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Le monde en questions

French, Political, 1 season, 96 episodes, 5 hours, 11 minutes
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Le monde en questions, une chronique hebdomadaire qui met en valeur, en contexte et en perspective un fait marquant de l’actualité internationale. Elle sera assurée par Bruno Daroux.
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Après la mort de Yahya Sinwar, le «début de la fin» de la guerre à Gaza?

Jeudi 17 octobre, Israël a annoncé avoir tué le chef politique et militaire du Hamas, Yahya Sinwar — de manière fortuite. Une victoire incontestable pour Benyamin Netanyahu. La mort de Yahya Sinwar, l’architecte des attaques du 7 octobre 2023, était l’un des objectifs essentiels de l’opération de l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Une victoire militaire donc, mais pour aller où ? Le premier commentaire du dirigeant israélien est plutôt ambigu : c’est « le début de la fin », a-t-il déclaré jeudi 17 octobre au soir. Ce que l’on peut comprendre, c’est que c’est pour lui une étape importante, mais pas l’étape ultime. Et cela pose un certain nombre de questions. Le sort des otages israéliens toujours détenus à Gaza est le dossier le plus immédiat pour le Premier ministre israélien. Les familles d’otages se sont félicitées de l’élimination de Yahya Sinwar, mais demandent un accord rapide sur la libération des quelque 101 otages toujours détenus — du moins celles et ceux qui sont encore en vie. Benyamin Netanyahu, lui, ne parle pas vraiment d’accord : il demande à ce qui reste du Hamas de déposer les armes et de relâcher les otages, ce qui selon lui pourrait alors mettre fin au conflit à Gaza, puisque les deux buts de guerre assignés à l’armée israélienne seraient alors accomplis, à savoir la destruction du Hamas et la libération des otages. Mais il n’entend pas négocier. Et on ne sait pas ce que vont faire les combattants du Hamas : déposer les armes ou lutter jusqu’au bout dans un élan désespéré ? Quel avenir pour la bande de Gaza ?Là aussi, le Premier ministre israélien reste dans le flou. Dans l’hypothèse d’une défaite du Hamas, le conflit s’arrête, l’armée israélienne se retire, et ensuite ? Quid du statut de l’enclave palestinienne ? Qui va administrer le territoire ? Reconstruire ? Netanyahu se contente de dire que la bande de Gaza doit être délivrée des groupes terroristes et démilitarisée. Sans aller plus loin.À lire aussi Bande de Gaza : 365 km — anéantis par Israël en 365 jours, « une volonté de détruire une mémoire »Les autres fronts ouverts par le gouvernement de Netanyahu contre le Hezbollah et contre l’IranL’impression qui domine, c’est que l’apaisement n’est pas à l’ordre du jour, que les bombardements contre le Hezbollah au Liban vont se poursuivre, et que la frappe de riposte contre Téhéran aura bien lieu — très certainement avant l’élection présidentielle américaine dans un peu plus de deux semaines. Un événement qui explique en partie cet attentisme du Premier ministre israélien — qui espère secrètement une victoire de Donald Trump. Pour résumer, cette victoire militaire ne signifie en rien que Benyamin Netanyahu veuille passer à l’étape suivante : un règlement politique et diplomatique des conflits en cours — on peut même sérieusement se demander s’il le veut vraiment.
10/18/20243 minutes, 18 seconds
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Les ouragans aux États-Unis instrumentalisés par les trumpistes?

D’abord Hélène, puis Milton, les États-Unis sont frappés par une saison d’ouragans d’une intensité exceptionnelle. Donald Trump et ses partisans, en pleine campagne électorale, en ont profité pour attaquer les démocrates, Joe Biden et Kamala Harris en diffusant de fausses informations. Comment expliquer qu'un tel événement soit récupéré à ce point politiquement par l’ancien président ? Cela s’explique en grande partie bien sûr par l’approche de l’élection présidentielle du 5 novembre. Tout en précisant que dans une démocratie, lorsque survient ce genre de catastrophe naturelle, il est normal et naturel d’observer comment réagissent les services concernés et les responsables politiques, puisqu’il s’agit de porter secours à des dizaines de milliers de citoyens le plus efficacement possible.Mais ce phénomène est accentué aux États-Unis pour plusieurs raisons. D’abord, Milton a été le deuxième ouragan en deux semaines à s’abattre sur le pays après l’ouragan Hélène qui a fait plus de 200 morts. Ensuite, nous sommes donc à un peu plus de trois semaines de l’élection présidentielle. Et les résultats s’annoncent très serrés dans les états clés, notamment en Géorgie et en Caroline du Nord, touchés par l’ouragan Hélène.Enfin, il y a le rôle des médias sociaux, et leur utilisation par Trump et ses partisans. Les trumpistes ont justement fait s’abattre sur le pays un tsunami de désinformation à propos de ces ouragans. Mais personne ne s’en étonne, car malheureusement, c'est une stratégie délibérée, quitte à raconter n’importe quoi. Il a par exemple été question de complot ourdi en secret pour accaparer les terres des victimes, ou encore de rumeurs, propagées par Donald Trump lui-même, en affirmant que l'argent des secours aurait été détourné par l'administration Biden pour aider les « immigrés clandestins ».À lire aussiOuragan Hélène aux États-Unis: la gestion de la catastrophe prend un tournant politiqueImpact sur les secours aux sinistrésLe candidat républicain a aussi suggéré que les démocrates faisaient tout pour empêcher l’aide d’arriver dans les comtés qui votent traditionnellement républicain. Last but not least, le gouvernement aurait lui-même orchestré les catastrophes naturelles qui ont frappé la côte est des États-Unis, selon l’élue républicaine Marjorie Taylor Greene. Il est encore trop tôt pour affirmer que ces outrances peuvent avoir un impact majeur sur l'élection du 5 novembre. Il faut attendre les premiers sondages post-ouragans.Mais les démocrates ont bien vu le danger. Des moyens de secours énormes ont été mobilisés pour venir en aide aux populations. Le président Biden et la candidate démocrate, ainsi que de nombreux sénateurs républicains ont appelé à cesser la propagation de désinformation, dont l'ampleur complique l'aide aux sinistrés qui hésitent même à la demander. Le président a annulé un déplacement en Allemagne ce samedi. Car lui et Kamala Harris savent que dans les prochains jours, ils n’ont pas le droit à l’erreur sur ce dossier. Et puis, le 5 novembre, on verra si les fake news du camp républicain auront influencé certains électeurs ou électrices.À lire aussiLe «Fracking», l’impossible débat de la campagne présidentielle américaine
10/11/20242 minutes, 38 seconds
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Les Ukrainiens sont-ils en danger après deux ans et demi de guerre?

En Ukraine, où le conflit est éclipsé depuis 15 jours par les affrontements au Proche-Orient, la situation reste très difficile pour l’armée ukrainienne, notamment sur le front est. Et la question que l’on se pose : les Ukrainiens vont-ils tenir le coup pendant l’automne et l’hiver qui s'annoncent rudes ? Pour les Ukrainiens, les semaines à venir s’annoncent en effet difficiles. Pour l’armée de Kiev, les problèmes restent les mêmes : difficulté à renouveler les effectifs après deux ans et demi de guerre, trop peu de batteries anti-aériennes, trop peu d’avions, même si les premiers F 16 sont arrivés. Malgré l’incursion ukrainienne en territoire russe, dans la région de Koursk, qui tient pour l’instant avec l’occupation de 1 000 km2, l’armée de Kiev est plus que jamais sur la défensive sur le front est de l’Ukraine. Et les Russes gagnent du terrain. Ils viennent de s’emparer de la localité de Vougledar, important nœud stratégique entre leurs conquêtes au sud et à l’est de l’Ukraine. Et ils comptent bien en faire autant de Pokrovsk, cette ville qui est aussi importante en termes de voies ferroviaires et de routes, et qui produit également une bonne partie de l’acier ukrainien.Parallèlement, les deux pays se livrent à une véritable guerre de drones, avec des échanges qui s’intensifient en ce moment. Les Ukrainiens ciblent des sites militaires et des bases russes en territoire ennemi. Les Russes de leur côté viennent d’envoyer une salve de drones sur quinze régions d’Ukraine. La stratégie, macabre, est toujours la même : à l’orée de l’automne, ils visent les centrales électriques pour placer la population dans une situation extrême pour le chauffage alors que les températures vont bientôt dégringoler. Il s’agit de forcer le gouvernement de Kiev à négocier une paix aux conditions de Moscou, ce qui est totalement rejeté par le gouvernement ukrainien.L'Ukraine réclame plus de soutien de ses alliésPourtant, Volodymyr Zelensky reste sur une posture offensive et déterminée. Il continue de réclamer plus de solidarité de la part de ses alliés occidentaux. Et il présente deux demandes récurrentes. Il veut d’abord convaincre ses alliés occidentaux d’abattre les missiles et drones russes qui visent son pays, malgré leurs réticences actuelles. Ensuite, le président ukrainien appelle les alliés à autoriser des frappes en profondeur sur le territoire russe avec les armes fournies par les Occidentaux, leur reprochant de « retarder » leur décision.Et, en se projetant vers l’avenir, il plaide encore et toujours pour une adhésion de l’Ukraine à l’Otan. Et il a sur ce dossier un allié de poids, le nouveau secrétaire général de l’Otan Mark Rutte. Ce dernier a effectué très symboliquement une visite à Kiev cette semaine, deux jours seulement après sa prise de fonctions. Mark Rutte a réaffirmé le soutien occidental à l’Ukraine jusqu’à ce qu’elle « l’emporte » sur la Russie. En dépit, là encore, des réticences de certains pays membres de l’Otan, à commencer par les États-Unis et l’Allemagne. On le voit, en ces temps difficiles, l’union entre Kiev et ses alliés est aussi un combat.Suivez nos dernières infos aussi Sur la guerre en Ukraine 
10/4/20243 minutes, 18 seconds
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Les États-Unis, une superpuissance démunie face aux agissements d'Israël?

Retour sur l'offensive massive déclenchée par l’armée et les services israéliens contre le Hezbollah, avec ces explosions meurtrières et les bombardements de sites de lancements de roquettes, une opération qui s’est faite sans implication américaine, a fait savoir le secrétaire d'État américain Antony Blinken. Face aux initiatives du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, peut-on parler d’un embarras, voire d’une impuissance de l’administration Biden? Du côté de Washington, on ne cache plus l'embarras et parfois l'exaspération face à cet allié encombrant qu'est devenu l'État d'Israël. Mais peut-on parler impuissance ? C'est plus complexe à affirmer. Depuis les évènements tragiques du 7 octobre dernier, et la riposte massive de l'État hébreu dans la bande de Gaza, les États-Unis sont passés d’un soutien indéfectible au droit à l’existence de l´État israélien, et donc à son droit de se défendre, à une attitude plus pressante sur la proportionalité de la riposte à Gaza. Et puis, au fil des semaines, à une crispation face à ce qui est considéré comme l’intransigeance du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.La tension entre les deux alliés porte notamment sur l’accord de cessez-le-feu dans l’enclave palestinienne. Un échec qui, pour Washington, est dû à la mauvaise volonté évidente du Premier ministre israélien. Ce dernier envoie ses émissaires au Caire tout en torpillant régulièrement les efforts enregistrés péniblement par des déclarations fracassantes sur les exigences délirantes, selon lui, du Hamas - lequel joue de son côté une carte similaire.Un accord important du point de vue de la politique intérieure américaineÀ six semaines de l'élection présidentielle, un tel accord serait important pour des raisons de politique intérieure et permettrait au camp démocrate de répondre à la colère d'une partie de son électorat. Les jeunes et la communauté arabo-américaine, notamment, ne comprennent pas le soutien, aveugle selon eux, au gouvernement israélien.Il offrirait le visage d’une administration à l’approche plus équilibrée du dossier israélo-palestinien. Tout en ne remettant pas en cause le soutien à Israël, pour ne pas froisser les partisans de cette solidarité historique dans ce même électorat. Pas question notamment de suspendre l’aide militaire à Israël. On le voit, l’équation est déjà délicate sur le principe. Autant dire que l’attitude de Benyamin Netanyahu complique sérieusement les calculs du camp démocrate à l’approche du scrutin de novembre.Les États-Unis mis sur le fait accompli Les Américains étaient-ils au courant de la préparation de l'opération consistant à infiltrer les outils de communication des agents du Hezbollah pour y dissimuler des charges explosives ? Difficile à dire.Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui était en déplacement au Caire, en train de négocier encore et encore le fameux accord de cessez-le-feu, a expliqué que les États-Unis n’étaient « pas impliqués » dans les explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah. Étaient-ils au courant ? Pas de commentaires à ce sujet à la Maison-Blanche, même si on a appris que le secrétaire d'État américain à la défense Lloyd Austin s’était entretenu quatre fois avec son homologue israélien Yoav Gallant avant et après les explosions.Quoi qu’il en soit, le constat est sévère : l’influence américaine sur Israël semble plus limitée que jamais. Et Benyamin Netanyahu, qui espère certainement une victoire du républicain Donald Trump à la présidentielle américaine de novembre, sait qu’en attendant, il peut continuer à faire ce qu’il veut – ou presque.À lire aussiGaza: «les États-Unis démontrent leur incapacité et leur manque de volonté à transformer la situation»
9/20/20243 minutes, 25 seconds
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Au Moyen-Orient, un risque de détérioration et d’extension du conflit?

La mort de six otages dans la bande de Gaza, enlevés le 7 octobre 2023, par le Hamas a relancé la contestation contre le Premier ministre Benyamin Netanyahu et son gouvernement. Ils sont accusés de privilégier la guerre au détriment du sort des otages, mais aussi la tension à la frontière libanaise et en Cisjordanie. Y a-t-il un risque réel de détérioration d’extension dans cette région du monde ? Le risque est bien réel, essentiellement à cause des stratégies poursuivies par les principaux acteurs, notamment le Hamas d'un côté et le gouvernement israélien de l'autre. Des stratégies de confrontation dont les otages israéliens détenus à Gaza font malheureusement les frais. Impossible du coup d'aboutir à un accord entre les deux parties, à la fois sur les contours d'une trêve et sur les conditions d'une libération des otages.Chacun accuse l'autre de tout faire pour que cet accord, négocié depuis des semaines sous l'égide de l'Égypte, du Qatar et des États-Unis, n'aboutisse pas. La diplomatie américaine met la pression maximale, mais sans résultat pour l'instant.Du côté du HamasLes dirigeants du Hamas à Gaza restent sur leurs positions. Ils demandent toujours la fin des combats et le retrait de l'armée israélienne de Gaza. Ce qui est inacceptable pour le Premier ministre israélien dans les conditions actuelles, puisque selon lui, le travail d'éradication du Hamas n'est pas terminé. De même que l'exigence de superviser militairement le fonctionnement de l'enclave palestinienne à l'issue de la guerre ou de contrôler le corridor de Philadelphie entre Gaza et l'Égypte n'est pas recevable pour le Hamas – ni non plus pour l'Égypte. On tourne en rond, essentiellement parce que les deux protagonistes ont intérêt à ce que dure le conflit.Du côté du gouvernement israélienLe débat est vif sur les intentions belliqueuses de certains ministres et leurs éventuelles conséquences. Les divisions entre va-t-en-guerre et partisans d'une fin des combats sont de plus en plus fortes – et visibles. Il y a quelques jours, c'est le ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui a tiré la sonnette d'alarme. Dans un document, il estime qu'il y a un risque sérieux de détérioration sur tous les fronts. Il dit aussi que certains ministres du gouvernement plaident pour une confrontation totale – à Gaza, contre le Hezbollah au Sud Liban et en Cisjordanie.Le calcul de ses ministres d'extrême droite est cynique : la montée des tensions permettrait de justifier une annexion totale de la Cisjordanie, réalisant ainsi leur projet de grand Israël. Au risque, selon Yoav Gallant, d'une déflagration régionale entraînant une intervention de l'Iran. Et Benyamin Netanyahu laisserait faire, obnubilé par son maintien au pouvoir. D'où cette volonté d'une poursuite des hostilités à Gaza.On le voit : l'heure est grave. C'est au Premier ministre de déjouer les plans de ses ministres. Le fera-t-il ? La réponse, malheureusement, ne va pas de soi.
9/6/20243 minutes, 9 seconds
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Au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, quelles stratégies face à l’extrême droite?

Dans trois grandes démocraties européennes, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, on assiste à la montée en puissance des forces populistes et nationalistes. Comment expliquer le succès de ces partis dans ces États démocratiques ? En France, le phénomène n'est pas récent, mais le score du Rassemblement national aux élections européennes (32 %) a entraîné la décision du président Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale. Les élections législatives du 7 juillet ont débouché sur une situation de blocage dont le pays n'est pas encore sorti, avec 10 millions d'électeurs qui ont choisi le parti de Marine Le Pen. En Allemagne, c'est l'AfD qui ne cesse de progresser, ce qui devrait se traduire ce dimanche 1er septembre par de très bons résultats pour cette formation lors des élections régionales en Thuringe et en Saxe. Selon les sondages, il pourrait atteindre autour de 30 %. Cela alors que le SPD, le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz, se prépare à une débâcle dans les urnes, annoncée par les sondages.À écouterAllemagne: «La montée de l'AfD s'explique par un sentiment de déclassement chez les Allemands de l'Est»Enfin, au Royaume-Uni, le Labour du Premier ministre Keir Starmer vient certes d’obtenir la majorité absolue à la Chambre des communes. Mais le scrutin a aussi été marqué par un score inédit pour le parti anti-migrants  Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu 14 % des voix.Dans les votes pour les partis protestataires, il y a des éléments économiques, sociétaux et identitaires - même s'il y a des spécificités dans chaque pays. Lors de ses déplacements à Berlin puis à Paris, le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni, le travailliste Keir Starmer, a appelé ses homologues Olaf Scholz et Emmanuel Macron à se mobiliser pour endiguer « l'extrême droite, le populisme et le nationalisme ». À lire aussiRoyaume-Uni: Nigel Farage, figure emblématique du Brexit, entre au ParlementLes difficultés à faire face à la progression des droites duresPour Keir Starmer, le meilleur moyen d'entraver cette progression est d'« obtenir des résultats et d'être honnêtes ». Mais concrètement, il faut que les partis du centre et de gauche trouvent les moyens de parler à nouveau aux catégories populaires, d'assurer leur niveau de vie et de les convaincre qu'une société multiculturelle ne signifie pas la fin de leur culture et de leurs traditions. Comme disait le général Charles de Gaulle, « vaste programme... »À écouterLa montée de l'extrême droite en France suscite «beaucoup de fantasmes chez les Africains», selon Marc Ona Essangui
8/30/20242 minutes, 35 seconds
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Guerre à Gaza, l'impossible trêve?

Alors que le conflit à Gaza dure depuis plus de dix mois, la pression internationale, menée par Washington, s’accentue tant bien que mal sur le Hamas et Israël pour arracher un cessez-le-feu. Pourquoi un nouvel accord est-il si difficile à obtenir ? Éléments de réponse.  Le 7 octobre 2023, avec l’attaque du Hamas sur le sud d’Israël, les 70 années d’un conflit israélo-palestinien non réglé se sont d'un coup, tragiquement, dans le sang et les larmes, rappelées au bon souvenir d’une communauté internationale défaillante. Gaza, c'est le symptôme d’une procrastination diplomatique que l’histoire jugera un jour. Alors que nous approchons du onzième mois de conflit, sur fond de désastre humanitaire, de carnage et d’une impensable spirale de violences sur de multiples fronts — Cisjordanie, Sud-Liban, menace d’escalade régionale —, les incendiaires du Proche-Orient continuent leur fuite en avant sans que personne ne parvienne à les arrêter. La dernière trêve remonte à novembre 2023, un fragile cessez-le-feu, qui avait permis la libération de 80 otages israéliens en l’échange de prisonniers palestiniens, mais qui avait surtout autorisé la population gazaouie à reprendre son souffle, sans imaginer le calvaire qui l’attendait. À lire aussiGaza subit bombardements et déplacements massifs alors qu'Israël a annoncé la phase III de la guerreUne feuille de route états-unienne existe depuis mai, les points de divergences perdurent Sur le fond et la forme, le Hamas et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu ne sont en fait d’accord sur rien, ou presque. Même s’ils font, chacun de leur côté, des promesses de bonne volonté auprès de leurs interlocuteurs américains, qataris et égyptiens qui commencent, eux aussi, à trouver le temps long, sur fond de perte de crédibilité et de déficit d’influence. Au-delà du nombre d’otages libérables — une centaine d’Israéliens, civils et militaires, sont toujours retenus dans l’enclave palestinienne —, du profil des prisonniers palestiniens échangeables, c’est bien de la présence des forces israéliennes après le cessez-le-feu qui pose problème. Pas question pour elles de quitter — et donc de laisser au Hamas et au Jihad islamique — des zones stratégiques comme les corridors de Netzarim, qui coupent Gaza en deux du sud au nord, et celui de Philadelphie, une zone tampon de 14 kilomètres qui borde l’Égypte. L’Égypte, elle aussi partie prenante, voit cette exigence comme une violation du traité de paix de 1979 entre Le Caire et Tel-Aviv. Seul point d’accord, semble-t-il, la question humanitaire et l’accès à Gaza de 600 tonnes d’aide par jour. Si seulement il y a une trêve. À lire aussiGaza: les appels à une trêve se multiplient, le Hamas demande l'application du plan Biden La guerre à Gaza s'invite dans la présidentielle états-unienne À plus de 10 000 kilomètres de l’enclave palestinienne, l’élection présidentielle aux États-Unis est scrutée de près. Alors qu’une partie de l’opinion israélienne est favorable à un retour de Donald Trump au pouvoir, du côté palestinien, on vit encore le traumatisme de sa présidence pro-colonisation et qui avait enterré la possibilité de la solution à deux États. En équilibre instable entre une alliance indéfectible, morale et militaire de Washington à Israël et une opinion publique américaine bouleversée, le camp démocrate a choisi, par la voix de Kamala Harris, de défendre le droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Un calcul électoral dont l’histoire dira en novembre s’il est gagnant, aux États-Unis comme au Proche-Orient. À lire aussiGuerre à Gaza : Kamala Harris joue les équilibristes
8/23/20243 minutes, 43 seconds
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Guerre à Gaza: «Le Proche-Orient au bord de l'embrasement»

Plus de deux semaines après l'élimination de hauts dirigeants du Hamas et du Hezbollah au Liban et en Iran, Israël vit sous la menace d'une riposte annoncée par Téhéran. La course contre-la-montre diplomatique engagée par la communauté internationale peut-elle sauver la situation ? Pour tenter de répondre à une telle question et donc, entrevoir une issue à cette profonde crise qui agite le Proche-Orient depuis plus de dix mois, il faudrait déjà pouvoir réunir les protagonistes, ce qui a été possible lors des précédentes négociations. Or, du côté palestinien, il n’y a plus d’interlocuteur puisque le médiateur en chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, l’un des visages connus du mouvement islamiste, a été tué le 31 juillet en plein cœur de Téhéran dans une attaque non revendiquée, mais imputée à Israël.Le nouveau chef suprême du Hamas, Yahya Sinouar, l’homme qui a organisé les attentats du 7 octobre et qui se terre dans les tunnels de Gaza, est non seulement difficile à joindre, mais n’a pas une réputation de grande ouverture diplomatique.Une guerre polarisanteDe l’autre côté de la table, les Israéliens font l’objet d’une intense pression de Washington. Le président américain Joe Biden serait heureux de pouvoir être crédité d’une avancée en pleine campagne électorale aux États-Unis, alors que la guerre à Gaza polarise la société américaine.Mais Benyamin Netanyahu, le chef du gouvernement, a-t-il vraiment envie d’une trêve, rien n’est moins sûr... Et surtout, a-t-il les moyens politiques de la susciter, prisonnier volontaire des ministres suprémacistes et ultra-nationalistes de sa coalition gouvernementale qui rejettent systématiquement toutes négociations et appellent à coloniser la bande de Gaza ?Et l’Iran, de son côté, continue de faire monter la pression. La riposte iranienne, pour venger la mort du chef politique du Hamas sur son sol, est depuis deux semaines l’épée de Damoclès qui pèse sur Israël.L’armée israélienne est en alerte maximum, d’autant que le nouvel exécutif iranien a juré de lancer une offensive d’envergure, plus importante que les 300 missiles et drones tirés en avril dernier en représailles à la frappe israélienne sur son consulat à Damas. Déjà considéré comme une escalade significative, les deux grands ennemis du Proche-Orient ont ainsi renoncé au mode opératoire non frontal d’usage, en vigueur depuis des années, recourant à la guerre clandestine ou par procuration.Plus de 40 000 morts à GazaAlors qu’au Yémen, en Irak et surtout, au sud-Liban, les affidés de Téhéran multiplient les menaces, l’Iran joue la montre, sans doute partagée entre la volonté de punir Israël et les conséquences hasardeuses d’un conflit régional. Mais, pour autant, la violence à Gaza, en Cisjordanie occupée et sur la frontière avec le Liban ne fait que s’intensifier. Dans la bande de Gaza, où le bilan a dépassé les 40 000 morts en fin de semaine, la population en agonie continue de subir les bombardements quotidiens et les ordres d’évacuation. Dans les villages palestiniens, au nord de Jérusalem, les incursions de l’armée et les attaques des colons israéliens sont de plus en plus fréquentes et ont fait au moins 630 morts en dix mois.À l’extrême nord du pays, les échanges de tirs entre Israéliens et miliciens du Hezbollah libanais sont devenus quotidiens avec des centaines de morts à déplorer. Dans cette spirale qui semble incontrôlable, les deux communautés sont désormais dos à dos et commencent, peu à peu, à faire le deuil de leur coexistence.À lire aussiCisjordanie: des maisons palestiniennes ciblées dans une vague de «domicides» israéliennes
8/16/20243 minutes, 35 seconds
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Ukraine: l'audace inespérée de la contre-offensive de Kiev en Russie

Alors que la guerre d’agression russe en Ukraine approche bientôt les mille jours, entre progression russe et épuisement de l’effort de guerre ukrainien, l’incroyable percée dans la région de Koursk cette semaine déjoue toutes les statistiques. S’agit-il d’un tournant stratégique ?  En tout cas, nous sommes déjà bien au-delà du coup de chance ou du simple revers militaire localisé infligé par les troupes du général Oleksandr Syrsky, l’austère chef d’état-major ukrainien. Un officier formé à l’époque soviétique, qui a servi en Afghanistan et était déjà auréolé du succès de la défense de Kiev puis de Kharkiv, mais dont la réputation de chercher l’affrontement avec l’ennemi « quoi qu'il en coûte », et les campagnes perdues de Bakhmout, notamment, avaient ces derniers mois quelque peu terni son image.Incroyable audace de l’opération ukrainienne en milieu de semaine : un millier de soldats avec chars et blindés impliqués dans la plus importante offensive organisée sur le sol russe depuis le début de la guerre – 420 km2 de territoire conquis en trois jours – rebat les cartes et va, à l’évidence, redorer le blason du général ukrainien.Il fallait voir la sombre mine de Vladimir Poutine, cette semaine, flanqué de son conseil de sécurité dans un entretien vidéo diffusé à la télévision pour mesurer l’effet désastreux de la percée ukrainienne, alors que d’autres images circulaient montrant l’affolement et la fuite des populations russes de cette région frontalière de l’Ukraine.Au-delà de l’effet de surprise et de l’indéniable gain psychologique dans un pays épuisé par la guerre, l’offensive sur la région de Koursk a pour objectif, incertain pour sa part, de faire baisser la pression sur le front est où les forces russes progressent, mais il pose, aussi, la question de la pérennité d’un tel coup de force. À Moscou, quoi qu’il en soit, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer la « mollesse » de la réaction, exhortant le président Poutine à « punir » les Ukrainiens.L’opération militaire spéciale de trois jours lancée à l’aube du 24 février 2022 – déjà considérée comme la plus importante opération militaire qu’ait connue l’Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale – va-t-elle finalement se transformer en guerre totale ?Kiev a confirmé la livraison des premiers F-16 promis par la communauté internationaleAutre symbole, autre source d’espoir dans cette terrible guerre d’endurance : l’arrivée cette semaine des avions de chasse de conception américaine dédiés à la défense du ciel ukrainien et à la pénétration en profondeur de l’espace russe. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui réclamait et attendait ce soutien des nations alliées depuis plus d’un an, a confirmé leur arrivée les jugeant en « nombre insuffisant » et espérant « prochainement » des « livraisons supplémentaires ». Trop peu, trop tard, comme le dénonce bon nombre d’experts militaires, l’arrivée des avions de combat occidentaux pour la défense de l’Ukraine ne peut plus constituer la solution magique qui retournera la situation sur le terrain tant le confit est entré dans une forme d’impasse stratégique et tactique, sans oublier le rapport de force implacablement favorable à la Russie avec son impressionnant réservoir humain. Sur un autre front parallèle, l’Ukraine fait parler d’elle en AfriqueÀ l’heure où la guerre informationnelle et la lutte d’influence font rage, alors que ce conflit d’une violence rare aux confins de l’Europe a plongé le monde dans une version moderne et multilatérale de la Guerre froide. C’est loin, très loin de Kiev, que la bataille semble s’être transportée. Coup de bluff ou pas ? Et quel que soit le rôle que l’Ukraine a joué dans la victoire des rebelles touaregs contre l’armée malienne et les supplétifs russes de Wagner dans l’extrême-nord-est du Mali, dans la bataille sanglante de Tin Zaouatine fin juillet, Kiev a habilement su exploiter ce formidable outil de propagande, d’autant qu’il marque la plus grande perte des supplétifs russes en Afrique.En équilibre diplomatique instable avec une partie de l’Afrique où la Russie monte en puissance, l’Ukraine fait déjà les frais de ses engagements : le Mali puis le Niger ont immédiatement rompu leurs relations diplomatiques avec Kiev, dénonçant un soutien aux « groupes terroristes sur le territoire malien ».
8/9/20244 minutes, 11 seconds
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Birmanie: l’insurrection gagne du terrain contre la junte militaire

Pour la sixième fois consécutive depuis le putsch du 1er février 2021, la junte militaire birmane vient de prolonger de six mois l’état d’urgence alors que le pays continue de sombrer dans une guerre civile à huis clos. Cependant, l’insurrection pro-démocratie continue de gagner du terrain sur plusieurs fronts. Décryptage des raisons d'une telle progression.  Il y a dix jours, le général putschiste Min Aung Hlaing s'autoproclamait président. Dans une nation tenue d’une main de fer par ce général, dont la fuite en avant a plongé l’une des jeunes et prometteuses démocraties d’Asie orientale vers les heures les plus sombres de l’autarcie et de la violence politique, la population birmane a fini par comprendre et à s'y résigner, dans le sang et les larmes : elle ne pourra compter que sur elle-même pour maintenir la flamme démocratique dans son pays. En effet, selon l'ONU : « La situation des droits de l’Homme [est] devenue en Birmanie un cauchemar sans fin, loin des regards de la politique mondiale ».Le peuple birman, qui a enduré sept décennies d’une succession de dictatures militaires depuis son indépendance, a décidé d’entrer en résistance, coûte que coûte. Alors que les premiers manifestants étaient abattus par les forces de sécurité dans les rues des grandes villes de Birmanie, trois semaines après le coup d’État de 2021, prélude à un bain de sang et à une répression féroce contre lesquels la communauté internationale a mollement réagi, une partie des élus, députés, activistes encore libres ont choisi la clandestinité afin d’organiser la rébellion. D’abord politiquement puis militairement, en s’alliant aux dizaines de guérillas ethniques actives aux quatre coins de cet immense pays bordant entre autres l’Inde, la Chine, le Bangladesh et la Thaïlande.  Depuis octobre dernier et le déclenchement de l’Opération 1027, d’audacieuses offensives armées menées par une coalition de volontaires et de guérilleros au nord, à l’ouest et au sud du pays ont provoqué la chute de dizaines de villes, l’arrestation, la fuite ou la reddition de centaines de soldats gouvernementaux et ont fait renaître l’espoir.  À lire aussiBirmanie: premiers revers pour la junte militaireÉtat des lieux des rapports de force dans les soutiens internationaux Sur la scène diplomatique, la contre-offensive, elle aussi, a commencé. Le gouvernement de l’ombre, formé sur les ruines de l’après-putsch, s’est organisé. Zin Mar Aung, ancienne prisonnière politique et infatigable ministre des Affaires étrangères de ce pouvoir parallèle birman, multiplie les appels à la communauté internationale : « Non seulement vous ne nous fournissez pas d’armes, martèle-t-elle, mais nous ne recevons aucune aide humanitaire... Si nous perdons la guerre, le monde démocratique sera, lui aussi, perdant. » Dont acte.De son côté, le régime militaire, honni par l’ensemble de la population, acculé sur plusieurs fronts, fait aussi l’objet d’une batterie de sanctions internationales. Mais là encore, tout ne semble pas joué, tant politiquement que militairement. Pourvoyeurs d’armes et de précieuses technologies militaires, la Russie, la Chine ou la Corée du Nord sont encore les garants de la survie de la Tatmadaw, l’armée birmane. Idem au Conseil de sécurité de l’ONU où les vétos alliés de la junte empêchent tout vote décisif. Mais la Chine, inquiète pour la sécurité à sa frontière et déterminée à jouer un rôle croissant sur la scène mondiale, est en train, peu à peu, de lâcher les généraux putschistes birmans, un tournant sans doute décisif.Le rêve d’une Fédération birmane est-il enfin à portée de main, comme le souhaitent le gouvernement de résistance et les 135 minorités ethniques ? Rien n’est moins sûr dans un pays où le facteur ethnique a toujours été le point de discorde et le préambule aux conflits armés. Les minorités ont toujours été considérées comme des citoyens de seconde zone, bien qu'elles représentent les deux tiers de la population et concentrent sur leurs territoires la plupart des immenses richesses et matières premières du pays. C’est là aussi le grand défi de la Birmanie. Que le jour vienne où elle parvienne à s’unifier dans la paix.  À lire aussiBirmanie: des rebelles prennent le contrôle d'une ville de l'Ouest, les Rohingyas paient un lourd tribut
8/2/20244 minutes, 2 seconds
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Gaza: les grandes manœuvres diplomatiques de Benyamin Netanyahu

Le Premier ministre israélien a pu s’exprimer cette semaine devant le Congrès américain, en pleine guerre à Gaza, acclamé par le camp républicain et boycotté par un grand nombre de représentants démocrates. Décryptage des raisons de la venue de Benyamin Netanyahu aux États-Unis. Benyamin Netanyahu est un peu chez lui aux États-Unis : ses parents ont quitté New York pour Jérusalem en 1948 et, habile orateur, il sait parfaitement comment s’adresser à une audience américaine, de droite par surcroît. Ensuite, dans l’incroyable contexte pré-électoral qui agite Washington depuis quelques jours, le dirigeant israélien se devait de resserrer les rangs alors qu’il s’était promis d’offrir à son ami Donald Trump une fin de guerre à Gaza comme cadeau diplomatique de réélection en novembre prochain.Le scénario n’étant plus exactement celui d’un retour garanti de l’ancien président populiste aux affaires après le coup de théâtre historique du retrait de Joe Biden et l’entrée en lice de Kamala Harris, les lignes ont considérablement bougé et Netanyahu n’est donc pas venu pour mettre un terme à la guerre, mais pour, bien au contraire, obtenir les moyens de la poursuivre.Après pas moins de 52 ovations qui ont interrompu son discours d’une heure devant les deux chambres d’un Congrès clairsemé, déserté par un grand nombre d’élus démocrates, il est vrai que Netanyahu s’est offert une cure de popularité dont il est loin de pouvoir jouir en Israël - où 70% de la population réclame son départ - défendant pêle-mêle « une guerre existentielle », prophétisant aussi « un choc des civilisations », élargissant au péril de l’« axe de terreur iranien qui menace les États-Unis. »  À lire aussiL'occupation de territoires palestiniens par Israël est «illégale», selon la Cour internationale de justice« Tel un clown, le Premier ministre israélien est monté à la tribune et a craché tout son poison et ses mensonges » dissimulant « la vérité du génocide, de la tuerie et de la famine » à Gaza, a aussitôt commenté le quotidien palestinien Al-Quds, alors que le sénateur américain Bernie Sanders affirmait, pour sa part, que pour la « première fois de l’histoire, un criminel de guerre s’exprimait devant le Congrès. » Du côté démocrate, l’exaspération est à son comble face à la durée de la guerre et l’absence de stratégie du Premier ministre israélien La politique de la chaise vide au Congrès a révélé l’état de profonde crispation et d’inquiétude d’une grande partie du camp démocrate face à la fuite en avant de Netanyahu depuis le déclenchement de l’offensive israélienne sur Gaza, trois semaines après l’attaque du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre dernier. Aucun cessez-le-feu depuis novembre n’a pu être négocié en dépit de l’implication croissante de l’Égypte, du Qatar et des promesses publiques du président Biden qui, outre l’humiliation, d’avertissement en ligne rouge, a semblé être incapable d’aucune prise sur le Premier ministre israélien, alors qu’il lui fournit la plus grande partie de son armement. D’ailleurs, le rituel de la rencontre Biden-Netanyahu en fin de semaine à Washington était essentiellement protocolaire - les deux hommes se détestant désormais cordialement - mais c‘est bien la rencontre avec la nouvelle candidate Kamala Harris qui a permis d’observer un timide virage de la potentielle stratégie des États-Unis à l’égard de son plus ancien allié au Proche-Orient. La vice-présidente s’est dite « gravement préoccupée par l’ampleur des souffrances humaines à Gaza, notamment par la mort d’un trop grand nombre de civils innocents », rappelant les images d’enfants morts et de personnes désespérées et affamées, fuyant pour se mettre à l’abri, parfois déplacées pour la deuxième, troisième ou quatrième fois. Une déclaration en prise avec le réel qui a déclenché la fureur des officiels israéliens, toutefois rassérénés par la dernière étape du déplacement du Premier ministre : la villa de Donald Trump. À lire aussiGuerre à Gaza: étonnement en Israël après les déclarations de Kamala Harris Pendant ce temps, Gaza continue de vivre et de mourir sous les bombes Un collectif de 13 ONG internationales, parmi lesquelles Oxfam ou Médecins sans frontières, a récemment dénoncé la « détérioration » de l’accès de l’aide humanitaire à Gaza, mettant en cause les opérations militaires israéliennes qui se sont intensifiées mi-juillet, signalant plusieurs « massacres » dans des « zones de sécurité » abritant des réfugiés.L'offensive sur Gaza dure depuis dix mois sans perspective de fin. L’enclave palestinienne a été réduite à un champ de ruines. Une centaine d’otages seraient encore entre les mains du Hamas, les négociations pour leur libération sont au point mort. Le bilan fournit par le mouvement islamiste a dépassé les 40 000 morts et près de deux millions de Gazaouis ont été déplacés par la guerre. Et bon nombre d’observateurs posent cette question : que va-t-on découvrir lorsque les premiers témoins pourront un jour entrer dans Gaza ? À lire aussiGaza: un médecin de l'hôpital al-Aqsa constate des éclats d'obus dans le corps des enfants
7/26/20244 minutes, 51 seconds
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États-Unis: Joe Biden peut-il tenir jusqu’au 5 novembre?

Le Monde en Questions de cette semaine revient sur la campagne électorale pour l’élection présidentielle aux États-Unis qui doit avoir lieu le 5 novembre prochain, en particulier sur le positionnement plus que compliqué du président sortant Joe Biden. La question est la suivante : Joe Biden peut-il espérer remonter la pente ?  La réponse à cette question est que cela sera très difficile. Et peut-être impossible, tant la position du président des États-Unis Joe Biden apparaît de plus en plus fragile. Les mauvaises nouvelles s'enchaînent depuis quelques semaines : un débat totalement raté face à Donald Trump le 27 juin, des signes de faiblesse évidents lors du sommet de l'Otan il y a dix jours, et l'annonce qu'il doit rester à l'isolement quelques jours après avoir attrapé le Covid alors qu'il est pourtant vacciné. Sans parler de la tentative d'assassinat contre Trump la semaine dernière, qui non seulement a grandement profité à ce dernier en termes d’image, creusant encore un peu plus le fossé entre le Républicain, fort, solide et dynamique, protégé de Dieu lui-même pour certains et, en comparaison, Joe Biden, usé et fatigué, qui inquiète de plus en plus le camp démocrate. Certains poids lourds du Parti démocrate lui conseillent de renoncer...Depuis fin juin, de plus en plus de personnalités du Parti tentent de faire pression sur le président sortant pour l'inciter à renoncer et à laisser la place à un autre candidat ou à la vice-présidente Kamala Harris. Jusqu'à Barack Obama, dont Joe Biden a été le vice-président... Selon le Washington Post, il aurait indiqué à son proche entourage que l’actuel hôte de la Maison-Blanche, âgé de 81 ans, devrait « évaluer sérieusement la viabilité de sa candidature »... Mais, jusqu'ici, Joe et sa femme Jill, qui joue un rôle essentiel auprès de lui, estiment qu'il est le seul à pouvoir battre Trump dans un peu plus de 100 jours. Pourtant, les sondages sont préoccupants, notamment dans les fameux « États-clés »...Ces États, au nombre de sept, peuvent basculer l'élection d'un côté ou de l'autre, jouant un rôle essentiel de victoire à la marge, mais décisive. Ils apportent les quelques grands électeurs qui permettent d'atteindre la barre fatidique des 270 - chiffre indispensable pour remporter la victoire. Dans quatre de ces États, la Géorgie, le Nevada, l'Arizona et la Caroline du Nord, l'avantage Trump semble d'ores et déjà trop installé pour être rattrapé. Et la situation est critique dans trois États anciennement industriels de ce qu'on appelle la « Rust Belt » : le Michigan, le Wisconsin et la Pennsylvanie. Trump l'a si bien compris que, pour asseoir son avantage, il a choisi comme colistier un régional de l'étape, JD Vance, originaire du Wisconsin. À 100 jours de l'élection, tout peut certes changer. Mais la dynamique est clairement du côté de Trump, auréolé désormais du statut de miraculé après la tentative d'assassinat du week-end dernier. Pour les démocrates, et particulièrement pour Joe Biden, l'heure du choix approche. Faire le dos rond et se maintenir en attendant que ça s’arrange, ou renoncer avant qu’il ne soit trop tard. Comme on dit en anglais : « time flies », le temps passe… très vite, dorénavant.À lire aussiÉtats-Unis: face à un maintien de Joe Biden, des démocrates craignent pour leurs sièges au Sénat
7/19/20243 minutes, 5 seconds
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La France, le Royaume-Uni et les États-Unis sont-ils des démocraties en crise?

Le Monde en Questions de cette semaine revient sur les législatives qui viennent de se dérouler en France et au Royaume-Uni, et l'élection présidentielle qui se profile aux États-Unis dans quatre mois. La question est la suivante : dans ces trois pays, la démocratie représentative est-elle en danger ? La réponse est oui, la démocratie représentative est en danger, même si on peut noter des éléments de solidité et de résilience de l'instance démocratique dans ces trois états. Au Royaume-Uni, à priori, les toutes récentes élections générales, qui ont porté le parti travailliste Labour au pouvoir, semblent démontrer que le système parlementaire et démocratique fonctionne correctement. Deux grands partis qui s'affrontent, avec chacun un dirigeant clairement désigné, et un résultat qui dégage une majorité absolue forte au Parlement. Mais dans ce paysage qui peut sembler idyllique, on voit aussi l'apparition d'une formation nationaliste et anti-migrants : « Reform UK ». Elle n'obtient certes que quelques sièges à la Chambre des communes, mais recueille 14 % des voix. Preuve que la tentation populiste progresse, même dans ce pays qui a été un précurseur de la démocratie parlementaire. La France dans une crise de régime ? Peut-être que la France n'est pas loin d'une crise de régime. En tout cas, le résultat de ces élections, provoquées par la décision présidentielle de dissolution, laisse apparaître un Parlement éclaté en trois blocs minoritaires qui, pour l'instant, refusent de travailler ensemble pour former une coalition. Ce qui laisse le pays sans possibilité de nouveau Premier ministre, de nouveau gouvernement et d'une majorité à l'Assemblée nationale.À la différence du Royaume-Uni, il y a en France le président. Mais il fait partie du problème, puisque c'est lui qui a décidé de dissoudre la précédente Assemblée. C'est donc à ce stade le blocage qui pourrait à terme déboucher sur une crise de régime sans solution rapide.À lire aussiFrance : l'instabilité politique est-elle une menace pour l'économie ?C'est aussi le système de scrutin majoritaire qui est en crise, parce qu'il ne peut fonctionner correctement qu'avec deux grands blocs. Et les ambitions des uns et des autres pour l’élection présidentielle, en principe en 2027.Aux États-Unis, Biden interrogeC’est autour de la figure et des agissements du président des États-Unis que se noue la crise politique. Même si le Congrès joue un rôle très important de contre-pouvoir, Joe Biden reste figure centrale du système politique américain. Entre le comportement d’un Donald Trump, qui a contribué à aggraver la défiance envers le fonctionnement démocratique le 6 janvier 2021 lors de l’assaut du Capitole, et qui pourrait revenir au pouvoir en novembre prochain, et en face un Joe Biden usé, vieilli, fatigué, qui pour l’instant s’accroche à sa candidature, dans un pays plus polarisé que jamais, il y a potentiellement un danger pour la démocratie.France, Angleterre, États-Unis, dans ces trois pays, à de divers degrés : le système représentatif connait des difficultés. À la grande joie des régimes autoritaires, la Chine et la Russie en tête. Mais, à regarder l’Histoire, la démocratie, « le pire des systèmes à l’exception de tous les autres », comme disait l'ancien Premier ministre Winston Churchill en a vu d’autres. Il faut imaginer la démocratie victorieuse.À lire aussiÉtats-Unis: la conférence de presse de Joe Biden ne rassure pas le parti démocrate
7/12/20243 minutes, 4 seconds
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États-Unis: la Cour suprême a-t-elle renforcé l'immunité du président?

Le 1ᵉʳ juillet, aux États-Unis, la Cour suprême a rendu un arrêt concernant l'immunité du président, suite aux poursuites à l'encontre de l'ancien président Donald Trump. La décision ne concerne pas uniquement le nouveau prétendant à la Maison-Blanche, elle s'appliquera à tous les présidents. Et dans le pays, l'arrêt suscite la controverse.   Dans son arrêt, la Cour suprême établit un distinguo subtil entre les actes officiels et non officiels du président des États-Unis : « Le président ne jouit d'aucune immunité pour ses actes non officiels », mais : « il a le droit au moins à une présomption d'immunité pour ses actes officiels ». En clair, pour les actes officiels du président, ce dernier a droit non pas à une immunité, mais à une présomption, ce qui renvoie en fait toute décision au niveau des tribunaux de première instance. Cela signifie aussi qu’il s’agira d’une politique du cas par cas.Et en l’occurrence, concernant les deux procès prévus pour Donald Trump, le premier sur sa volonté d’inverser le résultat de l’élection présidentielle de 2020, le deuxième sur ses propos sur le 6 janvier 2021, lors de l’assaut du Capitole, il faudra décider s’il s’agit d’actes officiels ou non officiels, ce qui va prendre du temps et retarder donc la date des procès, espèrent ses avocats, après l’élection présidentielle du mois de novembre. Et c’est exactement ce que recherche Trump qui, s’il remportait le scrutin, pourrait, une fois investi en janvier 2025, ordonner l'arrêt des poursuites fédérales à son encontre.À écouter aussi3. Le candidat Trump au tribunalUne décision de la Cour suprême qui fait polémiqueLa décision de la Cour suprême fait controverse, critiquée par certains, approuvée par d'autres, en fonction de la façon dont on envisage le rôle du président. Ce qui est certain, c'est que l'arrêt peut être qualifié de « mi-chèvre mi-chou ». Donald Trump et ses avocats réclamaient une immunité absolue pour les actes du président quand il est en fonction, ce qu'ils n’ont pas obtenu, mais l’avis rendu par la Cour va tout de même dans le sens de l’ancien président.La Cour était profondément divisée : sur les neuf juges en poste, six ont voté pour et trois contre la décision rendue publique. Le débat sur l’indépendance de l’institution risque d'être relancé : ce sont les six juges conservateurs, dont les trois nommés par Donald Trump au cours de son mandat, qui ont voté le texte, alors que les trois juges progressistes s’y sont opposés.Les opposants à cette décision dénoncent un texte dangereux, car, pour eux, il renforce une forme d’impunité du président. La critique est celle d’une dérive vers un pouvoir absolu, transformant le locataire de la Maison-Blanche en « roi au-dessus des lois dans chaque usage de son pouvoir officiel », comme l’a écrit la juge Sotomayor, dans son avis de désaccord.Et pour de nombreux Américains, leur Constitution a été établie contre la royauté britannique en 1776 pour établir une république rendant justement impossible qu’un seul homme, comme le roi d’Angleterre à l’époque, ait les pleins pouvoirs et une impunité totale. Voilà pourquoi cette décision de la Cour suprême n’a pas fini de faire couler beaucoup d’encre.
7/5/20243 minutes, 22 seconds
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Le service militaire pour les «haredim», un tabou brisé en Israël?

Cette semaine, la Cour suprême israélienne a ordonné la conscription des étudiants en école talmudique, ceux appelés les « haredim » en hébreu, et qui étaient dispensés de service militaire depuis la création de l’État hébreu en 1948. C’est un tabou que la Cour suprême vient de briser en Israël. Elle renvoie le pays à ses ambiguïtés, entre le sionisme laïque et socialiste qui a construit la nation israélienne et le messianisme religieux qui imprègne l’histoire du peuple juif. À la création de l’État hébreu, en 1948, c’est David Ben Gourion qui souhaite rassembler en Israël tous les juifs qui le souhaitent, d’où qu’ils viennent et quelles que soient leurs convictions politiques et religieuses. Ce qu’il veut alors, c’est apporter la sécurité à ses contemporains qui viennent de vivre l’épreuve terrible et inhumaine de la Shoah. Et donc, c’est lui qui décide de respecter les demandes du courant ultra-orthodoxe, qui estime que l’étude de la Torah est essentielle et doit être une activité à plein temps. C’est ainsi que les étudiants des écoles talmudiques sont exemptés de service militaire. Il faut dire qu’à l’époque, ils ne sont qu’une centaine.À lire aussiIsraël a 70 ans: paroles de bâtisseursCette situation perdure de longues années, même si assez vite certains militants laïques ou des responsables militaires trouvent ce régime d’exemption trop discriminatoire. Mais ces « haredim », comme on les appelle en hébreu, revendiquent leur style de vie et leur mission d’étude approfondie de la Torah.Mais au fil du temps, les positions des deux camps se durcissent. Depuis 1998, la Cour suprême est régulièrement saisie par des mouvements laïques qui estiment que cette rupture d’égalité face au devoir militaire est tout simplement inacceptable.Depuis le 7-Octobre, la remise en cause croissante de l'exemption de service militaire pour les « haredim » La décision de la Cour suprême arrive dans un contexte dans lequel se pose le problème des effectifs et surtout des rotations de ces effectifs militaires déployés dans la bande de Gaza et aussi au nord du pays. D’autant plus que les étudiants ultra-orthodoxes ont fait beaucoup d’enfants depuis 1948. Ils représentent aujourd’hui 13% de la population, et sont plus de 160 000 à étudier la Torah.À lire aussiEn Israël, les ultraorthodoxes devront-ils bientôt faire l’armée ?Et c’est donc ce moment, alors que la Knesset, le Parlement israélien, étudie un texte de loi sur la fin de l’exemption, que choisit la Cour suprême pour rendre son avis. Un avis motivé par les circonstances actuelles : « En plein milieu d'une guerre difficile, l'inégalité du fardeau est plus marquée que jamais et requiert la mise en place d'une solution durable ».Seulement voilà : l’adoption de ce texte par le Parlement pourrait conduire à de vives tensions au sein de la coalition gouvernementale dirigée par Benyamin Netanyahu, où cohabitent opposants et partisans de cette mesure. À suivre donc. Mais la Cour suprême, elle, a choisi son camp. À lire aussi«Rien n'a changé pour nous sur le plan sécuritaire»: à Gaza, pas un jour sans morts ni blessés     .
6/28/20243 minutes, 6 seconds
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Dans le sud du Liban, l'ombre d'un conflit ouvert entre Israël et le Hezbollah?

Alors que la guerre continue de faire rage à Gaza, une autre bataille se déroule parallèlement le long de la frontière nord d’Israël avec le Liban - un jeu risqué de coup pour coup qui s’est intensifié ces dernières semaines. Sommes-nous vraiment à la veille d’un nouveau conflit ?  Jamais les deux pays et, par extension, le Moyen-Orient, n’ont été aussi proches d'un conflit depuis le 7 octobre et l’attaque du Hamas sur le sud d’Israël. Les propos de plus en plus belliqueux et les provocations des deux côtés de ces quelques dizaines de kilomètres de frontière, le dangereux « flirt » avec les fameuses lignes rouges dénoncées par bon nombre d’observateurs, le nombre effarant de tués en quelques mois - plus de 500 du côté libanais, une vingtaine côté israélien - font raisonner les sombres tambours de la guerre totale.L’émissaire de Washington, Amos Hochstein, l’un des plus proches collaborateurs du président Joe Biden, a lancé un avertissement cette semaine : « La situation est dangereuse » a-t-il déclaré, avant de se lancer dans une visite aux allures de dernière chance.Un marqueur important restera sans doute les images saisissantes du drone de reconnaissance, largement diffusées par le Hezbollah, il y a quelques jours, montrant, très clairement, les villages et les kibboutz frontaliers, mais aussi et surtout des cibles potentielles - navires de guerre, réservoirs de pétrole et même l’aéroport de la grande ville d'Haïfa, située à 30 km du Liban.Un pied de nez propagandiste des miliciens chiites au gouvernement et à l’État-major israéliens. D’ailleurs, ces derniers ont concomitamment annoncé avoir approuvé des « plans opérationnels en vue d’une offensive ». Cela alors que le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz menaçait le Hezbollah de destruction en affirmant « que son pays était très proche du moment de la décision de changer les règles du jeu ».Rien de très rassurant en somme, d’autant que le Hezbollah, plus grande milice armée de la planète, n’est pas le Hamas : son arsenal est estimé à un peu moins de 200 000 roquettes et missiles et pourrait, en cas de guerre, saturer le Dôme de fer, le système antimissile israélien. Et, enfin, l’offensive sur le Liban, un autre front donc, ne ferait pas consensus dans un pays qui semble loin d’en avoir fini avec Gaza.La pression sur le gouvernement israélien ne faiblit pasLa pression politique sur le gouvernement israélien ne faiblit pas dans les rues du pays. Parmi les manifestants, qui par centaines de milliers, se retrouvent chaque week-end à Tel-Aviv pour dénoncer la politique du Premier ministre Benyamin Netanyahou et sa stratégie à Gaza, un nombre croissant de résidents de l’extrême nord d'Israël. Ceux-ci sont 140 000 à avoir été évacués de leurs communautés de la frontière libanaise et attendent depuis d’interminables mois de rentrer chez eux, hébergés aux frais du gouvernement, dans des hôtels de Galilée, un peu plus au Sud. L’armée israélienne qui a mobilisé des dizaines de milliers d’hommes sur la frontière, ne peut prendre le risque en l’état d’autoriser le retour de ces déplacés internes.Le Premier ministre israélien joue de plus en plus avec le feu pour sa survie politique, est pris en étau entre ses alliés d’extrême droite va-t-en-guerre et une partie grandissante de la société civile. Il leur a promis un retour en septembre prochain, gageant que la diplomatie aura finalement eu raison des tensions ou bien que l’offensive sur le Liban soit terminée.Les tensions sont source d'inquiétude à WashingtonC’est dans ce contexte d’extrêmes tensions que l’allié américain perd patience : la perspective d’une offensive israélienne sur le Liban est aussi source d’inquiétude à Washington, fidèle et traditionnel allié d’Israël, mais qui a d’ores et déjà rendu public son véto formel, comme celui sur l’offensive à Rafah, dans le sud de la Bande de Gaza. Et les dernières sorties de Benyamin Netanyahou dans la presse - accusant l’administration américaine de « retenir ses livraisons d’armes, des armes dont Israël a besoin dans la guerre pour son existence » - ont été très fraîchement accueillies dans l’entourage de Joe Biden. Ce dernier supporte de moins en moins la fuite en avant solitaire et incontrôlable du chef du gouvernement israélien. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale s’est d’ailleurs déclaré « profondément déçu et offensé étant donné l’ampleur du soutien américain à l’État hébreu ». Quoi qu’il en soit, Benyamin Netanyahou est attendu à Washington le 24 juillet prochain, en pleine campagne pour les élections présidentielles et législatives, pour prononcer un discours devant le Congrès.
6/21/20244 minutes, 24 seconds
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Le G7, pour quoi faire?

Les chefs d’État et de gouvernement des pays membres du groupe des 7 sont actuellement réunis dans la région des Pouilles, au sud de L’Italie. Un sommet lors duquel la Chine devrait dominer les discussions. Mais le G7 est-il encore une organisation pertinente ?  C’est la question que l’on se pose depuis déjà quelque temps. Lors de la création de cette instance au milieu des années 1970, les sept pays qui la composaient, États-Unis, France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Japon, et Canada, étaient de très loin les états les plus industrialisés et donc les plus puissants, les plus riches de la planète. Leurs économies combinées représentaient les deux tiers du PIB mondial. Une instance créée pour mieux coordonner les politiques macro-économiques de ces États, durement frappées par le choc pétrolier et la fin du système de Bretton Woods. C’était donc une volonté d’échanger directement, de manière informelle, et sans le filtre des conseillers, entre chefs d’État et de gouvernement. Cette instance a-t-elle été efficace à l’époque ?C’est un système qui a permis une gouvernance plus ou moins efficace de l’économie mondiale pendant une vingtaine d’années. Avec la chute de l’URSS en 1991, la Russie a rejoint le système de l’économie de marché et a été admise au sein du G7 qui est donc devenu le G8 entre 1998 et 2014, date à laquelle, suite à l’annexion de la Crimée, Moscou a été exclue. Parallèlement, depuis le début des années 2000, la situation a évolué rapidement avec la montée en puissance de grands pays émergents comme la Chine, le Brésil, l’Inde ou l’Afrique du Sud. Pour sauvegarder le système bancaire international, on a décidé d’intégrer ces nouvelles économies importantes à sein d’une nouvelle organisation, le G20, incluant les sept pays occidentaux et 13 autres États.À lire ou à écouter aussiAu G7, «l'incertitude risque de freiner la capacité des chefs d'État à prendre des décisions durables»Fallait-il maintenir le G7 ?Pour certains économistes et spécialistes de géopolitique, la pertinence du G7 s’est en tout cas posée. Et ce que l’on voit aujourd’hui, c’est que, depuis l’exclusion de la Russie en 2014, l’organisation est devenue autant une organisation qui parle coordination économique qu’un club des pays occidentaux qui défendent aussi un système de valeurs humanistes, un système politique, la démocratie libérale et l’état de droit. Précisément au moment où ce modèle est de plus en plus contesté par d’autres acteurs sur la scène internationale.En ce sens, le G7, pour les pays concernés, reste une organisation pertinente. À condition que les valeurs partagées le soient vraiment, ce qui n’est plus une évidence quand on voit le positionnement de l’Italie sur certaines questions de sociétés comme l’avortement. En ce sens, l’arrivée au pouvoir de dirigeants populistes dans certains pays du G7 pourrait avoir un impact sur la cohésion de ce club vieux de 50 ans. À lire aussiLes relations commerciales avec la Chine au centre des débats de la deuxième journée du G7 à Bari
6/14/20242 minutes, 57 seconds
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La commémoration du Débarquement, une cérémonie pour le présent aussi?

Les cérémonies qui viennent de marquer le 80e anniversaire du Débarquement allié en Normandie étaient-elles plus politiques que d’habitude ?  La réponse est oui. Certes, la mémoire des dizaines de milliers de combattants qui ont participé au Débarquement a été largement honorée. La détermination des nations démocratiques, États-Unis et Royaume-Uni en tête, aussi.  Mais, dans les discours des présidents français et américains, les tensions géopolitiques actuelles étaient bien présentes. C’est Joe Biden qui parle du combat de la liberté contre la tyrannie, de l’invasion de l’Ukraine par un tyran, du rôle prééminent de l’Otan, « plus unie que jamais pour défendre la paix et la liberté dans le monde », Emmanuel Macron qui évoque le combat juste contre les idéologies mortifères. Des symboles forts pour marquer la situation géopolitiqueL’un des symboles de cette cérémonie du souvenir rattrapée par les tourments du présent, c’était d’abord l’absence de toute délégation russe, contrairement à ce qu’il s’était passé en 2014, où Vladimir Poutine avait été invité alors même qu’il venait d’annexer la Crimée. Et en contrepoint, l’invitation en Normandie du président ukrainien Volodymyr Zelensky, très applaudi. Le rôle de l’Armée Rouge sur le front est pour battre le nazisme en 1944 a néanmoins été évoqué par le chef de l’État français. Comme pour rendre hommage au peuple russe, et non à ses dirigeants, Staline hier, et Poutine aujourd’hui. Une réunion du camp occidental ?En effet, avec la certitude que la paix et la liberté ne sont jamais acquises, qu’il faut parfois se battre pour les préserver. Joe Biden a été très clair. Montrant les croix blanches du cimetière de Colville, il a lancé : « La paix n’est pas gratuite ». Une façon pour lui de souligner que la mobilisation en faveur de l’Ukraine ne doit pas faiblir. Et Biden a ensuite estimé que « l’isolationnisme n’est pas la solution », façon de critiquer le camp républicain et en particulier son adversaire à l’élection présidentielle Donald Trump. Quatre-vingts ans après le Débarquement, l’Europe est de nouveau confrontée à la guerre. Et à un combat qui oppose une nouvelle fois un pays dictatorial à des nations certes imparfaites, mais décidées à défendre leur liberté et leur modèle démocratique. Comme si, malheureusement, les leçons de l’Histoire, peu à peu s’effacent. 
6/7/20242 minutes, 46 seconds
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Le rapprochement de la Chine-Russie, une alternative à l’Occident?

Le président chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine en visite chez son hôte chinois viennent de signer ce jeudi une déclaration scellant l'approfondissement du partenariat stratégique entre leur deux pays. Cette visite de Poutine en Chine est-elle aussi un message aux Occidentaux et à ce qu’on appelle le sud global ?  Et bien la réponse est oui. Certes l’aspect bilatéral de cette visite est très important. Elle symbolise l’importance de ce lien ancien et parfois complexe entre Pékin et Moscou. Longtemps, c'était la Russie ou plus exactement l’URSS qui tenait le rôle-titre dans cette association duale. La situation s’est inversée. Aujourd’hui c’est Pékin qui domine cette relation. Sa puissance économique et diplomatique est sans commune mesure avec celle de la Russie. Mais en même temps, la Chine apprécie d’avoir pour allié un pays qui reste important et surtout qui a adopté un régime politique similaire à celui de l’Empire du milieu - un régime autoritaire, voire dictatorial, qui veut s’ériger en contre-modèle du système des démocraties libérales occidentales. Un message à l'OccidentC’est un message très clair envoyé à l’Occident. Il proclame que, contrairement à ce qui a longtemps été dit, le développement économique ne débouche pas forcément sur une libéralisation politique. Qu’une économie peut prospérer sans pour autant tomber dans les travers des démocraties - selon les dirigeants russes et chinois : changements trop fréquents de gouvernements, individualisme forcené, et abandon des traditions qui selon eux tiennent une société, le respect, l’obéissance et l’observation des bonnes mœurs, loin de ce qui est décrit comme la décadence occidentale. Ce qui n’est pas dit bien sûr, c’est que ce discours convient parfaitement à des élites élues dans des conditions plus que douteuses et qui voient dans l’attachement à ce système le moyen de se maintenir le plus longtemps possible au pouvoir. S'adresser au Sud global.Xi Jinping et Vladimir Poutine veulent montrer à ces pays qu’il existe une autre alliance que celle des États-Unis et de l’Europe. Une alliance qui porte un rejet du modèle occidental, accusé de vouloir dominer le monde et lui imposer ses valeurs plus que discutables selon eux. Ce message est bien reçu dans de nombreux pays du Sud global - notion discutable, mais qui trouve précisément une de ses justifications dans cette rhétorique anti-occidentale. Soit qu’il s’agisse de grands pays émergents qui veulent jouer un rôle autonome sur la scène internationale, comme le Brésil, l’Inde ou l’Afrique du Sud. Soit de pays moins importants, mais qui veulent sortir du modèle postcolonial auquel ils estiment être encore trop assujettis. C’est le cas en particulier en Afrique. En ce sens, cette visite de Vladimir Poutine en Chine consacre aussi une nouvelle forme de guerre froide avec le monde occidental, mais plus protéiforme et moins binaire que la précédente. À lire aussiVladimir Poutine à Pékin en quête d'assurances sur l’avenir
5/17/20242 minutes, 58 seconds
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Russie: célébration du «Jour de la victoire», quel message de Vladimir Poutine?

Le « Jour de la victoire » a été célébrée jeudi 9 mai à Moscou. Une cérémonie qui a permis à Vladimir Poutine de réitérer sa vision de l’Histoire. En quoi cette journée de la victoire est-elle un outil de propagande pour Vladimir Poutine ? Cette cérémonie est une des occasions qui permettent au président russe de pousser son narratif sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et de réécrire l’Histoire pour ce qui concerne 1945 et aussi le présent. Sur la victoire de la Russie en 1945, Vladimir Poutine est en fait sur la même ligne que son prédécesseur Staline. Ce dernier estimait, à juste titre, que son pays avait payé le tribut le plus lourd à la victoire. Pour rappel, 27 millions de Soviétiques sont morts dans leur lutte contre Hitler. Aucun autre pays n’a connu autant de victimes.Mais surtout, et là on peut dire que Vladimir Poutine est le digne héritier de Staline, il affirme que l’Armée rouge a vaincu seule les troupes nazies. Les Russes certes ont été les premiers à atteindre Berlin, mais le rôle joué par les Alliés, en particulier les Américains, a été également déterminant dans la chute du IIIe Reich.L’Histoire comme outil de propagandeJeudi 9 mai, il a rappelé les efforts et les sacrifices consentis par la population et l’armée russes en 1945. C’est pourquoi il parle de cette cérémonie du 9-Mai comme la fête la plus importante, la plus sacrée. Nos pères et nos grands-pères ont libéré l’Europe, martèle-t-il. Mais, sans qu’on sache vraiment s’il y croit lui-même ou pas, « il y a aujourd’hui une vérité erronée sur la Seconde Guerre mondiale. On veut faire oublier notre rôle ».Surtout, il instrumentalise l’Histoire pour expliquer que le combat mené à l’époque par la Russie Soviétique contre le nazisme est toujours d’actualité. Car l’ennemi qualifié de nazi aujourd’hui, et bien c’est le régime ukrainien. Ce qui lui permet de justifier en partie l’intervention militaire contre son voisin, l’autre élément d’explication étant que l’Ukraine est une création artificielle datant de 1991 et qu’il n’y a pas de nation ukrainienne – l’Ukraine est historiquement selon lui une partie de la Russie, qu’il s’agit donc légitimement de récupérer. Là encore, une réécriture de l’Histoire.Des avancées indéniables de l’armée russe en Ukraine ces dernières semainesEn ce 9 mai 2024, la Russie est en meilleure posture en Ukraine et Vladimir Poutine reste menaçant. Pour preuve, l’offensive terrestre lancée, vendredi, par la Russie, dans la région de Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine. Une attaque que l’Ukraine redoutait depuis des semaines car en fait, les choses sont fragiles. Certes, à la différence de l’an dernier, où la Russie était sur la défensive en Ukraine, les choses se présentent mieux cette année. C’est l’armée russe qui est à la manœuvre face à une armée ukrainienne qui, faute d’armements suffisants, se retrouve en position délicate. Pas de grande percée mais des avancées indéniables russes ces dernières semaines.Pourtant, le président russe, qui vient de rempiler jusqu’en 2030, ne paraît pas serein. Il s’en prend à ces « élites occidentales revanchardes qui créent des clivages ». Et il prévient : personne ne nous menacera. Renversement là encore d’une situation où c’est la Russie qui menace et annonce des essais nucléaires tactiques. Poutine promet la victoire à son peuple sur un mode agressif. Preuve, en creux, que rien n’est gagné.
5/11/20243 minutes, 48 seconds
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Géorgie: un point de bascule?

En Géorgie, des milliers de personnes manifestent depuis presque trois semaines pour empêcher l’adoption d’une loi sur le financement des organisations non gouvernementales et des médias. Pourquoi cette loi provoque-t-elle une aussi grande opposition ? Pour les dizaines de milliers de personnes qui manifestent chaque jour devant le Parlement, cette « loi sur l'influence étrangère » est en fait un moyen déguisé utilisé par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, pour brider la liberté d'expression, les ONG et les partis d'opposition dans le pays, à quelques mois d'élections législatives qui s'annoncent périlleuses pour l'actuelle majorité. Plus grave, cette loi est vue comme un moyen de replacer la Géorgie dans l'orbite russe. Elle est en tous points semblable à une loi adoptée en Russie en 2012 et qui a permis de faire taire peu à peu les opposants à Vladimir Poutine. Ce projet de loi stipule que les ONG et les médias bénéficiant de plus de 20% de financements étrangers doivent s'enregistrer comme des « organisations agissant pour le compte d'une puissance étrangère ». Ce qui ensuite, dans un climat de manipulation nationaliste, peut conduire une justice pas vraiment indépendante à les interdire et donc à les réduire au silence. C'est exactement ce qui s'est passé en Russie. La menace est réelle pour l'État de droit et les libertés démocratiques, notamment la liberté d'expression et d'association. À lire aussiGéorgie: nouvelle démonstration des opposants à la loi sur «l'influence étrangère»Bras de fer sur l'avenir de la GéorgieOn assiste donc, avec cette loi, à un véritable bras de fer sur l'avenir de la Géorgie. Au-delà de la loi elle-même, il s'agit en effet de décider si ce petit pays du Caucase, longtemps une république de l'URSS, qui a donc connu la férule soviétique, et qui a été envahi en 2007-2008 par les troupes de Moscou stationnant toujours dans deux provinces du pays passées sous contrôle russe, à savoir l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud.Le pays doit-il retourner dans la sphère d'influence russe, ou au contraire continuer à s'intégrer dans le modèle occidental et plus précisément dans l'Union européenne ? C'est le souhait d'une très grande majorité de la population, notamment chez les jeunes. Et c’est donc le cœur du problème. D’autant que la Géorgie a obtenu le statut de candidat officiel à l’adhésion à l’Union européenne, en précisant que des réformes étaient nécessaires avant de lancer toute négociation. Mais cette initiative a fortement déplu au camp pro-russe et à Moscou.À écouter aussiEn Géorgie, l'inquiétude face au retour du projet de loi sur les agents de l'étrangerDes soupçons d'ingérence russe, mais pas de preuvePeut-on pour autant parler d'une ingérence directe de Moscou ? Pour l’instant, il n'y a aucune preuve avérée de cela. Mais on sait que le parti au pouvoir, et surtout son président d'honneur Bidzina Ivanichvili, un milliardaire, véritable homme fort du pays, sont proches de Moscou. Surtout, les moyens employés, avec cette loi, ressemblent trop à ceux de la Russie poutinienne.Bref, le soupçon est là. La loi a été validée en deuxième lecture au Parlement, elle doit encore faire l’objet d’une troisième lecture dans les quinze jours. D’ici là, tout peut arriver : un retrait de la loi, ou au contraire l’adoption définitive du texte et un vrai risque d’embrasement interne – et peut-être, alors, une implication de Moscou. Plus que jamais, la Géorgie reste sur le fil du rasoir.
5/3/20243 minutes, 22 seconds
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Avec Emmanuel Macron, l’Europe plus puissante?

Retour sur le discours prononcé cette semaine par le président Macron à l’université de la Sorbonne à Paris, consacré à l’avenir de l’Union européenne, sept ans après un premier discours sur le même thème et dans le même lieu. Avec ce discours de la Sorbonne, acte II, Emmanuel Macron fait-il avancer la cause de l'Union européenne ?  La réponse est affirmative, à condition que les paroles du président Français convainquent l'ensemble des 27 États membres de l'Union – ce qui est tout sauf évident – et ensuite que ces paroles se traduisent en actes. En tout cas, le chef de l'État a voulu frapper les esprits avec sa formule : « Notre Europe est mortelle ». Un cri d'alarme pour souligner que l'Union européenne est menacée par différents périls qu'il faut affronter dès maintenant si on ne veut pas en payer le prix fort, l'éclatement de l'UE. Il est temps de faire des choix, de tracer un chemin pour les cinq à dix ans qui viennent. Il est temps de réarmer l'Europe, sur les plans politiques, diplomatiques, économiques et écologiques. Voilà la conviction du dirigeant français. L'objectif d'une « Europe puissance »L'objectif est clair : en 2017, Emmanuel Macron appelait à une Europe souveraine. Dans ce domaine, l'Europe a progressé, sans doute plus sous l'effet de crises extérieures, le Covid, la guerre en Ukraine, la flambée des prix de l'énergie, que d'impulsions volontaristes des dirigeants européens. Bref, l'Europe a réagi, s'est adaptée, pas trop mal finalement. Mais il faut aujourd'hui aller plus loin et bâtir, selon les termes du président, une « Europe puissance ». Non seulement autonome, mais capable par elle-même de tracer les objectifs qui servent ses intérêts. Europe puissance pour mieux affronter les autres puissances, américaine, chinoise, russe et autres, afin de se faire respecter – et de se protéger.Cela passe, selon le président, par la fin d'une forme de naïveté dans nos politiques commerciales avec les blocs qui nous concurrencent. Américains et chinois ne respectent plus vraiment les règles de l'OMC, notamment en subventionnant massivement leurs entreprises, y compris à l'exportation ? Bien, faisons pareil en exigeant plus de clauses de réciprocité. Cela passe aussi, selon Emmanuel Macron, par un doublement des investissements en Europe – autour de 1 000 milliards par an. Avec quel argent ? C'est une autre question. L'objectif en tout cas est de rattraper notre retard dans le numérique, l'intelligence artificielle et dans la réindustrialisation. Tout en développant un modèle décarboné, où le renouvelable, mais aussi le nucléaire, sont clairement assumés. Frontières et défense européenneUn autre objectif d'Emmanuel Macron : affirmer clairement nos frontières pour absorber la crise migratoire et résister à des tentations d'agression militaire. Il faut pour cela renforcer la défense européenne. Un vieux mantra du président français, qui a progressé avec la guerre en Ukraine, mais qui reste insuffisant. Problème : beaucoup de pays européens se satisfont de l'Otan, dominé par Washington. Mais pour Emmanuel Macron, il faut poursuivre ce but. Procéder déjà à des achats militaires auprès des européens, et bâtir un bouclier antimissile – concession faite à l'Allemagne réticente sur ce dossier de la défense. Belles perspectives pour les dix ans à venir, si Paris est entendu et suivi par le reste de l'Europe. Cela dépendra en partie du résultat des élections européennes en juin – or pour l’instant, il ne s’annonce pas brillant pour la majorité présidentielle. 
4/26/20243 minutes, 30 seconds
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L’Europe a-t-elle enfin une politique migratoire digne de ce nom?

Le Parlement Européen a adopté le pacte migratoire, aboutissement de longs mois de négociations entre les différents groupes représentés à Bruxelles. Cette adoption marque-t-elle une avancée historique pour l’Union européenne ? La réponse est oui, car jamais auparavant l'Union européenne n'avait réussi à adopter un ensemble de textes aussi complet sur la difficile question des migrations. Oui, mais à condition que le texte soit d'abord validé par chacun des États membres de l'Union européenne, et ensuite qu'il soit réellement appliqué, dans la vraie vie en quelque sorte, normalement à partir de 2026.Jusqu'au dernier moment, l'incertitude a régné dans les couloirs du Parlement pour savoir si le pacte serait adopté. Il l'a donc été ce mercredi 10 avril, grâce aux voix des trois grandes formations qui dominent le Parlement aujourd'hui, à savoir Parti populaire européen (PPE), de centre-droit, Renew, la formation libérale, et Socialistes et démocrates, le parti de centre-gauche. Mais même au sein de ces organisations favorables au projet européen, les divisions ont été fortes.À lire aussiLe Parlement européen adopte le pacte asile et migrationCertains trouvaient que le contrôle des flux migratoires à l'entrée du territoire européen était trop peu respectueux de la dignité humaine. D'autres que les contraintes en termes de solidarité entre États membres étaient trop fortes. Quant aux formations plus à droite ou à gauche, elles ont critiqué certaines des mesures du pacte, pour des raisons diamétralement opposées parfois.Des critiques à gauche, mais aussi à droiteLes formations de gauche dénoncent une politique trop dure vis-à-vis des demandeurs d'asile. Dans le futur pacte, en effet, on décidera à l'arrivée des migrants ceux qui ont une chance ensuite de bénéficier du droit d'asile. Ceux dont les chances n'excéderont pas 20% seront reconduits hors d'Europe. À condition, bien sûr, que les pays d'origine de ces migrants acceptent leur retour, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui. Autre critique formulée à gauche : les accords qui seront passés avec des « pays tiers sûrs » pour qu'ils prennent en charge la migration chez eux – une façon, pour les opposants à cette mesure, de sous-traiter le problème de manière indigne.À lire aussiCe que contient le pacte asile et migration adopté par le Parlement européenPlus à droite, on met en cause le laxisme du pacte et les contraintes imposées à tout le continent. Les formations de droite et d'extrême droite estiment que ce pacte est insuffisant. Ces partis dénoncent aussi les mesures prévues en situation de crise, comme lors de la vague migratoire de 2015. Pour soulager les pays d'entrée – Grèce, Espagne et surtout Italie, il est en effet prévu que chacun des 27 membres de l'UE leur viendra en aide, en proportion de sa richesse et de sa population. Il y a aura des installations de migrants dans toute l'Union, des relocalisations ou une aide financière conséquente aux pays d'entrée.Ce mécanisme de solidarité forcée est contesté par ces formations, qui y voient une attaque à la souveraineté des États. En dépit de toutes ces critiques, le pacte a quand même été adopté. C'est un succès. Reste maintenant à transformer l'essai pour doter véritablement l'Europe d'une politique migratoire digne de ce nom, entre fermeté et humanisme. Ce sera de toutes façons compliqué.
4/12/20243 minutes, 31 seconds
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Crise en Haïti, l'impasse totale?

Retour sur la situation plus que préoccupante en Haïti. Le pays peut-il espérer retrouver un peu de stabilité ? La réponse est plutôt non, malheureusement. Du moins, pas à court terme. Haïti est gangréné depuis des années par la corruption, la délinquance extrême de gangs violents, l’instabilité politique, la pauvreté et les catastrophes naturelles. Une situation qui n’a cessé d’empirer ces derniers mois, avec un phénomène marquant : la montée en puissance, qui semble irrépressible, de gangs de plus en plus armés et qui ont accru leur domination territoriale. Accru et même transformé en une domination sociale, économique et même policière ou militaire.Ce phénomène n’est pas nouveau, mais désormais, il est omniprésent, interdisant l’essentiel des quartiers de Port-au-Prince, la capitale, aux forces de l’ordre. Depuis l'époque des Duvalier père et fils, la classe politique et les milieux d'affaires ont utilisé, instrumentalisé ces groupes délinquants pour asseoir leurs intérêts politiques et économiques. Pendant des années, la relation, perverse et cynique, était donc relativement claire. Une relation en quelque sorte employeur-employé. Mais le ver était dans le fruit, et peu à peu, la relation s'est inversée, pour en arriver à la situation ubuesque que nous observons aujourd'hui. À écouter aussiGangs en Haïti : des sanctions sans conséquencesDes gangs professionnalisés et qui visent la conquête du pouvoirCes gangs haïtiens se sont professionnalisés, d'un point de vue logistique, organisationnel et opérationnel. Et désormais, ils ont un objectif clairement politique. Après la démission contrainte du Premier Ministre Ariel Henry il y a trois semaines, ils veulent non seulement imposer leur agenda politique, mais même participer concrètement au pouvoir politique, voire à l'exercer tout simplement.C'est notamment l'ambition du groupe « Viv Ansanm » (« Vivre ensemble », en créole haïtien), qui a fédéré plusieurs gangs puissants et dont le leader, Jimmy Chérizier, surnommé Barbecue, explique sans rire que ce sont eux qui pourront rétablir la sécurité et la prospérité des Haïtiens.À lire aussiHaïti: le chef de gang Jimmy «Barbecue» Chérizier se dit prêt à dialoguerForts de ces atouts, ces gangs ont désormais un objectif qui va au-delà de la défense de leurs intérêts ; la conquête du pouvoir politique, ni plus ni moins. Et pour l’instant, les admonestations de la communauté internationale, notamment les États-Unis et la France, n’y changent rien. Ni non plus les sanctions adoptées il y a plus d’un an par l’ONU contre les leaders de ces groupes, ou en tentant d’imposer un embargo sur les ventes d’armes en Haïti.Le pays, dont les institutions sont à terre, risque de passer en coupe réglée sous la férule impitoyable des gangs.
4/5/20242 minutes, 31 seconds
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Benyamin Netanyahu est-il devenu un problème pour Israël?

Presque six mois après les massacres commis par le Hamas dans le sud du pays le 7 octobre dernier, les critiques se concentrent de plus en plus sur le Premier Ministre Benyamin Netanyahu, en interne comme en externe. Avec cette intervention militaire brutale dans la bande de Gaza, est-il devenu un obstacle pour son propre pays ?  Depuis l'odieux massacre commis par le Hamas le 7 octobre dernier, la riposte militaire d'Israël sous la conduite du Premier ministre israélien ne cesse de poser question et de créer des remous non seulement sur la scène internationale, mais aussi en interne, au sein de la société civile en Israël. Le choix d'une riposte massive pour éradiquer le Hamas, avec des bombardements intensifs des localités de l'enclave palestinienne, la décision de n'autoriser l'acheminement de l'aide humanitaire qu'au compte-goutte, le casse-tête des négociations pour obtenir la libération des otages israéliens encore retenus par le Hamas, tout cela a conduit à des critiques de plus en plus acerbes sur les modalités d'une intervention qui a déjà causé la mort de plus de 30 000 civils et placé plus de la moitié des Gazaouis dans une situation alimentaire catastrophique. Sans pour autant que l'éradication du Hamas soit achevée après plus de 5 mois d'intervention ni que ses principaux chefs, à commencer par Yahya Sinouar ou Mohamed Deïf, deux des principaux organisateurs des massacres du 7 octobre, ne soient neutralisés — ce qui est aussi un des objectifs de l'opération de Tsahal. À lire aussiGuerre à Gaza: Israël sommé par la CIJ de laisser passer l'aide humanitaireBilan plus que mitigéLe bilan, plus que mitigé, est de plus en plus critiqué à l'étranger. D’abord dans les pays arabes et chez les soutiens de l’Iran. Et aussi dans de nombreux pays de ce qu’on appelle aujourd’hui le « Sud global ». Les critiques sont aussi de plus en plus prononcées dans les pays occidentaux, et notamment aux États-Unis. On sait que les relations sont exécrables entre Benyamin Netanyahu et Joe Biden. Ce dernier n'hésite plus à critiquer ouvertement le dirigeant israélien.  Et, pour la première fois depuis le 7 octobre, les Américains se sont abstenus au Conseil de sécurité de l'ONU, permettant l'adoption d'une résolution qui demande à Israël un cessez-le-feu immédiat. En fait, Joe Biden est pris en étau entre son soutien à Israël - pas question à ce stade de remettre en cause l'aide militaire indispensable pour Tsahal - et la prise en compte, en pleine campagne électorale, des réticences et indignations d'une partie de son électorat : les jeunes et une grande partie des américains musulmans et/ou d'origine arabe.D'où cette intervention inédite du patron de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, qui pense que les Israéliens devraient se rendre aux urnes pour élire un nouveau gouvernement. Une forme de désaveu cinglant pour Netanyahu de la part de ce proche de Joe Biden. Mais il sait lire les sondages. Les critiques contre le Premier Ministre sont féroces en Israël. À la fois pour avoir négligé les renseignements de ses services avant le 07 octobre, et aussi pour le coût élevé de l’offensive de Tsahal et l’impasse sur la libération des otages.  Les sondages sont donc rudes pour Netanyahu : entre 15 et 20% de cote de popularité, et surtout une majorité écrasante d'israéliens qui souhaite son départ. Et des élections anticipées — comme l'a bien noté donc Chuck Schumer. Un scrutin qui sonnerait le glas de la coalition très à droite actuellement au pouvoir, et aussi sans doute la fin de la carrière politique de Benjamin Netanyahu. À lire aussiRésolution de l’ONU sur Gaza: le message de Washington largement commenté par la presse israélienne
3/29/20243 minutes, 29 seconds
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Poutine et la tentation des nouveaux fronts russes

La reconduite de Vladimir Poutine à la tête de la Russie cette semaine a de quoi donner des sueurs froides à l’État major ukrainien alors que le conflit entre dans sa troisième année, mais les appétits de conquête du Président russe ne pourraient-ils pas mener le pays bien au-delà de ses frontières ?  C’est un scénario catastrophe redouté, qui pourrait dépasser le seuil de la politique fiction. Au même titre que très peu d’analystes croyaient, quelques heures avant son déclenchement, à la possibilité de l’invasion de l’Ukraine à l’aube du 24 février 2022, la fuite en avant guerrière de Vladimir Poutine pourrait continuer de surprendre et, effectivement, mener son pays, à court et moyen terme, vers des contrées lointaines réparties aux quatre coins de la planète, au gré de guerres multidimensionnelles et hybrides qui changeraient assurément le monde tel que nous le connaissons. Bien entendu, le premier des sujets de préoccupations reste l’Ukraine, aux avant-postes de l’Europe, qui, au-delà des revers militaires récents sur le terrain, redoute l’échéance électorale américaine en novembre prochain qui pourrait, brutalement, en cas de retour au pouvoir de Donald Trump, laisser Kiev bien seule face à la soldatesque russe, soudain privée de milliards de dollars d’aide militaire de Washington.Mais le fantasme expansionniste du maître du Kremlin lui fait clairement lorgner en direction des anciennes républiques soviétiques d’Europe Orientale, la petite Moldavie en tête, considérée comme composante de la zone d’influence naturelle de Moscou qui s’ingénie à contribuer à sa déstabilisation politique en attendant de passer, qui sait, à la vitesse supérieure.À lire aussiUkraine: attaque massive de missiles et de drones russes, Moscou en «état de guerre» Dans le viseur de Vladimir Poutine, ce sont aussi les frontières de l’Otan et même le continent africain. Les pays Baltes, la Finlande, la Géorgie et même l’Arménie. Tout est prétexte pour Moscou à engager une tectonique de la confrontation avec l’Occident et ses valeurs quitte à se lancer, bien au-delà d’une économie de guerre, vers une véritable mondialisation de la guerre sur fond d’un narratif et d’une propagande implacablement bien huilée.D’ailleurs, bon nombre de soldats russes faits prisonniers sur le front ukrainien révélaient dans leurs interrogatoires qu’ils étaient persuadés de venir se battre contre des militaires de l’Otan, américains et européens. Et ce commentaire lapidaire du chef de l’armée française, le général Thierry Burkhard : « La Russie est déjà un peu en guerre avec les pays occidentaux. Une guerre informationnelle pour déstructurer nos sociétés ».En Afrique, difficile de ne pas reconnaître les succès de l’influence russe. Avec des années d’avance, la Russie a eu la vision et l’intuition de l’énorme potentiel de la guerre hybride. Dévastatrice et peu coûteuse. Le continent africain en a été le laboratoire. La France, la cible privilégiée, dont la sphère post-coloniale s’est écroulée de manière fulgurante, en deux ou trois ans. De l’Afrique centrale à l’effet domino des coups d’État militaires au Sahel. Syrie, Soudan, Libye... L’hydre russe continue de montrer au monde sa profonde volonté de conquête. Quels sont les moyens de se défendre ? Les récentes déclarations du président français Emmanuel Macron à l’encontre de l’expansionnisme de Moscou enjoignant l’Europe, elle aussi, à se mobiliser dans une économie de guerre, ont reçu un accueil mitigé en Occident, mais ont fait redoubler les attaques et invectives russes à l’égard de Paris. Ce qui montre, peut-être, que le chef de l’État français ne se trompe pas. « Vous, les Français, êtes en train de provoquer la Troisième Guerre mondiale » a même lancé le francophone vice-président de la Douma et propagandiste-en-chef, Piotr Tolstoï.Soutenir l’Ukraine coûte que coûte, assurer la souveraineté et la cohésion européennes comme celle de l’Alliance atlantique, mais aussi utiliser les mêmes armes de la guerre hybride sont les options qui semblent avoir été choisies par Paris et ses alliés pour contrecarrer les plans de Vladimir Poutine. Ne reste plus qu’à espérer qu’il ne soit pas trop tard.  À lire aussiVladimir Poutine veut mobiliser le FSB contre les unités russes pro-Kiev dans la région de Belgorod
3/22/20243 minutes, 31 seconds
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Le nouvel engagement français contre la Russie

C’est un revirement stratégique qui a fait couler beaucoup d’encre : les déclarations du président français Emmanuel Macron en faveur de l’Ukraine semblent dessiner les contours d’un nouvel axe anti-Poutine. Mais comment expliquer une telle rupture ? Le président Emmanuel Macron est connu pour être très rodé à la pratique des réseaux sociaux, aussi a-t-il tenu à enfoncer le clou et exprimer le fond de sa pensée lors d’un échange avec des internautes français cette semaine : « Vouloir la paix, ce n’est pas choisir la défaite ou laisser tomber l’Ukraine », a-t-il martelé face à la petite caméra de son téléphone portable.Dernier pavé jeté dans la mare diplomatique de l’une des bascules stratégiques les plus spectaculaires depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine il y a deux ans et dont l’avenir dira un jour s’il relevait d’une intuition historique, d’un instinct de survie européen ou d’un coup de bluff sans lendemain.À lire aussiDans un entretien télévisé, Emmanuel Macron affiche un soutien total à l'UkraineTollé chez les puissances alliéesBascule, revirement ? Oui, car si Emmanuel Macron évoque l’envoi de troupes en Ukraine aujourd’hui, il n’y avait bonne presse à l’été 2022 alors que les défenseurs ukrainiens lançaient leur contre-offensive fracassante à Kharkiv et que lui, de son côté, continuait de téléphoner au président russe Vladimir Poutine souhaitant « ne pas humilier » la Russie.Le chemin a été long, mais le chef de l’État français a sans doute fini par comprendre qu’il tournait en rond face aux attaques de plus en plus systémiques de Moscou et de progressivement tenter de réchauffer ses relations personnelles avec son homologue ukrainien. Volodymyr Zelensky analysant d’ailleurs avec une indulgence maîtrisée qu’Emmanuel Macron avait « compris que Poutine l’avait personnellement trompé. Qu’il avait fallu un certain temps, mais que le résultat était là. » L’essentiel donc, quitte – sur le coup – à provoquer un tollé chez les puissances alliées mais de commencer, seul ou presque pour l’instant, à mener l’Europe vers une économie de guerre.À lire aussiFrance: l'Assemblée nationale vote largement en faveur de l'accord de sécurité avec l'UkraineEmmanuel Macron dos au murIl faut dire que 2024 est une année d’élections importantes aux quatre coins de la planète et l’ombre des scrutins russe et américain plane sur le conflit. Si le président français a choisi de défendre cette nouvelle équation « renforcer l’Ukraine, c’est défendre l’Europe », c’est qu’il se sait dos au mur. Comme l’est l’Ukraine. En difficulté sur son front est après l’échec des offensives de 2023 et le défaut de livraisons de munitions et de missiles, bloquées depuis des semaines au Congrès à Washington. Et précisément, les projections et les perspectives électorales aux États-Unis donnent des sueurs froides à bon nombre d’experts militaires occidentaux.La rupture nette de la doctrine Pax Americana ou gendarme du monde, en cas de retour aux affaires de l’isolationniste populiste Donald Trump en novembre prochain, signifierait le retrait du « second front » en Ukraine incarné par le formidable soutien militaire américain sous l’impulsion du président Biden. Et cette perspective effrayante pour la sécurité mondiale a largement dépassé le stade de la politique fiction… D’autant que le maître du Kremlin, galvanisé par sa probable reconduite au pouvoir, pourrait continuer et aller même encore plus loin dans sa fuite en avant guerrière. L’Ukraine et l’Europe, donc, se retrouveraient bien seuls.Le pari de cette nouvelle donne stratégique française est-il gagnable ? Sur le terrain, l’enlisement du front en Ukraine ne signifie pas pour autant effondrement. Loin de là. « L’opération spéciale militaire » russe censée durer trois jours avec la prise de la capitale et la chute du gouvernement ukrainien entre dans sa troisième année et le président Zelensky est bien vivant et en place.Les forces russes ne contrôlent que 18% du territoire, exactement comme en 2022. Le défi de Paris est de tordre le cou à l’idée que le temps long serait nécessairement favorable à Moscou, alors que son économie de guerre a provoqué une surchauffe inflationniste et une profonde dépendance à des partenaires comme la Chine. Seule certitude, l’année 2024 va être déterminante. Pour le meilleur ou pour le pire.
3/15/20243 minutes, 52 seconds
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Gaza, la trêve impossible

C’est une course contre-la-montre qui est engagée pour tenter de décrocher une cessation des combats et des bombardements à Gaza quelques jours avant le début du ramadan, sur fond de pressions internationales montantes devant l’étendue du drame humanitaire dans l’enclave palestinienne. Pourquoi les partis ne parviennent-ils pas à se mettre d’accord comme la fois précédente fin novembre 2023 ? Il y a déjà une question technique d’importance : si les deux belligérants sont au centre d’une énorme mobilisation des intermédiaires internationaux au Caire, à Doha, Paris ou Washington, la réalité sur le terrain dans l’enclave palestinienne au cinquième mois du début de la riposte israélienne fait que les communications sont souvent difficiles, téléphone ou internet fréquemment coupés de longues heures durant.Aussi, de l’aveu même des négociateurs du Hamas, il faut parfois 24 à 48 heures au bureau politique au Qatar pour entrer en contact avec son aile militaire dirigée par Yayha Sinouar et Mohammed Deif, chef des brigades Ezzedine al-Qassam, ceux-là mêmes qui ont lancé l’opération « Déluge d’al-Aqsa » sur Israël le 7 octobre, toujours introuvables, et sans doute retranchés dans les tunnels de Khan Younès dans le sud de l'enclave. Ensuite, bien sûr, la pression constante de l’offensive israélienne terrestre, navale et surtout aérienne rend la situation extrêmement volatile.À lire aussiGuerre à Gaza: après 150 jours de guerre, la population suffoqueUn plan de trêve existe pourtantLe paradoxe tragique face à l’urgence est que les deux partis sont presque d’accord. C’est le « Plan de Paris » qui a été mis sur la table mi-février sous impulsion française avec le concours du cheikh Tamim ben Hamad al-Thani du Qatar, l’intermédiaire numéro un dans tous les conflits au Proche-Orient, qui a, un temps, laissé planer un vent d’optimisme parmi les protagonistes des services de renseignement comme William Burns de la CIA ou David Barnea du Mossad, jusqu’à pousser le président américain Joe Biden à annoncer un peu vite une trêve imminente.Ce plan prévoit trois périodes successives de cessez-le-feu de 45 jours. La première permettrait la libération d’un otage par jour, femmes et personnes âgées, en échange de plusieurs prisonniers palestiniens. La seconde impliquerait la libération des réservistes et la dernière, sans doute la plus compliquée, les soldats israéliens... Et qui sous-entend bien entendu une hausse des enchères dans le ratio otage contre prisonniers. Mais le véritable point de discorde reste l’exigence du Hamas : obtenir un cessez-le-feu définitif. Impensable pour le cabinet de guerre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, qui joue lui-même sa survie politique avec une guerre qu’il n’a donc pas l’intention de cesser.À écouter aussiGaza: les chiffres, les images et les motsGaza livré au chaos, à la mort et à la famineCinq mois ont passé. Le calvaire des otages continue, alors que Gaza se transforme en un champ de ruines. Les rares témoignages qui sortent de la bande de Gaza renvoient, jour après jour, une image d’horreur. L’un des territoires les plus densément peuplés de la planète, livré au chaos, à la mort et à la famine. Dans sa fuite en avant vengeresse, l’armée israélienne applique la stratégie de la terre brûlée, abolissant la distinction entre combattants et civils.Gaza n’a plus d’avenir. Et alors que les centaines de milliers de déplacés internes redoutent la grande offensive sur Rafah et le sud de l’enclave, le Hamas n’est même pas en mesure de confirmer combien d’otages du 7 octobre sont encore en vie parmi les 130 encore captifs.
3/8/20243 minutes, 19 seconds
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La Transnistrie, nouveau pôle de tension entre la Russie et l’Occident?

Cette semaine, Le monde en questions revient sur la situation dans le territoire sécessionniste de Moldavie, la Transnistrie. Une région qui s’est autoproclamée indépendante et qui est très proche de Moscou. Et la question posée est la suivante : ce territoire peut-il devenir un nouveau pôle de tensions entre la Russie de Vladimir Poutine et l’Occident ? La réponse est oui. Il faut d’abord rappeler ce que représente la Transnistrie. C’est un territoire de 200 kilomètres de long sur environ 20 kilomètres de large, une bande de terre qui appartient officiellement à la Moldavie. Sauf que, en 1990, juste avant l’effondrement de l’URSS, la Transnistrie, qui est majoritairement russophone, a rompu avec la Moldavie.Une menace pour l'Ukraine ? Il y a eu un conflit armé, qui s’est achevé en juillet 1992, avec cette situation de facto : la Transnistrie s’est autoproclamée indépendante et n'est pas reconnue par la Moldavie et la communauté internationale. À l’époque, l’armée russe est intervenue pour soutenir les combattants de Transnistrie. Et élément important, elle y a laissé des troupes. Moscou, aujourd’hui encore, dispose d’environ 1 500 à 2 000 militaires en Transnistrie.Le territoire de 4 000 km2 environ, qui compte environ 450 000 habitants, est donc resté dans l’orbite de Moscou. Et cette situation est devenue encore plus stratégique depuis février 2022. Alors quel pourrait être l’impact d’une plus grande implication de Moscou ? Il serait important. Depuis l'invasion russe de l'Ukraine, il y a régulièrement des inquiétudes sur l'ouverture d'un nouveau front à partir de la Transnistrie en direction du grand port ukrainien d'Odessa, sur la mer Noire.À lire aussiÀ la Une: la Transnistrie demande sa «protection» à la RussieMoscou est également accusée de chercher à déstabiliser la Moldavie, dirigée par des autorités résolument pro-européennes. L'Union européenne lui a d'ailleurs accordé en juin 2022 le statut de candidat à l'entrée dans l'Union, en même temps qu'à l'Ukraine. De leur côté, les autorités prorusses de Transnistrie accusent Kiev de vouloir attaquer le territoire qu'elles administrent, ou comme cette semaine, de pressions économiques insupportables de la part du gouvernement moldave donc des règles douanières demandant aux entreprises du territoire de verser les droits d’importation au budget moldave.La Russie silencieuse Donc, les députés de Transnistrie appellent la Russie à l’aide. Ils demandent à la Russie de prendre des mesures pour les protéger de ce qu’ils appellent une pression croissante de la Moldavie. Pas de réponse officielle pour l’instant à Moscou. Vladimir Poutine n’en a pas parlé dans son discours fleuve cette semaine. Mais la menace pour la Moldavie et pour l’ouest de l’Ukraine, en particulier la région d’Odessa, reste bien réelle, comme une épée de Damoclès.C’est pourquoi les États-Unis et l’Union européenne expriment ouvertement leurs craintes et préviennent qu’ils ne laisseront pas Vladimir Poutine déstabiliser la Moldavie en instrumentalisant la Transnistrie. Il faudra voir dans les prochaines semaines si ce dernier en tient compte – ou pas. À écouter aussiLes ambitions européennes de la Moldavie à l'épreuve de la Transnistrie
3/1/20243 minutes, 14 seconds
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Deux ans après l’invasion russe, l’Occident doit tout faire pour sauver l’Ukraine

Deux ans après le déclenchement de l'invasion russe en Ukraine lancé par Vladimir Poutine, quels sont les principaux changements géopolitiques engendrés par cette guerre ? Il y a plusieurs changements, tant on peut désormais dire qu'il y a un avant et un après 24 février 2022. Le plus frappant, bien sûr, c'est la rupture totale entre la Russie de Vladimir Poutine et les pays occidentaux. Assez logique en somme, puisque au fond l'argument justifiant l'intervention russe en Ukraine est précisément le rapprochement trop fort entre ce pays et l'Occident au détriment des intérêts russes. Résultat : Kiev fait aujourd’hui partie du camp occidental aujourd'hui, même s'il n'en fait pas partie intégrante au sens propre du terme. En effet, l'adhésion de Kiev à l'Otan est toujours en suspens, et pour l'Union européenne, on en est aux prémices d'une candidature, même si le pas que voulait éviter la Russie a été franchie. En ce sens d’ailleurs, on peut parler d'échec stratégique pour Moscou. D'autant que le conflit a eu un effet contraire à celui attendu par le Kremlin – du moins dans un premier temps : un resserrement du camp occidental, une aide militaire et des financements importants pour l'Ukraine. Qui se révèlent aujourd'hui insuffisants malgré tout. Alors que deux ans après le début de la guerre, les opinions et la classe politique s'interrogent plus ou moins selon les pays sur la nécessité de poursuivre ce soutien à Kiev.Une fracture qui continue de se creuser entre Occident et RussieCe renforcement des liens occidentaux s'est accompagné, d’un autre changement notable qui était en germe, mais qui a été accéléré par le conflit, d'un relatif isolement de l’Occident sur la scène internationale. En clair, les pays du Sud et les grands émergents, Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud, ont oscillé selon les cas entre une prudente neutralité et un soutien plus ou moins explicite à la Russie. Attention toutefois : l’attitude de certains États et dirigeants relève aussi de la posture. Quand il s’agit concrètement de voter à l’ONU sur le conflit actuel, une large majorité de pays a choisi de condamner l’action de Moscou.  Alors que le conflit entre dans sa troisième année, ces changements géopolitiques majeurs creusent donc la fracture entre la Russie et l’Occident. Avec, au milieu, une Ukraine qui compte plus que jamais sur le soutien des Américains et des Européens pour résister à la pression russe et, plus tard peut-être, repousser cette agression insensée et sans réel fondement. Ce soutien est donc décisif.Les Américains hésitent en ce moment à débloquer une aide cruciale pour Kiev pour des raisons de basse politique. Ceux qui bloquent, les républicains trumpistes qui ont tort. Quant aux Européens, ils doivent poursuivre et accentuer leur effort de soutien. Faute de quoi, les prochains mois s’annoncent très difficiles pour l’Ukraine. C’est l’aide occidentale qui a permis à Kiev de tenir deux ans et à l’armée russe d’échouer sur son objectif initial, qui était d’envahir l’Ukraine entière.Le moment est décisif. Européens et Américains ont une responsabilité historique face à l’hubris de Vladimir Poutine, dans ce combat qui est aussi un combat de valeurs démocratiques et autoritaires. Un choc de volonté. Il faut tenir bon. Pour l’Ukraine. Pour l’Europe. Pour la démocratie. Pour notre liberté.À lire aussiAprès la mort de Navalny, les États-Unis dévoilent un arsenal de nouvelles sanctions contre la Russie
2/23/20243 minutes, 9 seconds
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Mariage pour tous en Grèce, une décision historique?

Cette semaine, zoom sur le vote qui s’est déroulé ce jeudi 15 février à Athènes. L’Assemblée nationale a adopté à une large majorité, mais après des débats houleux, le droit au mariage et à l’adoption pour les couples homosexuels. Et la question de cette chronique est la suivante : avec ce vote, la Grèce est-elle en train d’opérer une petite révolution sociétale ? La Grèce est un pays méditerranéen, membre de l’Union européenne, mère historique de la démocratie. Mais la Grèce contemporaine est aussi un pays où le modèle de société, notamment en ce qui concerne la famille, reste assez traditionnel, avec une Église orthodoxe encore très puissante, et il n’y a pas d’ailleurs de véritable séparation entre l’église et le pouvoir politique.Certes, il y avait eu en 2015 une première avancée avec la possibilité d’une union civile entre personnes de même sexe. Mais le mariage, et à fortiori le droit à l’adoption et la reconnaissance de droits homoparentaux, c’était une autre histoire.Un projet de loi porté par un Premier ministre de droite Et le paradoxe, c’est que c’est un Premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, qui a porté ce texte. Il l’a fait en partie pour ancrer un peu plus la Grèce dans le camp des pays les plus progressistes en termes de valeurs européennes au sein de l’Union. À un moment où le Parlement européen vient de s’alarmer « des menaces très graves qui pèsent sur la démocratie, l'État de droit et les droits fondamentaux en Grèce », en particulier la liberté de la presse.C’est donc un Premier ministre de droite qui fait adopter un texte progressiste avec les voix de la gauche, un peu comme cela s’était produit en France avec la loi Veil sur l’avortement. C’est notamment le parti Syriza qui a permis l’adoption du texte, une formation dont l’actuel dirigeant est le premier politique grec ouvertement homosexuel.À lire aussiLe Vatican se justifie pour les bénédictions de couples homosexuelsLes débats ont été longs, houleux et passionnés entre les opposants et les partisans de cette « loi pour l’égalité civile », y compris au sein même du parti de Monsieur Mitsotakis, Nouvelle démocratie. Une partie des députés a même refusé de voter.Premier pays chrétien orthodoxe Au final, le texte a été largement adopté par le Parlement monocaméral, la « Vouli ». L’opposition acharnée de l’Église orthodoxe, dont se réclament plus de 90 % des Grecs, n’aura rien pu empêcher. Et au-delà de ce texte, c’est aussi une forme d’émancipation laïque du pays qui se manifeste.En tout cas, une décision courageuse pour le Premier ministre grec, qui songe aussi à en tirer profit sur le plan européen, pour l’image de son pays à l’étranger, et pour la sienne sans doute, au cas où il penserait à des fonctions européennes à l’avenir.Pour toutes les personnes concernées, c’est bien sûr un moment historique. Désormais, elles ont non seulement les mêmes obligations, mais aussi les mêmes droits que les autres citoyens. Et la Grèce devient le 17ᵉ pays de l’Union européenne à autoriser le mariage pour les couples de même sexe, le 37ᵉ dans le monde, et, plus symboliquement, le 1ᵉʳ pays chrétien orthodoxe.À lire aussiGrèce: adoption au Parlement du droit au mariage pour les homosexuels
2/16/20243 minutes, 25 seconds
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Présidentielle américaine: Joe Biden devient-il un handicap pour les démocrates américains?

Le président américain, âgé de 81 ans, est actuellement en campagne pour sa réélection. Il a multiplié ces derniers jours les faux-pas en confondant plusieurs dirigeants étrangers, vivants ou même morts. Chez les démocrates, doit-on s'inquiéter de l'âge du capitaine Biden ?  La réponse est oui. Cette inquiétude d'ailleurs est déjà perceptible chez les sympathisants démocrates. Il y a l'âge et surtout les manifestations de l'âge. Le problème, qui s'accentue dangereusement depuis quelques mois, c'est que Joe Biden semble avoir une mémoire qui flanche de plus en plus. Une élocution parfois difficile, et surtout ce phénomène remarqué ces derniers jours : le président américain se souvient de certains événements, mais confond les intervenants de manière troublante, comme s'il était resté figé entre les années 1980 et 2000. C'est ainsi que, évoquant le sommet du G7 dans les Cornouailles en juin 2021, il se souvient d'une conversation avec… François Mitterrand, décédé en 1996... au lieu, bien sûr, d'Emmanuel Macron.Il remet ça quelques jours plus tard, toujours à propos de ce sommet qui l'a marqué, dit-il, car les dirigeants européens exprimaient leurs inquiétudes sur l'état de la démocratie américaine après le mandat de Donald Trump. Il parle cette fois d'une conversation qu'il a eue avec le chancelier allemand Helmut Kohl, mort en 2017, en lieu en place d'Angela Merkel, bien présente, elle, au sommet du G7.À lire aussiÀ la Une: la mémoire défaillante de Joe BidenJoe Biden, un « homme âgé, sympathique, mais qui a une mauvaise mémoire »Et les choses ne se sont pas arrangé en cette fin de semaine… Mis hors de cause dans une affaire de documents confidentiels conservés par lui, Joe Biden se trouve confronté à la publication du rapport du procureur, qui certes le met hors de cause, mais rend aussi publics ses commentaires sur cet « homme âgé, sympathique, mais qui a une mauvaise mémoire », et souligne que, notamment, il n’a pas pu se souvenir de la mort de son fils aîné Beau.Fureur de Joe Biden, qui convoque la presse pour dire que oui, il est âgé, mais que non, il n’a pas problèmes de mémoire. Avant de répondre à une question sur la situation à Gaza, et là, patatras : il parle du président du Mexique, Al Sissi, qui en fait dirige l’Égypte. L’effet est désastreux et fait les délices du camp trumpiste.À lire aussiDocuments confidentiels: aucune charge contre Joe Biden en raison de sa «mauvaise mémoire»Trop tard pour remplacer Joe BidenDans le camp démocrate, la situation devient sérieuse. Trois Américains sur quatre estiment que Joe Biden n’est pas en mesure d’effectuer un second mandat à la tête du pays, quand ils ne sont que 60 % à penser que les ennuis judiciaires de Donald Trump sont un problème pour sa candidature.L’état-major démocrate se trouve face à la quadrature du cercle : il est trop tard pour remplacer Joe Biden, et par qui d’ailleurs ? En même temps, il faut tenir la longueur avec un candidat dont le bilan est plutôt bon, mais dont la fatigue, les gaffes et les trous de mémoire deviennent un sujet de campagne.Trouver la meilleure parade possible, c’est donc désormais la priorité. Car, si rien n’est fait, Joe Biden pourrait devenir le meilleur et le pire des candidats face à Donald Trump.
2/9/20243 minutes, 19 seconds
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Israël/Territoires palestiniens: quels projets, quels hommes pour l’après-conflit à Gaza?

Que pourrait-il se passer et qui est déjà en train de s’esquisser dans la perspective du « Jour d’après », dans la bande de Gaza où les combats continuent entre l’armée israélienne et le Hamas ? Et au-delà d’une éventuelle trêve, actuellement en négociation, y a-t-il des pistes sur l’après-conflit, notamment en termes de projets et de personnalités des deux côtés ?   Il y a sur la table plusieurs options pour l’avenir de la bande de Gaza, en termes de gouvernance notamment. Car, une fois le conflit terminé et le Hamas « éradiqué », selon la terminologie israélienne, que va-t-il advenir du statut de l’enclave et des plus de 2 millions de personnes qui y vivent ? Une réoccupation par Israël semble exclue, même si l’armée israélienne aurait la possibilité à tout moment de réinvestir le territoire en cas de nécessité sécuritaire.L’enclave pourrait être placée sous contrôle international de l’ONU pendant une certaine période, ou sous la responsabilité de pays arabes de la région. Ces deux options sont étudiées, ainsi qu’une gestion de l’enclave par une Autorité palestinienne rénovée, selon le qualificatif de l’administration Biden.De part et d’autre, on reparle de personnalités qui pourraient permettre de relancer le dialogue entre Israéliens et Palestiniens. Côté israélien, c’est Benny Gantz qui a de plus en plus la cote dans les sondages d’opinion. L’ancien chef d’état-major et ministre de la Défense a finalement accepté de rejoindre le cabinet de guerre de Benyamin Netanyahu. Et il fait de l’ombre à ce dernier, de plus en plus critiqué dans la société israélienne pour sa gestion de la crise. L’après-Netanyahu, ce pourrait donc être lui lors des prochaines élections.À lire aussiGouvernement Netanyahu: comment l'extrême droite israélienne arrive à imposer son agendaCôté palestinien, on reparle beaucoup de Mohammed Dahlan, l’ancien homme fort du Fatah à Gaza,qui a lutté férocement contre le Hamas dans les années 2000. Très critique de Mahmoud Abbas qui le lui rend bien, il est aujourd’hui réfugié aux Émirats arabes unis. C’est un homme d'affaires richissime, proche du dirigeant émiratien « MBZ » Mohammed Ben Zayed, qui le décrit comme un frère. Après un long silence ces dernières semaines, Mohammed Dahlan a accordé une interview au site web français Politique internationale. Il y préconise un gouvernement de technocrates à la fin du conflit pour une période de deux ans. Puis des élections dans tous les territoires palestiniens pour choisir un successeur au vieux et très impopulaire Mahmoud Abbas.Est-ce que ce serait lui ? Non, dit-il, tout en précisant qu’il est prêt à œuvrer pour sa patrie. Mohammed Dahlan, pourrait donc être l’artisan de la rénovation de l’Autorité palestinienne voulue par Washington. Mais rien n’est fait pour l’instant. Et puis il y a aussi une autre figure palestinienne très populaire, actuellement emprisonnée par Israël, Marwan Barghouti.En tout cas, de part et d’autre, on sent que les lignes commencent à bouger un peu. Et c’est un début de bonne nouvelle. 
2/2/20243 minutes, 37 seconds
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Birmanie: premiers revers pour la junte militaire

Près de trois ans jour pour jour après le coup d’État en Birmanie qui a renversé un gouvernement élu et mis brutalement fin à une parenthèse démocratique de dix ans, le pouvoir birman montre les premiers signes de faiblesse sur fond de vastes offensives rebelles. Peut-on déjà parler d’un tournant ? Si l’on en croit la rumeur, seul indicateur de l’opinion dans un pays sans presse libre et fermé au monde extérieur depuis trois ans, les jours au pouvoir du général putschiste Min Aung Hlaing seraient comptés. Une manifestation de centaines de soldats mécontents dans les rues de plusieurs villes du nord birman la semaine dernière a même laissé se murmurer qu’un contre-coup d’État était en cours.Chose impensable il y a encore quelques mois dans une Birmanie tenue d’une main de fer et repris par ses vieux démons dictatoriaux, le pouvoir militaire est entré dans une profonde zone de turbulences opérationnelles et structurelles depuis le déclenchement d’une série d’audacieuses offensives rebelles aux quatre coins de cet immense pays d’Asie du Sud-Est. L’opération « 1027 » de la résistance armée, lancée en novembre dernier, a déjà provoqué la chute de 35 villes, dont certaines proches de Naypidaw, la capitale, sans compter les centaines de bases abandonnées par une troupe en retraite et, du jamais vu dans l’histoire de la Tatmadaw, l’armée birmane, la reddition de milliers de soldats et de dizaines d’officiers supérieurs dont certains n’ont eu d’autres choix que de fuir en franchissant illégalement et piteusement les frontières indienne et chinoise.Si le vent semble progressivement tourner en faveur de la résistance armée, c’est d’abord grâce à une audace politique : celle du gouvernement de l’ombre constitué après le putsch et composé de parlementaires ou d’activistes entrés en clandestinité. Ainsi, pour la première fois depuis l’indépendance en 1948, les Birmans, issus d’une gigantesque mosaïque ethnique et sociale, ont décidé de parier sur l’unité et d’en faire une force contre la dictature.Depuis novembre 2023, c’est en effet une alliance inédite de rebelles ethniques et de militants de la Force de défense populaire, étudiants, ouvriers, femmes et hommes, qui a conjointement mis en branle des attaques tous azimuts. Du lointain État d’Arakan dans l’Ouest frontalier du Bangladesh, à l’Extrême Nord des États Shan et Kachin qui bordent le Yunan chinois, en passant par les bastions karens et karennis le long des quelque 2 000 kilomètres qui séparent l’est birman de la Thaïlande, les insurgés ont frappé fort, déstabilisant les forces gouvernementales, provoquant désertion en masse comme le ralliement de plusieurs milices pro-junte. Jusqu’à politiquement fragiliser le chef suprême du pouvoir militaire…Si la junte birmane a traditionnellement pu compter sur des appuis de taille, à Pékin et Moscou notamment, tant au Conseil de sécurité des Nations unies pour bloquer des votes de sanctions que pour, aussi, renforcer son arsenal – les avions de combats chinois et les hélicoptères russes sont l’un des derniers grands atouts des militaires birmans sur le terrain face aux rebelles – une page, là aussi, est en train de se tourner sur la frontière nord. Les récents bombardements qui ont débordé du côté chinois et ont touché des villes frontalières ont provoqué la colère de Pékin qui a toujours cultivé une ambiguïté diplomatique en soutenant le pouvoir birman, mais en commerçant aussi avec des rebelles exportateurs de précieuses ressources naturelles. 
1/26/20243 minutes
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Présidentielle américaine 2024: quelles conséquences internationales en cas de réélection de Trump?

L’ancien président Donald Trump part largement favori, pour l’instant, dans le cadre des primaires républicaines lancée depuis le 8 janvier. Quelles seraient les conséquences internationales d'une élection de Donald Trump à la Maison Blanche en novembre prochain ?  On peut parler de conséquences importantes. Car par rapport à son premier mandat qui déjà avait fait turbuler le système international, les choses pourraient être encore plus déstabilisantes en cas de deuxième mandat de Donald Trump. Entre 2016 et 2020, ce dernier avait déjà posé des mesures disruptives comme ses foucades contre l’Otan, sa proximité avec la Russie de Vladimir Poutine, ses mesures protectionnistes contre la Chine et l’Union européenne ou encore sa décision de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État hébreu. Alors à quoi s’attendre si Donald Trump l’emporte à la prochaine présidentielle ? Les mêmes thèmes seront mis en avant, mais en pire si l’on peut dire. Autour des slogans « MAGA » (« Make America Great Again ») et America first, l'Amérique d'abord, Trump va de nouveau dire tout le mal qu'il pense des organisations de coopération multilatérales telles que le G7, le G20 ou l'Otan. Au-delà de déclarations intempestives ou d'actions inattendues, on peut s'attendre à des sommets pénibles ou vains.À lire aussiÀ la Une: le match Biden-Trump a déjà commencéQuid de l'OtanOn s'interroge surtout sur le sort de l'Otan, voué aux gémonies entre 2017 et 2021, Trump estimant que ce n'était pas le rôle des États-Unis de payer autant pour assurer la sécurité de ses alliés européens. Que pourrait-il faire cette fois-ci ? Par précaution, deux sénateurs américains ont d'ailleurs fait adopter un amendement législatif empêchant un président de procéder au retrait unilatéral des États-Unis de l'organisation. Il vaut mieux prévenir que guérir.La question est encore plus préoccupante en pleine guerre d'Ukraine. Trump, même s'il doit rester dans l'Otan, pourrait décider de stopper l'aide militaire et financière à Kiev, une catastrophe pour l'Ukraine et les Européens, et une aubaine pour Vladimir Poutine.À lire aussiPrésidentielle 2024 aux États-Unis: Trump se dit sûr de gagner... pour la «troisième fois»Les inquiétudes économiques et politiques des EuropéensLes Européens ont d'autres motifs d'inquiétude avec un Trump de nouveau à la Maison Blanche. Des inquiétudes économiques tout d'abord. Avec une crispation quasi certaine des relations commerciales. Et inquiétude politique, avec un encouragement pour les partis ou mouvements populistes en Europe et leurs critiques acérées du fonctionnement actuel des démocraties. Critiques qui se verraient encouragées par une administration Trump. Enfin, un retour de Donald Trump aurait aussi un impact en Asie et au Proche-Orient. En effet, les Chinois redoutent à la fois un durcissement des relations économiques bilatérales et une attitude de totale protection de Taïwan. Enfin, au Proche-Orient, Benyamin Netanyahu doit rêver secrètement de la victoire de Trump, allié indéfectible d'Israël et pas du tout enclin à encourager la solution à deux États.Pour toutes ces raisons, une éventuelle victoire de Trump aux États-Unis représenterait l'un des plus grands défis géopolitiques pour le monde en 2024.
1/12/20243 minutes, 21 seconds
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Washington et Tel Aviv, ça se complique?

Retour sur la tournée qu’effectue actuellement le secrétaire d’État américain Antony Blinken au Proche-Orient, la quatrième depuis les attaques meurtrières du Hamas en Israël le 7 octobre dernier. Peut-on dire que cette tournée est à la fois nécessaire et risquée ? Cette visite est nécessaire, car les États-Unis veulent continuer à jouer un rôle de premier plan dans la région. Ils sont soucieux de maintenir leur soutien à Israël, mais aussi d’entendre les frustrations – et le mot est faible – des dirigeants arabes et turcs sur ce qu’il se passe depuis trois mois dans la bande de Gaza.Le secrétaire d’État tentera de faire passer le message suivant : les États-Unis sont certes un soutien indéfectible de l’État d’Israël, surtout lorsque sa sécurité existentielle est mise en danger, et c’est pourquoi ils soutiennent le refus de Tel Aviv d’instaurer un cessez-le-feu dans l’enclave palestinienne, mais ils entendent aussi œuvrer, à la faveur de cette crise extrême, au retour sur le devant de la scène internationale de la solution à deux états.À écouter aussiIsraël-Hamas, quelle influence pour les États-Unis ?Et c’est là que les choses se compliquent, car pour le gouvernement israélien actuel, cette perspective n’est pas du tout à l’ordre du jour.Pour Netanyahu, seule domine la volonté d’éradiquer le Hamas. Mais c’est beaucoup plus dur que prévu. Et le Premier ministre a donc prévenu : ce conflit va durer. Non seulement parce qu’il lui permet de rester au pouvoir, mais aussi peut-être parce que, s’il n’est pas terminé au moment de l’élection présidentielle aux États-Unis, et si Donald Trump l’emporte, ce sera une très bonne affaire pour Benyamin Netanyahu, beaucoup plus en phase avec Trump. Cela fait beaucoup de « si » néanmoins.Dans l’immédiat, la destruction du Hamas est là encore un objectif partagé par Washington, mais les deux alliés divergent de plus en plus sur la façon d’y parvenir. Les Américains, qui restent l’indispensable soutien financier et militaire à la poursuite de l’offensive de Tsahal, demandent des efforts, notamment un arrêt des bombardements massifs sur les populations civiles au profit d’opérations plus ciblées, et un acheminement massif et immédiat de l’aide humanitaire dans le sud de la bande de Gaza.Le problème, c’est que ces demandes à Israël restent sans réelle réponse pour l’instant.Autant dire que pour l’administration Biden, la gestion de cette crise par le gouvernement de Tel Aviv est source de bien des complications. En interne, où les jeunes générations démocrates dénoncent ce soutien jugé excessif à Israël. Et pourraient donc rester à la maison le jour de la présidentielle, en novembre prochain. Et en externe, où les gouvernements des pays arabes accusent Washington de parti pris délibéré en faveur de Tel Aviv et croient très mollement à une action de médiation américaine. C’est bien pour cela que cette tournée de Monsieur Blinken, si elle est nécessaire, est également à haut risque.
1/5/20243 minutes, 8 seconds
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Donald Trump pourrait-il être empêché de se présenter à la présidentielle américaine?

Cette semaine, le monde en questions revient sur les déboires judiciaires divers et variés de Donald Trump, qui concernent aussi bien des accusations de manipulation électorale que fiscales. Donald Trump court-il le risque de ne pas pouvoir se présenter à l’élection présidentielle de novembre prochain aux États-Unis ? Le risque est réel, mais rien n’est joué, car Donald Trump et ses avocats ont bien l’intention de se battre sur tous les fronts. Désormais, on compte cinq dossiers judiciaires contre l’ancien président. Il y a d’abord une enquête pénale au niveau fédéral pour son rôle dans l’assaut du Capitole en janvier 2021. Ensuite, une enquête au niveau de l'État de Géorgie, en fait une tentative pour inverser de manière frauduleuse le résultat de l’élection dans cet État. À cela s'ajoute l’enquête sur le recel d’archives classifiées du gouvernement emmenées par Trump dans sa villa de Mar-A-Lago en Floride.Viennent ensuite deux accusations fiscales, la première sur des paiements secrets pendant la campagne de 2016, notamment pour faire taire l'actrice Stormy Daniels en échange de la somme juteuse de 130 000 dollars. La seconde accuse Trump et des membres de sa famille d'avoir gonflé frauduleusement les actifs de la Trump Organization pour obtenir des prêts avantageux. Sur ce dossier, la fraude a été établie, le procès est terminé et un juge doit se prononcer sur la peine encourue par l’ex-président dans un mois environ.Nouvel épisode dans le dossier de l'assaut du Capitole Après l’État du Colorado, le Maine vient de décider en la personne de Shenna Bellows, sa secrétaire démocrate, que Donald Trump n’est plus apte à la fonction de président. Dans ces deux États, l’argument invoqué pour le disqualifier des élections primaires est que son attitude lors de l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, s’apparente à des actes d’insurrection, ce qui est interdit selon le 14e amendement de la Constitution à toute personne briguant un mandat public. Dans l’immédiat, cela signifie que Trump ne pourrait pas se présenter aux primaires dans ces deux États, sauf en cas d’injonction contraire de la Cour suprême fédérale vers laquelle se sont tournés ses avocats.L'issue de ces déboires judiciaires va donc se jouer en grande partie sur le timing et les décisions de la Cour Suprême. Donald Trump compte sur le talent de ses avocats pour retarder la tenue de ses procès, actuellement prévus entre mars et mai 2024, en pleine campagne des primaires. Il y a donc un grand risque de parasitage entre les calendriers politiques et juridiques.L’idée est, bien évidemment, de décaler ces rendez-vous judiciaires après le scrutin de novembre. Côté stratégique, les décisions de la Cour suprême vont en effet décréter si Donald Trump peut ou non se présenter à l’élection présidentielle. Il convient de rappeler que la plus haute instance juridique des États-Unis est dominée par les juges conservateurs, notamment en raison des trois nominations de Donald Trump durant son mandat.Qui l’emportera de la proximité partisane ou de l’examen plus impartial du droit ? C’est une des questions importantes pour ce scrutin qui en 2024 aura un impact essentiel, pour les États-Unis, mais aussi pour le reste du monde. À lire aussiÉtats-Unis : Donald Trump bientôt inéligibles dans d'autres États ?
12/29/20233 minutes, 45 seconds
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Gaza, quelles sorties de crise possibles?

Cette semaine le monde en questions revient sur le terrible conflit qui se poursuit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Et la question posée est la suivante : quelles sont les options possibles pour une sortie de crise ? Eh bien, elles sont toutes compliquées et, pour certaines d'entre elles, difficilement envisageables dans l'immédiat, alors que les combats font rage et que la situation humanitaire de la population gazaouie atteint un point de quasi-non-retour.La première option justement, à très court terme, serait de parvenir à un cessez-le-feu humanitaire pour permettre aux habitants de Gaza de souffler, de se nourrir et de connaître un minimum d'apaisement. Option irréaliste pour l'instant en dépit du vote massif en ce sens, mais non contraignant, de l'assemblée générale de l'ONU. C'est que, pour l'instant, les États-Unis maintiennent leur soutien à Israël. Mais, et c'est la 2ᵉ option, ils mettent la pression sur Benyamin Netanyahu pour cesser les bombardements sur l'enclave et passer à des opérations ciblées contre les infrastructures et les responsables du Hamas. Option rejetée pour l'instant par le Premier ministre israélien, ce qui crée d’ailleurs des tensions avec Joe Biden.Troisième évolution, plus probable malheureusement, de cette guerre : c'est qu'elle dure, tant l'objectif d'éradication du Hamas apparaît difficile. Un enlisement qui ne ferait qu'accroître les souffrances des Gazaouis et pèserait de plus en plus sur l'économie israélienne, dont les forces vives sont massivement mobilisées sur le front.On peut aussi redouter, et c'est la 4ᵉ évolution possible du conflit, un embrasement régional, même si l'Iran semble ne pas vouloir pousser ses alliés, Hezbollah et Houthis, à aller au-delà d'une politique de harcèlement d'Israël. Embrasement qui pourrait aussi concerner la Cisjordanie.On réfléchit aussi aux scénarios envisageables, en partant de l'hypothèse, hors de portée pour l'instant, d'une cessation des combats. Avec cette question : que devient ensuite l'enclave palestinienne, détruite aux deux tiers ? Il y a d'abord le scénario d'une réoccupation par Israël, 18 ans après l'évacuation des colons. Benyamin Netanyahu reste très vague sur ce point - insistant surtout sur le contrôle sécuritaire autour de l'enclave. Car une réoccupation poserait de nombreux défis sécuritaires et, surtout, elle n'offre aucune perspective politique, ni pour les Palestiniens, ni pour les Israéliens.Autre scénario : le déploiement d'une force internationale et/ou régionale dans l’enclave, pour assurer une transition vers un règlement du conflit et permettre aussi de débuter la reconstruction de Gaza. Mais les pays arabes potentiellement concernés, ainsi que l'ONU, sont réticents à une telle solution - tant le transitoire peut durer.Enfin, on arrive sur le scénario longtemps oublié, à savoir le retour de la solution à deux États. Mais il suppose plusieurs conditions, le retour de l’Autorité palestinienne à Gaza, l’organisation d’élections dans tous les territoires palestiniens et sans doute aussi en Israël. Le meilleur et pour l’instant, le plus inatteignable.
12/15/20233 minutes, 16 seconds
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Quel enjeu pour l’élection présidentielle en Égypte?

Cette semaine, Le monde en questions évoque l’élection présidentielle qui se déroule en Égypte du 10 au 12 décembre. Avec à la clef une très probable reconduite au pouvoir du maréchal Abdel Fattah al-Sissi, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 2014. Et la question posée est la suivante : quel est l'enjeu d'un scrutin dont le résultat est écrit d'avance ? D'un point de vue strictement politique, l'enjeu est effectivement inexistant. Il est absolument certain que Abdel Fattah al-Sissi sera réélu pour un troisième mandat à l'issue de cette élection présidentielle. Pour rappel, lors des deux précédents scrutins, en 2014 et 2018, il avait obtenu respectivement 97 et 96 % des suffrages exprimés. On sera sans doute dans cet ordre de grandeur pour celui qui débute ce 10 décembre.Presque 13 ans après la révolution qui avait chassé du pouvoir Hosni Moubarak, l'Égypte, ce géant du monde arabe avec une population de 105 millions d'habitants, se retrouve dans une situation comparable, voire pire selon certains experts, en termes de gouvernance et de non-respect des droits de l'homme. Des milliers de personnes sont détenues pour des motifs politiques. Les candidats qui voulaient, malgré une forte répression, se présenter contre al-Sissi en ont été empêchés, à l'exception de trois candidats fantoches proches du régime. En bref, on est dans un scrutin organisé par une dictature qui fait à peine semblant de préserver une façade démocratique. Un bilan politique préoccupant, mais la situation est également critique en économie.Les secteurs rentables toujours contrôlés par l'arméeLa monnaie égyptienne a été plusieurs fois dévaluée cette année. Le FMI reste réticent à débloquer une nouvelle tranche de trois milliards de dollars sans la mise en œuvre de réformes libérales, qui dans premier temps vont aggraver la précarité de millions de personnes. L'équation est délicate...D'autant qu'en Égypte, c'est l'armée qui a conservé la mainmise sur les secteurs rentables de l'économie comme le commerce fluvial – après l'élargissement du canal de Suez en 2015 – ou encore le tourisme, sans parler des projets pharaoniques lancés par al-Sissi. Notamment la construction en cours d'une capitale administrative à moins de 50 km du Caire, surnommée ironiquement « Sissi City » par de nombreux Égyptiens.Une absence d'alternative politiqueQu'en est-il du positionnement diplomatique de l'Égypte ? C'est l'un des points forts du maréchal al-Sissi, et il en joue abondamment. L'Égypte demeure un pays incontournable dans la région et les événements de Gaza ont encore renforcé ce statut. Du coup, les grandes puissances ménagent ce dictateur par souci de realpolitik. D'abord parce que c'est lui ou le retour au pouvoir des Frères musulmans, proches du Hamas – inenvisageable pour les capitales occidentales. D'autant que l'activisme des groupes islamistes reste problématique dans le Sinaï. Ensuite, parce que les intérêts économico-militaires restent trop forts entre le Caire et l’Occident.En résumé : une élection jouée d'avance et dont le véritable enjeu sera le taux de participation plus que le résultat lui-même, qui reconduira al-Sissi au pouvoir jusqu’en 2030. Les libertés publiques et individuelles, ainsi que le niveau de vie de millions d'Égyptiens, attendront. Sauf si cette marmite sociale se met à déborder.À lire aussiCampagne présidentielle en Égypte: pas de changement politique à l'horizon
12/8/20233 minutes, 29 seconds
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Israël-Hamas, quelle influence pour les États-Unis?

Cette semaine, Le monde en question s'intéresse au rôle que jouent les États-Unis dans le conflit en cours entre Israël et le Hamas. Un rôle important, au vu des liens qui unissent Washington et Tel-Aviv depuis la création de l’état hébreu en 1948. Et la question posée est la suivante : le conflit entre Israël et le Hamas met-il la diplomatie américaine dans une position délicate ?  La réponse est oui. Pour preuve, la tournée qu'effectue en ce moment le secrétaire d'État américain Anthony Blinken. Il s'est rendu ce jeudi en Israël pour la troisième fois depuis le massacre commis par le Hamas le 7 octobre 2023.C'est dire l'importance que Washington accorde à ce conflit et la difficulté à laquelle il est confronté : manifester un soutien sans faille à l'État hébreu, comme les États-Unis l'ont toujours fait depuis 1948, notamment dans les périodes difficiles, et en même temps faire pression sur l'actuel gouvernement israélien, engagé dans une guerre sans pitié contre le Hamas, au prix de bombardements massifs dans la Bande de Gaza, accompagnés de milliers de morts parmi les civils gazaouis, et d'une situation humanitaire catastrophique pour les plus de deux millions d'habitants de l'enclave, dont les deux tiers environ ont fui l'enfer du nord du territoire et se retrouvent dans le sud, un peu moins exposés – mais dans des conditions de vie dramatique. Une évolution de la position américaineFace aux condamnations grandissantes de la communauté internationale et des organisations humanitaires, Joe Biden a infléchi son positionnement de départ, qui revenait à un appui sans réserve de l'action du gouvernement et de l'armée israélienne. Cet argument tient toujours. Pour les États-Unis, après les horreurs du 7 octobre dernier, Israël a le droit de se défendre et de vouloir anéantir le Hamas à Gaza. À lire aussiGaza: selon le «New York Times», Israël connaissait le plan d’attaque terroriste du HamasMais désormais, il y a aussi une véritable pression exercée par Washington sur le gouvernement de Benyamin Netanyahu, sur plusieurs points : d’abord sur la nécessité de réduire au maximum le nombre de pertes civiles pendant les opérations de Tsahal. À voir si ce point sera respecté, avec la reprise du conflit ce vendredi 1ᵉʳ décembre 2023. Les Israéliens ont annoncé un plan pour permettre aux civils de se réfugier dans des zones sécurisées et ont même communiqué une carte interactive en ce sens. Mais la mise en œuvre de cette mesure, dans un territoire aussi exigu que le sud de la bande de Gaza, sera compliquée.Accélération du flux de l’aide humanitaire vers GazaIl s’agit aussi d’aider les populations civiles à traverser cette période terrible. Ils ont augmenté leur propre aide. De ce point de vue, rien n’est joué : durant la trêve, quelques centaines de camions d’aide ont pu traverser le poste frontière de Rafah. Que va-t-il se passer maintenant que la trêve est terminée ?C’est pourquoi Washington reste déterminé à tout faire pour qu’un nouvel arrêt des combats permette de nouvelles libérations d’otages et un acheminement massif d’aide. Les négociations se poursuivent et les Américains y jouent un rôle important. Ces discussions déboucheront-elles ? Là encore, pas de réponse pour l’instant.Enfin, les Américains demandent à Israël de renoncer à sa politique colonialiste en Cisjordanie. Demande non suivie d’effet pour l’heure.On le voit : les États-Unis font pression, obtiennent quelques résultats, mais sont confrontés à un gouvernement israélien qui refuse d’envisager l’après conflit et un règlement politique comprenant la perspective d’un État palestinien. Soutenir Israël, mais faire pression aussi et obtenir des avancées politiques : l’équation reste très compliquée pour la diplomatie américaine. À écouter aussiLes États-Unis ne peuvent plus négocier seuls avec Israël et le Hamas
12/1/20233 minutes, 28 seconds
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Israël–Hamas, une «guerre de civilisations»?

Cette semaine, Le monde en questions se demande si le conflit entre Israël et le Hamas peut être qualifié, au-delà de son aspect local, de manifestation d’un affrontement entre deux types de conceptions morales, identitaires et religieuses. Et la question est la suivante : avec ce conflit, sommes-nous en train d'assister, comme l'affirment certains commentaires, à un nouvel épisode d'une « guerre de civilisations » entre l'Occident et ce qu'on appelle aujourd'hui « le Sud global » ?  La réponse à cette question n'est pas évidente. Pour certains, le constat est clair : avec le conflit entre Israël et le Hamas, nous sommes bel et bien dans une nouvelle manifestation de ce choc des civilisations, théorisé il y a 26 ans par l'historien américain Samuel Huntington.Pour faire court, sa thèse est la suivante : après l'effondrement de l'URSS en 1991, ce sont aussi les grandes idéologies qui se sont évanouies. Le communisme, le socialisme, le capitalisme, le libéralisme, toutes ces écoles de pensées auraient cessé d'être pertinentes pour rendre compte des rapports de force dans le monde. Après une période où l'on a pu croire à la toute-puissance des États-Unis, de nouvelles forces sont apparues, avec en particulier la montée en puissance de l'islamisme radical. Du coup, il ne s'agit plus d'une guerre idéologique, mais d'une guerre de civilisations qui repose sur l'adhésion ou le rejet d'un modèle culturel, économique, identitaire ou religieux. Comment cela se traduit-il concrètement ?Cela se manifeste par l'opposition grandissante et de plus en plus violente entre, d'une part, les pays occidentaux (États-Unis, Canada, Union européenne, Israël, Japon, Corée du Sud, Taïwan…) et d'autre part, de nouvelles puissances émergentes en Asie, au Proche-Orient, en Afrique et en Amérique latine. Puissances qui proposent des modèles alternatifs au modèle occidental (démocratie politique et libéralisme économique) ou qui sont critiques de ce modèle. Quant aux organisations qui se réclament d’un islam intégriste, elles souhaitent carrément détruire ce monde occidental corrompu, arrogant et amoral.Cette grille de lecture peut sembler séduisante et contient indéniablement une part de vérité.Elle permet à certains acteurs de la scène internationale de lire sous ce prisme les grands événements de ces 20 dernières années : les attentats du World Trade Center, les attentats en France et en Europe dans les années 2010, le conflit syrien, et plus récemment la guerre en Ukraine et donc le conflit Israël - Hamas depuis les terribles exactions du 7 octobre 2023 et la réponse musclée d'Israël.Mais elle trouve aussi ses limites, car il s’agit d’une approche trop simpliste, trop binaire dans le monde d’aujourd’hui, très multipolaire. Certes, de nombreux pays non-occidentaux partagent une forme d’envie ou de ressentiment vis-à-vis de l’Occident, et plus précisément des États-Unis. Mais les intérêts, les différents territoriaux, les liens économiques ou militaires rendent les choses bien plus complexes. En revanche, l’Occident, obligé de lutter contre des organisations extrémistes, doit apprendre à davantage prendre en compte ces nouveaux acteurs étatiques et à coopérer plutôt qu’à imposer.À écouter aussiIsraël-Gaza: quels risques de contagion?
11/17/20233 minutes, 3 seconds
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Conflit Israël-Hamas: quelles sont les options pour le «Jour d’après» à Gaza?

Cette semaine, vous nous parlez du conflit en cours dans la bande de Gaza, avec déjà des interrogations sur la suite des événements dans cette enclave palestinienne et dans l’ensemble des territoires palestiniens occupés, la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Et la question que l’on se pose est la suivante : « Quelles sont les options sur la table pour l'après-conflit à Gaza ? » Les options commencent à se dessiner même s’il peut paraître un peu prématuré d’y penser alors que les combats font rage dans l’enclave palestinienne. Mais à ce stade, personne ne sait combien de temps va durer la guerre entre le Hamas et l’armée israélienne.Ces options concernent d’abord le sort et le statut de la bande de Gaza à l’avenir, et ensuite la question plus large de la question palestinienne, avec le retour de la solution à deux États, laissée sous le tapis depuis des années. Concernant la bande de Gaza, il y a ce que disent les Israéliens et ce que souhaitent les Américains car ce sont les seuls acteurs qui ont une influence sur le gouvernement de Tel-Aviv. Dans l’immédiat, les États-Unis sont sur la même ligne que le gouvernement israélien sur l’impossibilité d’établir un cessez-le-feu sans libération de tous les otages détenus par le Hamas. En revanche, ils ont fortement poussé à ce qu’Israël accepte au moins d’instaurer des pauses tactiques de quatre heures par jour, ce qui devrait se faire désormais.Pour l’avenir de Gaza, après la fin des opérations de l’armée israélienne, le Premier ministre israélien n’a pas été très clair. Il estime que seul Israël, après avoir éradiqué le Hamas, devra à l’avenir assurer la sécurisation de la bande de Gaza, mais sans réoccuper ni gouverner le territoire comme c’était le cas avant 2005. Pas question notamment de réinstaller des colonies juives dans l’enclave.Les États-Unis sont d’accord pour que Gaza ne puisse plus servir de bastion pour le terrorisme, ils souhaitent, eux aussi, qu’il n’y ait pas de réoccupation de Gaza par Israël. Mais ils préviennent également Benyamin Netanyahu : il ne doit pas y avoir un nouveau blocus de Gaza. Pas question non plus d’une réduction du territoire Gazaoui. Telles sont les lignes rouges tracées par la diplomatie américaine.À lire aussiDessiner un avenir pour la bande de Gaza, une tâche bien compliquéeTout cela laisse dans le flou la question de savoir qui gouvernera la bande de Gaza après le désastre. Le plus réaliste, mais pas le plus facile, serait sans doute de réinstaller l’Autorité palestinienne dans le territoire. Sans savoir comment elle sera accueillie, si elle arrive dans les valises de l’armée israélienne. Au-delà du statut du territoire, les événements du 7 octobre ont remis sur le devant de la scène la question plus politique de la solution à deux États. Et notamment l’avènement - enfin – d’un véritable État palestinien, 75 ans après le plan de partage de l’ONU.Mais là aussi, la tâche s’annonce plus que compliquée, sauf à organiser des élections dans tous les territoires palestiniens, et encore. Le résultat ne serait pas reconnu par Tel Aviv si le Hamas pouvait y participer. Côté israélien, il faudrait aussi des élections générales et une autre coalition si l'on veut sérieusement discuter d’une paix durable. On ne sait jamais : des ténèbres surgit parfois la lumièreÀ suivre aussi le direct [En direct] Guerre Israël-Hamas: le plus grand hôpital de Gaza cible d'une frappe meurtrière
11/10/20233 minutes, 12 seconds
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Diab el-Loh, ambassadeur de Palestine au Caire: «Nous tenons à rester sur notre terre»

C'est le 28ᵉ jour de guerre dans la bande de Gaza, les bombes israéliennes continuent de frapper le territoire et ses habitants. Depuis le territoire palestinien, la seule voie vers l'extérieur est le poste frontière de Rafah, par lequel quelques dizaines de blessés sont sortis pour se faire soigner en Égypte. Mais au Caire, les autorités sont fermes depuis le début du conflit : pas question d'accueillir un afflux massif de réfugiés. Rencontre avec l'ambassadeur de Palestine en Égypte, Diab el-Loh, représentant de l'Autorité palestinienne. De notre correspondante au Caire, RFI : Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi refuse d'accueillir un afflux massif de réfugiés gazaouis sur son sol. Qu'en pensez-vous ?Diab el-Loh : Ce sujet de l'installation et du déplacement forcé des citoyens palestiniens de la terre de Palestine est un plan israélien ancien qu'Israël a tenté de mettre en œuvre dans chaque guerre. Nous rejetons la création d'un État de Gaza sur une partie de la terre égyptienne du Sinaï. De plus, les citoyens palestiniens de Gaza, de Jérusalem ou de la Cisjordanie possèdent une conscience nationale suffisante et une culture nationale profonde qui les incite à rester sur leur terre, à ne pas les quitter ni même à migrer brièvement, quelles que soient les circonstances.Les assauts israéliens se poursuivent sur Gaza. Comment recevez-vous l'argument de nombreux pays qui invoquent le droit d'Israël à se défendre depuis l'attaque du Hamas ?Je vais poser une question en guise de réponse : le peuple palestinien n'a-t-il pas le droit de se défendre ? Comment peut-il se défendre face à l'assaut de cette immense machine israélienne moderne ? Le peuple palestinien est un peuple sans défense qui ne possède pas d'armes et est exposé à tout moment à l'agression militaire israélienne.La guerre de communication, c'est aussi un point important, dites-vous.Parce qu'Israël essaie de falsifier les faits, de les déformer et d'imposer une politique de fait accompli sur le peuple palestinien, et ils nous traitent comme si nous étions des monstres. Nous ne sommes pas des monstres, nous sommes des gens qui aimons la vie. Israël ne veut pas seulement déplacer les Gazaouis de ville en ville à l'intérieur du territoire occupé, ce qui est déjà interdit par le droit international, mais Israël veut plutôt les expulser de leurs foyers, de leur terre étroite vers l'Égypte et le monde extérieur, et cela n'arrivera pas bien sûr, comme je vous l'ai dit. Nous tenons à rester sur notre terre, et nous tenons à établir notre État sur notre terre.
11/3/20232 minutes, 27 seconds
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Le Qatar, un rôle incontournable dans la crise entre Israël et le Hamas?

La guerre se poursuit entre Israël et le Hamas, trois semaines après l’attaque terroriste lancée par l'organisation islamiste. Et la capture de nombreux otages, israéliens et étrangers ou binationaux. En quoi le Qatar est-il devenu incontournable dans la gestion de certains aspects de la crise actuelle ?  Si le Qatar joue un rôle aussi important, c'est en grande partie parce qu'il tire profit de sa stratégie diplomatique tous azimuts. Le petit émirat, grand comme l'Île-de-France, a développé, au fil des ans, son influence en s'appuyant sur les ressources considérables tirées de ses gisements en gaz et en pétrole. Mais en maintenant une ligne idéologique proche de l'organisation des Frères musulmans, et des mouvements qui s'en inspirent, comme le Hamas, dont le bureau politique est abrité à Doha depuis 2012. Mais les Frères musulmans étant considérés comme une organisation terroriste, notamment par des pays de la région comme l'Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis – le Qatar a payé le prix lourd : ces deux États lui ont imposé un blocus économique entre 2017 et 2021. Et c'est dans cette période que l’émirat s'est rapproché des États-Unis, qui ont renforcé leur soutien durant cette période compliquée.À lire aussiGuerre Israël-Hamas: des intenses bombardements en cours à Gaza, l'ONU s'inquiète d'une «avalanche de souffrances»Le créancier médiateurAjoutons à cela le rôle de créancier de la bande de Gaza depuis cinq ans, un rôle accepté, voire encouragé par Israël et les États-Unis. 30 millions de dollars par mois sont prêtés pour éviter que l’enclave ne s’effondre économiquement. Le Qatar s’est enfin spécialisé dans le rôle de médiateur dans les prises d'otages, encore récemment entre les États-Unis et l'Iran. Ou même s’agissant de la libération d’enfants ukrainiens retenus en Russie. Si l'on résume : il parle aux États-Unis et abrite une des bases militaires américaines les plus importantes de la région, (10 000 G.I. y sont stationnés), il parle aux européens et commerce avec eux, et enfin, il parle au Hamas, et même à Israël. Et donc logiquement, ce grand écart a priori très problématique à tous points de vue explique le rôle joué par un pays qui surfe sur les crises pour tenter d’augmenter son « soft power », son pouvoir d’influence. C’est pourquoi le Qatar est l’un des principaux médiateurs aujourd’hui, notamment en ce qui concerne les plus de 200 otages détenus par le Hamas.À lire aussiBande de Gaza: nouvelle incursion terrestre israélienne, l’ONU alerte sur le drame humanitaireMission difficileCette médiation est difficile, les tractations sont rudes, car le Hamas conditionne la libération des otages civils à un cessez-le-feu préalable dans l’enclave palestinienne, ce que refuse catégoriquement le gouvernement israélien. Jusqu’ici, quatre otages seulement ont été libérés.Mission difficile donc, mais que le Qatar va poursuivre. Car il sait que cette crise le place d’ores et déjà en acteur important de toute façon, d’autant qu’il se positionne déjà pour la suite, quand elle se produira, à savoir la reconstruction de la bande de Gaza. Et là, ce sont ses moyens financiers qui lui permettront de jouer un rôle essentiel.
10/27/20233 minutes, 23 seconds
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L’impasse entre Israéliens et Palestiniens

Alors qu'une intervention militaire de l'armée israélienne semble imminente, pourquoi la perspective de négociations politiques entre Israéliens et Palestiniens est-elle actuellement hors de portée ? Cette période est marquée par les affrontements. Notablement, l'attaque terroriste du Hamas en territoire israélien le 7 octobre dernier, suivie de la réaction musclée de Tel Aviv, avec sans doute une opération terrestre à venir dans la bande de Gaza. Mais si l'on veut espérer un jour sortir de ces impasses tragiques, dont les civils de part et d'autre paient le prix lourd, il faudra bien revenir aux fondamentaux. Le problème initial est que les deux parties n'arrivent pas à se mettre d'accord sur les modalités d'une paix qui déboucherait sur la coexistence pacifique de deux États, comme le prévoit l'ONU depuis 1948. Les Palestiniens estiment qu'Israël fait tout pour empêcher la création d'un État palestinien. Ils affirment que l’État hébreu, à part quelques coopérations sécuritaires en Cisjordanie, n'a jamais respecté les accords d'Oslo. Ils estiment aussi que les Israéliens, en poursuivant de manière déterminée – quels que soient les gouvernements depuis 20 ans –, une politique active de colonisation en Cisjordanie, rendent de plus en plus impossible, concrètement, le fonctionnement d'un véritable État, avec notamment une indispensable continuité territoriale.Certains vont même jusqu'à dire que le véritable objectif d'Israël, en violation du droit international et des résolutions de l'ONU, est en fait de s'emparer de la Cisjordanie pour créer le « Grand Israël » – comme le réclament d'ailleurs à Tel Aviv les membres les plus extrémistes de l'actuel gouvernement.Un dialogue impossibleC'est cette méfiance qui se transforme en hostilité puis, notamment pour les plus jeunes, en désespoir. « No future », pas d'avenir, et donc bien souvent un processus de radicalisation. La situation est à la fois différente et semblable dans la bande de Gaza. Différente, car depuis le retrait de 2005, il n'y a plus de colonies israéliennes dans ce territoire. Semblable, car le blocus imposé par Israël et l'Égypte rend la vie quotidienne très difficile pour les 2,3 millions de personnes qui s'entassent dans ce réduit de 400 km². Sans compter les interventions de l'armée israélienne qui réagit aux attaques lancées par le Hamas depuis ce territoire. Côté israélien, on estime que l'effondrement de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie et l'hostilité totale du Hamas, qui dans sa charte prône la destruction de l'État hébreu, rendent impossible un dialogue sincère et responsable pour une option politique. Ce qui se passe depuis deux semaines ne fait que renforcer l’impossibilité d’un dialogue à court et sans doute à moyen terme. C'est le drame de la région : dans chaque camp, ce sont les fossoyeurs du processus d'Oslo qui sont actuellement en position de force, et qui entraînent les civils israéliens et palestiniens dans un débordement de fureur, de passion et de haine.
10/20/20233 minutes, 11 seconds
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Élections parlementaires en Pologne: un enjeu national, régional et européen

Les électeurs polonais se rendent aux urnes ce dimanche 15 octobre, pour élire 460 députés et 100 sénateurs. Ce scrutin est présenté comme le plus important depuis 1989, date de la chute du communisme, et la Pologne est à la croisée des chemins. Rendez-vous ce dimanche soir pour savoir si la Pologne opte pour l’alternance ou pour un troisième mandat consécutif pour le PiS, ce qui serait historique dans la vie politique polonaise depuis 1989. En résumé, soit le retour au pouvoir de l’opposition pro-européenne dirigée par l’ancien président du conseil européen Donald Tusk, soit la pérennisation de la phase illibérale engagée par Droit et Justice (PiS), le parti populiste nationaliste au pouvoir sans discontinuer depuis 2015. Quelles sont les tendances ?  Sauf énorme surprise, le PiS devrait arriver en tête, mais sans majorité absolue. La question sera donc de savoir si le parti Droit et Justice est en mesure de former une coalition. Son partenaire le plus naturel serait Confédération. Mais ce parti d’extrême droite se dit hostile à une coalition, même si les experts n’excluent une alliance possible. Toutefois, si les deux partis partagent une idéologie commune, ils diffèrent de façon notable en matière de politique économique et sociale. Par exemple, les aides octroyées aux familles par le gouvernement PiS ne sont pas du goût des ultra-libéraux de Confédération. La coalition civique emmenée par Donald Tusk est donnée deuxième dans tous les sondages. En revanche, si ses alliés potentiels entrent au parlement, elle pourrait disposer d’une coalition gouvernementale. Ce dimanche soir, tout l’enjeu sera de savoir si les partenaires plausibles, le parti la Nouvelle gauche (Nowa Lewica en polonais) franchit le seuil de 5% et si la coalition « 3e voie » atteint au moins 8% des voix. Le sésame pour avoir des députésÀ écouter aussiGrand reportage: Les racines du PiS en PologneUn scrutin qui fait écho à la SlovaquieL’élection du 30 septembre dernier en Slovaquie a marqué le retour au pouvoir de Robert Fico, le Orban slovaque. Le Smer-SD, son parti très critique de l’Union européenne et de l’Otan, réclame aussi la fin de l’aide militaire à l'Ukraine. Ce n’est pas sans rappeler les propos du Premier ministre polonais, qui a expliqué pendant la campagne que la Pologne ne fournirait plus d’armes à son voisin, devant se concentrer sur la modernisation de sa propre armée.Un climat aux antipodes de l’élan de solidarité qui avait prévalu en février 2022, quand la Russie avait attaqué l’Ukraine. Mais le ressentiment de certains Polonais à l’égard des réfugiés ukrainiens et l’affaire des céréales ukrainiennes ont été exploités par le PiS pour séduire des électeurs aussi convoités par l’extrême-droite. Un scrutin suivi de près par l’Union européenneLa tentation eurosceptique et illibérale est bien ancrée en Europe centrale. Robert Fico en Slovaquie, Viktor Orban en Hongrie et Jaroslaw Kaczynski sont des fervents partisans d’une « Europe des Nations » et farouches opposants d’une Europe plus intégrée. Finalement, au sein du groupe de Visegrad, ne reste que la République tchèque qui a fait le choix en janvier dernier d’élire Petr Pavel. Elle a ainsi tourné le dos à une forme de dérive illibérale qu’aurait représentée l’élection de son rival, Andrej Babis.L’euroscepticisme et les tendances nationalistes et illibérales de ces dirigeants pèseront sur le scrutin européen de juin 2024. L'avenir de l’Union européenne sera peut-être en jeu en fonction des résultats, d’autant que le calendrier veut que la Hongrie assure la présidence tournante du conseil de l’Union européenne à partir de juillet 2024. C’est la Pologne qui prendra la suite pour six mois, en janvier 2025. 
10/14/20232 minutes, 53 seconds
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Sommet européen à Grenade: quelle politique migratoire pour l'UE?

Les 27 membres de l’Union européenne se sont réunis à Grenade, dans le sud de l’Espagne. Ce sommet informel a-t-il permis de progresser sur l’un des défis majeurs auxquels l’Union est confrontée, à savoir la question migratoire ?  Eh bien oui, ça bouge sur ce sujet ô combien clivant en Europe. Il y a quelques jours, les chefs d’États et de gouvernement ont dégagé un compromis important, à l’issue d’un vote à la majorité qualifiée au Conseil de l’Europe. Un texte qui conjugue fermeté sur les conditions d’entrée dans l’Union européenne et solidarité renforcée des États membres, en cas d’arrivée massive de migrants, même si le terme « massif » n’est pas détaillé.Le double objectif est de diminuer le nombre d’arrivées sur le sol européen et de partager plus équitablement entre les 27 l’accueil de ceux qui rentrent, pour soulager le fardeau des pays d’arrivée – l’Italie, mais aussi la Grèce et l’Espagne. Il y a enfin un volet de partenariat migratoire avec les pays d’origine ou de transit qui doivent, eux aussi, jouer leur rôle, en échange d’une aide financière des Européens. Ce système existe déjà avec la Tunisie, avec des résultats plus que décevants pour l’instant. À lire aussiSommet européen de Grenade: l'enjeu des migrations pour MacronOpposition de la Pologne et la HongrieCe texte pourtant continue de provoquer de fortes réticences de certains pays de l’Union européenne. En effet, certains États renâclent – et c’est un euphémisme – sur le volet solidarité, notamment la Pologne et la Hongrie. Le Premier ministre hongrois, jamais avare de déclarations choc, parle même de viol ! Budapest et Varsovie restent en fait sur des positions racialistes, pour ne pas dire racistes. En effet, ces deux pays contestent non seulement les dispositions prévues sur le nombre de personnes à accueillir, mais indiquent aussi, de façon plus ou moins explicite, que les bons migrants sont par exemple ukrainiens, blancs et chrétiens. Ce texte, au-delà des oppositions qu’il suscite, devra ensuite être validé par le Parlement européen, et là aussi ça ne s’annonce pas simple. Le Parlement, en tant que colégislateur, a son mot à dire. Et en effet, les discussions s’annoncent tendues entre ceux qui trouvent l’accord trop contraignant, et ceux qui pensent au contraire qu’il n’est pas assez généreux et humaniste.Élargissement de l'UECette question migratoire illustre en tout cas la complexité et l’hétérogénéité du fonctionnement européen. Faute d’être tous, peu ou prou, sur la même ligne idéologique, les 27 ont un mal fou à s’entendre sur ce problème essentiel, mais pas unique. La problématique est assez similaire sur le dossier de l’élargissement de l’Union alors que huit pays désormais, dont l’Ukraine, restent dans la salle d’attente de l’Union. Retenons néanmoins qu’à Grenade, malgré les difficultés, l’Europe a fait un premier pas pour harmoniser sa politique migratoire. Reste à transformer l’essai et ensuite à voir comment ce texte sera mis en œuvre concrètement.À lire aussiL'Europe en sommet à Grenade en Espagne
10/6/20233 minutes, 14 seconds
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Élections législatives en Slovaquie: vers un retour gagnant pour Robert Fico?

Ces élections anticipées de Slovaquie qui se tiennent samedi 30 septembre sont scrutées avec attention par les 26 autres capitales de l’UE, car elles pourraient marquer le retour d’un trublion de la scène politique européenne, l’ancien Premier ministre Robert Fico. Il ambitionne de le redevenir avec un programme à même de donner des maux de tête à la plupart des partenaires européens de la Slovaquie. De notre envoyé spécial à Bratislava,Robert Fico semble avoir modelé son attitude et ses nouvelles idées sur celles de Viktor Orbán en Hongrie voisine même si pour le reste Robert Fico n’hésite pas à proférer des propos hostiles aux Magyars. Ces propos anti-magyars sont cependant plus dirigés contre la minorité hongroise de Slovaquie que contre la Hongrie elle-même. De la même façon, Robert Fico porte haut la rhétorique anti-tsiganes et surtout la rhétorique anti-migrants. La crise migratoire s’est invitée dans cette campagne législative via les positionnements de Robert Fico et une palette de partis nationalistes, d’extrême droite, voire néo-fascistes.Les routes migratoires, du grain à moudre pour Robert Fico La Slovaquie s’est retrouvée en 2023 sur le parcours de migrants vers l’Europe occidentale, ce qui fournit donc un argument de campagne tout trouvé à Robert Fico. Lors de son dernier mandat de Premier ministre, il était aux manettes au moment de la crise migratoire de 2015-2016 et il a déjà marqué à ce moment-là un virage très net contre l’immigration non-européenne.Avec la Pologne et la Hongrie, la Slovaquie a fait partie des pays européens qui ont absolument refusé de se plier à la proposition de l’époque de la Commission européenne de relocaliser des demandeurs d’asile. Robert Fico peut à nouveau utiliser ce levier électoral puisque la réforme actuelle du pacte asile et migration de l’Union européenne comporte la même proposition de relocalisation. Selon les estimations, 20 000 migrants sont entrés en Slovaquie en 2023 en provenance de Serbie via la Hongrie, un repoussoir tout trouvé pour Robert Fico et ses alliés potentiels.À lire aussiSlovaquie : le soutien à l’Ukraine, enjeu des élections législatives anticipéesRhétorique pro-russe Les migrants ne sont pas les seuls « arguments » électoraux de ces partis potentiellement à même de former la future coalition gouvernementale slovaque, il y a aussi une rhétorique pro-russe très marquée. C’est d’ailleurs une caractéristique très frappante de cette campagne. Robert Fico a affirmé que si Vladimir Poutine venait en Slovaquie quand il serait Premier ministre, il ne demanderait pas son arrestation. De la même façon, il reprend les messages du Kremlin pour affirmer que les nazis ukrainiens ont déclenché la guerre en assassinant des Russes dans le Donbass en 2014.Un des chefs nationalistes d’un parti avec lequel le Smer de Robert Fico a déjà été au gouvernement par le passé affirme même que ces territoires ne sont pas historiquement ukrainiens. Robert Fico ne cache pas son intention de s’allier avec Viktor Orban pour obtenir la fin des sanctions de l’UE contre la Russie. Un ensemble de déclarations à l’origine des inquiétudes dans la plupart des autres capitales européennes, à l’heure où le Smer de Robert Fico caracole en tête dans les sondages devant le parti pro-européen Slovaquie progressive de Michal Šimečka. À lire aussiSlovaquie : la désinformation comme outil politique en période électoraleVers une coalition compliquée pour Robert Fico ?L’infox, la désinformation ont été les grands gagnants de cette campagne avec beaucoup de théories du complot. Un gouvernement mené par Robert Fico est-il cependant possible ? Les sondages valent ce qu’ils valent dans un pays où l’opinion publique est très poreuse aux infox des réseaux sociaux, mais il semble que Slovaquie progressive serait en train de faire une remontée.Pour le reste, le Parlement slovaque risque de compter entre 15 et 17 partis après les élections et la Constitution d’une coalition pourrait s’avérer très compliquée pour Robert Fico et ses alliés d’extrême droite dont certains souhaiteraient quitter l’Otan, ce que Robert Fico, lui, ne souhaite pas.
9/29/20233 minutes, 37 seconds
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Charles III en France, une visite politique?

Retour sur la visite d’État que vient d’effectuer le roi d’Angleterre Charles III en France. Cette visite a priori symbolique est-elle en fait plus politique ?  La réponse est oui. Certes, en tant que souverain constitutionnel d'un pays démocratique régi par le système parlementaire, Charles III, comme ses prédécesseurs, n'a aucun pouvoir exécutif. Il doit se contenter, et c'est déjà beaucoup, de refléter et d'incarner physiquement l'unité de l'État et la grandeur d'un royaume qui depuis quelques années a bien du mal à se montrer uni. À l'occasion de ces visites d'État, il joue aussi, en accord avec Downing Street, un rôle diplomatique, un soft power, ce pouvoir d'influence destiné à assurer le rayonnement de la Grande-Bretagne sur la scène internationale.C'est encore plus vrai dans le cas de la France, le voisin le plus proche des Britanniques, avec lequel les relations datent de fort longtemps, et ont fluctué au fil des siècles, entre territoires mêlés, concurrence, hostilité, méfiance, mais aussi intérêt réciproque jamais démenti, et dans l'ère moderne, partage de valeurs démocratiques, statut longtemps partagé de grandes puissances impériales, alliées dans l'adversité au XXe siècle, et aujourd'hui reconnues à l'ONU, toutes deux membres du Conseil de sécurité de l'organisation et disposant de l'arme nucléaire. À lire aussiVisite de Charles III: au Sénat, le roi plaide pour une nouvelle «entente» entre Londres et Paris sur le climatC'est cette entente cordiale – dont on fêtera en avril prochain le 120e anniversaire –, que Charles III est venu non seulement célébrer mais surtout relancer, après les années de tension suite au Brexit et la mauvaise entente entre Boris Johnson et Emmanuel Macron.Distiller ses convictionsSymbolisme, diplomatie.... c'était donc prévu. Mais pour autant, cette visite a été au-delà. Dans le cadre rigide qui lui est imposé, Charles III, tout en finesse, a réussi à distiller ses convictions. Sur la nécessaire coopération de ces deux nations européennes pas comme les autres qui ensemble, a-t-il dit, ont un potentiel énorme. Sur l'Europe, avec laquelle Londres cherche à se rapprocher.Et enfin sur des opinions connues de longue date, à savoir la nécessité de lutter contre le dérèglement climatique et de préserver la biodiversité. Le roi l'a fait soit en paroles, l'entente cordiale entre les deux pays doit aujourd'hui se faire sur le climat, soit en actes, ou plutôt en visites – au Muséum d'histoire naturelle à Paris, ou dans la forêt expérimentale de Floirac en Gironde, ou encore dans le Bordelais, sur un vignoble haut de gamme, mais franco-britannique et bio.À écouter aussiPoundbury, la ville imaginée par le roi Charles IIIAu final, une visite parfaitement réussie et qui a installé le style Charles III, mêlant prestige, proximité, et donc des convictions politiques subtilement affirmées, sans jamais franchir la ligne rouge de l'intrusion dans le domaine réservé du Premier ministre britannique. Comme on dit en anglais : Well done, bien joué ! 
9/22/20233 minutes, 12 seconds
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La fracture entre l'Occident et le reste du monde mènera-t-elle à un nouvel ordre mondial?

Comme l'a montré le récent sommet du G20 en Inde, l'ordre international est de plus en plus fracturé entre l'Occident et le reste du monde, malgré des apparences consensuelles. Assistons-nous à l'émergence d'un nouvel ordre mondial ?  La réponse est oui, même si on se trouve plutôt dans une forme de basculement dont on ne mesure pas encore toutes les conséquences. Ce qui est sûr, c'est que la conjugaison d'évolutions démographiques, idéologiques, économiques, sans oublier l'effet d'accélération du conflit en Ukraine, débouche sur ce qui semble désormais un acquis : l'ancien ordre mondial, issu de la Seconde Guerre mondiale, est en train de vaciller sous les coups de butoir de nouvelles puissances, petites, moyennes et grandes, qui contestent cet ordre largement dominé par le camp occidental. Elles réclament dorénavant leur part du gâteau et mettent en cause le modèle occidental fondé sur un ordre économique libéral et un système politique démocratique.Forts de leur victoire sur le système communiste en URSS, les États occidentaux ont cru pourtant que leur heure était venue. Dans les années 90 et 2000, ils ont même tenté d'imposer par la force leur modèle, persuadés de sa supériorité et de sa compatibilité avec des cultures très différentes. Ce furent notamment les interventions en Irak ou en Afghanistan qui finirent en demi échec pour l'Irak et en déconfiture pour l'Afghanistan. Car justement, dans un mouvement d'hubris, ils ont cru que les populations du monde n'attendaient que l'avènement de la démocratie à l'occidentale, sans voir que, ce faisant, ils étaient de plus en plus perçus comme des intrus et des prédateurs économiques, affichant de grands discours sur les bienfaits de la démocratie, mais recourant à la force politique et militaire et à la domination économique pour leurs propres intérêts. Et peu à peu, l'hiatus s'est installé entre les Occidentaux et certaines grandes puissances émergentes – la Chine, la Russie, et d'autres pays en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud – qui ont ressenti une forme d'attitude postcoloniale de la part de l'Occident. Certes, d'un point de vue économique, les Occidentaux ont accepté de faire un peu de place à ces nouveaux émergents, d'où par exemple la création du G20 en 1999.Le comportement des Occidentaux crispe ces nouvelles grandes puissancesLa Chine et la Russie en particulier, conscients de leur poids, veulent développer leur propre modèle politique, très souvent aussi pour rester au pouvoir, puisque leur modèle, présenté comme « alternatif », permet à ces dirigeants de durer en piétinant allègrement les principes démocratiques. Alors certes, il y a eu et il y a des révoltes des populations de ces pays comme les révolutions du monde arabe en 2011 ou en Iran à plusieurs reprises et encore aujourd'hui. Mais sans vraiment remettre en cause ces systèmes autocratiques ou théocratiques, aux antipodes des valeurs occidentales. La guerre en Ukraine a servi d'accélérateur dans cette fracturation. L'Europe et les États-Unis se battent pour défendre leurs valeurs et leurs intérêts, la Russie justifie son intervention par l'expansionnisme de l'Otan. Ce narratif trouve un écho chez beaucoup de pays du Sud global comme on dit aujourd'hui. D'où le résultat du G20 la semaine dernière en Inde : les pays occidentaux ne peuvent plus imposer leur volonté, notamment sur la guerre en Ukraine.Oui, les choses sont en train de bouger à grande vitesse sur la scène internationale. Et ceux qui tentent de bâtir des ponts ont bien du mal à se faire entendre.À lire aussiG20: le bilan en demi-teinte du sommet de New Delhi
9/15/20233 minutes, 50 seconds
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La méthode Modi à l'épreuve d'un G20 difficile?

Le sommet annuel du G20 se tient samedi 9 septembre à New Delhi en Inde. Sera-t-il un sommet ambitieux, comme le proclame le Premier ministre Narendra Modi, ou celui des blocages ? Disons que la tâche s’annonce ardue pour Narendra Modi. Le Premier Ministre indien, en partie pour des raisons de politique intérieure - il y a des élections l’an prochain -, veut faire de ce sommet une réussite à la gloire de sa personne, de son parti, le BJP, et de son pays. Il s’agit de consacrer la place de l’Inde, qui est désormais la nation la plus peuplée au monde, sur la scène internationale. Et pour cela, le dirigeant a sorti les grands moyens. L’ambition de Narendra Modi risque toutefois de se heurter aux dures réalités d’un monde fracturé comme jamais depuis 40 ans. Pour surmonter cette difficulté, il compte sur son positionnement qu’on pourrait qualifier de « ni-ni ». L’Inde a en effet un pied dans le camp occidental, comme l’ont montré ces derniers mois les visites du Premier ministre en France ou aux États-Unis, et un pied dans le camp de ce qu’on appelle le « Sud Global », ces petits, moyens et grands pays longtemps assujettis à la domination occidentale, et qui désormais cherchent non seulement à voler de leurs propres ailes, mais même pour certains, à remettre en cause et à concurrencer cette suprématie. Ce positionnement équilibré ou d’équilibriste sera sans nul doute une mise à l’épreuve de la méthode Modi. Notamment sur les sujets qui fâchent et où le consensus s'annonce très difficile à obtenir, sur l'Ukraine bien sûr, mais aussi sur la transition énergétique indispensable pour espérer ralentir le dérèglement climatique. La guerre en Ukraine et la transition énergétiqueSur la guerre en Ukraine, Narendra Modi a donc appliqué sa méthode : Vladimir Poutine ne sera pas présent, mais, à la différence de l'an dernier au G20 de Bali, il n'y aura pas non plus d'expression par visioconférence de Volodymyr Zelensky. Cette approche a priori modérée risque pourtant de compliquer une formulation satisfaisante pour tout le monde sur le dossier ukrainien dans le communiqué final.Et on peut s'attendre à la même difficulté concernant la transition énergétique. Entre l'objectif de tripler les capacités en matière d'énergies renouvelables d'ici à 2030, et le souhait de certains grands pays émergents de continuer à utiliser les énergies fossiles pour assurer leur développement, le dialogue là aussi s'annonce coriace. En réalité, ce sommet risque fort de refléter l'état des divisions actuelles dans le monde plutôt qu'une célébration de coopérations concrètes entre les 20 plus grandes économies du monde. Sauf si la méthode Modi fait des miracles. À écouter aussiAujourd'hui l'économie : Inde : à New Delhi, le G20 en ordre dispersé
9/8/20232 minutes, 47 seconds
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L'Ukraine au défi d'une guerre longue?

Alors que la contre-offensive ukrainienne ne porte manifestement pas les fruits escomptés sur le terrain, un certain glissement est perceptible dans les opinions. À quel camp profite ce temps long ? Sur le front ukrainien, la perspective d’une probable entrée dans une troisième année de conflit n’est pas une bonne nouvelle. Si elle acte la formidable résistance du peuple ukrainien face à l’invasion russe et l’« opération militaire spéciale » de trois jours déclenchée le 21 février 2022 avec le bombardement et l’invasion générale du territoire ukrainien par Moscou, ni les offensives, ni les contre-offensives au fil des mois, à Kiev, Kharkiv, Kherson ou dans le Donbass, n’auront été finalement, de part et d’autre, décisives.La longévité et la brutalité du conflit laissent perplexes les analystes les plus chevronnés, et même dans les services du renseignement militaire américain au Pentagone, ceux-là mêmes, très informés, qui avaient annoncé l’attaque russe, on se prend à se demander où va cette guerre d’usure, qui se transforme en guerre de tranchées d’un autre âge, à l’immense et terrible coût humain, alors qu’un nouvel hiver se profile ? Impasse ? Non. Mais l’état d’esprit mi-fataliste, mi-désabusé dans les opinions publiques occidentales commence aussi à peser sur les gouvernements et sur la nature de leur engagement envers Kiev, et est inversement proportionnel au sentiment de frustration qui gagne la population ukrainienne.À lire aussiGuerre en Ukraine: face à la multiplication des fronts, le casse-tête des renfortsWashington, qui est le véritable second front logistique de la guerre en Ukraine, y a déjà consacré quelque 43 milliards de dollars en aide militaire et en armement et une rallonge de 13 milliards a été demandée au Congrès il y a quelques semaines par l’administration Biden. Mais pour la première fois, un sondage a révélé un début de renversement dans l’opinion publique américaine, se déclarant à 55% défavorable au soutien militaire. Mais dans le même temps, on continue de plaider à Kiev pour l’envoi de soutien aérien ?Rejetant la critique de moins en moins voilée des stratèges américains face aux choix opérationnels sur le front de l’état-major ukrainien et, en creux, de l’utilisation de l’aide militaire, à l’image de l’inlassable président Zelensky, l’armée ukrainienne martèle depuis des mois que la solution se trouve dans les airs. Les fameux chasseurs F-16 que le Danemark, les Pays-Bas et la Norvège par exemple se sont engagés à livrer ne seront prêts à être utilisés qu’en début d’année prochaine.Un temps long qui, là aussi, ne joue pas en faveur de Kiev alors qu’à Washington, sans doute échaudé par les résultats contestables de la grande contre-offensive contre l’armée russe, on affirme que ce soutien aérien ne doit pas être considéré comme stratégiquement déterminant. En un mot : les F-16 n’apporteront pas nécessairement la victoire ukrainienne et la fin de la guerre. À lire aussiLivraisons de F-16 à l'Ukraine: Volodymyr Zelensky en visite aux Pays-Bas et au DanemarkEt du côté russe, on continue de jouer la partition de l’inflexibilité, entre déni et fuite en avantSi le feuilleton impliquant la milice Wagner, d’abord au front pendant le long hiver 2022 puis au cours de l’incroyable mutinerie du 24 juin, qui s’est arrêtée aux portes de Moscou, a surtout révélé de formidables distorsions et de failles au sein de l’état-major russe sur fond de propagande aveugle et d’engagement à marche forcée provoquant un véritable massacre sur le front, il est évident et acquis que l’armée russe a aussi appris de ses erreurs. Les redoutables lignes de défense qui ont coupé net l’offensive ukrainienne et contraignent les combattants à une pénible progression sont là pour en attester.Désormais débarrassé du trublion Prigojine, chef de Wagner tué dans le crash de son avion, le président Poutine peut resserrer les rangs et s’installer, lui aussi, dans ce fameux temps long de la guerre dont il reste persuadé qu’il lui sera favorable. La question des négociations de paix, d’un armistice, ne sont à l’ordre du jour ni d’un côté, ni de l’autre. Dans quelques jours, lors de la rentrée scolaire, les lycéens russes découvriront un nouveau chapitre dans leurs manuels d’histoire. Quelques pages consacrées à cette fameuse « opération militaire spéciale » lancée contre l’Ukraine. Une invasion inévitable qui, selon la version officielle, aura permis d’« éviter une catastrophe plus grande encore… »
9/1/20234 minutes, 24 seconds
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Russie: mort d'Evgueni Prigojine, et après?

Même si peu d’observateurs de la scène politique russe pariaient sur l’avenir d’Evgueni Prigojine après sa mutinerie du 24 juin dernier, sa disparition, si elle se confirme, va précipiter une partie du monde vers l’inconnu et en premier lieu, la milice Wagner. Peut-elle survivre à la disparition de son chef ? Vladimir Poutine s’est-il finalement résolu à sacrifier sa créature ? Evgueni Prigojine, à la fois symptôme et avatar des dérives mafieuses de l’oligarchie russe, trublion médiatique et ordurier, a-t-il payé pour son arrogance et, surtout, après voir ridiculisé les élites, remis en cause l’institution militaire et sa propagande en Ukraine, a-t-il franchi la ligne rouge : s’en prendre, même indirectement, au chef, le maître du Kremlin ? « Bien sûr que nous finirons en enfer », avait prophétisé l’ancien voyou et chef de Wagner avant de conclure : « Mais je sais qu’aussi en enfer, nous serons les patrons… » Justement, Prigojine incarnait parfaitement l’« ADN Wagner » : alliage inédit de mercenariat d’État, de dissimulation, de mystères, mais aussi et surtout d’extrême violence, d’impunité et de prédation sans oublier l’une de ses marques de fabrique : la guerre informationnelle ou comment, bien avant les autres, il a su, à peu de frais, propager un discours favorable à la Russie et hostile à ses cibles, dont la France en Afrique de l’Ouest. Bras armé de l’influence russe, Prigojine s’est sans doute cru électron libre dans un monde conçu et défini par Vladimir Poutine. Si la chute du patron de Wagner a aussi valeur d’avertissement dans les cercles poutiniens, le modèle russe de la société militaire privée est désormais patenté. Wagner ou pas Wagner, peu importe, vu de Moscou, le logiciel paramilitaire est prêt à la mise à jour et à se pérenniser.À lire aussiEvgueni Prigojine, sulfureux patron de Wagner et artisan de l'influence russe en AfriqueLe groupe Wagner, bien que le plus puissant et le plus connu, est loin d’être la seule milice russeSi grâce à Wagner, le pouvoir russe s’est durablement ancré dans une nébuleuse internationale allant de la Syrie au Soudan, de la Libye à la Centrafrique, au Venezuela et au Sahel, le groupe d’Evgueni Prigojine et de Dimitri Outkine, l’autre dirigeant tué lui aussi dans le crash, a surtout ouvert la voie. L’audacieux coup de force du 24 juin dernier contre Moscou qui aura valu à Prigojine d’être qualifié de « traître » à la télévision nationale par son mentor avait, sans nul doute, déjà laissé envisager que les cartes seraient rebattues. Wagner avec un autre patron, changement de nom ou un remplacement pur et simple ?Il faut dire que le président russe avait, depuis longtemps, pris les devants en incitant ses proches à créer leurs propres groupes paramilitaires. Plusieurs dizaines de milices ont ainsi été fondées, ces dernières années, telles que « Enot », « Patriot » ou « Convoy », appartenant à des personnalités aussi variées que le patron du géant Gasprom ou de Sergueï Choïgou, ministre de la Défense et bête noire de Prigojine.Ce système d’influence très audacieux conçu par le Kremlin est-il imparable voire infaillible ? La fin tragique, avérée ou non, dans le ciel russe, des chefs de Wagner, aura aussi mis en lumière l’extrême fragilité d’un pouvoir à Moscou qui, même s’il reste implacable, semble poursuivre sa fuite en avant brutale et paranoïaque qui l’isole chaque jour davantage. À lire aussiRussie: le Kremlin réfute toute participation de l'État à la mort de PrigojineLe recours à outrance de ces fameuses, « SMP », sociétés militaires privées, officiellement interdites par la Constitution russe, incarne la face sombre, de plus en plus prépondérante, du règne de Vladimir Poutine. S’il s’est largement vanté de ses succès à l’étranger, dans ses missions de combat ou de formation militaire, le chef de Wagner s’est aussi parfois trompé, comme au Mozambique ou sur le front de Bakhmout. Quant à son modèle financier – sécurité contre argent – rien ne prouve aujourd’hui qu’il soit si profitable et n’ait pu survivre sans l’aide secrète du Kremlin.L’élimination d’Evguzni Prigojine est donc une solution à très court terme pour le pouvoir russe et l’avenir de la stratégie d’influence reste, quoi qu'il en soit, incertain.
8/25/20233 minutes, 19 seconds
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En Afghanistan, l'an deux taliban

Afghanistan : deux ans après la chute de Kaboul, le mirage d’un changement de gouvernance sous les Talibans de retour au pouvoir, a fait long feu. L’Afghanistan est sorti du radar et s’enfonce dans une crise multiple sous les yeux d’une communauté internationale impuissante. Existe-t-il encore un quelconque espoir et des leviers pour sortir le pays de l’impasse ?  Dans un pays qui se mure, mois après mois, dans un système autarcique et obscurantiste, de décrets liberticides en annonces paranoïaques, les moyens de pressions semblent presque nuls. Sauf un miracle, du type de ceux qui ont parfois sauvé l’Afghanistan au cours de sa très longue histoire. Mais miracle, espoir ou avenir ont pour l’heure disparu du vocabulaire des 40 millions de sujets de l’Émirat Islamique, dans un pays au bord de l'effondrement, deux ans après la débâcle américaine et les images, qui ont fait le tour du monde, du chaos sur le tarmac de l’aéroport de Kaboul, pris d’assaut par des centaines de milliers d’Afghans terrorisés alors que les premières patrouilles de Talibans hirsutes entraient sans résistance dans la ville au terme d’une offensive-éclair…Les rebelles fondamentalistes ont vaincu la première armée du monde puis la nuit talibane est tombée sur l’Afghanistan. L’illusion coupable d’une partie de la communauté internationale d’un changement de doctrine, de l’arrivée au pouvoir de ces fameux « Talibans 2.0 », version moderne et plus acceptable que celle des années 90, aura surtout permis à l’aile dure du régime d’installer son implacable police religieuse pour cadenasser le territoire, mettre au pas la population et déclencher une guerre obsessionnelle contre toutes les femmes du pays. Alors que le premier cercle du régime islamique, pour célébrer ce second anniversaire, s’offrait une parade militaire dans un camp du fief historique de Kandahar, le gouvernement chinois faisait figure d’exception, comme souvent, pour saluer « une transition stable en Afghanistan et la victoire contre toute forme d’ingérence extérieure… » À lire aussiLe royaume perdu de Zaher Shah, dernier roi d’AfghanistanLe pouvoir taliban est-il homogène ?Le régime du mystérieux Hibatullah Akhundzada, chef suprême des Talibans, n’est officiellement reconnu que par le Pakistan voisin, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis, mais un certain nombre de liens diplomatiques, plus ou moins formels, se sont noués avec des pays comme la Chine ou la Russie alors que le Qatar, très actif, fait souvent office de courroie de transmission entre Kaboul et le monde extérieur. Si rien ne filtre véritablement au-delà du rideau de fer afghan, certaines dissensions semblent être apparues entre le noyau dur, mené par le Mollah Akhundzada depuis Kandahar et certains membres de sa garde rapprochée, comme ceux du puissant clan Haqqani, très actif sur la frontière pakistanaise et le mollah Yacoub, fils du chef historique du mouvement. Rien de quoi faire toutefois trembler l’édifice de l’Émirat Islamique au sein duquel les rares voix modérées se sont tues depuis longtemps. Les femmes, cibles d’un « apartheid de genre »  Le 21 décembre 2022, sur ordre du chef suprême, les étudiantes ont été interdites et chassées de toutes les universités d’Afghanistan. Le piège taliban s’est refermé sur les femmes quelques mois après la chute de Kaboul. Les Afghanes sont désormais exclues de toute forme d’enseignement, bannies de toute fonction dans les administrations publiques, ont interdiction d’entrer dans les jardins ou les bains publics, les salles de sport. Elles ont perdu leur droit fondamental au mouvement et ne peuvent voyager qu’accompagnées d’un homme et dissimulées sous une burqa ou un hijab. Le zélé ministre de la Prévention du Vice et de la Promotion de la Vertu a aussi décrété la fermeture des quelque 12 000 salons de beautés que comptait l’Afghanistan, privant de revenus des dizaines de milliers de femmes dans ce secteur. Là aussi, en dépit des nombreuses condamnations émanant du monde entier, des mouvements de soutien, rien ne semble vouloir infléchir le nouveau pouvoir taliban. À lire aussiAfghanistan: «J'ai l'impression d'être en prison et mon crime, c'est d'être une femme»
8/18/20233 minutes, 59 seconds
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Niger: le coup d’État de trop?

Plus de deux semaines après le coup d’État à Niamey, le Niger s’enfonce dans la crise. Une crise qui va maintenant bien au-delà des frontières nigériennes et implique les pays voisins. Toute l’Afrique de l’Ouest et la communauté internationale. Quelles sont les options, s’il y en a, pour envisager une issue à ce bras de fer avec les nouveaux hommes forts de Niamey ?  Il suffisait de lire la Une des journaux nigérians, au lendemain du second Sommet extraordinaire du bloc ouest-africain de la Cédéao, organisé jeudi à Abuja pour statuer sur la crise nigérienne et le coup d’État du 26 juillet dernier, pour comprendre que la situation est, loin d’être simple, mais surtout, est le reflet d’une région changeante où les sociétés civiles et les populations se prennent à donner de la voix.Aussi, les critiques de la presse nigériane, comme un écho à ce que l’on pouvait entendre vendredi dans les rues d’Abuja, de Cotonou ou de Nouakchott face à la menace d’une intervention militaire qui pèse sur les épaules des généraux nigériens. Ils sont très nombreux à redouter les conséquences d’une guerre en Afrique de l’Ouest qui plongerait la région vers un dangereux et tragique inconnu, sur fond de montée en puissance djihadiste et de désastre humanitaire pour les populations civiles. Mais le dilemme confine dans cette affaire à l’impasse, d’autant que les protagonistes sont légion et jusqu’au sein même de la Cédéao, où le camp des pro-interventions ne fait pas l’unanimité. « Tous les efforts diplomatiques entrepris par la Cédéao pour résoudre la crise ont été repoussés avec défiance par les dirigeants militaires, avertit le communiqué final du Sommet d’Abuja réaffirmant, rester ouvert à toutes les options pour un règlement pacifique de la crise… » Oui ! Mais avec une pression maximale cette fois, se disant aussi prêt à ouvrir la voie vers l’option militaire.À lire aussiCoup d'État au Niger: pourquoi une intervention militaire du Nigeria n'est pas si simple ?Quelle réaction des militaires au pouvoir à Niamey ? La posture inflexible des hommes du général Tiani, chef du Conseil national pour la Sauvegarde de la Patrie, ne varie pas ou très peu depuis le 26 juillet. Et c’est bien-là que le bât blesse pour les chefs d’État et les négociateurs de la Cédéao comme pour une grande partie de la communauté internationale, totalement prise pas surprise par l’aventure putschiste de la Garde présidentielle. Ni les tentatives de médiation ni les ultimatums n’ont fonctionné jusque-là et bien au contraire, une profonde fracture des gouvernances est en train de se dessiner dans la sous-région sous impulsion malienne et burkinabé dont les échanges avec Niamey se multiplient depuis quelques jours, quitte à entrevoir une Afrique de l’Ouest divisé en deux blocs, deux frères ennemis qui ne se parlent pas. Et le paradoxe de la prise de pouvoir des militaires nigériens, dont la part véritable du soutien populaire reste inconnue, est aussi d’assister à une libération de parole dans les rues du pays, contre la corruption, l’insécurité et le puits sans fond de l’extrême pauvreté. Se dirige-t-on vers un scénario de gouvernement civilo-militaire de type malien ? Le putsch nigérien de juillet aura-t-il été le putsch de trop ? L’immédiateté et la dureté des sanctions imposées dans les jours qui l’ont suivi en disent long sur l’angoisse existentielle qu’a ressentie la communauté des pays voisins. Se sentant sans doute coupable d’avoir finalement laissé s’imposer des gouvernements militaires au Sahel ces dernières années, la Cédéao n’avait d’autres choix que de sévir, sous peine de perte totale et définitive de crédibilité. Le feuilleton que vit la région depuis plus de deux semaines maintenant avec un président en otage qui refuse de démissionner, des militaires inflexibles qui foncent tête baissée vers de nouveaux partenariats, une communauté internationale sous-pression stratégique et diplomatique. La complexité et l’amplitude de la crise nigérienne vont sans doute marquer la fin d’une époque.  À écouter aussiNiger: «Cette tension entre dialogue et intervention militaire détourne des questions importantes»
8/11/20233 minutes, 46 seconds
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Niger: quelle issue après le coup d'État?

Après le coup d’État du 26 juillet dernier, le Niger est en suspens, pris entre deux feux : la junte du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) multiplie les annonces pour asseoir son autorité alors qu’une grande partie de la communauté internationale refuse de reconnaître les nouveaux maîtres de Niamey. Quelle issue, pour ce pays qui, jusqu’à il y a peu, faisait figure de dernier bastion démocratique dans la région ?  Qui aurait pu prévoir un coup d’État militaire au Niger ? Les tensions, rapportées par certains observateurs lors du Conseil de Défense convoqué d’urgence, samedi dernier à L’Élysée, entre l’entourage d’Emmanuel Macron et les chefs du renseignement français, en disaient long sur l’effet de surprise, voire de sidération de l’exécutif français, alors que le président Mohamed Bazoum était officiellement retenu avec sa famille dans les dépendances du palais présidentiel à Niamey par ceux-là mêmes qui assuraient, jusqu’alors, sa protection. C'est-à-dire, la Garde présidentielle du général Abdourahamane Tchiani, auto-proclamé entre-temps chef du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, le nouvel homme fort du Niger. Consternation, car les enjeux et conséquences d’un tel coup de théâtre sont immenses, d’autant que les réelles motivations des putschistes demeurent vagues, comme si la junte nigérienne s’était elle-même laissée porter, aveuglée par la facilité de ses propres succès. La dureté des sanctions a ses conséquences : la vie pour les habitants de Niamey et du reste du pays est de plus en plus difficileLe ballet aérien des avions affrétés par l’armée française ces derniers jours pour évacuer plusieurs centaines d’expatriés et leurs familles alors que le porte-parole de la junte énonçait, presque chaque soir, les nouvelles mesures pour remettre méthodiquement en cause les lois du gouvernement du président Bazoum, ont occulté la réalité d’un pays brutalement mis à l’index de la communauté internationale. Les sanctions destinées à imposer une pression maximale et inédite sur les hommes du général Tchiani ont précipité, malgré lui,  le Niger dans une nouvelle réalité. 70 % de l’électricité fournie par le Nigeria a été coupée cette semaine, les frontières terrestres et aériennes fermées, l’argent liquide absent des distributeurs et l’indispensable manne des bailleurs internationaux interrompue.Peut-on désormais penser que le CNSP est engagé dans une dangereuse fuite en avant ? Le voyage discret d’une délégation de douze officiers nigériens menée par le numéro deux de la junte, le général Salifou Modi, ancien chef d’état-major pour le Mali puis le Burkina Faso, alors que tous les regards étaient braqués sur l’espoir d’une médiation ouest-africaine, résume finalement la réalité d’un putsch, né d’une mutinerie transformée en prise d’otage d’un chef d’État, et qui cherche une direction et une légitimité chez les juntes militaires voisines, soudain opportunément érigées en exemple. Cet exemple, c’est le choix du rapprochement avec la milice prédatrice de Wagner dont tous les observateurs attendent l’arrivée rapide à Niamey. Les putschistes jouent le tout pour le tout pour leur survie, quitte à précipiter le Niger vers un dangereux inconnu. À lire aussiNiger: les chefs d'état-major de la Cédéao ont défini les contours d'une «éventuelle intervention militaire»
8/4/20231 minute, 5 seconds
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La Russie pourra-t-elle participer aux Jeux Olympiques de Paris?

Cette semaine, le Monde en questions parle des Jeux Olympiques de Paris, à un an de l’échéance. Et plus particulièrement de la polémique sur la participation ou non, et selon quels critères, des athlètes russes et biélorusses, à cette compétition mondiale. Et la question que vous posez est la suivante : ces athlètes pourront-ils finalement participer aux Olympiades de l’an prochain dans la capitale française ? Pour l’instant, il est impossible de répondre à cette question. Le CIO, le Comité international olympique, dirigé par l’Allemand Thomas Bach, a en effet décidé de prendre son temps – preuve de son embarras. Car ces Jeux Olympiques sont rattrapés par les tensions et conflits du monde à la date où ils se déroulent. À vrai dire, ce n’est pas une première.Pourtant, les Jeux Olympiques - créés à la fin du XIXe siècle par le baron Pierre de Coubertin – doivent en principe célébrer la concorde mondiale et pacifique de nations qui décident de s’affronter - mais seulement par le sport. Seulement voilà : cette belle idée, hélas, a souvent été battue en brèche.Le XXe siècle marqué de passages sombres Les JO ont été soit instrumentalisés comme Hitler le fit en 1936, sans y réussir totalement, soit le reflet des tensions interraciales aux États-Unis en 1968 à Mexico, ou encore le révélateur de la tension extrême entre Israéliens et Palestiniens en 1972 à Munich, avec cette incroyable prise d’otages d’athlètes israéliens et leur fin tragique. Sans oublier les Jeux de Moscou en 1980, boycottés par les États-Unis et d’autres pays occidentaux pour protester contre l’invasion soviétique en Afghanistan. Et la liste n’est pas exhaustive. Les choses s’étaient plutôt calmées ces 20 dernières années.Mais la décision de Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine à grande échelle en février de l’an dernier a eu assez vite un impact sur le monde sportif.Une position ambiguë du CIO ?Dans un premier temps d’ailleurs, le CIO s’est montré très ferme, en décidant d’exclure les athlètes russes de toute compétition internationale. Puis les choses ont évolué vers une attitude plus souple - ou plus ambiguë, comme on voudra. Le CIO a donc établi des critères précis pour permettre le retour des athlètes russes et biélorusses dans les compétitions internationales : ils doivent être sous bannière neutre, concourir à titre individuel – pas d’équipes donc, ils ne doivent pas avoir soutenu activement l’invasion en Ukraine et ne pas être en contrat avec l’armée ou une agence de sécurité russe.Est-ce que ces critères s’appliquent aux Jeux Olympiques de l’an prochain ? Eh bien pour l’instant, on ne sait pas. Le CIO veut en effet prendre sa décision en temps voulu et à sa seule discrétion. Car ces critères, non seulement sont compliqués à mettre en œuvre, mais ne règlent pas tout, comme le montre l’incident cette semaine entre une escrimeuse ukrainienne qui l’avait emporté sur une Russe, mais qui a refusé de lui serrer la main à l’issue de l’échange, et a donc été disqualifiée. Ce qui a amené la délégation ukrainienne à porter plainte contre cette décision.Un incident qui montre que, quelle que soit la décision du CIO pour les JO de Paris, la cohabitation entre athlètes ukrainiens et russes, si elle se produit, sera très tendue.À lire aussiJO-2024: Russes et Ukrainiens, quelle cohabitation possible?
7/28/20233 minutes, 12 seconds
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La Mer Noire, à nouveau lieu de tensions entre Kiev et Moscou?

Retour sur les tensions grandissantes en Mer Noire après le refus de Moscou de renouveler l’accord sur les céréales ukrainiennes. Pourquoi la Mer Noire est-elle redevenue un enjeu majeur du conflit en Ukraine ? La réponse tient en deux mots : Crimée et céréalesLa Crimée tout d’abord, ce territoire russe cédé par Kroutchev à la république socialiste d’Ukraine dans les années 1950 à l’époque de l’URSS. Et donc rattaché à l’Ukraine lorsque l’indépendance fut proclamée en 1991. Un territoire qui a été annexé illégalement par la Russie en 2014 et que Kiev compte bien récupérer tant il est symbolique d’une volonté patriotique de retrouver la souveraineté ukrainienne sur l’intégralité du territoire.D’où les actions constatées depuis quelques jours, même si elles ne sont pas toujours l’objet de commentaires ou de revendications officielles de la part de Kiev : sur le pont de Kertch comme sur le site militaire russe incendié, le long de la route qui relie Kertch à Sébastopol, il s’agit de compliquer l’approvisionnement russe vers la péninsule – en équipements militaires notamment. Avec, sans doute, la perspective d’y lancer plus tard des actions offensives.La Crimée reste donc une priorité pour Kiev, mais pas la seule. La contre-offensive ukrainienne lancée le 5 juin dernier se poursuit. Mais elle se révèle longue et difficile sur l’ensemble du front – selon l’aveu même de l’état-major ukrainien. Voilà pourquoi Kiev maintient la pression sur l’Occident, avec toujours la même demande : il nous faut encore et toujours davantage d’armes pour faire plier, puis enfoncer la résistance de l’armée russe. La liste de courses est même détaillée : il faudrait, selon le conseiller de la présidence Mykhailo Podoliak, de 60 à 80 avions F-16, entre 200 et 300 chars, entre 5 et 10 systèmes supplémentaires de défense antiaérienne, et enfin plus de missiles de longue portée.Côté russe, après la décision de ne pas renouveler l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, il s’agit d’empêcher toute exportation effective. Les Russes veulent briser toute velléité des Ukrainiens de continuer à envoyer des navires céréaliers à partir des ports ukrainiens, malgré la fin des garanties russes sur la sécurité de navigation en Mer Noire. D’où les bombardements de ces derniers jours sur les ports d’Odessa, Tchornomorsk ou Mykholaiv… Au total, des dizaines de milliers de tonnes de céréales ont été réduites à néant par les missiles russes. Le message est très clair : mettre un coup d’arrêt à cette activité vitale pour l’économie ukrainienne, quitte à faire donner la marine russe dans la mer Noire, comme ce fut le cas ce vendredi. Une mer redevenue une zone d’extrême tension entre les protagonistes à cause de cette double raison / les céréales et le sort de la Crimée.À lire aussiUkraine: la Russie met en garde tout cargo céréalier en mer Noire
7/21/20233 minutes, 12 seconds
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La guerre en Ukraine, un conflit idéologique entre démocratie et autoritarisme?

Retour sur les déclarations des pays occidentaux lors du sommet de l’Otan à Vilnius. Certains dirigeants, dont Joe Biden, ont insisté sur le fait qu’à la fin, face au totalitarisme, la démocratie vaincra. Le conflit en Ukraine accentue-t-il cette guerre de civilisation entre modèle démocratique et autoritaire ? Ce qui se joue en Ukraine, au-delà du conflit proprement dit, est aussi un affrontement entre deux visions sociétales et politiques, insistant sur des valeurs de tolérance, de respect des droits de l’individu et des libertés publiques pour les démocraties, et sur l’importance de l’identité nationale, d’un modèle de société plus traditionnel, avec souvent des libertés publiques réduites ou anéanties et un exercice du pouvoir solitaire et vertical pour les régimes autoritaires.  Cet affrontement, il a toujours existé, notamment entre la Chine et les États-Unis. Cependant, il se durcit ces dernières années avec des tensions bilatérales comme le sort de Taïwan revendiqué par Pékin, mais qui est protégé par les États-Unis. Ils soutiennent le régime démocratique installé sur l’île qui refuse la mainmise chinoise. L’évolution de certains pays comme la Russie ou même l’Inde, vers une démocratie de pure façade, et de fait une pratique de plus en plus autoritaire du pouvoir, a contribué à crisper les relations entre l’Occident et certaines grandes puissances émergentes.De la cohabitation au face à faceMais, c'est l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a transformé cette difficile cohabitation en face à face. Pour de nombreux experts sur la Russie, la question de la démocratie a été la véritable raison de l’offensive en Ukraine. Loin des motifs invoqués par Vladimir Poutine, qui doit être un des seuls à y croire, (le besoin de dénazifier le régime de Kiev, ou la volonté de l’Otan de s’installer en Ukraine), c’est bien la démocratisation accélérée de l’Ukraine sur le modèle européen, qui a décidé le maitre du Kremlin à agir. Tout simplement par peur d’une possible contamination des idées libérales en Russie. Plus de liberté pour les individus, des élections libres et transparentes, le respect des oppositions, des libertés de presse et de manifestation, tout cela a fait peur au dirigeant russe qui sait qu’une telle évolution chez lui signifierait assez vite la fin de sa mainmise et donc de son pouvoir.  Défendre un modèle de société sur le sol ukrainienDu côté occidental, ce conflit est également présenté comme la lutte entre la liberté et la coercition. Joe Biden en particulier, en fait la matrice de sa politique étrangère : c’est selon lui ce conflit qui menace l’équilibre du monde. Et si les Occidentaux aident massivement Kiev à se défendre, c’est parce que, à travers l’Ukraine, c’est leur modèle qu’ils défendent.D’où sans doute les réticences et hésitations de nombreux pays du Sud qui ne se reconnaissent pas forcément dans cet antagonisme et dénoncent le fait que les Occidentaux pratiquent la démocratie chez eux, mais veulent maintenir leur domination sur le reste du monde, exploiter ses richesses à leur profit.Quoi qu'il en soit, l'issue, incertaine pour l’heure, du conflit en Ukraine aura des conséquences importantes sur ce face-à-face entre démocraties et autocraties. Un face-à-face qui est devenu une compétition pour le leadership mondial.
7/14/20233 minutes, 26 seconds
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Otan: quels enjeux à l’approche du sommet de Vilnius?

Le prochain sommet de l’Otan, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, qui se déroulera à Vilnius les 11 et 12 juillet prochains. Que peut-on attendre de ce sommet ?  Il s’agira d’abord de se compter et d’affirmer son unité face à la Russie de Vladimir Poutine. C’est ce qu’a expliqué le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, à quatre jours du sommet de Vilnius. Une chose est sûre : contrairement à ce qu’espérait Vladimir Poutine lorsqu’il a lancé son armée à la conquête de l’Ukraine, les alliés de l’Otan sont restés non seulement unis, mais très déterminés à soutenir l’effort militaire de Kiev.À Vilnius, il faudra en quelque sorte transformer l’essai, dessiner les futures missions de l’Otan et répondre aussi à l’adhésion problématique pour l’instant de deux nouveaux membres, la Suède dans le court terme, et surtout l’Ukraine à moyen ou long terme.Comment tout d’abord renforcer encore l’Otan face au danger russe ? Il faudra définir un plan d’action pour la production – en clair, augmenter les objectifs de production d’armements dans les pays alliés, et améliorer l’interopérabilité, c’est-à-dire la coopération entre les pays membres en cas de déploiement sur le terrain. Nouveaux moyens financiersQui dit nouvelles missions, dit aussi nouveaux moyens financiers. Le message de Jens Stoltenberg est clair : pour répondre aux impératifs fixés, il faut plus d’argent, d’autant plus que les dépenses ont déjà commencé à s’accroître  – plus de 8 % prévus cette année par rapport à 2022. Et pas de mystère : pour récolter davantage de fonds, les différents pays membres doivent tous faire un effort supplémentaire – notamment en respectant l’engagement pris lors d’un précédent sommet en 2014, et qui prévoyait que chacun contribue à un effort de défense à hauteur de 2 % de son PIB. En 2014, trois États seulement respectaient cet objectif, aujourd’hui, ils sont onze, c’est mieux - mais il reste tout de même 20 membres qui peuvent progresser. Quid des dossiers d’adhésions suédois et ukrainienRestent deux points importants à régler à Vilnius, l’adhésion de la Suède et surtout celle de l’Ukraine. Sur le dossier suédois, c’est le président turc Erdogan qui poursuit le supplice chinois, se contentant de dire que son pays prendra la meilleure décision possible. Les négociations avec Stockholm achoppent toujours sur le sort réservé aux militants kurdes. Une réunion de la dernière chance est prévue la veille du sommet entre turcs et suédois. On verra bien. Quant à l’Ukraine, elle demande toujours un engagement ferme de l’Otan, s’engageant à l’accepter en son sein dès que la guerre avec Moscou sera finie. Pour l’instant rien n’est acquis. Oui, l’Ukraine pourra adhérer un jour, dit Jens Stoltenberg. Kiev demande une date plus claire. Les divergences des pays membres sur ce point précis seront-elles surmontées le 12 juillet au soir ? Ce sera en tout cas l’un des enjeux majeurs de ce sommet de Vilnius.
7/7/20233 minutes, 25 seconds
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Après la rébellion avortée de Prigojine, Vladimir Poutine en danger?

Retour sur l’incroyable tentative de rébellion en Russie menée par le chef de la milice Wagner contre l’autorité du Président Vladimir Poutine. Comment Vladimir Poutine gère-t-il ? Une chose est sûre : l’incroyable épopée de la milice Wagner samedi 24 juin, cette marche forcée vers Moscou qui s’est soudainement interrompue à environ 300 km de la capitale – sans que les raisons de cet arrêt soient encore clairement connues, l’ensemble de cet épisode a secoué les fondements du régime de Vladimir Poutine, notamment l’assurance de la force et de la stabilité promises par lui depuis son accession au pouvoir il y a plus de vingt ans, et qui rend pour une bonne partie de la population plus ou moins acceptable l’évolution de ce régime vers une autocratie ces dernières années. Du coup, affaibli temporairement, voire humilié, le chef du Kremlin doit passer à la contre-attaque. Montrer que tout est rentré dans l’ordre, qu’il a évité un bain de sang en se montrant magnanime envers Prigojine et les membres de la milice Wagner. D’où ses prises de paroles successives, 11 en trois jours, d’où aussi cet étonnant bain de foule au Daghestan, ou l’on voit un dirigeant adulé, qui prend des selfies avec une petite fille – bref qui se montre très humain. Début de chasse aux sorcièresToute cette opération de communication dit en creux la fébrilité qui a saisi les responsables russes. Mais derrière cette tentative de reconquête de l’opinion se cache aussi la vraie nature de Poutine et son régime. La chasse aux sorcières, plus précisément la vengeance contre ceux qui se sont rendus coupables de complicité avec Prigojine, a donc commencé. Plusieurs signaux le laissent penser.Plus de nouvelles du général Sourovikine depuis samedi, un général respecté et cruel – surnommé général Armageddon. C’est un proche de Prigojine depuis leur coopération lors de l’intervention russe en Syrie en 2015. Il était par ailleurs membre « VIP » du groupe Wagner depuis 2018. Samedi dernier, il a pourtant appelé Prigojine à cesser sa mutinerie – mais peut-être sous la contrainte. Et Sourovikine est sans doute le premier d’une longue liste. Pas de nouvelles non plus d’une des deux bêtes noires de Prigojine, le chef d’état-major Valery Gerassimov. Opération séduction, début probable d’une purge au sein de l’armée et des services, c’est la stratégie à deux faces adoptée par Vladimir Poutine qui doit, coûte que coûte, reprendre le contrôle des choses pour poursuivre la guerre en Ukraine, un conflit qui menace autant qu’il conditionne la survie de son pouvoir – et donc la sienne.
6/30/20232 minutes, 56 seconds
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Inde et États-Unis, les nouveaux meilleurs amis?

Cette semaine, la chronique du monde en questions s'intéresse à la visite d’État que vient d’effectuer le Premier ministre Indien Narendra Modi aux États-Unis. Et la question que posée est la suivante : comment expliquer ce net rapprochement entre Washington et Delhi ? Essentiellement par intérêt mutuel bien compris. Washington a donc déroulé le tapis rouge pour Modi. Il y a quelques années, il avait été interdit de visa aux États-Unis sur la question des droits de l’homme. Autres temps, autres mœurs. Et voici donc un nouveau chapitre qui s’écrit dans les relations complexes entre la première puissance mondiale, et cette grande puissance émergente en Asie, devenue récemment l'état le plus peuplé sur Terre. Pour différentes raisons, les États-Unis voient désormais en Narendra Modi un partenaire essentiel.Contrôler l'influence de la ChineNotamment pour contrer l’état qui est devenu le rival systémique de Washington, la Chine de Xi Jinping. Préoccupation partagée par les Indiens : il faut enrayer l'essor de la puissance chinoise, notamment en Asie Pacifique. Pour Joe Biden, il s’agit de contrebalancer en quelque sorte cette affirmation chinoise en se rapprochant de Modi. Pour ce dernier, il est important de réduire la dépendance de son pays vis-à-vis de Pékin, et d’ailleurs de Moscou aussi, en particulier dans le domaine militaire.Cette préoccupation commune n'est pas nouvelle. L'Inde fait déjà partie par exemple de l'organisation du Quad, qui regroupe aussi les États-Unis, l'Australie et le Japon.À lire aussiUn partenariat entre l’Inde et les États-Unis pour la fabrication de moteurs d’avions de chasseModi veut garder son indépendance stratégiqueEn fait, ce rapprochement marqué, c’est du gagnant-gagnant pour ces deux superpuissances. Alors bien sûr, il y a des divergences fortes qui demeurent, sur l’Ukraine notamment. Joe Biden aimerait que l’Inde, qui a tout de même appelé à la fin du conflit, penche davantage du côté de l’Occident. Mais sans illusion : Narendra Modi veut rester sur un mode non-aligné, et comme tout état qui en a les moyens, il est attaché à l’ autonomie stratégique de son pays. Donc, des relations renforcées avec les États-Unis oui, mais sans rompre les liens avec Moscou. Petit geste quand même du dirigeant indien : il a appelé dans le communiqué commun au « respect de l’intégralité territoriale et de la souveraineté » de l’Ukraine.L'exemplarité démocratique indienne discutable L’autre divergence, elle concerne la gouvernance de Narendra Modi. Son nationalisme hindou, très hostile aux musulmans, ou encore les restrictions en termes de liberté de la presse - entre autres. Biden est resté prudent sur ce sujet, mais a tout de même appelé au respect du pluralisme religieux. Quant à Modi, il a accepté d’être interrogé sur le sujet, et a estimé crânement que l’Inde avait en elle « l’ADN de la démocratie » et qu’elle accueillait « toutes les religions du monde ». Accueillir oui, bien traiter, c’est très discutable pour le moins.En tout cas, ces retenues et demi-vérités ont permis la signature de contrats importants dans le domaine militaire et technologique. Et les deux dirigeants ont du coup vanté la « nouvelle énergie » de leur partenariat. Un partenariat intéressé, qui souligne que face à Pékin, Washington et Delhi se disent qu’ils ont intérêt à être amis - pour l’instant.À lire aussiL’Inde, une première puissance démographique en quête de miracle économique
6/24/20233 minutes, 29 seconds
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Comment les populistes arrivent aussi dans les démocraties?

Les dirigeants populistes, controversés et clivants, prospèrent dans des États démocratiques. On a beaucoup parlé ces derniers jours de Donald Trump, Boris Johnson ou Silvio Berlusconi. Et la question posée est la suivante : comment expliquer que ces dirigeants populistes soient aussi très populaires dans des pays démocratiques ? C'est une vraie question, tant on a longtemps pensé que ce type de dirigeants concernait des États autoritaires ou dictatoriaux. Comme l'Italie de Mussolini, l'Allemagne de Hitler ou aujourd'hui la Russie de Vladimir Poutine, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan ou la Chine de Xi Jinping notamment. Car ces dirigeants populistes sont en général des hommes à poigne, très conservateurs, très attachés à La Défense de l'identité de leur pays, aux visées parfois impérialistes, et très peu respectueux des règles de l'État de droit – bref, à l'opposé des fondements d'un État démocratique. Or, on observe depuis quelques années l'émergence de dirigeants populistes dans des États qui symbolisaient la démocratie, les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Italie ou même dans une certaine mesure la France.► À lire aussi : Le populisme menace-t-il les démocraties ?Un système en perte de contact avec les populations…Alors comment expliquer ce phénomène ? Il y a d'abord l'essoufflement des valeurs des démocraties représentatives. Les grands idéaux qui structuraient l'espace politique se sont émiettés : communisme contre libéralisme notamment. Des sociétés devenues consuméristes et hyper individualistes, abreuvées des nouvelles technologies qui ont permis à des théories complotistes et anti-démocratiques de se répandre impunément sur les réseaux sociaux, tout cela a abouti à une défiance ou une indifférence vis-à-vis de dirigeants, jugés trop éloignés des réalités et des difficultés de leurs concitoyens, leur parlant chiffres et statistiques dans un jargon technocratique dénué de toute considération de l'humain. C'est du moins le ressenti de millions de personnes dans ces pays, confrontés à des difficultés sociales et économiques qui accroissent les inégalités, tuant par là l'une des promesses des démocraties – la réduction de ces inégalités. Les partis de gauche au pouvoir en particulier en ont payé le prix lourd, accusés de ne plus s'occuper de ce qu'on appelait les classes populaires. À cela s’ajoute la montée d'une crispation identitaire liée aux problèmes migratoires.► À lire aussi : Pierre Rosanvallon: «Le siècle du populisme, histoire, théorie, critique»...qui a créé un appel d'air pour les figures populistesEt voilà pourquoi sont apparues sur le devant de la scène politique des figures transgressives. Ce sont des personnages au charisme indéniable, qui maîtrisent les outils de communication d'aujourd'hui : ils parlent fort, ils parlent simple, ils ont de l'humour et savent incarner une partie de l'ADN de leur pays. Ils remettent en cause le modèle rationnel et, disent-ils, élitiste du système actuel. Et ça marche : certes, ils sont controversés et clivants, mais ils réussissent à séduire entre un tiers et la moitié de leurs compatriotes. Ils accèdent donc au pouvoir, comme Donald Trump, Boris Johnson ou Silvio Berlusconi. Heureusement, entre leur pratique du pouvoir, leur peu d'efficacité et la résistance des instances démocratiques qu'ils attaquent férocement, tout cela fait que jusqu'ici, leur mandat n'est pas renouvelé ou même écourté.Mais ce qui est préoccupant, c'est qu'ils conservent le soutien d'une bonne partie de la population qui se reconnaît en eux bien plus qu'en des personnalités plus classiques. Ils incarnent en creux cette crise des démocraties qui pour l'instant n’est pas réglée.► À lire aussi : Le monde est-il impuissant face à la montée des populismes ?
6/16/20233 minutes, 40 seconds
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L’Ukraine, ou la « diplomatie de combat »

Alors que la contre-offensive militaire tant annoncée semblerait se matérialiser, une autre contre-attaque, diplomatique celle-là, a été lancée à l’initiative de Volodymyr Zelensky hors du cercle de ses alliés atlantistes en direction des non-alignés et du « Sud global… ». Quelles sont les réelles intentions du pouvoir ukrainien ?  La tenue paramilitaire verte du président Zelensky est désormais bien connue dans le monde entier. Des Grammy Awards à la Mostra de Venise, de Washington à Paris, le jeune président combattant, séduisant symbole churchillien d’une nation agressée qui ne plie pas et refuse la défaite, a fait le tour du monde, ou plutôt d’un monde : celui de ses alliés. Aussi, son atterrissage, dans un avion de la République française, en invité-surprise sur le tarmac de l’aéroport de Djeddah, en Arabie saoudite, pour le sommet de la Ligue arabe le 19 mai dernier, a créé un rare coup de théâtre diplomatique, fruit d’une formidable audace stratégique, tant du côté saoudien, ingénieuse puissance invitante, que du côté ukrainien, Zelensky sachant pertinemment qu’il allait s’adresser à un monde arabe naviguant entre deux sensibilités : la franche indifférence ou la franche hostilité.Aussi les représentants algériens ou syriens par exemple, alliés historiques et stratégiques de la Russie, ont dû manquer de s’étrangler en scrutant l’homme d’État à la tenue verte monter à la tribune qui lui était offerte, pour les accuser de « fermer les yeux sur la réalité de l’invasion russe… » Les Ukrainiens veulent montrer au monde qu’ils n’ont peur de parler à personne, que les amis de leurs ennemis peuvent devenir les leurs et faire passer, en boucle, un message unique qui se veut prophétique : « être avec la Russie, c’est en fait être du mauvais côté de l’histoire… » ► À lire aussi : Début de la contre-offensive ukrainienne qui ne dit toujours pas son nomQuels résultats pour cette « diplomatie de combat ? » Tandis que le président ukrainien renforce ses alliances stratégiques transatlantiques comme celle avec les États-Unis, devenu le véritable second front de la guerre, il parvient peu à peu, avec ce fameux reste du monde qui ne lui est pas nécessairement acquis, à faire bouger les lignes. Et le défi est immense. La Chine, L’Inde, la Turquie, le Brésil… De l’Asie à l’Amérique du Sud ou à l’Afrique, où l'Ukraine s’apprête d’ailleurs à ouvrir une dizaine d'ambassades, ce sont des mastodontes démographiques et d’incontournables puissances militaires et économiques qui composent désormais ce Sud global.Ce monde non-aligné - pour, contre, ne sait pas - qui se pose d’autant la question de son positionnement que l’invasion russe, qui devait durer trois jours, va bientôt atteindre un an et demi sans réelle perspective autre que celle proposée par la propagande des deux côtés du front. Mais infléchir les politiques des pays qui permettent à Moscou de contourner les sanctions ou récupérer les arsenaux de fabrication russe aux quatre coins de la planète, c’est aussi cela la diplomatie de combat portée par Kiev. De réelles initiatives de la part de ce Sud globalSi l’on n’est pas en reste, côté russe, l'appareil diplomatique incarné par Sergueï Lavrov multipliant les voyages et visites officielles dans les pays amis, la Chine, par exemple, y voyant une opportunité de mener un nouvel axe stratégique global, a fini par prendre langue avec les Ukrainiens, de longs mois après un soutien affiché à Vladimir Poutine. De son côté, une délégation menée par six chefs d’État africains a été annoncée, porteuse d’une « voie médiane » dans le conflit. Le Brésil semble aussi avoir sa solution et les derniers venus dans cette grande famille des faiseurs de paix en Europe sont les Indonésiens. 
6/9/20233 minutes, 37 seconds
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Afghanistan - Iran: vers une guerre de l’eau?

Les relations entre l’Afghanistan et l’Iran se sont considérablement tendues ces derniers jours avec des échanges de tirs qui ont fait plusieurs victimes et des mouvements de troupes sur la frontière entre les deux pays. L’enjeu ? Un litige sur l’irrigation. Sommes-nous aux prémices d’une guerre de l’eau en Asie centrale ?  Les images sont rares. Les deux théocraties islamiques de Téhéran et Kaboul n’étant pas des parangons de transparence. Mais quelques vidéos des combats à l’arme lourde dans les contreforts du poste-frontière de Milak ont fait surface ces derniers jours sur les réseaux sociaux afghans. C’est donc là, aux confins du Sistan-Balouchistan iranien et de la région de Nimroz en Afghanistan, zones tribales et haut-lieu de contrebande, que se concentrent les forces militaires de deux voisins concurrents que séparent une frontière de plus de neuf cents kilomètres. Les autres rares images de cette zone à hauts risques laissaient clairement voir de curieux convois de blindés américains, nouvel arsenal et butin de guerre des talibans récupérés après la débâcle de Washington en août 2021…Il faut dire que le ton montait entre talibans et mollahs depuis quelques semaines autour de la construction d’un barrage hydroélectrique sur la rivière Helmand, au cœur de l’Afghanistan... Le président iranien mettant en garde les nouveaux maîtres de Kaboul d’en avoir réduit le débit en violation des droits de l’Iran sur cette source d’eau, en vertu d’un antique traité bilatéral signé en 1973, autant dire un siècle dans cette région troublée. Mais les eaux de l’Helmand sont vitales aux vastes régions agricoles du sud profond iranien. Kaboul a aussitôt démenti... Ensuite, personne ne sait, ni ne saura sans doute jamais, qui a tiré le premier...      Une crise uniquement liée à l'eau ?  Cette nouvelle éruption de violence entre Téhéran et Kaboul, sur fond d’insécurité alimentaire et de dérèglement climatique, n’est au fond qu’une demi-surprise : la République islamique d’Iran n’a jamais reconnu l’Émirat islamique d’Afghanistan, nouveau nom attribué à leur pays par les talibans de retour à Kaboul après vingt ans de guerre américaine, car les deux pouvoirs religieux, chiite et sunnite, sont théologiquement irréconciliables. D’autant que les millions d’Afghans réfugiés en Iran comme les minorités iraniennes sunnites du Baloutchistan, font l’objet de constantes discriminations, selon Kaboul. À l’inverse, le pouvoir iranien dénonce régulièrement le traitement infligé aux Hazaras d’Afghanistan, une minorité chiite persécutée et ciblée par de multiples attentats. Une possibilité de sortie du conflit ? Les tentatives d’apaisement pourraient venir de l’extérieur. Plus précisément, de l’un des plus précieux alliés des talibans depuis 2021 : le Qatar. Il vient en effet d’être révélé qu’une rarissime rencontre a eu lieu à Kandahar entre l’émir qatarien Mohammed ben Abderrahmane al-Thani et le chef religieux suprême des talibans afghans Haibatullah Akhundzada, un homme dont l’existence entière reste auréolée de mystère et que personne, hors de ses cercles talibans, n’avait jamais jusqu’alors officiellement rencontré. Doha à la rescousse de Kaboul pour sortir le pays de son isolement international et pour lui prodiguer, pourquoi pas, quelques conseils de gestion de crise diplomatique.
6/3/20233 minutes, 29 seconds
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Le G7 et le grand virage de l’ordre diplomatique mondial

La grand-messe du G7 s’est ouverte au Japon ce vendredi 19 mai avec, pour toile de fond, la montée en puissance chinoise et l’invasion russe de l’Ukraine. Mais ce sommet se tient dans des circonstances inédites : d’autres grandes réunions internationales ont débuté en Chine et en Arabie saoudite au même moment… Peut-on parler de guerre d’influence diplomatique ?  C’est la semaine de tous les sommets, si ce n’est de tous les dangers. S’ils n’ont, en apparence, pas les mêmes objectifs et les mêmes vertus, ils s’inscrivent dans un climat géopolitique totalement inédit.  L'hôte du G7, le Premier ministre japonais Fumio Kishida, ancien chef de la diplomatie nippone, n’a pas tourné autour du pot : « Nous faisons face à un virage historique qui ébranle les fondements de l’ordre international », a-t-il déclaré. Avant de prophétiser : « l’Ukraine d’aujourd’hui pourrait être l’Asie de l’Est de demain… », en références évidentes aux menaces de proliférations nucléaires en provenance de Pyongyang, mais aussi et surtout, aux menaces expansionnistes de plus en plus ostensibles de Pékin à l’encontre de Taïwan.  Il n’y aurait donc pas de corrélation, à priori, entre le G7 et le sommet de la Ligue arabe à Jeddah, focalisé sur les difficultés des Proche et Moyen-Orient. Pas davantage, encore une fois, à Xi’an, « antique capitale orientale du monde » remis au goût du jour par Pékin qui y réunit les pays d’Asie centrale. Mais tout de même, on sent bien que la tectonique des relations internationales est en train de conduire à un séisme planétaire qui rebat les cartes et voit, surtout, un impressionnant déclin dans l’influence des puissances traditionnelles, pour le meilleur ou pour le pire…  ► À lire aussi : Le G7 se réunit à Hiroshima en présence du président ukrainien Volodymyr Zelensky Volodymyr Zelensky ne se limite plus à ses alliés naturels et déclarés  L’aube du 24 février 2022 restera sans doute comme un marqueur historique. L’invasion russe de l’Ukraine et le conflit de haute intensité en Europe de l’Est qui a pris le monde par surprise va prochainement entrer dans ses 500 jours. Elle a provoqué l’éclosion d’une diplomatie de combat aux accents churchilliens incarnée par le président Volodymyr Zelensky qui, d’abord reclus dans ses bunkers secrets de la capitale ukrainienne bombardée, a ensuite changé sa stratégie pour recevoir ses homologues étrangers puis, désormais, de courir la planète à la recherche de soutiens tous azimuts.  La meilleure preuve : son arrêt surprise à Jeddah, sur le chemin de Hiroshima.  Alors qu’il vient obtenir des engagements de plus en plus concrets de l’Occident au G7, l’idée est de convaincre les sceptiques, les non-alignés historiques, les pro-russes... en Arabie saoudite. Comme il le tente partout, dans un monde changeant, de l’Amérique du Sud à l’Asie en passant par l’Afrique naturellement, continent de tous les conflits d’influence et de toutes les convoitises.  À lire aussi : Ukraine : que se sont dit Xi Jinping et Volodymyr Zelensky au téléphone ? Les offres de médiations dans le conflit ukrainien se multiplient  Il semble qu’en retour, on se bouscule de partout, ou presque, sur la planète pour offrir sa propre solution pour la paix en Ukraine. Ce n’est sans doute pas un hasard, un premier émissaire chinois de haut rang est en visite à Kiev ces jours-ci, faisant suite à une conversation téléphonique inédite entre dirigeants ukrainien et chinois trois mois après la visite de Xi Jinping à Moscou et son soutien affiché à Vladimir Poutine. Volte-face avérée ou théâtre d’ombre international, les tentatives de médiation sont légion. La dernière initiative en date vient d’Afrique : Pretoria vient d’annoncer qu’une mission de paix menée par six nations africaines est en pleins préparatifs.  ► À lire aussi : Guerre en Ukraine : une mission africaine pour la paix bientôt à Kiev et Moscou
5/19/20233 minutes, 34 seconds
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L’opposition turque peut-elle remporter l’élection présidentielle?

L’élection présidentielle en Turquie qui se déroule ce dimanche 14 mai pourrait voir la victoire de la coalition d’opposition emmenée par le vétéran Kemal Kilicdaroglu, ce qui mettrait un terme à la domination de Recep Tayyip Erdogan à la tête du pays depuis 20 ans. Quels sont les atouts du leader de l’opposition turque pour espérer l’emporter dans cette élection présidentielle ? Le principal atout de Kemal Kilicdaroglu dans cette élection présidentielle cruciale pour l’avenir de la Turquie, c’est qu’il incarne l’anti-Erdogan. Or, ce scrutin s’est transformé en un référendum pour ou contre Recep Tayyip Erdogan. Monsieur Kilicdaroglu a d’abord réussi à s’imposer face à des personnalités plus en vue que lui, comme le maire d’Istanbul ou celui d’Ankara. Il a ensuite réuni autour de lui une composition hétéroclite de six partis politiques. Autour de cette « table des Six », comme on la surnomme, on trouve en effet des formations conservatrices, nationalistes ou islamistes - qui ont donc surmonté leurs divergences. Il a aussi eu le courage de révéler son appartenance à la minorité chiite alévie, victime de discriminations en Turquie et qui représente plus de 15 % des 85 millions de Turcs. Et enfin, il a obtenu il y a quelques jours le soutien du principal parti pro-kurde, le HDP. Un exploit quand on connaît l’histoire compliquée des relations entre le CHP, le parti laïque et républicain du candidat de l’opposition, et le mouvement kurde. Cette élection s’annonce donc comme la plus indécise et la plus importante de l’histoire moderne de la Turquie. ► À écouter aussi : Hyper-inflation en Turquie: la faille d’Erdogan Serrer les dents, serrer les rangs Face à cette mobilisation de tous ceux qui veulent se débarrasser de lui, Erdogan serre les dents, et demande à ses soutiens de serrer les rangs. Jusqu’à la dernière minute, il a multiplié les meetings. Il se fait de plus en plus agressif à l’encontre de ses adversaires. Il se bat comme un vieux lion, qui parfois ne peut cacher sa fatigue, comme lors de cette intervention où il devient blême, disparaît de l’écran et réapparaît en disant qu’il est victime d’une grippe intestinale. Et il défend son bilan, qui pourtant est plus que mitigé : une économie en berne, avec une inflation très forte et une monnaie qui a littéralement dégringolé, la livre turque perdant plus de 400 % de sa valeur en quelques années. Sans compter les affaires de corruption et la gestion du terrible séisme du 6 février dernier, une gestion jugée insuffisante et tardive. ► À écouter aussi : Turquie: les jeunes, un enjeu déterminant de la prochaine présidentielle La partie s’annonce donc difficile pour Erdogan, d’autant que son opposant promet une mise à plat de l’économie, le retour à l’État de droit et aux pouvoirs du Parlement, largement rognés par la révision constitutionnelle de 2017 qui a présidentialisé le régime. Des différences sur la politique internationale Il y a enfin la politique étrangère où là aussi le candidat de l’opposition veut marquer sa différence. Avec deux mots d’ordre : en cas de victoire, il s’agirait d’améliorer les relations avec l’Occident, et de mettre un terme à la politique interventionniste du président sortant - en Syrie ou en Libye notamment. ► À écouter aussi : Présidentielle en Turquie: Ankara «conservera un intérêt fort pour l’Afrique», estime le chercheur Jean Marcou Avec l’Union européenne, l’apaisement serait donc au rendez-vous, avec peut-être une reprise des négociations d’adhésion de la Turquie. Et plus certainement un allégement de la politique de visas pour les Turcs souhaitant se rendre en Europe, et un renforcement de la coopération douanière. Mais il resterait des points d’achoppement, en Méditerranée orientale ou à propos de Chypre. Nous n’en sommes pas là. Il faut d’abord remporter la victoire à la présidentielle et aussi aux élections législatives organisées en même temps.
5/12/20233 minutes, 37 seconds
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Charles III, un roi de transition?

Cette semaine, à l'occasion du couronnement du roi Charles III ce samedi, une première pour le Royaume-Uni depuis celui d’Elisabeth II en 1953, il y a donc 70 ans, la question posée est la suivante : au-delà du faste de la cérémonie, le nouveau souverain saura-t-il faire durer la dynastie des Windsor ? Eh bien, pas de réponse évidente à cette question. En tout cas, contrairement à ce qu’on pourrait penser hors de Grande-Bretagne, la question se pose bel et bien après le départ d’Elisabeth II, pour une institution qui reste forte, mais fragile en même temps. Forte, car lorsqu’on demande aux Britanniques s’ils préfèrent un souverain à la tête du pays ou un chef d’État élu, ils sont encore six sur dix à répondre oui pour un roi, selon un récent sondage de la BBC. Mais fragile, car c’est une monarchie qui règne sans pouvoirs au sein d’une société hautement démocratique. Elle est acceptée ou tolérée comme on voudra, pour autant qu’elle reste populaire et aimée par une majorité de personnes. Sinon, en effet, le principe de légitimité est très faible. L’argument est connu : au nom de quoi le simple fait de naître dans cette famille particulière vous donne-t-il accès à cette position sociale éminente qui va avec une immense richesse - des devoirs certes - mais aussi des privilèges inimaginables pour le commun des mortels ? ► À lire aussi : Monarchie britannique: quel pouvoir, quelle organisation? Une jeunesse à convaincre  Le défi pour Charles III est d’autant plus important que plus on est jeune outre-Manche, moins l’adhésion est forte à l’institution monarchique. Ainsi, si 8 seniors de plus de 65 ans sur 10 soutiennent la Couronne, ce chiffre tombe à 32% chez les 18/24 ans. Pour que la « firme Windsor » comme elle est parfois surnommée, perdure, il faut absolument améliorer ce score. Charles III a-t-il les atouts pour ce job ? Il le sait, il ne sera jamais autant aimé par les Britanniques que sa mère. Depuis son accession au trône, il marche sur les pas de celle-ci, il s’est notamment mis à observer un devoir de réserve, y compris sur la défense de l’environnement. Alors que ce n’est pas son tempérament. Il a une image plus moderne, plus écolo évidemment, plus sociale aussi, grâce à sa fondation « Prince’s trust », la plus grande organisation philanthropique d’Europe, qui a permis à des dizaines de milliers de jeunes de retrouver le chemin de l’emploi. ► À lire aussi : Charles III: du prince engagé au roi du silence? (2/2)   La pérennité des Windsor en jeu ? Mais la personnalité de Charles comporte aussi des aspects négatifs aux yeux des Britanniques. Il y a d’abord le fait qu’ayant vécu si longtemps en héritier hyper privilégié, il est déconnecté du peuple. Peut-être aussi arrive-t-il sur le trône tard, peut-être trop tard. Un jugement qui concerne aussi la femme de sa vie, Camilla, finalement tolérée, mais qui, elle aussi, n’aura jamais la même popularité que la princesse Diana. Pour Charles et Camilla, qui parviennent au sommet à l’automne de leur vie, il faudra toujours se faire une place face à ces deux figures iconiques de la monarchie, Elisabeth II et Diana. Le nouveau roi devra enfin gérer le comportement de Harry, le petit frère rebelle de William, et de sa compagne Meghan. Il se dit que Charles III, conscient de son arrivée tardive sur le trône, aurait accepté d’être un roi de transition et abdiquerait au bout d’une dizaine d’années, pour que son fils William lui succède à un âge raisonnable – ce dernier serait tout de même dans la cinquantaine. Une hypothèse plausible, car au bout du compte, seule compte la pérennité de la firme Windsor. Nous n’en sommes pas là, et comme le dit en vieux français la devise royale britannique, « honni soit qui mal y pense »…   ► À lire aussi : Avec Charles III, la monarchie britannique repense sa stratégie africaine
5/5/20233 minutes, 32 seconds
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En Israël, la démocratie menacée?

Cette semaine, retour sur la crise politique que traverse Israël depuis le début de l’année, notamment à cause du projet de réforme judiciaire actuellement suspendu, et qui prévoit de réduire les pouvoirs de la Cour suprême. Soixante-quinze ans après la création de l’État hébreu, la démocratie est-elle menacée en Israël ? La réponse est oui. Certes, depuis 1948, la vie politique israélienne a été riche en rebondissements, affrontements et controverses. Mais à l'exception de quelques formations radicales, l'ensemble de la société et de la classe politique partageait la même vision d'une société démocratique et laïque. La séparation et l'équilibre des pouvoirs étaient largement acceptés, dans un pays qui n'a pas de Constitution écrite. Des crises politiques, dans un régime parlementaire, il y en a donc eu, mais celle que traverse le pays depuis plusieurs mois autour du projet de réforme des attributions de la Cour suprême est d'une nature plus existentielle. Au point que les opposants à ce projet, extrêmement nombreux à manifester ces quatre derniers mois, parlent de crise de régime et accusent le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, de vouloir changer la nature du régime politique du pays. ► À lire aussi : L’extrême-droite israélienne, de la marge au gouvernement Benyamin Netanyahu à la manœuvre Alors pourquoi ces craintes et ces accusations contre Benyamin Netanyahu et son gouvernement où siègent des formations ultranationalistes et religieuses ? Il y a d'abord un soupçon très fort sur les motivations personnelles du chef du gouvernement. Si Netanyahu veut faire passer ce projet, qui permettrait au Parlement de retoquer un avis de la Cour suprême, c'est, disent ses opposants, pour échapper à ses problèmes judiciaires. Ils l'accusent donc d'instrumentaliser les institutions du pays à son profit personnel. Au-delà, il y a le risque de crise de régime, puisque ce projet de loi remettrait en cause la séparation et l'équilibre des pouvoirs, et donc le fonctionnement démocratique qui s'orienterait vers un régime illibéral, une « démocrature » qui ressemblerait à la démocratie, mais n'en aurait que l'apparence, avec l'organisation d'élections, mais un État de droit profondément affaibli. ► À lire aussi : Israël, une démocratie en péril ? Une équation politique complexe pour Israël Devant la résistance de la société civile, le Premier ministre a mis la réforme en pause. Mais les discussions doivent reprendre dans quelques semaines à la Knesset, et on ne sait plus très bien ce que veut désormais Benyamin Netanyahu, écartelé entre ses intérêts personnels, la configuration de sa coalition, où les formations nationalistes et religieuses ne relâchent pas leur pression – sur ce dossier, mais aussi sur la question de la colonisation en Cisjordanie, qu’elles souhaitent fortement développer. Et attentif aussi à ne pas aller trop loin, en interne comme en externe, pour éviter un tollé de la communauté internationale. Une équation compliquée donc pour le chef du gouvernement. Ce projet de réforme cristallise en fait, pour faire simple, deux visions de ce que doit être Israël : identitaire et religieux, ou laïque et prêt au compromis, y compris sur la question palestinienne. ► À lire aussi : Manifestations en Israël: «Le compte à rebours a commencé pour la fin du régime de Netanyahu»
4/28/20233 minutes, 10 seconds
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Sergueï Lavrov en Amérique latine, une lutte d’influence avec Washington?

Avec la tournée en Amérique latine du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans certains États anti-américains, la Russie tente-t-elle de consolider son alliance anti-occidentale sur ce continent ? Après le Moyen Orient, l'Asie, l'Afrique, voici donc l'inoxydable ministre russe des Affaires étrangères en tournée diplomatique en Amérique latine. L'objectif pour Sergueï Lavrov est clair : il s'agit de renforcer l'influence de Moscou dans cette partie du monde. Il renoue ainsi avec la politique extérieure de l'URSS qui avait développé des liens étroits et idéologiques avec des pays comme Cuba, le Nicaragua et plus tard le Venezuela. Des liens qui n'ont jamais été rompus, y compris sur le plan des échanges commerciaux. Entre 2000 et 2020, ces échanges sont ainsi passés de 5 à 20 milliards de dollars. Sergueï Lavrov va donc parler économie avec ces États, mais surtout resserrer les liens politiques avec ses alliés traditionnels.   Un déplacement important au Brésil Au-delà de ces visites attendues et logiques, il y a eu le déplacement au Brésil. Un déplacement important pour Moscou à plusieurs titres. Le Brésil, c'est bien sûr la principale économie du continent, membre des Brics comme la Russie. Depuis l'élection de Lula, le Kremlin sait qu'il dispose d'un allié potentiel plus conciliant. Le Brésil a de grandes ambitions internationales, il vient d'opérer un rapprochement avec la Chine lors de la visite récente de Lula à Pékin. Et surtout, il fait entendre sa différence sur la guerre en Ukraine : il n'applique pas les sanctions occidentales, estime que les États-Unis et l'Europe contribuent à la prolongation du conflit. Et donc, si le Brésil n'est pas un affidé de la Russie, son positionnement intéresse fortement le régime de Vladimir Poutine.  ► À écouter aussi : «La visite de Sergueï Lavrov en Amérique du Sud n'est pas de la même nature selon les pays» Une réaction américaine timide Face à cet activisme russe, Washington réagit étonnamment assez peu. C'est l'un des paradoxes de la politique extérieure des États-Unis, elle est stratégique avant d'être géographique. Depuis la fin des années 90, cette arrière-cour des États-Unis comme on disait alors, a cessé d'être une priorité pour Washington, qui fut pourtant très actif dans les affaires internes de ces pays. À l'exception notable de la Colombie, avec laquelle Washington a maintenu des liens économiques et sécuritaires très importants. Certes, le président Biden a fait une tentative pour changer cet état de choses lors de son grand forum sur la démocratie, mais sans succès pour l'instant. Et donc, au lieu de parler de lutte d'influence entre Russes et Américains sur le continent, on doit plutôt parler d'une offensive vigoureuse de la part de Moscou pour consolider ce front planétaire anti-occidental qu'elle s'efforce de bâtir contre Washington et ses alliés. Alors que, côté occidental, la contre-offensive se fait plus compliquée que prévu.
4/21/20233 minutes, 5 seconds
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Propos d’Emmanuel Macron sur le «suivisme» vis-à-vis de Washington: fondés ou erronés?

Emmanuel Macron a suscité beaucoup de réactions en estimant que les Européens ne devaient pas être suivistes des États-Unis, notamment en ce qui concerne Taïwan. A-t-il commis une erreur avec ces propos ?  La réponse est oui sur la forme et non sur le fond. Sur la forme, les propos du chef de l’État dans l’avion qui le ramenait de Pékin étaient, au mieux maladroits, au pire offensants pour les États-Unis, notamment. Car ils semblaient, d’une part, mettre sur le même pied les responsabilités de Washington et de Pékin sur le dossier taïwanais, et d’autre part, ils réaffirmaient avec force que « l’autonomie stratégique de l’Europe », concept cher au président français, interdisait toute forme de suivisme des Européens sur Washington. Sous-entendu, notamment, en cas d’attaque américaine contre des troupes chinoises qui auraient décidé de s’emparer par la force de l’île que Pékin considère comme étant une de ses provinces et devant donc réintégrer le giron de la seule et grande Chine. Cette dernière affirmation a créé des remous cette fois parmi certains pays de l’UE, notamment les pays d’Europe centrale et orientale, qui refusent de remettre en cause le parapluie américain qui leur assure une protection diplomatique et surtout militaire.  ► À lire aussi « Grave erreur », « folie des grandeurs » : les propos d’Emmanuel Macron sur « l’autonomie » européenne suscitent un tollé Maladresse ou provocation, aggravée par le moment choisi pour tenir ces propos : de retour de Chine donc, comme si Emmanuel Macron donnait quitus à Pékin de son positionnement sur Taïwan et alors que débutait l’impressionnant déploiement militaire chinois autour de Taïwan - en riposte à la rencontre en Californie de la présidente taïwanaise et du président de la Chambre des représentants américaine.  Maladresse, mauvais timing, mais sur le fond, le chef de l’État a-t-il tort ?  La réponse dépend de la conception que l’on a de la souveraineté des États occidentaux par rapport aux États-Unis : alignement total, suivisme systématique ? Ou bien appartenance au camp occidental, certes dominé par Washington, mais avec le respect des différences et des choix stratégiques des uns et des autres ? Emmanuel Macron opte clairement pour la seconde option. Oui, la France appartient bien au camp des démocraties occidentales, elle en est même l’un des éléments les plus importants, et donc la loyauté est là. Mais cette loyauté doit être réciproque - et pas seulement de façon unilatérale, ce qui veut dire que les États-Unis doivent, eux aussi, être loyaux envers leurs alliés. Et Paris est bien placé pour savoir que ce n’est pas toujours le cas. ► À écouter aussi : Taïwan : entre États-Unis et la Chine, Emmanuel Macron « doit choisir son camp » Comme l’a résumé ensuite le chef de l’État : allié oui, vassal non. Et si la France fait régulièrement entendre sa différence, quel que soit le locataire de l’Élysée, c’est parce que depuis 1945, sous l’effet notamment du général de Gaulle, elle se bat pour conserver son rang, non plus de grande puissance, mais de puissance moyenne à rayonnement international, qui est l’un des 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, et qui est dotée de l’arme nucléaire. À ces titres, elle estime devoir porter une voix indépendante - pour elle et pour l'Europe, pour ne pas devenir une zone de non-pouvoir entre la Chine, la Russie, et les États-Unis. De ce point de vue, les positions du président français, sur le fond, ont donc une indéniable cohérence.
4/15/20233 minutes, 16 seconds
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Joe Biden peut-il contribuer à l’apaisement en Irlande du Nord?

Le président américain Joe Biden va se rendre en Irlande du Nord à l’occasion du 25e anniversaire des accords du 10 avril 1998. 25 ans après la signature de ces accords dits du Vendredi Saint, sa visite peut-elle porter un message d’apaisement ?  La réponse a priori est oui. Ce lundi 10 avril, le président américain, qui a lui-même de lointaines origines irlandaises et qui est catholique, revêtira de toute façon une importance symbolique forte. Plus largement, les États-Unis ne se sont jamais désintéressés du sort de cette province britannique et avaient d’ailleurs, en coulisses, joué un rôle important dans la mise en place des accords du Vendredi Saint en avril 1998. Des accords qui avaient mis fin à trente ans d’affrontements sanglants entre d’une part les catholiques républicains, favorables à une réunification avec la République d’Irlande et regroupés autour du Sinn Fein et de sa branche armée, l’IRA, et d’autre part les protestants unionistes, sous la bannière du parti DUP, attaché à tout prix au maintien de l’Irlande du Nord au sein de la couronne britannique.  Tensions et méfiances 25 ans après, ces accords ont permis un véritable apaisement des tensions. Le texte de 1998 a mis en place un exécutif local cogéré par les deux camps. Apaisement donc, malgré des périodes de tension et de méfiance réciproque - tant les logiques d’appartenance communautaire et religieuse ont continué à marquer l’identité des habitants de cette province, en particulier les générations qui avaient vécu cette période de « troubles » pendant trois décennies.  Et de ce point de vue, la très difficile mise en œuvre des conséquences du Brexit dans la province a réveillé les méfiances réciproques : les unionistes en particulier craignaient que l’existence de facto d’une frontière en mer d’Irlande ne favorise à terme l’incorporation du territoire dans la République d’Irlande. D’autant que l’évolution démographique joue en faveur des catholiques. C’est ainsi qu’aux dernières élections, pour la première fois, c’est le Sinn Fein qui est arrivé en tête du scrutin. Autant d’éléments qui ont décidé les unionistes à ne pas participer à un exécutif où ils joueraient les seconds rôles. Et en conséquence, la province n’a pas d’exécutif opérationnel depuis un an.  Une visite qui débloquera la situation politique ? Situation compliquée, on le voit, même si un signal positif pourrait débloquer la situation. C’est l’accord signé récemment entre Londres et l’Union européenne – le cadre de Windsor –, qui éloigne la perspective de cette frontière de fait en mer d’Irlande qui fait si peur aux unionistes, tout en conservant un des acquis essentiels pour les républicains cette fois des accords de 1998, la libre circulation des personnes et des biens - sans frontières donc -, entre la province et l’Irlande.  Une évolution qui n’a pas encore débloqué concrètement la situation politique. En ce sens, la visite de Joe Biden permettra peut-être une avancée dans ce domaine, peut-être aussi l’annonce d’une aide financière à la province durement frappée par l’inflation. C’est ce qu’espèrent les jeunes nord-irlandais, plus préoccupés de leur pouvoir d’achat et de leur avenir, notamment avec la question du climat, que de querelles identitaires qui leur paraissent dépassées. On le voit, un agenda chargé pour le président américain.
4/7/20232 minutes, 58 seconds
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Taïwan, Pékin et Washington, le trio infernal?

La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen effectue en ce moment une visite aux États-Unis, elle se rendra ensuite au Guatemala et à Belize. Cette tournée diplomatique suscite l’ire de Pékin encore plus que d’ordinaire. Pourquoi ce déplacement suscite-t-il une telle réaction de la part de la Chine ? Il faut d'abord rappeler que ce n'est pas la première fois que la présidente de Taïwan, en poste depuis 2016, se déplace aux États Unis. La Chine réagit toujours à ce qu'elle estime être une provocation diplomatique de la part d'un pays qu'elle ne reconnaît pas puisque l'île de Taïwan fait partie, selon elle, de la Chine en tant que 23e province qui a fait sécession depuis 1949, mais qui, à terme, doit rejoindre le giron chinois, y compris par la force.  Cette fois, Pékin hausse le ton et parle, sans précisions tout de même, de « représailles » si Mme Tsai Ing-wen rencontre la semaine prochaine en Californie le président de la Chambre des représentants, le républicain Kevin Mac Carthy. Alors pourquoi une réaction aussi ferme de la Chine ? Il y a d'abord le rang de Kevin Mac Carthy qui, par sa position, est une des principales figures de l'État américain, même s’il représente l’opposition à Joe Biden. Pékin dénonce en fait l'hypocrisie des États-Unis, qui parlent d'une visite non-officielle, ce qui littéralement est exact, mais autorisent cette rencontre à Los Angeles. Il y a aussi le contexte actuel de très fortes tensions entre Washington et Pékin autour du sort de Taïwan : depuis plusieurs mois, Xi Jingping met la pression sur Taïwan, diplomatiquement et militairement. Et Joe Biden ne cesse de dénoncer cette agressivité chinoise dans le détroit de Taïwan qui pourrait, en cas d'intervention militaire de Pékin, avoir des conséquences Internationales imprévisibles. Dans ce contexte, la tournée de Tsai Ing-wen a un double objectif : d’abord, renforcer les liens économiques avec les États-Unis et les deux pays d'Amérique centrale où elle se rendra dès ce week-end, le Guatemala et Bélize. Avec le Guatemala, l'aide fournie par Taïwan a frôlé les 90 millions de dollars entre 2013 et 2021, soit davantage que celle attribuée par l'ensemble de l'Union européenne.  Le second objectif de cette tournée est encore plus important : il s'agit de démontrer que l'île nationaliste existe bel et bien sur la scène internationale. Ce sujet est un véritable bras de fer avec Pékin, dans lequel tous les coups sont permis. En quelques années, la Chine a ainsi décroché à son profit neuf pays qui jusque-là privilégiaient Taïwan - notamment en Amérique latine. On peut citer, il y a quelques jours seulement, le Honduras, qui a ainsi suivi l'exemple du Costa Rica en 2007, du Panama en 2017, du Salvador en 2018 et du Nicaragua en 2021. Pékin reçoit également, au moment même de cette tournée de Mme Wen, l'ancien président taïwanais Ma Ying-jeou, histoire de montrer que tous les Taïwanais ne sont pas des nationalistes anti-chinois, et de mettre la présidente actuelle dans l’embarras. Mais cet activisme chinois a aussi son revers : plus isolé diplomatiquement, plus menacé ces derniers mois, Taïwan se tourne de plus en plus vers son principal fournisseur d'armes, les États-Unis. ► À lire aussi : Taïwan: la présidente Tsai Ing-wen arrive aux États-Unis avant un passage en Amérique latine
3/31/20232 minutes, 56 seconds
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La paix mondiale selon Pékin

Tout juste réélu pour son troisième mandat le président chinois multiplie les offensives diplomatiques à travers le monde. Cela signifie-t-il que le monde entre dans une nouvelle ère géopolitique ?  L’image est forte et va bien au-delà de l’opération de communication diplomatique : Vladimir Poutine qui raccompagne son homologue chinois à sa voiture au terme d’une visite d’État dans la capitale russe et Xi Jinping qui lance en lui serrant la main « ce que nous venons d’initier ensemble sont les transformations les plus novatrices depuis un siècle ! » Comprenne qui pourra, mais cette sortie ne pouvait faire plus plaisir à son hôte russe isolé sur la scène internationale et visé quelques jours plus tôt par un mandat d’arrêt pour crimes de guerre dans la déportation d’enfants ukrainiens. Un Vladimir Poutine aux anges qui s’est même avoué « un peu jaloux » des succès de son nouveau parrain chinois. Très clairement, Xi Jinping n’est plus dans la neutralité ambiguë et équivoque affichée depuis le début de la guerre en Ukraine. Outre la livraison d’armes, dont des drones armés derniers cris, Pékin a offert son soutien et son amitié durable à son partenaire russe, quitte à mettre une partie du monde dans l’embarras, Washington au premier chef, déstabilisé par l’impressionnante montée en puissance de la diplomatie chinoise assortie d’un discours quasi civilisationnel fustigeant ouvertement l’hégémonie occidentale. Fort de quelques succès, Xi Jinping ne s’embarrasse plus avec les faux-semblants Alors que le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi multipliait, depuis plusieurs mois, les voyages à travers la planète, l’annonce surprise du rétablissement des relations le 10 mars entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, grâce à la médiation de Pékin, a permis de confortablement installer Xi Jinping sur le devant de la scène internationale, tout en offrant une bien opportune porte de sortie à l’Iran sous sanctions. Une médiation qui suscite quelques espoirs au Yémen, en Syrie ou au Liban, prisonniers depuis tant d’années de la guerre par procuration que se livrent les deux puissances du Moyen-Orient. Mais c’est aussi et surtout un formidable pied de nez diplomatique à Washington battu dans son propre pré-carré moyen-oriental, la Chine hissant l’étendard d’une paix inédite dans un nouvel ordre mondial mené par Pékin et les pays du Sud. Une démondialisation à la chinoise ou encore une désoccidentalisation des relations internationales. Au-delà de la tentation de la nouvelle voie chinoise, beaucoup d’experts questionnent la diplomatie d’opportunités, au coup par coup de Pékin, qui balaie dangereusement toute forme de multilatéralisme au profit de sa propre montée en puissance et celle, bien entendu, constitutionnellement illimitée en Chine du président Xi Jinping. ►À lire aussi : La visite de Xi Jinping à Vladimir Poutine à Moscou, coup de pouce et médiation Si certains pays comme la Russie acceptent une forme de vassalisation de Pékin, beaucoup d’autres hésitent Sur sa lancée russe, le président chinois a formellement convié les dirigeants de plusieurs anciennes nations de la sphère soviétique au premier sommet Chine-Asie centrale en mai à Pékin. Afrique, Proche-Orient, Asie et même Amérique du Sud. Les Européens sont quant à eux contraints à une périlleuse diplomatie de la ligne de crête dans cette guerre d’influence que se livrent Washington et Pékin sur fond de dépendances énergétiques, d’alliance stratégique et de bouleversements mondiaux. Aussi la position inconfortable du président français, Emmanuel Macron qui doit se rendre en visite officielle dans la capitale chinoise début avril. Succédant au chancelier allemand en novembre qui, en dépit des critiques à peine voilées, avait répondu que Pékin était tout simplement incontournable. La Chine, faiseuse de paix ? Ce n'est pas exactement l'avis dominant à Taïwan. Quant au président ukrainien Volodymyr Zelensky, il a annoncé mardi dernier avoir proposé à Pékin de devenir un partenaire pour le règlement du conflit. Cette fois, Xi Jinping n’a pas répondu et n’a pas tendu la main.
3/24/20233 minutes, 21 seconds
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En Iran, les mollahs ont-ils brisé la révolte populaire?

La situation en Iran, six mois après la mort de la jeune Mahsa Amini après son interpellation pour non-respect du port du voile : la révolte en Iran s’est-elle essoufflée ou couve-t-elle sous la braise ? Ce que l’on peut dire tout d’abord, c’est que l’intensité de la révolte des femmes, en particulier, n’est plus la même en Iran. En terme de manifestations, c’est redevenu calme depuis deux mois dans les grandes villes à une ou deux exceptions près. On peut donc dire que le pouvoir a réussi à résister à cette contestation populaire portée par les femmes, puis les jeunes et beaucoup de composantes de la société civile qui voulaient exprimer, au-delà de la question importante du port du voile, un ras-le-bol général contre un pouvoir jugé liberticide, corrompu et incapable de mettre en œuvre des politiques économiques efficaces. Face à ces demandes de la société civile, l’appareil d’État iranien a réagi par une répression violente Mais il a aussi tenté d’envoyer quelques signaux d’ouverture : le mois dernier, à l’occasion de l’anniversaire de la révolution islamique de 1979, on a ainsi assisté à un vaste mouvement d’amnistie dans les prisons iraniennes, un des plus importants jamais enregistré. Le pouvoir joue donc sur les deux tableaux. Amnistie pour les simples manifestants, mais des peines de mort ou de prison très lourdes pour les meneurs. Mais cette posture ambigüe ne trompe pas les Iraniens. Si les grandes manifestations ont cessé pour l’instant, une forme de résistance passive s’est mise en place. On assiste à un très net relâchement du port du voile ou du foulard chez les femmes. Dans la rue, les cafés ou les centres commerciaux, de nombreuses femmes et jeunes filles ne portent pas le voile ni de foulard sur la tête. Comment réagit la communauté internationale ? À l’étranger, on suit de près la situation en Iran. Mais, si le soutien des pays démocratiques a été très fort et très bruyant lors des premières semaines, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Plus globalement, la communauté internationale est de plus en plus divisée entre plusieurs blocs. Et le régime iranien, qui n’avait pas à se forcer, a renforcé ses liens avec le bloc des pays autoritaires – notamment avec la Russie et la Chine. « Autocrates de tous les pays, unissez-vous », message reçu cinq sur cinq par les mollahs iraniens qui, fort habilement, viennent consolider l’axe anti-occidental – et bénéficient en retour d’un soutien de Moscou et Pékin. Et tant pis pour les aspirations d’une population qui veut vivre libre. La liberté attendra. Même si quelque chose a changé en Iran depuis six mois, pour les femmes surtout, la révolte n’a pas réussi à déstabiliser suffisamment le régime pour le voir s’effondrer. Mais on sent que ce bras de fer est toujours là, latent. Et qu’il suffirait d’une étincelle pour que le feu qui couve se réveille brutalement. Cette étincelle va-t-elle se produire ou non ? C’est une des questions actuellement en Iran.
3/17/20233 minutes, 14 seconds
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Sommet franco-britannique: Londres et Paris, une nouvelle lune de miel?

Le sommet franco-britannique s'est tenu ce 10 mars à Paris pour la première fois en 5 ans. L’occasion pour le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre Rishi Sunak de marquer un net changement de ton dans une relation très tendue depuis 2018. Peut-on parler néanmoins d'une véritable détente entre Londres et Paris ?  La réponse est oui, même si tout n’est pas rose dans le ciel franco-britannique. Une chose est sûre : ce 36e sommet entre les deux pays marque un net réchauffement après les soubresauts de ces dernières années. C’est d’ailleurs le premier sommet depuis 5 ans, c’est dire. Plusieurs facteurs expliquent cette détente cordiale : le Brexit et ses conséquences litigieuses avec Londres commencent à s’estomper. Le cadre de Windsor a pu régler l’épineux problème du protocole nord-irlandais, même s’il reste à l’appliquer, et la question des zones de pêche entre les deux États est en bonne voie de solution - mais là aussi tout n’est pas totalement bouclé.  Le coup de Trafalgar de l’affaire des sous-marins vendus à l’Australie par Londres et Washington en lieu et place de Paris semble également digéré. Enfin, l’alchimie personnelle entre Emmanuel Macron et Rishi Sunak semble bien fonctionner - rien à voir avec les relations compliquées entre le président français et Boris Johnson ou l’éphémère Liz Truss, qui avait hésité à qualifier la France de pays ami ou ennemi. Les deux dirigeants actuels sont de la même génération, ils ont un parcours similaire marqué par un passage dans les banques d’affaires, et un style très proche.  ► À lire aussi : Sommet franco-britannique: Londres va financer un centre de détention pour migrants en France Un « moment de retrouvailles » On peut donc parler d’un nouveau départ dans le cadre de cette vieille relation de bon et de mauvais voisinage selon les époques. Mais, comme l’a rappelé Emmanuel Macron, l’histoire et la géographie imposent ce lien spécifique entre les deux nations. Et ce vendredi à Paris, on a assisté à un « moment de retrouvailles », selon le président français, on a célébré une « alliance cruciale » pour Rishi Sunak. Et de fait, sur quasiment tous les sujets abordés, la coopération franco-britannique repart de l’avant. On pourrait même dire que, paradoxalement, la relation bilatérale sort renforcée de la décision britannique de quitter l’Union européenne, à cause des liens étroits entre deux pays qui sont les seules nations européennes à être membres du Conseil de sécurité de l’ONU et les deux seules puissances dotées de l’arme nucléaire sur le vieux Continent. Cela crée des obligations et des intérêts communs. ► À écouter aussi : Sommet franco-britannique: une «dimension militaire et nucléaire est au cœur de la relation bilatérale» Réconciliation sans naïveté Ils se sont exprimés, ces intérêts, sur l’aide à l’Ukraine, bien sûr, mais aussi sur la coopération en matière de défense, déjà solide, mais qui devrait s’accroître sur les armes du futur. Et il en va de même sur l’énergie ou la lutte contre les changements climatiques. En revanche, les choses sont un peu plus compliquées sur l’épineux dossier de l’immigration. Londres et Paris vont accroître leur coopération pour tenter d’endiguer les flux de migrants qui embarquent illégalement à Calais pour gagner Douvres. Mais au-delà, on sent une différence d’approche : il s’agit d’une question essentielle pour Rishi Sunak, pour la France, il faut traiter cette question des migrations au niveau européen. Au final, la réconciliation a été scellée au palais de l’Élysée, mais sans naïveté - et avec, parfois, des intérêts divergents.
3/10/20232 minutes, 42 seconds
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Les réticences du «Sud global» sur la guerre en Ukraine

Cette semaine, Le Monde en questions s'intéresse à la position des pays du Sud, en Asie, en Afrique et en Amérique latine, par rapport à la guerre en Ukraine, et plus largement la tension extrême entre la Russie de Vladimir Poutine et le monde occidental. Et nombre d’entre eux se montrent opposés au fait de prendre parti pour l’Occident. Comment expliquer cette attitude réticente ou indifférente de ces pays du Sud ?  Plusieurs raisons expliquent ce refus de soutenir les condamnations de la Russie à l'ONU ou les sanctions prises contre Moscou. À chaque vote pour condamner la Russie à l'ONU, presque 40 pays décident de s'abstenir ou de ne pas participer au scrutin. L'Inde, la Chine, bien sûr, mais aussi de nombreux pays africains et d'Amérique latine. Il y a d'abord dans cette attitude le sentiment que l'Occident veut entraîner le monde entier dans son hostilité à Vladimir Poutine, alors même que ce conflit est perçu comme une guerre entre Européens, qui ne concerne pas directement les pays du Sud qui ont d'autres problèmes graves à affronter – sécurité alimentaire, changements climatiques, tensions dans leur propre environnement –, qui souvent n'intéressent pas les Occidentaux. ► À écouter aussi : Les enfants dans la guerre, de la soviétisation à la russification Un ressentiment partagé avec la Russie Il y a ensuite des facteurs plus idéologiques. Certains pays en Afrique et en Amérique latine n'ont pas été mécontents de voir Vladimir Poutine se dresser peu à peu contre les États-Unis dès les années 2008-2010. Et donc, au-delà du conflit en Ukraine proprement dit, ne sont pas mécontents non plus de le voir défier un Occident jugé dominateur et donneur de leçons, voulant imposer son modèle politique et économique.  En ce sens, la confrontation entre Moscou et l'Occident conforte une forme de ressentiment de pays du Sud qui ont eu à souffrir dans le passé de la domination occidentale – colonisation politique accompagnée de prédation économique. La Russie peut aussi compter sur des liens anciens, quand l'URSS soutenait les mouvements d'indépendance de pays qui voulaient se défaire de la mainmise occidentale. La guerre en Ukraine sert donc de révélateur à cette distance entre l'Occident et une partie du Sud global. Un Sud qui ne veut plus se laisser dicter ses choix et souhaite trouver ses propres voies de développement en toute souveraineté. En coopérant avec qui il veut, ce peut être bien sûr un pays occidental, mais aussi les nouvelles puissances d'aujourd'hui, la Chine, la Russie, l'Inde et la Turquie notamment. La guerre en Ukraine révèle un « Sud global » Et c'est le paradoxe de la situation actuelle : un an après le lancement de l’invasion russe en Ukraine, le camp occidental apparaît plus uni que jamais, qu’il s’agisse de l’Otan ou du resserrement des relations entre l’Europe et les États-Unis. Et de ce point de vue, Vladimir Poutine a clairement échoué puisque son agression contre l’Ukraine était aussi destinée à affaiblir ce monde occidental qu’il accuse de tous les maux. Mais en même temps, cette guerre fait apparaître au grand jour un « Sud global » méfiant ou hostile vis-à-vis du camp occidental. Ce qui fait que Vladimir Poutine n’est pas aussi isolé qu’on aurait pu le penser. ► À lire aussi : Le conflit russo-ukrainien vu du Cameroun: entre désintérêt et espoir d'un nouvel équilibre mondial
3/3/20232 minutes, 39 seconds
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La guerre en Ukraine, un tournant dans l’ordre international?

Cette semaine, retour sur le premier anniversaire de l’invasion russe en Ukraine. Cette guerre en Ukraine a-t-elle modifié les équilibres internationaux ?  La réponse est positive. L'invasion de l'Ukraine par la Russie est venue bouleverser un ordre international qui était fragilisé. En effet, cet ordre, longtemps caractérisé par une prédominance du modèle occidental, était déjà contesté par un certain nombre de pays – la Chine et la Russie en tête –, mais aussi de grandes puissances émergentes comme l’Inde, le Brésil ou l’Afrique du Sud, entre autres. Mais tout cela était latent, contenu et en partie atténué par le fonctionnement difficilement consensuel des instances internationales, à commencer par l’ONU. De ce point de vue d’ailleurs, la Russie, en lançant son « opération militaire spéciale » contre son voisin, a brisé l’un des éléments fondateurs de la charte de l’ONU, à savoir le respect de la souveraineté des États et l’intangibilité des frontières. D’autant que les raisons invoquées par Vladimir Poutine pour justifier cette agression – dénazification du régime de Kiev, démilitarisation du pays – paraissent peu crédibles. Les prévisions de Vladimir Poutine ne se sont pas vérifiées  En tout cas, c'est cet état du monde qui a volé en éclats il y a un an. En attaquant massivement l’Ukraine, dans la prolongation d’un conflit débuté en 2014 avec la Crimée et le Donbass, Vladimir Poutine a d'abord mis son pays, puissance nucléaire et membre du conseil de sécurité de l'ONU, en position délicate. Son calcul était que les puissances occidentales, alanguies et ramollies par un modèle de société décadent et ultra-individualiste, ne feraient que protester verbalement, comme elles l'avaient fait au moment de l'annexion de la Crimée. Il s'est trompé sur ce point, et aussi d'ailleurs sur le patriotisme et l'esprit de résistance ukrainiens, qui pour lui n'existaient pas. Un an après, sa folle décision a resserré les rangs de l'Union européenne et de l'Otan, et ancré encore plus l'Ukraine comme un État pro-européen et pro-occidental. Exactement l'inverse de ce qu'il recherchait. ► À lire aussi : Ukraine : guerre d’usure sur le front sud-est et intenses combats dans le Donbass La Russie est-elle pour autant isolée, mise au ban des nations ? Eh bien pas vraiment. Certes, le rejet de la Russie façon Poutine par le monde occidental est profond, et sans doute durable. Certes, beaucoup d'autres pays sont sur la même ligne, comme vient de le montrer la dernière résolution votée à l'ONU. Mais la Russie peut compter sur certains soutiens actifs ou plus déguisés. À commencer par celui de la Chine, qui joue habilement sa partie, fixant des lignes rouges à Moscou sur l’utilisation de l’arme nucléaire, mais sans désavouer cet allié russe désormais vassalisé et qui cherche à déstabiliser les États-Unis, ce qui fait les affaires de Pékin.  Sans compter certains pays africains et asiatiques qui adhèrent à cette remise en cause de l'hégémonie occidentale ou qui souhaitent être multi-alignés, sans avoir à choisir, et au mieux de leurs intérêts. Voilà quelques-unes des leçons provisoires du conflit déclenché par Vladimir Poutine il y a un an. Oui, cette guerre a sérieusement modifié les équilibres internationaux ou a servi d'accélérateur à des changements qui étaient déjà perceptibles. Une nouvelle donne encore très instable. Pour aller où, et vers quoi ? C'est l'autre question qui est désormais posée. ► À lire aussi : « La guerre en Ukraine pour les Chinois est une catastrophe »  
2/24/20233 minutes, 12 seconds
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L’Ukraine au cœur de la Conférence de Munich sur la sécurité

Dominée cette année par la guerre en Ukraine, en quoi la Conférence de Munich sur la sécurité, qui s’est ouverte ce 17 février, peut-elle faire avancer le débat sur les meilleurs moyens de sortir de ce conflit entre l’Ukraine et la Russie ? On peut d’abord constater un certain retour aux sources puisqu’il sera beaucoup question de la sécurité du continent européen. Ce qui était dans toutes les têtes quand cette conférence a été créée dans les années 1960 – on était alors en pleine guerre froide avec l’URSS. Depuis un an, la guerre en Ukraine a remis au cœur des débats cette question de la sécurité du Vieux Continent. Alors bien sûr, la Russie ne sera pas présente à cette conférence. Mais on va beaucoup parler d’elle, et de l’Ukraine évidemment. Avec cette question : comment permettre à ce pays de résister à l’invasion russe, voire d’obtenir la victoire ? Et avec quel soutien dans le monde ? ► À lire aussi : L’Ukraine et la tension sino-américaine au programme de la Conférence de Munich sur la sécurité Un effort durable des Occidentaux ? Sur le premier point, la réponse en fait est connue : pour que Kiev l’emporte sur l’armée russe, qui dispose encore, malgré ses échecs depuis un an, de nombreuses ressources mécaniques et humaines, il faudrait fournir beaucoup plus d’armes à l’Ukraine. C’est le sens des demandes permanentes du président Zelensky, et ce sera l’un des points de discussion importants à Munich. ► À lire aussi : Conférence de Munich : Macron appelle les Européens à « réinvestir massivement » dans leur défense Les pays occidentaux ont-ils la volonté et les moyens de pousser encore plus leur effort de soutien à l’Ukraine ? Faut-il passer à une économie de guerre ? Les opinions publiques en Europe et aux États-Unis sont-elles prêtes à cet effort de longue haleine ? Faut-il se préparer à une guerre de longue durée, avec l’un des scénarios évoqués : un gel des lignes de front, qui ne résoudrait rien ? Autant de débats prégnants à Munich. Convaincre les pays du Sud Sur le deuxième point, quel soutien dans le monde, les Occidentaux vont essayer de convaincre les pays du Sud de s’engager plus avant à leurs côtés. Mais ce défi n’est pas gagné, car l’une des conséquences géopolitiques de la guerre en Ukraine, c’est qu’elle a révélé au grand jour la distance qui s’est installée entre l’Occident et le reste du monde. Ce qui se joue dans cette guerre, c’est aussi la lutte entre les régimes démocratiques et autoritaires. Face au défi lancé par les puissances autoritaires, les démocraties doivent construire des coalitions plus larges, et intégrer les intérêts des États du Sud. Plus facile à dire qu’à faire, car beaucoup de ces pays préfèrent rester dans une prudente neutralité, et ne pas choisir entre le bloc occidental et le bloc autoritaire. Cela leur permet aussi une certaine autonomie par rapport aux puissances occidentales, voire une remise en cause de leur hégémonie. Enfin, l’autre débat à suivre à Munich concernera les scénarios de l’après-guerre : car si les Occidentaux, et notamment les Français, affirment désormais qu’il faut tout faire pour aboutir à la défaite de la Russie, il faut aussi se projeter dans l’après, ces fameux équilibres entre puissances qui doivent assurer la paix et la sécurité en Europe. Et donc envisager, comme l’explique depuis le début le président Macron, quitte à se faire rabrouer par certains, une discussion, et même des négociations, avec la Russie.
2/17/20233 minutes, 10 seconds
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L’Ukraine peut-elle être bientôt membre de l’Union européenne?

Le sommet entre l’Ukraine et l’Union européenne s’est tenu ce vendredi. Au menu des discussions, notamment, la perspective pour l’Ukraine de devenir l’un des pays membres de l’Union européenne. L'Ukraine peut-elle espérer une intégration rapide à l'Union européenne ?  La réponse est loin d’être évidente, même si le sommet qui vient d’avoir lieu à Kiev entre l’Ukraine et l’Union européenne a été plutôt positif. L’Ukraine souhaite bien sûr une adhésion rapide à l’Union européenne. À cause – ou grâce – au conflit déclenché l’an dernier par Moscou, elle a obtenu rapidement le statut de candidat et ce n’était pas acquis au départ.   Mais le processus, à partir de ce statut, est long. Il faut d'abord que soit décidé le lancement officiel des négociations d’adhésion à l’UE. C’est notamment ce que cherche à obtenir Kiev. « Ce sera le cas à l’automne prochain », ont assuré Charles Michel et Ursula Von der Leyen aujourd’hui dans la capitale ukrainienne. Un long processus d'intégration  Commence alors pour le pays candidat une longue période de mise à l'épreuve : il doit prouver que sur un grand nombre de critères – état de droit, respect des libertés publiques et individuelles, la séparation effective des pouvoirs, la lutte anti-corruption –, il répond aux exigences de l'Union européenne, qui se définit à la fois par une adhésion à des valeurs démocratiques et un état de fonctionnement de l'économie satisfaisant.  Si on regarde les exemples précédents, ce processus prend au mieux de quatre à cinq ans, au pire une quinzaine d'années – comme pour certains pays balkaniques, qui ont déposé leur demande en 2008. Le processus peut même être gelé. Pour la Turquie, candidate depuis 1999, les discussions sont ainsi au point mort depuis 2016. Et dans ce tableau, où se situe l’Ukraine ? Son bilan, sur l'ensemble de ces critères, n'est pas vraiment satisfaisant, notamment sur la lutte anticorruption. Même si des progrès ont été enregistrés tout récemment, il reste beaucoup à faire dans ce domaine. ► À lire aussi: Sommet UE-Ukraine: les dirigeants européens en démonstration de force à Kiev Une adhésion qui partage les membres de l'UE En fait, les Européens ne sont pas tous d’accord sur le rythme de l’adhésion de l’Ukraine. Certains, comme la Pologne et les pays baltes, disent qu’il faut en quelque sorte faire une exception pour l’Ukraine et accélérer les procédures d’adhésion pour arrimer définitivement ce pays aux camps des démocraties, face au camp autoritaire représenté par Moscou. Ce serait aussi l’occasion d’infliger un camouflet à Vladimir Poutine qui a décidé d’envahir son voisin, notamment pour l’empêcher de rejoindre le camp occidental. D’autres pays sont plus sceptiques ou plus réalistes. Ils estiment que même dans ces circonstances particulières, ou peut-être à cause d’elles, il faut prendre son temps, pour le bien de l’Union européenne… et de l’Ukraine. Intégrer trop vite pourrait être contre-productif pour les deux parties. Par ailleurs, accueillir dans la famille européenne un pays dont presque 20% du territoire est occupé par une armée étrangère est hautement problématique. On comprend que ces pays – France, Allemagne, Italie notamment – préfèrent que le conflit soit réglé avant de faire de l’Ukraine un membre de l’Union européenne. Mais la perspective pour tous est désormais claire, l’objectif final est fixé : tôt ou tard, l'Ukraine fera partie de l’Union européenne. Quand exactement ? C’est la question qui n’est pas encore réglée.    
2/3/20233 minutes, 4 seconds
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L’aide à l’Ukraine, un engrenage dangereux pour les Occidentaux?

Les Américains et les Allemands ont annoncé la livraison, dans les prochaines semaines, de chars Abrams et Léopard. Avec ces livraisons d'armes lourdes, les Occidentaux sont-ils entrés dans un engrenage dangereux ? On est tenté de répondre oui à cette question. La décision de livrer des chars d'attaque allemands – les désormais célèbres Leopard 2 – et américains – les Abrams – ne peut a priori que prolonger le conflit et potentiellement amener Moscou à considérer que les Euro-Américains sont bel et bien entrés dans une action de cobelligérants aux côtés des Ukrainiens et contre les Russes. Du coup, on est tout proche d'une ligne de conflit direct entre l'Occident et la Russie.  En fait, cette accélération et ce changement dans la nature des armes livrées relance un débat en Occident sur la question essentielle : jusqu'où faut-il aider l'Ukraine à se défendre contre l'agression russe ? En rappelant tout de même que c'est bien la Russie qui a décidé contre toutes les règles du droit international, de lancer une offensive contre un pays qui ne lui avait rien fait.  ► À lire aussi : L'Allemagne compte livrer les chars Leopard à l'Ukraine «fin mars, début avril» « Ce n'est pas notre guerre » Il y a schématiquement deux camps qui s'affrontent sur la stratégie à suivre. Ceux qui estiment qu'il faut réfléchir où l'on veut aller avant d'y aller et qui pensent que les Occidentaux sont en train de se faire embarquer peu à peu dans un conflit ouvert avec Moscou en s'alignant sur les demandes du président Zelensky. « Ce n'est pas notre guerre, disent-ils, nous devons aider l'Ukraine, mais raisonnablement ». Fournir des armes de plus en plus offensives et capables surtout d'intervenir en territoire russe ne peut que déboucher sur cette confrontation directe avec Moscou. Il vaut mieux tout faire pour maintenir un canal de communication avec les Russes, pour que le jour venu, on puisse trouver un terrain de négociations et une solution politique pour sortir du conflit entre l'Ukraine et la Russie.  « Tout faire pour stopper la folie impérialiste » En face, on trouve les partisans d'une aide sans cesse renforcée à Kiev. Car pour ces pays, ce qui se joue actuellement n'est pas seulement l'agression de la Russie contre l'Ukraine, mais bien plus une guerre de civilisation entre la Russie hyper nationaliste de Vladimir Poutine et le monde des démocraties libérales. Le 24 février 2022, le maître du Kremlin ne s'en est pas simplement pris à l'Ukraine, mais a déclaré la guerre à l'Occident qui ne peut pas, ne doit pas, lui laisser la victoire en Ukraine. Car ensuite, il menacerait l'ensemble du monde démocratique. Et sans entrer directement en cobelligérance, c'est-à-dire sans envoyer de troupes occidentales au sol aux côtés des soldats ukrainiens, il faut fournir toutes les armes qui lui permettent de résister, voire de reconquérir ses territoires perdus. Bref, il faut tout faire pour stopper la folie impérialiste de Poutine. Et ne pas avoir peur de sa réaction : les fameuses lignes rouges du début du conflit ne sont plus de mise. Lui veut aller jusqu’au bout, les Occidentaux doivent lui montrer qu’ils vont très sérieusement lui résister.  Entre ces deux visions, seul peut-être Vladimir Poutine sait-il laquelle est la plus pertinente. ► À lire aussi : Quatre questions autour de la livraison de chars lourds occidentaux à l'Ukraine  
1/27/20232 minutes, 57 seconds
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Biélorussie, une position périlleuse ?

En Biélorussie, le président Loukachenko est sous forte pression de la part des Russes pour contribuer d’une manière ou d’une autre à la guerre contre l’Ukraine. Pourquoi le positionnement de Minsk est-il si important pour Moscou ? La réponse tient d’abord à la géographie. La Biélorussie est voisine de la Russie et de l’Ukraine, elle présente même le notable avantage d’avoir une longue frontière commune avec le nord de l’Ukraine. Une frontière qui est située à même pas 100 kilomètres de Kiev – et c’est d’ailleurs de là qu’était partie l’invasion russe l’an dernier vers la capitale ukrainienne – avec le succès que l’on sait. Il y a ensuite les liens politiques et culturels qui existent de longue date entre Moscou et Minsk. Du coup, la position géopolitique de la Biélorussie est importante pour le Kremlin. Le président Loukachenko, qui a été très fortement contesté à l’été 2020 par ses opposants dans le pays, qui estimaient que sa réélection était frauduleuse, doit jouer l’équilibriste sur tous les tableaux. En interne, il est en en train d’accentuer la répression contre ses opposants - avec de nombreux procès en cours, dont celui de la femme qu’il a affrontée en 2020 au scrutin présidentiel, Svetlana Tikhanovskaia. Une tentative, sans doute un peu vaine, de museler définitivement toute voix discordante, deux ans et demi après ces immenses manifestations qui avaient donc failli le déloger. Un soutien à la Russie essentiel à son maintien au pouvoir Vis-à-vis de Moscou, Loukachenko joue un jeu habile, mais dangereux avec le grand frère russe. Au pouvoir depuis 1994, Alexandre Loukachenko s’est toujours présenté comme un proche allié de la Russie. Du coup, il a cherché à conserver des relations étroites, mais pas exclusives, avec Moscou. Depuis l’été 2020, et encore plus depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, tout a changé : pour avoir abrité sur son sol les troupes russes qui ont lancé la pitoyable offensive éclair contre Kiev, la Biélorussie a subi des sanctions européennes et occidentales. Aujourd’hui, en tout cas, Loukachenko sait que le soutien russe est essentiel à son maintien au pouvoir. Mais il sait aussi que faire entrer son pays en guerre contre l’Ukraine menacerait tout autant son fragile pouvoir en risquant de réveiller la colère de son peuple. D’où cet exercice d’équilibriste auquel il se livre. Sous forte pression de Vladimir Poutine, qui a même fait le déplacement à Minsk très récemment. Les Russes voudraient obtenir un engagement plus concret de Minsk dans le conflit qui l’oppose à Kiev. Ou alors, il s’agit d’un leurre, la Russie faisant croire aux Ukrainiens que la prochaine offensive d’envergure contre le nord de l’Ukraine, viendra du même endroit que l’an dernier, le territoire biélorusse. De nouveaux exercices militaires conjoints Quoi qu'il en soit, la question reste posée : la Biélorussie, qui vient de débuter avec la Russie de nouveaux exercices militaires conjoints, est-elle un simple complice de Moscou ou se prépare-t-elle, contrainte et forcée, à s’impliquer davantage dans le conflit ? Question sans réponse pour l’instant. Il ne faut jamais oublier que politiquement et diplomatiquement, les deux pays se tiennent par la barbichette : Moscou tient à cette alliance qui fonctionne encore avec un pays de l’ex-espace soviétique. Loukachenko, pour se maintenir au pouvoir et faire diversion, a besoin d’entretenir le suspense sur sa participation directe ou pas dans le conflit ukrainien. Une drôle d’alliance, pour le meilleur. Ou peut-être, pour le pire.
1/20/20233 minutes, 2 seconds
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Deux ans après le coup d’État militaire, la Birmanie au bord du gouffre

Les dernières nouvelles de Birmanie ne sont pas bonnes : ce grand pays d’Asie du Sud-Est, qui a connu une séquence démocratique prometteuse de dix ans, est aujourd’hui sous le joug des militaires, quasiment en guerre civile et aucun indicateur ne permet d’envisager une quelconque sortie de crise. La Birmanie de l’année 2023 est à l’image de son icône déchue : Aung San Suu Kyi, dissidente héroïque et prix Nobel de la Paix, arrivée au pouvoir dans un pays enfin démocratique après un demi-siècle de dictature et qui replonge, en une nuit, dans l’horreur de la répression. Au terme d’un simulacre de procès de 18 mois devant des tribunaux militaires, Aung San Suu Kyi a été condamnée à plusieurs dizaines d’années de prison pour une multitude d’invraisemblables griefs, elle, qui est âgée de 77 ans et qui a déjà passé près de vingt ans de sa vie en réclusion. Autant dire que le peuple birman ne reverra jamais vivante l’héroïne nationale, fille du fondateur de la Birmanie moderne. Oui, le pays est l’image de son icône, c’est-à-dire, écrasé, réduit au silence, submergé par la loi martiale et par la fuite en avant du général putschiste Min Aung Hlaing qui a lancé l’armée birmane à l’assaut de son peuple pour faire taire toute contestation.  À lire aussi : En Birmanie, le nombre d’enfants tués par la junte a augmenté en 2022 Une contestation muselée avec une incroyable brutalité, mais qui s’organise clandestinement dans tout le pays Le pays a renoué avec ses vieux démons dictatoriaux : plus de cinq mille morts civils aux quatre coins de la Birmanie depuis le 1er février 2021, près de 17 000 prisonniers politiques jetés dans les geôles birmanes et des centaines de milliers de déplacés internes dans les zones ethniques et de dissidents forcés à l’exil... Mais la Tatmadaw, l’armée birmane, ne vient pourtant pas à bout d’une nation tout entière qui a décidé de ne pas plier, menée par une jeune génération qui a connu quelques années d’émancipation démocratique et refuse tout retour en arrière. Aussi, malgré l’isolement du pays et l’effarant manque de soutien concret de la communauté internationale, la résistance tient bon et mobilise. Sur le front politique, le gouvernement parallèle composé d’anciens élus entrés en clandestinité multiplie les actions diplomatiques pour sortir le pays de l’oubli. Sur le terrain, la Force de Défense Populaire, composée de rebelles ethniques et d’activistes qui ont pris les armes, multiplie les attaques dans les villes et les campagnes pour déstabiliser le pouvoir militaire qui compterait des milliers de pertes et voit un taux de désertion en pleine augmentation. À lire aussi : Birmanie : la junte annonce libérer près de 6000 prisonniers, dont plusieurs étrangers La junte birmane peut compter sur le soutien d’alliés de taille comme la Chine et la Russie Les généraux putschistes birmans seraient, qui sait, déjà renversés sans la participation active du voisin et parrain chinois et sans l’aide militaire de Moscou, déterminante sur la question des technologies de renseignement, mais aussi, et surtout, avec la livraison d’hélicoptères de combat et d’avions de chasse, redoutables dans les zones frontalières défendues par les guérillas ethniques. Plusieurs bombardements, sur des écoles notamment, ont d’ailleurs fait des dizaines de victimes parmi les populations locales.  La Birmanie, hier saluée pour son miracle démocratique et visitée par des millions de touristes, est revenue aujourd’hui aux heures noires de la dictature militaire, autarcique, plus lointaine et isolée que jamais.
1/13/20232 minutes, 43 seconds
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En Ukraine, bientôt un an de guerre

Premier cessez-le-feu depuis le déclenchement de l’invasion russe en février 2022. Cette trêve demandée par Moscou, au nom du Noël orthodoxe célébré dans les deux pays ennemis, est-elle réelle ou tactique ?  « Vladimir Poutine ne cherche qu’un peu d’oxygène » C’est par ce commentaire lapidaire que le président américain Joe Biden a accueilli cette annonce très inattendue d’un cessez-le-feu de 36 heures, Washington, le meilleur allié de l’Ukraine et véritable base arrière du conflit, laissant entendre que l’armée russe était en quelque sorte à bout de souffle. C’est Kirill de Moscou, en personne, le patriarche de toutes les Russies qui en a fait la demande, exhortant les chrétiens orthodoxes des deux côtés de la frontière à « assister aux cérémonies religieuses de la veille et du jour de Noël ». Sans grande surprise, Kiev a aussitôt rejeté le cessez-le-feu venant d’un pays qui a déclenché une invasion de son territoire il y a onze mois, d’autant que les bombardements se poursuivaient vendredi dans le Donbass à Bakhmout et Kramatorsk. Mais le rejet tient certainement aussi à la personnalité et à l’engagement du chef religieux orthodoxe. Car le patriarche Kirill, Vladimir Goundaïev de son vrai nom, fait non seulement partie du premier cercle de la présidence russe, mais il est aussi un ancien membre du KGB, la redoutable police politique de l’ère soviétique, où il a d’ailleurs noué les premiers contacts avec Vladimir Poutine. C’est lui encore qui, en mars dernier, en pleine offensive sur Kiev, évoquait un combat métaphysique contre les forces du mal tout en bénissant les troupes russes. On l’aura compris, l’artifice religieux a fait long feu et cette trêve restera donc unilatérale jusqu’à son expiration samedi soir.  ► À écouter aussi : Guerre en Ukraine: «L’Église est plutôt instrumentalisée à des fins politiques» Il est vrai que cette demande de Moscou intervient à un moment que l’on peut qualifier de critique pour l’armée russe. L’opération militaire spéciale sur l’Ukraine par Moscou devait durer trois jours. Mais elle va dans quelques semaines entrer dans sa première année. En mars 2022, l’offensive avait permis à la Russie de contrôler presque un quart du territoire ukrainien, mais la situation s’est figée, sur fond d’échecs stratégiques du Kremlin, mais aussi et surtout grâce à la formidable dynamique des contre-offensives ukrainiennes au printemps 2022. Aujourd’hui, Moscou ne contrôle plus que 16% de l’Ukraine, selon les experts militaires du Pentagone. L’armée russe ne stagne plus, elle recule.  ► À lire aussi : Ukraine: les bombardements continuent malgré la trêve annoncée par Moscou C’est dans ce contexte de potentiel renversement de situation que l’aide militaire occidentale est en train de passer un cap. Lors de sa visite historique à Washington le 21 décembre dernier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait obtenu le salut avec la livraison du système de missiles Patriot, véritable tournant pour Kiev dans sa capacité à protéger son espace aérien et ses infrastructures contre les tirs de missiles russes, cibles privilégiées pour plonger des millions d’Ukrainiens dans le froid et la nuit.  Mais le camp occidental est désormais dans une logique de soutien de moins en moins timoré ou ambigu, semblant enfin libéré de la crainte de l’escalade avec Moscou. Aussi la France a-t-elle annoncé la livraison de ses premiers chars légers à l’Ukraine, alors qu’Allemands, Anglais et bien entendu Américains s’apprêtaient à fournir des véhicules blindés de plus en plus lourds avec une nouvelle enveloppe de trois milliards de dollars de soutien militaire cette semaine, dernière étape avant l’octroi de chars d’assaut, comme le prédisent beaucoup d’analystes. Si ces marques de solidarité avec L’Ukraine sont autant de mauvaises nouvelles pour Vladimir Poutine et son état-major de plus en plus critiqué dans l’opinion russe, l’imminence d’une nouvelle offensive d’envergure appuyée par une réserve de 200 000 soldats, sans doute pour dans quelques semaines constituerait l’ultime coup de poker d’un président que les services de renseignement ukrainiens disent gravement malade. ► À lire aussi : En visite à Washington, Volodymyr Zelensky rencontre Joe Biden et parle devant le Congrès
1/6/20231 minute, 30 seconds
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Ukraine : vers un tournant de la guerre ?

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a rencontré mercredi 21 décembre son homologue américain à Washington, avant de prononcer un discours devant le Congrès. Une séquence sans doute historique qui pourrait constituer un véritable tournant ?  Parfois, à de rares moments de l’histoire, la réalité se transcende pour confiner au mythe. C’est sans doute l’effet que recherchait le président combattant Volodymyr Zelensky, un ancien humoriste raillé par Moscou et qui a fini par accident par totalement incarner le rôle de sa vie, son propre rôle : un homme qui reste fermement debout face à l’ennemi sans chercher à dissimuler sa fragilité et son profond épuisement... ► À lire aussi : En visite à Washington, Volodymyr Zelensky rencontre Joe Biden et parle devant le Congrès Zelensky est l’Ukraine et l’Ukraine est Zelensky. Décidé mi-décembre, ce voyage à hauts risques à Washington relève de l’exploit. Le président ukrainien avait tout juste quitté le Donbass, où les tirs d’artillerie ponctuaient les quelques mots dits à la presse, qu’il prenait la route d’une autre ligne de front, diplomatique cette-fois dans le plus grand secret. Le train blindé de Kiev à Lviv proche de la frontière polonaise, puis un avion militaire américain au départ de la Pologne escorté par des avions de chasse au-dessus de l’Atlantique pour rejoindre les États-Unis, véritable base arrière de la guerre en Ukraine. Quelques heures plus tard, cet homme frêle descendait l’allée centrale du Congrès américain au grand complet sous les ovations, certains parlementaires cherchant juste à le toucher avec une révérence presque mystique... « Votre argent n’est pas de la charité », a-t-il rappelé dans un anglais hésitant « C’est un investissement dans la sécurité internationale et la démocratie... » Pour lui, c’est la victoire ou la mort, à un moment où les opinions s’épuisent face à une guerre de trois cents jours. Dos au mur, Zelensky n’avait pas d’autre choix que ce nouveau coup d’éclat, immensément symbolique, qui pèsera sur l’avenir du conflit.  ► À écouter aussi : Zelensky à Washington: «Des voix s'interrogent sur l'aide des États-Unis» Concrètement, le président ukrainien a obtenu ce qu’il voulait : de nouvelles livraisons d’armes, des garanties, mais est-ce suffisant ?  L’état-major ukrainien le répète depuis de nombreux mois, la clé du conflit repose sur l’acquisition du système de missiles Patriot qui permettra à Kiev de protéger son espace aérien et ses infrastructures, la nouvelle cible du Kremlin qui recourt au terrible froid hivernal comme à une arme de guerre, plongeant la population ukrainienne dans l’obscurité glaciale. Si la livraison du système de défense américain est actée, Zelensky veut davantage d’armes, de munitions et de moyens alors qu’un vote difficile se prépare en début d’année à Washington pour l’octroi massif d’une aide militaire de plusieurs dizaines de milliards de dollars, que certains élus républicains veulent remettre en cause, le dirigeant ukrainien est aussi venu pour que le soutien à l’effort de guerre ne devienne pas une question partisane chez l’allié américain. Cette visite historique coïncidait aussi - et ce n’est sans doute pas un hasard - avec une grande opération de communication du Kremlin. Comme on pouvait l’imaginer, rien de bien nouveau à Moscou... Vladimir Poutine, droit dans ses bottes, s’est exprimé devant des centaines de soldats de haut rang, pour annoncer de nouveaux crédits, un renforcement des effectifs, des armes et du potentiel nucléaire plus performants, alors que les services du renseignement militaire américain redoutent une nouvelle offensive sur Kiev en janvier ou février prochain via la Biélorussie avec une réserve fraîche de 200 000 hommes.  Mais le plus significatif restera cette sortie peu rassurante du président russe accusant Washington de mener « une guerre indirecte contre la Russie »... Ce à quoi les Américains ont répondu en affirmant que la Corée du Nord armait la milice de Wagner très présente sur le front ukrainien... Probable prochaine étape pour le président ukrainien : l’annonce d’une visite dans une capitale européenne, l’Europe, le second allié de Kiev. 
12/23/20223 minutes, 13 seconds
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Arménie-Azerbaïdjan, vers une reprise des hostilités?

Regain de tension cette semaine entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan à propos de l’enclave arménienne du Haut-Karabakh. Quelques dizaines de manifestants azerbaïdjanais, se prétendant écologistes, ont bloqué la circulation des biens et marchandises dans le corridor de Latchine, qui relie cette enclave à l’Arménie. Pourrait-on assister à une reprise du conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan ? Il y a un risque réel, toujours présent à vrai dire, mais qui se voit accentué depuis le début de la semaine par les agissements de ces dizaines de prétendus militants écologistes azerbaïdjanais. La question du Haut-Karabakh n'est toujours pas réglée et empoisonne les relations entre Bakou et Erevan. Cette enclave arménienne en territoire azerbaïdjanais a proclamé son indépendance en 1991 au moment de la chute de l'URSS. Une décision jamais reconnue par l'Azerbaïdjan, qui continue donc à revendiquer le contrôle de ce territoire – ni non plus, il faut le souligner, par la communauté internationale. Le corridor de Latchine au cœur des tensions Une situation qui a provoqué un conflit meurtrier dans les années 1990 : 30 000 morts, puis régulièrement des accrochages, des affrontements. Et puis il y a eu la reprise des hostilités il y a deux ans, à l'automne 2020. L'Azerbaïdjan a eu le dessus et a récupéré des territoires autour du Haut-Karabakh, près de la frontière avec l’Arménie. Finalement, sous l'égide de la Russie, la grande puissance régionale qui a conservé des liens étroits avec ces deux ex-républiques soviétiques, un cessez-le-feu a été conclu. Moscou a envoyé sur place un contingent de maintien de la paix autour du Haut-Karabakh et le long de la frontière arménienne, ce qui n'a pas empêché des incursions azerbaïdjanaises en territoire arménien. Et enfin le long du corridor de Latchine, cette route montagneuse qui est la seule voie d'accès et de ravitaillement de produits en tout genre entre l'enclave et l'Arménie elle-même. Autant dire qu'il s'agit d'un cordon ombilical absolument vital entre l'enclave et sa mère patrie. La Turquie au soutien de Bakou Et c'est là, dans ce corridor, que se produit donc le regain de tension depuis le début de la semaine. À Erevan, on dénonce un coup de force de Bakou qui utilise les faux militants écologistes pour établir de fait un blocus de l'enclave, où vivent des dizaines de milliers de personnes totalement dépendantes de ce corridor pour leur vie du quotidien. Bakou, de son côté, dément toute implication et explique ne pas être responsable des agissements de militants écologistes. Mais le soupçon est là : l'Azerbaïdjan serait donc prêt à mettre toute une population en état de grande précarité, soit pour la convaincre de quitter le Haut-Karabakh, soit pour faire pression sur Erevan pour que l'Arménie accepte l'ouverture d'un autre corridor au sud du pays. Le corridor de Meghri, permettant ainsi un lien direct entre l'Azerbaïdjan et sa province du Nakhitchevan, à l'extrême ouest, et aussi une continuité territoriale entre la Turquie et l'Azerbaïdjan. La Turquie, devenue le grand protecteur de l'Azerbaïdjan au grand dam de l'Arménie, qui pour cette raison refuse d'autoriser ce corridor de Meghri qui la priverait de sa frontière sud avec l'Iran. Bref, une situation sous haute tension qui, on l'espère, va être réglée dans les prochains jours au risque de déboucher sur une reprise des hostilités.
12/16/20223 minutes, 13 seconds
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L’espace Schengen, eldorado ou passoire?

L’Union européenne vient d’accepter la candidature à l’espace Schengen de la Croatie, mais a refusé celles de la Bulgarie et de la Roumanie, sur fond de forte pression migratoire. Comment expliquer que l’espace Schengen attire autant les convoitises ? Le principal avantage de cet espace Schengen, c’est que les plus de 400 millions de personnes qui en font partie peuvent se déplacer librement, sans contrôles aux frontières intérieures. D'où le fort intérêt qu’il suscite. Cet espace de libre circulation compte désormais, avec l’acceptation de la candidature de la Croatie, 23 des 27 pays de l’Union européenne, plus quatre pays non membres de l’Union européenne : l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse. Une bonne nouvelle pour Zagreb afin de développer son tourisme et alors qu’elle va entrer aussi dans la zone euro à partir du 1er janvier 2023. ► À lire aussi : Feu vert à l'entrée de la Croatie dans l'espace Schengen, la Roumanie et la Bulgarie recalées Alors pourquoi la Bulgarie et la Roumanie sont-elles recalées ? Les deux pays ont dû affronter l’opposition de certains États européens qui ont mis leur veto. En particulier celle de l’Autriche, surtout braquée contre la Bulgarie, affirmant, à tort ou à raison, que ce pays ne serait pas au niveau exigé, notamment en termes de corruption et de droits humains. Les Pays-Bas adoptent d’ailleurs la même attitude à l'égard de la Bulgarie. La Roumanie, elle, fait un peu les frais de cette hostilité, puisque, pour des raisons de procédures, les dossiers des deux pays sont liés. En tout cas, cette question de l’élargissement ou pas de l’espace Schengen repose aussi la question de la pression migratoire sur l’ensemble du territoire de l’Union européenne. Depuis la fin de la pandémie de Covid, depuis le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan, et bien sûr avec la guerre en Ukraine, celle-ci est repartie à la hausse. Une pression qui a conduit certains pays comme l’Autriche et la République tchèque à réintroduire des contrôles aux frontières, pour lutter plus efficacement contre les passages illégaux de leurs frontières, qui ont explosé cette année. Vienne parle ainsi de plus de 100 000 entrées illégales sur son territoire. Selon l’agence Frontex, depuis le mois de janvier, il y a eu 140 000 entrées irrégulières pour cette seule route des Balkans occidentaux. Donc, oui, l’Europe est confrontée à une nouvelle vague migratoire, même si elle n’a pas l’ampleur de celle de 2015. Face à cette pression, elle n’a qu’une seule réponse : la restriction et la fermeture. Sans aller tellement plus loin dans la réflexion. « Un Livre noir des refoulements » Il y a aussi des dérapages comme le constate le « Livre noir des refoulements » publié cette semaine, un ouvrage qui est le fruit du travail d’une dizaine d’ONG, qui ont mis en place un réseau de surveillance des violences aux frontières. Sur la période 2020/2021, ce « Livre noir » a recensé 1 600 témoignages de migrants qui concernent environ 25 000 personnes. Tous humiliés et maltraités en voulant demander l’asile. Avant d’être brutalement refoulés hors du territoire européen. Une enquête d’autant plus embarrassante que depuis le mois de février, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a démontré par contraste que l’Union européenne savait faire face en cas de crise migratoire et adopter une politique d’accueil en phase avec ses valeurs humanistes. Depuis le début de l’année, près de huit millions de réfugiés ukrainiens ont fui vers les États européens, en quête de protection. Et, dans l’ensemble, ils ont été bien accueillis et bien traités.
12/9/20223 minutes, 11 seconds
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Entre Paris et Washington, une relation unique?

La visite d’État d’Emmanuel Macron aux États-Unis a permis de réchauffer une relation mise à mal par l’affaire des sous-marins pour l’Australie, il y a un an. Une visite d’État pour montrer l’importance que Joe Biden attache au lien avec « le plus vieil allié » des Américains. « Une relation unique », insiste-t-on des deux côtés. Mais comment l'expliquer ? Cette relation particulière trouve sa raison d’être dans l’histoire des deux nations. À plusieurs reprises, le sort de l’une a été conditionné par l’aide de l’autre. Et dans des circonstances particulièrement importantes. Pour les États-Unis, l’aide de la France a tout simplement permis l’indépendance de ces anciennes colonies britanniques. Pour la France, l’intervention des États-Unis à la fin de la Première Guerre mondiale, et surtout durant la Seconde Guerre, a tout simplement permis la victoire et la préservation de son indépendance – et de son rang sur la scène internationale.  À la fin du XVIIIe siècle, les trajectoires françaises et américaines offrent même des similarités exceptionnelles. En 1763, la Grande-Bretagne sort vainqueur de son conflit de sept ans avec la France, qui y perd par conséquent une bonne partie de ses possessions en Amérique du Nord, à l’exception notable de la Louisiane, qui sera vendue 40 ans plus tard aux Américains par Napoléon.  Londres remporte donc la guerre de Sept Ans, mais la Couronne britannique est ruinée et cherche de nouvelles recettes. Et c’est l’imposition d’une taxe sur les exportations de thé dans les colonies américaines qui va mettre le feu aux poudres, déclenchant la guerre d’indépendance qui va créer les États-Unis. ► À lire aussi : Le dîner d'État, moment fort de la visite d’Emmanuel Macron à Washington Des intérêts communs  Et les colons en révolte vont être aidés, de manière décisive, par la monarchie française, désireuse de prendre sa revanche sur la Grande-Bretagne. Grâce à l’action de Lafayette notamment, les 13 colonies britanniques deviennent les États-Unis. Mais le royaume de France sort exsangue financièrement de cette intervention en faveur des Américains, ce qui pousse Louis XVI à convoquer des états généraux en mai 1789, pour trouver de nouvelles recettes. Ceux-ci vont déboucher sur la Révolution française. Cet incroyable enchevêtrement historique aboutit, à quelques années d’intervalle, à la création de deux républiques, reposant sur des valeurs très proches, dans un monde dominé alors par le système monarchique. Cette communauté de destin ne sera jamais démentie au fil des décennies, en dépit des nombreux épisodes de crispation, voire de compétitions, entre Paris et Washington. Aujourd’hui, les systèmes politiques restent proches, avec des différences bien sûr. Mais la figure centrale du président, élu au suffrage universel, et donc le rôle essentiel que joue l’élection présidentielle dans les deux pays, contribuent à cette amitié transatlantique. Il ne faut pas être naïf : les sujets de discorde ne manquent pas. Depuis un siècle, la relation est devenue asymétrique entre la nouvelle superpuissance américaine et l’ex-superpuissance française. Les relations de Washington avec Londres et Berlin sont aussi très fortes, mais sur un registre différent. Au final, on peut dire qu’il y a bien quelque chose d’unique dans cette relation complexe, mais toujours vive entre Paris et Washington. ► À lire aussi : Biden et Macron réaffirment leur alliance «essentielle» malgré les tensions des derniers mois
12/2/20223 minutes, 29 seconds
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Russie: Vladimir Poutine est-il affaibli ?

Retour sur la guerre en Ukraine et plus particulièrement sur la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui celui qui a décidé l'invasion russe, Vladimir Poutine. Le maître du Kremlin est-il isolé, affaibli, voire menacé politiquement ? C’est ce qu’affirment certains médias occidentaux et aussi des conseillers du président ukrainien. Selon ces personnes ou médias, Poutine serait actuellement très isolé au Kremlin, il se sentirait menacé politiquement voire physiquement, en proie à une paranoïa grandissante. Evidemment, il faut prendre ces allégations avec des pincettes. D’abord à cause de leur provenance, ensuite parce qu’il est très difficile de savoir ce qui se passe exactement au Kremlin. C’est encore plus compliqué qu’à l’époque soviétique, où ceux que l’on appelait les « kremlinologues », pouvaient obtenir des informations, difficilement, sur les rapports de pouvoir interne au sein du Politburo. Avec Vladimir Poutine, c'est plus complexe, car la structure du pouvoir est encore plus personnalisée et verticale. À écouter aussi : Russie: quel avenir avec ou sans Poutine? Des signaux qui ne trompent pas Mais il y a tout de même des signaux qui ne trompent pas, et qui manifestent un début de désapprobation de la guerre menée par le président russe. On a vu ces derniers jours à la télévision nationale des invités regretter publiquement les tirs de missiles russes sur des objectifs civils. On a vu les mères de soldats russes continuer à se plaindre sur les réseaux sociaux du sort réservé à leurs fils mobilisés en Ukraine – au point d’ailleurs que Poutine a reçu certaines de ces mères pour tenter de les rassurer. On a vu des expressions de mécontentement dans certaines provinces russes éloignées, où les minorités ethniques sont utilisées comme de la chair à canon dans une guerre qu’ils ne comprennent pas. On a vu aussi Vladimir Poutine participer au sommet de l’OTSC, une organisation qui réunit, via des accords de défense notamment, tous les pays de « l’étranger proche » selon les termes du maître du Kremlin. Mais voilà que cette réunion, qui devait démentir les rumeurs d’isolement de ce dernier sur la scène internationale, a au contraire accentué cette impression. Voilà que des pays comme le Kazakhstan ou l’Arménie ont montré leur distance vis-à-vis de Moscou, quand d’autres ex-républiques soviétiques exprimaient leur volonté de ne plus être traitées comme des vassales de Moscou. Les messages envoyés par les alliés de la Russie Quant aux deux grands alliés de Moscou, ils oscillent entre prudence et mise en garde. Qu’il s’agisse du président chinois Xi Jinping ou du Premier ministre indien Narendra Modi, ils affichent une neutralité de façade, continuent certes à commercer avec la Russie, mais ils envoient aussi des messages assez clairs à Vladimir Poutine. Ce n’est pas le moment de faire la guerre, le recours à la menace de l’arme nucléaire n’est pas une option, lui disent-ils en substance.   Bref, les temps sont durs pour le président russe, dont l’armée enchaîne les échecs sur le terrain depuis près de trois mois, au point que l’armée ukrainienne a désormais reconquis près de la moitié des territoires dont les Russes s’étaient emparés. Des signaux de fragilité donc. Mais attention : Poutine n’est pas homme à se rendre sans combattre, et sa détermination est renforcée par le fait qu’il sait qu’en Russie, le tsar ou le président qui lance une guerre et la perd, ce dirigeant est un homme fini.
11/25/20223 minutes, 8 seconds
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Stratégie de la France en Indo-Pacifique: des ambitions justifiées et tenables?

Emmanuel Macron s'est rendu au G20 à Bali, puis au sommet de l'Apec, le Forum de Coopération Asie-Pacifique. Les ambitions stratégiques de la France en Indo-Pacifique dans cette région sont-elles justifiées et tenables ?  On peut répondre que oui, elles sont justifiées, et être plus sceptique sur le fait de savoir si elles sont tenables. Les ambitions de la France dans la zone Indo-Pacifique sont justifiées par la géographie qui fait de facto de la France un des acteurs de cette région.  Côté maritime, la région représente 60% de l'ensemble de la Zone économique exclusive française et lui permet ainsi d'être au deuxième rang mondial. Côté terrestre, des côtes africaines aux côtes américaines, la France possède dans cette zone un ensemble de territoires qui vont de la Réunion à la Polynésie Française, en passant par la Nouvelle-Calédonie. L'objectif de la France est de promouvoir la stabilité et la coopération dans une région à la fois dynamique et stratégique, elle représentera 60 % de la population et du PIB de la planète à l'horizon 2030.  ► À écouter aussi : Stratégie Indo-Pacifique: la France «a un héritage historique dans cette région» En fait, l'objectif d'Emmanuel Macron est simple : imposer davantage la France comme une puissance d'équilibre dans cette zone en pleine ébullition, convoitée à la fois par les deux superpuissances que sont les États-Unis et la Chine, qui s'y livrent une compétition économique, diplomatique et militaire féroces. Entre ces deux mastodontes, Paris entend incarner une troisième voie, et certains pays asiatiques, comme l'Indonésie, les Philippines ou la Thaïlande, se montrent sensibles à ce discours, refusant d'avoir à choisir entre Pékin et Washington, mais en subissant les pressions.  Pousser davantage ses atouts Paradoxalement, c'est la crise des sous-marins avec l'Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni, qui est en train de profiter à Paris. Car cette humiliation du monde anglo-saxon infligée alors à la France, débouche sur un rapprochement entre Paris et ces capitales asiatiques qui souhaitent conserver leur « liberté de souveraineté », pour reprendre les termes d'Emmanuel Macron. Et c'est de cette fenêtre de tir que profite que tente de jouer le président français. La marge de manœuvre est étroite certes, mais elle existe. Est-ce tenable et concrètement réalisable ? La réponse est, de ce point de vue, plus réservée. Il faut d'abord passer concrètement à la vitesse supérieure avec ces nations d'Asie, cimenter les alliances, les coopérations politiques, militaires et commerciales. C'est en cours et, de ce point de vue, la tournée asiatique du chef de l'État est plutôt réussie. Mais pour devenir un acteur incontournable dans cette partie du monde qui en devient l'un des centres névralgiques, il faut pousser davantage ses atouts et anticiper le cas échéant des réactions crispées de la Chine ou des États-Unis, si justement Paris prend trop d'importance en Indo-Pacifique.
11/18/20222 minutes, 40 seconds
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Le trumpisme sera-t-il plus pérenne que Donald Trump?

Le 8 novembre dernier, les élections de mi-mandat ont eu lieu aux États-Unis. Des élections marquées par une poussée des républicains face à des démocrates qui ont bien résisté. C’est donc la déception pour Donald Trump. Et la question que l’on se pose : «Le trumpisme est-il un phénomène lié à la personne de Donald Trump ou une évolution en profondeur du Parti républicain aux États-Unis ? » C’est sans doute un peu les deux car incontestablement l'émergence du phénomène Trump a profondément marqué le parti républicain. Donald Trump a réussi à transformer une tendance minoritaire au sein de ce parti en un mouvement majoritaire. Au point que le Parti républicain aujourd'hui fonctionne un peu comme une secte qui n'osait plus remettre en cause la parole et en l'occurrence bien souvent les foucades de son gourou.  Ce courant minoritaire, jusqu'à Trump, représentait des petits blancs, souvent en milieu rural, en crise identitaire profonde, se sentant oubliés et humiliés par les élites progressistes et mondialistes incarnées par la capitale fédérale, Washington. Avec Trump, ils ont trouvé leur porte-voix. ► À lire aussi: États-Unis: les médias du groupe Murdoch se détournent de Donald Trump Dans leur grande majorité, ces trumpistes inconditionnels campent sur des positions ultra-conservatrices sur les questions de société - ils sont contre l'avortement, les droits des LGBT+, l’immigration, ce sont de farouches défenseurs du port d'armes, et ils adhèrent bien volontiers aux théories complotistes. Ils détestent les médias traditionnels, ceux que Trump appelle les « médias fake News », et restent persuadés en majorité que l'élection de Joe Biden a été volée.  Des « MAGA » décomplexés Ils se retrouvent donc totalement dans les positions de l'ex-président et adorent son slogan « Make America great again » (Rendre sa grandeur à l'Amérique). L'acronyme de ce slogan, « MAGA », a fini d'ailleurs par les désigner et ils le revendiquent. Avant les élections de mi-mandat, les sondages et de nombreux experts donnaient les candidats « MAGA », très souvent soutenus activement par Trump, comme gagnants. Plus globalement, on annonçait un tsunami républicain à la Chambre des représentants et une victoire possible au Sénat. Et puis, les urnes ont parlé, et le résultat, c’est plutôt une vaguelette républicaine dans un scrutin traditionnellement défavorable au pouvoir en place. Oui, les républicains vont reprendre le contrôle de la Chambre des représentants, mais avec quelques sièges d’avance seulement. Et la bataille demeure incertaine pour le Sénat. Le trumpisme sans Donald Du coup, à l'intérieur même du camp républicain, c'est un peu la douche froide avec aussi des débuts de règlements de comptes. Et si Donald Trump, investi tambour battant dans cette campagne, n'était pas le « Winner », le gagnant qu'il prétend ? Défaite à la dernière présidentielle, victoire très limitée et décevante lors de ces « midterms », le doute assaille nombre d'électeurs et d'élus républicains. Le trumpisme semble pouvoir durer, mais peut-être sans Donald Trump. Déjà, un homme lui fait de l'ombre : le gouverneur de Floride Ron DeSantis, triomphalement réélu. Et qui a glissé au soir de sa victoire, les mots suivants : « Le combat ne fait que commencer ». Et voici que l'ancien vice-président de Trump, Mike Pence, s'apprête à publier mardi prochain un livre où il raconte les pressions qu'il a subies de la part de son patron et de son entourage pour refuser de reconnaître le résultat de la dernière présidentielle. Mardi, le jour même où Trump doit faire une « annonce importante », selon ses propres mots. Comme l'écrivait Voltaire : « Gardez-moi de mes amis, mes ennemis, je m'en charge ! » ► À écouter aussi : «Midterms» aux États-Unis: «Finalement, Donald Trump a perdu les élections»
11/11/20223 minutes, 11 seconds
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Georgia Meloni et l’Union européenne: jusqu’ici, tout va bien…

Pour son premier déplacement à l’étranger, la nouvelle présidente du Conseil en Italie, Georgia Meloni, s’est rendue jeudi 3 novembre à Bruxelles pour y rencontrer les dirigeants de l’Union européenne. Cette visite a-t-elle permis d'arrondir les angles entre ces dirigeants et la Première ministre italienne ? On a plutôt assisté à un premier round d'observation entre la dirigeante post-fasciste et les leaders de l'Union européenne. Depuis son élection il y a un mois, Georgia Meloni a adopté la stratégie suivie par d'autres mouvements nationalistes et populistes en Europe et dans le monde : d'abord, démentir toute filiation avec des partis ou des dirigeants ouvertement d'extrême droite, quitte à revenir sur des actes ou des discours passés.  Georgia Meloni a ainsi expliqué son dégoût de Mussolini. Ensuite, afficher une posture de dialogue et de pragmatisme. Georgia Meloni, pour sa première visite à l'étranger, a donc choisi Bruxelles, capitale de cette Europe qu'elle ne se prive pourtant pas de décrier, estimant par exemple que l'Union européenne « n'a pas à s'occuper de ce que Rome peut mieux faire ».  Côté européen, on attendait la dirigeante italienne d'un pied ferme, mais sans vouloir non plus aller à l'affrontement. Notamment la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui avait menacé avant les dernières élections l'Italie de graves conséquences si on constatait « des dérives par rapport aux principes démocratiques ». Implicitement, la coalition conduite par Georgia Meloni était clairement visée. Et cela avait provoqué une levée de boucliers en Italie. Ce 3 novembre, à l'issue de la rencontre entre les deux femmes, on parlait de « dialogue constructif », ce qui en langage diplomatique, ne mange pas de pain et surtout n'insulte pas l'avenir. ► À lire aussi : Giorgia Meloni à Bruxelles : exercice d'équilibriste obligé pour la dirigeante italienne Prudence tactique des deux côtés  Pour les européens, il ne faut pas braquer tout de suite l'Italie pour plusieurs raisons. D'abord, Georgia Meloni, à la différence de ses alliés Matteo Salvini et Silvio Berlusconi, reste sur une ligne atlantique et de fermeté envers la Russie – ce qui dans le contexte actuel est très important pour l'unité de l'Europe face à Vladimir Poutine. Ensuite, elle reste dans la continuité de son prédécesseur sur le dossier énergétique : comme Mario Draghi, elle préconise une approche européenne pour lutter contre la hausse des prix du gaz – à la différence de l'Allemagne qui pour l'instant fait cavalier seul. Enfin, Bruxelles veut éviter de voir l'Italie rejoindre le camp des deux pays illibéraux et rebelles qui lui causent du souci, à savoir la Hongrie et la Pologne. De son côté, Georgia Meloni sait que son pays doit être le principal bénéficiaire du fonds de relance européen post Covid-19. Une manne de 200 milliards d’euros – presque 10% du PIB italien, qui sera la bienvenue. Pas de vagues donc pour l'instant, ce pactole vaut bien quelques sourires à Bruxelles. Reste le sujet qui fâche : les flux migratoires. Georgia Meloni est restée ferme sur le sujet, mais sans aller plus loin. Jusqu'ici donc, entre Rome et Bruxelles, tout va – à peu près – bien. Pourvu que ça dure... ► À lire aussi : Avec Giorgia Meloni, où se positionne désormais l’Italie sur l’échiquier européen ?
11/4/20223 minutes, 18 seconds
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En Israël, la stabilité introuvable ?

Des élections générales anticipées vont se dérouler en Israël mardi 1er novembre. Les cinquièmes en trois ans et demi. Ce scrutin pourra-t-il permettre une stabilisation du système politique israélien ?  Malheureusement la réponse est plutôt non, même si chaque élection peut réserver son lot de surprises. La vie politique en Israël est parasitée depuis quelques années à la fois par l’éclatement et la radicalisation du système et des acteurs politiques.  L’éclatement : fini le temps où travaillistes et conservateurs du Likoud faisaient la pluie et le beau temps à la Knesset, le Parlement israélien. Aujourd’hui, la gauche traditionnelle est en difficulté, le Likoud reste le premier parti, mais de façon beaucoup moins dominante qu’auparavant. Il réunit environ 25 à 30 % des suffrages.  ► À lire aussi : Israël: la coalition au pouvoir annonce la dissolution du Parlement Face à lui, la formation centriste du Premier ministre sortant Yaïr Lapid Yesh Atid – « il y a un futur » –, devenue minoritaire au Parlement au début de l’été, d’où la convocation de ces élections anticipées. Et puis, en coalition avec les uns ou les autres selon les circonstances, il y a les partis religieux ultra-orthodoxes, les formations ultra-nationalistes et les partis qui représentent les Arabes israéliens.  L’éloignement des accords d’Oslo À cet éclatement s’ajoute la radicalisation des hommes politiques, même au centre. On est très loin des années 1990 lorsque l’esprit des accords d’Oslo faisait qu’une bonne partie des Israéliens était prête à une solution à deux états avec les Palestiniens. Oslo était un premier pas important qui n’a jamais été suivi du deuxième puis du troisième. Bien au contraire, on assiste depuis le tournant des années 2 000 à un durcissement sécuritaire de la classe politique et de la société civile. ► À lire aussi : Accords d'Oslo : les raisons d'un échec vues par deux négociateurs Du coup, puisque la perspective d’un État palestinien est plus que jamais dans les limbes, et bien en Cisjordanie occupée et à Gaza, la colère et le désespoir des jeunes générations se traduisent par un recours à la violence qui entraîne une riposte des soldats israéliens, dans un engrenage sans issue.  Des formations nationalistes courtisées Cette situation profite de plus en plus aux formations nationalistes comme celle d’Itamar Ben Gvir, qui pourrait arriver en troisième position à l’issue des élections mardi prochain. Ben Gvir séduit les jeunes générations, lassées de l’immobilisme et de l’instabilité. Il n’hésite plus à dire qu’il faut occuper définitivement la Cisjordanie pour en faire une partie d’Israël après en avoir chassé les presque 3 millions de Palestiniens qui y vivent au milieu de 500 000 juifs reclus derrière les grillages de leurs colonies. On est là, et à cela s’ajoute la soif de revanche de Benjamin Netanyahu, prêt à s’allier à cette extrême droite pour retrouver une majorité à la Knesset, assouvir sa soif de revanche et aussi tenter de se voir accorder une immunité pour échapper à ses procès pour corruption. Face à lui, Yaïr Lapid espère tout de même l’emporter avec là aussi une large coalition, à l’exception des partis nationalistes. L’un de ces deux blocs parviendra-t-il à former une majorité à la Knesset ? Cela s’annonce, hélas, une nouvelle fois très compliqué.
10/28/20223 minutes, 11 seconds
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Taïwan dans le collimateur chinois

Jamais la pression politique n’a été aussi grande alors que s’achève le XXe Congrès du Parti communiste chinois à Pékin. Quelle est l’ambiance dans l’île de 24 millions d’habitants ?  Au-delà des traditionnels défilés militaires, des danses traditionnelles et des parades d’avions de chasse dans le ciel de Taipei, le lundi 10 octobre 2022, jour de fête nationale, aura aussi et surtout été marqué par le discours de la présidente Tsai Ing-wen, volontiers martial et cherchant à faire écho à l’invasion russe en Ukraine : parfait résumé aux accents prophétique de l’état d’esprit du moment à Taïwan. « Nous ne pouvons absolument pas ignorer les risques que ces expansions militaires font peser sur l’ordre mondial et démocratique », a-t-elle déclaré devant une audience muette et de finir par ces mots : « la destruction de la démocratie à Taïwan serait une grave défaite pour les démocraties du monde. » Dans les rues de Taipei, une forme d’insouciance incrédule face à une menace vielle de 70 ans s’est donc peu à peu transformée cette année en un sentiment d’inquiétude devant la possibilité d’une guerre dont personne ne connaît les conséquences. ► À lire aussi : Taïwan inquiet, mais déterminé face aux menaces de Xi Jinping Les propos peu rassurants de Xi Jinping Il faut dire que de son côté, le président chinois, Xi Jinping, est loin d’avoir tenu des propos rassurants en ouverture du Congrès le 16 octobre à Pékin. 2022 est en effet un tournant : la visite début août à Taïwan de l’Américaine Nancy Pelosi, présidente de Chambre des représentants, a été vécue comme une provocation de Washington à Pékin. Résultat : le déclenchement des plus grosses manœuvres militaires chinoises de l’histoire récente au-dessus du détroit de Formose, les quelque 180 kilomètres qui séparent la Chine de Taïwan et la violation d’une ligne de démarcation immatérielle jusqu’alors respectée par les deux parties. Le préambule a une « nouvelle normalité stratégique », selon les officiels taïwanais qui dénoncent la pression militaire chinoise. Et le président Xi Jinping n’a pas été en reste puisqu’il a assuré que Pékin avait pour objectif de « réunifier Taiwan » et pour ce, « de ne jamais renoncer à faire usage de la force. » Rien de bien rassurant. ► À lire aussi : XXe Congrès du PCC: «Pour légitimer son pouvoir, Xi Jinping réécrit l'Histoire» Taiwan est-elle prête à l’éventualité de la guerre ?  Le précèdent ukrainien, mais aussi, dans une moindre mesure mais plus proche, la reprise en mains musclées de Hong Kong par Pékin sans susciter davantage que des déclarations indignées de la part de la communauté internationale, ont certainement mobilisé l’opinion taïwanaise qui, bien que divisée sur les questions stratégiques, tentent de s’organiser. Le ministre des Affaires Étrangères Joseph Wu de marteler que le « gouvernement se préparait à l’éventualité de l’invasion chinoise et renforçait les entraînements militaires et les armes de défense asymétriques ». Les prédictions d’un certain nombre d’experts militaires dans la région estiment que la possibilité d’une invasion chinoise se situe entre les années 2025 et 2027.
10/21/20222 minutes, 36 seconds
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Vladimir Poutine et sa haine pour l’Occident

Avec les dernières déclarations de Vladimir Poutine concernant l’Occident, se pose la question suivante : cette guerre déclenchée contre l'Ukraine est-elle aussi une guerre de civilisation contre l'Occident, du moins la vision qu'en a le président russe ?  À cette question, on peut répondre « oui ». Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, Vladimir Poutine justifie cette agression comme une riposte à des forces hostiles à Moscou représentées à Kiev par le président Zelensky et son gouvernement, manipulés, achetés, corrompus, par des Occidentaux qui veulent en quelque sorte « dé-slavifier » le territoire ukrainien qui, pour Poutine est une partie intégrante de l'espace russe.  Ces convictions qui ne datent pas d'hier, le dirigeant du Kremlin les a répétées avec force, il y a quelques jours, lors de son discours pour officialiser le rattachement à la Russie des quatre territoires ukrainiens occupés par les soldats russes ou les forces séparatistes. Pour lui, l'Occident, c'est devenu le mal absolu. N'hésitant pas à réécrire l'histoire, même si certaines assertions ne sont pas fausses, Vladimir Poutine se victimise et affirme que ce sont les Occidentaux qui sont responsables de la guerre avec leur « désir de maintenir un pouvoir illimité » en Ukraine et ailleurs, et pourquoi pas en Russie ? C'est donc pour conjurer cette menace existentielle que l'intervention russe a été rendue nécessaire. Par cette inversion rhétorique, Vladimir Poutine se présente comme celui qui réagit à une agression et une volonté colonialiste et impérialiste. Alors, qui adhère à cette vision plus que contestable ? Qui utilise des agissements passés bien réels des occidentaux - impérialisme, colonialisme - pour justifier son entreprise précisément coloniale d'une certaine manière ? Dans ce combat des narratifs, dans cette guerre civilisationnelle, il sait qu'il peut compter sur des relais précieux en Occident et sur d'autres continents qui ont souffert dans l'Histoire des appétits occidentaux.  En Europe, c'est un paradoxe : les courants de pensée qui soutiennent la « doxa poutinienne » sont en général des penseurs ou des politiques d’obédience souverainiste et nationaliste – donc en principe qui défendent les intérêts de leur patrie. Eh bien non, ils s'alignent sur la vision de Poutine en expliquant qu'il s'agit du modèle à suivre. Ailleurs, en particulier en Afrique, le Kremlin joue habilement du ressentiment légitime d'une partie des populations contre les anciennes puissances coloniales. Il n'hésite pas à envoyer la milice Wagner sur place et entretient la propagande anti-occidentale sur place, pour déstabiliser notamment la France.  Cette offensive idéologique s'accompagne aussi d'une attaque contre les valeurs décadentes de l'Occident, les questions de genre sont notamment utilisées pour séduire des publics sensibles au maintien de valeurs plus traditionnelles.  Cette offensive qui sert donc de justification à la guerre en Ukraine fonctionne en partie. Mais, presque huit mois après le début de la guerre en Ukraine, elle est aussi contestée par une majorité de pays – en témoigne le dernier vote à l'Assemblée générale de l'ONU. Et surtout, dans cette guerre de civilisation, Poutine, qui s'imaginait un Occident faible et divisé, a réussi à réveiller l'Europe et l'Otan. Mais cette guerre idéologique n'est pas terminée et c’est cela, aussi, qui se joue en Ukraine. ► À lire aussi: Énergies: Vladimir Poutine charge les Occidentaux et tend la main aux Turcs
10/14/20223 minutes
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Kim Jong-un, pourquoi tant de missiles?

Montée de tension cette semaine en Asie après la décision de la Corée du Nord de lancer un missile balistique à portée intermédiaire au-dessus du Japon. Pourquoi Kim Jong-un fait-il monter la tension en ce moment ? La réponse tient au fait que le régime nord-coréen a besoin régulièrement de montrer ses muscles, face à son voisin du sud bien sûr, mais aussi face au Japon et aux États-Unis, car son existence reste menacée. Et son dirigeant Kim Jong-un est un dictateur également paranoïaque, qui de surcroit utilise, comme souvent dans ce genre de régimes, les démonstrations militaires agressives comme une marque de puissance vis-à-vis de l’extérieur mais aussi de sa propre population, à la fois pour dissuader toute contestation et pour tenter de distraire les Nord-Coréens de leurs dures conditions de vie au quotidien. Et dans cette stratégie, il y a des hauts et des bas, des moments calmes et des instants de tension. Avec ce qui s’est passé cette semaine, nous sommes clairement dans le deuxième cas de figure. Une séquence qui a débuté il y a quelques mois, avec toujours les mêmes signaux : des tirs de missiles à courte ou moyenne portée et même un tir de missile balistique intercontinental. Et donc, cette semaine, le tir de ce missile balistique à portée intermédiaire, qui a porté très loin – à 4 500 kilomètres de son point de lancement, après avoir survolé le Japon, certes à près de 1 000 kilomètres d’altitude. Au final, plus de peur que de mal, mais l’objectif était bien de montrer que Pyongyang était en capacité de frapper l’archipel. Du coup, le Japon, malgré les limites de sa Constitution pacifiste, réfléchit à se doter d’une capacité de frappe préventive contre les missiles nord-coréens. Le tir a été vivement condamné par Tokyo, Séoul et Washington. Mais au-delà des postures des uns et des autres, la véritable inquiétude concerne l’arsenal nucléaire de la Corée du Nord. C’était en fait le message subliminal envoyé par Kim Jong-un. Il y a cinq ans, un tir de missile de portée intermédiaire similaire avait précédé de quelques jours un sixième tir d’essai nucléaire. Et, autre signe de la détermination nord-coréenne, une modification toute récente dans la Constitution du pays qui stipule que la Corée du Nord se définit comme un état nucléaire. Une auto-proclamation certes, mais là encore il s’agit d’envoyer aux puissances jugées hostiles un message on ne peut plus clair. D’où l’interrogation maintenant : le leader nord-coréen va-t-il procéder à un septième essai nucléaire ? Et si oui, quand ? Consolation toute relative, ça ne devrait pas intervenir avant le congrès du Parti communiste chinois, qui se tient à partir du 16 octobre. Pas question de venir perturber le déroulement d’un congrès du grand frère. Mais à partir de fin octobre, rien n’est exclu…
10/7/20222 minutes, 36 seconds