser l’ennemi. Car en Estonie, il existe la ligue de défense, une organisation de civils donc, qui s’entraînent pour seconder les militaires en cas de conflit. C’est un rouage essentiel du système de défense de l’Estonie, et depuis l’invasion russe en Ukraine, elle prend de plus en plus d’importance.  « Servir son pays coûte que coûte, ou la ligue de défense estonienne », un Grand reportage de Marielle Vitureau.
2/7/202419 minutes, 30 seconds
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Hatay : un an après le séisme, des ruines et des fantômes

Le 6 février 2023, deux tremblements de terre... 7,7 et 7,6 sur l’échelle de Richter dévaste le sud et l’est de la Turquie, ainsi que le nord de la Syrie. En un instant, plus de 9 millions de personnes ont vu leur vie bouleversée. Après, ceux qui ont pu sont partis, pour tenter de reconstruire leur vie dans d’autres villes ou à l’étranger. Les autres sont restés. Dans le Hatay, 70 % de la population a été déplacée. Un an après, plusieurs centaines de milliers de personnes sont encore logées dans des conteneurs, et la reconstruction plus lente qu’espérée.  « Hatay : un an après le séisme, des ruines et des fantômes », un Grand Reportage de Céline Pierre-Magnani.
2/6/202419 minutes, 30 seconds
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Somaliland : une quête pour la reconnaissance

Le 1er janvier 2024, l’Éthiopie et le Somaliland annoncent la signature d’un protocole d’accord. Il offre un accès à la mer à Addis Abeba, en échange de sa reconnaissance du Somaliland qui s’est séparé de la Somalie en 1991. L’accord prévoit un partenariat commercial mais surtout, la location de 20 km de côte pour une base navale éthiopienne. Cette annonce fait l’effet d’une bombe dans toute la Corne d’Afrique et le monde arabe. « Somaliland : une quête pour la reconnaissance », un Grand reportage de Gaëlle Laleix.
2/5/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Bénin, dans le berceau du vaudou et La cohabitation réussie des ours dans les Asturies

Bénin, dans le berceau du vaudouLa fête du vaudou, c’est chaque année au Bénin au mois de janvier. Cette année, les autorités ont organisé les « Vodun days » : deux jours de festivités dans la ville de Ouidah (à une quarantaine de kms à l’ouest de Cotonou). Objectif : attirer les touristes et déconstruire ces clichés négatifs qui collent au vaudou. Alors pour mieux comprendre de quoi il s’agit, nous vous  emmenons à la découverte de cette religion séculaire et des traditions qui l’accompagnent, parties intégrantes de l’identité béninoise.Un Grand reportage de Magali Lagrange qui s'entretient avec Patrick Adam. La cohabitation réussie des ours dans les AsturiesC’est l’histoire d’ une renaissance, il y a 30 ans, l’animal était en danger critique d’extinction. Aujourd’hui au nord-est de l’Espagne, dans la cordillère Cantabrique, vivent environ 370 ours. La cohabitation de ces animaux sauvages et des êtres humains se développe donc depuis quelques années, faisant des Asturies un modèle à suivre, car ici à la différence de la France, l’ours n’est presque plus considéré comme une menace, mais plutôt comme une chance.Un Grand reportage de Diane Cambon qui s'entretient avec Patrick Adam.
2/4/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Mineurs non accompagnés, une jeunesse abandonnée et Chypre-Nord : 50 ans après, les espoirs vains d’une réunification

Mineurs non accompagnés, une jeunesse abandonnéeEn langage administratif, on les appelle des MNA, des mineurs isolés. Dans la réalité, des jeunes, pour beaucoup venus d’Afrique et qui se retrouvent notamment à Marseille dans le sud de la France,  livrés à eux-mêmes. En France, près de 15.000 ont été identifiés en 2022. C’est à chaque département de les prendre en charge à condition qu’ils soient bien mineurs, c’est en général l’objet d’une bataille juridique. Très souvent déboutés en première instance, la majorité de ces jeunes sont reconnus majeurs en appel. Human Rights Watch dénonce des évaluations arbitraires qui privent les enfants de leurs droits au logement, à la santé et à l’éducation.Un Grand reportage de Justine Rodier qui s'entretient avec Patrick Adam.   Chypre-Nord : 50 ans après, les espoirs vains d’une réunificationEn juillet 1974, il y a cinquante ans, ou presque. L’armée turque envahit le nord de Chypre, officiellement pour protéger la population turcophone d’une tentative de coup d’État de la junte militaire grecque et stopper les massacres intercommunautaires. Depuis, Chypriotes grecs et turcs vivent divisés de part et d’autre d’une ligne de cessez-le-feu. Mais dans l’autoproclamée République turque de Chypre du Nord, la population vit asphyxiée par les embargos internationaux et s’inquiète de l’ingérence croissante d’Ankara. Les habitants espèrent une réunification, les pourparlers, eux, sont au point mort.Un Grand reportage de Marion Chapelain qui s'entretient avec Patrick Adam.  
2/3/202448 minutes, 30 seconds
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Mineurs non accompagnés : non-assistance à personne en danger ?

À Marseille, entre 150 et 200 personnes se déclarant mineurs dorment dehors. Le département doit les prendre en charge mais se dit débordé et prêt à se mettre « hors la loi » en les refusant. En France, 16 700 mineurs étrangers sont arrivés en 2019 et 14 700 en 2022, après une baisse durant les années covid. Dans le hall d’un bel immeuble du boulevard Longchamp, à Marseille, un brouhaha monte des escaliers. En bas des marches, des néons tressautent et tentent d’éclairer les deux pièces exiguës du sous-sol. Une cinquantaine de jeunes attend d’atteindre l’une des deux bénévoles. « Et hier c’était pire ! », crie Monique Cherel depuis l’autre bout de la cave.Deux fois par semaine, le Collectif 59 Saint-Just oriente les jeunes, fait le point sur leur situation, distribue des cartes téléphoniques. Parfois aussi, des tickets alimentaires de l’Abbé Pierre. C’est en réalité ce que beaucoup de jeunes sont venus chercher. « Je n’ai pas mangé depuis hier… » Mais Monique n’a plus de ticket, tout a été distribué la veille. « Je sais, j’étais là. Mais on était trop, je n’en ai pas eu.»Leurs visages sont creusés, parfois à l’extrême, les yeux rougis, le regard vide. Un jeune garçon sautille sur place, compulsivement. « Tu n’as pas besoin de parler, regarde juste leur tête : tu vois que ça ne va pas », souffle un garçon. À défaut de pouvoir manger, ils essaient de se réchauffer. Entre 150 et 200 personnes dorment dans la rue ou dans des squats à Marseille, selon les collectifs. Une majorité, reconnus mineurs en recoursLes jeunes se succèdent devant « Madame Catherine » qui remplit des fiches : « Tu as quel âge ? Tu dors où ? » Alassane* a 16 ans, il dort dans une tente. « Je vais faire une demande d’avocate pour toi. Tu as déjà fait l’évaluation de ta minorité avec l’Addap 13 ? »L’Addap 13 est l’association mandatée par le département des Bouches-du-Rhône (13) pour prendre en charge les mineurs non accompagnés (MNA). Mais ici comme ailleurs, les départements sont débordés. Pourtant, en 2022, le nombre de MNA est inférieur à celui de 2019, avant la crise sanitaire. De 16 700 à 14 700.Quand une place se libère, les jeunes sont logés à l’hôtel puis convoqués pour réaliser une « évaluation », durant laquelle le Département vérifie qu’ils sont mineurs. David Lemonnier, directeur général adjoint de l’Addap 13 admet que la plupart des évaluations conduisent à « la majorité » : 7 jeunes sur 10 sont déboutés en 2022. Politique de découragementCes jeunes attendent alors que leur demande de minorité soit réévaluée par le juge des enfants. En recours, 75% finissent finalement par avoir gain de cause, selon les associations. Une « politique de découragement », selon Jeanne, collectif 113. Ils ne sont pas les bienvenus : on les déclare majeurs pour qu’ils quittent le territoire. » Le sérieux des évaluations est aussi contesté. Sur celle de Moussa*, il est écrit : « L’intéressé ne semble pas intimidé par l’évaluateur [...], son langage et sa posture ne font pas ceux d’un adolescent mais d’un adulte [...]. Il ne présente pas les caractéristiques physiques d’un adolescent de 15 ans. » Sur la dernière page du dossier, la photocopie intégrale de son acte de naissance.David Lemonnier réfute toute subjectivité : « Nous sommes régulièrement contrôlés et la procédure est conforme. Et l’Addap 13 n’a aucune consigne du Département. » Mais pour Marlène Youchenko, avocate, le fait que les départements soient juges et parties pose un problème d’impartialité.En attendant leur recours, les jeunes ne sont plus protégés, sauf si le juge des enfants délivre une ordonnance de placement, ce qui arrive de moins en moins souvent, déplore l’avocate. « Juridiquement, c’est un trou dans la raquette », admet David Lemonnier. « Ils passent 6 mois ou un an dehors, dénonce Jeanne. Sans les bénévoles, ils mourraient et seraient en proie à tous les trafics. C’est de la non assistance à personne en danger. » Crise de l'accueilUn bras de fer se joue déjà entre les départements et l’État. L’Ain (01) a indiqué ne plus accueillir de MNA pendant trois mois. Martine Vassal, présidente du Conseil départemental (13) est prête à se mettre « hors la loi ». Ça ne serait pas la première fois : elle a déjà été plusieurs fois condamnée par le tribunal administratif. La question des MNA ne figure pas dans la loi immigration, ce que déplore l’Assemblée des départements de France (ADF). Gérald Darmanin leur a promis des aides financières.La question des moyens est indéniable. Mais les collectifs dénoncent unanimement un manque de volonté politique, alors que Martine Vassal revendique de fortes positions anti-immigration. En septembre, avant l’arrivée du Pape à Marseille, 40 jeunes ont occupé une église. Pour éviter le scandale, le département les a relogés en quelques jours. « On entend parler d’une “crise migratoire”, il s’agit en réalité d’une crise de l’accueil », estime Jeanne. Au milieu du champ de bataille, des jeunes essaient de ne pas mourir. « Je ne pensais pas que ça allait être si difficile », murmure Joël*, assis dans la cave du boulevard Longchamp. Après avoir quitté sa famille, traversé le désert et la mer sur une embarcation de fortune, il ne pensait pas dormir à la gare. « Là-bas, des inconnus nous donnent 5 euros pour manger. Le lendemain ils reviennent et nous proposent de vendre de la drogue. On refuse, mais on va manger comment ? » À l’autre bout de la cave, comme un disque fatigué, Monique Cherel répète en boucle : « Nous-n’av-ons pas-de-tic-kets-au-jour-d’hui ! ». Mais les jeunes ne peuvent pas l’entendre : « On a besoin d’aide », implorent-ils en se faisant passer une boîte de Nesquik trouvée on-ne-sait-où qu’ils vident par poignées affamées.*prénoms d’emprunt.
2/1/202419 minutes, 30 seconds
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Bénin : dans le berceau du vaudou

Les « Vodun days » : deux jours de festivités dans la ville de Ouidah (à une quarantaine de kms à l’ouest de Cotonou). Objectif : attirer les touristes et déconstruire ces clichés négatifs qui collent au vaudou. Alors pour mieux comprendre de quoi il s’agit, nous vous emmenons à la découverte de cette religion séculaire et des traditions qui l’accompagnent, parties intégrantes de l’identité béninoise. « Bénin : dans le berceau du vaudou », un Grand reportage de Magali Lagrange.
1/31/202419 minutes, 30 seconds
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La cohabitation réussie des ours dans les Asturies

C’est l’histoire d’une renaissance. Il y a 30 ans, l’animal était en danger critique d’extinction. Aujourd’hui, au nord-est de l’Espagne, dans la cordillère Cantabrique, vivent environ 370 ours. La cohabitation de ces animaux sauvages et des êtres humains se développe donc depuis quelques années, faisant des Asturies un modèle à suivre, car ici à la différence de la France, l’ours n’est presque plus considéré comme une menace, mais plutôt comme une chance. « La cohabitation réussie des ours dans les Asturies », un Grand reportage de Diane Cambon.
1/30/202419 minutes, 30 seconds
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Chypre Nord : 50 ans après les espoirs vains d'une réunification

En juillet 1974, il y a 50 ans ou presque, l'armée turque envahit le nord de Chypre officiellement pour protéger la population turcophone d'une tentative de coup d'État de la junte militaire grecque et stopper les massacres intercommunautaires. Depuis, Chypriotes grecs et turcs vivent divisés de part et d'autre d'une ligne de cessez-le-feu. Mais dans l'autoproclamée République turque de Chypre Nord, la population vit asphyxiée par les embargos internationaux et s'inquiète de l'ingérence croissante d'Ankara. « Chypre Nord : 50 ans après les espoirs vains d'une réunification », un Grand reportage de Manon Chapelain.
1/29/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Cameroun : l'assassinat de Martinez Zogo, un an après et Donald Trump, l'insubmersible

Cameroun : l'assassinat de Martinez Zogo, un an aprèsIl y a un an, le 22 janvier 2023, au matin, les Camerounais apprennent la découverte du corps sans vie de Martinez Zogo, de son vrai nom, Arsène Salomon Mbani Zogo, animateur d’une émission de radio très populaire à Yaoundé. Il avait 51 ans, une femme, des enfants...Tous les matins, en semaine, dans son émission « Embouteillages », il invectivait, dénonçait, vitupérait contre les maux de la société camerounaise et contre les puissants, à l’exception du président, Paul Biya, qu’il encensait.Un Grand reportage d'Amélie Tulet qui s'entretient avec Patrick Adam.   Donald Trump, l'insubmersibleAprès sa défaite électorale face à Joe Biden en 2020 et l’attaque du Capitole de Washington, certains prédisaient la fin politique de Donald Trump. Trois ans plus tard, l’ancien président, cerné par les affaires, semble plus populaire que jamais. Trump fait même l’objet d’une adoration quasi-religieuse de ses partisans. Deux-tiers des militants républicains pensent encore que la victoire lui a été volée, au lieu de freiner sa campagne pour sa réélection, les poursuites judiciaires l’ont en fait renforcé au sein de la droite. Dans la primaire républicaine, Donald Trump écrase toute opposition et personne ne semble en mesure de l’arrêter.Un Grand reportage de David Thomson qui s'entretient avec Patrick Adam.
1/28/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Kirkenes, dans l’Arctique norvégien et le temple d'Adyodhya en Inde

Kirkenes, à l’ombre du rideau de fer dans l’Arctique norvégienNous sommes à Kirkenes, dans l’extrême Nord norvégien, une ville frontalière avec la Russie. Depuis la guerre en Ukraine et la dégradation des relations entre l’Europe et la Russie, le quotidien est chamboulé. Dans cette petite ville de 3 500 habitants, on assiste en plein Arctique, au retour du rideau de fer, après 30 ans de cohabitation avec les Russes. La coopération transfrontalière était synonyme d’espoir et de prospérité dans la région, mais depuis février 2022, tout s’est arrêté ou presque. Un Grand reportage de Carlotta Morteo qui s'entretient avec Patrick Adam.   Le temple d'Ayodhya ou le triomphe de l'hindouisme politiqueLundi 22 janvier 2024, Narendra Modi a clos ce qu’il appelle un douloureux chapitre de l’histoire indienne. Le Premier ministre indien a inauguré, dans la ville d’Ayodhya, un temple dédié au dieu Ram, qui aura fait couler beaucoup d’encre et de sang. Il est en effet construit sur les ruines d’une mosquée détruite par les mouvements extrémistes hindous en 1992.Pour les nationalistes hindous, cette inauguration marque un tournant civilisationnel, et Ayodhya doit devenir la nouvelle capitale spirituelle du monde. Mais entre les murs de la cité millénaire, tout le monde n’est pas unanime, ni dupe d’un événement qui intervient en pleine campagne électorale.Un Grand reportage de Côme Bastin qui s'entretient avec Patrick Adam.  
1/27/202448 minutes, 30 seconds
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Le temple d'Ayodhya ou le triomphe de l'hindouisme politique

Lundi 22 janvier 2024, Narendra Modi a clos ce qu’il appelle un douloureux chapitre de l’histoire indienne.Le Premier ministre indien a inauguré, dans la ville d’Ayodhya, un temple dédié au dieu Ram, qui aura fait couler beaucoup d’encre et de sang. Il est en effet construit sur les ruines d’une mosquée détruite par les mouvements extrémistes hindous en 1992.Pour les nationalistes hindous, cette inauguration marque un tournant civilisationnel, et Ayodhya doit devenir la nouvelle capitale spirituelle du monde. Mais entre les murs de la cité millénaire, tout le monde n’est pas unanime, ni dupe d’un événement qui intervient en pleine campagne électorale. « Le temple d'Ayodhya ou le triomphe de l'hindouisme politique », un Grand reportage de Côme Bastin.  
1/25/202419 minutes, 30 seconds
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Donald Trump, l’insubmersible

Après sa défaite électorale face à Joe Biden en 2020 et l’attaque du Capitole de Washington, certains prédisaient la fin politique de Donald Trump. Trois ans plus tard, l’ancien président, cerné par les affaires, semble plus populaire que jamais. Trump fait même l’objet d’une adoration quasi-religieuse de ses partisans. Deux-tiers des militants républicains pensent encore que la victoire lui a été volée, au lieu de freiner sa campagne pour sa réélection, les poursuites judiciaires l’ont en fait renforcé au sein de la droite. Dans la primaire républicaine, Donald Trump écrase toute opposition et personne ne semble en mesure de l’arrêter.  « Donald Trump l’insubmersible », un Grand reportage de David Thomson.
1/24/202419 minutes, 30 seconds
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Kirkenes, à l’ombre du rideau de fer dans l’Arctique norvégien

Nous sommes à Kirkenes, dans l’extrême Nord norvégien, une ville frontalière avec la Russie. Depuis la guerre en Ukraine et la dégradation des relations entre l’Europe et la Russie, le quotidien est chamboulé. Dans cette petite ville de 3 500 habitants, on assiste en plein Arctique, au retour du rideau de fer, après 30 ans de cohabitation avec les Russes. La coopération transfrontalière était synonyme d’espoir et de prospérité dans la région, mais depuis février 2022, tout s’est arrêté ou presque.  « Kirkenes, à l’ombre du rideau de fer dans l’Arctique norvégien », un Grand reportage de Carlotta Morteo. 
1/23/202419 minutes, 30 seconds
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Cameroun : l’assassinat de Martinez Zogo, un an après

Il y a un an, le 22 janvier 2023, au matin, les Camerounais apprennent la découverte du corps sans vie de Martinez Zogo, de son vrai nom, Arsène Salomon Mbani Zogo, animateur d’une émission de radio très populaire à Yaoundé. Il avait 51 ans, une femme, des enfants...Tous les matins, en semaine, dans son émission « Embouteillages », il invectivait, dénonçait, vitupérait contre les maux de la société camerounaise et contre les puissants, à l’exception du président, Paul Biya, qu’il encensait. Un an après, l’enquête en est à son troisième juge d’instruction. Une vingtaine de suspects ont été arrêtés. Dont des membres de la DGRE, les renseignements camerounais.  « Cameroun : l’assassinat de Martinez Zogo, un an après », un Grand reportage d'Amélie Tulet, réalisation : Victor Uhl. 
1/22/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Le marché lucratif des perruques et la fin des visas Schengen pour le Kosovo

Le marché lucratif des perruquesAu Sénégal, des voleurs ont été arrêtés avec 91 perruques de seconde main. Ils ont été condamnés fin septembre 2023 à deux ans de prison, dont trois mois ferme. Un phénomène récurrent dans la capitale sénégalaise alors que les perruques de cheveux naturels coûtent très cher.Un Grand reportage de Théa Ollivier qui s'entretient avec Patrick Adam.Fin de visas Schengen pour le Kosovo, la crainte d'un nouvel exodeDepuis le 1er janvier 2024, les citoyens du Kosovo peuvent enfin voyager librement dans tout l'espace Schengen. Une mesure attendue depuis très longtemps, mais qui pourrait bien accélérer l'exode massif qui saigne le le petit pays des Balkans depuis de longues années. Les maigres salaires, la corruption et le manque de sécurité poussent les plus jeunes à tenter leur chance ailleurs.Un Grand reportage de Jean-Arnault Dérens et Simon Rico qui s'entretiennent avec Patrick Adam. 
1/21/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Le Chiapas (Mexique) s'enfonce dans la violence et Pénurie en eau à Omourtag (Bulgarie)

Le Chiapas (Mexique) s'enfonce dans la violenceChaque jour, la violence semble y gagner du terrain… Au sud du Mexique, l’État du Chiapas… La guerre entre les cartels qui se disputent le territoire fait vivre un enfer à la population. Le Chiapas est la région la plus pauvre du Mexique, oubliée des pouvoirs publics, victime de la corruption. Face à la menace sécuritaire, seule l’armée renforce sa présence, mais au Chiapas traumatisé par les massacres du passé, la population craint les militaires.Un Grand reportage de Gwendolina Duval qui s'entretient avec Patrick Adam.   À Omourtag, l’eau n’arrive pas jusqu’au robinetL'eau sera un des grands enjeux du monde de demain. Le cycle de l'eau est complètement bouleversé par les changements climatiques. En plus de devoir faire face à cette nouvelle réalité, la Bulgarie doit également repenser la gestion stratégique de ses ressources hydriques. À commencer par l'accès à l'eau qui fait défaut depuis des décennies dans certaines régions du pays. Et trouver une solution est plus facile que de l'appliquer.Un Grand reportage de Damian Vodénitcharov qui s'entretient avec Patrick Adam.  
1/20/202448 minutes, 30 seconds
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Le Chiapas, un État mexicain qui s’enfonce dans la violence

Chaque jour la violence semble y gagner du terrain… Au sud du Mexique, l’État du Chiapas… La guerre entre les cartels qui se disputent le territoire fait vivre un enfer à la population. Le Chiapas est la région la plus pauvre du Mexique, oubliée des pouvoirs publics, victime de la corruption. Face à la menace sécuritaire, seule l’armée renforce sa présence, mais au Chiapas traumatisé par les massacres du passé, la population craint les militaires. « Le Chiapas, un État mexicain qui s’enfonce dans la violence », un Grand reportage de Gwendolina Duval.
1/18/202419 minutes, 30 seconds
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À Omourtag, l’eau n’arrive pas jusqu’au robinet

L'eau sera un des grands enjeux du monde de demain. Le cycle de l'eau est complètement bouleversé par les changements climatiques. En plus de devoir faire face à cette nouvelle réalité, la Bulgarie doit également repenser la gestion stratégique de ses ressources hydriques. À commencer par l'accès à l'eau qui fait défaut depuis des décennies dans certaines régions du pays. Et trouver une solution est plus facile que de l'appliquer.  « À Omourtag, l’eau n’arrive pas jusqu’au robinet », un Grand reportage de Damian Vodénitcharov.
1/17/202419 minutes, 30 seconds
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Fin de visas Schengen pour le Kosovo, la crainte d'un nouvel exode

Depuis le 1er janvier 2024, les citoyens du Kosovo peuvent enfin voyager librement dans tout l'espace Schengen. Une mesure attendue depuis très longtemps, mais qui pourrait bien accélérer l'exode massif qui saigne le le petit pays des Balkans depuis de longues années. Les maigres salaires, la corruption et le manque de sécurité poussent les plus jeunes à tenter leur chance ailleurs. « Fin de visas Schengen pour le Kosovo, la crainte d'un nouvel exode », un Grand reportage signé Jean-Arnault Dérens et Simon Rico. 
1/17/202419 minutes, 30 seconds
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Le marché lucratif des perruques

Au Sénégal, des voleurs ont été arrêtés avec 91 perruques de seconde main… ils ont été condamnés fin septembre 2023 à deux ans de prison, dont trois mois ferme. Un phénomène récurrent dans la capitale sénégalaise alors que les perruques de cheveux naturels coûtent très cher. « Le marché lucratif des perruques », un Grand reportage de Théa Ollivier.
1/15/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Au Canada, la résilience des habitants meurtris par les feux de forêt et les grands incendies de cet été au Québec

Au Canada, la résilience des habitants meurtris par les feux de forêtLe Canada a subi en 2023 la pire saison des feux de son histoire, avec 18,4 millions d'hectares brûlés. Dans l'ouest du pays, dans la ville de West-Kelowna située au bord du lac Okanagan, les habitants ont été particulièrement touchés. Des centaines de bâtiments ont été détruits ou endommagés dans la vallée. Après une telle catastrophe, vouée à se reproduire, les habitants tentent de panser leurs blessures et de trouver des solutions.Un Grand reportage de Léopold Picot qui s'entretient avec Patrick Adam.  La forêt québécoise après les grands incendies de cet été« Ici dans le rang 8, on a vraiment eu peur. J’étais très inquiète car j’avais peur pour la sécurité de mes pompiers… On a réussi à sortir notre camion. Il était temps qu’ils sortent de là. ». Doris Drolet, la chef pompier du village de Normetal cerné par les flammes en juin 2023, n’est pas près d’oublier son combat contre cet incendie qui a duré plusieurs semaines... Jamais en 100 ans, la forêt aménagée du Québec n’avait subi un pareil désastre. Le manque d’humidité dû à des températures élevées au printemps, conjugué à la foudre ont provoqué d’énormes incendies... Depuis, c’est la course contre la montre pour aller couper le bois brûlé avant que les insectes ne le ravagent. Et les chercheurs tentent de comprendre ce qui va pouvoir repousser désormais.Un Grand reportage de Pascale Guéricolas qui s'entretient avec Patrick Adam.
1/14/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Les années rennaises de Laurent Pokou et alerte sécheresse au lac Titicaca

Les années rennaises de Laurent PokouLe Stade de San Pedro, ainsi que le ballon officiel de la Coupe d'Afrique des Nations porteront son nom. À quelques jours du début de la CAN en Côte d’Ivoire, son aura n'a pas faibli. Laurent Pokou est mort, en novembre 2016, mais le souvenir de l'ancien attaquant des Éléphants de Côte d'Ivoire demeure. Une reconnaissance posthume pour celui qui fut l’homme d’Asmara, en référence à ses performances lors de la Coupe d’Afrique des nations en Éthiopie en 1968 et restée célèbre aussi pour son quintuplé face aux Éthiopiens, deux ans plus tard lors de la CAN au Soudan...Longtemps empêché de quitter la Côte d'Ivoire, celui que le roi Pelé lui-même avait désigné comme son successeur avait fini, sur le tard, par exporter son talent. Et contre toute attente, alors que de très nombreux clubs lui faisaient les yeux doux, c'est en Bretagne, à Rennes qu'il atterrit. Le début d'une aventure sportive et humaine de 5 ans... Sur une terre bretonne qui garde encore aujourd’hui le souvenir de l’attaquant ivoirien.Un Grand reportage d'Antoine Grognet qui s'entretient avec Patrick Adam.   Alerte sécheresse au lac TiticacaLe lac Titicaca, plus haut lac navigable au monde, à cheval entre le Pérou et la Bolivie, est en alerte sécheresse depuis quatre mois (mois de juillet 2023). Son niveau est historiquement bas. à cause du manque de pluies et de températures anormalement hautes. Une source d’inquiétude pour les habitants de la région de l’Altiplano. Grand reportage sur les rives du lac, côté péruvien.Un Grand reportage de Juliette Chaignon qui s'entretient avec Patrick Adam.  
1/13/202448 minutes, 30 seconds
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La forêt québécoise après les grands incendies de cet été

« Ici dans le rang 8, on a vraiment eu peur. J’étais très inquiète car j’avais peur pour la sécurité de mes pompiers… On a réussi à sortir notre camion. Il était temps qu’ils sortent de là. ». Doris Drolet, la chef pompier du village de Normetal cerné par les flammes en juin 2023, n’est pas près d’oublier son combat contre cet incendie qui a duré plusieurs semaines... Jamais en 100 ans, la forêt aménagée du Québec n’avait subi un pareil désastre. Le manque d’humidité dû à des températures élevées au printemps, conjugué à la foudre ont provoqué d’énormes incendies... Depuis, c’est la course contre la montre pour aller couper le bois brûlé avant que les insectes ne le ravagent. Et les chercheurs tentent de comprendre ce qui va pouvoir repousser désormais. « La forêt québécoise après les grands incendies de cet été », un Grand reportage de Pascale Guéricolas.
1/11/202419 minutes, 30 seconds
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Au Canada, la résilience des habitants meurtris par les feux de forêt

Le Canada a subi en 2023 la pire saison des feux de son histoire, avec 18,4 millions d'hectares brûlés. Dans l'ouest du pays, dans la ville de West-Kelowna située au bord du lac Okanagan, les habitants ont été particulièrement touchés. Des centaines de bâtiments ont été détruits ou endommagés dans la vallée. Après une telle catastrophe, vouée à se reproduire, les habitants tentent de panser leurs blessures et de trouver des solutions. De notre correspondant à West-Kelowna,À quatre heures de route depuis Vancouver, voici West-Kelowna, dans la région de l'Okanagan. Des arbres brûlés, piliers noirs et sinistres, accueillent le visiteur. Juste à l'entrée de la ville, des murs sans toit se dressent, des habitations détruites, des carcasses fondues. Un terrain attire l'œil, complètement rasé, comme s'il n'avait jamais été construit. C'est ici que Tiffany Genge, une mère au foyer de 41 ans, avait sa maison, avec son mari et ses deux enfants.Trois mois après l'incendie, relogée à une dizaine de minutes en voiture, Tiffany panse encore ses blessures. Dans son immense salon, elle raconte : « J'ai attendu le dernier moment quand ils nous ont dit " vous devez partir maintenant ". J'ai dit aux enfants : "OK, on y va. Retournez dans vos chambres, choisissez un jouet dont vous ne pouvez absolument pas vous passer ". »Moins d'une heure après leur départ de la maison, le système de sécurité relié à son smartphone lui indique que la maison surchauffe, puis perd la connexion. « C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que la maison avait disparu », se souvient Tiffany.Aujourd'hui, plus que ses affaires, ce sont les souvenirs qui lui manquent. Relogée dans une grande maison, un ancien Airbnb réquisitionné par la ville, elle s'y sent comme étrangère : « C'est ce sentiment de se sentir chez moi qui me manque. En tant que mère, c'est comme un nid, n'est-ce pas ? Et donc j'y pense parfois… Ceci est une maison temporaire, et nous l'avons rendue aussi confortable et accueillante que possible, mais c'est là-bas que mes enfants ont appris à ramper, c'est là-bas qu'ils ont appris à marcher, qu'ils ont dit leur premier mot ». Les souvenirs qui apparaissent sur Facebook et sur son téléphone la prennent régulièrement aux tripes et lui rappellent ce qu'elle a perdu, confie-t-elle.Quelques jours seulement après le drame d'août 2023, l'assurance a pris le relais. Tiffany peut désormais penser à l'après : pas question de quitter sa région, renommée « Smokanagan », un jeu de mot entre l'Okanagan et « smoke », « fumée » en anglais. Ils ont été parmi les premiers à obtenir le permis de démolir la maison en ruines, et l'autorisation de commencer les travaux au printemps 2024. « C'est la partie la plus excitante de tout cela. Le fait de ne plus voir tout en noir, c'est excitant pour moi et pour les enfants parce qu'ils se disent : « Oh, on va avoir de nouveaux trucs !!! », s'esclaffe Tiffany.Une saison exceptionnelleWest-Kelowna est habituée aux feux de forêts. Mais celui du mois d'août a bien failli emporter toute la municipalité, et la ville située en face, Kelowna. Pour la première fois, les flammes ont traversé le lac Okanagan, et ravagé plus de 200 habitations sur les deux rives.Depuis l'école de Mount Boucherie, Paige, 15 ans, piercing au nez, sourire aux lèvres, voyait même encore les fumerolles en allant en cours début septembre : « On en parlait plus à la rentrée, on se disait quelle maison avait brûlé, ou pas. Mais les incendies sont devenus une chose tellement normale à West-Kelowna, que nous n'en avons plus vraiment reparlé ».La plupart des amis de Paige ont été évacués cet été, quand les flammes sont arrivées. « Nous prenions des nouvelles les uns des autres tous les jours (...) et j'essayais de les soutenir avec des phrases un peu banales, comme (...) "ce ne sont que des objets, au moins on a perdu personne, n'est-ce pas ?" », raconte Paige.La jeune fille admet que la crise climatique la préoccupe beaucoup encore plus depuis que les phénomènes météorologiques locaux changent : moins de neige l'hiver en Okanagan, et des incendies tous les étés.Toute la région de l'Okanagan a subi de plein fouet cette saison estivale catastrophique : de la fumée, partout, tout le temps. Les flammes qui se rapprochent des maisons, qui réveillent pendant la nuit et qui paralysent le cours normal des choses. Assise dans un café à quelques kilomètres de West-Kelowna, Mélanie confie avoir perdu beaucoup d'argent cet été :  «Je suis peintre en bâtiment et j'avais des travaux à l'extérieur que je fais normalement en été : ils ont tous été annulés. Personne n'était intéressé, et je ne leur en veux pas. Moi-même, ça ne m'intéressait pas d'être à l'extérieur, c'était déjà assez difficile de respirer pour se déplacer et faire ses tâches quotidiennes. »La travailleuse estime avoir perdu 15 000 dollars de bénéfices, le temps de la saison des feux. Mélanie est loin d'être un cas isolé : de nombreux secteurs subissent les conséquences des feux, dont le tourisme, évidemment.Le tourisme frappé de plein fouetAu centre d'accueil des visiteurs de West-Kelowna, désert, il y a un musée consacré à la foresterie, un thème au cœur de l'identité de la ville. Pour le secteur touristique, les pertes économiques sont énormes. Jeremiah Rider est le directeur de l'Office de tourisme de West-Kelowna : « Nous avons constaté une baisse de fréquentation de 90 % ici. Dans l'Okanagan, nous en sommes au point où nous sommes presque excités lorsqu'il n'y a pas d'incendie. »Le professionnel du tourisme rappelle que les feux ne touchent pas que le tourisme : ils pèsent aussisur le marché du logement, déjà très tendu dans l'Okanagan, en réduisant le nombre de maisons disponibles.  Pour se donner du courage, Jeremiah pense à la communauté de West-Kelowna… Cet été, elle a fait preuve de résilience et de solidarité. Le directeur du musée montre fièrement une immense caisse en bois, posée devant l'accueil visiteurs et remplie de boîtes de conserves, de pâtes, et autres aliments essentiels. « C'est une boîte à dons pour la Banque alimentaire. Nous avons récolté près de 1 300 dollars en dons en espèces, sans compter la nourriture. »Une radio locale a même récolté près de 15 000 dollars de dons pour la Banque alimentaire et différentes collectes de fonds étaient en cours début novembre 2023. « Les gens se mobilisent pour aider les personnes touchées, et pour récompenser les pompiers, car c'est un travail énorme qu'ils ont eu, en particulier, le chef des pompiers Brolund, et le travail qu'il a dû faire pour maintenir la communauté en vie, pour que tout le monde reste positif et que tout le monde soit en sécurité », ajoute Jeremiah, admiratif.Des pompiers déterminésLa caserne des pompiers de Jason Brolund surplombe, sur une colline, la ville de West-Kelowna. Le chef des pompiers se dirige vers le garage immense et les camions rutilants, mais s'arrête en chemin, téléphone à la main pour montrer une image d'un immense panache de fumée : « Cette photo a été prise d'ici. C'est le jour où l'incendie a éclaté. C'était le 16 août. Aujourd'hui, c'est évidemment très différent, car nous sommes passés soudainement à l'automne ici. »Jason Brolund a été sur tous les fronts, coordonnant les centaines d'hommes mobilisés sur le terrain, dormant peu, craquant même parfois en direct à la télévision, en larmes. Tout l'été, sa caserne des pompiers est devenue sa deuxième maison. « Pour moi et la centaine de pompiers de mon département, nous continuions à venir tous les jours parce que c'est notre communauté. Nous vivons ici. Nos familles vivent ici. Nos parents vivent ici. Nous sommes allés à l'école ici. Nos professeurs habitent au coin de la rue… Nous voulons protéger cette communauté et lui montrer que nous sommes là pour elle. C'est ce qui nous a permis de rester motivés. »En septembre 2023, Jason Brolund a été invité à l'ONU par le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, pour parler de son expérience de terrain. Résoudre le dérèglement climatique, ce n'est pas de son ressort. Lui parle de ce qu'il voit dans sa région natale : plus de feux, plus forts, plus difficiles à gérer avec des étés plus arides. Et il y a des leçons à tirer de cette saison. « Si la première ligne de défense est laissée aux pompiers, il est bien trop tard. Nous ne pouvons pas mettre en place des services d'incendies suffisamment importants pour arriver à arrêter des feux de cette taille, avant qu'ils ne brûlent des maisons. Il faut investir en amont, comme avec FireSmart par exemple », assène le chef des pompiers.Apprendre les bons gestesPour atténuer ces feux de forêt, il y a une première solution : sensibiliser la population. L'initiative dont parle Jason Brolund, « FireSmart » ou Intelli-Feu en québécois, est un programme gouvernemental pour nettoyer les jardins et réduire le risque qu'ils s'enflamment.Direction le nord de West-Kelowna, à une centaine de kilomètres, où le même feu a dévasté plusieurs zones urbaines. Évacué cet été, un café posé au bord de la route, en bordure de forêt, se remet tout juste du désastre. Dan Stevens, un géant au grand sourire et à la verve passionnée, est déjà en train de commander sa boisson chaude. Il coordonne la sensibilisation pour FireSmart en Colombie-Britannique, et travaille aussi pour la Société des Services d'Urgences pour les Premières Nations de Colombie-Britannique.Dan Stevens était à Kelowna au moment où l'incendie a commencé à se propager. Il est donc rentré chez lui pour appliquer les principes de prévention des incendies de FireSmart à sa propre maison : « J'ai enlevé une partie de la végétation autour de ma maison, créé une zone intermédiaire autour de mon bâtiment, afin qu'il n'y ait pas de végétation inflammable. J'ai éloigné certains de mes meubles de jardin de la maison et de ma terrasse, juste au cas où des braises ou des tisons arriveraient. Car le vent peut souffler des tisons jusqu'à deux kilomètres aux alentours et cela peut déclencher des incendies lorsqu'ils se déposent sur des combustibles extérieurs ».Impossible de connaître le nombre de personnes qui utilisent le programme FireSmart, lancé par le gouvernement, il y a plus de 30 ans. Mais pour Dan, il est vital que ses principes soient connus et appliqués par tous. « Nous essayons d'atteindre toutes les communautés parce que 'l'enjeu n'est pas de savoir si le feu de forêt va arriver, mais quand il va arriver, et nous devons être préparés pour cela », rappelle-t-il, un regard inquiet par la fenêtre.Adapter les forêts mitoyennesLa deuxième solution, complémentaire de FireSmart, est de mieux entretenir les forêts, car de nombreux terrains forestiers appartiennent à des entreprises privées, situés parfois à quelques mètres seulement des habitations.Si ces parcelles ne sont pas entretenues, que du combustible est disponible au sol, elles risquent de s'enflammer encore plus vite. Coulter Roberts fait partie d'une entreprise de gestion forestière, Ntytix, qui s'inspire des anciennes pratiques des peuples autochtones du pays pour réduire l'intensité des feux aux abords des maisons.Casquette de son entreprise vissée sur la tête, le jeune homme a donné rendez-vous dans une forêt traitée par Ntytix et située sur les hauteurs de Kelowna… Elle a brûlé en 2021, sans atteindre les maisons. « L'objectif d'un projet comme celui-ci est de réduire les combustibles au sol qui vont porter le feu jusqu'à la couronne des arbres et provoquer un incendie plus intense », explique Robert Coulter en déambulant dans la forêt, le nez en l'air.Dans les bois proches des maisons, un grand nombre de branches d'arbres ont été élaguées jusqu'à trois mètres de hauteur. Les combustibles au sol ont été empilés et brûlés, un projet réalisé à la main par des équipes, avec des tronçonneuses et des scies d'élagage.Un projet comme celui de Ntytix coûte 8 000 dollars, pour 45 hectares de forêt traités, sans compter le coût en main-d'œuvre, qui rend impossible le traitement de toutes les forêts du Canada. « Il n'est pas réaliste d'arrêter tous les feux avec l'un de ces traitements. Ce n'est pas le but du projet. Il s'agit surtout de réduire l'intensité d'un incendie s'il se produit », rappelle Robert Coulter.Après une saison catastrophique, West-Kelowna se relève doucement de son traumatisme et cherche des solutions. Car les mois sont comptés : des feux brûlent encore sous la neige, et dès mars 2024, ils ressortiront, d'un bout à l'autre du Canada. L'arrivée du phénomène El Niño, annoncée par les scientifiques, pourrait aggraver la prochaine saison.
1/10/202419 minutes, 30 seconds
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Alerte sécheresse au lac Titicaca

Le lac Titicaca, plus haut lac navigable au monde, à cheval entre le Pérou et la Bolivie, est en alerte sécheresse depuis quatre mois (mois de juillet 2023). Son niveau est historiquement bas. à cause du manque de pluies et de températures anormalement hautes. Une source d’inquiétude pour les habitants de la région de l’Altiplano. Grand reportage sur les rives du lac, côté péruvien. « Alerte sécheresse au lac Titicaca », un Grand reportage de Juliette Chaignon.
1/9/202419 minutes, 30 seconds
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Les années rennaises de Laurent Pokou

Le Stade de San Pedro, ainsi que le ballon officiel de la Coupe d'Afrique des Nations porteront son nom. À quelques jours du début de la CAN en Côte d’Ivoire, son aura n'a pas faibli. Laurent Pokou est mort, en novembre 2016, mais le souvenir de l'ancien attaquant des Éléphants de Côte d'Ivoire demeure. Une reconnaissance posthume pour celui qui fut l’homme d’Asmara, en référence à ses performances lors de la Coupe d’Afrique des nations en Éthiopie en 1968 et restée célèbre aussi pour son quintuplé face aux Éthiopiens, deux ans plus tard lors de la CAN au Soudan... Longtemps empêché de quitter la Côte d'Ivoire, celui que le roi Pelé lui-même avait désigné comme son successeur avait fini, sur le tard, par exporter son talent. Et contre toute attente, alors que de très nombreux clubs lui faisaient les yeux doux, c'est en Bretagne, à Rennes qu'il atterrit. Le début d'une aventure sportive et humaine de 5 ans... Sur une terre bretonne qui garde encore aujourd’hui le souvenir de l’attaquant ivoirien.« Les années rennaises de Laurent Pokou », un Grand reportage d’Antoine Grognet.
1/8/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE 9 tirailleurs de retour au Sénégal et responsabiliser les auteurs de violences conjugales

Neuf tirailleurs de retour au Sénégal85, 88 ou 95 ans… Ces anciens combattants sont âgés. Ils sont neuf, tous résident à Bondy, en banlieue nord de Paris. Tous sont originaires du Sénégal. Ce sont les survivants de la 3ème et la dernière génération de tirailleurs qui ont combattu pour la France dans les guerres de décolonisation : l’Indochine et l’Algérie notamment. Le gouvernement français a pris une mesure qui leur permet de percevoir leur minimum vieillesse sans obligation de séjourner la moitié de l’année en France.Un Grand reportage de Sylvie Koffi qui s'entretient avec Patrick Adam.    Responsabiliser les auteurs de violences conjugales pour éviter la récidiveC’est un dispositif unique en France : un centre d’accompagnement et de prévention entièrement dédié aux personnes poursuivies pour violences conjugales, en grande majorité des hommes. Le centre, qui se trouve à Lille, permet d’héberger ces auteurs présumés. Et ils sont suivis, de manière renforcée, par une équipe pluridisciplinaire pour éviter la récidive. Une prise en charge globale pendant plusieurs mois, avant leur jugement, pour les aider à se responsabiliser et à sortir du déni.Un Grand reportage deLise Verbeke qui s'entretient avec Patrick Adam.  
1/7/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Métis de la colonisation belge et Europe cherche lithium désespérément

Métis de la colonisation belge: racines brouillées, vies briséesIls ont été arrachés à leur famille maternelle et placés dans des institutions religieuses à cause de leur couleur de peau. C’est l’histoire des métis de la colonisation belge, ces milliers d’enfants issus d’une mère noire et d’un père blanc, nés en République Démocratique du Congo, au Rwanda et au Burundi entre 1910 et 1960. Il y a quatre ans, la Belgique s’est officiellement excusée pour la « politique de ségrégation ciblée et d’enlèvements forcés » menée à leur encontre. Depuis, le gouvernement a lancé un projet de recherche visant à éclairer davantage cette page sombre de l’histoire du pays.Un Grand reportage de Laure Broulard qui s'entretient avec Patrick Adam.   Europe cherche lithium désespérémentIl y a l’or noir – le pétrole - et désormais l’or blanc, comme certains appellent le lithium. Extrêmement léger, très conducteur d’électricité, ce métal blanc est de plus en plus recherché, tant il est indispensable à la fabrication des voitures électriques, en pleine transition énergétique. Aujourd’hui, le lithium vient principalement de mines australiennes et chinoises, ou bien de lacs salés des hauts plateaux d'Amérique du Sud. Mais en cette période de tensions diplomatiques et économiques entre Pékin et Washington, et après la pandémie de Covid (qui avait entrainé des pénuries dans l’industrie), l’Europe cherche à assurer sa souveraineté dans ce domaine. Un Grand reportage de Justine Fontaine qui s'entretient avec Patrick Adam.  
1/6/202448 minutes, 30 seconds
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Las Vallas, l’école perdue au milieu des Andes

C’est une petite bâtisse rose perchée à plus de 3 000 m d’altitude dans la Cordillère des Andes. L’école de Las Vallas, dans la province de Catamarca en Argentine, accueille les enfants de la communauté autochtone Diaguita qui vit presque coupée du monde dans cette vallée proche de la frontière avec le Chili. À Las Vallas, pas de route ni de signal téléphonique. Le village le plus proche est à plusieurs heures de marche. Pour s’y rendre, les cinq professeurs de cette petite école traversent chaque semaine la réserve naturelle de Sierra de Belén. Sur place, ils sont à la fois enseignants, infirmiers et assistants sociaux. Une forme de sacerdoce pour ces hommes et ces femmes qui mettent de côté leur vie de famille pour garantir le droit à l’éducation de ces enfants.Rediffusion du 27 septembre 2022. « Las Vallas, l’école perdue au milieu des Andes », un Grand reportage de Théo Conscience.
1/5/202419 minutes, 30 seconds
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Oman : voyage aux sources de l'encens

Véritable carrefour entre trois continents, l'histoire d'Oman -niché en bordure de la péninsule arabique- se confond depuis l'Antiquité avec celle des routes commerciales... Vers la Chine pour la soie et la vaisselle, vers l'Inde pour les épices. Mais aussi vers l'Afrique de l'Est (le Mozambique pour le commerce de l'or et de l'ivoire, puis Mombassa et Zanzibar pour celui du clou de girofle). Toutes ces routes ont également permis la diffusion du plus vieux parfum du monde : l'encens.Rediffusion du 23 novembre 2023. L'arbre à encens -le Boswellia sacra- ne pousse que dans cette région qui va de la Somalie à Oman en passant par le Yémen. C'est toujours aujourd'hui une des bases essentielles de la parfumerie mondiale... mais à Oman qui se présente comme « le pays de l'encens » cette culture millénaire  -autrefois activité prospère- a été délaissée. La richesse apportée, depuis les années 70, par le gaz et le pétrole ont transformé la société. Le pays cherche désormais à reconquérir ce patrimoine. « Oman : voyage aux sources de l'encens », un Grand reportage d'Isabelle Chenu. Réalisation : Jérémie Boucher.
1/4/202419 minutes, 30 seconds
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La fibre de vigogne, ce trésor de l’Altiplano

Des Andes, on connaît surtout les lamas, aussi les alpagas, mais on connaît moins la vigogne. Plus petite et plus fine, elle est sauvage, avec des allures de gazelle. Si la laine d’alpaga est très recherchée, celle de la vigogne est hors de prix, pour ne pas dire inestimable. L’animal aujourd’hui est protégé, dans tous les pays andins où il vit, son espèce n’est plus menacée. Direction la Bolivie où la saison de la tonte des vigognes a démarré en septembre et durera jusqu’en décembre.  «La fibre de vigogne, ce trésor de l’Altiplano», un Grand reportage d'Alice Campaignolle. (Rediffusion du 24 octobre 2022)
1/4/202419 minutes, 30 seconds
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Neuf tirailleurs de retour au Sénégal

85, 88 ou 95 ans… Ces anciens combattants sont âgés. Ils sont neuf, tous résident à Bondy, en banlieue nord de Paris. Tous sont originaires du Sénégal. Ce sont les survivants de la 3ème et la dernière génération de tirailleurs qui ont combattu pour la France dans les guerres de décolonisation : l’Indochine et l’Algérie notamment. Le gouvernement français a pris une mesure qui leur permet de percevoir leur minimum vieillesse sans obligation de séjourner la moitié de l’année en France.Rediffusion du 16 mai 2023. Ils vont enfin pouvoir retourner dans leur pays d’origine. Sylvie Koffi a fait le voyage avec les neuf premiers à partir. «9 tirailleurs de retour au Sénégal», un Grand reportage de Sylvie Koffi. En images
1/3/202419 minutes, 30 seconds
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Terres rares en Laponie, les Samis face aux mines

À l'heure de la transition énergétique, les terres rares sont le nouvel eldorado minier. Il faut dire que ces composants sont indispensables à la fabrication de batteries électriques et d'éoliennes, notamment. Alors, depuis que le géant minier suédois a annoncé (en janvier avoir découvert le plus grand gisement de terres rares à Kiruna, près du cercle arctique), l'Union Européenne nourrit l'espoir de s'émanciper (un peu) de la Chine, dont elle dépend totalement. Aubaine ou malédiction... Sur place, la question divise et inquiète particulièrement les Samis, le peuple autochtone du Grand Nord, dont l'activité ancestrale - l'élevage de rennes - est directement menacée. « Terres rares en Laponie, les Samis face aux mines », un Grand Reportage de Carlotta Morteo.Rediffusion du 10 avril 2023.
1/2/202419 minutes, 30 seconds
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Sports de combat: quand le MMA se fait une belle place en France

De sport paria, il y a encore trois ans, à véritable phénomène de société, le MMA, les arts martiaux mixtes, s’est fait une place de choix sur le territoire français. Le public est au rendez-vous, lors des différents événements organisés à Paris, les combattants font partie des plus grandes ligues mondiales. Comment le MMA est-il en train de s’imposer véritablement comme un sport majeur en France, son avenir est-il aussi radieux que ce qu’on lui prédit ?Rediffusion du 1 novembre 2023. Samedi 2 septembre 2023 à l’Accor Hôtel Arena de Paris Bercy. Près de 16 000 personnes se sont réunies pour suivre la soirée UFC (Ultimate Fighting Championship), la plus grande ligue mondiale d’arts martiaux mixtes. Ce soir-là, les combattants français ont brillé et le public a donné de la voix. De simples cris à des « Marseillaise » reprises en chœur, l’ambiance a tout du souvenir inoubliable pour la mère d’un des athlètes présents sur la carte, William Gomis. « C’était une très belle soirée, pleine de rebondissements et d’ambiance. De voir tout cet engouement pour du MMA en France, c'est beau à voir, j’espère que l’UFC reviendra rapidement ».En deux éditions, l’UFC a fait de Paris, et de la France, une nouvelle terre de MMA. Tout porte à croire que le marché national est florissant, insiste avec fierté le vice-président de la fédération américaine, David Shaw : « L’Arena a réalisé un bénéfice de 4 millions de dollars en billetterie, ce qui est un record. Il faut savoir que 70% des billets achetés le sont par des fans qui habitent en dehors de Paris », avant de renchérir avec le sourire : « On ne peut pas être plus satisfait de la manière dont l’UFC s’est implanté en France. J’étais au téléphone avec des collègues de Las Vegas juste après la soirée, ils m’ont dit à quel point le public était bruyant vu de l’écran. »« Les jeunes veulent faire comme les footballeurs »Depuis la légalisation de la pratique en France, en janvier 2020, la vague MMA engloutit tout sur son passage. Pour mieux comprendre le phénomène, il faut retourner à l’essence de ce sport, au contact des pratiquants amateurs. Située en plein cœur de Paris, la salle du Maccabi est une référence dans le milieu. Établissement moderne conçu sur deux étages, le Maccabi propose une multitude de cours de sports de combat, dont le MMA. Les inscriptions ont explosé depuis trois ans, le profil des combattants amateurs a évolué à l’image de Mory, 18 ans : « J’avais en tête de commencer par le MMA, mais depuis je pratique d’autres disciplines pour me perfectionner », explique-t-il en reprenant son souffle. Pour Romain, pratiquant de MMA depuis 2 ans, il y a une logique de voir des jeunes ne jurer que par les arts martiaux mixtes : « Effectivement, il y a de plus en plus de jeunes de 15-16 ans qui débutent par le MMA, c’est vrai qu’à l’instar des footballeurs, quand les jeunes regardent les stars du MMA, ils veulent faire comme eux. »Assommé de coup de téléphone, Benjamin Attia, le cousin de gérant de la salle, se plie en quatre pour réorganiser le planning de cours et faire de la place au MMA : « C’était timide au début, mais depuis le début de cette année on a eu plus de 1200 inscrits. L’année d’avant, c'était dans les 800, on a augmenté de près de 50% », se réjouit le jeune homme à l’impressionnante carrure : « C'est un sport qui parle aux jeunes, qui est en train d’entrer dans leurs mœurs. L’arrivée de l’UFC à Paris nous a aussi permis de nous développer, tout comme l’avènement de nouvelles stars de la discipline comme Ciryl Gane ou Greg. »Greg, c’est le diminutif de Grégory Bouchelaghem, professeur de MMA et combattant professionnel de 46 ans, connu sur YouTube sous le nom de GregMMA. Avec près d’un million d’abonnés, celui qui vient de reprendre sa carrière de combattant tente, à sa manière, d’expliquer le développement fulgurant de la pratique : « Le MMA correspond bien à l’époque actuelle, c’est le métissage globalisé, le mélange des cultures. C'est le pragmatisme à l’américaine donc c’est normal que ça cartonne », martèle-t-il.« J’ai trouvé cette haine injuste »Un sport qui cartonne en France, mais qui n’est pas sans côtés sombres. Avec des fans déchaînés, dans le public et sur les réseaux sociaux, difficile de faire la part des choses, même si l’on est adulé comme Cyril Gane, porte-drapeau de la discipline et star de l’UFC. Sa défaite rapide contre l’Américain Jon Jones en mars dernier a laissé des traces sur Internet : « Je suis conscient de ce que sont les réseaux sociaux, j’étais armé pour ça », souligne le colosse de 115 kilos, affalé dans son fauteuil de chambre d’hôtel. Le poids lourd français ajoute : « J’ai eu de la peine pour les haineux, j’ai trouvé ça injuste. »Une bonne dose d’ingratitude, conséquence d’un sport en pleine métamorphose. À Nice, Aldric Cassata en sait quelque chose. Le manager de Manon Fiorot, française la plus proche d’une ceinture mondiale à l’UFC, a combattu lorsque le MMA était honni. Dorénavant dirigeant de la Boxing Squad, une petite salle, située au quatrième étage d’un bâtiment en périphérie de la ville, le vétéran se souvient : « On n’était pas du tout vu par les Français, il n’y avait pas les réseaux. C’était du défraiement, pas de la rémunération. On nous prévenait une semaine avant pour combattre. C’est l’envie martiale qui primait et rien d’autre », relate-t-il, couché sur les tatamis après une séance de boxe avec Manon Fiorot.Les réseaux sociaux, l’arme fatale du MMA, celle qui fait passer un combattant dans une autre dimension. Le Français Morgan Charrière, 28 ans, en est le parfait exemple. Nouveau venu à l’UFC, le Parisien qui s'entraîne désormais à l’US Métro Bizot, une salle moderne dans le style américain, s’est d’abord fait un nom sur YouTube : « Je me suis mis sérieusement à la création de vidéos en 2017. Je voulais faire ce travail en amont pour me faire connaître et faire connaître mon sport. Quand une forte communauté te suit, tu es pris plus au sérieux par les organisations, on te met plus en avant. C’est une vraie force de frappe. »Tous les feux sont au vert pour que le MMA devienne incontournable sur le territoire, au point de détrôner des sports plus établis comme le football et le rugby ? Pas si sûr, à en croire le journaliste spécialiste des sports de combat à l'Équipe, Jean-Charles Barès : « La réglementation actuelle fait qu’il est impossible de diffuser du MMA sur une chaîne gratuite avant 22 H 30. Modifier cette règle aiderait à développer la discipline, mais on ne va pas faire la fine bouche, c'est le début d’une histoire », analyse-t-il. Et pourquoi pas les Jeux Olympiques ? « C'est tout à fait possible, car le format est adapté. La question pourrait se poser d'ici à quelques années ».
1/1/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE La question du climat au Groënland et dans la campagne présidentielle en Californie

Le Groënland, la plus grande île du monde, s’étend sur un peu plus deux millions de km², dont 81 % recouverts de glace, avec une population de seulement 57 000 habitants, c’est l’un des territoires les moins densément peuplés au monde. Il appartient au royaume du Danemark mais les revendications d’indépendance y prennent de l’ampleur, notamment chez une partie de la jeunesse, qui revendique de plus en plus son appartenance à la culture Inuit, le peuple indigène du Groënland. De nombreuses questions demeurent, notamment celle de la viabilité financière du projet indépendantiste puisque l’île est encore très dépendante des subventions du gouvernement danois. Le réchauffement climatique, plus rapide, plus ravageur là-bas qu’ailleurs sur la planète, puisque la zone se réchauffe quatre fois plus vite que le reste du globe met en danger le mode de vie traditionnel des chasseurs, des communautés, des chiens de traîneau, mais en ouvrant de nouvelles routes maritimes et en offrant un accès à des ressources souterraines inédites, il ouvre des perspectives de mannes financières qui rendent les rêves d’indépendance désormais palpables.  « Groënland : les enjeux politiques du changement climatique », un Grand reportage de Carol Isoux « Comment la Californie veut imposer la question du climat dans la campagne présidentielle », un Grand reportage de Thomas Harms. Cet été, l’actualité américaine s’est focalisée sur les incendies. Quatre-vingt-dix-sept morts à Hawaï, mais aussi les 18 millions d’hectares de forêts partis en fumée au Canada, des fumées que tous les États-Unis ont vues et senties. Des incendies qui témoignent de l’accélération de la crise climatique.Même en Californie, État le plus en pointe dans la lutte contre le réchauffement, on s’interroge, À un an de l’élection présidentielle aux États-Unis, est-ce que la question du climat va-t-elle peser sur les votes ?Rediffusion du 12 novembre 2023.
12/31/202348 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Production de cocaïne en Colombie et une vie au travail en Corée du Sud

La Colombie, c’est le premier pays producteur de cocaïne au monde, c’est là que se cultive la feuille de coca, la base de production de cette drogue. Mais, depuis quelques années, le trafic de la cocaïne est bousculé par l’arrivée des drogues synthétiques. Les autorités d’ailleurs s’inquiètent, ces drogues font plus de dégâts parmi les consommateurs, comme le tusi, un nouveau cocktail de produits très à la mode. Un Grand reportage de Najet Benrabaa.  « En Corée du Sud, une vie au travail », un Grand reportage de Nicolas RoccaCombien d’heures travaillez-vous par semaine ? 40, 45, 50 ? Plus ? En Corée du Sud, le président Yoon Suk-yeol a proposé de pouvoir aller jusqu’à 69 h de travail par semaine. L’idée est d’offrir aux entreprises la possibilité d’augmenter les heures travaillées en période de forte activité, et de permettre aux employés de se rattraper ensuite avec plus de congés ou des semaines allégées. Mais la mesure a été rejetée massivement par la jeunesse. Car la Corée du Sud est déjà l’un des pays où l’on travaille le plus au monde, plus de 1 900 heures par an en moyenne. Près de 400 de plus que la France et 300 de plus que le voisin japonais. Rediffusion du 11 novembre 2023.
12/30/202348 minutes, 30 seconds
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William Ponty au Sénégal, histoire d'une fabrique à élites coloniale

L’École normale William Ponty au Sénégal a laissé sa trace sur toute une période de l’histoire. Créée en 1903 pour éduquer des cadres africains à l'époque coloniale, elle a aussi formé beaucoup des dirigeants post-indépendance. Nostalgiques, les anciens élèves rêvent de restaurer le site et d’influencer les politiques éducatives. Un Grand reportage de Juliette Dubois, réalisation : Jérémie Boucher.Rediffusion du 28 novembre 2023.
12/28/202319 minutes, 30 seconds
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Responsabiliser les auteurs de violences conjugales pour éviter la récidive

C’est un dispositif unique en France : un centre d’accompagnement et de prévention entièrement dédié aux personnes poursuivies pour violences conjugales, en grande majorité des hommes. Le centre, qui se trouve à Lille, permet d’héberger ces auteurs présumés. Et ils sont suivis, de manière renforcée, par une équipe pluridisciplinaire pour éviter la récidive. Une prise en charge globale pendant plusieurs mois, avant leur jugement, pour les aider à se responsabiliser et à sortir du déni. «Responsabiliser les auteurs de violences conjugales pour éviter la récidive», un Grand reportage de Lise Verbeke.
12/27/202319 minutes, 30 seconds
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Europe cherche lithium désespérément

Il y a l’or noir – le pétrole - et désormais l’or blanc, comme certains appellent le lithium. Extrêmement léger, très conducteur d’électricité, ce métal blanc est de plus en plus recherché, tant il est indispensable à la fabrication des voitures électriques, en pleine transition énergétique. Aujourd’hui, le lithium vient principalement de mines australiennes et chinoises, ou bien de lacs salés des hauts plateaux d'Amérique du Sud. Mais en cette période de tensions diplomatiques et économiques entre Pékin et Washington, et après la pandémie de Covid (qui avait entrainé des pénuries dans l’industrie), l’Europe cherche à assurer sa souveraineté dans ce domaine. Rediffusion du 10 octobre 2023. À quelques centaines de mètres du village d’Echassières, dans le paysage vallonné du centre de la France, un grand cratère blanc pourrait voir s’installer l’une des plus importantes mines de lithium d’Europe. Pour l’instant, le site est une carrière de kaolin, une roche friable utilisée pour la porcelaine. Sous les gradins sillonnés par quelques machines de chantier se trouve un des plus grands gisements de lithium d’Europe. « Voilà l’entrée prévue de la galerie pilote qui permettrait d’alimenter notre usine pilote et de finir nos tests à l’échelle semi-industrielle, explique Benjamin Barré, géologue du groupe français Imerys, qui prévoit d’ouvrir une mine de lithium sous cette carrière en 2028. Nous sommes déjà en relation avec un bureau d’études pour nous aider à avoir des réponses pour la mine industrielle, la future mine ». Pour l’instant, des travaux d’exploration sont toujours en cours. Des salariés de l’entreprise sont en train d’extraire, avec l’aide d’une carotteuse, de longs cylindres de granit – des carottes dans le jargon de la géologie - qui seront ensuite analysés, pour évaluer leur richesse en lithium. La future mine souterraine n’a pas encore obtenu toutes les autorisations nécessaires. L’investissement prévu par Imerys est toutefois très important : plus d’un milliard d’euros, pour extraire la roche, la broyer, puis l’envoyer à quelques dizaines de kilomètres de là, vers une usine de raffinage, qui ne gardera que le lithium presque pur. « En France, je pense qu’il n’y a pas eu d’ouverture de mine ces 50 dernières années », avance Vincent Gouley, directeur de la Communication et du Développement durable pour les projets liés au lithium chez Imerys. « Quand vous trouvez un gisement de cette qualité au fond de votre jardin, il serait dommage de ne pas l’exploiter. Quelque part, nous avons de la chance d’avoir mis la main sur un tel gisement, sous un site existant », s’enthousiasme-t-il. Il a fait le voyage depuis Paris pour rencontrer des élus locaux et pour défendre le projet de mine. « En l’état de nos connaissances, il permettrait de produire 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium chaque année, sur au moins 25 ans. Cela correspond aux besoins en lithium de 700 000 véhicules électriques par an, c’est-à-dire la moitié de la production française [de voitures électriques] aujourd’hui. C’est un gisement significatif au niveau français et au niveau européen », se réjouit-il.  Un enjeu politique et de souveraineté Comme celui d’Imerys, les projets autour du lithium se multiplient en Europe : usines de batteries en France et en Allemagne, projets de mines au Portugal, en Espagne, en Finlande, ou encore au Royaume-Uni. Une réponse aux estimations du niveau de la demande en lithium dans les années à venir : celle-ci pourrait être multipliée par 25 d’ici à 2050, d’après l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). De quoi inciter le président français Emmanuel Macron à promouvoir l’extraction de lithium dans son pays, comme lors de cette interview sur la chaîne France 2, en octobre 2022.  « On n’a pas de pétrole, mais on a du lithium. Donc si on fait des batteries – et on en fera en France deux millions par an à la fin du quinquennat – il faut pouvoir sécuriser les approvisionnements. Car le coût d’une batterie est à 80% lié aux matériaux comme les terres rares, etc. C’est pour ça qu’on va rouvrir des mines de lithium. On évitera à nos enfants des crises comme on est en train de la vivre. Car on ne dépendra plus du pétrole qui vient d’autres pays, [on dépendra] beaucoup moins du gaz venant d’autres pays, et beaucoup moins des batteries électriques faites en Chine », assurait le président français. Aujourd’hui, près de la moitié du lithium produit dans le monde vient de mines australiennes. Un tiers vient de lacs salés des hauts plateaux du Chili, dans le désert d’Atacama. Enfin, la Chine extrait sur son sol 15% de la production mondiale. Une concentration qui inquiète les dirigeants européens, échaudés par la guerre en Ukraine, qui a mis en évidence la dépendance du continent vis-à-vis du gaz russe.  Pour tenter d’assurer une souveraineté européenne pour l'approvisionnement en lithium et autres minerais indispensables à la transition énergétique, la Commission européenne a lancé en 2022 une nouvelle législation sur les matières premières critiques. Des minerais « critiques » et des terres rares, « il y en a en Europe, mais maintenant il faut se donner les moyens de les extraire. Et ne pas dire ‘nous en Europe nous allons consommer et assembler, mais laisser les autres extraire’. Car nous savons bien qu’extraire est compliqué », tonnait en mars 2023 Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur. L’Union européenne s’est ainsi fixé des objectifs : « Sur l’extraction, l’objectif est [d’extraire sur le sol européen] 10% [des quantités de matières premières critiques dont nous aurons besoin] à l’horizon 2030. Certains diront que c’est peu mais nous sommes à 3% seulement aujourd’hui, donc c’est quand même un objectif ambitieux, estime Thierry Breton. Sur le raffinage 40% de nos besoins en 2030 doivent être faits en Europe. Et enfin nous avons un objectif de 15% de recyclage », concluait-il lors d’une conférence de presse à Bruxelles. Or, concernant le raffinage par exemple, aucune usine n’est opérationnelle à ce jour en Europe. De la mine à la batterie À Lauterbourg, à deux pas de la frontière franco-allemande, la start-up Viridian prévoit d'en installer une, en bordure d’un port industriel, le long du Rhin. La construction n’a pas encore commencé. Nous rencontrons donc le co-fondateur de Viridian lors d’un de ses passages à Paris.Le projet a obtenu 12 millions d’euros de subventions publiques, pour effectuer l’une des étapes intermédiaires entre les mines et les producteurs de batteries électriques. « En amont, le producteur de lithium extrait ce métal depuis de la roche dure ou de saumure [de l’eau salée]. Ensuite, il faut raffiner. Certains producteurs le font eux-mêmes. D’autres préfèrent l’envoyer chez des raffineurs indépendants tels que Viridian pour le transformer ou le purifier davantage, explique Rémy Welschinger, co-fondateur de Viridian. Puis, ce lithium est donné aux constructeurs de cathodes, pour construire des cellules de batteries. Ces cellules sont mises dans des packs de batteries et enfin on place ces packs de batteries dans des véhicules électriques », précise-t-il. Viridian espère ouvrir sa raffinerie en 2026, avec une centaine de salariés. La start-up est en négociations avec Verkor (qui prévoit d’ouvrir une grande usine de batteries du nord de la France) pour lui fournir du lithium. Quelles conséquences pour l’environnement ? L’Europe prévoit d’interdire les voitures à moteurs thermiques dès 2035. Cependant, avec les projets déjà connus aujourd’hui, la production de lithium ne suffirait pas à répondre à la demande mondiale de batteries électriques estimée pour 2030, anticipe l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). Malgré l’enthousiasme des dirigeants européens, les élus locaux ne sont pas tous à l’aise avec ces projets. Dans la région où Imerys veut creuser sa mine de lithium, certains n'ont pas souhaité nous parler. À Echassières, le village où la mine pourrait voir le jour, le maire a tout de même accepté de nous recevoir dans un petit bâtiment moderne où il est seul ce jour-là. Sur le principe, Frédéric Dalaigre est plutôt favorable à la mine, qui promet de créer près de 500 emplois directs, dont 300 à Echassières. Un chiffre énorme pour ce village d’à peine 400 habitants, dans une région rurale. « À l’échelle d’Echassières, c’est bien évidemment un projet de très grande taille », dit-il. « D’un point de vue économique, c’est évidemment positif pour la commune car si l’exploitation de lithium se fait, on aura des créations d’emplois sur la commune. Qui dit création d’emplois dit potentiellement plus d’habitants pour la commune et toutes les communes voisines. Cela veut dire plus de gens pour faire tourner nos commerces et plus d’enfants à l’école », souligne le maire. « Sur l’aspect environnemental, là, il y a une vigilance à apporter, notamment concernant la disponibilité en eau. L’eau est une préoccupation majeure partout en France. C’est le cas également dans l’Allier [le département où se trouve Echassières]. On attend des réponses à ce niveau-là, pour savoir où ils [Imerys] vont prendre l’eau, quelles sont les disponibilités locales, et où ils vont aller la chercher. » Dans le seul restaurant du village, face à l'église en pierre, un groupe d’amis finit de déjeuner. « Ce projet est une bonne nouvelle pour la commune », estime Kevin Fayol, qui élève des vaches à quelques centaines de mètres de la future mine. « Ça ne peut qu’apporter du travail en plus et davantage de population pour notre village », pense celui qui est aussi conseiller municipal. Autour de la table, tous sont favorables au projet, comme Eric Brun, conseiller municipal d’une commune voisine et agriculteur lui aussi. « On ne peut pas voir que les inconvénients, ce n’est pas possible. On nous parle tous les jours du local : ça c’en est, du local. Alors pourquoi être contre ? », avance-t-il. Pour autant, les habitants des alentours sont divisés. « Non à la mine », « Lithium non merci »... Voici les messages qu’on peut lire sur la route menant à Echassières. Nous retrouvons Xavier Thabarant quelques centaines de mètres au-dessus du site d’Imérys. Il est guide naturaliste, adhérent de France Nature Environnement et fait partie de « Préservons la forêt des Colettes », une association locale opposée à la mine. Dans cette forêt domaniale classée Natura 2000, « l’une des plus belles hêtraies de la région », selon Xavier Thabarant, un panneau signale la présence de la rosalie des Alpes, un insecte menacé.  « C’est cet insecte qui est en photo, bleu et noir, qui pond dans les hêtres. C’est notre insecte rare sur la forêt, et protégé. On est à deux pas de la mine, quand on regarde là derrière, on voit le haut [de la carrière]. J’espère que les arbres ne mourront pas mais s’ils meurent, l’insecte disparaîtra lui aussi [des lieux] », craint-il.  Pour son projet, Imerys aura besoin de puiser 600 000 mètres cubes d'eau par an*, assure l'entreprise. Soit l’équivalent de la consommation annuelle domestique de 11 000 Français environ. L’eau serait puisée à plusieurs kilomètres de la mine. L’endroit précis n’a pas encore été défini. Mais c'est l’un des points qui inquiète le plus les riverains. Sans compter la pollution à long terme habituellement générée par l’activité minière. Des nuisances que Xavier Thabarant n’accepte pas de voir justifiées par l’argument de la souveraineté. « C’est vrai qu’on a du lithium ici [en France] mais pour faire une batterie il faut aussi du cobalt, du manganèse... On a peut-être la moitié de ce dont on a besoin, donc on n’aura jamais l’indépendance énergétique », souligne-t-il. Pour les adhérents de Stop mines 03, une association qui se mobilise également contre le projet d'Imerys, les promesses de mine responsable avancées par Imerys, ne sont pas crédibles. « Même Imerys dit qu’il y aura des impacts environnementaux », souligne Sara Monimart, l’une des membres de l’association, qui se mobilise pour éviter que la mine voie le jour. « Ils [reconnaissent qu’ils] vont juste les minimiser. Cela veut dire qu’ils seraient capables de les minimiser ici mais qu’ils ne le font pas à l’étranger car ce n’est pas Europe et qu’il n’y a pas les mêmes normes ? C’est d’un cynisme monstrueux », dit-elle. En Serbie, en janvier 2022, la mobilisation de dizaines de milliers d’habitants a fini par mettre un coup d’arrêt à un projet de mine de lithium porté par la multinationale Rio Tinto. Les riverains - et les manifestants qui les soutenaient - craignaient des conséquences sur leur santé, et sur l’environnement. Lithium et géothermie En plus des mines de lithium issu de roche ou de lacs salés, il existe une autre manière de produire ce métal si recherché : la géothermie. En Europe, une dizaine de projets ont déjà été annoncés dans la vallée du Rhin. En effet, du lithium a été découvert dans les saumures (dans l’eau salée) du sous-sol de la région. Près de la frontière franco-allemande, à la sortie de la ville de Landau, 50 000 habitants, des ouvriers de la start-up australienne Vulcan appliquent de l’isolant en aluminium sur un impressionnant dédale de tuyaux. « C’est pour protéger les salariés de la chaleur dégagée par la saumure, l’eau salée issue de la géothermie », et puisée à plusieurs kilomètres de profondeur, explique Courtney Mahar, qui dirige la construction de cette usine pilote. « De l’autre côté de ce muret, ce sont nos voisins de la centrale de géothermie qui nous fournit des saumures. Là, dans ce cube gris se trouve le puits de forage. Et là, au fond du terrain le tuyau rejoint notre site. C’est comme ça que nous récupérons la saumure chargée en lithium », précise l’ingénieur. L’eau salée est filtrée pour en extraire le métal, avant de renvoyer le reste de l’eau et des minéraux dans le sous-sol. Le projet a commencé en 2018. Vulcan a levé près de 400 millions d’euros jusqu’à maintenant, sur un projet estimé à 1,5 milliard. La production de cette usine pilote doit débuter entre fin octobre et début novembre 2023. « Il y a trois étapes de production chez nous, explique Horst Kreuter, l’un des cofondateurs de l’entreprise. La première, c’est de forer des puits de géothermie [profonde] pour extraire de l’eau salée, de la saumure, dans le sous-sol. Ensuite, il faut séparer le lithium du reste de la saumure. On obtient alors un sel de lithium mais ce sel ne peut pas encore aller dans les batteries : il faut donc une étape supplémentaire, le raffinage, qui aura lieu à Francfort, dans une zone industrielle. » Après cette usine pilote, l’ambition de Vulcan est de passer à l’échelle industrielle, avec une usine environ 200 fois plus grande, qui produirait 24 000 tonnes de lithium chaque année, progressivement, à partir de 2026. « Plus de 30 usines de batteries sont en train d’être construites en Europe et ont besoin désespérément de lithium. Elles veulent se fournir sur le continent de lithium neutre en carbone. Et c’est exactement ce que nous faisons », se réjouit Horst Kreuter. La « neutralité carbone » à l’échelle d’une entreprise – dont se réclame Vulcan pour ses projets de lithium - est un concept contesté notamment par l’Ademe, l’agence française de la Transition écologique.Pour autant, les promesses d’une production moins polluante que les mines de roche dure conventionnelles font recette. « Nous avons déjà vendu toute notre production prévue pour les cinq prochaines années, alors que nous n’avons pas encore commencé à produire, poursuit Horst Kreuter. Nos clients sont Stellantis, Renault, Wolkswagen le groupe belge Umicore et puis LG, le deuxième plus grand fabricant de batteries au monde. » Cette méthode de production de lithium enthousiasme Valentin Goldberg et Fabian Nitschke, des chercheurs spécialisés dans la géothermie. Nous les rencontrons sur le campus de l’Institut technologique de Karlsruhe, à une trentaine de kilomètres de l’usine pilote de Vulcan.  Valentin Goldberg est doctorant au département de Géothermie. Il souligne les avantages d’extraire du lithium par la géothermie plutôt que dans de la roche ou dans des lacs salés d'Amérique du Sud.  « L’utilisation de ces saumures de la vallée du Rhin, les saumures de géothermie, est une forme d’extraction très peu invasive, dit-il. Car il y a juste deux petits puits de quelques centimètres de diamètres. Cela utilise moins de surface au sol, moins d’énergie et le grand avantage est que le marché se trouve ici [en Europe] : il n’y a quasiment pas besoin de transporter le lithium. Son impact environnemental est donc beaucoup moins important. Si l’exploitation se concrétise à l’échelle industrielle, ce serait donc plus propre que les mines conventionnelles », assure le doctorant. « Jusqu’à maintenant, nous avons toujours importé nos matières premières et notre énergie, comme le pétrole et le gaz, poursuit Valentin Goldberg. Nous exportions donc les dommages environnementaux que cela cause. Si nous avons la possibilité de produire notre propre énergie et nos propres matières premières, nous devrions prendre nos responsabilités et en assumer l’impact ici, là où nous les consommons, plutôt que de laisser à d’autres pays les dégâts que cela peut engendrer. » La construction des centrales de géothermie, qu’elles permettent ou non d’extraire du lithium, comporte tout de même des risques. « Nous avons constaté dans le passé que si les choses ne sont pas faites correctement, par exemple en allant trop vite, en appliquant des pressions trop fortes lors du forage, cela peut créer de l’activité sismique, qui peut être ressentie par la population. À Vendenheim [dans l’est de la France], mais aussi à Bâle [en Suisse, en 2006], il y a aussi eu des dommages limités, sur des maisons », souligne Fabian Nitschke, chercheur senior et directeur du Laboratoire de recherche dans lequel travaille Valentin Goldberg. Les habitants des alentours de Vendenheim, en banlieue de Strasbourg, ont en effet senti la terre trembler plusieurs fois à partir de la fin 2019. Dans un rapport commandé par les autorités françaises, des scientifiques ont conclu en 2022 que cette série de séismes avait été causée par le groupe français Fonroche, qui effectuait des forages pour construire une centrale de géothermie.  « Dans le cas de Vendenheim, les personnes qui ont subi des dommages n’ont pas été indemnisées de manière automatique et facile, souligne Fabian Nitschke. Ce qui a fait diminuer nettement l’acceptation de cette technologie » dans la région. Gionni Cuomo a ressenti plusieurs de ces tremblements de terre dans la banlieue de Strasbourg. « On s’est bien fait secouer », explique cet Alsacien qui participe à Vigiclimat, un collectif d’associations locales opposées aux projets de géothermie profonde (qu’ils permettent ou non d’extraire du lithium). « Le dernier en date, c’était en juin 2021 [mesuré à 3,9 sur l’échelle de Richter]. J’ai même eu le temps de me lever, sortir de mon lit et d’aller dans la chambre des enfants, cela tremblait toujours. », se souvient-il. À ce moment-là, il cherchait déjà « plus de terrain pour [ses] enfants », mais les séismes ont motivé « en grande partie notre décision de voir si l’herbe était plus verte ailleurs », dit-il. C’est à dire de déménager, à 45 min de voiture plus au nord. Pour constater « qu’il n’y a pas un seul projet de géothermie sur notre nouveau territoire mais une quinzaine de projets potentiels », regrette-t-il. ► À consulter : [Avis de l'Ademe] Tous les acteurs doivent agir collectivement pour la neutralité carbone, mais aucun acteur ne devrait se revendiquer neutre en carbone « Europe cherche lithium désespérément », un Grand reportage de Justine Fontaine, réalisé par Nicolas Benita.*Lors de l'interview, l'entreprise a indiqué avoir besoin de 500 000 mètres cubes d'eau par an pour sa mine industrielle et d'un apport 5 fois plus important au démarrage du projet. Par la suite, Imerys a souhaité corriger cette information et précisé qu'elle aura besoin de 600 000 mètres cubes par an, sans nécessiter de « remplissage initial significatif » en eau au démarrage de la mine. « Le besoin net en eau devrait même en toute logique être inférieur aux 600 000 mètres cubes évoqués plus haut les premières années de mise en service (il devrait atteindre cette cible progressivement) », assure l'entreprise.
12/26/202319 minutes, 30 seconds
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Métis de la colonisation belge: racines brouillées, vies brisées

Ils ont été arrachés à leur famille maternelle et placés dans des institutions religieuses à cause de leur couleur de peau. C’est l’histoire des métis de la colonisation belge, ces milliers d’enfants issus d’une mère noire et d’un père blanc, nés en République Démocratique du Congo, au Rwanda et au Burundi entre 1910 et 1960. Il y a quatre ans, la Belgique s’est officiellement excusée pour la « politique de ségrégation ciblée et d’enlèvements forcés » menée à leur encontre. Depuis, le gouvernement a lancé un projet de recherche visant à éclairer davantage cette page sombre de l’histoire du pays.Rediffusion « Métis de la colonisation belge : racines brouillées, vies brisées », un Grand reportage de Laure Broulard.   
12/25/202319 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Les victimes oubliées du château d'Hartheim en Autriche et les Mau Mau au Kenya

En Autriche, les victimes oubliées du château de HartheimDurant la Seconde Guerre mondiale, le château de Hartheim fut l’un des centres de mise à mort de l’opération d’euthanasie forcée des personnes souffrant de maladies psychiques ou de handicaps physiques et mentaux, mise en œuvre par le régime nazi. Entre 1940 et 1944, 30 000 personnes y furent assassinées. Des victimes longtemps restées dans l’oubli.Un Grand reportage de Isaure Hiace qui s'entretient avec Patrick Adam.  Kenya: les Mau Mau, de la lutte pour l'indépendance aux défis de la mémoireIl y a 60 ans, le 12 décembre 1963, le Kenya déclarait son indépendance de l’Empire britannique. Un processus qui s’est accéléré avec l’insurrection des Mau Mau dans les années 1950… Ce mouvement s’est rebellé contre l’administration coloniale, se battant contre l’expropriation des terres et pour l’auto-détermination du pays. Les Mau Mau ont été très violemment réprimés par les colons britanniques. À l’indépendance, leur lutte a été plongé dans le silence. 60 ans plus tard, les vétérans et leurs descendants se battent toujours pour obtenir compensation et une meilleure reconnaissance.Un Grand reportage d'Albane Thirouard qui s'entretient avec Patrick Adam. 
12/24/202348 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Guerre dans l'est de la RDC et Taïwan, l'île de Kinmen

Dans l’est de la RDC, comment mettre fin à une guerre interminable ?Comment pacifier l’est de la RDC ? La partie orientale du pays reste profondément déstabilisée. Une myriade de conflits impliquant un millefeuille d’acteurs armés prolifère depuis une trentaine d’années, les tensions entre le Rwanda et la RDC n’ont jamais été aussi élevées. Les affrontements entre les rebelles et l’armée congolaise alliée à des milices locales ont repris de plus belle début octobre 2023. La sécurité, ce sera l’un des grands défis du prochain président.Un Grand reportage de Coralie Pierret qui s'entretient avec Patrick Adam. Taïwan: l'île de Kinmen, de bastion militaire avancé à Cheval de Troie de la Chine continentaleLe chant des obus continue de marquer les esprits des anciens à Kinmen. À trois semaines de la présidentielle à Taiwan, RFI vous emmène dans cette petite île taïwanaise située à portée de vue des côtes chinoises. L’ancienne ligne de front de la guerre froide voit aujourd’hui le bras de mer qui la sépare de la Chine continentale, comme un terrain d’échanges plus que d’affrontements, et attend avec impatience le retour des touristes du continent. Un Grand reportage de Stéphane Lagarde qui s'entretient avec Patrick Adam. 
12/23/202348 minutes, 30 seconds
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Taïwan: l'île de Kinmen, de bastion militaire avancé à Cheval de Troie de la Chine continentale

Le chant des obus continue de marquer les esprits des anciens à Kinmen. À trois semaines de la présidentielle à Taiwan, RFI vous emmène dans cette petite île taïwanaise située à portée de vue des côtes chinoises. L’ancienne ligne de front de la guerre froide voit aujourd’hui le bras de mer qui la sépare de la Chine continentale, comme un terrain d’échanges plus que d’affrontements, et attend avec impatience le retour des touristes du continent. « Taïwan : l'île de Kinmen, de bastion militaire avancé à Cheval de Troie de la Chine continentale », un Grand reportage de Stéphane Lagarde.
12/21/202319 minutes, 30 seconds
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Kenya: les Mau Mau, de la lutte pour l'indépendance aux défis de la mémoire

Il y a 60 ans, le 12 décembre 1963, le Kenya déclarait son indépendance de l’Empire britannique. Un processus qui s’est accéléré avec l’insurrection des Mau Mau dans les années 1950… Ce mouvement s’est rebellé contre l’administration coloniale, se battant contre l’expropriation des terres et pour l’auto-détermination du pays. Les Mau Mau ont été très violemment réprimés par les colons britanniques. À l’indépendance, leur lutte a été plongé dans le silence. 60 ans plus tard, les vétérans et leurs descendants se battent toujours pour obtenir compensation et une meilleure reconnaissance. « Les Mau Mau, de la lutte pour l’indépendance aux défis de la mémoire », un Grand reportage d’Albane Thirouard.
12/20/202319 minutes, 30 seconds
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En Autriche, les victimes oubliées du château de Hartheim

Durant la Seconde Guerre mondiale, le château de Hartheim fut l’un des centres de mise à mort de l’opération d’euthanasie forcée des personnes souffrant de maladies psychiques ou de handicaps physiques et mentaux, mise en œuvre par le régime nazi. Entre 1940 et 1944, 30 000 personnes y furent assassinées. Des victimes longtemps restées dans l’oubli. « Ce que vous voyez là, c’est le mur d’origine », désigne Walter Brezina, 86 ans, devant le château de Hartheim. « C’est à cet endroit qu’on faisait descendre les personnes du bus, elles devaient ensuite se déshabiller et entrer dans la soi-disant salle de douche, où elles étaient gazées. 30 000 personnes ont été assassinées ici, une folie ! » Comme chaque année, Walter a fait le voyage depuis Vienne avec ses deux enfants, Norbert et Brigitte, pour rendre hommage à sa mère, Marie, qui fut gazée à Hartheim le 15 juillet 1940, à l’âge de 32 ans. « Ici c’est le seul lieu où je sais qu’elle a vraiment été, alors c’est important pour moi de venir. C’est lui rendre justice », explique Walter.En 1937, Marie Brezina a tenté de se jeter par la fenêtre. C’est ce geste de désespoir qui la conduira dans un asile viennois, puis à la mort, au château de Hartheim. Elle fut l’une des nombreuses victimes du programme « Aktion T4 » mis en place par les nazis dès 1939, qui visait à « euthanasier » -  selon la terminologie national-socialiste - les handicapés physiques et mentaux, des personnes considérées comme inutiles par les nazis.Un tournant dans la Seconde Guerre mondialeHartheim eut un rôle essentiel dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Par l’ampleur du nombre de victimes d’abord : « le château de Hartheim a été l'établissement du programme « Aktion T4 » qui a fonctionné le plus longtemps et enregistré le plus grand nombre de victimes », explique Florian Schwanninger, historien au mémorial de Hartheim depuis 2005. Certes, en 1941, face aux protestations de l’Église et d’une partie de la population, le programme « Aktion T4 » est stoppé, mais les meurtres, eux, ont continué : « les meurtres se sont déplacés. Les personnes souffrant de maladies psychiques et de handicaps ont été assassinées dans les établissements où elles se trouvaient à l'aide de médicaments. Elles ont également été victimes de la faim. (...) Ces personnes n'ont donc plus été assassinées à Hartheim à partir de 1941, mais les nazis ont trouvé un nouveau groupe cible : les détenus des camps de concentration, souvent des détenus malades ou invalides. » Ainsi, entre 1940 et 1941, 18 000 personnes souffrant de maladies psychiques ou de handicaps ont été gazées à Hartheim et entre 1941 et 1944, 12 000 autres, des détenus de camps pour la plupart, soit 30 000 personnes en tout.Outre l’ampleur du nombre de victimes, c’est la méthode avec laquelle elles ont été assassinées qui fait de Hartheim un tournant dans la Seconde Guerre mondiale. « C’est la première fois dans l'histoire de l'humanité que des personnes sont assassinées dans des chambres à gaz sur une base quasi-industrielle », explique Herwig Czech, historien à l’Université de médecine de Vienne. « ‘L’Aktion T4’ est en fait le moment où cette méthode d'assassinat est développée : non seulement l’utilisation de chambres à gaz, mais aussi ce processus de dissimulation avec un examen soi-disant médical et des salles de douche. Cette méthode sera ensuite mise en oeuvre à une plus grande échelle, à partir de 1941, dans la Pologne occupée, dans les camps d'extermination de Treblinka, Sobibor et de Belzec. »Interroger le rôle de la médecineUne étude, publiée le 9 novembre 2023 dans la revue scientifique britannique The Lancet, pointait le « rôle central » joué par le corps médical dans les crimes des nazis. Selon l’étude, les programmes eugénistes, d'euthanasie et les « expériences humaines brutales » mis en œuvre dans un cadre médical ont fait au moins 230 000 morts, parmi les handicapés, les patients juifs et les déportés. À Hartheim, c’était en effet deux médecins qui encadraient ce programme d’euthanasie forcée. C’est aussi cet aspect qu’il ne faut pas oublier selon Herwig Czech : « Hartheim est un sujet important parce qu'il permet d'apprendre beaucoup de choses sur certains dangers inhérents à la médecine et en particulier sur les dangers liés au fait d’opposer certains groupes de la société à d’autres en fonction de leur prétendue valeur biologique ou sociale. »En 2003, le château de Hartheim est devenu un mémorial ainsi qu’un lieu d’apprentissage et de mémoire, que l’on peut visiter. L’exposition permanente, intitulée « Valeur de la vie », interroge notre perception de la « normalité », dans le passé mais aussi aujourd’hui : « il est important de ne pas considérer cette période du national-socialisme comme détachée et dissociée du reste de l'histoire », avance Irene Zauner-Leitner, qui travaille au mémorial de Hartheim. « Cela faciliterait les choses pour nous aujourd'hui, car nous pourrions alors dire : ‘c'était avant, cela n'a plus rien à voir avec nous’. Mais ce n'est pas le cas. C'est pourquoi il est très important de regarder ce qui s'est passé et de se demander quelles sont les continuités au cours de l'histoire. » Comme un symbole, divers objets et effets personnels des victimes de Hartheim ont été découverts par hasard lors de fouilles aux abords du château en 2001 et 2002. L’endroit est depuis devenu un cimetière, un lieu où chacun peut venir se recueillir et rendre hommage à ces 30 000 vies arrachées.
12/19/202319 minutes, 30 seconds
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Dans l’est de la RDC, comment mettre fin à une guerre interminable?

Comment pacifier l’est de la RDC ? La partie orientale du pays reste profondément déstabilisée. Une myriade de conflits impliquant un millefeuille d’acteurs armés prolifère depuis une trentaine d’années, les tensions entre le Rwanda et la RDC n’ont jamais été aussi élevées. Les affrontements entre les rebelles et l’armée congolaise alliée à des milices locales ont repris de plus belle début octobre 2023. La sécurité, ce sera l’un des grands défis du prochain président. « Dans l’est de la RDC, comment mettre fin à une guerre interminable ? », un Grand reportage de Coralie Pierret.
12/18/202319 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Les matatus de Nairobi et le harcèlement scolaire en France

 Les matatus de Nairobi, quand le divertissement s’invite dans les transports du quotidienReportage à bord des matatus de Nairobi, ces bus archidécorés, archibruyants, œuvres d’art ambulantes, presque des discothèques roulantes. Une exposition qui leur était consacrée s’est refermée cette semaine à Nairobi Un Grand reportage d'Albane Thirouard qui s'entretient avec Patrick Adam.   Harcèlement scolaire, comment protéger les victimes ?En deuxième partie, le harcèlement scolaire en France, nous entendrons ces paroles de jeunes, par cette déferlante de violence, physique ou verbale, et même anonyme sur les réseaux sociaux. Mais on ira au-delà du constat, comment protéger les victimes, c’est la priorité.Un Grand reportage de Lise Verbeke qui s'entretient avec Patrick Adam. 
12/17/202348 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI L'héritage de Nelson Mandela en Afrique du Sud et la sécheresse en Amazonie brésilienne

Que reste-t-il de Nelson Mandela en Afrique du Sud ? 10 ans après la mort de Nelson Mandela, que reste-t-il de celui qui a bouleversé l’histoire de son pays, un héritage ou bien juste une image ? Les jeunes d’aujourd’hui brûlent les icônes et réclament des comptes, au moins le droit à inventaire. Qui vacille, l’homme ou le parti ?Un Grand reportage de Claire Bargelès qui s'entretient avec Patrick Adam.  L’Amazonie brésilienne vit la pire sécheresse de son histoire2ème volet de l’émission en Amazonie au bord du rio Negro, au Brésil, c’est inédit depuis un siècle, jamais le fleuve n’avait été aussi bas. Alors pêcher, se déplacer, tout devient compliqué.Un Grand reportage de Sarah Cozzolino qui s'entretient avec Patrick Adam. 
12/16/202348 minutes, 30 seconds
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Les matatus de Nairobi, quand le divertissement s’invite dans les transports du quotidien

Musique tonitruante, lumières disco, la carrosserie recouverte de graffitis, des conducteurs qui sifflent les passants à chaque coin de rue. Et surtout un indispensable du quotidien pour de nombreux kényans… Les matatus, ces bus de transport en commun privé, sont des incontournables de la capitale kényane. À tel point qu’une exposition leur a été dédiée dans une galerie d’art du bidonville de Kibera. Peintures, photographies, sculpture… elle a présenté différentes créations autour de l’univers des matatus. « Les matatus de Nairobi, quand le divertissement s’invite dans les transports du quotidien », un Grand reportage d’Albane Thirouard.
12/14/202319 minutes, 30 seconds
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Harcèlement scolaire, comment protéger les victimes ?

Nicolas, 15 ans ; Lucas, 13 ans ; Lindsay, 13 ans… Ce sont les prénoms d’enfants qui se sont récemment suicidés en France, à cause du harcèlement scolaire qu’ils subissaient. Dans le pays, un élève sur 10 en serait victime, voire même un sur 5, selon une récente étude de l’Ifop. Un fléau, récemment porté en priorité nationale par la Première ministre. « Harcèlement scolaire, comment protéger les victimes ? », un Grand reportage de Lise Verbeke.
12/13/202319 minutes, 30 seconds
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L’Amazonie brésilienne vit la pire sécheresse de son histoire

Au mois d’octobre 2023, le rio Negro, l’un des principaux affluents du fleuve Amazone, a atteint le plus bas niveau de son histoire, avec 13 mètres de profondeur. Une catastrophe pour cette région où l’eau est nécessaire pour se déplacer, pêcher, cultiver son alimentation, ou tout simplement boire. Livrés à eux-mêmes, les habitants de cette région sont inquiets pour les années à venir. « L’Amazonie brésilienne vit la pire sécheresse de son histoire », un Grand reportage de Sarah Cozzolino, réalisation : Diego Tenorio.
12/12/202319 minutes, 30 seconds
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Que reste-t-il de Nelson Mandela en Afrique du Sud ?

Figure mythique de la lutte contre l'apartheid, héros national qui a passé 27 ans en prison, père de la nation arc-en-ciel et premier président noir du pays. Nelson Mandela a disparu, il y a 10 ans, quelle image les Sud-Africains gardent-ils de lui ? Que reste-t-il de Nelson Mandela en Afrique du Sud ? Un Grand Reportage signé Romain Chanson et Claire Bargelès. 
12/11/202319 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Montée des eaux au Soudan du Sud et Objectif 100% électricité renouvelable

 Soudan du Sud : à Bentiu, la lutte des habitants face à la montée des eauxVoilà 4 ans que le Soudan du Sud se bat contre les inondations. Les marais de la plaine inondable du Nil, au cœur du pays, ont triplé de surface. L’eau a privé des centaines de milliers de Sud-Soudanais de leurs champs, de leurs forêts et de leurs troupeaux. À Bentiu, la capitale de l’État d’Unité, au nord du pays, c’est du jamais vu : l’agglomération est devenue une île. Les villageois des alentours se sont réfugiés à l’abri des digues construites avec l’ONU et tentent de s’en sortir, au jour le jour.Un Grand reportage de Florence Miettaux qui s'entretient avec Patrick AdamObjectif 100 % d'électricité renouvelable dès 2030 : le modèle kenyan100% d’électricité d’origine renouvelable d’ici 2030 : c’est l’objectif que s’est fixé le Kenya. Un projet ambitieux qui semble pourtant à portée de main. Selon les chiffres officiels, 87,5 % de l’énergie produite dans ce pays d’Afrique de l’Est en 2022 était déjà générée par le vent, l’eau, le soleil ou la géothermie. Alors comment le pays compte-t-il atteindre son but ? Sur quel modèle économique repose ce déploiement ?Un Grand reportage d'Albane Thirouard et de Pauline Gleize. Entretien avec Patrick Adam. 
12/10/202348 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Érosion côtière au Bénin et Fossile envers et contre tout en Norvège

Érosion côtière au Bénin : quelles solutions ?L’érosion côtière – le fait que la mer grignote les côtes et les effrite - est un phénomène naturel lié aux vents, aux tempêtes, aux courants marins et aux glissements de terrain. Mais le réchauffement climatique amplifie ce phénomène à mesure que le niveau des océans s’élève et que les tempêtes se multiplient et s’intensifient. Et l’urbanisation croissante aggrave le phénomène. Une situation  particulièrement critique en Afrique de l’Ouest où le tiers de la population vit sur le littoral. Au Bénin, des maisons, des hôtels, des infrastructures ont déjà été emportés par la mer… et ce n’est que le début.Un Grand reportage de Lucile Gimberg qui s'entretient avec Patrick Adam   Norvège, fossile envers et contre toutLa Norvège est le plus grand fournisseur de pétrole et de gaz vers l’Europe depuis le début de la guerre en Ukraine. Sans abandonner ses activités, le pays s’est engagé à diminuer de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030. Comment la Norvège va-t-elle répondre au défi climatique tout en préservant sa principale source de revenus ?Un Grand reportage d'Anne Verdaguer qui s'entretient avec Patrick Adam  
12/9/202348 minutes, 30 seconds
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Érosion côtière au Bénin : quelles solutions ?

L’érosion côtière – le fait que la mer grignote les côtes et les effrite - est un phénomène naturel lié aux vents, aux tempêtes, aux courants marins et aux glissements de terrain. Mais le réchauffement climatique amplifie ce phénomène à mesure que le niveau des océans s’élève et que les tempêtes se multiplient et s’intensifient. Et l’urbanisation croissante aggrave le phénomène. Une situation  particulièrement critique en Afrique de l’Ouest où le tiers de la population vit sur le littoral. Au Bénin, des maisons, des hôtels, des infrastructures ont déjà été emportés par la mer… et ce n’est que le début. « Érosion côtière au Bénin : quelles solutions ? », un Grand reportage de Lucile Gimberg. En images
12/7/202319 minutes, 42 seconds
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Soudan du Sud : à Bentiu, la lutte des habitants face à la montée des eaux

Voilà 4 ans que le Soudan du Sud se bat contre les inondations. Les marais de la plaine inondable du Nil, au cœur du pays, ont triplé de surface. L’eau a privé des centaines de milliers de Sud-Soudanais de leurs champs, de leurs forêts et de leurs troupeaux. À Bentiu, la capitale de l’État d’Unité, au nord du pays, c’est du jamais vu : l’agglomération est devenue une île. Les villageois des alentours se sont réfugiés à l’abri des digues construites avec l’ONU et tentent de s’en sortir, au jour le jour. « Soudan du Sud : à Bentiu, la lutte des habitants face à la montée des eaux », un Grand reportage de Florence Miettaux.
12/6/202319 minutes, 30 seconds
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Objectif 100 % d'électricité renouvelable dès 2030 : le modèle kenyan

100% d’électricité d’origine renouvelable d’ici 2030 : c’est l’objectif que s’est fixé le Kenya. Un projet ambitieux qui semble pourtant à portée de main. Selon les chiffres officiels, 87,5 % de l’énergie produite dans ce pays d’Afrique de l’Est en 2022 était déjà générée par le vent, l’eau, le soleil ou la géothermie. Alors comment le pays compte-t-il atteindre son but ? Sur quel modèle économique repose ce déploiement ? « Objectif 100% d'électricité renouvelable dès 2030 : le modèle kenyan », un Grand reportage d’Albane Thirouard et Pauline Gleize. DIAPORAMA
12/5/202319 minutes, 30 seconds
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Norvège, fossile envers et contre tout

La Norvège est le plus grand fournisseur de pétrole et de gaz vers l’Europe depuis le début de la guerre en Ukraine. Sans abandonner ses activités, le pays s’est engagé à diminuer de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030. Comment la Norvège va-t-elle répondre au défi climatique tout en préservant sa principale source de revenus ? Au-delà de l’image d’Epinal, et des brochures touristiques, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Car si le pays est le paradis des fjords, des aurores boréales, ou encore de la voiture électrique, la Norvège n’en est pas moins le premier fournisseur de gaz vers l’Europe, ainsi que le 11e producteur mondial de pétrole. L’extraction des hydrocarbures représente aujourd’hui une manne colossale et 33 % du PIB.Pour Silje Lundberg, chef de campagne pour la mer du Nord chez Oil change international « La Norvège est le pays le plus hypocrite d’Europe quand il s’agit des questions climatiques. Car tant que l’on aura besoin de pétrole et de gaz, la Norvège sera le dernier pays au monde à en produire ! La raison principale, c'est que cela rapporte beaucoup d’argent et que cela permet d’employer beaucoup de monde. Donc il est plus facile pour les politiciens de garder une forme de statu quo, en ne faisant que des changements de surface, sans jamais s’attaquer jamais aux vrais enjeux du changement climatique ».Ces dernières années, le débat sur la façon dont la Norvège et son tissu industriel doivent s'adapter au changement climatique s'est intensifié. Témoin direct du dérèglement climatique, la Norvège est le pays champion de la voiture électrique, mais ne souhaite pas sortir de l’extraction fossile.Pour Jonas Quittelsen, d’Extinction Rébellion Norvège « La Norvège a toujours eu l’image d’une nation verte, et notre pays a d’ailleurs toujours pris position en matière environnementale, mais la réalité est bien différente et nous sommes les plus grands greenwashers au monde ! Si l’on regarde seulement cette année, la Norvège a octroyé 15 nouvelles licences de forage de pétrole et de gaz. Depuis 2 ans, on a atteint des records ! La nouvelle bataille à présent se situe en Arctique, car la Norvège veut aller forer de plus en plus au nord là où elle n’a jamais été car les ressources s’épuisent dans le sud. »Stavanger, sur la côte ouest de la Norvège est la capitale du pétrole. Elle est aussi le berceau d’Equinor, la compagnie pétrolière norvégienne contrôlé à 67 % par l’État. Elle est aussi le lieu où se trouve le musée du pétrole où RFI a rencontré Bjorn Lindberg, son conservateur qui explique que dans la 3e ville de Norvège, « le commerce de la sardine a été énorme pendant des années, jusqu’à arriver à la fin de son heure de gloire dans les années 1960. Puis le grand chamboulement est arrivé en 1969 quand Ekofisk a été découvert »En octobre 1969, alors que les essais de forage en mer se multiplient sans succès pour Philips Petroleum, la compagnie pétrolière américaine, décide de forer un dernier trou dans un réservoir crayeux. Du pétrole jaillit du fond des mers. Ekofisk, le premier et l’un des plus grands gisements pétroliers en mer du Nord est découvert avec un potentiel d’extraction d’en moyenne 164 000 barils par jour.Et le pays, qui est à l’époque l’un des plus pauvres d’Europe avec la Grèce, entre dans une nouvelle ère : celle de l’abondance. Les hydrocarbures s’affirment comme la colonne vertébrale de l’économie du petit royaume de 5,5 millions d’habitants.Alors, la Norvège verra-t-elle un jour la fin du pétrole et du gaz ? Pas avant une centaine d’années, prédit l’industrie pétrolière norvégienne. En attendant, il faut préparer l’avenir et pour la Norvège, cela passera sans doute par la capture et le stockage de carbone. Près de Bergen, à 350 km au nord de Stavanger, Northern Lights, le plus grand site de stockage de CO2 est en train de voir le jour, il est financé en grande partie par l’État norvégien et a été lancé par Equinor, Shell et Total, il sera opérationnel en 2024.Sverre Overa est le directeur du projet Northern Lights: « Chaque compagnie pétrolière a ses raisons pour investir dans la capture et le stockage de carbone, certaines le font pour leur réputation, d’autres veulent faire partie de la solution et ne veulent pas seulement faire partie du problème. Et la troisième raison, c’est que l’extraction du gaz et du pétrole a une fin en raison du besoin de réduire les émissions et cette nouvelle industrie de la décarbonation pourra se servir des compétences de ces compagnies pétrolières donc c’est une façon d’aller vers la transition énergétique et le futur ».La technique dite du CCS est aujourd’hui reconnue comme un moyen essentiel de réduire les émissions de CO2. Mais les écologistes y voient, au contraire, une excuse pour poursuivre l’exploitation des énergies fossiles. Pour Klimentina Radkova de Greenpeace Norvège, « la capture et le stockage du carbone est une fausse solution et ce n’est pas une alternative. C’est une distraction, et les compagnies pétrolières investissent massivement dans ce procédé, car cela leur donne le droit de continuer à polluer, et de produire un produit qui est nocif pour le climat. La manière la plus rapide, sûre et économique de stocker du carbone est de le laisser sous terre ».Soumis à des pressions croissantes pour réduire leurs émissions de CO2, les pays exportateurs de pétrole et de gaz comme la Norvège sont face à un défi colossal. La transition énergétique vers un monde bas-carbone où la part du pétrole serait limitée implique une totale révolution de leur modèle économique. À quel rythme, c'est toute la question.
12/4/202319 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Enquête sur une secte multinationale du tantrisme et William Ponty au Sénégal

 Atman, enquête sur une secte multinationale du tantrismeLa police française a mené, mardi 28 novembre 2023, une large descente contre une secte internationale de yoga tantrique, la fédération Atman, et arrêté des dizaines de ses cadres pour traite de personnes, endoctrinement et séquestration. Parmi eux, se trouve son gourou, Gregorian Bivolaru, un Roumain qui poussait les adeptes féminines à coucher avec lui pour une prétendue élévation spirituelle. Notre correspondant en Inde, Sébastien Farcis, a enquêté pendant deux mois et parlé avec plusieurs victimes. Il révèle comment cette secte procède.Un Grand reportage de Sébastien Farcis qui s'entretient avec Patrick Adam William Ponty au Sénégal, histoire d'une fabrique à élites colonialeL’École normale William Ponty au Sénégal a laissé sa trace sur toute une période de l’histoire. Créée en 1903 pour éduquer des cadres africains à l'époque coloniale, elle a aussi formé beaucoup des dirigeants post-indépendance. Nostalgiques, les anciens élèves rêvent de restaurer le site et d’influencer les politiques éducatives.Un Grand reportage de Juliette Dubois qui s'entretient avec Patrick Adam.
12/3/202348 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI La stratégie environnementale des Émirats et les retards de croissance au Pakistan

La stratégie environnementale des Émirats, au-delà du climat, les affaires et la diplomatieElle est souvent présentée comme la ville de la démesure. Dubaï, la capitale économique des Émirats arabes unis, accueille à partir d’aujourd’hui (30 novembre 2023) la COP28 sur les changements climatiques. Un paradoxe pour certains. Car la monarchie du Golfe est l’un des principaux producteurs de pétrole au monde. Mais les autorités multiplient aussi en parallèle les annonces environnementales. Sans perdre de vue pour autant leurs intérêts économiques et leur soft power.Un Grand reportage de Nicolas Keraudren qui s'entretient avec Patrick Adam    Les retards de croissance, un fléau pakistanaisUn retard de croissance chez un enfant, ce sont des conséquences irréversibles s’il n’est pas traité avant l’âge de 2 ans. Dans la province du sind au Pakistan, au moins dans certains villages, chez les moins de 5 ans, 2 enfants sur 3 sont concernés, le chiffre ne cesse d’augmenter... Au point que la Banque mondiale s’alarme et presse les autorités du Pakistan à prendre des mesures d’urgence, il s’agit bien d’une crise sanitaire majeure. Ce qui suit est parfois difficile à entendre.Reportage dans le Sind de Sonia Ghezali avec la collaboration de Shahzaib Wahlah et Sameer Chandio.Un Grand reportage de Sonia Ghezali qui s'entretient avec Patrick Adam 
12/2/202348 minutes, 30 seconds
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La stratégie environnementale des Émirats, au-delà du climat, les affaires et la diplomatie

Elle est souvent présentée comme la ville de la démesure. Dubaï, la capitale économique des Émirats arabes unis, accueille à partir d’aujourd’hui (30 novembre 2023) la COP28 sur les changements climatiques. Un paradoxe pour certains. Car la monarchie du Golfe est l’un des principaux producteurs de pétrole au monde. Mais les autorités multiplient aussi en parallèle les annonces environnementales. Sans perdre de vue pour autant leurs intérêts économiques et leur soft power. « La stratégie environnementale des Émirats, au-delà du climat, les affaires et la diplomatie », un Grand reportage de Nicolas Keraudren.
11/30/202319 minutes, 30 seconds
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Atman: enquête sur une secte multinationale du tantrisme

La police française a mené, mardi 28 novembre 2023, une large descente contre une secte internationale de yoga tantrique, la fédération Atman, et arrêté des dizaines de ses cadres pour traite de personnes, endoctrinement et séquestration. Parmi eux, se trouve son gourou, Gregorian Bivolaru, un Roumain qui poussait les adeptes féminines à coucher avec lui pour une prétendue élévation spirituelle. Notre correspondant en Inde, Sébastien Farcis, a enquêté pendant deux mois et parlé avec plusieurs victimes. Il révèle comment cette secte procède. De notre correspondant en Inde, La musique est douce et planante. La lumière du coucher de soleil irradie la salle, située en haut d’un hôtel de Rishikesh, une ville sainte du nord de l’Inde. Au centre de la pièce, une cinquantaine de jeunes en habits décontractés avancent les yeux fermés, les uns après les autres, dans une allée formée par leurs compagnons. D’un pas hésitant, chacun se laisse alors caresser par les mains des autres pratiquants. « Connectez-vous à vos sensations, déconnectez votre esprit et ressentez les énergies d’amour des autres », encourage la professeure, Purusha Ananda, vêtue d’une tunique rouge. Cette « marche de l’ange » représente le premier exercice d’un cours de yoga tantrique, offert par l’école Mahasiddha. Une séance d’introduction pour inciter ces jeunes à suivre un stage de trois jours, qui commence le lendemain matin : « l’énergie érotique est la source de notre puissance intérieure, explique la professeure d’une voix suave. Et je vais vous enseigner comment contrôler cette énergie pour mieux faire l’amour, et pour purifier vos émotions jusqu’à la transcendance et la communion avec Dieu ». La gratification sexuelle du maîtreCette proposition semble alléchante. Mais elle cache un visage plus obscur : celui d’une secte du tantrisme, la fédération Atman, qui pousse des centaines de jeunes femmes vers des relations sexuelles débridées. Avec un but ultime : la gratification sexuelle de son maître, Gregorian Bivolaru. Comme l’a révélé RFI, ce gourou roumain de 71 ans a été arrêté ce mardi 28 novembre dans la région parisienne, avec 40 autres membres de son réseau. Il est poursuivi pour traite de personnes, séquestration en bande organisée, abus de faiblesse en bande organisée par les membres d’une secte, et viol. Il encourt jusqu’à trente ans de prison. Plusieurs victimes ont accepté de révéler à RFI, sous couvert d’anonymat, leur parcours traumatisant dans cette galaxie du tantrisme. Des orgies forcées entre adeptesPour Silke, tout commence en octobre 2019, à Rishikesh, justement, par ce cours d’introduction de Mahasiddha, l’une des dizaines d’associations affiliées à la fédération Atman. Cette Allemande, âgée alors de 21 ans, est happée par le discours « sans tabou » sur la sexualité, agrémenté d’une forte dose de spiritualité mêlant les dieux hindous et les anges chrétiens. « Je viens d’un milieu athéiste, et tout cela était excitant et intriguant pour moi, explique Silke. J’étais aussi vulnérable, car je sortais de l’université et je cherchais un but à ma vie ». Elle rejoint cette nouvelle famille, pendant trois ans en Allemagne, puis en Roumanie, où elle est invitée pour le camp estival le plus important de la fédération, organisé par MISA, une association fondée par Gregorian Bivolaru en 1990. « Dès que vous arrivez, ils prennent des photos et vidéos de vous nue, relate Silke. Puis on vous demande quand vous voulez rencontrer Grieg », surnom donné à Gregorian Bivolaru dans la fédération. « Et c’est impossible de dire non à tout cela, car si vous le faites, on vous exclut du camp ».Pendant les deux semaines de ce stage mené à Costinesti, au bord de la mer Noire, les enseignements sont de plus en plus sexuellement explicites : les femmes doivent écouter des récits enflammés d’accouplements, et à la fin, elles sont poussées à pratiquer une orgie entre elles. « Tout cela est fait pour éroder vos limites ou votre honte à parler et entendre parler de sexe, explique Silke. Il doit aussi être normal de penser à Grieg comme votre amoureux, pour vous préparer à accepter de coucher avec lui. »  MISA dément la prise de clichés nus, et reconnaît seulement demander des images en maillot de bain, « pour montrer les transformations physiques et de l’harmonie du corps attendues par la pratique du Hatha Yoga ». L’organisation qualifie du reste la tenue d’orgie de « mythe ». Une séquestration à Paris pour rencontrer Gregorian BivolaruCe camp de yoga de MISA sert, en tout cas, selon ces anciennes adeptes interrogées par RFI, de centre de recrutement de jeunes femmes pour Gregorian Bivolaru. Peu après y avoir participé, Stella, une Anglaise, a été emmenée à Paris pour rencontrer ce maître du mouvement de tantra, pour une « initiation sexuelle ». Un voyage qui prend rapidement des formes de traite de personnes : Stella a d’abord rendez-vous dans une station essence parisienne. Là, deux Roumains la placent dans une camionnette et lui mettent des lunettes opaques et un chapeau sur la tête, qui lui empêchent de voir où elle va. Elle arrive alors dans une grande maison de la banlieue de Paris. « Ils fouillent mon sac et prennent mon passeport, mes cartes de crédit ainsi que mon téléphone, qu’ils enroulent dans du papier aluminium », raconte Stella, d’une voix encore nerveuse. « Je dois aussi signer de nombreux documents assurant que je n’ai pas été violée ni fait l’objet de traite ». Pourtant, pendant les deux semaines qu’elle attendra sur place, Stella n’aura le droit de sortir qu’une fois seule de cette maison, et ne pourra appeler qu’une fois ses proches, lors d’une conversation contrôlée par les Roumains, depuis un téléphone qu’ils lui prêtent, et pendant laquelle elle ne pourra révéler où elle se trouve ni avec qui.  La déification du maître de la « secte »Elle est enfin appelée par Gregorian Bivolaru. « Quand je le vois, je me dis tout de suite qu’il est frêle et vieux, et que je ne veux pas coucher avec cet homme, se souvient Stella. Et en même temps, j’entends cette voix d’endoctrinement dans ma tête, qui me dit que je suis superficielle, que je dois le voir comme l’être divin qu’il est, et que c’est une grande opportunité pour moi. » La déification de ce maître, ainsi que la culture accrue du secret, sont deux des éléments qui font dire aujourd’hui à ces anciennes adeptes que le mouvement Atman est une « secte ». « Pendant la pénétration, il a gardé les yeux fermés, et je me suis dit qu’il méditait, raconte Stella. Mais dans cet acte, le plus important pour lui, c’est de boire l’urine. Il m’a donc fait boire son urine, et il a bu la mienne. Et ensuite, il s’est allongé, et s’est endormi. En ronflant. » Silke a également rencontré Gregorian Bivolaru dans ce lugubre appartement parisien. Mais ce qui l’a plus choqué, c’est d’y voir une mineure. « C’était une Hongroise de 16 ans, et elle était venue avec sa mère, qui vivait dans l’école depuis des décennies, affirme Silke. Et Gregorian Bivolaru lui a crié dessus, car la fille ne voulait pas le sucer assez longtemps. C’est là que je me suis dit que ce n’était vraiment pas normal ».  La fédération Atman n’a pas répondu à nos multiples demandes de réponses à ces accusations.Pour Silke comme pour Stella, cette relation contrainte avec Gregorian Bivolaru a brisé l’endoctrinement, et entamé le long processus de sortie de cette secte.  Pour retrouver l’intégralité des témoignages et l'enquête, écoutez la version audio de ce Grand Reportage.Réalisation : Victor Uhl
11/29/202319 minutes, 30 seconds
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William Ponty au Sénégal, histoire d'une fabrique à élites coloniale

L’École normale William Ponty au Sénégal a laissé sa trace sur toute une période de l’histoire. Créée en 1903 pour éduquer des cadres africains à l'époque coloniale, elle a aussi formé beaucoup des dirigeants post-indépendance. Nostalgiques, les anciens élèves rêvent de restaurer le site et d’influencer les politiques éducatives. Un Grand reportage de Juliette Dubois, réalisation : Jérémie Boucher.
11/28/202319 minutes, 30 seconds
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Les retards de croissance, un fléau pakistanais

Un retard de croissance chez un enfant, ce sont des conséquences irréversibles s’il n’est pas traité avant l’âge de 2 ans. Dans la province du sind au Pakistan, au moins dans certains villages, chez les moins de 5 ans, 2 enfants sur 3 sont concernés, le chiffre ne cesse d’augmenter... Au point que la Banque mondiale s’alarme et presse les autorités du Pakistan à prendre des mesures d’urgence, il s’agit bien d’une crise sanitaire majeure. Ce qui suit est parfois difficile à entendre. Reportage dans le Sind de Sonia Ghezali avec la collaboration de Shahzaib Wahlah et Sameer Chandio.Réalisation : Jérémie Boucher.
11/27/202319 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Le Bassin du Congo, une expédition au cœur des tourbières et une histoire qui reste à écrire

Bassin du Congo : une expédition au cœur des tourbières (Épisode 1)Deuxième plus grande forêt équatoriale au monde, le bassin du Congo est pourtant l’une des régions les plus méconnues de la science. En 2017, des chercheurs y ont découvert les plus grandes tourbières tropicales au monde. C’est dans cette partie immergée de la forêt que nous retrouvons Corneille Ewango, célèbre botaniste congolais qui s’attelle aujourd’hui à étudier la végétation et l’histoire ancienne de cet écosystème délicat. Avec le soutien de la National Geographic Society.Un Grand reportage de Mélanie Gouby qui s'entretient avec Patrick Adam La science du bassin du Congo : une histoire qui reste à écrire (Épisode 2)Deuxième poumon de la planète, le bassin du Congo demeure pourtant l’une des régions les plus méconnues au monde, un manque de connaissances et de données scientifiques qui limite les initiatives pour le protéger. Désormais une jeune génération de scientifiques africains s’attelle à étudier la forêt. À la station de Yangambi, un ancien centre de recherche construit pendant la colonisation belge, ces scientifiques s’approprient cet héritage pour en faire un tremplin pour l’avenir du bassin du Congo. Avec le soutien de la National Geographic Society.Un Grand reportage de Mélanie Gouby qui s'entretient avec Patrick Adam 
11/26/202348 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Le droit à l'avortement en Russie et le voyage aux sources de l'encens à Oman

Russie : quand le ventre des femmes devient l’affaire de l’ÉtatLe droit à l’avortement est un acquis très ancien pour les Russes : l'Union soviétique a été le premier pays au monde à l’autoriser en 1920. Ensuite interdit pendant un temps, il est très largement aujourd’hui considéré comme un acquis, mais avec désormais des remises en question. Dans un pays travaillé jusqu’au sommet du pouvoir par le déclin démographique, certains font le lien entre la possibilité d'avorter et la natalité en berne. Un Grand reportage d'Anissa El Jabrii qui s'entretient avec Patrick Adam   Oman : voyage aux sources de l'encensVéritable carrefour entre trois continents, l'histoire d'Oman -niché en bordure de la péninsule arabique- se confond depuis l'Antiquité avec celle des routes commerciales... Vers la Chine pour la soie et la vaisselle, vers l'Inde pour les épices. Mais aussi vers l'Afrique de l'Est (le Mozambique pour le commerce de l'or et de l'ivoire, puis Mombassa et Zanzibar pour celui du clou de girofle). Toutes ces routes ont également permis la diffusion du plus vieux parfum du monde : l'encens.L'arbre à encens -le Boswellia sacra- ne pousse que dans cette région qui va de la Somalie à Oman en passant par le Yémen. C'est toujours aujourd'hui une des bases essentielles de la parfumerie mondiale... mais à Oman qui se présente comme « le pays de l'encens » cette culture millénaire  -autrefois activité prospère- a été délaissée. La richesse apportée, depuis les années 70, par le gaz et le pétrole ont transformé la société. Le pays cherche désormais à reconquérir ce patrimoine. Un Grand reportage d'Isabelle Chenu qui s'entretient avec Patrick Adam  
11/25/202348 minutes, 30 seconds
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Oman : voyage aux sources de l'encens

Véritable carrefour entre trois continents, l'histoire d'Oman -niché en bordure de la péninsule arabique- se confond depuis l'Antiquité avec celle des routes commerciales... Vers la Chine pour la soie et la vaisselle, vers l'Inde pour les épices. Mais aussi vers l'Afrique de l'Est (le Mozambique pour le commerce de l'or et de l'ivoire, puis Mombassa et Zanzibar pour celui du clou de girofle). Toutes ces routes ont également permis la diffusion du plus vieux parfum du monde : l'encens. L'arbre à encens -le Boswellia sacra- ne pousse que dans cette région qui va de la Somalie à Oman en passant par le Yémen. C'est toujours aujourd'hui une des bases essentielles de la parfumerie mondiale... mais à Oman qui se présente comme « le pays de l'encens » cette culture millénaire  -autrefois activité prospère- a été délaissée. La richesse apportée, depuis les années 70, par le gaz et le pétrole ont transformé la société. Le pays cherche désormais à reconquérir ce patrimoine. « Oman : voyage aux sources de l'encens », un Grand reportage d'Isabelle Chenu. Réalisation : Jérémie Boucher.
11/23/202319 minutes, 30 seconds
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La science du bassin du Congo : une histoire qui reste à écrire (Épisode 2)

Deuxième poumon de la planète, le bassin du Congo demeure pourtant l’une des régions les plus méconnues au monde, un manque de connaissances et de données scientifiques qui limite les initiatives pour le protéger. Désormais une jeune génération de scientifiques africains s’attelle à étudier la forêt. À la station de Yangambi, un ancien centre de recherche construit pendant la colonisation belge, ces scientifiques s’approprient cet héritage pour en faire un tremplin pour l’avenir du bassin du Congo.  « La science du bassin du Congo, une histoire qui reste à écrire, épisode 2 », un Grand reportage de Mélanie Gouby. Avec le soutien de la National Geographic Society.
11/22/202319 minutes, 30 seconds
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Bassin du Congo : une expédition au cœur des tourbières (Épisode 1)

Deuxième plus grande forêt équatoriale au monde, le bassin du Congo est pourtant l’une des régions les plus méconnues de la science. En 2017, des chercheurs y ont découvert les plus grandes tourbières tropicales au monde. C’est dans cette partie immergée de la forêt que nous retrouvons Corneille Ewango, célèbre botaniste congolais qui s’attelle aujourd’hui à étudier la végétation et l’histoire ancienne de cet écosystème délicat. « Bassin du Congo : une expédition au cœur des tourbières, épisode 1 », un Grand reportage de Mélanie Gouby. Avec le soutien de la National Geographic Society.
11/21/202319 minutes, 30 seconds
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Russie : quand le ventre des femmes devient l’affaire de l’État

Le droit à l’avortement est un acquis très ancien pour les Russes : l'Union soviétique a été le premier pays au monde à l’autoriser en 1920. Ensuite interdit pendant un temps, il est très largement aujourd’hui considéré comme un acquis, mais avec désormais des remises en question. Dans un pays travaillé jusqu’au sommet du pouvoir par le déclin démographique, certains font le lien entre la possibilité d'avorter et la natalité en berne. « Russie : quand le ventre des femmes devient l’affaire de l’État », un Grand reportage d'Anissa El Jabri.
11/20/202319 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Retour sur le Projet Rafael en Colombie et les mangeurs de cuivre du Katanga

 Colombie : les voisins maudits de la mineRFI s’est associé au consortium international d’enquête « Forbidden Stories » pour reprendre le travail de Rafael Moreno, journaliste colombien, tué le 16 octobre 2022, dans des circonstances encore non élucidées. L’un des sujets sur lesquels il enquêtait : l’impact de la grande industrie minière sur l’environnement et la santé des populations dans sa région d’origine, le département de Cordoba. En 2017, la justice colombienne a obligé l’opérateur de la mine de nickel Cerro Matoso S.A à agir pour limiter ces effets nocifs. Six ans après, les dégâts sont toujours là parmi les communautés voisines de la plus grande mine à ciel ouvert de nickel du continent.Un Grand reportage d'Aabla Jounaïdi et Angélica Perez. Elles témoignent au micro de Patrick Adam   Les mangeurs de cuivre du KatangaOn les appelle les mangeurs de cuivre. Nous sommes au Katanga, en RDC réputée depuis plus d’un siècle pour ses mines de cuivre et de cobalt, où se ruent les multinationales sur place. La dynastie du peuple Basanga, c’est elle qui fond le cuivre. Grâce à un four traditionnel, ce peuple du Katanga a produit différents objets en cuivre, dont le plus symbolique est la Croisette qui, au fil des années, a été utilisée par les peuples du sud de la RDC jusqu'en Afrique Centrale comme monnaie.Un Grand reportage de Denise Maheho qui s'entretient avec Patrick Adam
11/19/202348 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI À l'arrière du front en Ukraine et les mines en Argentine

 Ukraine : le Sud à l'arrière du frontEn Ukraine, après bientôt deux ans de guerre, la situation semble stagner sur le terrain, avec une contre-offensive ukrainienne qui semble au point mort. Après cinq mois d'efforts, le chef des armées ukrainiennes, le général Valeri Zaloujny, a lui-même récemment évoqué une « impasse », dans une interview accordée à nos confrères britanniques du magazine The Economist. Un Grand reportage de Jean-Jacques Héry qui s'entretient avec Patrick Adam  À l’ombre de Vaca Muerta : le boom du schiste et ses dégâts en ArgentineVaca Muerta, au nord de la Patagonie argentine. Ses sols abritent l’un des plus grands gisements de gaz et de pétrole de schiste au monde. Depuis dix ans, l’État argentin et toutes les grandes multinationales exploitent ce site exceptionnel. Un nouvel Eldorado qui attire des travailleurs de tout le continent et qui transforme à marche forcée cette ancienne région agricole. Mais l’extraction controversée de ces hydrocarbures non-conventionnels n’est pas sans conséquences pour l’environnement et les populations locales. Un Grand reportage de Stefanie Schüler qui s'entretient avec Patrick Adam 
11/18/202348 minutes, 30 seconds
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À l’ombre de Vaca Muerta : le boom du schiste et ses dégâts en Argentine

Vaca Muerta, au nord de la Patagonie argentine. Ses sols abritent l’un des plus grands gisements de gaz et de pétrole de schiste au monde. Depuis dix ans, l’État argentin et toutes les grandes multinationales exploitent ce site exceptionnel. Un nouvel Eldorado qui attire des travailleurs de tout le continent et qui transforme à marche forcée cette ancienne région agricole. Mais l’extraction controversée de ces hydrocarbures non-conventionnels n’est pas sans conséquences pour l’environnement et les populations locales. « À l’ombre de Vaca Muerta : le boom du schiste et ses dégâts en Argentine », un Grand reportage de Stefanie Schüler. 
11/16/202319 minutes, 30 seconds
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Au Pérou, la fonte des glaciers de la Cordillère blanche

C’est l’un des effets palpables du réchauffement climatique. Au Pérou, les glaciers reculent, avec une perte d’environ un tiers de leur surface depuis les années 2000. Le phénomène est particulièrement visible au coeur de la Cordillère blanche, dans le nord-ouest du pays. Connue pour ses sommets de plus de 6 000 mètres, la cordillère est menacée par la fonte des glaciers, qui accentue le risque d’inondations et d’éboulements destructeurs. (Rediffusion) « Au Pérou, la fonte des glaciers de la Cordillère blanche », un Grand reportage de Juliette Chaignon.
11/15/202319 minutes, 30 seconds
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Ukraine : le Sud à l'arrière du front

En Ukraine, après bientôt deux ans de guerre, la situation semble stagner sur le terrain, avec une contre-offensive ukrainienne qui semble au point mort. Après cinq mois d'efforts, le chef des armées ukrainiennes, le général Valeri Zaloujny, a lui-même même récemment évoqué une « impasse », dans une interview accordée à nos confrères britanniques du magazine « The Economist ».  Au vu de ce contexte, et alors que l'hiver arrive, comment vit-on cet effort de guerre à l'arrière du Front, dans la perspective d'une guerre qui s'annonce inéluctablement longue, coûteuse ? Qu'est-ce que vivre en Ukraine aujourd'hui ? « Ukraine, le Sud à l'arrière du front », un Grand reportage de Jean-Jacques Héry. Ce reportage a été réalisé à l’occasion d’un voyage de presse proposé et organisé par la DG Echo, la direction générale pour l’aide humanitaire et la protection civile de la Commission européenne, qui n’a pas demandé à relire les textes avant publication.  En images
11/14/202319 minutes, 30 seconds
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Les mangeurs de cuivre du Katanga

On les appelle les mangeurs de cuivre. Nous sommes au Katanga, en RDC réputée depuis plus d’un siècle pour ses mines de cuivre et de cobalt, où se ruent les multinationales sur place. La dynastie du peuple Basanga, c’est elle qui fond le cuivre. Grâce à un four traditionnel, ce peuple du Katanga a produit différents objets en cuivre, dont le plus symbolique est la Croisette qui, au fil des années, a été utilisée par les peuples du sud de la RDC jusqu'en Afrique Centrale comme monnaie. « Les mangeurs de cuivre du Katanga », un Grand reportage de Denise Maheho.
11/13/202319 minutes, 30 seconds
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La question du climat au Groënland et dans la campagne présidentielle en Californie

Le Groënland, la plus grande île du monde, s’étend sur un peu plus deux millions de km², dont 81 % recouverts de glace, avec une population de seulement 57 000 habitants, c’est l’un des territoires les moins densément peuplés au monde. Il appartient au royaume du Danemark mais les revendications d’indépendance y prennent de l’ampleur, notamment chez une partie de la jeunesse, qui revendique de plus en plus son appartenance à la culture Inuit, le peuple indigène du Groënland. De nombreuses questions demeurent, notamment celle de la viabilité financière du projet indépendantiste puisque l’île est encore très dépendante des subventions du gouvernement danois. Le réchauffement climatique, plus rapide, plus ravageur là-bas qu’ailleurs sur la planète, puisque la zone se réchauffe quatre fois plus vite que le reste du globe met en danger le mode de vie traditionnel des chasseurs, des communautés, des chiens de traîneau, mais en ouvrant de nouvelles routes maritimes et en offrant un accès à des ressources souterraines inédites, il ouvre des perspectives de mannes financières qui rendent les rêves d’indépendance désormais palpables.  « Groënland : les enjeux politiques du changement climatique », un Grand reportage de Carol Isoux (Rediffusion)« Comment la Californie veut imposer le question du climat dans la campagne présidentielle », un Grand reportage de Thomas Harms. (Rediffusion)Cet été, l’actualité américaine s’est focalisée sur les incendies. 97 morts à Hawaï, mais aussi les 18 millions d’hectares de forêts partis en fumée au Canada, des fumées que tous les États-Unis ont vues et senties. Des incendies qui témoignent de l’accélération de la crise climatique.Même en Californie, État le plus en pointe dans la lutte contre le réchauffement, on s’interroge, À 1 an de l’élection présidentielle aux États-Unis, est-ce que la question du climat va-t-elle peser sur les votes ?
11/12/202348 minutes, 30 seconds
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Production de cocaïne en Colombie et une vie au travail en Corée du Sud

La Colombie, c’est le premier pays producteur de cocaïne au monde, c’est là que se cultive la feuille de coca, la base de production de cette drogue. Mais, depuis quelques années, le trafic de la cocaïne est bousculé par l’arrivée des drogues synthétiques. Les autorités d’ailleurs s’inquiètent, ces drogues font plus de dégâts parmi les consommateurs, comme le tusi, un nouveau cocktail de produits très à la mode. Un Grand reportage de Najet Benrabaa. (Rediffusion) « En Corée du Sud, une vie au travail », un Grand reportage de Nicolas Rocca (Rediffusion).Combien d’heures travaillez-vous par semaine ? 40, 45, 50 ? Plus ? En Corée du Sud, le président Yoon Suk-yeol a proposé de pouvoir aller jusqu’à 69 h de travail par semaine. L’idée est d’offrir aux entreprises la possibilité d’augmenter les heures travaillées en période de forte activité, et de permettre aux employés de se rattraper ensuite avec plus de congés ou des semaines allégées. Mais la mesure a été rejetée massivement par la jeunesse. Car la Corée du Sud est déjà l’un des pays où l’on travaille le plus au monde, plus de 1 900 heures par an en moyenne. Près de 400 de plus que la France et 300 de plus que le voisin japonais. 
11/11/202348 minutes, 30 seconds
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Colombie : les drogues de synthèse bouleversent le narcotrafic

La Colombie est le premier pays producteur de cocaïne au monde, c’est là que se cultive la feuille de coca, la base de production de cette drogue. Mais, depuis quelques années, le trafic de la cocaïne est bousculé par l’arrivée des drogues synthétiques. Les autorités d’ailleurs s’inquiètent, ces drogues font plus de dégâts parmi les consommateurs, comme le tusi, un nouveau cocktail de produits très à la mode. « Colombie, les drogues de synthèse bouleversent le narcotrafic », un Grand reportage de Najet Benrabaa.
11/9/202319 minutes, 30 seconds
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Groënland : les enjeux politiques du changement climatique

Le Groënland, la plus grande île du monde s’étend sur un peu plus de 2 millions de km2, dont 81% recouverts de glace, avec une population de seulement 57 000 habitants. C’est l’un des territoires les moins densément peuplés au monde, il appartient au royaume du Danemark, mais les revendications d’indépendance y prennent de l’ampleur, notamment chez une partie de la jeunesse qui revendique de plus en plus son appartenance à la culture Inuit, le peuple indigène du Groënland. De nombreuses questions demeurent, notamment celle de la viabilité financière du projet indépendantiste puisque l’île est encore très dépendante des subventions du gouvernement danois. Le réchauffement climatique, plus rapide, plus ravageur là-bas qu’ailleurs sur la planète, puisque la zone se réchauffe quatre fois plus vite que le reste du globe, met en danger le mode de vie traditionnel des chasseurs, des communautés, des chiens de traîneau, mais en ouvrant de nouvelles routes maritimes et en offrant un accès à des ressources sous-terraines inédites, il ouvre des perspectives de mannes financières qui rendent les rêves d’indépendance désormais palpables.  
11/8/202319 minutes, 30 seconds
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En Corée du Sud, une vie au travail

Combien d’heures travaillez-vous par semaine ? 40, 45, 50 ? Plus ? En Corée du Sud, le président Yoon Suk-yeol a proposé de pouvoir aller jusqu’à 69 h de travail par semaine. L’idée est d’offrir aux entreprises la possibilité d’augmenter les heures travaillées en période de forte activité, et de permettre aux employés de se rattraper ensuite avec plus de congés ou des semaines allégées. Mais la mesure a été rejetée massivement par la jeunesse. Car la Corée du Sud est déjà l’un des pays où l’on travaille le plus au monde, plus de 1 900 heures par an en moyenne. Près de 400 de plus que la France et 300 de plus que le voisin japonais. « En Corée du Sud, une vie au travail », un Grand reportage de Nicolas Rocca.
11/7/202319 minutes, 30 seconds
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Comment la Californie veut imposer la question du climat dans la campagne présidentielle

Cet été, l’actualité américaine s’est focalisée sur les incendies... 97 morts à Hawaï, mais aussi les 18 millions d’hectares de forêts partis en fumée au Canada, des fumées que tous les États-Unis ont vues et senties… Des incendies qui témoignent de l’accélération de la crise climatique. Même en Californie, État le plus en pointe dans la lutte contre le réchauffement, on s’interroge. À un an de l’élection présidentielle aux États-Unis, est-ce que la question du climat va-t-elle peser sur les votes ? « Comment la Californie veut imposer la question du climat dans la campagne présidentielle », un Grand reportage de Thomas Harms. Réalisation : Guillaume Buffet.
11/6/202319 minutes, 30 seconds
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«Canal Istanbul», le dernier projet fou d’Erdogan

Un pont, une mosquée de 60 000 places, un gigantesque aéroport… À Istanbul, les grands chantiers s’enchainent, l’objectif c’est de finir une série de projets pour le centenaire de la République, date symbolique célébrée le 29 octobre 2023. Aux commandes depuis près de vingt ans, Recep Tayyip Erdogan veut marquer son empreinte sur la Turquie d’aujourd’hui. Autre projet : un canal pour doubler le détroit du Bosphore. Ce « projet fou », des mots du président turc lui-même, a beaucoup fait parler depuis son annonce en 2011. Mais au lendemain du centenaire, il ressemble plus à une chimère. Il n’y a toujours ni canal ni chantier, seulement les plans de son tracé. Et autour des quartiers, des terres agricoles et des forêts qui se font raser.« Canal Istanbul, le dernier projet fou d’Erdogan », un Grand reportage de Manon Chapelain.
11/2/202319 minutes, 30 seconds
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Sports de combat: quand le MMA se fait une belle place en France

De sport paria, il y a encore trois ans, à véritable phénomène de société, le MMA, les arts martiaux mixtes, s’est fait une place de choix sur le territoire français. Le public est au rendez-vous, lors des différents événements organisés à Paris, les combattants font partie des plus grandes ligues mondiales. Comment le MMA est-il en train de s’imposer véritablement comme un sport majeur en France, son avenir est-il aussi radieux que ce qu’on lui prédit ?  Samedi 2 septembre 2023 à l’Accor Hôtel Arena de Paris Bercy. Près de 16 000 personnes se sont réunies pour suivre la soirée UFC (Ultimate Fighting Championship), la plus grande ligue mondiale d’arts martiaux mixtes. Ce soir-là, les combattants français ont brillé et le public a donné de la voix. De simples cris à des « Marseillaise » reprises en chœur, l’ambiance a tout du souvenir inoubliable pour la mère d’un des athlètes présents sur la carte, William Gomis. « C’était une très belle soirée, pleine de rebondissements et d’ambiance. De voir tout cet engouement pour du MMA en France, c'est beau à voir, j’espère que l’UFC reviendra rapidement ».En deux éditions, l’UFC a fait de Paris, et de la France, une nouvelle terre de MMA. Tout porte à croire que le marché national est florissant, insiste avec fierté le vice-président de la fédération américaine, David Shaw : « L’Arena a réalisé un bénéfice de 4 millions de dollars en billetterie, ce qui est un record. Il faut savoir que 70% des billets achetés le sont par des fans qui habitent en dehors de Paris », avant de renchérir avec le sourire : « On ne peut pas être plus satisfait de la manière dont l’UFC s’est implanté en France. J’étais au téléphone avec des collègues de Las Vegas juste après la soirée, ils m’ont dit à quel point le public était bruyant vu de l’écran. »« Les jeunes veulent faire comme les footballeurs »Depuis la légalisation de la pratique en France, en janvier 2020, la vague MMA engloutit tout sur son passage. Pour mieux comprendre le phénomène, il faut retourner à l’essence de ce sport, au contact des pratiquants amateurs. Située en plein cœur de Paris, la salle du Maccabi est une référence dans le milieu. Établissement moderne conçu sur deux étages, le Maccabi propose une multitude de cours de sports de combat, dont le MMA. Les inscriptions ont explosé depuis trois ans, le profil des combattants amateurs a évolué à l’image de Mory, 18 ans : « J’avais en tête de commencer par le MMA, mais depuis je pratique d’autres disciplines pour me perfectionner », explique-t-il en reprenant son souffle. Pour Romain, pratiquant de MMA depuis 2 ans, il y a une logique de voir des jeunes ne jurer que par les arts martiaux mixtes : « Effectivement, il y a de plus en plus de jeunes de 15-16 ans qui débutent par le MMA, c’est vrai qu’à l’instar des footballeurs, quand les jeunes regardent les stars du MMA, ils veulent faire comme eux. »Assommé de coup de téléphone, Benjamin Attia, le cousin de gérant de la salle, se plie en quatre pour réorganiser le planning de cours et faire de la place au MMA : « C’était timide au début, mais depuis le début de cette année on a eu plus de 1200 inscrits. L’année d’avant, c'était dans les 800, on a augmenté de près de 50% », se réjouit le jeune homme à l’impressionnante carrure : « C'est un sport qui parle aux jeunes, qui est en train d’entrer dans leurs mœurs. L’arrivée de l’UFC à Paris nous a aussi permis de nous développer, tout comme l’avènement de nouvelles stars de la discipline comme Ciryl Gane ou Greg. »Greg, c’est le diminutif de Grégory Bouchelaghem, professeur de MMA et combattant professionnel de 46 ans, connu sur YouTube sous le nom de GregMMA. Avec près d’un million d’abonnés, celui qui vient de reprendre sa carrière de combattant tente, à sa manière, d’expliquer le développement fulgurant de la pratique : « Le MMA correspond bien à l’époque actuelle, c’est le métissage globalisé, le mélange des cultures. C'est le pragmatisme à l’américaine donc c’est normal que ça cartonne », martèle-t-il.« J’ai trouvé cette haine injuste »Un sport qui cartonne en France, mais qui n’est pas sans côtés sombres. Avec des fans déchaînés, dans le public et sur les réseaux sociaux, difficile de faire la part des choses, même si l’on est adulé comme Cyril Gane, porte-drapeau de la discipline et star de l’UFC. Sa défaite rapide contre l’Américain Jon Jones en mars dernier a laissé des traces sur Internet : « Je suis conscient de ce que sont les réseaux sociaux, j’étais armé pour ça », souligne le colosse de 115 kilos, affalé dans son fauteuil de chambre d’hôtel. Le poids lourd français ajoute : « J’ai eu de la peine pour les haineux, j’ai trouvé ça injuste. »Une bonne dose d’ingratitude, conséquence d’un sport en pleine métamorphose. À Nice, Aldric Cassata en sait quelque chose. Le manager de Manon Fiorot, française la plus proche d’une ceinture mondiale à l’UFC, a combattu lorsque le MMA était honni. Dorénavant dirigeant de la Boxing Squad, une petite salle, située au quatrième étage d’un bâtiment en périphérie de la ville, le vétéran se souvient : « On n’était pas du tout vu par les Français, il n’y avait pas les réseaux. C’était du défraiement, pas de la rémunération. On nous prévenait une semaine avant pour combattre. C’est l’envie martiale qui primait et rien d’autre », relate-t-il, couché sur les tatamis après une séance de boxe avec Manon Fiorot.Les réseaux sociaux, l’arme fatale du MMA, celle qui fait passer un combattant dans une autre dimension. Le Français Morgan Charrière, 28 ans, en est le parfait exemple. Nouveau venu à l’UFC, le Parisien qui s'entraîne désormais à l’US Métro Bizot, une salle moderne dans le style américain, s’est d’abord fait un nom sur YouTube : « Je me suis mis sérieusement à la création de vidéos en 2017. Je voulais faire ce travail en amont pour me faire connaître et faire connaître mon sport. Quand une forte communauté te suit, tu es pris plus au sérieux par les organisations, on te met plus en avant. C’est une vraie force de frappe. »Tous les feux sont au vert pour que le MMA devienne incontournable sur le territoire, au point de détrôner des sports plus établis comme le football et le rugby ? Pas si sûr, à en croire le journaliste spécialiste des sports de combat à l'Équipe, Jean-Charles Barès : « La réglementation actuelle fait qu’il est impossible de diffuser du MMA sur une chaîne gratuite avant 22 H 30. Modifier cette règle aiderait à développer la discipline, mais on ne va pas faire la fine bouche, c'est le début d’une histoire », analyse-t-il. Et pourquoi pas les Jeux Olympiques ? « C'est tout à fait possible, car le format est adapté. La question pourrait se poser d'ici à quelques années ».
11/1/202319 minutes, 30 seconds
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40 ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, lutter encore et toujours

Le 15 octobre 1983, la Marche pour l’égalité et contre le racisme part de Marseille… ce jour-là, ils sont 32 à prendre le départ. Leur objectif : Paris, en passant par Montélimar, Lyon ou encore Strasbourg. Au fil des kilomètres, les rangs grossissent. Après deux mois et demi de marche et 1 200 kilomètres, le cortège arrive le 3 décembre à Paris, ils sont 100 000 plusieurs décennies plus tard, crimes racistes, violences policières et conditions de vie indignes dans les cités : où en est-on ? « 40 ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, lutter encore et toujours », un Grand reportage de Justine Rodier.
10/31/202319 minutes, 30 seconds
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La Cité internationale de la langue française, le grand projet de Macron

Ouverture aujourd’hui (30 octobre 2023) de la Cité Internationale de la langue française par le président de la République. C’est effectivement le gros chantier des deux quinquennats. Emmanuel Macron a voulu ce premier lieu dédié à la langue française qui prend place dans le château de Villers-Cotterêts construit par François 1er et dans la ville de naissance d’Alexandre Dumas dans l’Aisne à moins d’une heure de Paris. Le château abandonné et en ruines renaît de ses cendres après 5 ans de travaux. Il retrouve sa magnificence : c’est un bijou de la Renaissance à la lisière d’une forêt d’exception, la forêt de Retz. Le public peut à présent accéder gratuitement aux deux cours du château et le traverser pour rejoindre la forêt. Un parcours permanent s’empare de l’histoire de la langue française et de son rayonnement dans le monde. Une histoire relatée avec ses bons côtés, mais qui ne néglige pas pour autant la part violente de cette propagation à travers les colonies.« La Cité internationale de la langue française, le grand projet de Macron » un Grand reportage de Muriel Maalouf.
10/30/202319 minutes, 30 seconds
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Loin de l’Hexagone, Mayotte a soif

Mayotte, petit archipel volcanique de l’océan Indien niché entre Madagascar et le Mozambique ; sa barrière de corail, son lagon turquoise et ses bidonvilles. L’île aux fleurs est le département le plus pauvre de France et la délinquance y est jugée « hors norme » par l’Insee, l’Institut national des statistiques. L’accès aux soins et à l’éducation est difficile, l’immigration clandestine est très élevée. Et aux crises sociale et sécuritaire, s’ajoute depuis plusieurs mois une crise de l’eau. L’île subit sa plus importante sécheresse depuis 1997, désormais les Mahorais vivent au rythme des coupures d’eau.  « Loin de l’Hexagone, Mayotte a soif », un Grand reportage de Jeanne Richard.
10/27/202319 minutes, 30 seconds
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Nouvelle-Zélande: les conséquences des compensations carbone

Depuis une vingtaine d’années, la Nouvelle-Zélande s’est imposée comme l’un des leaders mondiaux dans la revente de crédits CO2. À l’autre bout du monde, des sociétés comme Ikea, Shell ou Boeing s’offrent donc un « droit à polluer » en rachetant le carbone absorbé par les forêts néo-zélandaises, dédiées aux compensations carbone. Pour la plupart monocultures, elles sont constituées uniquement de pins exotiques, qui absorbent plus rapidement le CO2 mais résistent peu aux tempêtes et cyclones australes. À chaque catastrophe naturelle, des milliers d'arbres s’échouent sur les plages, les fermes et les habitations, affectant plusieurs régions à travers le pays. (Rediffusion)De notre correspondant en Nouvelle-Zélande,« Ici, on élève de l’air frais ! », s’amuse Warrick James. Située au milieu des Alpes du Sud, la plus grande chaîne de montagne en Nouvelle-Zélande, la ferme de Warrick et sa femme Cece a récemment changé de visage.Il y a quelques années, ils ont troqué la moitié de leur bétail pour se lancer dans les compensations carbone. Sur plus de 500 hectares, le couple a planté une forêt de pins dédiée à la revente de crédits CO2 : « avec les hauts et les bas dans le secteur de l’élevage, au moins le carbone nous a donné une certaine stabilité ».Car avec les réductions d’émissions de CO2 imposées aux grandes entreprises à travers le monde, le prix du carbone s’envole. Chaque année, les forêts de Warrick absorbent 50 tonnes de CO2 par hectare. Des tonnes, reconverties en unités et rachetées une trentaine d’euros par le système d’échange de droits d’émissions. « J’ai toujours cru que je n’étais qu’un fermier du sud avec ses vaches et ses moutons, je n’aurais jamais pensé que j’allais un jour avoir des arbres pour absorber du carbone », plaisante Warrick. Et si le couple garde le sourire, c’est parce que l’année dernière, ils ont empoché près de 800 000 euros grâce aux compensations carbone.Une reconversion qui séduit de plus en plus les éleveurs de bétail. En 2022, 50 000 hectares de fermes d’élevage ont été reconvertis en forêts de compensations carbone.Au nord du pays, sur la côte Est, Gisborne et sa région appelée en māori, Tairāwhiti. Ici, les fermes de compensations carbone ont eu un impact considérable sur la population. Récemment marqué par les cyclones Hale et Gabrielle durant l’été austral, ce district est constamment affecté par la chute d’arbres provenant de ces forêts. « On en a marre de ce chaos ! », affirment Bridget et son mari Mike.Ce couple d’horticulteurs a perdu la quasi-totalité de leur ferme de kiwis, dévastée par des tonnes de troncs d’arbres. « En cinq ans, nous avons été affectés trois fois par ces fermes de carbone. Les arbres se sont échoués sur nos terres et notre maison était encerclée par les pins. Et tous ces arbres viennent des forêts de compensations carbone situées 25 kilomètres plus haut. »Un désastre économique, mais aussi écologiqueDans ce décor cataclysmique, où la vase et les arbres recouvrent les rivières et les fermes locales, une voix s’élève, celle de Hera Ngata Gibson. Cette habitante de Tolaga Bay, a vu en l’espace d’une génération, sa région être totalement dévastée par l’industrie du carbone.Il y a quelques mois, elle a lancé une pétition pour qu’une enquête indépendante fasse la lumière sur les effets néfastes de cette activité dans la région. Une initiative rejetée plusieurs fois par le ministre néo-zélandais de l’Industrie forestière. « Ce que j’ai réalisé avec cette expérience, c’est que le gouvernement et cette industrie n’ont aucune idée de ce qui est important pour nos populations dans ce genre de communauté. L’environnement est ce nous avons de plus cher et cela a affecté toute notre manière de vivre. On se sent submergé par ces débris de bois qu’il y a partout autour de nous… à chaque grande marée, les arbres finissent de nouveau sur les plages. Puis une fois en mer, ils détruisent nos fonds marins. Pour cette petite communauté, au mode de vie très modeste, la mer est l’une de nos ressources principales pour manger, mais aujourd’hui, c’est devenu impossible. »Car le problème pour cette région de Nouvelle-Zélande, est surtout lié à sa géologie. La côte est de l’île du Nord possède le taux d’érosion le plus élevé au monde. Des sols fragiles et non adaptés à ces monocultures de pins exotiques. Un aspect sur lequel certaines compagnies forestières ont préféré fermer les yeux, face au prix attractif de ces terres.Pour Renée Raroa, elle aussi originaire de cette région, le futur des compensations carbone passe par un retour aux arbres endémiques de Nouvelle-Zélande. Une problématique qu’elle est allée porter jusqu’au siège des Nations unies, à New-York. Au cours des derniers mois, elle a développé, avec l’aide d’autres organisations, un modèle durable de forêt dédiée au carbone. « Ces forêts de monocultures dans cette région ne sont plus viables. Cependant, ces forêts de pins offrent pour le moment la meilleure rentabilité pour les compensations carbone. Alors, sur plus de 900 hectares, nous avons mis en place un nouveau modèle qui observe les données d’une forêt native qui sert à régénérer ces terres mais aussi à offrir des compensations carbones. Avec ces données qui prouvent que l’on peut avoir une activité économique tout en respectant l’environnement, on veut démontrer qu’il est possible de changer cette industrie pour se tourner vers un système de compensation carbone plus durable. »Aujourd’hui, 90% des fermes de compensation carbone en Nouvelle-Zélande sont composées de pins exotiques.Une tendance dont certaines communautés souhaitent changer. Quoi qu'il en soit, la Nouvelle-Zélande espère atteindre 2 millions d'hectares de forêts consacrées aux compensations carbone dans les cinq prochaines années.
10/26/202319 minutes, 30 seconds
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À Marseille, «mon enfant tué, ma famille abandonnée»

L’année dernière (2022), 35 personnes ont perdu la vie dans des homicides à Marseille. Cette année, elles sont déjà 23. Les évènements sont toujours aussi violents, si ce n’est plus et se passent parfois le jour. Les armes sont lourdes et les victimes de plus en plus jeunes. Après ces meurtres, que deviennent les familles ? À ce jour, quelques dispositifs psychologiques existent mais restent plutôt méconnus… Alors que les proches reçoivent parfois des menaces, les familles expriment leur besoin de déménager, mais restent souvent vivre sur le lieu du drame… À Marseille, « mon enfant tué, ma famille abandonnée », un Grand reportage de Justine Rodier. (Rediffusion)
10/25/202319 minutes, 30 seconds
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Défendre la Finlande, plus qu'une politique, un état d'esprit

Être prêt, toujours, à la guerre… La Finlande, qui vient de rejoindre l’Otan, n’a jamais cessé de se préparer à un éventuel conflit avec la Russie, un voisin avec qui elle partage 1 340 km de frontière terrestre et qu’elle a toujours jugé menaçant et imprévisible. Service militaire obligatoire, abris antiatomiques, stocks de blé, de pétrole, de médicaments… Sa politique dite de « défense totale » implique non seulement les armées, mais les entreprises et la société civile. « Défendre la Finlande, plus qu'une politique, un état d'esprit », un Grand reportage de Carlotta Morteo. (Rediffusion)
10/24/202319 minutes, 30 seconds
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Quelle prise en charge pour les enfants de retour de Syrie?

Alors que la France a procédé ce mardi (4 juillet 2023) à une 4ème opération de rapatriement en un an, RFI donne la parole aux professionnels qui prennent en charge les enfants de retour de Syrie en Seine-Saint-Denis. Ce département d’Ile-de-France, point d’entrée des rapatriés via l’aéroport de Roissy, a longtemps été le seul à s’occuper de ces mineurs. Depuis fin 2016, 99 enfants ont ainsi été suivis par les acteurs de la protection de l’enfance du 93, qui ont développé un protocole d’accompagnement qui fait aujourd’hui école dans d’autres départements. En quoi consiste-t-il ? Avec plus de 5 ans de recul, que peuvent dire ces professionnels de l’évolution des enfants ?« Quelle prise en charge pour les enfants de retour de Syrie ? », un Grand reportage de Laura Martel.  (Rediffusion)
10/23/202319 minutes, 30 seconds
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Redonner un nom aux migrants morts dans le désert de Sonora, en Amérique du Nord

Au moins 853 migrants sont morts à la frontière entre les États-Unis et le Mexique en 2022. C’est le double des années précédentes et un bon nombre de ces décès survient dans le désert de Sonora, en Arizona. Empêchés par les politiques migratoires de plus en plus restrictives, les migrants tentent de trouver d’autres voies d’accès plus furtives, mais aussi plus dangereuses pour entrer sur le territoire américain.  En proie à un environnement hostile et des températures extrêmes, certains ne terminent pas la route. Le désert se transforme alors en un cimetière qui réduit les corps à l’état de squelettes en quelques jours… À Tucson, un groupe de bénévoles, « los capellanes del desierto » (« aumôniers du désert ») organisent fréquemment des opérations de recherche pour retrouver les corps des disparus. Avec l’aide des médecins de la morgue, ils s’efforcent de redonner un nom aux migrants morts dans le désert.  « Redonner un nom aux migrants morts dans le désert de Sonora », un Grand reportage de Gwendolina Duval. (Rediffusion du 25 mai 2023)
10/20/202319 minutes, 30 seconds
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Neuf tirailleurs de retour au Sénégal

85, 88 ou 95 ans… Ces anciens combattants sont âgés. Ils sont neuf, tous résident à Bondy, en banlieue nord de Paris. Tous sont originaires du Sénégal. Ce sont les survivants de la 3ème et la dernière génération de tirailleurs qui ont combattu pour la France dans les guerres de décolonisation : l’Indochine et l’Algérie notamment. Le gouvernement français a pris une mesure qui leur permet de percevoir leur minimum vieillesse sans obligation de séjourner la moitié de l’année en France. Ils vont enfin pouvoir retourner dans leur pays d’origine. Sylvie Koffi a fait le voyage avec les neuf premiers à partir. « 9 tirailleurs de retour au Sénégal », un Grand reportage de Sylvie Koffi. (Rediffusion) En images
10/19/202319 minutes, 30 seconds
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Cracolândia, 30 ans du crack au coeur de São Paulo

Le nom peut être trompeur, mais Cracolândia n’a rien à voir avec Disneyland. En plein coeur de la plus grande métropole d’Amérique Latine, et à cheval sur plusieurs quartiers historiques, le territoire de Cracolândia concentre depuis près de 30 ans toute la misère de São Paulo. Entre 1 000 et 1 500 personnes vivent dans des conditions très précaires : sans eau, sans toilettes, sans abris, et sur un territoire devenu une grande scène ouverte de consommation de tous types de drogues. Alors que les toxicomanes se concentraient auparavant sur une place, la police de la ville a désormais pour ordre de les forcer à se déplacer en permanence. C’est donc devenu un « flux », mouvant, qui entraîne de nombreux problèmes pour les habitants et commerçants du centre, comme pour les toxicomanes eux-mêmes.  « Cracolândia, 30 ans du crack au coeur de São Paulo », un Grand reportage de Sarah Cozzolino, réalisation : Pauline Leduc. 
10/18/202319 minutes, 30 seconds
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Malaise au Pendjab, la terre des Sikhs en Inde

Depuis un mois, l’Inde et le Canada affichent leur dispute autour de l’indépendantisme Sikh. Le Canada accuse l’Inde d’avoir assassiné un partisan d’un État indépendant pour les Sikhs en Inde, baptisé Khalistan. L’Inde nie en bloc et accuse le Canada d’héberger des terroristes. Alors qui sont les Sikhs et quelles raisons les poussent à envisager de sortir de l’Inde ? S’ils représentent moins de 2% de la population, Les Sikhs sont un symbole. Ils ont nourri les rangs de l’armée Indienne, et nourri aussi les ventres, en transformant leur État, le Pendjab, en grenier à blé de l’Inde.Mais pour certains d’entre eux, l’Inde les a trahis : elle refuse de leur accorder une réelle autonomie politique, elle empoisonne leurs terres avec l’agriculture intensive, elle instrumentalise le traumatisme qu’ils ont vécu lors de la partition en 1947, qui coupa leur empire en deux.   « Malaise au Pendjab, la terre des Sikhs en Inde », un Grand reportage de Côme Bastin.
10/17/202319 minutes, 30 seconds
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La simulation en santé, un centre précurseur à Amiens

« Jamais la première fois sur un patient ». La simulation en santé est aujourd’hui une méthode pédagogique incontournable pour les étudiants et professionnels de santé. Cela consiste à reproduire des situations de soins pour s’entraîner à des gestes techniques, apprendre à gérer les risques, poser des diagnostics, etc. Sur des mannequins, en réalité virtuelle, ou avec des faux patients qui simulent. À Amiens, dans le nord de la France, le centre Simusanté existe depuis 10 ans. Il a été pionnier en Europe dans le domaine de la simulation médicale et il est l’un des plus grands du genre.« La simulation en santé, un centre précurseur à Amiens », un Grand reportage de Lise Verbeke. (Rediffusion)
10/16/202319 minutes, 30 seconds
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Les réfugiés birmans dans le sas malaisien

En Malaisie, l’UNHCR, le haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés estimait le nombre de réfugiés birmans à plus de 158 000, à la fin de l’année 2022… Ce chiffre ne reflète pas la stricte réalité, mais plutôt le nombre de réfugiés birmans que l’UNHCR a pu enregistrer, sachant que la majorité vit dans le pays depuis très longtemps, bien avant le coup d’état de 2021. Beaucoup sont des rohingyas, mais pas seulement. Ces réfugiés, n’ont pas la possibilité de travailler légalement, et ne peuvent pas suivre une éducation formelle non plus. Dans ce contexte, les birmans de Malaisie s’organisent comme ils peuvent pour vivre leur vie… dans l’attente de s’établir ailleurs, pour enfin tourner la page d’un passé, souvent violent.  « Les réfugiés birmans dans le sas malaisien » un Grand reportage de Juliette Juliette Pietraszewski.
10/13/202319 minutes, 30 seconds
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Les racines du PiS en Pologne

8 ans. 8 ans que le parti populiste, ultraconservateur et nationaliste Droit et Justice dirige la Pologne. Une période pendant laquelle, le PiS, en polonais, s’est fait des ennemis. L’opposition lui reproche un contrôle trop important sur les médias publics et le tribunal constitutionnel. Les manifestations se sont aussi multipliées dans les grandes villes du pays, notamment pour protester contre la loi sur l’avortement, quasiment illégal maintenant en Pologne. Pourtant, le parti s’est ancré, dans les campagnes et dans les villes. Assez pour qu’à quelques jours des élections parlementaires il reste en tête dans les sondages.   « Les racines du PiS en Pologne » C’est un Grand Reportage de Martin Chabal. 
10/12/202319 minutes, 30 seconds
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Colombie: le tourisme social comme moyen de survie

Grand reportage nous emmène aujourd'hui dans le nord-ouest de la Colombie, dans les marais de la Ciénaga. Une ville de pêcheurs nommée La Nueva Venecia, comprenez « la Nouvelle Venise » en référence à la ville d’Italie, est en train de devenir un site touristique hors normes. Car là-bas, tous les habitants vivent sur l’eau et se déplacent en embarcation. Ils sont coupés du monde mais les touristes arrivent jusqu’à eux. Ce tourisme dit « social » les aide à améliorer leurs conditions de vie. « Colombie: le tourisme social comme moyen de survie », un Grand reportage signé Najet Benrabaa.
10/11/202319 minutes, 30 seconds
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Europe cherche lithium désespérément

Il y a l’or noir – le pétrole - et désormais l’or blanc, comme certains appellent le lithium. Extrêmement léger, très conducteur d’électricité, ce métal blanc est de plus en plus recherché, tant il est indispensable à la fabrication des voitures électriques, en pleine transition énergétique. Aujourd’hui, le lithium vient principalement de mines australiennes et chinoises, ou bien de lacs salés des hauts plateaux d'Amérique du Sud. Mais en cette période de tensions diplomatiques et économiques entre Pékin et Washington, et après la pandémie de Covid (qui avait entrainé des pénuries dans l’industrie), l’Europe cherche à assurer sa souveraineté dans ce domaine.  À quelques centaines de mètres du village d’Echassières, dans le paysage vallonné du centre de la France, un grand cratère blanc pourrait voir s’installer l’une des plus importantes mines de lithium d’Europe. Pour l’instant, le site est une carrière de kaolin, une roche friable utilisée pour la porcelaine. Sous les gradins sillonnés par quelques machines de chantier se trouve un des plus grands gisements de lithium d’Europe. « Voilà l’entrée prévue de la galerie pilote qui permettrait d’alimenter notre usine pilote et de finir nos tests à l’échelle semi-industrielle, explique Benjamin Barré, géologue du groupe français Imerys, qui prévoit d’ouvrir une mine de lithium sous cette carrière en 2028. Nous sommes déjà en relation avec un bureau d’études pour nous aider à avoir des réponses pour la mine industrielle, la future mine ». Pour l’instant, des travaux d’exploration sont toujours en cours. Des salariés de l’entreprise sont en train d’extraire, avec l’aide d’une carotteuse, de longs cylindres de granit – des carottes dans le jargon de la géologie - qui seront ensuite analysés, pour évaluer leur richesse en lithium. La future mine souterraine n’a pas encore obtenu toutes les autorisations nécessaires. L’investissement prévu par Imerys est toutefois très important : plus d’un milliard d’euros, pour extraire la roche, la broyer, puis l’envoyer à quelques dizaines de kilomètres de là, vers une usine de raffinage, qui ne gardera que le lithium presque pur. « En France, je pense qu’il n’y a pas eu d’ouverture de mine ces 50 dernières années », avance Vincent Gouley, directeur de la Communication et du Développement durable pour les projets liés au lithium chez Imerys. « Quand vous trouvez un gisement de cette qualité au fond de votre jardin, il serait dommage de ne pas l’exploiter. Quelque part, nous avons de la chance d’avoir mis la main sur un tel gisement, sous un site existant », s’enthousiasme-t-il. Il a fait le voyage depuis Paris pour rencontrer des élus locaux et pour défendre le projet de mine. « En l’état de nos connaissances, il permettrait de produire 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium chaque année, sur au moins 25 ans. Cela correspond aux besoins en lithium de 700 000 véhicules électriques par an, c’est-à-dire la moitié de la production française [de voitures électriques] aujourd’hui. C’est un gisement significatif au niveau français et au niveau européen », se réjouit-il.  Un enjeu politique et de souveraineté Comme celui d’Imerys, les projets autour du lithium se multiplient en Europe : usines de batteries en France et en Allemagne, projets de mines au Portugal, en Espagne, en Finlande, ou encore au Royaume-Uni. Une réponse aux estimations du niveau de la demande en lithium dans les années à venir : celle-ci pourrait être multipliée par 25 d’ici à 2050, d’après l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). De quoi inciter le président français Emmanuel Macron à promouvoir l’extraction de lithium dans son pays, comme lors de cette interview sur la chaîne France 2, en octobre 2022.  « On n’a pas de pétrole, mais on a du lithium. Donc si on fait des batteries – et on en fera en France deux millions par an à la fin du quinquennat – il faut pouvoir sécuriser les approvisionnements. Car le coût d’une batterie est à 80% lié aux matériaux comme les terres rares, etc. C’est pour ça qu’on va rouvrir des mines de lithium. On évitera à nos enfants des crises comme on est en train de la vivre. Car on ne dépendra plus du pétrole qui vient d’autres pays, [on dépendra] beaucoup moins du gaz venant d’autres pays, et beaucoup moins des batteries électriques faites en Chine », assurait le président français. Aujourd’hui, près de la moitié du lithium produit dans le monde vient de mines australiennes. Un tiers vient de lacs salés des hauts plateaux du Chili, dans le désert d’Atacama. Enfin, la Chine extrait sur son sol 15% de la production mondiale. Une concentration qui inquiète les dirigeants européens, échaudés par la guerre en Ukraine, qui a mis en évidence la dépendance du continent vis-à-vis du gaz russe.  Pour tenter d’assurer une souveraineté européenne pour l'approvisionnement en lithium et autres minerais indispensables à la transition énergétique, la Commission européenne a lancé en 2022 une nouvelle législation sur les matières premières critiques. Des minerais « critiques » et des terres rares, « il y en a en Europe, mais maintenant il faut se donner les moyens de les extraire. Et ne pas dire ‘nous en Europe nous allons consommer et assembler, mais laisser les autres extraire’. Car nous savons bien qu’extraire est compliqué », tonnait en mars 2023 Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur. L’Union européenne s’est ainsi fixé des objectifs : « Sur l’extraction, l’objectif est [d’extraire sur le sol européen] 10% [des quantités de matières premières critiques dont nous aurons besoin] à l’horizon 2030. Certains diront que c’est peu mais nous sommes à 3% seulement aujourd’hui, donc c’est quand même un objectif ambitieux, estime Thierry Breton. Sur le raffinage 40% de nos besoins en 2030 doivent être faits en Europe. Et enfin nous avons un objectif de 15% de recyclage », concluait-il lors d’une conférence de presse à Bruxelles. Or, concernant le raffinage par exemple, aucune usine n’est opérationnelle à ce jour en Europe. De la mine à la batterie À Lauterbourg, à deux pas de la frontière franco-allemande, la start-up Viridian prévoit d'en installer une, en bordure d’un port industriel, le long du Rhin. La construction n’a pas encore commencé. Nous rencontrons donc le co-fondateur de Viridian lors d’un de ses passages à Paris.Le projet a obtenu 12 millions d’euros de subventions publiques, pour effectuer l’une des étapes intermédiaires entre les mines et les producteurs de batteries électriques. « En amont, le producteur de lithium extrait ce métal depuis de la roche dure ou de saumure [de l’eau salée]. Ensuite, il faut raffiner. Certains producteurs le font eux-mêmes. D’autres préfèrent l’envoyer chez des raffineurs indépendants tels que Viridian pour le transformer ou le purifier davantage, explique Rémy Welschinger, co-fondateur de Viridian. Puis, ce lithium est donné aux constructeurs de cathodes, pour construire des cellules de batteries. Ces cellules sont mises dans des packs de batteries et enfin on place ces packs de batteries dans des véhicules électriques », précise-t-il. Viridian espère ouvrir sa raffinerie en 2026, avec une centaine de salariés. La start-up est en négociations avec Verkor (qui prévoit d’ouvrir une grande usine de batteries du nord de la France) pour lui fournir du lithium. Quelles conséquences pour l’environnement ? L’Europe prévoit d’interdire les voitures à moteurs thermiques dès 2035. Cependant, avec les projets déjà connus aujourd’hui, la production de lithium ne suffirait pas à répondre à la demande mondiale de batteries électriques estimée pour 2030, anticipe l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). Malgré l’enthousiasme des dirigeants européens, les élus locaux ne sont pas tous à l’aise avec ces projets. Dans la région où Imerys veut creuser sa mine de lithium, certains n'ont pas souhaité nous parler. À Echassières, le village où la mine pourrait voir le jour, le maire a tout de même accepté de nous recevoir dans un petit bâtiment moderne où il est seul ce jour-là. Sur le principe, Frédéric Dalaigre est plutôt favorable à la mine, qui promet de créer près de 500 emplois directs, dont 300 à Echassières. Un chiffre énorme pour ce village d’à peine 400 habitants, dans une région rurale. « À l’échelle d’Echassières, c’est bien évidemment un projet de très grande taille », dit-il. « D’un point de vue économique, c’est évidemment positif pour la commune car si l’exploitation de lithium se fait, on aura des créations d’emplois sur la commune. Qui dit création d’emplois dit potentiellement plus d’habitants pour la commune et toutes les communes voisines. Cela veut dire plus de gens pour faire tourner nos commerces et plus d’enfants à l’école », souligne le maire. « Sur l’aspect environnemental, là, il y a une vigilance à apporter, notamment concernant la disponibilité en eau. L’eau est une préoccupation majeure partout en France. C’est le cas également dans l’Allier [le département où se trouve Echassières]. On attend des réponses à ce niveau-là, pour savoir où ils [Imerys] vont prendre l’eau, quelles sont les disponibilités locales, et où ils vont aller la chercher. » Dans le seul restaurant du village, face à l'église en pierre, un groupe d’amis finit de déjeuner. « Ce projet est une bonne nouvelle pour la commune », estime Kevin Fayol, qui élève des vaches à quelques centaines de mètres de la future mine. « Ça ne peut qu’apporter du travail en plus et davantage de population pour notre village », pense celui qui est aussi conseiller municipal. Autour de la table, tous sont favorables au projet, comme Eric Brun, conseiller municipal d’une commune voisine et agriculteur lui aussi. « On ne peut pas voir que les inconvénients, ce n’est pas possible. On nous parle tous les jours du local : ça c’en est, du local. Alors pourquoi être contre ? », avance-t-il. Pour autant, les habitants des alentours sont divisés. « Non à la mine », « Lithium non merci »... Voici les messages qu’on peut lire sur la route menant à Echassières. Nous retrouvons Xavier Thabarant quelques centaines de mètres au-dessus du site d’Imérys. Il est guide naturaliste, adhérent de France Nature Environnement et fait partie de « Préservons la forêt des Colettes », une association locale opposée à la mine. Dans cette forêt domaniale classée Natura 2000, « l’une des plus belles hêtraies de la région », selon Xavier Thabarant, un panneau signale la présence de la rosalie des Alpes, un insecte menacé.  « C’est cet insecte qui est en photo, bleu et noir, qui pond dans les hêtres. C’est notre insecte rare sur la forêt, et protégé. On est à deux pas de la mine, quand on regarde là derrière, on voit le haut [de la carrière]. J’espère que les arbres ne mourront pas mais s’ils meurent, l’insecte disparaîtra lui aussi [des lieux] », craint-il.  Pour son projet, Imerys aura besoin de puiser 2 millions et demi de mètres cubes d’eau au lancement de la mine. Soit l’équivalent de la consommation annuelle domestique de 50 000 Français environ. L’eau serait puisée à plusieurs kilomètres de la mine. L’endroit précis n’a pas encore été défini. Les années suivantes, le prélèvement d’eau sera cinq fois moins important, assure Imerys. Mais c'est l’un des points qui inquiète le plus les riverains. Sans compter la pollution à long terme habituellement générée par l’activité minière. Des nuisances que Xavier Thabarant n’accepte pas de voir justifiées par l’argument de la souveraineté. « C’est vrai qu’on a du lithium ici [en France] mais pour faire une batterie il faut aussi du cobalt, du manganèse... On a peut-être la moitié de ce dont on a besoin, donc on n’aura jamais l’indépendance énergétique », souligne-t-il. Pour les adhérents de Stop mines 03, une association qui se mobilise également contre le projet d'Imerys, les promesses de mine responsable avancées par Imerys, ne sont pas crédibles. « Même Imerys dit qu’il y aura des impacts environnementaux », souligne Sara Monimart, l’une des membres de l’association, qui se mobilise pour éviter que la mine voie le jour. « Ils [reconnaissent qu’ils] vont juste les minimiser. Cela veut dire qu’ils seraient capables de les minimiser ici mais qu’ils ne le font pas à l’étranger car ce n’est pas Europe et qu’il n’y a pas les mêmes normes ? C’est d’un cynisme monstrueux », dit-elle. En Serbie, en janvier 2022, la mobilisation de dizaines de milliers d’habitants a fini par mettre un coup d’arrêt à un projet de mine de lithium porté par la multinationale Rio Tinto. Les riverains - et les manifestants qui les soutenaient - craignaient des conséquences sur leur santé, et sur l’environnement. Lithium et géothermie En plus des mines de lithium issu de roche ou de lacs salés, il existe une autre manière de produire ce métal si recherché : la géothermie. En Europe, une dizaine de projets ont déjà été annoncés dans la vallée du Rhin. En effet, du lithium a été découvert dans les saumures (dans l’eau salée) du sous-sol de la région. Près de la frontière franco-allemande, à la sortie de la ville de Landau, 50 000 habitants, des ouvriers de la start-up australienne Vulcan appliquent de l’isolant en aluminium sur un impressionnant dédale de tuyaux. « C’est pour protéger les salariés de la chaleur dégagée par la saumure, l’eau salée issue de la géothermie », et puisée à plusieurs kilomètres de profondeur, explique Courtney Mahar, qui dirige la construction de cette usine pilote. « De l’autre côté de ce muret, ce sont nos voisins de la centrale de géothermie qui nous fournit des saumures. Là, dans ce cube gris se trouve le puits de forage. Et là, au fond du terrain le tuyau rejoint notre site. C’est comme ça que nous récupérons la saumure chargée en lithium », précise l’ingénieur. L’eau salée est filtrée pour en extraire le métal, avant de renvoyer le reste de l’eau et des minéraux dans le sous-sol. Le projet a commencé en 2018. Vulcan a levé près de 400 millions d’euros jusqu’à maintenant, sur un projet estimé à 1,5 milliard. La production doit débuter entre fin octobre et début novembre 2023. « Il y a trois étapes de production chez nous, explique Horst Kreuter, l’un des cofondateurs de l’entreprise. La première, c’est de forer des puits de géothermie [profonde] pour extraire de l’eau salée, de la saumure, dans le sous-sol. Ensuite, il faut séparer le lithium du reste de la saumure. On obtient alors un sel de lithium mais ce sel ne peut pas encore aller dans les batteries : il faut donc une étape supplémentaire, le raffinage, qui aura lieu à Francfort, dans une zone industrielle. » Après cette usine pilote, l’ambition de Vulcan est de passer à l’échelle industrielle, avec une usine environ 200 fois plus grande, qui produirait 24 000 tonnes de lithium chaque année, progressivement, à partir de 2026. « Plus de 30 usines de batteries sont en train d’être construites en Europe et ont besoin désespérément de lithium. Elles veulent se fournir sur le continent de lithium neutre en carbone. Et c’est exactement ce que nous faisons », se réjouit Horst Kreuter. La « neutralité carbone » à l’échelle d’une entreprise – dont se réclame Vulcan pour ses projets de lithium - est un concept contesté notamment par l’Ademe, l’agence française de la Transition écologique.Pour autant, les promesses d’une production moins polluante que les mines de roche dure conventionnelles font recette. « Nous avons déjà vendu toute notre production prévue pour les cinq prochaines années, alors que nous n’avons pas encore commencé à produire, poursuit Horst Kreuter. Nos clients sont Stellantis, Renault, Wolkswagen le groupe belge Umicore et puis LG, le deuxième plus grand fabricant de batteries au monde. » Cette méthode de production de lithium enthousiasme Valentin Goldberg et Fabian Nitschke, des chercheurs spécialisés dans la géothermie. Nous les rencontrons sur le campus de l’Institut technologique de Karlsruhe, à une trentaine de kilomètres de l’usine pilote de Vulcan.  Valentin Goldberg est doctorant au département de Géothermie. Il souligne les avantages d’extraire du lithium par la géothermie plutôt que dans de la roche ou dans des lacs salés d'Amérique du Sud.  « L’utilisation de ces saumures de la vallée du Rhin, les saumures de géothermie, est une forme d’extraction très peu invasive, dit-il. Car il y a juste deux petits puits de quelques centimètres de diamètres. Cela utilise moins de surface au sol, moins d’énergie et le grand avantage est que le marché se trouve ici [en Europe] : il n’y a quasiment pas besoin de transporter le lithium. Son impact environnemental est donc beaucoup moins important. Si l’exploitation se concrétise à l’échelle industrielle, ce serait donc plus propre que les mines conventionnelles », assure le doctorant. « Jusqu’à maintenant, nous avons toujours importé nos matières premières et notre énergie, comme le pétrole et le gaz, poursuit Valentin Goldberg. Nous exportions donc les dommages environnementaux que cela cause. Si nous avons la possibilité de produire notre propre énergie et nos propres matières premières, nous devrions prendre nos responsabilités et en assumer l’impact ici, là où nous les consommons, plutôt que de laisser à d’autres pays les dégâts que cela peut engendrer. » La construction des centrales de géothermie, qu’elles permettent ou non d’extraire du lithium, comporte tout de même des risques. « Nous avons constaté dans le passé que si les choses ne sont pas faites correctement, par exemple en allant trop vite, en appliquant des pressions trop fortes lors du forage, cela peut créer de l’activité sismique, qui peut être ressentie par la population. À Vendenheim [dans l’est de la France], mais aussi à Bâle [en Suisse, en 2006], il y a aussi eu des dommages limités, sur des maisons », souligne Fabian Nitschke, chercheur senior et directeur du Laboratoire de recherche dans lequel travaille Valentin Goldberg. Les habitants des alentours de Vendenheim, en banlieue de Strasbourg, ont en effet senti la terre trembler plusieurs fois à partir de la fin 2019. Dans un rapport commandé par les autorités françaises, des scientifiques ont conclu en 2022 que cette série de séismes avait été causée par le groupe français Fonroche, qui effectuait des forages pour construire une centrale de géothermie.  « Dans le cas de Vendenheim, les personnes qui ont subi des dommages n’ont pas été indemnisées de manière automatique et facile, souligne Fabian Nitschke. Ce qui a fait diminuer nettement l’acceptation de cette technologie » dans la région. Gionni Cuomo a ressenti plusieurs de ces tremblements de terre dans la banlieue de Strasbourg. « On s’est bien fait secouer », explique cet Alsacien qui participe à Vigiclimat, un collectif d’associations locales opposées aux projets de géothermie profonde (qu’ils permettent ou non d’extraire du lithium). « Le dernier en date, c’était en juin 2021 [mesuré à 3,9 sur l’échelle de Richter]. J’ai même eu le temps de me lever, sortir de mon lit et d’aller dans la chambre des enfants, cela tremblait toujours. », se souvient-il. À ce moment-là, il cherchait déjà « plus de terrain pour [ses] enfants », mais les séismes ont motivé « en grande partie notre décision de voir si l’herbe était plus verte ailleurs », dit-il. C’est à dire de déménager, à 45 min de voiture plus au nord. Pour constater « qu’il n’y a pas un seul projet de géothermie sur notre nouveau territoire mais une quinzaine de projets potentiels », regrette-t-il. ► À consulter : [Avis de l'Ademe] Tous les acteurs doivent agir collectivement pour la neutralité carbone, mais aucun acteur ne devrait se revendiquer neutre en carbone « Europe cherche lithium désespérément », un Grand reportage de Justine Fontaine, réalisé par Nicolas Benita.
10/10/202319 minutes, 30 seconds
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Face aux inondations dans la ville d’al-Marj: une population livrée à elle-même

De monstrueuses quantités d’eau sont tombées et des coulées de boue ont ravagé plusieurs villes, en particulier, la ville de Derna, dévastée par la rupture de deux barrages. Plus de 4 200 morts et de 10 000 disparus. C’est le bilan toujours provisoire de la catastrophe qui a frappé la région du Djabal al-Akhdar en Libye, dans la nuit du 10 au 11 septembre 2023. Outre le bilan humain, les pertes dans le domaine de l’élevage et de l’agriculture pourraient menacer la sécurité alimentaire du pays. La ville d’al-Marj est située dans une vallée fertile, à mi-chemin entre Benghazi et al-Bayda dans l’Est libyen. Une ville elle aussi martyre.«Face aux inondations dans la ville d’al Marj : une population livrée à elle-même», un Grand reportage de Houda Ibrahim.
10/9/202319 minutes, 30 seconds
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En France, le fléau grandissant des punaises de lit

Après avoir disparu dans les années 50, les punaises de lit sont de retour et leur présence s’est accrue ces dernières années. Selon une étude réalisée en 2021 par le cabinet Ipsos, près de 5 millions de Français et Françaises ont été confronté.e.s à ce problème depuis 2016. Ces insectes ne sont pas vecteurs de maladie, mais provoquent des problèmes dermatologiques parfois graves et engendrent une dégradation de l’état de santé psychologique comme l’insomnie, ayant ainsi des répercussions sur la vie professionnelle, familiale et sociale. (Rediffusion) «En France, le fléau grandissant des punaises de lit», un Grand reportage de Justine Rodier.
10/6/202319 minutes, 30 seconds
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Au Pérou, la fonte des glaciers de la Cordillère blanche

C’est l’un des effets palpables du réchauffement climatique. Au Pérou, les glaciers reculent, avec une perte d’environ un tiers de leur surface depuis les années 2000. Le phénomène est particulièrement visible au coeur de la Cordillère blanche, dans le nord-ouest du pays. Connue pour ses sommets de plus de 6 000 mètres, la cordillère est menacée par la fonte des glaciers, qui accentue le risque d’inondations et d’éboulements destructeurs. « Au Pérou, la fonte des glaciers de la Cordillère blanche », un Grand reportage de Juliette Chaignon.
10/5/202319 minutes, 30 seconds
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Théâtre de la Ville Sarah Bernhardt: au programme, art et démocratie

 Ça y est ! Le Théâtre de la Ville au cœur de Paris rouvre ses portes après 7 ans de fermeture. 7 ans de travaux et de difficultés de toutes sortes… On n’y croyait plus et pourtant le revoilà, ce bâtiment fin XIXè reprenant de surcroît son appellation d’origine Théâtre de la Ville Sarah Bernhardt, du nom de la grande tragédienne qui l’a dirigé et y a joué durant 24 ans jusqu’à sa mort en 1923. Un théâtre riche aussi des plus grands noms du spectacle vivant. Pina Bausch, la grande chorégraphe allemande, y a donné près de 40 pièces, Patrice Chéreau y a réalisé ses mises en scène, de célèbres musiciens y ont joué comme le virtuose pakistanais Nusrat Fateh Ali-Khan. Autant d’artistes dont l’aura habite encore les lieux. Un théâtre, symbole de démocratie aussi, qui se défait de sa salle à l’italienne en 1968 au profit d’un gradin où tous les spectateurs ont une bonne visibilité. Et c’est toujours avec cet esprit de théâtre populaire qu’il perdure avec une volonté de s’ouvrir sur l’espace public, sur cette place du Châtelet au centre de Paris.«Théâtre de la Ville Sarah Bernhardt: au programme, art et démocratie», un Grand reportage de Muriel Maalouf.
10/4/202319 minutes, 30 seconds
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Enfants asthmatiques à Londres, le combat des mères contre la pollution

On l’appelle le tueur invisible. C’est la plus grande menace environnementale pour la santé, on la connaît bien. On l'ignore souvent. La pollution de l’air. Un poison qui s’installe dans nos poumons, particulièrement dans ceux des enfants. Plus d’1 million développent de l’asthme au Royaume-Uni. Une maladie aggravée par la pollution liée aux émissions de nos véhicules ou encore au chauffage au bois. Un projet de loi actuellement discuté au Parlement britannique propose de faire de l’air pur un droit. S’il est voté, on l’appellerait la loi Ella. En hommage à une petite fille décédée après une grave crise d’asthme. « Enfants asthmatiques à Londres, le combat des mères contre la pollution », un Grand reportage de Marie Boëda.
10/3/202319 minutes, 30 seconds
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Être Haïtien en République Dominicaine

Une frontière fermée et une situation tendue entre la République Dominicaine et Haïti, depuis le 15 septembre 2023, on ne passe plus. La République Dominicaine a fermé la frontière en réaction à la construction d’un canal par Haïti, sur la rivière Massacre, partagée par les deux pays. Ces dernières années, l’ambiance est de plus en plus pesante pour les Haïtiens qui vivent de l’autre côté de la frontière, où ils seraient entre 500 et 700 000. Ils fuient la crise dans leur pays et se retrouvent dans une situation de grande vulnérabilité en République Dominicaine. Impossibilité de faire leurs papiers, pourchassés par les services de migration, discriminés au quotidien, montrés du doigt par des courants politiques nationalistes.«Être Haïtien en République Dominicaine», un Grand reportage d’Alice Campaignolle.
10/2/202319 minutes, 30 seconds
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Gabon: après les années Bongo, la promesse d’un renouveau

Au Gabon, il y a un mois, le 30 août 2023, les militaires du Comité pour la transition et la restauration des institutions mettaient fin à plus d'un demi-siècle de présidence « Bongo ». Sans effusion de sang, le président Ali Bongo Ondimba était renversé à Libreville dans les heures, suivant l’annonce de sa réélection pour un troisième mandat. Une « révolution de palais », selon certains observateurs, mais tout de suite applaudie par de nombreux Gabonais. Le meneur de ce coup, désormais président de la transition, est le patron de la Garde républicaine. Le Général Brice Clotaire Oligui Nguema dénonce la corruption du régime, promet de « restaurer les institutions » et de conduire le pays vers des élections démocratiques.« Gabon : après les années Bongo, la promesse d’un renouveau », un Grand reportage à Libreville de François Mazet et Amélie Tulet. Réalisation : Jad el Khoury et Pauline Leduc.
9/29/202319 minutes, 30 seconds
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Marseille se souvient des crimes racistes de 1973

À l’été 1973, une vague d’assassinats racistes sans précédent déferle sur la France. En quatre mois, une cinquantaine d’Algériens principalement sont tués, dont 17 à Marseille, épicentre de ces ratonnades. Des enquêtes bâclées, des auteurs rarement identifiés... Des crimes restés impunis et niés jusqu’au plus haut sommet de l’État. Nous sommes alors 11 ans après la fin du conflit algérien. 50 ans après, l’absence de justice reste douloureuse pour les familles. Mais des témoins de l’époque, des historiens, des élus tentent de faire sortir ces assassinats de l’oubli. Un travail de mémoire a débuté. « Marseille se souvient des crimes racistes de 1973 », un Grand reportage de Baptiste Coulon.
9/28/202319 minutes, 30 seconds
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Séisme dans le Haut-Atlas: quand la solidarité est plus forte que la tristesse

3 000 morts, 5 700 blessés. Dernier bilan officiel du séisme qui a frappé le Haut-Atlas au Maroc, dans la nuit du 8 au 9 septembre. 23H11, 20 secondes d’effroi pour les communautés des montagnes, notamment ceux de la vallée d’Al Haouz particulièrement touchée. C’est dans ces vallées escarpées, dans ces villages isolés, avec ces populations que se trouvaient nos envoyés spéciaux : au cœur des secours, de cette mobilisation exceptionnelle pour sauver les blessés, appuyer les sinistrés. « Séisme dans le Haut-Atlas : quand la solidarité est plus forte que la tristesse », un Grand reportage de Julien Boileau et Guillaume Thibault.
9/27/202319 minutes, 30 seconds
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Métis de la colonisation belge: racines brouillées, vies brisées

Ils ont été arrachés à leur famille maternelle et placés dans des institutions religieuses à cause de leur couleur de peau. C’est l’histoire des métis de la colonisation belge, ces milliers d’enfants issus d’une mère noire et d’un père blanc, nés en République Démocratique du Congo, au Rwanda et au Burundi entre 1910 et 1960. Il y a quatre ans, la Belgique s’est officiellement excusée pour la « politique de ségrégation ciblée et d’enlèvements forcés » menée à leur encontre. Depuis, le gouvernement a lancé un projet de recherche visant à éclairer davantage cette page sombre de l’histoire du pays. « Métis de la colonisation belge : racines brouillées, vies brisées », un Grand reportage de Laure Broulard.   
9/26/202319 minutes, 30 seconds
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Dans le nord du Bénin, l’opération militaire Mirador face à la pression terroriste

En mai 2019, l’enlèvement de deux Français au Bénin, et l’assassinat de leur guide béninois, fait monter le niveau d’alerte sécuritaire dans les départements du Nord. Depuis, le pays fait face à des attaques de terroristes implantés au Sahel qui cherchent à étendre leurs actions vers les pays du Golfe de Guinée. Pour contrer cette menace et sécuriser les frontières, l'armée a lancé début 2022 l'opération Mirador, 3 000 militaires, dans ces zones dont certaines sont devenues difficiles d’accès pour les journalistes. L’état-major béninois a accepté d’y emmener plusieurs médias, dont RFI, pendant une semaine.  « Dans le nord du Bénin, l’opération militaire Mirador face à la pression terroriste », un grand reportage de Magali Lagrange.
9/25/202319 minutes, 30 seconds
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Le combat pour les langues locales menacées

Au Sénégal, une trentaine de langues minoritaires sont menacées de disparaître, ainsi que la culture et les traditions orales qui y sont associées. Mais, différents acteurs se mobilisent pour les sauvegarder. « Le combat pour les langues locales menacées », un Grand reportage de Théa Ollivier. (Rediffusion)
9/22/202319 minutes, 30 seconds
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Incendies en Grèce: à qui la faute?

En Grèce, l’été qui s’achève a été marqué par deux vagues de violents incendies, en juillet, puis en août 2023. Les flammes ont notamment fait rage sur l’île de Rhodes - entraînant près de 20.000 évacuations, dont celle de nombreux vacanciers - et sur le mont Parnès, considéré comme le « poumon » de la capitale Athènes. Dans le nord du pays, le feu qui a dévasté fin août la région d’Alexandroupoli, a même hérité du titre de « plus gros incendie jamais enregistré » en Europe, depuis plus de 20 ans. Pointées du doigt pour leur manque d’anticipation d’un phénomène pourtant saisonnier, les autorités grecques – à commencer par le Premier ministre grec que vous venez d’entendre – accusent elles en premier lieu le changement climatique… mais aussi les migrants. «Incendies en Grèce : à qui la faute ?», un Grand reportage de Joël Bronner. 
9/21/202319 minutes, 30 seconds
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Accra, poubelle de la fast fashion mondiale

Grand reportage, direction le Ghana. Ce qui était le haut-lieu du marché de la fripe, depuis des décennies, en Afrique est devenu la poubelle mondiale de toutes les marques. Ainsi, va la vie à Kantamanto, marché monumental à Accra, la capitale, et qui fait tourner des milliers de boutiques et fait vivre des dizaines de milliers de personnes. Mais la fast et l’ultra-fast fashion, la mode jetable qui s’est imposée dans l’industrie du textile a décuplé les quantités et diminué drastiquement la qualité. En bout de chaîne, l’impact est sidérant, Accra et ses habitants sont submergés d’habits inexploitables, devenant des déchets polluant les sols, l’air, l’eau et les plages de cette métropole. On estime que 40% de la fripe mondiale arrivant à Accra ne pourra être recyclée, faisant payer le prix fort à ses habitants. Certain(es) sur place tentent de renverser ce système de domination imposée.« Accra, poubelle de la fast fashion mondiale », un Grand reportage de Mehdi Meddeb. 
9/20/202319 minutes, 30 seconds
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En Afrique du Sud, le goût des cuvées post-apartheid

Depuis 1994 et la fin de l’apartheid, une poignée de vignerons issus des communautés noires et métisses ont commencé à émerger en Afrique du Sud. Alors qu’auparavant, ces populations étaient confinées au rôle d’ouvriers agricoles, certains sont parvenus à trouver leur place au sein des chais et à créer leurs propres vins. Même si la route est encore longue, puisque la très grande majorité des terres reste aux mains de la communauté blanche minoritaire, ces vigneronnes et vignerons pionniers commencent à transformer le paysage.   «En Afrique du Sud, le goût des cuvées post-apartheid», un Grand reportage de Claire Bargelès.
9/19/202319 minutes, 30 seconds
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Taïwan: la campagne présidentielle lancée sous l'œil de la Chine

Direction Taïwan, archipel démocratique de 24 millions d'habitants, 21ème puissance économique mondiale, revendiqué par Pékin. En janvier 2024, les Taïwanais éliront leur président et leurs députés. Trois candidats principaux sont sur la ligne de départ, et la question du rapport avec la Chine est au cœur des débats. La campagne est scrutée dans le monde entier, alors que Pékin ne cesse d’augmenter sa pression militaire sur l'archipel. «Taïwan, la campagne présidentielle lancée sous l'œil de la Chine», un Grand reportage d'Adrien Simorre.
9/18/202319 minutes, 30 seconds
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Le Rassemblement national, en ordre de marche vers 2027

Marine Le Pen est-elle aux portes du pouvoir en France ? Alors que le parti fait sa rentrée ce week-end à Beaucaire, dans le Gard, Grand reportage vous invite à une immersion dans la machine du Rassemblement national, au service de Marine Le Pen. Trois fois, elle s’est présentée à la présidentielle. Deux fois, elle est arrivée au second tour, en 2017 et 2022. Alors, l’élection de 2027, dans quatre ans, sera-t-elle la bonne ? C’est tout un parti, des dizaines d’élus, des milliers de militants qui sont tournés vers ce seul et unique objectif. « Le Rassemblement national, en ordre de marche vers 2027 », un Grand Reportage de Pierrick Bonno.
9/15/202319 minutes, 30 seconds
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Au Chili, le combat sans fin des familles pour retrouver les disparus de la dictature

Cette année, le Chili commémore les 50 ans du coup d’État mené par le général Augusto Pinochet, en 1973, contre le gouvernement socialiste de Salvador Allende, alors premier au monde élu démocratiquement. Pendant les 17 années qu’a ensuite duré la dictature, plus de 3 200 personnes ont été tuées et près de 1 200 n’ont toujours pas été retrouvées. 5 décennies plus tard, les familles de ces disparus poursuivent leur lutte pour tenter de retrouver leurs défunts et connaître la vérité sur leur sort. Souvent, ce sont aujourd’hui les enfants, et parfois même les petits-enfants, qui continuent le dur labeur initié par leurs mères et leurs grands-mères.  «Au Chili, le combat sans fin des familles pour retrouver les disparus de la dictature», un Grand reportage de Naïla Derroisné.  
9/14/202319 minutes, 30 seconds
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RDC: la quête d’un cobalt éthique

Grand Reportage, direction la République démocratique du Congo où la demande mondiale en véhicules électriques a fait exploser le marché du cobalt… ce minerai indispensable dans la fabrication de batteries électriques. Une aubaine pour la République Démocratique du Congo qui, selon l’institut du Cobalt, possède plus de 70% des réserves mondiales de ce minerai. Mais si la majorité de ce cobalt congolais est extraite de mines industrielles géantes, 10 à 20% de la production provient de mines artisanales souvent associées à la corruption, au travail d’enfant et à toutes sortes d’abus.  «En RDC, la quête d’un cobalt éthique», un reportage d’Alexandra Brangeon, dans la province du Lualaba, dans l’est de la République Démocratique du Congo. 
9/13/202319 minutes, 30 seconds
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Aux îles Salomon, les fractures de la percée chinoise dans le Pacifique

Septième et dernier épisode de notre série « nouvelles routes de la soie, dix ans après ». Le projet phare de Xi Jinping s’étend dans le Pacifique et vient bousculer l'échiquier géopolitique de la région. Aux Îles Salomon, le rapprochement avec la Chine, lancé sans concertation par le Premier ministre Manasseh Sogavare, divise la classe politique et électrise la société sur fond d’accusations de corruption.   Ce 17 juillet 2023, Manasseh Sogavare revient de Chine, où les pontes du Parti communiste lui ont déroulé le tapis rouge. Le chef du gouvernement salomonais a vu Xi Jinping, le président chinois, et signé neuf nouveaux accords avec Pékin en matière d’agriculture, d’aviation, de tourisme, de commerce, de climat et de maintien de l’ordre. A ses yeux, c’est un triomphe, et il ne cache plus ses ambitions : il veut aligner la stratégie de développement des Salomon sur les « nouvelles routes de la soie ». Dès sa descente d’avion, il organise une conférence de presse à l’aéroport d’Honiara et se félicite devant les journalistes d’un déplacement « extrêmement fructueux ». Mais très vite, l’exercice d’autocélébration tourne au règlement de compte et les mots du Premier ministre claquent comme des gifles, qu’il lâche mâchoires serrées, droit dans son costume sombre. « Permettez-moi de répondre aux articles que j'ai pu lire, relayant l'inquiétude de l'Australie et des États-Unis à propos de la coopération policière entre la Chine et les îles Salomon. Cette diplomatie réductrice et coercitive qui consiste à cibler nos relations avec Pékin n'est rien d'autre qu'une forme d'interférence dans nos affaires internes. La Chine n'est pas en train d'envahir ou de coloniser un État étranger. La Chine subvient à nos besoins en matière de maintien de l'ordre et nous sommes en demande de solutions nouvelles à l'ensemble de nos problèmes. Depuis 45 ans, nous sommes laissés de côté et traités comme la basse-cour de nos voisins. Nous devons briser le joug et les chaînes de la dépendance. » Au sens de l’ONU, les Salomon font partie des pays les moins avancés, au même titre que l’Afghanistan, Haïti ou le Soudan. Le produit intérieur brut plafonne à 2 200 dollars par habitant et la population, en majorité rurale et sous-éduquée, vit sous perfusion étrangère depuis l’indépendance concédée par la tutelle britannique en 1978. Incapable de boucler son budget, l’archipel a très vite eu besoin de soutien économique et s’est tourné vers son grand voisin, l’Australie, qui reste un partenaire incontournable. Entre 2009 et 2019, les programmes d’assistance australiens ont encore représenté 65% de l’aide internationale versée aux îles Salomon. Pendant des années, les Australiens ont mis la main au pot sans arrière-pensée, pensant n’avoir rien à craindre de la région Pacifique, une zone sans enjeux stratégiques (« strategically benign », disait-on à Canberra), considérée comme stable, neutre et isolée, que l’Australie chapeautait de loin, sous le regard bienveillant de son vieil allié américain. Avant l’an dernier, elle n’avait jamais négocié de traités de défense bilatéraux avec les micro-États du voisinage, comme les Fidji ou les Tonga, car la nécessité d’un filet de sécurité fabriqué maille par maille au nord des côtes australiennes, ne s’était jamais fait sentir.Présence militaire chinoise à trois heures de Brisbane ?A tort. La percée de la Chine aux Salomon fait désormais planer l’hypothèse d’une présence militaire chinoise à trois heures de vol de Brisbane et vient contrarier l’idée d’un espace indopacifique « libre et ouvert » promue par l’administration Biden. Humiliée dans son jardin, en pleine guerre d’influence avec les autorités chinoises, la Maison Blanche s’est dépêchée de rouvrir début 2023 son ambassade des États-Unis à Honiara, après 30 ans d’absence.  Quant au gouvernement australien, il s’est appuyé sur une recette bien connue : accroître, en désespoir de cause, la coopération avec l’exécutif salomonais pour limiter l’emprise de Pékin sur les domaines régaliens. Depuis que les Salomon avaient appelé l’Australie au secours au début des années 2000 pour rétablir l’ordre après plusieurs épisodes de tensions ethniques et de conflits fonciers,  l’entraînement des policiers faisait partie de son pré carré. Et les omniprésents 4x4 à l’emblème kangourou remplis de formateurs « aussie » s’étaient fondus dans le paysage.  Mais la lune de miel entre la Chine et l’équipe Sogavare a grippé la mécanique et l’atmosphère bon enfant du « Police Open Day ». La journée portes ouvertes des forces de l’ordre qui se tient chaque année en plein air dans la capitale, n’est plus tout à fait la même. Sans doute à cause de l’énorme canon à eau anti-émeute offert par les autorités chinoises, qui trône au milieu du pré. « Bien sûr, on a de l’équipement chinois, nous confie Anseto Maeai, un agent de la Police Response Team, devant son stand d’exposition. Ils nous ont donné des matraques télescopiques, des pinces d’immobilisation, et ici, devant vous, il y a les boucliers tactiques financés par l’Australie et des ensembles balistiques. La police australienne nous aide toujours, dans le cadre de la SIAF, la Force internationale d'assistance à la sécurité. Pour le reste, vous savez, on ne peut pas se permettre de refuser de l'aide, on prend tout ce qu'on nous offre. J'ai moi-même suivi la formation au tir avec les policiers chinois, qui a commencé l'an dernier. C'est assez proche de ce que l’on faisait déjà avec les Australiens, sauf que les Chinois ont leurs propres méthodes d'enseignement, ce n’est pas toujours facile. Avec les Australiens, on peut interagir. Avec la Chine, ça passe par des traducteurs ». La commissaire-adjointe qui prend la parole sur scène ce jour-là dans son uniforme de gala se nomme Evelyn Thugea. Elle a la particularité d’avoir organisé l’événement, censé renouer le lien entre la police et les citoyens, et d’avoir passé un mois en Chine dans le cadre d’un séminaire de formation destiné aux officiers. La question est simple : quelle est exactement l'étendue des services offerts par la police chinoise à son homologue salomonaise depuis la signature de leur protocole d’entente ? « Nous sommes organisés en différents services, avec plusieurs directions. Chaque direction de la police travaille avec différents partenaires étrangers et je ne ferai aucun commentaire là-dessus, car je ne travaille pas directement avec chacune de ces directions. » OpacitéUne fois de plus, les Salomon refusent de rendre public un texte ultra-sensible signé avec Pékin, dont le contenu alimente les pires fantasmes. « Imaginez que des policiers chinois soient appelés à encadrer les prochaines élections où Sogavare joue sa peau, nous glisse un diplomate occidental en poste à Honiara. Quelles garanties de sincérité pour le scrutin ? » La même opacité avait entouré l’accord de sécurité conclu en 2022. Un document explosif, dont seule une version provisoire circule sur les réseaux sociaux, selon laquelle les îles Salomon pourront faire appel à des forces armées chinoises et autoriseront leurs navires à stationner dans l’archipel. Le Premier ministre a beau nier toute militarisation rampante et promettre à la communauté internationale que la Chine n’est pas là pour ça, personne n’est en mesure de le vérifier. Pas même le patron de l’opposition, Matthew Wale, qui s’y est cassé les dents lorsqu’il a demandé des explications officielles. « Chez nous, l'exécutif peut signer des traités internationaux sans passer par le Parlement, il n'a aucune obligation de communiquer avec les élus. C'est un système très particulier, qui n'avait jamais posé problème auparavant. Mais il en pose depuis cet accord de sécurité signé avec la Chine l'an dernier, qui a rendu l'Australie et les États-Unis très nerveux et qui nous place au beau milieu des rivalités régionales. Personne ne sait ce que contient ce texte ni quels seront ses effets. » « En réalité, moins le Premier ministre fait preuve de transparence à propos de ces accords, plus cela provoque d'hostilité, estime Matthew Wale. C'est contreproductif, à la fois de la part du gouvernement et de la part des Chinois, alors qu’il y a de la place pour la Chine. Il y a ce sentiment dans la population que si des pays comme l'Australie, les États-Unis ou la France font copain-copain avec Pékin pour des raisons commerciales et profitent de l'argent chinois, pourquoi pas nous ? Ce qui est important, c'est la façon dont on mène cette relation, et la transparence doit en être un élément primordial. » « Cadeau d’anniversaire pour Pékin »Le péché originel, c'est la bascule qui s’est produite en septembre 2019, quand Manasseh Sogavare a décidé d'établir des relations diplomatiques avec la Chine au détriment de Taïwan, l'allié historique des îles Salomon. Du jour au lendemain, sans explication, le gouvernement salomonais a enterré trois décennies de coopération avec les autorités taïwanaises et fait un choix précipité, clivant, voire suspect, selon le député Peter Kenilorea Jr, qui y voit une manipulation grossière de l’appareil politique. « Cela faisait 36 ans que nous étions du côté de Taïwan, regrette l'élu. Et pour beaucoup de gens, Taïwan n'avait rien fait de mal, rien qui justifiait d'être jeté dehors. Par ailleurs, c'est un sujet qui n'avait jamais été abordé pendant les dernières élections. Délaisser Taïwan au profit de la Chine ? Personne n'avait fait campagne sur ce thème. Pourtant, dès son arrivée au pouvoir, c'est devenu la priorité du gouvernement et cela a laissé bon nombre d’électeurs perplexes. Dans la phase qui a précédé le scrutin, la Chine poussait de manière très agressive et je pense que des promesses ont été faites en coulisses. Certains groupes politiques ont dû s'engager à reconnaître la Chine s'ils gagnaient les élections. » « Pour moi, soutient Peter Kenilorea Jr, c'est devenu évident à la lecture de leur première recommandation : il fallait à tout prix passer de Taïwan à Pékin avant le 1er octobre 2019, parce que le 1er octobre coïncidait avec les 70 ans de la Chine communiste fondée par Mao en 1949. Absolument aucun Salomonais n'aurait pu écrire ça, c'est sorti de nulle part. Et là, j'ai compris que la reconnaissance était juste un pur cadeau d'anniversaire pour Pékin. » Ce que cet ancien cadre des Nations unies suggère avec ses mots choisis, Ruth Liloqula nous le confirme au bazooka entre deux conférences dans un hôtel du centre-ville. D’après cette figure de la société civile salomonaise, plusieurs fois primée pour son combat contre la corruption et représentante aux îles Salomon de l’ONG Transparency International, le chef du gouvernement s’est laissé acheter par le régime chinois. « La Chine fournit de l'argent liquide pour consolider le parti de Sogavare, accuse-t-elle. 250 000 dollars par tête. J'ai vu de mes propres yeux la liste contresignée par le Premier ministre stipulant qui devait être payé pour survivre à la motion de censure déposée contre lui en 2021. 250 000 dollars pour chaque membre du Parlement prêt à soutenir son action. Aujourd’hui, la plupart de ces élus font partie du gouvernement. Tout le monde en parle mais il va falloir que quelqu'un se lève et s'engage à aller jusqu'au bout. Or, ceux qui détiennent ces informations et pourraient servir de témoins crédibles ne sont pas prêts à y aller, parce que s'ils le font, ils perdront leur emploi. » Manasseh Sogavare n'a pas souhaité nous recevoir, mais son directeur de la Communication, George Herming, nous accueille au siège de l’exécutif à Honiara. Selon lui, cette liste n’a jamais existé et le système de pots-de-vin dont tout le monde parle est une invention de l’opposition. « On attend toujours des preuves concrètes. Ces accusations ont toujours été proférées pour des raisons politiques par des personnes opposées à la ligne du gouvernement. Si vous avez la preuve que la Chine nous soudoie ou a soudoyé des députés afin d'acheter leur vote, je vous en prie, levez-vous et portez plainte auprès des autorités compétentes, afin que le personnel corrompu soit poursuivi et condamné. Jusqu'ici personne n'a porté plainte, personne n'a d'éléments montrant que telle ou telle personne a reçu telle ou telle somme d'argent. Ce ne sont que des mots, sans aucune preuve tangible ». Émeutes et communauté chinoise traumatiséeInvérifiable, impossible de suivre la trace d'une valise de billets, mais ces rumeurs et ce climat délétère ont fait des dégâts bien réels au mois de novembre 2021, quand des émeutes ont éclaté à Honiara. Les manifestants ont envahi le Parlement, incendié un commissariat de police et débarqué dans le quartier de Chinatown, qu'ils ont réduit en cendres. L'explosion de violence a fait trois morts et traumatisé la communauté chinoise. Dix-huit mois plus tard, sous couvert d'anonymat, un commerçant que nous surnommerons M. Chan accepte de nous emmener sur place, dans ce quartier chinois d’Honiara qui ne comprend qu’une seule artère, désormais déserte, où les bâtiments noircis et éventrés ont à peine été nettoyés. Ses ancêtres arrivés de Chine il y a plusieurs générations avaient fondé leur magasin ici après la Seconde Guerre mondiale. Tout a brûlé, y compris les souvenirs de famille. Entre deux soupirs fatalistes, M. Chan souffle qu’il se bat toujours contre un syndrome de stress post-traumatique. « Il n’y a rien plus à voir. C'était un vieux magasin en bois des années 1950. Le jour des émeutes, des amis m'ont prévenu, ils m’ont envoyé la vidéo. Les gars ont mis le feu à ce magasin-là, ça s’est propagé à côté et c’est venu jusqu’au nôtre. Aux Salomon, les gens utilisent avant tout les manifs pour casser, pour voler ou pour piller. La plupart de ces émeutiers n’étaient pas de vrais manifestants, ils se sont juste dit que c'était l’occasion de piquer des trucs. Le prétexte, c'est "on n’est pas d'accord avec la politique du gouvernement", etc. Mais le plus stupide là-dedans, je vous le pose là : qui les a élus, ces politiciens ? Ce ne sont pas les Chinois qui ont voté pour eux. » Les troubles ont débouché sur une centaine d'arrestations et polarisé encore un peu plus la société salomonaise, incapable de déterminer par elle-même si les « nouvelles routes de la soie » constituent une aubaine ou un poison pour les îles Salomon. « Peu importe le donneur »Même les vieux sages comme Johnson Honimae, journaliste et chef de la radio publique salomonaise, que nous rencontrons sur le campus de l'Université d'Honiara, ont du mal à crever l’abcès. « Il y a des doutes parce que la Chine est une nouvelle venue dans la région. Beaucoup de gens ont des a priori. Aux Salomon, nous sommes chrétiens, ce n'est pas le cas de la Chine. Nous sommes un pays démocratique, nous tenons à ces valeurs, ce n'est pas vraiment le cas de la Chine. » « Mais au bout du compte, poursuit Johnson Honimae, la question, c'est de savoir qui va nous aider le plus possible, parce que nous avons des bouches à nourrir, des besoins de développement considérables et pas assez de revenus. Le commerce du bois s'est écroulé, et grosso modo, même si nous nous asseyons sur une partie de nos convictions, la nécessité à la fin du mois, c'est de joindre les deux bouts. » En ville, tous les immeubles en dur sont financés et construits par des entreprises étrangères. Les Américains ont aménagé le nouveau Parlement national, Taïwan a offert le siège de l'opposition et le dernier centre de conférences, près de l’aéroport, est une réalisation indonésienne. Il y a tant à faire, routes, ponts, hôpitaux, communications… Pourquoi s’étonner que la Chine vienne d’emporter un nouveau marché auprès de la Banque asiatique de développement afin de rénover le port international d’Honiara et deux débarcadères en province ?  « Peu importe le donneur, tous les gens qui travaillent dans le secteur du développement ici vous le diront, tempère Thierry Nervale, le directeur français de l’Autorité maritime des îles Salomon, un organe indépendant du gouvernement. Il y a effectivement des projets qui sont menés par des entreprises chinoises comme la China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC). Mais dans la majorité des cas, ce n’est pas la Chine qui en est à l’origine, c’est la Banque asiatique de développement qui monte des projets, lance un appel d’offres et choisit les candidats. Et visiblement les entreprises chinoises sont compétitives puisqu’elles sont souvent sélectionnées pour travailler en Asie et dans le Pacifique. » Pas de raz-de-marée, en tout cas pas pour l'instant. À terme, le gouvernement des Salomon n'exclut pas de travailler directement avec la Chine dans des domaines aussi sensibles que les télécommunications, l'installation de câbles internet sous-marins ou les infrastructures énergétiques. « À la lumière du dernier déplacement de notre Premier ministre à Pékin, il y a des discussions à venir autour des "nouvelles routes la soie", cela dépendra de nos besoins, prévient George Herming, le porte-parole de l’exécutif. Pour ce qui est de l’assistance militaire, ce n’est pas à l’ordre du jour, mais c’est une possibilité. Nous devons nous inspirer de que la Chine a été capable de faire pour se développer. »À lire aussiRetrouvez l'intégralité de notre dossier sur les «nouvelles routes de la soie» 
9/12/202319 minutes, 30 seconds
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La Hongrie, porte d'entrée des «nouvelles routes de la soie» en Europe

Sixième épisode de notre série « Les nouvelles routes de la soie, 10 ans après ». La conquête chinoise de l’Europe passe par Budapest. La Hongrie a été le premier pays européen à signer, en 2015, un accord de coopération avec Pékin dans le cadre de « l’Initiative de la ceinture et de la route ». Parmi les projets phares de ce partenariat : la ligne ferroviaire entre Budapest et Belgrade en construction, prévue pour faire circuler des trains remplis de marchandises chinoises depuis le port grec du Pirée, jusqu’à l’Europe centrale.   De son jardin, situé à quelques mètres des rails, István observe le ballet des engins de chantier. Cet ancien employé des chemins de fer hongrois suit attentivement l’avancée des travaux de rénovation de la ligne Budapest-Belgrade autour de la petite gare de Kelebia, fermée depuis près d’un an, pour travaux. Dans la grande plaine méridionale, cette localité de quelque 2 400 habitants, est la dernière avant la frontière serbe et la ville de Subotica.Un camion benne déverse du gravier autour des traverses en béton qui portent les rails. La ligne à voie unique, en service depuis 150 ans, doit être modernisée et transformée en ligne à double voie. Mais devant la maison d’István, il pourrait y avoir jusqu’à six voies. « Ici, le train s’arrêtera devant les locaux de la gare de la police aux frontières, un peu plus loin, il y aura la douane et la brigade financière. Selon le projet, des portiques seront installés : les trains passeront à vitesse réduite pour y être scannés, comme cela se fait déjà pour les camions aux postes-frontière », explique le maire de Kelebia, József Maczkó.Comme István, plusieurs dizaines de personnes vivent tout près de la voie de chemin de fer. Murs anti-bruit, décorations végétales : les initiateurs du projet vont s’efforcer de minimiser les nuisances, assure l’édile : « Lorsque les voyageurs arriveront par le train, ils ne verront pas une zone industrielle lugubre ou une clôture, mais une zone plus verte, luxuriante. Ça a l’air de rien comme ça, mais c’est important et ça n’est pas donné : on parle de centaines de millions de forints [soit plus d’un million d’euros, Ndlr]. » Le coût du chantier et son financement, c’est justement ce qui préoccupe une partie des résidents de Kelebia. « J’ai très peur que ce chantier coûte beaucoup plus cher que ce qu’ils ont convenu. Ici, on voit clairement que c’est une affaire d’oligarques. On donne du travail aux bons copains, sans savoir s’ils s’y connaissent et s’ils feront du bon boulot », s’emporte Gyulia, un habitant, dans un café du village. « On ne sait rien de ces travaux. Ils nous présentent ce projet en disant que ce sera merveilleux ! Mais on ne sait rien des coulisses », renchérit la propriétaire de l’établissement.La construction de la section hongroise de la ligne ferroviaire Budapest-Belgrade, soit quelque 150 km sur un total de 350, a été confiée à un consortium rassemblant des groupes chinois et la holding Opus Global. Cette dernière appartient à l’homme le plus riche de Hongrie, l’oligarque Lőrinc Mészáros, ami d’enfance du Premier ministre Viktor Orban. Le coût du projet estimé à près de deux milliards d’euros, est financé à 85% par un prêt chinois. « On parle d’un crédit chinois mais c’est surtout un investissement hongrois. Nous aurions volontiers emprunté de l’argent à l’Europe de l’Ouest, mais ni Siemens, ni Alstom n’étaient intéressés par ce projet et le résultat, c’est que les Chinois ont saisi cette opportunité », soutient le député du Fidesz, Gábor Bányai, fervent défenseur du projet.Kelebia a tout intérêt à ce que les trains de marchandises passent par ici, souligne pour sa part le maire József Maczkó, se réjouissant à l’avance de l’activité commerciale qui pourrait en découler : « On va accueillir ici l’un des centres de fret de la compagnie nationale de chemins de fer. On percevra aussi la taxe professionnelle. Plus le transport de marchandises sera important, plus il y aura de produits à contrôler et plus la municipalité en tirera profit. » Contrat secretLe Parlement hongrois a voté en faveur de la mise au secret pour dix ans des détails du contrat de financement par la Chine de la ligne ferroviaire Budapest-Belgrade. Le flou a aussi été maintenu sur l’étude de faisabilité. Le gouvernement défend cette absence de transparence dans cet investissement d’infrastructure le plus important jamais réalisé en Hongrie, par la volonté de ne pas « mettre en danger la politique étrangère hongroise ». « Certaines questions sont si importantes pour un État qu'il n'est pas possible de les rendre publiques. Et dans ce projet, ce sont précisément les effets à long terme qui sont les plus importants », souligne Ágoston Sámuel Mráz, directeur de Nézőpont Intézet, un groupe de réflexion pro-gouvernemental.Pour autant, ce prêt dont les détails restent entourés de mystère, comporte des risques. « La Hongrie a déjà contracté des emprunts, par exemple pour la centrale nucléaire construite par les Russes. Ce projet risque donc d'alourdir considérablement la dette de la Hongrie », note Agnes Szunomar, professeure d’économie spécialiste de la Chine à l’université Corvinus de Budapest. Autre question qui se pose : le projet est-il viable financièrement ? Pour ses opposants, ses avantages apparaissent bien maigres, au vu de l’argent dépensé. Des économistes ont fait le calcul : il faudrait attendre 2 400 ans avant que cette ligne de chemin de fer ne devienne rentable pour la Hongrie.Bien qu’étant un projet privé qui ne dépend pas directement du grand plan de Xi Jinping pour faciliter les exportations chinoises via de nouvelles infrastructures, le plus grand des terminaux intermodaux terrestres d'Europe, inauguré en octobre 2022 à Fényeslitke, à proximité immédiate de la frontière entre la Hongrie et l'Ukraine, se targue d’être « la porte occidentale des "nouvelles routes de la soie” », selon  l’expression de Janos Talosi, PDG de l’entreprise East-West Gate, interrogé par Le Monde.Étant donné sa situation géographique centrale en Europe, la Hongrie de Viktor Orban souhaite jouer un rôle de plus en plus important dans « l’Initiative de la ceinture et de la route ». En réalité, Budapest cultive ses relations avec Pékin depuis le début des années 2000. La Hongrie a été le premier pays de l'UE à adhérer au projet des « nouvelles routes de la soie ». « Le gouvernement socialiste qui a précédé celui de Viktor Orban, était, lui aussi, ouvert et amical envers la Chine », rappelle Agnes Szunomar.L’ancien Premier ministre Péter Medgyessy a facilité la première vague d'investissements économiques chinois dans le pays. Aujourd’hui, la Hongrie accueille de nombreuses institutions culturelles chinoises, un cercle de réflexion, cinq instituts Confucius, une école bilingue, un établissement de médecine traditionnelle chinoise et de nombreuses organisations culturelles. C’est sous le gouvernement de l’actuel Premier ministre que la Hongrie « est devenue l'un des pays de la région les plus vulnérables à l'influence chinoise », note l’Institut Carnegie dans un rapport. « Il semblerait qu'Orban considère le gouvernement chinois - qui donne la priorité aux principes de souveraineté de l'État et de non-intervention dans les affaires intérieures de ses partenaires diplomatiques - comme une alternative à l'Occident libéral, où ses homologues se sont montrés très critiques à l'égard du recul démocratique de la Hongrie. »Si au début du siècle, « l'objectif principal était de stimuler les relations économiques [sous le gouvernement Orban], on est probablement passé d'une logique économique à une logique plus politique dans les relations », selon la professeure d’économie spécialiste de la Chine à l’université Corvinus.Université Fudan à Budapest ?La construction d’un campus de la prestigieuse université Fudan de Shanghai à Budapest participe de cette logique. L’établissement devrait ouvrir en 2024 et accueillir 6 000 étudiants et 500 enseignants. Mais sur la friche industrielle du IXe arrondissement de la capitale hongroise, rien ne bouge autour de l’immeuble rouge brique à l’abandon, qui doit constituer le bâtiment principal de Fudan. Le projet, qui a rencontré une vive opposition, a été suspendu.La maire de l’arrondissement, Krisztina Baranyi, aurait préféré faire construire à la place une cité universitaire pour y accueillir les étudiants des universités budapestoises. Mais cela ne sera pas possible tant que le projet Fudan n’aura pas été officiellement enterré : « Il a été suspendu avant les législatives d’avril 2022. Mais la fondation montée pour superviser cette université est toujours là, ils ne l’ont pas fait disparaitre. Elle continue de recevoir des milliards d’argent public. Cette fondation est une coquille vide, on ne sait pas vraiment ce qu’ils y font », raconte l’édile, qui a pris part à plusieurs manifestations contre le projet.Les opposants pointent, entre autres, les modes de financement troubles. Le gouvernement a décidé de fournir gratuitement un terrain de 26 hectares, estimé à 2,2 millions d’euros, à l’université Fudan. Selon le média d’investigation Direkt36, l’opération serait presque entièrement financée par un prêt d’1,3 milliard d’euros accordé par la Chine à la Hongrie et il serait principalement construit par des entreprises chinoises. Krisztina Baranyi redoute aussi que ce projet ne se transforme en outil d’influence voire de surveillance pour Pékin. « Nous savons pertinemment comment fonctionnent certaines organisations chinoises, telles que les instituts Confucius ou d’autres instituts d’éducation », dit la maire du IXe arrondissement de Budapest, redoutant que cet établissement chinois ne devienne « un cheval de Troie sur le territoire de l’Union européenne ». Certains universitaires hongrois craignent, en outre que le projet Fudan ne dilue le budget de l'État consacré à l'enseignement supérieur et ne contribue à étouffer la liberté académique.Pour s’opposer au projet et marquer clairement son opposition à la Chine et au régime communiste au pouvoir à Pékin, la mairie de Budapest a renommé quatre rues entourant le site du futur campus : « voie des martyrs ouïghours », « avenue de Hong Kong libre » , « avenue du Dalaï-lama » et « rue Xie Shiguang », du nom d’un ex-évêque catholique chinois, arrêté plusieurs fois de son vivant pour s’être opposé au contrôle de la religion par les autorités. Ce geste, critiqué par Pékin, pourrait être l’une des raisons pour lesquelles l’université Fudan a suspendu son projet, selon le politologue Agoston Samuel Mraz : « j’ai le sentiment que les partenaires chinois, considèrent qu’il n’est plus très intéressant pour eux de venir s’installer à Budapest parce qu'ils ne sont pas à l’aise dans cette situation où la ville ne soutient pas le projet. Ça n'est plus une question économique, c'est devenu une question politique ». L’affaire n’est pas enterrée pour autant, tant les relations avec les Chinois sont importantes pour l’équipe Orban, estime, pour sa part Krisztián Takács, conseiller municipal du IXe arrondissement et membre du parti centriste Momentum. « Ce gouvernement a chassé de Budapest l'Université d'Europe centrale, qui était l'une des meilleures universités de Hongrie et il en fait venir une autre de Chine. Pourquoi expulser une université européenne, qui est là depuis longtemps, et en faire venir une autre de Chine ? », s’interroge l’élu.Le gouvernement de Viktor Orban déroule également le tapis rouge aux entreprises chinoises et sud-coréennes de batteries électriques pour automobiles. Mais cette stratégie se heurte à des résistances locales.Eva Kozma, mère de famille, milite activement au sein de « l’Association des mamans de Mikepércs », contre l’installation d’une gigantesque usine de batteries, à l’orée du village paisible et verdoyant, où elle a déménagé il y a une bonne quinzaine d’années, soucieuse d’offrir un cadre de vie plus sain à ses enfants. Le fabricant chinois CATL a choisi ce site, à deux heures et demie de route de Budapest, près de Debrecen, la deuxième ville du pays, à quelques kilomètres d’une usine en construction de BMW. Un autre fabricant chinois de batteries au lithium, Eve Energy, a annoncé en juin qu’il s’apprêtait à investir 1,4 milliard de dollars dans la construction d’une usine dans la région.Redoutant que l’installation d’une usine de batteries ne s’accompagne de pollution sonore, de l’air et des eaux, les associations locales se mobilisent. « On a épluché toutes les autorisations et toutes les données que l’entreprise a bien voulu nous fournir. Le représentant de l’usine nous a dit des choses qui sonnaient bien. Mais ils ne construisent pas un atelier de chocolat ! », s’emporte Eva Kozma. Révolte des riverainsLes opposants au projet craignent particulièrement que l’usine ne menace l’approvisionnement en eau de la ville. Avec des besoins à hauteur de 3 000 à 6 000 mètres cubes par jour, la demande en eau de l’usine sera supérieure à celle de toute la ville de Debrecen. À Budapest, le représentant hongrois du géant chinois se veut rassurant : « Nous envisageons la possibilité d'utiliser les eaux grises, c'est-à-dire les eaux usées traitées, à la place de l'eau potable ou d'autres eaux dites techniques. Nous sommes ouverts à l'utilisation de ce type d'eau pour couvrir plus de 70 % de nos besoins », affirme Balázs Szilágyi, directeur des affaires publiques de CATL Hongrie.Des substances toxiques trouvées dans des puits de la ville de Göd, qui accueille une usine de batterie Samsung, a donné de nouveaux arguments aux militants de Mikepercs. « Ces cas ne sont pas avérés et nous n'avons aucune preuve de l'existence d'un quelconque incident sur d'autres sites, balaye Balázs Szilágyi, le représentant du fabricant chinois. Dans le cas de l’usine CATL, il ne sera pas possible de déverser de tels produits dans les eaux souterraines, tout simplement parce qu'il y aura un système d’isolation. Les produits ne pourront tout simplement pas y pénétrer. Nous aurons aussi 12 puits de surveillance des eaux souterraines : il y aura donc un contrôle continu et il sera facile de prouver qu'il n'y a pas de pollution. » Pas de quoi rassurer Zoltan Timar, le maire de Mikepercz, lui aussi, opposé à la construction de l’usine chinoise. Dans le potager communal qui fournit la cantine municipale en fruits et légumes biologiques, il envisage de créer un jardin témoin. « Nous ferons des prélèvements réguliers pour les faire analyser dans des laboratoires agréés. Si on trouve quoi que ce soit, on se tournera immédiatement vers les autorités, d’autant que le maire de Debrecen a déclaré qu’en cas de constatation d’une contamination, il pourrait faire fermer l’usine. »Autre inquiétude du maire de Mikepercz : l’arrivée sans doute massive de travailleurs étrangers. Après la crise économique de 2008, la région a connu un exode massif vers l’ouest de l’Europe et affronte aujourd’hui une importante pénurie de main-d’œuvre. « Notre localité paisible et familiale n’y est pas préparée. Je ne veux pas que des foyers de travailleurs s’installent ici », martèle Zoltan Timar, inquiet de la transformation d’un pavillon de sa commune en foyer, où des travailleurs chinois du chantier de l’usine de batterie, s’entassent à 6 ou 8 par chambre. « Je n’ose pas imaginer les risques sanitaires qui peuvent exister dans ces logements. Mais malheureusement, on est impuissant », regrette le maire.Balázs Szilágyi répond aussi aux craintes concernant l’emploi de travailleurs étrangers : le recrutement se fera, à terme, au niveau local, assure le représentant de CATL. « Nous n'embauchons pas en Chine, soutient-il. Nous ne faisons que transférer temporairement quelques personnes de là-bas, parce qu'elles ont les connaissances nécessaires pour lancer une usine et que nous avons besoin d'elles au début. »Bien que membre du Fidesz, le parti du Premier ministre Viktor Orban, Zoltan Timar s’oppose à un projet qui s’inscrit dans la stratégie d’ouverture de la Hongrie vers la Chine. Ce qui risque de lui valoir sa carrière politique. Il a d’ailleurs déjà fait les frais d’une campagne de dénigrement, destinée à le discréditer auprès de ses administrés hostiles à l’usine. Conscient de commettre un « suicide politique », il ne compte pas abandonner ce combat, qu’il sait pourtant « voué à l’échec ».
9/11/202319 minutes, 30 seconds
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La Turquie, au carrefour des «nouvelles routes de la soie»

Cinquième épisode de notre série « nouvelles routes de la soie, dix ans après ». La Turquie occupe une place centrale, entre l’Europe et l’Orient. La Chine l’a bien compris en investissant massivement dans ce pays. Un partenariat qui lui est souvent avantageux. Mais le Covid-19 et la guerre en Ukraine ont rebattu les cartes.  Il faut traverser le Bosphore, détroit qui relie la mer Noire à la mer de Marmara, pour se rendre d’une rive à l’autre d’Istanbul. La plus grande ville de Turquie est à cheval entre le continent européen et asiatique. Côté européen, dans le quartier historique de Sultanahmet, les touristes chinois ont refait leur apparition après le Covid. Ils visitent Sainte-Sophie, le Palais de Topkapi ou encore le grand bazar. En se perdant dans ses ruelles bordées d’échoppes colorées, on trouve des traces ancestrales de la présence chinoise.La boutique d’antiquités d’Adnan, 40 ans de métier, renferme plus d’un trésor dont deux vases anciens en porcelaine de Chine, bleue et blanche. « Ils datent du XIXè siècle-début XXè, raconte le vendeur, et servaient à transporter de l’eau de zamzam, l’eau sacrée de la Mecque en Arabie saoudite. Les Chinois ont beaucoup produit de céramique blanche et bleue à partir du XVè siècle pour le palais de Topkapi, où se trouve encore aujourd’hui la collection la plus importante et la plus luxueuse au monde de porcelaine blanche et bleue datant de la période Ming », assure Adnan. De la porcelaine chinoise pour le sultan qui vivait dans le palais de Topkapi, à l’époque où Istanbul s’appelait encore Constantinople. Il fallait pour acheminer ces trésors, emprunter les routes terrestres de la soie avant qu’elles ne soient progressivement supplantées par les voies maritimes.Le port de Kumport, près d’Istanbul, racheté par les ChinoisAujourd’hui, la Chine envoie toujours une partie de ses produits par la mer vers la Turquie, passage obligatoire entre l’Orient et l’Occident. Et pour assurer ses débouchés, elle s’est même payé le luxe d’acheter le troisième port de marchandises en Turquie: Kumport, à une heure d’Istanbul. L’armateur chinois Cosco en a fait l’acquisition en 2015, en rachetant 65% des parts. Depuis, le port fonctionne à plein régime, voire au-delà de ses capacités, selon Hakan Yakupoglü, responsable des douanes pour l’entreprise de fret maritime Narin. «  Presque toutes les entreprises chinoises utilisent le port de Kumport, 80 à 90% des bateaux arrivent ici », explique-t-il, devant un ballet incessant de camions transportant des conteneurs. « Cela crée une suractivité qui peut ralentir l’arrivée et l’envoi de conteneurs, avec des retards de 2 ou 3 jours parfois ».Les marchandises chinoises arrivent en Turquie par bateau, sur ce port racheté par les Chinois, mais pas seulement. Dans le cadre des « nouvelles routes de la soie » lancées, il y a 10 ans, par le président Xi Jinping, la Chine a investi dans des voies ferrées, des autoroutes, des ponts. « Pékin veut profiter de la place centrale de la Turquie pour rayonner en Méditerranée orientale », résume Tolga Bilener, spécialiste de la Chine au département de relations internationales de l’Université Galatasaray d’Istanbul, et toucher un marché turc fort de 85 millions de consommateurs  ». Les échanges commerciaux ont bondi, passant de 10 milliards de dollars en 2010 à 45 milliards de dollars aujourd’hui, selon le chercheur, faisant de la Chine le troisième partenaire commercial de la Turquie, mais avec un net avantage pour les entreprises chinoises qui exportent bien davantage de produits qu’elles n’en importent.La Chine, troisième partenaire commercial de la TurquiePour s’en rendre en compte, il suffit de se rendre au salon Beauty Eurasia, qui a eu lieu mi-juin près d’Istanbul. Les exposants chinois sont venus en force et ils vendent de tout : des emballages pour cosmétiques, des faux ongles, et des équipements laser. Ces machines multifonctions qui épilent, réduisent la cellulite et enlèvent les tatouages, sont fabriquées en Chine, explique sur son stand Rock Duan, directeur des ventes de Perfect laser : « En Chine, nous avons des usines qui fabriquent tous les composants pour ce genre de machines, des ingénieurs qui ont un savoir-faire de 10 à 20 ans, et des coûts de fabrications moins élevés, ce sont des avantages ». L’entreprise cherche des distributeurs en Turquie, un marché avec une population importante. Le pays occupe également une place centrale « proche du Moyen-Orient et de l’Europe, en plein milieu ! », précise-t-il.Sohar qui travaille à la tête de Nikarich system, un distributeur de ce genre de machines en Turquie s’intéresse de près aux produits chinois : « Nous utilisons beaucoup de produits chinois en Turquie, car malheureusement les équipements qui viennent d’Europe ou d’Amérique sont trop chers pour le marché turc. Avant je travaillais beaucoup avec des entreprises russes, mais au niveau des douanes c’est plus simple entre la Turquie et la Chine, pour envoyer nos paiements en Chine aussi ». Facilités dans les procédures, prix moins élevés, les avantages sont nombreux mais, selon Sohar « il faut aussi reconnaître que les produits fabriqués en Chine ne sont pas forcément de bonne qualité, on les choisit parce qu’ils sont moins chers ». La Turquie, en pleine crise économique a besoin de la Chine, de son commerce et de ses investissements. Mais les produits chinois ne font-ils pas concurrence aux produits turcs ? Yaman Ungan, directeur général d’Opontia, qui vend plusieurs gammes de cosmétiques turcs, tient un stand au salon Beauty Eurasia. Et selon lui, la Turquie a des atouts pour résister face à la Chine : la qualité des produits turcs et le « softpower culturel » qui permet à son entreprise de séduire les clients au Moyen-Orient. Avec la dépréciation de la monnaie turque, le pays est également devenu plus attractif : « c’est un nouveau centre de production, la Turquie est un peu devenue la Chine de l’Europe, sans être la Chine », affirme Yaman Ungan.Relocalisations en TurquieAprès le Covid et la hausse des coûts de transports, plusieurs entreprises occidentales ont en effet préféré relocaliser une partie de leur production en Turquie, plutôt que de produire en Chine. Mais certaines entreprises chinoises ont, semble-t-il, également adopté cette stratégie. Ces investissements font partie du programme des « nouvelles routes de la soie ». En 2021, plusieurs entreprises de téléphonie mobiles chinoises ont installé des usines de fabrication en Turquie pour être au plus près des consommateurs.Tecno est l’une d’entre elles. Installée dans le quartier de Pendik, sur la rive asiatique d’Istanbul, elle emploie plusieurs centaines de personnes, mais est aussi le théâtre de manifestations ces derniers mois, comme ce jour-là où une poignée de syndicalistes vêtus d’une tunique bleue, la couleur du syndicat Türk Metal, sont venus protester contre les conditions de travail chez Tecno. Ils dénoncent une pression permanente sur les ouvriers. « Ils n’ont pas le droit de se parler, leurs chefs sont toujours sur leur dos, il y a des caméras partout », affirme Serkan Gül, président de Türk Metal à Istanbul-rive asiatique. Selon lui, la liberté syndicale n’est pas non plus respectée. « Si un ouvrier se syndique, il est immédiatement renvoyé ». Difficile de vérifier ces affirmations, les entreprises chinoises communiquent très peu.Le dossier ouïghour empoisonne les relations sino-turquesInvestissements dans les infrastructures, dans les entreprises, les relations économiques sino-turques se sont développées depuis le lancement des « nouvelles routes de la soie ». « C’est dans la tradition de la diplomatie turque de ne jamais mettre les œufs dans le même panier et de diversifier ses partenaires, décrypte Tolga Bilener de l’Université Galatasaray d’Istanbul, tout en sachant que 60% du commerce turc se fait encore avec l’Union européenne et la Russie aussi est un partenaire important ». Mais ces relations trouvent leurs limites aujourd’hui. « On peut parler d’une stagnation. En décembre 2022, le ministre turc des Affaires étrangères a parlé devant le Parlement d’un ralentissement après une période de réchauffement avec la Chine et il a lui-même donné la raison : le dossier ouïghour ».Le dossier ouïghour est au cœur des relations en dents de scie entre Pékin et Ankara. Cette minorité musulmane et turcophone persécutée en Chine, a trouvé massivement refuge en Turquie, qu’elle considère comme un pays frère, ce qui exaspère Pékin. À Istanbul, ils sont des milliers de Ouïghours à vivre dans le quartier de Zeytinburnu et ses barres d’immeubles sans charme.Voilée de noir, Mukerem Habit tient une boutique de vêtements traditionnels ouïghours. Cela fait six ans qu’elle vit à Istanbul après avoir quitté la région du Xinjiang en Chine que les Ouïghours appellent encore le Turkestan oriental. « Je suis partie car j’étais opprimée par le gouvernement chinois à cause de ma religion. Mon mari et une de mes filles sont en prison, une autre de mes filles a été internée dans un camp de rééducation », témoigne-t-elle, visiblement émue. Elle se dit en sécurité en Turquie, elle a acquis la citoyenneté du pays.Les Ouïghours se sentent généralement protégés en Turquie. Le président Recep Tayyip Erdogan a été un des premiers à dénoncer un génocide commis contre cette communauté par les autorités chinoises. Mais les relations entre Ankara et Pékin varient au gré des intérêts économiques et en 2017, le Parlement chinois a ratifié un accord d'extradition avec la Turquie, ce qui inquiète Abdusselam Teklimakan, président d’une association ouïghoure, qui a peur un jour d’être renvoyé en Chine, et de subir le même sort que sa famille : l’internement dans des camps. « Bien sûr, cet accord d’extradition nous inquiète, même si pour l’instant seul le parlement chinois l’a ratifié, pas le Parlement turc, précise-t-il. Tant que le Parlement turc ne l’acceptera pas, nous nous sentirons en sécurité, assène-t-il. S’il le fait, on ne sait pas ce qu’il pourrait arriver à notre communauté. »Après la guerre en Ukraine, la Turquie nouveau pôle d’attractivitéLes questions politiques et économiques sont étroitement liées dans les relations entre la Turquie et la Chine. Et la question ouïghoure n’est pas le seul point de désaccord entre les deux pays. « Les deux pays sont en compétition en Asie centrale, il y a des divergences au Moyen-Orient sur la Syrie, sur le dossier kurde, rappelle Tolga Bilener, et puis le fait que la Turquie fasse partie de l’Alliance occidentale est déjà un frein naturel pour le développement de ces relations ».Mais Ankara peut aussi s’en affranchir. Après le Covid et la guerre en Ukraine, la Turquie a renforcé sa place centrale dans la région. La Turquie a été à la manœuvre dans l’accord entre la Russie et l’Ukraine, en juillet 2022, pour l’exportation de céréales ukrainiennes vers le reste du monde et cela « grâce à la force de sa politique étrangère mais aussi sa géographie centrale », rappelle Ahmet Faruk Içik, qui travaille sur les liens avec la Chine au sein de DEIK, une organisation patronale turque.Du haut de son gratte-ciel dans le quartier d’affaires d’Istanbul, il parie à l’avenir sur le développement de la route transcaspienne, comme « nouvelle route de la soie ». « Avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine, la route du Nord [qui va de la Chine à l’Europe en passant par la Russie, Ndlr] a perdu de sa pertinence car il n’y a plus de stabilité. Donc la route transcaspienne qui est stable, elle, est devenue une bonne alternative. Elle va du Kazakhstan à la mer Caspienne à un port d’Azerbaïdjan et ensuite par voie ferrée de la Géorgie à la Turquie. »Les « nouvelles routes de la soie » lancées, il y a dix ans, par Xi Jinping se trouvent à moment crucial pour la Turquie. Le pays a le choix entre privilégier ses relations avec la Chine, devenue incontournable, rester tourné vers l’Occident, ou ménager tous ses partenaires, quitte à jouer les équilibristes.
9/8/202319 minutes, 30 seconds
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Les «nouvelles routes de la soie» en Afrique: l’heure du scepticisme?

Quatrième épisode de notre série « nouvelles routes de la soie, dix ans après ». Des centaines de « méga-projets » financés par Pékin ont vu le jour en Afrique où ils suscitent l'optimisme des populations mais aussi parfois le scepticisme. Le partenariat « gagnant-gagnant » vanté par la Chine a-t-il réellement profité aux pays partenaires ? Réponse au Kenya, en Zambie, en Ouganda et au Sénégal, où Albane Thirouard, Romain Chanson, Lucie Mouillaud et Théa Olivier ont emprunté ces « nouvelles routes de la soie ». Il faut compter cinq à six heures de train pour relier Nairobi, la capitale kényane, à Mombasa, ville portuaire de la côte Est. La ligne, lancée en 2017, est le plus grand projet chinois au Kenya : 3,2 milliards de dollars, financés presque intégralement par un prêt de Pékin.Cet après-midi, au départ de Nairobi, le wagon est rempli. Lilith Omboko, l’une des passagères, travaille à Mombasa. Elle prend le train toutes les deux semaines. « C’est beaucoup mieux que ce que nous avions avant, se réjouit-elle. Le train prenait beaucoup plus de temps, jusqu’à 12 heures. Alors les gens utilisaient surtout le bus, parfois l’avion mais c’est plus cher. »Il faut compter 1 000 shillings kényans soit sept dollars pour un ticket en classe économique. À l'entrée du wagon, le drapeau de la Chine trône à côté de celui du Kenya. À Mombasa, les voyageurs sont accueillis par la statue du grand explorateur chinois du XIVe siècle, Zheng He. Un personnage historique aujourd’hui figure de proue des « nouvelles routes de la soie ».Moins de profits qu’attenduEn 2022, la ligne a permis de transporter plus de deux millions de voyageurs mais aussi des marchandises. Son point de départ, le port de Mombasa, est stratégique pour Pékin. « L’intérêt pour le pays s’inscrit dans l’objectif à long-terme de Pékin, qui est de connecter l’océan Indien avec l’intérieur du continent africain, explique Peter Kagwanja, à la tête du think-thank kényan Africa policy institute. L’idée est de débarquer ses biens à Mombasa, de les acheminer jusqu’au Congo puis d’atteindre la côte atlantique et ainsi de faire du commerce avec l’Amérique ».Le développement du port de Mombasa a toutefois été entaché par des affaires de corruption et de mauvaise gestion. Des critiques régulières contre les projets financés avec des prêts chinois au Kenya et aux bénéfices très décevants. C’est le cas de la ligne Nairobi-Mombasa, déplore Michael Mchege, économiste à l’Université de Nairobi.« Nous nous retrouvons à devoir utiliser l’argent du contribuable pour rembourser le prêt alors que 60% des revenus de l’État vont déjà dans le remboursement de la dette. Cette dette, ce n’est pas que la Chine d’ailleurs. La part de la Chine c’est environ 20%. Mais le problème, c’est que les autres bailleurs sont prêts à s’asseoir pour négocier un rééchelonnement de la dette, mais pas Pékin. »À Mombasa, les habitants rencontrés semblent, eux, loin de ces débats. Ces critiques n’ont pas empêché non plus le président kényan William Ruto d’évoquer de futurs projets avec la Chine en juillet dernier (2023) lors d’une rencontre avec Wang Yi, chef de la diplomatie chinoise.Emprunts chinois en Zambie : « On en a payé les conséquences »Nous mettons maintenant le cap vers la Zambie où l'influence de la Chine est financière. Nous arrivons au terminal 2 de l'aéroport international de Lusaka, financé et construit par des Chinois. La Chine détient la moitié de la dette zambienne. Dans un premier temps, ce recours massif à l'emprunt a favorisé le développement du pays. Éric Rambeloson est un entrepreneur français qui vit à Lusaka depuis plus de 20 ans, il a vu l'évolution de la Zambie et ses dérives.« En 2011, il y a eu un changement de parti. Le président de l’époque [Michael Sata] a voulu se focaliser sur l’investissement d’infrastructures. La Chine étant présente, ils se sont tournés vers Pékin. On en a payé les conséquences par la suite. »Le 18 novembre 2020, en pleine pandémie du Covid-19, les autorités annoncent ne plus être en mesure de rembourser ses créanciers. La dette, et le défaut de paiement qui a suivi, ont profondément fragilisé l'économie zambienne, explique Peter Mumba, coordinateur de l’Alliance de la dette, une organisation de la société civile.« La dette a eu des conséquences sur quasiment l'ensemble des Zambiens. Si vous regardez le budget du pays pour 2022, près de la moitié est consacrée au remboursement de la dette. Ce fardeau a eu un effet sur des éléments fondamentaux de l'économie comme l'inflation, le taux de change et par conséquent, la hausse du coût de la vie. »Flambée des prixAu City Market, le plus grand marché de Lusaka, la question du coût de la vie fait consensus entre clients et commerçants : les produits de base sont trop chers. Anna Muvenga vend du pain de mie sur un coin de rue. « Le prix du pain augmente, le coût de la vie est de plus en plus cher... On se bat pour survivre. Il y a beaucoup de produits qui deviennent chers, ça fait deux ans que ça dure. »Robert Mwansa est un passant qui ne comprend pas comment la Zambie, un pays riche en ressources naturelles comme le cuivre, se retrouve à manquer d’argent. « La Zambie produit énormément d'argent chaque année, plus de 20 milliards de dollars par an, donc je ne comprends pas pourquoi cette dette fait souffrir le peuple. On a assez de ressources pour effacer cette dette, l'Afrique est le continent le plus riche du monde, la Zambie est aussi une terre de richesses. »Robert Mwansa reconnaît que le pays manquait cruellement d'infrastructures et que les nouveaux aménagements sont les bienvenus. Mais une limite a été franchie.Si j’avais l’occasion de recommencer, je ferais la même choseCe ressentiment s'est d’ailleurs exprimé dans les urnes en 2021, lorsque le président Edgar Lungu a dû laisser sa place à Hakainde Hichilema, moins proche des Chinois. Brian Mundubile, ancien membre du gouvernement et chef des députés du Front patriotique était aux premières loges pour observer la dette enfler. Nous le rencontrons à l’Assemblée nationale. « Si j'avais l'occasion de recommencer, dit-il, et bien je ferais la même chose. Je suis sûr que vous avez atterri dans un très bon aéroport, tout le monde l'aime, nous aussi ! J'aime également notre réseau de télécommunications dans tout le pays. Ces emprunts étaient nécessaires. »Le plan ne s'est pas déroulé comme prévu, dit pudiquement Brian Mundubile. Les retombées économiques espérées ont été empêchées par les ravages d'une sécheresse, puis du Covid-19.En juin 2023, la Chine a fini par accepter de venir à la table des négociations pour restructurer la dette zambienne. Une bulle d'oxygène qui doit permettre à l'économie du pays de se relancer. Les prévisions de croissance sont bonnes. Les « nouvelles routes de la soie » chinoises ne feront pas de détour, elles continuent de passer par la Zambie.L’Ouganda « devait créer un compte bancaire avec du cash »Kampala, la capitale ougandaise, est une autre étape incontournable de l’itinéraire tracé par Pékin. Sur de nombreux chantiers de travaux publics, des inscriptions en mandarin fleurissent, signe de la domination des entreprises chinoises dans le secteur.Ces contrats juteux inquiètent pour leur manque de transparence. Fin 2021, un média local révèle les conditions du prêt accordé par Pékin pour l'agrandissement de l’aéroport d’Entebbe, seul aéroport international du pays. Certaines de ces modalités sont jugées « scandaleuses » par Jane Nalunga.« Le gouvernement chinois devait approuver le budget et le plan stratégique de l’Autorité civile d’Aviation ougandaise, qui est l’autorité en charge de l'aéroport, détaille la directrice d’un think-tank en recherche économique. Le budget devait d’abord être approuvé, avec peu de dépenses programmées car il fallait rembourser ! Ensuite, le gouvernement ougandais devait créer un compte bancaire où il déposait du cash dans le cas où il échouerait à rembourser l’emprunt et manquait à ses obligations. La Chine avait le droit de saisir cet argent. »Le ministre ougandais des Finances Mattias Kasaija avait à l’époque bien reconnu des « failles » dans les négociations. Des négociations qu’il avait toutefois défendues devant les députés en novembre 2021. « Nous avons vu que c’était l’alternative la moins chère, et nous avons sauté sur l’occasion, avait-il déclaré. Je pourrais m’excuser et dire que nous n’aurions pas dû accepter certaines de ces clauses, mais comme je vous l’ai dit, le prix, c’est que c’est à prendre ou à laisser ! »Au Sénégal, un data center équipé par le géant chinois HuaweiCap à l’ouest du continent, où les « nouvelles routes de la soie » atteignent le Sénégal. Dans le pays, l’influence de la Chine est numérique. Hautes barrières, fils électrifiés, gendarmes à l’entrée. Le très sécurisé data center se trouve au milieu des chantiers de Diamniadio, ville nouvelle à une trentaine de kilomètres de Dakar. Inauguré en juin 2022, ce centre a été financé par la coopération chinoise.Derrière une porte sécurisée, se trouve le cœur du data center. Au milieu d’une salle de 250 m2, trois conteneurs – des modules confinés dans le jargon – renferment des serveurs qui stockent les précieuses données. 80 à 90% d’entre elles viennent des ministères, des agences nationales, des mairies ou des préfectures, le reste venant du privé.Certains serveurs sont marqués d’un logo Huawei. Le géant du numérique chinois soupçonné d’espionnage par les États-Unis a en effet équipé le data center. Seydi Cheikh Fall est le responsable de la maintenance et du support. « Il n’y a pas forcément que du Huawei, il y a aussi du Nutanix, du Cisco… L’idée c’est d’avoir un mix qui permet de casser le monopole et de ne pas dépendre d’un constructeur. Côté sécurité, ça permet de ne pas s’ouvrir lorsqu’il y a des attaques qui visent ces failles-là. »Compte tenu de la sensibilité des données, Ousmane Bop, manager des lieux, se veut rassurant sur le choix de travailler avec Huawei. « Huawei est intervenu uniquement dans la construction du data center, dans l’exploitation Huawei n’intervient pas du tout, assure-t-il. On fait un travail d’homologation et de normalisation. La normalisation permet de voir tous les équipements installés au niveau du site, de les tester, de voir les failles et d’être sûrs qu’ils peuvent accueillir les services de nos clients ».Il est clair que la question de la dépendance numérique se poseEn plus du data center, la Chine a installé 4 500 km de fibre optique au Sénégal, construit les réseaux 3G et 4G, et peut-être bientôt la 5G. Cela fait de Pékin le principal partenaire étranger dans le secteur mais pas le seul explique, Cheikh Bakhoum, directeur général de Sénégal Numérique. « Nous avons reçu des investissements de la Chine, mais également d'autres pays, comme Israël, les États-Unis, ou ceux de l'Union européenne. Aujourd'hui, la Chine est un des acteurs majeurs avec qui nous travaillons dans le domaine du numérique. Mais au Sénégal, il n'y a pas d'exclusivité. Nous sommes ouverts à tous les pays. »Nous terminons notre route africaine de la soie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, à la rencontre d’Ibrahima Niang, spécialiste des relations Chine-Sénégal. « Les groupes qui étaient avant présents sur le marché tels qu’Alcatel, ou Ericsson ne le sont plus parce que Huawei est parvenu à gagner des parts de marché. Il est clair que la question de la dépendance numérique se pose à partir de ce moment », explique-t-il.Pour les pays africains intégrés aux « nouvelles routes de la soie », la dépendance est avant tout d’ordre économique. Plusieurs observateurs estiment que la Chine peut tout à fait être un partenaire choisi, mais qu’elle ne doit pas être le seul, au risque pour ces États africains de rester en marge des chaînes de valeur et du commerce mondial.
9/7/202319 minutes, 30 seconds
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Sri Lanka: les «nouvelles routes de la soie», la dette et l’éléphant blanc

Troisième épisode de notre série « nouvelles routes de la soie, dix ans après » au Sri Lanka et plus précisément au sud de l’île au 22 millions d’habitants, l'ancien fief du président déchu Gotabaya Rajapaksa. Coup de projecteur sur le port d’Hambantota, construit avant le lancement des « nouvelles routes de la soie » et devenu au fil du temps le symbole des dérives mégalomaniaques des Rajapakse, qui ont plongé le pays dans le chaos et l’une des pires crises économiques et politiques de son histoire. Pour rejoindre la pointe Sud de l’île depuis la capitale Colombo, il ne faut désormais plus que 3h30. Flambant neuve, inaugurée en 2015, l’extension de l’autoroute du Sud financée et construite par les Chinois est tout un symbole. La première autoroute du pays, qui relie aujourd’hui les ports de Colombo et d’Hambantota et les deux aéroports internationaux de Colombo et de Mattala, fait partie des nombreux projets d’infrastructures développés à coup de milliards de dollars de crédit, et aujourd’hui sous le label des « nouvelles routes de la soie ».Le cas du port en eau profonde d’Hambantota est encore plus emblématique. Pour rembourser une partie de ses dettes, le Sri Lanka a dû accorder une concession de 99 ans sur les activités commerciales du port à une entreprise publique chinoise (CMPH). Ces projets sont qualifiés « d’éléphant blanc », une expression tirée d’une légende thaïe pour désigner tous ces investissements démesurés qui ont contribué à ruiner le pays. Et dans le cas d’Hambantota, à exacerber le conflit entre l’homme et la faune sauvage.Un écosystème chambouléDepuis la construction du port d’Hambantota, la coexistence ancestrale entre les humains et les éléphants n’est plus du tout pacifique. Début juillet, en seulement trois jours, quatre villageois ont perdu la vie suite à des attaques d’éléphants sauvages. Ces comportements hostiles s’expliquent par la déforestation et la dégradation de l’habitat naturel des pachydermes, qui les obligent à rechercher des ressources vitales en dehors des forêts et des zones protégées. A Hambantota, les villageois rapportent la mort tragique de 17 personnes en un peu plus d’un mois. Au niveau national et selon les données officielles, 2022 a connu une mortalité record avec 145 décès d’humains et 433 décès d’éléphantsA Gonnoruwa, un village à une dizaine de kilomètres au nord du port, Nanini vient d’apprendre la mort de son fils, piétiné par un pachyderme alors qu’il se rendait à son travail. Le jeune homme avait emprunté comme chaque matin un raccourci, créé par l’entreprise qui a construit l’autoroute pour acheminer son matériel et qui traverse une réserve forestière. L’aire censée être une zone protégée est gérée par le bureau de la faune sauvage. Les villageois dénoncent une absence totale de signalisation ou de clôtures électriques pour protéger les humains. Sur ces terres à majorité cinghalaise et bouddhiste et dont près de la moitié des habitants vit en dessous du seuil de pauvreté, la vie ne tient qu’à un fil.Roshan Rajika peut en témoigner. Ce passionné d’environnement reçoit chaque jour des appels de villageois paniqués pour lui signaler la présence d’éléphants dans leurs rizières ou à proximité de leur maison. Une nuit, tous les rouleaux électriques des petits commerces dans un des villages ont été saccagés. Un éléphant affamé était passé par là.Le quadragénaire a filmé des centaines de vidéo de ces créatures majestueuses. Il se souvient du temps où la zone de Karagan Lewaya abritait une riche biodiversité. Autrefois visité par des oiseaux migrateurs et des troupeaux d’éléphants, l’espace est désormais occupé par le complexe portuaire et un gigantesque terrain qui sera transformé à terme en zone industrielle. Roshan en veut beaucoup aux autorités. « Je n’ai rien contre le développement, mais il n’y a eu aucune étude de faisabilité, de protection de la nature ou de stratégie pour éviter le conflit actuel homme-faune. Tous ces projets ont été initiés par notre gouvernement. Quand la construction du port a débuté, les autorités ont bâti des villages pour reloger les fermiers sans tenir compte des éléphants. La construction du port et des nombreux villages a grignoté leur habitat naturel et ce avec la bénédiction des politiciens locaux. »Des éléphants blancsC’est aussi l’avis de Saman Sudarashana, le secrétaire de l’association des fermiers de la région, qui dénonce les incohérences du gouvernement. « Notre district compte environ 450 éléphants. Le gouvernement a reconnu la région comme une zone de conservation de l’habitat des éléphants tout en lançant des projets de développement comme l’aéroport de Mattala, l’autoroute, un stade de cricket ou encore un gigantesque centre de conférence. Tout cela a été construit au beau milieu des aires protégées poussant les éléphants à venir se nourrir sur les terres agricoles. » Le secrétaire de l’association souligne le ras-le-bol de la population locale. « Personne ne se soucie de notre bien-être ni de celui des animaux. À cause de tous ces projets mal planifiés, des gens perdent leur vie, des maisons sont saccagées. Et les récoltes, cultivées au prix de nombreux sacrifices, sont détruites. Ce n’est pas la faute des éléphants, ce sont les élus qui ont mal géré la situation. Malgré les fréquentes manifestations et plusieurs grèves de la faim, les fermiers savent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Dans cette zone sèche qui souffre de problèmes chroniques d’approvisionnement en eau potable, l’un des enjeux majeurs sera de trouver des financements pour construire un réservoir d’eau pour les éléphants, seule solution viable et durable, estime Saman Sudarashana.Ces éléphants blancs ont non seulement ruiné le pays mais aussi bouleversé la vie de centaines de familles, expropriées de leurs terres et relocalisées à des kilomètres plus au nord en échange de maigres compensations. Piyadasa 75 ans tient une petite épicerie en bord de route. C’est aussi le domicile de sa fille et de ses deux petits enfants. Le septuagénaire vivait à l’emplacement du port et cultivait des noix de cajou bio, destinées à l’export. La production lui permettait de vivre très correctement.  « Avant 2007, nous pouvions subvenir à nos besoins, vivre de notre travail. J’avais près de six hectares de terres cultivables, se souvient-il nostalgique. Aujourd’hui j’ai tout perdu. Je ne gagne que 10% de ce que je gagnais avant. Toute la région s’est transformée en zone semi-urbaine. Près de 180 familles dont une trentaine qui étaient mes voisins sur le site du port ont été relocalisées dans le village. Et je n’ai eu que 3 200 euros de compensation. »Impact économiqueInterrogé sur ce qu’il pense de la famille Rajapaksa, dont Hambantota est le fief ancestral, l’épicier répond sans ambages. « Tous les politiques sont pareils. Vous savez, j’ai des liens familiaux avec les Rajapaksa du côté paternel. Mon père m’a toujours dissuadé de voter pour eux. Il me disait : "les Rajapaksa sont tous des escrocs !" Moi, je suis pour Sajith Premadasa, le chef de l’opposition. Je ne soutiens pas non plus l’actuel président Ranil Wickremesinghe car il a des liens de parenté avec la femme de Mahinda Rajapaksa. Ils sont tous corrompus et se protègent les uns les autres. »Le district d’Hambantota compte environ 600 000 habitants, dont la majorité vit de l’agriculture et de la pêche. Le port de pêche avec son marché se situe à environ 3 km à vol d’oiseau du port international d’Hambantota.Le regard fatigué, vêtu d’un sarong et d’une chemise à carreaux, Jaufer Moulana, 57 ans, pêche depuis l’âge de 12 ans. Sa vie aussi a été chamboulée depuis la construction du port en eau profonde, qui se trouve sur la route stratégique des cargos entre l’Europe et l’Extrême-Orient.« Les cargos nous créent pas mal de problèmes. Avant, on pêchait à l’emplacement du port et on attrapait beaucoup de poissons. Aujourd’hui, la Marine nous interdit de nous y attarder à cause du passage des navires. Dans l’idéal, on aimerait pouvoir y aller le soir et rester jusqu’au matin, mais si un navire passe à ce moment-là, nos filets sont détruits. C’est déjà arrivé trois fois cette année. » Jaufer se plaint de l’énorme manque à gagner. « On nous oblige à quitter la zone, avant même d’avoir réussi à attraper assez de poissons. Vous ne pouvez même plus y planter un hameçon ! Je n’arrive plus à rentrer dans mes frais. » Et de fait, ce matin, le pêcheur n’a rien gagné, il n’a même pas pu couvrir ses dépenses d’essence, entre 10 et 15L qu’il a dû acheter à crédit.Pour comprendre ce sentiment d’abandon et l’inaction des élus, nous avons tenté de rencontrer le secrétaire de la mairie du district, M. Sumanasekara. L’entretien sera de courte durée. Le regard fuyant et le ton sec, l’agent du gouvernement a refusé de répondre à nos questions. Il nous a invité à écrire au ministère de l’Information pour obtenir une autorisation.Quand une porte se ferme, une autre s’ouvre, disait le célèbre écrivain espagnol Cervantès. Cette règle ne s’applique malheureusement pas à Hambantota. Sous un faux prétexte, la visite du port géré par la compagnie China Merchants Port Holdings, pourtant acceptée des semaines en amont et avec à l’appui une liste de questions que nous souhaitions poser, a été annulé à la dernière minute. Selon le service de presse du port, la personne dont on n’a jamais eu le nom et qui était chargée de nous faire visiter le port a dû quitter le pays de manière impromptu pour assister à des réunions urgentes.« No Go Zone »Le complexe portuaire ressemble à une base militaire. Les quatre routes menant aux terminaux sont coupées par des check points, truffés de caméras et surveillées par des agents privés et parfois aussi la marine sri-lankaise. Impossible de s’en approcher. Notre chauffeur de tuk-tuk a dû s’arrêter à deux reprises pour un contrôle routier aux abords du complexe portuaire.Un salarié du port a tout de même accepté de répondre à quelques questions par téléphone et sous couvert d’anonymat. Le jeune homme a confirmé que l’activité principale du port était le transbordement de véhicule. Combien de navires accostent le quai ? Entre dix et quinze selon lui, sur les trois derniers mois et les deux premiers de l’année. C’est la période où le trafic est le plus intense. L’écrasante majorité des employés sont des locaux. Tandis que les Chinois, quelques dizaines, travaillent dans le bâtiment de l’administration portuaire, auquel les Sri-Lankais n’ont pas accès.Notre interlocuteur ajoute que les salaires sont satisfaisants et que les repas sont fournis par l’entreprise. Une ombre au tableau toutefois : depuis que le port est géré par les Chinois, les promotions se font très rares et l’incertitude demeure étant donné que les contrats sont renouvelés tous les ans. Globalement et pour conclure, l’employé du port voit un impact plutôt positif sur sa vie et celles des jeunes de son village. Une cinquantaine ont pu être embauchés dans le port.Monsieur 10 %Frappés par une crise économique sans précédent depuis plus d’un an, les villageois résignés, reconnaissent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Le malaise est profond à Hambantota. Un mot revient dans toutes nos conversations : la corruption. Une corruption endémique en particulier dans les sphères du pouvoir et autour du clan politique des Rajapaksa.Aruna Kulantuga, économiste politique à Colombo dénonce la cupidité des élites. À titre d’exemple, il cite le nom de l’un des frères de l’ex-président : Basil Rajapaksa, ancien ministre des Finances, communément appelé « Monsieur 10 % ». On l’a affublé de ce surnom en raison des commissions qu’il a perçues sur tous les contrats signés ces dernières années.  Et dans le cas d’Hambantota, l’économiste revient sur un épisode de 2014, lorsque l’ancien gouvernement Sirisena étranglé par les dettes cherchait une issue de secours.« Le coût du crédit pour la construction du port était estimé à 1,2 milliard de dollars. Mais l’entreprise qui a construit le port a révélé que la construction avait coûté 900 millions. Où sont passés les 300 millions restants ? Personne ne le sait. Une enquête diligentée en 2014 et menée jusqu’en 2019 a simplement conclu que tout cet argent avait disparu. Il ne se trouve pas dans le pays, ni même en Chine. Cet argent apparaît sur des comptes à Dubaï ou dans des propriétés luxueuses en Grande-Bretagne. Des centaines de millions de dollars ont été blanchis sans qu’on ait pu apporter des preuves. »Piège de la dette ?En moins de 20 ans, les investissements chinois au Sri Lanka ont augmenté à près de 12 milliards de dollars. Aujourd’hui, le pays doit 10 % de sa dette totale et 20 % de sa dette publique à la Chine seule, soit la plus haute proportion parmi ses nombreux prêteurs.Etranglé par les prêts, Colombo a dû se résoudre à céder à la Chine l’exploitation de son port du Sud pour 99 ans. Hambantota est ainsi devenu l’exemple par excellence en Occident du « piège de la dette », un terme utilisé pour la première fois en juin 2018 dans une enquête du New York Times et qui a depuis été largement diffusé dans la presse occidentale et parmi les chercheurs pour dénoncer la stratégie prédatrice de la Chine. Le cas du Sri Lanka a dans le même temps écorné les grandes ambitions de prospérité véhiculées par Pékin dans sa promotion des mégaprojets associés aux « nouvelles routes de la soie ».Mais pour l’analyste économique Thilina Panduwawala, le terme de « piège de la dette » est inapproprié dans le cas du port d’Hambantota. Son travail de recherche consiste comme il dit à séparer « les mythes de la réalité ». Il revient sur les étapes successives du projet. « Les principaux bailleurs sont les Chinoises Exim Bank et China Development Bank. Les emprunts ont débuté vers l’an 2000. Entre 2007 et 2014, le Sri Lanka a emprunté 1,2 milliard pour la construction du port d’Hambantota. Dès 2016, il devient évident que le pays est incapable de rembourser ses dettes. Ranil Wickremesinghe alors Premier ministre évoque au Parlement le lourd fardeau de la dette. Il décide de louer le port à China Merchants Port Holdings en échange de 930 millions de dollars, afin de renflouer les caisses vides en devises étrangères, et d’éviter de contracter de nouvelles dettes. »C’est à partir de là que l’on commence à parler de confiscation des avoirs par la Chine. Or, en réalité, aucune clause de ce type n’existe dans le contrat, souligne Thilina Panduwawala qui affirme avoir consulté le contrat que lui et son équipe rendront public prochainement. « Le crédit contracté auprès d’Exim Bank continue d’être remboursé, la dette n’a pas été effacée et l’argent perçu par la signature du bail à servi à accroitre les réserves de change », conclut-il.Aruna Kulatunga réfute également la théorie du piège de la dette. Ce dernier explique comment le clan Rajapaksa, tout puissant au sortir de la guerre civile en 2009-2010, a cherché à asseoir sa popularité en se lançant dans des projets trop coûteux. « Si l’on regarde les chiffres, plus de la moitié des emprunts provient de créances privées, c’est-à-dire du marché obligataire, accordés à des taux assez élevés entre 4 et 8 %, tandis que les taux des prêts bilatéraux étaient plutôt bas de l’ordre de 3 ou 4 %. Le leadership de l’époque a été frappé par un égo démesuré. Pour perpétuer cette adoration, ils ont investi tous azimut sans se soucier des conséquences. »Toute la responsabilité repose, selon l’économiste politique, sur les autorités sri-lankaises. « Ce ne sont pas les Chinois qui sont arrivés pour nous dire prenez, prenez l’argent, c’est nous qui avons emprunté. On le sait maintenant, car les données commencent à sortir, que les Chinois nous ont conseillé d’aller doucement, de ne pas nous précipiter. »Principe de neutralitéLe résultat est là. La Chine contrôle désormais le port septentrional et Aruna Kulatunga craint les conséquences géopolitiques de cette situation. « Lorsque vous regardez la carte de l’Asie du Sud, vous voyez un port chinois au Pakistan, au Bangladesh et dans le sud du Sri Lanka. Ces ports forment un triangle parfait qui encercle l’Inde. Notre voisin a donc toutes les raisons de s’inquiéter. Car en cas de confrontation, et c’est possible, on ne peut pas l’exclure, l’Inde sera encerclée. Pourquoi avons-nous accepté cela ? Nous n’aurions jamais dû, ce n’était pas dans notre intérêt. »L’expert rappelle le principe de neutralité que son pays s’est toujours imposé dans l’histoire contemporaine. « Nous n’aurions jamais dû être entraînés dans cette rivalité. Nous aurions dû garder une politique d’ouverture de nos ports, de nos eaux territoriales, de notre espace aérien. Et non pas vendre ou louer. Et puis 99 ans, c’est long ! On dit que le centre d’affaires Port City à Colombo est un bail de 99 ans. En réalité, c’est bien plus : une partie restera chinoise à tout jamais ! »Selon Aruna Kulatunga, la Chine compte prochainement investir 4 milliards de dollars supplémentaires, notamment dans la construction d’une raffinerie de pétrole uniquement destinée à l’export. Parmi les candidats sont cités le Chinois Sinopec, le plus grand raffineur d’Asie, ou encore Aramco, le géant pétrolier saoudien.Pour comprendre l’importance du port d’Hambantota il suffit de regarder une mappemonde. Le port se situe à seulement 10 miles nautiques de la route maritime commerciale Est-Ouest la plus fréquentée au monde. Pour comprendre les enjeux de ce port sur la carte des « nouvelles routes de la soie », nous avons interrogé Yasiru Ranaraja, le directeur de BRI SL. Cette organisation internationale de développement et de conseil s’intéresse de près aux projets en lien avec les « nouvelles routes de la soie » au Sri Lanka et dans la région.« Les navires chinois qui transportent du pétrole passent par le détroit de Malacca. La Chine achète la grande majorité du pétrole à l’Arabie saoudite, ses navires empruntent la route maritime ouest/est qui passe par Hambantota, puis le détroit de Malacca jusqu’à la mer de Chine du Sud. S’il arrivait quelque chose, la Chine aurait un grave problème. »Selon Yasiru Ranaraja, l’initiative chinoise comporte plutôt des aspects positifs pour son pays. « Le Sri Lanka pourrait devenir à l’avenir l’emplacement idéal, une base pour le commerce de l’énergie dans la région. Je pense que le port est stratégiquement important aussi bien pour la Chine que pour nous. Le Parlement sri-lankais avait dès les années 1970 des projets pour ce port, ce n’est donc pas nouveau. »Le district d’Hambantota, considéré comme l’une des régions les plus pauvres du Sri Lanka, a bénéficié d’un flux d’investissements considérables. À ce jour, le port et ses 60 km2 de terrain n’ont pas produit les recettes escomptées. Les activités du complexe portuaire sont encore très loin du rêve de Colombo de transformer l’île en hub régional. Pour développer la région et rendre le port viable et lucratif, Pékin devra injecter dans les prochaines années des milliards de dollars supplémentaires. Des projets titanesques à mille lieux des préoccupations et des attentes de la population.
9/6/202319 minutes, 31 seconds
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La Malaisie, point de passage vital des «nouvelles routes de la soie», mais à quel prix?

Deuxième épisode de notre série « nouvelles routes de la soie, dix ans après ». La Malaisie est un point de passage vital pour le commerce maritime mondial, et en particulier pour la Chine. Pékin y construit des ports et des chemins de fer pour éviter le détroit de Malacca, contrôlé par les Américains. C’est la justification première des « nouvelles routes de la soie ». Mais où est l’intérêt de la Malaisie ? Les populations locales affectées par les projets chinois souffrent du manque de transparence et de la corruption des élites.  En Asie du Sud-Est, la Malaisie occupe une place stratégique. Son versant Ouest longe le détroit de Malacca, qui sépare le pays de l’Indonésie. Il est le passage obligé des routes commerciales maritimes qui relient l'Europe et le Moyen-Orient à l'Asie. Entre le tiers et la moitié des flux mondiaux de marchandises transitent par ce détroit. La Malaisie est donc centrale dans tout projet qui vise à faciliter l'intégration de la région au commerce mondial. « Cela permet également de faciliter le commerce entre les pays de l’Asean ainsi qu'entre l’Asean, la Chine et d'autres parties du monde », explique Liew Chee Yoong, économiste spécialisé en gouvernance d'entreprise et développement financier à l’université de UCSI de Kuala Lumpur. Cela découle de l'augmentation de la connectivité induite par les projets des « nouvelles routes de la soie ». « Ces projets seront en fait très positifs et peut être très fructueux, compte tenu de ce qui se passe actuellement dans divers pays de l’Asean. »Un millier de bateaux empruntent le détroit de Malacca chaque jour - et faire passer les marchandises à travers la Malaisie pourrait faire gagner des jours entiers. Afin que les marchandises puissent être transportées plus rapidement et plus efficacement de la côte Est en Ouest, une ligne ferroviaire traversant le pays est en cours de construction, permettant ainsi d’éviter le détroit de Malacca. Nouvelle voie terrestreC’est à Kuantan, sur la côte Est du pays, ville incontournable sur les « nouvelles routes de la soie », qu’ont débuté les travaux de construction d’une ligne de chemin de fer nommée ECRL (East Coast Railway Link), ou ligne ferroviaire de la côte est, et de gares afin de faciliter le transport des marchandises.  Sauf que ces projets ne font pas l'unanimité auprès des populations locales. À une cinquantaine de kilomètres au nord de Kuantan, la maison de Rokamar, dame âgée au visage souriant, est plantée au milieu d’un grand terrain sur lequel se trouvent des poulaillers, des ateliers de construction… Tout ce que sa famille a bâti depuis plus de 40 ans sera réduit à néant pour faire place à une route bétonnée. « Nous avons été pris au dépourvu dès le début du projet. Les responsables ne sont venus ici que lorsque les choses ont été finalisées, nous confie Rokamar. Il n'y a donc rien que l’on puisse faire, nous devons accepter ce que Dieu nous a imposé. Je suis en colère que nous soyons forcés d’accepter ces projets et que nous soyons obligés de céder nos terres. »Sulung, son mari, peau burinée à force de travailler en extérieur, voudrait que le projet soit déplacé de quelques kilomètres. « À proximité, il y a des milliers de kilomètres carrés de marécages, ils pourraient construire là-bas, dit-il en tendant le bras vers un espace vide. Ce n'est pas que nous soyons contre le progrès, mais ils pourraient déplacer la ligne ferroviaire dans la zone marécageuse, il n'y a rien du tout là-bas. Lorsqu'ils sont venus faire des relevés et des mesures, ils nous ont dit que c'était pour construire une route d'accès à la gare. Il ne s'agit même pas d’y installer la voie de chemin de fer, mais une voie d'accès ! »Rokamar exprime tout haut ce que tous dans leur village pensent tout bas. « Pour moi, ceux qui ne sont pas directement touchés peuvent facilement parler des avantages de l'ECRL. S'ils étaient frappés de plein fouet, comme nous, ils sauraient à quel point c’est un bouleversement de devoir tout changer à sa vie. »Quelles indemnisations ? Le couple, parents de huit enfants, a toutefois une chance que d’autres n’ont pas : un titre de propriété de leur terre, garantissant un minimum d’indemnisation pour leur perte. Mais pour Razali, qui vit à moins de 5 km de là, ce n’est pas le cas. « Ils disent qu'ils paieront une somme, je cite, “symbolique”, je ne vais pas pouvoir faire grand-chose avec… Je ne peux pas reconstruire ma maison avec une somme symbolique ! » explique le vieil homme, assis en tailleur sur un tapis dans son salon. « S'ils m'indemnisent correctement, je pourrai, après l’expropriation, aplanir le terrain derrière ma maison, qui est pour le moment un marécage et y construire ma nouvelle maison. S'ils ne m'indemnisent qu'un peu, je pourrai seulement me permettre de drainer ce marécage. Mais je n’aurai pas assez pour construire une maison. Alors je suppose que je vais simplement rester là, assis sur le sol. J'ai fait appel mais ils ne veulent plus m'écouter, alors je n'ai plus d'options. Je veux pouvoir reconstruire ma maison, car je ne peux plus travailler, je suis un vieil homme. » Sa femme Zakaria a le regard triste, rempli d’incompréhension face à une situation qui les dépasse. « Mon cœur n'est pas en paix, confie-t-elle après un moment d’hésitation. Notre maison, nous y avons vécu si longtemps. C'est comme si on plantait un arbre et que, lorsqu'il porte des fruits, quelqu'un venait l'abattre. C'est difficile pour nous de perdre notre logement, tout s'écroule. Ce fut un sacrifice de toute une vie. Depuis notre jeunesse, on a gagné péniblement notre vie, en faisant des petits boulots pour construire cette maison. Aujourd'hui, nous approchons de la fin de notre vie, nous n'avons plus la force. Ils viennent soudainement tout démolir, cela m'attriste. » Leur voisine, Wan Zainab, tient une échoppe non loin de là. Elle aussi sera détruite pour laisser place à la construction de la voie ferrée. « C'est triste parce que nous sommes là depuis si longtemps. J'ai démonté les étagères, la plupart des affaires sont maintenant sur le sol, ça ne paye pas de mine, nous dit-elle en montrant le parterre encombré. À ce stade, je n'ai pas d'autre source de revenus si le magasin est démoli. Mais je dois quand même gérer une affaire, trouver un autre endroit. Vendre des choses est la seule chose que je sais faire, je ne connais rien d'autre. »Wan Zainab a tenté de faire entendre les problèmes qu’elle rencontrait. « Je suis allée au bureau du cadastre. Nous avons demandé ce qu'il en était pour les terres sans titres, et ils ont répondu qu'ils accorderaient une compensation de 30 %. Comment reconstruire avec 30 % de la valeur du bâtiment ? Est-ce suffisant ? »Des projets qui ne cessent de s’agrandir De retour à Kuantan, nous rencontrons Bakar, une représentante de la communauté locale. Selon elle, l’arrivée des investissements chinois est une bonne nouvelle, même si, ce qui l’inquiète, c’est le Malaysia-China Kuantan Industrial Park situé à Kuantan. Cette entité économique est jumelée au China Malaysia Qinzhou Industrial Park en Chine - un nouveau modèle d'exploitation des capacités de production internationales baptisé « Deux pays, deux parcs ».« Ce qui est un peu inquiétant, c’est qu'il s'étend, s'étend, s'étend… Il en est maintenant à la troisième ou quatrième phase d’expansion, raconte-t-elle. Le fait que le parc s’étende à ce point signifie que de plus en plus de nos terres sont convoitées par le gouvernement chinois. Mais la réalité qui se cache derrière est discutable et douteuse. Pourquoi ? Parce que nous avons entendu des rumeurs selon lesquelles le bail pourrait nous échapper car ils ont déjà dépensé beaucoup d’argent. »Cela entraîne d'autres problématiques, souligne-t-elle, qui affectent les Malaisiens. « Ils n'embauchent pas beaucoup de locaux : ils ont leurs propres structures, des condominiums de cinq blocs où vivent tous leurs travailleurs qui viennent de Chine travailler ici. Ils restent à l'intérieur. Cela ne crée donc pas d'emploi, ou très peu. Et puis à l'intérieur, c'est comme en Chine. Ils ont des distributeurs automatiques qui utilisent des yuans, la monnaie chinoise. Ils ont leur propre supermarché. C'est pratiquement comme une ville chinoise ici. Leurs travailleurs ne viennent pas en ville. Ils sont juste confinés à l'intérieur. Nous ne savons pas ce qui se passe à l'intérieur. On voudrait de la transparence. » Ce constat n’étonne pas l’économiste Liew Chee Yoong. Mais il pense qu’au bout du compte, ceux qui sont affectés par ce développement finiront par le voir sous un meilleur jour : « Je pense qu'il faut penser aux retombées économiques, et qu'il faut se projeter sur le long terme. Cette connectivité peut apporter de nombreux avantages économiques en stimulant l'hôtellerie, le tourisme, les industries logistiques et ainsi de suite, malgré les incertitudes économiques mondiales. »Malgré toutes les opinions et effets négatifs potentiels, l’économiste estime que les avantages l'emportent. Selon lui, de nombreux pays impliqués dans ce projet en tireront d'énormes bénéfices d'un point de vue économique. Y compris la Malaisie. Malacca, port en haute merLa ligne de chemin de fer en cours de construction à Kuantan aura pour destination la capitale Kuala Lumpur. Mais elle fera également la jonction avec un autre grand port de la côte ouest, Malacca. Le plus ancien des ports de Malaisie est marqué par près de 130 ans de colonisation portugaise, et l’on peut apercevoir dans son centre l’héritage de cette époque coloniale. Mais tout autour, ce qui est frappant, ce sont les immeubles abandonnés, les chantiers en cours un peu partout aux abords de la ville. Ce que déplore Jane, dont le nom a été modifié car elle travaille pour une entreprise sino-malaisienne. Elle a grandi à Malacca et pour elle, le visage de la ville a complètement changé. « Si vous traversez les quartiers de la ville, vous verrez des bâtiments abandonnés. Pourquoi ne pas faire revivre ces bâtiments ? s’interroge-t-elle. Nous sommes une ville historique. La ville est vide partout. Personne ne vient s'y installer. Alors qui gagne de l'argent ? Le nombre de touristes venant à Malacca a considérablement baissé par rapport aux cinq dernières années. »Elle ne comprend pas la façon dont les travaux s’organisent. « Comme vous avez des yeux, vous pouvez voir tous ces bâtiments abandonnés. Dans un tel état, pourquoi creusent-ils encore ? Si vous voulez vraiment vous développer, il faut peupler et donc remplir d'abord les espaces vides. »Ce qui l’inquiète le plus, c’est la perte d’identité de sa ville natale. « Ce n'est plus Malacca. Maintenant, il y a des magasins chinois partout. Vous avez une rue où il y a une prédominance de personnes qui ne sont pas de votre pays. Qu’il y ait un quartier chinois, c’est très bien. Mais à présent, tout le monde ne parle que le mandarin. C'est l'une des choses dont je me suis rendue compte et qui a changé tout l'écosystème ici : c’est la langue. »L’économiste Liew Chee Yoong modère cependant les choses. Selon lui, blâmer uniquement les investisseurs chinois à Malacca n’est pas raisonnable. « Je pense que ces magasins vides et ces nombreux bâtiments sont davantage la conséquence de l'environnement économique du pays, ce qui n'est pas seulement le cas à Malacca, mais aussi ailleurs dans d'autres États de la Malaisie. »Aux yeux de Liew, cette responsabilité particulière incombe également au gouvernement de l'État de Malacca. Il ne s'agit pas seulement du côté chinois, mais de la manière dont l'ensemble du projet est mis en œuvre et des parties prenantes qui doivent communiquer en premier lieu, et il souligne que le gouvernement local aurait pu faire beaucoup mieux. « Je ne rejetterai donc pas la faute à 100 % sur les Chinois. Oui, ils pourraient avoir une part de responsabilité, mais je pense que le gouvernement de Malacca pourrait en réalité intervenir pour mieux gérer le projet dès les premières étapes. Avant que le projet ne commence, ils devraient mener une enquête auprès de toutes les parties prenantes concernées. »  Manque de transparenceLe quartier historique de la ville est devenu un quartier chinois. Tout est écrit en mandarin. D’innombrables lanternes rouges et jaunes décorent les immeubles et l’une des plus grandes attractions de la ville est le plus vieux temple bouddhiste de Cheng Hoon Teng, dans un pays majoritairement musulman. D’ailleurs, pour qui regarde sa géolocalisation sur son téléphone, il est inscrit Jīcháng jiē - Jonker Street - en caractères chinois. C’est là que nous rencontrons Lim, un ancien journaliste local doué d’une connaissance approfondie des projets chinois à Malacca. Comme Jane, il est effaré de la rapidité du développement de la ville sans planification appropriée. « Il n'y a pas beaucoup d’informations disponibles publiquement, déplore-t-il. Ils ne divulguent pas vraiment ce qu'ils font. Ils disent qu'il s'agit d'un port en eau profonde, entièrement géré par une société chinoise, la China Communications Construction Company (CCCC). »  « Qui est donc aussi impliqué ? Qui bénéficie des contrats ? Nous devrions avoir plus d'informations à ce sujet, poursuit Lim. Il n'y a pas de transparence. Nous disposons d'informations, mais très limitées. Beaucoup de choses ne sont pas encore terminées. Et certains chantiers sont simplement bloqués, arrêtés à mi-chemin. Par ailleurs, les locaux, quelle que soit l'ampleur des investissements, sont confrontés aux problèmes liés au coût de la vie : si vous n'augmentez pas les salaires pour qu'ils atteignent un niveau adéquat, vous ne pourrez pas bénéficier des projets. Or le coût de la vie a augmenté, mais pas les salaires. À Malacca, le niveau de vie est encore très bas. » La crainte de Lim : et si les choses tournaient mal pour l’économie malaisienne ? « Le Sri Lanka est le meilleur exemple de la façon dont les choses peuvent mal tourner si vous ne contrôlez pas vos infrastructures essentielles, compare-t-il. Ils construisent un port en eau profonde ici. Que se passera-t-il si nous suivons la voie du Sri Lanka ? Pouvons-nous vraiment rembourser si les choses tournent mal ? Nous ne voulons pas suivre la voie du Sri Lanka. Et je pense qu’il n'est pas le seul. Le Pakistan a également des problèmes, l'Afghanistan, et quelques autres pays d'Asie centrale, ont déjà des difficultés à rembourser la Chine. »Cependant, souligne Lim, le ton a changé depuis une dizaine d’années. « La Chine est dure en affaires. La situation était très différente sous Hu Jintao, les choses ont changé lorsque Xi Jinping est arrivé au pouvoir. Xi s'enhardit maintenant parce qu'il a un contrôle absolu. Sous le règne de Hu Jintao, tout était encore négociable, mais sous Xi Jinping, les choses sont très, très opaques. On ne sait pas ce qu'il va faire. Qui sait, il pourrait même retirer ses investissements. »La question de l’absence de transparence revient souvent. Ce qui, selon l’économiste Liew Chee Yoong, témoigne d’une différence culturelle. « Si vous faites des affaires en Chine, et pas seulement dans le cadre des "nouvelles routes de la soie", les Chinois ont tendance à se concentrer davantage sur l'établissement de relations pour commercer. Et, en Chine, les règles ne sont pas non plus très claires. C’est pour cela que ces questions de transparence sont soulevées, ce que je ne conteste pas, je pense que c'est en partie vrai. Mais si vous ne pouvez pas rembourser le prêt, vous ne devriez pas le contracter en premier lieu. Je ne pense pas qu'il faille rejeter la responsabilité à 200 % sur la Chine elle-même. Je pense que les pays concernés doivent gérer correctement leurs finances avant de s'engager. Un pays doit s’engager quand il est prêt, c'est la meilleure stratégie. Mais bien sûr, nous ne pouvons pas attendre trop longtemps, parce que nous avons besoin de compétitivité économique. » Craintes pour le patrimoineDans le quartier portugais de la ville, nous retrouvons Martin Theseira, ancien pêcheur qui lutte contre l'appropriation de ses terres par les investisseurs chinois. Amoureux de la mer, il nous explique que les îles que nous apercevons dans le port sont artificielles, qu’elles ont été créées de toutes pièces, en peu de temps, avec du sable et de la végétation, en attendant d’y voir de nouveaux complexes de loisirs pousser…Ces îlots qui détruisent son horizon lui laissent un goût amer. « Ce qui motive des projets comme ça, c'est l'avidité pure et simple, pointe-t-il entre ses dents. Les autorités sont irresponsables d'autoriser de telles constructions parce que, premièrement, ce n'est pas durable. Les dommages causés à l'environnement et à la communauté côtière sont irréversibles. Les biologistes marins nous disent qu'il s'agit d'une diversité marine unique. Notre communauté est affectée car notre mode de vie dépend de la mer. Pour nous, la mer est notre bouée de sauvetage. En réalité, nous nous battons depuis le premier jour et nous sommes toujours dans la même situation. Il n'y a pas d'amélioration réelle parce qu'il n'y a pas d'engagement sérieux. »Sa grande crainte est la disparition de sa communauté, de son patrimoine et de son héritage. « Je pense que tout disparaîtra dans les dix à vingt prochaines années. Pouvez-vous compenser la perte de l’accès à la mer pour la communauté ?  Vous ne pouvez pas. On ne peut pas la remplacer. Aucune somme d'argent ne peut remplacer la disparition de ressources pour la communauté. L'argent n'est pas une compensation qui peut tout régler. »Les changements sont perceptibles ailleurs, souligne Martin, ce qui appuie son argument. « Nous constatons les changements dans la région, les tensions avec les États-Unis. Les Chinois se montrent très audacieux en mer de Chine méridionale. Mais que pouvons-nous vraiment faire ? Ce sont des superpuissances qui sont en train de montrer leurs muscles. » L’économiste Liew Chee Yoong souligne cependant que la compétition économique, quelle qu’elle soit, n’est pas une mauvaise chose. « Si l’on parle de commerce économique, d'expansion vers d'autres pays, il s'agit plutôt pour la Chine de montrer son soft power au reste du monde. Ce n’est pas une mauvaise dynamique. Nous-mêmes essayons de nous engager économiquement avec d'autres parties du monde, mais la Chine l'a fait plus tôt que d’autres. Si vous regardez les pays d'Afrique, vous verrez qu'ils ont beaucoup bénéficié des investissements de la Chine sur le continent. Au fil des années, les Chinois se sont développés au Kenya, au Nigeria ou en Tanzanie. La Chine aide d'autres pays à se développer économiquement, et l'Europe et les États-Unis peuvent aussi le faire, il n'y a rien de mal à cela. »Personne en Malaisie n'ignore la compétition économique mondiale qui se joue ici entre la Chine et les États-Unis. Face au projet tentaculaire des « nouvelles routes de la soie » qui dispose d'importantes réserves de liquidités, les États-Unis ont lancé leur pilier asiatique. Dans l'Indo-Pacifique, Washington multiplie les partenariats économiques avec des dizaines de pays, dont la Malaisie.À lire aussiRetrouvez l'intégralité de notre dossier sur les «nouvelles routes de la soie»
9/5/202319 minutes, 30 seconds
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Le grand écart du Kazakhstan, coincé entre l’ours russe et le dragon chinois

Premier épisode de notre série « Les nouvelles routes de la soie, 10 ans après ». C’est au Kazakhstan que Xi Jinping lançait il y a exactement une décennie ce que Pékin appelle son « projet du siècle ». Le poids lourd des cinq républiques de l’Asie centrale, a-t-il su en profiter ? L’ex-république soviétique reste aujourd’hui sous influence de son mentor historique russe. Mais la guerre en Ukraine pousse le Kazakhstan davantage dans les bras de la Chine qui convoite ses hydrocarbures et sa position géostratégique. Sur un parking, des dizaines de voitures chinoises rutilantes sont garées l’une à côté de l’autre, en attendant d’être chargées sur des trains de fret. Elles traverseront le Kazakhstan sur des milliers de kilomètres pour arriver, neuf jours plus tard, à leur destination finale : Duisbourg en Allemagne. Nous sommes dans la zone économique spéciale (ZES) de Khorgos, un vaste parc industriel planté au beau milieu de la steppe kazakhe. C’est ici, à la frontière entre la Chine et le Kazakhstan, que les deux pays ont créé un nœud ferroviaire et routier, destiné à devenir un carrefour du commerce mondial, trait d’union entre la Chine et l’Europe.« Jusqu’en 2014, il n’y avait que des dunes ici, affirme Serguali Seitkazine, habillé d’un gilet orange, casque de chantier vissé sur la tête. Depuis, nous avons aplani le terrain et installé l’eau, les canalisations et l’électricité. » Un producteur de couches pour bébé, un fabricant de nourriture pour bétail et dix autres usines sont déjà implantées et 30 autres doivent suivre, indique le directeur des relations avec les investisseurs. À l’avenir, confie-t-il les yeux brillants, un aéroport international verra le jour, et le géant chinois du commerce en ligne Alibaba livrera ses marchandises dans le monde entier à partir d’un nouvel et immense entrepôt de distribution.La mer est à 2 500 kilomètresPourtant, rien ne s’y prête. L’endroit est situé près du point eurasiatique de non-accessibilité : la mer la plus proche se trouve à plus de 2 500 kilomètres d’ici. La Chine pouvait difficilement choisir une région moins accueillante pour réaliser ce que le président Xi Jinping appelle « le projet du siècle » : les « nouvelles routes de la soie ». L’objectif : désenclaver l’Ouest chinois pour exporter les produits fabriqués dans l’usine du monde vers les marchés internationaux.Dix ans après l’annonce par Xi Jinping des « nouvelles routes de la soie », Khorgos peine à attirer les multinationales. Seuls 700 sur les 4500 hectares sont occupés, et cela malgré les réductions d’impôts et les terrains mis à disposition gratuitement aux investisseurs. Mais Hicham Belmaachi y croit : « Quand Khorgos est sorti de terre, beaucoup de professionnels du monde de la logistique n’étaient pas convaincus, affirmant que c’était un projet fou ; mais aujourd’hui, il a son utilité primordiale pour desservir cette région, soutient cet homme d’affaires franco-marocain, envoyé au Kazakhstan en 2015 par son entreprise Dubaï DP World, troisième opérateur portuaire mondial. C’est un projet qui restera dans les livres d’histoire et ce n’est que le début : on va créer une véritable ville très dynamique aux portes de la Chine. »Cette ville nouvelle s’appelle Nurkent, entourée de vastes plaines de sables, fouettée par des vents de sables en été et des températures qui descendent à moins 20 dégrées en hiver. Avec ses aires de jeux envahies d’herbes folles et ses façades en plâtre déjà défraichies, le triste ensemble de barres d’immeubles ne donne guère envie d’y vivre. À terme, 100 0000 personnes doivent y habiter. Mais jusqu’à présent, seuls 4 000 ouvriers du rail et des douaniers ont élu domicile ici. Parmi eux, Aïmane et sa famille, venue de l’est du Kazakhstan, attirée par les salaires stables et des logements mis à disposition par l’employeur : « Nous travaillons pour la société nationale des chemins de fer. Nous sommes très heureux, parce que nous gagnons bien mieux notre vie ici que chez nous. » Seule attraction dans ce coin perdu pour Aïmane et ses voisins : le grand centre commercial « Duty free » transfrontalier, une immense zone franche sino-kazakhe où l’on peut acheter des produits hors taxe, pour la plus grande partie de fabrication chinoise.Le lait de chamelle kazakh côtoie des sacs Armani Après avoir passé quatre postes de contrôles et la zone militaire clôturée et équipée d’une myriade de caméras de vidéosurveillance, le visiteur est projeté dans un univers bien étrange et décidément chinois. Des écrans géants diffusent des publicités pour des rouges à lèvres aux couleurs criantes. Dans les boutiques climatisées, du lait de chamelle en poudre côtoie des sacs Armani. Tous les prix sont affichés en yuan, la monnaie chinoise. La grande carafe en cristal Baccarat de cognac Louis XIII coûte 240 000 yuans, soit 30 000 euros.À l’horizon, du côté chinois de la frontière, des gratte-ciels d’une trentaine d’étages frappent le regard, comme si Pékin était déterminé à bâtir ici, dans ce désert, une mégapole à l’image de Shenzhen ou de Shanghai.Un vrai corridor pour relier la Chine et l’EuropeDifficile de s’imaginer les caravanes de chameaux passer par cet endroit à l’époque des anciennes Routes de la soie. Mais, aujourd’hui, des siècles plus tard, ce point sur la carte a la même importance stratégique cruciale pour la Chine. « Khorgos est située sur la frontière chinoise : c’est le point d’entrée vers l’Asie centrale, et l’idée de la Chine était d’établir un vrai corridor pour relier la Chine et l’Europe, explique Hicham Belmaachi. Quand je suis arrivé ici en 2015, le volume de conteneurs était à 150 000 unités. Aujourd’hui, nous en sommes à 600 000 conteneurs. »Dans la gare d’Altinkhol avec ses bâtiments massifs de style vaguement romain qui ne voient jamais de passagers, des dizaines de conteneurs sont alignés sur la voie ferrée, bourrés de produits « made in China ». China Shipping, Cosco ou encore Maersk, les grands noms du transport mondial ne manquent pas. Le transport par train entre la Chine et l’Europe coûte bien plus cher que le bateau, mais il ne met que deux semaines là où la voie maritime prend deux mois. Les trains partent pleins, mais dix ans après la promesse par le numéro un chinois Xi Jinping de « nouvelles routes de la Soie » bénéfiques pour tous, une partie des trains revient toujours à vide.Dans le port sec de Khorgos, l’un des plus grands au monde, des ouvriers du rail s’activent sur d’immenses portiques. Tout ici ressemble à un port, sauf que tout autour, il n’y a ni la mer ni un fleuve. Juste une vaste plaine où, de temps en temps, apparaît un cavalier en train de faire brouter son cheval. C’est ici que les trains chinois sont déchargés et transbordés vers le rail kazakh, plus large. Pour un train classique de 50 conteneurs, cette opération prend environ une heure. « Nous déchargeons 16 voire 17 trains par jour ici, explique Serguali Seitkazine. C’est quatre fois plus qu’avant la pandémie de Covid-19. La Chine avait fermé la frontière, seul le passage des trains était autorisé. Le chemin de fer a donc fait ses preuves. »La pandémie a donné un coup d’accélérateur à ce port sec détenu à 49% par le géant chinois du transport maritime Cosco et une autre société chinoise. « Le commerce en ligne a vécu un boom, confirme Hicham Belmaachi. Les navires ayant atteint leur capacité maximale, il a donc fallu se rabattre sur d’autres voies, et le ferroviaire a connu une croissance fulgurante. » La guerre en Ukraine rebat les cartes La guerre en Ukraine a, elle aussi, redistribué les cartes en Asie centrale et permis à la Chine de s’engouffrer dans la brèche laissée par une Russie affaiblie. « Depuis la guerre, beaucoup d’entreprises internationales se sont retirées de la Russie, et les grandes compagnies maritimes y ont interrompu leur escale, confirme Hicham Belmaachi. Donc il a fallu redessiner complètement la logistique dans cette région du monde, et depuis, les Kazakhs, les Ouzbeks et les Kirghizes se sont tournés directement vers la Chine. »La Russie demeure le premier fournisseur du Kazakhstan, et lorsqu’en 2022, des émeutes ont secoué le pays, le président Kassym-Jomart Tokaëv a appelé son allié historique Moscou à l’aide. Mais depuis la guerre en Ukraine, les choses évoluent en faveur de la Chine qui étend son influence en Asie centrale.En 2022, le commerce entre la Chine et le Kazakhstan a augmenté de 34%, c’est plus que pendant les 30 dernières années. De plus en plus de transports de marchandises contournent d’ailleurs déjà la Russie, via la mer Caspienne vers l’Azerbaïdjan et la Turquie. Sur cette voie, la Trans-Caspian International Transport Route (TITR), les exportations ont quasiment triplé depuis début 2023. Une manière pour le Kazakhstan de se détourner de son allié historique, la Russie. Mais cela prendra du temps. « La Russie a encore des moyens de pression sur le Kazakhstan. Nos exportations de pétrole transitent toujours par le territoire russe, analyse le politologue Dossym Satpaïev, directeur du Risk Assessment Group, une organisation non gouvernementale de conseil. Une partie du territoire du Kazakhstan dépend de l'approvisionnement en électricité de la Russie, et nous recevons du gaz de la Russie. » Mais pour ce consultant en affaires internationales, il est en effet crucial pour son pays de se trouver un contrepoids géopolitique, en exploitant au mieux sa proximité avec ses deux grands voisins et en gardant de bonnes relations avec la Turquie, l’Union européenne et les États-Unis.Comme beaucoup de ses compatriotes, Abzal Dostiyar voit le rapprochement entre son pays et la Chine d’un mauvais œil. L’opposant au régime du président Kassym-Jomart Tokaëv a organisé plusieurs manifestations contre les investissements chinois. Il a été arrêté et emprisonné à maintes reprises. Il craint de voir son pays passer sous emprise chinoise après avoir vécu sous la tutelle soviétique : « Le Kazakhstan compte bien peu à leurs yeux. Le projet des "nouvelles routes de la soie" n’a été bénéfique que pour les Chinois, et nous, on accumule les dettes. Pour gérer les 56 usines construites par la Chine, ils sont venus avec leurs propres ouvriers. Et pour financer une nouvelle avenue dans la capitale Astana, le prêt n’a été disponible que pour des sociétés chinoises. » Si l’on en croit les statistiques officielles, l’Etat ne croule pas sous des dettes chinoises qui ne s’élèveraient qu’à 2% du PIB. Mais selon le centre de réflexion américain AidData, le Kazakhstan serait en réalité endetté à plus de 10% de son produit intérieur brut vis-à-vis de la Chine, au même niveau que la République démocratique du Congo, le Laos ou le Mozambique.Pour réduire ses propres risques et garantir ses investissements, Pékin mise d’ailleurs sur ce que l’on appelle « le modèle angolais ». Cela signifie que le jour où le Kazakhstan ne peut plus rembourser en espèces, il doit rembourser ses dettes avec des ressources naturelles en donnant accès à son gaz, son pétrole ou encore son uranium. La Chine s’appuie sur nos régimes corrompus pour gagner en influence.Lorsqu’en mai dernier, Xi Jinping a accueilli les dirigeants de l’Asie centrale en grande pompe à Xi’an pour leur promettre de nouveaux investissements et les inviter « à monter à bord du train express de son développement pour bâtir ensemble un avenir meilleur », certains ont pris peur. À l’instar d’Aïna Shormanbaeva, présidente de l’ONG International Legal Initiative : « Nous assistons à une pression de plus en plus forte sur la société civile au Kazakhstan, au Kirghizistan et dans les autres républiques d’Asie centrale, estime cette militante des droits de l’homme. Le projet des "nouvelles routes de la soie" ne fait que renforcer l’influence de la Chine qui s’appuie sur les régimes corrompus dans nos pays afin de gagner en influence. » Mieux vaut alors se méfier des ogres qui convoitent l’uranium, le gaz et le pétrole du Kazakhstan, mais aussi sa position géostratégique. « En prenant nos distances avec l'ours russe, il ne faut pas tomber dans les griffes du dragon chinois », avertit Dossym Satpaïev. Si l’on en croit cet universitaire, le Kazakhstan a quelques atouts dans ce grand jeu des puissances : c’est particulièrement vrai depuis la guerre en Ukraine, mais aussi à cause de la tension qui croît de jour en jour dans le détroit de Taïwan, voie maritime majeure pour le commerce mondial.« La Chine sait très bien que s'il y a un conflit militaire autour de Taïwan, alors la route terrestre qui passe par le Kazakhstan doit pouvoir remplacer la voie maritime qui sera bloquée », assure Dossym Satpaïev. Il en est convaincu : le Kazakhstan a toutes les cartes en main pour tenir tête à l’ours russe comme au dragon chinois.À lire aussiRetrouvez l'intégralité de notre dossier sur les «nouvelles routes de la soie»
9/4/202319 minutes, 31 seconds
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Les «Nouvelles routes de la soie» en Chine, dans les yeux du correspondant de RFI

C’est le prologue de la série spéciale de RFI : « Nouvelles routes de la soie, dix ans après ». Qui aurait pu prévoir que ce projet, lancé par le président chinois Xi Jinping le 7 septembre 2013 au Kazakhstan, allait devenir un réseau mondial tentaculaire ? En une décennie, la Chine a dépensé des centaines de milliards d’euros, de l’Asie à l’Europe en passant par l’Afrique, dans les infrastructures mais pas seulement. Désormais, plus de 150 pays adhèrent à ce qui est devenu un label. Stéphane Lagarde, correspondant de RFI à Pékin, a suivi du début à aujourd’hui ce grand projet. Retour avec lui sur dix ans de reportage, entre propagande et réalité, avec un périple le long de l’ancienne route de la soie.
9/3/202357 minutes, 18 seconds
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La traque des œuvres spoliées aux juifs par les nazis

En France, pendant la Seconde Guerre mondiale, environ 100 000 œuvres d’art ont été spoliées aux juifs par les nazis. Des tableaux, des sculptures, des objets d’art, parfois des instruments de musique… volés, pillés, et qu’il a fallu retrouver et rendre après la guerre. Près de 80 ans après la Libération, certaines œuvres n’ont toujours pas retrouvé leur propriétaire, ou plutôt les descendants de leur propriétaire. Des historiens consacrent leur carrière à la traque de ces œuvres qui, souvent, sont exposées, aux yeux de tous, dans les musées. Les identifier, prouver leur spoliation, puis les rendre, est un travail minutieux qui peut durer des années. (Rediffusion) Une odeur de tabac flotte dans le salon de May Monteux. La pièce n’est pas si petite, mais elle apparaît étriquée : elle est encombrée de meubles, les étagères débordent de livres, de sculptures, de bibelots. Chaque centimètre carré de mur est couvert de tableaux qui ont, pour certains, une histoire particulière : ils ont été volés par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale.Leur propriétaire était Marcel Monteux, le grand-père de May. Ce collectionneur d’art a été spolié, parce qu’il était juif. « Il a été arrêté, interné au camp de Drancy le 31 juillet 1944 et déporté vers Auschwitz, par le convoi n°77, raconte sa petite-fille, assise devant une tasse de café et de vieilles photographies. Il n’a pas eu de chance, car le lendemain, il y avait la grève des cheminots et les trains ne sont plus partis. Il est mort à peine arrivé, il a attrapé le typhus et n’a pas survécu. » Aujourd’hui, May, 90 ans, poursuit le combat de sa grand-mère, son « idole » qui, à la Libération, a réussi à se faire restituer de nombreuses œuvres d’art qui appartenaient à Marcel Monteux. Le collectionneur est d’ailleurs lui-même immortalisé sur une toile : un jeune homme élégant, en costume et nœud papillon, pose avec un cigare et un journal. Le tableau trône dans le salon de May, en face du canapé.Pour retrouver les œuvres spoliées qui ne sont pas revenues à sa famille, la retraitée est aidée par l’historienne Emmanuelle Polack, spécialiste du marché de l’art sous l’Occupation. Elles ont, pour cela, épluché les archives familiales, aidées notamment des notes : « Elle avait une liste assez vague, car mon grand-père, son mari, était très joueur, très flambeur, sourit malicieusement May. Par exemple, quand il empruntait de l’argent, il donnait en gage un tableau. Alors dans le doute, elle avait fait une liste. » Une sorte d’inventaire, donc, de la collection de Marcel Monteux.Grâce à ces notes griffonnées sur du papier jauni, May et Emmanuelle Polack ont pu trouver une preuve supplémentaire pour se faire restituer un tableau : Bord de rivière reflété dans l’eau de Camille Bombois. Ce tableau est accroché dans un musée de Passau, en Allemagne. L’historienne avait repéré, lors de ses travaux, cette toile dont la provenance était suspecte. Elle s’est alors rapprochée de la descendante du collectionneur. Un deuxième tableau, exposé dans le même musée allemand, a aussi été identifié comme appartenant à la famille Monteux, il représente d’ailleurs Jean-Paul Monteux, le père de May, peint par Maurice Denis. Ce sont donc deux œuvres qui ont été retrouvées et devraient être restituées dans les semaines à venir.« Une grande razzia »À son arrivée au pouvoir en 1933, Hitler ne tarde pas à mettre en place des spoliations d'œuvres d’art ou d’autres biens, visant particulièrement les juifs. En France, dès l’été 1940, « il y a une grande razzia, explique Emmanuelle Polack, experte du sujet. Environ 450 caisses [remplies d'œuvres d’art, NDLR] vont aller au sein de l’ambassade d’Allemagne. Très vite, il n’y aura pas assez de place, le Louvre proposera trois salles, puis c’est finalement le musée du Jeu de paume qui deviendra le lieu de stockage des œuvres spoliées ».À la Libération, 60 000 objets culturels spoliés sont retournés en France, grâce au travail de la résistante Rose Valland. Une grande partie a pu être restituée, mais environ 2 000 tableaux, sculptures, objets d’art dont le propriétaire n’a pu être identifié ou retrouvé, ont été confiés à des musées français. « Ces œuvres n’appartiennent pas aux musées nationaux, précise Emmanuelle Polack. Ils n’en sont que les seuls protecteurs. À charge pour eux de poursuivre les recherches de provenance. »« Travail de mémoire »Depuis quelques années, l’historienne aide ainsi le musée du Louvre à restituer, dans ses collections, des œuvres identifiées comme spoliées, ou dont la provenance est suspecte. Elle accompagne les conservateurs des départements dans leurs recherches, les aiguille notamment vers des fonds d’archives qui pourraient fournir des preuves, par exemple un catalogue de vente aux enchères sous l’Occupation qui attesterait d’une vente forcée.Mais la recherche de provenance se complique d’année en année : les propriétaires des œuvres, ou leurs descendants, disparaissent, ou ignorent que leur famille a été victime de spoliation. Emmanuelle Polack en est consciente : « On ne pourra jamais restituer toutes les œuvres, mais ce qui est très important, c’est de faire ce travail de mémoire. Il me semble que nous le devons à la mémoire des victimes des exactions de la Seconde Guerre mondiale. »Aujourd’hui, en France, même quand une œuvre est identifiée comme spoliée dans un musée français, il est nécessaire de passer devant la justice pour la restituer, car les collections nationales sont inaliénables. Il faut donc créer une dérogation à la loi pour chaque œuvre. Mais cette situation pourrait bientôt changer : cette année, le Parlement pourrait adopter une loi-cadre facilitant les restitutions.
9/1/202319 minutes, 30 seconds
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Portugal: les gardiennes du Sado

Le Sado est un fleuve au sud de Lisbonne et avant de se jeter dans l’océan Atlantique, il se transforme en baie. Réserve naturelle, étape migratoire des oiseaux, activités de pêche, mais aussi industrielles se partagent l’estuaire, poumon aquatique menacé. Sur l’immense plan d’eau, des femmes accompagnent la marée chaque jour pour, au bout de six heures d’un travail éreintant, ramener à terre un monstre marin, le mouron, un ver de vase qui sert à la pêche de loisirs.  Elles luttent à leur manière pour protéger un art de vivre particulier. Comme en réponse, à l’autre extrémité de la baie, une biologiste lutte pour préserver l’environnement délicat de la baie.« Portugal : les gardiennes du Sado », un Grand reportage de Marie-Line Darcy.(Rediffusion)
8/31/202319 minutes, 30 seconds
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Colombie: les voisins maudits de la mine

RFI s’associe au consortium international d’enquête « Forbidden Stories » pour reprendre le travail de Rafael Moreno, journaliste colombien, tué le 16 octobre 2022, dans des circonstances encore non élucidées. L’un des sujets sur lesquels il enquêtait : l’impact de la grande industrie minière sur l’environnement et la santé des populations dans sa région d’origine, le département de Cordoba. En 2017, la justice colombienne a obligé l’opérateur de la mine de nickel Cerro Matoso S.A à agir pour limiter ces effets nocifs. Six ans après, les dégâts sont toujours là parmi les communautés voisines de la plus grande mine à ciel ouvert de nickel du continent. « Colombie: les voisins maudits de la mine », un Grand reportage d'Aabla Jounaïdi et Angélica Perez. (Rediffusion)
8/30/202319 minutes, 30 seconds
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Défendre la Finlande, plus qu'une politique, un état d'esprit

Être prêt, toujours, à la guerre… La Finlande, qui vient de rejoindre l’Otan, n’a jamais cessé de se préparer à un éventuel conflit avec la Russie, un voisin avec qui elle partage 1 340 km de frontière terrestre et qu’elle a toujours jugé menaçant et imprévisible. Service militaire obligatoire, abris antiatomiques, stocks de blé, de pétrole, de médicaments… Sa politique dite de « défense totale » implique non seulement les armées, mais les entreprises et la société civile. (Rediffusion) « Défendre la Finlande, plus qu'une politique, un état d'esprit », un Grand reportage de Carlotta Morteo.
8/29/202319 minutes, 30 seconds
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S'unir pour exister: le combat des rappeuses féministes d’Amérique latine

Facile de donner des noms de rappeurs... Ça l'est beaucoup moins quand on veut citer des rappeuses. Un manque de visibilité qui se retrouve au niveau mondial et notamment en Amérique latine. Ici, quand on est une femme, féministe, c’est quasi mission impossible d’atteindre une certaine renommée dans les grands réseaux de distribution de la musique rap. La faute à des portes fermées, aux préjugés, un manque de moyens et un sentiment de ne pas être légitime…  Alors, pour se faire connaître, les rappeuses d’Amérique latine passent par des organisations féministes puissantes, en réseaux, intercontinentales. Elles misent sur l’entraide et refusent de faire partie de la grande distribution musicale pour garder leur authenticité. «S’unir pour exister : le combat des rappeuses féministes d’Amérique latine», un Grand reportage de Maud Calvès. (Rediffusion)
8/28/202319 minutes, 30 seconds
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Fidji, des îles du Pacifique en première ligne

Élévation du niveau de la mer, réchauffement et acidification de l’océan… sans compter les inondations, sécheresses et catastrophes naturelles à répétition, les nations du Pacifique sont en danger de disparition totale, comme l’alerte le dernier rapport du GIEC. Les regards des pays insulaires sont tournés vers la COP. Aux îles Fidji, la santé et la sécurité alimentaire des 900 000 habitants sont déjà en danger. Les conséquences du réchauffement climatique, c’est pour eux le quotidien. (Rediffusion) De notre envoyée spéciale aux Fidji,Le petit village de Narikoso, sur l’île d’Ono, dans l’archipel de Kadavu, petit bout de paradis au bord de l’eau bleu turquoise, n’est accessible que par bateau. À peine le pied posé à terre, force est de constater que l’océan s’est déjà frayé un chemin entre les maisons faites de planches de bois et de toits en taule.Katerina Ravasea, la chef du village, a le regard espiègle, mais la voix triste, lorsqu’elle explique que depuis quelques années, l’océan ne cesse de se rapprocher de sa maison. « On voit l’eau monter, de plus en plus, et les vagues passent par-dessus le mur de pierre que nous avons construit pour empêcher l’eau de nous envahir. C’est ma maison ici, c’est ici que je veux mourir malgré tout. » Le gouvernement s’est rendu dans le village et a promis d’aider les habitants à déménager. « Sur les 23 maisons que le gouvernement nous a promis de déplacer, seulement sept l’ont été. Nous attendons qu’on vienne pour les autres, depuis des mois. Ce qui me blesse, c'est qu’on nous a promis des choses et nous attendons toujours ». Katerina Ravasea explique qu’une équipe de scientifiques est venue inspecter les sols et ils ont fait état de la présence d’eau en dessous des maisons du village. La chef sait que quoi qu’il arrive, il faudra déplacer tout le monde. Certains habitants du village ont déjà déménagé. C’est le cas de Joseva Rabonu, père de deux enfants. Il habitait sur le bord de mer, sa maison est à présent située un peu plus haut, sur une colline. « J’ai voulu déménager, car les anciens du village qui vivaient ici n’avaient pas de problèmes, mais nous, on voit bien la différence, observe-t-il.Ceux de ma génération, on sait très bien que le changement climatique existe, je vois de mes propres yeux le niveau de la mer monter. Vous voyez le mur de pierres là-bas ? Avant, il était au sec, maintenant la mer est passée par-dessus. »Sa crainte principale aujourd’hui, c’est de savoir où ses enfants pourront vivre. « Je pense qu’il sera difficile de vivre ici pour eux. C’est pour ça qu’on se relocalise plus haut, même si je porte toujours mon ancienne maison dans mon cœur. Mais l’eau monte à une vitesse folle et on constate aussi l’érosion du sol. Mieux vaut vivre plus haut. Même si maintenant, il faut tout porter en haut de la colline… Quand on va pêcher, c’est ça le plus difficile, la distance. »Catastrophes naturelles plus fréquentesLes villages en bord de mer sont affectés par la montée du niveau de la mer, mais ceux qui se trouvent en hauteur subissent aussi les conséquences du réchauffement climatique, car les rivières le long desquelles ils se sont installés ne cessent de grossir, notamment à cause de l’érosion des sols, provoquant des inondations sans précédent.   C’est le cas dans le village de Naqali, situé à une trentaine de kilomètres au nord de Suva, la capitale des îles Fidji. Dans cette verdure luxuriante, une rivière gonflée traverse les plantations longées de bananiers. « Avant je pouvais franchir cette rivière à pied, si facilement, mais maintenant, c'est trop large et trop profond », explique Mosese Vosabeci, le représentant du village. Vêtu de sa chemise traditionnelle bleue et fleurie et de son sulu, la jupe noire que portent les hommes aux Fidji, il nous emmène devant les champs qui appartiennent au village. D’un geste de la main, il montre là où l’eau s'engouffre lors de grandes crues. « Ce qui est dangereux, c’est que la rivière monte et recouvre nos plantations qui se trouvent un peu plus bas que nos maisons. Sauf que lorsque nos plantes sont touchées, ce sont nos provisions qui le sont aussi, car nous dépendons de nos plantes pour nous nourrir, mais aussi pour les vendre au marché, c’est ce qui nous rapporte de l’argent, et c’est ce qui nous permet d’envoyer nos enfants à l’école ». Maritana Korosinu, une jeune femme d’une trentaine d’années, vit à Naqali depuis dix ans. Ici, elle cultive du taro, le cousin polynésien de la pomme de terre. Le changement climatique, pour elle, cela veut parfois dire tout reconstruire et repartir à zéro. « Ces plantations, c'est notre source de revenus, c'est grâce à ces plantes que nous aidons nos enfants et notre famille à se nourrir et à gagner de l'argent. Quand les cyclones nous frappent, nous sommes durement touchés. »Elle raconte qu’elle voit le changement de climat comparé à l’époque où elle est arrivée à Naqali. « Maintenant, tout a changé, il y a plus de cyclones, nous luttons beaucoup plus qu’avant. Quand un cyclone arrive ici, nos moyens de subsistance sont complètement détruits parce que nous dépendons entièrement de nos cultures pour gagner notre vie et élever nos enfants. » Préparer le territoireLe changement climatique est une réalité bien présente aux îles Fidji, comme partout ailleurs dans le Pacifique. Parmi les solutions possibles pour lutter contre de trop grands changements, il y a celles basées sur la nature, comme planter des mangroves. « La mangrove joue un rôle important dans l'écosystème côtier et marin. C'est là que les poissons viennent et pondent leurs œufs. La plupart des poissons viennent pondre dans les zones de mangrove et repartent vers les zones de récifs, donc la mangrove est un trésor dans les zones côtières », explique Etika Qica, qui travaille au sein de l’UICN, un réseau qui réunit et mobilise les connaissances et les ressources de plus de 1400 organisations environnementales à travers le monde. « Elles empêchent l'érosion côtière, s’il y a de fortes pluies qui secouent la mer, les vagues frappent d'abord la mangrove avant d'atteindre le récif, c'est pourquoi la mangrove n'est pas un endroit agréable pour se promener, c'est très boueux, mais ces boues sont vraiment planifiées stratégiquement par la nature pour absorber tous les polluants avant qu'ils n'atteignent le récif corallien. Enlevez la mangrove et vous tuez tous vos magnifiques récifs coralliens à côté. Et bien sûr, toutes les formes de vie qui s’y trouvent », prévient-il.Mais planter de la mangrove n’est pas suffisant selon lui. Il est temps de penser à des solutions adaptées. « Ce qui nous inquiète tous, c'est de savoir où nous allons aller, où nous vivrons. On prévoit que la plupart de nos îles seront sous l'eau dans les 50 prochaines années. Vous l'entendez, mais vous n'y croyez pas vraiment. Si vous vivez sur un atoll, l'augmentation du niveau de la mer est une réalité, d'autant plus quand vous avez les grandes marées. Mais je pense que même nos solutions basées sur la nature ne pourront pas relever le défi. Nous avons besoin maintenant d'aider la nature. Il est temps que nous trouvions des infrastructures vertes pour aider nos zones côtières. Planter des mangroves ne suffira pas. »L’UICN collabore avec les locaux pour construire des murs marins, aider à la reconstruction des récifs coralliens afin de réduire les impacts sur les zones côtières. « C'est vraiment urgent. Il faudra redessiner nos villages. Où va-t-on les relocaliser ? Il faut être proactif. Et ne laissez pas nos communautés se débrouiller avec ça. Nous sommes confrontés chaque année à des pertes de vies humaines, dans certaines de ces communautés côtières, car elles ne sont pas prêtes. »Perte de la terre au détriment de la merLes scientifiques qui travaillent au sein de la Communauté du Pacifique, la principale organisation scientifique et technique régionale, accompagnant le développement de la région, tentent au mieux d’alerter sur les risques qu’encourent les îles de la région face au réchauffement climatique. Ils ont créé une maquette en 3D d’un atoll et étudié l'impact de l'élévation du niveau de la mer et de l'inondation sur les îles basses. Selon eux, si le niveau de l’océan augmente de 80 cm d’ici 2100, un grand nombre de petites îles seront complètement inondées et leurs sources d’eau potable empoisonnées par l’eau salée : elles deviendront inhabitables. « Je pense que nous ne saisissons toujours pas l'urgence et le besoin que nous avons dans la région en matière d'adaptation au climat, élabore Hervé Damlamian, le chef de projet prévision et surveillance des océans. Pour le moment, on met de la rustine à droite à gauche. Les problèmes sont encore abordés de façon sectorielle, mais ce n'est absolument pas ce dont notre région a besoin ».L’océanographe explique la nécessité de cartographier les vulnérabilités des îles du Pacifique. « Il faut s'atteler à la sécurité alimentaire, examiner la question des transports, de la connectivité et de l'énergie. S’assurer d’avoir de l’eau potable. Nous avons besoin d’une ligne conductrice de notre adaptation qui peut vraiment s'attaquer à tous ces problèmes de vulnérabilité en même temps. Si nous voulons vraiment être honnête sur les besoins de la région en termes d'adaptation, avoir ces petits fonds dédiés pour une approche sectorielle autour de l'adaptation au climat, ça ne va pas suffire et nous allons droit au mur. Ce dont nous avons besoin, c'est d'augmenter nos financements et nos investissements.»Malgré tout, il est cependant encore tout à fait possible d’agir selon lui et c’est la raison pour laquelle les regards sont tournés vers la COP27. « Il y a beaucoup de frustrations dans la région lorsque l’on voit les différentes COP se dérouler, nous les suivons avec grande attention. C’est à la fois porteur d’espoir et de frustrations auxquelles les communautés du Pacifique sont confrontées. Pour nous qui vivons et respirons dans cette partie du monde, il semble évident que le besoin est urgent et que nous n'avons plus le temps d'attendre, nous n'avons plus le temps d’appliquer des rustines un peu partout, avec de petits investissements. Nous aimerions voir peut-être un peu plus d'ambition et d'engagement de la part des pays développés comme la France pour vraiment s'engager dans cette voie. Il faut soutenir ces cultures uniques et les identités culturelles que nous avons dans la région du Pacifique et s'assurer que ces identités et ces cultures qui font partie de notre patrimoine mondial seront toujours là pour les générations futures et que nous vivrons toujours tous ici. »
8/25/202319 minutes, 30 seconds
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Responsabiliser les auteurs de violences conjugales pour éviter la récidive

C’est un dispositif unique en France : un centre d’accompagnement et de prévention entièrement dédié aux personnes poursuivies pour violences conjugales, en grande majorité des hommes. Le centre, qui se trouve à Lille, permet d’héberger ces auteurs présumés. Et ils sont suivis, de manière renforcée, par une équipe pluridisciplinaire pour éviter la récidive. Une prise en charge globale pendant plusieurs mois, avant leur jugement, pour les aider à se responsabiliser et à sortir du déni.  «Responsabiliser les auteurs de violences conjugales pour éviter la récidive», un Grand reportage de Lise Verbeke. (Rediffusion)
8/24/202319 minutes, 30 seconds
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Redonner un nom aux migrants morts dans le désert de Sonora

Au moins 853 migrants sont morts à la frontière entre les États-Unis et le Mexique en 2022. C’est le double des années précédentes et un bon nombre de ces décès survient dans le désert de Sonora, en Arizona. Empêchés par les politiques migratoires de plus en plus restrictives, les migrants tentent de trouver d’autres voies d’accès plus furtives, mais aussi plus dangereuses pour entrer sur le territoire américain.  En proie à un environnement hostile et des températures extrêmes, certains ne terminent pas la route. Le désert se transforme alors en un cimetière qui réduit les corps à l’état de squelettes en quelques jours… À Tucson, un groupe de bénévoles, « los capellanes del desierto » (aumôniers du désert) organisent fréquemment des opérations de recherche pour retrouver les corps des disparus. Avec l’aide des médecins de la morgue, ils s’efforcent de redonner un nom aux migrants morts dans le désert.  « Redonner un nom aux migrants morts dans le désert de Sonora », un Grand reportage de Gwendolina Duval. (Rediffusion)
8/23/202319 minutes, 30 seconds
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Endométriose: concilier travail et maladie

C’est une maladie qui touche plus d’une femme sur 10. L’endométriose handicape près de 2 millions de Britanniques, entre douleurs pelviennes, hémorragies, fatigue chronique. Pour certaines, cette maladie chronique empêche de mener une carrière épanouissante. Au Royaume-Uni, les associations ont mis sur pied un programme pour aider les employeurs à soutenir leurs employées malades. (Rediffusion) « Endométriose : concilier travail et maladie », un Grand reportage d’Emeline Vin.  
8/22/202319 minutes, 30 seconds
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Les Marrons du Suriname, des peuples en lutte

Au Suriname, petit pays d'Amérique du Sud, vivent plusieurs peuples marrons. Leurs ancêtres ont fui l'esclavage des plantations coloniales pour se réfugier en forêt et y créer des sociétés libres. Ils étaient alors désignés par le terme de « marron » -, désignant les fugitifs. Trois siècles après leur fuite, les sociétés noires-marronnes du Suriname continuent de se battre pour leurs droits. Longtemps discriminés, les Marrons affirment aujourd'hui leur place au sein de la société surinamaise.  «Les Marrons du Suriname, des peuples en lutte», un Grand reportage d'Hélène Ferrarini. (Rediffusion)
8/21/202319 minutes, 30 seconds
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Bien vivre avec le VIH? Oui mais pas pour tout le monde

Depuis 40 ans, l’épidémie VIH fait rage. En France, 200 000 personnes sont contaminées. C’est 38 millions dans le monde, dont 54% sont des femmes. Aujourd’hui, les traitements ont évolué et permettent aux personnes séropositives d’avoir une vie quasi-normale. Mais la stigmatisation et la sérophobie restent élevées, tout comme la prévention progresse mais exclut de nombreux publics comme les femmes, les personnes transgenres, immigrées ou travailleuses du sexe. (Rediffusion) «Bien vivre avec le VIH ? Oui mais pas pour tout le monde», un Grand reportage de Justine Rodier. 
8/18/202319 minutes, 30 seconds
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Entre les mains prodigieuses de Lorena à Trieste

À Trieste, ville du nord-est de l'Italie, aux portes de la Slovénie, une femme hors du commun, Lorena Fornasir, soigne les pieds martyrisés des migrants du Moyen-Orient qui ont cheminé sur les routes menant au cœur de l'Europe. Elle se rend chaque jour avec son mari, Andrea Franchi sur la Piazza della Libertà. Cette place, proche de la gare, est à la fois un point d'arrivée et de départ pour des migrants «clandestins» en quête d'une vie plus humaine. (Rediffusion) «Entre les mains prodigieuses de Lorena à Trieste», un Grand reportage de notre correspondante en Italie, Anne Le Nir.  Remerciements à la photographe Elisa Da Lio.
8/17/202319 minutes, 30 seconds
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Iran, génération courage

En Iran, plus de six mois après la mort de Mahsa Amini, pour un voile mal mis, les manifestations dans la rue se sont calmées. Il faut dire que la répression a été forte. Pour autant, la détermination d’un certain nombre de jeunes reste intacte. Et la colère contre le régime s’exprime, sur des questions qui vont bien au-delà du voile. (Rediffusion)  « Iran, génération courage », un Grand reportage de Murielle Paradon. 
8/16/202319 minutes, 30 seconds
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K-Pop, la fabrique d’un phénomène

BTS, Black Pink, Psy, Seventeen, Big-bang, ces groupes de K-Pop mondialement connus ont envahi depuis de nombreuses années les magasins de disques, ont empilé les vues sur YouTube et généré des revenus colossaux pour leur pays : la Corée du Sud. Ces différents groupes sont les locomotives d’une industrie dont l’influence est culturelle car ils sont écoutés de Riyad à Mexico en passant par Londres, Bangkok ou Dakar. Les stars, surnommées des « idoles » font rêver des jeunes et de moins jeunes du monde entier, qui caressent le rêve de devenir à leur tour les porte-étendards de la K-Pop de demain. Mais, ce genre musical qui s’étend du rap à la pop est aussi caractérisé par la proéminence d’un marketing à toute épreuve et la fidélité des fans.  Plongée dans une industrie aux contours uniques, dont l’influence ne cesse de grandir et représente un atout phare pour un petit pays de 52 millions d’habitants. « K-Pop, la fabrique d’un phénomène », un Grand reportage de Nicolas Rocca.(Rediffusion)
8/15/202319 minutes, 30 seconds
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En Guyane, le village de Saül choisit la voie de l’écotourisme contre l’orpaillage

Chaque année, 10 tonnes d’or seraient extraites illégalement des sols de la Guyane française. Les sites d’extraction aurifère prolifèrent dans certaines communes, comme Maripasoula, Sainte-Elie ou encore Papaïchton. Le village de Saül, situé dans le sud du territoire, aurait pu connaître un destin similaire, des centaines de chercheurs d’or creusant le sol, détruisant au passage la forêt et polluant les rivières au mercure. Mais les habitants, élus, associations et le Parc Amazonien de Guyane ont dressé une autre voie : celle d’un tourisme tourné vers la nature. (Rediffusion) « En Guyane, le village de Saül choisit la voie de l’écotourisme contre l’orpaillage », un Grand reportage réalisé par Emma Chevaillier.
8/14/202319 minutes, 30 seconds
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Femmes en prison, la double peine

La situation des prisons et des prisonniers en Bolivie est déplorable, c’est un fait tristement connu, et souvent pointé du doigt (notamment par l’ONU) : violence, addictions, surpopulation carcérale, corruption du personnel, bâtiments en ruines. Parmi tous ceux qui sont derrière les barreaux, une population est encore plus vulnérable : les femmes. Car elles sont oubliées, par leur famille comme par les institutions. Pourtant, même enfermées, elles sont souvent encore cheffes de famille et elles envoient le peu qu’elles gagnent à l’extérieur.Reportage au cœur de la prison d’Obrajes à La Paz, où 300 femmes cohabitent dans un espace originellement fait pour accueillir 150 personnes. Une ville dans la ville, où l’on vit, où l’on travaille, où des enfants naissent, où on loue un toit à mettre sur sa tête. « Femmes en prison, la double peine », un Grand reportage d’Alice Campaignolle et de Maud Calves.  De notre correspondante à La Paz, Alice CampaignolleRosario Vaca Gutierrez a 56 ans, elle est Bolivienne, et au cours des 30 dernières années elle a été incarcérée 11 fois, la plupart du temps dans la prison pour femmes d’Obrajes à La Paz, en Bolivie. Comme une grande partie de ses codétenues, elle a toujours été écrouée pour petit trafic de drogue, pour avoir vendu du crack notamment. Entretien avec celle que l’on appelle Doña Charito, désormais libre et qui tient un petit commerce de pâtisseries.  Alice Campaignolle : Comment était le quotidien au sein de la prison ?Rosario (Doña Charito) : Dans la prison, il faut être attentive en permanence. Car si vous laissez traîner quelque chose 5 minutes, ça va être volé immédiatement. Si vous mettez vos sous-vêtements à sécher sans les surveiller, ils disparaissent ! Pour ma part, j’étais chanceuse, j’avais des culottes bouffantes, et comme ce n’est plus à la mode, personne n’en voulait ! Rires. Mais, il y a vraiment tout type de personnes à l’intérieur, il faut se méfier. Des droguées. Des alcooliques. Des prostituées. Vous pouvez aussi bien acheter de l’alcool comme de la drogue, sans problème. Il y a toujours une « bonne copine » pour te proposer un verre. Mais il faut faire très attention, car tu tombes vite là-dedans, et c’est la dépression assurée. Parce que beaucoup de détenues, moi incluse, n’ont pas de condamnation et rapidement on se dit qu’on ne sortira jamais de cet endroit. (NDLR environ 70% des détenus en Bolivie n’ont pas été jugés) Pour ma part, je n’avais personne sur qui compter, alors pas le choix, il fallait travailler, pour le papier toilette, le shampooing, bref, tout le nécessaire.  AC : Vous avez parlé de prostitution ?Rosario : Oui tout à fait. C’est très organisé, parfois avec la complicité des gardiennes, ou bien ce sont les gardiens les clients. Ou sinon, il y a un supposé frère, un supposé cousin qui vient les jours de visite, mais en réalité il est là pour acheter du sexe. Personnellement je ne suis jamais rentrée là-dedans, s’il y a bien un endroit où j’étais irréprochable, c’était en prison. Je me suis consacrée au travail surtout.AC : Mais ce n’est pas toujours facile d’occuper un emploi pénitentiaire… Rosario : Moi j’ai toujours été au four, je m’occupais de la boulangerie de la prison. Mais tu peux aussi travailler à la laverie par exemple. Lors de ma dernière incarcération, en 2017, ce n’était plus pareil, toutes les détenues se battaient pour obtenir un travail pénitentiaire car la prison était surpeuplée. Moi j’avais une bonne place, et donc j’entendais beaucoup de critiques, du type « Et elle, pourquoi elle a toujours cet emploi, elle ne peut pas laisser sa place ? ». Au fur et à mesure des années, j’ai su gagner le respect des gardiennes et de la direction, donc ils m’ont fait confiance et m’ont laissé ma place.AC : Et vous avez des enfants, de quelle manière vous en êtes-vous occupés pendant toutes ces années ?Rosario : J’ai deux garçons et deux filles, et les deux premiers ont été à mes côtés dans la prison pendant leur enfance, jusqu’à leurs 5, 6 ans. Je ne pouvais donc pas me permettre de ne pas travailler, car si leurs repas étaient assurés par l’administration pénitentiaire, parfois c’était juste une soupe, et ce n’était pas suffisant. Et puis au bout de quelques années, le garçon a été placé dans un foyer, et la fille chez une tante. Pas le choix, la prison ce n’est pas un endroit pour des enfants. Ils voient tout et répètent tout, et les éduquer dans cette ambiance, ça en fait des petits rebelles, de futurs délinquants. Aujourd’hui, ils sont grands, ils ont étudié, les deux garçons sont partis vivre au Chili et les deux filles en Argentine. Ils ont réussi, mais l’une de mes filles m’a dit un jour « où étais-tu quand j’avais le plus besoin de toi ? », ça m’a fait réfléchir.AC : Aujourd’hui, vous êtes sortie, à quoi vous consacrez-vous ?Rosario : Pendant longtemps, je me suis dit « étudier ce n’est pas fait pour moi », j’ai arrêté l’école à 9 ans, nous étions 16 enfants et il fallait aller travailler très jeune. Quand on m’a proposé les cours de l’organisation Manq’a, des cours de boulangerie notamment, j’étais terrifiée, car je ne sais pas écrire vite, je craignais de ne pas y arriver. Et puis il y a eu des ateliers pour travailler l’estime de soi, pour réfléchir à ses liens familiaux, et ça m’a fait beaucoup de bien. J’ai appris à m’ouvrir aux gens. Quand tu vends de la drogue, tu parles peu et mal, et au début j’avais honte de mes mots, je ne savais même pas expliquer comment je faisais mon pain. Aujourd’hui, j’ai confiance en moi et en ma petite entreprise de boulangerie-pâtisserie. 
8/11/202319 minutes, 30 seconds
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En Roumanie, la réhabilitation des monuments en péril

Le patrimoine architectural roumain est en souffrance, plus de 600 monuments historiques classés sont aujourd'hui dans un état de dégradation avancée. Les réhabiliter n'est pas une mince affaire. Depuis 2016, l'association Monumentum met en place un projet « l'Ambulance pour monuments », dans le but justement de venir en aide à ses monuments historiques classés laissés à l'abandon. (Rediffusion) «En Roumanie, la réhabilitation des monuments en péril», un Grand reportage de Benjamin Ribout. 
8/10/202319 minutes, 30 seconds
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L’asile au Pakistan ou l'exil scolaire des jeunes Afghanes

Des milliers de familles afghanes ont trouvé refuge depuis que les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan en août 2021. De nombreuses familles ont le choix de l’exil pour pouvoir simplement offrir une éducation à leurs filles privées d’enseignement secondaire et supérieur par les talibans.   Loin d’être le lieu d’asile idéal car le Pakistan n’offre pas de réelles perspectives d’emploi et d’intégration aux réfugiés afghans, c’est pourtant au pays des Purs que de nombreuses familles afghanes se sont installées pour pouvoir envoyer leurs filles à l’école. Le Pakistan qui accueillait déjà 3 millions d’Afghans ayant fui leur pays dans les années 90 au cours de la guerre contre l’invasion soviétique, puis lors des 20 années de conflit entre l’ancien gouvernement afghan soutenu par la coalition internationale et les talibans. (Rediffusion) « L’asile au Pakistan ou l'exil scolaire des jeunes Afghanes », un Grand reportage de Sonia Ghezali. 
8/9/202319 minutes, 30 seconds
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Svalbard, un autre monde est possible

Connaissez vous Svalbard ? Un archipel glacé, pas très loin du pôle Nord, la moitié de l’année, il fait jour ou nuit, en permanence... Propriété de la Norvège, Svalbard est régi par un Traité séculaire qui assure la libre circulation des ressortissants des pays signataires. À Longyearbyen, la capitale de l’archipel, 2 500 habitants de 52 nationalités différentes forment donc une des communautés des plus cosmopolites et soudées de la planète. (Rediffusion) « Svalbard, un autre monde est possible », un Grand reportage d'Emilien Hofman.
8/8/202319 minutes, 30 seconds
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Le retour des bronzes dans l'ancien Royaume de Bénin

Le retour des œuvres d'art pillées durant la colonisation a commencé au Nigeria. Des accords actant le transfert de la propriété des trésors volés dans l'ancien Royaume de Bénin ont été signés, ces derniers mois, avec des musées aux États-Unis, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Quelques dizaines d'objets – connus sous le terme générique de «Bronzes de Bénin» - ont même été rapatriés en grande pompe sur le territoire nigérian. Ces restitutions ont une signification toute particulière pour les habitants de Benin City – l'ancienne capitale du Royaume d'Edo, annexé par les Britanniques à la fin du XIXème siècle.  « Le retour des bronzes dans l'ancien Royaume de Bénin », un Grand reportage de Liza Fabbian. (Rediffusion)
8/7/202319 minutes, 30 seconds
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Le renouveau de la tapisserie d’Aubusson

C’est l’histoire d’un savoir-faire qui a bien failli disparaître et qui connaît un nouvel engouement spectaculaire. C’est l’histoire de créateurs français désormais célèbres jusqu’au Japon. C’est l’histoire d’un territoire en déclin, la Creuse, dans le centre de la France, qui voit s’implanter une nouvelle génération d’artisans. C’est l’histoire de la tapisserie d’Aubusson que RFI vous raconte aujourd’hui. Une tradition ancestrale, classée en 2009 au Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité par l’Unesco alors qu’il ne restait que 2 filatures. Aujourd’hui, lissiers et lissières tissent des tentures monumentales inspirées de Tolkien ou Miyazaki… (Rediffusion)«Le renouveau de la tapisserie d’Aubusson», un Grand reportage de Sébastien Jédor, réalisé par Pauline Leduc. 
8/4/202319 minutes, 30 seconds
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Retour à Hassaké (Syrie), un an après l’attaque de la prison par l’organisation État islamique

Il y a un an (en 2022), une immense prison pour jihadistes est prise d’assaut, à Hassaké, dans le nord-est de la Syrie. Un commando de l’organisation État islamique tente de libérer ses membres. 10 jours de combats avec les forces kurdes et un bilan très lourd : plus de 500 morts. L’attaque a laissé des traces et aujourd’hui l’organisation terroriste est toujours active. (Rediffusion) «Retour à Hassaké, un an après l’attaque de la prison par l’organisation État islamique», un Grand reportage de Murielle Paradon et Julien Boileau.  
8/3/202319 minutes, 30 seconds
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Royaume-Uni: le scandale des employés de la Poste, accusés à tort

Un scandale qui a bien failli être passé sous silence au Royaume-Uni. L’histoire des postiers accusés à tort d’avoir volé de l’argent dans la caisse. La pire erreur de l'histoire judiciaire britannique récente. Des vies ruinées, certains ont connu la prison. Une affaire qui a mis 20 ans à être entièrement dévoilée. 736 femmes et hommes condamnés pour rien. Ils attendent encore des réparations. Voici leur histoire. (Rediffusion du 12 mai 2022) «Royaume-Uni, le scandale des employés de la Poste, accusés à tort», un Grand reportage de Marie Boëda.
8/2/202319 minutes, 30 seconds
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Le Centre Pénitentiaire de Rennes: le corps des femmes en prison

La France héberge la plus grande prison de femmes de toute l’Europe. Le centre pénitentiaire de Rennes, en Bretagne, compte 213 détenues pour longue peine, et 31 en attente de jugement. Les femmes détenues ne représentent que 3,3% de la population carcérale et leur voix se fait rarement entendre. RFI est allée à leur rencontre pour parler de l’enfermement. Est-ce qu'une femme abandonne son corps quand elle est en prison ? Peut-elle avoir une intimité, une sexualité, quand les cellules font 7m2 et que les corps sont surveillés ? « Le Centre Pénitentiaire de Rennes : le corps des femmes en prison », un Grand reportage de Laurence Théault. (Rediffusion) 
8/1/202319 minutes, 30 seconds
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Bénin: sur les traces des Amazones du Dahomey

Le film «The Woman King» sort aujourd’hui (28 septembre 2022) dans les salles françaises, quelques jours après une avant-première qui a enthousiasmé le public à Cotonou. Cette super-production hollywoodienne, avec à l’affiche l’actrice oscarisée Viola Davis, met à l’honneur les Amazones, une unité d’élite entièrement composée de femmes qui a protégé le royaume du Dahomey, dans l’actuel Bénin, aux XVIIIè et XIXè siècles. Au-delà de la fiction, que reste-t-il aujourd’hui de cette figure historique, en train de devenir un symbole du pays ? «Bénin : sur les traces des Amazones du Dahomey», un Grand reportage de Magali Lagrange. (Rediffusion)
7/31/202319 minutes, 30 seconds
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Demain, le Mexique aurait-il encore de l’eau?

Un été sous 40 degrés et quinze mois passés presque sans une goutte de pluie. Ces conditions climatiques extrêmes sont vécues au nord du Mexique, elles mettent à l’épreuve la métropole de Monterrey, deuxième ville du pays, cité prospère et modèle de réussite économique grâce au développement de son bassin industriel. Au pied de la Sierra Madre, Monterrey et 5 millions d’habitants n’ont plus d’eau. Une partie des robinets de la ville se sont coupés, il y a des mois. (Rediffusion du 14 septembre 2022) La sécheresse exceptionnelle de cette année est responsable, bien sûr, mais pas seulement… Le Mexique paye aussi les erreurs de sa gestion et un manque de conscience de l’importance du précieux liquide. La détresse de la population oblige l’État à réagir et débloquer d’importants moyens pour répondre à l’urgence, mais les solutions trouvées sont-elles viables au long terme ? « Demain, le Mexique aurait-il encore de l’eau ? », un Grand reportage de Gwendolina Duval.
7/28/202319 minutes, 30 seconds
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L’exode rural en Irak: le risque social d’un changement climatique toujours plus rapide

En Irak, depuis trois ans, les graves sécheresses se répètent. Les températures ont encore dépassé les 50° dans le sud du pays, l’été dernier (2022), et les précipitations trop faibles pendant l’année n’approvisionnent pas suffisamment les cours d’eau. Dans l’impossibilité de cultiver leurs terres, les agriculteurs abandonnent progressivement leurs maisons et vont s’entasser dans les quartiers informels, comme à Bassora. Là, ils tentent de survivre au jour le jour, malgré l’absence d’aide et les crispations qui se créent autour de ces nouveaux arrivants.  «L’exode rural en Irak : le risque social d’un changement climatique toujours plus rapide», un Grand reportage de Marie-Charlotte Roupie. (Rediffusion)
7/27/202319 minutes, 30 seconds
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Paris 2024: leur rêve olympique

À un an tout juste de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris, le compte à rebours s’accélère pour les athlètes qui rêvent d’être présents, l’été prochain, dans la capitale française… Ceux qui visent une finale, une médaille, un titre ou même une simple participation à l’évènement le plus prestigieux qui soit pour un sportif… « Grand Reportage » est allé à la rencontre de certains de ses champions qui ont fait des JO une obsession. « Paris 2024 : leur rêve olympique », un Grand reportage de Cédric de Oliveira et Martin Guez.
7/26/202319 minutes, 30 seconds
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La fibre de vigogne, ce trésor de l’Altiplano

Des Andes, on connaît surtout les lamas, aussi les alpagas, mais on connaît moins la vigogne. Plus petite et plus fine, elle est sauvage, avec des allures de gazelle. Si la laine d’alpaga est très recherchée, celle de la vigogne est hors de prix, pour ne pas dire inestimable. L’animal aujourd’hui est protégé, dans tous les pays andins où il vit, son espèce n’est plus menacée. Direction la Bolivie où la saison de la tonte des vigognes a démarré en septembre et durera jusqu’en décembre.  «La fibre de vigogne, ce trésor de l’Altiplano», un Grand reportage d'Alice Campaignolle. (Rediffusion du 24 octobre 2022)
7/25/202319 minutes, 30 seconds
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En France, le fléau grandissant des punaises de lit

Après avoir disparu dans les années 50, les punaises de lit sont de retour et leur présence s’est accrue ces dernières années. Selon une étude réalisée en 2021 par le cabinet Ipsos, près de 5 millions de Français et Françaises ont été confronté.e.s à ce problème depuis 2016. Ces insectes ne sont pas vecteurs de maladie, mais provoquent des problèmes dermatologiques parfois graves et engendrent une dégradation de l’état de santé psychologique comme l’insomnie, ayant ainsi des répercussions sur la vie professionnelle, familiale et sociale. «En France, le fléau grandissant des punaises de lit», un Grand reportage de Justine Rodier. (Rediffusion)
7/24/202319 minutes, 30 seconds
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Comment des influenceurs servent la propagande de Vladimir Poutine en Afrique?

En quelques années, la Russie est parvenue à avancer ses pions en Afrique francophone. De la République centrafricaine au Mali, Moscou a même parfois chassé l'armée française et porté au pouvoir des hommes plus en phase avec ses intérêts. Avec sa milice privée Wagner ou sur internet, la Russie occupe le terrain en Afrique...Sur les réseaux sociaux, certains influenceurs très en vue, ont contribué à faire entrer la Russie sur le continent.  Des personnalités qui diabolisent la France et encensent Moscou avec pour ennemi commun : l'Occident.« Comment des influenceurs servent la propagande de Vladimir Poutine en Afrique ? », un Grand reportage de Pierre Olivier. Réalisation : Pauline Leduc.  Notre dossierInfluences russes en Afrique► Sur France 24 Du KGB de Khrouchtchev à Poutine, les profondes racines de l’influence russe en Afrique KGB en Afrique : éclairage sur le modus operandi d’une URSS en quête d’influence
7/21/202319 minutes, 30 seconds
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L'Hôpital Avicenne de Bobigny, un héritage colonial

En ce 60è anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. C'était le 5 juillet 1962, la fin de plus de 130 années de colonisation par la France. Cette politique, marquée notamment par la ségrégation des personnes dites indigènes, ne s'est pas appliquée que sur le territoire algérien. C'est une histoire peu connue que nous vous racontons aujourd'hui dans Grand Reportage, celle d'une enclave coloniale sur le territoire métropolitain, à l'échelle d'un hôpital. Dans les années 30, à Bobigny dans la banlieue nord de Paris, est créé l'hôpital franco-musulman, aujourd'hui nommé Hôpital Avicenne. Son fonctionnement est un condensé de l'idéologie, en cours jusqu'en 1962 en Algérie. «L'Hôpital Avicenne de Bobigny, un héritage colonial», le récit de Marie Casadebaig. (Rediffusion)
7/20/202319 minutes, 30 seconds
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Les Pays-Bas face au défi de la montée des eaux

Un tiers des Pays-Bas se trouve sous le niveau de la mer. Ce pays du nord de l’Europe a toujours vécu entouré d’eau, il subit régulièrement des inondations. Pourtant, il s’est adapté en gagnant des terres sur la mer, les fameux polders, et en créant des barrières protectrices. Mais avec le réchauffement climatique, les phénomènes météo extrêmes se multiplient et le niveau de la mer pourrait monter jusqu’à 2 mètres d’ici 2100. (Rediffusion) « Les Pays-Bas face au défi de la montée des eaux », un Grand reportage de Murielle Paradon. Réalisation : Ewa Piedel.  Diaporama
7/19/202319 minutes, 30 seconds
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Jérusalem: des terres maghrébines en Orient

Grand reportage nous emmène aujourd’hui à Jérusalem, pour un voyage à travers le temps. De l’an 1187, durant les Croisades, jusqu’à récemment, 1967, et la conquête de la Ville sainte par Israël. Près de 800 ans d’histoire. Une période marquée par la présence de Maghrébins à Jérusalem. Des pèlerins musulmans ou des combattants, venus jadis d’Afrique du Nord pour grossir les troupes de Saladin, et reprendre la ville aux croisés. Leurs descendants marocains, algériens et tunisiens, vivent toujours à Jérusalem. Avant l’occupation israélienne, ils avaient même leur propre quartier dans la ville. Seule leur zaouïa, un édifice religieux musulman, existe toujours. (Rediffusion) « Jérusalem : des terres maghrébines en Orient », un Grand reportage de Sami Boukhelifa.  
7/18/202319 minutes, 30 seconds
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Terres rares en Laponie, les Samis face aux mines

À l'heure de la transition énergétique, les terres rares sont le nouvel eldorado minier. Il faut dire que ces composants sont indispensables à la fabrication de batteries électriques et d'éoliennes, notamment. Alors, depuis que le géant minier suédois a annoncé (en janvier avoir découvert le plus grand gisement de terres rares à Kiruna, près du cercle arctique), l'Union européenne nourrit l'espoir de s'émanciper (un peu) de la Chine, dont elle dépend totalement. Aubaine ou malédiction... Sur place, la question divise et inquiète particulièrement les Samis, le peuple autochtone du Grand Nord, dont l'activité ancestrale - l'élevage de rennes - est directement menacée. (Rediffusion)« Terres rares en Laponie, les Samis face aux mines », un Grand Reportage de Carlotta Morteo.
7/17/202319 minutes, 30 seconds
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JO 2024: qui sont les boursiers africains de la solidarité olympique?

On les appelle les sportifs SO. Deux lettres pour « Solidarité olympique ». Au total : douze boxeurs, nageurs, sprinters et judokas, tous des boursiers(ères) venu(e)s du Niger, du Congo, de Centrafrique, des Comores, de la Guinée-Conakry et de la Guinée-Bissau se préparent pour décrocher leur qualification aux Jeux Olympiques de Paris où ils représenteront leur pays d’origine. Un dispositif mis en place par le CIO. Et c’est en France, au sein du Centre régional jeunesse et sports près de Rouen que Sylvie Koffi les a suivis. (Rediffusion). ⇒ À lire aussi: « Solidarité olympique: des athlètes africains se préparent en France pour décrocher leur qualification aux JO ». En images
7/14/202319 minutes, 30 seconds
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Soudan du Sud: les femmes du grand Pibor prises au piège des conflits

C’est une des régions les plus démunies et isolées du Soudan du Sud. Dans le Grand Pibor, à l’est du pays, des cycles de conflit incessants opposent la communauté Murle à ses voisins de l’État du Jonglei, les Dinka et les Nuer. Les razzias pour le bétail sont accompagnées d’enlèvements massifs de femmes et d’enfants. Devenu indépendant en 2011, le Soudan du Sud avait sombré dans une guerre civile en 2013, et la signature d’un accord de paix en 2018 n’a pas réussi à endiguer les violences intercommunautaires, dont les femmes paient le prix fort. (Rediffusion) « Soudan du Sud : les femmes du Grand Pibor prises au piège des conflits », un Grand reportage de Florence Miettaux. 
7/13/202319 minutes, 30 seconds
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À Paris, des abeilles pour apaiser les souffrances des migrants

Comment aider psychologiquement les migrants à Paris ? Un nouveau projet pourrait surprendre puisqu'il s'agit d'apprendre aux migrants l'apiculture... Lancé en 2019, le Rucher Solidaire des Missions étrangères de Paris en plein coeur de la capitale, s'étale sur plusieurs mois, rythmé par des cours théoriques et pratiques. Et le constat est là, les abeilles améliorent la santé mentale des exilés et les aident à se reconstruire en soignant le syndrome de stress post-traumatique. (Rediffusion) «À Paris, des abeilles pour apaiser les souffrances des migrants», un Grand reportage de Lise Verbeke.
7/12/202319 minutes, 30 seconds
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Les tatouages de Bornéo: une tradition devenue rébellion

Grand reportage aujourd’hui parmi les tatoueurs de Bornéo. Dans le nord-ouest de l’île, une nouvelle génération s’acharne ainsi à sauver de l’oubli les tatouages à vocations sociales, spirituelles et thérapeutiques de leurs ancêtres. Avec un succès limité, car si cette partie de l’île de Bornéo appartient aujourd’hui à la Malaisie, le passé colonial anglais et les conversions de masse au christianisme et à l’islam ont rendu les populations assez hostiles à cette célébration des corps tatoués avec la technique de percussion perpendiculaire…   «Les tatouages de Bornéo : une tradition devenue rébellion», un Grand reportage de Gabrielle Maréchaux. (Rediffusion du 6 octobre 2022). Crédits musiques : - Ernesto Kalum, Borneo Head Hunters Music Production, Biar Aja Meh et Nuan Aja- Nading Rhapsody (groupe de musique de Kulleh Grasi), Umbas et Sabak Pulai.
7/11/202319 minutes, 30 seconds
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En Arménie, l’impossible frontière avec l’Azerbaïdjan

Grand reportage est aujourd’hui en Arménie, cette petite république du Caucase dont la frontière a été bombardée par l’Azerbaïdjan en septembre. La menace d’un retour de la guerre plane depuis sur ces deux pays, qui ont déjà connu trois conflits de haute intensité dans le Haut-Karabakh en trente ans. Depuis la dernière guerre de 2020, perdue par l’Arménie, les violations du cessez-le-feu sont fréquentes, et Aucun traité de paix n’a encore été signé. Il faut dessiner la nouvelle frontière et cela inquiète coté arménien où certains préfèrerait la guerre à une mauvaise paix. « En Arménie, l’impossible frontière avec l’Azerbaïdjan », un Grand reportage de Manon Chapelain.
7/10/202319 minutes, 30 seconds
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Quelle prise en charge pour les enfants de retour de Syrie?

Alors que la France a procédé ce mardi (4 juillet 2023) à une 4ème opération de rapatriement en 1 an, RFI donne la parole aux professionnels qui prennent en charge les enfants de retour de Syrie en Seine-Saint-Denis. Ce département d’Ile-de-France, point d’entrée des rapatriés via l’aéroport de Roissy, a longtemps été le seul à s’occuper de ces mineurs. Depuis fin 2016, 99 enfants ont ainsi été suivis par les acteurs de la protection de l’enfance du 93, qui ont développé un protocole d’accompagnement qui fait aujourd’hui école dans d’autres départements. En quoi consiste-t-il ? Avec plus de 5 ans de recul, que peuvent dire ces professionnels de l’évolution des enfants ? « Quelle prise en charge pour les enfants de retour de Syrie ? », un Grand reportage de Laura Martel.  
7/7/202319 minutes, 30 seconds
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Nouvelle-Zélande: les conséquences des compensations carbone

Depuis une vingtaine d’années, la Nouvelle-Zélande s’est imposée comme l’un des leaders mondiaux dans la revente de crédits CO2. À l’autre bout du monde, des sociétés comme Ikea, Shell ou Boeing s’offrent donc un « droit à polluer » en rachetant le carbone absorbé par les forêts néo-zélandaises, dédiées aux compensations carbone. Pour la plupart monocultures, elles sont constituées uniquement de pins exotiques, qui absorbent plus rapidement le CO2 mais résistent peu aux tempêtes et cyclones australes. À chaque catastrophe naturelle, des milliers de d’arbres s’échouent sur les plages, les fermes et les habitations, affectant plusieurs régions à travers le pays.  De notre correspondant en Nouvelle-Zélande,« Ici, on élève de l’air frais ! », s’amuse Warrick James. Située au milieu des Alpes du Sud, la plus grande chaîne de montagne en Nouvelle-Zélande, la ferme de Warrick et sa femme Cece a récemment changé de visage.Il y a quelques années, ils ont troqué la moitié de leur bétail pour se lancer dans les compensations carbone. Sur plus de 500 hectares, le couple a planté une forêt de pins dédiée à la revente de crédits CO2 : « avec les hauts et les bas dans le secteur de l’élevage, au moins le carbone nous a donné une certaine stabilité ».Car avec les réductions d’émissions de CO2 imposées aux grandes entreprises à travers le monde, le prix du carbone s’envole. Chaque année, les forêts de Warrick absorbent 50 tonnes de CO2 par hectare. Des tonnes, reconverties en unités et rachetées une trentaine d’euros par le système d’échange de droits d’émissions. « J’ai toujours cru que je n’étais qu’un fermier du sud avec ses vaches et ses moutons, je n’aurais jamais pensé que j’allais un jour avoir des arbres pour absorber du carbone », plaisante Warrick. Et si le couple garde le sourire, c’est parce que l’année dernière, ils ont empoché près de 800 000 euros grâce aux compensations carbone.Une reconversion qui séduit de plus en plus les éleveurs de bétail. En 2022, 50 000 hectares de fermes d’élevage ont été reconvertis en forêts de compensations carbone. Au nord du pays, sur la côte Est, Gisborne et sa région appelée en māori, Tairāwhiti. Ici, les fermes de compensations carbone ont eu un impact considérable sur la population. Récemment marqué par les cyclones Hale et Gabrielle durant l’été austral, ce district est constamment affecté par la chute d’arbres provenant de ces forêts. « On en a marre de ce chaos ! », affirment Bridget et son mari Mike.Ce couple d’horticulteurs a perdu la quasi-totalité de leur ferme de kiwis, dévastée par des tonnes de troncs d’arbres. « En cinq ans, nous avons été affectés trois fois par ces fermes de carbone. Les arbres se sont échoués sur nos terres et notre maison était encerclée par les pins. Et tous ces arbres viennent des forêts de compensations carbone situées 25 kilomètres plus haut. »Un désastre économique mais aussi écologiqueDans ce décor cataclysmique, où la vase et les arbres recouvrent les rivières et les fermes locales, une voix s’élève, celle de Hera Ngata Gibson. Cette habitante de Tolaga Bay, a vu en l’espace d’une génération, sa région être totalement dévastée par l’industrie du carbone.Il y a quelques mois, elle a lancé une pétition pour qu’une enquête indépendante fasse la lumière sur les effets néfastes de cette activité dans la région. Une initiative rejetée plusieurs fois par le ministre néo-zélandais de l’Industrie forestière. « Ce que j’ai réalisé avec cette expérience, c’est que le gouvernement et cette industrie n’ont aucune idée de ce qui est important pour nos populations dans ce genre de communauté. L’environnement est ce nous avons de plus cher et cela a affecté toute notre manière de vivre. On se sent submergé par ces débris de bois qu’il y a partout autour de nous… à chaque grande marée, les arbres finissent de nouveau sur les plages. Puis une fois en mer, ils détruisent nos fonds marins. Pour cette petite communauté, au mode de vie très modeste, la mer est l’une de nos ressources principales pour manger, mais aujourd’hui, c’est devenu impossible. » Car le problème pour cette région de Nouvelle-Zélande, est surtout lié à sa géologie. La côte est de l’île du Nord possède le taux d’érosion le plus élevé au monde. Des sols fragiles et non adaptés à ces monocultures de pins exotiques. Un aspect sur lequel certaines compagnies forestières ont préféré fermer les yeux, face au prix attractif de ces terres. Pour Renée Raroa, elle aussi originaire de cette région, le futur des compensations carbone passe par un retour aux arbres endémiques de Nouvelle-Zélande. Une problématique qu’elle est allée porter jusqu’au siège des Nations unies, à New-York. Au cours des derniers mois, elle a développé avec l’aide d’autres organisations, un modèle durable de forêt dédiée au carbone. « Ces forêts de monocultures dans cette région ne sont plus viables. Cependant, ces forêts de pins offrent pour le moment la meilleure rentabilité pour les compensations carbone. Alors, sur plus de 900 hectares, nous avons mis en place un nouveau modèle qui observe les données d’une forêt native qui sert à régénérer ces terres mais aussi à offrir des compensations carbones. Avec ces données qui prouvent que l’on peut avoir une activité économique tout en respectant l’environnement, on veut démontrer qu’il est possible de changer cette industrie pour se tourner vers un système de compensation carbone plus durable. » Aujourd’hui, 90% des fermes de compensation carbone en Nouvelle-Zélande sont composées de pins exotiques.Une tendance dont certaines communautés souhaitent changer. Quoiqu’il en soit, la Nouvelle-Zélande espère atteindre 2 millions d'hectares de forêts consacrées aux compensations carbone dans les cinq prochaines années.
7/6/202319 minutes, 30 seconds
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Inde: Patanjali, la firme toute puissante qui a construit son empire sur l’Ayurveda

Surfant sur la fibre nationaliste en Inde, ce géant des médecines traditionnelles propose des médicaments contre toutes les maladies possibles. Au risque de jouer avec la vie de millions de patients, car aucune étude sérieuse ne conclut à leur efficacité.  De notre envoyé spécial à Haridwar,Depuis une petite pièce dans le Kerala, au sud de l’Inde, le docteur Abby Philips mène une croisade. « J’ai commencé à faire des vidéos alors que l’Inde était confinée et que de nombreuses informations pseudo-scientifiques circulaient. Patanjali en particulier, avec son mélange de plantes Coronil, censé soigner le Covid. C’était faux et dangereux, il fallait que quelqu'un en parle ! »Derrière des caméras, un néon décline son nom de Youtuber : The Liver Doc. Ce spécialiste du foie multiplie les vidéos contre les fausses promesses faites au nom de l’ « Ayurveda ». Cette médecine ancestrale indienne s’appuie sur les éléments tels que l’air et le feu. Mais elle est aujourd’hui dévoyée à des fins commerciales. Patanjali, le leader du secteur, est évalué à plus de 6 milliards d’euros mais accusé de graves tromperies envers les patients. « Les géants de l’Ayurveda comme Patanjali cherchent à faire de l’argent, pas à soigner », avertit le Dr. Abby Philips, qui analyse la composition des produits vendus par la firme. « Dans le Coronil, on trouve du plomb, des solvants industriels, et des plantes sans effet mais toxiques pour le foie. Les médicaments dont ils font la promotion mettent en danger les patients qui y placent leurs espoirs. »Communication XXLRares sont ceux qui osent s’élever ouvertement contre Patanjali. Et pour cause, son visage médiatique, le gourou (professeur, en hindi) Baba Ramdev, est idolâtré par des dizaines de millions d’Indiens. Il est aussi très proche des nationalistes hindous du BJP au pouvoir en Inde. Depuis l’élection de Narendra Modi en 2014, l’Ayurveda est glorifié par le gouvernement comme une religion, symbole de la puissance de l’Inde ancienne. Diabète, épilepsie, Alzheimer… Dans ses vidéos massivement suivies, Baba Ramdev fait l’apologie de ses médicaments, censés guérir tous les maux. « Les médecins vous disent que seule une greffe de foie peut vous sauver », lance-t-il ainsi aux patients atteint de cirrhose. « Mais en réalité, il suffit de prendre un comprimé de Livogrit avec de l’urine de vache au réveil et dans un mois vous serez guéris. »Patanjali prétend désormais prouver scientifiquement l’efficacité de ses cocktails de plantes. À Haridwar, où est établi le siège de l’entreprise, un centre de recherche a été ouvert en 2018. « En Inde, il y a une très riche tradition de plantes médicinales. Pour connaître leur mode d’action, il faut s’engager dans une recherche biologique de pointe », explique en blouse blanche son directeur Anurag Varshney, qui avance que le groupe a « publié plus de 100 articles scientifiques dans des revues internationales. »  Inquiétude croissantePeu de scientifiques sont cependant convaincus par ce mélange des genres. « Ce charlatanisme scientifique rend Patanjali encore plus dangereux », juge Shinmon Jose, immunologiste membre de la Mission pour l'éthique de la santé en Inde. « Les études de Patanjali se contentent de simulations informatiques, de tests sur des rats, alors que le corps humain est bien plus complexe. Leurs hypothèses sont biaisées puisque ses produits sont de toutes façons déjà commercialisés. » Même parmi les spécialistes des médecines traditionnelles, Patanjali inquiète désormais. « Le problème, c’est de faire passer l’Ayurveda pour une sorte de science parallèle équivalente à la science moderne », juge un professeur de cette médecine ancestrale d’une des plus grandes universités d’Inde, sous condition d'anonymat. « L’Ayurveda est né en observant le corps humain il y a des millénaires, sans microscope. Il nous faut distinguer ce qui est utile de ce qui est périmé. »Le scandale lié au remède Coronil de Patanjali durant le Covid pousse désormais les langues à se délier. « Patanjali a gagné des dizaines de millions d’euros de façon criminelle en faisant croire aux patients qu’ils pouvaient leur sauver la vie », juge Prem Agarwal, cardiologue. Ancien directeur de la Delhi Medical Association, il a tenté d’incriminer Patanjali sur le plan judiciaire auprès de la Haute Cour de Delhi ou de la Cour Suprême Indienne. Sans y arriver pour l’instant. « Un jour, Baba Ramdev sera jugé pour ces crimes », veut-il croire. En attendant, le ministère de l’Ayurveda a récemment demandé à Patanjali de retirer 53 publicités mensongères. Mais de nombreuses entreprises continuent à duper les patients. Depuis 2018, près de 20 000 publicités trompeuses liées aux médecines traditionnelles ont été signalées dans les centres de pharmacovigilance indiens.
7/5/202319 minutes, 30 seconds
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Les Kunas du Panama face au changement climatique

Les Kunas de Carti Sugdub au Panama sont aujourd’hui menacés par la surpopulation, mais aussi par le changement climatique qui provoque des inondations de plus en plus fréquentes. Pire : à cause de l'accélération de la montée des eaux, aucun des îlots des San Blas ne devrait plus être habitable d'ici quelques décennies.  Grégoire Pourtier s'est rendu à Carti Sugdub et sur le chantier du village en construction, finalement pris en charge par le gouvernement et où le mode de vie et la culture traditionnelle des Kunas pourraient être bouleversés. « Les Kunas du Panama face au changement climatique », un Grand reportage de Grégoire Pourtier.
7/4/202319 minutes, 30 seconds
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En Guyane, le bois de la discorde

La forêt amazonienne recouvre 96 % de la Guyane, une jungle parmi les plus riches, les plus diverses au monde, un écosystème, à l'heure du réchauffement climatique, au centre de beaucoup de questions et de débats. Car la Guyane, c'est également un territoire en plein développement, avec une démographie et des besoins en hausse. Pour certains, la forêt et son bois portent de nombreuses opportunités ; pour d'autres, il faut au contraire la préserver au maximum : développement d'un côté, protection de la nature de l'autre. Le débat est complexe. « En Guyane, le bois de la discorde », un Grand reportage de Simon Rozé.
7/3/202319 minutes, 30 seconds
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En Corée, la frontière devenue verte

Depuis le 27 juillet 1953 et l’armistice de Panmunjeom, les deux Corées sont séparées par une frontière unique : la bien mal nommée « zone démilitarisée » (DMZ). Cette bande de terre, longue de 250 kilomètres et large de quatre, est truffée de mines de barbelés et scrutée de près par des centaines de milliers de soldats. Mais l’absence humaine a été comblée par un développement rapide de la faune et de la flore, transformant l’ancien champ de bataille en un mur vert. De notre correspondant à Séoul,À quelques kilomètres de la Corée du Nord, dans la ville de Paju, des éclats de rires viennent rompre le calme d’un quartier paisible. Tous les vendredis, l’équipe du DMZ Ecology Research institutese réunit pour mener des études sur la biodiversité à la frontière intercoréenne. « Aujourd’hui, une partie de l'enquête va se concentrer sur les zones humides proches des rizières, un lieu que nous n’avons pas encore étudié », explique Kim Seung-ho, le directeur de l’ONG.Voilà plus de dix ans que des bénévoles se rendent au-delà de la ligne de contrôle civile -sorte de zone tampon entre les barbelés de la frontière à proprement parler, où l’accès est contrôlé par l’armée. Impossible de rentrer dans la DMZ en tant que tel. Seules quelques patrouilles s’aventurent du côté sud de la ligne de démarcation et difficile de savoir ce qui se passe au Nord. Selon l’Institut national de l’écologie, plus de 6 000 espèces de plantes et d’animaux profitent de cette zone, privée d’interférences humaines. Surtout, « la DMZ est devenue un refuge pour 37% des espèces en voie d’extinction de Corée », explique Park Seo-yong, directrice de la politique de la nature et de l’écologie au sein du ministère de l’Environnement. « C’est un trésor de biodiversité dans un territoire limité, car cela représente seulement 1.56% de la Corée du Sud »[0.45% de la péninsule, NDLR]. Au-delà de l’absence humaine, les rivières, les montagnes et les zones humides de la DMZ offrent une diversité permettant à la nature de se développer dans des conditions optimales le long du 38e parallèle.Une fois les contrôles effectués au check-point, le convoi est escorté par un officiel du ministère de la Défense. La camionnette de Mr Kim roule à vive allure sur des sentiers pendant quelques kilomètres avant de s’arrêter dans la zone de recherche. Parmi la dizaine de bénévoles, chacun joue un rôle bien établi. « Cette personne-là va analyser l’écosystème dans lequel vivent les papillons et elle va observer la végétation, car c’est sa spécialité. Une autre équipe va se concentrer sur le statut de reproduction des oiseaux, des oiseaux d’été et l’habitat des oiseaux migrateurs », détaille Kim Seung-ho.Les grues à couronne rouge, par exemple, survolent la péninsule l’hiver et se reposent parfois entre les Corées. Pour le directeur de l'Institut, l'objectif du jour est de vérifier que leur habitat naturel n’est pas endommagé par les agriculteurs autorisés à travailler dans la zone ou par les exercices militaires. Plus d’un million de mines « Mine danger ». L’inscription accompagnée d’une tête de mort sur des panneaux rouges longe les sentiers. Une vision qui, couplée au bruit des tirs de fusil, nous rappelle que cette balade bucolique se déroule à quelques centaines de mètres de la frontière la plus militarisée au monde. « Là, des deux côtés de la route, il y a des mines. Bien sûr que l'on a envie de traverser et d’aller voir dans ces zones minées, car c’est une nature plus dense, encore mieux préservée, assure Mr Kim. Mais il faut respecter les règles quand on conduit une étude sur une zone militaire. » Si les estimations divergent, au moins un million de mines se trouvent dans la zone. Parfois des animaux sautent dessus, se blessent, meurent ou provoquent des glissements de terrain. Mais d’après le directeur de l’ONG, la plupart d’entre eux « ont appris à vivre avec. Ils savent où il est possible de passer et quels chemins représentent un danger. »Parmi eux, l’ours noir asiatique détecté par des caméras dans la frontière en 2019, le Porte-musc de Sibérie, mais aussi les chèvres des montagnes, des reptiles et bien d’autres. Zone en dangerMais cette réserve naturelle accidentelle perdure du fait d’un fragile statu quo, vestige de la guerre froide. « Le plus gros problème, c’est l’activité des armées dans la zone qui endommage durablement l’habitat des plantes comme des animaux, assure le Professeur An Jong-bin, chercheur au Jardin botanique de la DMZ. Le réchauffement climatique commence aussi à influencer négativement la biodiversité. Ce sont les deux principales menaces qui pèsent sur la DMZ. »L’évolution des tensions entre les Corées affecte la faune et la flore qui y ont élu refuge. En 2018, en plein rapprochement intercoréen, des opérations de déminage communes avaient été menées. Une époque qui semble lointaine. Le retour des conservateurs au pouvoir en Corée du Sud et l’échec des négociations entre Donald Trump et Kim Jong-un a entraîné une hausse des exercices militaires au sud comme au nord de la frontière. Paradoxalement, une réunification ou un rapprochement n'offrent pas non plus une assurance-vie aux animaux et aux plantes de la DMZ. Une autoroute, des centres commerciaux, des musées ou d'autres projets de développement économique entre les Corées pourraient prendre le pas sur la préservation de l’environnement.
6/30/202319 minutes, 30 seconds
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Le combat pour les langues locales menacées

Au Sénégal, une trentaine de langues minoritaires sont menacées de disparaître, ainsi que la culture et les traditions orales qui y sont associées. Mais, différents acteurs se mobilisent pour les sauvegarder. « Le combat pour les langues locales menacées », un Grand reportage de Théa Ollivier.  
6/29/202319 minutes, 30 seconds
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Arabie saoudite: l’or noir peut-il financer une révolution verte?

Se rafraîchir dans des parcs quand le mercure affiche plus de 40 degrés devrait être, dans les prochaines années, à la portée de nombreux habitants d’Arabie saoudite. Le royaume s’est lancé dans un ambitieux programme de plantation d’arbres : dix milliards de plus pour verdir le pays. Un objectif qui souligne les ambitions affichées de l’Arabie saoudite en matière environnementale. Aujourd’hui, l’environnement est évoqué dans tous ses projets de développement. Pourtant, le pays – producteur de pétrole – a plutôt une image de pollueur. Alors est-il réellement engagé en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique et de la préservation de l’environnement ? « Arabie saoudite : l’or noir peut-il financer une révolution verte ? », un Grand reportage de Guilhem Delteil.  En images
6/28/202319 minutes, 30 seconds
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Élections en RDC: à six mois d’un scrutin sous le signe du défi et de la défiance

Le 20 décembre 2023, plus de 43 millions d’électeurs en RDC seront appelés aux urnes pour élire leur nouveau président. À six mois de ces élections, la campagne s’annonce très tendue avec une opposition remontée contre un régime bien décidé à rester au pouvoir, sur fond de conflit armé dans l’est du pays et de crise sociale. Certains doutent même encore d’une organisation du triple scrutin, présidentiel, législatif et provincial, en temps et en heure, dans un pays où les défis logistiques sont énormes. Ce week-end, la Commission électorale a ouvert les candidatures pour les sièges de députés et convoqué le corps électoral. Un processus auquel une partie de l’opposition a décidé de ne pas prendre part.  « Élections en RDC : à six mois d’un scrutin sous le signe du défi et de la défiance », un Grand reportage de Paulina Zidi avec Denise Maheho.
6/27/202319 minutes, 30 seconds
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Les pionniers de la bioéconomie en Lettonie

La Lettonie se trouvait en queue de peloton européen du classement 2019 sur l’innovation écologique. Mais cela est en train de changer. Le petit État Balte a mis en place un ambitieux plan d'action afin de promouvoir une économie plus durable, circulaire et plus verte. « Les pionniers de la bioéconomie en Lettonie », un Grand reportage d'Agnieszka Kumor. En images
6/26/202319 minutes, 30 seconds
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La lente agonie des pêcheurs irlandais

Trois ans après l’entrée en vigueur du Brexit, le quotidien des pêcheurs irlandais est devenu infernal. Ils se disent sacrifiés par la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne et asphyxiés par des quotas de pêche de plus en plus restrictifs. L’accord prévoit que 25% des droits de pêche de l’UE dans les eaux britanniques soient progressivement transférés au Royaume-Uni d’ici 2026. Les Britanniques semblent donc être les grands gagnants du Brexit face à leurs voisins celtiques qui perdent un pilier de leur économie. Faute de quotas, jusqu’à un tiers des chalutiers irlandais cherchent à quitter l’industrie.« La lente agonie des pêcheurs irlandais », un Grand reportage de Laura Taouchanov. (Rediffusion)
6/23/202319 minutes, 30 seconds
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Les îles Canaries face au défi de la transition énergétique

Avec un ensoleillement exceptionnel, des sous-sols volcaniques et situées dans l'axe des vents alizés, les îles Canaries ne sont pas seulement une destination prisée des touristes. Elles sont aussi dotées d’un fort potentiel en énergies renouvelables. Pourtant, cet archipel espagnol au large du Maroc dépend toujours à 80% des importations de combustibles fossiles pour la production d’électricité. En décembre 2022, le Parlement régional s’est fixé un objectif ambitieux : atteindre 92% de la consommation finale d’énergie grâce aux technologies vertes d’ici 2040. Pour y arriver, les obstacles sont de taille. « Les îles Canaries face au défi de la transition énergétique », un Grand reportage de Stefanie Schüler. 
6/22/202319 minutes, 30 seconds
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De l’Africa Museum aux rues de Bruxelles, comment la Belgique tente de décoloniser son patrimoine

Depuis Bruxelles, il faut 40 minutes en tramway pour rejoindre l’un des plus grands musées consacrés à l’Afrique centrale : l’Africa Museum. Bâti à la gloire du roi Léopold II et de la colonisation belge, il a été totalement repensé, il y a cinq ans, et se projette dans l’avenir avec un nouveau directeur, sous l’œil vigilant de la diaspora africaine. « De l’Africa Museum aux rues de Bruxelles, comment la Belgique tente de décoloniser son patrimoine », un Grand reportage de Claire Fages. Réalisation : Pauline Leduc.
6/21/202319 minutes, 30 seconds
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À Marseille, «mon enfant tué, ma famille abandonnée»

L’année dernière (2022), 35 personnes ont perdu la vie dans des homicides à Marseille. Cette année, elles sont déjà 23. Les évènements sont toujours aussi violents, si ce n’est plus et se passent parfois le jour. Les armes sont lourdes et les victimes de plus en plus jeunes. Après ces meurtres, que deviennent les familles ? À ce jour, quelques dispositifs psychologiques existent mais restent plutôt méconnus… Alors que les proches reçoivent parfois des menaces, les familles expriment leur besoin de déménager, mais restent souvent vivre sur le lieu du drame… À Marseille, « mon enfant tué, ma famille abandonnée », un Grand reportage de Justine Rodier.
6/20/202319 minutes, 30 seconds
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Nord-est de la Hongrie: des initiatives pour sortir du cercle de la pauvreté

La Hongrie est le pays de l’Union européenne qui connait l’inflation la plus élevée. Après avoir atteint 24,5% en avril 2023, elle a baissé, mais reste encore forte à 21,5%. Près d'un tiers des Hongrois admettent aujourd’hui des difficultés financières. La situation est d’autant plus difficile dans le nord-est de la Hongrie, une région touchée par la désindustrialisation, le chômage ou l’exode vers l’ouest du pays ou l’étranger. Parmi les départements hongrois, celui de Borsod-Abaúj-Zemplén, voisin de la Slovaquie, a la plus faible force de rétention de sa population. Des projets émergent régulièrement pour tenter d’inverser la tendance, avec plus ou moins de succès.« Nord-est de la Hongrie : des initiatives pour sortir du cercle de la pauvreté », un Grand reportage d’Anastasia Becchio.Grand reportage réalisé dans le cadre d'un appel d'offres de la DR Régio (Direction générale de la politique régionale et urbaine) de l'Union européenne. En images
6/19/202319 minutes, 30 seconds
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Congo, boulot, dodo, la méthode Chancel Mbemba fait recette à Marseille

Défenseur très offensif, Chancel Mbemba gagne des titres partout où il passe. Notamment à Marseille où l'international congolais a été sacré Prix Marc-Vivien Foé dès sa première saison. Si le meilleur joueur africain de Ligue 1 a brillé dans le sud de la France, cette année, tout a commencé pour lui dans les rues de Kinshasa, avant de s'aguerrir en Belgique, à Bruxelles... Avec toujours le même mantra : son fameux « boulot / palais ». Slogan d'une vie d'ascète dédiée au football. « Congo, boulot, dodo : la méthode Chancel Mbemba fait recette à Marseille », un Grand reportage de Martin Guez, réalisation : Pauline Leduc.
6/16/202319 minutes, 30 seconds
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C’était Ariane 5

Ariane 5 décolle depuis le centre spatial guyanais, le 25 décembre 2021, pour sans doute sa plus belle mission : mettre en orbite le télescope James-Webb. Le point d’orgue d’une carrière qui s’achève ce vendredi (16 juin 2023). 27 ans après son premier envol, elle allumera ce vendredi pour la 117è et dernière fois son moteur vulcain : direction l’Espace. Une des plus belles pages de la conquête spatiale se tourne. RFI vous propose de relire ce livre : « C’était Ariane 5 », un Grand reportage de Simon Rozé. 
6/15/202319 minutes, 30 seconds
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De la Gambie à la Suisse, la quête de justice pour les victimes de l'ancien dictateur Yahya Jammeh

Il était le principal bourreau du régime dictatorial de Yahya Jammeh en Gambie. Arrestations, viols, tortures, meurtres… Le Gambien Ousman Sonko a été chef des Renseignements, puis ministre de l’Intérieur et a orchestré la terreur dans son pays pendant deux décennies. Six ans après le départ de l’ancien président, il sera enfin jugé pour crimes contre l’humanité, en Suisse, au Tribunal pénal fédéral. Car, c’est à Berne qu’il a été arrêté en 2017, alors qu’il tentait de demander l’asile. Une première victoire pour les victimes. « De la Gambie à la Suisse, la quête de justice pour les victimes du régime de Yahya Jammeh », un Grand reportage de Juliette Dubois. 
6/14/202319 minutes, 29 seconds
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Dans le nord-est de la RDC, les oubliés de la guerre sanglante de l’Ituri

En Ituri, dans l’est de la RDC, le conflit est d’une rare violence. Les villages sont régulièrement incendiés, les récoltes pillées et les images d'exactions commises souvent à la machette sur des hommes, des femmes et même des enfants sont insoutenables. Les rivalités sur base ethnique et communautaire entre Héma et Lendu sont anciennes et toujours aussi mystérieuses. Qui sont les chefs actuels des milices dites d’autodéfense ? Quels sont leurs véritables intérêts dans cette région convoitée, riche en or ? Les populations locales n’ont pas la réponse. Ce sont pourtant elles qui sont isolées et épuisées par la guerre dont elles sont prisonnières depuis près de 3 décennies. « Dans le nord-est de la RDC, les oubliés de la guerre sanglante de l’Ituri », un Grand reportage de Coralie Pierret, réalisation : Nicolas Benita.
6/13/202319 minutes, 30 seconds
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Les vies suspendues des Sud-Soudanais réchappés de la guerre au Soudan

Depuis que des combats ont éclaté au Soudan, le 15 avril 2023, plus de 90 000 Sud-Soudanais ont pris le chemin du retour vers leur pays natal. Ils étaient au Soudan pour travailler, étudier ou se soigner, et beaucoup avaient fui la guerre civile sud-soudanaise. C’est principalement au nord-est du Soudan du Sud qu’ils affluent, vers Renk, une petite ville située au bord du Nil. En attendant de pouvoir continuer leur voyage, ils tentent d’envisager l’avenir, malgré toutes les incertitudes. « Les vies suspendues des Sud-Soudanais réchappés de la guerre au Soudan », un Grand reportage de Florence Miettaux.
6/12/202319 minutes, 30 seconds
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Les bébés russes de Buenos Aires

Depuis plusieurs mois, des dizaines de couples de nationalité russe arrivent, chaque jour, à Buenos Aires pour y faire naître leur enfant. Certains viennent s’installer en Argentine pour fuir la Russie de Vladimir Poutine et le spectre de la mobilisation en Ukraine. D’autres repartent dans la foulée de l’accouchement avec un passeport argentin pour leur bébé et la possibilité d’en demander un pour eux dans le futur. (Rediffusion du 5 juin 2023)  Préoccupées par l’explosion de ce « tourisme de naissance », les autorités argentines ont ouvert une enquête sur ces agences de voyage qui organisent à prix d’or la venue de femmes enceintes dans le pays.« Les bébés russes de Buenos Aires », un Grand reportage de Théo Conscience.
6/9/202319 minutes, 30 seconds
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En Europe, le lynx à la reconquête de l’Ouest

Le lynx boréal, c’est le plus gros félin d’Europe. Victime des hommes, il avait totalement disparu en Europe de l’Ouest au XIXème siècle. Il y a 50 ans, après sa réintroduction en Suisse, le lynx a réussi à recoloniser quelques forêts des Alpes et du Jura. Ils seraient aujourd’hui quelques centaines dans les montagnes, mais l’espèce est toujours classée « en danger ». Une bonne nouvelle pour l’environnement, mais moins pour les chasseurs et les bergers.  Car comme avec l’ours et le loup, les autres grands prédateurs de ces régions, la cohabitation avec l’homme est souvent difficile. « En Europe, le lynx à la reconquête de l’Ouest », un Grand reportage de Jeanne Richard.
6/8/202319 minutes, 30 seconds
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La «nouvelle Arabie Saoudite» dont rêve Mohammed ben Salman

Depuis 2016, l’Arabie Saoudite s’est lancée dans une vaste entreprise de modernisation. Modernisation de son économie : elle cherche à être moins dépendante du pétrole et mise sur le développement du tourisme, de nouvelles technologies. Mais modernisation de sa société également : levée de bon nombre de restrictions faites aux femmes, assouplissement des règles religieuses. Le plan, baptisé Vision 2030, est porté par Mohammed ben Salman, prince héritier et dirigeant de facto du pays. Et sa réalisation dicte aujourd’hui l’action du gouvernement, que ce soient les réformes sur la scène intérieure ou les tentatives d’apaiser les tensions régionales. Alors quel est ce nouveau visage d’un pays jusque-là très fermé ?« La 'nouvelle Arabie Saoudite' dont rêve Mohammed ben Salman », un Grand reportage de Guilhem Delteil.
6/7/202319 minutes, 30 seconds
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Les bébés russes de Buenos Aires

Depuis plusieurs mois, des dizaines de couples de nationalité russe arrivent, chaque jour, à Buenos Aires pour y faire naître leur enfant. Certains viennent s’installer en Argentine pour fuir la Russie de Vladimir Poutine et le spectre de la mobilisation en Ukraine. D’autres repartent dans la foulée de l’accouchement avec un passeport argentin pour leur bébé et la possibilité d’en demander un pour eux dans le futur. Préoccupées par l’explosion de ce « tourisme de naissance », les autorités argentines ont ouvert une enquête sur ces agences de voyage qui organisent à prix d’or la venue de femmes enceintes dans le pays.« Les bébés russes de Buenos Aires », un Grand reportage de Théo Conscience.
6/5/202319 minutes, 30 seconds
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Est de la RDC: dans le Masisi, le règne des hommes armés ou l’insécurité permanente

Dans l’est de la République démocratique du Congo, il n’est pas rare de croiser des civils armés de kalachnikov, parfois même habillés en treillis militaires. Difficile donc de différencier miliciens et militaires dans la zone. Certains groupes armés - plus d’une centaine de groupes armés, dont certains sont sanctionnés et accusés de crimes de guerre par l’Onu - sévissent dans la région. Et notamment dans celle du Masisi, une région où les terres agricoles et les minerais suscitent des convoitises. Là-bas, des milices se sont par endroits substituées à l’État et vont jusqu’à administrer des localités. C’était le cas des rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23) avant leur retrait en avril 2023. Une présence qui oblige les populations à tout abandonner et à fuir leurs exactions. « Dans le Masisi, le règne des hommes armés ou l’insécurité permanente », un Grand reportage de Coralie Pierret.
6/2/202319 minutes, 30 seconds
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Dans le sud de la France, les enfants d’immigrés face au taureau

Dans les villages entre Marseille et Montpellier, il y a une tradition qui draine des milliers de spectateurs, et anime toutes les fêtes locales : c’est celle de la course camarguaise, où des raseteurs, souvent d’origine maghrébine, jouent leur vie face à des taureaux de 400 kilos en essayant de décrocher des cocardes attachées à leurs cornes. Dans ces mêmes villages, pourtant, le Rassemblement national fait des scores record aux élections, et y porter un nom à consonance arabe n’est pas toujours facile.  Entre racisme affiché, et fascination pour ces sportifs qui se mettent chaque jour en danger et font briller les taureaux élevés dans la région, les raseteurs de course camarguaise nous racontent leur quotidien.  « Dans le sud de la France, les enfants d’immigrés face au taureau », un Grand reportage de Frédéric Faux.
6/1/202319 minutes, 30 seconds
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Kladno, une ville tchèque à la reconquête de sa friche industrielle

Kladno a, pendant plus d’un siècle, été le haut lieu symbole de la sidérurgie conquérante tchécoslovaque. Mais, depuis vingt-cinq ans, cette ville voisine de Prague porte les stigmates d’une désindustrialisation qui a coïncidé avec la chute du communisme en République tchèque. Une friche industrielle s’étend sur plusieurs centaines d’hectares et défigure la ville jusqu’en son cœur. La mairie, en quête d’une nouvelle zone industrielle, veut réhabiliter l’ancien site laissé à l’abandon. Les enjeux de cette revitalisation sont multiples. Au début du siècle dernier, Kladno était surnommée la « Manchester tchèque » en raison de son développement industriel rapide après la découverte de mines de charbon dans les années 1850. L’empereur François-Joseph Ier lui accorde, en 1898, le titre de ville minière royale. Quand Karl Wittgenstein installe une fonderie à Kladno, en 1889, plus de 150 mines de charbon sont en activité.L’entrepreneur et industriel autrichien a fait fortune dans l'acier et la sidérurgie. Il est devenu l'un des principaux « maître de forges » de l’Empire austro-hongrois. Il baptise cette nouvelle usine d'après le nom de sa femme, Léopoldine. La légendaire Poldi est née. Elle devient un emblème de l’industrialisation. C’est l’une des plus importantes usines métallurgiques d’Europe. Un fleuron de l’économie tchèque.Vaclav Jamek, écrivain de langue française et tchèque, est né à Kladno en 1949. Il se souvient de l’usine Poldi, de la lueur rouge qui éclairait le ciel, quand il était enfant. « De temps en temps, le ciel s'éclairait le soir, d'une grande lueur rouge. C'était lié aux hauts-fourneaux. Quand les hauts-fourneaux ont disparu, la lueur rouge a disparu. Mais je l’ai connue quand j'étais enfant. »Kladno était aussi une ville rouge aux convictions syndicales bien ancrées. « Maintenant, elle est à droite, précise Vaclav Jamek. Mais jusqu'au changement du régime, la ville a été un centre du mouvement ouvrier. À Kladno, on se souvient toujours de la grande grève de 1889, noyée dans le sang. » Un film, The Strike, immortalise ce conflit social, en 1947.Son père était ouvrier à Poldi, mais Vaclav Jamek n’a pourtant jamais pénétré dans l’usine. « C'était très sévèrement gardé et je m'arrêtais à la porte quand je venais voir mon père. » Une ville dans la ville. Mais c’était au temps de la toute-puissance du charbon et de la sidérurgie. La splendeur n’est plus qu’un souvenir. L’usine Poldi commence à décliner sous le régime communiste. Après 1989, le processus de privatisation échoue. L’acheteur, Vladimir Stehlik, considéré comme le sauveur de l’industrie nationale, devient le fossoyeur de l’aciérie la plus célèbre du pays. Le scandale tient en haleine les Tchèques pendant des années. L’usine ferme ses portes en 1997 et 20 000 employés se retrouvent au chômage. Vaclav Jamek a déjà quitté Kladno, mais il se souvient que « les gens étaient assez furieux, d’autant que Poldi n’était pas une entreprise condamnée par avance. C’était vraiment la faute de ceux qui avaient voulu privatiser l’usine ». Kladno devient une cité-dortoir. Elle accueillait chaque jour des dizaines de bus remplis d’ouvriers venus de Prague. Désormais, ses habitants rejoignent Prague, chaque jour, pour y travailler. Aujourd’hui encore, plus de vingt-cinq ans plus tard, Kladno est comme balafrée : une immense friche industrielle de plusieurs centaines d’hectares dévore le cœur même de la ville. Les années 1990 signent, à Kladno, la fin de l’activité sidérurgique mais aussi de l’extraction minière. Le musée de la mine de Mayrau reste aujourd’hui le témoin de cette époque révolue depuis la fermeture de la dernière mine du district en 1997. Le musée a ouvert en 1994 à l’occasion du 120e anniversaire de la mine. Il retrace l’épopée minière du site de Vinarice, près de Kladno.La visite est une plongée dans le quotidien des mineurs de fond. Le temps y semble suspendu. Le dernier chariot remonté, l’immense salle où les centaines de mineurs suspendaient leurs vêtements de travail en fin de journée, avant la douche collective. Autant de lieux figés au dernier jour de travail. L’ancien maire de Kladno, Dan Jiranek, nous a donné rendez-vous dans la friche, à côté des trois hauts-fourneaux qui trônent toujours sur un vaste terrain vague. Des arbres poussent désormais au sommet des trois immenses cheminées. « Ces trois hauts-fourneaux sont le symbole de l’histoire industrielle du site. C’est aussi le signe que la nature reprend ses droits. »Dan Jiranek, qui fut maire de Kladno entre 2010 et 2014 puis entre 2018 et 2020, a un lien particulier avec l’usine Poldi. Il fut apprenti, obligé de se former à un travail manuel, car « je ne pouvais pas aller à l’université. Mes parents avaient été expulsés du Parti communiste tchèque pour avoir participé au mouvement de démocratisation de 1968. Après l’intervention soviétique, tous les démocrates qui ne se repentaient pas de leurs erreurs étaient expulsés ». Dan Jiranek finira par étudier à l’université et travaille à l’unité recherche quand il quitte Poldi, en 1996, quelques mois avant la faillite. Il est élu maire de Kladno en 2010, trois ans après la fermeture de l’usine. La réhabilitation de la friche Poldi n’est pourtant pas sa priorité. « Notre plus grand défi était de traverser avec succès cette période d’incertitude liée à la chute du communisme. Il fallait penser aux milliers d’ouvriers licenciés après la faillite. Avec un taux de chômage de 10%, ce qui est très élevé au regard des standards tchèques, la question centrale était celle des transports en commun pour que les gens puissent se rendre à Prague, où se trouvaient les emplois. Sur cette friche, nous ne pouvions rien faire, car nous avions perdu tout contrôle sur le site, à l’issue de l’échec du processus de privatisation. » L’équipe municipale décide alors de développer une autre zone industrielle sur du terrain agricole, dans le sud de la ville. « Ce fut l’une des premières zones industrielles modernes en République tchèque », précise Dan Jiranek qui se souvient « de la décision de bon augure quand une compagnie japonaise s’y installe. Cela a incité d’autres investisseurs à venir ». Quelques années plus tard, c’est Lego qui choisit Kladno. Le Danois a désormais deux usines sur place. L’une emploie 2 000 personnes, l’autre 150.Un succès industriel localSi des entreprises étrangères ont su relancer l’économie locale, la privatisation de Poldi a aussi permis un succès industriel local. Celui de l’entreprise Beznoska, qui commercialise des prothèses orthopédiques. Aujourd’hui, son atelier se trouve toujours dans le bâtiment qui accueillait, depuis les années 1960, la branche prothèse de l’usine Poldi. L’homme de cette réussite industrielle, c’est Vladimir Beznoska. Employé chez Poldi, il venait de prendre sa retraite, après avoir dirigé pendant trente ans la filiale prothèse de Poldi. Son petit-fils et directeur marketing, Pavel Milata, raconte la naissance de l’entreprise familiale. « Après la chute du communisme, les dirigeants tchécoslovaques ont décidé de privatiser l’entreprise Poldi. Les employés ont alors demandé à mon grand-père, qui avait pris sa retraite, de revenir. Il était très strict, mais juste. Les gens l’aimaient beaucoup. C’est ainsi qu’il a abandonné sa retraite et, en 1992, il a fondé la société Beznoska, mais il avait déjà 70 ans. » Vladimir Beznoska reste PDG de l’entreprise jusqu’en 2012. C’est ensuite le père et aujourd’hui le frère de Pavel Milata qui préside aux destinées de l’entreprise. Beznoska exporte environ un tiers de ses implants, principalement en Europe, mais aussi en Afrique du Sud, avec pour projet de pénétrer le marché sud-américain, avec notamment le Brésil. Les implants commercialisés par la société sont exposés sur une table. Pavel Milata attire notre attention sur une prothèse de hanche. « C’est la cinquième génération. » Conçue par Poldi en 1968, elle a été baptisée « la tige d’acier de Poldi ». Deux cent cinquante mille opérations réalisées avec cet implant. À côté de l’« ancêtre », le petit nouveau : une prothèse beaucoup plus petite, à laquelle Pavel Milata promet un avenir prometteur. Il s’agit d’Elis, un implant trapézo-métacarpien. « Je suis persuadé que cet implant va prendre une dimension considérable dans les années à venir, car les traumatismes du pouce se multiplient en raison de l’utilisation excessive des téléphones portables. » Le casse-tête de la réhabilitation de la friche industriellePour comprendre le casse-tête que représente, pour chaque équipe municipale de Kladno, la revitalisation de la friche industrielle, il faut regarder une carte de la ville. L’une d’elle trône dans le bureau d’Ondrej Rysk. Conseiller municipal chargé du développement urbain, il est l’une des chevilles ouvrières de cette réhabilitation. On comprend l’ampleur de la tâche quand Ondrej Rysk délimite sur la carte les contours de la friche : « Presque la moitié de la ville est en fait une friche industrielle. Elle commence derrière la mairie, où se trouvait la fonderie, donc à 200 à 300 mètres du centre-ville. » Plus de 350 hectares au total. Une partie sera rattachée à la ville pour la construction de logements et de commerces, l’autre doit accueillir de nouvelles industries, principalement des entreprises de l’industrie légère. Mais, revitaliser une friche industrielle implique une décontamination des sols. À Kladno, le processus est complexe, car la zone ne compte pas moins de 200 propriétaires. « La plupart des terrains de la friche sont des propriétés privées, c’est donc aux propriétaires d’assurer la décontamination. Pas à la mairie », précise le conseiller municipal. Devant cette tâche immense, la mairie peut compter sur les conseils techniques du UCEEB qui accompagne aussi Prague dans la réflexion sur le développement urbain. Cet institut de recherche pour le développement durable de l’Université technique tchèque de Prague (CVUT) s’est installé sur la friche, il y a neuf ans. Michal Kuzmic est coordinateur de projet pour le UCEEB. Il est impliqué dans le projet SPARCS* auquel a adhéré Kladno. L’objectif est de créer un réseau de communautés durables à énergie positive et à zéro carbone. Dans cette perspective, Michal Kuzmic appelle de ses vœux une réhabilitation ambitieuse. « Il y a un véritable intérêt à faire du développement de cette friche une vitrine des nouvelles technologies en matière de production d’énergies renouvelables, de développement durable, de bâtiments à énergie positive. Pour y parvenir, le principal défi est de pouvoir conclure des partenariats au bon moment avec les investisseurs. En tant qu’institut de recherche, nous découvrons parfois l'existence d'investissements lorsqu’ils sont quasiment conclus. C’est un problème, car dans ce cas, vous ne pouvez plus influencer les choix, faire valoir les technologies disponibles. C’est un potentiel gaspillé. »Le projet PanattoniAprès des années d’abandon, un projet de revitalisation d’une partie de la friche a émergé à l’initiative de Panattoni associé au groupe d’investissement RSJ. Panattoni, compagnie américaine, est l’une des plus grandes sociétés privées de développement d’espaces industriels dans le monde, avec 53 bureaux en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. « L’un des éléments constitutifs de l'ADN de Panattoni, c’est le développement de friches industrielles », nous explique Pavel Sovicka, directeur général pour la République tchèque et la Slovaquie depuis 2008. Il nous reçoit dans ses bureaux installés à Prague et reconnaît que rénover des friches est toujours risqué. « On ne sait jamais avec les friches industrielles ! Vous avez beau tout prévoir, avoir acquis de l’expérience, mais vous ne savez jamais ce que vous allez découvrir tant que vous n’avez pas creusé. » Le développeur d’espaces industriels précise que le précédent propriétaire a assuré la dépollution du sol.Le projet est de construire deux vastes entrepôts sur 88 500 mètres carrés avec 2 000 emplois à la clé. Pavel Sovicka vante les atouts de cette revitalisation : « Les entreprises bénéficieront d’un emplacement idéal avec des infrastructures déjà disponibles, de la proximité de l'aéroport et des universités de Prague. Pavel Sovicka apprécie la volonté affichée de l’équipe municipale de Kladno de développer son parc industriel, alors qu’à Prague, certains projets engagés en 2014 par Panattoni sont toujours en attente de permis. « À Prague, la principale préoccupation est de savoir combien de logements ou de bureaux seront construits. Les entreprises sont repoussées toujours plus loin de la ville. » Début prévu des opérations cet été, pour une fin des travaux espérée en 2028. Les brochures de Panattoni font souvent référence à Poldi. Interrogé sur cette volonté affichée de s’inscrire dans une continuité historique, Pavel Sovicka acquiesce : « C’est un nom, un logo dont tout le monde se souvient. »Le choix des entreprisesOndrej Rysk, tout comme Dan Jiranek, ont insisté, lors de nos entretiens, sur la vigilance qu’ils porteraient aux activités des entreprises qui s’installeront. L’un et l’autre rejettent des entreprises chimiques polluantes, ou un grand nom de la logistique, qui implanterait des entrepôts géants générant une intense circulation de camions et peu d’emplois.Mais seront-ils en mesure d’imposer leurs choix face aux investisseurs ? Si le conseiller municipal reconnaît qu’il sera difficile de s’imposer face au secteur privé, l’ancien maire de Kladno, Dan Jiranek, aujourd’hui président du comité de la Bohême centrale sur l’impact environnemental des activités industrielles, est plus optimiste : « On pourra se le permettre, vu le taux de chômage ici. On pourra dire non à toute entreprise qui ne conviendra pas à notre réglementation en matière d’impact sur l’environnement. On a les moyens de patienter pour avoir des propositions qui correspondent à nos attentes. »Le club de hockey espère un sponsorUn autre dirigeant espère beaucoup d’une reprise de la vie économique à Kladno. C’est le président du fan club de l’équipe de hockey sur glace : Jaroslav Zelenka. Pour tout amateur de ce sport, le nom de Kladno est immanquablement associé à celui de Jaromir Jagr, le plus grand joueur de hockey tchèque, une idole nationale. Du temps de la grandeur de l’usine Poldi, les finances du club, fondé en 1924, étaient assurées et l’équipe caracolait en tête du championnat. Aujourd’hui, Jaromir Jagr est revenu dans sa ville d’origine. À 50 ans, il continue à jouer et porte à bout de bras les « Chevaliers de Kladno » qui ont regagné péniblement l’Extraliga (première division), mais restent sous la menace d’une relégation. Le retour de Jaromir Jagr et son implication ravissent Jaroslav Zelenka mais ne sont pas de nature à le rassurer totalement. « Je suis toujours inquiet concernant les finances. Tout repose sur Jaromir Jagr, sur sa capacité à récupérer assez d’argent pour financer le club. » Président du club de fans depuis vingt ans, Jaroslav Zelenka regrette aujourd’hui qu’« il n’y a plus d’entreprise assez importante pour financer un club de hockey, ou si elles en ont les capacités, il n’y a plus de volonté de jouer le rôle de principal sponsor ».Kladno a aussi son groupe de rock alternatif. Zrni est composé de cinq musiciens. Ils se sont rencontrés alors qu’ils étaient au lycée à Kladno. Jan Fiser, le violoniste, veut croire que la ville de son adolescence a influencé la musique du groupe. La pochette de leur premier album a été prise dans la friche de Poldi, en 2009. « Kladno est une ville laide, mais nous essayons de voir sa beauté cachée. Sur le premier album, Voni, nous avons une chanson dont le refrain dit : "Bonjour, je vais prendre une bière" (rires). Quand on veut voir un peu de poésie dans des endroits laids, il faut parfois prendre une bière ». En février dernier, Zrni a enregistré son dernier album : Siroko Daleko. Et même si, à l’exception du bassiste, ses membres vivent désormais à Prague, l’une des chansons évoque encore Kladno. « Nous avons l'habitude de dire que nous sommes les enfants des fleurs de Kladno, parce que nous étions tous des hippies en ces années-là. Je pense qu’il s'agit surtout d’un certain état d’esprit, la joie d'être entre amis, de faire de la musique, de ne se soucier de rien d’autre. Le temps de notre jeunesse à Kladno. »À Kladno aujourd’hui, la ville veut croire à une seconde jeunesse. La future zone d’activité, qui s’installera sur la friche Poldi, lui rendra peut-être sa grandeur passée.(*) Le projet SPARCS a le soutien financier du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne.« Kladno, une ville tchèque à la reconquête de sa friche industrielle », un Grand reportage réalisé par Pauline Leduc. 
5/31/202319 minutes, 30 seconds
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Courir ou mourir: les courses de lévriers font polémique

En Irlande, les courses de lévriers sont de plus en plus controversées. Plusieurs sponsors se sont retirés et les offices de tourisme n'en font plus la publicité. La polémique date de la sortie d'un documentaire à la télévision irlandaise, il y a quatre ans, où l'on voit des images de chiens tués ou maltraités parce qu’ils ne sont pas assez performants. Les chenils de course et les refuges sont débordés. Face à la voix de plus en plus forte des anti-courses, l'industrie tente de faire perdurer cette tradition vieille d'un siècle.
5/30/202319 minutes, 30 seconds
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Défendre la Finlande, plus qu'une politique, un état d'esprit

Être prêt, toujours, à la guerre… La Finlande, qui vient de rejoindre l’Otan, n’a jamais cessé de se préparer à un éventuel conflit avec la Russie, un voisin avec qui elle partage 1 340 km de frontière terrestre et qu’elle a toujours jugé menaçant et imprévisible. Service militaire obligatoire, abris antiatomiques, stocks de blé, de pétrole, de médicaments… Sa politique dite de « défense totale » implique non seulement les armées, mais les entreprises et la société civile.
5/29/202319 minutes, 30 seconds
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Bien vivre avec le VIH? Oui mais pas pour tout le monde

Depuis 40 ans, l’épidémie VIH fait rage. En France, 200 000 personnes sont contaminées. C’est 38 millions dans le monde, dont 54% sont des femmes. Aujourd’hui, les traitements ont évolué et permettent aux personnes séropositives d’avoir une vie quasi-normale. Mais la stigmatisation et la sérophobie restent élevées, tout comme la prévention progresse mais exclut de nombreux publics comme les femmes, les personnes transgenres, immigrées ou travailleuses du sexe.  «Bien vivre avec le VIH ? Oui mais pas pour tout le monde», un Grand reportage de Justine Rodier. (Rediffusion)
5/26/202319 minutes, 30 seconds
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Redonner un nom aux migrants morts dans le désert de Sonora

Au moins 853 migrants sont morts à la frontière entre les États-Unis et le Mexique en 2022. C’est le double des années précédentes et un bon nombre de ces décès survient dans le désert de Sonora, en Arizona. Empêchés par les politiques migratoires de plus en plus restrictives, les migrants tentent de trouver d’autres voies d’accès plus furtives, mais aussi plus dangereuses pour entrer sur le territoire américain. En proie à un environnement hostile et des températures extrêmes, certains ne terminent pas la route. Le désert se transforme alors en un cimetière qui réduit les corps à l’état de squelettes en quelques jours… À Tucson, un groupe de bénévoles, « los capellanes del desierto » (aumôniers du désert) organisent fréquemment des opérations de recherche pour retrouver les corps des disparus. Avec l’aide des médecins de la morgue, ils s’efforcent de redonner un nom aux migrants morts dans le désert.   « Redonner un nom aux migrants morts dans le désert de Sonora », un Grand reportage de Gwendolina Duval.
5/25/202319 minutes, 30 seconds
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La Finlande, pays le plus boisé d’Europe

Gérées de manière durable, les forêts de la Finlande couvrent les trois quarts de la superficie de ce pays du nord de l’Europe. Cela fait de lui le plus boisé du continent. Les Finlandais investissent plus de 260 millions d'euros par an dans le renouvellement et la croissance des forêts, lesquelles jouent un rôle primordial dans la régulation du climat. La Finlande est aussi un des plus gros producteurs mondiaux de bois scié, de pâte à papier, de carton.  «La Finlande, pays le plus boisé d’Europe», un Grand reportage d'Ariane Gaffuri. Sites :  - Metsä, site de production de bois et bioproduits   - Association des forêts finlandaises  - Ministère de l’Agriculture et des Forêts   - Muoto teste la fabrication d’emballages 3D à base de fibres de bois - Woodio, créateur d’équipements de salles de bain en bois et résine.   En images
5/24/202319 minutes, 30 seconds
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Sécheresse en Andalousie: le potager de l'Europe déshydraté

L’Espagne traverse l’une des pires sécheresses de son histoire récente. Selon l'Observatoire européen de la sécheresse, en avril 2023, près de 80% du territoire espagnol est concerné. En moyenne, ce grand pays agricole accuse un déficit de précipitations de 28%, depuis début octobre 2023. Alors, l'Espagne a beau être équipée d'un grand nombre de bassins de rétention d'eau, l'agriculture est à la peine.  « Sécheresse en Andalousie : le potager de l'Europe déshydraté », un Grand reportage de Pauline Gleize.   En images
5/23/202319 minutes, 30 seconds
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En Ouganda, la vie cachée de la communauté LGBT

Violences, arrestations, thérapies de conversion, rejets des membres de leur famille… En Ouganda, déjà considéré comme l’un des pays les plus répressifs envers la communauté LGBT, le Parlement a validé le 2 mai 2023 une proposition de loi anti-homosexualité, allant jusqu’à la peine de mort dans certains cas. Le texte doit encore être signé par le président Yoweri Museveni avant sa promulgation. Dans la capitale Kampala, face à la menace pour leur sécurité, les membres de la communauté LGBT ont toujours dû dissimuler leur identité et leur orientation sexuelle. Une précaution encore plus nécessaire depuis le début de l’année 2023 et l’augmentation des discours de haine dans le pays.   «En Ouganda, la vie cachée de la communauté LGBT», un Grand reportage de Lucie Mouillaud.
5/22/202319 minutes, 30 seconds
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Ukraine: «dérussifier» pour exister

L’invasion de l’Ukraine lancée par la Russie le 24 février 2022 a accéléré le phénomène de « dérussification ». Le rejet de la langue et de la culture russe, entamé à la suite de l’annexion de la Crimée et la guerre dans le Donbass en 2014, se répand à travers le pays. Après la dé-soviétisation, qui s’est accélérée dans le sillage de la révolution pro-européenne de Maidan, les tentatives d’effacer toutes les références historiques, culturelles, liées au grand voisin et à ses marqueurs idéologiques, se multiplient. Changement des noms de rues, déboulonnage de statues, retrait de la littérature russe des rayonnages des bibliothèques… même dans les régions de l’Est et du Sud, où la langue russe est prédominante, la guerre fait peu à peu tomber les résistances. « Ukraine : « dérussifier » pour exister », c'est un grand reportage d’Anastasia Becchio et Boris Vichith.
5/19/202319 minutes, 30 seconds
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La simulation en santé, un centre précurseur à Amiens

« Jamais la première fois sur un patient ». La simulation en santé est aujourd’hui une méthode pédagogique incontournable pour les étudiants et professionnels de santé. Cela consiste à reproduire des situations de soins pour s’entraîner à des gestes techniques, apprendre à gérer les risques, poser des diagnostics, etc. Sur des mannequins, en réalité virtuelle, ou avec des faux patients qui simulent. À Amiens, dans le nord de la France, le centre Simusanté existe depuis 10 ans. Il a été pionnier en Europe dans le domaine de la simulation médicale et il est l’un des plus grands du genre. « La simulation en santé, un centre précurseur à Amiens », un Grand reportage de Lise Verbeke. 
5/18/202319 minutes, 30 seconds
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Élections en Grèce: continuer à réparer après la crise

En Grèce, les élections législatives se tiennent le 21 mai 2023. Un scrutin symbolisé par la lutte des deux principaux chefs de partis – Kyriakos Mitsotakis d’un côté, Alexis Tsipras de l’autre – qui sont également les deux derniers Premiers ministres grecs. Dans un pays encore très marqué par les conséquences, à partir de 2008, d’une crise de la dette publique, suivie par l’imposition de politiques d’austérité, les questions économiques sont au cœur de la campagne électorale. Une campagne également contaminée par un scandale d’écoutes dit le « Watergate grec » et un accident de trains meurtriers, début mars 2023, qui a bouleversé le pays.   « Élections en Grèce : continuer à réparer après la crise », un Grand Reportage de Joël Bronner.  
5/17/202319 minutes, 30 seconds
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Neuf tirailleurs de retour au Sénégal

85, 88 ou 95 ans… Ces anciens combattants sont âgés. Ils sont neuf, tous résident à Bondy, en banlieue nord de Paris. Tous sont originaires du Sénégal. Ce sont les survivants de la 3ème et la dernière génération de tirailleurs qui ont combattu pour la France dans les guerres de décolonisation : l’Indochine et l’Algérie notamment. Le gouvernement français a pris une mesure qui leur permet de percevoir leur minimum vieillesse sans obligation de séjourner la moitié de l’année en France. Ils vont enfin pouvoir retourner dans leur pays d’origine. Sylvie Koffi a fait le voyage avec les neuf premiers à partir.  «9 tirailleurs de retour au Sénégal», un Grand reportage de Sylvie Koffi.   En images
5/16/202319 minutes, 30 seconds
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Réserves naturelles contre éoliennes

L'Afrique du Sud, ses paysages de brousse, ses animaux sauvages et ses éoliennes... En pleine crise énergétique, le pays se cherche de nouvelles sources d'électricité et mise – par endroits – sur les éoliennes. Le développement de plusieurs fermes près du parc national des éléphants d'Addo, dans la province du Cap Oriental, suscite la colère d'un groupe de réserves privées. Elles mettent en garde contre l'impact négatif des éoliennes sur le paysage et donc sur le tourisme. À terme, c'est tout un modèle de conservation qui serait menacé. « Réserves naturelles contre éoliennes », un Grand reportage de Romain Chanson.
5/15/202319 minutes, 30 seconds
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Les derniers tigres de Malaisie

En Malaisie, on trouve des tigres un peu partout : sur les drapeaux de la capitale, Kuala Lumpur, sur le logo de la voiture nationale, sur celui de la première banque du pays, et dans tous les discours des hommes politiques qui raffolent de la métaphore du tigre pour évoquer l’économie du pays. Le tigre est donc partout sauf où il doit être, dans la nature. On en comptait 3 000 dans les années 50, moins de 150 aujourd’hui. Une disparition annoncée ? Peut-être pas… (Rediffusion) «Les derniers tigres de Malaisie», un Grand reportage de Gabrielle Maréchaux.
5/12/202319 minutes, 30 seconds
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Hyper-inflation en Turquie: la faille d’Erdogan

L'inflation est une amie ou plutôt une ennemie de longue date pour les Turcs. Après un pic à plus de 85 % en octobre 2022, elle semble avoir ralenti en début d’année, mais s’établissait toujours à 44 % au mois d’avril 2023, selon des chiffres officiels contestés par certains économistes. Alors que la Turquie se prépare à des élections présidentielle et législatives cruciales dimanche 14 mai 2023, la crise économique pourrait jouer un rôle déterminant dans le scrutin. C’est la politique économique du président sortant Recep Tayyip Erdogan qui est largement critiquée, même dans ses fiefs électoraux.  « Hyper-inflation en Turquie : la faille d’Erdogan », un Grand reportage d’Alexis Bédu. 
5/11/202319 minutes, 30 seconds
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Jeunesse kurde de Turquie: les espoirs face à l'AKP au pouvoir

En Turquie, quatre jours avant l’élection présidentielle de ce dimanche (14 mai 2023), le président Recep Tayyip Erdogan est sur la sellette. Dans les sondages, il est au coude à coude avec Kemal Kiliçdaroglu, membre du parti kémaliste CHP, et soutenu par une coalition inédite de six partis. Dans cette course, une partie de l’électorat pourrait faire pencher le scrutin. Les Kurdes, environ 10% des votes, et parmi eux, une majorité de jeunes de moins de 30 ans. À Diyarbakir, capitale historique du sud-est kurde, ils sont près d’un quart des votants à se rendre aux urnes pour la première fois. Moins conservateurs, moins radicaux et parfois plus laïques que leurs aînés, ils ont grandi dans la guerre des années 2015-2016 entre l’État turc et le mouvement terroriste du PKK, et n’ont connu que le président Recep Tayyip Erdogan au pouvoir. Aujourd’hui, ils veulent croire qu’une solution politique à la question kurde est possible… sans être tout à fait convaincus par les candidats. « Jeunesse kurde de Turquie : les espoirs face à l’AKP », un Grand reportage de Manon Chapelain.  
5/10/202319 minutes, 30 seconds
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En Louisiane, chez les irréductibles défenseurs de la francophonie

Dans le sud de la Louisiane, dans le sud du sud des États-Unis, on parle français depuis plus de 300 ans. Depuis la fondation de la Nouvelle-Orléans. Mais au XXème siècle, parler français était mal vu par les autorités américaines, et même rigoureusement interdit à l’école. La francophonie a donc reculé, jusqu’à il y a quelques années, quand certains, ceux qui parlaient le français louisianais, quasiment en cachette, ont voulu sauver leur langue, leur héritage et leur culture. La loi a changé, les mentalités aussi, et aujourd’hui, la langue française recommence à être parlée par les jeunes générations. « En Louisiane, chez les irréductibles défenseurs de la francophonie », un Grand reportage de Guillaume Naudin. Réalisation : Pauline Leduc.
5/9/202319 minutes, 30 seconds
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Et si l’élevage pouvait sauver des espèces menacées?

Et si l’élevage pouvait sauver des espèces menacées et en luttant contre le commerce illégal d’animaux ? En Colombie, deuxième pays avec la plus grande biodiversité au monde, chaque année, des milliers d’animaux sauvages sont capturés, pour être revendus illégalement. Parmi les animaux très prisés des collectionneurs, des grenouilles vénéneuses, la grenouille Lehmann. Alors un éleveur tente de freiner le trafic en reproduisant ces espèces menacées. « Et si l’élevage pouvait sauver des espèces menacées ? », un Grand reportage de Najet Benrabaa et Charlotte de Beauvoir.
5/8/202319 minutes, 30 seconds
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À Rhodes, le tourisme-roi face aux défis du développement durable

Depuis les années 1960, le soleil et la plage, associés à un riche patrimoine historique – à commencer par une vaste ville médiévale classée au patrimoine de l’Unesco – contribuent ici au succès touristique. L’an dernier (2022), l’île grecque de Rhodes et ses quelque 130.000 résidents, ont accueilli environ deux millions et demi de touristes. Soit près de vingt vacanciers pour un habitant. En été, la question du surtourisme se pose et, à l’heure de la nouvelle saison touristique, beaucoup sur l’île commencent à s’interroger : comment encadrer l’expansion d’un secteur rémunérateur pour mieux le faire durer dans le temps ?  « À Rhodes, le tourisme-roi face aux défis du développement durable », un Grand reportage, en Grèce, de Joël Bronner. 
5/5/202319 minutes, 30 seconds
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Élevages laitiers: le défi de l’empreinte carbone

L'agriculture représente 1/5è des émissions de gaz à effet de serre de la France. Parmi les principaux responsables : les rots des ruminants. Le méthane entérique représente, en effet, la moitié de l'empreinte carbone d'une exploitation laitière. Face au réchauffement climatique, la Stratégie nationale bas-carbone de la France encourage une baisse de la consommation de la plupart des viandes. Les élevages sont en parallèle invités à réduire leurs émissions.   « Élevages laitiers : le défi de l’empreinte carbone », un Grand reportage de Pauline Gleize.  
5/4/202319 minutes, 30 seconds
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Nigeria: à Kano, la justice islamique fait la loi

Dans le nord du Nigeria à majorité musulmane, douze États fédérés appliquent la Charia, qu'il s'agisse de droit civil ou de droit pénal. La justice islamique est parfois émancipatrice, puisqu'elle permet de régler plus rapidement les conflits domestiques et matrimoniaux. Mais lorsqu'il s'agit d'affaires criminelles, l'application de la Charia est beaucoup plus controversée. Le droit pénal islamique qui a été réintroduit en 1999, dans le nord du Nigeria, considère par exemple que le blasphème est un crime passible de la peine de mort.   « À Kano, la justice islamique fait la loi », un Grand reportage de Liza Fabbian. 
5/3/202319 minutes, 30 seconds
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Corée du Sud: les chiens, meilleurs amis de l’homme ou meilleurs en soupe ?

Chaque année en Corée du Sud, la consommation de viande de chien diminue et la pratique pourrait même être interdite. Le couple présidentiel s’affirme comme ami des bêtes et défenseur de la cause animale, tandis que la Première dame a pris position en faveur d’une abolition. Du côté de l’opposition, on propose de mettre fin à une tradition jugée obsolète. Une position que semble partager une majorité de Coréens. D’autant que dans les grandes villes, les chiens prennent une place prépondérante et dépassent parfois le rôle de simple animal de compagnie. Pourtant, chaque année, environ un million de chiens sont consommés dans des restaurants. La relation qu’entretiennent les coréens avec les chiens semble varier selon le genre, la classe sociale, les lieux de vie ou les générations. « Corée du Sud, les chiens, meilleurs amis de l’homme ou meilleurs en soupe ? », un Grand reportage de Nicolas Rocca.
5/2/202319 minutes, 30 seconds
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L’agriculture urbaine et familiale: un pilier dans la lutte contre l’insécurité alimentaire à Cuba?

Cuba, la pire crise économique depuis la chute de l’Union soviétique. À Cuba, le renforcement de l’embargo américain sous la présidence Trump, la réduction des livraisons de pétrole par le Venezuela et enfin la pandémie de Covid-19 ont eu de lourdes conséquences : les Cubains sont aujourd’hui confrontés à une inflation galopante et à des pénuries alimentaires. Pour nourrir la population, le gouvernement castriste porte une attention particulière aux micro-fermes. Installées dans les villes comme en zone rurale, leurs exploitants se heurtent pourtant à de nombreux obstacles. « L’agriculture urbaine et familiale : un pilier dans la lutte contre l’insécurité alimentaire à Cuba ? », un Grand reportage de Stefanie Schüler.
5/1/202319 minutes, 30 seconds
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À Vratsa, en Bulgarie, les fonds européens transforment la ville

Les fonds de la politique de cohésion de l’Union européenne ont changé le visage de certaines villes en Bulgarie qui ont largement souffert de la désindustrialisation post-communiste. C’est le cas de Vratsa. Située au nord-ouest du pays, dans une des régions les plus pauvres du pays, elle vit une véritable renaissance économique grâce aux centaines de millions d’euros de financements européens. (Rediffusion) « À Vratsa, en Bulgarie, les fonds européens transforment la ville », un Grand reportage signé Altin Lazaj.     En images
4/28/202319 minutes, 30 seconds
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L’extrême-droite israélienne, de la marge au gouvernement

Israël célèbre, cette semaine, les 75 ans de sa création sur fond de crise politique sans précédent. Le pays est dirigé par le gouvernement le plus à droite de son histoire, avec des ministres qualifiés de « racistes », « fascistes » ou « suprémacistes » par une partie de la population israélienne qui, depuis des semaines, manifeste son opposition, rejetant en particulier un projet de réforme judicaire considéré comme anti-démocratique. Itamar Ben Gvir, Betsalel Smotrich… comment ces personnalités radicales sont-elles arrivées sur le devant de la scène politique en Israël ? Sur quelle idéologie reposent leurs déclarations fracassantes et leur programme ? 
4/27/202319 minutes, 30 seconds
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Les Tapisseries de Keiskamma ou la politique au bout du fil

Raconter l'histoire de l'Afrique du Sud à travers de grandes tapisseries ? C'est ce que font les artistes du projet Keiskamma. Une organisation crée en 2000 dans le village isolé et pauvre d'Hamburg dans la province du Cap Oriental. À travers cet art décoratif, la communauté de Keiskamma raconte ses drames, ses combats et sa colère. « Les Tapisseries de Keiskamma ou la politique au bout du fil », c'est un Grand reportage de Romain Chanson en Afrique du Sud. 
4/26/202319 minutes, 30 seconds
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Depuis Kourou, l’Europe s’envole vers Jupiter

Vous l'avez vécu sur RFI, le 14 avril 2023, une fusée Ariane 5 décollait depuis le centre spatial guyanais, à Kourou. À son sommet, une des missions les plus ambitieuses menée par l'Agence spatiale européenne. Une mission vers Jupiter, la plus grosse planète du système solaire. Jupiter et ses lunes : certaines d'entre elles sont des mondes glacés : une banquise sous laquelle on trouve des océans d'eau liquide. Cet environnement est-il propice à l'émergence de la vie ? C'est la question vertigineuse à laquelle doit répondre la mission. « Depuis Kourou, l’Europe s’envole vers Jupiter », un Grand reportage de Simon Rozé. En images
4/25/202319 minutes, 30 seconds
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Soudan du Sud: les femmes du grand Pibor prises au piège des conflits

C’est une des régions les plus démunies et isolées du Soudan du Sud. Dans le Grand Pibor, à l’est du pays, des cycles de conflit incessants opposent la communauté Murle à ses voisins de l’État du Jonglei, les Dinka et les Nuer. Les razzias pour le bétail sont accompagnées d’enlèvements massifs de femmes et d’enfants. Devenu indépendant en 2011, le Soudan du Sud avait sombré dans une guerre civile en 2013, et la signature d’un accord de paix en 2018 n’a pas réussi à endiguer les violences intercommunautaires, dont les femmes paient le prix fort. « Soudan du Sud : les femmes du Grand Pibor prises au piège des conflits », un Grand reportage de Florence Miettaux.
4/24/202319 minutes, 30 seconds
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Quelle stratégie africaine pour le groupe Wagner?

Fondé en 2014 par Evgueni Prigojine, le groupe Wagner commence son aventure africaine en décembre 2017 lorsque ses premiers hommes atterrissent à Bangui, en Centrafrique. En l’espace de quelques années seulement, le groupe russe s’est aussi implanté en Libye, au Soudan, à Madagascar et au Mali… Une expansion accompagnée d’accusations de violations des droits humains, de prédation économique et d’une redoutable offensive informationnelle au service de son narratif et de ses ambitions… « Quelle stratégie africaine pour le groupe Wagner ? », un Grand reportage de Franck Alexandre et François Mazet.
4/21/202319 minutes, 30 seconds
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Colombie: les voisins maudits de la mine

RFI s’associe au consortium international d’enquête « Forbidden Stories » pour reprendre le travail de Rafael Moreno, journaliste colombien, tué le 16 octobre 2022, dans des circonstances encore non élucidées. L’un des sujets sur lesquels il enquêtait : l’impact de la grande industrie minière sur l’environnement et la santé des populations dans sa région d’origine, le département de Cordoba. En 2017, la justice colombienne a obligé l’opérateur de la mine de nickel Cerro Matoso S.A à agir pour limiter ces effets nocifs. Six ans après, les dégâts sont toujours là parmi les communautés voisines de la plus grande mine à ciel ouvert de nickel du continent. « Colombie: les voisins maudits de la mine », un Grand reportage d'Aabla Jounaïdi et Angélica Perez. 
4/20/202319 minutes, 30 seconds
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L'Espagne achève sa décarbonisation

En Espagne, une seule mine de charbon est encore en activité, la San Nicolas, vestige d’un passé glorieux niché dans les vallées verdoyantes des Asturies. Depuis 20 ans, le pays se décarbone sans bruit, ni grandes grèves, notamment grâce à de généreuses subventions de l’État espagnol. L’heure est à la reconversion de ces bassins miniers. Or, cette transformation n’est pas évidente pour ces régions dont l’exploitation du charbon a été une monoculture depuis le XIXème siècle. Reportage à Mieres dans les Asturies, au nord-ouest de l’Espagne.   « L'Espagne achève sa décarbonisation », un Grand reportage de Diane Cambon. 
4/19/202319 minutes, 30 seconds
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Les routes avec du plastique en Inde, une alternative pour réduire la pollution?

L’Inde est l’un des plus importants producteurs de déchets plastiques au monde: plus de 2 millions de tonnes de plastique sont jetés chaque année, sans jamais être recyclés. Ces sachets ou emballages sont généralement envoyés dans des décharges ou brûlés, ce qui contribue à la pollution et au réchauffement climatique. Mais une alternative existe: depuis plusieurs années, grâce à une technique inventée en Inde, les déchets plastiques sont mélangés au bitume pour construire des routes.   Non seulement cela réduit la pollution, mais cela rend aussi ces routes plus solides et durables. Au Kérala, dans le sud du pays, le gouvernement régional a déployé toute une chaîne logistique, depuis la collecte jusqu’à l’ingénierie, et a déjà construit plus de 5 000 km de routes à base de plastique.  «Les routes avec du plastique en Inde, une alternative pour réduire la pollution ?», un Grand reportage de notre correspondant Sébastien Farcis.  
4/18/202319 minutes, 30 seconds
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La traque des œuvres spoliées aux juifs par les nazis

En France, pendant la Seconde Guerre mondiale, environ 100 000 œuvres d’art ont été spoliées aux juifs par les nazis. Des tableaux, des sculptures, des objets d’art, parfois des instruments de musique… volés, pillés, et qu’il a fallu retrouver et rendre après la guerre. Près de 80 ans après la Libération, certaines œuvres n’ont toujours pas retrouvé leur propriétaire, ou plutôt les descendants de leur propriétaire. Des historiens consacrent leur carrière à la traque de ces œuvres qui, souvent, sont exposées, aux yeux de tous, dans les musées. Les identifier, prouver leur spoliation, puis les rendre, est un travail minutieux qui peut durer des années. Une odeur de tabac flotte dans le salon de May Monteux. La pièce n’est pas si petite, mais elle apparaît étriquée : elle est encombrée de meubles, les étagères débordent de livres, de sculptures, de bibelots. Chaque centimètre carré de mur est couvert de tableaux qui ont, pour certains, une histoire particulière : ils ont été volés par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale. Leur propriétaire était Marcel Monteux, le grand-père de May. Ce collectionneur d’art a été spolié, parce qu’il était juif. « Il a été arrêté, interné au camp de Drancy le 31 juillet 1944 et déporté vers Auschwitz, par le convoi n°77, raconte sa petite-fille, assise devant une tasse de café et de vieilles photographies. Il n’a pas eu de chance, car le lendemain, il y avait la grève des cheminots et les trains ne sont plus partis. Il est mort à peine arrivé, il a attrapé le typhus et n’a pas survécu. » Aujourd’hui, May, 90 ans, poursuit le combat de sa grand-mère, son « idole » qui, à la Libération, a réussi à se faire restituer de nombreuses œuvres d’art qui appartenaient à Marcel Monteux. Le collectionneur est d’ailleurs lui-même immortalisé sur une toile : un jeune homme élégant, en costume et nœud papillon, pose avec un cigare et un journal. Le tableau trône dans le salon de May, en face du canapé. Pour retrouver les œuvres spoliées qui ne sont pas revenues à sa famille, la retraitée est aidée par l’historienne Emmanuelle Polack, spécialiste du marché de l’art sous l’Occupation. Elles ont, pour cela, épluché les archives familiales, aidées notamment des notes : « Elle avait une liste assez vague, car mon grand-père, son mari, était très joueur, très flambeur, sourit malicieusement May. Par exemple, quand il empruntait de l’argent, il donnait en gage un tableau. Alors dans le doute, elle avait fait une liste. » Une sorte d’inventaire, donc, de la collection de Marcel Monteux. Grâce à ces notes griffonnées sur du papier jauni, May et Emmanuelle Polack ont pu trouver une preuve supplémentaire pour se faire restituer un tableau : Bord de rivière reflété dans l’eau de Camille Bombois. Ce tableau est accroché dans un musée de Passau, en Allemagne. L’historienne avait repéré, lors de ses travaux, cette toile dont la provenance était suspecte. Elle s’est alors rapprochée de la descendante du collectionneur. Un deuxième tableau, exposé dans le même musée allemand, a aussi été identifié comme appartenant à la famille Monteux, il représente d’ailleurs Jean-Paul Monteux, le père de May, peint par Maurice Denis. Ce sont donc deux œuvres qui ont été retrouvées et devraient être restituées dans les semaines à venir. « Une grande razzia » À son arrivée au pouvoir en 1933, Hitler ne tarde pas à mettre en place des spoliations d'œuvres d’art ou d’autres biens, visant particulièrement les juifs. En France, dès l’été 1940, « il y a une grande razzia, explique Emmanuelle Polack, experte du sujet. Environ 450 caisses [remplies d'œuvres d’art, NDLR] vont aller au sein de l’ambassade d’Allemagne. Très vite, il n’y aura pas assez de place, le Louvre proposera trois salles, puis c’est finalement le musée du Jeu de paume qui deviendra le lieu de stockage des œuvres spoliées ». À la Libération, 60 000 objets culturels spoliés sont retournés en France, grâce au travail de la résistante Rose Valland. Une grande partie a pu être restituée, mais environ 2 000 tableaux, sculptures, objets d’art dont le propriétaire n’a pu être identifié ou retrouvé, ont été confiés à des musées français. « Ces œuvres n’appartiennent pas aux musées nationaux, précise Emmanuelle Polack. Ils n’en sont que les seuls protecteurs. À charge pour eux de poursuivre les recherches de provenance. » « Travail de mémoire » Depuis quelques années, l’historienne aide ainsi le musée du Louvre à restituer, dans ses collections, des œuvres identifiées comme spoliées, ou dont la provenance est suspecte. Elle accompagne les conservateurs des départements dans leurs recherches, les aiguille notamment vers des fonds d’archives qui pourraient fournir des preuves, par exemple un catalogue de vente aux enchères sous l’Occupation qui attesterait d’une vente forcée. Mais la recherche de provenance se complique d’année en année : les propriétaires des œuvres, ou leurs descendants, disparaissent, ou ignorent que leur famille a été victime de spoliation. Emmanuelle Polack en est consciente : « On ne pourra jamais restituer toutes les œuvres, mais ce qui est très important, c’est de faire ce travail de mémoire. Il me semble que nous le devons à la mémoire des victimes des exactions de la Seconde Guerre mondiale. » Aujourd’hui, en France, même quand une œuvre est identifiée comme spoliée dans un musée français, il est nécessaire de passer devant la justice pour la restituer, car les collections nationales sont inaliénables. Il faut donc créer une dérogation à la loi pour chaque œuvre. Mais cette situation pourrait bientôt changer : cette année, le Parlement pourrait adopter une loi-cadre facilitant les restitutions.
4/17/202319 minutes, 30 seconds
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Trois ans de fermeture, comment s’informer sur la Corée du Nord?

Depuis le 23 janvier 2020, la Corée du Nord est plus coupée du monde que jamais. Les autorités ont annoncé la fin du tourisme dans un pays déjà très isolé. Petit à petit, les humanitaires et diplomates ont quitté la capitale, les contrôles à la frontière chinoise, principal point d’accès, se sont renforcés. Covid, mauvaises récoltes, sanctions internationales, l’économie royaume est en mauvaise santé. Mais que sait-on réellement du quotidien des 25 millions de Nord-Coréens après ces trois années d’isolement ?  Rediffusion du 25 janvier 2023 «Trois ans de fermeture, comment s’informer sur la Corée du Nord ? »,  un Grand reportage de Nicolas Rocca.  
4/14/202319 minutes, 30 seconds
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Golfe de Guinée, 10 ans de coopération internationale contre la piraterie

Le 25 mars dernier un pétrolier danois sous pavillon libérien a été pris d'assaut par un groupe de 5 hommes armés au large des côtes du Congo-Brazzaville. Les communications avec le navire ont été interrompues et les 16 membres d’équipage portés disparus. 6 jours plus tard, le 31 mars, le Patrouilleur de Haute-Mer (PHM) - Premier-Maître l’Her de la marine française localise et porte assistance au navire. Avant l’arrivée du navire militaire, les pirates ont le temps de s’échapper en kidnappant 6 marins, toujours introuvables à ce jour. Une semaine avant cette attaque, notre reporter était à bord du bâtiment militaire français au large du Bénin afin de comprendre comment s’organise la lutte contre la criminalité maritime : acte de pirateries, mais aussi pêche illicite, traite d’êtres humains ou trafic de drogue. « Golfe de Guinée, 10 ans de coopération internationale contre la piraterie », c’est un Grand reportage de François Hume-Ferkatadji.
4/13/202319 minutes, 30 seconds
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Le sanctuaire de Samana, entre protection des baleines et tourisme de masse

C’est un spectacle époustouflant, celui des baleines qui chaque année viennent se reproduire, et mettre bas, dans les eaux chaudes de la baie de Samana, au nord de la République dominicaine. Un sanctuaire de cétacés qui attire de plus en plus de visiteurs étrangers. Face aux flots touristiques, les associations écologiques se battent pour préserver l’extraordinaire biodiversité de la baie. « Le sanctuaire de Samana, entre protection des baleines et tourisme de masse », un Grand reportage de Raphaël Moran.
4/12/202319 minutes, 30 seconds
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Kounsitel en Guinée, l’avenir plombé d’une cité d’or

Kounsitel. Vous connaissez peut-être le nom de ce village ou plutôt de cette petite ville du nord de la Guinée. Il y a deux ans, Kounsitel comptait quelques milliers d’habitants seulement, et puis, il y eut cette rumeur qui se répandit sur Internet et à travers toute l’Afrique de l’Ouest : la terre rouge qui entoure Kounsitel contiendrait d’importantes quantités d’or ! Du jour au lendemain, des aventuriers de tous horizons débarquèrent avec l’espoir de faire fortune. Aujourd’hui le calme revient, un peu. « Kounsitel en Guinée, l’avenir plombé d’une cité d’or » un Grand Reportage de Matthias Raynal.
4/11/202319 minutes, 30 seconds
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Terres rares en Laponie, les Samis face aux mines

À l'heure de la transition énergétique, les terres rares sont le nouvel eldorado minier. Il faut dire que ces composants sont indispensables à la fabrication de batteries électriques et d'éoliennes, notamment. Alors, depuis que le géant minier suédois a annoncé (en janvier avoir découvert le plus grand gisement de terres rares à Kiruna, près du cercle arctique), l'Union Européenne nourrit l'espoir de s'émanciper (un peu) de la Chine, dont elle dépend totalement. Aubaine ou malédiction... Sur place, la question divise et inquiète particulièrement les Samis, le peuple autochtone du Grand Nord, dont l'activité ancestrale - l'élevage de rennes - est directement menacée. « Terres rares en Laponie, les Samis face aux mines », un Grand Reportage de Carlotta Morteo.
4/10/202319 minutes, 30 seconds
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La forêt place forte de la résistance birmane

En Birmanie, cela fait maintenant deux ans que l’armée a pris le pouvoir par coup d’état, stoppant net la marche du pays vers un système démocratique. Deux ans que l’ancienne cheffe du gouvernement Aung San Suu Kyi est emprisonnée et tenue au secret, à 77 ans, elle écopé de 33 ans de prison pour corruption lors d’un procès à huis clos. Pourtant dans le pays, la résistance armée à la junte s’organise, surtout dans les zones frontières, avec l’Inde et avec la Thaïlande.  Des groupes de plus en plus nombreux et mieux financés ont vu le jour. En face, l’armée birmane réplique avec des frappes aériennes meurtrières. Le bilan officiel de près de 3000 morts est largement sous-évalué selon les organisations de société civile. Mais ces guérillas rurales se déroulent bien loin de l’œil des médias… Les bombardements terrorisent les populations qui tentent de trouver refuge dans les forêts et toute la vie désormais se réorganise dans la jungle. Alors que les soldats de la junte cherchent désormais une voie de légitimation de leur pouvoir et annoncent pour bientôt de nouvelles élections, les armées ethniques, alliées aux groupes de jeunes combattants des grandes villes, promettent d’intensifier les combats, pour faire tomber les militaires… « La forêt place forte de la résistance Birmane », un Grand reportage de Carol Isoux.
4/7/202319 minutes, 30 seconds
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Dans le sud du Pérou, la région du lac Titicaca en lutte

Depuis la destitution du président Pedro Castillo, début décembre 2022, le Pérou connaît des vagues de protestations anti-gouvernement... Les manifestants refusent la légitimé de la présidente Dina Boluarte. La crise politique a réveillé des problèmes de fond dans la société péruvienne : inégalités, pauvreté, absence de l’État, racisme… dans le sud du pays, dans la région de Puno, près du lac Titicaca, les paysans se mobilisent depuis 4 mois et ne comptent pas s’arrêter là… « Dans le sud du Pérou, la région du lac Titicaca en lutte », un Grand reportage de Juliette Chaignon. 
4/6/202319 minutes, 30 seconds
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Chine: la bombe à retardement des retraites

En Chine aussi, la question des retraites fait débat. Face au vieillissement de la population, les autorités ont tenté plusieurs fois de reculer l’âge de départ, suscitant une véritable bronca sur les réseaux sociaux, dans un pays où de nombreux retraités issus des zones rurales touchent une pension encore dérisoire.  « Chine, la bombe à retardement des retraites », un Grand reportage de Stéphane Lagarde et Louise May.    
4/5/202319 minutes, 30 seconds
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Iran, génération courage

En Iran, plus de six mois après la mort de Mahsa Amini, pour un voile mal mis, les manifestations dans la rue se sont calmées. Il faut dire que la répression a été forte. Pour autant, la détermination d’un certain nombre de jeunes reste intacte. Et la colère contre le régime s’exprime, sur des questions qui vont bien au-delà du voile.   « Iran, génération courage », un Grand reportage de Murielle Paradon. 
4/4/202319 minutes, 30 seconds
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Mères porteuses en Colombie, un marché à réguler

Quand faire un enfant pour un autre devient un marché. En Colombie, c’est même un marché très développé, on appelle ça « alquiler de vientre », la location de ventre. La gestation pour autrui a donc un prix, entre 3 700 et 5 600 euros. Au point que l’an dernier (2022), la Cour constitutionnelle a demandé au Congrès de réglementer cette pratique. Les projets de loi commencent à être présentés, avec un premier débat au Congrès demain (4 avril 2023).  « Mères porteuses en Colombie, un marché à réguler », un Grand reportage de Najet Benrabaa.  
4/3/202319 minutes, 30 seconds
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Suisse: la mort tranquille

Le débat sur la fin de vie suscite beaucoup de commentaires, de passions et de crispations parfois dans la société. Cet automne, le cas Jean-Luc Godard a relancé la question de la légalisation de l’aide au suicide en France. Comme c’est le cas, en Suisse, depuis des dizaines d’années. Là-bas, la pratique fait consensus. Mais, ça ne veut pas dire qu’elle ne fait plus débat. (Rediffusion) « Suisse : la mort tranquille », un Grand reportage de Jérémie Lanche. 
3/31/202319 minutes, 30 seconds
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La Réunion, nouvelle terre d'exil des migrants sri-lankais

Plus de 4 000 km séparent le Sri Lanka de l’île de La Réunion. Pourtant, depuis 2018, un axe migratoire s’est ouvert entre les deux territoires. Les ressortissants sri-lankais, arrivent par bateaux de pêche après un périple de plus d’un mois pour traverser l’océan Indien. Persécution ethnique, répression politique, crise économique sont les motifs avancés de cet exil. De fait, le Sri Lanka traverse la pire crise politique et sociale depuis son indépendance en 1948. Depuis 2018, environ 500 personnes sont arrivées ainsi sur l’île dont 2 bateaux avec 87 personnes à bord depuis le seul mois de janvier. Des femmes, des enfants et des hommes dont plus de la moitié ont été reconduits à la frontière. Les autres se lancent dans le difficile parcours de la demande d’asile sur un territoire français qui tente de s’adapter.   « La Réunion, nouvelle terre d'exil des migrants sri-lankais », un Grand reportage de Lola Fourmy.
3/30/202319 minutes, 30 seconds
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Les bombes chimiques de Saddam, une plaie encore ouverte pour les Kurdes d’Irak

C’est un massacre à l’arme chimique dont les traces perdurent aujourd’hui… Il y a 35 ans, Saddam Hussein lançait une opération de répression au Kurdistan irakien, un massacre d’ampleur à l’arme chimique. Le chef d’État irakien voulait punir les Kurdes pour leurs révoltes nationalistes et les accusait de complicité avec l’ennemi iranien. Bilan de ces attaques : 180 000 morts et 9 villages sur 10 entièrement rasés. « Les bombes chimiques de Saddam, une plaie encore ouverte pour les Kurdes d’Irak », un Grand reportage de Théo Renaudon.
3/29/202319 minutes, 30 seconds
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Au Niger: l’avenir incertain de l’uranium

Depuis l’invasion de l’Ukraine et les sanctions internationales contre la Russie, l’Europe très dépendante des hydrocarbures russes connaît une grave crise énergétique. Depuis lors, le nucléaire revient au-devant de la scène. Cette situation est perçue comme une aubaine par le Niger, 5è producteur d’uranium au monde. Cette ressource y est exploitée depuis près de 60 ans par le groupe français Orano, anciennement appelé Areva. Les mines de ses filiales locales, la Cominak et la Somaïr, se trouvent à Arlit, dans la région d’Agadez, dans le nord du pays. Malgré ces ressources, le Niger reste un des pays les plus pauvres au monde.   « Au Niger : l’avenir incertain de l’uranium », un Grand reportage de Gaëlle Laleix.
3/28/202319 minutes, 30 seconds
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Centrafrique: 10 ans après, les leçons d’une crise

Centrafrique 2013 : 10 ans après, les leçons d’une crise. Le 24 mars 2013, une coalition de rebelles, la Seleka, entre dans Bangui, la capitale centrafricaine. Le renversement du président François Bozizé vient conclure plusieurs années de conflits avec les groupes armés du nord et de l’est du pays, mais il marque aussi le début d’une nouvelle phase d’instabilité et de plusieurs années de violences généralisées. Après une décennie, qu’ont retenu les acteurs de l’époque de ces évènements ? De leurs origines et de leur déroulement ? La page est-elle tournée ? « Centrafrique: 10 ans après, les leçons d’une crise », un Grand reportage de François Mazet.
3/27/202319 minutes, 30 seconds
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Le calvaire des femmes palestiniennes dans les prisons israéliennes

Au cours des 74 dernières années, Israël a arrêté plus de 10 000 femmes palestiniennes, les soumettant à des traitements cruels et brutaux… Elles sont anciennes détenues ou membres d’association de défense des droits des prisonniers. Elles dénoncent les conditions de détention, les agressions, le harcèlement, les attouchements, le retrait du voile, mais aussi la torture, les raids ou la négligence médicale. Car au-delà de l’enfermement, la peine est aussi politique et religieuse.  « Le calvaire des femmes palestiniennes dans les prisons israéliennes », un Grand reportage d’Alice Froussard.
3/24/202319 minutes, 30 seconds
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Côte d'Ivoire: les femmes, grandes oubliées du système carcéral

En 2019, le taux de surpopulation carcérale atteignait 266% en Côte d'Ivoire. Le pays comptait plus de 18 500 prisonniers pour une capacité de moins de 7 000 places, dans les 34 lieux de détention répartis sur le territoire. Et depuis, la situation n’a qu’empiré. Le ministre de la Justice ivoirien Sansan Kambilé recensait 26 000 détenus en décembre 2022. Leurs conditions de vie sont dégradées : locaux vétustes, accès aux soins insuffisants, malnutrition même puisque les rations sont insuffisantes… Dans cette population, les femmes détenues sont ultra-minoritaires, voire marginales.   Une position qui les rend souvent invisibles aux yeux de l'opinion publique et des responsables politiques. Seule une poignée d’ONG tentent de les faire sortir de l’oubli et d’obtenir pour elles des conditions de détention dignes. «Côte d'Ivoire : les femmes, grandes oubliées du système carcéral», un Grand reportage de Marine Jeannin. 
3/23/202319 minutes, 30 seconds
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Hong Kong: être femme derrière les barreaux

Hong Kong détient l’étonnant record (mondial) de la plus haute proportion de femmes dans ses prisons : 19.7% de la population carcérale est féminine. La principale raison de cette statistique étonnante est la longueur des peines qui sont attribuées aux détenues, et en particulier aux mules, qui ont apporté de la drogue à Hong Kong et qui se retrouvent coupées de leurs familles à des milliers de kilomètres de chez elles. Mais depuis les événements de 2019, ce sont aussi des jeunes étudiantes qui se retrouvent enfermées pour plusieurs années à Hong Kong.  «Hong Kong, être femme derrière les barreaux», un Grand reportage de Florence de Changy. 
3/22/202319 minutes, 30 seconds
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Le Centre Pénitentiaire de Rennes: le corps des femmes en prison

La France héberge la plus grande prison de femmes de toute l’Europe. Le centre pénitentiaire de Rennes, en Bretagne, compte 213 détenues pour longue peine, et 31 en attente de jugement. Les femmes détenues ne représentent que 3,3% de la population carcérale et leur voix se fait rarement entendre. RFI est allée à leur rencontre pour parler de l’enfermement. Est-ce qu'une femme abandonne son corps quand elle est en prison ? Peut-elle avoir une intimité, une sexualité, quand les cellules font 7m2 et que les corps sont surveillés ? « Le Centre Pénitentiaire de Rennes : le corps des femmes en prison », un Grand reportage de Laurence Théault.  
3/21/202319 minutes, 29 seconds
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Femmes en prison, la double peine

La situation des prisons et des prisonniers en Bolivie est déplorable, c’est un fait tristement connu, et souvent pointé du doigt (notamment par l’ONU) : violence, addictions, surpopulation carcérale, corruption du personnel, bâtiments en ruines. Parmi tous ceux qui sont derrière les barreaux, une population est encore plus vulnérable : les femmes. Car elles sont oubliées, par leur famille comme par les institutions. Pourtant, même enfermées, elles sont souvent encore cheffes de famille et elles envoient le peu qu’elles gagnent à l’extérieur. Reportage au cœur de la prison d’Obrajes à La Paz, où 300 femmes cohabitent dans un espace originellement fait pour accueillir 150 personnes. Une ville dans la ville, où l’on vit, où l’on travaille, où des enfants naissent, où on loue un toit à mettre sur sa tête. « Femmes en prison, la double peine », un Grand reportage d’Alice Campaignolle et de Maud Calves.   De notre correspondante à La Paz, Alice Campaignolle Rosario Vaca Gutierrez a 56 ans, elle est Bolivienne, et au cours des 30 dernières années elle a été incarcérée 11 fois, la plupart du temps dans la prison pour femmes d’Obrajes à La Paz, en Bolivie. Comme une grande partie de ses codétenues, elle a toujours été écrouée pour petit trafic de drogue, pour avoir vendu du crack notamment. Entretien avec celle que l’on appelle Doña Charito, désormais libre et qui tient un petit commerce de pâtisseries.   Alice Campaignolle : Comment était le quotidien au sein de la prison ? Rosario (Doña Charito) : Dans la prison, il faut être attentive en permanence. Car si vous laissez traîner quelque chose 5 minutes, ça va être volé immédiatement. Si vous mettez vos sous-vêtements à sécher sans les surveiller, ils disparaissent ! Pour ma part, j’étais chanceuse, j’avais des culottes bouffantes, et comme ce n’est plus à la mode, personne n’en voulait ! Rires. Mais, il y a vraiment tout type de personnes à l’intérieur, il faut se méfier. Des droguées. Des alcooliques. Des prostituées. Vous pouvez aussi bien acheter de l’alcool comme de la drogue, sans problème. Il y a toujours une « bonne copine » pour te proposer un verre. Mais il faut faire très attention, car tu tombes vite là-dedans, et c’est la dépression assurée. Parce que beaucoup de détenues, moi incluse, n’ont pas de condamnation et rapidement on se dit qu’on ne sortira jamais de cet endroit. (NDLR environ 70% des détenus en Bolivie n’ont pas été jugés) Pour ma part, je n’avais personne sur qui compter, alors pas le choix, il fallait travailler, pour le papier toilette, le shampooing, bref, tout le nécessaire.   AC : Vous avez parlé de prostitution ? Rosario : Oui tout à fait. C’est très organisé, parfois avec la complicité des gardiennes, ou bien ce sont les gardiens les clients. Ou sinon, il y a un supposé frère, un supposé cousin qui vient les jours de visite, mais en réalité il est là pour acheter du sexe. Personnellement je ne suis jamais rentrée là-dedans, s’il y a bien un endroit où j’étais irréprochable, c’était en prison. Je me suis consacrée au travail surtout. AC : Mais ce n’est pas toujours facile d’occuper un emploi pénitentiaire… Rosario : Moi j’ai toujours été au four, je m’occupais de la boulangerie de la prison. Mais tu peux aussi travailler à la laverie par exemple. Lors de ma dernière incarcération, en 2017, ce n’était plus pareil, toutes les détenues se battaient pour obtenir un travail pénitentiaire car la prison était surpeuplée. Moi j’avais une bonne place, et donc j’entendais beaucoup de critiques, du type « Et elle, pourquoi elle a toujours cet emploi, elle ne peut pas laisser sa place ? ». Au fur et à mesure des années, j’ai su gagner le respect des gardiennes et de la direction, donc ils m’ont fait confiance et m’ont laissé ma place. AC : Et vous avez des enfants, de quelle manière vous en êtes-vous occupés pendant toutes ces années ? Rosario : J’ai deux garçons et deux filles, et les deux premiers ont été à mes côtés dans la prison pendant leur enfance, jusqu’à leurs 5, 6 ans. Je ne pouvais donc pas me permettre de ne pas travailler, car si leurs repas étaient assurés par l’administration pénitentiaire, parfois c’était juste une soupe, et ce n’était pas suffisant. Et puis au bout de quelques années, le garçon a été placé dans un foyer, et la fille chez une tante. Pas le choix, la prison ce n’est pas un endroit pour des enfants. Ils voient tout et répètent tout, et les éduquer dans cette ambiance, ça en fait des petits rebelles, de futurs délinquants. Aujourd’hui, ils sont grands, ils ont étudié, les deux garçons sont partis vivre au Chili et les deux filles en Argentine. Ils ont réussi, mais l’une de mes filles m’a dit un jour « où étais-tu quand j’avais le plus besoin de toi ? », ça m’a fait réfléchir. AC : Aujourd’hui, vous êtes sortie, à quoi vous consacrez-vous ? Rosario : Pendant longtemps, je me suis dit « étudier ce n’est pas fait pour moi », j’ai arrêté l’école à 9 ans, nous étions 16 enfants et il fallait aller travailler très jeune. Quand on m’a proposé les cours de l’organisation Manq’a, des cours de boulangerie notamment, j’étais terrifiée, car je ne sais pas écrire vite, je craignais de ne pas y arriver. Et puis il y a eu des ateliers pour travailler l’estime de soi, pour réfléchir à ses liens familiaux, et ça m’a fait beaucoup de bien. J’ai appris à m’ouvrir aux gens. Quand tu vends de la drogue, tu parles peu et mal, et au début j’avais honte de mes mots, je ne savais même pas expliquer comment je faisais mon pain. Aujourd’hui, j’ai confiance en moi et en ma petite entreprise de boulangerie-pâtisserie.
3/20/202319 minutes, 30 seconds
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Rester ou partir? Les Subsahariens de Tunisie face à la stigmatisation

Le 21 février 2023, le président tunisien affirme que des « hordes » de migrants subsahariens présents en Tunisie sont sources de « violence et de crimes ». Kais Saied dénonce alors une entreprise criminelle pour changer la composition démographique de la Tunisie. Ses propos, dénoncés par des ONG, provoquent une véritable crise : arrêtés, agressés, expulsés de leurs logements, de nombreux Subsahariens sont victimes d’abus. Depuis, des centaines de personnes quittent le pays. « Rester ou Partir ? Les Subsahariens de Tunisie face à la stigmatisation », un Grand reportage de Magali Lagrange.
3/17/202319 minutes, 30 seconds
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Endométriose: concilier travail et maladie

C’est une maladie qui touche plus d’une femme sur 10. L’endométriose handicape près de 2 millions de Britanniques, entre douleurs pelviennes, hémorragies, fatigue chronique. Pour certaines, cette maladie chronique empêche de mener une carrière épanouissante. Au Royaume-Uni, les associations ont mis sur pied un programme pour aider les employeurs à soutenir leurs employées malades. « Endométriose : concilier travail et maladie », un Grand reportage d’Emeline Vin.  
3/16/202319 minutes, 30 seconds
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À Vratsa, en Bulgarie, les fonds européens transforment la ville

Les fonds de la politique de cohésion de l’Union européenne ont changé le visage de certaines villes en Bulgarie qui ont largement souffert de la désindustrialisation post-communiste. C’est le cas de Vratsa. Située au nord-ouest du pays, dans une des régions les plus pauvres du pays, elle vit une véritable renaissance économique grâce aux centaines de millions d’euros de financements européens.  « À Vratsa, en Bulgarie, les fonds européens transforment la ville », un Grand reportage signé Altin Lazaj.     En images  
3/15/202319 minutes, 30 seconds
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En Lettonie, le spectre de la menace russe à l’ombre de la guerre en Ukraine

L'invasion russe en Ukraine, le 24 février 2022, a provoqué une onde de choc en Lettonie. Après 50 ans d’occupation soviétique, le pays balte, indépendant depuis 1991, a vu ressurgir les traumatismes du passé. Depuis le début de la guerre, la population se prépare au pire et se mobilise pour défendre le pays en cas d’attaque alors que les autorités accélèrent la désoviétisation de la Lettonie. « En Lettonie, le spectre de la menace russe à l’ombre de la guerre en Ukraine », un Grand reportage d'Anne Verdaguer. Réalisation : Nicolas Benita.
3/14/202319 minutes, 30 seconds
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Sous pression de Moscou, la Moldavie solidaire des réfugiés ukrainiens

Aux frontières de la guerre en Ukraine, la Moldavie accueille le nombre de réfugiés ukrainiens le plus élevé de l'Europe au regard de sa propre population. Chisinau doit gérer cet afflux alors qu'une guerre hybride est menée par la Russie pour affaiblir sa détermination. « Sous pression de Moscou, la Moldavie solidaire des réfugiés ukrainiens », un Grand reportage signé Agnieszka Kumor.   En images  
3/13/202319 minutes, 30 seconds
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Belgique: la crise de l’accueil des demandeurs d’asile s’enlise

En Belgique, le système d’asile est en crise. Après une baisse des flux migratoires due à l’épidémie de Covid, le royaume a enregistré 37 000 demandes de protection internationale en 2022, soit 40% de plus qu’en 2021. Aujourd’hui, le réseau d’accueil est saturé, et la place manque pour loger tous les requérants, comme la loi l’exige. Environ 3 000 demandeurs d’asile attendent actuellement une place dans un centre spécialisé. Certains d’entre eux se retrouvent à la rue ou dans des squats. Et les différents partis de la coalition qui dirige le gouvernement fédéral peinent à se mettre d'accord sur des solutions. «Belgique : la crise de l’accueil des demandeurs d’asile s’enlise», un Grand reportage de Laure Broulard. 
3/10/202319 minutes, 30 seconds
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Opération Orion, les armées françaises s'entraînent à la guerre

Quand l’armée s’entraîne en grand format. Pendant 19 jours, le sud de la France est devenu le théâtre d’une guerre fictive, 30 navires, 1 400 véhicules, une trentaine d’avions, c’était l’opération Orion. Une guerre simulée qui se poursuit jusqu’en avril 2023, après la Marine, ce sera l’armée de terre. Objectif : préparer les armées françaises à une guerre d’ampleur. « Opération Orion, les armées françaises s'entraînent à la guerre », un Grand reportage d'Ariane Lavrilleux. 
3/9/202319 minutes, 30 seconds
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L’asile au Pakistan ou l'exil scolaire des jeunes Afghanes

Des milliers de familles afghanes ont trouvé refuge depuis que les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan en août 2021. De nombreuses familles ont le choix de l’exil pour pouvoir simplement offrir une éducation à leurs filles privées d’enseignement secondaire et supérieur par les talibans. Loin d’être le lieu d’asile idéal car le Pakistan n’offre pas de réelles perspectives d’emploi et d’intégration aux réfugiés afghans, c’est pourtant au pays des Purs que de nombreuses familles afghanes se sont installées pour pouvoir envoyer leurs filles à l’école. Le Pakistan qui accueillait déjà 3 millions d’Afghans ayant fui leur pays dans les années 90 au cours de la guerre contre l’invasion soviétique, puis lors des 20 années de conflit entre l’ancien gouvernement afghan soutenu par la coalition internationale et les talibans.  « L’asile au Pakistan ou l'exil scolaire des jeunes Afghanes », un Grand reportage de Sonia Ghezali. 
3/8/202319 minutes, 30 seconds