Gestion de l’humain.
Après deux mois de confinement, pourquoi et comment faire de la pandémie de Covid-19 un sujet de conversation en classe ? Abdennour Bidar, philosophe et inspecteur général de l'éducation, du sport et de la recherche, partage sa réflexion.
La transcription de cet épisode est disponible après les crédits.
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Extra classe, des podcasts produits par Réseau Canopé.
Interview animée en mai 2020 par : Laëtitia Pourel
Directrice de publication : Marie-Caroline Missir
Coordination et production : Hervé Turri, Luc Taramini, Magali Devance
Mixage : Simon Gattegno
Secrétariat de rédaction : Valérie Sourdieux
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© Réseau Canopé, 2020
Transcription :
LAËTITIA POUREL | Face à la pandémie de Covid-19, notre société connaît actuellement une période de crise, de doute. Ces inquiétudes sont également partagées par les enseignants et les élèves. Comment et pourquoi aborder ce sujet en classe ? Comment accueillir la parole des élèves ? Nous sommes en ligne avec Abdennour Bidar, docteur en philosophie, inspecteur général de l'Éducation nationale. Abdennour Bidar, bonjour ! Tout d'abord, la pandémie de Covid-19 et le confinement qui a suivi, ont-ils créé une rupture dans la dynamique de classe ?
ABDENNOUR BIDAR | Ah oui, une véritable rupture, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, l'événement même du confinement a été exceptionnel. D'une part par son ampleur mondiale et puis également par sa durée très longue — on rappelle que le confinement a duré du 17 mars au 11 mai 2020 en France —, et d'une situation de claustration et d'isolement imposée à tous, complètement inédite et qui a sans doute revêtue une véritable dimension d’épreuve pour les uns et les autres à cause de sa difficulté même. Difficulté de ne plus pouvoir sortir de chez soi, mais d'y rester entre quatre murs, privant ainsi tout le monde de la plupart des interactions habituelles que nous entretenons avec le monde, et réduisant ses interactions, en l'occurrence au minimum des relations familiales et du virtuel d'internet. Donc pour tout cela, une véritable rupture et une épreuve psychologique, notamment une rupture du mode normal ou usuel de la scolarité des élèves, qui a généré pour les adultes comme pour les enfants et les adolescents, tout un ensemble de tensions singulières, de questionnements, d'inquiétudes, et d'inquiétudes alimentées, qui plus est, par une couverture médiatique entièrement focalisée sur le sujet de la pandémie et ramenant donc continuellement les esprits à ce motif d'anxiété, voire d'angoisse. Et dès lors, on comprend pourquoi, l'école, en particulier, ne saurait, comme si de rien n’était, reprendre son cours normal sans prendre en compte le fait que les élèves vont y revenir en ayant accumulé toute cette somme de tensions et de questions qui risquerait, si elle n'était pas appréhendée et prise en charge par les équipes éducatives, de rendre les élèves intellectuellement et psychologiquement indisponibles pour les différents apprentissages.
LP | Se pose donc la question de la responsabilité dans cette préparation, responsabil...