Auteur-compositeur-interprète, chanteur et musicien, Bob Marley, est mort en 1981 à l’âge 36 ans, mais il aura rencontré un succès mondial de son vivant et reste à ce jour le musicien le plus connu et le plus vénéré du reggae. RFI et les MFP vous proposent de le redécouvrir cet été, tout au long d’une série en 9 épisodes. Technique/Réalisation : François Porcheron.
Bob Marley, dernier épisode
Vous savez que le dernier rendez-vous, quand on sait qu'on doit se quitter, parce que c'est la rentrée, et qu'on sait que nos chemins se séparent, ce n'est pas facile. J'ai un petit pincement aujourd'hui parce qu'il nous faut quitter Bob Marley. C'est d'autant plus dur qu'on sait, je ne vous apprendrai rien, que l'histoire s'est achevée tristement. Alors oublions ça et écoutons quelque chose de joyeux !
8/12/2020 • 48 minutes, 30 seconds
Bob Marley, déchiré entre l’amour et la guerre
À l’heure où Very Good Trip reprend notre feuilleton, Bob Marley est devenu un mythe vivant. Son visage émacié, ses dreadlocks, sa voix déchirée, ses propos mystico-révolutionnaires flottant dans un nuage de ganja, tout en lui fascine. Jusqu’à sa façon de sautiller sur scène et de se mettre en transe.
Et ce rythme qui ne ressemble à aucun autre, le reggae, qu’il est seul à représenter aux yeux du grand public, c’est d’ailleurs bien injuste pour les autres, captive.
Nombre de chanteurs et de musiciens, aux quatre coins du monde, veulent se mettre au reggae. En France, Serge Gainsbourg, qui a toujours su flairer les modes, va bientôt s’envoler pour Kingston et y enregistrer un album avec les choristes de Marley, les I-Threes, le fameux Aux Armes Etc., grâce auquel il va rencontrer cet immense succès auprès du grand public qui, jusque-là, lui échappait, notamment grâce à sa fameuse réinterprétation de la Marseillaise qui va en scandaliser plus d’un.
Mais ce n’est pas qu’une affaire de mode. L’effigie de Bob Marley se répand partout, aussi bien dans le tiers-monde qu’en Occident, un peu comme Che Guevara.
Les mots rasta, Jah et ganja se mettent à circuler dans le monde entier. Certains voient chez les Rastas une sagesse, la poursuite de l’idéal hippie sous une autre forme. Il y en a même qui vont faire le pèlerinage à Kingston pour y étudier la sagesse rasta, comme naguère on allait à San Francisco ou, pour les plus aventureux, Katmandou.
D’autres y voient la poursuite d’un idéal révolutionnaire, alors que le gauchisme se décompose. Kingston, en Jamaïque, devient ainsi une des capitales de la contre-culture.
Prêcheur, gourou, shaman, révolutionnaire, prophète, même, aux yeux de certains, Bob Marley, c’est alors, en quelque sorte, une rock star en plus sérieux.
Playlist :
Bob Marley & the Wailers :« Is This Love? » extrait de l’album « Kaya »« Easy Skanking - Live at Music Hall, Boston/1978 » extrait de l’album « Boston ’78 »« Kaya » extrait de l’album « Kaya »« Running Away - Live at the Stanley Theatre, 9/23/1980 » extrait de l’album « Live Forever - September 1980, Stanley Theatre, Pittsburgh, PA »« Zimbabwe - Live at the Stanley Theatre, 9/23/1980 » extrait de l’album « Live Forever - September 1980, Stanley Theatre, Pittsburgh, PA »« Survival » extrait de l’album « Survival »« Africa Unite » extrait de l’album « Survival »« Keep On Moving (London Version) » extrait du coffret « Songs of Freedom »« Time Will Tell » extrait de l’album Artistes divers « Original Soundtrack from “Countryman »« I’m Hurting Inside (extrait de « Acoustic Medley » coffret « Songs of Freedom ».
8/11/2020 • 48 minutes, 30 seconds
Qui a voulu tuer Bob Marley ?
Jusqu’ici, dans Very Good Trip, on a suivi pas à pas l’ascension de la rock star la plus improbable des années soixante-dix. Parce que Bob Marley avait beau surgir d’une île méconnue des Caraïbes, une île qu’une majorité de ses admirateurs aurait été incapable de situer sur une carte, oui, c’était une rock star.
Il en avait le charisme : tantôt en cuir noir, ça lui arrivait, tantôt en tenue de guérillero, un pétard planté au coin des lèvres, il projetait cette aura de rebelle flamboyant qu’on a vite vue reproduite sur des posters et des t-shirts.
Chez Bob Marley, la rébellion n’était pas une posture théâtrale destinée à faire rêver ses fans, elle était synonyme d’un engagement profond, à la fois politique et spirituel.
Un engagement que Bob Marley a failli payer de sa personne, puisqu’il a fait l’objet, beaucoup le savent, sans doute, de ce que certains ont pu présenter comme une tentative d’assassinat. Enfin, à tout le moins d’une féroce opération d’intimidation criminelle. C’est ce que je me propose de vous raconter aujourd’hui.
Playlist :
Bob Marley & the Wailers :« Punky Reggae Party - Live at the Pavillon de Paris, 1977 » extrait de l’album « Babylon by Bus »« Jammin’ - Live at the Pavillon de Paris, 1977 » extrait de l’album « Babylon by Bus »Peter Tosh : « Legalize It (Legacy Edition) » extrait de l’album « Legalize It ».
Bob Marley & the Wailers :« Exodus - Radio Advertisement » extrait de l’album « Exodus (Deluxe Edition) » album « Babylon by Bus »« Exodus - Live at the Pavillon de Paris, 1977 » extrait de l’album « Exodus (Deluxe Edition) » album « Babylon by Bus »Bunny Wailer : « Reincarnated Souls » extrait de l’album « Blackheart Man ».
Bob Marley & the Wailers :« One Love/People Get Ready - Medley » extrait de l’album « Exodus - Deluxe Edition »« Waiting in Vain - Advert Mix ».
8/10/2020 • 48 minutes, 30 seconds
Bob Marley, la flamme se propage
Dans Very Good Trip, le moment est venu. De quoi ? Eh bien de vous raconter comment, après avoir subi bien des déboires et des avanies, un chanteur surgi d’une île des Caraïbes appartenant au Tiers-monde a pu se hisser au sommet, au point de devenir une des figures les plus aimées et admirées dans le monde entier.
« Jah Live », Jah est vivant, c’était la réponse de Bob Marley à la nouvelle qui s’était répandue à la fin de l’été 1975 : Haïlé Sélassié, le Roi des Rois, le Lion de Judah, le prophète, le sauveur dont la Bible avait annoncé la venue, le Rastafari en personne, était mort.
Dans Babylone, une rumeur disait même que Mengistu, le dictateur communiste dont l’organisation, le DERG, avait pris le pouvoir en Éthiopie, l’avait lui-même étouffé dans son palais avec un oreiller.
Évidemment, tout ça, pour les Rastas, c’était de la propagande. Haïlé Sélassié ne pouvait pas mourir, comment un dieu vivant pouvait-il mourir ? Non, bien sûr, il s’était caché quelque part, il allait revenir, Jah Live, Jah est vivant, c’était la réponse de Bob Marley. Bob Marley qui, dans la chanson « War » toujours extraite de Rastaman Vibration, a choisi de faire vivre Sélassié en citant, mot à mot, le discours que celui-ci avait prononcé devant l’Onu en 1963 : « Tant que la philosophie établissant qu’il est une race supérieure et d’autres inférieures ne sera pas abolie à jamais et une fois pour toutes, tant qu’il y aura des citoyens de première et d’autres de seconde classe, tant que la couleur de la peau d’un homme aura plus d’importance que celle de ses yeux, l’Afrique ne connaîtra pas la paix »,
Bob Marley, dans sa chanson va plus loin, disant : il y aura la guerre. Des paroles qui résonnent encore aujourd’hui, dans un tout autre contexte.
Playlist :Bob Marley & the Wailers :« Roots, Rock, Reggae - Live at the Roxy » extrait de l’album « Rastaman Vibration (Deluxe Edition) »« War » extrait de l’album « Rastaman Vibration (Deluxe Edition) »« Crazy Baldhead » extrait de l’album « Rastaman Vibration (Deluxe Edition) »« Johnny Was - Alternate Mix » extrait de l’album « Rastaman Vibration (Deluxe Edition) »« Introduction - Live at the Roxy Show » extrait de l’album « Rastaman Vibration (Deluxe Edition) »« Want More - Live at the Roxy Show » extrait de l’album « Rastaman Vibration (Deluxe Edition) » « Night Shift » extrait de l’album « Rastaman Vibration (Deluxe Edition) »« Jah Live » extrait de l’album « Rastaman Vibration (Deluxe Edition) »« Smile Jamaica - Single Version » extrait de l’album « Kaya »
Bob Marley :« Dew Drops » extrait du titre « Acoustic Medley » coffret « Songs of Freedom » « Heat of the Day » enregistrement privé.
8/7/2020 • 48 minutes, 30 seconds
Bob Marley, naissance d’une mission
Very Good Trip va vous raconter ce qu’on pourrait décrire comme la naissance d’une mission. Dont l’universalité s’est imposée partout dans le monde. Et comme il est primordial de ressentir les choses, et de les ressentir fortement, avant de les connaître, on va plonger dans l’ambiance fervente d’un concert de 1975.
Depuis le début de ce feuilleton estival, j’ai tiré pas mal de fils et le temps est peut-être venu de les rassembler.
Alors, je reprends. La Jamaïque, déjà. À peu près la surface de la Corse. Mais enfin une Corse qui aurait, je dis ça pour l’image, pivoté d’un quart de tour, de la verticale à l’horizontale, une Corse qu’on aurait jetée dans la mer des Caraïbes, à environ cent cinquante kilomètres de la côte sud de Cuba, loin à l’ouest d’Haïti. Et où une population huit fois plus importante que celle de la Corse se serait implantée. Pas loin de deux millions d’habitants.
Au début des années 1970, 9 Jamaïcains sur 10 sont des descendants d’esclaves jadis arrachés par des négriers aux terres africaines du golfe de Guinée pour venir cultiver la canne à sucre. Ces habitants parlent de ce qu’ils appellent eux-mêmes le patwa, un créole jamaïcain totalement incompréhensible en dehors de l’île.
Quand Bob Marley y grandit, il règne une forme d’apartheid qui ne dit pas son nom. Depuis 1962, année de l’indépendance, indépendance par rapport à la Couronne britannique, bien sûr, les Premiers ministres jamaïcains sont Blancs ou bien font la politique des Blancs. Hugh Shearer, Premier ministre, de 1967 à 1972, est issu des classes moyennes noires. Celui-ci réprime avec fermeté ceux qui prônent l’autonomie et le séparatisme de la population noire, en premier lieu les leaders Rastas. Shearer est membre du JLP, le Jamaïca Labour Party, un parti conservateur comme son nom ne l’indique pas.
En 1972, la politique jamaïcaine prendra un tournant spectaculaire lorsque Michael Manley, le leader du parti opposé, le People’s National Party, le PNP, un socialiste, arrive au pouvoir pour appliquer une tout autre politique. Marley est un Blanc, il est de plus le fils d’un gouverneur britannique de la période coloniale, c’est intéressant à souligner. J’y reviendrai, parce que l’histoire de Bob Marley et des Wailers est profondément imbriquée dans les conflits et rivalités politiques de l’île entre JLP et PNP et leurs hommes de main, aussi violents et corrompus d’un côté comme de l’autre.
Bref, la Jamaïque est un pays dont les touristes apprécient les plages immaculées, plantées de cocotiers, les paysages luxuriants et les montagnes où l’on va trouver la fraîcheur. Mais, pour beaucoup de ceux qui habitent en Jamaïque, cette île est une misère dont on cherche à s’enfuir. Pour ceux-là, les États-Unis représentent l’espoir d’une vie meilleure.
Playlist :
Bob Marley & the Wailers :
« Them Belly Full (But We Hungry) - Live at the Lyceum, London/1975 » extrait de l’album « Live ! (Deluxe Edition) »Bob Marley & the Wailers« Rebel Music (3 O’Clock Roadblock) » extrait de l’album « Live! (Deluxe Edition) »« Natty Dread » extrait de l’album pirate « Live at the Quiet Knight Club, Chicago June 10th, 1975 - WXRT FM Broadcast »« Talkin’ Blues » extrait de l’album « Talkin’ Blues »« Midnight Ravers » enregistrement pirate live at the Boarding House, San Francisco, CA, July 7th, 1975 – KSAN- FM »« No Woman, No Cry » - Live at the Lyceum, London/1975 » extrait de l’album « Live! (Deluxe Edition) »Bob Marley : « When I Get to You » enregistrement privé chez Yvette Morris, 1976.
8/6/2020 • 48 minutes, 30 seconds
Bob Marley, message rasta et naissance des Wailers
Que serait devenu Bob Marley sans les Wailers ? Et réciproquement bien sûr. Réponse dans Very Good Trip avec aussi quelques mots essentiels sur la foi des Rastas.
Imaginez que nous partons quarante-sept ans en arrière. Nous voilà un soir du printemps 1973, à minuit passé, dans une boîte située au cœur de Londres, le Speakeasy, pas loin de Piccadilly, où les professionnels de la musique aiment venir prendre un verre et danser. Les Beatles et Jimi Hendrix, naguère, avaient l’habitude d’y débarquer.
Sur une petite scène étroite, à peine surélevée, vous voyez s’installer une étrange bande de Jamaïcains portant des vêtements aux couleurs de leur pays, rouge, jaune et vert. Au milieu, un type armé d’une guitare, tout maigre, pas très grand, aux traits fins, émacié comme un Christ peint par Le Greco. Il porte une chemise en jean, il a la peau plus claire que les autres, il est coiffé d’un casque de cheveux frisés, pas encore des dreadlocks, et chante les yeux fermés, sautillant sur place de temps à autre, comme secoué par un esprit surnaturel. Impossible de détacher votre regard de lui.
"One bright morning when my work is over, man will fly away home, un beau matin quand j’aurai accompli ma tâche, je m’envolerai jusqu’à chez moi".
C’est par ces mots que se clôt ce Rastaman Chant, interprété par Bob Marley avec les Wailers en 1973.
Un chant dérivé d’un cantique intitulé Babylon You Throne Gone Down, entonné dans cette langue proche de l’anglais, quoique différente, que les linguistes appellent le créole jamaïcain. Et que ses pratiquants désignent tout simplement comme patwa.
"J’entends le rastaman dire : Babylone, ton trône va s’effondrer".
C’est le chant par lequel les Wailers avaient alors l’habitude d’entamer leurs concerts. Un chant dont les paroles dérivent de ces cantiques chrétiens jadis diffusés par les missionnaires baptistes et autres, aux thèmes parfois tirés de l’Apocalypse selon Saint-Jean, à l’exemple, justement, de ce Rastaman Chant qui fait allusion à l’ange avec les sept sceaux, lors des cérémonies rasta qui avaient lieu en Jamaïque, dites Nyabinghi, ces hymnes, soutenus par des tambours, se faisaient incantations qui se greffaient à d’anciens cultes africains interdits par les esclavagistes. On en appelait à la manifestation d’autres esprits, d’autres divinités.
À l’origine, Nyabinghi était une antique reine d’Afrique ayant régné dans la région du grand Lac Victoria. Cette femme puissante avait eu, dit-on, la bravoure de défier les colons venus d’Europe.
Son esprit visitait celles et ceux qui l’invoquaient par la transe. Au point que ce nom, Nyabinghi, a fini par tout désigner : un appel à la résistance contre les colons blancs, un genre de commémoration propre aux Rastas et un style même de chant collectif accompagné par des percussions, à trois tambours, faisant naître la transe, devenu une des composantes du reggae.
Playlist
The Wailers : « Rastaman Chant » extrait de l’album « Burnin’ (Deluxe Édition) » « Get Up, Stand Up (Unreleased Single Version) » extrait de l’album « Burnin’ (Deluxe Édition) » « Put It On » extrait de l’album « Burnin’ (Deluxe Édition) » « I Shot the Sheriff » extrait de l’album « Burnin’ (Deluxe Édition) » « Burnin’ and Lootin’ » (live at the Record Plant, Sausalito, CA, 1973) « Kinky Reggae - Live at Leeds Polytechnic, 1973 » extrait de l’album « Burnin’ (Deluxe Édition) » « Bend Down Low » (live at the Record Plant, Sausalito, CA, 1973) « Lively Up Yourself - Live at Leeds Polytechnic, 1973 » extrait de l’album « Burnin’ (Deluxe Édition) ».
8/5/2020 • 48 minutes, 30 seconds
Bob Marley, l'enfance nue
"Il y a une bonne chose dans la musique, quand elle vous cogne dessus, vous ne sentez aucune douleur". Une des formules les plus célèbres de Bob Marley, que vous retrouvez cet été dans Very Good Trip.
C’est aussi par ces mots, une sorte de révélation, même, que commençait Trench Town Rock, un de ses plus grands succès en Jamaïque, bien avant que Bob Marley ne s’impose comme une figure charismatique tout autour du monde. Une autre formule, dans cette chanson, résonne avec force : Give the slum a try, Offrez une chance au taudis.
Trench Town est ce quartier du sud-est de Kingston, la capitale jamaïcaine, près du port, où Bob Marley a passé une bonne partie de son enfance et de son adolescence.
Quand Bob Marley, est arrivé là en 1954, la construction de ce qu’on a surnommé la "concrete jungle", la jungle de béton, il en a fait une chanson célèbre, avait déjà commencé. De petites maisons d’un ou deux étages, bâties autour d’une cour, qu’on appelle là-bas "yard".
Selon le témoignage de la chanteuse Cherry Green, qui avait participé aux Wailers des origines :
"La plupart des gens vivant à Trench Town venaient de la campagne, où ils n’avaient ni eau courante, ni électricité. Là, on avait une chouette salle de bains, des toilettes et une cuisine".
Bob Marley était un enfant de la campagne, il avait grandi dans un village situé dans le centre-nord de l’île, entre les champs et les collines, et qui s’appelle Nine Mile, parce qu’il est situé à neuf miles à l’ouest de la ville d’Alexandria.
Nine Mile où se trouve aujourd’hui son mausolée et où des touristes partent faire des excursions, entre guillemets, aux sources de sa légende. Il y a d’ailleurs une très belle cascade qu’on visite pas loin de là.
Bob Marley a grandi au sein d’un paysage biblique. Son grand-père, Omeriah, possédait là un domaine agricole situé entre deux petites montagnes en pente douce, que l'on a toujours décrit comme une sorte d’Eden : il y avait là des champs de patates douces, de maïs, des plantations de haricots, des caféiers, une bananeraie. La situation familiale très singulière de Bob Marley, j’y reviendrai en détail, bien sûr, a poussé ce grand-père, à remplir un rôle primordial dans son éducation.
Playlist
Bob Marley & the Wailers :
« Trench Town Rock » extrait de la compilation « Africa Unite : The Singles Collection »« Soul Shake Down Party » extrait de la compilation Artistes divers « Essential Reggae Foundation Singers Volume Two »« Guava Jelly » single« Small Axe » extrait de la compilation « Small Axe - The UK Upsetter Recordings 1970 to 1972 »« Soul Rebels » extrait de la compilation « Africa Unite : The Singles Collection »« Try Me » extrait de la compilation « Small Axe - The UK Upsetter Recordings 1970 to 1972 »« Keep On Moving » extrait de la compilation « Small Axe - The UK Upsetter Recordings 1970 to 1972 »« Concrete Jungle » extrait de l’album « Catch a Fire - Deluxe Version »« Slave Driver - Jamaican Version » extrait de l’album « Catch a Fire - Deluxe Version »« Stir It Up - Jamaican version » extrait de l’album « Catch a Fire - Deluxe Version »« No More Trouble - Jamaican Version » extrait de l’album « Catch a Fire - Deluxe Version »
8/4/2020 • 48 minutes, 30 seconds
Bob Marley avant Bob Marley: chefs-d’œuvre oubliés et retrouvés
Dans Very Good Trip, deuxième volet de notre série, où l’on va découvrir les premiers sommets de Bob Marley. Parfois des chefs-d’œuvre méconnus, enregistrés au temps où personne ou presque ne le connaissait hors de la Jamaïque. Au temps où, pour ainsi dire, Bob Marley n’était pas encore Bob Marley.
Pour beaucoup d’entre nous, l’histoire de Bob Marley n’a commencé que quelques années plus tard, dans la première moitié des années soixante-dix, à Londres, en Angleterre. Quand le fondateur d’une compagnie de disques très réputée, à la pointe de l’avant-garde musicale -elle avait fait connaître notamment les groupes King Crimson et Jethro Tull-, et qui s’appelait Island, comme une île, a décidé de lancer les Wailers.
Il s’appelait Chris Blackwell, il était blanc et il les a présentés comme, je cite, des Rolling Stones noirs. C’était dans le but avoué de séduire le public blanc, occidental. Blackwell venait d’une famille très aisée établie à Kingston, la capitale de l’île, où il avait grandi, d’où le nom de sa compagnie.
Il cherchait depuis longtemps un moyen de faire connaître au monde entier cette musique jamaïcaine qu’il adorait. Et qui se caractérisait alors par un rythme nouveau, comme déséquilibré, accentuant les contretemps, et qui pouvait dérouter à la première écoute : le reggae. Et il cherchait, il cherchait, sans trouver.
Jusqu’au jour où Bob Marley est entré dans son bureau. Et là, pour le citer, il a eu : comme une vision.
Pas de doute, c’était lui, Bob Marley, qui allait devenir une star mondiale et ouvrir la porte aux autres. Et Blackwell a eu raison. Mieux, il a été un visionnaire. Parce que, il faut dire les choses comme elles sont, très peu de professionnels y croyaient. Et encore moins les intéressés.
Marley et ses camarades en étaient arrivés à un point où ils n’espéraient plus : trop d’échecs, trop de galères, trop d’espoirs déçus.
Bob Marley, son cousin Bunny Livingston et Peter Tosh, le trio vocal des Wailers, chantaient ensemble depuis l’adolescence. Ils avaient été le groupe le plus populaire de Jamaïque dans les années soixante. Ils avaient repris, adapté, puis composé et enregistré des dizaines, que dis-je, des centaines de chansons sorties en 45 tours. Nombre de leurs disques avaient été des tubes, leurs concerts avaient attiré les foules, et ils n’en avaient retiré aucun bénéfice.
On les avait exploités, escroqués, rançonnés, même, tout s’était mal passé pour eux et ils n’y croyaient plus. Oui, pendant deux ans, les Wailers avaient enchaîné tube sur tube en Jamaïque et ils n’avaient, selon leur témoignage, pas recueilli un centime.
Playlist
The Wailers : « Simmer Down » extrait de l’album Artistes divers « Studio One Classics » « Mellow Mood » extrait de l’album « All the Hits 1 »
Bob Marley & the Wailers : « Rock to the Rock » album « The Complete Wailers 1967 to 1972 - Part 1 » « Bend Down Low (alternate) » extrait de l’album « The Complete Wailers 1967 to 1972 - Part 1 » « Chances Are (alternate) » extrait de l’album « The Complete Wailers 1967 to 1972 - Part 1 » « My Cup » extrait de l’album « Small Axe - The UK Upsetter Recordings, 1970 to 1972 » « Corner Stone » extrait de l’album « Small Axe - The UK Upsetter Recordings, 1970 to 1972 »« Duppy Conqueror » extrait de l’album « Small Axe - The UK Upsetter Recordings, 1970 to 1972 » « Sun Is Shining » extrait de l’album « African Herbsman » « Put It On (alternate) » extrait de l’album « The Complete Wailers 1967 to 1972 - Part 1 » « Black Progress (Medley) » extrait de l’album « The Complete Wailers 1967 to 1972 - Part 1 » « Selassie Is the Chapel » extrait de l’album « The Complete Wailers 1967 to 1972 - Part 1 »
8/3/2020 • 48 minutes, 30 seconds
Bob Marley et son temps: les plus grandes voix de la soul jamaïcaine
Auteur-compositeur-interprète, chanteur et musicien, Bob Marley, est mort en 1981 à l’âge 36 ans, mais il aura rencontré un succès mondial de son vivant et reste à ce jour le musicien le plus connu et le plus vénéré du reggae. RFI et les MFP vous proposent de le redécouvrir cet été, tout au long d’une série en 9 épisodes.
Peut-être que je mettrai tout le monde d’accord en disant que l’aventure de Bob Marley a représenté elle aussi l’espoir irrationnel, le rêve, l’illusion, sans doute, que la musique populaire et certaines de ses voix avaient ce pouvoir mystérieux de nous élever, de nous faire pour ainsi dire jaillir au-dessus de nous-mêmes, d’ouvrir grand les portes de la perception, comme disait Jim Morrison des Doors citant l’écrivain anglais Aldous Huxley, en tout cas de détourner, un temps, notre regard d’un monde trop réel qui nous désespère et de nous donner envie de rejoindre un monde meilleur qui, sans doute, n’est qu’une illusion mais auquel on en peut s’empêcher de croire de toute notre âme.
Il y a tout dans l’histoire de Bob Marley, au-delà de la propagation, bien sûr, du reggae, un rythme étrangement bancal né sur une île des Caraïbes, la Jamaïque, à peine plus grande que la Corse, une Corse, qui, sur une mappemonde, serait étirée à l’horizontale et située au sud de Cuba et à l’est d’Haïti.
La Jamaïque qui avait été colonisée plus de quatre siècles, un record, par les Britanniques avant de devenir indépendante en 1962. Le décor de l’histoire de Bob Marley, enfin ses débuts, ressemble à un film de Scorsese dont l’action se déroule dans un pays du Tiers Monde : il y a des malfrats, des gangsters, des bandes armées, des bagarres, des règlements de compte, des tueurs à gages, des hommes politiques à la fois idéalistes et corrompus jusqu’à l’os.
Mais le fond de l’histoire, c’est le destin sans précédent d’un homme sorti de nulle part et qui n’avait sa place nulle part : un métis, un bâtard, trop noir pour la bonne société colonialiste blanche et en même trop blanc pour les Noirs qui l’ont rejeté.
Un homme qui a connu en lui-même la division et la déchirure. Et qui entend le message d’une secte prophétique, les Rastas, aspirant à l’avènement d’un monde meilleur, dont le message a donné un sens à sa vie et dont il est devenu le missionnaire et le chef charismatique tout autour du monde.
Et cette aventure est lumineuse : le message des Rastas, quoi qu’on en pense, en tout cas tel que l’entendait Marley, était à l’opposé de la haine, de la vengeance et de la déchirure mais, au contraire, au service de la réconciliation et de la fraternité. Ce qui est à méditer par les temps qui courent.
Playlist :
Peter Tosh : « Love (JAD) » extrait de l’album « Can't Blame The Youth »Marcia Griffiths : « Feel Like Jumping » extrait de l’album « Reggae Anthology - Melody Life » Desmond Dekker : « Israelites » extrait de l’album « The Israelites » Ken Boothe : « Freedom Street » extrait de l’album « The Ken Boothe Collection : Eighteen Classic Songs » The Melodians : « The Rivers of Babylon » extrait de la compilation Artistes divers « The Trojan UK Hits Collection » Jimmy Cliff : « Wonderful People, Beautiful People » extrait de l’album « Classic Jimmy Cliff - The Universal Masters Collection » Toots & the Maytals : « Pressure Drop » extrait de l’album « High Hits & Near Misses » The Heptones : « Love Wont Come Easy » extrait de l’album Artistes divers « Studio One Rocksteady » Horace Andy : « Skylarking » extrait de l’album « The Best of Horace Andy » Bob Marley & the Wailers : « Down Pressor » extrait de l’album « Small Axe - The UK Upsetter Recordings 1970 to 1972 » Bunny Wailer : « Search for Love » single.